WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Corps pulsionnel des athlètes à  handicap moteur. Contre performance et motivation inconsciente

( Télécharger le fichier original )
par Amira Najah
Université de Tunis faculté des sciences humaines et sociales - Matser II recherche  2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2. Rapport entraineur entrainé 

Introduction

La relation entre un athlète et son entraîneur est unique, complexe et à diverse facettes. Les études montrent que la qualité de ce rapport joue un rôle déterminant dans l'aboutissement du succès sportif comme dans son échec. Cette relation si particulière, intéresse chercheurs et même médias qui tendent souvent à s'incruster dans leur intimité. Les athlètes, eux-mêmes, se voient parfois en difficulté à trouver les mots justes pour expliquer ce lien unificateur (Smith et Smoll, 1996).

Divers termes nous viennent à l'esprit ; « couple », « dyade », « coéquipier », « partenaire », supposant l'existence non seulement d'une relation "professionnelle", basée sur la technique, mais aussi d'une relation affective entre deux êtres.  L'entraîneur souvent désigné comme simple technicien, ou pire comme calculateur de performance, soutient un statut intriguant que nous qualifierons de paradoxal, et difficile à assumer ; où la crainte, l'incertitude, le non control de la performance et des détours négatifs de la compétition le rumine et affectent à leur tour le rapport si particulier qu'il entretient avec son athlète (Najah, 2007).

Jowett et ses collaborateurs (Jowett et Cockerill, 2003 ; Jowett et Meek, 2000), définissant cette relation comme un vecteur d'un ensemble d'émotions, de pensées et de comportements,
ont travaillé avec un groupe de nageurs, pour analyser le rapport entraîneur-entraîné, afin de mieux comprendre sa dynamique et ses éventuelles répercussions sur la performance. À partir des entretiens semi-directifs (guide d'entretien basé sur celui de Jowett et Meek, (2000)), auprès de cinq nageurs de haut niveau, ils ont pu relever qu'au niveau du but d'optimisation de la performance, la qualité des relations interpersonnelles est une priorité à développer. Les nageurs qui entretiennent une relation avec leurs entraineurs, alimentée de confiance, de respect, d'affection, d'échange, de mise en commun des objectifs, d'acceptation et de respect des rôles, leur offre un développement psychologique mature (Jowett et al, 2003).

Huget et Labridy, (2004), ont tenté via une étude de perspective clinique analytique d'étudier la relation entraîneur-entraîné. Elles ont constaté que ce rapport contient différentes modalités transférentielles, se mettant en perspective, en fonction de la structuration familiale du sportif. L'objectif de cette recherche était de repérer si la relation à l'entraîneur introduisait une continuité ou une discontinuité par rapport à la structuration familiale initiale. Les entretiens cliniques effectués auprès des athlètes de haut niveau et le recueil de chaque histoire singulière, ont pu relever l'énonce d'une structure identifiable : la rencontre de l'athlète d'un autre, dans ce rapport à l'entraîneur répond à un manque, ainsi que l'existence d'un désir (inconscient) particulier d'entraîner à travers les dires de l'entraîneur.

Dans cette même optique, Inchauspé et Dubier (2008), travaillant également auprès d'un groupe de nageurs de haut niveau, ont essayé d'associer quatre types d'entraineurs avec quatre types de nageurs, en affirmant que c'est l'attitude de l'entraineur qui affecte celle du nageur, de la relation entre eux, et par conséquence la performance. Ils évoquent le rapport triangulaire que le sportif détient, et la manière dont l'entraineur, peut être en dehors de ce rapport ou prendre la place d'un des parents. Ils classent la relation entraineur-nageur en quartes catégories : (1) L'entraîneur qui se situe sur l'axe chaleur-autoritarisme, développant chez le nageur, un comportement de soumission, (2)l'entraîneur sur l'axe autoritarisme-hostilité, face à qui le nageur aura tendance à se renfermer et à internaliser ses sentiments laissant émerger une auto-agressivité, comme de la timidité ou de l'anxiété, (3) l'entraîneur sur l'axe hostilité-encouragement, partenaire d'un nageur qui, à la fois ne respectera pas les règles de fonctionnement et ne fera aucun compromis et enfin (4) l'entraineur sur l'axe encouragement-chaleur, créatif et actif, le nageur devient à son tour créatif et actif et demandera lui-même des exercices nouveaux. Il apprend à prendre des initiatives et à être indépendant.

Ces différentes études nous montrent l'importance de cette relation, et signaler l'inexistence unique d'un seul et modèle relationnel. La relation, qui est en elle-même une rencontre entre deux êtres, devrait être explorée dans son versant affectif et autour des diverses facettes touchant les multiples déterminants et régulations de cette alliance que nous pouvons parfois même qualifier de passionnelle. La passion en elle-même se diversifie d'un couple à un autre en fonction des particularités conscientes et inconscientes (fantasmatiques) du couple, nous menant ainsi à nous interroger sur les types de rapport entraineur -entrainé

2.1. Les quatre catégories de rapport entraineur-entrainé, en fonction de la dimension fantasmatique de l'entraineur :

Marc Léveque (1992), psychologue clinicien, ancien athlète et entraineur, dans son travail intitulé « la relation entraineur-entrainé. Perspective dynamique affective », affirme que l'entraineur est un agent de représentations, relaie et prolonge l'emprise sur l'athlète, en tentant de le persuader et de lui inculquer un ensemble de valeurs. Sa parole pour l'athlète, paraît comme l'unique vecteur crucial de persuasion. Considéré par cet auteur, comme emblème de significations, nous pouvons dans notre travail et suivant notre optique théorique (psychanalytique) le qualifier d'« Autre » tout puissant ou Autre barré, ou encore de « Surmoi », dépendamment de la force de son Emprise (Lacan, 1949). En restant dans l'approche de Léveque, tirée de celle de Labridy (1990) (surtout que nous allons nous baser dans notre travail méthodologique sur certains points qu'ils ont pu développer) et en analysant les diverses études cliniques que ces deux auteurs ont pu mettre en place dans des équipes de tennis de table, de volley Ball, de Ski, de Boxe et autres, nous constatons que via l'analyse de la « dimension fantasmatique » de l'entraineur quatre catégories le désignant on été déterminées: (1) l'entraineur modèle sur ordonnance, où le rapport entraineur-entrainé s'affiche sur « un mode de mère phallique omnipotente et autarcique » (Léveque, p 18), et étouffe la singularité de l'athlète. Ce type d'emprise intense et uniquement dans un registre duelle empêche toute possibilité de triangulation. L'athlète perçoit son entraineur comme l'unique bon objet et devient mauvais objet à la moindre résistance. Dans l'incapacité d'exprimer son malaise le sportif risque de retourner son insatisfaction contre lui-même sous forme d'abondant. (2) le formateur-entraineur, insatisfait de ne pas être totalement réalisé comme athlète, par déni, peut couvrir cette blessure narcissique avec une attitude de toute puissance et d'autosatisfaction. Peu soucieux des nécessités de son athlète en tant que personne, il en manifeste un total désintérêt et produit via ce dernier sa propre histoire personnelle et sportive. L'athlète ne s'affiche plus dans ce rapport et devient inexistant. (Léveque, 1992). (3) l'entraineur dominant, se présente sur un mode de fantasmatique anale, tournant autour d'un accrochage au plaisir pris dans la maîtrise, le façonnage et le modelage du sujet. Un moulage selon le désir du maître, ou plutôt une jouissance du pouvoir. « Si tu fais (techniquement) comme ça, soit sur que tu gagneras (...) si tu continues à rester comme ça c'est fini pour toi ». Ne pouvoir gagner que dans la « dépendance » et la « soumission » aux directives de l'entraîneur, le joueur se réduit à n'être qu'un exécutant technique, dépossédé de sa part de succès, menacé d'échec à la moindre désobéissance. Cette tendance peut sous tendre ainsi des excès. Comme l'indique KAES (1976), les fixations anales du formateur ont pour correspondance des positions régressives orales du sujet en formation (Najah, 2007)

Quant à la quatrième catégorie, que nous ciblons d'ailleurs dans notre travail, est ;

(4) l'entraineur inépuisablement généreux, disponible sans limite, répondant à tout désir de son athlète, traduit un enthousiasme et une conscience professionnelle intense à l'égard du projet sportif. Ces comportements nous font penser à la mère généreuse, et illimitée dans sa bonté. Déclenchant chez l'entraîneur un comportement surprotecteur et souvent, intrusif dans la vie privée de l'athlète. Il devient incapable de « lâcher », de se séparer ou d'assumer la perte d'un objet libidinalement surinvestit, engendrant une attitude de possessivité alimentée encore plus par la sollicitude de l'athlète, vu qu'un athlète handicapé, présentera une sollicitude autant plus forte qu'elle ne favorisera pas son l'autonomisation. L'athlète est maintenu en conséquence en état d'immaturité. Le rapport dyadique est fusionnellement intense, idéalisé où toute émancipation de l'athlète est empêchée ; de bonne intention dans un seul et unique but se conformer à cet idéal de mère généreuse. L'entraineur oubli ainsi de renvoyer à son athlète des « feed back » autres que protecteurs et maternants (Léveque, 1992).

Toujours dans cette quatrième catégorie, et mentionnant que dans notre recherche nous ciblons une activité sportive particulière, le lancé en général, le caractère « individuel » de cette pratique, rend le rapport entre ces deux acteurs de plus en plus étroit. L'entraineur certainement s'occupe d'un groupe d'athlètes, mais la variable handicap, le mène souvent, à s'en occuper cas par cas, accentuant par conséquence l'intimité du rapport ; un lien direct les unit, sans qu'aucune structure d'équipe ne fasse écran entre eux. Ils deviennent des interlocuteurs immédiats. Pratiquant ainsi en solitaire, le seul partenaire de l'athlète devient son entraineur (Léveque, 1992).

La nature du handicap joue également un rôle très important, sa gravité, ses degrés, les circonstances de son déclenchement, mais surtout tout ce qu'elle détient de remaniement psychologique spécifique à elle, module à son tour tant la dimension fantasmatique de l'athlète que de celle de l'entraineur.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway