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La nature, le fonctionnement et les implications sociales, économiques et politiques de la microfinance en RDC

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par Denis Mushiya
Université de Kinshasa - Licence 2006
  

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CHAP.I. FONDEMENT THEORIQUE DU MICROFINANCEMENT

I.1: LES DEFINITIONS DES CONCEPTS DE BASE.

La démarche entreprise dans cette section est d'expliquer les concepts, les mots, ainsi que les termes utilisés dans cette étude, afin de permettre la compréhension par la suite des rudiments de microfinancement et enfin les mécanismes par lesquels la microfinance contribue à la réduction du pauvreté.

I.1.1. Microfinancement : Le terme de microfinancement recouvre les prêts ; l'épargne, l'assurance, le service de transfert et autres produits financiers visant les clients à faible revenu.

I.1.2. Microcrédit : Le microcrédit est une faible somme d'argent prêtée à un client par une banque ou une institution non bancaire. Le microcrédit peut être offert, souvent sans garantie, à un individu ou par la voie du prêt d'un groupe.

I.1.3. Microépargne : La microépargne concerne des services de dépôt qui permettent à un individu d'engranger des faibles sommes d'argent pour une utilisation future ; souvent dépourvus de crédit minimal, les comptes d'épargne permettent aux ménages de mettre l'argent de côté afin de faire face à des dépenses imprévues ou de planifier des futurs investissements.

I.1.4. Microassurance : La microassurance est un système par lequel un individu, un commerce (une boutique) ou une autre organisation effectue un paiement pour partager le risque. L'accès à l'assurance permet aux entrepreneurs de se concentrer sur la croissance de leurs entreprises tout en atténuant les risques qui affectent la pauvreté, la santé ou la capacité à travailler.

I.1.5. Les versements : Les versements constituent des transferts des fonds d'un individu en un lieu à d'autres individus en un autre lieu, en général par-delà les frontières, à des amis ou des membres de famille. En comparaison à d'autres sources des capitaux qui peuvent fluctuer, selon le climat politique ou économique, les versements constituent une source de fonds relativement stables.

I.1.6. Les clients du microfinancement : Les clients du microfinancement sont en général les pauvres et les populations qui bénéficient d'un faible revenu. Parmi eux, on trouve des femmes à la tête d'un foyer, des retraités, des artisans et des petits exploitants agricoles. La clientèle d'une organisation dépend de la mission et des objectifs de cette organisation.

I.1.7. Marché cible6 : Un marché cible constitue un segment de marché défini, composé des clients identifiables qui ont besoin des services de microfinance ou représentant une demande potentielle pour ces services.

I.1.8. La pauvreté absolue et la pauvreté relative : La pauvreté absolue est définie par référence à un seuil de pauvreté associée a un pouvoir d'achat fixe permettant de couvrir l'ensemble des besoins essentiel, qu'ils soient physiques ou sociaux. Faire de la réduction de la pauvreté absolue le but primordial de développement revient à dire qu'un de ses objectifs premiers est de garantir la satisfaction des besoins fondamentaux de chacun.

Mais à l'image des besoins fondamentaux, le seuil de la pauvreté est pluridimensionnelle, recouvrant principalement deux aspects - un seuil de pauvreté lié aux revenus (pour les besoins que l'on peut satisfaire grâce à ses gains) ; et des seuils non monétaires (pour les autres besoins).

Les besoins fondamentaux étant susceptibles d'évoluer avec le temps et dans l'espace, le seuil de pauvreté absolue peut varier d'un pays à l'autre, même après correction de la parité du pouvoir d'achat (PPA) pour la pauvreté-revenu, de même qu'il peut varier pour un même pays sur les longues périodes.

Cette définition absolue de la pauvreté que des nombreux pays utilisent doit être opposée à une définition relative où le seuil de pauvreté est défini non pas en termes de besoins fondamentaux bien établis, mais comme une proportion fixe du revenu moyen de la population. Ainsi, l'Union Européenne considère comme pauvres, les individus dont les ressources sont inférieures de moitié au revenu moyen de ses pays membres.

Naturellement, on peut voir dans cette définition relative de la pauvreté-revenu - où le seuil de la pauvreté est en permanence revu et explicitement fondé sur les variations relativement longs et sur une base discrétionnaire - la limite de la définition absolue de la pauvreté.

Cependant, ce qui importe dans cette étude, est que cette définition de la pauvreté relative - parfois qualifiée de la « privation-relative » - devient en quelque sorte indépendante de la croissance économique. Le niveau absolu de revenu et, partant une grande partie du processus de développement, ne présentent plus d'intérêt, seuls comptent les revenus relatifs. Le fait de fixer le seuil de pauvreté par rapport à un revenu moyen peut faire apparaître une pauvreté croissante même si le niveau de vie de pauvres a en fait augmenté.

6 JOANNALEDGERWOOD, Manuel de microfinance, BM. Washington DC, 1999 p. 49.

Si les économistes conviennent de plus en plus de l'importance de la privation relative, ils ne sont pas d'accords sur le fait que le bien être de chacun dépende uniquement de sa position relative et non d'un niveau de vie absolu déterminé par le revenu.7

I.1.9. Trappe à pauvreté : une trappe à pauvreté est une situation d'équilibre dans la pauvreté, dont il n'est pas possible pour un individu de sortir (i) sans un apport externe provenant d'une politique de redistribution nationale et/ou internationale (aide) ; (ii) sans un changement fondamental dans le fonctionnement des marchés (marchés de crédit).

I.1.10. Institution financière : V.P. KINZONZI la définit comme une entreprise de collecte et de réalisation de l'épargne disponible en vue de satisfaire une pluralité des besoins situés à différents niveaux de l'organisation, intra-entreprises, sectorielles de l'activité ou des nations8.

Ajoutons également que c'est un système financier qui s'inscrit dans la durée et qui répond aux trois critères, d'équilibre financier, de reconnaissance juridique et de la viabilité sociale. Ceci demande souvent plusieurs années, on peut alors parler de processus d'institutionnalisation9

I.1.11. Institution financière bancaire : Selon la législation congolaises, les IFB sont constituées d'entreprises qui font profession habituelle de recevoir du public, sous forme de dépôt ou autrement des fonds remboursables à vue, à terme ou avec préavis, fonds qu'elles emploient pour leurs propres compte à des opérations de crédit ou de placement.10 Les IFB sont celles qui ont le pouvoir de créer la monnaie. Mais elles gèrent et distribuent également l'épargne. Cette définition classique est fondée sur le principe de spécialisation, celui-ci tend à s'atténuer et même à disparaître.

I.1.12. Institution de microfinance : une institution de microfinance (IMF) est une
organisation qui fournit des services financiers adaptés aux populations pauvres. Bien
que chaque IMF soit différente, elles partagent toutes la caractéristique commune de

7 On peut aussi définir la pauvreté en combinant les deux définitions de la pauvreté absolue et de la pauvreté relative. Voir:

-FOSTER, J. W. 1998. « Absolute versus Relative poverty », American Economic Review, 88(2); 335-41. ATKISON, A .B. et F. BOURGUIGNON, 2000 « Income Distribution and Economics » Handbook of income distribution, vol.1, sous la direction de A-B ATKISON et F. BOURGUIGNON, Elsevier, Amsterdam. -RAVALLION,M. 2003 « The Debate on globalisation, poverty and inequality : why Measurement

matters »,Working paper n°3038, BM, Washington DC, Avril.

8 KINZONZI V.P., Gestion des institutions financières et développement, collection comptabilité, finance et développement Tome 5 bis Kinshasa Mai 2003 , p.37.

9 Commission européenne, Microfinance, orientations méthodologiques, 2ème Ed. , Luxembourg 2000 p.23 .

10 EUGENE BOLALUETE M. , Institutions financières congolaises, Notes de Cours L2 EMI , 2005-2006.

fournir de services financiers à une clientèle plus pauvre et, plus vulnérable que les clients traditionnels de banques.

I.1.13. Système bancaire : dans la conception classique, le système bancaire est un ensemble de banques en réseau à la tête duquel se trouve un institut d'émission. Ainsi, le système bancaire congolais est un sous ensemble de système financier congolais. De ce fait, il comprend la BCC, les banques de développement, les banques commerciales et les banques spécialisées.

I.1.14. Services financiers : comprennent essentiellement ici dans la microfinance, le microcrédit, la microépargne et la microassurance.

I.1.15. Secteur financier : le secteur financier regroupe toutes les institutions ou les acteurs impliqués dans les services financiers. Ce secteur financier comprend le secteur formel, le secteur intermédiaire et le secteur informel ou autonome.

I.1.16. Le secteur financier ouvert : c'est un secteur qui permet aux pauvres et aux populations qui disposent des faibles revenus d'avoir l'accès aux crédits ,à l'assurance, aux produits d'épargne et de transfert. Les secteurs financiers dans des nombreux pays ne fournissent pas ces services aux segments du marché qui disposent des faibles revenus. Un secteur financier ouvert permet de soutenir la pleine participation de secteur de la population à faible revenu, afin de promouvoir la croissance économique.

I.1.17. Secteur autonome : ce secteur est appelé souvent informel, souterrain, il comprend les systèmes financiers créés par les populations elles-mêmes sans l'intervention extérieure (tontines, garde monnaie, encaisseurs des fonds « buakisa carte », club des investisseurs, prêts personnels...), ces systèmes n'ont pas de reconnaissance juridique.

I.1.18 Secteur intermédiaire : il s'est créé progressivement pour assurer des services financiers aux populations par le système bancaire. Ces services sont la résultante d'une intervention extérieure et d'une implication plus ou moins fortes des populations bénéficiaires. Les systèmes financiers concernés ont actuellement les formes de reconnaissance juridique très diverses : projet, ONG, institution mutualiste d'épargne et de crédit ; institution spécifique ou spécialisées (IFS) ou institution financière intermédiaire (IFI).

Certains ont un statut temporaire (projet), d'autres rentrent dans la loi bancaire en vigueur au niveau national, d'autres encore font l'objet des lois spécifiques déjà votées ou en cours de discussion.

Parmi les institutions les plus répandues , on trouve : les COOPEC, ou crédit union, le système de crédit solidaire ( inspiré du modèle gramen bank), le réseau de caisses villageoises, institutions spécialisées pour les micro ou petits

entrepreneurs . Notons que les institutions du secteur intermédiaire ne sont pas informelles, même si elles financent des bénéficiaires ruraux ou urbains appartenant au secteur informel .11

I.1.19. Système financier : un système se définit de façon général comme « un ensemble d'élément en interactions ». Un système financier englobe l'ensemble d'éléments et des mécanismes d'intermédiation financière entre prêteurs et entrepreneurs.

Il peut se définir à plusieurs niveaux : national, régional, urbain, rural, mondial... ; sa description prend en compte les intermédiaires financiers (secteur financier, marché financier, et organisations spécialisées), les flux financiers, les relations entre intermédiaires, ainsi que les autres aspects interférant sur ces éléments (taux d'intérêts, cadre réglementaire...)

De façons spécifique, la notion du système financier est également utilisée pour caractériser l'organisation interne des différents intermédiaires à travers l'analyse de leurs éléments constitutifs, des pratiques et des méthodes servant de bases à leur conception et déterminant leur fonctionnement. On parlera par exemple de système bancaire, de système de COOPEC....

I.1.20 Micro ou petite entreprise (MPE) : ce terme microentreprise est de plus en plus usité dans la littérature consacrée au développement économique et social des PED.

On note que, l'ensemble des activités désignées sous cette appellation forme ce que l'on appelle le secteur informel en opposition au secteur dit formel. La petite taille est une condition caractéristique et l'affaire doit être personnelle dans le sens du patrimoine familial.

L'incertitude est encore plus marquée sur ce qu'il faut entendre par MPE dans les PED. Il n'existe pas une définition universellement reconnue de sa taille, encore moins de son rôle dans le développement économique.

En République Démocratique du Congo, dans le temps c'est dans le petit commerce régit par la patente où on retrouvait la MPE. La patente a été créée en 1979. C'est une sorte de registre de commerce appliquée aux petits commerçants et de ce fait, tout petit commerçant ne pouvait exercer ses activités commerciales que lorsqu'il a été préalablement patenté.

On peut en outre, définir ces entreprises sur base d'un certain nombre des critères (juridiques, quantitatifs, qualitatifs ....). La BCC a donc de ce fait élaboré une série d'instructions concernant le fonctionnement et la reconnaissance de ces MPE. Ainsi, dans le cadre de cette étude nous considérons comme microentreprise

toute petite unité de survie, alors que la petite entreprise peut être comprise comme étant une situation ou une structure un peu plus organisée.

.

I.1.21. Systèmes de financement décentralisés : ces systèmes financiers sont eux-mêmes très diversifiés : les COOPEC, formes diverses de crédit solidaires ; caisses villageoises d'épargne et de crédit, institutions financières sur MPE .... Ils se forcent de concilier une logique de décentralisation reposant sur la proximité et une logique d'adaptation des produits financiers à la demande de bénéficiaires .Ce système a la possibilité d'offrir des services financiers à une clientèle de plus en plus large ayant peu de chance de bénéficier de l'appui du système bancaire.

L'accent est mis ici sur le fait que les principales divisions au niveau de services financiers ( octroi et récupération du crédit , collecte d'épargne , gestion ...), sont prises au niveau local ( agence ou caisse ) en insistant sur l'importance de la proximité géographique et locale pour prendre des décisions adaptées et avoir un lien de confiance.

Ceci n'empêche pas le SFD à avoir plusieurs étages aux niveaux, local, provincial, national , international.... Les trois notions , secteur intermédiaire, microfinance, système financier décentralisé se regroupent largement même si chacune met l'accent particulier sur un aspect spécifique.

I.1.22. Définition de la microfinance : la microfinance s'est développée en tant qu'approche du développement économique qui s'intéresse spécifiquement aux hommes et aux femmes à faibles revenus. Le terme désigne l'offre des services financiers à une clientèle pauvres composée notamment des petits travailleurs indépendants. Les services financiers comprennent généralement l'épargne et le crédit.

Certaines IMF proposent néanmoins également les services d'assurance et de paiement. Au delà de leur fonctions d'intermédiaires financiers, un grand nombre d'IMF jouent un rôle d'intermédiation sociale à travers le groupement de personnes ( FINCA-RDC) ; le renforcement de conscience en soi ; la formation dans le domaine financier et la gestion de la compétence au sein du groupe. Ainsi, la microfinance se définit souvent par deux fonctions : intermédiation financière et intermédiation sociale.12

Loin d'être une simple affaire des banquiers, la microfinance est un outil de développement. Les activités de microfinance comprennent :

- Des petits crédits, en particulier pour le fond de roulement ;

12 JOANNA LEDGERWOOD ; op cit, p21.

- L'évaluation informelle des emprunteurs et investisseurs ;

- Des formes des garanties spécifiques, telles que la caution solidaire

ou épargne obligatoire, même une garantie morale ou orale ;

- L'accès à des crédits successifs et de montant croissant en fonction

de la performance de remboursement ;

- L'octroi et le suivi efficaces de crédit

- Les produits d'épargne sûrs.

Notons que dans ce travail, nous utiliserons le terme de « activités de microfinance » pour designer les activités réalisées par l'IMF , un projet de microfinance ou volet-financier d'un projet. S'agissant d'une organisation proposant des services de microfinance qu'elle soit ou non légalement formalisée, on emploiera le terme institution de microfinance (IMF).

Bien que certaines IMF offrent des services d'appui au développement d'entreprises (formation, technique et marketing par exemple) et sociaux (alphabétisation et santé public etc....), ceux-ci ne sont pas généralement inclus dans la définition de microfinance. Les IMF peuvent être des ONG, des coopératives, des mutuelles de crédit, des banques d'Etat, des banques commerciales ou les institutions autres que les banques.

Les clients de ces IMF sont généralement des travailleurs indépendants, des entrepreneurs aux revenus faibles en zones rurales ou urbaines. Il s'agit souvent des commerçants, des marchands ambulants, petits agriculteurs, petits prestataires des services (coiffeurs, couturières, pousse - pousseurs, artisans et petits producteurs, forgerons). Ces activités diversifiées leur fournissent habituellement des revenus stables. Bien que pauvres, ils ne sont pas cependant considérés comme les « plus pauvres ».

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein