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Etude contrastive français-anglais et langue générale-langue spécialisée, de la prosodie sémantique: quelques exemples

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par Myriam Hamza Chaà¢r
Paris7 Diderot - Master 2 en langues appliquées 2010
  

Disponible en mode multipage

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Etude contrastive français-anglais et langue généralelangue spécialisée, de la prosodie sémantique:

Quelques exemples

Mémoire réalisé dans le cadre du master 2 en Langues Appliquées :
Langue de Spécialité, Corpus et Traductologie (LSCT)

Par Meriam HAMZA
Sous la direction du professeur Natalie KÜBLER

Année universitaire : 2010/ 2011

Remerciements :

J?aimerais, tout d?abord, remercier les enseignants de l?Université Paris Diderot-7, Mr Humbley, Mme Bordet, Mme Volanschi, Mme Pecman, Mr Perret et Mme Mathieu, pour leurs cours très enrichissants et leur précieuse aide, qui m?ont permis d?évoluer et d?acquérir des bases solides. Je remercie plus particulièrement, ma directrice de mémoire Madame Natalie Kübler, qui a su me guider tout au long de l?année, avec ses connaissances, sa patience et ses bons conseils.

Je dédie ce mémoire à :

Mes chers parents, Emer et Hamed, qui se sont sacrifiés pour me voir atteindre mon rêve, sans jamais rien attendre en retour. Pour leur amour inconditionnel.

Ma moitié, mon âme soeur, mon mari Anis, pour son soutien, ses commentaires, ses encouragements et son amour~Pour avoir tout simplement cru en moi.

Ma soeur Nadia et son mari, ainsi que mon frère Karim et sa femme, pour leurs présences indispensable dans ma vie

Mes adorables nièces et neveux, mes petits bouts de choux, Sarra, Mehdi, Aziz et Lina, pour toute l?affection et la tendresse qu?ils m?apportent, même étant loin.

Mes amis, aussi nombreux qu?ils le soient, en particulier mon amie Asma pour sa joie de vivre et son humour qui m?ont permis de tenir dans les moments de stress.

Merci d?être comme vous êtes, merci d?exister dans ma vie...

Sommaire

REMERCIEMENTS : 2

INTRODUCTION : 5

CHAPITRE I : LA PROSODIE SEMANTIQUE 8

1. Le survol de la prosodie sémantique 8

a) Définitions de la prosodie sémantique 8

b) Caractéristiques de la prosodie sémantique : 13

2. Prosodie sémantique, une forme de connotation? 16

3. Peut-on parler de diachronie? 18

CHAPITRE II : PRECEDENTES ETUDES SUR LA PROSODIE SEMANTIQUE: .... 21

1. Etudes en lexicographie : 21

2. Etudes dans le domaine de l'enseignement d'une langue étrangère : 22

3. Prosodie sémantique en tant que procédé rhétorique : 23

4. Etudes de la prosodie sémantique entre les langues : 25

5. Etudes dans le cadre des langues de spécialité : 26

CHAPITRE III: METHODOLOGIE 29

1. Description des corpus : 29

2. L'outil d'interrogation de corpus 31

3. Sélection des mots à l'étude : 32

CHAPITRE IV : ANALYSES ET DISCUSSIONS 35

1. Impressive vs. Impressionnant 35

a) Impressive (langue générale): 35

b) Impressive (langue de spécialité) 37

c) Impressionnant (langue générale) 40

d) Impressionnant (langue de spécialité) 43

2. Provide vs. Fournir : 45

a)Provide (langue générale) 45

b)Provide (langue de spécialité) 48

c)Fournir (langue générale) 52

d)Fournir (langue de spécialité) 54

3. To lead to vs. Entrainer 58

a)To lead to (langue générale) 58

b) To lead to (langue de spécialité) : 60

c) Entraîner (langue générale) 64

d) Entraîner (langue de spécialité) 67

4. To Cause vs. Causer : 71

a) To cause (langue générale) 71

b) To cause (langue de spécialité) 73

c) Causer (langue générale) 76

d) Causer (langue de spécialité) 79

CONCLUSION ET REMARQUES : 83

BIBLIOGRAPHIE: 86

WEBOGRAPHIE: 91

Introduction :

La linguistique de corpus, une approche théorique et méthodologique pour l?étude de la langue, connait un grand développement depuis plus de trente ans. Firth (1957) le premier, s?est intéressé aux mots en contextes et à la compagnie des mots qui l?entourent, tandis que Sinclair (1987), qu?on peut désigner comme le fondateur de la discipline, s?est concentré sur le profil collocationnel des mots. C?est d?ailleurs l?approche de ce dernier qui nous a inspirée pour ce mémoire. Il s?agit ici d?analyser des corpus1, pour en extraire des concordances à l?aide de logiciels informatiques, afin d?examiner, parmi de nombreuses autres fonctions, des statistiques sur des mots, dans le but d?explorer un phénomène linguistique précis; la prosodie sémantique. Ce phénomène, dans lequel une unité lexicale devient contaminée? par la connotation négative ou positive de ses collocations, réside au niveau pragmatique de la langue.

La prosodie sémantique se démarque des autres phénomènes linguistiques (colligation, collocation, préférence sémantique), par la plus grande discorde qu?elle provoque (Whitsitt 2005). En effet, ce phénomène intrigue bien des linguistes, et le développement des corpus leur a permis d?effectuer des études plus approfondies sur le sujet. Et si il y a autant de débats, c?est parce que la prosodie sémantique n?est pas un phénomène simple à définir. Elle n?est pas facilement accessible par l?introspection et demande beaucoup de temps et des observations approfondies pour être repérée. Par ailleurs, des linguistes tels que Louw (1993), Bowker (2007), Partington (1998), Wang and Wang (2005), savent que l?application de son étude bénéficierait aussi bien aux lexicographes, qu?aux terminologues et qu?elle permettrait notamment de résoudre des problèmes de traduction et d?enseignement d?une langue seconde.

Dans le cadre du master en Langues de Spécialité, Corpus et Traductologie, nous avons eu l?opportunité de découvrir ce phénomène et d'évaluer son importance dans l?étude de la langue, ainsi que dans la traduction. Une importance qui demande que l?on s?y attarde de plus près. D?autant plus que ce domaine de recherche a longtemps été exploré en anglais, mais très peu en d?autres langues, notamment en français. D?autre part, et comme le fait

1 Un corpus est un ensemble de documents écrits ou oraux, sous format électronique, dans une langue donnée, utilisés pour une étude, spécialement pour une étude linguistique

remarquer Bowker (2007), les études réalisés dans ce domaine, ont été essentiellement en langue générale, et rarement en langue de spécialité.

L?objectif de ce mémoire est donc, de mieux comprendre ce qu?est la prosodie sémantique et quels types de problèmes celle-ci peut engendrer dans la traduction de langue générale comme de langue spécialisée, pour pouvoir juger de l?utilité de l?introduction de ses informations dans les dictionnaires. Pour ce faire, nous allons effectuer une comparaison entre des unités lexicales dans la langue générale, et ces mêmes unités lexicales en langue de spécialité, plus précisément dans des corpus en sciences de la terre. En outre, nous examinerons ces mots non seulement en anglais, mais aussi en français, pour ainsi faire une comparaison des équivalents (en langue générale et en langue spécialisée). Grâce à ces analyses nous pourrons voir si la prosodie sémantique varie d?une langue à une autre et d?une langue générale à une langue spécialisée. Et à la fin de notre étude, nous pourrons alors trancher si oui ou non, les informations sur la prosodie sémantique dans les dictionnaires de langue générale, comme de langue de spécialité, sont indispensables pour les traducteurs.

Deux hypothèses seront donc testées pour apporter à cette question des éléments tangibles. La première est celle de Partington (2004: 153-154) selon laquelle une unité lexicale utilisée en langue générale et en langue de spécialité, pourrait avoir une prosodie sémantique différente. Si cette hypothèse est confirmée, comme elle l?a été pour Tribble (2000), ça impliquerait que les informations sur la prosodie sémantique devraient être introduites dans les dictionnaires spécialisés, pour aider leurs usagers et leur éviter la confusion. Nous allons donc comparer des unités lexicales dans la langue générale puis dans une langue de spécialité (sciences de la terre).

Parallèlement, nous allons tester une autre hypothèse de Partington (1998:77-78), selon laquelle deux unités lexicales équivalentes de deux langues, pourraient avoir une prosodie sémantique différente. Cette dernière hypothèse a été testée par Partington (1998), mais également par d?autres linguistes tels que Berber-Sardinha (2000), Tognini Bonelli (2001). La spécificité de notre étude, consiste dans le fait que nous n?allons pas seulement nous contenter de tester cette hypothèse dans les langues générales de l?anglais et du français, mais aussi de comparer des unités lexicales équivalentes (anglais-français) dans les langues de spécialité, comme l?ont fait Bowker (2006) et Kübler&Volanschi (à paraître). Si cette hypothèse est prouvée, cela soulignerait la nécessité de l?introduction des informations sur la prosodie sémantique dans les dictionnaires, pour réaliser une traduction cohérente sans une mauvaise interprétation de la part du traducteur.

De ce fait, il nous a semblé nécessaire dans le premier chapitre de présenter le phénomène de la prosodie sémantique, tel qu?il a été défini et caractérisé par différents linguistes, considérant qu?il est primordial de bien comprendre ce phénomène avant toute analyse.

Puis, dans le deuxième chapitre nous évoquerons plusieurs études menées sur la prosodie sémantique, qui nous ont permis d?observer les différentes méthodologies suivies, et de nous en inspirer pour notre travail. Ces études nous ont aussi aidé à évaluer l?importance de la prosodie sémantique dans le monde linguistique.

Nous présenterons ensuite, dans le troisième chapitre, les considérables corpus et leurs outils d'interrogation, qui nous ont permis de mener au mieux notre recherche. De même, nous parlerons des différentes unités lexicales examinées, ainsi que de la méthodologie suivie dans notre étude.

Le dernier chapitre sera consacré à notre analyse et aux discussions sur les résultats obtenus et sera suivi par une conclusion et quelques remarques.

CHAPITRE I : La prosodie sémantique

La linguistique de corpus permet, entre autres, de réaliser des études approfondies à tous les niveaux de langue. Ainsi, au niveau lexical nous pouvons explorer le phénomène de la collocation. C'est-à-dire, l?association récurrente de deux ou plusieurs mots. D?autre part, au niveau syntaxique, la linguistique de corpus permet d?étudier le phénomène de colligation. Il s?agit de la cooccurrence de mots avec certaines catégories grammaticales. Nous pouvons également nous renseigner sur la préférence sémantique des mots, c'est-à-dire la cooccurrence d?un ensemble de mots appartenant au méme groupe sémantique. Mais, ce qui nous concerne dans ce mémoire se situe au niveau pragmatique de la langue ; il s?agit de l?étude de la prosodie sémantique, qui prend de plus en plus d'ampleur dans les préoccupations des linguistes. Avec le développement des corpus, ce phénomène a été étudié de différentes manières et a été interprété de plusieurs façons

1. Le survol de la prosodie sémantique

a) Définitions de la prosodie sémantique

La notion de la prosodie sémantique a été introduite par John Sinclair en 1987, qui se base sur la théorie de Firth (1957) "phonological prosody"2. Ainsi, en examinant le verbe à particule "set in" dans le corpus de CoBuild composé de 7.3 millions de mots, Sinclair a constaté que cette unité lexicale apparaît très souvent en compagnie de termes à connotation négative ;

"The most striking feature of this phrasal verb is the nature of its subjects. In general, they refer to unpleasant states of affairs [...J The main vocabulary is rot, decay, malaise, despair, ill-will, decadence, impoverishment, infection, prejudice, vicious (circle), rigor, mortis, numbness, bitterness, mannerism, anticlimax, anarchy, disillusion, disillusionment, slump" (Sinclair 1991:74-75).

2 Phonological prosody : dite la phonologie prosodique

Cette découverte est certainement le fruit de la technologie et de la linguistique de corpus qui nous permettent d?observer de nouveaux aspects de langue. Et bien qu?il n?ait pas vraiment mentionné le terme « prosodie sémantique », Sinclair (1991) a évoqué ce phénomène comme étant:

«many uses of words and phrases show a tendency to occur in a certain semantic environment" (Sinclair 1991: 112)

Beaucoup pensent que c?est Bill Louw qui a attribué le terme « prosodie sémantique » à ce phénomène. Mais en réalité, Louw l?avait emprunté à Sinclair, en assistant à une de ses conférences. Et d?ailleurs, il a bien pris soin de le préciser:

«This is effectively the first computationally derived SER/KMPRIESSHL iC SUCt R/ tKeE SKIERPIERC ZKIFK C61CFIaiIEKDFIEHIXCEtRELe/artR an TIPECtiFTSERIRGy» (personal FRPPXCiFMIRC I988I» Louw (1993: 158)

Toutefois, c?est bien Louw qui a présenté le terme « prosodie sémantique » au public en 1993, le rendant ainsi largement utilisé. Depuis, l?intérêt des linguistes pour ce phénomène s?est vite propagé. Il semble qu?ils ont, comme Louw, réalisé la pertinence de l?étude de la prosodie sémantique. Louw a examiné plusieurs exemples d?adverbes, tels que « utterly », « bent on », « symptomatic of » et a conclu qu?ils ont tous une prosodie sémantique négative puisqu?ils entrent en cooccurrence avec des mots comme destroying, ruining, clinical, depression, multitude of sins, etc. Autrement dit, selon ce dernier, si un mot est souvent accompagné de mots ayant une connotation négative, il a une prosodie sémantique négative. Par contre, s?il est souvent en cooccurrence avec des termes à connotation positive, il a une prosodie sémantique positive. Notons par ailleurs, qu?il existe aussi des mots ayant une prosodie sémantique neutre, si leurs collocations sont des mots neutres. Ainsi, Louw (1993) donne la définition la plus citée jusqu?à présent de la prosodie sémantique, en négligeant l?aspect pragmatique du phénomène. Pour lui c?est une aura de sens donné à un terme, avec le temps, par ses collocations ;

"a consistent aura of meaning with which a form is imbued by its collocates"(Louw 1993:157).

Plus tard, Sinclair viendra insister sur cet aspect pragmatique, qu?il considère comme primordial pour le phénomène, et qui constitue la raison pour laquelle le locuteur construit sa phrase. Selon Sinclair, la prosodie sémantique est relative à l?attitude psychologique du locuteur :

«Semantic prosody is...attitudinal and on the pragmatic side of the semantics-pragmatics continuum. It is thus capable of a wide range of realization, because in pragmatic expressions the normal semantic values of the words are not necessarily relevant. But once noticed among the variety of expression, it is immediately clear that the semantic prosody has a leading role to play in the integration of an item with its surroundings. It expresses something close to the function? of an item, it shows how the rest of the item is to be interpretedfunctionally» (Sinclair, 1996a: 87-88)

Pour Whitsitt (2005), le fait qu?il y ait plusieurs définitions pour un seul phénomène est parfaitement acceptable. Par contre, ce qu?il trouve anormal c?est que pour ces deux définitions complètement différentes, les auteurs continuent à utiliser le même terme. Il conviendrait, néanmoins, de noter que ce n?est pas le cas de tous les linguistes, en l?occurrence, Stubbs (2001a). Pour ce dernier (id. : 65), «discourse prosodies express speaker attitude». Donc si le locuteur dit «something is provided» cela impliquerait qu?il approuve l?idée. Ainsi, il choisit de remplacer « prosodie sémantique » utilisée dans ses précédents articles, par le terme «discourse prosody», non seulement pour souligner l?aspect pragmatique du phénomène, mais aussi pour insister sur le rôle des interlocuteurs dans la création d?un discours cohérent.

«I will prefer the term discourse prosodies?, both in order to maintain the relation to speakers and hearers, but also to emphasize their function in creating discourse coherence» Stubbs (2001a:66)

Hoey (2003), qui ne semble pas vouloir faire une réelle distinction entre la préférence sémantique et la prosodie sémantique, s?est aussi écarté du terme donné par Sinclair pour ce phénomène pour lui attribuer le terme "semantic association". Il débute son article (2003 : 1) avec la phrase "every word is primed to occur with particular semantic sets, its semantic associations". D?autre part, Hoey (2003, 2005), parle de "lexical priming" en se référant au

principe de la collocation3. "Lexical priming" repose sur l'idée selon laquelle le choix des termes fait par les locuteurs, est dû à leurs expositions à la langue. Toujours d?après Hoey, chaque personne a une connaissance innée de ce que l?on devrait dire avec tel ou tel mot. Il insiste sur l?aspect psychologique du phénomène.

"As a word is acquired through encounters with it in speech or writing, it becomes cumulatively loaded with the contexts and co-texts in which it is encountered, and our knowledge of it includes the fact that it co-occurs with certain other word in certain kinds of context. The same applies to word sequences built out of these words; these too become loaded with the contexts and co-texts in which they occur." (Hoey 2005: 8).

Par ailleurs, Partington (1998) fournit une nouvelle définition du phénomène, dans laquelle une unité lexicale est contaminée par la connotation de ses collocations. A titre d?exemple, l?adjectif « impressive » est souvent en collocation avec des termes tels que : achievement, talent et dignity. Il est donc contaminé par la connotation positive de ces derniers, et par conséquent, l?adjectif « impressive » est considéré comme ayant une prosodie sémantique positive. Ainsi, Partington définit ce phénomène comme étant «the spreading of connotational coloring beyond single word boundaries» (Partington 1998: 68)

Hunston et Thompson (1999) quant à eux, soulignent l?aspect évaluatif du phénomène en privilégiant la définition de Sinclair.

"The notion of semantic prosody (or pragmatic meaning) is that a given word or phrase may occur most frequently in the context of other words or phrases which are predominantly positive or negative in their evaluative orientation [...J As a result, the given word takes on an association with the positive, or, more usually, the negative, and this association can be exploited by speakers to express evaluative meaning covertly." (Hunston et Thompson 1999:38)

Il conviendrait de noter par ailleurs, que Whitsitt (2005) critique fortement certaines définitions du phénomène, notamment celle de Louw (1993: 157)4. Il insiste sur l?utilisation des métaphores par ce dernier, plus particulièrement, la métaphore qui se cache derrière le

3 Voir Introduction

4 Voir définition de Louw p 10.

verbe « imbued ». Cette définition, selon Whitsitt, signifierait que le mot est à la base à contenance sémantique vide et qu?il acquiert un sens uniquement grace à ses collocations.

«If we now return to Louw?s four-term metaphor, we could say that just like God imbues, or saturates words with his spirit, or just like Reynolds fills or pours team spirit into his firm, collocates imbue, or pour their meaning into a form which is assumed to be empty. And that is how a term like set in came to have a negative connotation» (Whitsitt 2005: 289)

De plus, Whitsitt ajoute que non seulement cette idée est pesante pour le lecteur, mais surtout que le problème principal de cette analogie, est que l?on suppose, sans expliquer pourquoi, qu?il y a des mots à contenance sémantique vide et d?autres qui ne le sont pas. D?autant plus que ces derniers semblent incapables de résister à « déverser » leurs sens à leurs collocations à contenance sémantique vide (Sinclair 1994 : 21). En tentant de remédier à ces manques d?explications, Whitsitt (2005 : 293) soutient que le mot dont parle Louw (1993) est à contenance sémantique vide, parce qu?il est analysé. Par ailleurs, Whitsitt (2005) continue ses critiques en soulignant le rôle que joue l?intuition du linguiste dans son choix d?une unité lexicale précise, en concluant que cette dernière n?est finalement pas à contenance sémantique vide :

«to answer the question about why the semantic prosodist decided to make a concordance for a particular word or phrase would be to acknowledge the role of intuition, which would then acknowledge that there was something about a word, or better, in a word, which would then mean that the word was not empty.» (Whitsitt 2005: 295)

Comme nous l?avons donc constaté, la prosodie sémantique est un phénomène qui n?est toujours pas bien défini. Chaque linguiste a sa propre idée et ses propres théories sur cette notion. Ceci crée, selon Philip (2010), plus de confusion, de débat et de critique :

«One of the reasons why semantic prosody has been open to attack is that the uses to which the term is put vary considerably from author to author. This makes the concept appear vague and ill-defined and can lead to confusion and misunderstanding» (Philip 2010: 2).

Chacune de ces définitions, nous ont permis, d?une façon ou d?une autre, de mieux comprendre le phénomène. Dans le cadre de notre étude, nous retiendrons la définition de

Sinclair (1996a), mais aussi celles de Louw (1993) et Partington (1998), en prenant en compte l?aspect pragmatique du phénomène tout au long de notre analyse, et en nous appuyant sur l?idée de la contamination?. En outre, nous prenons en considération l?aspect évaluatif de la prosodie sémantique évoqué par Hunston et Thompson (1999). Voici à présent les caractéristiques de la prosodie sémantique données par différents linguistes.

b) Caractéristiques de la prosodie sémantique :

D?après les études qui ont été faites sur ce phénomène, nous distinguons entre prosodie sémantique négative, positive et neutre. Selon Louw (1993:171), il semble y avoir plus d?unités lexicales à prosodie sémantique négative que d?unités lexicales à prosodie sémantique positive ou neutre. En effet, les linguistes ont détecté beaucoup plus de mots qui entrent en cooccurrence avec des mots négatifs, tels que les verbes « set in " et « happen " (Sinclair 1991:74-75, 112), « symptomatic", « bent on" et « utterly " (Louw 1993:169), « cause" et « break out " (Stubbs 1995, 1996:173-174), « commit " , « peddle " et l?adjective « rife" Partington (1998: 66-67), etc.

Partington (2004:133) tente d?expliquer cela par le fait que les humains ont plus tendance à communiquer au sujet des mauvaises que des bonnes choses. D?autre part, Partington (1998 : 66) souligne qu?il y a des unités lexicales qui possèdent un sens exprimant des valeurs ou des attitudes. Par exemple, le choix de l?utilisation de « to be stubborn " ou « to be pig headed " (qui veulent tous les deux dire « être entêté "), dépend de la situation du locuteur (si ça le gene beaucoup que l?autre sois entété, il va utiliser le terme « pig headed " en le décrivant. Sinon il choisira plutôt « stubborn »). De plus, comme l?a mentionné Hunston (2007), il est important de prendre en compte le point de vue de la personne qui décide s?il s?agit d?une prosodie négative ou positive, chose que beaucoup de linguistes tendent à ignorer :

»The concepts of positive and negative evaluation may themselves be oversimplification, and in any case rest crucially on a notion of point of view» Hunston (2007: 256)

En d?autres termes, une personne peut percevoir un mot comme ayant une connotation négative, et une autre personne, ne vivant pas dans le méme pays ou n?ayant pas les mémes goûts, peut le considérer comme ayant une connotation positive ou neutre. Néanmoins,

Partington et Morley (2009) ne partagent pas vraiment l?avis de Hunston (2007). Ils notent que:

«In conversation, the default point-of-view (...) is normally that of the speaker (...). It is reasonable, then, when attempting a lexical-grammar description of the prosodic priming information associated with an item, to assume the default point of view is the speaker?s»

Partington et Morley (2009: 150)

Par ailleurs, Partington (2004 : 153), comme Hunston et Thompson (1999), affirme que la prosodie sémantique n?est pas toujours absolue, et qu?elle aurait des degrés de négativité ou de positivité. Par exemple, « bent on » et « set in » ont tous les deux une prosodie sémantique négative, mais il y a plus de mots défavorables qui entrent en cooccurrence avec « set in » (presque 100% des contextes) que ceux avec « bent on », qui, bien que rarement, apparait dans quelques contextes neutres et positifs.

Plusieurs linguistes parlent aussi du rôle important que jouent les corpus pour détecter le phénomène. En l?occurrence, Louw (1993) affirme que la prosodie sémantique n?est pas facilement accessible par l?intuition, et que l?usage des corpus en lexicographie facilite son étude :

«Li]t may well turn out to be the case that semantic prosodies are less accessible through human intuition than most other phenomena to do with language». Louw (1993 : 173)

Encore plus radical, Stubbs (1995 : 249) déclare que les corpus constituent les seuls moyens fiables pour explorer le phénomène. Partington (2004 : 155) de son côté, a un avis plutôt nuancé sur le sujet. D?une part il affirme qu?il y a des unités lexicales qui avaient déjà une prosodie positive ou négative, avant même que l?on ne le découvre grâce aux corpus. Et il donne comme exemples « commit » et « perpetrate », qui ont été décrits dans le dictionnaire « Oxford Advanced Learner?s Dictionnary (edition 1980) »5, comme ayant une connotation négative. D?autre part, il admet que les corpus ont permis beaucoup de révélations sur le phénomène et qu?ils sont donc pertinents. Quant à Whitsitt (2005), il pense

5 Un dictionnaire qui n?est pas fondé sur des corpus

que sans l?intuition, les linguistes auraient eu des difficultés à sélectionner des mots comme « set in » pour l?étude. De plus, il souligne que l?intuition est la base du corpus :

«But then the next question we would be prompted to ask is why in the first place did the semantic prosodist ever want to observe a word like set in? For the semantic prosodist, such a question presents considerable difficulties, and the reason why he or she would do everything to not answer this question is because the answer can hardly avoid referring to the very mental faculty corpus linguists criticize most: intuition.(...) Moreover, it seems that intuition is not only at work at the beginning of any inquiry, but is the very thing that makes a corpus possible, for it is surely the collection of people?s intuitive use of language that makes it possible for a corpus to contain «real» language.» (Whitsitt 2005: 294)

Whitsitt (2005) critique aussi l?étude7 menée par Louw (1993) sur ce sujet, en déclarant qu?elle est mal fondée. Pour lui, le fait que des élèves réfléchissent sur l?utilisation d?un mot, enlève toute forme d?intuition.

Autre remarque intéressante au sujet de la prosodie sémantique, c?est qu?elle peut titre liée à un phénomène de colligation. Par exemple, Louw (1993) a constaté que le verbe « build up » a une prosodie sémantique positive quand il est transitif (e.g. build up confidence), et qu?il a une prosodie négative quand il est utilisé intransitivement, (e.g. resistance builds up)

Toutes ces caractéristiques nous ont aidé à détecter plus facilement la prosodie sémantique des mots sélectionnés à l?étude. Par ailleurs, le fait que ce phénomène ne soit pas facilement accessible par l?introspection, comme le soulignent Stubbs (1995) et Louw (1993), nous a incité à choisir des mots anglais qui ont été déjà étudiés par d?autres linguistes, pour les analyser en français et en langue spécialisée. D?autre part, la notion du « point de vue » évoquée par Hunston (2007) nous a bien aidé dans notre analyse des mots, surtout dans le Corpus des Sciences de la Terre (CST)8. Nous verrons cela dans la partie « Analyses et discussions ».

7 Cette étude visait à comparer les résultats du corpus, avec des propositions de candidats sur l?utilisation d?un terme

8 Corpus des Sciences de la Terre

2. Prosodie sémantique, une forme de connotation?

Il y a eu énormément de controverses sur cette question. La prosodie sémantique estelle une forme de connotation ? Une sous classe de connotation ? Ou un autre phénomène à part ? Les avis des linguistes divergent.

Whitsitt (2005:285) constate que la plupart des linguistes traitent la prosodie sémantique comme étant un synonyme de "connotation". Ainsi, nous citons Berber-Sardinha (2000: 93) "Semantic prosody is the connotation conveyed by the regular co-occurence of lexical items".

Dans la même optique, Stubbs (2001) parle de connotation comme d?une prosodie sémantique, qu?il appelle « discourse prosody »:

"the distinction between inherent, propositional meaning and connotational meaning (or discourse prosody) may in any case be based on unreliable intuitions" Stubbs (2001:106)

Hunston (2002) de son côté, pense que la prosodie sémantique est une forme de connotation évaluative et donc considère la prosodie sémantique comme une sous-classe de connotation.

"semantic prosody accounts for 'connotation', the sense that a word carries a meaning in addition to its 'real' meaning. The connotation is usually one of evaluation, that is, the semantic prosody is usually negative, or less frequently positive" (Hunston 2002:142)

Notons aussi que Morley et Partington (2009) approuvent cette idée en affirmant qu?elle pourrait résoudre le problème de la confusion entre prosodie sémantique et connotation:

«We can resolve the issue by speaking about «(evaluative) connotational meaning» of which we consider semantic prosody to be an aspect» Morley et Partington (2009: 150)

Cependant, Louw (2000:50) ne semble pas d?accord et insiste sur la distinction á faire entre ces deux phénomènes. Pour ce faire, il donne une définition de « connotation » dans le dictionnaire CoBuild en insistant sur les caractéristiques propres de chacun des deux phénomènes:

"we need to make it plain that semantic prosodies are not merely connotational. The CoBuild definition of connotation runs as follows: the connotations of a particular word or name are the ideas or qualities which it makes you think of (1995: 343)"

Et pour donner plus de crédibilité á son idée, Louw souligne que si nous questionnons un lecteur sur la connotation du verbe « build up », il y a peu de chance qu?il nous demande s?il est transitif ou intransitif. Et pour cause, la connotation n?est pas conditionnée par ce genre de règle, contrairement á la prosodie sémantique.

«[S]uppose we were to ask the average reader what the connotations of the phrasal verb build + up are. Is that reader likely to reply with the question: Transitive or intransitive?? Is connotation ever subjected to this type of rigorous precondition?»(Louw 2000: 50)

Mais dans sa critique Whitsitt (2005) ne semble pas convaincu par les arguments avancés par Louw qui tente de faire une distinction entre prosodie sémantique et connotation. Pour lui, le fait que l?on ne puisse pas poser ce genre de question sur la connotation n?est pas aussi évident que l?on imagine. Ce dernier continue en ajoutant que Louw sème la confusion en soulignant que la prosodie sémantique est plus reliée á 3«what literary critics call authorial tone» (Louw 2000: 50), parce que c?est exactement la description qui a souvent été attribuée á la connotation. Enfin, Whitsitt conclut en déclarant que:

«The fact that the term, «semantic prosody,» frequently finds itself in the company of 3 «connotation» indicates that both terms, in drifting towards each other, have drifted away from certain specific defining traits.» (Whitsitt 2005: 286).

Suivant la logique de chaque explication de ces linguistes, nous avons pris conscience que la notion de connotation est très liée á la prosodie sémantique, mais nous tenons quand même á faire une distinction entre les deux. En effet, nous considérons qu?un mot ayant une prosodie sémantique négative ou positive veut dire qu?il a été contaminé? par la connotation négative ou positive des mots qui l?entourent.

3. Peut-on parler de diachronie?

Plusieurs linguistes, notamment Whitsitt (2005), se sont penchés sur la question de la diachronie9 dans la prosodie sémantique. Cette approche vise à examiner l?évolution d?un mot au cours de son histoire, autrement dit, et dans le contexte de la prosodie sémantique, voir s?il acquiert une connotation favorable ou défavorable, à travers le temps.

En effet, selon Sinclair (1996:113) «Processes of change are inescapably obvious». Mais Whitsitt (2005 : 287-8) rejette cette idée. Pour lui, la diachronie ne peut pas être prouvée par des corpus synchroniquement organisés. Plus encore, il examine le verbe « set in » dans Oxford English Dictionary, et constate que ce mot se trouvait déjà, depuis plus de 300 ans, dans des contextes négatifs tels que : «The weather was set in to an absolute thaw and rain». Par conséquent, il note que:

«This would suggest that rather than thinking that the verb did not have a negative meaning at one point, and was in a sense, empty, but then acquired an unpleasant meaning through a history of appearing with many negative words, it would be more plausible to think that those negative connotations, or the possibility for such connotations, were always already there, «in» the verb, to begin with» (Whitsitt 2005: 296)

Il commente aussi les propos de Sinclair (1996b: 113) «In a synchronic view of language, the origins of meaning are not under scrutiny», en ajoutant que l?analyse n?aboutit pas, non pas parce que le linguiste décide ainsi, mais parce que le corpus synchronique ne le permet pas.

Louw de son côté, pense que la prosodie sémantique est intimement liée à la diachronie, comme nous pouvons le constater avec ses propos « Prosodies are undoubtedly the product of a long period of refinement through historical change » (Louw 1993 : 164)

Quant à Stubbs (1995), soutenant l?idée qu?il devrait y avoir une étude diachronique sur le phénomène de la prosodie sémantique, il argumente de la façon suivante :

9 La diachronie (# synchronie) est l?approche qui s?intéresse à l?évolution d?une langue au cours de son histoire

"The selection restrictions with «cause» are not (yet) categorical: it is not (yet) ungrammatical to collocate «cause» with explicitly positive words. But it is easy to see how an increase in frequency of use can tip the balance and change the system»

(Stubbs 1995: 50)

Par conséquent, selon Stubbs, «cause» pourrait avoir une prosodie positive si les humains l?avaient utilisé dans des contextes positifs. Ca ne serait pas grammaticalement faux, et il n?y a aucune restriction qui l?en empéche. Mais comme il l?a constaté dans son étude (Stubbs 1995), le verbe « cause " a une prosodie négative dans 90% des contextes. Il apparait en collocation avec des mots tels que cancer, crisis, accident, delay, death, damage et trouble. Peut-être que précédemment, le verbe « cause » était un mot neutre, et qu?à force de l?utiliser dans des contextes négatifs, il a acquis une connotation négative. Il pourrait être intéressant de faire des recherches plus approfondies sur ce sujet. Pourtant ici aussi, Whitsitt (2005 : 302) manifeste son désaccord. Pour lui, méme s?il est établi que « cause " a aujourd?hui endossé une connotation négative, à cause de ses perpétuelles collocations négatives depuis de nombreuses années, cela ne montre en aucun cas qu?un transfert de sens a été fait. Par conséquent, selon lui, cette hypothèse ne peut pas être prouvée.

De leurs côtés, Partington et Morley (2009), avançant des preuves du phénomène diachronique relié à la prosodie sémantique, soulignent que:

«Modern corpus evidence shows that both «fraught» and «fraught with» have overall unfavourable associations today which they seem in previous incarnations to have lacked» Partington & Morley (2009: 152-155)

Ils ajoutent que les adverbes «tremendously» et «terrifically», qui étaient précédemment définis10 comme « so as to excite terror/awe/dread ", ont été observés dans un corpus moderne11, très souvent en compagnie de mots à connotation positive tels que clever, engaging, entertaining, funny, good, successful et useful. Ici aussi nous constatons que des mots ont changé de prosodie à force de les utiliser dans le langage quotidien. Ce qui prouve que la prosodie sémantique est reliée à la diachronie. Enfin, Partington et Morley (2009)

10 Selon OED : (Oxford English Dictionary) un dictionnaire anglais, comprenant plus de 600 mille termes, anciens de plus de 10 siècles.

11 SiBol 05

concluent en insistant sur l?importance de se pencher sur la diachronie dans la prosodie sémantique :

«For a theorist of language, studying diachronic processes can be of great value in providing insights into how and why the language is in the condition it is today. Moreover, we suspect that such insights can provide strong evidence for some of the basic ideas underpinning synchronic lexical grammar theory" (Partington et Morley 2009: 156)

Stewart (2009) également, encourage les recherches approfondies de la prosodie sémantique dans le contexte de la diachronie. Pour ce dernier, ces recherches permettraient d?expliquer le changement des sens des mots à travers le temps:

«A diachronic approach, on the other hand, could try to establish how the meaning of the unit changes over the years or centuries, or it could investigate how words bestow meanings upon each other over time within that unit» Stewart (2009: 55)

Bien que le présent travail ne constitue en aucun cas une étude diachronique de la prosodie sémantique, il nous a paru nécessaire, pour la compréhension du sujet, de parler de cette approche. D?autant plus que les arguments avancés par Sinclair (1996), Louw (1993), Stubbs (1995), Partington et Morley (2009) et Stewart (2009), nous semblent convaincants.

CHAPITRE II : Précédentes études sur la prosodie sémantique:

Chaque linguiste définit la prosodie sémantique à sa manière, mais ils sont tous d'accord sur l'importance à accorder à ce phénomène, et sur le fait que son étude peut être très bénéfique à plusieurs titres. Sinclair (1991) et Partington (1998), par exemple, se sont intéressés à la prosodie sémantique dans le contexte de la lexicographie. Certains ont étudié son utilité pour l'enseignement d'une langue étrangère, notamment Wang&Wang (2005), et Lu (2005). D'autres comme Louw (1993) et Kenny (2001) l'ont étudiée en tant que procédé rhétorique. Par ailleurs, Berber-Sardinha (2000), Partington (2004), Xiao & McEnery (2006) se sont plutôt focalisés sur la prosodie sémantique entre les langues, et éventuellement, sur les problèmes qu'elle peut causer pour la traduction. Plus loin, et plus récemment, des linguistes, notamment Tribble (2000), Partington (2004), Bowker (2009) et Kubler&Volanschi (à paraître) ont voulu diriger leurs recherches vers les langues de spécialité.

1. Etudes en lexicographie :

En ce qui concerne la lexicographie, Louw (1993) espérait que la prosodie sémantique reçoive l?attention qu?elle mérite dans les dictionnaires. Plusieurs études ont été réalisées sur cette question, notamment celle de Partington (1998), qui examine les termes set in, peddle, et dealings dans des dictionnaires monolingues anglais, pour les apprenants et pour les non apprenants. Dans sa recherche, il a constaté qu?il y a plus d?informations sur la prosodie sémantique dans les dictionnaires basés sur des corpus tels que Collins CoBuild (1987) et OALD (1995), que dans ceux qui ne l?étaient pas. Cependant, il souligne qu?il y a encore place à l?amélioration en ce qui concerne d?autres dictionnaires.

D?autres comme Ji and Wu (2000), ont examiné la prosodie sémantique des mots set in, rife et propaganda dans trois dictionnaires bilingues anglais-chinois. Et leur étude leur a révélé qu?il n?y avait pas de trace de la prosodie négative de set in, précédemment illustrée par Sinclair (1991), dans aucun de ces trois dictionnaires. Plus encore, ils ont constaté qu?il y avait même des informations erronées sur la prosodie sémantique des mots comme rife et propaganda12. Ce fait pourrait provoquer la confusion des usagers de dictionnaires.

12Selon Sinclair (1991), ces deux mots ont une prosodie sémantique négative.

Ces constatations nous ont encouragé davantage pour atteindre notre objectif pour ce mémoire : celui d?introduire les informations linguistiques relatives à la prosodie sémantique dans les dictionnaires, pour que les usagers de langues s?y retrouvent facilement dans les définitions des mots, que ca soit dans une autre langue que la leur, ou dans un domaine spécialisé qu?il ne connaisse pas vraiment.

2. Etudes dans le domaine de l'enseignement d'une langue étrangère :

La prosodie sémantique a aussi intéressé des enseignants de langues, des quatre coins du monde. Par conséquent, beaucoup d?entre eux ont mené des recherches pour évaluer l?importance des informations linguistiques relatives à la prosodie sémantique, pour les étudiants. Lu (2005), par exemple, a comparé les unités lexicales « obtain » et « gain » dans un corpus de langue anglaise parlée par des natifs, avec un corpus de même langue, parlée par des étudiants chinois. Et elle a constaté que, tandis que dans le premier corpus, la prosodie sémantique du mot « gain » était beaucoup plus positive que « obtain », dans le corpus des étudiants chinois, les deux mots étaient aussi positifs l?un que l?autre.

De leurs côtés Wang and Wang (2005) ont comparé des étudiants chinois qui apprenaient l'anglais avec des étudiants anglophones natifs. L'étude a révélé que, tandis que les locuteurs natifs utilisaient le mot "cause" dans un sens négatif, les chinois, eux, ne connaissant pas la prosodie sémantique de cette unité lexicale, l'utilisaient dans des contextes positifs. A titre d'exemples:

"1. The other cause is the change of medical condition. The doctors now can cure many diseases which was incurable in the past.

2. The most important reason which caused these changes was the development of economy in developing countries."

3 ... infant mortality was 100 deaths per 10000 births in developing countries of the world. What caused these great changes?

(Wang &Wang, 2005: 300-304)

Ces résultats leur ont permis de conclure que, pour apprendre une deuxième langue et pouvoir l'utiliser adéquatement, les apprenants devaient impérativement avoir accès à des

informations sur la prosodie sémantique. Notons aussi que cette étude a été appuyée par les résultats de Wei (2006) qui a remarqué que les chinois apprenants l?anglais employaient le mot « cause » avec des collocations telles que development, progress, et improvement. Ainsi, Zhang (2009: 08) déclare «These interlinguistic studies may suggest that inappropriate word choice arising from ignorance of semantic prosody is not uncommon in ESL/EFL learners»

Par conséquent, beaucoup de linguistes encouragent les études plus approfondies sur ce phénomène et insistent sur l?introduction des informations relatives à la prosodie sémantique dans les dictionnaires, pour aider au mieux les apprenants d?une langue étrangère. Nous citons Zethsen (2006):

«The student must first and foremost be made conscious of the phenomenon of semantic prosody and of the concept of extended lexical units which it entails. The foreign language students of today are tomorrow?s translators and copy writers and they constantly run the risk of triggering the wrong/unfortunate connotations in the foreign language texts they produce» (Zethsen 2006:290)

3. Prosodie sémantique en tant que procédé rhétorique :

Louw (1993) a longuement abordé le phénomène en tant que procédé rhétorique. Dans son article (1993) «Irony in the text or insincerity in the writer», il nous explique comment l?auteur peut profiter de l?utilisation des unités lexicales à prosodie sémantique différente, ce qu?il appelle «collocative clash» (1993: 157). En d?autres termes, l?auteur crée des collocations inhabituelles et inattendues par le lecteur, pour exprimer de l?ironie et produire un effet créatif. Par exemple, si on associe le mot « set in », qui a une prosodie négative13, avec « happiness » qui est, bien entendu, un mot à connotation positive, en disant « happiness set in », cela provoquera un choc? pour le lecteur, qui se trouvera obligé de changer de mode d?interprétation. Par conséquent, le lecteur, surtout le non-natif, doit avoir des connaissances sur la prosodie sémantique pour être capable de percevoir l?ironie ou le manque de sincérité de la part de l?auteur. Toutefois, Louw et Château (2000) ajoutent que le locuteur peut parfois créer un effet ironique sans le vouloir, en laissant parler son inconscient,

13 Selon Sinclair 1991

ou peut-être, tout simplement, en faisant une erreur de « non-natif ". Dans les deux cas, cet effet peut semer la confusion pour le lecteur.

»In cases where irony is involuntary, it could be an unconscious revelation of the real attitude of the speaker, a form of Freudian slip. Exceptions to this rule would be those cases where speakers are not using their first language, or in the case of children and younger, inexperienced speakers» Louw & Château (2000: 757)

En somme, être bien renseigné sur la prosodie sémantique, permettrait de créer de l?ironie, et d?éviter de semer la confusion avec ses propos (pour les auteurs/locuteurs), ainsi que de lire entre les lignes (pour les lecteurs/interlocuteurs).

De plus, Louw (1993), ainsi que d?autres linguistes tels que Partington (1998) et Tognini Bonelli (2001) pensent que l'étude de la prosodie sémantique pourrait aussi servir à des sociétés publicitaires pour trier les mots à choisir ou à éviter dans leurs campagnes. Le choix d'une unité lexicale qui a une prosodie sémantique positive, pourrait avoir des conséquences positives sur la psychologie des consommateurs, et vice-versa. D?ailleurs, Partington (1998 : 77) pense que des corpus spécialisés dans le domaine de la publicité pourraient se révéler très utiles pour l?exploration du phénomène de la prosodie sémantique.

Les politiciens aussi pourraient utiliser ce phénomène pour influencer leurs électeurs, ou pour faire passer des lois. Louw (2000 : 58), par exemple, remarque que dans le cadre du débat sur l?euthanasie, le verbe « bring about " a été employé à la place du verbe « cause "14 pour dire « bring about death". Ceci a pour but de donner un sens positif à la mort et faire accepter plus facilement cette idée.

Même les journalistes pourraient en profiter, pour toucher leurs lecteurs et influencer leurs opinions. Plusieurs linguistes se sont empressés de le faire remarquer. Notamment Partington (1998)

«A writer can refer to a group he or she disagrees with as fundamentalist?, in the hope that the bad connotation of the word will infect that group by a process of contagion or prosodic spread» (Partington 1998: 75)

14 Qui a une prosodie sémantique tr~s négative, selon l?étude de Stubbs (1995)

D?autres constatations intéressantes qui, encore une fois, encouragent à étudier davantage ce phénomène.

4. Etudes de la prosodie sémantique entre les langues :

Des équivalents de deux langues, se développent parfois différemment. C?est ce que les linguistes appellent « les faux amis ». Cette question a beaucoup intéressé les linguistes, notamment les traducteurs. Selon Partington (1998: 78):

«The pitfalls for translators unaware of such prosodic differences are evident».

Mais malgré l?importance et les implications du sujet, peu d?études ont été menées pour examiner la prosodie sémantique entre les langues. Ces exceptions ont été faites par des chercheurs tels que Berber-Sardinha (2000), Tognini-Bonelli (2001), Xiao & McEnery (2006), Partington (1998), Kübler & Volanschi (à paraître).

Xiao et McEnery (2006) ont analysé la prosodie sémantique de quatre quasisynonymes en anglais outcome/result, consequence, et aftermath, ainsi que de leurs équivalents en chinois. Et ils ont constaté que ces quasi-synonymes anglais pouvaient être évalués sur une échelle sémantique de positive à négative. La même chose a été observée pour leurs équivalents quasi-synonymes en chinois. Il conviendrait de noter par ailleurs, que ces constatations ne figurent nulle part dans les dictionnaires pour les définitions de ces mots.

Néanmoins, d?autres études ont démontré que la prosodie sémantique n?est pas identique entre des équivalents de deux langues. Ainsi, Partington (1998) a examiné l?adjectif anglais « impressive » et son équivalent italien « impresionante ». Il a remarqué que « impressive » était très souvent associé à des mots à connotation positive tels que: achievement, talent et dignity, et donc « impressive » a une prosodie sémantique positive. Tandis que son équivalent italien «impresionante » est souvent en occurrence avec des mots à connotation neutre, voir même négative. D?autre part, le méme résultat a été observé par l?étude de Berber-Sardinha (2000), qui vise à comparer des unités lexicales équivalentes en anglais et en portugais. A titre d?exemple, il a comparé la prosodie sémantique du verbe "set in"15, avec ses équivalents en portugais16 "manifestar-se","estabelecer-se", "entrar" et "cair".

15 Qui a une prosodie sémantique négative, selon l?étude de Sinclair (1991).

Il a constaté qu'aucun de ces mots n'avait la même prosodie sémantique que "set in" et donc aucun d'entre eux ne pouvait remplacer ce verbe en portugais. Par conséquent, il a conclu qu'il était primordial pour un traducteur de connaitre la prosodie sémantique d?une unité lexicale, que ce soit dans sa langue secondaire ou dans sa langue maternelle, pour pouvoir choisir le mot équivalent approprié selon sa connotation?:

"In order to avoid inadequacies, the translator should have access to information on semantic prosodies in the target language, so that s/he could check whether the choices available to him are connotationally appropriate. [...J it is important that translators have access to corpus-based semantic prosody information in their mother tongue as well" (Berber-Sardinha 2000: 106)

Et bien que les résultats aient tantôt montré que la prosodie sémantique était tantôt la méme d?une langue à une autre, tantôt différente, la conclusion est toujours la méme; la prosodie sémantique des mots équivalents de deux langues est imprévisible. Par conséquent les linguistes devraient s?intéresser beaucoup plus à la prosodie sémantique entre les langues, ce qui devrait apporter énormément d?aide aux traducteurs, qui traduisent d?une langue source qui n?est généralement pas leur langue maternelle. Par conséquent, ne pas connaître la prosodie sémantique d?un mot peut les induire en erreur. Pour toutes ces raisons, des linguistes tel que Louw (1993), ont insisté sur l?utilité d?introduire des informations relatives à la prosodie sémantique dans les dictionnaires. Ainsi, lexicographes, terminologues, traducteurs, enseignants ou méme écrivains pourraient en bénéficier. C?est aussi ce que nous allons tenter de prouver dans notre présente étude sur corpus, en comparant des équivalents en anglais et en français, non seulement en langue générale, mais aussi en langue de spécialité .

5. Etudes dans le cadre des langues de spécialité :

Selon Tribble (2000), il existe une prosodie sémantique globale (que nous trouvons dans la langue générale, ainsi que dans une langue de spécialité) et une prosodie sémantique locale (que nous ne trouvons uniquement dans une langue de spécialité donnée). Il a démontré cela avec le mot « experience » qu?il a analysé dans le corpus « European project proposals ».

16 Selon le dictionnaire : "Dicionaro Ignles-Português"

Ainsi, et dans le cadre de la terminologie, d?autres linguistes se sont intéressés à la prosodie sémantique dans une langue de spécialité, notamment Nelson (2000), Partington (2004), Bowker (2009) et Kubler&Volanschi (à paraître).

L?étude menée par Nelson (2000) qui a comparé des mots anglais dans la langue générale avec l?anglais des affaires, a démontré par exemple, que le mot « package » n?avait pas une connotation aussi positive dans l?anglais général que dans l?anglais des affaires, où il formait des collocations avec des unités lexicales tels que competitive package, excellent package, effective package, etc.

Bowker (2007) de son côté a examiné le verbe anglais «identify " dans un corpus de langue générale (BNC) ensuite dans une langue de spécialité (la sécurité informatique). Elle a constaté que dans la langue générale il y avait 83,2% de cooccurrences neutres, contre 59,8% dans la langue de spécialité. Seulement 12,6% de cooccurrences négatives dans la langue générale et presque la moitié (40,2%) dans la langue de spécialité ont été signalés. Quant aux cooccurrences positives, il y avait 4,2% dans la langue générale et aucune dans la langue de spécialité. Ces résultats l?ont conduite à la conclusion que la prosodie sémantique existait aussi dans les langues de spécialité et que l?hypothèse de Partington (2004)17, était vraie. Toutefois, comme l'a souligné Bowker (2009) :

"bien que la prosodie sémantique soit maintenant un domaine de recherche très actif en langue générale, il n'y a pas eu, à notre connaissance, d'étude sérieuse du phénomène en terminologie ou dans les langues de spécialité" (Bowker 2009: 192).

D?autre part, la recherche menée par Kübler et Volanschi (à paraître), s?est porté sur les mots « to commit ", « to cause " et « to provide " ainsi que leurs équivalents français, dans la langue générale et dans le CST18. Dans leur étude, elles ont testé les hypothèses de Hunston (2007) et de Louw et Château (2010). Hunston (2007) soutient, en donnant des exemples du corpus « New Scientist ", que le mot « to cause " devient neutre en science. Elle souligne aussi que ce dernier a une connotation négative uniquement quand il implique des êtres humains. Louw et Château (2010) de leur coté, rejette cette hypothèse. De plus, ils

17 Selon laquelle une unité lexicale utilisée en langue générale et en langue de spécialité pourrait avoir des prosodies sémantiques différentes

18 Corpus des sciences de la terre

mettent en question les exemples donnés par Hunston (2007), soutenant que le verbe « to cause » a été employé dans des contextes neutres parce que il n y avait pas d?autres alternatives, ou bien tout simplement parce que l?auteur de ces phrases est un non natif de la langue anglaise. Quoi qu?il en soit, l?étude de Kübler et Volanschi (à paraître) a confirmé l?hypothèse avancée par Hunston (2007) en soulignant que :

«The pervasiveness of semantic prosody makes it difficult even for a native speaker to rely on intuition to judge the acceptability of specialized uses of verbs such as cause? or cause? » Kübler et Volanschi (à paraître: 25)

Parcourir ces recherches variées, nous ont permis non seulement de nous enrichir sur le sujet, de tirer profit des différentes méthodologies suivis par chacun des linguistes, mais aussi de constater le manque d?études sur la prosodie sémantique dans les langues de spécialité et dans d?autres langues que l?anglais. Ce qui nous a incité à mener une recherche des mots dans la langue française pour les comparer à la langue anglaise, mais aussi sur des mots dans les CST, en les comparant avec des corpus de langue générale. Nous avons pu ainsi démontrer l?intérêt de se pencher sur ces études qui ont longtemps été négligées. De plus, nous avons pu décider s?il serait suffisant, pour les traducteurs notamment, d?introduire des renseignements relatifs à la prosodie sémantique dans des dictionnaires de langue générale, ou s?il est nécessaire de faire de méme pour les dictionnaires de langue spécialisée.

CHAPITRE III: Méthodologie

La prosodie sémantique, n?étant pas toujours accessible par l?introspection (Louw 1993, Stubbs 1995), elle doit être étudiée en utilisant des corpus. Ces derniers nous permettent, entre autres, l?analyse des unités lexicales sélectionnées pour l?étude, pour ainsi faire des comparaisons d?une langue à une autre, mais aussi d?une langue générale à une langue spécialisée.

Dans le présent travail, nous avons utilisé quatre corpus. Deux de langue générale, dans deux langues ; anglais et français, pour pouvoir tester la première hypothèse de Partington (1998) selon laquelle deux unités lexicales équivalentes de deux langues, pourraient avoir une prosodie sémantique différente.

Nous avons aussi utilisés deux corpus de langue de spécialité ; le corpus des sciences de la terre (CST), dans deux langues aussi, l?anglais et le français. Ces corpus nous ont permis de tester la deuxième hypothèse de Partington (2004), selon laquelle une unité lexicale utilisée en langue générale et en langue de spécialité pourrait avoir des prosodies sémantiques différentes. Nous pourrons par ailleurs, grâce à ces quatre corpus, voir si des équivalents de deux langues ont la même prosodie sémantique dans la langue de spécialité.

Par ailleurs, il est important de noter que, à court de temps et d?expérience, le nombre maximum de concordances que nous avons retenu à chaque analyse, (s?il était supérieur) est de 5000.

1. Description des corpus :

Les corpus de langue générale que nous allons utiliser sont, le British National Corpus (BNC) pour l?anglais, et le Corpus Français de l?Université de Leipzig, pour le français.

Le British National Corpus (BNC) a été crée en 1991 par le Consortium BNC en Angleterre, et il commence à être obsolète vu que la date limite des textes est en 1992.

Le BNC compte 100 millions de mots et il est composé de textes de différentes sources. La partie écrite (90% du BNC) comprend des extraits de journaux, des périodiques, des livres, et beaucoup d?autres variétés de textes, pour représenter au mieux le l?anglais britannique du 20ème siècle, tandis que la partie orale (10%) comporte des heures de transcription des conversations informelles, qui ont été enregistrés par des volontaires de différents âges, régions, et classes sociales. La partie orale comprend aussi du langage parlé recueilli par des réunions d?affaires ou gouvernementales, des émissions de radio, etc. Ce corpus est gratuitement accessible en ligne à l?adresse suivante : http://www.natcorp.ox.ac.uk/ .

Toutefois, pour une utilisation plus facile et pour obtenir des requêtes où le mot recherché est souligné, pour ainsi l?analyser d?une façon plus claire et simple, nous avons consulté le BNC sur le site de Mark Davis à l?adresse suivante : http://corpus.byu.edu/bnc/ . Pour l?interroger, il suffit d?écrire le mot dans la case devant « word(s) " et cliquer sur « search ». Pour rechercher le lemme d?un mot et ainsi obtenir des résultats avec toutes ses formes de conjugaison, il faut mettre le mot dans la case entre crochets « [~] ". Grâce à la case « collocates " on peut également obtenir les collocations les plus fréquentes d?un mot.

Pour faire une comparaison des mots anglais sélectionnés pour notre étude, avec leurs équivalents dans la langue générale, nous avons utilisé le corpus français de Leipzig. Ce dernier a été conçu récemment, et il est composé de près de 37 millions de phrases, soit environ 700 millions de mots. Il n?est donc pas tout à fait comparable au BNC (100 millions de mots), mais c?est le seul corpus représentatif de la langue française générale accessible en ligne. De plus, son interface est beaucoup moins sophistiquée que celle du BNC et la façon de l?interroger n?est pas la méme. Quand nous mettons dans la case devant « mot clé » lunité lexicale que nous recherchons, nous obtenons les cooccurrences les plus fréquentes de cette dernière et ses collocations les plus significatives. D?autre part, nous ne pouvons pas accéder à toutes les concordances trouvées et nous devons nous contenter des exemples sélectionnés, bien que le nombre de ses exemples ne soit pas négligeable.

Quoi qu?il en soit, le corpus français de Leipzig a été réalisé par l?Université de Leipzig, en Allemagne, dans le cadre des travaux de recherche du projet Leipzig Corpora Collection?. Il est gratuitement accessible sur internet à l?adresse suivante :

http://wortschatz.uni-leipzig.de/ws_fra/). Le corpus, dédié à l'étude du français contemporain écrit, est composé de trois parties:

 

informations tirées de journaux francophones : plus de 19 millions de phrases pages Web : plus de 11 millions de phrases

Wikipédia : près de 6 millions de phrases

Pour analyser les unités lexicales sélectionnées dans la langue de spécialité, nous avons eu recours à deux corpus composés de textes traitant le domaine des sciences de la terre. Ces derniers ont été compilés par des étudiants de l?Université de Paris Diderot dans le cadre du Master 1 en ILTS (2009-2010), et nettoyés par leurs professeurs, notamment Kübler et Volanschi.

Le corpus des sciences de la terre en anglais (CSTen) est un corpus homogène. Il comprend 10 100 859 mots et comporte 1871 textes. Ce corpus est composé d?articles scientifiques provenant des journaux internationaux.

Le corpus des sciences de la terre en français (CSTfr) est moins homogène que le CSTen et les deux n?ont pas le méme genre de textes. Et pour cause, comme la plupart des chercheurs francophones dans ce domaine rédigent leurs articles scientifiques en anglais, pour compléter le corpus français, les étudiants ont dû utiliser des articles du Bulletin de la Société Française de Géologie. Par conséquent, le CSTfr, qui compte 10 642 938 mots et contient 686 textes, comporte des articles scientifiques, mais aussi des thèses, mémoires, rapports d?activités, cours, comptes rendus, sites web, etc. Quoiqu?il en soit, malgré les différences entre ces deux corpus, la taille assez similaire de ces derniers, nous a permis d?obtenir des résultats assez comparables.

2. L'outil d'interrogation de corpus

Nous avons analysé les deux corpus de CSTen et CSTfr à l?aide du concordancier AntConc version 3.2.1 de 2010. Celui-ci est un logiciel, gratuitement téléchargeable sur le site de son auteur Laurence Anthony, à l?adresse suivante : http://www.antlab.sci.waseda.ac.jp/antconc index.html

. Ce concordancier est simple, facile à utiliser, et très utile pour examiner des concordances et repérer au mieux les prosodies sémantiques. Il permet un alignement alphabétique, donne le nombre de concordances du terme étudié et fournit la liste de ses collocations les plus fréquentes, avec l?outil « clusters ".

3. Sélection des mots à l'étude :

Comme le phénomène de la prosodie sémantique n?est pas facilement détectable, nous avons choisi quatre unités lexicales en langue anglaise qui ont été déjà étudiées par d?autres linguistes, et nous avons recherché leurs équivalents en français dans le dictionnaire Larousse bilingue anglais-français. Ce dictionnaire nous a semblé le plus approprié pour notre étude, étant donné que c?est un dictionnaire français, et que la langue cible du traducteur en général, est sa langue maternelle. Ce dictionnaire est gratuitement disponible en ligne à l?adresse suivante : http://www.larousse.fr/dictionnaires/anglais-francais. Il est composé de 250 000 mots et expressions, et de 400 000 traductions. A chaque fois, nous nous sommes limitées à un seul équivalent français, en sélectionnant parmi les propositions du dictionnaire, celui qui nous convient le mieux.

Le premier mot sélectionné à l?étude, est l?adjectif « impressive " et son équivalent français « impressionnant " selon le dictionnaire bilingue de Larousse. Comme nous l?avons déjà mentionné, cet adjectif a été examiné par Partington (1998)19, qui a constaté qu?il entrait souvent en cooccurrence avec des mots à connotation positive tels que : achievement, best, gains, talent and dignity. Donc « impressive " a une prosodie sémantique positive. Le plus intéressant pour cet adjectif anglais, c?est que Partington (1998) l?a aussi comparé avec son équivalent italien «impresionante » et a constaté que ce dernier n?a pas la méme prosodie sémantique que « impressive ». L?adjectif italien entre en cooccurrence avec des mots à connotation neutres et négatifs. Mais qu?en est-il de son équivalent français « impressionnant "? Et ces deux adjectifs changeront-ils de prosodie dans une langue de spécialité ? C?est que nous avons vérifié.

Le deuxième mot, est le verbe « to provide " et son équivalent français selon le dictionnaire bilingue de Larousse « fournir ». Selon l?étude de Stubbs (1995b), « provide " a

19 Voir Chapitre II, p 23

été observé très souvent en compagnie de mots à connotation positive tels que : care, support, help, assistance, funds, opportunities, relief, etc. Par conséquent, « provide " a une prosodie sémantique positive. C?est ce que nous avons vérifié dans notre étude. Nous avons aussi vérifié si « provide " garde cette prosodie positive en langue de spécialité, et si son équivalent français « fournir " change de prosodie sémantique.

Le troisième mot, est le verbe « to lead to ", et son équivalent français « entrainer ", comme le précise le dictionnaire bilingue Larousse. Selon l?étude de Xiao Z & McEnery A. (2006), le verbe « to lead to " est souvent en compagnie de termes à connotation négative tels que : accident, loss, problems, et disease. Bien que ce mot soit qualifié comme ayant une prosodie sémantique négative, il est moins négatif que son quasi-synonyme « to cause ". En effet, il est observé en compagnie de mots à connotation positive tels que : understanding et development, et d?autres collocations neutres telles que : competition, increase, action, activity, conditions, courses, et decision. Nous avons vérifié ces résultats, et testé cette unité lexicale dans la langue de spécialité ainsi que son équivalent français, pour voir si sa prosodie sémantique varie.

Et enfin, le dernier terme pour cette étude, c?est le verbe anglais «to cause " qui a été largement étudié par des linguistes à travers le monde. Le premier était Stubbs (1995), qui a constaté que « to cause " est à 90% en compagnie de termes négatifs tels que cancer, crisis, accident, delay, death, damage, trouble, etc. Quant à Berber-Sardinha (2000), il a examiné son équivalent portugais « causar " et a conclu que ce terme avait une prosodie sémantique négative dans les deux langues. Wei (2002) de son côté, a comparé les occurrences de « cause » dans des textes d?anglais générale, avec des textes d?anglais académique, et a constaté que ce terme était beaucoup plus négatif dans les textes académiques. Hunston (2007) quant à elle, a cité des exemples du verbe « to cause " dans le corpus « New Scientist » pour montrer que cette unité lexicale devient neutre en science, et qu?elle est négative uniquement quand elle implique des êtres humains. Louw et Château (2010) ne partagent pas cet avis, tandis que Kübler et Volanschi (à paraître) l?ont confirmé davantage. Nous avons choisi ce verbe pour faire une comparaison avec ces études, voir si son équivalent français « causer "20 garde la même négativité que le verbe portugais « causar " (Berber-Sardinha 2000), et si il aura une prosodie sémantique neutre dans le CST.

20 Selon Larousse

Tous ces mots vont être étudiés, en premier temps, dans la langue générale puis analysés dans les CST (en anglais et en français), pour tester l?hypothèse de Partington (2004: 153-154) selon laquelle une unité lexicale utilisée en langue générale et en langue de spécialité pourrait avoir des prosodies sémantiques différentes.

Parallèlement, les mots anglais vont être comparés à leurs équivalents français, pour tester l?hypothèse de Partington (1998:77-78), selon laquelle deux unités lexicales équivalentes de deux langues, pourraient avoir une prosodie sémantique différente. Nous allons également vérifier si cette hypothèse s?applique à la langue de spécialité. C'est-à-dire, si une unité lexicale change de prosodie sémantique d?une langue à un autre, dans le CST.

CHAPITRE IV : Analyses et discussions

Dans ce chapitre nous analyserons la prosodie sémantique de ces quatre mots anglais et de leurs équivalents français, en langue générale puis en langue de spécialité.

Nous essayerons de faire état des résultats obtenus, pour vérifier les deux hypothèses de Partington et pour pouvoir éplucher les difficultés que peuvent rencontrer un traducteur lors de son travail, et appuyer la nécessité d?introduire les informations linguistiques relatives à la prosodie sémantique dans les dictionnaires, que ce soit de langue générale ou de langue de spécialité.

1. Impressive vs. Impressionnant

a) Impressive (langue générale):

Comme nous l?avons déjà mentionné, Partington (1998) a étudié l?adjectif anglais «impressive» dans la langue générale et a constaté qu?il avait une prosodie sémantique positive puisqu?il entre en cooccurrence avec des mots à connotation positive, tels que : achievement, talent et dignity. Nous avons vérifié ces résultats dans le BNC21. Et avant de commencer notre analyse, nous avons interrogé le corpus sur les collocations les plus fréquentes de « impressive », grace à l?outil « collocates ». Nous avons obtenus plusieurs mots à connotation positive tel que : victory, winner, win, achievement, contribution, etc. Comme nous montre la figure 1 :

Figure 1 : Les collocations les plus fréquentes de « impressive » selon le BNC

Rank

 
 
 
 

TOT

ALL

%

 

6

 
 

VICTORY

23

5545

0.41

 
 

13

 
 

WINNER

14

3156

0.44

 
 

21 British National Corpus

14

 

GROWTH

14

12794

0.11

 
 
 
 
 
 

21

 

ACHIEVEMENT

9

3072

0.29

 
 
 
 
 
 

23

 

WIN

8

10434

0.08

 
 
 
 
 
 

26

 

WINS

7

1553

0.45

 
 
 
 
 
 

31

 

CONTRIBUTION

6

5302

0.11

 

Ensuite, en examinant les 2915 concordances obtenues, dans lesquelles le sens de « impressive » est, comme défini dans le dictionnaire « Oxford Dictionary », « evoking admiration through size, quality, or skill; grand, imposing, or awesome », nous avons pu faire les mêmes observations. En effet, selon notre analyse, l?adjectif « impressive » est le plus souvent en compagnie de mots à connotation positive. Nous pouvons le constater, à travers les mots soulignés, dans les contextes suivants:

Positives :

Here a discreet entrance boasts cool marble floors and imposing columns which combine with fine wood and soft lighting for an impressive welcome. The addition of the Royal Wing has resulted in an even more impressive range of accommodation, with beautifully decorated suites and personalized

It is already now clear that the 1980s will stand out as a decade of impressive improvement in economic performance

Teamwork boosts profits has seen impressive growth over the last two years - - turnover up 40 per cent, gross margin up 50 per cent, profit up 30 per cent Meantime, Brian Bell of Bangor scored an impressive victory in the men's 100m freestyle with a time of 52.70

Retail Runner is also seeking to graduate from an impressive success on that Ascot card, having made all and jumped particularly well

The British Coal Corporation has achieved impressive improvements in productivity, which is now 105 per cent above 1983-84 levels.

By the time Tiphook arrived on the stock market, it already had impressive turnover and profits for a company only seven years off the starting blocks

This is an impressive donation which has spread over some 50 years and continues today through the support of the Dulverton Trust.

American production soared, largely to meet overseas demand, and the Soviet Union, despite some impressive gains in production, became for the first time a large importer

Par conséquent, grâce à la figure 1, et aux exemples que nous avons pu obtenir, et qui montrent que « impressive " est souvent en collocation avec des mots à connotations positive tels que : welcome, beautifully, improvement, growth, victory, success, achievement, turnover and profits, donation, gains, etc, nous confirmons la conclusion de Partington (1998), selon laquelle « impressive ", dans la langue générale, a une prosodie sémantique positive.

b) Impressive (langue de spécialité)

Après avoir examiné et vérifié la prosodie sémantique de l?adjectif « impressive " dans la langue générale, nous l?avons analysé dans le CSTen, à l?aide du concordancier AntConc. Et pour avoir une idée des collocations les plus fréquentes de ce mot, avant de commencer notre analyse, nous avons utilisés l?outil « collocates ". Le résultat nous a bien donné une idée sur la prosodie sémantique de cet adjectif. En effet, comme nous montre la figure 2, ses 23 premiers collocations sont des mots à connotation neutre, tel que : example, array, similarity, waterfalls, volume, volcanoes, underground, swarm, surges, scar, pyroclastic, photographic, etc. Donc apriori, la prosodie sémantique de « impressive " dans la langue de spécialité des sciences de la terre devient neutre.

Figure 2 : les collocations les plus fréquentes de « impressive » dans le CSTen

Mais pour avoir des résultats plus concrets, nous avons ensuite fait l?analyse des occurrences de « impressive ". La première remarque que nous voulons faire concerne le nombre de concordances. Celui ci est beaucoup moins important que dans le corpus de langue générale. En effet, nous n?avons obtenu que 58 cooccurrences de l?adjectif « impressive " dans le CSTen, contre 2915 dans le BNC. Ceci est dû au fait que le CSTen est plus petit que le BNC. Par ailleurs, l?analyse de la prosodie sémantique vient conforter les résultats de la figure 2. En effet, nous n?avons trouvé aucune cooccurrence à connotation positive, alors que cette dernière domine dans le corpus de langue générale. Nous citons quelques exemples ci après, dans lesquels les collocations neutres de « impressive " sont soulignées:

Neutres :

More impressive advective transport may result from a combination of geometric and temporal focusing

The large scale folded variegated series enables an impressive analysis of style

This impressive and consistent spatial variation of the b-value along CISA is independent of the computational method

The Fitzcarrald Arch is an impressive example of relief development with neither shortening nor any active tectonics being expressed.

The most impressive feature of the phase tensor ellipse maps was the uniformity of the major axes at long periods.

Some of these produced impressive surges of lava descending the west flank to a maximum distance of 4.1 km

Lying between these impressive peaks is the only know active carbonatite volcano in the world - Oldoinyo Lengai

The remote environmental measuring units (REMUS) are a new class of small AUVs which can carry an impressive array of environmental sensors

An impressive swarm of low-frequency earthquakes with strikingly similar waveforms, was recorded on 26 July through 27 July 2008

The impressive long-term data set as well as the model evaluation presented here are pertinent to a range of atmospheric applications.

Ainsi, comme le montrent ces exemples, « impressive » apparait souvent avec des mots à connotation neutre tels que : advective transport, analysis, spatial variation, example, feature, surges of lava, peaks, array, swarm, long-term data set, etc.

Nous constatons déjà avec ce premier mot analysé dans notre étude, qu?un seul et unique mot peut avoir des prosodies sémantiques différentes en fonction du domaine dans lequel il est utilisé. En effet, la prosodie sémantique a changé de la langue générale (positive), à la langue de spécialité (neutre). Ce qui pourrait confirmer la première hypothèse de notre mémoire (Patington 2004), et pourrait appuyer l?idée que les informations sur la prosodie sémantique devraient être aussi cités dans les dictionnaires spécialisés. Voyons à présent, la prosodie sémantique de son équivalent français « impressionnant »

c) Impressionnant (langue générale)

Comme nous l?avons déjà souligné, Partington (1998) qui a aussi fait une étude sur ce terme, a constaté que son équivalent italien « impresionante » n?a pas la même prosodie sémantique22. Nous avons vérifié si son équivalent français a aussi une prosodie sémantique différente. Avant de commencer l?analyse, nous avons obtenus du Corpus français de Leipzig, en l?interrogeant sur cet adjectif, ses cooccurrences significatives :

Figure 3: Cooccurrences significatives de impressionnant dans le Corpus de Leipzig

un (3121.89), nombre (2997.01), palmarès (1483.97), est (1279.59), très (1071.82), , (677.5), assez (632.18), c (623.36), plus (538.57), dispositif (533.6), vraiment (402.39), C (393.48), casting (369.47), jeu (361.05), arsenal (342.07), spectacle (324.35), voir (318.87), bilan (298.82), aussi (289.97), mais (289.93), victoires (279.94), gabarit (265.79), ' (261.24), son (256.3), physique (252.12), parcours (251.02), Un (240.98), résultat (240.74), succès (219.82), saison (219.13), total (212.15), chiffre (211.7), offensif (205.74), particulièrement (199.51), face (194.62), a (193.03), potentiel (192.16), buts (191.54), encore (188.03), visuellement (182.44), tout (173), silence (158.2), était (157.83), le (156.32), début (151), qui (145.23), toujours (143.72), film (143.54), Le (141.75), de (141.68), avec (139.06), policier (137.56), déployé (135.78), possède (134.62), mètres (133.7), score (129.36), Federer (126.85), réalisme (124.47), rythme (124.04), points (123.26), cet (123.08), il (121.67), affiche (120.58), déploiement (119.74), ! (116.11), Malgré (114.95), déjà (110.83), Nadal (104.4), champion (102.55), parterre (101.96), d (100.94), graphiquement (97.23), Chelem (94.93), moins (94.58), niveau (93.37), défaites (92.3), scène (89.62), puissance (89.43), bond (89.3), surtout (88.77)

Et nous remarquons déjà, que la majorité des mots qui entrent en cooccurrence avec « impressionnant » sont des noms à connotation neutre (nombre, dispositif, casting, jeu, arsenal, spectacle, bilan, gabarit, physique, parcours, résultat, saison, total, chiffre, silence, début, rythme, points, niveau, scène, etc.)

.

Pour valider ces constatations, nous avons analysé les concordances du mot « impressionnant », dans lesquelles cet adjectif a pour sens « Qui produit une forte

22 Voir page 30

impression sur l'esprit » comme défini dans le dictionnaire Larousse. Ainsi le nombre de concordances recensées s?élève à 9078, soit plus de 3 fois le nombre d?occurrences de son équivalent anglais. Cela est peut être dû au fait que les francophones utilisent beaucoup plus cet adjectif dans leur langue générale que les anglophones, ou bien tout simplement parce que le Corpus Français de Leipzig compte 7 fois plus de mots que le BNC. Quoiqu?il en soit, en examinant ces occurrences, nous avons constaté qu?effectivement, les cooccurrences significatives de « impressionnant » sont la plupart du temps des mots à connotation neutre. Néanmoins, cet adjectif apparait aussi dans des contextes positifs, comme le prouvent les collocations soulignées dans les exemples suivants :

Positives :

A bientôt 40 ans (il les aura le 1er juillet prochain), Xavier Rohart possède un palmarès impressionnant, un des plus beaux de la voile française (quatre fois champion du monde de Star, médaillé de bronze aux Jeux Olympiques d'Athènes

En Argentine, sa compétence, illustrée par le redressement impressionnant enregistrée par l'économie, lui valait le respect des entrepreneurs, souvent la cible de dures attaques de la part du président Kirchner, réputé plus à gauche Gene Hoglan est impressionnant de maîtrise et de puissance ; c'est un batteur extraordinaire et charismatique

Depuis le début de l'année, les petites et moyennes capitalisations affichent un gain impressionnant de 18,7%, contre 6,9% pour le SMI

Mais comme nous l?avons précisé, contrairement à son équivalent anglais, l?adjectif « impressionnant » est souvent en compagnie de mots neutres, comme l?attestent les contextes suivants:

Neutres :

 

Le résultat impressionnant qui a été obtenu renforce la théorie qui énonce que le vieillissement serait le résultat de modifications génétiques spécifiques plutôt qu'une usure

Pour tout organisme vivant, c?est lui-même qui passe, selon pour chacun des organismes pris dans leur individualité une "horloge" interne propre, facteur d?un nombre impressionnant de variables

Avec un impressionnant volet juridique: l'assainissement doit respecter les normes environnementales, de déboisement, de transport, de bruit, ou la sécurité des travailleurs et de la population

Lors de cette période de décomposition des idées de gauche et de transfert impressionnant des votes de la gauche vers la droite, presque aucune organisation politique ou syndicale n'a été en mesure de faire face. Anheuser-Busch devrait être racheté par le belge In-Bev (ex Interbrew), c'est à dire Stella-Artois Louvain qui a racheté un nombre impressionnant de marques: Leffe, Hoegaarden, Beck, Franziskaner

Dans un nuage de poussière tous se sont alors assis à même le sable du square situé au centre de la place dans un impressionnant silence.

Les Sénateurs montrent un impressionnant dossier de 17-3-0 depuis le début de la saison.

La France dispose aujourd'hui d'un instrument unique : un anneau impressionnant, de plus de 300 mètres, dont les appareils ont été réglés au millième de millimètre

Nous pouvons donc dire, que l?adjectif français « impressionnant » dans la langue générale, a comme son équivalent italien «impresionante » Partington (1998), une prosodie sémantique différente de son équivalent anglais, puisque ses collocations sont surtout des mots à connotation neutre, tels que : résultat, nombre, chiffre, volet juridique, transfert, silence, casting, dossier, anneau, etc.

Par conséquent, nous pouvons conclure, que le même mot en deux langues distinctes peut avoir deux prosodies sémantiques différentes en langue générale. Ce qui confirme la première hypothèse de notre mémoire (Partington 1998). Procédons maintenant à la vérification de cette hypothèse dans les deux corpus de géologie.

d) Impressionnant (langue de spécialité)

Comme pour son équivalent anglais, nous avons interrogés le CSTfr sur les collocations de l?adjectif « impressionnant » grace à l?outil « collocates >>, pour avoir une idée sur le sujet avant de commencer notre analyse. Et voici ce que nous avons obtenu :

Figure 4 : collocations significatives de « impressionnant » dans le CSTfr

Comme nous pouvons le constater dans la figure 4, les collocations significatives de l?adjectif « impressionnant >> sont la plupart des mots à connotation neutre, tels que : résultat, retombées, phénomène, paysage, panache, nombre, moyenne, etc.

Par la suite nous avons procédé à l?analyse des occurrences du mot « impressionnant >>, qui a pour sens « Qui produit une forte impression sur l'esprit >>23 dans le CSTfr. Et nous avons obtenu un nombre très réduit, de seulement 31 concordances. D?autre

23 Dictionnaire Larousse

part, nous constatons que, comme son équivalent anglais dans la langue de spécialité, la prosodie sémantique de « impressionnant » est neutre, comme le montrent ces exemples, où les collocations neutres sont soulignées :

Neutres :

Un autre phénomène impressionnant est celui engendré par une pierre qui, laissé retomber au sol d?une petite hauteur, dans certains points du cratère, provoque un grondement sourd donnant la sensation qu?il y ait de grandes cavités souterraines.

La région est l?une des plus étudiés dans le monde et le nombre de publications concernant sa structure crustale est impressionnant.

Pour la région du sud des Alpes occidentales, le résultat est impressionnant : le Moho semble suivre une trajectoire cyclonique avec un oeil centré sur le sud-est de l?Argentera.

En Europe, Vulcano est sans aucun doute le volcan le plus impressionnant. Le « Cratère Commerson » le plus impressionnant des trois, atteint plus de 200 mètres de profondeur.

Le dispositif est impressionnant, mais à cette distance du cratère, les riverains auraient au plus quelques minutes pour quitter le fond de vallée

Les pays membres de l'OTAN et du pacte de Varsovie ont hérité d'un impressionnant ensemble de terrains d'aviation, de casernes, de camps militaires, de bases de missiles, d'usines, d'arsenaux, de laboratoires et de complexes de recherche, de sites d'essai.

En raison de l?intense activité volcanique régionale et de l?effet des vents d?Ouest sur la dispersion de téphras, les sédiments du lac Icalma contiennent un nombre impressionnant de retombées téphriques

Le nombre de personnes ayant travaillé sur la compréhension de la structure alpine et notamment sur la profondeur du Moho est impressionnant.

Le dyke le plus impressionnant est sans doute le Grand dyke, riche en minerais, au centre de Zimbabwe

Comme nous pouvons le voir, « impressionnant » entre souvent en cooccurrence avec des mots à connotation neutre, tels que : phénomène, nombre de publications, résultat, volcan, Cratère Commerson, dispositif, ensemble, nombre de retombées téphriques, dyke,

etc. Par conséquent, cet adjectif a une prosodie sémantique neutre dans la langue de spécialité des sciences de la terre.

En somme, dans les deux corpus de langue générale (Leipzig et BNC), l?hypothèse de Partington (1998:77-78), selon laquelle deux unités lexicales équivalentes de deux langues, peuvent avoir une prosodie sémantique différente, a été confirmée. Par contre dans la langue de spécialité, les deux termes « impressive " et « impressionnant " ont deux prosodies sémantiques neutres, ce qui va à l?encontre de l?hypothèse citée ci dessus.

Parlons maintenant de la première hypothèse de notre mémoire, celle dans laquelle Partington (2004: 153-154) soutient qu?une unité lexicale utilisée en langue générale et en langue de spécialité, pourrait avoir une prosodie sémantique différente. L?adjectif anglais « impressive " a eu une prosodie sémantique positive dans la langue générale, et une prosodie sémantique neutre dans la langue de spécialité, ce qui confirme cette hypothèse. Toutefois, ce n?est pas le cas du terme français « impressionnant ", qui dans la langue générale, comme dans la langue de spécialité garde la même prosodie sémantique neutre. Quoiqu?il en soit, il conviendrait de préciser que ces constatations sont à titre indicatif, et qu'un calcul plus précis reste à faire.

Passons maintenant aux autres mots sélectionnés pour notre étude, pour vérifier davantage ces deux hypothèses.

2. Provide vs. Fournir :

a)Provide (langue générale)

Comme nous l?avons précisé dans le chapitre précédent24, le verbe anglais « provide " a été analysé par Stubbs (1995b). Celui ci a conclu que « provide " a une prosodie sémantique positive puisqu?il est très souvent en compagnie de mots à connotation positive tels que : care, support, help, assistance, funds, opportunities, relief, etc. Nous avons interrogé le BNC sur les collocations significatives de « provide ", voici ce que nous avons obtenu :

24 Voir page 30

Figure 5 : collocations significatives de « provide » dans le BNC :

Rank

 
 
 
 

TOT

 

ALL

%

 

2

 
 

SERVICES

573

 

24835

2.31

 
 

4

 
 

SUPPORT

492

 

29568

1.66

 
 

5

 
 

OPPORTUNITY

341

 

10103

3.38

 
 

7

 
 

USEFUL

 

318

 

9960

3.19

 
 

9

 
 

OPPORTUNITIES

241

 

5766

4.18

 
 

10

 
 

CARE

 

240

 

24387

0.98

 
 

16

 
 

ASSISTANCE

214

 

4305

4.97

 
 

17

 
 

ADVICE

 

208

 

10315

2.02

 
 

20

 
 

PROTECTION

175

 

7974

2.19

 
 

Les collocations significatives de << provide >> dans le BNC, comme le montre la figure 5, sont en effet des mots à connotation positive, tels que : services, support, opportunity, useful, care, assistance, advice, protection.

Nous avons ensuite vérifié ces résultats, en examinant le verbe anglais<< provide >> qui a pour sens << [with object] make available for use; supply >> comme défini dans << Oxford Dictionary >>, et ses différentes formes de conjugaison (provide, provides, provided, providing). Le nombre de concordances obtenues est de 50236. Mais le résultat était évident dès les premières pages; << provide >> apparait dans la plupart des concordances en compagnie de mots à connotation positive, tels que : hope, useful framework, support, guidance, a chance to gain, care and support, beautiful free advert, new hope, useful advice, etc , comme nous pouvons le constater à travers ces exemples :

Positives :

Her instinctive feeling for him makes her provide him with some hope of her return, or at least of their future communication

Kit-house companies will help you design your home and provide useful advice "It seems to me evident that a family will provide support for each other.» She told a conference of 300 experts.

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But Cindy, 26, just couldn't help looking a million dollars -- or providing a beautiful free advert for her new exercise video, Shape Your Body, due here by Christmas

Egg donor scheme provides new hope for childless couples

We have seen that graph-search terminology provides a useful framework for clarifying and examining issues involved in automatic speech processing Statistical processing provides a simple, efficient method for picking the correct words based on local neighborhood

Par conséquent, nous pouvons confirmer que le verbe « provide » en langue générale a une prosodie sémantique positive, puisqu?il est souvent en compagnie de mots à connotation positive, comme nous montrent les exemples ci-dessus. A présent, nous allons voir si cette prosodie change dans la langue de spécialité

b)Provide (langue de spécialité)

Quand nous avons interrogés le CSTen sur les collocations significatives de « provide », et ses différentes formes de conjugaison (provide, provided, provides, providing), voici ce que nous avons obtenu :

Figure 6 : collocations significatives de « provide » dans le CSTen

La première constatation que nous avons faite, grâce à la figure 6, est que le verbe « provide, » est très souvent suivi d?un adjectif, et dans la plupart des cas, un adjectif à connotation positive, tels que : useful, good, valuable, better, strong, sufficient, excellent, etc.

Nous avons ensuite vérifié ces résultats, en examinant le verbe « provide " qui a pour sens « [with object] make available for use; supply "25, et ses différentes formes de conjugaison (provide, provided, provides, providing), dans le CSTen. Nous avons obtenu 7289 concordances parmi lesquelles nous avons constaté beaucoup d?occurrences neutres. Voici des exemples de concordances où les collocations de « provide " sont des mots à

25 Oxford dictionary

connotation neutre, tels que : proxies, routes, an average age, magma production rate, source parameters, etc

Neutres :

Subglacially-erupted volcanic sequences provide proxies for a unique range of palaeo-ice parameters

The difference between the crustal extension to the north and south of the volcanic and fault chain is considered to be taken up along the 200km length of the chain by an echelon faulting and fissuring, the latter providing routes for magma to reach the surface

Such variation would, in part, explain the greater uncertainty associated with these spreading rates compared to those determined from the magnetic ages, which provide an average age for the cooling of the entire magnetic source layer

This rough estimation of the magma production rate at Soufriere of St. Vincent shows that the large cone of Soufriere volcano built very fast providing an unusually high magma production rate.

It is possible to extract information from seismic characteristics that provides source parameters: fault dimension, stress drop and seismic moment

Both sills and dykes can provide magma to overlying volcanic fissures and sills can be shown to feed shallow laccoliths

Toutefois, et malgré que ceci reste à prouver avec des chiffres précis, les occurrences positives semblent prévaloir. Celles-ci figurent dans des contextes tels que:

Positives:

Inversion of the corrected amplitudes was encouraging, providing us with a very good match of the synthetics to the data expressed in the variance reduction

A similar study protocol might be useful in the reconstruction of eruptive activity of other cinder cones in the Garrotxa region and elsewhere, and therefore can provide a good and quick methodological tool

This provides the benefit of more successful dual-band solutions for lava flows when used in conjunction with ALI.

While the sill model provides an adequate fit to the InSAR and GPS data (Fig. 3), the misfit gives at least two valuable clues about the magma accumulation. No analysis combining both data sets had yet been carried out, but combining them would clearly provide the best model fitting crustal deformation induced by the subsurface magma movements.

The purpose of this model is to provide a better understanding of the stress conditions that favor sill emplacement.

These models will provide improved estimates of the distribution and abundance of chemical energy sources and microorganisms during mixing, and will provide an improved framework for understanding the distributions obtained from microbial studies in the natural system.

Some of the very large geo codes were further split into smaller units to provide better estimates of source-to-site distances.

These beds provide convincing evidence that an intracaldera lake or abundant shallow groundwater once existed in the western caldera and interacted with magma during an eruption

This volcanic system provides an excellent target because it has erupted nearly homogeneous basaltic andesite magma

Par conséquent, contrairement à l?hypothèse de Partington (2004) selon laquelle, une unité lexicale en langue générale et en langue de spécialité peut avoir une prosodie sémantique différente, et contrairement à la conclusion de Hunston (2007) selon laquelle une unité lexicale peut devenir « neutre " en science, nous constatons que la prosodie sémantique du verbe « provide " dans le BNC, comme dans le CSTen, reste positive. Toutefois, nous devons noter que les mots à connotation positive qui entrent en cooccurrence avec « provide " dans le CSTen, sont généralement des noms neutres, souvent spécifiques au domaine, mais qui acquièrent une connotation positive grâce aux adjectifs qui les précédent. Voici quelques exemples cités ci-dessus : very good match, a good and quick methodological tool, more successful dual-band, adequate fit, best model, better understanding, improved estimates, improved framework, better estimates, convincing evidence, excellent target, etc.

c)Fournir (langue générale)

Le même principe a été adopté pour analyser l?équivalent français du verbe « provide ». Nous avons d?abord cherché les cooccurrences significatives du verbe « fournir » dans le Corpus Français de Leipzig. Voici les résultats :

Figure 7 : cooccurrences significatives de fournir dans le Corpus Français de Leipzig :

informations (6754.18), des (6043.98), à (5830.2), pour (5745.31), de (5546.35), aux (4969.33), services (3435.8), nécessaires (2680.7), les (2298.06), afin (2297.92), doit (2191.75), Pièces (2097.06), objectif (1859.94), renseignements (1800.65), un (1800.49), pièces (1775.52), service (1750.11), aide (1722.92), données (1707.17), une (1688.71), détails (1657.1), clients (1572.18), outils (1536.47), explications (1485.48), précisions (1457.28), leur (1446.71), information (1405.87), nécessaire (1339.8), éléments (1288.07), documents (1273.23), mesure (1227.44), permettant (1199.94), demande (1166.11), peut (1154.74), capable (1152.38), doivent (1147.14), lui (1145.99), vous (1122.99), et (1064.17), sans (1057.21), d (1056.62), effort (1040.87), assistance (1014.44), ' (1009.9), but (1006.96), efforts (1000.26), solutions (993.62), certificat (969.42), énergie (955.7), engage (944.99), qualité (938.99), devez (923.27), électricité (853.36), demandé (852.95), attestation (851.82), preuves (821.62), devra (749.45), peuvent (749.33), accès (735.06), justificatif (717.65), indications (709.31), devront (701.87), besoin (694.17), travail (674.21), réseau (663.22), moyens (654.47), permettre (636.2), identité (633.16), l (627.65), nous (613.84), utilisateurs (606.64), copie (600.13), prestations (598.9), explication (587.67), obligation (583.8), liste (580.63), leurs (574.05), armes (552.54), vise (547.27), ou (546.72)

La figure 7 nous dévoile beaucoup de collocations neutres, tels que : informations, renseignements, pièces, élément, documents, mesure, certificat, électricité, travail, réseau, liste, etc. Mais aussi des collocations positives, tels que : service, nécessaire, assistance, solutions, énergie, qualité, accès, moyens, prestations, etc. Pour pouvoir trancher, nous avons ensuite examiné le verbe « fournir » qui a pour sens « Apporter, donner quelque chose »27, et ses différentes formes de conjugaison (fournir, fournis, fournit, fournissent, fourni, fourniront, fournissaient) et nous avons obtenu 69698 occurrences. Et bien qu?il y ait beaucoup de concordances neutres, celles qui sont positives semblent être plus nombreuses.

27 Dictionnaire Larousse

Comme l?attestent ces exemples :

Positives :

Le Nasdaq et la bourse de Dubaï jugent que la transaction proposée fournit la meilleure opportunité pour favoriser la croissance des marchés de capitaux nordiques et baltiques.

En mars 2004, Freenode sert 16 000 utilisateurs encouragés à contribuer à l'association qui fournit les moyens et ressources nécessaires pour améliorer le réseau et d'aider des projets charitables de la communauté libre.

Après des décennies de sous-investissement, le défi pour ce secteur est désormais de fournir des services de qualité en matière d'offre d'énergie et de transports.

Les compagnies utilisent ces applications pour trois raisons: elles rationnalisent leurs procédés de transactions commerciales, elles réduisent le temps de développement des produits et fournissent un bon niveau de fiabilité.

Les Rapports Techniques doivent avoir une base scientifique et fournir des informations d'utilité immédiate.

Aux yeux du général Campbell, "le but est de fournir davantage de sécurité aux gens qui vivent dans les quartiers sélectionnés" pour la construction de ces barrières de protection

Ils ont déclaré qu'ils étaient disposés à fournir leur aide pourvu que le nouveau gouvernement fasse appel à eux.

Malgré la chaleur, le vent et les chutes, les coureurs du Club BMX Crabtree on fourni une excellente performance lors de cette fin de semaine

Nous sommes intéressés par une relation forte avec l'Europe", qui a fourni beaucoup d'aide et de soutien aux Palestiniens, a-t-il ajouté

Ainsi, nous concluons que le verbe français « fournir », comme son équivalent anglais, a une prosodie sémantique positive dans la langue générale. En effet, ses collocations sont souvent des mots à connotation positive, tel que : meilleure opportunité, moyens et ressources nécessaires, des services de qualité, un bon niveau de fiabilité, informations d'utilité immédiate, davantage de sécurité, aide, excellente performance, soutien, etc.

Par conséquent, pour ce deuxième mot sélectionné pour notre étude, l?hypothèse de Partington (1998) n?est pas vérifiée puisque, le verbe anglais « provide " et son équivalent français « fournir » ont tous les deux une prosodie sémantique positive. Qu?en est-il pour ces équivalents dans les deux corpus de spécialité ?

d)Fournir (langue de spécialité)

Comme à chaque fois avant de commencer notre analyse, nous avons cherché les collocations significatives du verbe « fournir " dans le CSTfr et nous avons obtenu les mots suivants :

Figure 8 : collocations significatives de « fournir » dans le CSTfr

Il semble évident, selon la figure 8, que le verbe « fournir " est souvent en compagnie de mots à connotations positives, tels que : précieuses, avantage, bonne, etc. Mais aussi en compagnie de mots à connotation neutre, tels que : outils, estimation, effet, radar, indication, etc.

Nous avons ensuite examiné ce verbe qui a pour sens « Apporter, donner quelque chose»29 et ses différentes formes de conjugaison (fournir, fournis, fournit, fournissent, fourni, fourniront, fournissaient), dans le CSTfr. Ainsi nous avons obtenu 1606 occurrences. Parmi ces dernières, il y a plusieurs collocations à connotation neutre, mais celles à connotation positive semblent plus répandues. Effectivement, le verbe « fournir » entre très souvent en cooccurrence avec des mots tels que : un bon résultat, de précieuses informations, de meilleures estimations, une bonne approximation, un meilleur résultat, la qualité des données, les conditions idéales, la température nécessaire, etc. Comme peuvent l?attester ces exemples :

Positives :

La localisation par les formes d?ondes fourni un bon résultat dans la limite de la disposition des stations

Ce type d?approche a permis une meilleure compréhension des processus de transport des éléments volatils par les gaz volcaniques et a fourni de précieuses informations sur le rôle des fluides magmatiques dans la formation des gites minéraux

La méthode de maximum likelihood, elle, semble fournir de meilleures estimations de l?exposant puisque toutes les avalanches ont le méme poids du fait de la moyenne dans l?expression 5.1 (on considère N fois les avalanches de taille H).

La localisation à partir des ondes de surface a fourni un meilleur résultat

Là encore les expressions simplifiées fournissent une bonne approximation de la vitesse U et permettent de définir deux régimes pour le comportement de la vitesse

L?acquisition radar appliquée directement à la falaise a fourni de bons résultats sur les deux sites

Leur étude peut cependant fournir de précieuses informations sur l?origine et le comportement des métaux au cours des interactions complexes fluides/solides ainsi que sur les processus de fractionnement isotopiques susceptibles de se produire au sein des édifices volcaniques actifs

Cette carte a le mérite de fournir la qualité des données.

29 Dictionnaire Larousse

L'utilisation de plusieurs vues d'un même objet permet de fournir une richesse d'information plus grande, et promet un gain dans la précision de la reconstruction 3D.

Tandis que la source basaltique va fournir la température nécessaire pour fournir les conditions idéales de fusion, ce magma chaud, en entrant en contact avec l?andésite, va la réchauffer et remobiliser ce matériel hautement cristallin

Toutefois, comme nous l?avons mentionné, nous avons aussi remarqué une forte présence de collocations à connotation neutre, tels que : document numérique, un vecteur de proximité, des magmas, un cadre théorique, de nombreux repères, une limite stratigraphique, un exemple, etc, dans les contextes suivants :

Neutres:

Ce document numérique est fourni par l?IGN (Institut Géographique National) sous la forme de 6 fichiers ascii couvrant chacun une zone géographique bien précise de La Réunion

À un niveau d'observation plus avancé, les zonations chimiques de la série de l'ankérite dolomite dans la zone d'altération semi conforme régionale peuvent également fournir un vecteur de proximité des gisements de SMV

On est forcé de conclure que le magma qui les a formées provient de la fusion partielle d'un matériau ne contenant pas ces minéraux qui auraient été les premiers à fondre et par conséquent à fournir des magmas intermédiaires ou felsiques

la nature fracturée de la croûte supérieure et la propagation de dykes Andersoniens et non-Andersoniens fournissent un cadre théorique pour analyser la néotectonique de l'arc volcanique dans une marge convergente.

Les minéraux du Mont-Dore, injectés massivement dans le vallée de l?Allier par le réseau hydrographique situé à la bordure orientale du strato-volcan, fournissent de nombreux repères

Les différents dépôts d?avalanches de débris du Mont-Dore (fig. 2c, E1) qui jalonnent la Limagne moyenne entre Issoire et le sud-est de Clermont (Issoire, Perrier, Monton, Orcet...) peuvent fournir une limite stratigraphique entre les dépôts alluviaux pliopléistocènes, et les premières véritables terrasses quaternaires.

 

Un exemple récent d'utilisation de la photogrammétrie numérique en modélisation analogique est fourni par les travaux de Donnadieu et al. (Donnadieu et al. 2003)

Bien que le verbe « fournir » ait une prosodie sémantique positive puisqu?il est le plus souvent en compagnie de mots à connotation positive, la présence d?occurrences neutres prouve que ce verbe est plus positif en langue anglaise, qu?il ne l?est en langue française. Quoiqu?il en soit, l?hypothèse de Partington (2004) selon laquelle une unité lexicale en langue générale et langue de spécialité peut avoir une prosodie sémantique différente ne peut pas être appuyée, puisque la prosodie sémantique de « fournir » dans la langue générale est positive et elle le reste dans la langue de spécialité. Kübler&Volanschi (à paraître) expliquent cela par le fait qu?en science, les choses sont positives ou négative par rapport aux êtres humains :

«In the case of researchers, things that are provided? for example are evaluated as positive for scientific research, in which case intensive or evaluative modifiers can be found» Kübler&Volanschi (à paraître: 23)

La deuxième hypothèse de Partington (1998:77-78), selon laquelle deux unités lexicales équivalentes de deux langues, pourraient avoir une prosodie sémantique différente est aussi réfutée avec cet exemple. En effet, en anglais comme en français, dans la langue générale, comme dans la langue de spécialité, ces deux équivalents « provide » et « fournir » ont la même prosodie sémantique positive. Par ailleurs, nous devons préciser que ces constatations sont basées sur la tendance, et qu?un calcul plus précis devrait être effectué.

Nous avons examiné deux termes positifs, passons maintenant à un terme, qui a aussi été étudié et qui s?est vu attribué une prosodie sémantique négative. C?est le verbe anglais « to lead to ».

3. To lead to vs. Entrainer

a)To lead to (langue générale)

Le verbe << to lead to >> a été examiné par Xiao Z & McEnery A. (2006)31, qui ont souligné que << lead to >> est souvent en compagnie de mots à connotation négative, tels que : accident, loss, problems, disease. Les collocations significatives de ce verbe dans le BNC se trouvent ci-dessous :

Figure 9: collocations significatives de « to lead to » dans le BNC:

Rank

 
 
 
 

TOT

ALL

%

 

3

 

LOSS

 

134

11475

1.17

 
 

8

 

CONFUSION

86

2806

3.06

 
 

14

 

COLLAPSE

55

2526

2.18

 
 

18

 

DIFFICULTIES

53

6768

0.78

 
 

19

 

DEATHS

 

49

2417

2.03

 
 

22

 

ARREST

 

47

2139

2.20

 
 

23

 

CONFLICT

45

5861

0.77

 
 

25

 

DESTRUCTION

41

2315

1.77

 
 

28

 

SEVERE

 

36

4559

0.79

 
 

33

 

BREAKDOWN

34

1447

2.35

 
 

49

 

CHAOS

 

25

1589

1.57

 
 

52

 

FRUSTRATION

24

1329

1.81

 
 

31 Voir page 31

Comme nous pouvons le constater à travers ce tableau, le verbe « to lead to » est souvent en compagnie de mots à connotations négatives, tels que : loss, confusion, difficulties, collapse, deaths, arrest, conflict, destruction, severe, breakdown, chaos, frustration, etc.

Nous avons ensuite vérifié ces résultats, en observant dans le BNC, toutes les occurrences de ce verbe, et de ses différentes formes de conjugaison (lead to, leading to, leads to, led to), en prenant soin d?éliminer toutes celles qui utilisent « lead to » dans un autre sens que « culminate or result in (a particular event or consequence) »32. Nous avons obtenu 15246 occurrences, dans lesquelles ce verbe est très souvent en compagnie de mots à connotation négative comme le montrent ces exemples :

Négatives :

Hip fractures are potentially life threatening (they result in 40 premature deaths a day), while crushed spinal vertebrae may lead to back pain, loss of height and mobility, and eventually curvature of the spine

This is a legal minefield, and infringement of the regulations can lead to severe penalties, both civil and criminal

It was noted how they were unstable and poorly defined from the outset, leading to economic and social tensions at the lower levels.

Thus a vicious circle of political impotence was set in motion by Mosley; in order to obtain much-needed publicity for the programme and political ideas of the BUF, which it was now denied in the national press, the techniques and methods of low politics, leading to street conflict with political enemies, were encouraged.

Three hundred and thirty thousand Germans have been senselessly and irresponsibly led to death and destruction through the cunning strategy of a corporal from World War 1.

In Final Analysis, Richard Gere plays Isaac Barr, a San Francisco psychiatrist whose affair with a mobster's wife (Kim Basinger) leads to obsession, betrayal and murder.

32 Oxford dictionary

Looking back on years that the Yorks were together, it is easy to pick out the really bad moments that led to the complete breakdown of their marriage

After his exit from Monday's semi-finals, Black revealed that he had been struggling for five years with a " bio-mechanical " problem which affects his body balance and leads to other injuries

However, we feel that such measures as those being mooted would only lead to further problems.

Le verbe «to lead to» a vraisemblablement une prosodie sémantique négative puisque, comme le prouvent les exemples cités ci-dessus, ce verbe est très souvent en compagnie de mots à connotation négative, tels que : further problems, injuries, breakdown, obsession, death and destruction, street conflict, economic and social tensions, severe penalties, etc. Toutefois, nous avons constaté également la présence de quelques contextes positifs, comme le confirment ces exemples :

Positives:

The solution, again, is to retrain teachers, to enable them to understand, interpret and incorporate cultural differences which do exist into their teaching and to reflect these back to pupils in a way which leads to high achievement and satisfaction within schooling

Mariette Larkin hoped her US film debut would lead to universal fame and fortune.

Properly taken, it can gain the edge over competitors; open up a new market; lead to improved profit performance.

Ceci montre que le verbe « to lead to " est moins négatif que son quasi-synonyme « to cause " que nous allons voir dans la dernière section.

b) To lead to (langue de spécialité) :

En interrogeant l?outil « collocates " de AntConc, sur « to lead to ", nous nous sommes vite aperçus, que dans le CSTen, ce verbe entre le plus souvent en cooccurrence avec des mots à connotation neutre, généralement spécifique au domaine, tels que : magma,

conditions, pressure, eruption, conduit, process, flow, events, etc. comme nous pouvons le constater à travers la figure 10.

Figure 10: collocations significatives de « to lead to » dans le CSTen

Nous avons par la suite, analysé les concordances de ce verbe dans le CSTen. Nous avons, bien entendu, entré dans le concordancier Antconc, les différentes formes de conjugaison de ce verbe (lead to, leading to, leads to, led to) et nous n?avons pris en compte que les occurrences dans lesquelles « to lead to " a le sens de « culminate or result in (a particular event or consequence) "33. Ainsi, nous avons obtenus 3190 occurrences. Il semblait évident que la prosodie sémantique du verbe «to lead to " dans la langue de spécialité est bien neutre, comme nous le montre la figure 9. En effet, il apparaît souvent en collocation avec des mots à connotation neutre, tels que : transport of volcaniclastic

33 Oxford dictionary

sediments, a chronology for the concurrent filling of the lake, occurrences of younger slides, conspicuous volumes of hybrid magmas, the development of crystals, continuous fluid production, fewer, wider ridges downslope, regional glaciations, formation of the box-gully structures, apparent offsets, comme dans les contextes suivants:

Neutres:

Stepwise remobilization and collapse of these primary deposits and debris flow lobes lead to transport of volcaniclastic sediments into fans spilling into arterial valleys

The bathymetry and acoustic backscatter reveal the character of landforms and lead to a chronology for the concurrent filling of the lake and volcanism within the ca. 7700 calibrated yr B.P. caldera

The rapid filling of the old post-shield amphitheatre, with the development of volcaniclastic rocks on steep slopes, would have contributed to the instability of younger lava successions developed within the amphitheatre, leading to the occurrences of younger slides within its former area

In this dynamical context, where the entity of mixing (chemical exchanges) depends to such a large extent on the mingling rate (physical dispersion, stretching and folding), filament-like regions (AR) can be readily homogenized by chemical diffusion processes leading to conspicuous volumes of hybrid magmas

As the magma cools, more and more bonds are created, which eventually leads to the development of crystals within the liquid medium.

Deep subduction of oceanic lithosphere is accompanied by metamorphic processes that lead to continuous fluid production, which in turn plays a key role in the genesis of magmas at convergent plate margins

Fragmental debris making up the walls elsewhere consists of narrow talus cones forming a dendritic pattern that leads to fewer, wider ridges downslope

This spatial distribution implies that these features are not the result of local processes but rather the product of climatic processes operating on a global scale, such as orbitally forced precipitation enhancement, leading to regional glaciation at middle latitudes [Head et al., 2003]

This alternation of aquitard layers and loose lapilli and ash units leads to formation of the box-gully structures.

 

Uncertainties on the imaging system, in particular on the satellite orbit and attitude, and on the topography can lead to apparent offsets unrelated to ground deformation

Toutefois, il conviendrait de noter la présence, bien que moins fréquentes, d?occurrences négatives et d?autres positives, que nous citons ci-dessous :

Négatives :

Our results suggest that a careful choice of the crustal model, or at least a comparison of results for different models is preferable before deriving definitive conclusions on a source model, which could lead to erroneous interpretations

A major disturbance to the stratification of the lake water could lead to an overturning and a catastrophic, deadly release of the gases

The MMD thershold improves computations of temperatures over targets with low MMD, but necessarily leads to problems where targets emissivites lie close to the threshold value (Â 0.03)

Positives:

The elevated concentrations of CO2,aq and H2,aq in hydrothermal fluids, together with low concentrations of organic compounds like toluene, lead to positive affinities for abiotic organic synthesis

It may also occur within the eruptive plume itself where adsorption of volcanic gases and aerosols onto tephra is very fast and efficient (e.g., Witham et al., 2005), leading to favorable conditions for the dissolution of the silicate glass in contact with fluorine.

The arid climate leads to excellent rock exposure, and the sheet intrusion facies of a flood basalt province is better exposed in the Transantarctic Mountains than anywhere else

La présence de collocations à connotation positive, tels que : positive affinities, favorable conditions, excellent rock exposure, montre encore une fois que le verbe « to lead to » est moins négatif que son quasi-synonyme « to cause ». De plus, comme avec le verbe

« provide » ses collocations deviennent positives grâce aux adjectifs qui les précédent. Il conviendrait de noter aussi, que les contextes d?apparition sont différents lorsque le verbe a une prosodie sémantique positive et lorsqu?il a une prosodie sémantique négative. En effet, ces mots à connotation positive avec lesquels il entre en cooccurrence représentent des choses désirables pour les êtres humains (positive affinities, favorable conditions, excellent rock exposure)

Tandis que ses cooccurrences avec des mots à connotation négative, nous rappellent les observations de Hunston (2007) et de Kübler&Volanschi (à paraître) sur son quasisynonyme « to cause », puisque ses collocations négatives, impliquent effectivement des êtres humains, tels que : problems, overturning and a catastrophic, deadly release of the gases, disturbance, erroneous interpretations. En effet, tous ces mots représentent quelque chose de négatif et d?indésirable pour les humains.

Suite aux résultats du verbe « to lead to » dans le corpus de langue générale et de spécialité, nous constatons que la prosodie sémantique de ce verbe change de la langue générale (négative) à la langue de spécialité (neutre). Dans ce cas, nous ne pouvons que confirmer la première hypothèse de ce mémoire (Partington 2004), selon laquelle une unité lexicale dans une langue générale et une langue spécialisée, peut avoir une prosodie sémantique différente.

c) Entraîner (langue générale)

Pour son équivalent français « entraîner », nous avons suivi la même méthodologie. Nous avons d?abord observé les cooccurrences significatives de ce verbe dans le Corpus Français de Leipzig et voici les résultats obtenus :

Figure 11 : Cooccurrences significatives de entraînent dans le Corpus de Leipzig

peut (7671.19), s (5259.49), pourrait (5103.51), ' (2815.92), va (2695.11), peuvent (2490.02), une (2127.23), pouvant (2037.72), risque (1738.11), des (1719.46), m (1705.81), devrait (1567.1), graves (1210.52), susceptible (1084.59), d (1034.14), qui (896.79), perte (876.9), pour (852.7), pourraient (794.19), pu (754.97), conséquences (748.97), laisser (716.25), recommencé (712.27), susceptibles (689.31), troubles (669.96), club (654.26), de (614.33), complications (593.64), suppression (572.16), mort (550.32), emplois (545.29), . (520.73), , (509.26), ne (508.81), baisse (502.48), diminution (488.24), l (485.95), dans

(484.36), normalement (473.14), perturbations (468.06), chute (465.03), pertes (461.03), ou (443.23), effets (439.25), vont (422.43), la (420.69), équipe (419.88), risques (410.77), augmentation (405.13), voire (398.81), disparition (362.59), risquerait (360.78), à (344.31), pas (331.84), problèmes (331.72), modification (329.5), doit (329.21), provoquer (328.33), et (308.1), entraîneur (307.15), cela (306.04), fermeture (305.29), lésions (299.53), sillage (298.13), sanctions (295.78), Manaudou (282.93), suppressions (282.25), coéquipiers (280.5), réduction (279.4), Laure (268.23), néfastes (265.04), pourra (263.09), changements (257.91), risquent (256.82), cas (251.07), allait (249.05), vais (246.41), pouvait (240.71), modifications (239.9), ce (236.92)

Comme le montre la figure 11, « entraîner » est le plus souvent en cooccurrence avec des mots à connotation négative, tels que : risque, perte, graves, troubles, mort, complications, sanctions, chute, pertes, disparition, problèmes, perturbations

Ensuite, en étudiant les différentes formes de conjugaison du verbe « entraîner » (entraîner, entraîne, entraîné, entraînent, entraînera, entraîneront, entraîna) et en éliminant les concordances où ce mot a un autre sens que «Avoir pour conséquence, pour effet »34, nous avons obtenus 61168 occurrences. La plupart de ces cooccurrences prouvent que la prosodie sémantique de ce mot est bien négative. En effet, comme pour son équivalent anglais, le verbe « entraîner » entre très souvent en cooccurrence avec des mots à connotation négative tels que : le non respect, insécurité, crise, faillites, détérioration, la mort, des conséquences sanitaires désastreuses, la suppression d'environ 471 emplois, une surproduction énergétique néfaste, des effets secondaires, virus résistants, etc. Ces derniers apparaissent dans des contextes comme les suivants :

Négatives :

Durant cette période, des effectifs insuffisants et des objectifs commerciaux maintenus peuvent entraîner le non respect par les banques des consignes de sécurité qui ont fait l'objet d'un accord professionnel

Cette exigence s'impose à toute personne juridique qui est soumise à des obligations dont le non-respect entraîne une insécurité juridique.

34 Selon le dictionnaire en ligne Linternaute Encyclopédie.

Il en résulte un krach boursier de grande ampleur dès le 11 mai (jour qui fut nommé Black Friday), une panique bancaire qui entraîne une crise de liquidité, une série de faillites en chaîne et une crise bancaire.

Israël maintient en outre fermés depuis le 5 novembre les points de passage de Gaza, ce qui a entraîné une détérioration d'une situation humanitaire déjà précaire dans ce territoire palestinien contrôlé par les islamistes du Hamas.

En été 1996, une longue grève de la faim a entraîné la mort de 12 prisonniers politiques et handicapée à vie de nombreux autres mais leur sacrifice avait à l'époque fait reculer les autorités.

Pire, dans les camps de réfugiés et les bidonvilles du monde entier, la promiscuité et l'absence de système d'évacuation entraînent des conséquences sanitaires désastreuses.

La réorganisation du site de Sanofi-Aventis devrait entraîner la suppression d'environ 471 emplois sur quatre ans

Lorsqu'elles opèrent dans la bouche, l'acide lactique produit peut entraîner des caries

Des rejets intempestifs de kilowatts-heure par les fenêtres et les toitures mal isolées entraînent une surproduction énergétique néfaste pour l?environnement.

Tout n'est pas gagné", même si les traitements se sont "considérablement simplifiés", dit-elle, car les médicaments antirétroviraux entraînent des effets secondaires et l'apparition de virus résistants complique le combat

Néanmoins, ce verbe français apparait, bien que moins souvent, et comme son équivalent anglais, dans des contextes positifs, comme l?attestent ces exemples :

Positives :

Rappelons que cette annonce devrait entraîner la création de plus de 2500 emplois dans la région de Montréal.

Évidemment pour celle-ci, le ratio actifs/retraités beaucoup plus favorable entraîne un résultat global légèrement positif.

Ces aliments sont appréciés des enfants pour leur goût, entraînent une augmentation spectaculaire de leur poids et une amélioration rapide de leur état.

Et parfois même nous trouvons le verbe « entraîner » dans des contextes neutres, comme les suivants :

Neutres:

Pour Force Ouvrière, ce complément différentiel modifie la structure de la rémunération et doit entraîner l'application des règles relatives à la modification du contrat de travail explicitées précédemment (article 30). Pourtant, on pourrait aussi considérer que la dégradation de la conjoncture américaine devrait entraîner une baisse de la demande de pétrole aux EtatsUnis, premier consommateur mondial.

Quand le repère est égal à 0, le cliquement de souris est interprété comme cliquement de départ qui peut entraîner un déplacement du passage.

Cela fait maintenant des années que l'on parle de GPEC, néanmoins ce n'est que depuis peu que le management prend conscience de ce réel besoin, ce qui entraîne un changement dans les rôles de l'entreprise

Quoi qu?il en soit, le verbe français « entraîner » a, comme son équivalent anglais, une prosodie sémantique négative. Ce qui va à l?encontre de la deuxième hypothèse de notre étude (Partington 1998), selon laquelle deux unités lexicales équivalentes de deux langues, pourraient avoir une prosodie sémantique différente. Voyons à présent si cette dernière pourra être confirmée dans la langue de spécialité.

d) Entraîner (langue de spécialité)

En observant les cooccurrences les plus fréquentes du verbe « entraîner », nous constatons que ce dernier est accompagné de mots à connotation négative (effondrement, mort, perte), mais que les collocations à connotation neutre semblent être plus répandues, telles que : eau, manteau, surface, variations, rotation, altération, température, processus, magma, etc.

Figure 12 : cooccurrences significatives de « entraîner » dans le CSTfr

Pour l?analyse des occurrences de ce verbe dans le CSTfr, nous l?avons examiné dans ses différentes formes conjuguées (entraîner, entraîne, entraîné, entraînent, entraînera, entraîneront, entraîna) et nous n?avons sélectionné que les occurrences dans lesquelles « entraîner » a pour sens « Avoir pour conséquence, pour effet. »35. De ce fait, nous avons obtenus 872 occurrences, soit plus de 70 fois moins d?occurrences que dans la langue générale. D?autre part, nous avons trouvé beaucoup de collocations à connotation négative, où encore une fois, les humains sont impliqués, tels que: gaz nocifs, pluies acides, la mort, des blessures, de faibles récoltes, comme nous montrent ces exemples

35 Selon le dictionnaire en ligne Linternaute Encyclopédie

Négatives :

Aucun décès n'a été causé directement par l'éruption, mais les vents ont entraîné des gaz nocifs dans toute l'Islande, des pluies acides ont rendu la population malade et des nuages de cendres ont réduit de façon importante l'ensoleillement

En 1783, l'éruption fissurale du Laki, en Islande, entraîna la mort de plus de 10 000 personnes par ses flots de lave et ses projections de cendres, qui couvrirent l'ensemble de l'île et engendrèrent des famines suivies d'épidémies. Les volcans en éruption ne sont dangereux que lorsqu'ils ont une incidence sur quelque chose de valeur, c.-à-d. lorsqu'ils entraînent des blessures et des morts ou des dommages à la propriété ou aux ressources

Le refroidissement ainsi créé aurait entraîné de faibles récoltes produisant ainsi une famine en Egypte

Toutefois, la plupart des cooccurrences obtenues en analysant ce verbe, sont des mots à connotation neutre, tels que : des jaillissements d'eau, des particules et du fluide ambiant, une réponse viscoplastique détectable, nouvelle subduction, identifier une séquence d'interactions, certains blocs rocheux sur deux kilomètres, modification de l?épaisseur de la zone d?écoulement, fortes variations, la formation des roches felsiques, etc. En voici les contextes :

Neutres:

Le ressac entraîne des jaillissements d'eau au niveau de la partie distale de la grotte, qui est souvent un puits (large trou souffleur), où un dépavage en escalier a parfois été observé (cf. infra).

Une partie du travail a concerné le développement théorique des équations appliquées aux avalanches dans le cas général où elles entraînent dans leur écoulement des particules et du fluide ambiant

Il est donc probable que pour de petits volumes de lave émise la chute de pression dans le réservoir ne soit pas suffisante pour entraîner une réponse viscoplastique détectable

L?arrêt du déplacement N-E suite à une collision avec la « plate-forme des Bahamas » entraînera une nouvelle subduction à l?arrière source de volcanisme d?arc insulaire qui deviendra l?Amérique Centrale actuelle

Sa recherche l'entraîna à identifier une séquence d'interactions entre la croissance d'un volcan infra glaciaire et la glace qui le recouvre; c'est cette séquence qui produirait les formes caractéristiques des volcans infra glaciaires L'avalanche De Pierres De Frank a duré une centaine de secondes et a entraîné certains blocs rocheux sur deux kilomètres. La vitesse du phénomène a valu aux glissements catastrophiques l'appellation d'avalanche de pierres

Changer les dimensions du tambour ou des particules, ou la vitesse de rotation entraîne une modification de l?épaisseur de la zone d?écoulement, de l?inclinaison de la surface libre ou du gradient de vitesse

Une augmentation de la vitesse de rotation entraîne une augmentation du débit injecté que doit absorber la zone d?écoulement sans modifier son épaisseur

Le dégazage et la cristallisation partielle entraînent de fortes variations des propriétés physiques des fluides en fonction de la profondeur et au cours du temps (Sturton et Neuberg, 2003)

Une seconde impulsion de matériel felsique légèrement plus évolué entraîne la formation des roches felsiques sans enclave de la série supérieure qui se situent au-dessus de celles avec enclaves dû au contraste de densité

Encore une fois, nous avons obtenu à deux reprises, dans la langue anglaise et dans la langue française, une prosodie sémantique dans la langue générale, différente de celle constatée dans la langue de spécialité. Effectivement, dans le corpus de langue générale, ces deux équivalents ont une prosodie sémantique négative, alors que dans les CST, la prosodie sémantique est neutre. Ce qui confirme une fois de plus la première hypothèse de ce mémoire (Partington 2004) et parallèlement, ces résultats vont à l?encontre de la deuxième hypothèse (Partington 1998) qui soutient que deux unités lexicales équivalentes de deux langues, pourraient avoir une prosodie sémantique différente. Toutefois, nous devons souligner que ces constatations sont à titre indicatif. Un calcul plus précis reste à faire.

Nous allons maintenant procéder à l?analyse du quasi-synonyme du terme, le verbe anglais « to cause » ainsi que son équivalent français « causer ».

4. To Cause vs. Causer :

a) To cause (langue générale)

Ainsi, nous arrivons à notre dernier mot sélectionné pour l?étude. Suite aux constatations de Stubbs (1995)36, qui montrent que le verbe anglais « to cause " a une prosodie sémantique très négative, nous allons, à notre tour, examiner ce verbe dans le BNC. Avant toute chose, nous avons interrogé l?outil « collocates ", pour avoir une idée globale sur les cooccurrences les plus fréquentes de ce mot. Ainsi, le résultat a révélé que « to cause " a bien une prosodie sémantique très négative, puisque sur ses 10 collocations les plus fréquentes, nous avons obtenus 7 qui soient des mots à connotation négative, tels que : problems, damage, death, concern, trouble, harm, injury

Figure 13 : les collocations les plus fréquentes de « to cause » dans le BNC

Rank

 
 
 
 

TOT

 

ALL

%

 

1

 
 

PROBLEMS

882

 

27186

3.24

 
 

2

 
 

DAMAGE

746

 

8301

8.99

 
 

3

 
 

DEATH

 

691

 

19891

3.47

 
 

4

 
 

CONCERN

489

 

10265

4.76

 
 

5

 
 

TROUBLE

321

 

8833

3.63

 
 

6

 
 

HARM

 

306

 

2885

10.6

1

 
 

10

 
 

INJURY

 

198

 

4604

4.30

 
 

Nous avons ensuite analysé ce verbe qui a pour sens « make something (especially something bad) happen "37, et ses différentes formes conjuguées (cause, causes, caused, causing). D?ailleurs, cette définition dans « Oxford dictionnary " implique déjà que ce mot a une connotation négative.

36 Voir page 36

37 Selon Oxford dictionary

De ce fait, nous avons obtenu 30026 concordances. Un chiffre énorme, mais nous constatons très rapidement que non seulement ce verbe a effectivement une prosodie sémantique négative, mais aussi que les collocations négatives de << to cause » sont beaucoup plus fréquentes et beaucoup plus sévères que son quasi-synonyme << to lead to ». En effet, ce verbe entre très souvent en cooccurrence avec des mots tels que : difficulties, irritation, damage, harm, poverty, a loss, crash, cancer, serious injury, etc, comme nous pouvons le voir à travers les contextes suivants :

Négatifs :

The House of Lords upheld D's conviction for murder: an intent to cause really serious injury is sufficient for murder, without any proof that the defendant intended, or even contemplated, the possibility that death would result.

How could one river cause so much damage and threaten the livelihoods of so many farmers and landowners?

A panel of medical and scientific experts based them on how likely it was that cancer had been caused by the victim's working conditions

Police were last night hunting a " maniac " driver who is said to have caused a crash which killed five people, including two young children

A tumour or trauma in one side of the brain causes a loss in the field of vision on the other side

The reason this has occurred is because of a poverty amongst rich countries rich people which is causing poverty amongst poor people which is material.

A popular modern interpretation of liberal ideas argues that private autonomy should be lost not through a special exercise of choice but rather through causing harm, or the risk of causing harm, to others

If the base drive of the switching transistor was suddenly removed a large induced voltage would appear between the transistor collector and emitter, causing permanent damage to the drive circuit.

The Council takes the view that although late submissions impose problems upon the Council officers and members, more importantly they cause difficulties within the bodies themselves in respect of budgeting and cash flow Further, the salesperson who does not respect the fact that the buyer is likely to be a busy person, with many demands on his time, may cause irritation on the part of the buyer.

Quant aux occurrences positives, elles sont quasi-absentes. A titre d?exemple :

Business is blooming for the Porters IN 1802 a giant dahlia (D. coccinea), which grew six foot tall and had yellow, orange, scarlet and maroon flowers, was introduced from South America and caused a sensation

For weeks after the biggest blasts recorded this century the cloud caused spectacular sunsets in Australia

c) To cause (langue de spécialité)

Nous avons, comme à chaque fois avant de commencer l?analyse des concordances, observé les collocations significatives du verbe « to cause » dans le CSTen, présentés cidessous, dans la figure 14 :

Figure 14 : collocations significatives de « to cause » dans le CSTen

Nous constatons à travers cette figure, que le verbe « to cause " dans le domaine des sciences de la terre a une prosodie sémantique neutre, puisque la plupart de ses collocations sont des mots à connotation neutre, tels que : shear, volcanic, pressure, deformation, seismic, melting, major, local, flow, effect, partial, etc.

Mais nous avons voulu approfondir notre recherche, en analysant les occurrences de « to cause " dans le CSTen. Ainsi, nous avons examiné les différentes formes conjuguées (cause, causes, caused, causing) de ce verbe anglais, qui a pour sens « make something, (especially something bad) happen ". Pour ce fait, nous avons obtenu 6053 concordances. Beaucoup moins qu?en langue générale, mais assez pour constater que la prosodie sémantique de ce verbe devient neutre, puisqu?il apparait très souvent avec des mots à connotation neutre tels que : the cavity meltwater to overflow, a friction-induced non-

continuous lowering of the temperature probe, a yellow coloration of all surfaces, a slight spatial thinning of the shear zone, the chemical composition of system to change, local dilation, melting and builds up of a deformable water layer, pressure ridges and/or local breakouts, a further opening of the fractures, vapour exsolution and crystallization, etc.

En voici des exemples:

Neutres :

The addition to the system of mass (magma) and meltwater derived from inflowing ice may cause the cavity meltwater to overflow supraglacially. Presently, it is difficult to judge definitely what the source may cause the regular variations in shear wave parameters with the period of 172 days Additionally, the strong inclination might have caused a friction-induced non-continuous lowering of the temperature probe

These observations indicate that an elevated dust layer causes a yellow coloration of all surfaces

The lower thermal diffusivity causes a slight spatial thinning of the shear zone By settling the crystals are being removed from the magma, causing the chemical composition of system to change.

At near maximum packing, shear causes local dilation in narrow zones into which small grains selectively migrate to form distinct bands of segregated grains

Heat transfer to the ice causes melting and builds up of a deformable water layer; (3) further advance or inflation of the magma causes pressure ridges and/or local breakouts as pillows into the water-filled space.

We believe that small thermal stresses arising at the contact with a colder fine-grained medium (matrix), during the accretion in different parts of the clouds, caused a further opening of the fractures.

Further ascent causes vapour exsolution and crystallisation due to the rise in liquidus temperature

Il conviendrait de noter que nous avons aussi obtenu des concordances où le verbe « to cause » entre en cooccurrence avec des mots à connotation négative. Bien que ces dernières restent beaucoup moins nombreuses que les cooccurrences neutres détectées, il est intéressant de voir, à travers les exemples cités ci-dessous, que les mots à connotation

négative, qui entrent en cooccurrence avec le verbe « to cause " dans le CSTen, impliquent toujours des humains (panic, damage, problems,etc.), comme l?a constaté Hunston (2007) et l?ont confirmé Kübler et Volanschi (à paraître).

Négatives:

This event reached an intensity of VIII on the MSK-European Macroseimic scale in the epicentral area, caused panic among people, severe damage in some buildings and killed six persons

This occurred down the White River valley, causing widespread damage to the south of the island.

Water vapor, the most common gas released by volcanoes, causes few problems.

The earthquake of 13 August 1887 (Io = VII °MCS) caused heavy damage on churches and houses in Jastrebarsko and the surrounding villages

Wei (2002) a constaté que dans les textes académiques, la prosodie sémantique du verbe « to cause " est plus négative que dans la langue générale. Mais dans nos résultats, il semble que ce verbe a complètement changé de prosodie sémantique, qui est passée de très négative dans le BNC à carrément neutre dans le corpus des sciences de la terre. Cela confirme une fois de plus l?hypothèse de Partington (2004) selon laquelle une unité lexicale dans une langue générale et une langue spécialisé peut avoir une prosodie sémantique différente et montre aussi que la prosodie sémantique peut aussi changer d?un domaine spécialisé à un autre.

d) Causer (langue générale)

Nous avons aussi analysé le verbe français « causer ", pour voir si comme son équivalent anglais « to cause " et son équivalent portugais « causar "39, ce verbe garde la même prosodie sémantique négative. Les cooccurrences significatives de ce mot semblent confirmer cette hypothèse. En effet, comme nous pouvons le voir à travers la figure 15, les collocations les plus fréquentes du verbe « causer " sont des mots à connotation négative, tels

39 Voir page 36

que : dommages, dégâts, problèmes, tort, graves, préjudice, ennuis, blessures, maux, perte, soucis, risque, troubles, virus, désagréments, cancer, inondations, lésions, maladies, accidents, etc.

Figure 15 : cooccurrences significatives de « causer » dans le Corpus de Leipzig

dommages (3417.23), peut (2682.46), dégâts (2627.19), peuvent (1824.28), pourrait (1719.3), problèmes (1403.36), des (1245.16), tort (882.41), graves (845.35), pu (730.09), pouvant (605.13), préjudice (572.71), ennuis (561.48), pourraient (527.68), blessures (516.76), maux (489.74), perte (460.14), que (408.55), mort (399.29), qui (398.17), surprise (381.52), dommage (376.49), soucis (363.09), importants (349.45), risque (348.52), sans (347.6), Fugace (294.41), susceptibles (286.98), troubles (280.09), ou (276.47), ne (251.79), pertes (249.69), virus (230.96), sérieux (227.98), CEST (225.02), aux (224.92), désagréments (223.18), irréversibles (222.7), préjudices (222.35), cancer (216.25), inondations (212.96), lésions (210.43), provoquer (208.47), failli (201.57), dégats (198.17), maladies (198.01), de (192.47), va (178.42), qu (177.73), maladie (171.02), pas (168.11), aurait (167.66), irréparables (165.87), , (158.17), vents (156.98), surprises (155.04), torts (154.3), accidents (152.3), Maloq (148.54), lui (147.87), irritations (142.85), tracas (142.2), ravages (135.34), douleur (135.12), brûlures (133.92), susceptible (133.67), gêne (132.07), si (132.03), respiratoires (131.02), infections (130.1), cancers (129.83), accident (125.91), allait (122.53), chez (122.31), bien (122.3), Abdulla (121.53), CET (121.23), pouvaient (120.42), problème (117.64), mais (117.04)

Nous avons, par la suite examiné, « causer » qui est définit comme « Être la cause de quelque chose, l'occasionner »40 (Cette définition, n?a pas de connotation négative, contrairement à la définition anglaise) et ses différentes formes de conjugaison (causer, cause, causent, causé, causait, causa, causeront, causera), pour obtenir 167768 concordances. Pas de surprises dans les résultats. Très vite nous nous apercevons, que comme ses équivalents des deux autres langues (anglais et portugais), le verbe « causer » a une prosodie sémantique très négative et qu?il apparait très souvent avec des mots tels que : mort, accident, faillite, graves blessures, d'importants dommages, perte, souci, dégâts. Ces collocations se trouvent dans des contextes comme les suivants :

40 Dictionnaire Larousse

Négatives :

Maelström, une comédie humaine sur une jeune femme dépressive qui, dans sa fuite en avant, a causé avec sa voiture la mort d'un poissonnier norvégien. L'accident survenu en direction sud vers minuit trente a été causé par une automobile qui était tombée en panne sur le pont.

Craignant que ses friandises n'amènent les gens au péché et à l'oisiveté, le Comte s'oppose vivement au commerce de Vianne et, afin de causer sa faillite, interdit à quiconque de s'y rendre.

Si, lorsque je programme, l'écran de l'ordinateur vire au noir, cela pourrait tout aussi bien causer d'importants dommages et perdre des informations qui paiera pour la perte de ces informations ?

Les initiants souhaitaient diminuer le nombre de morsures qui causent de graves blessures.

Selon le ministre britannique de l'Intérieur John Reid, le complot visait à "abattre plusieurs avions en vol, causant la perte d'un nombre considérable de vies".

Leur rivalité pour s'approprier la découverte du météore causera bien du souci aux familles de ces astronomes amateurs, plus particulièrement à leurs enfants qui désirent se marier.

Cependant, les dommages indirects pourront blesser voir tuer les membres d'équipage et certainement causer bien d'autres dommages.

Les nématodes causent des dégâts estimés à plusieurs dizaines de milliards d'euros par an dans le monde

Des accusations de voies de fait causant des lésions corporelles et d'agression armée ont été déposées contre Alain Boucher, hier, au palais de justice de Granby.

L?hypothèse de Partington (1998) est, ici encore, réfutée, puisque le verbe anglais « to cause " et son équivalent français « causer " ont tous les deux une prosodie sémantique très négative. Mais cette hypothèse peut être confirmée dans la langue de spécialité. Nous allons le découvrir avec notre dernière analyse de cette étude.

e) Causer (langue de spécialité)

Ci-dessous, les collocations significatives du verbe « causer » dans le CSTfr.

Figure 16 : collocations significatives de « causer » dans le CSTfr

Les cooccurrences de ce verbe semblent être un mélange de mots à connotation neutre (principale, plusieurs, nombreux, variations, séismes, phénomènes, directe), et de mots à connotation négative (dommages, manque, victimes, problèmes, perte, difficultés).

Cependant, nous avons analysé ce verbe qui a pour sens « Être la cause de quelque chose, l'occasionner »42 et ses différentes formes conjuguées (causer, cause, causent, causé, causait, causa, causeront, causera) et nous avons obtenus 1437 concordances. Ce que nous avons constaté avant tout, c?est qu?il y a, bien entendu, beaucoup de contextes neutres, mais

42 Dictionnaire Larousse

aussi plusieurs contextes négatifs, bien plus que ce qu?on avait obtenu lors de l?analyse de son équivalent anglais dans la langue de spécialité. Ceci est peut être dû aux différences des textes entre les deux CST44. Voici des exemples de ces contextes :

Négatives :

Les coulées pyroclastiques du Krakatau (1883) et l'avalanche de débris de l'Unzen (1782) ont causé respectivement plus de 36000 et 10000 victimes Après chaque grand séisme, les secousses fortes du sol causent d?énormes dégâts matériels et malheureusement souvent humains

l?histoire récente a été marquée par nombre d?éruptions majeures notamment au Kelud (1920), Merapi (1930), Agung (1963) et Galunggung (1982), qui ont toutes causé la perte de vies humaines et de gros dégâts d?infrastructures.

les éruptions volcaniques peuvent directement ou indirectement causer de grands dommages aux populations vivant à proximité et à ceux qui voyagent en avion

En février 1980, l?avalanche du Mont Tabel a brutalement rappelé l?importance du risque en causant la mort de plusieurs personnes ainsi que de gros dégâts aux constructions

Les éruptions enregistrées dans les Etats de l?Alaska, la Californie, Hawaii et Washington ont dévasté des milliers de km2, causé des pertes économiques considérables, de méme que des perturbations d?ordre social

Si les crues de la Sionne sont susceptibles de causer des dégâts importants à l?intérieur des bâtiments, elles ont déjà, aussi, détruit des bâtiments et causé des victimes

Ces exemples montrent encore une fois, que les cooccurrences de « causer » sont des mots à connotation négative quand les êtres humains sont impliqués (victimes, d?énormes dégâts matériels, la perte de vies humaines, grands dommages, la mort, des pertes économiques), ce qui confirme l?hypothèse de Hunston (2007)

Quoiqu?il en soit, les contextes neutres que nous avons obtenus, sont beaucoup plus présents. En effet, le verbe « causer » dans le CTSfr est très souvent en compagnie de mots à

44 Voir Description des corpus

connotation neutre, tels que : des séismes, naissance de points chauds, des ruptures au niveau des puits d'injection ou d'extraction, l'érosion des aspérités, une activité sismique, un volcanisme particulier intense, grandes accumulations de gaz sous-pression, une augmentation de la pression, des altérations hydrothermiques, dans des contextes comme les suivants :

Neutres :

L?énergie brusquement dégagée le long de ces failles cause des séismes (tremblements de terre)

Ils créent le champ magnétique qui nous protège du vent solaire, il n'est pas impossible qu'ils déclenchent de l?instabilité dans le manteau et causent la naissance de points chauds

La sismicité est également utilisée dans la surveillance des déformations du massif rocheux susceptibles de causer des ruptures au niveau des puits d'injection ou d'extraction

Une pression d'eau élevée peut causer l'érosion des aspérités d'une fracture et par conséquent la diminution de son ouverture

les zones de subduction où la lithosphère océanique, lourde et froide, s'enfonce dans l'asthénosphère en créant une fosse océanique au point de contact entre les deux plaques, et en causant une activité sismique et un volcanisme particulier intense

Les laves sont très visqueuses, causant de grandes accumulations de gaz souspression.

L'élévation de la nappe phréatique aurait causé une augmentation de la pression au niveau des pores de la roche, impliquant une diminution de la tension habituelle au niveau des failles et provoquant la rupture

La chaleur dégagée lors du refroidissement du magma peut causer des altérations hydro thermiques aux roches d'un stratovolcan

L'étanchéité de ces bouchons ne peut être mise en cause puisque des éboulements de séracs ou des crues glaciaires ont causé les célèbres lacs de Giétroz et de Saas de sinistre mémoire.

Même les mots qui ont une connotation négative dans la langue générale, tel que « séisme » et « pression », deviennent neutre dans le domaine des sciences de la terre, et cela nous ramène au concept du « point de vue de qui » évoquée par Hunston (2007), car pour un

scientifique, le séisme n?est qu?un simple phénomène parmi tant d?autres. Cela confirme aussi l?hypothèse de Louw et Château (2010) selon laquelle la prosodie sémantique négative d?un mot se neutralise dans le domaine de la science.

Ainsi, et pour le dernier terme de cette étude, nous avons pu encore une fois, affirmer l?hypothèse de Partington (2004), selon laquelle un même mot dans la langue générale et dans une langue de spécialité, peut avoir une prosodie sémantique différente, et ceci dans les deux langues. Cependant, la deuxième hypothèse de Partington (1998) selon laquelle une unité lexicale peut changer de prosodie sémantique d?une langue à une autre, n?a pas pu etre démontrée. Et malgré que les exemples mentionnés soutiennent nos conclusions, il serait plus intéressant et convainquant de faire un calcul plus précis.

Conclusion et remarques :

En somme, les objectifs de notre étude ont pu être accomplis grâce aux différents corpus utilisés. Sans ces derniers et sans les différents outils informatiques qui nous ont permis de les interroger, l?analyse aurait été quasiment impossible. Nous avons donc pu, à travers nos résultats, démontrer l?importance de l?étude du phénomène de la prosodie sémantique, et les problèmes qu?il peut causer à ceux qui n?en ont pas connaissance.

En effet, à part le terme français « impressionnant ", dont la prosodie sémantique reste neutre dans la langue générale et dans la langue de spécialité et à part le verbe anglais « provide " et son équivalent français « fournir ", qui gardent la même prosodie sémantique positive dans les corpus de langue générale et dans le CST, le reste des résultats confirment bien l?hypothèse de Partington (2004), selon laquelle une unité lexicale utilisée en langue générale et en langue de spécialité, pourrait avoir une prosodie sémantique différente. En l?occurrence, l?adjectif anglais « impressive " a une prosodie sémantique positive dans la langue générale, mais dans le CSTen sa prosodie sémantique devient neutre. Pour les verbes anglais « to lead to " et « to cause ", ainsi que pour leurs équivalents français « entraîner " et « causer ", la prosodie sémantique est passé de « négative " en langue générale à « neutre " en langue de spécialité. Ce qui devrait pousser les terminologues, les lexicographes, ainsi que les traducteurs à insister sur l?introduction d?informations relatives à la prosodie sémantique dans les dictionnaires spécialisés. Il devrait même y avoir ces informations pour des mots de la langue générale, plus particulièrement si ceux ci changent de prosodie d?un domaine à un autre. Un traducteur qui travaille sur un texte des sciences de la terre par exemple, devrait savoir que le verbe « to cause » n?a pas toujours une prosodie sémantique négative dans ce domaine. Et par conséquent, peut être adéquatement utilisé pour évoquer des phénomènes totalement neutres. Ainsi, terminologues et traducteurs pourraient choisir plus facilement les mots et équivalents les plus pertinents, en fonction du domaine et du contexte approprié. L?utilité de ces informations est incontestable et la volonté de les voir apparaitre dans les dictionnaires, est partagée par tous les « prosodistes ".

Par ailleurs, à part le verbe « impressive " qui a une prosodie sémantique positive alors que son équivalent français « impressionnant " a une prosodie sémantique neutre, le reste des résultats sont allés à l?encontre de la deuxième hypothèse de notre étude (Partington 1998), qui soutient que deux unités lexicales équivalentes de deux langues pourraient avoir

une prosodie sémantique différente. En effet, les deux équivalents « provide " et « fournir " ont une prosodie sémantique positive, tandis que « to lead to " et « entraîner " partagent la même prosodie négative, tout comme leurs quasi-synonymes « to cause " et « causer ". Toutefois, Partington (1998) parle de la possibilité d?une modulation de prosodie d?une langue à une autre, et non pas de nécessité. Par conséquent, nous estimons, qu?un seul exemple (impressive vs. impressionnant) suffit pour affirmer l?utilité d?introduire des informations sur la prosodie sémantique dans les dictionnaires bilingues et ceux destinés à l?appréhension d?une langue étrangère.

Pour conclure, nous estimons que la présente étude a été assez satisfaisante en ce qui est de démontrer les véritables enjeux de ce phénomène. En effet, nous avons pu montrer que la prosodie sémantique peut varier d?une langue à une autre et d?un domaine à un autre. Par conséquent, nous avons prouvé l?utilité des renseignements relatifs à la prosodie sémantique, qui doivent figurer dans les dictionnaires, que ce soit de la langue générale ou de la langue de spécialité, pour aider les traducteurs notamment, à éviter les « pièges " de ce phénomène. Et c?est d?ailleurs dans ce sens que va le projet ARTES, qui est un outil d?Aide à la Rédaction des Textes Scientifiques. Il s?agit d?un dictionnaire bilingue (français-anglais) développé par Pecman, Kubler et al. (2010), et dans lequel les étudiants de Langues de Spécialité, Corpus et Traductologie à Paris Diderot, ont eu le privilège de participer. En effet, cette base de données terminologique et phraséologique en ligne, vise à donner des informations linguistiques sur des termes. Parmi ces informations, nous pourrons nous renseigner sur la prosodie sémantique des mots, de langue générale, comme de langue de spécialité. Ce qui serait encore plus intéressant, c?est qu?en cherchant à connaitre la prosodie sémantique d?un mot donné, nous puissions aussi avoir une liste de ses collocations les plus fréquentes, ses synonymes, ses équivalents (anglais-français), la prosodie sémantique de ces derniers, et même sa prosodie sémantique dans d?autres domaines. Quoiqu?il en soit, il reste encore du chemin à faire, surtout dans la partie qui concerne la prosodie sémantique, mais ce qui est sûr, c?est que ce dictionnaire va bien servir aux usagers de langues, notamment aux traducteurs spécialisés.

Il est vrai que les objectifs visés dans ce mémoire ont été atteints. Néanmoins, il conviendrait de noter, que notre présente étude a été réalisée avec quelques lacunes. Comme nous l?avons déjà mentionné, le corpus français de l?université de Leipzig, bien qu?utile et simple à utiliser, est loin d?être aussi pertinent que le corpus anglais BNC. Il ne donne pas accès à toutes les concordances trouvées, et son interface n?est pas très sophistiquée. De plus

ces deux corpus ne sont pas vraiment comparables au niveau de la taille (BNC 100 millons de mots et Leipzig 700 millions de mots). Mais c?est actuellement le seul corpus relativement représentatif de la langue française disponible en ligne. De plus, il nous a fourni les réponses dont nous avions besoin. Par conséquent, malgré ses points faibles, ce corpus nous a bien aidée et a été bénéfique à l?étude que nous avons mené. Les deux CST aussi, ne sont pas tout à fait comparables en ce qui concerne le contenu, mais ici encore nous avons pu avoir des résultats concluants. Par ailleurs, nous avons cités, pour chacun des mots étudiés, des exemples qui montrent à chaque fois la tendance de la prosodie sémantique, mais des calculs précis restent à faire.

Ayant étudié et analysé le phénomène de la prosodie sémantique pendant toute cette année, nous estimons qu?il est très intéressant de l?examiner, indispensable de le connaitre, surtout pour les traducteurs, et qu?il mérite de recevoir l?importance qui lui revient dans les dictionnaires.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon