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Difficultés des institutions de microfinance: recouvrement de crédit et gestion de la liquidité

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par Ibrahima Ghindo Diop
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise en gestion des entreprises 2011
  

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République du Sénégal Un Peuple - Un But - Une Foi

UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

Mémoire de Maitrise /FASEG 2011

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES
ET DE GESTIONS

Difficultés des Institutions de Micro Finance :

RECOUVREMENT DE CREDIT

ET

GESTION DE LA LIQUIDITE.

Auteur : IBRAHIMA GHINDO DIOP Encadreur : Pr. SEYDI ABABACAR DIENG Mémoire de Maitrise /FASEG 2011

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE............................................................................... 3

CHAPITRE 1 : La Notion de Micro Finance................................................................. 8

INTRODUCTION

Section I : Genèse et évolution

v A- : Concept de Micro Finance ..

> A- 1 : Historique ...

> A- 2 : Etude théorique sur la micro finance «

v B- : Diagnostic du secteur de la micro finance .....

11

119

11
11

11
13
L9

 

Section II : Situation de la Micro Finance dans les pays en développement 1122

v A- : 6lVuEViRC P RCdIDE eVNEECIMB ( R) 2 $ « 11 22

> A-1- *( 1 ( 5 $ / I7( . 1H2

> A-2- LA REGLEMENTATION ET STRATEGIE ««11ERR ««. «111

v B- : Bilan du secteur de la micro finance au Sénégal 1 25

> B-1- BUT DES MEC « 1 .. 1 L5

> B-2- / ?(
· 3( 5 7 6( E $ 1 61/ ( 6 R) ( & ... . 12l

CHAPITRE 2 : DIAGNOSTIC DES RISQUES.......................................................28

Introduction .. 1128

Section I : Définition et Evaluation des Risques 30

v A : Définition .. 1130

v B : Perception du risque . 1133

v C : Evaluation des risques ... 136

Section II : Recouvrement de crédit et Gestion de la liquidité 39

v A : Recouvrement de Crédit .. 39

> A-I : Définition 1139

> -II : Processus de Recouvrement ...... 141

v B : Gestion de la liquidité . . 46

> B-I : Définition et mesure du risque 46

> B-II : Risque de liquidité ... . 47

CHAPITRE 3 : POLITIQUE DE PREVENTION DES RISQUE.....................................50

INTRODUCTION

Section I : Analyse des Risques

. 50

51

v A : Analyse Théorique ... .

151

v B : Analyse Quantitative par les Ratio

157

Section II : Recommandations ..

62

v A : Sur le recouvrement

62

v B : Sur la gestion de la liquidité

. 1164

 

CONCLUSION GENERALE......................................................68

 
 

Ibrahima Ghindo DIOP

2

 
 

INTRODUCTION GENERALE

Les initiatives de bancarisation de masse basées sur la mutualité ont vu naissance au XIX siècle. En effet, en 1844, est fondée la société des Equitables Pionniers de ROCHDALE en Angleterre par vingt huit ouvriers tisserands. En 1864, FRIEDRICH WILHELM RAIFFEISEN fonde en Allemagne la première société coopérative de crédit mutuelle.

Ces mouvements mutualistes se sont ensuite développés en Amérique du sud notamment en Bolivie puis par la suite en INDE au Bangladesh oil a été énoncé pour la première foi le concept de micro crédit par le Professeur Muhammad Yunus en 1970.

En fait la Micro Crédit cible plus la population pauvre ou a faible revenue. Ce qui explique l?entrée d?un nouveau système financier dans les pays en voie de développement : la Micro finance. Son développement s?est rendu possible gr~ce aux services de crédit qu?elle accorde aux agents économiques pour le financement de leur projet d?investissement et de consommation. Ceci permet une réduction nette de la pauvreté dans ces pays. Il n?est pas sans savoir que les populations pauvres ont difficilement ou pas accès aux services financiers du secteur formel. Néanmoins, elles font souvent recours à divers intermédiaires informels tels des préteurs locaux, les associations de crédits ou les tontines. Ceci présente de sérieuses difficultés en matière de coût et de risque. En effet dans ce commerce il est souvent pratiqué des taux d?intér~ts illégaux mais aussi les ressources locales disponibles sont limitées.

 
 

Ibrahima Ghindo DIOP

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Au Sénégal, l?entrée dans l?économie des IMF conduit à son adoption par les agents économiques pour la réalisation des projets d?investissements et de consommations, et à l?abandon progressif des pratiques anciennes du crédit. Mais la micro Finance n?est pas la solution miracle capable à elle seule d?éliminer la pauvreté. Dans un contexte économique favorable, la micro finance constitue un outil adapté pour améliorer les conditions de vie des pauvres qui ne sont pas en mesure d?exploiter les opportunités économiques faute de moyens financiers.

De nos jours les IMF occupent une place remarquable dans la lutte contre la
pauvreté au Sénégal comme dans tous les pays en voie de développement. Ceci

banque. Mais la gestion des banques n?est pas sans risques. Ces derniers peuvent être de types institutionnels, externes, opérationnels et financiers. Une bonne
maitrise de ces risques est alors nécessaire pour une bonne gestion des

ressources des IMF. Par contre leurs négligences conduisent à la faillite de
l?Institution ou au freinage du développement de la caisse.

Une étude dans certains IMF du Sénégal telle la mutuelle d?épargne et de crédit (PAMECAS) montre que les risques courus les plus fréquents sont ceux de types opérationnels (recouvrement de crédit) et ceux de types financiers (risques liés à la gestion de la liquidité bancaire).

En effet, cette étude nous à donner l?idée de traiter la question sous forme de mémoire sous la formulation suivante : LES DIFFICULTES DES INSTITUTIONS DE MICRO FINANCE AU SENEGAL : LE RECOUVREMENT DE CREDIT ET LA GESTION DE LA LIQUIDITE BANCAIRE.

 
 

Ibrahima Ghindo DIOP

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PROBLEMATIQUE

Les institutions de micro finances encore appelées structures financières décentralisées se sont développées vers la fin du XXème siècle notamment dans les années 1970. En effet le concept de micro finance est énoncé pour la première fois durant cette période par le professeur Muhammad YUNUS, fondateur de la « Gramen Bank » au Bangladesh.

Le but primaire de la micro finance est de permettre aux populations exclues du système bancaire classique, d?accéder aux services financiers. Cette notion de micro finance englobe des réalités, parmi lesquelles elle se définit par apport aux crédits octroyer à des populations pauvres ou à faibles revenus qui ont peu ou pas accès aux services bancaires. Pour ces populations, la micro finance se lance dans une mission de satisfaction des besoins de leurs ménages ou de leurs activités économiques et professionnelles.

Ainsi dans les années 1970 les premières expériences de micro finance initiées par le conseil national pour la promotion des caisses d?épargne et de crédit (CONACAP) ont vu naissance au Sénégal dans les régions de Thiès et Louga. Aujourd?hui les statistiques montrent un excellent développement du secteur de la micro finance dans le pays avec 949 SFD au 31/12/2008 réparties selon un maximum d?agences à Thiès avec 211 SFD et un minimum à Matam avec 15 SFD. (Voir annexe 1)

Ainsi, cette expansion remarquable dans un intervalle de moins de quarante (40) ans s?est rendue possible gr~ce à une bonne gestion des fonctions d?IMF. Il n?est pas sans savoir que ces derniers collectent la capacité de financement des ACF sous forme d?épargne et l?alloue aux ABF sous forme de crédit moyennant un intérêt en sus du remboursement mensuel.

L?objectif visé par les IMF est de promouvoir l?accès des Ménages à faible
revenu à des services de micro finance viable et durable leurs permettant un

 
 

Ibrahima Ghindo DIOP

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démarrage ou un renforcement de leur activité en micro entreprise sur l?ensemble du territoire locale. Ceci contribuera certainement à la réduction de la pauvreté et à la promotion de l?emploi. C?est d?ailleurs sur cette base que le professeur Yunus a lancé le concept de microcrédit en 1970 suivi d?autres mouvements mutualistes tels que les pionniers de Rochdale en Angleterre, le mouvement DEJARDINS au Québec et les frères fondateurs du crédit mutuel en France.

Aujourd?hui le secteur de la micro finance souffre d?un certain nombre de faiblesses et est confronté à des contraintes réelles parmi lesquelles l?absence de clarification stratégique, inexistence d?un cadre de concertation cohérent, manque de maitrise du cadre réglementaire, mais aussi l?insuffisance dans le dispositif de suivi et de contrôle interne et l?absence de professionnalisme de certains intervenants dans le secteur. Ces faiblesses génèrent des problèmes cruciaux pour les IMF allant mrme jusqu?à menacer leur pérennité donc leur existence. Parmi ces problèmes, le recouvrement des crédits accordés constitue la cause majeure. En effet, les statistiques montrent une évolution nette des crédits en souffrance : 8036 en 1998 et 13246 en 2001.

Devant l?ampleur, de ce phénomène toute institution de micro finance se doit, pour assurer sa pérennité, d?accorder une attention particulière à ces crédits en souffrance c'est-à-dire à leurs politiques de recouvrement pour offrir des services à ses sociétaires.

Il nous vient donc à l?idée de nous interrogé sur des questions telles que, comment les IMF parviennent-elles à gérer l?épargne des ACF malgré les difficultés de risques de liquidités bancaires réelles ? Et quelles sont les politiques de gestions des impayées sur des clients douteux?

 
 

Ibrahima Ghindo DIOP

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Et enfin la manière dont une IMF procède pour la bonne gestion des liquidités afin que les simples épargnants puissent bénéficier de leur propre compte à leur guise.

Ces questionnements assez pertinents méritent l?objet d?une recherche se proposant de rendre compte des difficultés rencontrés dans le secteur de la micro finance au Sénégal.

Cependant, pour étayer notre objectif d?éclaircissement de la problématique, il nous a été permis de faire un stage d?étude au sein d?une IMF locale : la mutuelle d?épargne et de crédit du partenariat pour la mobilisation d?épargne et de crédit au Sénégal (PAMECAS) dans leur caisse de Mbour de la région de Thiès en Novembre- Décembre 2010.

Cette recherche se proposera d?établir l?évolution des difficultés les plus fréquentes dans les IMF du Sénégal. Et de façon opérationnelle, elle peut être scindée en deux objectifs spécifiques:

1. présenter différentes mesures du Recouvrement des crédits, de la gestion des liquidités et analyser leurs évolutions ;

2. déterminer et discuter les liaisons entre ces deux fléaux pour une bonne gestion des ressources de la mutuelle.

En outre, il faut noter que dans chaque IMF du Sénégal, il est défini préalablement un certain nombre de politique de gestion. En fait ces politiques sont souvent établies par les responsables de caisse et les dirigeants sans la contribution d?un agent de terrain.

Nous pourrions donc Ttre tenté de penser que l?établissement délicat et précis de ces politiques en accord avec les agents concernés c'est-à-dire ceux de terrain, nous mènerait à une probable diminution des difficultés de la micro finance.

 
 

Ibrahima Ghindo DIOP

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De plus, il n?est pas sans exclure l?hypothèse du manque de bonne formation des
agents de la micro finance qui sans doute mène à une mauvaise appréciation des
risques, tant en matière de recouvrement de crédit qu?en gestion de la liquidité.

 
 

Ibrahima Ghindo DIOP

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CHAPITRE 1 :
lA NOTION DE MICRO FINANCE.

 

INTRODUCTION :

De son appellation de « Micro » Finance, tout mène à croire que ce sont des institutions qui s?occupent du financement de petites sommes pour la réalisation de micro projet. Ceci étant compris parfaitement car l?environnement d?évolution de la Micro Finance reste le milieu pauvre c'est-à-dire celui des agents économiques à faible revenu et dont l?accès au système bancaire classique n?est pas possible. D?après les propos du Professeur YUNUS recueillis lors d?une interview avec la « intervida1 » disant : « Alors je me suis proposé de leur (les pauvres) prter de l'argent, il s'agissait de très petites sommes, environ 27 dollars, qui leur permettaient de s'acquitter de leurs dettes et de se libérer de l'influence des prteurs Le résultat de cette expérience a été C7 si positif qu'il m'a convaincu de poursuivre cette voie avec l'appui des banques cette fois ».

Sur ce, les Institutions de Micro finance se donnent alors la lourde mission de financer ce milieu dit pauvre. Ainsi, de sa naissance à nos jours, la micro finance a enregistré une évolution fulgurante et a beaucoup contribué à la réduction de la pauvreté dans les pays les moins avancés.

Dans le milieu professionnel, les IMF prennent souvent l?intitulé de Mutuelle d?Epargne et de Crédit « MEC » montrant leur fonction de collecte d?épargne et d?allocation de crédit bancaire, tout comme une banque classique.

1 Le professeur Yunus s'est entretenu avec Intervida lors du Forum universel des cultures - (Barcelone ,2004).

 
 

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C?est dans cette idée que SYLVIE DE COUSSERGUES6( 6666666666666

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66Ces banques se définissent par leur statut mutualiste ou coopératif et par leur compétences générales; toutes les activités bancaires leur étant permises.6»6

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2 La banque : Structure, marché, gestion. 2e édition 1996. Page 11 6

 
 

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SECTION I : GENESE ET EVOLUTION DE LA MICROFINANCE

Les débuts de la Micro Finance remontent bien avant le XIX siècle durant lequel les premiers systèmes mutualistes furent enregistrés. Comme dans tous les pays en voie de développement, le système des banques classiques ne favorisent pas le financement de la population pauvre. En effet, les populations pauvres ont difficilement accès aux services financiers du secteur formel. Secteur occupé ici par des fournisseurs enregistrés légalement comme institutions procurant des services financiers et qui sont soumis à des réglementations bancaires. Elles recourent donc à différents intermédiaires informels (prêteurs locaux, famille, employeurs, associations de crédit, tontines, etc.), qui présentent de sérieux inconvénients en termes de coût ou de risque. Ces institutions informelles qui constituent aujourd'hui une part non moins importante du secteur financier, participent activement à la mobilisation du crédit et au financement de l'économie. Cependant, il existe encore des entraves à leur développement.

Il importe ainsi de passer en revue la notion conceptuelle de la micro finance juste avant l?étude de ses atouts et de ses menaces.

+ A- : CONCEPT DE MICRO FINANCE A- 1 : Le Crédit Traditionnel

Le crédit trouve ses origines lointaines aux sources de la civilisation, car son existence est indispensable à l'étalement dans le temps des échanges de biens ou de services que requiert la vie d'une société, même rudimentaire. Sa distribution, sous une forme plus élaborée, semble avoir été d'abord le fait de prêtres et de grands propriétaires terriens des pays du Proche-Orient, et elle fut notamment réglementée par le code d'Hammourabi 3 au début du IIe millénaire avant notre ère. Peu à peu, elle devait donner lieu à la création d'entreprises spécialisées, les

3 Loi réalisée sur linitiative du roi de Babylone, Hammourabi vers 1730 avant JC

 
 

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banques, dont on trouve la trace dans plusieurs pays quelques siècles avant Jesus-Christ.

Exerce au Moyen Âge surtout par des usuriers, des juifs, des Lombards, et condamne par les theologiens, le commerce de banque prend un nouvel essor lorsque les echanges se developpent à la suite des grandes decouvertes. Les principaux banquiers deviennent alors les financiers des princes, notamment en Italie, seul pays europeen qui possède des banques creees il y a cinq siècles. À partir du XVIIe siècle sont fondees les premières grandes banques publiques, la Banque d'Amsterdam et la Banque d'Angleterre. Le credit va s'affirmer de plus en plus comme l'un des mécanismes fondamentaux dans l?économique formel.

Dans les pays en développement d?Afrique, l?économie informelle fait vivre plusieurs familles comparativement à l'economie formelle. À tel point que dans la plupart de grandes agglomerations du tiers-monde, il semble que le formel est devenu informel et inversement. En effet, l'economie publique est paralysee, laissant à l'imagination populaire un champ d'action elargi C'est donc grâce à cela que naissent des organisations comme les organismes non gouvernementaux (ONG), les mutuelles d'entraide et diverses associations civiques.

Le cas le plus eloquent de la deroute du secteur publique est celui du système de credit bancaire quasi inexistant et dont les tontines ont pris la relève. En fait, les tontines jouent aujourd'hui un rôle de premier plan en Afrique dans les domaines economique et socioculturel. Elles sont en quelque sorte un tremplin pour mener un projet en commun. Par le biais de la tontine, un individu peut epargner des fonds soit pour un investissement à court ou à moyen terme, soit pour un evenement prevu ou pour parer à l'imprevisible, de manière collective ou individuelle, et ce dans un contexte d'extrême pauvrete materielle. Socialement, l'importance des tontines n'est plus à demontrer puisqu'il s'agit là d'un rassemblement de personnes pour des echanges d'idees, une sorte de club de

 
 

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rencontres pour le partage des joies familiales, un groupe de soutien pour les moments difficiles et un réseau d'influence sociale.

En outre, il convient de souligner que, parmi les innombrables groupements qui fleurissent dans les villes et dans les villages africains, le mouvement tontinier permet aux citoyens qui ont un pouvoir d'achat dérisoire d'avoir une sorte de caisse de prévoyance à laquelle ils adhèrent en prévision de difficultés qui peuvent survenir, par exemple au plan familial. En effet, le besoin de sécurité face aux différents risques sociaux a rendu nécessaire le recours aux tontines, celles-ci devenant de puissants moyens de couverture sociale.

La forme la plus simple du système tontinier repose sur le principe de réciprocité : un groupe d?individu se constitue sur une base sociale homogène du revenu, de profession, d'origine ethnique. Chacun cotise à date régulière et à tour de rôle chacun reçoit l'ensemble des cotisations.

Pour illustrer ceci, on peut prendre l?exemple de la tontine du personnel de l?école maternelle de la Caserne Samba Diery Diallo de Colobane. Cette tontine dirigée par la directrice de cet établissement à échéance un an, rassemble une cotisation de vingt cinq mille (25000) FCFA par tête et par mois. Ainsi un tirage sera fait chaque fin de mois pour désigner la personne qui disposera de l?ensemble des fonds déposés.

Ce système est possible car il y a de vraies relations sociales. Dans des contextes plus individualisés, ce sont les organismes de microcrédit prônés par des penseurs économiques qui prennent le relais.

 
 

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A- 2 : Etudes théorique sur la micro finance

La micro finance offre donc des services de micro crédit, de micro épargne, de micro assurance concernant donc de petit montant (entre 50000 et 500000 FCFA en moyenne). Il ressort donc de cette définition que le micro crédit n'est pas synonyme de micro finance mais plutôt, des services qu?offrent ce système d'intermédiation pour un groupe bien ciblé. Les acteurs principaux de l'intermédiation micro financière sont les Etablissement de Micro finance, les banquiers et certains économistes du XX siècle qui ont différents typologies institutionnelles (banques, coopératives, fondations, associations, etc.). Leurs objectifs étant de réduire la pauvreté, soutenir les micro entrepreneurs, promouvoir les femmes, etc. plusieurs méthodologies opérationnelles (crédit de groupe, crédit individuel, épargne volontaire ou obligatoire, crédit mutuelle.) arrivent à offrir des services financiers de petites taille à une clientèle plus pauvre et plus vulnérable par rapport à la clientèle du système financier formel.

Dans ce sens il serait plus que nécessaire de s?atteler au travail de certains penseurs ou acteurs de la micro finance, notamment celui du mouvement Raiffeisen en Allemagne et du professeur Yunus au Bangladesh en particulier.


·
· Mohamad YUNUS4 (1970)

Les spécialistes considèrent que la micro finance a démarré avec la banque Grameen au Bangladesh, fondée par le Pr. M. Yunus, directeur de la faculté de sciences économiques de l'université de Chittagong.

Les théories économiques qu'il enseignait lui parurent décalées face à la réalité. Ainsi décida t-il de contacter les banques locales pour octroyer de petits crédits. Suite à leur refus, il décida de prêter sur ces propres économies. A l'échéance du

4 Encyclopedia Universalis 2010

 
 

Ibrahima Ghindo DIOP

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remboursement, l'ensemble des femmes s'est acquitté de leur dette. Ainsi commençait ce qui est devenu la banque Grameen, desservant plus de 3,7 millions de clients.

Yunus est né le 28 juin 1940 dans un village du district de Chittagong de linde coloniale. Il est issu d'une famille aisée de quatorze (14) enfants dont cinq sont toutefois morts en bas âge. Il étudie l'économie à l'université de Dhaka, où il obtient en 1961 un Master of Art, avant de devenir professeur d'économie au Chittagong College. En 1965 il fait un doctorat aux États-Unis, grâce à une bourse de la fondation Fulbright. Il soutient sa thèse intitulée << L'économie et le développement » à l'université Vanderbilt. Il obtient ensuite un poste à l'université de Middle Tennessee State, puis rejoint l'université du Colorado. La guerre de libération du Bangladesh (1971) marque un tournant dans sa vie. Depuis les États-Unis, il participe activement au soutien des indépendantistes, notamment en collectant des fonds et en publiant des articles de presse. L'indépendance proclamée, il abandonne son poste de professeur aux États-Unis pour rentrer au Bangladesh et occuper le poste de sous-directeur à la Commission de planification du gouvernement. Il prend ensuite la direction du département d'économie de l'université de Chittagong, la seconde ville du pays.

En 1974, trois ans après son retour, le Bangladesh est touché par une terrible famine qui fait 1,5 million de morts. Yunus s'en émeut profondément : << Les gens mouraient de faim dans la rue et moi je continuais à enseigner d'élégantes théories économiques sans aucune prise avec la réalité », dira-t-il. Il décide alors de constituer avec ses étudiants un groupe de << recherche action ».

L'objectif est de trouver des remèdes à la pauvreté dans le village de Jobra proche de l'université.

Après s'être intéressé à l'amélioration des rendements agricoles (avec de
nouvelles variétés de riz), le groupe identifie rapidement que le coût prohibitif

 
 

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du crédit entretient la pauvreté : le taux d'intérêt des usuriers locaux pouvait s'élever à 16 % par jour pour les petits prêts. Yunus prête alors 850 takas à 42 femmes pauvres de Jobra qui devront lui rembourser ponctuellement et intégralement la somme due. Il réitère l'opération avec succès et tente, en vain, de convaincre les banques de se joindre à cette initiative. C'est alors qu'il décide de fonder sa propre structure : la Grameen Bank (grameen signifie village en bengali), née en tant que projet de recherche en 1976, devient une banque en 1983.

L'originalité du programme est de prêter non pas à des individus mais à des groupes d'emprunteurs (de cinq personnes) solidairement responsables du remboursement. Les emprunteurs ont ainsi intérêt à s'auto sélectionner (personne n'a intérêt à s'associer à une personne peu fiable), à s'assurer de la bonne utilisation du prêt par chacun des membres du groupe, et à faire pression sur ces membres afin qu'ils remboursent leur dû. Le « collatéral social » vient pallier l'absence de collatéral (garantie) physique : la Grameen Bank n'octroie des prêts qu'à des ménages pauvres possédant moins de 0,5 acre, soit environ 0,25 hectare, de terre.

En 2005, la Grameen Bank couvrait 85 % des villages du Bangladesh et comptait 5,31 millions de clients dont 96 % de femmes. Son modèle a été appliqué à l'étranger dès 1989 et s'est diffusé dans un grand nombre de pays. La Grameen Bank a depuis lors investi, avec également beaucoup de succès, de nombreuses activités dont la téléphonie (Grameen Phone qui est le premier réseau au Bangladesh, Village Phone) ou le textile (Grameen Check), avec toujours pour but de résoudre des problèmes sociaux sans sacrifier la viabilité économique.

Muhammad Yunus a reçu plus de cinquante prestigieux prix internationaux et le
prix le plus important du Bangladesh. Il a également reçu plus d'une vingtaine de

 
 

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titres honorifiques d'universités étrangères. Ce prix Nobel de la paix (2006) permettra à la microfinance de gagner encore en notoriété, d'attirer de nouveaux soutiens et, peut-être, d'approcher le rêve de Yunus de « renvoyer la pauvreté dans les musées ».

En définitive, voilà la raison majeure qui fait qu?un grand nombre de penseurs attribue les débuts de la microfinance au professeur Yunus. Mais en réalité, malgré ce grand pas en avant qu?il a fait dans la finance du milieu pauvre, le crédit a démarré bien avant lui dans les années 80 en Europe. Néanmoins le terme de « Microcrédit » lui est propre.

RAIFFEISEN5 FRIEDRICH WILHELM (1818-1888)

Petit-fils de pasteur, issu d'une famille (Allemande) très modeste, profondément croyant, inspiré par le christianisme social de la seconde moitié du XIXe siècle, Friedrich Wilhelm Raiffeisen est le fondateur de la mutualité de crédit. Fonctionnaire civil du gouvernement royal prussien à Coblence, il est nommé, à vingt-sept ans, en 1845, bourgmestre du district de Weyerbusch, puis, en 1848, du district de Flammersfeld et, enfin, maire de Heddesdorf, au sud-est de Bonn.

Ému par la disette de 1846-1847, il crée une association charitable et un fournil coopératif communal.

Il découvre les méfaits de l'usure dans le monde paysan et cherche le moyen de financer l'agriculture à des taux raisonnables. Soucieux de dépasser le stade de la simple charité, il met progressivement au point les « caisses mutuelles de dépôts et de prêts ». En 1864, Friedrich-Wilhelm Raiffeisen fonde à Heddensdorf, en Rhénanie, la première société coopérative de crédit mutuel. Il ne s'agissait même pas de collecter l'épargne des uns pour la prêter aux autres, mais seulement d'offrir aux banques prêteuses des cautions mutuelles, de sorte que les plus

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Encyclopedia Universalis 2010

 
 

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démunis, ceux qui n'ont pas de patrimoine à offrir en garantie, puissent malgré tout accéder au crédit.

Ce n'est qu'ultérieurement que les caisses se mirent à collecter l'épargne, en vue d'instaurer des << circuits courts >> entre sociétaires, les uns prêtant, les autres empruntant, tous étant solidaires en cas de non-remboursement.

Les principes sur lesquels repose l'organisation de ces caisses, fondée sur la libre adhésion de leurs membres, appelés aussi << sociétaires >>, sont très cohérents : la solidarité entre les prêteurs et les emprunteurs est illimitée, et engage leurs biens propres ; les crédits ne peuvent être accordés qu'aux sociétaires ; la circonscription géographique de la Caisse est restreinte, de façon à ce que chacun puisse se connaître (c'est le corollaire de la responsabilité illimitée) ; les fonctions d'administrateur, représentant les sociétaires, sont bénévoles ; l'excédent financier, après remboursement des prêts et versement des intérêts aux prêteurs, n'est pas distribué et demeure la propriété de l'association.

À partir de la Rhénanie, les Caisses Raiffeisen s'étendent en Hesse, en Westphalie, en Bavière, puis dans toute l'Allemagne, et en 1882, en Alsace-Lorraine.

En 1869, Raiffeisen met en place des caisses régionales pour exercer la compensation entre les caisses locales et la gestion des excédents de dépôts. Les caisses locales en sont les actionnaires. En 1874, il crée un troisième degré financier avec la Caisse centrale de prêt à l'agriculture, qui parachève l'édifice et aura pour mission de contrôler l'ensemble des caisses, lorsque ce contrôle est rendu obligatoire par la loi allemande du 1er mai 1889 sur les associations coopératives.

 
 

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À sa mort, Friedrich Wilhelm Raiffeisen aura mis en place tous les éléments du Crédit mutuel : les principes de fonctionnement des caisses locales, les trois degrés, la compensation financière, le contrôle.

Ce système est à l'origine du Crédit agricole et du Crédit mutuel en France, de la Raiffeisen Bank en Allemagne, des Caisses Raiffeisen en Suisse, des Caisses Desjardins au Québec, de la Rabobank en Hollande, de la C.E.R.A. en Belgique, ainsi que d'innombrables banques coopératives à travers le monde.

L?analyse de ces mouvements mutualistes s?est axée essentiellement sur ces deux précédents grands auteurs. Mais il n?est pas sans savoir que d?autre ont aussi développé ce même travail en Europe et dans en Asie.

B : Diagnostic du secteur de la micro finance

Depuis son émergence à la fin des années 1980, le secteur de la micro finance au Sénégal est en pleine croissance. En effet, on compte aujourd?hui plus de 900 structures financières décentralisées reconnues (mutuelles de base, groupements d?épargne et de crédit et structures signataires de convention). Ces structures offrent des services et produits financiers à des populations actives à divers niveaux et secteurs de l?économie nationale contribuant ainsi à la croissance économique et à la lutte contre la pauvreté.

Sur la période 1993 #177; 20036, le secteur a connu une progression fulgurante en termes de nombre de structures et de volume d?opérations. Les statistiques montrent une évolution allant de 18 structures à 724 (MEC, GEC et systèmes sous convention). Cependant la répartition des IMF sur le territoire est déséquilibrée avec des zones de forte concentration (Dakar et Thiès : 40% des SFD) et des zones peu touchées (Diourbel, Fatick, Kolda, Matam et Tambacounda).

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Données de la Direction des Systèmes Financiers décentralisés de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (DSFD/BCEAO),

 
 

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Au 31 décembre 2003, le secteur avait atteint les principaux résultats suivants :

- un nombre de bénéficiaires de 510 883 ;

- un volume de crédit de 57,8 milliards FCFA ;

- un encours de crédit s?élevant à 37,2 milliards FCFA pour les 7 réseaux constitués ;

- un encours de dépôts de 42,1 milliards FCFA ;

- des créances en souffrance de l?ordre de 1 milliard FCFA pour les 7 réseaux. Malgré sa remarquable croissance au cours des dernières années, le secteur est confronté à un certain nombre de contraintes et souffre de faiblesses susceptibles de freiner son développement. La professionnalisation des institutions est un des enjeux les plus préoccupants.

Mais le secteur dispose de nombreux atouts (dynamisme des acteurs, volonté affichée du Gouvernement, engagement des bailleurs de fonds...) et présente des opportunités d?investissement dans les domaines suivants :

- supervision et contrôle des IMF en vue d'une sécurisation du secteur ;

- promotion du secteur, coordination et concertation entre les acteurs opérationnels et institutionnels ;

- professionnalisation des IMF en vue d'assurer une offre viable et pérenne de produits et services de micro finance notamment en zones rurales ;

- financement et refinancement du secteur permettant la prise en compte des besoins des MPE et PME.

Aussi important soit-elle, la Micro finance regorge dans les pays pauvres autant d?avantages que d?inconvénients. Mais dans un cadre plus restreint, le crédit peut être défini en termes de contrat synallagmatique consenti entre un agent de la Micro finance à un emprunteur tirant tous deux profits du crédit. Mis à part les risques que court la SFD en émettant des crédits c'est-à-dire des risques

d?ordres financiers entre autre, les IMF, les emprunteurs et mrme l?Etat se partagent les avantages et les inconvénients du crédit.

 
 

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L?avantage de la mutualité au niveau de l?agence de la micro finance est constitué en grande partie par la mise en oeuvre en réseau de leur système financier. Mais de ceci découle aussi un certain nombre d?inconvénients qui peuvent conduire la SFD en position défavorable quant à la bonne gestion de ressources.

L?agent de crédit qui bénéficie dans son portefeuille d?un client désirant solliciter un emprunt, devra lui faire suivre un certains nombre de procédures. Ces derniers peuvent ne pas être les mêmes dans toutes les IMF du Sénégal. Mais elles permettent à l?agent de l?IMF de recueillir un maximum

d?information sur son client lui permettant ainsi l?accord ou non du crédit.

Prenant l?exemple du PAMECAS où l?agent en face de son client emprunteur devra s?assurer de sa crédibilité en s?informant du but son crédit, de l?activité dans laquelle il évolue ainsi que d?autres paramètres. (Annexe2).

Par contre l?agent qui vient solliciter un crédit dans une IMF n?attend pas moins une rapidité d?obtention des fonds, une discrétion de son emprunt et surtout un remboursement avec un taux d?intéret pas trop élevé.

L?Etat qui lui utilise le crédit comme politique de financement de son économie, réglemente avec l?appuie de la BCEAO, les moyens d?actions des banques et institutions financières.

En somme, le concept de micro finance de son avènement à nos jours regorge

d?innombrable fonctionnalité faisant son développement celle de l?économie des pays et la diminution de la pauvreté.

 
 

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Section II : Situation de la Micro Finance dans les pays en développement.

 

A- Situation COMO ( 0 2 $

A-1- GENERALITE

Dans la région de l?UEMOA, Les pratiques d?épargne et de crédit (tontines, clubs d?épargne, caisses de solidarité, fonds rotatifs, coopératives d?épargne et de crédit) ont des origines anciennes. Cependant, la micro finance, en tant que secteur organisé, et sa contribution au développement économique ne sont reconnues qu?il y a une vingtaine d?années.

Les organisations qui opèrent dans le secteur peuvent être classées en trois catégories :

- les institutions d'épargne et de crédit ;

- les expériences de crédit direct ;

- les projets à volet crédit et les ONG qui ne font pas du crédit leur activité principale.

D?après les données de la Direction des Systèmes Financiers décentralisés de la Banque Centrale des Etats de l?Afrique de l?Ouest (DSFD/BCEAO), le secteur a évolué comme suit au cours de la période 1993 #177; 2003 :

- le nombre d?institutions a été multiplié par 6 atteignant 626 au 31 décembre 2003 ;

- le nombre de points de services (caisses de base, agences et bureaux...) est passé de 1136 à 2597 ;

- le nombre de clients/membres servis par ces institutions qui était de moins de 313 000 en 1993 a atteint 5 millions en décembre 2003;

- l?épargne mobilisée atteint 304 ,5 milliards de FCFA

- les prêts octroyés par ces institutions ont été multipliés par 10 au cours de la période considérée passant de 19,4 milliards à 200 milliards FCFA ;

-

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- des crédits en souffrance atteignent 8% de l?encours au 31 décembre 2003 ;

- une structuration progressive du secteur ;

- une qualité de service de plus en plus élevée.

Les Institutions de Micro finance (IMF) de la région UEMOA sont en majorité des coopératives d?épargne et de crédit (Coopec). Ensemble, ces Coopec concentrent 87% des 4 millions de clients touchés en 2003, gèrent 95% des dépôts et 80% des encours de crédit. Dix (10) IMF sur les 626 recensées en 2003 disposent de 80% des dépôts collectés et des opérations de crédit dans la région. Dans chaque pays de l?union, une ou deux institutions représentent plus de 50% des activités du secteur.

De mrme il faut noter que l?évolution fulgurante du secteur dans l?UEMOA n?est pas sans considération de dysfonctionnement imputable aux facteurs suivants :

- le non respect des dispositions législatives réglementaires et statutaires ;

- la faiblesse dans l?étude des dossiers d?autorisations d?exercer ;

- l?insuffisance dans les mécanismes internes et externes de surveillances et de contrôle

A-2- LA REGLEMENTATION ET STRATEGIE

Le cadre réglementaire a été complété par les instructions de la BCEAO relatives au contenu et aux modalités de collecte et d'organisation de l'information financière concernant les SFD. Cependant, il suscite des controverses relatives notamment à l?orientation mutualiste et ses incidences institutionnelles d'une part, et au taux d?usure et ses conséquences sur la viabilité des IMF d?autre part.

 
 

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Malgré des avancées régionales significatives en termes de clientèle, de collecte de l'épargne et d?allocation de crédit, le secteur se trouve confronté aux défis suivants, touchant davantage les grands réseaux mutualistes :

- la maîtrise de la croissance et l'application des principes de bonne gouvernance ;

- une meilleure organisation comptable et financière pour disposer de systèmes d'information et de gestion performants ;

- la formation et l'élaboration d'outils performants de contrôle ; - la qualité et le développement de l?offre de services ;

- la recherche de la viabilité et de la pérennité.

C?est pourquoi, des grands réseaux mutualistes se regroupent et tentent de trouver en commun des leviers techniques et financiers pouvant leur permettre de développer leur marché respectif à travers une offre de produits et services diversifiés et rentables.

En outre, à l'initiative de la DSFD/BCEAO, une mobilisation générale des intervenants dans le secteur s'organise pour trouver des solutions adaptées à la situation de crise que connaissent certains de ces grands réseaux. Dans son nouveau programme régional en cours d?élaboration, la DSFD/BCEAO met l?accent sur les trois volets suivants : réglementation, supervision et information.

Grâce à l'appui de nombreux bailleurs de fonds, l'organisation du secteur se poursuit dans tous les pays de l?UEMOA. Des politiques et stratégies nationales se mettent en place avec comme objectif principal l?intégration du secteur de la micro finance dans le secteur financier national et comme objectifs spécifiques :

- la reconnaissance et la moralisation de la profession ;

- la diffusion des meilleures pratiques ;

- la professionnalisation des institutions ;

- une plus grande contribution du secteur à la lutte contre la pauvreté ;

- la recherche de la pérennité des institutions ;

-

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- une meilleure coordination des interventions.
B- Situation au Sénégal

La population sénégalaise (principalement les ruraux) s?intéresse de plus en plus aux mutuelles d'épargne et de crédit. Ces dernières ont pour mission de rendre aux adhérents des services financiers aux meilleures conditions. Les adhérents mettent en commun leurs épargnes pour fructifier et se procurer mutuellement des services financiers à des termes et conditions dont-ils conviennent ensemble. Les finalités de ces sociétés sont de :

i) favoriser l'émergence réseau autonome d'institutions financières mutualistes capables d'améliorer de façon significative l'intermédiation financière en milieu rural et garantir sa pérennité ;

ii) collecter l'épargne, la faire fructifier et rétrocéder en crédit pour le financement des initiatives économique de base ;

B-1- BUT DES MEC Les MEC ont pour but de :

a) mettre en commun l'épargne des membres, fructifier leur épargne en leur consentant des prêts à des conditions convenables ;

b) rendre à ses membres des services de bonnes qualités et adaptables au milieu ;

c) stimuler l'esprit d'initiative individuel et collectif des membres ;

d) travailler d'une façon rentable pour aboutir à un autofinancement et une prise en charge progressive ;

e)

f)

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e) Aider les membres à être actifs dans les milieux socio-économiques respectifs.

B-2- L'EXPERTISE DANS LES MEC

Les Mutuelles souffrent souvent d'un manque de main d'oeuvre qualifiée. Le recrutement d?agent n?est souvent pas fait sur la base du mérite en matière de diplôme et d?expérience professionnelle mais très souvent en fonction des liens de parenté. Ce qui ne développe pas les activités des MEC, car ont plus besoin d?une expertise qualifiée et bien formée. Cette formation leur permettra de :

* maîtriser les outils de gestion de base (journal de caisse, gestion de stock, compte de résultat, budget prévisionnel...) ;

* élaborer un bon dossier de demande de crédit et bien gérer un crédit ;

* mettre en place une gestion administrative de base ;

* former un groupe aux connaissances et pratiques acquises ;

* définir les étapes d'un plan stratégique en suivant une approche de marché et les appliquer à leur institution ;

* réaliser une étude pour déterminer qui et oil sont les clients ;

* évaluer leur propre institution, en identifiant ses forces et ses faiblesses etc.

La visite de certaines mutuelles nous a permis de constater que dans la plupart d'entre elles :

 
 

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- il n'existe pas de politique claire de gestion des ressources humaines avec une définition précise des taches et des responsabilités des membres du personnel. Les agents ne disposent pas encore de fiches de poste formalisées.

- il n'y a pratiquement pas d'agents de crédit qualifiés, chargés de l'étude des demandes, du suivi et du recouvrement des prêts.

Ceci à pour conséquence un suivi du portefeuille parfois défaillant et une absence d'homogénéité du travail mené par les agents de crédit et ceux du recouvrement.

- le personnel technique manque de formation pour produire et analyser les ratios de gestion classiques. Il n'y a donc pas d'analyse financière.

En définitif, le besoin de formation du personnel de ces structures financières reste un défi à relever. Ainsi des politiques sont menées par certaines institutions pou palier à cela : c?est le cas du PAMECAS qui finance, par un prit, la formation de ses agents.

 

CONCLUSION

Les expériences du Professeur Yunnus, après être bien constatées au Bangladesh s?internationalisent, et aujourd?hui au Sénégal, il est noté un développement fulgurant du secteur et la réduction de la pauvreté. L?Etat utilise le crédit comme politique de financement de son économie d?où les IMF sont les biens venus.

Il va de soit donc pour les IMF d?être plus compétitifs dans le marché par la bonne formation de leurs agents.

Toutefois il est important de noter que le milieu la banque ou de la micro finance, en particulier, demeure et reste très risqué.

 
 

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CHAPITRE 2 :

LE DIAGNOSTIC DES RISQUES

 

INTRODUCTION

Les IC font partie des agents économiques qui sont en contact quotidienne de risques qui entravent leur fonction principale de collecte des dépôts et d?octroi de crédit. L'environnement bancaire est très instable et très vulnérable face aux différentes fluctuations de la sphère monétaire. Face à ces différentes perturbations les IC sont de plus en plus menacées par une diversité de risques nuisant à son activité et à sa position sur le marché financier.

Toute IMF est vulnérable aux risques auxquels elle est exposée. Même avec un processus efficace de gestion des risques, elle ne peut les éliminer complètement. Mais elle peut et doit réduire de façon significative leur vulnérabilité car étant parfois la cause de faillite dans certains cas.

Le risque n?est pas un mal en soi, il faut comprendre par ce concept qu?il est l?exposition à une forte probabilité de perte. Et de toutes les relations de crédit, le risque de non remboursement ne peut être écarté, même si les IMF savent parfaitement analyser les informations fournies par les emprunteurs, même si la stabilité des relations de clientèle facilite l?appréciation du risque et mme si des garanties ont été prises, la problématique de défaut de l?emprunteur n?est jamais nulle. Ainsi lorsque l?insolvabilité se manifeste, la banque subit des pertes qui peuvent compromettre sa pérennité.

 
 

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Au Sénégal, chaque IMF élabore sa propre politique de gestion des risques grâce à des experts dans la matière. Cette politique leur permettra de réduire au maximum la probabilité de perte qui pourrait en découler.

Les risques courus par les IMF sont souvent classés suivant leurs domaines en risques de types institutionnels, des types opérationnels, en risques de gestions financières et enfin en une catégorie de risques externes.

Pour une étude beaucoup plus adaptée aux difficultés que rencontre la majeure partie des IMF du Sénégal, nous allons étudier le problème du recouvrement de crédit qui appartient à la famille de risques opérationnels ainsi que la gestion de la liquidité bancaire issu des risques de gestions financières. L?étude particulière de ces deux types de risque suivra celle introductif de l?évaluation des risques dans un cadre plus large.

 
 

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SECTION I : IDENTIFICATION ET EVALUATION DES RISQUES

A : DEFINITION DE RISQUES

Le risque est une exposition à un danger potentiel, inhérent à une situation ou une activité. Mais réduire le danger et réduire le risque sont deux choses distinctes. La réduction des risques est une démarche archaïque par rapport à celle de la réduction des dangers.

Le sens commun fait la confusion entre un danger et un risque. Un risque ou un danger, dans l'acception anthropique la plus commune, est une situation susceptible d'altérer gravement l'intégrité physique d'une personne. On dit par exemple que l'on court le risque De ne pas être remboursé lorsqu'on prête sans études préalables, mais que l'on se met en danger lorsqu'on ne recouvre pas nos créances.

Le danger ou le risque engendre la peur et incite à la prudence, y faire face nécessite du courage ou parfois de l'inconscience.

Le risque peut être défini suivant une acception technique et entrepreneuriale et suivant une définition scientifique.

 

Acception Technique :

Dans le domaine de la sécurité industrielle, le risque se définit comme l'existence d'une probabilité de voir un danger se concrétiser dans un ou plusieurs scénarios, associée à des conséquences dommageables sur des biens ou des personnes.

 
 

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Le niveau de risque se quantifie alors par la combinaison linéaire des multiplications entre la probabilité d'occurrence de chaque scénario et l'amplitude de la gravité des conséquences du scénario associé.

Acception Entrepreneuriale

Le risque est ici la coexistence d'un aléa et d'un enjeu. Lorsqu'une personne prend un risque, elle entreprend une action avec un espoir de gain et/ou une possibilité de perte :

- aléa : les conséquences de l'action entreprise ne sont pas totalement prévisibles ;

- enjeu : il y a espoir de gain et/ou crainte de perte.

On peut appliquer ce concept dans la gestion d'entreprise ou la finance :

- aléa : on ne peut pas prédire totalement comment va évoluer le marché, quelles seront les innovations techniques, comment vont évoluer les besoins des clients,

- enjeu : le gain espéré est un retour sur investissement, un maintien ou une progression de l'activité (prendre des parts de marché) ; la perte peut être une absence de retour sur investissement, une baisse d?activité.

Définition Scientifique

Daniel Bernoulli7, en 1738, apporte la première définition scientifique : « le risque est l'espérance mathématique d'une fonction de probabilité d'événements ». En termes plus simples, il s'agit de la valeur moyenne des conséquences d'événements affectés de leur probabilité. Ainsi, un événement e1 a une probabilité d'occurrence p1 avec une conséquence probable C1 ; de même

7 Spécimen theoriae novae de mensura sortis

 
 

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un événement en aura une probabilité pn et une conséquence Cn, alors le risque r vaudra

r = p1·C1 + p2·C2 + ... + pn·Cn ?pi·Ci. Le produit pi·Ci est appelé valeur de l'aléa i.

Cette définition implique, pour le calcul du risque, la connaissance d'une suite statistique d'événements ou pour le moins une estimation approchée ou subjective des diverses plausibilités (probabilités supposées) et des conséquences des aléas imaginés, lorsque l'on ne dispose pas d'historiques d'événements et que malgré cela on souhaite évaluer un risque.

Si l'on a fait une analyse exhaustive, alors, toutes les situations ayant été identifiées, on a

?pi = 1 et donc

 

.

Le risque est donc le barycentre des événement, ou, pour prendre une métaphore tirée de la physique, il apparaît comme le centre de gravité des conséquences des événements pondérés par les probabilités d'occurrence.

On notera avec intérêt que le risque est la somme des aléas et que le produit de la fréquence et de la gravité souvent évoqué ne représente nullement le risque mais seulement la valeur d'un aléa déterminé

La difficulté est souvent de chiffrer les probabilités pi et les conséquences Ci.
Cela est simple dans certains cas, par exemple pour les jeux de loterie, il est en
revanche plus compliqué de chiffrer la probabilité d'occurrence d'événements

 
 

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rares ou d'événements probables mais n'ayant jamais eu lieu (domaine innovant), et de chiffrer les conséquences en général : quelle chiffre mettre derrière une blessure, un décès, une atteinte morale, une pollution de l'environnement ?

En définitive, connaissant les différentes définitions du risque, l?IMF devra ensuite pouvoir les identifier et bien les percevoir dans son milieu.

 

B : IDENTIFICATION ET PERCEPTION DE RISQUE

On a vu que la sensation de risque est un phénomène très subjectif, voire irrationnel, lié à la façon qu'a un individu de percevoir une situation dans son environnement, ce qui dépend pour une bonne part du capital culturel de l'individu et de ses intérêts. Ces perceptions diffèrent d'un individu à un autre. Il peut d'ailleurs exister un décalage d'appréciation entre les dirigeants et les employés, ces derniers ayant une vision nécessairement plus opérationnelle. Différents facteurs peuvent entrer en ligne de compte pour entraver la perception collective d'une situation : des raisonnements fallacieux, des sophismes, des biais cognitifs (illusion, ...) qui, selon les cas, peuvent être conscients ou inconscients.

Pour que la perception du risque ne soit pas entravée par ces phénomènes, il est tout-à-fait souhaitable que l'entreprise mette en place un dispositif de veille, de manière à détecter les signaux faibles le plus tôt possible.

La perception du risque porte dans un premier temps essentiellement sur les facteurs de risque (ou périls). Le dispositif de veille doit prévoir un partage des signaux perçus pour en valider les traits principaux.

Ainsi, la gestion du risque, ou la prise de risques calculés, réduit la probabilité
de réaliser des pertes et minimise le degré de la perte au cas oil celle-ci
arriverait. La gestion de risque implique la prévention des problèmes potentiels

 
 

Ibrahima Ghindo DIOP

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et la détection anticipée des problèmes réels quand ceux-ci arrivent. En tant que telle, la gestion des risques est un processus continu à trois étapes8:

2- Concevoir et

mettre

en oeuvre les
contrôles

actuelles et futures

1- Identifier les

vulnérabilités

pour mitiger les
risques

3- Suivre l'effectivité

des
contrôles

Figure 1: Processus de Gestion des Risques à trois étapes

Identifier les Vulnérabilités : Avant de gérer des risques au sein d'une organisation, il est important d?identifier au préalable les faiblesses, limites et menaces actuelles et potentielles de l?organisation. Un aspect important de gestion de risques est de prévoir les risques probables de l'organisation à court, moyen et long terme.

&10IvoUL17It17PIttrI 17In17oeXvII 17dIs 17TyAPII 17TI 17cUtrôlI1 17:17Une fois que l?IMF ait identifié ces points vulnérables, elle peut concevoir et mettre en

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MANUEL DE GESTION DES RISQUES EN MICROFINANCE, Craig Churchill et Dan Coster

 
 

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exécution des mesures de contrôles afin d?amoindrir ces risques. Les responsables des IMF devraient pouvoir adapter les différents systèmes de contrôle à leur typologie particulière ainsi qu'à leur environnement. Par exemple, le recours préalable à une garantie physique peut représenter une solution alternative pour minimiser les risques sur créances dans un environnement financier particulier alors que la caution solidaire peut être un recours approprié dans d'autres environnements.

Suivre l'efficacité des systèmes de contrôle en place : Les IMF doivent pouvoir suivre et apprécier son degré de fonctionnalité et son efficacité. Les outils de suivi consistent avant tout en un tableau de bord d'indicateurs de performance que les Directeurs et Administrateurs doivent établir et suivre afin de s'assurer de la bonne gestion de l?IMF.

Cette procédure de gestion de risques à trois niveaux est un processus continu en raison notamment de la grande variabilité de la vulnérabilité dans le temps. Egalement, les risques varient sensiblement selon l?étape de développement de l?institution. Une IMF avec 2.500 emprunteurs va connaître des défis différents d?une organisation avec un portefeuille de 25. 000 clients.

En tant que participants dans une nouvelle industrie, les IMF ne peuvent pas se permettre de se laisser aller à l?autosatisfaction si elles veulent éviter d?être surprises par des innovations, la concurrence et les nouvelles réglementations et bien d?autres facteurs.

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Parallèlement à l?analyse de l?état actuel de l?organisation, la gestion des risques implique également l?utilisation des méthodes d?anticipation des changements probables dans l?environnement interne et externe dans le court, moyen et long terme. Puisque personne ne peut prédire avec exactitude l?avenir, il est recommandé d?utiliser différents cas de figure ou hypothèses, des plus optimistes, raisonnables aux pessimistes sur chacune des trois périodes précédemment décrites. Quoiqu'il soit inconfortable d'envisager également le

 
 

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pire des scénarios dans cet exercice, la gestion des risques suppose une approche conservatrice dans l'estimation des résultats.

Il est très important de noter que les IMF ne pourront pas complètement échapper à l'ensemble des risques auxquels elles sont exposées. Tout effort d'anticipation et de gestion de l'ensemble des risques potentiels générerait d'importants coûts d'opportunité et exposerait ainsi l'IMF à d'autres catégories de risques. La gestion de risques requiert également la recherche d'équilibre approprié entre les coûts engagés et l'efficacité du système de contrôle, ainsi que leurs effets nets sur la clientèle et le personnel de l'IMF.

 

C: EVALUATION DES RISQUES

L'évaluation des risques est le facteur déterminant de toute prise de décision. Elle est bien trop souvent intuitive dans nos actions de tous les jours, mais gagne à être formalisée dans le cadre d'un projet industriel qui comporte une dimension financière.

Donc le risque apparaît comme l'un des défis actuels des dirigeants pour le définir, le mesurer et le gérer pour améliorer la performance. On note en général quatre types de risques : institutionnels, opérationnels, externes et de gestion financières. Bien que notre travail soit essentiellement axé sur deux catégories de risques (le recouvrement de crédit et la gestion de la liquidité) appartenant respectivement aux risques opérationnels et aux risques de gestion financière, il serait important d?avoir des notions sur l?ensemble des risques que peuvent courir les IMF.

 
 

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RISQUES

INSTITUTIONNELS

OPERATIONNELS

RISQUES

RISQUES DE GESTION

FINANCIERE

RISQUES
EXTERN ES

Figure 2: Catégories des Risques en Micro finance

i. RISQUES INSTITUTIONNELS

Le succès d'une institution de micro finance est défini comme la capacité de cette dernière à fournir, de façon indépendante, des services financiers à un nombre important de personnes à faibles revenus, et ce de façon durable. L?évaluation des risques par rapport à cette définition expose l?organisation à trois niveaux de risques institutionnels : risques liés à la mission sociale, risques liés à la mission commerciale et risque de dépendance.

ii. Risques Externes

Bien que les directeurs et les gérants des IMF aient moins de contrôle sur les risques externes, ils doivent néanmoins évaluer les risques externes auxquels ces dernières sont exposées. Une institution de micro finance peut disposer d'un personnel et d'un système de gestion et de contrôle très performant, mais elle pourrait cependant être confrontée à d?énormes problèmes provenant de son environnement. Les risques externes échappent le plus souvent au contrôle

 
 

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interne de l?IMF concernée, cependant il est nécessaire que ces risques soient perçus comme des défis auxquels l?IMF doit faire face au risque d?être exposée à de faibles performances.

iii. Risques Opérationnels

Le risque opérationnel est la vulnérabilité à laquelle est confrontée l?IMF dans sa gestion quotidienne ainsi que la qualité de son portefeuille (risque de crédit), le risque de fraude et le vol (risque de sécurité).

iv. Risques de gestion financière

La vulnérabilité financière d?une IMF se résume aux risques réels subis par ses emplois (actifs ou patrimoine) ou ses ressources (passifs ou dettes). Elle est composée de risques liés aux taux d?intérêts, des risques de liquidité et risques de change avec les devises étrangères. En plus l?inefficience et l?intégrité du système font aussi parti de ces types de risques de gestion financière.

En fin, il serait important de noter que la direction et le conseil d?administration d?une IMF doivent considérer chacun des risques comme des points vulnérables. C?est leurs responsabilités d?évaluer le niveau d?exposition de l?institution aux risques, d?hiérarchiser les domaines les plus vulnérables et de s?assurer qu?un système de contrôles des normes est mis en place pour minimiser les risques de l?IMF. Dans la section suivante, nous nous imprégnerons dans le but même du sujet à savoir comprendre le recouvrement de crédit et la gestion de la liquidité

bancaire pour mieux réduire leur vulnérabilité dans les IMF du Sénégal.

 
 

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Section II: Recouvrement de crédit et Gestion de la liquidité

A : Le Recouvrement de Crédit

Comme pour toutes les institutions financières, le plus grand risque en matière de micro finance est d?octroyer un crédit et ne pas se le faire rembourser. Le risque de crédit est une préoccupation particulière dans les IMF dans la mesure où la plupart des micros crédits ne sont pas garantis. (C?est à dire qu?ils ne sont soumis à aucune garantie formelle, classique ou bancaire). Pour déterminer la vulnérabilité d?une institution ou risque de crédit, on doit revoir les politiques et les procédures à chaque niveau dans les processus d?octroi de crédit pour déterminer si les risques de défaillance et de pertes sur créances sont réduits à un niveau suffisamment raisonnable. Ces politiques et procédures comprennent les critères d?éligibilité, le processus d?étude des dossiers de prts et les niveaux d?approbation, le dispositif de garantie ou exigences de sécurité utilisés pour la motivation du personnel et des emprunteurs défaillants. En plus il va falloir analyser si les procédures et les politiques sont bien fondés et savoir si elles sont appliquées. Les meilleures politiques dans le monde n?ont point de sens si le personnel n?est pas bien formé pour les exécuter ou s?il choisit de ne pas les suivre.

+ A-I : DEFINITION ET APPROCHE

Le risque de crédit est le plus connu des risques opérationnels et constitue la plus grave des vulnérabilités d?une institution de micro finance. Selon CARE9 ce risque se défini comme « la détérioration de la qualité du portefeuille crédit qui cause les pertes et crée des charges énormes en gestion de la défaillance. Ce risque aussi connu comme le risque de défaillance, est lié à l?incapacité du client de respecter les termes du contrat de prêt. »10

9 CARE est un organisme d'aide a la gestion des IMF

10 CARE 2001

 
 

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Le recouvrement est alors un processus de gestion de risque qui est autant crucial que delicat.

Il vise à recouvrer des sommes prêtees à un client ne respectant pas ses engagements. Il incombe donc de definir le caractère delicat et crucial qu?engendre le recouvrement de crédit.

Délicat dans un premier temps car elle vise à mettre en oeuvre un système efficace de gestion afin d?établir les rôles de tous les intervenants dans un dossier affichant un retard. L?agent de recouvrement utilise un « tableau de bord » propre au contrôleur de gestion lui permettant ainsi un parfait pilotage de son portefeuille de credit en souffrance. Ainsi il met en relation des agents de credit, des gerants, des analystes en credit, des dirigeants, des conseillers juridiques, etc.

Les credits en souffrance qui font l?objet d?un recouvrement, correspondent au montant total des credits aux membres ou beneficiaires (court, moyen et long terme) dont une echeance au moins est impayee depuis plus de trois mois. D?après cette définition, n?est donc pas considéré comme crédit en souffrance un credit dont une echeance est impayee depuis moins de trois mois. Alors on peut valablement mettre en corrélation crédit en souffrance et l?échéance de trois mois.

Cependant il est important de mettre en place une politique de recouvrement rationnelle et rigoureuse qui oblige tout mauvais payeur de s?acquitter de ses obligations en raison de la pression qui lui sera exercee.

A cote de son caractère delicat, le recouvrement est aussi crucial car il amoindrit les risques de mauvaises creances dont il est sujet.

 
 

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Selon un document tiré des archives de la mutuelle d?épargne et de crédit PAMECAS-MBOUR, « l?objet premier d?un processus de recouvrement doit etre la protection de l?épargne de nos membres »

En d?autres termes, le recouvrement de créance consiste pour le créancier à utiliser tous les moyens légaux, amiables ou judiciaires, pour obtenir du débiteur le paiement d?une somme de la créance.

A-II : PROCESSUS DE RECOUVREMENT

Au Sénégal, malgré la diversité des IMF dans leur fonctionnement et leur politiques de gestions, le processus de recouvrement est souvent le même.

Le créancier dispose à cet effet de deux possibilités :

- la voie amiable, sans procédure judiciaire : il utilise ses propres moyens ou mandate un tiers, agence de recouvrement

m u huissier de justice;

- la voie judiciaire : il demande au juge de proximité ou au juge du tribunal d?instance de rendre une injonction de payer.

Lorsque le créancier n?arrive pas à se faire rembourser sa créance, il engage souvent dans un premier temps un recouvrement amiable. Si les tentatives restent infructueuses et que le débiteur ne paie pas, il peut s?orienter vers des mesures conservatoires.

Par exemple l?inscription provisoire d?une sfireté (gage, hypothèque...) ou une procédure de saisie conservatoire ~ ou un recouvrement judiciaire. Il s?agit dans ce dernier cas, d?une action en justice dont le but est d?obtenir un jugement vous condamnant à rembourser votre dette.

A Dakar (Sénégal) « Express Recouvrement » comme « COFACE SICR », est un des agences qui assure le recouvrement, amiable ou judiciaire, de créances et factures impayées depuis plus de quinze ans. Le cabinet, avec son directeur,

 
 

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André Faye, procède également au recouvrement international au profit d?entreprises françaises, belges ou étrangères.

i. / l rifiCaliP Ht à ApP ipEle

Lorsque la dette est certaine (établie par des preuves telles qu'un contrat et un bon de livraison par exemple), liquide et exigible (délai de paiement dépassé), le créancier entamera alors une phase dite de recouvrement amiable.

Le recouvrement amiable débute dès lors que le débiteur en est informé par une relance. Cette relance doit contenir certaines mentions juridiquement établies à l?image des agents du PAMECAS

nom, adresse du créancier.

montant, nature et détail de la créance

mention de l'obligation de payer et textes législatifs

Les personnes chargées du recouvrement amiable ont pour mission d?écouter et de contacter le client en vue de parvenir à une solution amiable aux difficultés de paiement qu?il rencontre et, maintenir la relation commerciale avec lui.

Le recouvrement amiable est une phase extrêmement importante de la relation entre un emprunteur et un priteur. Les IMF s?engagent à respecter et faire respecter par les personnes physiques ou morales agissant pour leur compte (agent de recouvrement par exemple) les règles déontologiques suivantes dans leur démarche de recouvrement amiable :

Les règles du recouvrement amiable :

A tout moment de la procédure amiable, le pr~teur s?engage à ne pas exercer de pression morale sur le débiteur et à réduire au strict nécessaire la fréquence des contacts. En cas d?impayé, le prteur prend contact avec le client en utilisant tout d?abord les coordonnées personnelles, ou à défaut professionnelles,

 
 

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communiquées par l?emprunteur. L?object if est de parvenir à un règlement

amiable du problème et d?éviter, autant que possible, la déchéance du terme ou la résiliation du contrat.

Les méthodes de recouvrement à l'amiable d'un impayé suit souvent le même processus :

- D

- Proposition d
impossible.

L?agent chargé du recouvrement devra cependant s?assurer de ne pas tomber

peut pas toutes les résoudre. A

recouvrement ou des huissiers.

ii.

Le recouvrement contentieux ou judiciaire

Les majeures parties des IMF n?arrivent pas à cette étape car les agents de crédit

meme l?étape du contentieux. En effet deux possibilités sont envisageables :
recouvrement amiables (80 % des dossiers) ou recouvrement judiciaire (20 % des dossiers).

A

 
 

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C?est sur cette base que le PAMECAS, donne l?ordre à ses conseillers juridiques et à ses chefs de caisse, pour un recouvrement de plus de 90jours, au contentieux de procéder à:

une Visite à domicile des membres

une Convocation des membres à la caisse un Suivi des engagements

un Appui des conseillers juridiques une Formalisation des engagements

Ainsi, le recouvrement contentieux ou juridique peut etre défini comme l?action utilisant tous les moyens de droit (amiables et judiciaires) pour aboutir au paiement de la créance due au créancier (Activité réglementée).

Il peut concerner les deux ordres de juridictions :

- Le juge administratif est compétent lorsque le débiteur conteste le fondement du titre exécutoire, sa liquidation. Cette instance doit être dirigée contre l?ordonnateur et non le comptable, qui ne peut défendre au fond (Ccass, 19/05/2005)

La contestation devant le juge administratif fait perdre au titre son caractère exécutoire, interrompt la prescription et bloque les poursuites jusqu?au jugement.

L?appel d?une décision défavorable au débiteur n?a pas d?effet suspensif et le comptable doit reprendre le recouvrement pour le montant arrêté par le juge de première instance.

- Le juge judiciaire11 (juge de l?exécution) est compétent si le débiteur conteste la procédure ou le recouvrement. Le débiteur ne pourra contester que la régularité formelle de l?acte de poursuite.

11

Revue Objectif Etablissement -- Hiver 2006

 
 

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A l?opposer du recouvrement à l?amiable, le processus juridique est souvent différent d?une IMF à l?autre. Mais de façon générale, son processus reste du ressort des agents juridiques. Ces derniers, après que l?IMF ait laissé quelques jours s'écouler après l'échéance, seront avertis pour un recouvrement contentieux.

Ils useront :

1. en premier lieu des procédés courtois (relances téléphoniques deux suffisent et écrites) pouvant déboucher sur une prorogation (amiable),

2. en cas d'échec, une seconde relance avec mise en demeure par voie
d'huissier est engagée,

3. enfin, si aucun règlement n'est intervenu, une procédure de recouvrement
en contentieux est alors engagée.

Cette procédure de recouvrem repose sur les atouts suivants :

appartenance à de grands groupes de renommée internationale,

équipes de juristes spécialistes du recouvrement,

traitements rapides et efficaces grâce à un système d'information performant,

service de proximité doublé d'un réseau mondial d'agent de recouvrement.

A coté de cette procédure, le recouvrement contentieux peut être réalisé par

l?huissier. Selon le montant de la dette, plus ou moins 350 000FCFA. L?huissier procédera ainsi:

_ A la réception de l?état exécutoire, l?huissier adresse un courrier au débiteur pour lui signifier son mandat et rappeler la dette. Il n?est pas rare que le règlement suive cette première demande.

 
 

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_ Si dans un délai de 8 à 10 jours, aucune réponse n?est enregistrée, un commandement avec injonction de payer est notifié au débiteur.

_ En l?absence de contact ou de règlement dans les 8 jours, une requete pour saisie des rémunérations. En dernier ressort, avec autorisation du mandant, une requete peut etre déposée auprès du juge d?exécution pour autorisation de saisie mobilière.

Au Sénégal, l?ACEP illustre bien l?efficacité du système huissier car arrive à récupérer pratiquement l?ensemble de ses créances grace à ce système.

En conclusion, Le recouvrement étant l'action qui consiste à percevoir une

somme d'argent due par un débiteur et dont la non perception de la créance peut conduire à la faillite de la caisse, les IMF doivent mener des actions de recouvrement de manière efficace et efficiente.

 

B : La gestion de la liquidité bancaire.

Appartenant à la famille des risques liés à la gestion financière, le risque de la gestion actif-passif représentent un tiers de la vulnérabilité pour les institutions de micro finance. Deux concepts appartenant au risque de gestion financière sont alors à définir, à savoir :

- le risque de gestion actif-passif

- le risque de liquidité

Il faudrait noter cependant que le risque de liquidité appartient au risque de gestion actif-passif.

> B-I : Définition et mesure du risque

Même les institutions de micro finance (IMF) les plus matures doivent surveiller leur bilan pour gérer les risques financiers. Toutes les institutions financières prennent des risques pour gagner de l?argent. La gestion des risques permet de déterminer l?équilibre idéal entre les pertes et les gains. Alors que les IMF diversifient leurs sources de financement, une gestion actif-passif (ou

 
 

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gestion bilancielle) solide devient essentielle pour évaluer et gérer les risques financiers.

La gestion Actif-Passif

Dans le secteur bancaire, la gestion de l?actif /passif se base fondamentalement sur la gestion de la marge d'intérêt, c'est-à-dire la différence positive entre le revenu net sur actifs circulant et le coût du capital. La gestion réussie de cette marge exige un contrôle sur le risque de taux d?intér~t, le suivi des fluctuations de devises étrangères, la liquidité et le risque de crédit.

Selon le Focus Note Numéro 55 de KARLA BROM12, « Les principes de gestion actif-passif applicables aux IMF à but non lucratif sont les mêmes que pour les grandes banques commerciales. Toutefois, la façon dont elles agissent à partir des informations disponibles est différente. Il est essentiel pour toute IMF de définir sa propension au risque, c?est-à-dire l?ampleur du risque financier qu?elle est disposée à prendre pour atteindre ses objectifs de rentabilité. Est-elle prite à s?exposer à des risques de change, de taux d?intér~t et d?illiquidité pour réaliser ses objectifs, ou sa philosophie consiste-t-elle davantage à se concentrer sur son métier, à savoir l?offre de produits et de services financiers sur des marchés non desservis, tout en minimisant autant que possible les risques financiers ? »

> B-II : La gestion du risque de liquidité

La liquidité s?adresse à la capacité d?une IMF de trouver immédiatement de l?argent pour faire face aux déboursements des prts, au paiement des factures et au remboursement des dettes. Le risque de la liquidité se pose quand une IMF est incapable de couvrir un déficit de liquidité. Le risque de liquidité est souvent le principal risque financier pour une institution financière.

Une IMF peut ne pas être rentable pendant un trimestre et rester en activité, mais elle ne pourrait pas survivre à une crise de liquidité. Les IMF

12

Juin 2009

 
 

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pensent souvent à tort qu?une bonne gestion des liquidités consiste à utiliser autant de liquidités que possible pour financer le portefeuille de prets (l?actif le plus productif) le plus rapidement possible, afin d?éviter de détenir des « liquidités improductives». Or, il ne s?agit pas dans ce cas de gestion des liquidités, mais plutôt de maximisation du profit. La gestion des liquidités consiste à opérer un arbitrage entre les objectifs de profit de l?organisation et le besoin de toujours disposer d?une réserve de liquidités en cas de retard de refinancement, d?augmentation du portefeuille à risque ou d?autres événements inattendus.

Le risque de liquidité est généralement compris comme le risque de ne pas pouvoir honorer en temps voulu ses obligations échues.

La gestion efficace de la liquidité exige aux IMF d?obtenir un équilibre entre le maintien de liquidité suffisante pour faire face aux besoins de trésorerie et d?obtenir des revenus par les investissements à long terme.

Une mesure clé pour la minimisation des risques de liquidité se réfère à la gestion même de la trésorerie. Celle-ci suppose la mise en place d'un plan de trésorerie, qui permet de s'assurer que le montant des encaissements est, en tout temps, égal ou supérieur au montant des décaissements. En raison de la nature cyclique de demande de crédit dans plusieurs pays et la tendance d?une expansion rapide des jeunes IMF dès le début des années, une IMF peut être envahie par de fortes demandes de prêts.

Pour faire face à ce flot de demande, le responsable financier doit établir un programme efficace de gestion des flux financiers. Ce programme13 doit s?assurer que:

- les besoins en liquidité sont planifiés sur une base d'hypothèses

pessimistes en vue de minimiser les crises probables de liquidité,

-une politique de plafonnement des niveaux de liquidité est élaborée

(plafond et plancher de l'encaisse),

13

Ledgerwood (1999), p. 255-256

 
 

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- les besoins en liquidité (plan de décaissement) sont prévus et planifiés, - les plans d'encaissement sont constamment mis à jour,

- les surplus de liquidité sont investis ou octroyés en crédit,

- une politique de liquidité minimale pour assurer la couverture des retraits de fonds des épargnants, et l'octroi de prêts aux membres ou à la clientèle.

CONCLUSION

Les Institutions de micro finances au Sénégal se confrontent à un bon nombre de risques dans leur environnement interne et externe. Le rôle du contrôleur de gestion dans l?organisation financière et opérationnelle de l?IMF se doit de minimiser les risques sous les contraintes techniques des mutations de son environnement.

Ainsi, ces IMF doivent procéder à des calculs mathématiques ou macroéconomiques (ratios) pour une gestion efficiente des risques.

 
 

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0H000T0E 3 :
000IT00U0 00 00S0I00 00S 0IS0U0S.

INTRODUCTION

Les Institutions de Micro finances (IMF) sont toutes vulnérables aux risques tels que décrits dans le chapitre précédent. Quand bien même les IMF ne peuvent pas éliminer tous les risques auxquels elles sont exposées, avec un processus efficace de gestion des risques, elles peuvent et doivent réduire de façon significative leur vulnérabilité. Et ainsi, pour promouvoir la bonne gestion de ces risques, l?institution se doit de prendre des mesures de gestion strictes et efficaces.

Le but ultime de cette politique est d?encourager une bonne gestion et la transparence. Elle est destinée principalement aux Directeurs des IMF et aux membres des Conseils d?Administration, qui sont responsables de la santé financière des institutions de micro finance. Et la gestion de ces dernières encouragera, une efficience des SFD, une très bonne qualité de portefeuille, une minimisation des risques de pertes sur créances ou de mauvaise gestion des fonds.

L?outil utilisé dans les analyses financières est appelé «ratio». C?est un coefficient calculé à partir d?une fraction, c?est-à-dire un rapport entre des Sommes tirées des états financiers. Sa détermination nous permet d?évaluer les points suivants:

- sa santé financière, donc sa rentabilité,

- sa solvabilité,

- ses risques encourus,

- sa probabilité de survie.

-

-

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De même, la problématique de la gestion des risques opérationnels reste très peu explorée dans les institutions de micro finance, qui contribue indéniablement à la financiarisation des populations exclues du secteur bancaire.

A partir de ce constat, cette recherche se donne pour objectif d?identifier aussi les pratiques de gestion des risques opérationnels dans les institutions de micro finance selon une approche exploratoire.

Ce dernier chapitre portant « la politique de gestion des risques » se fera en deux

sections. Ainsi nous analyserons l?impact de ces risques avant d?en finir avec des recommandations qui pourront être bien utiles.

Section 1 : Analyse des Risques

Le risque est inhérent à toute activité humaine, notamment dans les affaires. Dans les métiers de la banque, le risque est un élément que l'on vit au quotidien. En effet l'activité principale de la banque étant de distribuer du crédit, le risque de non remboursement est omniprésent. Les institutions de micro finance, qui contribuent indéniablement à la financiarisation des populations exclues du secteur bancaire, la problématique de la gestion des risques opérationnels reste très peu explorée.

De même, en matière de gestion financière, La gestion efficace de la liquidité exige aux IMF d?obtenir un équilibre entre le maintien des liquidités suffisantes pour faire face aux besoins de trésorerie et d?obtenir des revenus par les investissements à long terme. Une mesure clé pour la minimisation les risques de liquidité se réfère à la gestion même de la trésorerie. Cette gestion suppose la mise en place d'un plan de trésorerie, qui permet de s'assurer que le montant des encaissements est, en tout temps, égal ou supérieur au montant des décaissements.

Comment les IMF du Sénégal parviennent-elles à maitriser ces risques ? Quels ratios utilisent-elles ?

 
 

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A : Analyse Théorique

Notre première interrogation nous mène à définir la littérature sur la gestion des crédits en souffrance et de celle de la gestion de la liquidité en vu de minimiser les risques courus par l?Institution.

Le Recouvrement de Crédit

Il est important de noter que le recouvrement des créances ne constitue pas un risque en soi, mais il est la procédure que doit suivre toutes IMF ou tous agents de crédit pour récupérer les sommes prtés. En d?autres termes on parle de recouvrement que lorsque le débiteur ne répond pas à ses obligations initiales.

Sur cette base, il ne serait pas possible, à notre niveau, de mesurer le recouvrement tel qu?il soit, mais par contre de mesurer ou d?analyser les risques de crédit. Et rappelons le, une mauvaise gestion des crédits est nuisible à la santé financière de la SFD.

Cependant, la gestion du risque de crédit peut se présenter sous les aspects des mesures préventives que les prêteurs prennent en amont de l?octroi du crédit et les mesures d?encouragement en aval du déboursement, pour permettre le remboursement dans les délais. En effet, avant d?octroyer un crédit, le créancier peut réduire le risque de crédit en prenant certaines mesures de contrôle qui réduisent la défaillance ou la perte potentielle lors de la conception du crédit, telles que l?enquite sur l?historique du client, l?orientation du client sur les attentes et les procédures de l?IMF. Une fois que le crédit soit octroyé, la gestion du risque client transforme les mesures de contrôle qui réduisent la perte potentielle en mesures de contrôles qui réduisent des pertes réelles. Par conséquent, les procédures de gestion de la défaillance sont des composantes clé dans la gestion des risques de crédit. CARE14 traite les quatre mesures clés de contrôle de risque de crédit :

14 C'est un organisme d?appui aux IMF

 
 

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1) la conception du produit

Les produits de credit doivent être developpes pour répondre à l?objectif pour lequel le credit est destine. Par exemple, un credit destine à ravitailler une boutique d?épicerie d?à côté aura un échéancier de remboursement différent et utilisera un mode de garantie différent d?un crédit destiné à l?achat d?une machine à coudre.

Pour les nouveaux clients, les IMF adoptent souvent des approches de developpement de produits classiques telles que les petits montants, des credits à court terme, et des fréquences de remboursement rapides. C?est dans ce sens que le PAMECAS de façon generale impose un cautionnement de 25% à ses membres lors d?un premier prt, de 20% durant le second et enfin de 15% pour les autres pr~ts à venir. Mais cette diminution du taux de cautionnement n?est valable que si le débiteur respecte ses engagements dans les délais à l?issu de chaque prêt.

Des nouveaux clients sont classés comme risque élevé. Une fois qu?un historique de credit est établi avec l?IMF on pourrait le considérer comme moins de risque et l?IMF peut reduire ses garde-fous.

2) le choix du client

Le premier pas pour limiter le risque credit implique le choix des clients pour s?assurer qu?ils ont la volonté et la capacité de rembourser le prIt. En analysant le profil du client par rapport au credit, les institutions de micro finance utilisent generalement la règle des cinq C qui sont des composantes pertinentes pour toute sorte d?institution de credit.

3) les comites de credit

L?établissement d?un comité de plusieurs personnes pour la prise de décisions d?octroi des crédits est une mesure essentielle de contrôle pour reduire le risque de credit (et la fraude).

S?il revient à un seul individu de prendre des décisions d?octroi de crédit, d?annulation de crédit ou de rééchelonnement ou sur les termes d?octroi de

 
 

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crédit, ce pouvoir peut être facilement abusé. Certains agents de crédits peuvent faire partie de ce comité, et il est souhaitable qu?au moins un individu avec un niveau de responsabilité élevé soit impliqué.

Par exemple, le cas de la mutuelle d?épargne et de Crédit PAMECAS-Mbour l?illustre bien. Le CA se réuni à cette effet tous les Mercredi en vue d?analyser les demandes de prts de la semaine. A l?issu de cette rencontre, cette CA et les agents de crédit publient un PV (procès verbal) listant tous les crédits acceptés ou non.

4) la gestion de la défaillance.

Les trois premiers types de systèmes conçus pour limiter le risque dans les opérations de crédits - politique de crédit, identification des clients, et comités d?octroi de crédits servent à éviter le non-paiement des prêts d?où pourrait découle la perte de fonds de crédits. Cependant c?est irréaliste de vouloir développer un produit parfait et choisir seulement le client parfait pour éviter la défaillance dans les paiements. Certains prêts deviennent à la longue défaillants et inévitablement non-recouvrables. Pour réduire ces cas de défaillance la cellule de Développement Economique de CARE recommande les six méthodes pour la gestion de défaillance ci-après:

- Culture Institutionnelle: Une méthode essentielle pour la gestion de défaillance est d?entretenir une culture institutionnelle basée sur la tolérance zéro de retards et un suivi automatique des comptes accusant de retard de paiements. Les Institutions de Micro finance (IMF) peuvent également rappeler aux clients dont les comptes sont récemment devenus défaillants que leur jour de remboursement s?approche.

- L'orientation des Clients:

- Les primes d'encouragement aux membres du personnel : L?implication des membres du personnel en vue de décourager la défaillance peut

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s?avérer efficace avec l?instauration d?un système de primes d?encouragement.

- Les pénalités sur défaillances : Les clients doivent être pénalisés pour le retard de paiements. Ceci pourrait impliquer selon la performance, l?application des charges au prorata du nombre de jours de retard et limiter l?accès au renouvellement des prets aux clients.

- Respect des termes de contrat

- Le rééchelonnement du crédit : Considérant la durabilité du marché ciblé il arrive souvent que des emprunteurs aient la volonté mais ne soient pas en mesure de payer. Après s?etre assuré que ceci est réellement le cas (c'est-à-dire de s?assurer que les clients ne sont pas entrain de jouer avec les sentiments), il serait approprié de rééchelonner un certain nombre de crédits. Ceci doit être fait dans des conditions exceptionnelles qui peuvent impliquer par exemple l?extension du terme de crédit et/ou la réduction en montant périodique à rembourser. Les IMF doivent avoir des politiques transparentes de rééchelonnement et doivent envoyer leur accord à temps.

La Gestion de la liquidité

La mesure du risque de liquidité consiste à comparer les échéances des actifs et des dettes pour repérer les écarts de financement existants, puis à utiliser cette analyse pour rapprocher autant que possible les échéances de l?actif de celles du passif, planifier les besoins de refinancement et prévoir des réserves de liquidités adéquates pour les situations d?urgence. Lorsque l?on mesure le risque de liquidité, on considère les actifs comme des ressources potentielles pour rembourser des dettes arrivant à échéance. Il s?agit là d?une perspective contraire à la façon dont nous examinons normalement un bilan, en partant du principe que les dettes sont utilisées pour financer le portefeuille de prêts.

Le risque de liquidité est mesuré au moyen d?une analyse des écarts et de ratios de liquidité, et également géré par le biais de plans de financement d?urgence.

 
 

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Comme analyse des écarts, il importe de considérer l?échéance comportementale de l?actif ou du passif par opposition à son échéance contractuelle. C?est particulièrement important pour les IMF qui proposent des produits de dépôt, car les échéances comportementales des dépôts sont différentes de leurs échéances contractuelles. Il est également important pour les ,IMF d?analyser le comportement des prêts des clients sur la base du portefeuille dans son ensemble.

Le meilleur exemple pour expliquer la différence entre l?échéance contractuelle et l?échéance comportementale est fourni par les dépôts d?épargne. Contractuellement, les déposants ont le droit de retirer la totalité de leur épargne n?importe quel jour, mais nous savons qu?ils ne le font pas puisque les soldes des dépôts d?épargne dans les institutions financières ne s?abaissent pas à zéro

à la fin de chaque journée. Aussi, nous savons que certains déposants retireront un jour ou l?autre tout de leur épargne une partie consistante, et les IMF doivent disposer de liquidités pour faire face à ces retraits.

Il serait pertinent de se demander alors, comment les institutions micro financières déterminent-elles le volume de liquidités qu?elles doivent garder disponible pour honorer les retraits potentiels? La réponse à cette question permettra également de déterminer comment classifier l?échéance des dettes que sont les dépôts d?épargne pour l?analyse des écarts de liquidité. La meilleure façon de déterminer le comportement des déposants à l?égard de leurs dépôts d?épargne consiste à procéder à une analyse de la volatilité historique, interprétée à la lumière des connaissances empiriques des dirigeants sur les cycles de produits et le comportement de la clientèle.

Pour pouvoir effectuer une analyse de la volatilité passée, l?IMF doit conserver l?historique des soldes cumulées quotidiennes pour chaque produit de dépôt. L?analyse de la volatilité doit aussi prendre en compte les éclairages et appréciations des dirigeants de l?IMF (notamment des dirigeants responsables

 
 

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du produit de dépôt) car ils ont une compréhension plus nuancée des attentes et des comportements des clients.

En plus, l?IMF peut cependant procéder aussi à des simulations de crise. Une analyse en simulation de crise se fonde soit sur des données collectées en période de crise (notamment en période de fuite des dépôts), soit sur des hypothèses relatives à une augmentation des flux sortants en raison d?un événement extérieur.

En définitive, une analyse par les ratios stipule plus la minimisation de ses risques au Sénégal.

B : Analyse Quantitative par les Ratio

LES RATIOS DE RECOUVREMENT

Pour le suivi de la qualité du portefeuille, l?UDE de CARE recommande à la limite qu?une IMF analyse les ratios de qualité du portefeuille mensuellement. Ceci implique le portefeuille à risque, le Ratio de perte sur crédit et le Ratio de réserve. En plus l?IMF doit faire attention au nombre et valeurs de crédit qui ont été rééchelonnés et maintenir un rapport sur la balance Agée du portefeuille. Les ratios recommandés sont indiqués ci-dessous :

Ratio de portefeuille à risque :

Ce ratio doit servir d?indicateur de base pour le suivi de la qualité du portefeuille

= Valeur de l'encours de crédit en retard

Encours de crédit

 
 

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Taux de créances irrécouvrables :

Il définit la proportion de créances irrécouvrables sur la période précédente

= Montant des crédits déclassés

Encours moyen de crédits

 

Ratio de recouvrement

 

Il indique le temps moyen qu'il faut à une société pour obtenir le paiement des services ou produits vendus.

Comptes débiteurs

(Revenu/365)

Un ratio élevé signifie que la société a du mal à obtenir le paiement de ses services ou produits. Ce ratio affiche parfois des variations saisonnières, en augmentant durant les périodes chargées et en chutant durant les périodes creuses. Pour tenir compte de cette fluctuation saisonnière, il peut aussi être calculé à partir des comptes débiteurs moyens

L?analyse de ce ratio de recouvrement qui pourrait sans doute être rebaptisé << ratio des hommes de main >>, indique le temps moyen qu'il faut à une société pour obtenir le paiement des services ou produits vendus. Les << hommes de main >> de Tequila Cory Inc. semblent relativement efficaces, puisque les clients paient en moyenne au bout de 37 jours.

 
 

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Portefeuile a risque (PAR 1 jour) :

= Encours des crédits affichant un jour et plus de retard x 100

Portefeuille de crédit total.

Cet indicateur est déterminant pour la santé financière (pérennité) de l'institution. Ce ratio est aussi appelé « ratio de l'encours contaminé » ou « ratio des prêts en retard ». Il est à préciser que c'est le total du solde des prêts en retard qui est considéré et non uniquement les paiements en retard. En effet, un ratio calculé avec les paiements en retard n'informe pas les gestionnaires sur la totalité des risques futurs encourus par l'institution.

Il est important que les partenaires détaillent, selon l'âge, la totalité des prêts affichant un retard. En effet, un prêt affichant plus de 90 jours de retard représente un risque plus élevé qu'un prêt affichant moins de 30 jours de retard.

 

Portefeuile a risque (PAR n jours) :

 

= Encours des crédits affichant (n+1) jours et plus de retard x 100

Portefeuille de crédit total.

(Avec n= 30 ou 90)

Ce ratio fournit aux gestionnaires un portrait de la situation du portefeuille de prêts à un moment précis en plus de renseigner sur les possibilités futures de délinquance. Il est donc déterminant pour la santé financière (pérennité) de l'institution. En effet, le souhait de tout gestionnaire est de connaître la situation actuelle et un aperçu de la situation à venir. Le ratio Pourcentage d'épargne en crédit fournit toutes ces informations aux gestionnaires. Il est aussi communément appelé « ratio de l'encours contaminé » ou « ratio des prêts en retard ».

 
 

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Provision pour mauvaises créances sur portefeuille de crédit brut : = Montant de la provision pour créances douteuses x 100

Portefeuille de crédit brut.

Toutes les institutions de micro finance se doivent d'établir une provision pour mauvaises créances qui soit réaliste en fonction des performances passées. Ainsi, si une institution connaît historiquement une performance de 3% au chapitre des pertes sur prêts, elle devra prévoir une provision pour mauvaises créances de 3%. Ce ratio reflète donc le pourcentage que l'institution provisionne pour faire face aux mauvaises créances.

Il faut, par contre, être prudent dans l'interprétation de cet indicateur car une provision pour mauvaises créances inadéquate par rapport aux risques potentiels camouflerait une partie des risques pour les gestionnaires.

LES RATIOS DE LIQUIDITES Ratio de liquidité générale :

C?est une comparaison des actifs à court terme d'une institution à ses passifs à court terme.

= Actif court terme

Passif court terme

Le ratio de liquidité générale est un indicateur de la liquidité d'une entreprise ou
d'un particulier et de sa capacité à rembourser ses dettes à court terme. Les ratios
acceptables dépendent du secteur, mais un ratio d'environ 2 est considéré comme

 
 

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raisonnable. Si ses dettes à court terme dépassent les actifs à court terme (c'est-àdire si le ratio est inférieur à 1), l'entreprise peut ne pas être en mesure de tenir ses engagements, tandis que si le ratio est trop élevé, il est possible que l'entreprise n'utilise pas efficacement ses actifs.

Avoir un ratio de liquidité générale supérieur à 1 équivaut à avoir un fonds de roulement positif.

En dehors des prévisions de trésorerie, l?indicateur de liquidité le plus approprié pour une institution dépend de sa typologie institutionnelle. Si l?institution mobilise des épargnes volontaires par exemple, elle doit s?assurer qu?elle dispose d?une liquidité assez suffisante pour satisfaire les demandes de décaissement des clients en utilisant un indicateur comme le ratio de liquidité immédiate. Le numérateur du ratio de liquidité immédiate doit exclure n?importe quel actif circulant dont l?utilisation est limitée par les bailleurs, étant

donné qu?ils ne pourraient pas satisfaire les besoins de retrait des épargnes.

Les IMF peuvent d?avantage suivre le total de flux financiers en utilisant le ratio de liquidité.

Le ratio de liquidité aide les institutions à déterminer s?il y a assez d?espèce (trésorerie) disponible pour les déboursements et aussi s?il y a de la trésorerie improductive en trop. Il devra toujours dépasser 1. Le flux d?entrée et de sortie

d?argent devrait ~tre revu sur une base mensuelle et doit inclure seulement l?argent disponible. La dépréciation, les prévisions pour les pertes sur crédits ou l?ajustement de subvention et inflation n?ont pas d?effet sur les flux financiers.

Ratio de liquidité réduite = (Actifs circulants - stocks)

(Passif exigible à court terme)

Ratio de liquidité immédiate = Actif liquide

Dettes à court terme

 
 

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En conclusion, il faudrait noter que les ratios bien que très pertinents dans l?analyse des risques dans une IMF ne permettent pas, toujours, de donner des explications complètes aux anomalies décelées. Ils permettent toutefois d'orienter les recherches et de poser des questions pertinentes. Les ratios ont donc un rôle avertisseur. L'analyse des ratios permet de formuler des hypothèses qui doivent être, par la suite, validées par des discussions avec les gestionnaires.

Section II : Recommandations

A : Sur le Recouvrement de Crédit

Une IMF doit non seulement récupérer les intérêts qui lui sont dues mais également le capital prêté. Comme le capital dans un intérêt représente un montant beaucoup plus important que les intérêts, la perte en capitale d?un crédit non remboursé est excessivement dommageable pour une IMF car c?est l?épargne des membres qui en bItissent, mais aussi les résultats de la caisse seront affectés. Des pertes sur prêts importantes remettent en question la qualité financière de l?IMF.

Quoiqu?il en soit, les actions de recouvrement seront d?autant plus limitées que les dossiers auront été étudiés en amont avec le sérieux nécessaire. Elles doivent avoir pour objectif la récupération des sommes dues en évitant autant que faire ce peu, les procédures contentieuses lourdes, longues et onéreuses.

Une politique de recouvrement efficace suppose :

 

Un suivi rigoureux des prêts, ce qui doit permettre de décider à temps les prêts en retards, et de mener des actions de recouvrement avec promptitude.

 

Ce suivi devra permettre d?agir avec rapidité qui est de première instance; les gestes doivent démontrer les intér~ts de l?IMF à récupérer les fonds prités. Donc plus tôt l?action de recouvrement est entreprise, plus elle a des chances de réussir.

 
 

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Une politique de recouvrement ne doit pas être envisagée sous un angle contraignant en priorité.

 

En effet, les IMF ont un rôle de conseiller en crédit, rôle qu?elles doivent assumer au moment du montage, mais aussi lorsque le prêt est en cours et que le membre éprouve des difficultés pour respecter ses engagements. En effet dans certains cas, le non remboursement de prêts peut être du à la mauvaise foi de l?emprunteur. Dans d?autre cas, les retards peuvent résulter de difficultés qui ne remettent pas pour autant en cause la volonté de l?emprunteur d?honorer ses engagements (maladies, décès etc.).

Dès lors qu?un retard est constaté ou que des indices concordent, nous amènent à penser que le membre emprunteur sera défaillant, certaines mesures15 préventives et de détection seront à entreprendre:

- Engagez un personnel crédible et compétent qui peut prendre de bonnes décisions dans l?octroi de crédits ;

- S?assurer que les crédits sont soutenus par des garanties appropriées ou des substituts de garanties ;

- Bien définir les tâches du personnel pour éviter des erreurs ou des cumuls de fonctions qui peuvent conduire à des erreurs qu?elles soient intentionnelles ou non ;

- Demande d?autorisation pour éviter des irrégularités des dépenses des ressources financières;

- Rapprochement des relevés bancaires avec les reçus ;

- Suivi systématique du tableau de bord de gestion des crédits en vue de réduire sensiblement les risques de compromission du portefeuille;

- Définition et mise en oeuvre des politiques de gestion de la délinquance pour réduire les risques de créances irrécouvrables ou de défaillance fatale.

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-Suivi et évaluation des performances du personnel pour s?assurer que les politiques et procédures définies sont convenablement suivies ;

-Des visites de terrains aux clients pour s?assurer que le solde de leurs encours de crédit de mrme que d?épargne correspondent aux données enregistrées dans les livres comptables de lIMF.

Les IMF peuvent contourner une partie importante du risque de défaillance en développant des produits qui tiennent compte des besoins des clients. Les produits clients comprennent la taille du crédit, le taux d?intér~t, l?échéancier de remboursement, les conditions de garantie et toutes autres exigences spécifiques. Les produits de crédit doivent être développés pour répondre à l?objectif pour lequel le crédit est destiné. Par exemple, un crédit alloué pour un objet de développement d?une boutique d?à coté ne peut pas ~tre soumis à la mrme condition de prt qu?un crédit accordé pour l?achat d?un véhicule de transport.

Cependant, puisqu?une politique efficace de recouvrement ait été élaboré et applicable dans une IMF, la réussite d?une action de recouvrement nécessite l?avis supplémentaire de l?agent de crédit ou du recouvrement pour une couverture efficiente du portefeuille de crédit.

B : Sur la gestion de la liquidité

L'analyse du risque de faillite s'apprécie sur des notions d'exigibilité et de liquidité, elle met en correspondance l'actif et le passif. Ces ratios ont pour objet de juger l'aptitude de l'entreprise à honorer ses dettes à court terme au moyen de transformation progressive de son actif circulant en trésorerie.

La direction et le conseil d?administration d?une IMF doivent considérer chacun des risques identifiés comme des points vulnérables. C?est leurs responsabilités

d?évaluer le niveau d?exposition de l?institution aux risques, d?hiérarchiser les domaines les plus vulnérables et de s?assurer qu?un système de contrôles des

 
 

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normes est mis en place pour minimiser les risques de l?IMF. Le chapitre précédent a introduit les mesures de contrôle et les outils de système de suivi requis pour gérer ces risques de liquidités.

Comme toute autre entreprise, une banque doit gérer avec la plus grande rigueur sa liquidité afin d?être en mesure de faire face à des décalages entre les entrées et les sorties de trésorerie. Toutefois, le degré d?incertitude de ces décalages est manifestement beaucoup plus élevé dans le secteur bancaire.

D e toute évidence, les banques sont devenues plus vulnérables face aux chocs sur la liquidité. Si l?on veut atténuer cette fragilité, la gestion de la liquidité revêt naturellement une importance cruciale.

En tenant compte du décalage des échéances à venir, elle englobe la gestion des réserves de liquidité, des sûretés, des lignes de crédit et de liquidité et des sources de financement. De plus, les banques procèdent à des simulations de crises de liquidité afin d?évaluer leur résistance aux chocs sur la liquidité, y compris lorsque les conditions du marché changent.

La gestion de la liquidité au sein d?une institution financière répond à deux principaux impératifs.

Premièrement, l?institution doit etre assurée de pouvoir disposer dans des délais brefs d?un financement approprié et à faibles coûts. Cela peut impliquer notamment la détention d?un portefeuille d?actifs rapidement mobilisables, la détention de volumes significatifs d?engagements stables, ou le maintien de lignes de crédit auprès d?autres institutions financières.

Deuxièmement, la gestion de la liquidité doit également satisfaire à des contraintes de rentabilité. Les questions relatives à la stabilité financière tournent précisément autour de cet arbitrage entre la liquidité et la rentabilité : les conditions doivent être réunies pour que les banques gèrent les stocks et flux de liquidité de la façon la plus rentable possible sans compromettre la stabilité financière.

 
 

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En France, le suivi de la liquidité bancaire s?effectue à partir d?un ratio de liquidité. Les exigences de la Commission bancaire en matière de liquidité consistent à réclamer aux banques la communication, chaque mois, d?informations relatives à l?ensemble des actifs et engagements liquides, notamment le solde de trésorerie, les créances, y compris les titres acquis à la suite d?une opération de pension dont la durée restant à courir est au plus d?un mois, les titres négociables ainsi que les engagements de hors bilan et les lignes de refinancement disponibles. À partir de ces informations, la Commission Bancaire établit le ratio éléments d?actif liquides/éléments de passif exigibles en pondérant ces diverses composantes en fonction des probabilités de flux les concernant (renouvellement ou disponibilité en cas de crise de liquidité). Le mécanisme de pondération tient compte du fait que les actifs liquides ne peuvent rtre réalisés qu?avec un certain délai et un certain risque. Le ratio doit à tout moment être au moins égal à 100 %. Le coefficient de liquidité utilisé par la Commission bancaire appartient à la famille des coefficients de liquidité « ActifPassif », basés sur des mesures d?actifs liquides et d?engagements exigibles. Ces coefficients sont traditionnellement privilégiés à des fins prudentielles, dans la mesure oft la gestion de la liquidité bancaire a trait non seulement à la liquidité des actifs mais également à la nature, à la structure et à la transformation des engagements.

Il faudra donc :

s'assurer que la compagnie est bien gérée et est en mesure de calculer et maîtriser ses risques ;

s'assurer qu?elle est bien capitalisée.

Le premier de ces points constitue un développement majeur par rapport à
Solvabilité I. Il encourage les compagnies à adopter la démarche ERM16 afin
qu'elles soient en mesure par elles-mêmes d'apprécier et de mesurer leurs

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Voir Enterprise Risk Management

 
 

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risques. Au-delà de la simple validation d'une série de points à contrôler, le régulateur aura les pouvoirs de contrôler la qualité des données et des procédures d'estimation, des systèmes mis en place pour mesurer et maîtriser les risques au cas oil ils se matérialiseraient. L'autorité de contrôle aura aussi le pouvoir d'imposer une marge de solvabilité complémentaire (capital add-on), sous certaines conditions, dans le cas oil il aura été jugé que les risques ont été mal appréciés par l?IMF.

Il faudra enfin aussi traiter de la publication des informations sur lesquels les deux précédents points sont basés et qui permettront au public (actionnaires et analystes) et aux autorités de contrôle de juger si l'analyse effectuée est fidèle à la réalité. Les assureurs et réassureurs auront donc à fournir les informations clés (vérifiables) nécessaires à la détermination de leur exigence de capital. Ces informations devront, en particulier, couvrir les éléments suivants:

performance financière ;

profils de risques, données et hypothèses sur lesquelles ils sont basés ; mesures d'incertitudes, incluant mesure d'adéquation des estimations antérieures et la sensibilité des résultats à la volatilité du marché.

CONCLUSION

La bonne formation des agents d?une IMF est très nécessaire dans le calcul des ratios, dans l?interprétation des écarts observés et surtout dans la gestion globale des ressources de la dite structure.

 
 

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CLONCLUSION GENERALE :

Dans les années 1970 a émergé une micro finance moderne qui recherchait des solutions en priorité dans le secteur privé. Aujourd?hui la micro finance fait partie des moyens de lutte contre l?exclusion bancaire et sociale. Et cela grâce aux travaux initiés par différents auteurs et penseurs économiques ou traditionnels sur la question, la micro finance est devenue une parfaite politique de lutte contre la pauvreté au Sénégal et dans tous les PSD.

Cependant, le milieu bancaire ou de l?intermédiation financière, se trouve itre entouré de risques nuisibles à leur santé financière. Une mauvaise interprétation des risques pourrait conduire à la faillite de l?institution. Puisque que les IMF ne peuvent échapper aux risques (chapitre 2), elles devront cependant les minimiser pour une bonne gestion de ses ressources. Ainsi les risques comme ceux financiers ou opérationnels entre autre, méritent une très grande attention de la part des dirigeants du micro finances. En effet nous avons démontré qu?une mauvaise gestion de la liquidité bancaire ou une médiocre politique de recouvrement des créances engendre la une mort simultanée de la SFD.

C?est pourquoi, les mutuelles utilisent le ratio comme outil macroéconomique de prévision des risques. Une bonne interprétation de ces derniers optimiserait toute vulnérabilité ou tout danger dans une micro finance.

En somme cette étude nous a permis de comprendre comment une IMF agit pour gérer les fonds enregistrés entre les prts qu?elle effectue et la gestion des dépilts. Nous étions guidés dans les débuts de notre recherche sur une des hypothèses de non considération des agents de terrains (agents de

 
 

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recouvrements, agents de crédits) à l?origine d?une mauvaise interprétation des risques.

Ceci n?a pas été vérifié car nous savons maintenant que les politiques de gestion des risques sont établis de façon efficaces par des organismes internationaux comme CARE. Et que par contre les agents des IMF devront les étudier avec un très grand intérêt. Mais par contre ces agents étant plus proches des membres et ayant la lourde tache de réussir cette mission pourront être entendu de temps à autre suite à une quelconque modification de l?analyse des risques.

 
 

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0 [1[1 [1 [1[1 00000 [1[1

CARE 2001

Direction des Systèmes Financiers décentralisés de la Banque Centrale des Etats de l?Afrique de l?Ouest (DSFD/BCEAO)

Echos Finance (revue du ministère de l?économie et des finances) juin 2010 Encyclopedia Universalis 2010

La banque : Structure, marché, gestion. 2e édition 1996. Page 11 Ledgerwood (1999), p. 255-256

MANUEL DE GESTION DES RISQUES EN MICROFINANCE, Craig Churchill et Dan Coste Revue Objectif Etablissement #177; Hiver 2006

 
 

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein