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De la liberté à  la soumission de la vérité. Une lecture de l'encyclique "veritatis splendor" de Jean Paul II

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par Daniel KIBAMBA KAHYA
Université catholique du Congo (RDC) - Graduat 2009
  

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I.2. ELOGE DE LA VERITE

I.2.1. Le titre, les destinataires, l'objet et le plan de l'encyclique

L'encyclique que nous analysons a comme intitulé Veritatis Splendor c'est-à-dire la Splendeur de la Vérité. C'est un véritable éloge de la vérité. Elle fait voir comment l'homme, un être créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, et par là appelé à la félicité céleste, se détourne de cette visée divine pourtant salvifique pour lui, pour s'adonner à tout ce qui peut le corrompre. Et cela sous l'instigation de Satan.

Pour mieux échapper au contrôle de Dieu, il commence par développer sa propre conception de la liberté, malheureusement erronée, afin de tout faire à sa guise. Les deux premiers mots de l'encyclique viennent rappeler alors à l'homme que malgré cette conception qu'il a de la liberté, une liberté à sa manière, la vérité est en lui et qu'il ne peut pas l'étouffer. A ce sujet le pape écrit :

« La Splendeur de la Vérité se reflète dans toutes les oeuvres du créateur et, d'une manière particulière, dans l'homme créé à l'image et à la ressemblance de Dieu : la vérité éclaire l'intelligence et donne sa forme à la liberté de l'homme »3(*).

Contrairement à la plupart d'autres encycliques, ici le Souverain Pontife s'adresse à ses frères dans l'épiscopat, c'est-à-dire les évêques. Car, pour lui, un tel message d'une richesse hors du commun ne peut être vulgarisé avec pertinence qu'avec l'aide de ceux-ci, car ils partagent avec lui la responsabilité de garder la sainte doctrine (V.S. n°5). Et surtout, à cause du langage utilisé, qui est très technique et par là, difficile à être compris par les esprits non initiés au langage théologique.

Le rôle d'un pasteur dans l'Eglise Catholique Romaine est d'exhorter, de dénoncer et d'expliquer, afin de conforter, soutenir et consoler le peuple de Dieu, nous rappelle le Pape (V.S. n°4). Et c'est dans cette optique qu'il relit l'ensemble de l'enseignement moral de notre Eglise « dans le but précis de rappeler quelques vérités fondamentales de la doctrine catholique, qui risquent d'être déformées ou rejetées dans le contexte actuel » (V.S. 4). Et pour cause, l'homme actuel veut séparer la conception naturelle de la liberté de sa source, qui est au fait la vérité. Il se laisse aveugler par certaines évolutions scientifiques qui amènent des nouvelles conceptions anthropologiques et éthiques. Le pape veut alors, à travers les pages de cette encyclique, rappeler aux autres évêques de conserver l'enseignement de l'Eglise dans son authenticité. Tel est l'objet de cette encyclique.

Comme plan, le pape structure l'encyclique en trois chapitres. Le premier, intitulé « Maître, que dois-je faire de bon... ? » est essentiellement un commentaire du récit biblique du jeune homme riche (Mt 19, 16s). De ce récit, Jean Paul II tire quelques thèmes qu'il développe par rapport à la question morale que pose le jeune homme à Jésus. Le deuxième chapitre, intitulé « Ne vous modelez pas sur le monde présent » est une analyse sur certaines tendances de la théologie morale actuelle. C'est au fait ici où il développe les concepts que nous nous proposons d'analyser ; il s'agit spécialement de la liberté et de la loi, de la conscience et de la vérité, etc. Et le troisième chapitre enfin, portant comme thème « Pour que ne soit réduite à néant la croix du Christ » montre le but que vers lequel doit tendre la morale.

I. B. 2. « Maître, que dois-je faire de bon...  ? »

Le pape Jean Paul II commence son encyclique par une analyse du récit du jeune homme riche, texte tiré de Matthieu 19, 16-21. C'est dans ce sens que nous invite d'ailleurs le Concile Vatican II, à relier toute réflexion morale aux Ecritures et au mystère du Christ4(*).

De cette analyse, il ressort que la question morale du jeune homme, une personne non autrement identifiée et donc qui peut représenter toute personne humaine, est une question de plénitude de sens pour la vie et non une recherche sur les règles à observer (V.S. n°7). De là nous pouvons comprendre qu'il ne recherche que la perfection, une perfection qui le mènera à la liberté.

La préoccupation du jeune homme riche « Maître, que dois-je faire de bon ? » est une question essentielle car elle veut concilier la vie morale et la vie spirituelle. De ce fait, le jeune homme « pressent qu'il existe un lien entre le bien moral et le plein accomplissement de sa destinée personnelle » (V.S. n° 5). Connaissant intensément la Loi, il recherche la réponse à sa question non plus du côté de celle-ci mais plutôt de celui de la morale, une morale éclairée par Jésus, car c'est Lui qui révèle au monde la vérité sur l'agir humain. Ceci devient alors une invitation pour l'homme de ce siècle à tourner son regard vers le Christ afin de recevoir de lui la réponse sur ce qui est bien et sur ce qui est mal (V.S. n°7). De ce point de vue, « la vie morale se présente comme la réponse due aux initiatives gratuites que l'amour de Dieu multiplie dans ses relations avec l'homme. Elle est une réponse d'amour » (V.S. n° 10). Seul le Christ peut nous mener au coeur de cette morale évangélique afin de déboucher vers la vérité toute entière.

La réponse de Jésus à la question du jeune homme nous fait découvrir avant tout que l'homme, pour découvrir ce qui est bon à vivre, doit s'adresser à Celui qui est déjà par nature Bon, c'est-à-dire à Dieu. C'est pourquoi Jean Paul II dit : « Dieu seul peut répondre à la question sur le bien, parce qu'il est le Bien » (V.S. n° 12). La question du jeune homme riche devient alors une recherche à concilier l'action moralement bonne à ses racines religieuses car l'homme n'est bon que parce que son créateur, qui est aussi sa source, est bon.

Cette réponse de Jésus nous fait découvrir ensuite que l'homme doit se référer à la Loi, car à partir d'elle « Dieu se fait connaître et reconnaître comme Celui qui `'seul est le Bon'' ; comme Celui qui, malgré le péché de l'homme, continue à rester le `' modèle'' de l'agir moral... comme Celui qui, fidèle à son amour pour l'homme, lui donne sa Loi pour rétablir l'harmonie originelle avec le créateur et avec la création et plus encore pour l'introduire dans son amour » (V.S. n° 10). La vie morale se veut alors comme réponse de l'homme à l'amour gratuit de Dieu. Et le bien, pour l'homme, devient alors appartenir à Dieu, lui obéir, le suivre en pratiquant la justice et la miséricorde (V.S. n° 10). De ce fait, reconnaître le Seigneur comme l'Unique, devient le coeur même de la Loi. Et l'homme, pour y arriver, ne doit compter que sur l'aide du Seigneur qui se révèle à lui et le rend capable de le reconnaître comme tel. Car, dit le pape, « aucun effort humain, pas même l'observance la plus rigoureuse des commandements, ne réussit à `'accomplir'' la Loi... `'L'accomplissement'' ne peut venir que d'un don de Dieu » (V.S. n°11).

La réponse que Jésus donne au jeune homme comporte deux volets. Le premier fait allusion à la première table des commandements, volet qui veut qu'on reconnaisse Dieu comme l'Unique Seigneur et l'absolu. L'homme ne peut rendre culte à aucun autre être qu'à Lui seul, parce qu'il est l'Unique. Le deuxième volet de cette réponse comporte la deuxième table des commandements, qui en soit, est une synthèse de la loi naturelle et concerne l'homme. Jésus met ensemble la vie spirituelle et la vie morale pour amener l'homme à la félicité céleste. De cette compénétration, il fait ressortir l'essentiel du Décalogue, à savoir aimer Dieu, et aimer son prochain. Le pape Jean Paul II dit à ces propos : « Les différents commandements du Décalogue ne sont en effet que la répercussion de l'unique commandement du bien de la personne, au niveau des nombreux biens qui caractérisent son identité d'être spirituel et corporel en relation avec Dieu, avec le prochain et avec le monde matériel » (V.S. n° 13). Jésus ne rappelle à ce jeune homme que de sauvegarder le bien de la personne, qui est l'image de Dieu.

Aimer Dieu et aimer l'homme sont complètements unis entre eux. Et c'est Jésus lui-même qui en est l'expression de cette invisible unité. Par sa mort, il rend témoignage de cet amour qu'il a pour son Père et pour l'humanité. Il devient de ce fait le symbole et le lieu même de la jointure de ces deux commandements. Et l'homme, à la suite du Christ, doit devenir aussi ce symbole et ce lieu de jointure. Il ne peut pas prétendre aimer Dieu s'il n'aime pas son prochain (Cfr.1 Jn 4, 20). Le Pape dit en effet : « sans l'amour du prochain qui se concrétise dans l'observance des commandements, l'amour authentique pour Dieu n'est pas possible » (V.S. n° 14).

Et pour y arriver, le Seigneur propose lui-même une piste de solution « Si tu veux être parfait va, vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres ... » (Mt 19, 21). Tout homme qui veut arriver à la perfection du coeur doit apprendre à devenir pauvre de coeur, comme il est dit dans le sermon sur la montagne. Et c'est à ce stade qu'intervient le rôle des Béatitudes dans la vie de tout un chacun car elles « n'ont pas comme objets propre des normes particulières de comportements, mais elles évoquent des attitudes et des dispositions fondamentales de l'existence » (V.S. n° 17), lesquelles attitudes prédisposent l'homme à tourner son regard vers les réalités d'en haut.

Cette perfection que recherche l'homme exige une maturité dans sa donation à Dieu et une acceptation volontaire à être à sa suite. Et c'est là le sens de la liberté humaine. Car, pour parler de la liberté, il y a en premier lieu les commandements comme condition imprescriptible, ensuite vient l'abandon total à ces commandements jusqu'à en faire corps avec soi. Cette liberté de l'homme et la Loi divine s'appellent mutuellement pour former un seul ensemble, pouvant mener l'homme à sa pleine perfection.

Tout celui qui pratique cet amour pour Dieu, en se laissant guider par l'Esprit, se réalise et s'épanouit dans la Loi divine, cependant celui qui vit selon la chair, trouve en cette Loi un poids lourd à porter. Il la considère même comme une négation à sa liberté. Il sied tout de même de comprendre que cette vocation à l'amour n'est pas l'apanage des quelques individus seulement, elle est donnée à tout le monde. Tout celui qui sent cet appel, est convié à le vivre et l'appliquer. De la sorte, tout le monde peut parvenir à la pleine perfection, dont Dieu est la mesure. Et Jésus en est le modèle si le monde veut véritablement apprendre à aimer. En Jésus-Christ, Dieu s'est fait homme pour nous apprendre à être des hommes selon le dessein du Père5(*).

Le partage entre Jésus et le jeune homme riche ne s'arrête pas avec ces deux protagonistes, il continue à travers toutes les générations, passées et futures. Aujourd'hui comme hier, la préoccupation du jeune homme est nôtre. Car, nous sommes tous à la recherche du bien à accomplir. Et comme dans le temps passé, c'est toujours Jésus qui donne la réponse intégrale et finale à cette question (V.S. n° 25). N'a-t-il pas dit lui-même qu'il est avec nous tous les jours, jusqu'à la fin de temps ? (Cfr Mt 28, 20). Et cette présence du Christ parmi les hommes de ce temps, « se réalise dans son corps qui est l'Eglise » (V.S. n° 25). L'Esprit Saint, donné à tous, fait sentir cette présence et rappelle ce que les chrétiens doivent faire.

Ce même Esprit aide la communauté ecclésiale universelle à promouvoir l'unité et à garder la foi et la vie morale, tout comme les apôtres l'ont fait au début de l'Eglise. Le Concile Vatican II dit à ce propos : « L'Eglise perpétue dans sa doctrine, sa vie et son culte, et elle transmet à chaque génération, tout ce qu'elle est elle-même, tout ce qu'elle croit. Cette tradition qui vient des Apôtres se poursuit dans l'Eglise, sous l'assistance du Saint Esprit » (V.S. n° 27). Grâce à cet Esprit, elle garde et transmet le contenu de la foi, la Tradition ainsi que les Ecritures saintes des générations en générations. Et par la Tradition, elle développe l'interprétation authentique de la Loi du Seigneur (V.S. n° 27), tâche que Vatican II exprime en ces termes : « la charge d'interpréter de façon authentique la parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant dans l'Eglise dont l'autorité s'exerce au nom de Jésus Christ »6(*). C'est pourquoi, l'Eglise sent l'obligation de conserver le dépôt de la foi, avec amour et détermination, et à promouvoir les valeurs morales.

De ce récit du jeune homme riche ressort trois idées. La première invite l'homme à se soumettre à Dieu, lui qui est le seul Bon, de l'aimer et de faire sa volonté. La deuxième est la pertinence de pratiquer le bien moral ; ceci fait allusion à la relation avec l'homme. La troisième est l'idée de la destinée dernière ou la fin dernière où l'homme doit tendre, c'est-à-dire la vie éternelle, fin qui se prépare dans l'Eglise, corps mystique du Christ.

* 3 JEAN PAUL II, Lettre Encyclique Veritatis Splendor. Sur l'enseignement moral de l'Eglise, dans La Documentation Catholique n° 85 (1993), pp. 1133-1228. Désormais V.S. n° 1.

* 4 VATICAN II, Décret Optatam totius, n°16, cité par V.S. n°7.

* 5 S. MUYENGO, Duc in Altum. Prêtres séculiers et l'Evangélisation du nouveau siècle, Coll. Théologie et Pastorale, Ed. Le Sénevé, Kinshasa, 2001, p. 137.

* 6 VATICAN II, Constitution pastorale Gaudium et spes, n°22, cité par V.S. n° 27.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore