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Corps pulsionnel des athlètes à  handicap moteur. Contre performance et motivation inconsciente

( Télécharger le fichier original )
par Amira Najah
Université de Tunis faculté des sciences humaines et sociales - Matser II recherche  2008
  

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UNIVERSITE DE TUNIS

Faculté des Sciences Humaines de Tunis

Département de Psychologie

Mémoire de master de recherche en

Psychologie Clinique

CORPS PULSIONNEL DES ATHLETES A HANDICAP MOTEUR.

CONTRE PERFORMANCE ET MOTIVATION INCONSCIENTE

Elaboré par : AMIRA NAJAH Encadré par : Mr RIADH BEN REJEB

Année Universitaire 2008-2009

Le présent travail n'aurait pas pu être effectué dans les meilleures conditions qui lui ont été offertes sans les nombreux appuis qui m'ont été apportés tout au long de sa réalisation.

J'adresse mes respectueux sentiments de gratitude à Monsieur RIADH BEN REJEB, mon directeur de mémoire, qui, en plus de l'encadrement, m'a aimablement guidé dans mes efforts en me communiquant sa vaste expérience. Son encadrement bienveillant durant l'exécution de mon programme de travail m'a été bénéfique. Je le remercie pour le temps qu'il m'a consacré pour le suivi de mon travail, et le support qu'il a pu m'apporter.

Mes vifs remerciements vont également à tous les membres de la fédération tunisienne Sport et Handicap, pour leur coopération et leur confiance.

Toute ma reconnaissance est adressée à mes parents, ma soeur et mes deux frères, qui m'ont apporté leur soutien pendant les moments difficiles. Je les remercie de la confiance qu'ils ont placée en moi et sans laquelle je n'aurais pu mener à terme ce travail.

Enfin, je dis merci aux entraineurs du club et aux sportifs, qui ont su me faire confiance et sans qui ce travail n'aurait pu se réaliser.

SOMMAIRE

RESUME

1

INTRODUCTION

2

PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES DE RECHERCHE 

2

Introduction

6

1. Motivation

9

2. Notion de motivation dans l'état de performance sportive

10

3. Motivation et nature de relation entraineur-entrainé

11

4. Motivation et rapport athlète-spectateur ; regard de l'Autre

12

5. Motivation et Handicap dans le domaine du sport

12

6. Hypothèses de recherches

13

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE 

14

I - Contre performance et Rapport entraineur entrainé 

14

1. La contre performance 

14

Introduction 

14

1.1. Entre performance et contre performance : le contre désigne réellement quoi ?

16

1.2. Sport et handicap

18

1.3. Quel critère nous mène à désigner un athlète comme contre performant ?

19

2. rapport entraineur-entrainé 

20

Introduction

20

2.1. Les quatre catégories de rapport entraineur-entrainé, en fonction de la dimension fantasmatique de l'entraineur 

21

2.2. Etre entraîneur d'un athlète handicapé moteur ?

24

II- Etats motivationnels en activité sportive 

26

Introduction

26

1. Comprendre et évaluer la motivation en milieu sportif

26

2. Peut-on parler « des » motivations « inconscientes » ?

29

3. Dynamique de l'idéal du moi dans la structuration de la motivation 

29

4. De l'Amour de la performance au Désir de compétition

30

5. Peut-on assimiler amour de performance à la motivation extrinsèque et désir de compétition à la motivation intrinsèque ?

32

CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 

34

I. Variables de la recherche 

34

II. Objectifs et démarches du travail 

34

1. Evaluation de la motivation 

34

1.1 Choix de la population 

34

1.2 Description de l'échantillon 

35

- Critères d'inclusion 

36

- Critères d'exclusion

36

1.3. Travail sur terrain

37

1.4 Outils d'évaluation de la motivation inconsciente 

37

1.4.1. Justification du choix de l'outil 

37

1.4.2. Contexte théorique du TAT et de l'EMS 28 

39

1.4.3. Description des outils 

40

a. Le Thematic Apperception Test (T.A.T.) 

40

b. L'Echelle de Motivation dans le Sport (EMS 28)

41

1.5. Entretiens cliniques : comprendre et évaluer la motivation inconsciente 

42

1.5.1. Principes déontologiques 

43

1.5.2. Nature des entretiens : entretien semi-directif 

43

CHAPITRE III. ANALYSE QUALITATIVE : ETUDES DE CAS / ANALYSE ET INTERPRETATION DU TAT 

44

45

1. Le cas de MOUFIDA 

45

1.1. ANALYSE DU TAT

51

1.2. Compte rendu

55

2. FIRASS 

56

2.1. ANALYSE DU TAT

59

2.2. Compte rendu

62

CONCLUSION

63

3. IMENE 

65

3.1. ANALYSE DU TAT

67

3.2. Compte rendu

70

4. FOUED

72

4.1. ANALYSE DU TAT

73

4.2. Compte rendu

77

CONCLUSION.

78

v Vérification de l'hypothèse 

78

PARTIE VI : DISCUSSION, PERSPECTIVES ET LIMITES

79

CONCLUSION

82

BIBLIOGRAPHIE

83

ANNEXE

87

RESUME :

Ce travail se propose d'étudier une dimension du corps pulsionnel, « la motivation inconsciente » (Amour de Performance et Désir de Compétition) auprès de deux athlètes (1 fille et 1 garçon), de haut niveau handicapés moteur, à contre performance sportive et à rapport dépendant avec l'entraineur et de deux autres athlètes (1fille et 1 garçon), de haut niveau handicapés moteurs, à bonne performance sportive et à rapport autonome avec l'entraineur. Les deux groupes ont une moyenne d'âge de 21 ans et sont issus d'un milieu socioéconomique moyen.

Trois outils d'évaluation (EMS 28 de Vallerand & al, TAT de Schentoub, un guide d'entretien de Moragues) ont été proposés. L'analyse qualitative indiquent que les athlètes du premier groupe présentent une motivation inconsciente de première génération (Amour de Performance) tandis que les athlètes du deuxième groupe présentent une motivation inconsciente de deuxième génération (Désir de Compétition).

INTRODUCTION :

Le handicap est un sujet qui partage notre humanité et s'insère activement dans notre société. Désigner ces personnes comme « handicapées » a remplacé ceux d'infirmes, d'anormaux, de retardés ou d'inadaptés. L'évolution des attitudes à l'égard de ces individus s'est faite de façon lente et discontinue, mais va peu à peu dans un sens positif du droit à la vie et à la dignité (Champonnois, 1996).

Les personnes handicapées revendiquent leur droit à l'égalité vis à vis de ceux considérés comme « normaux ». Nous pouvons penser que parmi les moyens les plus appropriés qui leur permettent d'y parvenir « le sport », en se présentant sous la forme de jeux individuels ou collectifs, donnant lieu à des compétitions et à des pratiques selon des règles particulières. Que ce soit sous la forme de détente ou de rééducation, de loisir et d'épreuve de masse ou de compétition, les personnes handicapées pratiquent la plupart des sports, soit avec les mêmes règles que les valides, soit avec des règles adaptées (André, 2007).

Nous pouvons citer l'exemple de la fédération Tunisienne consacrée au sport pour les personnes handicapées appelée « la Fédération Tunisienne des Sports pour Handicapés ». Cette institution multidisciplinaire, avec tous les clubs qu'elle regroupe constituent une réelle reconnaissance nationale et internationale du sport pour les handicapés tunisiens. Il en est de même pour les jeux paralympiques et toutes les compétitions nationales et internationales qui permettent à ces personnes de se sentir non marginalisées.

L'usage de l'approche psychologique et clinique dans le monde sportif, plus particulièrement auprès de personnes handicapées, nous offre l'occasion d'introduire des concepts et  de viser des problématiques psychologiques déjà significatives, dans le temps, mais voilées derrière l'ombre technique et pédagogique de l'encadrement sportif. Quand nous parlons, par exemple, de « contre performance », que tout sportif craint, nous nous rendons compte que divers auteurs, lui assignent souvent, le facteur de stress, de manque de volonté de gagner ou de motivation, sans chercher, pour autant, à comprendre l'écart entre l'envie consciente de la performance (le gain) et celle qui s'y oppose (la perte, la perte de l'objet d'amour) (Najah, 2007)

La motivation en elle-même pour ces personnes, est une réelle énigme et joue un rôle décisif dans l'évolution de leur performance sportive. Il serait nécessaire d'étudier la particularité psychologique de cette dimension et en rechercher ses profondeurs. Quand nous parlons de profondeurs, nous désignions la « subjectivité », le «désir », pour saisir ce que cette motivation appréhende comme raisons qui poussent le sujet à « agir », à « perdre » ou « gagner » en compétition. La psychologie tout comme la psychanalyse s'intéresse aux désirs. Elle pose la question du pourquoi au sujet : « Pourquoi fait il ceci, pourquoi agir comme cela ? ». « La réalité de la situation sur le terrain sportif vient télescoper le réel de la problématique inconsciente » (Moragues, 2004 ; p 8). La progression des personnes handicapées dans la compétition sportive va de pair avec leur propre maturation au plan psychique.

Le présent travail se résume en une évaluation clinique des pulsions investies dans le sport de haut niveau. La contre performance pourrait emprunter le fonctionnement d'un symptôme et pourrait être analysé comme tel. Elle aurait la faculté de prétendre traduire de manière détournée une motivation inconsciente où le désir imaginaire du sportif handicapé, est d'occuper une place centrale auprès du substitut parental qui est « l'entraîneur », et réparer ce « miroir brisé d'identification » qui le fait tant souffrir.

PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES DE RECHERCHE :

Introduction :

Ce fut en Angleterre, à la fin du XVII siècle que le discours de la science a pu manifester son efficacité dans le champ des pratiques motrices. Celui-ci, grâce, à l'institutionnalisation génératrice des règles et à la généralisation de la compétition, avait introduit une nécessité chiffrée de la performance précisément dans l'univers des pratiques athlétiques. Mesure objectivable du temps, de la distance, et autres paramètres qui la définissent et la déterminent. Le sujet du « sport moderne » est devenu un sujet de « la science », un sujet dont sa « motricité » est réduite au calcul de son résultat chiffré et à sa stratégie consciente et formelle à laquelle tend son entrainement. L'exploit comme l'échec sportif est devenu un simple résultat comparable à d'autres. La préparation sportive s'est réduite à un unique ensemble rationnel défini par les sciences du sport (Brousse et al, 1997).

Durant l'évolution de ses recherches sur la performance, la psychologie s'est finement croisée avec la science et le sport, se centrant précisément autour du phénomène du « corps ». La motricité est devenue un « langage », définissant le corps comme « l'image », l'image du corps propre. L'activité sportive est devenue, une expression, un langage du corps (Brousse et al, 1997).

Comme nous l'avions déjà mentionné, le présent travail cible la dimension subjective de l'être sportif. Quand nous évoquions le corps, nous évoquions le « JE » qui s'accompli dans le langage. Comme l'explique Bernard Robinson (2007), « Le Je s'exprime, mais cette expression est problématique (...) La série « il y a du corps-je suis ce corps-là-je ne suis pas ce corps-là » aboutit à mon sens à ce qui est logiquement visé dès le départ : « j'ai un corps ». Le Je a son corps. Nous savons qu'il se trompe en partie, puisque ce corps lui échappe, comme il lui a échappé auparavant. Reich avait compris que le corps est marqué de l'histoire du procès de la subjectivité (...) Le danger propre est d'être castré. Si le Je s'exprime, avec le corps, il doit accepter d'y être soumis sous peine d'être castré » (p.15-18).

La dimension du corps devient indispensable pour comprendre le corps motionnel, pulsionnel et subjectif de l'être à la fois sportif et handicapé. Jusqu'à présent, les spécialistes se sont très peu intéressés à la vie psychique des personnes handicapées d'une manière générale, et de l'athlète handicapé en particulier. La plupart des publications sur l'athlète handicapé sont consacrées aux dysfonctionnements spécifiques liés au handicap, à sa classification scientifique aux différents types de pratiques athlétiques, et non à la manière dont il vit sa déficience et l'exprime via le sport. On parle de sportif handicapé, on ne donne jamais la parole à cet être. Et pourtant, aussi démuni soit-il sur le plan de ses moyens, moteurs, langagiers et/ ou intellectuels, détient un moyen latent d'expression quant à sa situation, et à sa position subjective. Ce sujet est porteur de questions, même s'il ne peut les exprimer que de manière insuffisante ou détournée. Qui suis-je? Pourquoi suis-je différent des autres? Est-ce que vous m'aimez tel que je suis? Le sport pourra t'il me rendre ce qui m'a été pris ? Or voilà le problème: face aux questions extrêmement troublantes que soulève le handicap, la recherche d'amour, d'autonomie etc... qui sont des questions sans réponses, les encadreurs sportifs se sentent démunis, sachant qu'ils ne pourront y en apporter des solutions.

La réalité sur le terrain sportif, mène l'athlète handicapé à se confronter à de nouvelles exigences dans son activité sportive. Il doit être capable d'analyser et de comprendre les tactiques de jeu des autres adversaires, s-y-opposer et imposer son propre « JEU », plus précisément son propre « JE ». Ces capacités nouvelles requises dans le monde sportif dépendent de manière directe de sa propre maturation et structuration psychique. (Moragues, 2003). Or le sportif handicapé, comme tout être handicapé traverse perpétuellement une phase de restructuration psychique, se caractérisant sur le plan relationnel par les remaniements des rapports aux figures parentales (Simone Korff-Sausse, 2008). Dans ce cas, les changements qui surviennent sur le terrain sportif (hébergement spécifique, stages, entrainement et compétitions de haut niveau...), et la disparition des parents fictifs, entrent en résonance avec les remaniements psychiques en cours. Les nouveaux enjeux de la compétition poseraient métaphoriquement à l'athlète handicapé les enjeux de ses propres enjeux psychiques. Sa progression dans la compétition sportive irait de pair avec sa propre maturation au plan psychologique.

L'exploit ou l'échec ne se définirait plus en terme chiffré, mais en termes d'évolution ou pas de la maturation psychique de ce sujet sportif. La performance ou plutôt la contre performance, vu que nous ciblons particulièrement les athlètes contre performants, emprunterait elle la forme d'un symptôme psychologique et pourrait elle en être analysé ainsi? Traduirait elle, une façon détournée d'une motivation inconsciente où le désir imaginaire est celui d'occuper cette place centrale auprès du substitut parental (l'entraineur, l'Autre (les spectateurs), etc...appartenant au staff sportif) ? Perdre ne serait t'il pas relié à la perte de l'amour parental tant désiré par cet être assoiffé, et ferait ainsi exploser une angoisse de perte incontrôlable ?

1. Motivation :

La motivation est un mot récent, qui s'est développé en France à partir des années 1930 (Le Robert, 2000). En se livrant à un processus de déconstruction du terme « motivation », nous constatons que son origine étymologique nous aide à comprendre sa signification. Venant du latin «moveo / motivus», il amène l'idée du mouvement (Pablo Martinez, 2006). Le mot `motivation' vient du latin bouger (movere) ; motiver c'est mouvoir quelque chose ou quelqu'un vers un but, induisant le sens d'une action intériorisée (Poirot, 2007).

Au sens courant, être « motivé », c'est « désirer » intensément et volontairement quelque chose. Désirer, c'est étymologiquement être de-sidéré. La sidération renvoyant à l'influence d'un astre (sidus, sideris en latin) sur une personne. Le désir suppose toujours avant lui la sidération de l'astre avec son caractère hypnotique, son enchantement. Il commence avec la perte de cette vision : on regrette l'objet disparu, déclenchant ainsi un mouvement de recherche - la dynamique du désir-. Mouvement, motus en latin, motivation. (Barrier, 2008).

Selon la revue, « Psychologie, Pensée, Cerveau et Culture », le mot motivation renvoie à une force motrice qui stimule le comportement. Les motivations ne peuvent pas être directement observées mais déduites suite à un comportement donné. Deux éléments déterminent la motivation ; ceux que les personnes désirent faire et la force avec laquelle elles le désirent (Drew, 2000).

Carré (2005), adhérant à cette définition ajoute que «Pour le sens commun, la motivation représente «ce qui pousse à l'action», c'est-à-dire «l'ensemble des motifs qui expliquent un acte» (Larousse) ou «la relation d'un acte aux motifs qui l'expliquent ou le justifient» (Robert). Sur le plan scientifique, d'après R. Vallerand et E. Thill (1993), le concept de motivation est un construit hypothétique censé décrire «les forces internes et/ou externes produisant le déclenchement, la direction, l'intensité et la persistance du comportement« (p. 228). Toujours dans cette même idée, et selon ces différents auteurs, et coordonnateurs d'un important volume de synthèse sur les approches actuelles de la psychologie de la motivation, Philipe Carrée résume ces quatre facettes de la motivation comme suit : « le déclenchement indique le passage de l'absence d'activité à l'exécution d'un comportement (...) la direction traduit l'orientation ou la canalisation de l'énergie vers le but approprié(...) l'intensité est la manifestation observable de la motivation sur le comportement (...) la persistance est l'indice motivationnel qui caractérise la poursuite de l'engagement dans l'action au cours du temps» (p. 229).

Une des premières théories de la motivation a été proposée par Aristote. Philosophe grec de l'antiquité, il a affirmé que la motivation est le résultat d'une fonction « appétitive », qui a toujours fonctionné en lien avec des finalités. Cette « finalité » est générée par des processus constants de pensée induisant la perception, la mémorisation ou l'imagination (Dilts, 1992).

D'ailleurs, les théories cognitives modernes s'inspirent du modèle d'Aristote, postulant, que la motivation est issue des cartes cognitives internes ou des « attentes » à concernant les conséquences potentielles des actions. L'origine primaire de la motivation se trouve principalement dans les attentes afférentes aux résultats comportementaux projetés. La manière qu'ont les individus de se sentir et de faire, dépend particulièrement de la valeur qu'ils accordent aux conséquences attendues et aux causes qu'ils attribuent à ces conséquences. Des attentes « positives »  peuvent même pousser à fournir un effort supplémentaire dans l'espoir d'atteindre un résultat désiré. Tandis que, les conséquences attendues « négatives », mènent à des actions d'évitement ou d'apathie (Dilts, 1992)

La théorie des besoins d'Abraham Maslow (1940) est l'une des plus célèbres. Elle propose une conception systématique des besoins de l'homme au travail et hiérarchise différents niveaux selon une pyramide. Maslow pense que les conduites humaines sont dictées par la satisfaction des besoins ; l'homme est donc instinctif, biologique et fondamental. La satisfaction des besoins s'effectue selon un ordre prioritaire : La satisfaction des besoins physiologiques (logement, alimentation, hygiène etc...) est primordiale, suivi par un besoin de sécurité. Viennent ensuite la recherche de la plénitude sentimentale, l'appartenance à un groupe, la vie familiale etc... Puis, l'individu cherchera l'estime de soi au travers du regard des autres et enfin dans l'accomplissement de soi et de ses buts les plus élevés (Maslow, 1954).

Travaillant longtemps sur l'accompagnement de l'enfant à trouver du sens et de la motivation à ses apprentissages, Alfred Binet, estime que la motivation en elle-même serait une "fiction motivante", qui propulse le sujet vers des buts, des rôles et des styles de vie qu'il s'imagine pour lui-même. Certaines motivations peuvent être trompeuses, issues de perceptions exaltées d'autrui ou de soi (Sahuc, 2006).

Joseph Nuttin, quant à lui, propose une approche interactionniste de la motivation humaine. Se basant sur les interactions dynamiques préférentielles entre le sujet et son environnement, il cible le besoin que l'individu a d'entrer en contact avec son environnement (relations psychologiques, spirituelles et biologiques). Il propose l'idée que la motivation en elle-même, n'est pas l'élément déclencheur du besoin mais constitue une direction active du comportement vers un but donné. Ce sont ses buts poursuivis qui permettent d'atteindre un «  idéal du mo »i. Il parle ainsi, de motivations intrinsèques et extrinsèques. Pour Deci et Ryan ou encore Vallerand, la motivation intrinsèque est une pure recherche du plaisir lors de la réalisation d'une tâche par la satisfaction des besoins de contrôle, d'autodétermination et de compétence. Tandis que la motivation extrinsèque est un moyen extérieur à la personne, par lequel l'organisation, le groupe ou la société peut agir sur la désutilité à accomplir la tâche ressentie par le sujet. Mais dans les deux cas Nuttin affirme qu'il y a toujours une surdétermination, qu'un acte est motivé de plusieurs manières, et que les deux types de motivation peuvent certainement motiver les individus à l'accomplissement d'une tâche, mais détiennent des effets très différents sur la perception ainsi que sur la qualité de leur performance (Bittar, 2008). Il évoque aussi le concept de plaisir de causalité, et met au centre de sa théorie de la motivation les interactions spécifiques individu-monde. Il s'agit du plaisir d'être la cause des changements, que d'être spectateur. Il détermine trois degrés d'activité dans le développement humain : la réception du stimulus auquel le sujet est soumis (action passive), la recherche active du stimulus sélectionné et enfin la production du changement autour de soi. Il résume son travail en désignant ce type de plaisir comme source d'un effet sympathique. L'être ne peut laisser "les choses" dans l'état où il les trouve; il prend plaisir à intervenir et à faire des changements (Nuttin, 1981).

Robert Dilts (inspiré des travaux de Gregory Bateson), dans son article La motivation, établis une définition systémique de ce concept. Selon lui «la motivation prend naissance lorsque l'individu est en situation de tension. Il perçoit la situation actuelle comme non satisfaisante et peut imaginer une situation future dans laquelle la situation serait devenue satisfaisante(...) les sentiments qui motivent sont pour la plupart d'entre nous : la fierté, le défi, l'importance, le pouvoir, la découverte, l'appartenance à une équipe forte.»  (p 238). Les différents environnements dans lesquels l'être humain vit (professionnels, familiaux, urbains etc...) influencent ses comportements. Ces mêmes comportements déterminent ses capacités. Il est important que les actions et le savoir-faire/savoir-être soient en harmonie avec les valeurs héritées et le sentiment d'identité profond. C'est ce sentiment d'identité qui influencerait les propres valeurs du sujet, qui orienteront à leur retour ses propres capacités et comportements, dans le but d'agir sur son environnement (Drew, 2000).

Ces approches psychologiques de la motivation, plus particulièrement celle de Maslow et Herzberg où les besoins motivationnels sont explicites ou du moins accessibles à la conscience, ont été heurtées par une autre approche qui perçoit la motivation non pas uniquement dans sa structure purement biologique, sociale, éducative... donc purement objectivable et observable, mais associe l'étendue de la motivation à celle de la personnalité à travers une perspective psychodynamique (à versant psychanalytique). Une approche qui cherche à étudier la motivation non pas comme un élément séparé de la personnalité mais comme quelque chose qui fait partie de la personnalité et qui se transpose via le comportement. Les psychanalystes mettent l'accent sur le désir producteur de sens. Ils décrivent des écarts entre les besoins (qui correspondent à des "manques" reliés aux états ou aux processus corporels) et les désirs (que chaque sujet construit à travers une interprétation subjective des signifiants du besoin).

Ces différentes approches sont aussi intéressantes les unes que les autres, et peuvent être compatibles et significatives au niveau de certaines facettes de la motivation. Les définitions de ce concept ne manquent pas, mais le problème central serait d'en proposer une approche qui ne se limite pas uniquement qu'à l'objectivité. Une approche qui valorise la subjectivité ... ce qui pousse l'être à agir.

Avant de nous avancer sur ce point, il faudrait préciser que la motivation en elle-même ne prend pas la même figure quelque soit le champ dans lequel elle s'exprime. Dans notre présent travail c'est la motivation des personnes handicapés et sportives qui est à exposer. Nous allons essayer de mettre en évidence la motivation du sportif et la motivation de l'être handicapé et trouver un point de convergence entre ces deux pôles.

2. La notion de motivation dans l'état de performance sportive:

La performance et la contre performance sont des concepts clés dans notre recherche sur la motivation. Les degrés de réussite ou d'échecs en compétition ou à l'entrainement sont des traductions palpables du degré de la motivation du sportif. La motivation serait probablement un des processus psychologiques, les plus utilisés dans cet environnement pour rendre compte de la réussite sportive. Elle est ainsi estimée comme l'un des facteurs clés de la performance. Malgré sont omniprésence dans les discours des différents agents du milieu sportif, il semble qu'elle ne soit pas toujours aussi bien comprise de ce qu'elle traduit réellement et donc incontrôlable pour la rendre le plus optimale que possible. C'est un concept complexe se manifestant sous diverses formes, avec ses divers facteurs déclencheurs, multiples et variées. Il serait nécessaire d'en clarifier ce concept afin de pouvoir dégager, si possible, des voies et des suggestions utiles à notre intervention sur le terrain. Cependant, plusieurs études estiment qu'il en est difficile de donner un jugement décisif sur l'état de motivation d'un athlète en se basant uniquement sur les performances réalisées. Les travaux de Famose par exemple, démontrent que, de nombreux facteurs environnementaux, biologiques, sociaux, historiques et même culturels conditionneraient la performance. Pour cela, proposer des indicateurs comportementaux de natures diverses et pas forcément dépendantes les uns des autres serait radical. Il s'agit de l'intensité, la persévérance, la direction et la motivation continuée. Cet auteur décrit la motivation comme un processus psycho-logique basé sur un ensemble de croyances concernant aussi bien les résultats antérieurs du sportif, ses ressources possédées, l'aide supposée de son entourage, la difficulté de la tâche et enfin les valeurs perçues de la tâche (Famose, 1997). Cette théorie à été critiqué et complétée par l'apport d'autres courants de recherches comme celui de Pablo Martinez, Françoise Labridy ou encore Jean Leveque, qui ont longtemps travaillé sur le terrain avec des athlètes et des sportifs de haut niveau. Ce volet sera discuté dans le prochain chapitre.

3. Motivation et nature de relation entraineur-entrainé :

L'association de ces deux acteurs a suscité de nombreux travaux. Cependant un grand nombre de recherches aurait consacré une investigation plus dominante sur le plan de la transmission du savoir faire ; relevant de tout ce qui concerne la technique motrice et les méthodes appropriées à son apprentissage et son perfectionnement. Cette relation si particulière et distinctive, comme l'affirme Labridy (1997) ou encore Leveque (1992), n'a pas souvent été exploré sur son versant affectif. Le couple entraineur-entrainé ne saurait se résumer uniquement à un simple guidage pédagogique tournant autour du savoir faire. Il s'agirait plutôt d'une véritable relation d'Amour (Leveque, 1992).

L'entraîneur, figure de référence, compagnon intime de parcours, que l'athlète va adresser revendications, demandes et élans affectifs, constitue la pierre angulaire de la diffusion des significations. Il est celui qui légitime un ordre, impose le devoir être et ce qu'il faut accomplir et surtout attribue du sens aux efforts (Najah, 2007). Reconnaître l'intensité de cette dimension affective suscite chez le clinicien un questionnement immédiat : relatif au mode d'organisation dyadique, aux processus psychiques conscients et inconscients qui la structurent et qui poussent ainsi le sujet à agir. Car il est fort probable comme le soulève Labridy, que l'acte sportif soit une particularité, une motivation voilée, inconsciente de requérir le désir d'un autre « un seul acte, mais deux désirs d'être premier qui se rencontrent » (p 85), la rencontre du même désir pour un objet idéalisé (Labridy, 1997).

Comme l'évoque Moragues (2004), dans son travail « Psychologie de la performance, corps motionnel, corps pulsionnel », chez les sujets sportifs, il existe un investissement libidinal important d'une activité purement corporelle. Le corps devient l'interprète d'un moulage de restructurations et de réélaborations psychiques qui jalonnenent la maturation psychologique de l'athlète, de l'enfance à l'âge adulte. Le corps via son expression de performance ou de contre performance devient le terrain obligé de l'expression de tout conflit psychique traversant le sujet. Souvent l'imaginaire parental se retrouve aspiré et emporté dans ce rapport entraîneur-entrainé. Les sucées sportifs s'inscrivent parfois et de manière pathologique dans une relation circulaire dont la satisfaction narcissique (idéal du moi) des parents et donc des substituts parentaux, qui devient l'unique but (idéal du moi) du sportif et l'alimente (Moragues, 2004). On comprend ainsi, combien l'état de performance du sujet est étroitement relié directement ou indirectement à ce substitut parental.

Il serait nécessaire d'interroger cette relation aussi structurée par la prégnance d'un objectif poursuivi, la performance, et rechercher les fins réelles et cachées provenant de telles résonances affectives. Cette idée sera plus développée dans le prochain chapitre.

4. Motivation et rapport athlète-spectateur : le regard de l'Autre :

La motivation constitue un réel témoignage de la particularité du rapport entre athlète et audience. Dans une récente recherche faite sur des pongistes de haut niveau (2007), nous nous sommes rendu compte que la valeur du public est très importante aux yeux du sportif.

Via l'observation participante, les entretiens psychologiques et la passation des tests projectifs, nous avons conclus, qu'il s'agissait d'une réactivation d'un comportement « infantile », avec un mode particulier de rapport à l'audience, marqué par une forte dépendance à son égard. Pour les joueurs il a été impératif de gagner, car perdre, traduisait une déception de l'Autre (entraîneur, public, amis...) et une privation de son amour (Najah, 2007)

Dans le monde sportif, plusieurs termes s'associent, se chevauchent et se répètent dans le discours des uns et des autres ; « public », « supporters », « regard », « show » et « perte ». Regarder et être regardé, perdre et être mal vu, appréhender d'être regardé... Nous offrons ainsi, une preuve implicite de la prédominance du visuel (à côté du son), dans l'élaboration narcissique. « Parfois je fais ma star», Freud cité par Bonnet (1996), évoque comme premier exemple de pulsions partielles « le plaisir de regarder et de s'exhiber », en insistant sur le fait que cette pulsion se définit par son but, son objet mais telle, le regard représente "le supposé voir de l'autre", le voir de la pulsion telle qu'elle se profile en lui (Najah, 2007)

Dans le prochain chapitre nous allons développer cette idée et citer les travaux de Bion et de Lacan, concernant le rapport triangulaire du voir imaginaire entre sujet, audience, et substitut parental (l'entraineur).

5. Motivation et Handicap dans le domaine du sport:

Poser la question de la motivation, en relation avec le handicap, n'est pas simple, surtout dans le milieu sportif et en particulier dans le haut niveau: c'est un thème rarement abordé, et sur lequel peu de travaux sont disponibles. Notre expérience professionnelle d'intervenants en Activités Physiques Adaptées auprès de personnes handicapées physiques nous met en situation quotidienne d'observation attestant de l'accès de ces personnes à un niveau particulier de motivation, et nous menant à nous interroger sur les processus et les modalités que ces personnes déploient pour manifester une motivation aussi particulière que la leur.

Notre recherche cible une population particulière. Il s'agit du handicap provenant à la suite d'un accident ou d'une maladie, alors que la personne est adolescente ou adulte. Sur ce sujet on pourrait se baser sur les travaux de Champonnois (2001), Simon (1989) ou encore Sausse (2008), qui ont longtemps travaillé avec des sujets handicapés moteurs. Certains d'entre eux évoquent l'abord psychologique du traumatisme et du deuil dans la motivation subjective du sujet. D'autres parlent plutôt de miroir brisé sur le plan narcissique et la manière dont l'individu tend à en s'évader. Ceci sera plus développé dans le prochain chapitre.

6. Hypothèses de recherche :

Notre hypothèse traite les différents aspects de la motivation inconsciente (subjective) de l'athlète handicapé et tend à en identifier les différences observées en rapport avec la dimension de l'état de performance sportive et du rapport dyadique entraineur-entrainé. Cette hypothèse sera déterminée par trois sources : les données de la littérature scientifique que nous venons de mettre en évidence, celle de notre propre expérience clinique, et celle des différents travaux portés sur cette problématique. Ces trois sources nous dirigent vers une hypothèse générale selon laquelle : les athlètes de haut niveau, handicapés physiques, à rapport dyadique dépendant avec leur entraineur et souffrant de contre performance sportive, présentent une activation de la motivation de première génération. Nous distinguons ainsi hypothèse spécifique:

Ø les athlètes de haut niveau, handicapés physiques, à rapport dyadique dépendant avec leur entraineur et à contre performance sportive, présentent à l'entretien semi directif et à la passation du test projectif TAT une activation au plan psychique du stade de l'Amour de performance, tandis que les athlètes de haut niveau, handicapé physiques, à rapport dyadique autonome avec leur entraineur et à performance sportive présentent une maturation psychique typique du désir de compétition.

L'opérationnalisation des variables sera développée dans la partie méthodologie.

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE 

I. Contre performance et Rapport entraineur-entrainé :

1. La contre performance :

Introduction :

Avant de développer la notion de contre performance, il faudrait insister sur le fait que ce terme est employé à la lettre, au sens où une force se manifeste « contre » la performance (Moragues, 2004). Entre la performance et la contre performance existe ce terme « contre », faisant ainsi toute la différence entre ces deux notions. Pour cela il faudrait commencer du tout début, de « la performance » elle-même, pour arriver à concevoir la réalité de la « contre » performance.

Performance, ce mot d'origine anglaise, employé qu'au pluriel, date du 19ème siècle, dans la langue du turf, lors des courses hippiques, puisque les chevaux à cette époque, faisaient des "performances". Le même mot, au singulier, est fréquemment utilisé aujourd'hui comme synonyme d'exploit ou de rendement, celui d'une personne, d'un animal ou d'une machine. Si l'on revient à l'étymologie, on pourrait penser, que performance est la forme de l'ancien français : performer, plutôt parformer ce qui fait que performer ou parformer 'est plutôt parfaire que performer d'aujourd'hui et là, nous constatons qu'il a une certaine coïncidence entre le sens ancien et le sens moderne, car performance est aussi bien la perfection dans l'action que la perfection dans l'oeuvre. Le mot performance par rapport au mot perfection est une bonne indication de l'évolution des moeurs au cours du dernier siècle. Le premier n'a rapport qu'au faire, le second désigne une qualité de l'être avant de s'appliquer au faire. Il va de soi que dans la critique des excès et des travers du temps présent, Le mot performance est souvent utilisé pour désigner le mal qu'il faut combattre. Ce n'est qu'en 1876 que le terme performance a été appliqué aux sportifs. En 1924 il est devenu question d'un résultat sportif exceptionnel. Puis le sens psychologique est apparut, venant de l'anglais : il s'agissait alors d'un résultat individuel dans l'accomplissement d'une tâche, dont les facteurs principaux sont l'aptitude et la motivation (Depecker, 2009).

En 1906, paraît le premier article sur une étude prospective des performances à la course. La « performance » était uniquement synonyme de « record », causant de suite, un désaccord théorique. Son auteur Kinnelly, fut un véritable pionnier concernant la bioénergétique de l'exercice musculaire. Les sciences modernes, notamment dans le domaine de la physiologie et de la biomécanique, commencèrent à catégoriser les différents paramètres gravitants autour de la performance dès le début du 20ème siècle avec le renouvellement des Jeux Olympiques. Dès lors ils se sont aperçut combien l'obtention de la performance était complexe. (Billat, 2008).

Comme l'affirme Seve (2006) dans son travail intitulé « Sciences humaines L'esprit sportif, La gestion, Communication et promotion des APS, Tome3 », la performance sportive, se déclinerait selon le discours, car elle revêt une certaine ambigüité. Son emploi est souvent relié à certaines connotations de succès, de réussite et d'exploits, mais elle désigne « en tout autant l'affection d'une réponse motrice que le résultat obtenu, c'est-à-dire aussi bien le mouvement réalisé que le résultat du mouvement » (p 29). Il prend l'exemple du saut en longueur et du saut en hauteur pour montrer que la performance en elle-même, fait non seulement référence à la hauteur ou à la longueur de la barre ou de la ligne franchie, mais aussi aux actions motrices réalisées.

La majorité des modèles explicatifs de la performance se rejoignent sur certains points: Le modèle de Cratty (1968), repris par Carron (1982)  présente quatre grandes catégories de variables influençant l'évolution de la performance : les facteurs sociaux, structuraux, physiologiques et psychologiques, pouvant se trouver dans l'entourage immédiat du sportif, à sa proximité, ou éloignés de celui-ci (Thomas et al, 1989). Même chose pour le modèle d'Alderman (1974) qui en ajoute un autre facteur, celui de l'aptitude technique.

Le modèle des déterminants de la performance sportive de Bouchard (1971) : indique par contre que la performance dépend de trois sous-ensemble : les déterminants invariables liés au facteur de l'hérédité, les déterminants qui peuvent être modifiés ou manipulés dans le cadre d'une stratégie d'entraînement regroupés en neuf facteurs (technique, intelligence stratégique, condition physique générale, condition physique spécifique, niveau de préparation psychologique, influence du milieu social, conditions climatiques et alimentation et enfin récupération et loisirs) et celui des contrôles importants dans l'organisation de la préparation à la performance sportive (Bouchard, 1971).

Billat (1991), quant à lui, a essayé de combiner entre l'approche scientifique et l'expérience issue de la pratique de l'athlétisme. De formation physiologique, athlète et entraîneur d'athlètes de haut niveau, il a pu dégager un nombre de facteurs plus large que ces antécédents et qu'il jugea nécessaire pour la performance en course de fond. Il évoque entre autre le mode de vie et le potentiel social, la connaissance de la spécificité de l'activité, la connaissance du potentiel physique et psychique, l'infrastructure institutionnelle et enfin le règlement. Ce même modèle a été repris par le même auteur en collaboration avec Peres et a été adapté au triathlon (Billat. 1991).

La performance sportive a longtemps désigné, des comportements observables d'un sujet donné, dans une situation donnée et à un moment donné. Cependant elle est instable et varie au cours de la saison sportive. Suite à cette variabilité dans le temps et dans l'espace elle peut être efficace ou au contraire inappropriée à la situation. Dans ce cas, nous parlerons de contre performance (Seve, 2006).

1.1. Entre performance et contre performance : le contre désigne réellement quoi ?

Banalisé dans le monde sportif, le terme de contre performance est souvent synonyme d'échec ou de mauvais résultats. Quand elle survient, puis se répète en dépit d'une condition physique optimum, elle laisse perplexes sportifs et entraîneurs. Pour essayer de comprendre, ils ont quelquefois recours à des justifications mettant en cause les facteurs psychologiques, admettant alors que la condition physique, est insuffisante pour amener à la performance. En se référant à la majorité des travaux sur ce sujet, nous nous sommes rendu compte de la prégnance perpétuelle de deux dimensions considérées comme causes majeures et reliées indépendamment à l'athlète. Il s'agit de la dimension du stress directement liée au contexte purement physiologique et l'absence ou l'insuffisance de motivation, perçue comme facteur majeur des résultats d'échec (Moragues, 2004).

La théorie des « styles attributionels » ou « styles explicatifs », développée par Abramson, Seligman et Teasdale (1978), conçoit que chaque individu aurait une manière relativement stable d'expliquer les événements positifs et/ou négatifs susceptibles de lui arriver. Cette théorie est un renouvellement de la théorie de la résignation apprise ; lorsqu'un athlète échoue et devient contre performant, devant une situation dans laquelle il ne perçoit aucun moyen d'atteindre le but, il fait l'apprentissage de l'inutilité de ses efforts et peut devenir par conséquence, résigné. Cette résignation apprise devient une perception d'un rapport d'indépendance entre le comportement exécuté et le résultat. Le « contre » devient une manifestation de résignation acquise et généralisée. Cependant, ce modèle explicatif, a fait l'objet à la fois de très peu d'études dans le domaine des activités physiques et sportives, mais surtout de plusieurs critiques qui ont commencé à se multiplier parallèlement à l'avancée des recherches. Certains chercheurs et théoriciens, ont dénoncé le manque de validité interne de certaines expériences, en apportant d'autres explications à la contre performance constatées dans celles-ci. La validité même de cette théorie a été remise en cause. Selon certains, le modèle ne permet pas d'expliquer l'ensemble des réactions que les sportifs démontrent face aux événements incontrôlables (voir les travaux faits par, Miller & Norman, 1979 ; Roth, 1980 ; Wortman & Brehm, 1975) : certains manifestent des déficits et des contre performances présumés à travers le temps et les situations, tandis que d'autres ne manifestent pas ces déficits. Ce modèle semble constituer une simplification excessive de la contre performance (Krumm., Sarrazin, 2004).

L'observation psychologique clinique de la contre performance apporte, par contre, un autre éclairage sur la question. C'est en tout cas ce que montrent les données recueillies lors des consultations du centre de psychologie sportive de Montpellier sur des athlètes et des sportifs du CREPS. On peut citer les travaux de Moragues (2004) et les études de cas qu'il a pu développer dans son travail intitulé « psychologie de la performance », à travers lequel la contre-performance n'est pas une simple insuffisance de résultat, due à une simple absence de motivation ou à une augmentation du stress. Elle témoigne d'une présence du sujet, et que parfois même, elle peut être, paradoxalement, un indicateur de bonne santé psychique dès lors que l'on cesse de concevoir la santé comme un équilibre sans conflit, mais plutôt comme une dynamique de remaniements, où les indispensables conflits et crises sont facteurs d'évolutions et de possibles transformations.

En effet ce qui pourrait paralyser une performance, et donner une « contre » performance, est la vision de la compétition où domine justement une certaine représentation imaginaire et où existe un écart entre le « vouloir » de la volonté consciente et un autre « vouloir » qui s y oppose. Le moi « veut », « désire », mais aussi « ne veut pas » ne « désire pas » de même que le corps « peut »ou « ne peut pas » ou parfois tend à désobéir et « ne veut pas ». Cette « contre » pourrait ainsi emprunter le fonctionnement d'un symptôme et être analysé comme tél (Lollini et al, 2007)

L'éclairage psychanalytique, nous montre combien cette action de « contre » performance atteste de la présence du sujet de l'inconscient et combien celui-ci est à l'oeuvre dans ce genre de manifestations corporelles. Ce « contre » ne traduit pas uniquement une manifestation motrice ou corporelle inadaptée, mais également se structure comme « un langage », ou sa forme et sa construction sont signifiantes du désir de l'être sportif. Il s'agit de la manière si particulière du corps moteur à traduire le corps pulsionnel et où la marque de la compétition, du « jeu » mais surtout du « je » porte sur des lois du langage qui caractérise selon le modèle freudien, le fonctionnement psychique (Moragues, 2004).

Vu que notre travail porte sur des athlètes à handicap physique, le handicap à lui seul ne suffit pas pour justifier la contre performance. Certainement un athlète valide diffère d'un athlète handicapé au niveau des remaniements psychiques et de la perception latente de la symbolique de la contre performance. Ce symptôme observé chez ces deux acteurs n'évolue pas forcément de la même manière, mais ce qui nous intéresse pour le moment, c'est de le décortiquer auprès de cette population si particulière et signaler l'importance de son intégration dans les recherches cliniques, surtout que peu de travaux ont traité la contre performance et le corps pulsionnel des athlètes handicapés, en estimant que le sport pour handicapé est un sport de loisir et non de haut niveau. L'évolution de cette pratique démontre le contraire. Pourquoi se soucier seulement d'optimiser la performance des sportifs valides et chercher à tout prix de comprendre la nature de leur contre performance alors que les athlètes handicapés de haut niveau ne cessent de montrer leurs capacités et leurs talents dans les diverses pratiques sportives ?

1.2. Sport et handicap 

Turpin (2008), dans son cours « anthropologie de la performance », indique que si on reprend le développement historique du sport chez les handicapés, on s'aperçoit que les activités se sont diversifiées de manière très importante, parallèlement aux performances qui sont devenus très élevées, faisant des athlètes handisports des sportifs de haut niveau, au plan des résultats. Ce que nous pouvons constater avec le développement du sport pour handicapés physiques, c'est qu'il répond parfaitement à l'injonction du sport en général. Il utilise les mêmes processus et se soumet à la même logique. Les adaptations sont majoritairement techniques, réglementaires et matérielles, mais elles participent de la même philosophie. Pour les handicapés ceci est extrêmement important puisque cela leur permet d'attester (grâce au recours à la performance sportive) qu'elles sont des personnes comme les autres (Turpin, 2008).

Marcellini et Turpin (1999) ont tenté de trouver des réponses aux attitudes des sujets handicapés vis à vis de l'objet "sport". Dans une recherche clinique qu'ils ont mené (longitudinale  sur 5ans), ils ont pu mettre en évidence la multiplicité des utilisations du sport par ces personnes, et la liaison entre le type d'usage du sport et le rapport à la perte et au handicap. Ils ont montré que le sport peut être support de stratégies d'isolement dans le groupe de handicapés, ou bien support d'expérimentations du contact avec le monde "ordinaire", support de méthodes de distinction vis à vis des autres handicapés, ou encore support de militantisme pour la modification des représentations sur le handicap. Ces différents usages traduisent un ensemble d'étapes dans la reconstruction identitaire des sujets. Ils ont pu constater que du moment où le sport n'est plus investi d'une fonction quelconque au regard du handicap, ils constatent l'émergence parallèle de références identitaires dominantes évacuant la dimension du handicap (professionnelles et familiales en particulier), et le retour à des préoccupations "ordinaires", en même temps que se reconstruit le lien avec "l'avant" (l'accident) où le sujet devient à nouveau capable d'éprouver un sentiment de "continuité de soi" (Marcellini et al, 1999).

La bienfaisance du sport pour handicapé en Tunisie à été signalée de quelques travaux de recherches, celle de Lacheb et Moualla (2008), serait un exemple parfait. Il s'agit d'une étude clinique très intéressante, à travers laquelle a été proposée une analyse du vécu corporel d'athlètes tunisiens handicapés physiques, investis dans une pratique sportive de haute compétition. Dans cette expérience clinique, le corps est en position d'ambivalence entre la matérialité de la déficience qu'accusent le regard d'autrui et les exigences de la performance sportive. L'étude montre que la déficience corporelle s'exprime, pour les athlètes, en termes d'écart par rapport à la norme. Cependant, la mise en jeu spécifique du corps dans la pratique sportive et la réalisation des performances de pointe suscitent la rencontre avec un corps autre et participent à une révocation, voire même un oubli du handicap. En effet, l'engagement corporel des athlètes dans une pratique socialement signifiante leur permet de se forger une identité exceptionnelle dans l'espace sportif. Par ailleurs, l'appropriation de cette nouvelle identité et la conciliation avec le corps déficient transforment leur perception du corps propre et conduisent à la réconciliation avec soi, malgré une confrontation continue à la logique de la norme dans l'espace extra-sportif.

Notre travail a pour but de s'intéresser au handicap et d'observer les relations qu'il entretient avec la contre performance sportive. Ici, il ne s'agit pas de questionner la notion de handicap en elle-même mais de comprendre les remaniements psychologiques d'un athlète handicapé et contre performant. Ceci sera plus développé dans la partie « motivation ».

1.3. Quel critère nous mène à désigner un athlète comme contre performant ?

Un bon résultat, tout comme un mauvais résultat, est la conséquence d'une série de comportements adaptés, ou inadaptés, à la situation et aux événements. Nous allons nous baser sur la définition de Moragues (2004) pour pouvoir désigner un athlète comme contre performant ; « La contre performance se définit par la répétition de l'impossibilité en situation de compétition des prestations ou des résultats déjà obtenus à l'entraînement » (p 6). Bien évidement, la contre performance peut être d'origine psychologique, mais avant d'arriver à cette conclusion, il faudrait se poser certaines questions afin de tenter de mettre à côté et contrôler toutes variables (non psychologiques) susceptibles d'expliquer l'échec du résultat lors du moment de compétition ou de l'entrainement : Avant la compétition, est ce que l'athlète était prêt physiquement ? Comment était-il techniquement ?  Tactiquement, a il fait des erreurs inhabituelles ? Est-il irréprochable sur le plan diététique ? etc... Mais surtout il ne faut pas négliger le caractère répétitif de la contre performance (Costa, 2008).

Chose qu'il ne faut absolument pas négliger pour identifier une contre performance est l'évaluation objective et subjective de l'entraineur. Ces exemples de questions lui sont souvent adressés vu que son but unique est celui d'optimiser la performance de son athlète et réparer tout signe de contre performance. Dyade exceptionnel à objectif commun, dans notre étude, nous nous intéressons également à cette proximité pouvant exister entre entraîneur et entraîné, telle que pourrait l'être une relation de type familial, marital ou autre.

2. Rapport entraineur entrainé 

Introduction

La relation entre un athlète et son entraîneur est unique, complexe et à diverse facettes. Les études montrent que la qualité de ce rapport joue un rôle déterminant dans l'aboutissement du succès sportif comme dans son échec. Cette relation si particulière, intéresse chercheurs et même médias qui tendent souvent à s'incruster dans leur intimité. Les athlètes, eux-mêmes, se voient parfois en difficulté à trouver les mots justes pour expliquer ce lien unificateur (Smith et Smoll, 1996).

Divers termes nous viennent à l'esprit ; « couple », « dyade », « coéquipier », « partenaire », supposant l'existence non seulement d'une relation "professionnelle", basée sur la technique, mais aussi d'une relation affective entre deux êtres.  L'entraîneur souvent désigné comme simple technicien, ou pire comme calculateur de performance, soutient un statut intriguant que nous qualifierons de paradoxal, et difficile à assumer ; où la crainte, l'incertitude, le non control de la performance et des détours négatifs de la compétition le rumine et affectent à leur tour le rapport si particulier qu'il entretient avec son athlète (Najah, 2007).

Jowett et ses collaborateurs (Jowett et Cockerill, 2003 ; Jowett et Meek, 2000), définissant cette relation comme un vecteur d'un ensemble d'émotions, de pensées et de comportements,
ont travaillé avec un groupe de nageurs, pour analyser le rapport entraîneur-entraîné, afin de mieux comprendre sa dynamique et ses éventuelles répercussions sur la performance. À partir des entretiens semi-directifs (guide d'entretien basé sur celui de Jowett et Meek, (2000)), auprès de cinq nageurs de haut niveau, ils ont pu relever qu'au niveau du but d'optimisation de la performance, la qualité des relations interpersonnelles est une priorité à développer. Les nageurs qui entretiennent une relation avec leurs entraineurs, alimentée de confiance, de respect, d'affection, d'échange, de mise en commun des objectifs, d'acceptation et de respect des rôles, leur offre un développement psychologique mature (Jowett et al, 2003).

Huget et Labridy, (2004), ont tenté via une étude de perspective clinique analytique d'étudier la relation entraîneur-entraîné. Elles ont constaté que ce rapport contient différentes modalités transférentielles, se mettant en perspective, en fonction de la structuration familiale du sportif. L'objectif de cette recherche était de repérer si la relation à l'entraîneur introduisait une continuité ou une discontinuité par rapport à la structuration familiale initiale. Les entretiens cliniques effectués auprès des athlètes de haut niveau et le recueil de chaque histoire singulière, ont pu relever l'énonce d'une structure identifiable : la rencontre de l'athlète d'un autre, dans ce rapport à l'entraîneur répond à un manque, ainsi que l'existence d'un désir (inconscient) particulier d'entraîner à travers les dires de l'entraîneur.

Dans cette même optique, Inchauspé et Dubier (2008), travaillant également auprès d'un groupe de nageurs de haut niveau, ont essayé d'associer quatre types d'entraineurs avec quatre types de nageurs, en affirmant que c'est l'attitude de l'entraineur qui affecte celle du nageur, de la relation entre eux, et par conséquence la performance. Ils évoquent le rapport triangulaire que le sportif détient, et la manière dont l'entraineur, peut être en dehors de ce rapport ou prendre la place d'un des parents. Ils classent la relation entraineur-nageur en quartes catégories : (1) L'entraîneur qui se situe sur l'axe chaleur-autoritarisme, développant chez le nageur, un comportement de soumission, (2)l'entraîneur sur l'axe autoritarisme-hostilité, face à qui le nageur aura tendance à se renfermer et à internaliser ses sentiments laissant émerger une auto-agressivité, comme de la timidité ou de l'anxiété, (3) l'entraîneur sur l'axe hostilité-encouragement, partenaire d'un nageur qui, à la fois ne respectera pas les règles de fonctionnement et ne fera aucun compromis et enfin (4) l'entraineur sur l'axe encouragement-chaleur, créatif et actif, le nageur devient à son tour créatif et actif et demandera lui-même des exercices nouveaux. Il apprend à prendre des initiatives et à être indépendant.

Ces différentes études nous montrent l'importance de cette relation, et signaler l'inexistence unique d'un seul et modèle relationnel. La relation, qui est en elle-même une rencontre entre deux êtres, devrait être explorée dans son versant affectif et autour des diverses facettes touchant les multiples déterminants et régulations de cette alliance que nous pouvons parfois même qualifier de passionnelle. La passion en elle-même se diversifie d'un couple à un autre en fonction des particularités conscientes et inconscientes (fantasmatiques) du couple, nous menant ainsi à nous interroger sur les types de rapport entraineur -entrainé

2.1. Les quatre catégories de rapport entraineur-entrainé, en fonction de la dimension fantasmatique de l'entraineur :

Marc Léveque (1992), psychologue clinicien, ancien athlète et entraineur, dans son travail intitulé « la relation entraineur-entrainé. Perspective dynamique affective », affirme que l'entraineur est un agent de représentations, relaie et prolonge l'emprise sur l'athlète, en tentant de le persuader et de lui inculquer un ensemble de valeurs. Sa parole pour l'athlète, paraît comme l'unique vecteur crucial de persuasion. Considéré par cet auteur, comme emblème de significations, nous pouvons dans notre travail et suivant notre optique théorique (psychanalytique) le qualifier d'« Autre » tout puissant ou Autre barré, ou encore de « Surmoi », dépendamment de la force de son Emprise (Lacan, 1949). En restant dans l'approche de Léveque, tirée de celle de Labridy (1990) (surtout que nous allons nous baser dans notre travail méthodologique sur certains points qu'ils ont pu développer) et en analysant les diverses études cliniques que ces deux auteurs ont pu mettre en place dans des équipes de tennis de table, de volley Ball, de Ski, de Boxe et autres, nous constatons que via l'analyse de la « dimension fantasmatique » de l'entraineur quatre catégories le désignant on été déterminées: (1) l'entraineur modèle sur ordonnance, où le rapport entraineur-entrainé s'affiche sur « un mode de mère phallique omnipotente et autarcique » (Léveque, p 18), et étouffe la singularité de l'athlète. Ce type d'emprise intense et uniquement dans un registre duelle empêche toute possibilité de triangulation. L'athlète perçoit son entraineur comme l'unique bon objet et devient mauvais objet à la moindre résistance. Dans l'incapacité d'exprimer son malaise le sportif risque de retourner son insatisfaction contre lui-même sous forme d'abondant. (2) le formateur-entraineur, insatisfait de ne pas être totalement réalisé comme athlète, par déni, peut couvrir cette blessure narcissique avec une attitude de toute puissance et d'autosatisfaction. Peu soucieux des nécessités de son athlète en tant que personne, il en manifeste un total désintérêt et produit via ce dernier sa propre histoire personnelle et sportive. L'athlète ne s'affiche plus dans ce rapport et devient inexistant. (Léveque, 1992). (3) l'entraineur dominant, se présente sur un mode de fantasmatique anale, tournant autour d'un accrochage au plaisir pris dans la maîtrise, le façonnage et le modelage du sujet. Un moulage selon le désir du maître, ou plutôt une jouissance du pouvoir. « Si tu fais (techniquement) comme ça, soit sur que tu gagneras (...) si tu continues à rester comme ça c'est fini pour toi ». Ne pouvoir gagner que dans la « dépendance » et la « soumission » aux directives de l'entraîneur, le joueur se réduit à n'être qu'un exécutant technique, dépossédé de sa part de succès, menacé d'échec à la moindre désobéissance. Cette tendance peut sous tendre ainsi des excès. Comme l'indique KAES (1976), les fixations anales du formateur ont pour correspondance des positions régressives orales du sujet en formation (Najah, 2007)

Quant à la quatrième catégorie, que nous ciblons d'ailleurs dans notre travail, est ;

(4) l'entraineur inépuisablement généreux, disponible sans limite, répondant à tout désir de son athlète, traduit un enthousiasme et une conscience professionnelle intense à l'égard du projet sportif. Ces comportements nous font penser à la mère généreuse, et illimitée dans sa bonté. Déclenchant chez l'entraîneur un comportement surprotecteur et souvent, intrusif dans la vie privée de l'athlète. Il devient incapable de « lâcher », de se séparer ou d'assumer la perte d'un objet libidinalement surinvestit, engendrant une attitude de possessivité alimentée encore plus par la sollicitude de l'athlète, vu qu'un athlète handicapé, présentera une sollicitude autant plus forte qu'elle ne favorisera pas son l'autonomisation. L'athlète est maintenu en conséquence en état d'immaturité. Le rapport dyadique est fusionnellement intense, idéalisé où toute émancipation de l'athlète est empêchée ; de bonne intention dans un seul et unique but se conformer à cet idéal de mère généreuse. L'entraineur oubli ainsi de renvoyer à son athlète des « feed back » autres que protecteurs et maternants (Léveque, 1992).

Toujours dans cette quatrième catégorie, et mentionnant que dans notre recherche nous ciblons une activité sportive particulière, le lancé en général, le caractère « individuel » de cette pratique, rend le rapport entre ces deux acteurs de plus en plus étroit. L'entraineur certainement s'occupe d'un groupe d'athlètes, mais la variable handicap, le mène souvent, à s'en occuper cas par cas, accentuant par conséquence l'intimité du rapport ; un lien direct les unit, sans qu'aucune structure d'équipe ne fasse écran entre eux. Ils deviennent des interlocuteurs immédiats. Pratiquant ainsi en solitaire, le seul partenaire de l'athlète devient son entraineur (Léveque, 1992).

La nature du handicap joue également un rôle très important, sa gravité, ses degrés, les circonstances de son déclenchement, mais surtout tout ce qu'elle détient de remaniement psychologique spécifique à elle, module à son tour tant la dimension fantasmatique de l'athlète que de celle de l'entraineur.

2.2. Etre entraîneur d'un athlète handicapé moteur ?

Les situations de handicap sur lesquelles nous nous appuyant pour ce travail de synthèse sont des situations particulièrement traumatisantes vu qu'elles ont été brutalement provoquées par un accident ou une maladie. La première conséquence d'un tél traumatisme corporel est un "éclatement" de la structure du Moi. Le sujet se retrouve d'un coup dans des conditions proches de celles du nouveau né avec une dépendance totale au milieu. Les situations régressives que connaissent les sujets à ce moment du traumatisme, alliées à l'altération des barrières psychiques et à la désorganisation topique, vont offrir des conditions favorables à l'expression de la vie inconsciente. Cette dépendance peut entraîner de la part de l'entourage ; parents ou substitut parental, dans notre cas l'entraineur, une réelle infantilisation de la personne handicapée : on pense pour elle, on parle pour elle, l'identité du concerné disparaît parallèlement avec l'intensité de la fusion handicapé -parent ou substitut parental (Simone, 2001).

Dans le milieu sportif, l'entraineur, joue un double rôle ; pédagogue et parent. Les athlètes de haut niveau hébergés dans des centres sportifs et participant à des stages clos de longues périodes, loin de leurs familles, vont se retourner au seul substitut parental, l'entraineur, et installer dans cette dépendance, une forme de cocon sécurisant.

Le déficit moteur est visible. Il crée une sorte de « miroir brisé » et renvoie aux personnes qui le côtoient, des questions sur leurs identité, leurs angoisses de castration, leurs propres peurs de la dépendance, leur pouvoir limité sur le monde... à partir de là, plusieurs réactions et formes relationnelles émergeraient : l'entraineur «valide» peut rejeter la personne handicapée afin de ne pas voir qu'elle lui ressemble. Il essai le maximum d'éviter le handicap, de ne pas s'en rapprocher de trop près et éviter le toucher associé symboliquement à la peur d'une contagion. Nous observons alors des entraineurs distants, agressifs, parfois même violent évitant à tout prix toute approche avec l'athlète. Dans d'autres situations, L'athlète est «accepté» mais doit demeurer dans son rôle ; c'est un sportif mais c'est un handicapé avant tout. Le sujet se trouve stigmatisé par son entraineur. La troisième forme défensive face à un porteur de handicap est la réparation. Il s'agit, en réalité d'une compassion vers son semblable en difficulté. Cette attitude perçue comme positive, dépend, en réalité de l'intention profonde (la dimension fantasmatique et réparatrice) de l'entraineur. Car chacun sait qu'il existe des excès de la relation d'aide pouvant entrainer des effets pervers (Sausse, 2008)

Face à toutes les difficultés qu'un handicapé moteur peut ressentir, au sentiment de pitié que l'autre peut éprouver, souvent la culpabilité se trouve renforcée, celle de la personne handicapée, celle des parents, ou celle de l'entraineur. Pour y faire face, comme le souligne Crombecque et Mukendi (1996), il faudrait trouver un juste équilibre entre ce mélange de peur, d'angoisse, de désir , de besoin, de pouvoir... des uns et des autres pour garantir une dynamique mature et équilibrée de la personne handicapée et la " libération " de son entourage qui a souvent du mal à trouver l'attitude juste, oscillant entre surprotection et rejet. Problème que les entraineurs rencontrent souvent ; face à ce sportif si particulier, qu'elle est l'attitude juste à adopter pour optimiser la performance, surprotection, rejet, les deux à la fois ? C'est pour cela que parler uniquement de la nature du rapport entraineur- entrainé en fonction de la dimension fantasmatique de l'entraineur seulement ne suffit pas, il ne faudrait pas négliger la modalité de la demande latente de l'athlète dans la régulation de la relation. Cette partie sera développée dans le chapitre motivation.

II - Etats motivationnels en activité sportive :

Introduction :

Les préoccupations théoriques sur la motivation en contexte sportif ne datent pas d'aujourd'hui, son investigation représente l'une des modalités les plus fascinantes et les plus complexes de la psychologie. Fascinante dans le sens où la recherche et l'étude des facteurs et des processus déclencheurs et régulateurs des conduites détiennent quelque chose de magique. Complexe également, parce que le comportement humain sportif est traduit par une multitude de facteurs en interaction, ce qui confère à cette motivation un caractère particulièrement dynamique (Sarrazin, 2001).

1. Comprendre et évaluer la motivation en milieu sportif :

La volonté de comprendre le « pourquoi » des comportements en contexte sportif a fait l'objet de plusieurs recherches et investigations théoriques, intéressantes les unes que le autres et même complémentaires. La mise en évidence de certains modèles pourrait nous être bénéfique et permettre la compréhension des raisons de notre orientation théorique.

Sarrazin, (1995) un adepte de la théorie ?du but d'accomplissement? (à versant cognitivo-sociale), au cours de plusieurs études effectuées en contexte scolaire et sportif, avec l'aide de Famose et Cury (1995, 1997, 1998), a essayé d'établir « un profil motivationnel », via la passation de l'échelle QPSS (questionnaire de perception du succès en sport), sur différents groupes de sujets à pratiques sportives diversifiées (escalade, basket, hand-ball...). Ils ont pu confirmer ; l'existence d'un sentiment de compétence reposant à la fois sur des critères externes (la performance réalisée et l'effort fourni par autrui) et sur un processus de comparaison normative à un groupe social de référence, il s'agit « d'implication de l'ego » (ego involvement) (Nicholls, 1989, p.87), se traduisant par des préoccupations relatives à son positionnement dans une norme, (« suis-je bon ?», « où est-ce que je me situe par rapport aux autres? » etc...). Également, Le profil motivationnel et les facteurs déclencheurs du sentiment de performance jouent un rôle important dans la régulation de l'habilité sportive du sujet et dans l'évaluation auto-réflexive de ses propres capacités. Les diverse études exposées par la suite dans cette optique, valident empiriquement l'existence de liens de causalité potentiels entre les dispositions motivationnelles et les croyances sportives (Sarrazin, 1995).

Dans ce même contexte, François (1998), (en se référant aux travaux de Bundura, 1986, Rotter, 1955, Deci & Ryan, 1991) a tenté d'expliquer la motivation sportive, via ?la théorie de l'expectation?. Il évoque l'importance de l'expectation de résultat, quand une personne, évalue ses possibilités de succès ou d'échecs, en se basant sur les croyances relatives de ce qui survient (locus de contrôle). Il évoque deux types de locus ; le locus de contrôle interne (se qui se passe, performance ou contre performance, est de la responsabilité du sujet, qui reconnaît ses capacités d'influencer les événements), et le locus de contrôle externe (ce qui se passe, performance ou contre performance, ne dépend pas du sujet, mais des facteurs externes, avec une reconnaissance d'une incapacité totale) (François, 1998).

Cury, Schiano-Lomoriello et Da Fonséca, (2001), également dans le domaine du sport et de l'éducation physique ont proposé un renouvellement conceptuel de la théorie d'ajustement, en se basant sur la distinction conceptuelle entre motivation d'approche et motivation d'évitement. Ils postulent l'idée de deux buts distincts : le but d'approche de la performance dirigé vers la démonstration de compétence normative et le but d'évitement de la performance dirigé vers l'évitement de la démonstration d'incompétence normative (Gernigon et Cury, 2003). Ils en ajoutent après, un troisième but ; le but de la maîtrise de la performance, à tendance motivationnelle appétive. L'effort instrumental qu'ils ont pu mettre en place pour mesurer les trois orientations motivationnelles et l'attestation de la solidité psychométrique n'a pas suffit pour faire face aux critiques. Divers auteurs estiment que la définition du but de maîtrise reste à approfondir. Il faudrait, également, formaliser une tendance appétitive et une tendance aversive du but de maîtrise dans le domaine sportif. Les analyses psychométriques menées dans ce but, révèlent l'existence de quatre facteurs indépendants (les 4 buts d'accomplissement) et non de trois facteurs, reliés à des antécédents et des conséquences spécifiques et différenciées. La théorie du but d'accomplissement est jusqu'à ce jour discutable aux niveaux du caractère, bi, tri ou quadri dimensionnel (Gernigon et Cury, 2003).

Outre le courant cognitif et social, d'autres modèles théoriques abordèrent la notion de motivation et ont tenté de l'évaluer de manière particulière. Dans ses études sur la motivation, Famose (1997), met en avant deux questions fondamentales : à partir de quel indicateur comportemental peut on conclure qu'un sportif est motivé ou pas ? Et Quels sont les processus psychiques internes qui en sont responsables ? Pour répondre à la première question, l'auteur en désigne quatre indicateurs ; (1) L'intensité, comme quantité de ressources attentionnel que le sportif investit durant l'entrainement et la compétition. Il s'agit de la force de la vigueur dans la mobilisation de ses capacités dans la tâche à accomplir. (2) la persévérance, comme effort maintenu dans le temps. Dans ce cas, toute forme d'abandon et de non acharnement est témoin d'un manque de motivation. (3) La direction, dans le choix de l'activité sportive et la centration de l'attention du sportif sur les aspects les plus pertinents de la compétition. Les deux premiers indicateurs doivent, à l'intérieur d'une activité sportive, être dirigé vers l'accomplissement d'un résultat désiré pour déterminer ainsi le quatrième indicateur (4) La motivation continuée, qui se définie comme la volonté de poursuivre l'activité dans un cadre différent (lieu, entraineur, partenaire...). Pour ce qui est de la deuxième question ; Famose, parle de deux processus psychologiques. Le premier processus se réfère à la théorie de ?l'expectation de succès?, désigne les probabilités subjectives qui résulte de la comparaison entre, la performance désirée et celle anticipée (Exemple « si je veux gagner ce match, je pense que j'en suis capable »). Il s'agit en d'autre terme de la confiance en soi. Le deuxième processus, la valeur de la tâche, est l'intérêt qu'un sujet trouve dans son engagement dans une activité sportive, évalué par les conséquences positives qu'il espère retirer de cette activité. (Exemple « quelle importance a cette compétition pour moi ? »). Cependant Famose rejoint les autres théoriciens déjà cité au début de cette partie, et parle à son tour de l'importance de la dimension de croyance mais dans un autre contexte, celui de la valeur d'atteinte : quand le sportif se sent menacé dans son estime personnelle et dans le but de maintenir un schéma de soi positif, il adopte diverses stratégies motivationnelles, qui lui permettent de préserver son estime de soi. L'entraineur et les partenaires de jeux peuvent y parvenir dans cette dimension de croyances, selon l'importance qui lui en sont accordé (Famose, 1997).

Ces diverses études affirment, que dans l'activité sportive, la performance est reliée à la motivation et/ou à son augmentation alors que la contre performance est reliée à l'absence et/ou à l'insuffisance de motivation. Nous nous sommes interrogés sur ce rapport d'existence et d'absence et nous nous sommes demandés pourquoi faire disparaitre la motivation quand il s'agit de contre performance. Si la contre performance en elle-même, est une manifestation de quelque chose, une expression d'un « manque inconscient », comme nous l'avons déjà développé au début de ce travail, impliquerai elle forcément cette absence? Ne serait ce pas une manifestation d'un autre type de motivation ? Nous pouvons ainsi reprocher à ces différentes études le fait qu'elles ne prennent pas en compte la complexité réelle des différents processus psychiques qui alimentent la motivation. Celle ci ne constitue pas une dimension à part, mais fait partie intégrante de la personnalité et devrait en être analysée comme tel. La théorie psychodynamique, et l'approche psychanalytique sont des exemples parfaits de ce que nous tendons à montrer (Ben Rejeb, 2001).

2. Peut-on parler « des » motivations « inconscientes » :

La psychodynamique aborde l'idée « des » motivations, et en ajoute qu'elles peuvent être « inconscientes ». Quant à la psychanalyse même si le terme de motivation n'a guère cours dans son langage, Moragues (2004), a pu faire un croisement entre « motivation » et « désir », et montrer que le concept de pulsion en psychanalyse répondait parfaitement à la question de la motivation. Il affirme que la contre performance se manifeste contre la volonté consciente du sujet. C'est un acte inconscient doté de sens et témoigne d'une motivation particulière traduisant un conflit psychique inconscient. La motivation serait donc une hypostase du désir qui surgit, et à travers duquel les instances psychiques particulièrement l'idéal du moi et le moi idéal prennent un espace fulgurant et structure de manière fascinante. La motivation inconsciente se structure dès lors en motivation de première génération en évoquant le Moi idéal de première génération, et en motivation de deuxième génération caractéristique de l'Idéal du moi de deuxième génération, nous laissant ainsi perplexe devant la particularité du corps pulsionnel du sujet sportif (Moragues, 2004).

3. Dynamique de l'idéal du moi dans la structuration de la motivation :

L'idéal du moi se caractérise chez le sujet par la dimension du projet, d'un projet de retour à la perfection narcissique de l'enfance. A partir de la prématuration de l'infans et de la dépendance qu'elle peut instaurer, la toute puissance, se trouve incarnée dans les figures parentales, premiers objets libidinaux. L'idéalisation des parents, constituant une part importante de l'idéal du moi de l'enfant, se développe à partir du narcissisme primaire et tente d'en assurer la pérennité (Moragues, 2004). Le surmoi est porteur de l'idéal du moi, auquel le moi se mesure, à quoi il aspire et dont il s'efforce de satisfaire la revendication d'un perfectionnement plus avancé. Cet idéal du moi est le précipité de l'ancienne représentation parentale, sorte d'expression de l'admiration pour la perfection que l'enfant leur attribuerait. (Freud, 1914).Ses rapports avec le Moi ne se bornent pas à lui adresser le conseil « sois ainsi » (comme ton père) mais impliquent aussi l'interdiction « ne sois pas ainsi » (comme ton père) (Najah, 2007).

Il est impératif de faire la distinction entre l'idéal du moi et le moi idéal. Dans le stade du miroir, Lacan (1949), insiste sur le moi idéal (qui prend la relève du narcissisme primaire freudien) et sa dimension spéculaire. L'autorité parentale dans le sens de l'influence du désir parental est par ailleurs nécessaire à l'émergence de celui de l'enfant. Ce dernier se soutient de la reconnaissance parentale et forge son idéal du moi afin de la préserver. L'importance de ce désir parental s'exprime dans le discours, dans le « regard » et par d'autres signes. Comme l'affirme Perrier (1970) « on lui apprend à parler, on le nomme, on le reconnaît.  Le bébé tourne pour voir « l'oeil » qui le regarde dans le miroir ; il y a là, dans le latent des significations ou des signifiants, l'homologue des voeux que prononcent les bonne et mauvaises fées pour tout infans, venant de la vie » (p.110) . Cet idéal du moi commande le jeu de relations d'où dépend tout rapport à autrui. « Et de cette relation à autrui dépend le caractère plus au moins satisfaisant de la structuration imaginaire » (Lacan, p.161).

A l'adolescence, le sujet est mené à renoncer à ce premier idéal, marqué du narcissisme parental, « pour lui substituer un nouvel ou de nouveaux idéaux du moi qui se référeront sans doute (directement ou indirectement), aux modèles parentaux mais qu'il pourra dès lors s'approprier ou rejeter sans risquer de « disparaître » lui-même, d'y perdre sa subjectivité » (Moragues, p. 74). Au plan de l'activité sportive, de son investissement, ces modifications psychiques et pulsionnelles se traduisent par le passage de « l'amour de performance » au « désir de compétition », indiquant la réélaboration de la motivation qui est étroitement liée à la restructuration du désir du sujet (Moragues, 2004). Ceci traduit à quel point le mode d'investissement libidinal du sujet et les effets engendrés dans son rapport à l'activité sportive dans sa dimension fantasmatique, dépendent du travail psychique de représentation de cette nouvelle donnée pulsionnelle. Cette dimension représentationnelle déterminante à l'adolescence, régulant le rapport du sujet à la compétition, se maintient dépendante à l'âge adulte et pourra l'amener à rejouer, dans certaines situations, certains avatars symptomatiques (Najah, 2007).

4. De l'Amour de la performance au Désir de compétition:

L'Amour n'est pas un pouvoir à exercer. C'est une relation complexe qui implique la contribution réciproque d'être suffisamment libre. Le don d'Amour suppose dans ce sens, la présence d'un autre pour recevoir, pour prendre ou refuser ce qui est à son sens bon ou mauvais. L'enfant se sent aimé quand sa contribution au monde est approuvée et appréciée. Quand cet Amour ne se réduit qu'à la satisfaction de l'autre, à la sauvegarde de l'autre, le sujet devient un être aliéné, plus particulièrement, lorsque ses gestes d'autonomie deviennent découragés. Ses dons d'Amour se réduisent alors qu'à ceux approuvés par l'autre, le laissant régner de façon totalitaire (Portnoy, 1994).

Pour un handicapé accidentel, la demande d'appui et d'amour est tellement vitale, qu'elle le fait exister et lui inculque, un fond de confiance et une assurance de toute puissance. Il rencontre des difficultés dans son expérience singulière qu'est la construction de son moi et se trouve face à des altérations dans les premiers processus d'identification primaire (en lien avec les parents). La première conséquence du traumatisme corporel qu'endure un invalide moteur est une désorganisation topique du psychisme et un "éclatement" de la structure du Moi. Il se retrouve parachuté dans des conditions proches de celles du nouveau né : dépendance du milieu. La première demande du sujet sera donc de "trouver-créer" un Moi auxiliaire qui prendra place de mère et de pare-exitation : La mère réelle, la conjointe, l'infirmière, l'institution, et entre autre l'entraineur... Il s'agit d'une expérience de régression brutale qui lui offre des conditions favorables à l'expression de la vie inconsciente, réveillant ainsi les angoisses infantiles de ses premières expériences de désunion, de séparation d'avec le corps de sa mère, de perte du "bon" sein, de castration ou d'abandon de la situation dyade mère-enfant. Ces premiers vécus sont en mesure d'influencer le déroulement du processus de retour à l'autonomie, en fonction des angoisses dont ils sont chargés et en fonction du cadre humain de leur retour. Avec un tel narcissisme blessé, la dépendance psychique et amoureuse au regard de l'autre se double (Simone, 1989).

Ce rapport complexe qu'entretient l'Amour, peut se manifester au plan sportif et faire émerger, certaines dimensions de la problématique inconsciente des sportifs. La performance en tant que bon résultat, a été jusqu'à l'adolescence, le moyen fondamental pour la satisfaction des désirs parentaux ou des désirs des substituts parentaux. Il est impératif de ne pas perdre. Perdre excède la simple perte d'un match. Moragues (2004), indique que c'est aussi risqué de décevoir parents, entraîneurs supporters et surtout ne pas être conforme à leurs désirs. La performance « était aimée par l'enfant pour la garantie d'amour parental qu'elle lui procurait en retour » (p. 83). La cause de la motivation pour la performance n'est autre que l'amour parental et sa sauvegarde. Ainsi, échouer en compétition, signifierait perdre pour le sportif ce que jusque là « constituait le principal soutien au plan narcissique : un idéal de moi issu de la toute puissance primaire et de l'idéal du moi parental » (p. 83). .

Et c'est pour cela que nous évoquons à nouveau, le terme « d'amour de performance » émergeant dans ce que Freud (1912) nomme « le courant tendre » désignant la tendresse exprimée par les soins parentaux et dont il en souligne la dimension auto-érotique et celle de la toute puissance qui peuvent s'engendrer de l'auto-satisfaction. Ce courant correspond au « choix d'objet infantile primaire et il se dirige sur les personnes de la famille et celles qui donnent les soins à l'enfant » (p. 56). . Ici il s'agit d'une demande d'amour, ce que l'enfant aime c'est d'être aimé.

La situation au plan sportif, représente alors le support du conflit interne qui se joue autour de la structuration psychique et narcissique et au plan relationnel avec les parents et/ou les substituts parentaux (Najah, 2007).

Au moment où, le sujet détient une certaine maturité psychique, prend pour lui-même le risque de l'échec, et dans son rapport à l'Autre le risque de le décevoir, on parle du désir de compétition. La performance marquée du manque et de l'échec possible, devient désirée. La cause principale de la motivation pour la performance n'est plus la sauvegarde de l'amour parental mais le désir lui-même de la compétition, où l'athlète s'inscrit pour son propre compte dans un échange symbolisé de la compétition. En acceptant de perdre et surtout en l'assumant, la performance ne devient plus l'objet imaginaire auquel l'athlète tend à s'identifier, elle devient un « signifiant », et ne tire son sens que de sa relation avec les autres performances, et de sa mise en place dans l'ordre symbolique de la compétition, un ordre auquel tout compétiteur s'ajuste. C'est au prix de l'acceptation de la perte, qu'un nouvel idéal du moi se structure. Les modèles parentaux deviennent à ce moment des références dont il est possible de refuser ou d'accepter. Il s'agit d'un renoncement de fonctionner dans un rapport exclusif de dépendance affective à l'égard du parent ou du substitut parental et pouvoir ainsi exister en dehors de l'amour d'amour ; renoncer à tout ce que le situation oedipienne peut réactiver et accepter la perte de l'amour de l'Autre (Moragues, 2004).

Nous allons mettre en place une investigation clinique, basée sur une analyse des entretiens et la passation du TAT, afin de pouvoir déterminer ces deux types de motivations (amour de performance et désir de compétition). Ceci dit afin de consolider notre recherche par une analyse quantitative il nous faudra trouver un outil de mesure fiable, valide mais surtout qui coïncide avec l'apport théorique choisit. Nous évoquons alors l'EMS (échelle de motivation dans le sport) de Vallerand et al (1993). .

5. Peut-on assimiler amour de performance à la motivation extrinsèque et désir de compétition à la motivation intrinsèque ?

Vallerand et al (1983) ont mit en place un modèle hiérarchique de la motivation intrinsèque et extrinsèque et ont pu montrer son application dans le domaine du sport et des activités physiques. Ce modèle a pu nous fournir des outils d'évaluation valides et pratiques permettant de mettre en place des avancées théoriques potentielles mais surtout, a été désigné comme un instrument utile d'aide à la décision pour les professionnels du sport (entraîneurs, éducateurs).

La motivation intrinsèque désigne la force qui pousse l'individu à pratiquer une activité pour le plaisir et la satisfaction qu'il en retire de celle ci. Ont dit qu'une personne est intrinsèquement motivée quand elle effectue des activités volontairement et par intérêt pour l'activité elle-même (jouer pour lui-même). Elle se traduit par une motivation intrinsèque  à ; (1) la connaissance, se définissant par le fait de faire une activité pour le plaisir et la satisfaction ressentie lors de l'exécution de quelque chose de nouveau, et l'apprentissage de nouveaux mouvements. (2) à l'accomplissement, traduisant le plaisir ressenti lors de l'exécution de la tâche, et surtout le plaisir du défis de l'ordre symbolique de la compétition (défis moteurs, compétitifs....) (3) vivre à la stimulation, dans le but de ressentir des sensations stimulantes que lui procurent sa pratique ou sa participation. C'est le plaisir pur, sans recherche de connaissances ou d'accomplissement (plaisir sensoriel lors du touché de l'eau, de l'air, de l'outil du lancer...). Cette motivation est fortement autodéterminée.  Elle se chemine parfaitement dans le désir de compétition et renvoie à la motivation de deuxième génération ou l'athlète s'investit dans la tâche sportive en raison de tout ce que cette activité peut relever de symbolique (sensation, plaisir, défis de soi même....) (Vallerand et Thill, 1993)

La motivation extrinsèque, par contre, se définit comme ce qui pousse le sujet à agir dans l'intention d'obtenir une conséquence se trouvant en dehors de l'activité même, obtenir quelque chose d'extérieur à son être comme le gain de l'approbation, la tentative de séduction, l'évitement de culpabilité..... Elle se traduit par motivation extrinsèque à ; (1) l'identification qui relève du milieu extérieur ; faire des rencontres, créer des amitiés ... (2) la régulation introjecté, à travers laquelle l'athlète pratique pour se déculpabiliser de ne rien faire et exerce ainsi de la pression sur lui-même. Le sport est perçu ainsi comme une nécessité maladive (il faut que je fasse... sinon je le regretterai...). (3) la régulation externe, où l'athlète régularise son comportement dans le but d'obtenir une valorisation de type ; pratiquer pour plaire, pour séduire, pour avoir une belle apparence, pour être aimé... Cette motivation peut être à caractère moyennement ou faiblement autodéterminé. Elle traduit finement ce que l'amour de performance essai de démontrer (Vallerand et Thill, 1993).

L'EMS, pourrait être un outil psychotechnique complémentaire à notre travail et étayer encore plus notre étude qualitative en nous fournissant des tendances et des courbes motivationnelles objectives.

CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE :

I. Variables de la recherche :

Dans le présent travail, les deux variables indépendantes : « L'état de performance », comme son nom l'indique nous allons en définir deux modalités: (1) performance et (2) contre performance, et « la nature du rapport entraineur- entrainé » : comportant deux modalités ; (1) rapport dépendant et (2) rapport mature.

Quant à la variable dépendante « motivation », elle s'exprime de manière subjective, via une analyse psychodynamique des entretiens semi directifs (grille d'entretien de Moragues(2004)) et du TAT, ce qui nous donne deux types de motivation : (1)  amour de performance  (2) désir de compétition.

II. Objectifs et démarches du travail :

Il s'agit d'une étude clinique, plus précisément psychodynamique, utilisant à la fois une méthodologie qualitative et quantitative. Deux objectifs majeurs sont visés : la mise en évidence d'un lien entre contre performance, rapport entraineur-entrainé et existence attendue d'une motivation inconsciente bien particulière et l'exploitation des réponses qualitatives du TAT, étayées par un guide d'entretien semi directif et du test EMS 28. Autrement dit ce travail visera comme but essentiel l'évaluation et l'appréciation de la nature de la motivation inconsciente d'un petit échantillon de jeunes athlètes de haut niveau handicapés moteurs, souffrant de contre performance et présentant une dépendance affective à l'égard de leurs entraineurs.

1. Evaluation de la motivation :

Afin d'évaluer la motivation inconsciente des athlètes il est essentiel de décrire l'échantillon choisi, le travail effectué sur le terrain et l'outil d'évaluation.

1.1. Choix de la population :

Notre recherche porte sur 4 athlètes de haut niveau spécialité lancé, à handicap moteurs, âgés entre 20 et 22 ans et répartis en deux groupes. Un premier groupe à contre performance sportive et à rapport dépendant avec son entraineur et présentant un certain nombre de critères (d'inclusion et d'exclusion). Ce choix a été fait dans l'optique d'homogénéiser certains facteurs comme l'âge, statut parental, milieu socio-économique et autres contraintes de la vie. Un deuxième groupe à performance sportive et à rapport mature avec son entraineur.

1.2. Description de l'échantillon :

Dans ce travail, nous avons effectués une comparaison inter-groupes. Pour se faire, nous avons disposés de 4 athlètes de haut niveau spécialité lancé, à handicap moteurs, âgés entre 20 et 22 ans et répartis en deux groupes. Un premier groupe composé de 2 athlètes (1fille et 1 garçon) âgés entre 20 et 22 ans, à contre performance sportive et à rapport dépendant avec son entraineur. Un deuxième groupe composé de 2 athlètes (1 fille et 1 garçon) âgés entre 20 et 22 ans, à performance sportive et à rapport mature avec son entraineur. Les deux groupes sont spécialisés en lancé.

Nous avons eu certaines difficultés lors de la constitution des groupes, particulièrement celui des contres performants, avec rapport dépendant. Il nous a fallu donc faire une pré-enquête ; comme point d'appui, nous nous sommes renseignés auprès des entraineurs sur le niveau de performance de leurs athlètes tout en nous basant sur la définition de Moragues et des critères déjà cité au début de ce travail (voir la partie performance). Pour ce qui est de la nature du rapport entraineur entrainé nous avons passé l'échelle « relation interpersonnelle section entraineur », et l'échelle « autonomie section entraineur » de Vallerand et al (2003), auprès d'un groupe de 12 athlètes dont 6 athlètes performants et 6 autres contre performants. Nous en avons retenus de chaque groupe, deux sujets ayant les résultats les plus significatifs.

Le vécu subjectif étant différent d'une personne à une autre, il en est en effet impossible de trouver deux individus complètement semblables. Le plus adéquat serait donc d'essayer de contrôler au mieux le maximum de différences interindividuelles. Nous ne devons pas perdre de vue qu'il s'agit avant tout d'êtres humains et pas uniquement de sujets porteurs ou non d'une certaine variable. Dès le début de sa vie, l'individu est influencé par une intrication de facteurs biologiques, environnementaux, culturels, qui participeraient ultérieurement, au modelage de l'expression et du vécu du malaise dans une situation particulière, en occurrence ici, la contre performance et la dépendance affective. Pour cela, une pré-enquête a permis la sélection des deux groupes en fonction d'une variété de critères d'inclusion et d'exclusion, dans le but de d'éliminer le maximum de variables parasites et afin que les deux groupes demeurent comparables.

Critères d'inclusion 

Critères

groupes

d'inclusion

Groupe 1

· Agé entre 20 et 22 ans

· Handicap moteur

· Contre performance

· Rapport de dépendance envers l'entraineur

· Spécialité lancé

· Résidant à Tunis, dans un foyer pour athlètes

· D'un milieu socio-économique moyen (père travailleur) + bénéficie d'un revenu de la part de la fédération.

Groupe 2

· Agé entre 20 et 22 ans

· Handicap moteur

· Performance excellente

· Rapport mature envers l'entraineur

· Spécialité lancé

· Résidant à Tunis, dans un foyer pour athlètes

· D'un milieu socio-économique moyen (père travailleur) + bénéficie d'un revenu de la part de la fédération.

Critères d'exclusion

Critères

groupes

d'exclusion

Groupe 1

· Agé en dessous ou en dessus de 20 et 22 ans

· Autre que Handicap moteur

· Pas de contre performance

· Pas de Rapport de dépendance envers l'entraineur

· Spécialité autre que le lancé

· Non résidant à Tunis, dans un foyer pour athlètes

· D'un milieu socio-économique autre que moyen

Groupe 2

· Agé en dessous ou en dessus de 20 et 22 ans

· Pas Handicap moteur

· Pas performance excellente

· Pas de rapport mature envers l'entraineur

· Spécialité autre que le lancé

· Non résidant à Tunis, dans un foyer pour athlètes

· D'un milieu socio-économique autre que moyen

1.3. Travail sur terrain :

Le cadre proposé est une intervention se déroulant sur toute la saison (mi-octobre à mi-mars),

comprenant une série d'entretiens individuels en face à face d'environ 1 heure. Le travail auprès des athlètes appartenant aux deux groupes s'est effectué dans le bureau de la psychologue de l'équipe. Il s'agissait d'une série d'entretiens semi-directifs, suivies d'une séance de passation du TAT et de l'EMS. Semi directif, car nous avons tenté de laisser au sujet un espace d'expression à la fois libre mais contrôlé. Nous avons essayé via la grille d'entretien de Morgues (2004) et les deux tests, d'apprécier la nature de la motivation subjective et ceci selon deux critères : Selon l'importance et le retentissement de la motivation spécifique (intensité et fréquence) et selon la qualité des interactions des différents processus psychiques dont son alimentation et sa régulation.

1.4. Outils d'évaluation de la motivation inconsciente :

Afin de répondre aux objectifs de notre recherche, nous avons eu recours à deux outils d'évaluation et à une grille d'entretien semi-directif ; Il s'agit du TAT, de l'EMS, et de la grille de Moragues ( Vu que nous allons nous baser sur l'interprétation uniquement qualitative du TAT). Avant de les décrire, il serait préférable de justifier les raisons pour lesquelles nous avons opté pour ces outils d'évaluation.

1.4.1. Justification du choix de l'outil :

Le test d'Appréciation thématique (TAT), est l'un des outils projectifs les plus populaires permettant au mieux d'étudier les motifs inconscients. Sa passation et son analyse comme l'a bien indiqué Moragues (1997), lors de l'évaluation des motivations des candidats d'admission au centre national de Volley Ball de Montpellier, permet de repérer les inhibitions et les blocages majeurs. Les éléments de ce test sont surtout utilisés en vue de mesurer l'écart pouvant exister entre les rationalisations des discours conscients et la nature conflictuelle des projections inconscientes. Le plus important, c'est que le TAT sollicite différents registres de représentations de relations (relation d'objet), dans un contexte d'investissement objectal et/ou narcissique, ainsi qu'une représentation de soi selon les axes  d'identité et d'identification (Moragues 2004).

Le stimulus TAT est caractéristique des épreuves projectives. Figuratif et ambigu il permet une analyse à la fois objective de type perceptif et une interprétation subjective mettant en jeu des associations d'ordre projectif en lien avec les sollicitations latentes du contenu des planches. En construisant l'histoire, le sujet démontre sa capacité à appréhender l'objet dans sa double vision objective/perceptive et subjective/projective et donc à indiquer ses capacités de reconnaissance d'un dedans et d'un dehors et d'un espace psychique interne. (Fernandez, 2006). Shentoub et al (1998), affirment que le discours TAT n'est ni pure rêverie, ni produit cognitif mais plutôt un témoignage des relations intrapsychiques : il s'agit d'une compénétration de la dimension fantasmatique et des exigences de la réalité, traduisant ainsi une épreuve de créativité. Il s'agit en effet de l'évaluation de la qualité de l'intégration des opérations défensives : ni trop rigide, ni trop coupé de l'imaginaire, ni trop fantasque, débordé par les processus primaires et accompagné d'un enrichissement conjoint entre processus conscient et inconscient. Le discours TAT traduit un mode de résolution du conflit entre fantasme et réalité. (Shentoub et al, 1998). Selon le même auteur, un fonctionnement psychique souple et mature produit des histoires structurées avec une résonance fantasmatique, autrement dit, des histoires qui répondent à la consigne (en relation avec le contenu manifeste) mais qui portent, en même temps, la marque de la singularité du sujet (sollicitations latentes). Tandis qu'un fonctionnement peu souple produit une histoire envahie par le processus primaire (affects et représentations inconscients), mal structurée, incohérente ou une parfois une histoire sèche, contrôlée et sans affects. (Fernandez, 2006).

Cependant, à la différence de la majorité des tests psychométriques, le TAT (et autres tests projectifs), n'est pas utilisé d'une manière univoque. D'un point de vue psychométrique, plusieurs faiblesses méthodologiques peuvent apparaître: pas de méthode standardisée d'administration, pas de méthode objective standardisée de cotation des réponses et pas de cotations chiffrées permettant une représentation. Le clinicien dépend de ses propres normes subjectives basées sur son expérience professionnelle personnelle. Pour cette raison, nous avons tenu à appuyer cette évaluation qualitative par une autre quantitative et dotée d'une validité psychométrique. Il s'agit de l'EMS 28.

L'échelle de motivation dans le sport (EMS 28), est un test psychotechnique qui permet l'évaluation du degré de la motivation du sujet sportif et plus précisément l'évaluation des différentes (1) Stratégies motivationnelles ; comme les pensées et les comportements qui aident le sportif à négocier les conséquences affectives de la situation sportive sont surtout en rapport avec l'estime de soi du pratiquant. (2) Stratégies au service de la valorisation de soi (besoin de se percevoir favorablement: se produire en public, compétitionner). (3) Stratégies au service du perfectionnement du soi (s'approcher de ce que l'on aimerait être: s'investir, progresser, apprendre, modifier ses comportements). (4) Stratégies au service de la connaissance de soi (la difficulté de la tâche m'informe sur mes habiletés: besoin d'évaluer mes habiletés) (Chevalier, 2003).

L'EMS 28 est souvent utilisé en raison de ses propriétés psychométriques solides et ses coefficients de fiabilité élevés. La consistance interne de l'ensemble de cette échelle est supérieure à .75. Les études montrent également que l'indice d'autodétermination motivationnelle aux 3 formes de motivations intrinsèques et à la motivation extrinsèque identifiée ont été attribués les poids respectivement de +2 et +1, aux formes de motivations extrinsèque introjectée et externe, le poids de -1. Les études montrent également que les différents items de l'échelle EMS 28 sont intiment liés à une observation clinique, renforcement encore plus sa validité de mesure. (Laurin et al, 2008).

1.4.2. Contexte théorique du TAT et de l'EMS 28 :

C'est en 1935, aux Etats-Unis, que HENRI MURRAY a mis au point le Thematic Apperception Test (T.A.T.). En 1943, la version définitive fut publiée et composée de 31 planches. Autour des années 1970, les critiques concernant les tests projectifs, dues au manque de méthodologie efficace et objective, se multipliaient. A la même époque, VICA SHENTOUB (1970-1971) a essayé de dégager les mécanismes en jeu ainsi qu'une méthodologie efficace. C'est grâce à ses travaux et à ceux de ses collègues, à l'École Française de 1955 à 1974, que les voies de la codification du T.A.T. lui ont été tracées. Ceci a donné lieu à la rédaction du «Manuel d'utilisation du Thematic Apperception Test (Approche psychanalytique)» en 1990, sur lequel nous nous sommes basés pour la cotation et l'interprétation de nos protocoles de recherche. SHENTOUB (1987) retient ainsi seize planches des trente, qu'elle juge les plus pertinentes et les plus significatives - et réduit le temps de passation à une séance (qu'à deux). (Fernandez, 2006).

Nous avons choisi le mode de passation et d'analyse du T.A.T. proposé par VICA SHENTOUB ET COLL. (1990), car ils utilisent le test dans une perspective de psychologie clinique et dynamique.

L'EMS 28, par contre, représente une des multiples échelles de motivation construites par le laboratoire de recherche sur le comportement sociale. Cet outil d'évaluation a été mit en place au Canada, à partir de 1995 par, Brière, Vallerand, Blais et Pelletier. Au cours des années, de nombreuses recherches ont été menées, entre autres sur :   la motivation intrinsèque et extrinsèque; le rôle des théories motivationnelles dans la compréhension de la participation sportive. Le LRCS effectue jusqu'à aujourd'hui plusieurs recherches sur le thème de la passion amoureuse envers l'activité sportive.

1.4.3. Description des outils :

a. Le Thematic Apperception Test (T.A.T.):

Planches représentant des conflits universels : avec un contenu manifeste (scènes plus ou moins ambiguës) et un contenu latent susceptibles de réveiller certaines problématiques. Sur 31 planches sont retenues les plus pertinentes : 1 ; 2 ;3 BM ; 4 ; 5 (proposées aux garçons et filles, hommes et femmes) ; 6 BM et 7 BM ; 8BM (proposées aux garçons et aux hommes) ; 6 GF et 7 GF ; 9GF (proposées aux filles et aux femmes) ;10 ; 11 ;12 BG ; 13 B ; 13 MF ; 19 et 16 (proposées aux garçons et aux filles (sauf 13 MF), aux hommes et aux femmes). Certaines planches sont communes à tous les sujets. D'autres sont particulières aux enfants ou aux adultes, à l'un ou à l'autre sexe. Les initiales anglaises imprimées derrière chaque planche, en précisent la destination : B : boy (garçon) ; G : girl (fillette jusqu'à 14 ans) ; M : male (homme) ; F femelle (femme). Les planches sont constituées par des dessins, des photographies, des reproductions de tableaux ou de gravures. Leur signification est ambiguë. 12 planches représentent un être humain seul à divers âges, les deux sexes étant également représentés. 7 planches représentent deux personnages du même sexe. 4 planches représentent deux personnages de sexe différent. 1 planche représente trois personnages (deux femmes et un homme), 1 planche représente plusieurs hommes ensemble. 2 planches représentent un jeune homme ou une jeune fille évoquant ou contemplant une scène à plusieurs personnages. 3 planches représentent des paysages plus ou moins fantastiques sans êtres humains. 1 planche est complètement blanche (elle favoriserait la projection de l'image idéale que le sujet se fait de lui même). Les planches s'administrent en une seule fois pour V. Shentoub. L'ordre de passation des planches doit être respecté car le stimulus évolue du plus structuré et figuratif (personnages sexués) au plus ambigu (Fernandez, 2006).


· La consigne :
Formulée par Shentoub (1990), elle est énoncée une seule fois avant la présentation de la première planche : «Imaginez une histoire à partir de la planche». L'athlète est alors invité à raconter librement une histoire sur chaque planche. Mais lors de la planche 16 (carte blanche), et suite à son caractère insolite, une nouvelle consigne est formulée : «Jusqu'à présent, je vous ai montré des images qui représentaient des personnages ou des paysages, maintenant je vous propose cette planche qui est la dernière : vous pourrez me raconter l'histoire que vous voudrez». Nous avons essayé durant la passation d'être neutres, mais parfois nous nous somme sentie menés à intervenir face à un sujet très inhibé pour le soutenir tout en prenant en considération comment cette intervention pouvait être vécue par l'athlète (intrusion, renforcement des défenses, désorganisation...) et tout en évitant tout type de suggestion et des jugements de valeur (Shentoub, 1990)


· Durée de passation :
La passation est individuelle et se réduit à une séance  de 45 mn à 60mn et parfois plus, en fonction de la souplesse ou des inhibitions au niveau du discours des athlètes.


· Dépouillement et Cotation :
Il s'agit (1) d'une évaluation de la lisibilité du contenu (2) d'une analyse des récits planche par planche et de son décryptage à l'aide d'une feuille de dépouillement et un repérage de la problématique du sujet. (3) d'une Synthèse des informations recueillies en regroupement sur la feuille de dépouillement les différents procédés pour apprécier la qualité du processus associatif en tenant compte des relations entre affects, représentations et mécanismes de défense. (4) d'un dégagement des modalités de fonctionnement psychique : registres conflictuels, modalités défensives ; propositions d'hypothèses concernant l'organisation psychique du sujet ; et enfin (5) d'un regroupement des procédés sur la feuille de dépouillement nous permettant l'évaluation de la diversité des procédés utilisés sur l'ensemble du protocole. Il nous facilite l'appréciation de l'organisation défensive privilégiée au sein du fonctionnement psychique. Ainsi remplir cette feuille nous requiert une démarche à la fois quantitative et qualitative.

b. L'Echelle de Motivation dans le Sport (EMS 28) :

L'Echelle de Motivation dans les Sports (EMS) de Brière, Vallerand, Blais et Pelletier (1995) mesure les niveaux de motivation intrinsèque et de motivation extrinsèque. Pour Deci & Ryan (1985), ces deux types de motivation répondent aux deux extrêmes d'un continuum d'autodétermination. Dans l'EMS de Brière et al. (1995), ce continuum d'autodétermination est représenté par sept sous-échelles. Trois de ces sous-échelles ont trait à la motivation intrinsèque, trois autres à la motivation extrinsèque et une dernière, en marge du continuum, mesure l'absence totale de motivation dénommée "amotivation". On y retrouve ainsi 28 items, soit 4 items pour chacune des 7 sous échelles. Ces 28 items reflétent différentes raisons de pratiquer son sport favori (Vallerand et al, 1995)

Motivation intrinsèque à la connaissance : items 1, 11, 17, 24

Motivation intrinsèque à l'accomplissement : items 5, 10, 15, 22

Motivation intrinsèque à la stimulation : items 7, 12, 19, 26

Motivation extrinsèque -identifiée : items 3, 9, 18, 25

Motivation extrinsèque -introjectée : items 6, 13, 21, 27

Motivation extrinsèque- régulation externe : items 2, 8, 16, 23

Amotivation : items 4, 14, 20, 28


· Durée de passation :
Vu que la passation a été orale, la durée s'est étendue entre 20 et 30 minutes.


· Cotation : Chaque item est suivi d'une échelle de type Likert allant de 1 ("ne correspond pas du tout") à 7 ("correspond très fortement") sur laquelle le participant peut juger le degré de correspondance entre l'item et ses raisons de pratiquer. Ainsi nous avons 7 choix :

L'addition des scores varient de 1 à 175. Ce score est d'autant plus élevé que le degré de motivation est plus important. L'EMS 28 établit un score final se rapportant au type de motivation ainsi qu'à un certain nombre de profils motivationnels liés aux trois catégories de motivation.

Les notes brutes sont transformés en note Z où pour chaque catégorie, faire le total et diviser par le nombre d'items : 4.


· Courbe d'échelle motivationnelle : Vu que nous ne travaillons que sur les deux premiers types de motivation (intrinsèque et extrinsèque), la courbe ou le profil de l'athlète se limitera à ces modalités visées.

1.5. Entretiens cliniques : comprendre et évaluer la motivation inconsciente :

Se baser uniquement sur des données relevée suite à des outils d'évaluation comme le TAT, ou à des données quantitatives via l'EMS, pour l'étude de la motivation de première et de deuxième génération, nous semble restreint et dénué de pertinence clinique. Nous avons donc choisi d'introduire une analyse qualitative des entretiens établis, dans notre recherche, afin de mieux appuyer et argumenter nos hypothèses lors de la présentation de quarte études de cas de deux filles et de deux garçons, appartenant aux deux groupes.

1.5.1. Principes déontologiques :

S'investir en psychologie clinique, plus précisément dans le domaine de l'entretien de recherche, est extrêmement enrichissant mais pose, néanmoins, certains problèmes d'ordre éthique et déontologique. Bien évidement, les entretiens cliniques que nous avons pu effectuer auprès de la population visée sont différents de l'entretien clinique mis en place dans le cadre d'une pratique psychologique.

Dans notre travail, l'observation d'une inversion des rôles dans la demande est bien manifeste. C'est plutôt nous et non le sujet qui sommes demandeurs. Notre travail d'écoute subit à son tour une certaine modification. L'écoute devient plus attentive et focalisée sur ce qui est recherchée. Elle devient sélective, et ce, à travers un guide d'entretien préétabli. De plus, et chose que nous avons déjà évoquée au début de notre recherche, la problématique de réticence de certains entraineurs et l'inquiétude de celle des athlètes. Leur participation devrait être volontaire, sans manifestation de refus ou de réticence. Raison pour laquelle, l'une des étapes de la pré-enquête déjà mentionnée au début de notre travail, consistait à sélectionner les athlètes favorables à de tel entretien et présentant à chacun d'entre eux une demande écrite (voir annexe) à propos de son consentement, dans laquelle nous avons résumé certaines informations sur notre travail en lui garantissant l'anonymat. Certes l'anonymat présente une limite en lui-même, en confondant et en désindividualisant les sujets, mais nous permet par contre de garantir mutuellement un climat de confiance et de respect.

1.5.2. Nature des entretiens : entretien semi-directif :

Les entretiens de recherche cliniques ont été semi-directifs. Nous avons essayé de mettre en place un guide confectionné par nos soins combinée avec la grille de Moragues (2004) qui fait appel à une définition intégrative de la motivation subjective. Les thématiques abordées lors des entretiens et selon cette grille sont ; le projet sportif (l'évolution de la carrière, le vécu de compétition, les éléments relationnel avec l'entraineur etc...), le projet scolaire universitaire ou professionnel (le parcours scolaire, les projets de carrières...), le projet familial et les liens avec la famille (la nature des liens familiaux, parents, fratrie...) et les relations à l'environnement (l'environnement sportif, social...). Ces items ont été examinés en eux-mêmes et en fonction de leur cohérence et de leur compatibilité réciproque. (voir annexe)

CHAPITRE III : ANALYSE QUALITATIVE : ETUDES DE CAS / ANALYSE ET INTERPRETATION DU TAT :

Il s'agit d'une analyse thématique du récit, et d'une analyse qualitative du TAT. Le thème principal est celui de la motivation et des raisons pouvant pousser l'athlète à pratiquer du haut niveau, formant ainsi les axes centraux de nos entretiens. Nous avons choisi de présenter les quarte expériences cliniques, en essayant d'illustrer cette fixation ou régression au niveau d'une modalité particulière de motivation inconsciente, quête d'amour effréné et angoisse de « perte », perdre l'amour de « l'autre ».

1. MOUFIDA (22 ans)

Jeune femme que nous nommerons, Moufida, 22 ans est issue d'une famille socio-économiquement moyenne. Père ouvrier et mère au foyer, elle est la quatrième d'une fratrie de 5. Elle a arrêté l'école à l'âge de dix ans et a intégré l'équipe nationale depuis 4 ans. Elle a eu des médailles dans plusieurs compétitions nationales et internationales. Depuis un an et demi, le staff technique, ses résultats sportifs et elle-même, affirment une nette baisse dans sa performance particulièrement au moment des compétitions. En voici ci-dessous la courbe représentative de sa tendance motivationnelle à l'échelle EMS 28.

Echelle de motivation

Peu bavarde et d'apparence timide, dès que nous avons lancé le sujet de la performance et des compétitions, elle a exposé, de manière hésitée, son problème qui serait relié à l'idée de perdre « devant l'équipe... non pas l'équipe, les gens... non je n'ai pas peur... non...mais je ne veux pas perdre... c'est tout ». Cette attitude psychologique à refuser en niant une telle pensée, par elle-même énoncée, témoignerait de l'importance du mécanisme de négation dont elle avait souvent recours. Opposition entre cette affirmation puis sa négation ou l'inverse, traduirait une modalité symptomatique d'un climat mental contradictoire, divisant Moufida en deux tendances « ennemies » ; émotionnelle sans réserve et rationnelle submergée par la précédente. Moufida via son discours aurait tendance à présenter son être sur le mode de n'être pas. La dénégation dans ce cas, de cette peur de perdre, ne serait qu'un moyen parmi d'autres de prendre connaissance de son refoulé, une méthode d'admission intellectuelle suivie d'une non admission émotionnelle. Ceci dit son Moi serait en méconnaissance dans la connaissance. Répugnant expressivement de ce qu'elle vient de dire elle a ajouté qu'il y a « un an à peu prés j'étais une championne, des médailles, je jouais bien, merci dieu, mais depuis j'ai stoppé, depuis qu'on m'a changé de coach, Houssem n'est pas pareil il est sympa mais me stresse parfois ».

Peur, négation, passant de suite au « mais », que nous qualifierons de castrateur, puis à la non acceptation de la perte, et aboutir à la pression, Moufida finit son discours difficilement en y ajoutant « mais merci dieu, il m'aime ici et me soutiennent, même si... tout le monde prend bien soin de moi ». Fût ainsi sa position finale jusqu'à la fin de la séance  (à répéter sans cesse que le staff et l'entraineur sont là pour elle).

Au cours des entretiens, Moufida a été verbalement inhibée, s'exprimant que par un oui ou par un non et répondait courtement aux questions, ce fût les mêmes attitudes lors de la passation du TAT.

Nous avons également constaté qu'elle avait tendance à se plaindre auprès de son entraineur et de son kinésithérapeute de douleurs physiques au niveau des jambes, d'affaiblissement moteur, de maux de tête, de douleurs abdominales, et de grippe. Les bilans médicaux répondaient par la négation de toutes douleurs ou de toutes blessures. L'important dans tout cela c'est que ces plaintes apparaissaient souvent au moment où les dates des compétitions commençaient à se planifier. Se blesser, ou tomber malade avant une semaine de la compétition serait comme un « rituel » qu'elle mettrait en place, exploitant, inconsciemment la maladie, et surtout l'exagérant (incapacité même de se tenir debout), pour des fins d'évitement et de régression, lui permettant à leur tour d'échapper de cette responsabilité de perte, et contourner ainsi sa culpabilité

Le dernier entretien fut révélateur, très angoissée elle s'est enfermée dans un silence lourd, et puis elle a rétorqué «j'ai peur de perdre et la compétition c'est dans un mois.... Il faut que je fasse bien pour lui et pour les autres il faut que je sois à la hauteur et quand je pense à ça je joue mal ». Ce besoin excessive de l'Autre, qui servent de collègues, d'entraineur et même de public, qu'elle cherche à satisfaire est teinté d'ambivalence au niveau de son désir avec une amplification du caractère sexué des relations. Voulant savoir ce « lui » désignait qui en particulier (même si nous avions notre idée), nous lui avons posé la question. Dès lors, elle a ajouté de manière agressive « y a rien entre lui et moi ». À ce que nous remarquions, Moufida serait totalement déchirée entre le « bien faire », but premier de la pulsion de plaisir et de la recherche d'amour, qui se transformerait inconsciemment en son contraire, en le « mal faire », déplaire, et donc établir la séparation et perdre les autres. Ce rapport si particulier qu'elle entretient avec son entraineur l' « Autre » (substitut parental) avec déni du désir amoureux, et les « autres » personnes est teinté d'une certaine angoisse dont elle cherche désespérément à combattre via ce renversement dans le contraire.

Afin d'étayer nos observations et nos données cliniques, nous exposons ci -joint les données relevés au TAT.

1.1. ANALYSE DU TAT

Lisibilité : faible

L'élaboration de l'histoire peut s'amorcer mais la faiblesse des procédés rigides/labiles conduit à une utilisation prépondérante des procédés d'évitement (, C3, C4) qui ne permettent pas un travail effectif d'élaboration en liant les représentations aux affects de façon souple et modulée en rapport avec les sollicitations latentes du matériel. Les histoires sont brièvement construites. Il n'y a pas de lien entre les représentations et les affects. La résonance fantasmatique est difficilement saisie. Il n'existe pas de prime de plaisir à investir le fonctionnement psychique.

Planche 1

1- ÔäíÉ åÏå ãÇ åãÊåÇÔ... ÈÇÈå åÏÇ æáíÏ... ãÇ åãÊÔ ãÇ äÚÑÔ ãÇ åãÊÔ.

Procédés : demande faite au clinicien suivi par la nécessité de se poser des questions (C/CP5), puis un long silence (CP1). Une instabilité dans les identifications (B2-11), suivi d'un accrochage au contenu manifeste (CF1), un autre silence (CP1) avec un refus de continuer (CP5)

Problématiques : Le recours aux mécanismes d'évitement et d'inhibition entrainent une altération de la lisibilité. Il existe une absence totale de prise en compte des sollicitations latentes, par l'abrasion pulsionnelle, et le recours plaqué à la réalité externe, soit par des désorganisations (altération de la perception et confusions dans les identités ou encore altérations. Les critères relatifs au caractère structurant de l'OEdipe ne sont pas retrouvés. La problématique de l'angoisse de castration est trop excitante et aurait même un aspect désorganisateur.

Planche 2

2- åÏå ãÑÇ æ åÏå ãÑÇ æ åÏÇ æáíÏ... ãÇ åãÊÔ... í ÇíÏíåÇ ßÊÇÈ ãßÊÉ íÏíåÇ... ãÇ äÚÑÔ... åÏÇ íÛÒÑ ãÇ ÍÕÇä æÇáÇ ÔäæÉ... ÇáãÑÇ ÇáÇÎÑì ãßÊÉ ÇíÏíåÇ æ ÇßÇåæ æ ÊÛÒÑ ááØáÉ ÇáÇÎÑì ÙÇåáÑáí , ãÇ äÚÑÔ.

Procédés : Accrochage au contenu manifeste (CF1), puis un silence (CP1), une tendance au refus (CP5), un autre silence (CP1) suivis d'une description avec attachement aux détails (livres à la main) avec une valorisation de l'image de la fille (CN10) et une isolation des personnages (A2-15). Un silence (CP1) avec une autre tendance au refus (CP5) suivis d'un accrochage au contenu manifeste et une demande faite au clinicien (CF1/C), puis un autre silence (CP1) pour terminer son discours par une description de la femme, dans un rapport interpersonnelles avec la fille et un refus de continuer l'histoire à la fin (A2-1/ B2-3/CP5)

Problématiques : Il existe une problématique narcissique ou dépressive profonde à vérifier via les entretiens. La planche aurait ravivé d'autres registres de problématiques que le sujet cherche à inhiber à tout prix. L'élaboration du conflit oedipien s'avère difficile (une fragilité au niveau du remaniement pulsionnel avec une précarité des investissements libidinaux).

Planche 3

Procédés : Entrée immédiate (B2-1) avec une description avec attachement aux détails, portant sur un conflit intrapsychique et une demande faite au clinicien (A2-1/A2-17/C), suivi d'une tendance au refus (CP5), un silence(CP1) et une critique du matériel (CC3). Un silence (CP1), rumination du conflit intrapsychique avec refus de continuer ensuite (A2-8 /A2-17/CP5), puis un autre silence (CP1) suivi d'une introduction de personnages tierces non figurant sur l'image (B1-2). Elle finit son discours par une exclamation, une références personnelle avec une demande au clinicien (B2-8/C).

Problématiques : les affectes dépressifs sont reconnus et la dépression dans ce cas est reliée. La perte de l'objet n'est pas directement évoquée elle est évitée. Seule la représentation de l'affect dans cette planche est importante et s'inscrit dans un registre d'atteinte narcissique et de conflit avec le partenaire ou les objets parentaux. Les procédés pour lutter contre l'angoisse éprouvée (demande de détresse au psychologue, abandon du récit) renvoient essentiellement aux procédés d'inhibition narcissiques.

Planche 4

4- åÏÇ íÈßí æ ÇáÇ ÔäæÉ ãÇ äÚÑÔ ... ãÇ åãÊÔ åÇ ÇáÊÕæíÑÉ ... ãÊÞáÞ ÚäÏæ ÍÇÌÇÊ ãÞáÞÊæ ãÇ äÚÑÔ... ãÊÞáÞ ãä ãÑÊæ ãä ÚíáÊæ Çááå áÇ íæÕáäí áåÇ ÇáÍáÉ ÈÇááå ãÚÇÊÔ ÊÚØíäí åÇ ÇáÊÕÇæÑ.

Procédés : En évoquant anonymement les personnages (CP3), le sujet décrit l'histoire en s-y-attachant aux détails (A2-1) portés sur les relations interpersonnelles (B2-3). Un silence, une tendance au refus (CP1/CP5), puis un autre silence et une autre tendance au refus (CP1/CP5), une rumination sous forme de demande adressée au clinicien (A2-8 /C), suivi d'une tendance au refus et un silence (CP1/CP5), une rumination (A2-8), un silence (CP1). A la fin le sujet évoque un conflit intrapsychique avec arrêt du discours(A2-17/CP5)

Problématiques : Le conflit pulsionnel (agressivité) au sein d'une relation hétérosexuelle est présent. Cependant l'élaboration de la configuration défensive est importante (via le mécanisme d'évitement).

Planche 5

3- åÏÇ ãÊÛÔÔ æ åÏå ÊÊßáã... ãÇ äÚÑÔ ... ãÇ åãÊÔ íÛÒÑ åßÇ ãÊÛÔÔ ãÚäÊåÇ ãÇ äÚÑÔ ... åí Êßáã íå ... ãÊÞÇÞ ãÇ äÚÑÔ .

Procédés : Tendance directe au refus avec agitation motrice (CP5/CC1), puis un silence (CP1), suivis d'une description avec attachement aux détails (A2-1). Le sujet s'adresse au clinicien (C) puis raconte l'histoire en s'accrochant au contenu manifeste (CF1), silence (CP1), puis annulation (A2-9)

Problématiques : Les modalités défensives d'inhibitions, du retour au factuel et au comportement, portent sur la pulsion voyeuriste par rapport à une scène primitive dont les protagonistes ne sont pas évoqués. Le sujet parait anxieux et essai rapidement de refouler cela via le recours plaqué à la réalité externe.

Planche 6GF

- åÏå ãÇ åãÊåÇÔ. ÇäÇ ... ÑÇÓ åäÇ ÑÇÌá íÛÒÑ åßÇ ãÇ åãÊÔ ÒæÒ ÑÌÇá åÇåæ ÑÇÓ ãÇ äÚÑÔ . áÇ ÈäíÉ åÏå ÙÇåÑáí ãÑÇ åÏå ãÇ äÚÑÔ ... ãÑÇ åÏå ãÔ ÑÇÌá íÛÒÑáåÇ æ íÍßí ãÚÇåÇ ÑÇÌá ÞÇÚÏ ÇßÇåæ.

Procédés : tendance au refus suivi d'un long silence (CP5/CP1), puis description avec attachement aux détails (A2-1) et instabilité dans les identifications (B2-11) suivis d'une annulation (A2-9) et d'une précaution verbale (A2-3) avec rumination (A2-8). Elle parle brièvement du rapport interpersonnel entre les deux personnages et ne tarde pas à affirmer une tendance au refus (B2-3/ CP5)

Problématiques : l'intégration de l'identification féminine au sein d'une relation de désir est confrontée à une instabilité. Le fantasme de séduction est manifesté sous un mode de voyeurisme (répète le mot regardé plusieurs fois). L'importance « du regard » de l'autre pourrait ainsi être un élément important dans notre analyse.

Planche 7GF

10- í ÍãáÊåÇ ÈíÈíå æåÏÇ æáíÏ æ ÇáÇ ÑÇÌá ãÇ äÚÑÔ ãÇ åãÊÔ ÈÇáÙÈØ ÍÇØÊæ í ÍÌÑåÇ ... ÇáÇÎÑ æÇáÇ ÇáÇÎÑì ÊÛÒÑ ááÈíÈíå ÊËÈÊ íå.

Procédés : Entrée directe dans l'expression, avec description avec attachement aux détails (B2-1/ A2-1), avec une problématique au niveau des identifications (B2-11),avec tendance de refus (CP1) puis se remet à décrire la situation tout en s y attachant aux détails (A2-1), silence (CP1), puis hésitations entre interprétations (A2-6) pour présenter ensuite les rapport interpersonnels sous le versant du regard (B2-3)

Problématiques : le sujet se focalise principalement sur « le poupon », qui pourrait se traduire comme le représentant du bébé oedipien que la mère « regarde ».

Planche 9GF

9- ãÇ åãÊåÇÔ... ãÑÇ æÇÞÉ í ÇáÈÇÈ ÇÔ äÌã äÍßí ÊÛÒÑ áåäÇ ááÊáÒÉ æ ÇáØÇæáÉ... áÇ ãÔ ÊÛÒÑáåã.

Procédés : après un long silence (CP1), le sujet décrit la situation avec attachement aux détails, tournant autour d'une histoire proche du thème banale (A2-1/A1-2) portant sur les relations interpersonnelles (B2-3). Un autre silence(CP1), puis une instabilité au niveau de l'identification du genre du personnage (B2-11), suivi d'une précaution verbale (A2-3) et critique du matériel (CC 3), d'un autre silence (CP1) ensuite d'une dramatisation dans une perspective de fuite (B2-13)

Problématiques : l'identification féminine est mise à l'épreuve suite à son instabilité, l'histoire élaborée par le sujet, renvoie à une identité floue et fragile. Les personnages mal différenciés sont pris dans un système d'identification narcissique avec un évitement du conflit. Avec une préférence inconsciente du personnage « homme » que « femme », qui lui court après (lui faire la court », rapidement elle inhibe ce désir par un retour au contenu manifeste.

Planche 10

5- ÞáÈÊ ÇáÊÕæíÑÉ ... ãÇ åãÊåÇÔ åÏå ÔäíÉ ... ãÇ åãÊÔ åÏæãÇ ... åÏÇ åÇåæ ÑÇÌá.ãÇ åãÊåÇÔ åÏå ÔäíÉ ãÇ äÚÑÔ.

Procédés : Le sujet s'agite(CC1), reste silencieux un moment(CP), puis affirme une tendance au refus (CP5), un autre silence (CP1) une autre tendance au refus suivi d'un craqué verbal (CP5/ E17), puis une description avec attachement aux détails (A2-1), suivis d'un long silence (CP1) avec une tendance au refus (C·P5).

Problématiques : deux éléments important se présentent : le sujet a évité d'identifier le sexe du deuxième partenaire, et il n y a pas de reconnaissance de liens ni sexuel ni de tendresse : les défenses sont d'inhibition et d'évitement sont importantes, afin de lutter contre cette représentation. L'inexistence de liaison entre tendresse et sexualité souligne la non élaboration et le non déclin du conflit oedipien.

Planche 13MF

6- ... ãÑÇ ÑÇÞÏÉ æ ÑÇÌ íÛÒÑáåÇ ÇßÇåæ...ÇáÑÇÌá æÇÞ íÛÒÑ ãÇ åãÊÔ åÇ ÇáÊÕæíÑÉ ÇßÇåæ... åÏÇ ÇÔ åãÊ.

Procédés : Un long silence (CP1), puis une description avec attachement aux détails tournant autour du rapport interpersonnel (A2-1/B2-3) avec une tendance au refus (CP5) puis un autre silence (CP1), suivis d'une rumination (A2-8), puis refus, silence et refus (CP5/CP1/CP5)

Problématiques : Les inhibitions sont fortes, l'expression à l'agressivité et à la sexualité dans le couple sont évitées et inhibées. L'oscillation entre désir, défenses et libération pulsionnelle en termes d'interdits et de culpabilité est inexistante.

1.2. COMPTE RENDU

Le protocole de Moufida est pauvre. Tout au long de la passation le sujet a manifesté un refus et une agitation motrice. Une sécheresse et une aridité dans le récit sont bien claires, résultant d'une impossibilité à construire une histoire en raison du poids de l'inhibition visant l'arrêt immédiat de tout dynamisme dès son ébauche figeant ainsi tout mouvement pulsionnel. Le TAT ne se pas lit facilement, son récit s'est placé sous le signe de la restriction et de l'évitement du conflit.

La prégnance du registre d'évitement du conflit (C) et du contrôle (A) est flagrante. Un bon nombre de procédés de la série (A) sont présentés de façon répétitive, signalant le besoin impératif de maîtriser le pulsionnel et contenir l'excitation. Ces procédés sont reliés par d'autres procédés de la série (C). Les personnages sont anonymes, à travers une érotisation refoulée, campés dans une situation banale et déconflictualisée (C/P) se perdant parfois dans une pensé opératoire. C'est via le refus actif (C/P5) quasi caractériel que Moufida nous présente l'ir-présentable à travers ces « isolats » non intégrés, une manière à ne permettre aucun aménagement du conflit par la pensée.

La problématique oedipienne est trop excitante et a un impact désorganisateur, signalé soit par une absence totale de prise en compte des sollicitations latentes, par l'abrasion pulsionnelle, le recours plaqué à la réalité externe, soit par des désorganisations (altération de la perception, massivité de la projection, confusions dans les identités ou encore altérations du discours et de la pensée). Les critères relatifs au caractère structurant de l'OEdipe ne sont pas retrouvés. La problématique dépressive est activement évitée. La représentation de la perte de l'objet est inaccessible et s'inscrit dans un registre d'atteinte narcissique. Les procédés pour lutter contre l'angoisse éprouvée (détresse, auto-accusation massive, abandon) renvoient essentiellement aux procédés d'inhibition, narcissiques, de surinvestissement de l'objet, de surinvestissement de la réalité externe et des conduites agies. La problématique identitaire est marquée par un défaut de différenciation sujet/objet. L'intégration de la représentation de soi et de l'objet n'est pas stable et permanent conduisant à un sentiment d'identité

2. FIRASS (22 ans)

Firass, un athlète de 22 ans est issu d'une famille socio-économiquement moyenne. Le deuxième d'une fratrie de trois, son père est ouvrier et sa mère est au foyer. Ancien footballeur, il a arrêté l'école et le football à l'âge de 20 ans et a depuis rejoint sport handicap. Considéré, il y a un an, par son coach comme un futur champion, tout le staff technique le défini désormais comme une déception car « il avait tout pour être au podium ». En voici ci-dessous la courbe représentative de sa tendance motivationnelle à l'échelle EMS 28.

Echelle de motivation

Au moment où il a commencé à parler de son niveau actuel de performance, il a été dépourvu de moyens pour y faire face et a désespérément essayé de masquer cette incapacité par « une incontinence verbale », une logorrhée traduisant une pulsion irrépressible de parole. Cette situation de contre performance serait très angoissante et excitante sur le plan psychologique qu'il n'arriverait plus à la contenir et l'aurait laissé exploser via ce débit rapide et continu de verbalisation banalisée et couvert des incohérences. Il s'est décrit comme «  non aimé ... je sais pourquoi mais je sais que je ne suis pas apprécié ici, peut être par ma spontanéité... la vérité c'est que je suis attirant, pourquoi eux oui et moi non ... c'est injuste...j'ai ma dignité si c'est pour qu'on me rabaisse non pas besoin du sport mais bon que faire ». Il ne nous a pas fallu trop de questions pour comprendre ce qui se passait avec Firass. Sa colère a été bien manifeste durant son discours. D'ailleurs il a, souvent, été sur le mode de la revendication et de la demande, « mon entraineur il est bien c'est un Homme, il est correct avec moi c'est comme un frère je jure, j ai une appréciation particulière avec lui mais depuis que Youssef et la il a changé je ne sais pas pourquoi et je trouve ca injuste il faut qu'il soit équitable .... Je comprends ...je comprends mais bon je le redis c est pas normal je pense qu'il a entendu un truc sur moi... Youssef est un mec bien mais bon ce n'est pas une raison». Cette idéalisation envers l'entraineur lui permettrait de protéger ce bon Objet des pulsions destructrices qu'il exprime en amplifiant ses qualités (Homme, correct, comme un frère...). Cependant, la dépréciation est présente. Cette agressivité passive exprimée de manière non combattive et indirecte, lui permettrait de se préserver de l'angoisse d une éventuelle perte. Cherchant à donner une explication cohérente, logique, à cette attitude injuste dont il ne perçoit pas de véritables motifs, Firass a essayé de justifier cette situation par l'introduction d'une personne tierce (le rivale), ou par une minimisation latente de soi. Durant les suivants entretiens, Firass a été dans le remmanchement des idées. Sous une forme détournée et humoriste ; faire le clown, se moquer de soi même ou des autres, ceci fut son cas. Cette méthode défensive « humoriste » lui permettrait de se représenter l'éloignement de son entraineur et de sa contre performance d'une manière à s'en dégager des aspects plaisants et réduire l'angoisse de l'échec et donc de la perte.

L'élément le plus révélateur a été lorsque le sujet a commencé à parler du public, lors des compétitions ; « le public c'est important, les filles aussi». Avec un grand sourire, il a commencé à rigoler et tout son corps à trembler ; « le look quand on est sportif quand je joue il faut que je fasse bien, je saute bien, je fais mes échauffement et tout, moi je regarde que mon coach, je le fixe que lui mais je ne nie pas, le public m'attire aussi et le faite de les entendre ca déconcentre». De suite, plusieurs termes se sont chevauchées dans son discours, public, show, gagner, perdre... regarder et être regardé, perdre et être mal vu, attirance d'être regardé, nous nous offrons une preuve de la prédominance du visuel chez Firass. Développant de plus près ce sujet, nous nous sommes interrogés s'il ne s'agirait pas d'une vision inconsciente du regard, sous la forme d'un voir originaire (Bonnet 1996), qui se réactiverait au moment des compétitions. En l'observant sur le terrain, en situation de compétition, nous avons remarqué que dans l'incapacité de faire face à la pression (enjeu narcissique) de la compétition, dans le sens ou il intègrerait des signifiants venant du lieu ou surgissent les regards et les voix (public) à travers lesquels s'exprime tout l'enjeu de son désir, Firass se trouverait dans l'incapacité de les neutraliser. Ces représentations visuelles et auditives qui le hanteraient feraient corps avec lui ; ceci suppose l'intervention d un oeil tiers auquel le public se réfère à son tour, celui de l'entraineur. Firass verrait tout ce qui se passe d'un seul point, convaincu qu'il aurait trouvé le point d'appui en question, il se verrait à son tour capable de voir sans limite. Le regard fixe sur le coach serait cet appui, par lequel les désirs s'incarnent, parfois même croulent sous le poids de leurs contradictions.

Firass

Public

Mouvements régressifs et des tentatives de retour aux états narcissiques primaires

KAES (2005)

Entraîneur

Le voir originaire

(Bonnet, 1996).

SI

SV

Stimuli sonores et visuels

1

2

Enfermement dans un système narcissique aliénant.

(Bonnet, 1996).

3

Rater le coup

4

5

6

Schéma récapitulatif du système narcissique de Firass via le voir imaginaire

Cette sollicitation visuelle de son entraineur, et cette recherche d'étayant se heurterait parfois avec les contradictions du retour faites par l'entraineur, déclenchant chez Firass une angoisse très excitante qu'il en perd le contrôle. Englobé par la foule Firass «renonce à ce qui lui est personnel et particulier, et se laisse suggestionner par les autres, nous avons l'impression qu'il le fait parce qu'il éprouve le besoin d'être d'accord avec les autres (...) plutôt qu'en opposition à eux ; donc il le fait peut être pour l'amour des autres... » . (SMIRGEL J. 1999, p. 74). Il serait dominé par  les influences de cette « âme collective » ou la perte est incalculable, engendrant l'effacement de ses caractères personnels. Comme si la volonté individuelle au moment de la compétition n'existait plus, juste au moment où elle devient trop faible pour se risquer à l'action. (Najah, 2007). L analyse du TAT va de pair avec ce que nous venons de présenter.

2.1 ANALYSE DU TAT

Lisibilité : bonne

Les procédés utilisés (essentiellement A et C) permettent un travail effectif d'élaboration en liant les représentations aux affects de façon souple et modulée en rapport avec les sollicitations latentes du matériel. Les histoires sont construites et il existe une prime de plaisir à investir le fonctionnement psychique.

Planche 1

1- æÇÍÏ ÞÏÇãæ ßãÇä íÎãã , Ç ÓæÇÑ íÍÈ íÓÊÚãáæ ãÇ íÓÊÚãáæÔ , Ç ÓæÇÑ åæ íÙåÑ íå ãÊÑÏÏ ÈÔ íÓÊÚãáæ íÙåÑáí íå ßÚÈÉ áÇ.

Procédés : entrée immédiate dans l'histoire avec anonymat du personnage (B2-1/ CP3), avec accrochage au contenu manifeste (CF1) et mise de conflit intra-personnel (A2-17). Précaution verbale (A2-3), suivis d'un aller retour et retour entre expression pulsionnelle et défense (A2-7), puis une deuxième précaution verbale (A2-3) avec mise en évidence encore une fois de conflit intrapsychique (A2-17). Avant de finir son discours il donne son appréciation de la situation en dévalorisant le sujet (B2-8/ CM2)

Problématique : le sujet reconnaît l'immaturité actuelle mais ne peut s'en dégager dans un projet identificatoire avec dévalorisation de soi. Le sentiment d'impuissance est très important mettant en évidence les insuffisances de l'investissement de soi : ce sont les éléments dépressifs qui apparaissent alors.

Planche 2

11- ÒæÒ äÓÇÁ æ ÑÇÌá íáÍ... ÚÇíÔíä í ÞÑíÉ ÑííÉ áÇÍÉ, ÇáÈæ ãÓßáÇáå ÊÈÑß Çááå Úáíå æ ÇáØáÉ ÚíäíåÇ í ÇáÓãÇÁ ÊÍáã. Çáã ÔÇÏå ßÑÔåÇ ÈÔ ÊæáÏ æ ÅáÇ ÊæÌÚ íåÇ.

Procédés : entrée directe dans le discours avec attachement aux détails (B2-1/A2-1) suivi d'un silence (C P1), il continue son discours par une mise en place de relation interpersonnelle (B2-3) avec rumination (A2-8), suivi une mise en place de détails narcissiques (B2-10), et une va et vient entre interprétations différentes (A2-7).

Problématique : le triangle oedipien est reconnu avec une idéalisation et une mise en valeur du père. Le sujet reste collé au couple en échappant de reconnaître le lien privilégié oedipien.

Planche 3BM

4- åÏå ÈäíÉ ãÊäÑÒÉ ÈÇÒ ÈÇÒ ãÇÊáåÇ ÍÏ ÎæåÇ ÚãåÇ íÇÓÑ ÍÒä ÇßÇ ÇáÚãíÞ ÍÓíáæ Ô ÚáíäÇ íå .

Procédés : après un long silence (CP1), le sujet exprime un conflit intrapsychique avec attachement aux détails (A2-17/ A2-1) avec introductions de personnages non figurants sur l'image (B1-2), dans une situation dramatique (décès) (B2-5). Avec plaquage du discours à la fin tout en s'adressant au clinicien (CP4/CF2).

Problématique : la position dépressive est élaborée, sont reconnus et associés à une représentation de perte de l'objet d'amour. Cependant il semblerait que le sujet vit mal cette perte dans le sens où il exprime une colère envers cet éloignement.

Planche 4

2- Çæå ... æÇÍÏ ÎÇÑÌ ãä ÇáÏÇÑ "æáÇ ãÇ ÊÑÌÚ" ÍæÇÑ , ÛÒÑÇÊ, ÍÓíáæ ÇßÇåæ íÍÈæ ÈÚÖåã ÞÊáæ ãÇ ÊÎáíäíÔ æ åæ ÞÇáÈ í ÇáÊÕæíÑÉ í ãÎæ ãÑÇ ÇÎÑì ÈÑ Ôæ ÚÇÏÉ ÈÔ íÓíÈåÇ æ ÇáÇ ÎÇäÊæ ãÇ ÎÇäÊæÔ Ò ÈÏäæ ãÞÏã áÞÏÇã íÍÈ íÓíÈåÇ ÇãÇ íÍÈåÇ.

Procédés : le sujet s'exclame tout en faisant un clin d'oeil au clinicien (B2-8/ CC5), suivi d'un silence (CP1), puis une description avec attachement aux détails et postures tournant autour des relations interpersonnelles et un récit en dialogue (A2-1/ B2-3) , ce rapport est érotisé (B2-9). Le sujet présente juste après un refus de continuer (CP5), suivi d'une rumination (A2-8) avec introduction de personnage non figurant sur l'image (B1-2). , puis une précaution verbale (A2-3) et un changement brusque du cours de l'histoire (A2-14) avec attachement aux détails et postures afin de justifier son idée et un aller et retour entre désirs contradictoires (A2-1).

Problématique : Le conflit pulsionnel au sein d'une relation hétérosexuelle est présent. Il s agit d'une une manifestation de mise en tension conflictuelle et une présence de la valence masculine de la problématique oedipienne, dans le sens où il existe une attirance envers le sexe opposé et une rivalité avec le même sexe, cependant on il semblerait que le sujet malgré la dévalorisation de l'image de la femme (la trahie) trouve de la difficulté à la quitter même si il pense à une autre femme. Une ambivalence dans la relation (à l'égard de l'objet d'amour).

Planche 5

9- ÏÎáÊ ÊÔæ ÊÊÞÏ í ÇáÛÑÞÉ ÇÎí ãÇ áÞÇÊ ÍÊì æÇÍÏ. ãÇ ÚäÏí ÍÊì ÊÚÈíÑ ÇÎÑ.

Procédés : entrée immédiate dans le discours avec agitation motrice (B2-1/ CC1), accrochage au contenu manifeste (CF1), tout en gardant le personnage anonyme (CP3) et plaquage du discours (CP4)

Problématique : les modalités défensives particulièrement, les inhibitions sont importantes. Portant sur la pulsion voyeuriste, mais le refoulement opère rapidement.

Planche 6BM

10- Çã ãÊäÑÒÉ Úáì æáÏåÇ ÚáØíÉ ÈÙåÑåÇ ÙÇåÑÉ æåæ íÓÑáåÇ í ÇáæÖÚíÉ æ ÇáÇ åæ íÍÈ íÓÇÑ æåí ãÇ ÊÍÈÔ æåí ÛÇÖÈÉ Úáíå æåæ ãÇ íÍÈåÇÔ ÊÛÖÈ Úáíå æÇáÇ ÊÎáíå æ åæ ÍÒíä.

Procédés : Entrée immédiate dans le discours avec attachement aux détails dans une histoire portée sur les relations interpersonnelles (B2-1/A2-1/B2-3) avec un accent porté sur les conflits intrapsychiques (A2-17) avec une hésitations entre interprétations différentes (A2-6). Rumination (A2-8) et dramatisation de la situation suite à la décision de la mère de le laisser.

Problématique : les affects de tristesse sont bien présents, renvoyant ainsi au thème de déception et de perte de l'objet d'amour.

Planche 7BM

5- åÇåí! åÏå íåÇ ãæÖæÚ! ÇáÑÇÌá ÚäÏæ ÔÑßÇÊ æ íßáã í æáÏæ ÈÔ íÔÏáæ ÇáÔÑßÇÊ Çáí ÚäÏæ æÇáÇ ÊäÌã Êßæä äÕíÍÉ ÑÇÌá ßÈíÑ , æÇÍÏ ãÔ ÈÇáÖÑæÑÉ æáÏæ æÇáÇ ÊäÌã Êßæä ÍæÇÑ Èíä ÒæÒ ÇãíáíÇÊ, æÇáÇ ÚäÏæ ãÇ íÞæá ááÑÇÌá.

Procédés : Entrée immédiate dans le discours avec exclamations et clin d'oeil au clinicien (B2-1/ B2-8/CC5), suivis d'une autre exclamation et une critiques de la situation (B2-8/ CC3). Le sujet développe une histoire construite autour d'une fantaisie personnelle portant sur les relations interpersonnelles (B1-1/ B2-3), suivis d'une autre interprétation (A2-6) indiquant le support étayant d'un personnage anonyme (un vieux monsieur, quelqu'un) suivis d'une précaution verbale (CM2/CP3/A2-3), le sujet développe encore deux autres interprétations (B2-3) et termine son récit par un plaquage (CP4)

Problématique : le rapproché père-fils est reconnu, l'objet père est perçu comme objet étayant, mais rapidement ce désirs à l'égard de l'objet d'amour est refoulé par la mise en évidence d'autres propositions ainsi que par le déni de l'image du père (vieux monsieur, quelqu'un). Cependant l'agressivité et la dimension de rivalité n'est pas évoqué même si il y a ce déni de l'image du père, ce qui nous mène à réfléchir sur l'élaboration ou non de la dimension de l'ambivalence à l'égard de ce « bon père ». L'affrontement conflictuel est évité par le recours à une relation spéculaire. Dans ce cas soit la problématique narcissique domine soit le sujet tente de refouler ses fantasmes destructeurs.

Planche 10

6- ÞÕÉ ÍÈ ßÈíÑÉ ßÈíÑÉ ! ÊäÌã Êßæä ÚáÇÞÉ ÍÈ, ÍÓíáæ... ßíÇÔ íÇÓÑ ãÊäÇÓÞíä åÇ ÇáÒæÒ ãä ÇáäÇÓ ÇäÓÌÇã ßáí ÈíäÇÊåã. ÇãÇ ÙÇåÑ ÇáÑÇÌá íÍÈåÇ æ åí ÊÍÈæ ááãæÊ! ÊÕæíÑÉ íÇÓÑ ÊÚÈíÑíÉ ÇãÇ ÇÔÇÁ Çááå ãÇ ÊÏÎáÔ ãÇÈíäÇÊåã ÇáÇäÓÇÈ æ ÇáÍãæ...

Procédés : Entrée directe dans le discours avec exclamation et agitation motrice (B2-1/ B2-8/CC1) avec érotisation directe de la relation (B2-9), suivi de précaution verbale (A2-3) puis de rumination (A2-8), plaquage (CP4), un silence (CP1), puis une demande au clinicien (C) et une mise en évidence des rapports interpersonnels avec une idéalisation de cette relation (B2-3/CM2) suivi d'une exclamation (B2-8). Le sujet donne une appréciation de la situation (CC3) le sujet finit son discours par un rebondissement surprenant (B2-2) en exprimant une méfiance traduit par une représentation de persécution (E14).

Problématique : la planche, dans cette situation, renvoie à un rapproché libidinal au sein d'une relation hétérosexuelle, avec une reconnaissance du lien érotique entre les deux partenaires. La liaison entre tendresse et érotisation souligne l'élaboration du conflit oedipien. Cependant l'introduction de personnages tiers dans le rapport réactive des angoisses archaïques de perte de l'objet d'amour.

Planche 13MF

7- Çå...Çå...Çå...Çå. ÇÛÊÕÇÈ ÊÇÉ æ ÞÊáåÇ, ÇáÚãáíÉ ÙÇåÑÉ æ äÏã ÔÏíÏ æ ÚÑÇä ÈÇáÛáØ ãä ÇáãÌÑã. ÇãÇ Ç ÓæÇÑ ÏÎá ÓßÑÇä ÍÓíáæ ÇÞ Úáì æÖÚæ ÈÚÏ ãÇ ÎÏã ÇáÎÏãÉ Çáßá. ÇáØáÉ ØÇíÍÉ ÒÈÏÉ .

Procédés : Exclamation, silence, exclamation, silence, exclamation, silence et exclamation (B2-8/CP1/ B2-8/CP1/ B2-8/CP1/B2-8), suivis d'une expression crues liées à une thématique sexuelle et agressive (viol et meurtre) dans un contexte dramatique (E3/B2-13), avec conflit intrapsychique et une précaution verbale (A2-17/A2-3) avec valence négative du personnage (CM2). Le sujet évoque à nouveau un conflit interpersonnel (A2-17) et finit son discours par description de la fille avec attachement aux détails (A2-1).

Problématique : Il s'agit d'une intégration des pulsions agressives et sexuelles de manière persécutrice. Cependant les nuances de culpabilité et de remords liés à ces mouvements pulsionnels et manifestées.

2.2 COMPTE RENDU

Le protocole de Firass est assez riche. Le sujet a manifesté un engagement très vivant tout au long de la passation. Le TAT se lit facilement, mais la mobilisation du sujet est assez intéressante. Malgré les entrées immédiates dans le discours, l'agilité langagière, la totale coopérativité, et surtout l'excès de motivation et d engagement, le récit a été placé sous le signe de la restriction et de l'évitement. Si bien que l'impression globale donnée d'un matériel personnel et offert est aussitôt soustrait entravant une meilleure lisibilité sous jacente du protocole.

Face à l'émergence de la conflictualité, les procédés (A) et (B) ne suffisent plus et sont contre-investis par des procédés d'évitement (C). L'ensemble du protocole reste marqué par une prédominance des procédés rigides et labiles mais le contraste est frappant au niveau des procèdes de labilité et la masse des éléments d'inhibition et d évitement du conflit. Le meilleure registre est assuré par la manière dont un certains nombre de procédés de la série (A) sont présentés de façon répétitive signalant un besoin impératif de maîtriser le pulsionnel et contenir l'excitation. Ces procédés sont reliés par d'autres procédés de la série (C) ; le plus souvent, les nombreux personnages introduits, particulièrement dans à travers une érotisation des relations, sont aussitôt anonymes (CP) se perdant parfois dans une pensée opératoire (CF) et ont pour but de stopper toute manifestation dynamique et rendre l'activité psychique moins conflictuel. Nous notons également l'importance accordée aux procédés (CM), glissant le versant interpersonnel sur une polarité de perte et d'étayage. L'importance du procédé (CC) est frappante (clin d'oeil, demande, critiques...) tentant ainsi d'entrer en dialogue avec le clinicien dans une recherche d'étayage et de séduction transférentielle. Les procédés de la série (B), de labilité sont assez riches, malgré le contraste qu'ils présentent avec les deux registres déjà cités. L'utilisation des exclamations et des commentaires est massive tout comme les précautions verbales, donnant l'impression d'être souvent au service de la mise en évidence narcissique.

La problématique oedipienne s'élabore mais sans dégagement possible. Les mécanismes rigides et labiles sont majoritairement utilisés (de type obsessionnel et hystérique) associés à des émergences ponctuelles en processus primaires (E3) témoignant de l'acuité du conflit et de la force des défenses mobilisées. L'angoisse de castration est forte, avec des difficultés dans la gestion de l'ambivalence pulsionnelle. L'expression des désirs entraîne en retour des défenses coûteuses. Le surmoi peut apparaître sadique. Les difficultés à renoncer à la satisfaction de l'objet et un conflit dans les identifications sexuées sont présentes. La problématique dépressive s'élabore mais sans dégagement possible. La perte de l'objet s'inscrit dans un registre objectal en lien avec la difficulté à renoncer à l'amour des premiers objets, ce qui peut conduire à de sentiments de culpabilité ou d'impuissance, des mouvements d'idéalisation des images parentales, un retournement de l'agressivité contre soi et autrui, etc. La problématique identitaire est marquée par des défaillances narcissiques nécessitant un surinvestissement de la représentation de soi et/ou un surinvestissement des limites visant à maintenir une bonne différenciation entre le sujet et l'objet. L'angoisse (d'intrusion par l'objet ou d'effondrement) est colmatée par un recours massif aux procédés narcissiques

CONCLUSION :

Malgré la diversité de procédés utilisés et de la dynamique psychologique mise en place, les deux protocoles tournent autour du même pôle, «l'Amour ».

Qu'il s'agit du refoulement de cette pulsion trop excitante ou son affirmation excessive, les deux sujets expriment manifestement une problématique d'angoisse de perte de l'objet avec une défaillance narcissique. Ceci converge exactement avec ce que nous venions d'avancer en ce qui concerne la motivation de première génération appelé à son tour « Amour de performance ». En analysant de plus près les discours élaborés lors des entretiens, nous constatons que pour les deux athlètes, il est impératif de ne pas perdre. Perdre excède la simple perte d'un match, c'est risqué de décevoir entraîneurs et supporters (substituts parentaux) et ne pas être conforme à leurs désirs. Leur propre satisfaction narcissique serait inévitablement relié à celles de leurs substituts parentaux particulièrement l'entraineur. Se faire ainsi l'objet- ou le signifiant- du désir du substitut parental (l'entraîneur, public) et se satisfaire, uniquement à être reconnu, pour sa valeur de conformité aux attentes de son comportement, les engagerait fantasmatiquement, dans une voie génératrice d'angoisse. La situation au plan sportif, représente alors le support du conflit interne qui se joue autour de la structuration psychique et narcissique et au plan relationnel avec les parents et/ou les substituts parentaux. Pour les deux athlétes la demande d'appui et d'amour est tellement vitale, qu'elle les font exister et leur inculque, un fond de confiance et une assurance de toute puissance.

Il est essentiel de préciser ici, comment la position de l'entraîneur, engendre des modalités relationnelles spécifiques. L'impossibilité de jouer « sans capitanat », sans la présence d'un Autre étayant, montre comment « la situation sur le terrain sportif vient télescoper le réel de la problématique inconsciente » des joueurs, posant métaphoriquement des enjeux de leurs propres maturations psychiques. Ici la relation à l'entraîneur comme substitut parental est idéalisé, exprimé par un besoin d'étayage. En reprenant le concept de WINNICOTT, cet appel affectif inclus ainsi une demande régressive de dépendance et requiert une qualité d'attention particulière. (Najah, 2007). C'est pour cela que nous évoquions à nouveau, le terme « d'amour de performance » émergeant dans ce que Freud (1912) nomme « le courant tendre » désignant la tendresse exprimée par les soins parentaux et dont il en souligne la dimension auto-érotique et celle de la toute puissance qui peuvent s'engendrer de l'auto-satisfaction. Ce courant correspond au « choix d'objet infantile primaire et il se dirige sur les personnes de la famille et celles qui donnent les soins à l'enfant » (Freud, 1916, p 56). Ici il s'agit d'une demande d'amour, ce que, l'enfant- l'athlète, aime c'est d'être aimé.

3. IMENE (21 ans)

Jeune fille que nous nommerons Imene, âgée de 21 ans, est la deuxième d'une fratrie de quatre, son père est ouvrier et sa mère est au foyer. Elle a arrêté l'école à l'âge de 14 ans et a intégré l'équipe handisport depuis trois ans. Elle est reconnue par son équipe comme l'une des meilleurs athlètes. En voici ci-dessous la courbe représentative de sa tendance motivationnelle à l'échelle EMS 28.

Echelle de motivation

Dynamique et très expressive sur le plan verbal et corporel, elle s'est présentée comme une personne qui mérite sa place dans cette équipe « dieu sait combien j'ai travaillé, et il faut toujours travailler plus, l'entraineur a un grand rôle dans ça sans lui certainement je ne saurais pas arrivée là, mais l'athlète c'est lui qui fait le grand travail, (jure), surtout dans notre cas on est des handicapés, on ne trouve pas ça facile, mais ce n'est pas impossible ». Parler avec une aisance de son handicap, et manifester cette gratitude à l'égard de son entraineur tout en affirmant son autonomie et sa part propre dans sa réussite, Imene nous a semblé parfaitement à l'aise dans son corps, avec une attribution propre de sa position dans son équipe.

Cependant et dés qu'elle commençait de parler du handicap, elle déviait souvent du « je » vers le « on », sorte de camouflage verbale, un pronom caméléon dont elle se servirait. Ce « on », pronom indéfini comme l'indique, Messinger (2005), n'existe pas, ce qui permet à celui qui l'emploie de reporter la faute ou le manque sur les autres. Le « on » n'est jamais coupable de ses erreurs, il ne peut assumer la culpabilité toute entière puisque la justice parentale ou autres ne peuvent condamner un individu multiple et indéfini. Ce recours à la généralisation et à l'intellectualisation, face à cette situation conflictuelle de handicap, d'incapacité, qui l'angoisse, lui permettrait d'éviter la reconnaissance qu'elle y est personnellement impliquée. Même si elle affirme son handicap, elle chercherait implicitement et par tous les moyens à s'en échapper par une reconnaissance propre de ses propre capacités au niveau du sport et à la généralisation de sa situation de handicap.

Lors des entretiens qui ont suivis, Imene s'est exprimée avec aisance et sagesse mature « l'athlétisme c'est quelque chose de très important pour moi d'abords je veux bien faire pour voir jusqu'où je peux aller, parfois je fais bien parfois non certes c'est pas bien de perdre mais je sais mes capacités et mes limites mais c'est bien de remporter des médailles, ça me rend heureuse, puis pour rendre heureux ma famille, ils me soutiennent eux et mon coach, je remercie dieu je suis bien entourée mais même quand je perd je me dis j'ai fais de mon mieux ». La cause principale de la motivation, pour elle, n'est plus la sauvegarde de l'amour parental mais le désir lui-même de la compétition, où l'athlète s'inscrit pour son propre compte dans un échange symbolisé de la compétition. Même si la perte est douloureuse, elle l'accepte et surtout l'assume. La performance serait dans ce cas, un « signifiant », qui ne tire son sens que de sa relation avec les autres performances, et de sa mise en place dans l'ordre symbolique de la compétition, un ordre auquel tout compétiteur s'ajuste. En acceptant la perte les modèles parentaux et les substituts parentaux deviennent à ce moment des références dont il est possible de refuser ou d'accepter. Il s'agit d'un renoncement de fonctionner dans un rapport exclusif de dépendance affective leur égards et pouvoir exister en dehors de l'amour d'amour ; bref Imene serait totalement dans le renoncement de tout ce que la situation oedipienne peut réactiver. Ceci va de pair avec son protocole TAT.

3.1. ANALYSE DU TAT

Lisibilité : bonne

Les procédés utilisés (essentiellement A et B) permettent un travail effectif d'élaboration en liant les représentations aux affects de façon souple et modulée en rapport avec les sollicitations latentes du matériel. Les histoires sont construites et il existe une prime de plaisir à investir le fonctionnement psychique.

Planche 1

1- äÊÕæÑ Øá íÎãã , ãÊÞáÞ ßíÇÔ íÍÇæá íáÞì ÇáãÚÒæÉ æ í ÇáÇÎÑ ÈÔ íáÞÇåÇ æ ÈÔ íÊÑåÏ ÇßÇåæ.

Procédés : La reconnaissance immédiate (B 2-1) du thème banal (A1-1) avec une tendance générale à la restriction (CP 2) passe par une précaution verbale (A 2-3) et une reconnaissance d'un personnage anonyme (C/P 3). Le conflit mis en scène sur un mode intrapsychique (A 2-17) est suivi d'une expression verbalisée modulée par le stimulus (B1-4) et une symbolisation (A 2-13), puis par une expression du désir (B 2-7). La fin est marquée par un procédé d'inhibition (C/P 5).

Problématique : L'identification à l'enfant confronte le sujet à sa propre angoisse de castration qui le renvoie directement à son incapacité à utiliser l'objet dans l'ici et maintenant de la passation.

Planche 2 

2- Çå...ßÇä ÒáÒÇá ßÇäæÇ ÚÇíÔíä í ÇáÞÑíÉ.ÇáãÑÇ æ ÇáÈæ ãÇÊæÇ ÈÞÇÊ ÇáØáÉ ÇßÇåæ ÑÌÚÊ ááÞÑíÉ ßí ßÈÑÊ æ ÞÚÏÊ ÊÊßÑ í ÇíÇãÇÊåÇ ßßÇäÊ ÕÛíÑÉ ÞÈá ãÇ íÕíÑ ÇáÒáÒÇá.

Procédés : L'entrée directe dans le discours (B 2-1) par une exclamation (B2-8) et suivi directement par un silence important (C/P 1), débouche vers une histoire construite autour d une fantaisie personnelle (B 1-1) caractérisée par la présence du thème de catastrophe lointain dans le passé (B2-13 /A2-4) avec une dramatisation (B2-5) et une reconnaissance de personnages anonymes (C-P 3).

Problématique : La triangulation oedipienne est reconnue, le conflit de rivalité l'est aussi dans le sens où le sujet n'a pas donné de statut à la mère (femme) pourtant en en a précisé celui du père (renoncer et perdre ses premiers objets d amour), le sujet reconnaît la perte de ses objets parentaux tout en manifestant un va et vient entre la perte et les retrouvailles.

Planche 3

4- Çå... ØáÉ ãäåÇÑÉ ãÍÊÇÑÉ ÕÇÑÊáåÇ ãÔÇßá ßíÇÔ ÊÍáåã ÞÈá ãÇ íÔáÞæ ÈæåÇ æ ÇãåÇ æ í ÇáÇÎÑ ÈÔ ÊáÞì æ ÈÔ ÊÍßíáåã æÈÔ íåãæåÇ æ íÓãÚæåÇ.

Procédés : précaution verbale (A2-3), suivi d'un long silence (C-P1), son discours est porté sur les conflits intrapsychiques (A17). Le sujet ne tarde pas à introduire des personnages non figuratifs sur l'image (B1-2) avant de faire du plaquage, un aller et retour entre désirs contradictoires est vite établi (B-7/ A2-3)

Problématique : les affectes dépressifs sont reconnus la dépression dans ce cas est reliée au sentiment de culpabilité et à la crainte du châtiment. Mais le sujet affirme une certaine indépendance dans le sens ou il gère son problème seul et en parle après à ses parents.

Planche 4 

Procédés : Après un long silence (C-P1), et une précaution verbale (A 2-3), suivi d un autre long silence (C-P1), l'accent est mis sur les relations interpersonnelles (B2-3) suivi de précautions verbales (A2-3) et de récit proche du discours banale (A1-1). L'introduction d'un personnage anonyme et la mise en évidence de posture signifiante d'affects (b1-2 / C-N4) et suivi d'un long silence (C-P1). Le va et vient entre expression pulsionnelle et défense se trouve rapidement plaqué (B2-6/ C-P4)

Problématique : Le conflit pulsionnel au sein d'une relation hétérosexuelle est présent. Il s agit d'une une manifestation de mise en tension conflictuelle et une présence de la valence féminine de la problématique oedipienne, dans le sens où il existe une attirance envers le sexe opposé et une rivalité avec le même sexe. Le repli stratégique s'opère cependant l'abrasement n'est pas total et des rejetons du refoulé se présentent.

Planche 5 

9- ...åÏå ÇáÇãíÑÉ æ ÇáÇÞÒÇã ÇáÓÈÚ.åÇÑÈÉ ãä ÏÇÑåã , ÏÇÑ ãÑÇÉ ÈæåÇ åÇÑÈÉ æ ÊÈßí æ ÎÇíÉ áÞÇÊ ßæÎ Ñ ÍÊ ÏÎáÊ, äÙíÉ íÓßäæ íåÇ ÚÈÇÏ ÈÔ íÑÍÈæ ÈíåÇ æ ãÚÇåã í ÇáÏÇÑ.Çí ÓðíÈÊ ÏÇÑåã ãÑÇÉ ÈæåÇ ãÚÏÈÊåÇ åÑÈÊ ãäåÇ áÏÇÑ ÇÎÑì

Procédés : après un temps de latence (C/P1), l'abord de la planche se fait par une fabulation hors image (E7) sous couvert d'une référence littéraire (A1-2).L'accent est portée sur la thématique de la fuite avec une introduction de personnages non figurants sur l'image (B2-12/ B1-2). Le discours se poursuit par un remâchage de la même idée avec un accent porté sur les relations interpersonnelles (B1-3/A1-8).

Problématique : la confrontation de l'image maternelle entraîne un désordre et une désorganisation de la pensée ainsi qu'à une perte totale des repères identitaires exprimés par le biais d'un conte enfantin qui renvoie à une angoisse archaïque.

Planche 6 GF

8- ... Çå... ãÇ äÚÑÔ... äÔæ ãÑÇ æ ÑÇÌá íÍßíÔí ãÚÇåÇ åí ÌÇíÉ ãÕÍÍÉ ãÚÇå ßäÊÑÇÊæ ÞÇááåÇ ÇÚãá åßÇ ÇáÍÇÌÉ æ åí ÎÇíÉ ãäÊÍÈÔ æ äÊÕæÑ ÎÇÊÑ ÇáÚÞÏ Çáí ãÕõÍÊæ äÊÕæÑ ÈÔ ÊÚãáåÇ ØáÚÊ ÎÏãÉ ÇÎÑì ÇãÇ ãÊÈØá ÇáÇ ãÇ ÊÚØí áæÓ ãÍÏÏÉ äÊÕæÑ ÈÔ ÊÓãÚ ßáÇãæ æ ÊÚãáåÇ.

Procédés : un long silence, une exclamation, une dénégation et encore un autre silence (C/P1 -/ B2-8/ A2-11/ C/P 1), puis une précaution verbale et une nécessitée de poser des questions (A2-3/ C/P5) annonçant une conflictualisation suivi d'un discours qui tourne autour des relations interpersonnelles (B 2-3) avec une intégration des références sociales et du sens communs (A1-3). L'accent porte sur la thématique du dire (B2-12) vient juste après un accent porté sur les conflits intrapsychiques (A2-17) interrompue par une précaution verbale, une intellectualisation et une autre précaution verbale (A2-3/A2-13/ A2-3) elle fini son récit par une précaution verbale et une rumination (A2-3/ A2-8)

Problématique : la relation se pose en terme d'opposition, cependant la charge agressive ne peut se manifester et donne ainsi lieu au mécanisme d'intellectualisation et d'inhibition mais un compromis pourrait se dessiner a travers une prise une prise en compte des qualités des objets.

Planche 7 GF

10- åÏå Çã ÊäÕÍ í ÈäÊåÇ ÞÇáÊáåÇ ãÇ ÊÚãáÔ åßÇ ãÔ ÈÇåí ÊßðÓÍ í ÑÇÓåÇ ãÚ ÇãåÇ æ äÊÕæÑ í ÇáÇÎÑ ÈÔ ÊÓãÚ ßáÇãåÇ æ ÊÞæááåÇ ÚäÏß ÇáÍÞ íÇ Çãí ÎÇÊÑ ÇãåÇ ÊÍÈ Úáì äÕíÍÊåÇ.í íÏíåÇ ÓÇß ÊÍÈ ÊÎÑÌ æ ÇãåÇ ÞÇáÊáåÇ áÇ,ÈÔ ÊÞÇÈá ÕÇÍÈåÇ ÊÓåÑ. í ÇáÇÎÑ ÈÔ ÊÓãÚ ßáÇã ÇãåÇ.

Procédés : une entrée directe dans le discours (B2-1) avec mise en évidence des relations interpersonnelles (B 1-3) et un accent porté sur le dire (B2-12) suivi d une précaution verbale (A1-3) et un va et vient entre l'expression pulsionnelle et la défense (A2-7). Une fausse perception et introduction de personnage non figurant sur l'image(E 5/B1-2) avec idéalisation de soi (CN10) et une rumination de la même idée (2-8)

Problématique : la relation mère enfant renvoie à l'interdit. Le sujet est réduit à investir la mère uniquement dans un registre de domination soumission. L'introduction d un personnage tiers dans le rapport dyadique mère-fille renvoie a dimension de rivalité entre elles.

Planche 9 GF

7- åÏå åí æ ÇãåÇ ÊÚãááåÇ ãÇ ÊãÔíÔ ÇíÌÇ áåäÇ ÇáÈäíÉ ãÔÇÊ æ ÎðáÇÊåÇ ãÇ ÍÈÊÔ ÊÓãÚ ßáÇã ÇãåÇ ÊÈÚÊåÇ áÞÇÊåÇ ÈÔ ÊãÔí ÊÞÇÈá ÕÇÍÈåÇ.

Procédés : entrée directe dans le discours avec une histoire construite autour du thème banale (B2-1/ B1-1), et un accent porté sur les relations interpersonnelles (B2-3) et sur la thématique de partir et du laisser (B2-12) suivi d'une dénégation (A2-11) et d une érotisation des relations (B2-9) avec introduction de personnages non figurants sur l'image (B1-2)

Problématique : le contexte oedipien est présent, la problématique renvoie à une rivalité entre deux femmes avec introduction d'un personnage non figurant sur l'image. La mère devient le représentant surmoïque des interdits au sein du conflit mère -fille traduisant ainsi un conflit intra psychique. Les motions pulsionnelles agressives réactivées par la rivalité féminine sont prit en charge.

Planche 10

5- åÏå Èæå æ æáÏæ íØáÈ Þí ÇáÓãÇÍ ãä ÚäÏæ. æáÏæ ãÇ ÍÈÔ íÓãÚ ßáÇãæ æßí ÍÓ ÑæÍæ ÛÇáØ ÌÇÁ íØáÈ í ÇáÓãÇÍ ãä Èæå æ äÊÕæÑ Èæå ÈÔ íÓÇãÍæ.ãËáÇ ãÍÈÔ íÓãÚ ßáÇãæ ÞÇáæ ãÇ ÊÇÎæÔ ÇáØáÉ ÎÏÇåÇ æ ÈÚÏ ÌÇÁ íØáÈ í ÇáÓãÇÍ.

Procédés : entrée directe dans le discours (B2-1), avec mise en évidence de relations interpersonnelles (B2-3) et un aller et retour entre expression pulsionnelle et défense (A2-7) suivi d'une précaution verbale et d'une appréciation personnelle (A2-3/ B2-8) puis une rumination, et un accent porté sur la thématique du dire ( A 2-12/ B 2-12) puis une introduction d'un personnage non figurant sur l'image( B1-2) et finit par une rumination (A 2-12).

Problématique : Le sujet établi un rapport parent-enfant où le parent est investi uniquement dans un registre de domination soumission. L'introduction d un personnage tiers dans ce rapport dyadique  renvoie à une dimension de rivalité entre eux.

Planche 13MF

6- ÇáÊÕæíÑÉ åÏå ÑæðÍÔí ÇáÑÇÌá ááÏÇÑ ÏÎá ÚíØ Úáì ãÑÊæ ÏÎá ÈíÊ Çáäæã áÞÇåÇ ãíÊÉ ÞÚÏ ÍÒíä ÚáíåÇ ÊÌÚ ßí áÞÇåÇ ãÞÊæáÉ íÚäí ãíÊÉ áÇ ãíÊÉ... ÌÊØÉ ÞáÈíÉ.

Procédés : une entrée directe dans le discours qui tourne autour d une scène du quotidien (B2-1/ C/F 2), avec une expression verbalisée d'affects forts (B2-4) un accent porté sur le conflit intrapsychique (A2- 17) et l'évocation de la mort en commentaire( B2-8), puis une hésitation entre interprétations différentes avec annulation (A2-6 / A2-9), un long silence se met en place (C/P 1) et s'achève par une intellectualisation justificative de l'état du personnage (A-13)

Problématique : Malgré le fait que le matériel a pu mobiliser des quantum d'affects, le conflit lié à la sexualité est évincé, cependant celui lié a l'agressivité est bien manifeste. L'agressivité évoquée d'emblée reste isolée le sujet évite toute insinuation à toute érotisation même si des rejetons du refoule ont surgis dans une éventuelle évocation du crime passionnelle

3.2. COMPTE RENDU

Imene s'est présentée coopérative et motivée pour la passation. Dès la première lecture du protocole, son engagement dans le TAT se révèle très, chaud et vivant : se lit quasi immédiatement, avec une intense mobilisation face au matériel réactivant des représentations et des affects investis dans leur conflictualité.

Le style général semble à première vue de type labilité, avec une tolérance, bien manifestée, au dégagement de la pulsion. L'utilisation massive de l'expression immédiate et directe, indique qu'elle affirmerait une sûreté au niveau de son discours.

La dramatisation, les affects contrastés forts et exagères, les exclamations et appréciations personnelles lui permettent de faire les oscillations mais c'est via la labilité des identifications des rapports relationnels que la mouvance et la souplesse identificatoire est bien établie permettant ainsi son engagement dans le registre relationnel. Au deuxième plan nous constatons la prégnance de quelques procédés de contrôle. Via l'intellectualisation, le recours au références culturelles, les précautions verbales, et les conflits intrapsychique, Imene tente de contrôler ses pulsions, en laissant apparaître par moments des manifestations proches du processus primaire qui ne paraissent pas l'inhiber totalement mais pourrait même être l'un des facteurs qui nourrissent ses habilités d'élaboration du discours, en lui permettant de rendre son récit plus fidèle à la charge libidinale qu'elle montre.

Imene ne trouve pas de difficultés à renoncer à la satisfaction de l'objet. Les critères relatifs au caractère structurant de l'Oedipe sont présents et la problématique oedipienne s'élabore avec des possibilités de dégagement dans un projet identificatoire.

La problématique dépressive est élaborée et un dégagement peut être trouvé. Les liaisons entre les affects dépressifs et les représentations de la perte sont assurées. Les représentations et les affects sont modulés, l'investissement de la représentation de l'objet témoigne d'une liaison possible entre les mouvements agressifs et libidinaux. Le retrait de l'investissement et le déplacement sur un autre objet apparaît possible. L'angoisse s'élabore à partir essentiellement des procédés rigides (A1, A2) et /ou labile (B1, B2). La problématique identitaire est marquée par une différenciation claire et stable du sujet et de l'objet assurant au sujet un sentiment de continuité d'être et de permanence. De ce fait, on n'observe pas de recours massifs aux procédés signalés plus haut, du fait du maintien possible de l'investissement objectal. Signalons cependant, qu'un recours très ponctuel et efficace à l'investissement narcissique ou à l'étayage peut apparaître et avoir une valeur dégageante, sans pour autant relever de la défaillance narcissique

4. FOUED (20 ans)

Nommé Foued, il s'agit d'un jeune homme de 20 ans. Il est le premier d'une fratrie de trois, son père est ouvrier et sa mère est au foyer. Il a arrêté l'école à l'âge de 16 ans et a intégré l'équipe handisport depuis deux ans. Son entraineur et le staff technique estiment qu'il a le potentiel qu'il faut et que c'est l'un des athlètes les plus prometteurs. En voici ci-dessous la courbe représentative de sa tendance motivationnelle à l'échelle EMS 28.

Echelle de motivation

Expressif et réfléchis dans son discours, ceci n'a pas exclu son côté rebel et autonome « je suis nouveau je dois à mon entraineur, mais ceci n'exclu pas le fait que je puisse ne pas être d'accord avec lui sur certains points (...) lui il joue pour quelque chose moi je joue aussi pour la même chose mais différemment, j'ai mon mot, mes sensations quand je lance, tu comprends ce que je veux dire ». Cet acte de revendication, de détachement de l'Autre (ou du substitut parental), pour en saisir un nouveau mode d'être soi, sans cet Autre, représenterait indéniablement un nouveau mode d'organisation relationnelle « pourquoi je fais de l'athlétisme, pour devenir un champion, avoir des médailles et me construire une vie (...), j'aime le lancé, (jure), et j'ai confidence en mon entraineur mais ce n'est pas lui qui va me prendre en charge si je fais pas de médailles, les entraineurs viennent et partent et nous on reste un bon moment, donc en voit beaucoup (...) en tout cas il faut qu'on soit toujours prêt pour tout » . Foued tenterait de se prendre lui-même comme identifiant de se référer à ses propres sensations, besoins et émotions sans pour autant exclure la part de son entraineur. Foued utilisait le « JE » de manière répétitive, un moyen qui lui permettrait peut être de revendiquer son autonomie, et précisément son propre « JEU ». Il serait dans ce que nous nommerons, processus d'individuation, de différenciation qualitative. La soumission aveugle est rejetée. Ce que l'idéal empiétait de son espace psychologique serait totalement rejeté. « Je ne suis pas déçue de moi si je n'ai pas eu de médailles en cette compétition, j'ai fait ma performance, j'en suis fière mais c'est logique ils étaient plus forts que moi ». Le sujet détiendrait cette maturité psychique, en prenant pour lui-même le risque de l'échec, nous parlons alors du désir de compétition. La performance marquée ainsi du manque et de l'échec possible, devient désirée. La cause principale de la motivation pour la performance n'est plus la sauvegarde de l'amour parental mais le désir lui-même de la compétition, où Foued tout comme Imene, s'inscrit pour son propre compte dans un échange symbolisé de la compétition. En acceptant de perdre et surtout en l'assumant. (Najah, 2007). Sa motivation de deuxième génération est exprimée via le TAT.

ANALYSE DU TAT

Lisibilité : bonne

Les procédés utilisés (essentiellement A et B) permettent un travail effectif d'élaboration en liant les représentations aux affects de façon souple et modulée en rapport avec les sollicitations latentes du matériel. Les histoires sont construites et il existe une prime de plaisir à investir le fonctionnement psychique.

Planche 1

1- ÇáÉ ãæÓíÞíÉ ... ßãäÌÉ æáíÏ ÍÇØØåÇ ÞÏÇãæ íÛÒÑáåÇ .íÍáã Çáí åæ ÚÇÒ ßãäÌÉ ãÔåæÑ...æ ÇðððáÇ íÎÊÑÚ íÕäÛ æÍÏÉ ÇÎÑì. ÞÇÚÏ íÎãã í ÇáßãäÌÉ ... æ ÇðáÇ ÇðíÓ ßÑåÇ ÇáßãäÌÉ, ÕÚíÈÉ æ ÇðáÇ ÏÇÑåã ãÇ íÍÈæÔ.

Procédés : Entrée directe dans le discours tournant autour du thème banale, accompagnée d'une description avec attachement aux détails, un accrochage au contenu manifeste et un accent porté sur le conflit intrapsychique(A1-1/B2-1/ A2-1/ CF1/ A2-17).le recours à des références littéraires et au rêve (A1-2) suivis d'un silence (C/P1) se poursuit par un changement d interprétations (A2-6), un conflit intrapsychique (A2-17) et un autre ti long silence (C/P1). Un changement brusque de direction dans le cours de l'histoire avec conflit intrapsychique (A2-14/ A2-17) se croisent avec une autre hésitation entre interprétations différentes caractérisées par l'introduction de personnages non figurant sur l'image (A2-6/ B1-2).

Problématique : L'identification à l'enfant confronte le sujet à sa propre angoisse de castration et à cette incapacité de se servir de l'objet « violon » (objet adulte) mais cette impuissance actuelle pourra être dépassée dans l'avenir (deviendra un excellent musicien). L'objet « violon » est perçu à la fois comme « bon objet », de désirs et donc de satisfaction et comme « mauvais objet » qui le renvoie directement à son incapacité à utiliser l'objet dans l'ici et maintenant de la passation, avec introduction d'un personnage tiers (les parents) ayant un statut surmoïque d'interdit.

Planche 2

11- åÇ ÇáÚíáÉ ÊÚíÔ í íÑãÉ ãÚäÏåãÔ ÈÑÔÉ áæÓ ÇáÑÇÌá íÎÏã Úáì ÑæÍæ æ ÇáÇã áÇåíÉ ÊÑÈí í ÈäÊåÇ. ÇáØáÉ ÙÇåÑÉ ÏßíÉ íÇÓÑ ÔÇÏÉ ßÊÇÈ ÊÞÑì íå æ Êæ íæáí ÚäÏåÇ ÎÏãÉ ÈÇåíÉ æ ÊÑÏ ÚíáÊåÇ ÛäíÉ.

Procédés : Entrée directe dans le discours avec une histoire construite autour du thème banale et une description des trois personnages signant ainsi une reconnaissance de la triangulation oedipienne (B2-1/ A1-1/ A2-1), l'accent du discours porte sur les relations interpersonnelles (B2-3) et sur le quotidien (C/F2). La centration sur le rapport père/travail, mère/éduque, et fille/livre évoqué à l'abri d'une intellectualisation (A2-13), s'accompagne par une idéalisation (CM 10).

Problématique : la triangulation oedipienne est reconnue, le conflit de rivalité entre les deux femmes est à son tour reconnue. Cependant une dépréciation de l'héritage des parents est établi (pauvres), par opposition celui de la fille est valorisée.

Planche 3BM

4- ãÑÇ ØÇíÍÉ ãä ÇáÈäß Êßæä ÏÇíÎÉ æ ØÇÍÊ ãËáÇ ãÑíÖÉ ÚäÏåÇ ÇáÇÚÕÇÈ ÛÔ æ ÇáÇ ãíÊÉ ãËáÇ.ÇÚØíÊß ÇÍÊãÇá ÇßÇåæ.

Procédés : Entrée directe dans le discours tournant autour d'une histoire proche du thème banale, une description avec attachement aux détails suivit par une justification des interprétations par ces détails (B2-1/ A1-1/A2-1/ A2-2) et une hésitation entre elles présentées sous des thèmes de maladies, d'accident (A2-6/B2-13). Les affects forts sont suivis de silence (B2-4/ CP1), puis une présentation d'un autre contexte dramatisé de catastrophe (la mort) (B2-13) dans lequel figure un personne tierce non présente sur l'image (B1-2), le discours se termine par un discours adressé au clinicien et un plaquage (C// CP4).

Problématique : l'élaboration de la position dépressive est présents, les affects dépressifs dans cette situation sont reconnus et associés à une représentation de perte de l'objet d'amour.

Planche 4

2- ãÑÇ æ ÑÇÌá... ãÊÍãáÉ ÑÇÌá ... ÈÑÔÉ ÍÇÌÇÊ íåÇ ããßä ãÊÚÇÑßíä åí ÊÍÈæ æåæ ãÇ íÍÈåÇÔ ... æ ÇáÇ ÑÇÌáåÇ áÞÇåÇ ÊÚãá í ÍÇÌÉ ÎÇíÈÉ ... ÈÔ ÊæÇ ÈÇáÕáÍ íÇ ßá æÇÍÏ íãÔí Úáì ÑæÍæ.

Procédés : Entrée directe dans le discours tournant (B2-1) avec une description avec attachement aux détails (A2-1) suivis d'un silence (CP1) puis une érotisation de la relation (B2-9) et un autre silence (CP1).Critiques du matériel (C/C3), puis une précaution verbale (A2-3) suivis d'un discours centré sur les relations interpersonnelles (B2-3), puis un autre silence (C/P1) avec une hésitation entre des interprétations différentes(A2-6) puis un silence (C/P1)le discours s'achève avec un aller et retour entre expression pulsionnelle et défense (A2-7).

Problématique : Le conflit pulsionnel au sein d'une relation hétérosexuelle est présent. Il s agit d'une une manifestation de mise en tension conflictuelle et une présence de la valence masculine de la problématique oedipienne, dans le sens où il existe une attirance envers le sexe opposé et une rivalité avec le même sexe.

Planche 5

9- åÏå ãÑÇ ÊØá Úáì æáÏåÇ ÊÔææ íÞÑÇ ãËáÇ æÇáÇ ÏÎáÊ áÏÇÑåÇ Øá ÊÔæ æÇáÇ ÓÇÑÞÉ ãËáÇ ÊÓÑÞ. Ôßæä í ÇáÏÑ ÊÔæ í æáÏåÇ íÞÑì æÇáÇ ÈäÊåÇ æÇáÇ ÑÇÌáåÇ.

Procédés : Entrée directe dans le discours avec une histoire proche du thème banale avec une introduction d'un personnage non figurant tournant autour d'une situation quotidienne concrète (supervise son enfant qui étudie) (B2-1/A1-1/ion B1-2/ CF2) suivi d'une précaution verbale (A2-3) puis une hésitation entre interprétations différentes avec dépréciation de l'image de la mère (A2-6/B2-10) suivi de rumination (A2-8) et introduction de plusieurs personnages non figurant sur l'image (son fils, sa fille, son mari)

Problématique : Ce qui est réactivée dans cette planche est l'image d'une mère à la fois intrusive et idéalisée dans les soins qu'elle apporte à l'enfant. Il arrive quant même à en exprimer de l'agressivité via des mouvements de dévalorisation.

Planche 6BM

10- ÏíãÇ ãÑÇ ßÈíÑÉ ææáíÏ íäÌã íßæä æáÏåÇ ÊÚÇÑßÊ åí æ ÇíÇå ÈÔ íæÏÚåÇ æåí ãå ÊÍÈÔ. ÊÚÇÑßæ ÓÈåÇ æÇáÇ ÞÇááåÇ ÍÇÌÉ ÎÇíÈÉ.

Procédés : après une entrée immédiate par recours à une intellectualisation (A2-12) et une centration aux personnages (A2-1) suivi d'une précaution verbale (A2-3) la mise en évidence des relations interpersonnelles (B2-3) dont l'éloignement dans le temps (A2-4) témoigne du désir d'éviter une confrontation trop directe entre les protagoniste suivi d'un aller et retour entre expression pulsionnelle et défense (A2-7) ainsi qu'une expression de représentations de persécution et de destruction (E9). Une déviation complète et brusque du cours de l'histoire émerge à la fin (A2-14).

Problématique : la relation triangulaire dans ce cadre laisse la place à une relation mère/fils. Malgré la non introduction d'une personne tierce, le sujet évoque le départ et la séparation avec l'objet d'amour, même s'il a tenté de le refouler à la fin.

Planche 7BM

5- ÑÇÌá ßÈíÑ åæ ææáÏæ íÇ Îæå íÇ æáÏæ íÇ ÌÇÑæ... ßÇä æáÏæ íäÕÍ íå íÍßí åæ æ ÇíÇå ÍÊì ÇáÇÎÑíä íäÕÍ æÇáÇ íæÏÚ íå ÈÑÔÉ ÍÇÌÇÊ ÊÑãÒ áíåÇ ÇáÊÕæíÑÉ... ÈÇáØÈíÚÉ ÈÔ íÓãÚ ÇáäÕíÍÉ , åæ ãÔ ÍÇÈÈ åæ ãÇ íÍÈÔ íÈÚÏ ÇãÇ ÎÏãÊæ æ ÇáÇ ÞÑÇíÊæ ÍÇÌÉ ãåãÉ ÈÔ íãÔí.

Procédés : Entrée immédiate dans le discours avec un accrochage aux détails (B2-1/ A2-1) avec une instabilité des identifications (B2-11) puis un silence (CP1) suivi d'une précaution verbale (A2-3). La relation père/fils (B2-3) se caractérise par la dimension d'étayage (C /M1) suivi d'une autre interprétation et un commentaire du matériel (A2-6/ C/C3). Puis un autre silence (CP1) et une autre précaution verbale (A2-3), l'idéalisation de l'image du père (CM2) puis un aller et retour entre expression pulsionnelle et défense (l'envie et non de quitter le père) (A2-7) avec une idéalisation de soi (CN10).

Problématique : le maniement de l'agressivité dans la relation au père est assez difficile. Les mouvements d'opposition et de réticence à la parole du père sont très peu représentés mais à la fin cette soumission est écartée avec cette décision de quitter cet objet parental et se prendre soit même comme idéal est bien manifesté.

Planche 10

6-... ãÑÇ åí æ ÈäÊåÇ æ ÇáÇ ÍÏ ãä ÚíáÊåÇ ÑÍÇäÉ æ ÇáÇ ÊÚØí ÇáÊÕæíÑÉ ÍÊì ÍÒíäÉ ãÇ ÊÚÑÔ ÊæÏÚ íåÇ æÇáÇ ÑÍÇäÉ Çí ÞÇÈáÊåÇ ãÑÉ ÇÎÑì æÇáÇ ßí äÌÍÊ .

Procédés : temps de latence initial court (CP1). Le sujet hésite entre des interprétations différentes avec une représentation contrastés des états émotionnels (A2-6/ B2-6) suivi de rumination (A2-8) Avec idéalisation du personnage fille (CN2)

Problématique : Le sujet établi un rapport parent-enfant dans un cadre de tendresse soulignant ainsi l'élaboration et le déclin du conflit oedipien et l'établissement du processus de séparation avec une idéalisation de soi.

Planche 13MF

7- ÑÇÌá æãÑÇ. ÇáãÑÇ ÑÇÞÏÉ, ÇáÑÇÌá ÇíÞ,ÇÍÊãÇá ÕÇÍÈÊæ , ãÑÊæ, ÑÞÏ ãÚÇåÇæ åí áÑÇÞÏÉ, åí ÊæÇ í ÇáÊÕæíÑÉ ÑÇÞÏÉ. ãÇäí ÞÊáß ÇÍÊãÇá...æ ÇáÇ æÍÏÉ ãä ÇáÔÇÑÚ ÊäÌã Êßæä ãÔÇ ãÚÇåÇ æåæ ÇíÞ ÞÇã íãÓÍ í Úíäíå.

Procédés : Une entrée immédiate dans le discours et description avec attachement aux détails (B2-1/A2-1) tournant autour des relations interpersonnelles (B2-3) suivi de précaution verbale (A2-3) puis une érotisation des relations avec prégnance de la thématique sexuelle (B2-9) avec attachement aux détails (A2-1) puis un changement brusque du cours de l'histoire tournant autour de la destruction (A2-14/ E9). Un long silence (CP1) puis une nouvelle autre proposition (A2-6) caractérisé par une dévalorisation de la femme exprimée par une expression crue à thématique sexuelle avec érotisation du rapport (E8/ B2-9), le discours se termine par une banalisation du récit (CP4)

Problématique : le matériel a mobilisé des quantums d'affects et de représentations très importantes. L'érotisation et l'agressivité sont évoquées dans la relation, le retour du refoulé fait apparaître une femme à la fois trop excitante sexuellement mais aussi dévalorisée. L'objet d'amour procureur de satisfaction est dévalorisé et perçu comme mauvais objet (ambivalence à son égard).

4.2. COMPTE RENDU

Le protocole de Foued est assez riche. Le sujet a manifesté un engagement vivant durant la passation. Le TAT se lit facilement, avec une mobilisation intéressante face au matériel laissant émerger des représentations et des affects investis dans leur conflictualité.

Le style général semble à première vue de type contrôle et labilité avec une petite dominance du registre contrôle. L attachement aux détails, les hésitations, les précautions verbales, les ruminations et le va et vient entre défenses et pulsions, traduiraient un mode d'aménagement particulier de la relation d objet et une conflictualisation intrapsychique importante. Ceci rendrait compte d une construction intéressante des récits avec une tentative de moduler et gérer les conflits pulsionnels sans désorganiser le cours de la pensée. Ce registre rigide en le comparant au registre labile (même intensité et importance) lui permettrait parfois de nourrir ses habilités d'élaboration du discours, en lui permettant de rendre son récit plus fidèle à la charge libidinale qu'il montre. L'utilisation massive de l'expression immédiate et directe, le retour aux scènes interpersonnelles, l'introduction de personnage tiers dans la relation, constitueraient un pallier d'aménagement souple et labile des conflits psychiques traduisant une tolérance, bien manifestée, au dégagement de la pulsion. En nous penchant sur le registre évitement de conflit, nous constatons que l accent est surtout mi sur les détails narcissiques, nous laissant réfléchir sur l importance que Foued concevrait à assurer un sentiment d exister et se de valoriser investissant ainsi une image positive de soi.

Les sollicitations latentes en rapport aux imagos parentales sont élaborées. Les images maternelle et paternelle sont différenciées, sexuées et il y a intériorisation d'un bon objet avec possibilité d'ambivalence. La problématique identitaire est marquée par une différenciation claire et stable du sujet et de l'objet assurant au sujet un sentiment de continuité d'être et de permanence. De ce fait, on n'observe pas de recours massifs aux procédés signalés plus haut, du fait du maintien possible de l'investissement objectal. Signalons cependant, qu'un recours très ponctuel et efficace à l'investissement narcissique ou à l'étayage peut apparaître et avoir une valeur dégageante, sans pour autant relever de la défaillance narcissique. La problématique dépressive est élaborée et un dégagement peut être trouvé. Les liaisons entre les affects dépressifs et les représentations de la perte sont assurées. Les représentations et les affects sont modulés, l'investissement de la représentation de l'objet témoigne d'une liaison possible entre les mouvements agressifs et libidinaux. Le retrait de l'investissement et le déplacement sur un autre objet apparaît possible. L'angoisse s'élabore à partir essentiellement des procédés rigides (A1, A2) et /ou labile (B1, B2)

CONCLUSION :

Les deux cas que nous avons pu présenter et l'analyse du TAT, nous ont permit de concevoir la différence existante de la motivation inconsciente des deux premiers cas et de ces deux derniers. Imene et Foued cherchent à mieux ajuster leur expérience vécue et les significations attribuées. Leur évolution personnelle, leur requiert une séparation avec l'objet amoureux. Ce dégagement s'est manifesté que ce soit via le protocole du TAT ou via l'analyse de leur discours. L'identité de chacun est affirmée, avec ce désir de faire surgir une parole personnelle, rôles et instances singulières. La problématique identitaire est marquée par une différenciation claire et stable de chacun des athlètes et de l'objet leur assurant un sentiment de continuité d'être et de permanence et en leur favorisant une assurance narcissique singulière. Le renoncement à l'objet d'amour est bien élaboré, avec une identification claire et stable du sujet et de l'objet. Imene et Foued sont parfaitement dans le stade de Désir de compétition, et donc au stade de motivation de deuxième génération.

v Vérification de l'hypothèse :

Hypothèse de recherche :

Les athlètes de haut niveau, handicapés physiques, à rapport dyadique dépendant avec leur entraineur et à contre performance sportive, présentent à l'entretien semi directif et à la passation du test projectif TAT une réactivation au plan psychique du stade de l'Amour de performance, tandis que les athlètes de haut niveau, handicapé physiques, à rapport dyadique autonome avec leur entraineur et à performance sportive présentent une maturation psychique typique du désir de compétition.

? Cette hypothèse a été vérifiée : les athlètes du premier groupe présentent une motivation inconsciente de première génération tandis que les athlètes du deuxième groupe présentent une motivation inconsciente de deuxième génération.

VI : DISCUSSION, PERSPECTIVES ET LIMITES:

Rechercher une éventuelle relation entre contre performance, relation à l'entraineur et nature de motivation inconsciente, nous a conduit à émettre l'hypothèse selon laquelle les sujets appartenant au groupe des contre performants et à rapport dépendant avec leur entraineur présenteraient une activation du stade de l'AMOUR DE PERFORMANCE tandis que les sujets appartenant au groupe des performants et à rapport non dépendant avec leur entraineur présenteraient une maturation psychique typique du DESIR DE COMPETITION. Cette hypothèse nous avait été inspiré des travaux antérieurs cités au début de notre travail (Moragues, 2004 ; Jeantet, 2005 ; Leveque, 1992 ; 1993 ; Labridy, 1997, Labridy et al, 2004, Famose, 1999). Pour évaluer cette motivation inconsciente et sa relation avec les autres variables, nous avons eu recours à une série d'entretiens semi-directifs via une grille d'entretien spécifique (Moragues, 2004) et le test projectif TAT (Shentoub, 1997). Les données qualitatives et l'analyse du discours et du protocole, ont attesté de cette différence au niveau de la nature de la motivation. Les analyses obtenues ont pu valider l'existence d'une motivation d'Amour de performance chez les sujets contre performants et à rapport dépendant avec leur entraineur. Nous pouvons ainsi conclure que nos résultats vont dans le sens de nos attentes et pourraient vérifier le modèle théorique de Moragues (2004).

Au plan théorique, cet auteur interprète ce rapport particulier entre performance et type de motivation comme étant le résultat d'une expérience de remaniement intrapsychique tournant autour du rapport existant avec les Idéaux du Moi. Selon lui, l'expérience d'une régression ou d'une fixation de ce type, peut se réactiver chez l'adulte puisqu'au plan psychique rien n'est totalement résolu. L'encadrement de l'équipe, peut en être l'une des principales causes, dans le sens où il réactive des comportements « infantiles » chez les sportifs. Comme l'affirme Leveque (1992), le sportif aurait tendance, avec un militantisme affiché, à valider et à intérioriser des valeurs et des références de conduites, afin de bénéficier du retour d'une réassurance narcissique. Fonctionnant dans un rapport exclusif de dépendance à l'égard des substituts parentaux ; entraîneurs, institution, public...Cette attitude dépendante, cimentée par l'institution, s'alimenterait de plus en plus, laissant place à un malaise interne, où la performance devient l'unique moyen de garder cette réassurance narcissique (Najah, 2007). De plus la problématique de l'handicap a été soulevé dans certains entretiens et discours des athlètes. Le fait de porter une insuffisance, un manque corporel, Le handicap moteur, crée une sorte de « miroir brisé » et renvoie aux personnes qui le côtoient, des questions d'identité. La personne atteinte psychiquement tendra à combler et à remplir ce manque en essayant de restructurer son assurance narcissique (si défaillante) par la satisfaction de désir de son objet d'amour. Etre aimé par l'autre lui permettra de s'aimer à son tour (Sausse, 1996). Les cas présentés illustrent parfaitement ce que nous venions de dire. Le rôle de l'entraineur et de l'institution sportive sédimente à son tour cette défaillance ou au contraire renforce une assurance et une autonomie singulière de l'athlète handicapé. L'environnement entourant un athlète et lois relationnels qui régissent son fonctionnement joue un rôle primordial dans le modelage de la motivation du sujet et donc de sa performance (Najah, 2007).

S'il est vrai que notre recherche constitue un apport à la fois théorique et pratique, elle présente néanmoins certaines limites. La principale limite serait le nombre restreint des sujets de chaque groupe, nombre qui nous a été imposé par la difficulté de rencontrer des sujets contre performants adhésifs à se mettre en lumière. Nous avons parfois été confrontés à un refus de certains entraineurs estimant intolérable la recherche du pourquoi psychologique de la contre performance.

Il aurait était plus pertinent de prendre en considération la variable « sexe », étant donné que plusieurs auteurs comme Moragues (2004), Labridy (1997), affirment que les rapports et les motivations inconsciente différent en matière du genre de l'athlète et de l'entraineur.

CONCLUSION :

Au cours de notre recherche, une relation a été illustrée entre contre performance, rapport dépendant à l'entraineur et motivation inconsciente. Face aux résultats et interprétations obtenus dans notre présent travail et qui pourraient enrichir l'appréhension de la relation contre performance/ motivation à un niveau théorique, nous sommes en devoir de nous poser la question de l'intérêt de cette étude sur le plan de la pratique clinque.

Notre objectif du départ n'était pas de réduire les contre performances à l'unique cause de la motivation, mais d'étudier la relation possible entre elles. L'étude des groupes cliniquement bien définis permettraient de diriger le clinicien, travaillant dans le milieu sportif, vers une tentative d'aide bien ciblée et de mise en place de stratégies préventives ou adaptatives plus adéquates.

Nous devons, par ailleurs, souligner qu'il s'agit d'une première exploration des résultats d'un petit échantillon sur toute une population. Nous ne devons jamais perdre de vue que le handicap est une période de vie critique et que chaque individu s'exprime différemment de l'autre et que chaque être est unique dans l'expression de son intérieur psychique.

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ANNEXES

 

note brute

note Z

moyenne

MI à la connaissance

28

7

6.83

MI à l'accomplissement

28

7

 

MI à la stimulation

26

6.5

 

totale

82

20.5

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

note brute

note Z

moyenne

ME identifiée

28

7

6.00

ME introjectée

23

5.75

 

ME régulation externe

21

5.25

 

totale

72

18

 

Tableaux récapitulatifs des notes brutes et des notes Z de Firass au niveau de MI et ME

 

note brute

note Z

moyenne

MI à la connaissance

20

5

5.58

MI à l'accomplissement

22

5.5

 

MI à la stimulation

25

6.25

 

totale

67

16.75

 

 
 
 
 
 
 
 
 

 

note brute

note Z

moyenne

MI à la connaissance

26

6.5

5.83

MI à l'accomplissement

27

5.75

 

MI à la stimulation

22

5.25

 

totale

75

17.5

 

 
 
 
 

Tableaux récapitulatifs des notes brutes et des notes Z de Foued au niveau de MI et ME

 

note brute

note Z

moyenne

MI à la connaissance

28

7

7.00

MI à l'accomplissement

28

7

 

MI à la stimulation

28

7

 

totale

84

21

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

note brute

note Z

moyenne

ME identifiée

28

7

6.17

ME introjectée

24

6

 

ME régulation externe

22

5.5

 

totale

74

18.5

 

Tableaux récapitulatifs des notes brutes et des notes Z de Imene au niveau de MI et ME 

 

note brute

note Z

moyenne

MI à la connaissance

18

4.5

4.67

MI à l'accomplissement

22

5.5

 

MI à la stimulation

16

4

 

totale

56

14

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

note brute

note Z

moyenne

ME identifiée

20

5

6.25

ME introjectée

28

7

 

ME régulation externe

27

6.75

 

totale

75

18.75

 

Tableaux récapitulatifs des notes brutes et des notes Z de Moufida au niveau de MI et ME 

Tendance motivationnelle des quatre athlètes

Graphique 1 : Moyennes des notes Z aux deux échelles de l'EMS 28 (motivation intrinsèque et motivation extrinsèque), des deux groupes (G1 : G expérimental ; G2 : G contrôle)

Description de l'échelle

Cette échelle mesure la motivation intrinsèque et extrinsèque que les gens peuvent avoir pour effectuer des activités sportives. Cette échelle mesure les 7 construits suivants : la motivation intrinsèque à l'accomplissement, à la connaissance et à la stimulation, les régulations externes, introjectées et identifiées et enfin, l'amotivation. On y retrouve 28 énoncés, soit 4 énoncés pour chacune des 7 sous-échelles et mesurés sur une échelle de 1 à 7 points.

Références

Brière, N.M., Vallerand, R.J., Blais, M.R., & Pelletier, L.G. (1995). Développement et validation d'une mesure de motivation intrinsèque, extrinsèque et d'amotivation en contexte sportif : L'Échelle de Motivation dans les Sports (EMS). International Journal of Sport Psychology, 26, 465-489.ÉCHELLE DE MOTIVATION DANS LE SPORT (ÉMS-28)

Nathalie M. Brière, Robert J. Vallerand, Marc R. Blais, Luc G. Pelletier (1995)

International Journal of Sport Psychology, 26, 465-489

ATTITUDES DANS LE SPORT

Indique le sport auquel tu feras référence tout au long des 28 prochaines questions (ex: basket-ball, badminton, ...):

Indique dans quelle mesure chacun des énoncés suivants correspond actuellement à l'une des raisons pour lesquelles tu pratiques le sport que tu viens d'identifier.

EN GÉNÉRAL, POURQUOI PRATIQUES-TU CE SPORT ?

1. Pour le plaisir de découvrir de nouvelles techniques

d'entraînement. 1 2 3 4 5 6 7

2. Parce que ça me permet d'être bien vu-e par les gens

que je connais. 1 2 3 4 5 6 7

3. Parce que selon moi, c'est une des meilleures façons de

rencontrer du monde. 1 2 3 4 5 6 7

4. Je ne le sais pas; j'ai l'impression que c'est inutile de

continuer à faire du sport. 1 2 3 4 5 6 7

5. Parce que je ressens beaucoup de satisfaction personnelle

pendant que je maîtrise certaines techniques d'entraînement

difficiles. 1 2 3 4 5 6 7

6. Parce qu'il faut absolument faire du sport si l'on veut être en forme. 1 2 3 4 5 6 7

7. Parce que j'adore les moments amusants que je vis lorsque

je fais du sport. 1 2 3 4 5 6 7

8. Pour le prestige d'être un-e athlète. 1 2 3 4 5 6 7

9. Parce que c'est un des bons moyens que j'ai choisi afin de

développer d'autres aspects de ma personne. 1 2 3 4 5 6 7

10. Pour le plaisir que je ressens lorsque j'améliore certains de

mes points faibles. 1 2 3 4 5 6 7

11. Pour le plaisir d'approfondir mes connaissances sur

différentes méthodes d'entraînement. 1 2 3 4 5 6 7

12. Pour l'excitation que je ressens lorsque je suis vraiment

"embarqué-e" dans l'activité. 1 2 3 4 5 6 7

13. Il faut absolument que je fasse du sport pour me sentir bien

dans ma peau. 1 2 3 4 5 6 7

14. Je n'arrive pas à voir pourquoi je fais du sport; plus j'y pense,

plus j'ai le goût de lâcher le milieu sportif. 1 2 3 4 5 6 7

15. Pour la satisfaction que j'éprouve lorsque je perfectionne

mes habiletés. 1 2 3 4 5 6 7

16. Parce que c'est bien vu des gens autour de moi d'être en forme. 1 2 3 4 5 6 7

17. Parce que pour moi, c'est très plaisant de découvrir de

nouvelles méthodes d'entraînement. 1 2 3 4 5 6 7

18. Parce que c'est un bon moyen pour apprendre beaucoup de

choses qui peuvent m'être utiles dans d'autres domaines

de ma vie. 1 2 3 4 5 6 7

19. Pour les émotions intenses que je ressens à faire un sport

que j'aime. 1 2 3 4 5 6 7

20. Je ne le sais pas clairement; de plus, je ne crois pas être

vraiment à ma place dans le sport. 1 2 3 4 5 6 7

21. Parce que je me sentirais mal si je ne prenais pas le temps

d'en faire. 1 2 3 4 5 6 7

22. Pour le plaisir que je ressens lorsque j'exécute certains

mouvements difficiles. 1 2 3 4 5 6 7

23. Pour montrer aux autres à quel point je suis bon-ne dans

mon sport. 1 2 3 4 5 6 7

24. Pour le plaisir que je ressens lorsque j'apprends des

techniques d'entraînement que je n'avais jamais essayées. 1 2 3 4 5 6 7

25. Parce que c'est une des meilleures façons d'entretenir de

bonnes relations avec mes amis-es. 1 2 3 4 5 6 7

26. Parce que j'aime le "feeling" de me sentir "plongé-e" dans

l'activité. 1 2 3 4 5 6 7

27. Parce qu'il faut que je fasse du sport régulièrement. 1 2 3 4 5 6 7

28. Je me le demande bien; je n'arrive pas à atteindre les objectifs

que je me fixe. 1 2 3 4 5 6 7

(c) Nathalie M. Brière, Robert J. Vallerand, Marc R. Blais, Luc G. Pelletier

CLÉ DE CODIFICATION DE L'ÉMS-28

# 1, 11, 17, 24 Motivation intrinsèque à la connaissance

# 5, 10, 15, 22 Motivation intrinsèque à l'accomplissement

# 7, 12, 19, 26 Motivation intrinsèque à la stimulation

# 3, 9, 18, 25 Motivation extrinsèque - identifiée

# 6, 13, 21, 27 Motivation extrinsèque - introjectée

# 2, 8, 16, 23 Motivation extrinsèque - régulation externe

# 4, 14, 20, 28 Amotivation






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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille