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Stratégies de financement des activités agricoles développées par les producteurs ruraux dans la commune de Gogounou (Nord Bénin)

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par Hermann ALINGO
Université de Parakou - Diplôme d'ingénieur agronome: option économie et sociologie rurale 2009
  

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5-2- Analyse de la part moyenne du revenu réinvestie.

Le calcul de la part des revenus agricoles réinvestie nécessite la connaissance des revenus l'année précédente. Les producteurs ont fourni des informations relatives à leur production de l'année précédente, la quantité prélevée pour usages personnels (auto-consommation, dons, constitution du stock de semences pour la campagne suivante, nombre d'animaux tué pour consommation au sein du ménage...) et la quantité vendue (nombre de sac et prix unitaire, nombre d'animaux vendu et les prix unitaires, nombre d'unité de produits de transformations agricoles vendu et prix unitaire...) a permis le calcul des recettes engrangées l'année précédente. Les dépenses engagées (rémunération de la main-d'oeuvre, paiement des frais de vaccination, paiement des bouviers, transport...) toujours au cours de l'année précédente par le producteurs ont été déduit de ces recettes totales pour le calcul du revenu agricole.

Les quantités de charges relatives à chaque activité de production agricole montrent que la transformation agro-alimentaire représente une activité qui nécessite d'énormes charges, comparée à l'agriculture et à l'élevage. Ce qui signifie que les femmes rurales doivent dépenser plus d'argent que les hommes pour mener leurs activités.

La lecture du tableau 5.2 permettre de réaliser combien de fois la part moyenne des revenus
agricoles réinvestie par les femmes est supérieure à la part de réinvestissement des hommes.

Dans tous les villages à l'exception de Boro, les femmes rurales réinvestissent plus du double de leur revenu pour financer les activités de transformations agricoles. Cette part moyenne de réinvestissement des femmes est particulièrement très élevée à Zougou-Pantrossi car elle s'élève à 293,32% pour ces dernières contre 19,58% pour les agriculteurs et les éleveurs. C'est uniquement à Boro que le niveau du revenu réinvesti par les hommes (80,15%) est supérieur à celui des femmes (68,10%). Tandis que dans tous les autres villages, ces braves dames réinvestissent leurs revenus bien plus que les hommes. La figure 5.2 montre clairement que les femmes investissent en général plus de 200% des revenus qu'elles tirent des transformations agricoles. En effet, à l'échelle communale, la part moyenne de réinvestissement des revenus agricoles s'élève respectivement à 201,79% et 37,67% pour les femmes et les hommes. Mais contrairement à la part réinvestie dans les activités agricoles, la part des revenus agricoles investie dans les besoins sociaux est plus élevée chez les hommes que chez les femmes. D'après le tableau 5.3, 43,86% des revenus des hommes sont investis surtout dans les cérémonies (mariages multiples, cérémonies traditionnelles...), l'acquisition des biens matériels (achat de moto) puis la santé et l'éducation tandis que les femmes n'investissent que 18,30% de leurs revenus dans les besoins sociaux. Les femmes contribuent le plus souvent au revenu du ménage avec cette fraction de leur revenu propre. D'ailleurs, selon Odjouola (2007), les raisons qui motivent les femmes à exercer les activités génératrices de revenus sont l'entretien des enfants, la satisfaction des besoins personnelles, l'apport d'aide au mari pour l'entretien du ménage.

La part du revenu réinvestie dans les activités agricoles est très faible aux niveau des agriculteurs et des éleveurs, ceux-ci préfèrent investirent une partie significative de leur revenu dans l'acquisition de biens matériels, les cérémonies et accessoirement dans les loisirs. Seulement 37,67% revient aux activités agricoles, les producteurs optent pour l'exploitation de la main-d'oeuvre familiale en majorité, ce qui limite considérablement la capacité de production des ménages car c'est seulement de faibles superficies qui sont mise en valeur dans ce cas. Plusieurs théories de l'économie du développement lient le sous-développement au faible taux de réinvestissement des revenus dans les systèmes de production agricole en milieu rural africain. Il urge qu'un programme visant l'accroissement de la part réinvestie dans les activités agricoles soit élaboré. Ce programme sera subdivisé en de micro-projets (dirigés par les ONG locales) dont le principal objectif est de rehausser la capacité de financement des producteurs, en les incitant à augmenter la part de leur revenu qu'ils investissent dans la production agricole.

Tableau 5.2 : Résultat du test de comparaison des parts moyennes de réinvestissement des revenus agricoles.

 

Sexe

Effecti f

Part réinvestie (en %)

Statistique t de

Student

Degré de

liberté

Degré de signification p

Différence des moyennes (en %)

Lougou

Homme

 
 

1

,643

43

0

,124

184,77

 
 

33

58,90

 
 
 
 
 

Femme

 
 
 
 
 
 
 
 

12

243,67

 
 
 
 

Zougou-

Homme

 
 

1,148

43

0,021

273,74

Pantrossi

 

36

19,58

 
 
 
 
 

Femme

 
 
 
 
 
 
 
 

9

293,32

 
 
 
 

Wèrè

Homme

 
 
 
 
 

220

,08

 
 

31

19,63

 
 
 
 
 
 
 
 

3,058

43

0,009

 

Femme

 
 
 
 

14

239,71

 
 
 
 

Boro

Homme

 
 
 
 
 

-11,16

 
 

34

80,15

 
 
 
 
 
 
 
 

-0,095

43

0,925

 

Femme

 
 
 
 

11

68,10

 
 
 
 

Gogounou

Homme

 
 
 
 
 

164

,125

 
 

134

37,67

 
 
 
 
 
 
 
 

3,883

178

0,00

 

Femme

 
 
 
 

46

201,79

 
 
 
 

Tableau 5.3 : Part des revenus investie dans les besoins sociaux

Sexe

Effectif

Part moyenne des revenus réinvestie dans les autres besoins (en %)

Femme

46

18,30

Homme

134

43,86

Figure 5.2 : Evolution des parts moyennes de réinvestissement des revenus agricoles suivant les villages et le sexe

350
300
250

 
 
 

200
150

 

Homme Femme

100
50
0

 
 
 

Lougou Zougou Wèrè Boro

 
 

Les fortes valeurs de la part du revenu réinvestie par les femmes dépendent en partie de la formule8 qui permet de calculer cette part du revenu réinvestie. En effet, plus la composante RNAEt-1 de la fraction est faible, plus la part du revenu réinvesti est élevé. Or d'après le tableau 4.5, la transformation agricoles représentent l'activité qui génère le moins de revenu à l'échelle communale. A Gogounou, les femmes transformatrices gagnent en moyenne 564.380 Fcfa par an tandis que les éleveurs se retrouvent avec 757.815 Fcfa. Par ailleurs, les charges relatives aux activités de transformations agricoles sont les plus élevées par rapport aux charges liées à l'agriculture et à l'élevage (Voir tableau 5.1). Ce qui signifie qu'en dépit des faibles revenus des femmes, elles doivent débourser plus d'argent que les autres producteurs ruraux pour exécuter quotidiennement ces activités de transformations agricoles. Toutes ces conditions réunies, la part du revenu agricole réinvestie par les femmes sera inexorablement supérieure à cette même part chez les hommes qui font exclusivement de l'agriculture et l'élevage. L'autre raison qui explique ces fortes valeurs des parts moyennes de revenus réinvesties au niveau des femmes, est qu'elles puisent en réalité de l'argent de leur

RINV

8 t

PRE = * 100 Ott, PREt est la part du revenu réinvestie dans les activités agricoles à l'année t,

t RNAE t -1

RINVt est le montant investi dans la production agricole à l'année t imputable au revenu agricole annuel du producteur RNAEt-1 au temps t-1.

chiffre d'affaire - c'est-à-dire des recettes réalisées- pour financer à chaque fois leurs activités de transformations agricoles. Or le calcul de la part réinvestie tient compte des revenus calculés à partir des données d'enquêtes, d'ailleurs en économie classique c'est le bénéfice qui est réinvestie. Mais dans la plupart des entreprises agricoles africaines, l'individu ne fait souvent pas de distinction entre ses revenus et son chiffre d'affaire. Il réinvestit tout simplement les fonds dont il dispose au moment où il doit faire des investissements. Afin de mieux illustrer cet aspect, prenons l'exemple d'une femme qui fait du fromage de soja. Pour une année, elle a besoin de 2.500 Fcfa pour la préparation, puis elle fait un chiffre d'affaire de 3.500 Fcfa soit un profit de 1.000 Fcfa. Contre tenu des charges liées à cette activité, cette dame investira de nouveau 2.500 à partir des recettes de l'année précédente. La part de revenu réinvestie par cette femme s'élève déjà à 250% puisque cette part est calculée à partir du profit de 1000 Fcfa réalisé la année précédente.

les résultats du test de comparaison des moyennes montre que les parts moyennes du revenu agricole réinvesties varie en fonction du sexe (t=3,83 p=0,00) au seuil de 1%, donc le test est hautement significatif (voir tableau 5.2). La différence entre les deux moyennes étant supérieure à 0, nous concluons que la deuxième hypothèse de vérifiée et que la part de réinvestissement des revenus agricoles annuels dans les activités de production agricole des femmes est supérieure à celle des hommes. Toutefois le test n'est pas significatif à Zougou-pantrossi et à Boro. Dans ces deux villages, l'agriculture et les transformations agricoles sont pratiqués par les femmes presque au même niveau, cette particularité entraîne donc une tendance baissière des parts de réinvestissement des revenus agricoles. Les raisons de la faiblesse de la part du revenu agricole réinvestie pour l'agriculture ont été évoquées dans nos analyses antérieures. Mais en résumé, ceux qui pratiquent l'agriculture peuvent mettre en place plusieurs stratégies pour limiter au maximum l'injection de capitaux dans l'agriculture contrairement à la pratique des transformations agricoles. Donc la part de réinvestissement d'une femme qui fait à la fois de l'agriculture et les transformations agro-alimentaires devrait être inférieure à la part de réinvestissement d'une femme qui fait uniquement de la transformation agro-alimentaire. En effet, cette dernière n'a pas la possibilité de réduire ces charges et elles bénéficient uniquement des revenus issus de la transformation agroalimentaire. Mais en fait, les femmes ne s'occupent que de leurs activités tandis que les hommes sont des chefs de ménages et doivent faire face à beaucoup d'autres charges familiales. Dans ces conditions, une femme n'hésitera pas à investir une grande partie de ses revenus pour conduire ses activités de transformations agricoles.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera