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Stratégies de financement des activités agricoles développées par les producteurs ruraux dans la commune de Gogounou (Nord Bénin)

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par Hermann ALINGO
Université de Parakou - Diplôme d'ingénieur agronome: option économie et sociologie rurale 2009
  

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DEUXIEME PARTIE :

PRESENTATION DES RESULTATS ET

DISCUSSIONS, CONCLUSION ET

SUGGESTIONS

CHAPITRE IV

EVALUATION ET ANALYSE DES

REVENUS DES PRODUCTEURS

RURAUX

4- EVALUATION ET ANALYSE DES REVENUS AGRICOLES DES PRODUCTEURS RURAUX

La connaissance des revenus agricoles annuels des agriculteurs, des éleveurs et des femmes transformatrices constitue une étape nécessaire à l'étude des stratégies de financement des activités agricoles et permet de mieux appréhender les contraintes liées au financement agricole. L'analyse des revenus agricoles vise à mettre en évidence les éventuelles relations entre cette variable et le sexe, le niveau d'éducation et les activités des producteurs ruraux. Afin d'éviter tout amalgame, il est nécessaire de rappeler que dans la présente étude, le terme producteur rural prend en compte tout individu du monde rural exerçant une activité de production agricole, que ce soit l'agriculture, l'élevage ou les transformations agroalimentaires.

4-1- Evaluation des revenus agricoles annuels des producteurs ruraux

4-1-1- Activités principales des enquêtés

Trois principaux groupes d'activités ont été identifiés dans le monde rural dans la commune de Gogounou. Il s'agit de l'agriculture, de l'élevage et des transformations agro-alimentaires (Odjouola, 2007). Mais l'agriculture est l'activité économique la plus importante et occupe près de 80% de la population et est essentiellement pratiqué par les Baribas. Cette tendance transparaît également dans l'unité de recherche car 50% des individus enquêtés sont des agriculteurs (voir figure 4.1). L'agriculture et les transformations agroalimentaires restent alors l'apanage des Baribas. Les Peulhs quant à eux font exclusivement de l'élevage.

Activités agricoles

Transformation
s
24,4

Agriculture
50

Elevage

26,6

Figure 4.1: principales groupes d'activités

4-1-2- Revenu agricole annuel des producteurs ruraux

Le premier objectif de cette étude est d'évaluer les revenus des producteurs ruraux dans la commune de Gogounou. Le tableau 4.1 révèle que les agriculteurs, les éleveurs et les femmes transformatrices gagnent en moyenne annuellement 848.465 Fcfa, 536.570 Fcfa, 429.520 Fcfa et 664.330 Fcfa respectivement dans les villages de Lougou, Zougou-Pantrossi, Wèrè et Boro. Les producteurs de Lougou et de Boro bénéficient des revenus les plus élevés, ce sont souvent de grands agriculteurs qui disposent de vaste exploitation agricole ou de grands éleveurs dont la taille du troupeau dépasse 500 têtes de bétail. Tandis que ceux de Zougou-Pantrossi et de Wèrè reste à la traîne avec les plus faibles revenus annuels. Le revenu agricole annuel moyen des producteurs ruraux dans la commune de gogounou s'élève 619.720 Fcfa avec une perte maximal de 134.450 Fcfa et un revenu maximum de 8.097.500 Fcfa.

Le signe négatif du revenu de certains ménages est dû au fait que dans le monde rural, la logique de production agricole et de consommation ne respecte pas toujours les seules règles de l'économie classique fondée sur le profit, mais est beaucoup plus influencée par l'anthropologie économique. Or en anthropologie économique, le social, la politique et l'économie sont étroitement liés. Le ménage agricole ne fonctionne pas toujours comme une entreprise agricole calqué sur le double objectif qu'est la maximisation du profit et la minimisation des coûts, son fonctionnement est surtout orienté vers la satisfaction des besoins primaires telles que la sécurité alimentaire au sein du ménage mais prend aussi en compte les rapports sociaux c'est-à-dire les réseaux d'échanges intra-interfamiliaux et intra ou intervillageois. Le faible revenu constaté au niveau de ces ménages est entre autre dû au fait qu'une bonne partie de la récolte a été autoconsommée, ce qui signifie que les recettes agricoles seront très faibles et ne pourront pas couvrir toutes les charges, d'où un revenu négatif même si la main-d'oeuvre familiale est largement sollicité dans ces genres de ménage. Certaines femmes dont les activités ne dégagent qu'une très faible marge avouent exercer les activités de transformations agroalimentaires juste pour vaincre l'oisiveté.

Néanmoins, de nombreux spécialistes en gestion affirment que les paysans aussi bien que les autres opérateurs économiques ne s'emploient pas en réalité à maximiser le revenu, mais ils essaient d'obtenir au moins un niveau minimum de revenu. Ce comportement est dénommé comportement de satisfaction (Lipton, 1968). Par exemple, la déclaration "Si je peux réaliser 200.000 F CFA de revenu cette année, je serai heureux", que l'on entend très souvent, traduit ce type de comportement. Il est celui de beaucoup d'exploitants qui, bien que capables et possédant une base de ressources adéquates pour croître, décident de maintenir la taille

actuelle de leurs exploitations plutôt que d'étendre et d'augmenter leurs responsabilités en matière de gestion en même temps que leurs revenus. Selon Lipton (1968) les paysans ne sont pas préoccupés par la maximisation de leurs revenus mais plutôt, ils cherchent à maximiser leurs chances de survie. Au lieu de se focaliser sur le long terme, ils sont surtout préoccupés par le court terme. Ainsi, ils vont souvent préférer garantir d'abord la sécurité alimentaire.

Tableau 4.1 : revenu moyen des producteurs aux niveaux villageois et communal

Niveau village
et communal

Revenu agricole annuel

Minimum

Maximum

Moyenne

Lougou

15.650

8.097.500

848.465

Zougou-
Pantrossi

-102.200

2.363.150

536.570

Wèrè

-134.450

2.453.300

429.520

Boro

-62.850

3.078.000

664.330

Gogounou

-134.450

8.097.500

619.720

Ces chiffres paraissent satisfaisantes à première vue mais très insuffisantes comparées aux dépenses annuelles (dépense agricole et divers) auxquelles les producteurs ruraux doivent faire face. Rien que pour les dépenses liées aux activités agricoles, les producteurs ont déboursé en moyenne 662.000 Fcfa. Dans un environnement où l'accès aux micro-crédits est difficile, alors il n'est facile aux producteurs ruraux de financer les activités agricoles. Cette situation augmente le niveau de pauvreté des producteurs, car faible capacité d'investissement rime avec faible production d'où faible revenu agricole. Yègbémey (2007) dégage des résultats de ses études qu'en milieu rural les besoins des pauvres sont largement au dessus des revenus agricoles. Selon Aho et al (1997), l'augmentation des revenus des ménages en milieu rural, constitue l'un des meilleurs moyens d'améliorer leur bien-être, donc de les sortir des carcans de la pauvreté. Or l'augmentation des revenus serait difficile si les besoins liés au

financement agricoles ne sont pas couverts de manière significative. En effet une augmentation des revenus est positivement corrélée à une augmentation des capacités de production des ménages agricoles et une augmentation des capacités de productions signifie, en plus de la satisfaction d'autres conditions connexes et de la levée des principales contraintes de financement, que les besoins de financements des activités agricoles sont largement couverts. Car les producteurs ne seront plus obligés de réduire les superficies emblavées pour pouvoir faire face aux dépenses liées à la production agricoles. Les politiques de lutte contre la pauvreté devraient donc chercher à créer un cadre favorisant l'accès aux crédits agricoles. En attendant la mise en place de ces mesures, les producteurs ont recours à différentes stratégies endogènes ou empiriques pour financer leurs activités agricoles. L'analyse de ses différentes stratégies sera faite dans le chapitre VI du présent document et le paragraphe suivant sera consacré à l'analyse des revenus extra-agricoles.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci