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La nature, le fonctionnement et les implications sociales, économiques et politiques de la microfinance en RDC

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par Denis Mushiya
Université de Kinshasa - Licence 2006
  

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III.2. LES DESTINATAIRES DE L'ANALYSE D'IMPACT EN R.D.C

En microfinance l'analyse d'impact peut être destinée aux : praticiens, bailleurs de fonds, décideurs et théoriciens.

III.2.1. Praticiens et Bailleurs de fonds se préoccupent en République Démocratique du Congo généralement autant d'améliorer les IMF qu'ils gèrent et appuient (FINCA-R.D.C, GTZ, FAO, Pro crédit Congo...), que de déterminer si leurs implications ont eu l'impact recherché.

Aussi sont-ils également intéressés par l'analyse d'impact en tant que forme d'étude du marché pouvant leur permettre d'approfondir leurs connaissances de la clientèle et d'améliorer ainsi leurs services. La mesure d'impact influence en outre les décisions d'affectations budgétaires.

III.2.2.Décideurs et théoriciens en République Démocratique du Congo s'intéressent à la seule mise en relation des effets de l'impact et les effets des activités de microfinance. Les données issues de l'analyse d'impact peuvent leur permettre d'influencer des changements des politiques et de décisions d'affectations budgétaires et de soulever le débat dans une optique correspondante.

L'impact à analyser doit être mise en corrélation avec le résultat recherché ; la plupart des IMF en République Démocratique du Congo avons nous constaté perçoivent la microfinance non seulement comme un moyen peu coûteux d'alléger la pauvreté, mai aussi comme moyen efficace de capter la masse monétaire oisive et importante et de l'introduire dans le circuit bancaire.

Cependant, les intentions et les attentes liées au programme de microfinance présentent dans leurs détails des différences considérables. Connaître la mission ou l'objectif d'une IMF constitue un bon point de départ pour les analyses d'impact.

Une étude de la Banque Mondiale portant sur les projets de crédits s'adressant aux petits micro entrepreneurs a mis en évidence les trois objectifs les plus fréquemment usités en République Démocratique du Congo :

+ Générer l'emploi et les opportunités par le biais de la création et du développement de microentreprises ;

+ Accroître la productivité et le revenu des groupe socialement vulnérables, en particulier les femmes et les pauvres ;

+ Réduire la dépendance de familles rurales vis-à-vis des risques de sécheresse par le biais d'une diversification de leurs portefeuilles et leurs activités génératrices de revenu29.

III.3. QUELS TYPES D'IMPACTS PEUT-ON OBSERVER EN R.D.C

III.3.1. Les critères indicatifs d'impact

Une analyse d'impact bien menée (donc fiable) s'est révélée difficile et coûteuse dans l'élaboration de cette étude. Face à cette situation nous avons opté dans ce travail un certain nombre de « critères indicatifs » d'impact.

L'accent n'est plus désormais mis sur l'entreprise individuelle ou le client des services financiers, mais sur les institutions qui proposent ces services. Cette approche dite des « systèmes financiers » accordent nécessairement une attention moindre à l'impact en terme de mesure de la croissance de l'entreprise, pour se concentrer davantage sur l'accès aux services financiers30.

III.3.1.1. L'IMPACT ORIENTE VERS LE CLIENT : LA VOLONTE DE PAYER

La volonté de payer est considérer comme un critère indicatif d'impact en raison d'un paradigme de l'économie du marché, selon lequel si un produit ou un service est proposé au client et que ce dernier l'acheter, c'est qu'il a de la valeur pour lui.

L'analyse d'impact en microfinance en République Démocratique du Congo met par conséquent en évidence le nombre des clients touchés et leur volonté de payer ; cela est indiqué par le résultat de l'enquête menée à Kinshasa dans la Coopérative d'Epargne et de Crédit de l' Union Nationale des Femmes (CECUNAF) qui accorde un montant de prêt maximum aux membres en fonction des niveaux de formation qui est indispensable et primordiale pour l'octroi du crédit.

> Pour les membres réguliers ou effectifs

Niveau 1 : 50.000 CDF = 132 USD >>>> taux de change=315CDF/USD
Niveau2 : 100.000CDF = 264 USD >>>> taux de change=385CDF/USD
Niveau3 : 250.000CDF = 658 USD >>>> taux de change=370CDF/USD

> Pour les membres auxiliaires :

29 WEBSTER,RIOPELLE et CHIDZERO, World Bank lending for small enterprises, 1989-93, World Bank Technical paper P.311, Washington D.C

30 OTERO MARIA et RHYNE ELISABETH, eds 1994, New World of microenterprise finance, West Hartford, conn : Kumarian Press P. 89

Niveau1 : 25.000CDF = 66 USD

L'obtention d'un montant supérieur est possible seulement lorsque le remboursement du niveau concerné a été fait dans les normes requises. L'aperçu triennal (2001-2003) sur le volume des prêts octroyés par la CECUNAF à ses membres est présenté dans le tableau ci-après, suivi de l'évolution de l'épargne à vue effectuée dans cette institution.

Tableau n°10 :Aperçu triennal sur le volume des prêts

DESIGNATION 2001 2002 2003 TOTAL

Montant de prêt

1.534.600 FC

224.500 Fc

4.625.000 Fc

6.384.180 Fc

4.872 USD 670 USD 12.500 USD 18.042 USD

Taux d'intérêt

10%/mois

10%/ mois

7%/ mois

 

Echéance

1 mois

1mois

4 mois

 

Taux de remboursement 75% 100% 69%

Taux de non remboursement 25% 0% 31%

Nombre de prêts 68 23 47 138

Source : Rapport d'activités CECUNAF.

Tableau n°11 : Evolution de l' Epargne à vue

DESIGNATION

2001

2002

2003

TOTAL

DEPOTS

CDF

162.935

295.650

843.650

1.302.235

USD

476

1.475

1.708

3.169

RETRAITS

CDF

59.700

182.700

339.000

641.300

USD

177

985

1.370

2.532

SOLDE

CDF

103.335

112.950

444.650

666.935

USD

299

491

3.380

632

Source: Rapport d'activités de CECUNAF.

Nous notons que le test de volonté de payer se fonde sur la logique suivante : les coûts d'acquisition de services financiers se présentent sous forme d'intérêts et frais de dossiers, auxquelles s'ajoutent le temps passé dans les réunions de groupe ou dans la démarche ayant trait à l'instruction du dossier de crédit.

Si les clients ont recours de manière répétitive à ces services et les payent à l'échéance et régulièrement, par conséquent, la valeur de ces services est alors selon toute évidence supérieure à leurs coûts. On peut alors supposer que les clients estiment que les avantages que lui procurent ces services sont supérieurs à leurs coûts.

On peut considérer également à première vue comme l'indique les données dans les tableaux ci-hauts, que les taux de remboursement élevés couplés avec des faibles taux d'impayés témoignent d'une volonté de payer. Cette logique

s'applique également aux services d'épargne : si la population continue d'utiliser les services d'épargne d'IMF, on peut alors établir que ces services représentent de la valeur .

A ce propos nous pouvons affirmer que l'expérience - tout au moins celle que nous avons dans notre pays montre que la confiance que les institutions financières congolaises ont eue auprès de la population reste très rarement satisfaite. Les problèmes quant au recouvrement de ces crédits sont rares. La clientèle du passif comme celle de l'actif fait toujours honneur à ses engagements, et rares sont les fois où il faut avoir recours à des moyens extrêmes pour récupérer l'argent versé comme crédit.

Cependant, certaines mises en garde sont souvent nécessaires. Ainsi, si le client n'utilise le service qu'une seule fois (et l'abandonne par la suite) ou si le prix dudit service est en dessous de sa valeur du marché (c'est le cas lorsque les taux d'intérêts sont subventionnés, ce qui est exclu pour la RDC où les taux sont fixés librement), il est alors difficile de savoir si le service serait encore valorisé, si son coût était recalculé sur base pérenne.

Le test portant sur la volonté de payer pourrait également ne pas fournir des résultats dans le cas suivant :lorsque ce service se trouve associé à d'autres ( tels que l'éducation alimentaire), lorsque la démarche de l'emprunteur n'est pas volontaire (si un mari contraint son épouse à demander un crédit par exemple) ou lorsque les effets au sein du ménage sont contrastés (une baisse de l'assiduité scolaire des filles en raison d'un besoin plus important de main d'oeuvre à la maison en est un autre exemple).

Cependant, lorsque la volonté de payer constitue un critère indicatif d'impact simple et peu coûteux, il comporte des insuffisances non négligeables :

- L'ampleur de l'impact est difficile à déterminer ;

- Les effets au sein du ménage ne sont pas pris en compte ;

- L'évolution de l'impact à long terme (réduction de la pauvreté) n'est pas certaine.)

L'argument le plus sérieux que l'on pourrait opposer contre l'utilisation d'indicateurs d'impact se fondant sur le marché en RDC tel que celui de la volonté de payer est qu'il suppose que la microfinance est un produit comme tout autre destiné au marché.

Si la microfinance n'était qu'un produit comme la bière (SKOL ou PRIMUS), on aurait peu des raisons de s'interroger à la volonté de payer et on se contenterait à l'instar des brasseries, de chercher à dégager les bénéfices, lesquels suffisent amplement à témoigner du succès du produit. Or, la microfinance à pour

vocation de contribuer à la réduction de la pauvreté. C'est la raison pour la quelle des nombreux spécialistes estiment qu'il est indispensable d'analyser l'impact de la microfinance sur la réduction de la pauvreté31.

III.3.1.2.L'IMPACT ORIENTE VERS L'INSTITUTION : les ratios de gestion
III.3.1.2.1. Présentation, Analyse et Interprétation des Résultats

Les résultats de l'étude qui a été réalisée sont repris en détail dans les tableaux qui vont suivre. Les indicateurs ont été déterminés pour l'ensemble des systèmes financiers décentralisés (coopératives d'épargne et de crédit et institutions de microfinance) mais également par type d'institution pour les périodes considérées.

Les valeurs des indicateurs qui sont reprises dans cette étude sont des valeurs moyennes pondérées. Avant d'identifier les facteurs, propres à la République Démocratique du Congo, qui sont susceptibles d'influencer la valeur de ces ratios, il est intéressant de les comparer d'une part aux ratios obtenus par les autres systèmes financiers décentralisés africains et d'autre part de les comparer aux ratios obtenus par les institutions les plus performantes à l'échelle mondiale.

En République Démocratique du Congo, il apparaît que les ratios calculés montrent un rendement de l'actif proche des 3%, un rendement des fonds propres de 9% et une autosuffisance opérationnelle de 103%. Si nous nous référons à l'étude sur la portée et les performances financières des institutions de microfinance en Afrique menée par le MIX Market en avril 2005, les institutions africaines présentent en moyenne un rendement des actifs proches de 2% et une autosuffisance opérationnelle de 122%, soit des performances similaires et supérieures à celles des institutions congolaises étudiées.

Toutefois, après retraitement, les meilleures institutions de microfinance au monde présentent un rendement retraité des actifs de 3,3% , rendement nettement supérieur à celui des institutions congolaises qui avoisine les - 44%. Le Tableau ci-dessous synthétise les principaux indicateurs pour la République Démocratique du Congo, le continent africain et il indique également les performances des meilleures institutions de microfinance de par le monde.

La valeur des indicateurs dépend directement de la façon dont les institutions génèrent des recettes et sont capables de maîtriser leurs dépenses. Une analyse de l'origine de ces ressources et de l'emploi qui en est fait permettra de donner des éléments d'explication aux valeurs présentées par ces indicateurs :

- Les revenus des systèmes financiers décentralisés proviennent essentiellement des intérêts sur les prêts qu'ils octroient ainsi que des pénalités, des commissions ou encore des revenus de leurs (éventuels investissements.)

- Les charges les plus importantes de ces institutions sont les charges

salariales, les frais de transport ou encore les dotations aux provisions pour les prêts en défaut de paiement. Les dépôts ne sont, pour la plupart, pas rémunérés.

Tableau n°12 : Mise en perspective des ratios congolais

INDICATEURS DE RENTABILITE

 

RDC

 

AFRIQUE

OPTIMUM
MONDIAL

2004

2005

2006

Rendement moyen de l'actif pondéré par l'actif

-3,41%

2,72%

3,40%

2,00%

N/A

Rendement moyen des fonds propres pondéré par les fonds propres

-13,39%

9,45%

14 ,32%

N/A

N/A

Autosuffisance opérationnelle
moyenne pondérée par l'actif

120,97%

103 ,00%

242,14%

122,00%

133,30%

Rendement moyen retraité de l'actif pondéré par l'actif

-25,79%

-43,89%

-31,46%

N/A

3,30%

Rendement moyen retraité de fonds propres pondéré par les fonds propres

-102,41%

-145,30%

-138,21%

N/A

10,70%

Autosuffisance financière moyenne pondérée par l'actif

49,93%

47,63%

18,77%

N/A

110,90%

Source : http/ www.mixmarket.org

Si nous examinons les indicateurs non retraités repris de façon synthétique au Tableau ci-haut nous pouvons constater que ces derniers sont en général très faibles et témoignent de l'absence, en République Démocratique du Congo, de revenus suffisants pour couvrir les charges d'exploitation, comme le confirme la valeur de l'autosuffisance opérationnelle.

Ce constat est d'autant plus marqué après le retraitement des données et la prise en compte de l'inflation qui affecte l'environnement des institutions et les différents soutiens dont elles bénéficient. Ce manque de performance de certaines institutions est-il lié à leur difficulté à générer des revenus ou à leur incapacité à réduire leurs charges d'exploitation ?

- Les produits d'exploitation sont essentiellement générés par l'octroi de crédits. Or, seuls 40 à 50% des actifs des différentes institutions est consacré à leur activité principale d'intermédiation financière, à savoir l'octroi de crédits. Cet élément permet d'expliquer les revenus financiers limités de ces institutions.

- Les charges liées à l'exploitation sont importantes. Les raisons de l'importance des charges qui sont à la fois internes et externes aux institutions.

o Au niveau externe, l'importance des charges peut s'expliquer par l'environnement économique inflationniste, qui a pour conséquence une augmentation des salaires à verser aux employés ou encore par l'insuffisance des infrastructures, qui entraîne une augmentation de divers coûts d'exploitation, tels que les coûts de transport.

o Au niveau interne, le manque de rigueur de certaines institutions peut les empêcher d'assurer un contrôle rigoureux de leurs charges 'exploitation.

L'objectif à long terme de toute institution est d'atteindre la pérennité, c'est-à-dire la couverture par les produits d'exploitation non seulement des charges d'exploitation, mais également d'autres charges telles que les pertes sur créances, le coût des ressources ou l'inflation, tout en capitalisant pour sa croissance. L'étude que nous avons réalisée suggère que la majorité des institutions analysées ne présentent pas encore une rentabilité suffisante pour leur permettre d'être pérennes.

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King