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Morale et politique chez Kant: le républicanisme comme fondement de la responsabilité morale en politique

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par Moussa Sahirou Tchida
Université de Ouagadougou - Maà®trise ès lettres et philosophie 1998
  

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CONCLUSION

Nous voici au terme de notre travail consacre a la reflexion sur les elements d'un rapprochement possible entre la morale et la politique chez Kant, A travers le republicanisme. L'enjeu de cette reflexion, faut-il le rappeler, est, au regard de la crise des valeurs qui secoue le monde politique actuel tant au plan national qu'international, a trouver une forme de gouvernement, a meme de creer les conditions d'une bonne pratique politique. Celle-ci doit favoriser une bonne expression de la citoyennete et un rapprochement entre les peuples et les nations, dans un monde de paix.

Notre demarche a consiste d'abord a faire un point d'histoire sur les doctrines politiques qui consacrent soit un rapport de disjonction, soit un rapport de conjonction entre la morale et la politique, en nous basant sur la philosophie politique de Hobbes et Rousseau principalement. C'est ainsi qu'en partant du pacte de soumission de Hobbes et celui d'association de Rousseau, nous sommes parvenus aux formulations du totalitarisme et de la democratie. L'analyse de ces deux systemes politiques nous a amene a dire que la democratie constitue la meilleure forme de gouvernement, en ce sens qu'elle garantit l'epanouissement materiel et spirituel de l'homme.

Il s'etait ensuite agi pour nous d'introduire Kant dans le debat, en essayant de montrer son apport pour une autre lecture des rapports entre la morale et la politique. C'est ainsi que nous avons expose le republicanisme kantien comme etant la condition d'un accord entre la morale et la politique et aussi la concordance des memes notions d'apres la doctrine du droit. Dans les deux cas, il a ete respectivement question de l'affirmation du citoyen comme sujet moral, de la moralite de l'action politique du citoyen par une analyse comparative entre l'autorite de la loi orale et la rigueur de la juridique, de la liberte de presse comme mode d'expression d'une opinion publique moralisatrice. L'interdependance entre le prive et le public comme totalite fonctionnelle, de meme que l'examen des concepts de juste et de bien dans une relation de complementarite mettant en relief l'accord entre la politique te la morale, furent egalement debattus.

Enfin, nous avons parle de l'actualite des idees kantiennes, au regard de la situation politique actuelle. A ce niveau, nous avons evoque la question de la souverainete des Etats dans cette ere de mondialisation et de la recherche de la paix. Nous avons aussi aborde la problematique de l'Etat de droit et de l'exigence morale de l'action de l'homme d'Etat. Cette partie nous a permis de saisir la pertinence de certaines idees kantiennes par rapport a nos preoccupations actuelles, ayant trait surtout au renforcement de l'Etat de droit et

du respect des droits et libertes essentiels des citoyens, de la paix mondiale, des relations economiques, etc.

Au regard de ce qui precede, nous pouvons affirmer que le republicanisme porte en lui les bases juridiques d'une vie politique favorisant la pleine et effective expression de la citoyennete. En effet, la constitution republicaine en garantissant les droits et libertes des citoyens, les amene a developper en euxmemes la vertu, consideree comme force de la volonte. Il s'agit lA, d'un processus de responsabilisation du citoyen, etant entendu qu'un citoyen libre et vertueux "developpera ses meilleures capacites (...) et sera pret a chaque fois que cela est necessaire de les mettre au service du bien de l'Etat"109.

Le republicanisme reste et demeure pour Kant, la forme du gouvernement qui favorise le rapprochement entre la politique et la morale. Il souligne qu'il est une obligation pour les hommes de tendre vers une telle forme de gouvernement, car "c'est un principe de la politique morale qu'un peuple doive se reunir en un Etat d'apres les seuls concepts de droit de liberte et d'egalite et ce principe n'est pas fonde sur la prudence, mais sur le devoir"110.

Il est courant d'entendre certaines personnes dire et soutenir qu'en politique, il n'y a pas de morale. Mais, de quelle politique s'agit-il ? Sommes nous tentes de nous demander. Est-ce celle qui promet a tous les hommes le bonheur, la satisfaction, l'obtention de leur place naturelle dans un monde parfaitement organise, ou celle qui se veut egoiste et qui ne vise que la conservation du pouvoir a tout prix pour la satisfaction des interets exclusifs des gouvernants. A cet egard, notre conviction est que toute politique qui n'humanise pas ses moyens, qui n'est pas respectueuse des droits, des libertes et de la dignite de citoyens est source des conflits, d'instabilite et d'insecurite.

Il ne s'agit pas ici de pr8ner une subordination totale de la politique a la morale, mais qu'on s'accorde que "l'exigence morale derniere est celle d'une realite politique telle que la vie des individus soit morale et que la morale visant l'accord de l'individu raisonnable avec lui-meme devient une force politique, c'est-A-dire un facteur historique avec lequel l'homme politique ait a compter quand bien lui-meme ne se voudrait pas moral"111.

Il est certes difficile de vouloir que les hommes agissent toujours dans le sens de conferer a leurs actions une valeur morale. Mais, ce n'est pas un vceu pieux, car l'homme etant perfectible, il peut faire preuve de depassement de soi, d'actes desinteresses. Kant affirmait a juste titre que "le principe moral ne

109 Principe de responsabilite, op cit, p 172.

110 Kant, Vers le projet de la paix perpetuelle, Flammarion 1991, p 120.

111 Philosophie politique, op cit, p 12.

s'eteint jamais dans l'homme. La raison capable pragmatiquement de mettre a execution l'idee du droit d'apres ce principe, se developpe constamment dans cette direction grace aux progres continuels de la civilisation"112.

Le domaine du politique doit cesser d'être considere comme lieu privilegie d'actions immorales, c'est-a-dire le lieu ou tous les coups sont permis, le lieu de toutes les intrigues, de tous les crimes, de tous les complots, un domaine ou pense-t-on n'operent que des hommes souvent sans scrupules, abusant de la raison d'Etat. Le domaine du politique doit retrouver ses lettres de noblesse structurelles comme activite publique en vue de l'epanouissement des citoyens.

Il est admis que la politique n'implique pas necessairement la morale, car on peut aisement comprendre les faits politiques sans reference a la morale. Cependant, il y a lieu de reconnaitre que "ni leur difference, ni non plus leur mutuelle autonomie ne suppriment leur unite radicale sur leur origine commune dans l'homme regarde et se regardant comme etre agissant"113.

Au commencement et a la fin de toute politique, nous retrouvons l'homme, car elle est exercee par lui et pour lui-meme. Par consequent, la politique ayant pour finalite l'epanouissement de l'homme, ne peut pas ne pas etre analysee d'un point de vue moral, au regard notamment de la nature des moyens et des fins qu'elle utilise et qu'elle vise. En tout point de vue, la politique comme art de conduire les affaires de l'Etat, ne peut pas omettre que "ce qui est premier c'est le rapport de l'homme envers l'homme"114. La vraie politique comme le dira Kant "ne peut faire un pas sans avoir rendu d'abord hommage a la morale"115.

Dans le contexte actuel de democratisation et de l'instauration d'un Etat de droit, il doit etre entendu que seule la juste application du droit et de la loi, est la condition necessaire pour la paix sociale et la stabilite politique dans nos Etats. Les hommes sont epris de justice, sont soucieux du respect de leurs droits fondamentaux, ils ne sauraient donc admettre d'être encore et toujours traites comme des sujets, par un pouvoir dont ils sont la source de legitimite. La saine lecture du droit et la juste application de la loi sont un signe evident de loyaute, de justice et d'honnetete. Or, comme le dit Kant, "admettre que l'honnetete est meilleure que toute politique est au dessus de toute objection, voire est la condition inevitable de la philosophie"116.

112 In, Critique et morale chez Kant, Gerard Kruger, ed Bauchesne, Paris 1961, p 120

113 Philosophie politique, op cit, p 12.

114 Ibidem, p 19.

115 Kant, Vers le projet de la paix perpetuelle, Flammarion, Paris 1991, p 123.

116 Kant, Projet de paix perpetuelle, Flammarion 1991, p 111

En considerant la politique comme "doctrine du droit pratique" et la morale comme "doctrine du droit theorique", Kant etabli dejà un lien etroit entre les deux. Il est en effet, inconcevable d'envisager une pratique independamment de toute theorie. La politique en tant qu'elle met en rapport d'un cote les citoyens entre eux et de l'autre les Etats entre eux, ne peut que se baser en tout premier lieu sur la regle du droit tant au plan national qu'international. Poser des actes politiques en violation des lois de la Republique ou du droit international releve de l'immoralite, car elle suppose en definitive non respect de la parole donnee, partant, un acte de trahison a l'egard de ses concitoyens.

L'instabilite sociopolitique observee dans nos jeunes democraties, de meme que les guerres, les genocides qui ont eu lieu ou qui sont en cours, sont dus non seulement au manque de culture democratique, mais aussi a la violation repetee du droit et a une non application du droit. Or, le degre de moralite d'un peuple se mesure aussi par la disposition de celui-ci a respecter les lois qu'il s'est donne. Le premier devoir des citoyens consiste a eriger une veritable education civique qui ne craigne pas de montrer le lien entre le sujet de droit et le sujet moral.

En somme, faut-il se convaincre que la paix n'est realisable que dans le respect de la liberte et de l'egalite qui assure la securite. Dans un monde dechire par le danger des integrismes, des egoismes de toutes sortes, des extremismes politiques, l'Etat de droit apparait comme le dernier espoir pour sauver les valeurs fondamentales pouvant faire progresser l'humanite dans le sens du bien. Mais acceptons-nous d'en assumer les conditions politiques et morales ?

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"