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Corps pulsionnel des athlètes à  handicap moteur. Contre performance et motivation inconsciente

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par Amira Najah
Université de Tunis faculté des sciences humaines et sociales - Matser II recherche  2008
  

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PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES DE RECHERCHE :

Introduction :

Ce fut en Angleterre, à la fin du XVII siècle que le discours de la science a pu manifester son efficacité dans le champ des pratiques motrices. Celui-ci, grâce, à l'institutionnalisation génératrice des règles et à la généralisation de la compétition, avait introduit une nécessité chiffrée de la performance précisément dans l'univers des pratiques athlétiques. Mesure objectivable du temps, de la distance, et autres paramètres qui la définissent et la déterminent. Le sujet du « sport moderne » est devenu un sujet de « la science », un sujet dont sa « motricité » est réduite au calcul de son résultat chiffré et à sa stratégie consciente et formelle à laquelle tend son entrainement. L'exploit comme l'échec sportif est devenu un simple résultat comparable à d'autres. La préparation sportive s'est réduite à un unique ensemble rationnel défini par les sciences du sport (Brousse et al, 1997).

Durant l'évolution de ses recherches sur la performance, la psychologie s'est finement croisée avec la science et le sport, se centrant précisément autour du phénomène du « corps ». La motricité est devenue un « langage », définissant le corps comme « l'image », l'image du corps propre. L'activité sportive est devenue, une expression, un langage du corps (Brousse et al, 1997).

Comme nous l'avions déjà mentionné, le présent travail cible la dimension subjective de l'être sportif. Quand nous évoquions le corps, nous évoquions le « JE » qui s'accompli dans le langage. Comme l'explique Bernard Robinson (2007), « Le Je s'exprime, mais cette expression est problématique (...) La série « il y a du corps-je suis ce corps-là-je ne suis pas ce corps-là » aboutit à mon sens à ce qui est logiquement visé dès le départ : « j'ai un corps ». Le Je a son corps. Nous savons qu'il se trompe en partie, puisque ce corps lui échappe, comme il lui a échappé auparavant. Reich avait compris que le corps est marqué de l'histoire du procès de la subjectivité (...) Le danger propre est d'être castré. Si le Je s'exprime, avec le corps, il doit accepter d'y être soumis sous peine d'être castré » (p.15-18).

La dimension du corps devient indispensable pour comprendre le corps motionnel, pulsionnel et subjectif de l'être à la fois sportif et handicapé. Jusqu'à présent, les spécialistes se sont très peu intéressés à la vie psychique des personnes handicapées d'une manière générale, et de l'athlète handicapé en particulier. La plupart des publications sur l'athlète handicapé sont consacrées aux dysfonctionnements spécifiques liés au handicap, à sa classification scientifique aux différents types de pratiques athlétiques, et non à la manière dont il vit sa déficience et l'exprime via le sport. On parle de sportif handicapé, on ne donne jamais la parole à cet être. Et pourtant, aussi démuni soit-il sur le plan de ses moyens, moteurs, langagiers et/ ou intellectuels, détient un moyen latent d'expression quant à sa situation, et à sa position subjective. Ce sujet est porteur de questions, même s'il ne peut les exprimer que de manière insuffisante ou détournée. Qui suis-je? Pourquoi suis-je différent des autres? Est-ce que vous m'aimez tel que je suis? Le sport pourra t'il me rendre ce qui m'a été pris ? Or voilà le problème: face aux questions extrêmement troublantes que soulève le handicap, la recherche d'amour, d'autonomie etc... qui sont des questions sans réponses, les encadreurs sportifs se sentent démunis, sachant qu'ils ne pourront y en apporter des solutions.

La réalité sur le terrain sportif, mène l'athlète handicapé à se confronter à de nouvelles exigences dans son activité sportive. Il doit être capable d'analyser et de comprendre les tactiques de jeu des autres adversaires, s-y-opposer et imposer son propre « JEU », plus précisément son propre « JE ». Ces capacités nouvelles requises dans le monde sportif dépendent de manière directe de sa propre maturation et structuration psychique. (Moragues, 2003). Or le sportif handicapé, comme tout être handicapé traverse perpétuellement une phase de restructuration psychique, se caractérisant sur le plan relationnel par les remaniements des rapports aux figures parentales (Simone Korff-Sausse, 2008). Dans ce cas, les changements qui surviennent sur le terrain sportif (hébergement spécifique, stages, entrainement et compétitions de haut niveau...), et la disparition des parents fictifs, entrent en résonance avec les remaniements psychiques en cours. Les nouveaux enjeux de la compétition poseraient métaphoriquement à l'athlète handicapé les enjeux de ses propres enjeux psychiques. Sa progression dans la compétition sportive irait de pair avec sa propre maturation au plan psychologique.

L'exploit ou l'échec ne se définirait plus en terme chiffré, mais en termes d'évolution ou pas de la maturation psychique de ce sujet sportif. La performance ou plutôt la contre performance, vu que nous ciblons particulièrement les athlètes contre performants, emprunterait elle la forme d'un symptôme psychologique et pourrait elle en être analysé ainsi? Traduirait elle, une façon détournée d'une motivation inconsciente où le désir imaginaire est celui d'occuper cette place centrale auprès du substitut parental (l'entraineur, l'Autre (les spectateurs), etc...appartenant au staff sportif) ? Perdre ne serait t'il pas relié à la perte de l'amour parental tant désiré par cet être assoiffé, et ferait ainsi exploser une angoisse de perte incontrôlable ?

1. Motivation :

La motivation est un mot récent, qui s'est développé en France à partir des années 1930 (Le Robert, 2000). En se livrant à un processus de déconstruction du terme « motivation », nous constatons que son origine étymologique nous aide à comprendre sa signification. Venant du latin «moveo / motivus», il amène l'idée du mouvement (Pablo Martinez, 2006). Le mot `motivation' vient du latin bouger (movere) ; motiver c'est mouvoir quelque chose ou quelqu'un vers un but, induisant le sens d'une action intériorisée (Poirot, 2007).

Au sens courant, être « motivé », c'est « désirer » intensément et volontairement quelque chose. Désirer, c'est étymologiquement être de-sidéré. La sidération renvoyant à l'influence d'un astre (sidus, sideris en latin) sur une personne. Le désir suppose toujours avant lui la sidération de l'astre avec son caractère hypnotique, son enchantement. Il commence avec la perte de cette vision : on regrette l'objet disparu, déclenchant ainsi un mouvement de recherche - la dynamique du désir-. Mouvement, motus en latin, motivation. (Barrier, 2008).

Selon la revue, « Psychologie, Pensée, Cerveau et Culture », le mot motivation renvoie à une force motrice qui stimule le comportement. Les motivations ne peuvent pas être directement observées mais déduites suite à un comportement donné. Deux éléments déterminent la motivation ; ceux que les personnes désirent faire et la force avec laquelle elles le désirent (Drew, 2000).

Carré (2005), adhérant à cette définition ajoute que «Pour le sens commun, la motivation représente «ce qui pousse à l'action», c'est-à-dire «l'ensemble des motifs qui expliquent un acte» (Larousse) ou «la relation d'un acte aux motifs qui l'expliquent ou le justifient» (Robert). Sur le plan scientifique, d'après R. Vallerand et E. Thill (1993), le concept de motivation est un construit hypothétique censé décrire «les forces internes et/ou externes produisant le déclenchement, la direction, l'intensité et la persistance du comportement« (p. 228). Toujours dans cette même idée, et selon ces différents auteurs, et coordonnateurs d'un important volume de synthèse sur les approches actuelles de la psychologie de la motivation, Philipe Carrée résume ces quatre facettes de la motivation comme suit : « le déclenchement indique le passage de l'absence d'activité à l'exécution d'un comportement (...) la direction traduit l'orientation ou la canalisation de l'énergie vers le but approprié(...) l'intensité est la manifestation observable de la motivation sur le comportement (...) la persistance est l'indice motivationnel qui caractérise la poursuite de l'engagement dans l'action au cours du temps» (p. 229).

Une des premières théories de la motivation a été proposée par Aristote. Philosophe grec de l'antiquité, il a affirmé que la motivation est le résultat d'une fonction « appétitive », qui a toujours fonctionné en lien avec des finalités. Cette « finalité » est générée par des processus constants de pensée induisant la perception, la mémorisation ou l'imagination (Dilts, 1992).

D'ailleurs, les théories cognitives modernes s'inspirent du modèle d'Aristote, postulant, que la motivation est issue des cartes cognitives internes ou des « attentes » à concernant les conséquences potentielles des actions. L'origine primaire de la motivation se trouve principalement dans les attentes afférentes aux résultats comportementaux projetés. La manière qu'ont les individus de se sentir et de faire, dépend particulièrement de la valeur qu'ils accordent aux conséquences attendues et aux causes qu'ils attribuent à ces conséquences. Des attentes « positives »  peuvent même pousser à fournir un effort supplémentaire dans l'espoir d'atteindre un résultat désiré. Tandis que, les conséquences attendues « négatives », mènent à des actions d'évitement ou d'apathie (Dilts, 1992)

La théorie des besoins d'Abraham Maslow (1940) est l'une des plus célèbres. Elle propose une conception systématique des besoins de l'homme au travail et hiérarchise différents niveaux selon une pyramide. Maslow pense que les conduites humaines sont dictées par la satisfaction des besoins ; l'homme est donc instinctif, biologique et fondamental. La satisfaction des besoins s'effectue selon un ordre prioritaire : La satisfaction des besoins physiologiques (logement, alimentation, hygiène etc...) est primordiale, suivi par un besoin de sécurité. Viennent ensuite la recherche de la plénitude sentimentale, l'appartenance à un groupe, la vie familiale etc... Puis, l'individu cherchera l'estime de soi au travers du regard des autres et enfin dans l'accomplissement de soi et de ses buts les plus élevés (Maslow, 1954).

Travaillant longtemps sur l'accompagnement de l'enfant à trouver du sens et de la motivation à ses apprentissages, Alfred Binet, estime que la motivation en elle-même serait une "fiction motivante", qui propulse le sujet vers des buts, des rôles et des styles de vie qu'il s'imagine pour lui-même. Certaines motivations peuvent être trompeuses, issues de perceptions exaltées d'autrui ou de soi (Sahuc, 2006).

Joseph Nuttin, quant à lui, propose une approche interactionniste de la motivation humaine. Se basant sur les interactions dynamiques préférentielles entre le sujet et son environnement, il cible le besoin que l'individu a d'entrer en contact avec son environnement (relations psychologiques, spirituelles et biologiques). Il propose l'idée que la motivation en elle-même, n'est pas l'élément déclencheur du besoin mais constitue une direction active du comportement vers un but donné. Ce sont ses buts poursuivis qui permettent d'atteindre un «  idéal du mo »i. Il parle ainsi, de motivations intrinsèques et extrinsèques. Pour Deci et Ryan ou encore Vallerand, la motivation intrinsèque est une pure recherche du plaisir lors de la réalisation d'une tâche par la satisfaction des besoins de contrôle, d'autodétermination et de compétence. Tandis que la motivation extrinsèque est un moyen extérieur à la personne, par lequel l'organisation, le groupe ou la société peut agir sur la désutilité à accomplir la tâche ressentie par le sujet. Mais dans les deux cas Nuttin affirme qu'il y a toujours une surdétermination, qu'un acte est motivé de plusieurs manières, et que les deux types de motivation peuvent certainement motiver les individus à l'accomplissement d'une tâche, mais détiennent des effets très différents sur la perception ainsi que sur la qualité de leur performance (Bittar, 2008). Il évoque aussi le concept de plaisir de causalité, et met au centre de sa théorie de la motivation les interactions spécifiques individu-monde. Il s'agit du plaisir d'être la cause des changements, que d'être spectateur. Il détermine trois degrés d'activité dans le développement humain : la réception du stimulus auquel le sujet est soumis (action passive), la recherche active du stimulus sélectionné et enfin la production du changement autour de soi. Il résume son travail en désignant ce type de plaisir comme source d'un effet sympathique. L'être ne peut laisser "les choses" dans l'état où il les trouve; il prend plaisir à intervenir et à faire des changements (Nuttin, 1981).

Robert Dilts (inspiré des travaux de Gregory Bateson), dans son article La motivation, établis une définition systémique de ce concept. Selon lui «la motivation prend naissance lorsque l'individu est en situation de tension. Il perçoit la situation actuelle comme non satisfaisante et peut imaginer une situation future dans laquelle la situation serait devenue satisfaisante(...) les sentiments qui motivent sont pour la plupart d'entre nous : la fierté, le défi, l'importance, le pouvoir, la découverte, l'appartenance à une équipe forte.»  (p 238). Les différents environnements dans lesquels l'être humain vit (professionnels, familiaux, urbains etc...) influencent ses comportements. Ces mêmes comportements déterminent ses capacités. Il est important que les actions et le savoir-faire/savoir-être soient en harmonie avec les valeurs héritées et le sentiment d'identité profond. C'est ce sentiment d'identité qui influencerait les propres valeurs du sujet, qui orienteront à leur retour ses propres capacités et comportements, dans le but d'agir sur son environnement (Drew, 2000).

Ces approches psychologiques de la motivation, plus particulièrement celle de Maslow et Herzberg où les besoins motivationnels sont explicites ou du moins accessibles à la conscience, ont été heurtées par une autre approche qui perçoit la motivation non pas uniquement dans sa structure purement biologique, sociale, éducative... donc purement objectivable et observable, mais associe l'étendue de la motivation à celle de la personnalité à travers une perspective psychodynamique (à versant psychanalytique). Une approche qui cherche à étudier la motivation non pas comme un élément séparé de la personnalité mais comme quelque chose qui fait partie de la personnalité et qui se transpose via le comportement. Les psychanalystes mettent l'accent sur le désir producteur de sens. Ils décrivent des écarts entre les besoins (qui correspondent à des "manques" reliés aux états ou aux processus corporels) et les désirs (que chaque sujet construit à travers une interprétation subjective des signifiants du besoin).

Ces différentes approches sont aussi intéressantes les unes que les autres, et peuvent être compatibles et significatives au niveau de certaines facettes de la motivation. Les définitions de ce concept ne manquent pas, mais le problème central serait d'en proposer une approche qui ne se limite pas uniquement qu'à l'objectivité. Une approche qui valorise la subjectivité ... ce qui pousse l'être à agir.

Avant de nous avancer sur ce point, il faudrait préciser que la motivation en elle-même ne prend pas la même figure quelque soit le champ dans lequel elle s'exprime. Dans notre présent travail c'est la motivation des personnes handicapés et sportives qui est à exposer. Nous allons essayer de mettre en évidence la motivation du sportif et la motivation de l'être handicapé et trouver un point de convergence entre ces deux pôles.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius