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La nature, le fonctionnement et les implications sociales, économiques et politiques de la microfinance en RDC

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par Denis Mushiya
Université de Kinshasa - Licence 2006
  

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0. INTRODUCTION GENERALE

0.1. LA PROBLEMATIQUE

La faim mobilise les médias de plus en plus fréquemment. Les organisations non gouvernementales occupent une place importante dans l'actualité internationale consacrée à la pauvreté. Pourquoi cet intérêt de la coopération privée pour le développement ? L'intérêt que suscite l'action non gouvernementale s'explique par la crise des Etats et la crise de la coopération internationale.1

Par ailleurs, la crise que connaît le Congo aujourd'hui sur le plan économique et social est sans précédent et inimaginable, elle date d'il y a environ un quart de siècle, mais elle s'est particulièrement amplifiée depuis les années 1990 au point que d'aucuns la considère résistante à toute thérapie. O.GAMELA N. ; fait observer qu'au Congo, l'ouverture démocratique depuis 1990 revêt l'aspect d'un détonateur qui a provoqué l'aggravation d'une crise dont les ingrédients sont en place depuis deux décennies.2

Le libéralisme économique intégral instauré pendant la deuxième République où régné un régime sociopolitique à bases corruptives, clientélistes et totalitaires, avait donné naissance à un système économique considéré comme « un ensemble de filières qui partent du sommet de la pyramide politique et redescendent d'échelon en échelon des relations personnalisées entre patrons et clients jusqu'à la base de la pyramide nationale, dans un système d'échanges personnalisés avec un rapport d'échange inégal de supérieur à inférieur (...), le clientélisme devenant un système de redistribution en cascade durant toute la période ». Ce système est marqué par une rupture des équilibres fondamentaux de la République Démocratique du Congo.

La non prise en charge de la population par le secteur formel comprenant l'Etat, les entreprises publiques et privées dans cette République et les vaines revendications sociales dues à ce désengagement du secteur formel ont engendré le développement des stratégies de survie individuelles et collectives. Ces stratégies de survie ont renforcé à leur tour cette rupture des équilibres macroéconomiques à travers une hyper expansion de la pauvreté de masse.

1H.ROUILLE D'ORFEUIL, <<coopérer autrement>>cité par M. C . GUENEAU, dans <<l'Afrique :les petits projets de développement sont-ils efficaces ?>>,Ed. Harmattan, Paris 1986 p. 13.

2 .O.GAMELA N. <<quelles politiques économiques pour l'Etat zaïrois>>, Actes du IX° S. scientifique, Kinshasa, Facultés catholiques de Kinshasa 1996, p. 15 .

La pauvreté a envahit, en effet, toutes les couches sociales, le secteur bancaire est devenu individualisé et le chèque ne constitue plus un médium des transactions. Les banques publiques quant à elles entretiennent des relations obscures avec l'Etat, ces relations sont généralement basées sur le clientélisme et le népotisme. C'est pourquoi ces banques sont sans véritable autonomie de gestion et sont dirigées par les personnes nommées par favoritisme. Ce qui explique leur mégestion et tendance actuelle à leur privatisation.

En effet, les entreprises publiques, les banques et l'administration publique fonctionnent en République Démocratique du Congo comme instruments par lesquels l'Etat exploite la population. Nous nous demandons s'il pouvait en être autrement dès lors qu'au Congo lors de la deuxième République et pendant la période de transition d'après guerre d'agression, l'Etat a représenté plutôt l'intérêt de la classe dominante et les composantes que l'intérêt général.

Un comportement qui a plongé la masse populaire dans une trappe à pauvreté et un cercle vicieux qui fait que, lorsqu'on interroge un congolais sur la pauvreté il déclare :<<je suis pauvre parce que je ne suis pas instruit ou je ne suis pas instruit parce que je suis pauvre >> ;<<je suis pauvre parce que je n'ai pas l'accès au crédit, je n'ai pas l'accès au crédit parce que je suis pauvre.>> Voilà comment le pauvre congolais est évincé par le système bancaire.

La désintégration des équilibres économiques fondamentaux étant rattachée au libéralisme économique et l'expansion du secteur informel à la non prise en charge de la population déjà paupérisée par le secteur financier formel. La crise que connaît la République Démocratique du Congo a une cause multiple. Si la microfinance revêt un aspect particulier dans le monde entier, au Congo, il n'est pas sans intérêt de voir comment la microfinance a fait irruption dans notre économie, car la situation économique des pays du tiers monde est souvent tributaire de celle des vielles économies, c'est à dire des systèmes économiques des pays occidentaux.

0.2. INTERET ET CHOIX DU SUJET

Les pays en développement et d'une façon générale les pays en retard ont lancé à la science économique un défi dont l'urgence se mesure par l'importance de la misère et par l'ampleur de la paupérisation qui les tenaillent.

Nous considérons avec J.MAC GAFFEY3 et G. de Villiers4 que, la microfinance a un contenu social diversifié en ce qu'elle constitue un creuset de lutte de classes diverses ; il s'agit essentiellement de lutte de masse populaire contre la

3 J. MAC GAFFEY,<<Entrepreneurs and parasites>> the struggle for indigenous capitalism in Zaire, Ed. Cambridge University press ,Cambridge 1987

4 G. DE VILLIERS, le pauvre, le hors-la loi, le métis et la question de l'économie informelle en Afrique, in cahier du CEDAF n°06 ;1992 ? P.6.

pauvreté, la faim et contre la classe dominante qui a la main mise sur l'économie. La microfinance apparaît ainsi comme une réponse populaire aux réalités du moment et une adaptation aux réalités de l'environnement économique, politique et social de la République Démocratique du Congo.

Il ne suffit pas de constater l'adaptation de la population congolaise à ce qui leur arrive, il faut aussi et surtout essayer de donner à cette dernière une finalité. Celle-ci est pour nous la lutte contre la pauvreté. Par ailleurs, soulignons que la microfinance est un mécanisme qui renferme plusieurs dimensions : politique, économique, morale socioculturelle, technique, juridique, psychologique, historique..., elle ne peut pas par conséquent être étudiée de façon monodisciplinaire au risque de la dénaturer par le caractère sectoriel d'une telle analyse ; comme cela fût le cas avec le concept de développement dont on considérait l'économie comme un milieu naturel d'étude. Un tel risque peut facilement être transféré sur l'analyse de microfinance du fait que celui-ci a son origine dans la théorie économique du développement.

Cependant, cela fait plus de trente ans que le microcrédit change la vie des gens et revitalise les communautés du monde entier. Des microentrepreneurs ont utilisé des prêt d'un montant aussi réduit que cent dollars américains pour se transformer en commerce florissant et, en retour, pouvoir s'occuper de leurs familles, ce qui permet de rendre solides et prospères les économies locales.

Que ce soit pour un outil, une nouvelle machine, une échoppe dans un magasin, des millions des congolais pauvres et des personnes disposant d'un faible revenu ont profité d'un petit prêt pour améliorer leur vie. Les populations pauvres ont prouvé sans cesse qu'elles étaient capables de rembourser ces prêts à temps. Mais le crédit n'est pas la seule solution, ces populations peuvent avoir besoin d'autres services financiers de base tels que l'assurance, une caisse d'épargne où l'on peut transférer de l'argent à un parent qui vit au village.

Grâce à l'accès au crédit et cet éventail d'outils financiers que l'on recouvre sous le terme de microfinance, les ménages peuvent investir en suivant leurs propres priorités : frais scolaires, soins de santé, nourritures, logement...,au lieu de se concentrer sur la survie au jour le jour ; les pauvres peuvent planifier l'avenir. Bien que la microfinance fonctionne foyer par foyer en République Démocratique du Congo, les espoirs et les opportunités qu'elle apporte se répercutent dans toute la société.

En effet, l'intérêt de cette étude est de permettre l'établissement du secteur financier ouvert et le renforcement de l'esprit d'entreprise souvent étouffé, qui existe dans la communauté congolaise pauvre. L'étude de la microfinance permettra par la suite :

Premièrement, d'accroître la sensibilisation du public congolais et sa compréhension du mécanisme du microcrédit et du Microfinancement afin de contribuer à l'atténuation de la pauvreté - un des objectifs de développement du millénaire (O.M.D.) clés de l'organisation de Nations Unies : « réduire de moitié d'ici 2015 la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour et par personne, et la proportion de la population qui souffre de la faim 5 »

Deuxièmement, aider à développer les stratégies pour intégrer pleinement le microcrédit au système financier congolais.

Troisièmement, permettre aux organisations de microcrédit et de microfinancement d'être efficaces dans l'offre de crédit aux pauvres ; et attirer l'attention des donateurs et du gouvernement congolais afin de soutenir ces organisations.

0.3. LA DELIMITATION DU SUJET

Nous allons appréhender les implications de la microfinance en République Démocratique du Congo à partir de 2000 jusqu'en 2005, période que nous estimons significative pour le Congo. C'est durant cette période qu'a été amorcé le processus d'assainissement du système monétaire et financier Congolais ; jusqu'à la proclamation de l'année 2005 comme l'année internationale de microfinance par les nations unies.

Le terrain choisi pour servir de cadre d'étude est la ville province de

Kinshasa.

0.4. LES HYPOTHESES DU TRAVAIL

Dans ce travail nous cherchons à expliquer les implications sociales, économiques, et politiques de la microfinance dans le processus de la réduction de la pauvreté en République Démocratique du Congo.

Ensuite nous tenterons de démontrer comment s'expliquent le fonctionnement et le comportement des institutions de microfinancement offreurs privilégiés de microcrédit face à la population congolaise pauvre, ayant souvent épuisé les autres possibilités d'emprunt.

Nous verrons enfin, quelles sont les politiques auxquelles peuvent recourir les autorités afin de pérenniser les activités de microfinance en République Démocratique du Congo.

5 PNUD, le rapport mondial sur le développement humain, Ed. Economica, Paris, 2000,p .11

0.5. METHODOLOGIE ADOPTEE

Dans ce travail, nous utiliserons quatre méthodes :

· La méthode historique, elle consiste à une certaine énumération des faits dans le passé ;

· Nous interviewerons les responsables des institutions de microfinance ainsi que la population bénéficiaire

Services microfinanciers ;

· La méthode comparative, renseigne sur la comparaison de deux faits ou deux situations existantes ;

· La méthode statistique, qui recourt aux tableaux, chiffres et graphiques déjà élaborés ou à élaborer à partir de données existantes afin de pouvoir projeter dans l'avenir.

La technique documentaire, se réfère à la documentation écrite, des livres et autres articles déjà publiés.

L'observation souvent oubliée, alors qu'elle constitue une très grande méthode en science économique.

0.6. CANEVAS DU TRAVAIL

A part l'introduction et la conclusion générales, le travail est subdivisé en deux grandes parties. La première partie intitulée les enjeux de l'offre de microfinance ; comprend deux chapitres : chapitre premier traite du fondement théorique de microfinancement, et le chapitre deuxième décrit le cadre macroéconomique et visage de la microfinance en République Démocratique du Congo.

La deuxième partie comprend elle aussi deux chapitre ; le troisième chapitre analyse l'impact social, économique et politique de la microfinance en République Démocratique du Congo et le dernier chapitre traite de la politique de réduction des inefficacités et des imperfections des marchés de crédit en République Démocratique du Congo.

PREMIERE PARTIE
LES ENJEUX DE L'OFFRE DE MICROFINANCE.

L'offre de microfinance est influencée par le contexte théorique, politique, social et économique général du pays. Les politiques gouvernementales dans le domaine économique et social, ainsi que le niveau de développement du secteur financier conditionnent la manière dont les IMF proposent leurs offres de services financiers aux pauvres.

Etablir le contexte du pays, c'est prendre en considération tous ces facteurs et leurs effets sur la microfinance. Qui fournit les services financiers, quels sont les produits et services proposés ; quel rôle jouent le gouvernement et les bailleurs de fonds dans l'offre de services financiers destinés aux pauvres ? Quelles sont les formes de réglementations du secteur financier dans le pays ? Quels sont les politiques économiques et sociales qui influent sur l'offre de services financiers et l'activité des petites et moyennes entreprises.

Voilà autant de points qui sont abordés dans cette partie qui comprend deux chapitres. Le premier chapitre aborde le fondement théorique de microfinancement et le deuxième établira le contexte macro-économique et le visage de la microfinance en République Démocratique du Congo.

CHAP.I. FONDEMENT THEORIQUE DU MICROFINANCEMENT

I.1: LES DEFINITIONS DES CONCEPTS DE BASE.

La démarche entreprise dans cette section est d'expliquer les concepts, les mots, ainsi que les termes utilisés dans cette étude, afin de permettre la compréhension par la suite des rudiments de microfinancement et enfin les mécanismes par lesquels la microfinance contribue à la réduction du pauvreté.

I.1.1. Microfinancement : Le terme de microfinancement recouvre les prêts ; l'épargne, l'assurance, le service de transfert et autres produits financiers visant les clients à faible revenu.

I.1.2. Microcrédit : Le microcrédit est une faible somme d'argent prêtée à un client par une banque ou une institution non bancaire. Le microcrédit peut être offert, souvent sans garantie, à un individu ou par la voie du prêt d'un groupe.

I.1.3. Microépargne : La microépargne concerne des services de dépôt qui permettent à un individu d'engranger des faibles sommes d'argent pour une utilisation future ; souvent dépourvus de crédit minimal, les comptes d'épargne permettent aux ménages de mettre l'argent de côté afin de faire face à des dépenses imprévues ou de planifier des futurs investissements.

I.1.4. Microassurance : La microassurance est un système par lequel un individu, un commerce (une boutique) ou une autre organisation effectue un paiement pour partager le risque. L'accès à l'assurance permet aux entrepreneurs de se concentrer sur la croissance de leurs entreprises tout en atténuant les risques qui affectent la pauvreté, la santé ou la capacité à travailler.

I.1.5. Les versements : Les versements constituent des transferts des fonds d'un individu en un lieu à d'autres individus en un autre lieu, en général par-delà les frontières, à des amis ou des membres de famille. En comparaison à d'autres sources des capitaux qui peuvent fluctuer, selon le climat politique ou économique, les versements constituent une source de fonds relativement stables.

I.1.6. Les clients du microfinancement : Les clients du microfinancement sont en général les pauvres et les populations qui bénéficient d'un faible revenu. Parmi eux, on trouve des femmes à la tête d'un foyer, des retraités, des artisans et des petits exploitants agricoles. La clientèle d'une organisation dépend de la mission et des objectifs de cette organisation.

I.1.7. Marché cible6 : Un marché cible constitue un segment de marché défini, composé des clients identifiables qui ont besoin des services de microfinance ou représentant une demande potentielle pour ces services.

I.1.8. La pauvreté absolue et la pauvreté relative : La pauvreté absolue est définie par référence à un seuil de pauvreté associée a un pouvoir d'achat fixe permettant de couvrir l'ensemble des besoins essentiel, qu'ils soient physiques ou sociaux. Faire de la réduction de la pauvreté absolue le but primordial de développement revient à dire qu'un de ses objectifs premiers est de garantir la satisfaction des besoins fondamentaux de chacun.

Mais à l'image des besoins fondamentaux, le seuil de la pauvreté est pluridimensionnelle, recouvrant principalement deux aspects - un seuil de pauvreté lié aux revenus (pour les besoins que l'on peut satisfaire grâce à ses gains) ; et des seuils non monétaires (pour les autres besoins).

Les besoins fondamentaux étant susceptibles d'évoluer avec le temps et dans l'espace, le seuil de pauvreté absolue peut varier d'un pays à l'autre, même après correction de la parité du pouvoir d'achat (PPA) pour la pauvreté-revenu, de même qu'il peut varier pour un même pays sur les longues périodes.

Cette définition absolue de la pauvreté que des nombreux pays utilisent doit être opposée à une définition relative où le seuil de pauvreté est défini non pas en termes de besoins fondamentaux bien établis, mais comme une proportion fixe du revenu moyen de la population. Ainsi, l'Union Européenne considère comme pauvres, les individus dont les ressources sont inférieures de moitié au revenu moyen de ses pays membres.

Naturellement, on peut voir dans cette définition relative de la pauvreté-revenu - où le seuil de la pauvreté est en permanence revu et explicitement fondé sur les variations relativement longs et sur une base discrétionnaire - la limite de la définition absolue de la pauvreté.

Cependant, ce qui importe dans cette étude, est que cette définition de la pauvreté relative - parfois qualifiée de la « privation-relative » - devient en quelque sorte indépendante de la croissance économique. Le niveau absolu de revenu et, partant une grande partie du processus de développement, ne présentent plus d'intérêt, seuls comptent les revenus relatifs. Le fait de fixer le seuil de pauvreté par rapport à un revenu moyen peut faire apparaître une pauvreté croissante même si le niveau de vie de pauvres a en fait augmenté.

6 JOANNALEDGERWOOD, Manuel de microfinance, BM. Washington DC, 1999 p. 49.

Si les économistes conviennent de plus en plus de l'importance de la privation relative, ils ne sont pas d'accords sur le fait que le bien être de chacun dépende uniquement de sa position relative et non d'un niveau de vie absolu déterminé par le revenu.7

I.1.9. Trappe à pauvreté : une trappe à pauvreté est une situation d'équilibre dans la pauvreté, dont il n'est pas possible pour un individu de sortir (i) sans un apport externe provenant d'une politique de redistribution nationale et/ou internationale (aide) ; (ii) sans un changement fondamental dans le fonctionnement des marchés (marchés de crédit).

I.1.10. Institution financière : V.P. KINZONZI la définit comme une entreprise de collecte et de réalisation de l'épargne disponible en vue de satisfaire une pluralité des besoins situés à différents niveaux de l'organisation, intra-entreprises, sectorielles de l'activité ou des nations8.

Ajoutons également que c'est un système financier qui s'inscrit dans la durée et qui répond aux trois critères, d'équilibre financier, de reconnaissance juridique et de la viabilité sociale. Ceci demande souvent plusieurs années, on peut alors parler de processus d'institutionnalisation9

I.1.11. Institution financière bancaire : Selon la législation congolaises, les IFB sont constituées d'entreprises qui font profession habituelle de recevoir du public, sous forme de dépôt ou autrement des fonds remboursables à vue, à terme ou avec préavis, fonds qu'elles emploient pour leurs propres compte à des opérations de crédit ou de placement.10 Les IFB sont celles qui ont le pouvoir de créer la monnaie. Mais elles gèrent et distribuent également l'épargne. Cette définition classique est fondée sur le principe de spécialisation, celui-ci tend à s'atténuer et même à disparaître.

I.1.12. Institution de microfinance : une institution de microfinance (IMF) est une
organisation qui fournit des services financiers adaptés aux populations pauvres. Bien
que chaque IMF soit différente, elles partagent toutes la caractéristique commune de

7 On peut aussi définir la pauvreté en combinant les deux définitions de la pauvreté absolue et de la pauvreté relative. Voir:

-FOSTER, J. W. 1998. « Absolute versus Relative poverty », American Economic Review, 88(2); 335-41. ATKISON, A .B. et F. BOURGUIGNON, 2000 « Income Distribution and Economics » Handbook of income distribution, vol.1, sous la direction de A-B ATKISON et F. BOURGUIGNON, Elsevier, Amsterdam. -RAVALLION,M. 2003 « The Debate on globalisation, poverty and inequality : why Measurement

matters »,Working paper n°3038, BM, Washington DC, Avril.

8 KINZONZI V.P., Gestion des institutions financières et développement, collection comptabilité, finance et développement Tome 5 bis Kinshasa Mai 2003 , p.37.

9 Commission européenne, Microfinance, orientations méthodologiques, 2ème Ed. , Luxembourg 2000 p.23 .

10 EUGENE BOLALUETE M. , Institutions financières congolaises, Notes de Cours L2 EMI , 2005-2006.

fournir de services financiers à une clientèle plus pauvre et, plus vulnérable que les clients traditionnels de banques.

I.1.13. Système bancaire : dans la conception classique, le système bancaire est un ensemble de banques en réseau à la tête duquel se trouve un institut d'émission. Ainsi, le système bancaire congolais est un sous ensemble de système financier congolais. De ce fait, il comprend la BCC, les banques de développement, les banques commerciales et les banques spécialisées.

I.1.14. Services financiers : comprennent essentiellement ici dans la microfinance, le microcrédit, la microépargne et la microassurance.

I.1.15. Secteur financier : le secteur financier regroupe toutes les institutions ou les acteurs impliqués dans les services financiers. Ce secteur financier comprend le secteur formel, le secteur intermédiaire et le secteur informel ou autonome.

I.1.16. Le secteur financier ouvert : c'est un secteur qui permet aux pauvres et aux populations qui disposent des faibles revenus d'avoir l'accès aux crédits ,à l'assurance, aux produits d'épargne et de transfert. Les secteurs financiers dans des nombreux pays ne fournissent pas ces services aux segments du marché qui disposent des faibles revenus. Un secteur financier ouvert permet de soutenir la pleine participation de secteur de la population à faible revenu, afin de promouvoir la croissance économique.

I.1.17. Secteur autonome : ce secteur est appelé souvent informel, souterrain, il comprend les systèmes financiers créés par les populations elles-mêmes sans l'intervention extérieure (tontines, garde monnaie, encaisseurs des fonds « buakisa carte », club des investisseurs, prêts personnels...), ces systèmes n'ont pas de reconnaissance juridique.

I.1.18 Secteur intermédiaire : il s'est créé progressivement pour assurer des services financiers aux populations par le système bancaire. Ces services sont la résultante d'une intervention extérieure et d'une implication plus ou moins fortes des populations bénéficiaires. Les systèmes financiers concernés ont actuellement les formes de reconnaissance juridique très diverses : projet, ONG, institution mutualiste d'épargne et de crédit ; institution spécifique ou spécialisées (IFS) ou institution financière intermédiaire (IFI).

Certains ont un statut temporaire (projet), d'autres rentrent dans la loi bancaire en vigueur au niveau national, d'autres encore font l'objet des lois spécifiques déjà votées ou en cours de discussion.

Parmi les institutions les plus répandues , on trouve : les COOPEC, ou crédit union, le système de crédit solidaire ( inspiré du modèle gramen bank), le réseau de caisses villageoises, institutions spécialisées pour les micro ou petits

entrepreneurs . Notons que les institutions du secteur intermédiaire ne sont pas informelles, même si elles financent des bénéficiaires ruraux ou urbains appartenant au secteur informel .11

I.1.19. Système financier : un système se définit de façon général comme « un ensemble d'élément en interactions ». Un système financier englobe l'ensemble d'éléments et des mécanismes d'intermédiation financière entre prêteurs et entrepreneurs.

Il peut se définir à plusieurs niveaux : national, régional, urbain, rural, mondial... ; sa description prend en compte les intermédiaires financiers (secteur financier, marché financier, et organisations spécialisées), les flux financiers, les relations entre intermédiaires, ainsi que les autres aspects interférant sur ces éléments (taux d'intérêts, cadre réglementaire...)

De façons spécifique, la notion du système financier est également utilisée pour caractériser l'organisation interne des différents intermédiaires à travers l'analyse de leurs éléments constitutifs, des pratiques et des méthodes servant de bases à leur conception et déterminant leur fonctionnement. On parlera par exemple de système bancaire, de système de COOPEC....

I.1.20 Micro ou petite entreprise (MPE) : ce terme microentreprise est de plus en plus usité dans la littérature consacrée au développement économique et social des PED.

On note que, l'ensemble des activités désignées sous cette appellation forme ce que l'on appelle le secteur informel en opposition au secteur dit formel. La petite taille est une condition caractéristique et l'affaire doit être personnelle dans le sens du patrimoine familial.

L'incertitude est encore plus marquée sur ce qu'il faut entendre par MPE dans les PED. Il n'existe pas une définition universellement reconnue de sa taille, encore moins de son rôle dans le développement économique.

En République Démocratique du Congo, dans le temps c'est dans le petit commerce régit par la patente où on retrouvait la MPE. La patente a été créée en 1979. C'est une sorte de registre de commerce appliquée aux petits commerçants et de ce fait, tout petit commerçant ne pouvait exercer ses activités commerciales que lorsqu'il a été préalablement patenté.

On peut en outre, définir ces entreprises sur base d'un certain nombre des critères (juridiques, quantitatifs, qualitatifs ....). La BCC a donc de ce fait élaboré une série d'instructions concernant le fonctionnement et la reconnaissance de ces MPE. Ainsi, dans le cadre de cette étude nous considérons comme microentreprise

toute petite unité de survie, alors que la petite entreprise peut être comprise comme étant une situation ou une structure un peu plus organisée.

.

I.1.21. Systèmes de financement décentralisés : ces systèmes financiers sont eux-mêmes très diversifiés : les COOPEC, formes diverses de crédit solidaires ; caisses villageoises d'épargne et de crédit, institutions financières sur MPE .... Ils se forcent de concilier une logique de décentralisation reposant sur la proximité et une logique d'adaptation des produits financiers à la demande de bénéficiaires .Ce système a la possibilité d'offrir des services financiers à une clientèle de plus en plus large ayant peu de chance de bénéficier de l'appui du système bancaire.

L'accent est mis ici sur le fait que les principales divisions au niveau de services financiers ( octroi et récupération du crédit , collecte d'épargne , gestion ...), sont prises au niveau local ( agence ou caisse ) en insistant sur l'importance de la proximité géographique et locale pour prendre des décisions adaptées et avoir un lien de confiance.

Ceci n'empêche pas le SFD à avoir plusieurs étages aux niveaux, local, provincial, national , international.... Les trois notions , secteur intermédiaire, microfinance, système financier décentralisé se regroupent largement même si chacune met l'accent particulier sur un aspect spécifique.

I.1.22. Définition de la microfinance : la microfinance s'est développée en tant qu'approche du développement économique qui s'intéresse spécifiquement aux hommes et aux femmes à faibles revenus. Le terme désigne l'offre des services financiers à une clientèle pauvres composée notamment des petits travailleurs indépendants. Les services financiers comprennent généralement l'épargne et le crédit.

Certaines IMF proposent néanmoins également les services d'assurance et de paiement. Au delà de leur fonctions d'intermédiaires financiers, un grand nombre d'IMF jouent un rôle d'intermédiation sociale à travers le groupement de personnes ( FINCA-RDC) ; le renforcement de conscience en soi ; la formation dans le domaine financier et la gestion de la compétence au sein du groupe. Ainsi, la microfinance se définit souvent par deux fonctions : intermédiation financière et intermédiation sociale.12

Loin d'être une simple affaire des banquiers, la microfinance est un outil de développement. Les activités de microfinance comprennent :

- Des petits crédits, en particulier pour le fond de roulement ;

12 JOANNA LEDGERWOOD ; op cit, p21.

- L'évaluation informelle des emprunteurs et investisseurs ;

- Des formes des garanties spécifiques, telles que la caution solidaire

ou épargne obligatoire, même une garantie morale ou orale ;

- L'accès à des crédits successifs et de montant croissant en fonction

de la performance de remboursement ;

- L'octroi et le suivi efficaces de crédit

- Les produits d'épargne sûrs.

Notons que dans ce travail, nous utiliserons le terme de « activités de microfinance » pour designer les activités réalisées par l'IMF , un projet de microfinance ou volet-financier d'un projet. S'agissant d'une organisation proposant des services de microfinance qu'elle soit ou non légalement formalisée, on emploiera le terme institution de microfinance (IMF).

Bien que certaines IMF offrent des services d'appui au développement d'entreprises (formation, technique et marketing par exemple) et sociaux (alphabétisation et santé public etc....), ceux-ci ne sont pas généralement inclus dans la définition de microfinance. Les IMF peuvent être des ONG, des coopératives, des mutuelles de crédit, des banques d'Etat, des banques commerciales ou les institutions autres que les banques.

Les clients de ces IMF sont généralement des travailleurs indépendants, des entrepreneurs aux revenus faibles en zones rurales ou urbaines. Il s'agit souvent des commerçants, des marchands ambulants, petits agriculteurs, petits prestataires des services (coiffeurs, couturières, pousse - pousseurs, artisans et petits producteurs, forgerons). Ces activités diversifiées leur fournissent habituellement des revenus stables. Bien que pauvres, ils ne sont pas cependant considérés comme les « plus pauvres ».

I.2. : LES FACTEURS EXPLICATIFS DE MICROFINANCEMENT

Pourquoi la pauvreté est - elle encore si répandue dans le monde ? Cette question fondamentale du développement est au coeur des analyses. Nous estimons en effet que, cette persistance de la pauvreté est en grande partie due à des graves imperfections de marché qui, associées à des inégalités dans la répartition des actifs conduit souvent à enfermer des gens dans des trappes à pauvreté, d'où il leur est difficile de sortir que d'entrer.

Un examen de données de base actuelles de la République Démocratique du Congo étayé par des exemples tirés d'une analyse microéconomique empirique, nous permet de relever trois facteurs explicatifs, c'est à dire trois types de défaillance du marché, qui contribuent probablement à la pauvreté et sur lesquels se fondent le microfinancement. Les imperfections du marché de crédit ; les externalités géographiques et autres et les imperfections qui tiennent au marché

des assurances. Le microfinancement apparaît donc comme un moyen, un outil d'extraire ou de sortir les populations de ces trappes à pauvreté.

I.2.1. Défaillances du marché du crédit et pauvreté.

L'une des défaillances de marchés les plus faciles à observer, concerne l'incapacité du marché de crédit à se conformer aux hypothèses d'un marché parfaitement concurrentiel. Dans un marché parfait quiconque a un projet rentable devrait pouvoir obtenir un prêt aux taux d'intérêt en vigueur. Si les marchés étaient parfaits et efficaces, les banques n'exigeraient pas des garanties de leurs clients.

Or, dans la pratique, il est impossible d'obtenir un prêt sans garantie. Cette condition peut être perçue comme moyen permettant au marché du crédit, de gérer les problèmes majeurs qui le perturbent, à savoir : l'asymétrie de l'information (à l'instar du risque moral et de l'anti-sélection ou sélection adverse ), ainsi que le contrôle de l'exécution.

En effet, comme l'asymétrie de l'information signifie que les prêteurs n'ont pas forcement les moyens de savoir , quels sont parmi les nombreux projets risqués, ceux qui entraînent le plus des risques ou si les emprunteurs ne mettront pas en oeuvre une fois le prêt accordé, des actions différentes de celles prévues par le contrat, les garanties collatérales peuvent être exigées .Ces garanties peuvent également contribuer au remboursement des emprunts.

Par le concept de marché imparfait nous l'expliquons en fonction de la difficulté qu'éprouvent les populations pauvres dans notre pays à entrer sur le marché de crédit les poussant à développer les avantages spécifiques leur permettant de contourner ces imperfections. Ce concept peut être également développé sous l'angle des coûts qu'occasionnent le marché de crédit pour les pauvres. Pour éviter ces coûts, ces derniers ont intérêt à créer leur propre marché de crédit.

Quelles sont donc ces imperfections, J. DUNNING les classe en deux types, celles naturelles constituant les conditions de l'offre et de la demande sur un marché, et celles structurelles résultant des actions des participants intérieurs ou extérieurs au marché, qui influencent les conditions de l'offre et de la demande.13

En premier lieu, les imperfections naturelles du marché de crédit portent sur deux thèmes : les coûts de transaction et reposent sur la prémisse que, toute action effectuée sur un marché coûte de l'argent que cela soit en recherche - trouver un bon prêteur ou emprunteur - en communication, en négociation, en

transport ou en taxe. La deuxième imperfection naturelle provient du fait qu'un prêteur ou un emprunteur doit détenir plusieurs informations difficiles à obtenir sur le marché ; cette lacune amène une peur, un risque pour l'utilisateur, créant un sentiment d'incertitude sur le marché.

TABLEAU N° 1 : LE MARCHE IMPARFAIT

Imperfections naturelles
(Condition de l'offre et de la demande sur un
marché du crédit.)

Les coûts de transactions :

Base : toutes actions exercées sur un marché de crédit occasionnent un coût (en recherche - trouver un bon prêteur ou emprunteur - en communication, en négociation, en transport...)

La connaissance du marché :

Bases :a) incertitude sur l'obtention des informations sur le marché de crédit (un grand nombre de joues cherchant la meilleure opportunité) ;

b) la protection du savoir (les brevets et les droits de propriété intellectuelle.)

Imperfections structurelles
(Actions des participants intérieurs et
extérieurs au marché de crédit influençant
les conditions de l'offre et de la demande.)

Base : le pouvoir sur le marché de crédit en détenant la position favorable (elle peut jouer sur les taux d'intérêt, le contrôle, la réglementation, la liquidation....)

Le gouvernement :

Base : les règles étatiques (impôts, tarifs imposés ou autres barrières économiques.)

La position dominante de la BCC.

Source : adapté de DUNNING op cit p. 6

De plus, un grand nombre de joueurs résident dans le marché, chacun recherchant des opportunités favorables pour ses propres intérêts, ce qui entraîne des inconvénients pour certaines institutions financières et les force à être constamment à l'affût des renseignements, susceptibles de mieux les positionner sur un marché.

Finalement le « savoir » comme tel devient un bien souvent protégé soit par les brevets et des droits de propriété intellectuelle, soit par tout autre instrument imposant des règles restrictives sur le marché.

En deuxième lieu, le marché de crédit recèle en lui des imperfections structurelles forçant les pauvres à vouloir contourner ces obstacles. La première repose sur la situation dominante de la banque centrale, celle - ci par sa mission, sa taille imposante et la localisation décentralisée dans les provinces de ses activités,

détient le pouvoir sur toute la République Démocratique du Congo. Elle peut jouer sur le taux ou autre cible monétaire rendant la vie difficile aux pauvres et autres IFS.

La deuxième imperfection structurelle provient du gouvernement. Ce dernier impose des règles au marché de crédit qui ne satisfont pas toujours les établissements de crédit et les pauvres, comme par exemple les impôts et les barrières économiques.

Le modèle simple d' ESWARAN et KOTWAL14

Si l'on considère les inégalités de dotations initiales en actif, il est évident qu'il s'agit probablement là d'une défaillance du marché particulièrement dangereuse pour les pauvres qui, au-delà de considérations de équité peut signifier que ceux-ci sont incapables d'utiliser leurs autres actifs aussi efficacement que les riches. Dans un texte devenu classique, ESWARAN et KOTWAL développent un modèle simple permettant d'en illustrer les conséquences.

Nous en donnons dans ce travail une version plus simplifiée : prenons un village de fermiers possédant tous de superficies de terrain et de quantités de main d'oeuvre différentes. Une technologie de production efficace implique d'utiliser comme intrants de base : la terre, la main d'oeuvre et les engrais chimiques. On part du principe que le marché du travail, de la terre et des engrais fonctionnent correctement : au prix du marché les échanges se font sans restrictions.

Cependant, comme le marché du crédit n'est pas parfait, le seul moyen d'obtenir un emprunt est d'utiliser la terre comme garantie, tous les intrants devant être payés en espèce. De par sa nature, l'activité agricole exige que l'on utilise tous les intrants en début de saison. Autrement dit, il faut avoir un fonds de roulement pour pouvoir acquérir les intrants.

L'exploitant riche en terre peut facilement se procurer des engrais et, si besoin, louer d'autres terres et de la main d'oeuvre supplémentaire afin d'assurer une utilisation optimale des ressources. Le fermier pauvre en terre doit de son côté trouver d'autres moyens pour réunir l'argent nécessaire à son activité. Il peut le faire en travaillant pour d'autres fermiers ou en louant ses propres terres.

De façon générale, on constate que le fermier pauvre utilise ses actifs (terre et main d'oeuvre) de manière moins efficace que le riche ; il utilisera moins d'engrais que le niveau optimal et consacrera plus de travail par unité de terre que le

minimum requis pour être efficace. Le fait qu'il soit pauvre en actifs le rend inefficace.

Dans cet exemple, l'inégalité des actifs combinée aux défaillances du marché provoquent une différence d'efficacité entre riche et pauvre. Non seulement le riche gagne puisque il possède plus de ressources, mais en outre il peut les utiliser plus efficacement. Les défaillances du marché renforcent les inégalités initiales. Si le marché du crédit fonctionne mieux ou/et s'il y avait une distribution des ressources plus équitable, on constatera une amélioration de l'efficacité et de l'équité.

L'intérêt de ce modèle stylisé dans ce travail ne se limite pas aux activités agricoles ; de façon générale ; si la participation aux activités lucratives nécessite un versement initial ou des frais d'établissement, ceux qui ont un accès limité au marché de crédit pourraient être exclus.

Le cas de la République Démocratique du Congo est intéressant à cet égard. Alors que les activités non agricoles sont réputées pour l'enrichissement qu'elles peuvent entraîner, l'accès à certains activités tout a fait banales - l'élevage de bétail et de volaille, les échanges, le petit commerce ou l'artisanat - exige des investissements relativement importants.

Les résultats de plusieurs recherches empiriques menées à Kinshasa où le revenu tiré des activités non agricoles joue un rôle vital dans plusieurs ménages montrent que les individus les moins dotés en actifs limitent leurs activités non agricoles à des activités de ramassage des caillasses, des bois de chauffage, des cartons ou à la fabrication d'objets artisanaux nécessitant peu d'investissement initial, alors que d'autres arrivent à des activités non agricoles rentables ( petite boutique, petit magasin, cybercafé, Bureautique, cabine téléphonique,...)

Ce modèle, certes statique, présente des implications dynamiques potentielles qui semblent être intuitivement très séduisantes. Les individus ayant un patrimoine limité ne peuvent pas accéder aux activités lucratives et se trouvent piégés dans leurs professions respectives.

Rappelons que l'on appelle « trappe à pauvreté » une situation d'équilibre dans la pauvreté dont on ne peut sortir sans soutien extérieur - a travers un appui exceptionnel apporté à ce groupe comme une politique de redistribution ou même une aide internationale - ou sans un changement radical du fonctionnement des marchés, comme marché de crédit dont il est question dans cette étude.

En République Démocratique du Congo, les trappes à pauvreté et pertes d'efficacité globales et de croissance dues à la pauvreté et aux inégalités, se combinent aux défaillances de marché de crédit, de sorte que, certaines personnes ne peuvent pas saisir les occasions d'investissements propices à la croissance

économique du pays - non seulement dans le capital physique ou dans les activités rentables, mais aussi dans le capital humain.15

I.2.2. Les externalités.

Les externalités sont une autre cause fréquente des imperfections de marché, qui apparaissent lorsque les interactions économiques, sociales ou autres, provoquent des gains ou des coûts sociaux supérieurs à ceux envisagés par les acteurs impliqués.

Nous nous intéressons dans cette analyse aux externalités qui, en interagissant avec les inégalités, perpétuent et exacerbent la pauvreté. La lutte contre les externalités permettrait là encore, non seulement d'accroître l'efficacité mais aussi de réduire la pauvreté. L'analyse des externalités se révèle utile pour un phénomène plus général dans notre pays - celui des disparités géographiques où l'on voit des communes, des quartiers, voire même des provinces ou des territoires entiers rester à la traîne ; et ne bénéficient pas de la croissance globale, ni en terme de revenu, ni en terme de lutte contre la pauvreté.

Cette disparité peut s'expliquer dans le cadre de la théorie moderne de la croissance de Strand par les effets de concentrations ou de localisation des institutions et des entreprises.16 Ce modèle prédit une exploitation par des entreprises des rendements croissants résultant des externalités en s'implantant dans les mêmes provinces et, partant dans les pôles d'activités.

Ce qui signifie que d'autres provinces similaires ou moins attractives, ont probablement raté le coche : non seulement elles n'ont pas pu obtenir les institutions bancaires ou non bancaires et les investissements nécessaires mais, en outre elles risquent de perdre des capitaux potentiels, avides d'obtenir ailleurs une plus grande rentabilité. Pour ces provinces « perdantes » les succès des autres est une externalité négative pour elles; c'est la situation de Kinshasa ; Katanga ; Bascongo et Kisangani à l'instar du reste de la République Démocratique du Congo .

D'autres explications illustrent les externalités liées à un contexte donné - la faiblesse de dotations en bien public de communautés locales, les ressources collectives et la détention des actifs, des infrastructures routières et de communications ces disparités rendent par conséquent la République Démocratique du Congo sous bancarisée et sous financiarisée.

15 -AGHION , P. et P. BBOLTON :A Trickle-Down Theory of growth and development with debt overhand ;Review of economics studies, 1997,64, 2 :151-62.

-GALOR,O. et J. ZEIRA, Income distribution and macroeconomics. Review of economics studies, London 1993, 60 : ».

16 STEFAN DERCON, Analyse micro-économique de la pauvreté et des inégalités, in Afrique Contemporaine ; Automne 2004 P4

En effet, en Asie et en Amérique du sud, le taux de densité bancaire est de 8000 à 30.000hab/succursale ; en Afrique ce taux est de l'ordre de 100.000 à 420.000hab/succursale17. En République Démocratique du Congo particulièrement ce taux est de 512.820 habitants/guichet.

Il s'agit là clairement d'une trappe à pauvreté ; même si, initialement les différentes provinces de la République Démocratique du Congo étaient similaires ; celles qui ont raté le coche ne pourront s'en sortir qu'à la suite d'un choc exogène important ou grâce à une énorme effort. La microfinance constitue un moyen efficace de faire sortir ces provinces de la République Démocratique du Congo dans des trappes géographiques à pauvreté qui sont engendrées par les externalités.

I.2.3. les risques et trappes à pauvreté.

L'absence d'assurance et de protection face aux risques est une autre défaillance du marché ayant un impact disproportionné sur les pauvres. L'existence des marchés d'assurance parfaits (ou pour être techniquement plus précis, des marchés subordonnés à l'Etat) est une hypothèse qui est rarement respectée dans la pratique.

Les problèmes d'asymétrie de l'information et ceux liés aux aspects de mise en oeuvre peuvent, à l'instar de ceux qui entraînent la défaillance du marché de crédit, être là encore tenus pour responsables du faible recours aux mécanismes d'assurance en République Démocratique du Congo. Même s'ils le souhaitaient, les pauvres ne pourraient pas s'assurer contre la plupart des risques qu'ils encourent au Congo.

Les risques non assurés sont à l'origine des véritables détresses chez les pauvres. Les PED en général et la République Démocratique du Congo en particulier sont souvent confrontés aux catastrophes naturelles, à la sécheresse ; aux conflits armés et à l'insécurité, ainsi qu'aux chocs économiques comme les fluctuations des prix des matières premières ; hyperinflation et variation de change.

Mais, on a tendance à considérer ces difficultés comme ponctuelles et à estimer que, des solutions « provisoires » de type de « filet de sécurité » suffisent pour mieux pouvoir se concentrer ensuite sur les enjeux de développement plus sérieux.

Les décideurs congolais n'y voient souvent qu'un enjeu social qui ne doit plus les détourner des considérations macro-économiques plus cruciales, comme les mécanismes permettant de stimuler la croissance économique à deux chiffres.

17 PAUL A.POPIEL, Système financier en Afrique subsaharienne ; Etude de la Banque Mondiale, Washington D.C. 1995 P.201-02.

Cette vision est cependant trompeuse : on dispose aujourd'hui de plus en plus d'éléments attestant le rôle fondamental des risques et chocs dans le ralentissement de la croissance sans parler de leur impact sur le revenu des pauvres et sur l'émergence éventuelle de trappe à pauvreté. Le fait d'accorder davantage d'attention aux pauvres pourrait donc une fois encore contribuer à la croissance et à l'équité.

Dans les PED, comme la République Démocratique du Congo, les ménages ont mis au point des mécanismes sophistiqués pour faire face aux risques. Typiquement deux types des réponses sont envisagées, : des stratégies de gestion des risques et stratégies des réponses aux risques. Avec les premières, ils cherchent à s'adapter aux risques qui les menacent, soit en se lançant dans les activités moins risquées, soit en diversifiant les risques (petit commerce, ramassage des bois de chauffe...).

Les stratégies des réponses aux risques impliquent quant elles des activités qui permettent de réagir à l'impact des risques sur le revenu dont deux sont très fréquentes : l'auto-assurance par le biais de l'épargne (élevages bétail ou des petits ruminants qu'ils peuvent vendre si nécessaire...) ; et le mécanisme de soutien informel, grâce auquel les membres d'un groupe ou d'une communauté effectuent des transferts entre-eux quand ils en ont besoin, en général selon un principe de réciprocité.

Ces mécanismes ont cependant un coût : les stratégies de gestion du « risque-revenu » réduisent le revenu moyen disponible, pour faire face aux risques et à la variabilité du revenu, par ce que l'ajustement des portefeuilles d'actifs pour gérer les risques implique en général d'investir dans les actifs liquides dont la rentabilité est inférieure à celle d'immobilisations productives. Cette stratégie affecte le revenu à long terme et pèse sur les chances d'échapper à la pauvreté. De fait, on constate de plus en plus que ce type des stratégies entraîne des substantielles pertes d'efficacité pour les pauvres, pertes que les riches, en général, mieux protégés par leur assurance, leurs actifs et leurs crédits n'ont pas à subir18

Tous ce qui précède prouvent l'impact considérable et en particulier pour les pauvres, de l'absence de mécanisme d'assurance viable et de protection en République Démocratique du Congo, par ce que les défaillances de marché, exacerbées par les inégalités et la pauvreté sont à l'origine de cette situation, il serait

18-DERCON S. , « Growth and stocks : Evidence from Rural Ethiopia. », Journal of Development Economics, 2004,vol.74,n°2 p.309-29 .

-MORDUCH, J., »Income smoothing and consumption smoothing » in Journal of Economics Perspectives. Vol.9 p. 103-14 été 1996.

judicieux d'opter pour les initiatives susceptibles de stimuler à la fois l'efficacité et la croissance tout en consolidant l'équité.

Les pays développés, du moins en Europe, surmontent en grande partie les imperfections de marché de l'assurance grâce à une sorte de sécurité sociale universelle et à des transferts directs de revenu sous contraintes des ressources. Pour la République Démocratique du Congo , un PED, ce type d'initiatives ne seraient pas rentables du fait des coûts administratifs élevés et des besoin immenses en information. En d'autres termes les moyens nécessaires pour mettre en place de tels systèmes ne sont pas réunis dans notre pays.

Cependant, les programmes de transfert et d'autres « filets de sécurité »19 ne sont pas les seuls instruments à la disposition de décideurs, car ce sont des mécanismes ex-post ; or, de nombreuses solutions ex-ante sont également envisageables. Etant donné que la défaillance sous-jacente du marché tient à l'absence du système d'assurance, il faudrait s'intéresser davantage à des dispositions qui inciteraient les pauvres à mieux se protéger contre l'adversité.

On pourrait ainsi concevoir des produits d'assurance adaptés aux pauvres, renforcer les mécanismes existants des réponses aux risques (en soutenant notamment l'auto-assurance par le biais de l'épargne ou les systèmes communautaires) ; et contribuer à la gestion des risques en accordant un accès au crédit.

Enfin, la crédibilité est une composante essentielle des politiques visant à limiter les risques encourus par les pauvres. Rappelons que l'une des raisons qui empêchent les pauvres de se lancer dans les activités rentables est le fait que malgré leur situation de pauvreté, ils ne peuvent pas prendre le risque d'aggraver encore leur dénuement.

Un programme combinant des mécanismes ex-ante et ex-post (offrant une assurance ex-ante et une protection ex-post contre une aggravation de la pauvreté) pourrait contribuer à exploiter le potentiel de nombreux pauvres et leur ouvrir des perspectives plus indispensables à la réalisation d'activités et d'investissement plus risqués et plus rentables. Autrement dit, un tel programme pourrait être le facteur déclenchant d'une sortie de la pauvreté.

Cependant, pour que les pauvres l'acceptent, ce programme doit être crédible, en garantissant le respect de tous les engagements, ce qui signifie qu'en cas de crise, les assurances respecteront les contrats et les transferts seront fournis comme prévus.

19 STIGLITZ, J. , « Distinguished lecture on Economics in Government : the private uses of public interests : incetative and institutions », in Journal of Economics prospective, USA 1998 vol..12,2 :3-22

I.3. ROLE DES INSTITUTIONS FINANCIERES DANS LE FONCTIONNEMENT DE L
ECONOMIE

Les banques et institutions financières non bancaires jouent un rôle important dans le fonctionnement d'une économie. Des nombreuses études montrent l'existence d'une corrélation positive entre le taux d'épargne et la part des actifs financiers non monétaires dans le PIB.

La question reste cependant de savoir dans quel sens joue la causalité : est-ce le développement économique qui entraîne le développement financier ou l'inverse. Dans ce second cas, il faut mettre l'accent sur l'intermédiation financière, celle-ci devrait induire une croissance de revenu, de la richesse et donc de l'épargne. On trouve ici la controverse classique entre l'entraînement par la demande qui suppose le rôle premier de l'épargnant et de l'investisseur et de l'entraînement par l'offre qui met en avant le rôle premier des institutions financières et de l'offre des services.

On retient dans cette analyse une influence réciproque entre le développement du secteur financier et bancaire et le développement d'une économie. Un secteur financier développé favorise la croissance par la mobilisation et l'allocation de l'épargne ayant donc des effets d'entraînement importants tandis que cette croissance permet à ce secteur financier de réaliser les économies d'échelle et d'augmenter son efficacité et son efficience.

Le rôle traditionnel des institutions financières, c'est de mettre à la disposition des agents économiques (ménages, entreprises et APA ...) des ressources nécessaires et suffisantes pour la production des biens et services.

Autrement dit, le développement des initiatives tant privées que publiques dépend pour une majeure partie, de la collecte et de la distribution de l'épargne susceptible de provoquer par les effets des chaînes, des investissements importants à moyen et le long terme.

L'investissement est certes, une panacée d'une expansion voulue, car il préside à la croissance, au changement d'orientation de toute activité et conditionne tout progrès économique. Remarquons que dans les économies contemporaines, sa réalisation nécessite des masse des capitaux considérables et toujours croissants.

Cependant, les institutions financières, particulièrement les banques travaillent avec des fonds empruntés, les crises de fonctionnement auxquelles peuvent être soumises ces institutions mettent en peine la « trinité de finance classique » à savoir « liquidité-solvabilité-rentabilité » : ce qui peut avoir des

conséquences directes, menaçant grandement l'épargne de déposants et d'autres créanciers.

De même la déconfiture d'une institution financière ébranle particulièrement la confiance du public et peut affecter de façon considérablement durable l'économie nationale ; ceci explique les interventions des autorités monétaires qui assurent à ces organismes des crédit un cadre de fonctionnement adéquat et le maintien d'un équilibre entre la masse monétaire et les biens et services.

En effet, en observant l'économie nationale en tant que système organisant les activités liées à la production à la distribution et à la consommation des richesses, il y a nécessité d'avoir ces institutions qui financent la réalisation des dites activités. Ainsi, dans les pays du monde entier, la présence d'une institution financière est désirée pour plusieurs raisons20 :

· Créer de la monnaie avec laquelle il est possible de constituer l'épargne et faire le prêt, en d'autres termes pourvoir aux agents économiques de toutes les couches d'activités des billets de banque pour les aider dans leurs multiples transactions avec d'autres partenaires ;

· Concernant les banques, elles doivent assurer aux déposant de la disponibilité en liquidité et financer les agents économiques évoluant dans les secteurs tels que : industrie, agriculture, commerce...

· Aider le pouvoir public à disposer des ressources à la suite des impératifs des contraintes budgétaires ;

· Organiser le fonctionnement des marchés monétaires et financiers avec le reste du monde ou avec les demandeurs des capitaux ;

· Assainir l'espace des relations en terme de flux financier avec le reste du monde ou avec d'autres entités locales en matières de prises de participation des agents économiques locaux et des transferts des capitaux.

Ces dernières années malheureusement, les systèmes financiers se sont soudainement effondrés dans les PED. Dans les années 80, les systèmes financiers de ces pays ne sont pratiquement pas approfondis. Certains se sont même contractés, il y a à cela un certain nombre de causes. La stagnation économique et le manque d'infrastructures financières adéquates ont freiné la financiarisation de l'économie. L'instabilité de la macrofinance, l'inflation et les difficultés financières ont conjugué leurs effets pour entraîner une désintermédiation relativement importante en République Démocratique du Congo et une perte de confiance du public dans le système financier formel.

I.3.1. La situation récente et structure du système financier congolais.

Configuration ancienne configuration nouvelle

BCC

BCC

IFB : IFNB:

 
 
 
 
 
 
 
 

Banques SOFIDE

de dépôt SONAS

 
 
 
 
 

FPI

 
 
 
 
 

CADECO Banques Cadeco Coopec IFS SF

INSS de dépôt

COOPEC

Source : Auteur.

Le système financier congolais évolue sur un marché extrêmement étroit du fait du faible nombre d'agents économiques pratiquant les transactions monétaires du niveau important, il en résulte de coûts d'intermédiation financière élevés et un niveau des risques considérable.

Les mauvais crédits exercent un effet d'éviction sur les crédits sains, ils pèsent sur la rentabilité des banques et les incitent à limiter les risques. L'assainissement en cours du système financier congolais est donc un préalable à la reprise de l'épargne et de l'investissement et la réussite de programme de redressement économique et financier.

La situation générale du système financier congolais est présentée dans la page qui suit en vue de permettre une vue d'ensemble.

Tableau n°2 : Situation récente du Système Financier Congolais

I. BANQUES

SIGLE

FONCTION

01

02

03

04

Banques de création récente

-BCDC
-BIC
-UBC

-BIAC
-

-CB
-SB

-ATB

-BCOC
-BANCOR
-COBAC

-BCCE -NBK -BCD -BCA -FBCC

Intermédiation
financière et
création
monétaire.

RAW-BANK

Banques admises au régime spécial de restructuration.

- Banque commerciale du Congo

- Banque internationale de crédit

- Union de banques congolaises

Banques opérant sans programme de restructuration,

agréées par la BCC

- Banque internationale pour l'Afrique au Congo - City bank

- La congolaise de banque

- Stanbic bank (Congo)

Banque en liquidation

- African trade bank

- Banque continentale au Congo

- Banque à la confiance d'or

- Compagnie bancaire de commerce et de crédit

- Banque congolaise du commerce extérieur - Nouvelle banque de Kinshasa

- Banque du commerce et de développement - Banque de crédit agricole

- First banking corporation Congo

- Stanbic

II.AUTRES ETABLISSEMENTS DE CREDIT SIGLE FONCTION

01

02

- Coopératives d'épargne et de crédit - Caisse d'épargne du Congo

-COOPEC
-CADECO

Gestion et

promotion de

l'épargne et le

financement de
l'économie.

03

Institutions financières spécialisées

-SONAS
-INSS

Gestion de

l'épargne contractuelle et
individuelle

- Société nationale d'assurance

- Société nationale de sécurité sociale

04

Société Financière

-SOFIDE
-FPI

Financement des

opérations à CT,
MT et LT, et le

financement de
l'industrie nationale.

- Société financière de développement - Fonds de promotion industrielle

Source : Banque Centrale du Congo

Cette structure nous la présentons dans le tableau suivant pour montrer la dispersion géographique des institutions financières dans toutes les provinces du Congo.

Dans ce tableau, il s'agit de montrer, la couverture du pays par les IFB et IFNB et aussi de voir s'il existe une proportionnalité entre la densité de la population et le nombre de guichets bancaires et autres qui constitue l'un des indicateurs par lequel on peut mesurer le niveau de circuits financiers d'une économie.21 Il apparaît que le taux de densité bancaire est de 51280 habitant/ guichet. Les banques et autres établissements de crédit sont tous basés à Kinshasa, les disparités sont énormes et sont à la base des externalités négatives dont nous avons parlé précédemment.

Notons que la plupart de banques installées en République Démocratique du Congo sont des banques de commerce qui s'intéresse au financement des activités d'import - export. Outre les banques de dépôt, les institutions financières spécialisées sont également basées à Kinshasa. En sommes toute, le poids des institutions financières est perçu à travers le soutien au processus de développement d'une économie dans son ensemble et dans son mode de rapprochement de différents acteurs de la vie économique nationale. Le tableau 4 présente l'évolution de financement dans les différents secteurs de l'économie de la République Démocratique du Congo et fait une différence entre le crédit à court terme et le crédit à long terme.

21 V.P KINZONZI, Gestion financière et développement, CCFD Tome V, 2000, P43.

Tableau n° 3 : Répartition Géographique des Etablissements de crédit en R.D.C.

Banques

Sièges

Nbre de
Guichet

Kinshasa

Sud
Kivu

Nord-
Kivu

Maniema

P. Orient.

Katanga

Kasai-Oc.

Kasai-
Orient

Bas-
Congo

Bandundu

EQUAT

Raw Bank

Kinshasa

1

Kinshasa

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

BCDC

Kinshasa

21

Kinshasa

Bukavu Uvira

Butembo Buta

Goma

Beni

Kindu Kalima

Isiro Kisangani Bunia

Kalemie L'shi. Kongolo

Kananga
Tshikapa

Mbuji-M.

Matadi

 

Gemenas Gbadolite

BIC

Kinshasa

3

Kinshasa

 

Butembo

 
 
 

----

 

Matadi Moanda

----

----

UBC

Kinshasa

13

Kinshasa

Bukavu

Goma

Beni Butembo

 

Isiro

Kisansa Bunia

L'shi Kolwezi

----

Mbuji-M Mwena-D

Boma

----

----

BIAC Kinshasa 3 Kinshasa L'shi Kananga --- --- ----

CB Kinshasa 1 Kinshasa

SBC

Kinshasa

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

AUTRES

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

SOFIDE Kinshasa 4 Kinshasa Goma Kisangani L'shi Kananga

FPI Kinshasa 2 Kinshasa L'shi

SONAS

Kinshasa

11

Kinshasa

Bukavu

Goma

 

Kisangani

L'shi

Kananga
Tshikapa

Mbuji-M

Matadi Boma

Kikwit

Mbandaka

CADECO

Kinshasa

61

Kinshasa

Bukavu Uvira

Butembo Goma Mushi

Kindu Kangongo

Isiro Kisangani Bunia

Aketi

L'shi Kalemie Kolwezi Likasi Kamina Kipushi Kongolo Kasumbal

Kananga Tshikapa Ilebo

Luebo Tshimbulu Tshilenge Lupata Mapangu Mulundu Mbanga

Mbuji-M Ngandajik Lodja Mwena

D.

Kabinda Miabi Lusambo

Matadi Boma Tshela B.-Ngung Moanda Luozi Kwilu-Ng Masimani. Kimpese

Kikwit Inongo Bandundu Idiofa

Nioki

Mbandaka Yangambi Gemena Bumba Beonde Gbadolite Bolobo

SOURCE : BANQUE CENTRALE DU CONGO

Tableau 4 : Financement des secteurs économiques en R.D.C (en milliers de CDF)

Libellés

Crédit décaissement

Crédit à CT

Industrie- manufacture

Distribution

Agriculture

Transport

Autres

Crédit à MT

Investissement Product°

Prêts spéciaux

Autres

Crédit d'engagement

Crédoc à l'export

Crédoc à l'import

Payable à l'embarquem.

P. à délai d'embarq

Autres

Total = I + II

1997

22.201,9

22.078, 8

2.743,0

371,7

12.034,8

285,2

6.644,1

123,1

123,1

----

----

47.186,1

846,2

31.882,4

2.693,5

29.188,9

14.457,5

69.388,0

1998

62.993,7

59.464,2

6.470,6

9.804,6

22.240,8

2.771,6

18.177,6

3.529,5

 

3.529,5

 

46.679,7

4.296,3

25.116,0

4.526,5

20.589,5

17.267 ,5

109.673,4

1999

255.821,0

255.744,7

54.105,5

54.558,2

58.704,4

15.789,5

67.527,3

76,2

----

----

76,2

83.735,6

1.881,4

35.230,9

3.350,0

31.880,9

46.623,3

339.556,6

2000

2.054.374,6

2.052.682,8

421.639,8

439.149,4

574.661,6

143.295,1

473.455

1.691,8

----

----

1.691,8

601.819,0

13.530,9

292.262,9

27.356,8

264.897,1

296.025,2

2.656.193,6

2001

10.039.192

10.025.410

1.770.748

1.792.499

2.928.996

423.455

3.109.712

13.782

----

3.722

10.060

4.704.670

41.894

2.706.592

81.286

2.625.306

1.956.184

14.743.862

2002

12.681.366

12.638.431

2.185.556

3.331.756

1.324.842

669.241

5.127.026

42.935

----

9.508

33.427

4.687.890

18.660

1.713.002

394.393

1.318.609

2.956.228

17.369.256

2003

15.482.092

14.916.448

2.104.585

2.938.319

869.352

769.904

8.234.228

765.644

----

6.131

559.513

8.409.765

3.635.800

37.503

----

----

4.736.462

27.342.501

I

A

1

2

3

4

5

B

1

2

3

II

2

--

---

3

SOURCE : Rapport de la Banque Centrale du Congo 2003-2004

Par ailleurs, la profession bancaire connaît ces dernières années des profondes mutations dues notamment à la mondialisation des activités financières, à l'interconnexion des marchés et à l'informatisation de plus en plus poussée de la gestion.

Ces mutations amplifient les risques traditionnels de la profession autant qu'elles en font naître des nouveaux, rendant nécessaire la mise en place des dispositifs adéquats d'encadrement axés sur le contrôle prudentiel que sur les vérifications sectorielles à posteriori.

Dans la mesure où la République Démocratique du Congo se lance dans de profondes reformes de sa gestion monétaire, cette nécessité se ressent avec autant d'acuité que le succès de celle-ci repose dans une large mesure sur la bonne santé du secteur financier en général et du système bancaire en particulier en tant que principal vecteur de la politique monétaire.

La mise en place de ces dispositions passe par l'institution d'un cadre juridique adapté, appelé à remplacer l'Ordonnance-loi n° 072-004 du 14 Janvier 1972 relative à la protection de l'épargne et au contrôle des intermédiaires financiers, dite la « loi bancaire ».

La nouvelle loi bancaire22 se propose de définir un cadre unique couvrant l'ensemble des activités du secteur financier dont certaines échappent aux dispositions de l'Ordonnance-loi n° 072-004 du 14 Janvier 1972 précitée. En effet, le champ d'application de cette Ordonnance-loi ne couvre que partiellement les activités du secteur financier, de sorte qu'une partie importante de celle-ci échappe à la réglementation et au contrôle de l'autorité monétaire.

La nouvelle loi offre l'avantage de couvrir les entreprises du secteur financier et les définit à partir de leur fonction économique qui la réalisation des opérations de banque. Les opérations des banques sont subdivisées en trois catégories distinctes à savoir :

- la réception des fonds du public ;

- les opérations de crédits ;

- les opérations de paiement et la gestion des moyens de paiement .les opérations connexes sont énumérées de façon non exhaustive à l'article 9. La nouvelle loi bancaire regroupe, sous le vocable nouveau d'Etablissement de crédit, les entreprises limitativement identifiées ci-après :

1. Les banques ;

2. Les coopératives d'épargnes et de crédit ;

3. Les caisses d'épargne ;

4. Les institutions financières spécialisées ;

5. Les sociétés financières.

L'élargissement du champ d'application de la nouvelle loi est inspirée par le souci d'universalité et n'affecte ni la diversité du système financier national, ni la particularité de chaque catégorie d'Etablissements de crédit, qui sont régis par des dispositions spécifiques. Ce souci transparaît à travers les articles 2 et 3.

CHAP.II. LE CONTEXTE MACROECONOMIQUE ET LE VISAGE
DE LA MICROFINANCE EN RDC

II.1: INTRODUCTION.

L'offre de microfinance est conditionnée par le contexte politique, social et économique général du pays. Etablir le contexte de la République Démocratique du Congo, c'est prendre en considération comme nous le montre le schéma 2.1, les facteurs contextuels qui ont une incidence sur l'offre et la demande d'intermédiation financière.

Schéma 2.1 : Comprendre le contexte de la République Démocratique du Congo

Intermédiaires financiers

Institutions du secteur formel

Institutions du secteur semi - formel

Institutions du secteur informel.

2. Politique financière et cadre juridique ;

- Le taux d'intérêt

- L'obligation imposée par l'Etat congolais ;

- L'application du contrat financier ;

3. Réglementation et supervision du secteur financier.

Facteurs contextuels

1. Politique économique et sociale ;

- stabilité économique

- Niveau de richesse

- Politique gouvernementale.

Femmes ;

Microentrepreneurs ;

Paysans/ maraîchers
non propriétaires ;

Population immigrée ;

Population locale ;

Personnes à faible revenu vivant dans les provinces enclavées ou défié

Clients

Source : l'auteur

Par ce schéma nous voulons montrer les interrelations et les implications qu'il y a entre d'une part les intermédiaires financiers et l'Etat, et d'autre part entre ce dernier et les clients. Cela veut dire que ; l'intermédiation financière ne doit pas être comprise en dehors du contexte macro-économique général de la République Démocratique du Congo.

La République Démocratique du Congo pendant plusieurs décennies a connu différentes crises politiques qui l'ont amené à mettre en place diverses politiques économiques pour sortir de l'impasse. Cela se justifie par la présence continuelle des institutions de Brettons Woods, mais également par adhésion aux différentes organisations à caractère régional ou continental. Il sied de remarquer que ces différentes crises ont engendré la pauvreté dans tout le pays et ont permis

aux chercheurs de se pencher sur la question et diverses solutions ont été envisagées.

Le présent chapitre brosse succinctement l'aspect général de l'économie congolaise dans le cadre du programme économique du gouvernement (PEG), ce programme couvre la période de notre étude ; le chapitre aborde la présentation et l'état de lieu ou le visage de la microfinance et en République Démocratique du Congo, en passant par le lien étroit qui existe entre la microfinance et la réduction de la pauvreté.

II.2 : ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE DE LA R.D.C. DANS LE CADRE DU PEG.

II.2.1. Objectif principal du PEG.

Dans le cadre de son programme économique le gouvernement s'était assigné un double objectif : la consolidation de la stabilité macro-économique et la relance de la croissance afin de réduire la pauvreté. A cet effet, il a mis en place :

Une politique budgétaire rigoureuse axée sur l'optimisation des recettes et la maîtrise des dépenses basées sur le respect de la procédure de la chaîne de dépenses et l'engagement des dépenses sur base caisses c'est à dire en fonction des recettes effectives et du plan de trésorerie préétabli.

Une politique monétaire prudente en matière d'émission monétaire et des avances au Trésor public.

Des réformes structurelles tous Azimuts pour la redéfinition du rôle de l'Etat en tant soutient, plutôt que compétiteur du secteur privé, par la création d'un environnement économique et juridique propice à la promotion et au développement du secteur privé en tant que moteur de la croissance et pour l'instauration des mécanismes de bonne gouvernance.

Le Ministère des finances qui a piloté la mise en oeuvre de ce PEG dans le cadre de ses missions qui sont notamment :

La conception, l'élaboration et la mise en oeuvre de politique du gouvernement en matière financière, douanière, fiscale, ainsi que des réformes structurelles ;

La mobilisation des recettes courantes et des recettes extérieures dont le gouvernement a besoin pour son fonctionnement et ses investissements publics

La maîtrise des dépenses publiques ;La gestion de la dette publique.

II.2.2 Les résultats macro-économiques.

La croissance économique s'est poursuivie en 2004 et 2005 avec un taux de 6,8% et 6,6% respectivement , contre 6% initialement prévu et 5,6% enregistré en 2003, grâce à l'impulsion venue des toutes les branches d'activités. Cette croissance est ininterrompue depuis 2001 comme l'indique le graphique ci-dessous :

8

6

4

2

2000 2001

0

2002 2003 2004 2005

-2

-4

-6

-8

Graphique 2.1 : taux de croissance économique en R.D.C Source : Revue du Ministère du Budget. 2005.

Tableau n°5 Evolution des indicateurs réels et des finances publiques 2000-2005

 

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Réalisé

Réalisé

Program. Réalisé

Program. Réalisé

Program. Réalisé

Réalisé

Production & Prix

 
 
 
 
 
 
 
 

Taux de croissance -7 ,0

-2,0

3,0

3,5

5,0

5,7

6,3

6,8

6,6

Taux d'inflation Moyen 550,0

25,3

25,3

25,3

12,8

5,0

6,0

6,0

----

Fin de période 511,0

15,0

15,0

15,8

----

4,4

9,2

6,0

22,0

Taux de change Moyen ----

347,9

---

---

----

404,7

418,0

398,3

---

Fin de période 50,0

312,0

382,0

382,0

382,0

397,8

372,5

444,1

444,1

FINANCES PUB (en % du Pib)

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Recettes totales

5,1

6,2

8,5

8,3

10,1

9,2

15,1

11,6

19,0

RT hors Dons 5,1

6,2

8,2

7,9

8,2

7,7

9,2

9,6

10,5

Dons 0,0

0,0

0,3

0,4

1,9

1,5

5,9

2,0

8,5

Dépenses totales 11,1

7,9

6,8

10,3

13,2

13,6

15,3

13,1

22,4

Solde primaire (base caisse) - 3,9

0,6

1,2

1,4

0,5

-1,0

-0,9

-2,4

1,1

Solde général consolidé (base caisse)

- 6,0

-1,7

1,7

-2,0

-3 ,1

-4,4

-3,8

-1,6

-3,4

Source : Revue du ministère du Budget

Le taux d'inflation s'est inscrit en hausse de 9,2% contre un objectif initial de 6% revu à 8% en novembre 2004 et 4,4% réalisé en 2003 comme nous l'avons présenté dans le tableau ci-haut. Grâce à une gestion rigoureuse de finances publiques et une politique monétaire prudente depuis le PIR, l'inflation a été contenue à des niveaux favorables à la croissance économique comme l'atteste le graphique ci-après :

Graphique 2.2. Taux d'inflation et Taux de croissance en R.D.C.

8

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

600

 
 
 
 
 
 
 
 
 

6

 
 
 
 
 
 

2004

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2003

 
 
 
 
 

500

4

 

2002

 
 
 
 
 
 
 
 

2

0
-2

 
 
 
 
 
 
 
 
 

400

300

200

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

-4

2001

 
 
 
 
 
 
 
 
 

-6
-8

 
 
 
 
 
 
 
 
 

100

0

2000

 
 
 
 
 
 
 
 
 

: Taux de croissance : Taux d'inflation

Source : Revue du Ministère du Budget.

Les difficultés d'ordres sécuritaires nées des événements de l'est du pays ont induit une expansion des dépenses publiques avec pour effets un accroissement de l'offre de monnaie supérieure à la demande. Il en est résulté une montée de l'inflation à partir du dernier trimestre 2004 qui s'est estompée dès 2005 grâce aux mesures correctrices prises par le gouvernement.

Le taux de change est demeuré stable depuis 2001, il s'est même apprécié en 2003 et au début 2004. Les perturbations monétaires au dernier trimestre 2004 ont provoqué un dérapage du taux qui passé de 375.5CDF/USD à

513CDF/USD à fin Avril 2005. A ces jours on observe une tendance baissière qui situe le de change à 440CDF/USD suite aux mesures correctrices rappelées ci-dessus.

Résultats au niveau de la gestion de finances publiques

Comme indiqué ci-dessus, la politique budgétaire a été caractérisée par des actions de maximisation de recettes et la maîtrise des dépenses en vue d'améliorer la qualité de la gestion interne des finances publiques comme l'attestent le tableau n° 5.

Les recettes hors Dons exprimées en % du PIB ont maintenu une tendance croissante depuis 2001. Les dépenses en % du PIB se seraient accrues, mais à un rythme inférieur à la progression des recettes jusqu'en 2003. La tendance en 2004 reflète les conséquences négatives des facteurs sécuritaires mentionnés ci-haut sur l'allure de solde primaire intérieur (opération sur les ressources extérieures exclues).

Cependant, par rapport au résultat enregistré au premier trimestre 2005 (mobilisation plus accrue de recettes et la maîtrise des dépenses), il a été constaté une amélioration de la tendance du solde primaire 2005.

Enfin, la transition politique issue de la négociation de Sun City touchant à son terme ; les enjeux électoraux et autres ont eu des effets puissants sur le cadre macro-économique en général et sur le programme économique du gouvernement en particulier, entraînant par là, la suspension du PEG et son remplacement par le Programme Relais de Consolidation (PRC) ; jusqu'à l'installation des nouvelles institutions issues des élections en 2007.

ENSEIGNEMENT ET INTERROGATIONS

S'il n'existe pas de consensus sur la manière dont la croissance recherchée par le PEG et la distribution des revenus interagissent et si les conclusions des études empiriques ne se rejoignent pas toujours, il est en revanche possible d'affirmer aujourd'hui :

Que la croissance seule ne suffit pas à réduire la pauvreté ;

Que redistribuer les revenus et les actifs pour augmenter le bien être social en République Démocratique du Congo n'est pas forcement nuisible à la croissance.

Cela étant, nous soulignons que si, sur le plan théorique le dilemme équité-efficacité ne se pose pas systématiquement ( puisqu'il existe des politiques de réduction de la pauvreté et/ou des inégalités qui accélèrent aussi la croissance), en

revanche, le dilemme existe presque toujours en pratique « ne serait-ce que par ce qu'on ne sait pas faire les redistributions des `capacités' requises sans donner la forme pratique des transferts des revenus, et que ces derniers peuvent réduire les incitations à accumuler des riches, donc de la croissance ; ou encore parce que les politiques de réduction des imperfections de marché sont elles soumises aux imperfections des institutions ».

Il y a complémentarité entre la lutte contre la pauvreté et la croissance économique au delà des difficultés « pratiques », dans la mesure où la pauvreté a beaucoup à avoir avec les imperfections de marché, celles-ci associées à une répartition inégale des actifs peuvent renfermer les populations dans des trappes à pauvreté.

L'impact de la microfinance sur la réduction de la pauvreté est indiscutable mais très spécifique à chaque pays ou chaque situation locale rendant vaine toute tentative de généralisation. En effet, les conditions économiques de la République Démocratique du Congo déterminent donc les canaux de transmission les plus pertinents.

Cette spécificité invite donc à adapter les politiques économiques sur la réduction de la pauvreté par les différents canaux identifiés. L'importance de ces canaux peut être modifiée par le choix d'autres politiques que le PEG seul ; de manière à faire évoluer la réduction de la pauvreté dans le sens souhaité.

II.3.UN NOUVEAU CANAL SPECIFIQUE : LA MICROFINANCE

II.3.1. Le contexte historique international

La microfinance est née dans les années 80, en réponse aux interrogations et aux conclusions d'études concernant l'offre publique de crédit subventionné destiné aux pauvres paysans. Dans les années 70, les organismes gouvernementaux se trouvaient à l'origine des principaux crédits à la production octroyés aux personnes qui n'avaient au par avant aucun accès aux institutions de crédits - et étaient obligées de recourir à des usuriers ou de louer leur force du travail.

Gouvernement et bailleurs des fonds internationaux ont reconnu le besoin des pauvres à accéder à un crédit peu coûteux et y ont perçu un moyen de promouvoir la production agricole par les petits propriétaires terriens.

Les bailleurs des fonds ont proposé du crédit agricole subventionné et crée en outre, des coopératives d'épargne et de crédit inspirées par le modèle RAIFFEISEN développé en Allemagne en 1864 ;ces coopératives financières se sont

concentrées essentiellement sur la mobilisation de l'épargne dans les zones rurales afin « d'apprendre aux paysans pauvres à épargner ».

A partir du milieu des années 80, le modèle de crédit ciblé subventionné préconisé par des nombreux bailleurs des fonds a fait l'objet des critiques sérieuses. En effet, la plupart de programmes accumulaient des pertes importantes et avaient recours à la capitalisation pour continuer de fonctionner.

Il devenait de plus en plus évident que les solutions fondées sur la loi du marché devraient être envisagées, ce qui a conduit à une approche de microfinance considérée dès lors comme partie intégrante du système financier global. L'accent ne fut plus mis sur l'octroi rapide des crédits subventionnés aux populations cibles, mais sur la création d'institutions locales pérennes au service des pauvres.

Parallèlement, des ONG locales ont commencé à rechercher une approche du développement à plus long terme que celle préconisant la généralisation de revenu sans perspective de viabilité. En Asie, le docteur MOHAMMED YUNUS aujourd'hui « Prix Nobel de la paix 2006 », au Bangladesh a montré la voie au projet-pilote des crédits de groupe destinés aux paysans non propriétaires. Cette institution devenue par la suite la Gramen bank, compte aujourd'hui plus de 2,4 millions des clients, dont 94% de femmes et, tient lieu de modèle dans des nombreux pays.

En Amérique latine23, ACCION international a soutenu le développement du crédit solidaire destiné aux petits commerçants en zones urbaines tandis que FUNDACION CARVAJAL a développé avec succès un système de crédit et de la formation pour les entrepreneurs individuels.

Le secteur financier formel a également connu des changements. La Bank Ra kyat Indonesia, une banque agricole détenue par l'Etat, est passée d'une politique du crédit subventionné à une approche institutionnelle se fondant sur les principes du marché. Elle a également mis en place un système transparent de mesures incitatives qui récompense ses emprunteurs (des petits paysans) et son personnel lorsque les délais de remboursement sont respectés. Ses ressources provenaient essentiellement de l'épargne volontaire.

Depuis les années 1980, la microfinance connaît un essor considérable. Les activités de microfinance sont activement soutenues et encouragées par les bailleurs des fonds, ces derniers ciblent particulièrement les IMF qui ont pour objectifs de toucher le plus grand nombre et d'atteindre la pérennité financière. Dans les années 70 et largement encore les années 80, les IMF proposaient des services

23 JOANNA LEDGERWOOD ,Manuel de microfinance, Perspective institutionnelle et financière, BM,Washington DC 1999,p.33

comprenant à la fois du crédit et de la formation, pour lesquels elles avaient des subventions. Aujourd'hui l'accent est mis avant tout sur les services financiers.

Récemment, des ONG de microfinance (notamment PRO DEM/Banco sol en Bolivie ; K-REP au Kenya et ADEMI/Banco-ademi en République Dominicaine), ont entamé leur conversion pour devenir financières formelles, reconnaissant la nécessité de proposer des services d'épargne à leurs clients et de recourir aux sources des financement commerciales plutôt que de dépendre des fonds octroyés par les bailleurs des fonds.

Cette reconnaissance de la nécessité d'atteindre la pérennité financière a conduit à l'approche qui prévaut actuellement en microfinance, celle des « système financiers », elle se fonde sur les principes suivants :

Le crédit subventionné nuit au développement ;

Les pauvres sont en mesure de payer des taux d'intérêts suffisamment élevés pour couvrir les coûts des transactions et les coûts induits par le fait que les prêteurs se trouvent dans un environnement de marché où l'information est imparfaite ;

L'objectif de pérennité (qui consiste à couvrir les coûts et à dégager enfin de compte un bénéfice) est fondamental, non seulement pour la continuité de l'activité de crédit, mais également pour améliorer l'efficacité des IMF.

Les sommes accordées aux pauvres sont modestes ,aussi ; pour devenir pérenne les IMF doivent opérer une échelle suffisamment large ;

La croissance de l'activité du client ou l'impact du crédit sur la pauvreté étant difficile à évaluer, la portée et le taux de remboursement tiennent lieu d'impact

Cette approche repose sur l'hypothèse essentielle que des nombreux pauvres sont des demandeurs des crédits productifs et sont en mesure de les absorber et les utiliser. Or, le développement de la microfinance s'est accompagné de la découverte dans biens des cas que les pauvres ont besoin d'actifs sûrs et des crédits à la consommation au moins autant, voir davantage parfois, que les crédits productifs. Les IMF ont commencé à répondre à ces besoins en proposant de service d'épargne volontaire et d'autres types des crédits.

II.3.2 Les circuits financiers informels ou semi-formels

Les circuits financiers informels couvrent les opérations de toutes les entités licites mais non réglementées telles que les associations d'épargne et de crédit (à fond tournant ou non), comme les tontines ; ainsi que les prêteurs sur gages, les encaisseurs de fonds ( buakisa carte) et autres prestataires des services financiers. Leur caractéristique principale est d'être en dehors d'action juridique, fiscale, réglementaire et prudentielle des autorités monétaires et financières.

Une classification élémentaire utile consiste à distinguer d'un coté un système informel spontané (autonome) qui comprend les associations de type tontines, prêteurs sur gage et autres mécanismes similaires qui existent indécemment de tout contrôle public du secteur formel et de l'autre coté les mécanismes informels qui se créent pour combler des vides du système financier formel ou contourner les répressions financières auxquelles est soumis le secteur formel.

On ne dispose pas des statistiques globales sur le champ d'action et l'importance relative des circuits financiers informels et semi-formels dans la province-ville de Kinshasa, mais l'enquête par sondage a été effectuée et quelques données anecdotiques dont on dispose donnent à croire qu'ils occupent une place importante dans le secteur financier congolais.

Certes, les circuits financiers informels et semi-formels comportent des inconvénients intrinsèques à divers égards : économies d'échelles transformations des échéances ; transferts spatial de l'épargne ; prédominance des transactions en espèces, gamme des échéances des instruments et des opérations et enfin très faible rôle d'intermédiation. En fait, on ne peut remédier à ces problèmes qu'avec un système formel adéquat et efficace ce qui suppose en premier lieu des mécanismes également efficaces pour intégrer ces activités au secteur formel.

Les possibilités du système au plan de la collecte de l'épargne des particuliers et au plan de la décentralisation du crédit sont déterminées par son rôle et la façon même dont il fonctionne, le fait qu'il traite l'épargne des particuliers est manifeste, en ce sens que, d'une manière générale les sommes moyennes épargnées sont très modestes et les soldes moyens des comptes sont généralement inférieurs au minimum exigé par les banques commerciales. Les renseignements dont dispose confirment les aspects généraux suivant du système financier informel et sémi-formel en République Démocratique du Congo :

Le secteur informel est beaucoup plus étendu et varié que le secteur formel et exception faite du financement à long terme, il assure la plupart des services financiers fournis au secteur rural ;

Il existe des systèmes collectifs d'épargne et de crédit informels spontanés, bien établis et efficaces dans pratiquement toutes les villes de la RDC Ils sont fondés sur le volontarisme, l'autonomie, les faibles coûts des transactions et d'information, la commodité, la souplesse, la confiance et les garanties intangibles (souvent une promesse orale) ;

Le secteur informel assure essentiellement la mobilisation des dépôts et la garde des fonds, mais pour la distribution de crédit, il est basé sur les avantages que constituent l'information et les faibles coûts des transactions qui constituent aussi une forte incitation pour les petits épargnants malgré les taux d'intérêts élevés

prélevés sur les sommes empruntées. En fait les institutions qui offrent à la fois des services de crédit et de dépôt ont une performance qui sensiblement meilleurs que seules qui acceptent que les dépôts.

L'épargne mobilisée par les tontines, les associations d'épargne et de crédit, et le système de carte est préemptée généralement par l'Etat.

Le secteur financier sémi-formel reproduit le biais du système du système formel en faveur de ville, en ce qu'il draine l'épargne rurale pour alimenter la distribution de crédit en milieu urbain,

Paradoxalement, malgré les avantages évidents des circuits financiers informels et semi-formels à Kinshasa tout le monde les condamne, sauf pour ce qui est des « coopératives d'épargne et de crédit agréées ». Ce qui montre bien les difficultés de l'activités financière informelle en République Démocratique du Congo . L'attitude de pouvoir public devra changer radicalement avant que les politiques adéquates puissent être mises en place.

3.3 Les coûts et avantages du dualisme financier au Congo.

Avant tout, comprenons d'abord la catégorisation, les opérations et les services de microfinance tels que pratiqués en R.D.C. dans le tableau ci-après :

Tableau n°6 : comparaison des institutions de microfinance en R.D.C. et mobilisateurs informels.

 

Crédit

Epargne

Crédit-bail

Location coffre

Formation

 
 
 

Institution

Profession

 

Autres
opérations

 
 

Clients

Objectifs

Agrément

Caisse IMF

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Membres

Lutte contre la

pauvreté

BCC

Société MF

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Public

Lutte contre la

pauvreté

BCC

Entreprise MF

Oui

Non

Oui

Oui

Oui

Public

Lutte contre la

pauvreté

BCC

Carte Non Oui/NH Commerce Pharmacie Change... Public Imprécis Non

Tontine mut.(L) Non Oui/NH Commerce Culturelle Sociale... Membres Entraide Non

Tontine co.(M) Oui/NH Oui/NH Commerce Culturelle Sociale... Membres Entraide Non

Caisse mutuelle Oui/NH OUI/NH Sociale Culturelle Sociale.... Membres Entraide Non

Banque Lambert

Oui

Non

 
 
 

Public

Gain monétaire

Non

Source : C.MUYA et E. MUKUNDI, in mobilisation informelle de l'épargne dans la ville de Kinshasa, Séminaire IRES Avril 2006 Légende : L= likelemba ; M= muziki ; NH= profession non habituelle.

Selon l'article 4-9 de l'instruction n°01 de la BCC et de l'instruction n° 02 relative à la microfinance ; les IMF sont reparties en trois premières catégories du tableau ci-haut et expliquées dans la page qui suit :

1° Caisses de microfinance : (Capital initial : 15.000 USD), elle collectent l'épargne de leurs membres pour l'affecter à des opérations de microcrédit à leur profit.

2° Sociétés de microfinance : (Capital initial : 50.000 USD),elle collecte l'épargne du public et lui octroie du microcrédit.

3° Entreprises de microfinance : (Capital initial : 100.000 USD),

Elles accordent de microcrédit au tiers. Elles ne peuvent collecter l'épargne que si elles y sont autorisées, à titres accessoires par la BCC.

De cette comparaison du tableau n°6, deux thèses s'opposent sur la question de savoir s'il faut mettre en oeuvre une stratégie de réduction du dualisme financier au Congo au bénéfice du circuit moderne :

Celle qui considère que le secteur informel rend des services appropriés dans les zones éloignées et à des segments de la population ou à des activités économiques qui ne peuvent pas avoir accès aux circuits bancaires ;

Celle qui soutient- que le dualisme financier comporte des surcoûts considérables et des pertes en terme d'efficacité et d'organisation qui sont supportés par une partie de la population.

Les arguments de part et d'autres peuvent être repris autour de quatre préoccupations suivantes :

Sur la mobilisation de l'épargne : les coûts de gestion et de l'intermédiation dans le secteur informel sont faibles, il offre en outre des facilités qui incitent les épargnent à accumuler des petites sommes qui autrement auraient été dépensées à des fins de consommation ou thésaurisées. En fin, les systèmes informels échappent au problème de crédit non remboursés qui mine le secteur officiel, en raisons des liens essentiellement sociaux et personnels qui caractérisent les transactions financières dans ce secteur.

Sur l'affectation des ressources : Il y a souvent un lien direct et visible entre l'acte d'épargne et d'investissement dans le secteur informel. Cette proximité garantit la sécurité et la confiance dans les allocations des ressources. Mais la réduction du dualisme entraînerait une diffusion sectorielle et géographique de l'épargne en direction des secteur, les plus moteurs, et donc elle serait favorable à toute l'économie.

d'un groupe cible ou d'un secteur donné notamment dans le monde rural sont inexistants.

Mais, lorsqu'un niveau considérable des liquidités mobilisables échappe au secteur bancaire comme c'est le cas en R.D.C où 86% de la masse monétaire circule hors le circuit bancaire, les ressources potentielles du secteur formel se trouvent réduites, les agrégats sont mal connus et la définition de la politique monétaire et financière se révèle difficile.

Sur l'équité sociale : la segmentation des marchés introduit une sorte de spécialisation de fait en vertu de laquelle chaque secteur répond le mieux aux besoins de son segment selon ses avantages comparatifs propres.

Mais le secteur informel pratique des taux usuraires du fait d'inégalités d'accès aux ressources et de « l'effet d'influence » (lié en pratique aux pressions sociales traditionnelles), qui met les prêteurs dans une position privilégiée pour profiter d'une demande fortement inélastique entraînant les emprunteurs dans un cycle infernal de désépargne et de l'endettement perpétuels.

Nous ouvrons dans cette étude le débat. Si l'on considère que les coûts impliqués par la persistance du dualisme financier en R.D.C. l'emporte sur les avantages qui peuvent en être tirés, il faut mener une stratégie de la réduction du dualisme. Mais une telle évaluation est inévitablement difficile. Des formules d'articulation sont néanmoins ouvertes quand par exemple comme nous le verrons, le crédit aux microentrepreneurs joue un rôle des « grossistes » dans le financement des opérateurs des microcrédits.

L'intégration de deux secteurs24 ne peut toutefois être que progressive, « par un processus de croisement de deux secteurs, plutôt que par la pure substitution de l'un à l'autre, du moins dans les premiers stades (CT et MT). Il faut agir dans deux directions :

Institutionnaliser le secteur informel ;

Déformaliser en partie le système bancaire congolais.

Il faut admettre la coexistence pendant toute la période de transition de deux systèmes avec des normes différentes et chercher à organiser leur complémentarité.

24 GERMIDIS D. et MEGHIR E.. ,Système financier et développement :quels rôles pour les secteurs financiers formels et informels ? étude du Centre de développement de l'OCDE, Mars 1991, cité par PIERRE JAC. Et MARC RAFFINOT in la nouvelle politique économique pour l'Afrique, Ed. EDICEF/AUPELF, P.201-02

II.4: LE VISAGE OU ETAT DE LIEU DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE ET FINANCEMENT
DES ACTIVITES GENERATRICES DE REVENU.

A travers cette section, nous voulons éveiller la curiosité des chercheurs et des décideurs sur l'importance grandiose du secteur de la microfinance ainsi que les pistes susceptibles d'aider les institutions de microfinance (pour la plupart émergente) à financer les microentreprises afin que soit réduit le chômage, la misère et la pauvreté.

II.4.1. Etapes des IMF en République Démocratique du Congo.

L'avant 1960 ou la période coloniale : la colonisation n'a pas laissée les IMF se développer de manière autonome. En retour elle a pensée à la création de la Caisse d'Epargne du Congo (CADECO) en 1951, afin de promouvoir l'épargne, éduquer la masse, collecter et placer l'épargne à la disposition de l'économie nationale.25

La deuxième période est celle de 1960-70 : elle est marquée par la promotion monopolistique de la CADECO, mais dommage qu'elle ne prête pas aux petits épargnants ; les tentatives de la création de Caisse de l'immobilier, cas d'office national de logement (ONL), de la Caisse pour le crédit et l'épargne immobiliers (CNCE) ; et la promulgation en 1962 de la loi organisant les mutuelles mais elle ne permit pas à ces mutuelles de faire de l'épargne ni d'octroyer du crédit.26

La troisième période va de 1970 à 1990 : elle est caractérisée par l'émergence des coopératives d'épargne et de crédit, si bien que certains ont crû à une solution pour le développement de la République Démocratique du Congo. Les COOPEC qui se fondent sur les principes d'entraide, de solidarité et d'identité du bien puisent leur essence dans les principes de coopération.

La quatrième période va de 1990 à nos jours : elle est caractérisée par les activités multisectorielles, dans lesquelles la République Démocratique du Congo s'enlise, elle a eu entre autre la réduction des activités banques traditionnelles en faveur du secteur informel ; cette période est aussi caractérisée par culture de la pauvreté. Cette culture de la pauvreté peut s'interpréter comme une dérivée de la pauvreté généralisée qui frappe les PED.

En se référant à un contexte donné, celui de la République Démocratique du Congo, cette notion prend une connotation et un contour précis. En effet, face aux insuffisances du cadre formel des réponses aux attentes sociales, la culture de la pauvreté se révèle l'expression d'un type de comportement

25 IICE , Manuel international des caisses d'épargne, Genève 1975,P.69 .

26 RAMAZANI DIHUMBA, Discours-allocution de la restitution des conclusions de l'évaluation du RIFIDEC, 2002.

normalement répréhensibles, mais qui, toléré par les instances dirigeantes, imprime certaines conduites sociales observables dans toutes les couches de la population.

Cette période dite de la deuxième République, caractérisée notamment par une impunité généralisée, a largement contribué à donner corps à cette culture, avec une exacerbation au cours de la période de transition démocratique, allant de 1990 à 1997.

Le vide juridique occasionné par un cadre institutionnel en déliquescence de même que le laisser-faire encouragé par la classe politique plus préoccupée à contrôler le pouvoir qu'à gérer l'Etat, ont conduit la population à reconquérir ses droits perdus, en se dotant de ses propres normes de sécurité - sécurité financière, économique, sociale,...-par des moyens licites ou illicites. Citons quelques exemples :

Au plan politique : la création de plus de 400 partis politiques sans idéologie définie et sans un projet de société à proposer, relève de cette culture. Le plus important dans ce cas, consistait à rassembler quelques membres de l'ethnie ou du clan, élaborer des statuts et se faire enregistrer comme parti politique, essentiel étant de marquer sa présence pour un partage équitable et équilibré du pouvoir.

Le pouvoir est dans ce cas rechercher en ce qu'il constitue un raccourci pour un enrichissement rapide. La conséquence qui en a découlé est celle de bloquer le bon fonctionnement des institutions du pays.

Au plan économique, on peut noter la prolifération des petites unités informelles de production et de commercialisation, non prises en compte dans le calcul du produit intérieur brut.

Selon plusieurs analyses de cette question, l'économie informelle a acquis en 1990 un poids équivalent à celui du secteur formel27pour le dépasser ensuite, en particulier dans le secteur de la production minière artisanale des matières précieuses. La précarité d'une telle organisation de l'économie se remarque dans le niveau de vie offert à la population.

Une étude récent menée dans une commune de Kinshasa montrait que si les familles à bas revenus parviennent à se restructurer et à s'adapter aux conditions difficiles de la vie grâce aux recettes générées par les activités parallèles dans l'informel, les petites unités de production individuelles souffrent souvent de toutes les sortes d'entraves, telles que les ruptures prolongées du courant

électriques, les tracasseries administratives, l'insalubrité de l'environnement, l'impraticabilité des routes,....

L'économique informelle reste donc une économie marginalisée, quoique socialement utile elle masque la réalité d'une pauvre toujours accrue et compromet les chances pour la population de reconquérir ses droits à la prospérité.

Au plan social : on notera la constitution des réseaux informels de solidarité structurés autour des quartiers, de l'ethnie, du clan ou simplement de l'amitié.

Contrairement aux objectifs poursuivis comme amortir le choc financier en cas de maladie ou de deuil, ces réseaux aident plutôt les individus à s'adapter au déclin, sans que la consolation, que ces réseaux apportent contribue à garantir un progrès social, économique, financier et moral durable des membres de même qu'une amélioration de la qualité de leur vie.

Au contraire, parallèlement aux réseaux de solidarité, se développement des stratégies de survie consistant en des mécanismes illicites d'accès aux ressources, tels que le détournements des deniers publics, corruption, des formes larvées de pillages, ce qu'on appelle de « coop. » ou « kobeta libanga », expression désignant une manière de se débrouiller en vue de résoudre un problème de survie.

Dans la pratique, ces solutions obtenues individuellement ou en en groupe se réalisent le plus souvent au détriment de l'Etat, de l'entreprise, de la société ou de toute autre institution.

La stratégie va changer, après un constat selon lequel, seul le microcrédit peut aider les pauvres à sortir de leur état, par le financement sur base pérenne des activités en se basant sur l'auto-responsabilité du bénéficiaire et le financement direct de l'activité productive génératrice.

Le sommet mondial de la microfinance tenu en Février 1997 à Washington a confirmé cette thèse et depuis, une campagne mondiale sur le sujet s'organise à travers le monde. La République Démocratique du Congo y a pris part en Novembre 2002 au sommet de New York à travers les délégués du Gouvernement, de la BCC, RIFIDEC et d'autres institutions s'intéressant à la microfinance

II.4.2 La création du Réseau des Institutions Financières Décentralisées au Congo (RIFIDEC)

Un autre chargement important ces derniers temps est la régulation du secteur de la microfinance. Les lois sur le rôle de la BCC ( n°005/2001), sur les coopératives d'épargne et de crédit (002/2002) et en générale sur les établissement

de crédit (003/2002), ainsi que l'instruction n°01 et n° 02 relative à la microfinance ont été promulguées. La loi sur les IMF non coopératives étant en préparation. Ce qui est visiblement positif à ce niveau pour le RIFIDEC est que tout agrément d'une IMF par la BCC est subordonné à l'adhésion ou à l'affiliation préalable au syndicat professionnel le RIFIDEC.

L'impérieuse nécessité de mise en commun des efforts des IMF, a aboutit à la création en Novembre 2000 avec appui de « GTZ », du RIFIDEC. Celui-ci est une émanation de la volonté des COOPEC, des IMF et des structures d'encadrement avec volet microfinance, regroupés pour mener une action commune en vue d'améliorer la qualité de leurs micro-services financiers et faciliter l'accès au financement des microentreprises. Dans ces objectifs globaux le RIFIDEC s'est donné pour mission :

- Assainir et promouvoir le secteur de la microfinance en République Démocratique du Congo ;

- Assurer la défense des intérêts des IMF ;

- Renforcer les activités institutionnelles de ses membres notamment par des appuis financiers (du moins jusqu'en 2002), par des appuis techniques (formation, suivi et encadrement) ;

- Mettre en place une banque des données du secteur (celle-ci fait du RIFIDEC, le seul centre d'information, même pour la BCC).

- De manière spécifique les objectifs du RIFIDEC sont les suivants : - Représenter la profession et défendre ses intérêts ;

- Assurer la cohérence, la concertation des intervenants en microfinance ; - S'assurer de l'utilisation d'outils et de méthodes de gestion fiables ;

- Organiser la communication et l'information ;

- Amélioration de l'accès des microentrepreneurs aux services de microfinance.

Dans ce sens, le RIFIDEC est accepté comme une plate forme et une association de microfinance en République Démocratique du Congo. La législation oblige les ONG de séparer leurs micro activités des activités à caractères sociaux aussi dans l'organisation que spécifiquement et de les déclarer comme IMF.

L'existence du RIFIDEC et particulièrement du fond d'appui expérimental a contribué à stimuler la naissance des certaines microentreprises. Leurs groupes cibles sont pour la plupart des couches de population très pauvres et marginales

II.4.3 Les acteurs du secteur de la microfinance en République Démocratique du Congo

Les acteurs du secteur de la micro finance en RDC ont été regroupés en cinq catégories (Figure 2) : les clients (la demande), les prestataires de services de microfinance (l'offre), les partenaires au développement, les structures d'appui et les autorités. Les traits caractéristiques de chaque type d'intervenant seront présentés ci-dessous ainsi que leurs rôles dans le secteur.

II.4.3.1 Les clients (Demande)

Bien que la demande en service de microfinance soit difficile à chiffrer, cette dernière est extrêmement importante en RDC. Cette demande potentielle est virtuellement inépuisable, 80% de la population Congolaise vivant dans la pauvreté. Parmi les clients de la micro finance au Congo se retrouvent les pauvres et les très pauvres, les vulnérables qui portent en eux les séquelles de la guerre, les

Microentreprises, mais également les petites et moyennes entreprises, délaissées par le secteur bancaire classique.

II.4.3.2. Les prestataires de service (Offre)

Une typologie des différents prestataires de service de microfinance a été présentée ci-dessus. Il est cependant difficile d'évaluer de façon quantitative l'étendue de l'offre de services de microfinance. En effet, bien que la Banque Centrale du Congo ait agréé à l'heure actuelle 8 institutions de microfinance, 32 coopératives d'épargne et de crédit et 2 banques de microfinance, plus d'une cinquantaine d'institutions ont actuellement démarré un processus d'agrément.

A ces opérateurs agréés ou en cours d'agrément, il faut également ajouter (i) les systèmes financiers décentralisés qui n'ont pas encore entamé le processus d'obtention de l'agrément, (ii) les organisations non gouvernementales qui proposent encore des services de microfinance et (iii) les nombreuses organisations informelles (tontines, groupes d'entraide, etc.) qui se sont développées à travers tout le pays.

II.4.3.3. Les structures d'appui

Trois types de structures d'appui au secteur de la microfinance sont généralement identifiés (bien que le développement de certaines de ces structures soit embryonnaire ou inexistant) :

- Les Structures de formation : Les structures de formation visent à contribuer au renforcement des capacités des différents acteurs de la microfinance par l'organisation de formations dans des domaines aussi variés que la comptabilité, l'analyse financière, la gestion des risques, etc.

Le CEFORMAD (Centre de Formation en Management et Développement organisationnel) a été créé en 1996 avec cet objectif. Ce dernier propose, en exclusivité pour la République Démocratique du Congo, les cours de microfinance conçus par le CGAP( consultative group to assist the poor ).

- Les Structures de services : Aucune structure de services (tels que des services de comptabilité ou d'audit par exemple), adaptée aux besoins des systèmes financiers décentralisés n'a actuellement été identifiée.

- Les Associations professionnelles : Le rôle des associations professionnelles est d'assurer la défense des intérêts de leurs membres, de favoriser leur collaboration et d'assurer la gestion de services d'intérêts communs (tels que formations, information ou encadrement).

Le RIFIDEC (Regroupement des Institutions de Financement Décentralisé du Congo) est souvent présenté comme une association professionnelle regroupant les institutions de microfinance du Congo. Cependant, à l'heure actuelle, cette organisation, bien qu'appuyée depuis 2000 par la Coopération Technique Allemande (GTZ) n'a pas d'existence légale au même titre que Union de Banques Congolaises ; et est encore en voie de professionnalisation. Le secteur de la microfinance en République Démocratique du Congo ne dispose donc pas encore d'association professionnelle.

II.4.3.4. Les autorités

La Banque Centrale du Congo est responsable de la mise en place du cadre juridique relatif à la microfinance et de l'implémentation de la supervision du secteur. En raison de l'émergence du secteur de la microfinance au Congo, une sous direction chargée de la microfinance a été créée en septembre 2000 au sein de la Banque Centrale. Celle-ci assure, à titre provisoire, un rôle d'encadrement des systèmes financiers décentralisés.

Le ministère de l'IPME (Industrie, petites et moyennes entreprises) compte parmi ses prérogatives la mise en place de stratégies efficaces de promotion du secteur de la microfinance en RDC. Il est également en charge de la mise en place d'une stratégie nationale de la microfinance.

II.4.3.5. Les partenaires au développement

Les bailleurs de fonds apportent un soutien à la fois technique, logistique et financier aux intervenants du secteur. Ils soutiennent généralement le secteur de la microfinance dans le cadre de programmes multisectoriels. Leur rôle consiste à assurer un

Renforcement des capacités du secteur tant au niveau technique qu'au niveau financier.

En conclusion, la présentation sommaire du secteur financier congolais mettant en évidence l'insuffisance de la couverture bancaire du Congo nous a permis de comprendre l'origine du développement extrêmement important des systèmes financiers décentralisés dans ce pays. L'essor des services financiers de proximité a été tel qu'il semblerait qu'il puisse représenter une alternative au problème de sous bancarisation auquel est confronté le pays.

Nous avons débuté l'étude du secteur de la microfinance au Congo par une présentation de ses différents acteurs. Les rôles que ces derniers exercent aujourd'hui dans le développement du secteur ainsi que les défis qu'ils devront relever, en particulier en ce qui concerne son institutionnalisation, sa professionnalisation, son encadrement et son assainissement ont été introduit et seront développés dans les chapitre suivants.

Figure n°2 les acteurs de microfinance en RDC

BCC
Reglement .& Supervision

IPMEA
Stratégies & Politiques

TRUCTURE S AUTORITES

AC

PN

T Trl

GTZ

PARTENAIRES AU
DEVELOPPEMENT

FL

TTT T

HCR

BM

USA ID

HO

DC

PRESTATAIRES DE SERVICES :offre

CLIENTS(demande)

Non conformes

Conformes

femmes pauvres

Très pau Vulnérabl

Tontines

SDF

ONG

Banqu

Cartes

Non agr

Agréés

Structures de
Formation

Associations
Professionnelles

Structures de
Services

~?

CEFOR RIFIDEC

53

Bailleurs de fonds

RIFIDEC

COOPEC I M F Caisse de Solidarité

Mutuelles

D'épargne et de ONG Associations

Crédit

Crédit

Épargne

Caisse communautaire

Crédit

Épargne

Membres

Schéma n°3 Le fonctionnement de la microfinance en R.D.C

Tableau n°7: Nombre des structures des microfinance selon leur localisation dans 8 provinces en
R.D.C

PROVINCES KINSHASA

Nombres d'IMF

LOCALISATION

64

Toutes les communes

BANDUNDU

24

Kikwit, Idiofa,Bandundu, Buungu,Dibaya

BAS-CONGO

26

Matadi, Inga, Kinza-vuete, Tshela, Luozi, Lukula, Inkisi,

Sekebanza, Banza-Ngungu, Kimpese, Kwilu-Ngongo

KASAÏ-OCC

35

 

KASAÏ-OR

12

 

KATANGA

26

Musoshi, Lubumbashi, Poleni,Kipopo

NORD-KIVU

SUD-KIVU

 
 

13

Goma, Kwanja, Beni, Butembo, Rutshuru, Tumani,

Kanyabayonga, Nyamilina.

 
 

16

Bukavu, Kaliba, Uvira, Ruhwindja.

Source : Condensé statistique RIFIDEC.

II.4.4. Intervention de la Banque Centrale du Congo et du RIFIDEC.

Les raisons qui militent en faveur de la reconstruction du pays par le financement des activités génératrices de revenu, reposent notamment sur le fait que ces entités ont un impact positif en situation post-conflit, car elles nécessitent moins des capitaux au démarrage et moins d'infrastructures que les grandes entreprises, mais aussi par ce qu'elles contribuent à générer des nouveaux emplois et par là, réduire la pauvreté. En outre, les MPE ont un impact social évident au regard de leur contribution au processus de redistribution de revenu.

Les contraintes au développement des PME liées notamment à l'environnement socio-économique, à la faible capacité managériale des promoteurs et surtout aux problèmes liés à l'accès aux sources de financement constituent un frein à l' expansion des dites entités.

S'agissant de la contrainte lié »e au financement, les experts préconisent la promotion des organisations de microfinance qui fourniraient les ressources nécessaires au financement et au développement de PME. Ceci est justifié par la présence en République Démocratique du Congo du RIFIDEC pour le secteur privé et de la BCC pour le secteur public.

Par ailleurs, ayant compris l'importance de la microfinance et au regard de l'ampleur que prend ce secteur en République Démocratique du Congo , la BCC a créé au sein de la Direction de supervision des intermédiaires financiers une sous- direction des COOPEC et des IMF depuis le mois de Septembre 2000.

En instituant cette sous-Direction, la BCC s'est fixée comme objectifs notamment la promotion, la rationalisation et la rentabilisation du secteur de la microfinance d'une part et d'autre part la création d'un système financier de proximité capable de collecter la petite épargne afin de financer sur une base pérenne les microentreprises et le ménages à faible revenu. Pour atteindre ces objectifs et par là assainir le secteur, la BCC dispose d'un cadre légal spécifique dont nous avons fait allusion précédemment.

En vue de consolider le partenariat avec les professionnels du secteur de la microfinance, des rencontres périodiques sont organisées soit à l'initiative de la BCC soit du RIFIDEC , celui-ci compte en son sein 201 institutions membres repartis en deux catégories à savoir, les membres effectifs qui sont au nombre de 75 dont 15 COOPEC, 57 IMF, et 3 structures d'encadrement ; et les membres auxiliaires au nombre de 126 dont 13 COOPEC et 113 IMF28.

Pendant cette période post-conflit, tous les efforts des intervenants vont dans le sens de doter des véritables institutions capables de générer des richesses afin d'accroître les microcrédit qu'elles distribuent.

II.4.4.1 Quelques appuis aux activités génératrices de revenu.

Les efforts déployés par la BCC et le RIFIDEC ont parmi d'obtenir les résultats qui sont au tableau n° montrant également l'ampleur des activités de microfinance en République Démocratique du Congo, à Kinshasa et d'autres provinces du pays.

Cette ampleur se manifeste clairement par le volume d'épargne accumulé qui s'élève à 4.273.440,8 USD appartenant à une clientèle large près de 89.867 clients. Cette épargne a permis l'octroi de microcrédit pour un volume de près de 2.351.194 USD touchant 26.700 bénéficiaires. L'épargne collectée et les microcrédits octroyés appartiennent à 142 institutions.

28 MICHAEL BRUNTRUP, Rapport du contrôle d'avancement, RIFIDEC Décembre 2002, P.4.

Tableau n°8 : Répartition du volume d'épargne et d'encours de crédits pour les IMF par Provinces.

PROVINCE

NOMBRE
DES
IMF

EPARGNE EN VOLUME

ENCOURS DE CREDIT

Nombre des
clients

Volume en USD

Nombre des
bénéficiaires

Volume en USD

KINSHASA NORD-KIVU SUD-KIVU BAS-CONGO BANDUNDU

64 23.028 849.394.702 3.202 238.961 ,63

13 32.503 1.106.264,2 16.665 458.504,98

16 13.671 405.395,78 3.160 540.610,86

26 18.238 1.811.012,1 1.948 945.518,58

20

1.080

71.673

561

50.870

KATANGA

3

1.347

29.701

1.164

107.643

TOTAL

 
 
 
 
 

142

89.867

4.273.440,8

26.700

2.351.194

Source : élaborée à parti de condensé statistique de RIFIDEC Tableau n° 9 : le financement des IMF de Kinshasa par RIFIDEC

Institutions
bénéficiaires

Montant en
USD

Montant en CDF

Nombre de micro Entrepreneurs bénéficiaires

01

ACCO Micro crédit

25.000,00

10.250.000,00

250

02

IDECOMI VPL

2.500,00

1.025.000,00

50

03

FOLECO (AVETOL)

5.500,00

2.225.000,00

18

04

ACT

3.000,00

1.230.000,00

15

05

APROSCAL

4.380,00

2.041.000,00

50

06

APR/LOKALI

372,00

1.527.000,00

32

07

AEDMT

4.528,00

1.856.000,00

28

08

FOLECO/RVA

5.000,00

2.050.000,00

18

 

TOTAL

54.223,00

22.223.530,00

461

Source : Dossier créance sur membres RIFIDEC

Pour la ville de Kinshasa nous présentons ici quelques éléments, car Kinshasa a été choisie dans la limitation du sujet de notre étude. Pour l'année 2002 le RIFIDEC soucieux de promouvoir les activités génératrices de revenus à les IMF, a accordé à huit IMF basées à Kinshasa dans le cadre de son fond d'appui expérimental , un financement de l'ordre de 22.2 millions de CDF comme présenté dans le tableau ci-haut.

· De la répartition géographique du crédit, il conviendrait de retenir ici que les activités génératrices de revenu des zones urbaines sont desservies à concurrence de 86% contre 14% pour les zones rurales .

· De la distribution par secteur : 63% sont alloués au secteur commercial ( à cause de sa vitesse de rotation), 19% à l'agriculture et 18% aux autres secteurs ( services, artisanat,...) ;

· L'épargne mobilisée par ces institutions au cours du même exercice s'élève à 162,8 millions de CDF et le volume des crédits distribués se chiffre à 354,7 millions de CDF, dont 289,8 millions proviennent du crédit d'appui à l'économie octroyé par le gouvernement et 48,1 millions octroyé par les bailleurs de fonds ;

· Ce financement a atteint au moins 461 entrepreneurs membres de ces IMF dont 80% de femmes. Le système de crédit rotatif des institutions de microfinance auprès de leur clientèle, fait que, plusieurs personnes bénéficient du même financement après remboursement du premier et donnent également la possibilité à un bénéficiaire du premier tour d'accéder à un nouveau crédit d'un montant croissant.

Contrairement aux coopératives, les IMF accordent plus de crédits aux activités génératrices de revenu appartenant aux femmes. Ces chiffres, bien que partiels traduisent le dynamisme qui a dans ce secteur et prouvent à suffisance que ce secteur est porteur d'espoir dans la lutte contre la pauvreté.

DEUXIEME PARTIE :
MICROFINANCE & DEVELOPPEMENT

Cette deuxième partie analyse l'impact social, économique et politique de la microfinance en République Démocratique du Congo (troisième chapitre). L'impact de la microfinance ainsi identifié, permettra enfin de proposer une politique pouvant aider à réduire les inefficacités et les imperfections de marché de crédit (chapitre quatrième) ; c'est par là que la microfinance pourrait contribuer à la fois à l'augmentation des revenus c'est à dire à stimuler la croissance, et à la réduction de la pauvreté en République Démocratique du Congo .

CHAP.III. L'ANALYSE DE L'IMPACT SOCIAL, ECONOMIQUE
ET POLITIQUE DE LA MICROFINANCE EN RDC

III. 1. L'IMPORTANCE DE L'ANALYSE.

L'analyse de l'impact des interventions en microfinance est essentielle lorsque celles-ci ont pour objectif ultime la réduction de la pauvreté comme cela est toujours le cas. Si les opérateurs de la microfinance en République Démocratique du Congo ne font pas l'effort d'identifier les personnes qu'ils cherchent à toucher par le biais des services de la microfinance et de déterminer les incidences ou les implications de ces services sur leurs vies, il devient difficile de justifier la microfinance en tant qu'outil favorisant la réduction de la pauvreté.

L'analyse de l'impact désigne au sens large, tout processus visant à déterminer si une intervention a abouti au résultat recherché. Si par exemple l'intervention concerne le programme de vaccination et que le but recherché est la prévention de la polio en République Démocratique du Congo, l'analyse d'impact mettra l'accent sur le taux de prévalence de la polio ; si elle démontre une baisse du taux de prévalence de la maladie attribuable aux vaccinations, l'impact du programme pourra être considéré comme positif. L'impact analysé doit correspondre au résultat recherché.

En microfinance, la question serait de savoir si le micro crédit, lorsqu'il est accordé, aide vraiment le bénéficiaire à se dégager d'une situation de pauvreté. Pour autant que nous le sachions cette question n'est pas abordée dans la littérature empirique sur le micro crédit en RDC, tout simplement par ce que nous manquons des données fiables.

En fait, il n'existe pas des données permettant de suivre ceux qui, après avoir bénéficié d'un micro crédit, n'en bénéficient plus. Cette interruption d'un crédit peut avoir plusieurs explications : les bénéficiaires peuvent y avoir mis fin parce qu'ils ne parvenaient pas à respecter l'échéancier de remboursement ; ils peuvent aussi ne pas avoir demandé le second crédit une fois le premier remboursé parce qu'ils n'en voyaient pas l'intérêt, ou encore la version positive de chose, le micro crédit leur a réellement permis de développer leur activité au point de pouvoir accéder au marché formel du crédit (ils ont été en mesure de présenter des garanties).

Le micro crédit ne pourra éventuellement briser le cercle vicieux de la pauvreté que dans le dernier cas de figure, c'est à dire lorsqu'il conduit à une utilisation plus efficace des ressources du ménage, globalement, à une forte croissance.

En attendant, nous sommes obligés de ne voir dans le microcrédit qu'un mécanisme de redistribution potentiellement puissant, notamment en raison de l'auto-selection qu'il provoque. Il devrait être évalué en fonction de sa capacité réelle à permettre la redistribution et à soulager les plus pauvres même s'il ne suffit pas, à lui seul, à les sortir durablement de la pauvreté.

III.2. LES DESTINATAIRES DE L'ANALYSE D'IMPACT EN R.D.C

En microfinance l'analyse d'impact peut être destinée aux : praticiens, bailleurs de fonds, décideurs et théoriciens.

III.2.1. Praticiens et Bailleurs de fonds se préoccupent en République Démocratique du Congo généralement autant d'améliorer les IMF qu'ils gèrent et appuient (FINCA-R.D.C, GTZ, FAO, Pro crédit Congo...), que de déterminer si leurs implications ont eu l'impact recherché.

Aussi sont-ils également intéressés par l'analyse d'impact en tant que forme d'étude du marché pouvant leur permettre d'approfondir leurs connaissances de la clientèle et d'améliorer ainsi leurs services. La mesure d'impact influence en outre les décisions d'affectations budgétaires.

III.2.2.Décideurs et théoriciens en République Démocratique du Congo s'intéressent à la seule mise en relation des effets de l'impact et les effets des activités de microfinance. Les données issues de l'analyse d'impact peuvent leur permettre d'influencer des changements des politiques et de décisions d'affectations budgétaires et de soulever le débat dans une optique correspondante.

L'impact à analyser doit être mise en corrélation avec le résultat recherché ; la plupart des IMF en République Démocratique du Congo avons nous constaté perçoivent la microfinance non seulement comme un moyen peu coûteux d'alléger la pauvreté, mai aussi comme moyen efficace de capter la masse monétaire oisive et importante et de l'introduire dans le circuit bancaire.

Cependant, les intentions et les attentes liées au programme de microfinance présentent dans leurs détails des différences considérables. Connaître la mission ou l'objectif d'une IMF constitue un bon point de départ pour les analyses d'impact.

Une étude de la Banque Mondiale portant sur les projets de crédits s'adressant aux petits micro entrepreneurs a mis en évidence les trois objectifs les plus fréquemment usités en République Démocratique du Congo :

+ Générer l'emploi et les opportunités par le biais de la création et du développement de microentreprises ;

+ Accroître la productivité et le revenu des groupe socialement vulnérables, en particulier les femmes et les pauvres ;

+ Réduire la dépendance de familles rurales vis-à-vis des risques de sécheresse par le biais d'une diversification de leurs portefeuilles et leurs activités génératrices de revenu29.

III.3. QUELS TYPES D'IMPACTS PEUT-ON OBSERVER EN R.D.C

III.3.1. Les critères indicatifs d'impact

Une analyse d'impact bien menée (donc fiable) s'est révélée difficile et coûteuse dans l'élaboration de cette étude. Face à cette situation nous avons opté dans ce travail un certain nombre de « critères indicatifs » d'impact.

L'accent n'est plus désormais mis sur l'entreprise individuelle ou le client des services financiers, mais sur les institutions qui proposent ces services. Cette approche dite des « systèmes financiers » accordent nécessairement une attention moindre à l'impact en terme de mesure de la croissance de l'entreprise, pour se concentrer davantage sur l'accès aux services financiers30.

III.3.1.1. L'IMPACT ORIENTE VERS LE CLIENT : LA VOLONTE DE PAYER

La volonté de payer est considérer comme un critère indicatif d'impact en raison d'un paradigme de l'économie du marché, selon lequel si un produit ou un service est proposé au client et que ce dernier l'acheter, c'est qu'il a de la valeur pour lui.

L'analyse d'impact en microfinance en République Démocratique du Congo met par conséquent en évidence le nombre des clients touchés et leur volonté de payer ; cela est indiqué par le résultat de l'enquête menée à Kinshasa dans la Coopérative d'Epargne et de Crédit de l' Union Nationale des Femmes (CECUNAF) qui accorde un montant de prêt maximum aux membres en fonction des niveaux de formation qui est indispensable et primordiale pour l'octroi du crédit.

> Pour les membres réguliers ou effectifs

Niveau 1 : 50.000 CDF = 132 USD >>>> taux de change=315CDF/USD
Niveau2 : 100.000CDF = 264 USD >>>> taux de change=385CDF/USD
Niveau3 : 250.000CDF = 658 USD >>>> taux de change=370CDF/USD

> Pour les membres auxiliaires :

29 WEBSTER,RIOPELLE et CHIDZERO, World Bank lending for small enterprises, 1989-93, World Bank Technical paper P.311, Washington D.C

30 OTERO MARIA et RHYNE ELISABETH, eds 1994, New World of microenterprise finance, West Hartford, conn : Kumarian Press P. 89

Niveau1 : 25.000CDF = 66 USD

L'obtention d'un montant supérieur est possible seulement lorsque le remboursement du niveau concerné a été fait dans les normes requises. L'aperçu triennal (2001-2003) sur le volume des prêts octroyés par la CECUNAF à ses membres est présenté dans le tableau ci-après, suivi de l'évolution de l'épargne à vue effectuée dans cette institution.

Tableau n°10 :Aperçu triennal sur le volume des prêts

DESIGNATION 2001 2002 2003 TOTAL

Montant de prêt

1.534.600 FC

224.500 Fc

4.625.000 Fc

6.384.180 Fc

4.872 USD 670 USD 12.500 USD 18.042 USD

Taux d'intérêt

10%/mois

10%/ mois

7%/ mois

 

Echéance

1 mois

1mois

4 mois

 

Taux de remboursement 75% 100% 69%

Taux de non remboursement 25% 0% 31%

Nombre de prêts 68 23 47 138

Source : Rapport d'activités CECUNAF.

Tableau n°11 : Evolution de l' Epargne à vue

DESIGNATION

2001

2002

2003

TOTAL

DEPOTS

CDF

162.935

295.650

843.650

1.302.235

USD

476

1.475

1.708

3.169

RETRAITS

CDF

59.700

182.700

339.000

641.300

USD

177

985

1.370

2.532

SOLDE

CDF

103.335

112.950

444.650

666.935

USD

299

491

3.380

632

Source: Rapport d'activités de CECUNAF.

Nous notons que le test de volonté de payer se fonde sur la logique suivante : les coûts d'acquisition de services financiers se présentent sous forme d'intérêts et frais de dossiers, auxquelles s'ajoutent le temps passé dans les réunions de groupe ou dans la démarche ayant trait à l'instruction du dossier de crédit.

Si les clients ont recours de manière répétitive à ces services et les payent à l'échéance et régulièrement, par conséquent, la valeur de ces services est alors selon toute évidence supérieure à leurs coûts. On peut alors supposer que les clients estiment que les avantages que lui procurent ces services sont supérieurs à leurs coûts.

On peut considérer également à première vue comme l'indique les données dans les tableaux ci-hauts, que les taux de remboursement élevés couplés avec des faibles taux d'impayés témoignent d'une volonté de payer. Cette logique

s'applique également aux services d'épargne : si la population continue d'utiliser les services d'épargne d'IMF, on peut alors établir que ces services représentent de la valeur .

A ce propos nous pouvons affirmer que l'expérience - tout au moins celle que nous avons dans notre pays montre que la confiance que les institutions financières congolaises ont eue auprès de la population reste très rarement satisfaite. Les problèmes quant au recouvrement de ces crédits sont rares. La clientèle du passif comme celle de l'actif fait toujours honneur à ses engagements, et rares sont les fois où il faut avoir recours à des moyens extrêmes pour récupérer l'argent versé comme crédit.

Cependant, certaines mises en garde sont souvent nécessaires. Ainsi, si le client n'utilise le service qu'une seule fois (et l'abandonne par la suite) ou si le prix dudit service est en dessous de sa valeur du marché (c'est le cas lorsque les taux d'intérêts sont subventionnés, ce qui est exclu pour la RDC où les taux sont fixés librement), il est alors difficile de savoir si le service serait encore valorisé, si son coût était recalculé sur base pérenne.

Le test portant sur la volonté de payer pourrait également ne pas fournir des résultats dans le cas suivant :lorsque ce service se trouve associé à d'autres ( tels que l'éducation alimentaire), lorsque la démarche de l'emprunteur n'est pas volontaire (si un mari contraint son épouse à demander un crédit par exemple) ou lorsque les effets au sein du ménage sont contrastés (une baisse de l'assiduité scolaire des filles en raison d'un besoin plus important de main d'oeuvre à la maison en est un autre exemple).

Cependant, lorsque la volonté de payer constitue un critère indicatif d'impact simple et peu coûteux, il comporte des insuffisances non négligeables :

- L'ampleur de l'impact est difficile à déterminer ;

- Les effets au sein du ménage ne sont pas pris en compte ;

- L'évolution de l'impact à long terme (réduction de la pauvreté) n'est pas certaine.)

L'argument le plus sérieux que l'on pourrait opposer contre l'utilisation d'indicateurs d'impact se fondant sur le marché en RDC tel que celui de la volonté de payer est qu'il suppose que la microfinance est un produit comme tout autre destiné au marché.

Si la microfinance n'était qu'un produit comme la bière (SKOL ou PRIMUS), on aurait peu des raisons de s'interroger à la volonté de payer et on se contenterait à l'instar des brasseries, de chercher à dégager les bénéfices, lesquels suffisent amplement à témoigner du succès du produit. Or, la microfinance à pour

vocation de contribuer à la réduction de la pauvreté. C'est la raison pour la quelle des nombreux spécialistes estiment qu'il est indispensable d'analyser l'impact de la microfinance sur la réduction de la pauvreté31.

III.3.1.2.L'IMPACT ORIENTE VERS L'INSTITUTION : les ratios de gestion
III.3.1.2.1. Présentation, Analyse et Interprétation des Résultats

Les résultats de l'étude qui a été réalisée sont repris en détail dans les tableaux qui vont suivre. Les indicateurs ont été déterminés pour l'ensemble des systèmes financiers décentralisés (coopératives d'épargne et de crédit et institutions de microfinance) mais également par type d'institution pour les périodes considérées.

Les valeurs des indicateurs qui sont reprises dans cette étude sont des valeurs moyennes pondérées. Avant d'identifier les facteurs, propres à la République Démocratique du Congo, qui sont susceptibles d'influencer la valeur de ces ratios, il est intéressant de les comparer d'une part aux ratios obtenus par les autres systèmes financiers décentralisés africains et d'autre part de les comparer aux ratios obtenus par les institutions les plus performantes à l'échelle mondiale.

En République Démocratique du Congo, il apparaît que les ratios calculés montrent un rendement de l'actif proche des 3%, un rendement des fonds propres de 9% et une autosuffisance opérationnelle de 103%. Si nous nous référons à l'étude sur la portée et les performances financières des institutions de microfinance en Afrique menée par le MIX Market en avril 2005, les institutions africaines présentent en moyenne un rendement des actifs proches de 2% et une autosuffisance opérationnelle de 122%, soit des performances similaires et supérieures à celles des institutions congolaises étudiées.

Toutefois, après retraitement, les meilleures institutions de microfinance au monde présentent un rendement retraité des actifs de 3,3% , rendement nettement supérieur à celui des institutions congolaises qui avoisine les - 44%. Le Tableau ci-dessous synthétise les principaux indicateurs pour la République Démocratique du Congo, le continent africain et il indique également les performances des meilleures institutions de microfinance de par le monde.

La valeur des indicateurs dépend directement de la façon dont les institutions génèrent des recettes et sont capables de maîtriser leurs dépenses. Une analyse de l'origine de ces ressources et de l'emploi qui en est fait permettra de donner des éléments d'explication aux valeurs présentées par ces indicateurs :

- Les revenus des systèmes financiers décentralisés proviennent essentiellement des intérêts sur les prêts qu'ils octroient ainsi que des pénalités, des commissions ou encore des revenus de leurs (éventuels investissements.)

- Les charges les plus importantes de ces institutions sont les charges

salariales, les frais de transport ou encore les dotations aux provisions pour les prêts en défaut de paiement. Les dépôts ne sont, pour la plupart, pas rémunérés.

Tableau n°12 : Mise en perspective des ratios congolais

INDICATEURS DE RENTABILITE

 

RDC

 

AFRIQUE

OPTIMUM
MONDIAL

2004

2005

2006

Rendement moyen de l'actif pondéré par l'actif

-3,41%

2,72%

3,40%

2,00%

N/A

Rendement moyen des fonds propres pondéré par les fonds propres

-13,39%

9,45%

14 ,32%

N/A

N/A

Autosuffisance opérationnelle
moyenne pondérée par l'actif

120,97%

103 ,00%

242,14%

122,00%

133,30%

Rendement moyen retraité de l'actif pondéré par l'actif

-25,79%

-43,89%

-31,46%

N/A

3,30%

Rendement moyen retraité de fonds propres pondéré par les fonds propres

-102,41%

-145,30%

-138,21%

N/A

10,70%

Autosuffisance financière moyenne pondérée par l'actif

49,93%

47,63%

18,77%

N/A

110,90%

Source : http/ www.mixmarket.org

Si nous examinons les indicateurs non retraités repris de façon synthétique au Tableau ci-haut nous pouvons constater que ces derniers sont en général très faibles et témoignent de l'absence, en République Démocratique du Congo, de revenus suffisants pour couvrir les charges d'exploitation, comme le confirme la valeur de l'autosuffisance opérationnelle.

Ce constat est d'autant plus marqué après le retraitement des données et la prise en compte de l'inflation qui affecte l'environnement des institutions et les différents soutiens dont elles bénéficient. Ce manque de performance de certaines institutions est-il lié à leur difficulté à générer des revenus ou à leur incapacité à réduire leurs charges d'exploitation ?

- Les produits d'exploitation sont essentiellement générés par l'octroi de crédits. Or, seuls 40 à 50% des actifs des différentes institutions est consacré à leur activité principale d'intermédiation financière, à savoir l'octroi de crédits. Cet élément permet d'expliquer les revenus financiers limités de ces institutions.

- Les charges liées à l'exploitation sont importantes. Les raisons de l'importance des charges qui sont à la fois internes et externes aux institutions.

o Au niveau externe, l'importance des charges peut s'expliquer par l'environnement économique inflationniste, qui a pour conséquence une augmentation des salaires à verser aux employés ou encore par l'insuffisance des infrastructures, qui entraîne une augmentation de divers coûts d'exploitation, tels que les coûts de transport.

o Au niveau interne, le manque de rigueur de certaines institutions peut les empêcher d'assurer un contrôle rigoureux de leurs charges 'exploitation.

L'objectif à long terme de toute institution est d'atteindre la pérennité, c'est-à-dire la couverture par les produits d'exploitation non seulement des charges d'exploitation, mais également d'autres charges telles que les pertes sur créances, le coût des ressources ou l'inflation, tout en capitalisant pour sa croissance. L'étude que nous avons réalisée suggère que la majorité des institutions analysées ne présentent pas encore une rentabilité suffisante pour leur permettre d'être pérennes.

III.3.1.2.2. Indicateurs déterminés au cours de l'étude

III.3.1.2.2.1. Méthodologie et sources de données.

III.3.1.2.2.1. Méthodologie

L'étude de la performance financière des systèmes financiers décentralisés en République Démocratique du Congo, et en particulier la détermination des différents indicateurs, a été menée en plusieurs étapes :

1. Pour l'ensemble des systèmes financiers décentralisés agréés, (i) recensement des états financiers (bilans et comptes de résultats arrêtés au 31/12/2004, 31/12/2005 et 30/04/2006 et (ii) vérification de la qualité de ces derniers (états financiers complets, respect des équilibres bilantaires fondamentaux, disponibilité de rapports d'audit, ...)

2. Conversion des états financiers disponibles au format CGAP (consultative
group to assist the poor ) étant donné la diversité des formats comptables utilisés par les diverses institutions, en l'absence d'un schéma comptable officiel) ;

3. Détermination des indicateurs relatifs aux périodes disponibles, pour chaque institution ;

4. Calcul d'un coefficient de pondération (basé sur l'actif ou sur les fonds propres en fonction des indicateurs calculés), permettant de refléter l'importance relative des institutions ;

5. Détermination des indicateurs globaux. Une méthode similaire a été utilisée pour déterminer les indicateurs de rentabilité retraités. Les différents retraitements qui sont opérés sur les données et leur utilité sont présentés à la section III.3.1.2.4.

III.3.1.2.2.3. Sources de données

Les données qui ont été utilisées proviennent de 14 institutions, toutes agréées par la Banque Centrale du Congo parmi lesquelles nous retrouvons 3 institutions de microfinance et 11 coopératives d'épargne et de crédit. Les indicateurs ont été calculés à partir des états financiers disponibles pour les périodes concernées.

. En effet, huit états financiers ont été utilisés pour établir les indicateurs32 Les différents indicateurs déterminés au cours de l'étude ont été établis sur base des états financiers arrêtés respectivement au 31/12/2004, 31/12/2005 et 30/04/2006.

Seuls les états financiers de qualité et répondant aux critères d'exactitude et d'intégralité énoncés ci-dessus ont été inclus dans l'étude. Au cas où les états financiers d'une seule période étaient disponibles, les données moyennes utilisées dans la détermination des indicateurs correspondent aux données de la période considérée.

De façon à uniformiser la présentation des données, un reclassement de celles-ci au format CGAP (voir les tableaux) a été réalisé préalablement à leur retraitement et à la détermination des indicateurs.

32 L'ensemble des données et des résultats intermédiaires relatifs a la détermination des indicateurs de rentabilité sont protégés par une clause de confidentialité et ne sont pas repris dans ce mémoire.

III.3.1.2.3. Indicateurs de rentabilité non retraités

Pour déterminer la rentabilité d'une institution, différents indicateurs sont généralement utilisés :

Le rendement des actifs vise à déterminer le niveau de productivité avec lequel une institution a utilisé ses actifs. Ce ratio est donné par :

Rendement des actifs =Résultat d'exploitation

actifs totaux moyens

Une institution en bonne santé afficherait un rendement des actifs positif.

Le rendement des fonds propres est l'équivalent du ratio de retour sur investissement. Ce ratio indique à un investisseur potentiel le rendement que ce dernier aurait obtenu s'il avait été partenaire financier de l'institution. Une institution affichant un ratio supérieur à 10% pourrait intéresser un investisseur potentiel. La formule du rendement sur fonds propres est donnée par :

Rendement des fonds propres = Résultat d'exploitation

Fonds propres moyens

L'autosuffisance opérationnelle vise à déterminer le niveau de couverture des charges d'exploitation par les produits d'exploitation. Le ratio d'autosuffisance opérationnelle est donné par :

Produits d'exploitation

Autosuffisance opérationnelle = Charges d'exploitation

Une institution qui couvre ses charges d'exploitation aura un ratio supérieur à 1. Dans le cas contraire, l'institution nécessitera l'injection de capitaux extérieurs pour continuer à mener les opérations courantes.

Ces trois ratios fournissent des informations importantes sur les institutions étudiées. Cependant, ces ratios ne prennent pas en considération les particularités que présentent les systèmes financiers décentralisés en République Démocratique du Congo, tant au niveau de l'environnement au sein duquel ils opèrent (notamment sujet à l'inflation) qu'au niveau du soutien technique et financier dont ils bénéficient de la part des bailleurs de fonds.

Ces éléments représentent des coûts supplémentaires qui sont engagés par l'institution mais qui n'apparaissent pas dans les charges. Ils peuvent néanmoins être pris en compte par le biais de retraitements.

III.3.1.2.4. Retraitement des données

Trois retraitements sont généralement effectués pour prendre en considération les coûts évoqués ci-dessus : un retraitement au titre de l'inflation, un retraitement au titre du coût des ressources subventionnées et un retraitement au titre des dons en nature.

III.3.1.2.4.1. Retraitement au titre de l'inflation

L'inflation représente un coût financier réel pour les systèmes financiers décentralisés car elle affecte négativement leurs produits (intérêts réels plus faibles) mais également leurs charges (notamment les salaires, qui devront être revus à la hausse).

De plus, les actifs de ces institutions étant essentiellement financiers, elles sont plus sensibles à l'inflation que les institutions dont la majorité des actifs est immobilisée. Par conséquent, l'inflation va affecter essentiellement la partie des fonds propres non immobilisée. Le retraitement qui est opéré est dès lors donné par :

Retraitement au titre de l'inflation = (Fonds propres moyens - Immobilisations moyennes) * Taux d'inflation annuel

III.3.1.2.4.2. Retraitement au titre du coût des ressources subventionnées

Un certain nombre de systèmes financiers décentralisés bénéficient, de la part des bailleurs de fonds, d'emprunts à taux concessionnels dans le cadre de l'exercice de leurs activités. L'objectif de ce retraitement est d'identifier le coût réel de ces emprunts, si ces derniers avaient été contractés au taux du marché (prix de référence des ressources).

Le retraitement qui est opéré est donné par :

Retraitement au titre du coût des ressources = (Moyenne des dettes financières * Prix de référence des ressources) - Charges d'intérêts et Commissions

III.3.1.2.4.3. Retraitement au titre des dons en nature

peut comprendre l'assistance technique, les formations dispensées, le loyer, les moyens de transport, les services d'expert, ...

Le retraitement qui est opéré est donné par : Retraitement au titre des dons en nature = Somme des valeurs économiques des avantages perçus

III.3.1.2.5. Indicateurs de rentabilité retraités

La disponibilité de données retraitées permet le calcul de nouveaux indicateurs de rentabilité. La signification de ces derniers est similaire à celle des indicateurs se basant sur les données non retraitées, mais ils représentent avec plus de fiabilité la rentabilité réelle des institutions. Le rendement retraité des actifs est donné par :

Résultat d'exploitation retraité

Rendement retraité des actifs= Actifs totaux moyens

Le rendement retraité des fonds propres est donné par :

Rendement retraité des fonds propres= Résultat d'exploitation retraité

Fonds propres moyens

L'autosuffisance financière, est donnée par :

Autosuffisance financière = Produits d'exploitation

Charges d'exploitation retraités

Les tableaux qui suivent donnent les résultats de calculent des ces différents ratios.

III.3.1.2.5.1. Indicateurs moyens relatifs aux systèmes financier décentralisés étudiés (COOPEC et
IMF)

Tableau 13. Indicateurs de rentabilité non retraités pour les COOPEC

Indicateurs de rentabilité non retraités

2004

2005

2006

Rendement moyen de l'actif pondéré par l'actif

-0,03

0,03

0,03

Rendement moyen des fonds propres pondéré par les fonds propres

-0,13

0,09

0,14

Autosuffisance opérationnelle moyenne pondéré par l'actif

1,21

1,03

2,42

III.3.1.2.5.2. Indicateurs moyens par type d'institution

A. Institutions de microfinance

Tableau 14. Indicateurs de rentabilité non retraités pour les institutions de microfinance

Indicateurs de rentabilité non retraité

2004

2005

2006

Rendement moyen de l'actif pondéré par l'actif

0,02

0,09

0,04

Rendement moyen des fonds propres pondéré par les fonds propres

0,06

0,23

0,6

Autosuffisance opérationnelle moyenne pondéré par l'actif

1.88

1,12

1,90

Tableau n° 15. : Indicateurs de rentabilité retraités pour les institutions de microfinance

Indicateurs de rentabilité non retraité

2004

2005

2006

Rendement moyen de l'actif pondéré par l'actif

-0,17

0,31

-0,12

Rendement moyen des fonds propres pondéré par les fonds propres -0,49

-0,84

-0,17

Autosuffisance financière moyenne pondéré par l'actif

0,78

0,56

0,43

A. Coopératives d'épargne et de crédit

Tableau n°16 : Indicateurs de rentabilité non retraités pour les coopératives d'épargne et de crédit

Indicateurs de rentabilité non retraité

2004

2005

2006

Rendement moyen de l'actif pondéré par l'actif

-0,09

-0,15

0,03

Rendement moyen des fonds propres pondéré par les fonds propres

-0,56

-1,25

0,22

Autosuffisance opérationnelle moyenne pondéré par l'actif

0,55

0,75

2,56

Tableau n°17: Indicateurs de rentabilité retraités pour les coopératives d'épargne et de crédit

Indicateurs de rentabilité retraité

2004

2005

2006

Rendement moyen retraité de l'actif pondéré par l'actif

-0,34

-0,82

-0,37

Rendement moyen retraité des fonds propres pondéré par les fonds propres

-2,23

-7,50

-2,58

Autosuffisance financière moyenne pondéré par l'actif

0,22

0,21

0,12

L'objectif de la recherche qui a été menée était de déterminer dans quelles mesures la microfinance, en République Démocratique du Congo, disposait d'une part d'un cadre institutionnel suffisamment sécurisant pour des investisseurs potentiels et, d'autre part, d'une rentabilité suffisante pour susciter de leur part un intérêt commercial.

Après avoir dressé un portrait du secteur, nous avons tenté d'évaluer si certaines conditions nécessaires au développement de projets de microfinance rentables en République Démocratique du Congo étaient rencontrées, à savoir l'existence d'un cadre légal et réglementaire cohérent et adapté, la mise en oeuvre de moyens de supervision efficaces et enfin la présence d'un encadrement adéquat du secteur. Il ressort de cette étude qu'à l'heure actuelle, cet environnement, bien

que marqué par des difficultés et un nombre important de défis à relever, offre les conditions minimales requises pour poser les bases d'une industrie pérenne.

De façon à évaluer l'intérêt commercial de la microfinance en République Démocratique du Congo, (puisque c'est cet intérêt qui pousserait les investisseurs à mettre leur argent pour que le pauvres en profitent) nous avons tenté d'évaluer la rentabilité des institutions financières de proximité actives aujourd'hui en République Démocratique du Congo.

Cette étude a été réalisée sur 14 institutions et la rentabilité de ces dernières a été comparée d'une part aux performances des institutions africaines et d'autre part à celles des meilleures institutions de microfinance de par le monde.

Il ressort de cette étude que, bien que l'environnement de la microfinance offre les conditions minimales au développement contrôlé de la profession, la rentabilité de ces institutions financières de proximité est encore limitée. Les différentes autorités, ainsi que les bailleurs de fonds, par leur soutien technique et financier, ont toujours un rôle important à jouer pour permettre à la population congolaise de bénéficier d'institutions financières de proximité de plus en plus performantes.

III.3.2 IMPACT ECONOMIQUE DE LA MICROFINANCE

Nous voulons montrer dans cette section qu'il existe une corrélation positive entre les imperfections de marché de crédit et pauvreté, basée sur un mécanisme très simple.

Effet, pour comprendre l'impact économique de la microfinance, prenons une société où les riches ont accès à un marché de crédit avec un taux d'intérêt annuel de 10% alors que les pauvres par manque de garanties collatérales, ont un taux d'intérêt de 25%.En l'absence des contraintes quantitatives sur le marché de crédit, cette segmentation signifie que tous les projets ayant un taux de rentabilité de 10% ou plus proposés par les individus du premier groupe sont effectivement entrepris alors que, parmi les projets proposés par les individus du second groupe, ne seront acceptés que ceux présentant un taux de rentabilité supérieur ou égal à 25%.

L'inefficacité est patente lorsque que les projets du second groupe ayant un taux de rentabilité juste inférieur à 25% - et supérieur à 10% - restent inexploités. Pourtant, s'il n' y avait pas cette imperfection du marché de crédit les pauvres pourraient lancer des projets ayant un taux de rentabilité légèrement inférieur à 25%. Dans ce cas, l'accès au crédit engendre davantage d'investissements et/ou un taux de rentabilité du capital.

Cette argument adapté de Piketty33 s'applique à plusieurs situations, sachant que le non- accès des pauvres à l'emprunt ( manque des garanties collatérales ou imperfections des marché de crédit) et leur faible niveau initial de richesse les empêchent de saisir des occasions d'investissements qui seraient profitables à la société et à eux mêmes que d'autres investissements réalisés ailleurs.

Ainsi, les populations démunies en RDC n'ont pas les mêmes chances dans la vie que les plus riches, car elles ne peuvent pas éduquer leurs enfants, aussi doués soient-ils, ni obtenir des prêts pour monter une affaire ou adhérer à une assurance. Pour eux l'accumulation de richesses devient impossible puisque les « trappes à pauvreté » perdurent.

A l'opposé, si les pauvres ont accès au crédit par le biais de microfinance, s'il n'y a pas d'exclusion, s'il n'y a pas les inefficacités les populations pauvres épargnerons en RDC, économiseront et leurs richesses augmenterons avec le temps. Tôt ou tard, ils seront libérés des contraintes du crédit car ils auront un financement collatéral suffisant pour devenir entrepreneurs et envoyer leurs enfants à l'école et au collège s'ils le souhaitent34 35.

L'impact économique peut se situer au niveau même du pays. Une IMF importante touchant quelque centaines de milliers des clients peut espérer ou chercher la croissance économique de toute une région ou d'un secteur tout entier.

En RDC nous avons pu constater relativement que peu d'impact au niveau macroéconomique. Notons que peu d'IMF en RDC recherchent un impact au niveau de la situation économique d'ensemble.

Concernant l'impact au niveau des microentreprises du secteur informel, l'expérience montre que le micro crédit qui leur est accordé n'a pas pour effet une hausse importante de l'emploi, mais a conduit du fait à un accroissement du recours la main d'oeuvre familiale. Aucune preuve probante de croissance ou de mutation d'entreprise survenue à la suite de l'octroi de crédit aux micro entreprises n'a pas été apportée, mais nos enquête montrent cependant que le micro crédit permet aux entreprises de survivre ( de continuer à fonctionner.

La microfinance ne dispose pas encore d'une documentation suffisante en matière d'analyse d'impact approfondi. Des exemples concrets ont contribué à

33 PIKETTY, T. , 1997 « The Dynamics of the wealth Distribution and the interest Rate with credit Rationing .» Review of economic studies, 64:173-189

34 GALOR , O. et J. ZEIRA, 1993 « Income Distribution and Macroeconomics. » Review of economic studies, 60 :35-52

35 BANERJEE, A. -V et A.-F. NEWMAN, 1993 « Occupational and the process of development » Journal of Political Economy, 101(2):274-289.

réorienter dans ce travail certaines questions liées à l'impact économique et avec elles, la microfinance. Ainsi, les auteurs distingue trois sources de pauvreté36 :


·
· Absence de revenu ;


·
· Vulnérabilité par rapport aux fluctuations de revenu ;


·
· Faiblesse de la position sociale ( impliquant des capacités limitées et une autorité réduite).

La microfinance peut par conséquent, contribuer à accroître les revenus, à protéger ces revenus ou à renforcer la position sociale des personnes.

A Kinshasa, les enquêtes montrent que la plupart des IMF, en particulier celles qui sont gérer par les ONG , ne mesurent pas (ou plutôt n'évaluent pas, comme souvent c'est le cas ) les premiers de ces effets possibles. Elles se contentent en effet, de considérer les changements de revenus ( des personnes qui gagnent plus de 3 à 4 USD par jour qu'au par avant attribuables au crédit octroyé.)


·
· AU NIVEAU DE MENAGE :alors qu'un grand nombre d'IMF en RDC continue à cibler les micro entreprises existantes du secteur informel, beaucoup d'autres ciblent les ménages, spécifiquement les femmes ( ex : FINCA-RDC) gérant ce que l'on appelle une activité génératrice de revenu plutôt qu'une entreprise. Du point de vue des institutions, que le crédit soit utilisé ou non dans le « cadre de l'activité d'une entreprise » a moins d'importance. Quelques IMF octroient explicitement des crédits à la consommation en recherchant un impact au niveau de ménage.

Le ménage et la situation économique du ménage sont de plus en plus fréquemment ciblés par les IMF en RDC ;les analyses montrent combien il est important de réduire l'insécurité économique des pauvres, non pas en augmentant leurs revenus mais en «protégeant37 » le peu qu'ils possèdent et en réduisant leur état de vulnérabilité. La recherche de l'impact à ce niveau examine le concept de « portefeuille de ménage » qui désignerait la somme totale des ressources humaines et financières liée par une relation dynamique avec la somme totale des activités de consommation, de production et d'investissement de ménage38

Cette approche très réaliste de l'utilisation de crédit par des nombreux emprunteurs pauvres nous aide à comprendre dans la pratique que la distinction « crédit à la consommation » et « crédit à la production » n'est pas toujours pertinente.

36 JOHSON et alii, 1997, Microfinance and poverty reduction, London, Oxfam and action Aid, cite par JOANNA L. op cit. p.57

37 CORBETT JANE, 1998 , « Famine and Household coping Strategies» World development n° 18: 1099-100

38 DUNN ELISABETH , 1996, Household, Microentreprises and Debt AIMS brief 5 USAID , Washington D.C

+ AU NIVEAU INDIVIDUEL : de même, le ménage - perçu comme une petite économie miniature en soi - étant devenu un concept clé de l'analyse d'impact, les modèles économiques formels de prise de décisions au sien du ménage sont devenus un sujet de réflexion économique.

Ainsi, on reconnaît à présent le rôle de préférences individuelles, des ressources et rapport de force dans le prise de décisions au sein de ménage. Le recours à ces concepts constitue un moyen de retracer des changements tout au niveau du ménage (en tant qu'unité sociale et économique) qu'à celui des personnes qui le composent.

En effet, alors que les exemples témoignant d'un impact sensible de la microfinance sur la santé et l'alimentation en RDC sont peu nombreux et les résultats en matière de l'éducation sont contrastés, nous pouvons cependant affirmer à présent que les résultats sont tout à fait positif en ce qui concerne le renforcement de la position sociale de femmes.

Il faut noter que nous ne parlons que de changement attribuables au seul crédit. Selon d'autres les services de crédit associés à une éducation sanitaire et alimentaire s'adressant aux groupes de population contribue à des améliorations dans le domaine de la santé de l'éducation et de l'alimentation.

III.3.3. IMPACT SOCIO-POLITIQUE OU CULTUREL

La pauvreté est une menace pour la paix ; par conséquent la microfinance en luttant contre la pauvreté elle contribue à la recherche de la paix. Notons seulement que les IMF congolaises recherchent pour cette catégorie l'impact suivant :

+ Leur projet de crédit destiné aux tireurs de pousse-pousse espère que l'essor de ce secteur d'activité puisse permettre à ces bénéficiaires de progresser vers un statut collectif formel et qu'ils pourront se constituer en association ou se donner les moyens de susciter des changements politiques en leur faveur ;

+ Les IMF situées dans les régions rurales enclavées peut espèrent contribuer à monétiser une économie rurale de tronc ;

+ Les unes cherchent à modifier les rapports de force (et les statuts) en place. Ainsi, l'impact recherché en ciblant un groupe ethnique minoritaire peut consister en la modification des rapports de force entre ce groupe et le groupe majoritaire local ;

+ Les autres recherchent comme impact direct le transfert des avoirs (mais aussi de l'autorité et du pouvoir de décision au sein du

ménage, par exemple le transfert partiel du pouvoir de décision économique de l'homme à la femme) ;

+ Les autres enfin cherchent à améliorer l'alimentation ou l'éducation des enfants par intermédiaire d'un programme de microfinance ciblant les mères.

III.3.4. IMPACT PERSONNEL OU PSYCHOLOGIQUE

La microfinance a un impact sur l'estime que l'emprunteur à de lui même. Cet impact vient en complément aux effets du renforcement d la position sociale de la population cible.

Ces premiers effets étaient de nature politique : du fait des services financiers, les individus renforcent leur pouvoir au sein du ménage ou de la communauté. Se situant sur le plan psychologique, ce second type d'impact concerne la modification de la vision que l'individu a de lui même. Lorsqu'elle est positive cette modification peut ouvrir la voie à d'autres changements.

Ainsi, une personne qui a davantage confiance en elle même sera prête à prendre les risques nouveaux que supposent par exemple la création ou le développement d'une entreprise.

Ces trois catégories générales d'impacts (ainsi que leurs différents niveaux de cible) peuvent naturellement varier selon qu'il s'agisse d'effets primaires ou d'effets secondaires. En effet, un impact relevant de l'une de ces catégories peut entraîner lui-même un impact d'un ou des plusieurs type

CHAP.IV. LA POLITIQUE POUR LA REDUCTION DES
IMPERFECTIONS ET DES INEFFICACITE DE MARCHE DE
CREDIT EN RDC

Nous avons montré dans les chapitres précédents comment des défaillances de marché de crédit, dans un contexte d'inégale répartition des actifs (richesses) ; peut induire des phénomènes de trappes à pauvreté.

En effet, en réduisant les imperfections de marché par une politique globale appropriée, on fait « d'une pierre deux coûts » : l'économie fonctionne de manière plus efficace, induisant une production accrue de richesse, et les plus pauvres retrouvent des opportunités de sortir de la pauvreté.

Les coûts d'une telle politique (mesurés en termes des coûts administratifs ou bureaucratiques) doivent cependant être comparés à ses avantages (si tant est que l'on ait une idée du degré d'entraves qu'induisent les imperfections de marché au niveau microéconomique).

Mais quelle politique pour réduire des imperfections de marché ? Notons que nous avons rencontré maintes difficultés pour définir une politique « pro-pauvres qui soit efficiente.

Des programmes de crédit à destination des pauvres se sont multipliés pour remédier aux imperfections de marché en RDC. Cependant, ils se sont souvent soldé par des résultats décevants en raison des capacités de mise en oeuvre insuffisantes, notamment administratives et de phénomènes d'appropriation par des groupes moins pauvres.

Si quelques programmes ont été des réussites, la capacité des institutions de microcrédit à atteindre les pauvres est limitée et les coûts de gestion importants exigent un soutient financier externe récurrent. Par ailleurs, la tendance à augmenter la taille de programme de microcrédit porte en elle le risque d'engendrer des dispositifs dont la complexité et la lourdeur de gestion menacent leur viabilité et leur efficacité. Cela nous a amené à formuler dans le cadre cette étude les directives générales sur les interventions que l'Etat congolais peut effectuer dans domaine.

Les objectifs ultimes d'une telle intervention sont : la valorisation des revenus et la lutte contre la pauvreté. Dans ce cadre l'Etat se voit attribuer un rôle consistant à maximiser l'efficacité de marché tout en reconnaissant que :

Un développement économique accéléré exige une plus grande concurrence sur

le marché des biens et services et celui des capitaux (par exemple : par la liberté

de prix ; des taux d'intérêts...) ;

+ Les taux d'intérêts commerciaux ne font pas obstacle aux petits exploitants et les entrepreneurs ruraux ;

+ Les petits exploitants et les entrepreneurs ruraux sont capables et désireux d'épargner ;

+ L'accès à des services financiers sont favorables la croissance et à la réduction de la pauvreté.

IV.1. LES MECANISMES D'INTERVENTION DE L'ETAT

Nous avons développé dans ce travail une sorte d'arbres de décision par laquelle l'Etat doit procéder pour réduire les imperfections et les inefficacités de marché dans la perspective de réaliser les objectifs ultimes ci-haut cités. Le premier arbre explore le processus de valorisation de revenu tandis que le second arbre explique quand à lui le processus par lequel passe la réduction de la pauvreté.

IV.1.1 CADRE DE POLITIQUE ECONOMIQUE.

+ Cadre de politique économique propice à la promotion des crédit en favorisant la stabilité macroéconomique ;

+ Donner les chances égales à tous les sous secteurs économiques ;

mettre en oeuvre des mécanismes juridiques, réglementaires et d'application tenant compte des besoins de la population.

A ce sujet , nous avons tenté d'évaluer si certaines conditions nécessaires au développement de projets de microfinance rentables en République Démocratique du Congo étaient rencontrées, à savoir l'existence d'un cadre légal et réglementaire cohérent et adapté, la mise en oeuvre de moyens de supervision efficaces et l'existence d'un encadrement adéquat du secteur.

Un travail conséquent a déjà été réalisé au Congo dans la mise en place d'un cadre réglementaire propre aux institutions de microfinance. Bien que celui-ci soit encore incomplet, les bases d'une réglementation adaptée ont été établies et les lacunes propres à la supervision des intermédiaires financiers ont été identifiées.

Cependant, dans ce domaine, différents chantiers sont en cours qui permettront, à terme, d'améliorer l'efficacité des contrôles opérés par la Banque Centrale du Congo. En ce qui concerne l'encadrement du secteur, malgré les nombreux efforts de la Banque Centrale du Congo d'une part et des différents bailleurs de fonds d'autre part, l'absence de structures telles que des associations professionnelles des institutions de microfinance est à constater ;

Le schéma ci-après simplifie la démarche tout en donnant la procédure complète de cette intervention de l'Etat.

OBJECTIF N° 1
Valorisation de revenus

Renforcer l'efficacité et la
diversification de marché de crédit

Evaluer les option du programme
économique du gouvernement

Promouvoir les marchés
financiers diversifiés et efficaces

Promouvoir les marchés non
financiers (hors du propos de la
présente étude)

Le cadre de politique est-il mal adapté ?

OUI NON

Créer un environnement de politique économique favorable :

· Assurer la stabilité macroéconomique ;

· Abolir les politique
pro-urbaines ;

· Favoriser une vaste reforme du secteur financier.

Conserver les
politiques existantes

Marché est-il efficace ?

Déterminer les
causes probables

Conserver la politique existante

Améliorer le cadre juridique et réglementaire :

· Déréglementer les prêts accordés par les IMF n'acceptant pas de dépôts ;

· Réduire les coûts
de transaction

Cadre juridique et réglementaire est- il déficient ?

A la suite d'une analyse de rentabilité, choisir des interventions directes pour éliminer la défaillance du marché :

· Soutenir l'intermédiation

sociale ;

· Encourager l'innovation ;

· Diffuser l'information.

La défaillance identifiée peut- elle être éliminée rentablement

par une politique de l'Etat ?

NON OUI

Peut-on mettre le doigt sur une défaillance du marché ?

NON OUI

Schéma n°04 : arbre de décision pour la valorisation de revenu pauvre

Source : adapté de JACOB YARON et alii dans les finances rurales, problèmes,structures et pratiques optimales, BM , Washington DC 1996 p.157

IV.1.2. INTERVENTION DIRECTE DANS LES FINANCES INFORMELLES ET
RURALES

+ Encourager la mobilisation de l'épargne interne grâce à la création d'instruments assortis de taux d'intérêts positifs ;

+ Fournir des services financiers par l'entremise des diverses IMF (et pas seulement les COOPEC ) ;

+ Fournir les services financiers à tous les entrepreneurs ;

+ Redynamiser et restructurer les COOPEC les autres IMF pour encourager l'application des bons principes de gestion. Transformer les COOPEC en IMF tournées vers la clientèle plus large ;

+ Lorsqu'il y a lieu fermer certaines IMF qui ne sont pas rentables et qu'on peut sauver ;

+ Soutenir l'innovation, fournir des capitaux de démarrage et des subventions aux enchères aux nouvelles coopératives de crédit pilotes ou existantes, les ONG et autres IMF répondant à des critères d'éligibilité rigoureux et pouvant fournir des services financiers efficaces ; couvrir une partie des frais de démarrage (approche de « l'industrie naissante » ) ;

+ Le gouvernement doit appuyer le développement institutionnel, la formation du personnel, la mise au point de systèmes intégrés de gestion, la recherche et la diffusion de l'information sur les IMF ou les pratiques ayant donné de bons résultats dans ces contextes socio-économiques et culturels spécifiques ;

+ Octroyer des subventions limitées aux IMF pour compenser les distorsions causées par les politiques antérieures (en cours d'élimination) puis cesser les subventions ;

+ L'Etat doit introduire un système d'assurance bien administré et assorti des primes appropriées, soutien aux mécanismes d'assurance mutuelle informelle en vue d'aider les pauvres à se couvrir contre les risques ;

La démarche à suivre est présentée méthodologiquement par le schéma suivant qui montre que la réduction de la pauvreté peut se faire via la réduction des imperfection de marché de crédit.

Schéma n°05 : Arbre de décision pour la réduction de la pauvreté

Objectif n° 2
Réduire la pauvreté

Réaliser une évaluation de pauvreté pour identifier les
caractéristiques des pauvres et les contraintes inéluctables
auxquelles ils sont confrontés.
(Voir le DSRP)

Evaluer les options du
gouvernement

OUI

NON

ss

Mettre en oeuvre une stratégie globale de développement du marché :

+ Promouvoir des marchés des prêts et des microcrédit aux petits exploitants ;

+ Promouvoir les marchés non financiers (hors du propos de la présente étude)

Améliorer l'efficacité et la
diversification des marchés.
(voir le schéma n° 04

Des mesures orientées vers les marchés de microcrédit
peuvent-elles suffire à réduire la pauvreté ?

Intervenir dans le

domaine du

microcrédit et des

finances rurales :

+ Octroyer des subventions de démarrage pour des programmes novateurs d'épargne et de crédit ;

· . Appuyer

l'intermédiation sociale ;

+ Ouvrir les lignes de crédits aux conditions du marché

Sélectionner, sur base d'une analyse
de rentabilité un programme
d'intervention directe pour réduire la
pauvreté

Autres interventions : + Fournir une aide

alimentaire ; créer des emplois grâce à des programme des

travaux d'utilité ; + Investir dans les

infrastructures

rurales ;

· . Développer les ressources humaines en milieu rural etc....

Intérêt

Les reformes et d'autres mesures recommandées permettent aux prêteurs d'opérer rentablement à des taux d'intérêts plus faibles. Le graphique qui suit illustre en synthétisant comment les reformes bien menées font baisser la droite de l'offre de crédit, ce qui se traduit par une baisse des taux d'intérêts et une augmentation du volume total des crédits.

La société (y compris les pauvres surtout ) profite de la réduction des coûts des transactions pour satisfaire la demande courante de crédit (C1), ainsi l'augmentation de la production totale rendue possible par l'accroissement du volume de crédit (C1 - C2).

La baisse des taux d'intérêt et l'augmentation du volume de crédit qui résultent des programmes énoncés précédemment de réduction des imperfection engendre une croissance du PIB de plusieurs points de pourcentage comme le montre le graphique ci-après :

Graphique n° 03 : comment la réduction des imperfections influe sur le marché de
crédit

i1

i2

O

L'augmentation de crédit rendue possible par la réduction des imperfections.

S2

S1

D

c1 c2 crédit

Notons que les taux d'intérêts qui baissent et restent positifs jouent le rôle de mécanismes d'allocation par conséquent ils sont également suffisant pour assurer des marges normales entre les taux prêteurs et les taux débiteurs.

financement et assainit les structures financières congolaises. Les IMF désormais autonome peuvent adopter des méthodes d'exploitation efficaces.

Pendant ce temps, le développement institutionnel et la discipline financière doivent être encouragés, car la direction est responsable des résultats des IMF , les défaillances en matière de recouvrement des prêts ne sont pas tolérées.

Tout ceci est possible que si le personnel des IMF est encouragé à améliorer ses performances et sa productivité, il doit être motivé grâce à des systèmes d'incitations avancés.

Les performances des IMF seront évaluer au regard des services qu'elles fournissent et au regard de leur autonomie financière.

CONCLUSION GENERALE

Rechercher les différentes voies de développement de la RDC par le truchement de la microfinance telle a été la problématique majeure qui nous préoccupée tout au long de ce travail.

A ce effet, nous avons placé au centre de nos investigations la politique que pourrait adopter le gouvernement en ce qui concerne la microfinance en tant qu'un des instruments de la lutte contre la pauvreté en RDC. Cette étude a été subdivisée en deux grandes parties dont chacune des ces parties comprenait deux chapitres subdivisés en sections et sous sections.

La première partie intitulée les enjeux de l'offre de microfinance, a consisté à montrer que l'offre de celle-ci est influencée par le contexte théorique, politique, social et économique de la RDC. Les politiques gouvernementales en matières économiques et sociales, ainsi que le niveau de développement du secteur financier conditionnent la manière dont les IMF proposent leur offre de services financiers aux pauvres.

Le premier chapitre s'est penché sur les définitions de concepts de base dont la microfinance en tant qu'approche de développement économique qui s'intéresse spécifiquement aux hommes et femmes à faible revenu. Ce terme désigne l'offre des services financiers comprenant généralement l'épargne et le crédit à une clientèle pauvre composée notamment des petits travailleurs indépendants.

Ensuite nous avons fait au cours de ce même chapitre un examen de données de base actuelles de la RDC étayé par des exemples tirés de l'analyse microéconomique empirique pour montrer qu'il existe trois facteurs c'est à dire trois types de défaillances du marché qui favorisent ou qui font qu'il soit nécessaire de parler de microfinancement en RDC :

~ Les imperfections de marché du crédit ;

~ Les externalités géographiques et autres ;

~ Les imperfections qui tiennent au marché des assurances.

La microfinance apparaît comme un moyen ou un outil que les institutions financières congolaises peuvent user pour réduire les défaillances du marché de crédit et faire sortir ainsi les populations de situation de trappe à pauvreté.

Dans le deuxième chapitre nous avons présenté le visage de la microfinance dans le contexte macroéconomique congolais, cela nous a conduit à faire un état de lieu du secteur de la microfinance en RDC en montrant les implications et les interrelations entre d'une part les structures (telles que structure de formation, association professionnelle, structure de services...) et les autorités (BCC et IPMEA) ;les prestataires des services (offre) et les clients (la demande) ont été également présentés.

L'intermédiation financière qui en découle ne doit pas être comprise en dehors du contexte macroéconomique général de la RDC, ce qui nous a conduit au de notre analyse de mettre en exergue celui du programme économique du gouvernement.

Le rôle des partenaires au développement s'est révélé au cours de notre analyse d'une grande importance dans le secteur de microfinance en RDC dans le sens où ces partenaires au développement apportent aux uns et aux autres le soutien financier, la formation et l'assistance technique pour le développement de la microfinance en RDC.

La deuxième partie de notre travail s'intitulait la microfinance et le développement. Cette partie avait pour rôle de montrer si la microfinance a un impact social, économique ou politique en RDC pour que les mesures susceptibles soient prises par le gouvernement à la fois non seulement pour réduire les imperfections et les inefficacités de marché de crédit en RDC afin de contribuer à l'augmentation de revenu de la population pauvre, mais également pour stimuler la croissance pour réduire la pauvreté.

Le chapitre 3ème a analysé l'impact de la microfinance en RDC. Ce qui était au centre d'intérêt était de savoir si le microcrédit lorsqu'il est accordé aide vraiment les bénéficiaires à se dégager d'une situation de pauvreté.

Il n'existe pas de données fiables permettant de suivre ceux qui après avoir reçus un microcrédit n'en bénéficient plus. Cette interruption d'un crédit peut avoir plusieurs explications :

~ Les bénéficiaires peuvent y avoir mis fin par ce qu'ils ne

parvenaient pas à respecter l'échéancier de remboursement ;

~ Ils peuvent aussi ne pas avoir demandé le second crédit une

fois le premier remboursé par ce qu'ils ne voyaient pas d'intérêt ;

~ La version positive de chose, le microcrédit leur a permis

réellement de développer leurs activités au point de pouvoir accéder au marché formel de crédit (ils ont été en mesure de présenter des garanties).

Le microcrédit ne pourra éventuellement briser le cercle vicieux de la pauvreté que dans dernier cas de figure, c'est à dire lorsqu'il conduit à une utilisation plus efficace de ressources de ménages.

Le manque de données fiables nous a conduit à une analyse faisant appel à deux critères indicatifs d'impacts, l'un orienté vers le clients (la volonté de payer) et l'autre orienté vers les institutions (les ratios de gestion ou the Key of management.

La volonté de payer se fonde sur un paradigme de l'économie du marché selon lequel lorsqu'un bien ou un service (microfinance) est proposé au public et que ce dernier l'achète ce qu'il a de la valeur pour lui, comparativement aux coûts engagés pour l'obtenir. En microfinance le fort taux de remboursement couplé avec un faible taux d'impayé a témoigné de la volonté de payer dans les IMF congolaises.

Les ratios de gestion retenus au cours de cette étude pour la période 2004, 2005,2006 pour l'ensemble de systèmes financiers décentralisés (COOPEC et IMF) sont :

· Rendement moyen de fonds propres équivalent du ratio de retour sur investissement indique à un investisseur potentiel le rendement que ce dernier aurait obtenu s'il avait été partenaire financier d'une institution de microfinance ;

· Autosuffisance opérationnelle qui montre que l'institution est capable de couvrir ses charges d'exploitation.

L'objectif était de comparer ces ratios d'une part à d'autres systèmes

financiers décentralisés africains et d'autre part de les comparer aux ratios obtenus par les institutions les plus performantes à l'échelle mondiale.

L'objectif à long terme de toute institution est d'atteindre la pérennité c'est à dire la couverture par les produits d'exploitation non seulement des charges d'exploitation mais également d'autres charges telles que les pertes sur créances, les coûts des ressources ou de l'inflation, tout en capitalisant pour sa croissance. Notre analyse à démontré que la majorité des IMF ne présente pas encore une rentabilité suffisante leur permettant d'être pérennes.

En ce qui concerne l'impact sociopolitique de la microfinance, nous avons noté que celle-ci peut modifier le statut politico-économique d'un secteur. La microfinance recherche comme impact direct les transfert des avoirs (mais aussi de l'autorité et du pouvoir de décision au sein de ménage par exemple le transfert partiel du pouvoir de décision économique de l'homme à la femme).

L'analyse a montré également que le microcrédit que l'individu reçoit permet la modification de la vision qu'il peut avoir de lui même, lorsqu'elle est positive, cette modification peut ouvrir la voie à d'autres changements. Ainsi, une personne qui a confiance en elle même sera prête à prendre les risques nouveaux que suppose la création ou le développement d'une entreprise.

Pour permettre aux pauvres d'accéder au marché de crédit et les institutions de devenir à long terme pérennes, il faut une politique de la part du gouvernement (chapitre 4ème) que nous avons présentée schématiquement qui consiste à réduire les imperfections et les inefficacités de marché afin de permettre à la microfinance d'atteindre son objectif primordial qui est la valorisation de revenu des pauvres et la contribution à la réduction de la pauvreté en République Démocratique du Congo.

BIBLIOGRAPHIE.

I. OUVRAGES ET ARTICLES

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3. CIBANGU CIBANGU, Les managers congolais de microentreprises vers quel destin? Ed. Creged, Kinshasa 1999 p.55.

4.ESWARAN M. et A. KOTWAL, Access to Capital and Agrarian production organisation, Economic Journal n° 96 USA 1986 p. 498.

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6. GUILLAUME GEULETTE, La microfinance en RDC présente-t-elle un environnement favorable aux investissements commerciaux, Presse universitaire de ULB, Bruxelles 2006, p.52.

7. GREEN WALD et J. STIGLITZ, Externalities in Economies with Imperfect information and incomplete market, Quarterly Journal of Economics n° 101 USA 1986 p.264.

8. IICE :Audit dans les caisses d'épargne, Genève 1975 p.

9. IICE : Crédits dans les caisses d'épargne, Genève 1975 p.

10. IICE : Manuel international des caisses d'épargne, Genève 1975 p. 499

11.JACOB, H. et E. SKOUFIAS, Risk, financial markets and human capital in developing country, Review of Economic Studies, vol.03; p.331.

12. JACOB VARON et alii, Les finances rurales, Problèmes, structures et pratiques optimales, B.M. Washington D.C. 1996 p. 1996.

13. JALAN J. et M. RAVALLION, Geographic poverty Traps ? A micro model of consumption growth in Rural China, Journal of applied Econometrics n° 17 USA 1999 p. 346.

14. JACQUEMOT P. et M. RAFFINOT , La nouvelle politique économique en Afrique, Ed. EDICEF/AUPELF Paris 1993, p.348

15. JOANNA LEDGERWOOD, Manuel se microfinance, perspective institutionnelle et financière, B.M. Washington D.C. 1999 p.308.

16. JOHN LIVINGSTONE, MBA Finances , Ed. Nouveaux Horizons, Paris 1996 p.413.

17. J.O.-RDC ,Ordonnance n° 78-185 du 5 mai 1978 portant statuts d'une entre prise publique dénommée la caisse générale d'épargne et de crédit, en abrégé « CADEZA » n°10 p.37

18. J.O.- RDC Loi n° 003-2002du 2 Février 2002 relative à l'activité et au contrôle des

établissement de crédit en RDC n° spécial p.37

19. J.O.-RDC Loi n°002-2002 DU 2 février 2002 portant dispositions applicables aux coopératives d'épargne et de crédit en RDC n° spécial p.11

20. J.O.-RDC, Loi n°002-2002 portant régime spécial de restructuration des établissements de crédits en RDC. (Ministère de finances), n° spécial p.23.

21. .LEILA M. et PETER FIDLER , Le secteur informel et les institutions de microfinancement en Afrique de l' Ouest, B.M. Washington D.C. 1996 p. 550.

22. MARIE CHRSTINE GUENEAU, Afrique : les petits projets de développement sont- ils efficaces ? Ed. L'Harmattan, Paris 1986, p.230.

23. MBAYA MUDIMBA et FRIEDHELM Streiffeller, Secteur informel au Congo - Kinshasa : stratégie pour le développement endogène, Editions universitaires africaines, Kinshasa 1999, p.223.

24. PAUL A. POPIEL, Système financier en Afrique subsaharienne, Etude comparative, B.M. Washington D.C.1995 p. 99.

25. STEFAAN MARYSSE et LUZOLELE Laurent, Besoin de financement de la reconstruction de l'économie congolaise, ampleur et condition préalable, Ed. Universitaire d'Anvers, Anvers 2002, p.24.

II.SITES WEB

1.www.billanet.org/partners/nfn 2.www.planetmicrofinance.net.2000 ; 3.www.lamicrofinance.org

4.www.maximarket.org

5.www.esd.woldbank.org/html/esd/agr/sbp 6.www.villagebanking.org

7.www.finca-rdc.org

8.www.rifidec.org

II. MEMOIRES ET TFC

1. GAMUANI G'ALUBADI, Apport de la microfinance sur le système financier congolais, Mémoire, UNIKIN 2003-2004.

2. MBANGAMA WA MBANGAMA, De la relance de l'activité d'une institution de microfinance en RDC , Mémoire, UNIKIN 2002-2003

3. MUSHIYA KABAMBA, Le processus managérial dans petites et moyennes entreprises congolaises, TFC UNIKIN 2003.

4. NONA IBUNDA, Microfinance et lutte contre la pauvreté à Kinshasa, Mémoire, UNIKIN 2003-2004.

5. ON'SHIDING OLAPIR, Contraintes et atouts du développement de la microfinance en RDC, Mémoire, UNIKIN 2003-2004.

IV. NOTES DES COURS

1. BOLALUETE M. , Cours d'institutions financières congolaises, L2 EMI, faseg/UNIKIN/2005-2006 ;

2. BOLALUETE M., Cours de politique monétaire, L1 EMI, faseg/UNIKIN/2004-2005 ;

3. ITIMELONGO TITI, Cours d'Economie monétaire générale, G3 faseg/UNIKIN/2003- 2004 ;

4. LUTUTALA M., Cours des Méthodes de recherche scientifique, G2 faseg/UNIKIN/2002-2003 ;

5. MABI MULUMBA, Cours des théories monétaires, L1 ECOP, faseg/UNIKIN/2004- 2005 ;

6. TSHUNZA M., Cours des questions spéciales des théories et politique monétaires, L2 EMI, faseg/UNIKIN/2005-2006.

TABLE DES MATIERES.

0. INTRODUCTION GENERALE 1

0.1. LA PROBLEMATIQUE 1

0.2. INTERET ET CHOIX DU SUJET 2

0.3. LA DELIMITATION DU SUJET 4

0.4. LES HYPOTHESES DU TRAVAIL 4

0.5. METHODOLOGIE ADOPTEE 5

0.6. CANEVAS DU TRAVAIL 5

I.1: LES DEFINITIONS DES CONCEPTS DE BASE. 7

I.2. : LES FACTEURS EXPLICATIFS DE MICROFINANCEMENT 13

I.2.1. Défaillances du marché du crédit et pauvreté. 14

I.2.2. Les externalités. 18

I.2.3. les risques et trappes à pauvreté. 19

I.3. ROLE DES INSTITUTIONS FINANCIERES DANS LE FONCTIONNEMENT DE L ECONOMIE 22

I.3.1. La situation récente et structure du système financier congolais. 25

II.1: INTRODUCTION 32

II.2 : ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE DE LA R.D.C. DANS LE CADRE DU PEG 33

II.2.1. Objectif principal du PEG. 33

II.2.2 Les résultats macro-économiques 33

II.3.UN NOUVEAU CANAL SPECIFIQUE : LA MICROFINANCE 38

II.3.1. Le contexte historique international 38

II.3.2 Les circuits financiers informels ou semi-formels 40

3.3 LES COUTS ET AVANTAGES DU DUALISME FINANCIER AU CONGO. 42

II.4: LE VISAGE OU ETAT DE LIEU DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE ET FINANCEMENT DES ACTIVITES

GENERATRICES DE REVENU. 46

II.4.1. Etapes des IMF en République Démocratique du Congo. 46

II.4.2 La création du Réseau des Institutions Financières Décentralisées au Congo (RIFIDEC) 48

II.4.3 Les acteurs du secteur de la microfinance en République Démocratique du Congo 49

II.4.4. Intervention de la Banque Centrale du Congo et du RIFIDEC. 55

III.2. LES DESTINATAIRES DE L'ANALYSE D'IMPACT EN R.D.C 61

III.2.1. Praticiens et Bailleurs de fonds 61

III.2.2.Décideurs et théoriciens 61

III.3. QUELS TYPES D'IMPACTS PEUT-ON OBSERVER EN R.D.C 62

III.3.1. LES CRITERES INDICATIFS D'IMPACT 62

III.3.2 IMPACT ECONOMIQUE DE LA MICROFINANCE 73

III.3.3. IMPACT SOCIO-POLITIQUE OU CULTUREL 76

III.3.4. IMPACT PERSONNEL OU PSYCHOLOGIQUE 77

IV.1. LES MECANISMES D'INTERVENTION DE L'ETAT 79

IV.1.1 CADRE DE POLITIQUE ECONOMIQUE. 79

IV.1.2. INTERVENTION DIRECTE DANS LES FINANCES INFORMELLES ET RURALES 81

CONCLUSION GENERALE 85






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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"