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Exploitations agricoles familiales et projets d'agrocarburants de proximité au Sénégal. Cas du projet Jatropha dans le département de Foundiougne

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par Amadiane DIALLO
Université catholique de Louvain - Master 2 en politique économique et sociale 2011
  

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Université Catholique de Louvain

Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication

Faculté ouverte de politique économique et sociale
XIème Promotion (2009-2011)

EXPLOITATIONS AGRICOLES FAMILIALES ET PROJETS D'AGROCARBURANTS DE PROXIMITÉ AU SÉNÉGAL : CAS DU PROJET JATROPHA DANS LE DÉPARTEMENT DE FOUNDIOUGNE.

Mémoire présenté pour l'obtention du Master en Politique Economique et Sociale, à Finalité spécialisée en Développement : Politique et Gestion de Projets

Par M. Amadiane DIALLO

Directeur de mémoire : Pr Etienne VERHAEGEN Accompagnateurs : Pr André NSABIMANA et M. Daniel GAYE

DÉDICACES

Je dédie ce modeste travail :

? A mes parents Khassime et Marième DIALLO sans oublier ma tante Diary FAYE et ma défunte grand-mère Ya Aïs DIALLO qui m'ont inculqué des valeurs sures pour affronter la vie et relever des défis.

? A mon épouse Moussoucoto CAMARA pour sa patience, son soutien et son amour sans faille.

? A la mémoire de mon beau père, Kimintang CAMARA décédé le samedi 29 janvier 2011 à Dakar. Avant sa mort, il a partagé avec moi sa riche expérience du développement agricole et rural au Sénégal.

? A la mémoire de Ndar FAYE, Directeur des ressources humaines et ardent combattant de la « nouvelle économie rurale » chère à la SODEFITEX, décédé le dimanche 24 janvier 2010 à Dakar. En tant que développeur, ses conseils de doyen d'age et de profession resteront gravés dans ma mémoire comme « boussoles intérieures ».

Que le Tout puissant les accueille dans son Paradis éternel.
A tous les acteurs qui oeuvrent pour que
Vive le Développement endogène, inclusif et harmonieux.

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Mémoire Master Amadiane DIALLO

REMERCIEMENTS

Je remercie :

? la DGCD qui m'a permis à travers la bourse de la CTB, de suivre cette formation dont le présent mémoire est l'aboutissement.

? la FOPES dans son ensemble ; mention spéciale à Michel ELIAS, un conseiller pédagogique qui a su jouer son rôle à fond pour nous permettre de réaliser nos études dans les meilleures conditions.

? les camarades de la XIème et hélas dernière promotion de FOPES SUD, un creuset de savoir, savoir-faire et savoir-être : Adrien, Angélique, Claire, Désiré, Dismas, Emmanuel, Ester, Fatou, Jean Franklin, Lydia, Mamadou, Moussa, Oswald, Philippe, Providence, Thierry, Yacoubou.

? ma commission de mémoire, en l'occurrence, M. Etienne VERHAEGEN, M. André NSABIMANA et M. Daniel GAYE qui m'ont bien « coaché » pour arriver à présenter un travail académiquement réalisable et scientifiquement acceptable.

? toute la famille SODEFITEX à travers son Directeur Général de la SODEFITEX qui a bien voulu m'accordé une disponibilité de deux ans pour suivre cette formation

? toute l'équipe de SOPREEF et Performance particulièrement Bruno LEGENDRE, Abdoulaye DIAKHATÉ, Mouhamadou L. SECK et Mbaye DIOUF n'ont ménagé aucun effort pour me mettre dans des conditions de collecte de données optimales.

? Dr Fatima NDIAYE et Dr El Hadji LEYE de l'ISRA pour leur collaboration décisive.

? toute la petite mais « très grande » communauté sénégalaise de Ottignies-Louvain-LaNeuve pour la solidarité inégalable, marque culturelle des sénégalais. Grâce à vous le Sénégal si loin devenait si proche ! Mention spéciale aux grands Lamine et Abou DIOP, des hommes d'une sociabilité incommensurable, et à travers eux, toutes leurs familles.

? toutes les connaissances enrichissantes de Belgique : Abouba, Anna, Babacar, Bachal,

Bintou, Claude, Diarra, Ibrahim, Kader, Khady, Moriba, Narcis, Tapha, Samba, Serge. ? tous les membres de ma famille et de ma belle-famille pour leur soutien moral capital

et surtout doyen KRUMA pour ses encouragements et ses conseils précieux.

? tous les amis du Sénégal qui m'ont apporté leur soutien à l'image de Racine, Mboup...

Que tous ceux qui, de près ou de loin, m'ont apporté leur soutien précieux pour
l'aboutissement de ce travail, se voient ici sincèrement remerciés.

RESUME

L'objet de cette présente étude est d'analyser les stratégies des exploitations agricoles familiales face aux enjeux d'un projet de plantations de Jatropha dans le département de Foundiougne au Sénégal, dans un contexte mondial de changement climatique rythmé par la fièvre des agrocarburants.

Une étude bibliographique confrontée aux résultats des enquêtes des producteurs concernés et des personnes ressources sur le terrain ont permis de mieux appréhender les logiques d'acteurs en jeu dans la mise en oeuvre des agrocarburants. A côté du modèle dominant caractérisé par la conduite de monocultures dont la production est destinée à l'exportation, des initiatives dénommées « projets d'agrocarburants de proximité » privilégient la satisfaction des besoins énergétiques locaux.

A travers une caractérisation et une typologie, ce mémoire met en exergue la place qu'occupe la subsistance familiale dans la structure et le fonctionnement des exploitations agricoles familiales impliquées dans ce projet : 1èr objectif prioritaire de toutes les exploitations, 77% à 95% de parts (selon les types) réservées pour ce poste de dépenses dans l'utilisation des revenus globaux.

Cette primauté des objectifs de subsistance familiale oriente les exploitations agricoles familiales vers des stratégies d'intégration minimale du projet, en l'occurrence, le choix systématique de faire des haies vives autour de leurs parcelles de culture au détriment des autres propositions techniques. En plus, elles saisissent l'opportunité pour renforcer le marquage foncier et sauvegarder leur système de productions tout en se connectant aux enjeux matériels du projet. C'est pourquoi, il est peu probable que ces producteurs aillent au-delà de la clôture des parcelles dans leur rapport au projet Jatropha.

L'accompagnement des producteurs dans leur choix est la condition essentielle pour que les projets d'agrocarburants de proximité puisse véritablement participer à la satisfaction des besoins énergétiques des populations locales concernées et, par ricochet, à la réduction des émissions des gaz à effet de serre.

Mots-clés : Agrocarburants/Jatropha/Exploitation agricole familiale/ Marquage foncier/Subsistance familiale/Sénégal

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Mémoire Master Amadiane DIALLO

ABSTRACT

The purpose of this study is to analyze the strategies of family farm facing the challenges of a project of Jatropha plantations in the department of Foundiougne Senegal, in a global climate change punctuated by the excitement of agrofuels.

A literature review over the results of investigations of the producers and resource persons on the ground have a better understanding of the logics of actors involved in the implementation of biofuels. Besides the dominant model characterized by the conduct of monocultures whose production is for export, initiatives referred to as « locals agrofuels projects » privilege the local energy needs.

Through a characterization and typology, this paper highlights the place of family living in the structure and operation of family farms involved in this project: 1st priority of all farms, 77% to 95% shares (by type) set aside for this expenditure item in the use of overall profits. This primacy of the goals of family subsistence oriented family farms to the minimum integration strategies of the project, namely, the systematic choice to make fences around their plots growing at the expense of other technical proposals. In addition, they seize the opportunity to strengthen and safeguard their land marking system of production while connecting to the material issues of the project. Therefore, it is unlikely that these producers to go beyond the fence in their plots to the project Jatropha.

Support for producers in their choice is the essential condition for the locals agrofuel projects can truly participate in the energy needs of local people involved and, in turn, reduce greenhouse gas emissions.

Keywords: Agrofuels / Jatropha / Family farms/ Land marking / Subsistence family / Senegal

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Rendement en graines sèches à 5,8% d'humidité (kg/ha/an) selon 3 scénarios de culture 11

Tableau 2 : Matrice des composantes (ACP avec 4 composantes) 74

Tableau 3 : ANOVA pour déterminer les critères de typologie 74

Tableau 4 : Répartition des EAF de l'échantillon dans les groupes 75

Tableau 5 : Récapitulatif de l'analyse de variance (ANOVA) intergroupes 75

Tableau 6 : Synthèse des 2èmes et 3èmes objectifs prioritaires par type d'exploitation 78

Tableau 7 : Pourcentage de marquage foncier par type d'exploitation 81

Tableau 8 : Productions agricoles moyenne par culture et par type d'exploitation 82

Tableau 9 : productions arboricoles moyennes par type d'exploitation 84

Tableau 10 : Revenu annuel productions végétales (MFCFA) 84

Tableau 11 : ANOVA Productions végétales intergroupes 84

Tableau 12 : Activités non agricoles par type d'exploitation 85

Tableau 13 : Décomposition du revenu annuel global par type d'exploitation 85

Tableau 14 : Ventilation des revenus globaux par poste de dépense selon le type d'exploitation 86

Tableau 15 : Analyse stratégique des acteurs vis-à-vis de leurs boussoles intérieures 101

Tableau 16 : SWOT projet de plantation de Jatropha 104

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Mémoire Master Amadiane DIALLO

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Plant de Jatropha et Figure 2 : Feuilles et fruits de Jatropha 10

Figure 3 : Fleurs de Jatropha et Figure 4 : Graines séchées de Jatropha 11

Figure 5 : Hauteurs de pluie enregistrées dans la communauté rurale de 1999 à 2009 50

Figure 6 : Assolement moyen pratiqué par les EAF 65

Figure 7 : Comparaison des rendements moyens de 5 campagnes au niveau national, départemental et producteurs enquêtés 69

Figure 8 : La hiérarchisation des objectifs prioritaires des EAF 73

Figure 9 : Répartition des cultures selon les plans de campagne par type d'exploitations 79

Figure 10 : Boussoles intérieures des différents acteurs du projet de plantation de Jatropha 99

LISTE DES ANNEXES

Annexe1 : Guide d'entretien personnes ressources I

Annexe 2 : Guide d'entretien Communauté Rurale II

Annexe 3 : Questionnaire producteur chef d'exploitation agricole familiale III

Annexe 4 : Données démographiques et actifs agricoles par exploitation VI

Annexe 5 : Capital foncier et matériels agricoles par exploitation VII

Annexe 6 : Traction animale, emblavures et plantations par exploitation VIII

Annexe 7 : Quelques indicateurs par village IX

Annexe 8 : Tableau ANOVA intervillages X

Annexe 9 : Tableau ANOVA intergroupes XI

Annexe 10 : ANOVA Marquage X Groupe XIV

Annexe 11 : Tableau de bord des rendements par type d'exploitation XV

Annexe 12 : Tableau ANOVA rendements intergroupes XVI

Annexe 13 : Localisation du Sénégal et de la région de Fatick XVII

Annexe 14 : Carte administrative de la région de Fatick XVIII

Annexes 15 : Carte de localisation du pôle de développement de Dantakhoune XVIII

Annexe 16 : Mes photos XIX

Annexe 17 : Autorité Nationale Désignée (AND) et MDP au Sénégal XXI

Annexe 18 : AND et critères de développement durable du Sénégal XXII

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Mémoire Master Amadiane DIALLO

SIGLES ET ABRÉVIATIONS

ACP : Analyse en Composantes Principales

ADG : Aide au Développement Gembloux

AND : Agence Nationale Désignée

ANOVA : Analysis Of Variance (Analyse de Variance)

ARD : Agence Régionale de Développement

AREED : African Rural Energie Entreprise Développement

BP : British Petroleum

CADL : Centre d'Appui au Développement Local

CILSS : Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel

CIRAD : Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement

CLCOP : Cadre Local de Concertation des Organisations Paysannes

CTB : Agence belge de développement (ex Coopération Technique Belge)

DAPS : Direction de l'Analyse, de la Prévision et des Statistiques

DGCD : Direction Générale de la Coopération au Développement

EAF : Exploitation Agricole Familiale

EESF : Energie Eau Solidarité Foundiougne

ESAM : Enquête Sénégalaise Auprès des Ménages

FAO : Food and Agriculture Organization (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture)

FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine (1 Euro = 655,957 FCFA) FOPES : Faculté Ouverte de Politique Economique et Sociale

FPTF : Fédération des groupements de Producteurs Tabanani (Jatropha) de Foundiougne

GERES : Groupe Energies Renouvelables, Environnement et Solidarités GES : Gaz à Effet de Serre

GOANA : Grande Offensive pour l'Agriculture, la Nourriture et l'Abondance GRET : Groupe de Recherche et d'Echanges Technologiques

GSM : Global System for Mobile communication

HVP : Huile Végétale Pure

IFPRI : International Food Policy Research Institute

ISRA : Institut Sénégalais de Recherches Agronomiques

Kcal : Kilo calorie

MDRA : Ministère du Développement Rural et de l'Agriculture

MDP : Mécanisme de Développement Propre

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONGD : Organisation Non Gouvernemental pour le Développement PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement RNA : Recensement National de l'Agriculture

SODEFITEX : Société de Développement et des Fibres Textiles

SOPREEF : Société pour la Promotion de l'Accès à l'Energie et à l'Eau dans le département de Foundiougne

SPSS : Statistical Package for the Social Science THD : Technologies for Human Development TE : Taux d'Equipement

UE : Union Européenne

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Mémoire Master Amadiane DIALLO

SOMMAIRE

INTRODUCTION 1

PREMIÈRE PARTIE : CADRAGE THEORIQUE ET APPROCHE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE 2

CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE ET CADRE CONCEPTUEL 2

1- Contexte de la recherche et question de départ 2

2- Hypothèses et objectifs de recherche 5

3- Pertinence du sujet 6

4- Clarification de concepts 7

4.1- Agrocarburants 7

4.2- Jatropha 8

4.2.1- Origine géographique : 9

4.2.2- Description botanique et diversité génétique : 9

4.2.3- Une estimation du rendement jugée raisonnable : 11

4.2.4- Extraction de l'huile : 11

4.2.5- Impact potentiel sur l'environnement : 12

4.3- Exploitation agricole familiale et système de production 13

4.4- Assolement et subsistance familiale 14

4.5- Marquage foncier 14

4.6- Acteurs, projets, stratégies et logiques d'acteurs 14

4.7- Opérationnalisation des concepts déterminants 17

5- Controverses autour des agrocarburants 18
5.1- De l'historique des politiques agricoles mondiales aux enjeux et logiques globales

des agrocarburants 18

5.2- Agrocarburants et accaparement des terres dans les pays du Sud 22

5.3- Agrocarburants et sécurité alimentaire 25

5.4- Rapports à la paysannerie : monocultures industrielles ou agrocarburants de

proximité avec la polyculture paysanne 26

5.5- Instruments coopération au développement et projets d'agrocarburants au Sud 28

5.5.1- Mécanisme de Développement Propre (MDP) et programmes REDD 28

5.5.2- Certification et critères de durabilité 30

CHAPITRE 2 : CADRE PHYSIQUE, HUMAIN ET INSTITUTIONNEL DE L'ETUDE . 32

1- Aperçu sur le Sénégal et sa politique de développement agricole et rural 32

1.1- Présentation 32

1.2- Le système foncier sénégalais 33

1.3- Politiques agricoles 36

1.4- Point sur la situation des agrocarburants au Sénégal 39

2- Présentation du projet de Jatropha de proximité 43

2.1- Présentation générale 43

2.2- Les modes de plantation du Jatropha suggérés aux exploitations agricoles

familiales 46

2.3- Etat d'avancement 47

3- Présentation du site de l'étude : la communauté rurale de Nioro Alassane Tall 48

3.1- Aspects administratifs et organisationnels 48

3.2- Milieu physique 49

3.2.1- Relief, sols et climat 49

3.2.2- Végétation, faune et ressources en eau 50

3.3- Milieu humain 51

3.3.1- Démographie 51

3.3.2- Situation socio-économique 52

3.3.2.1- Activités économiques 52

3.3.2.2- Infrastructures socio-économiques 54

CHAPITRE 3: APPROCHE METHODOLOGIQUE 56

1- Sources des données documentaires 56

2- Enquêtes de terrain 56

3- Echantillonnage 58

4- Mode de traitement des données 59

5- Difficultés et limites 59

DEUXIÈME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS DE L'ETUDE 60

CHAPITRE 4 : CARACTERISATION ET TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS

AGRICOLES FAMILIALES ENQUETEES 60

1- Caractérisation des exploitations agricoles familiales enquêtées 61

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Mémoire Master Amadiane DIALLO

1.1- Démographie 61

1.1.1- Sexe, ethnie, niveau d'instruction et age des chefs d'exploitation 61

1.1.2- Population des exploitations 61

1.2- Moyens de production 62

1.2.1- Main d'oeuvre familiale et actif agricole 62

1.2.2- Capital foncier 62

1.2.3- Matériels agricoles et cheptel de trait 63

1.3- Systèmes de culture et d'élevage 64

1.3.1- Appréciation paysanne de la nature et de la fertilité des sols cultivés 64

1.3.2- Assolement, superficies emblavées et rotations pratiquées 65

1.3.3- Fertilisation 67

1.3.4- Elevage 67

1.4- Résultats obtenus 68

1.4.1- Productions et rendements 68

1.4.2- Taux de couverture des besoins céréaliers 69

1.5- Contraintes activité agricole, stratégies de survie et objectifs prioritaires poursuivis

71

1.5.1- Contraintes de l'activité agricole 71

1.5.2- Stratégies de survie 72

1.5.3- Objectifs prioritaires poursuivis dans le moyen terme 72

2- Typologie des exploitations agricoles familiales enquêtées 73

2.1- Critères de regroupement 73

2.2- Classification des exploitations familiales 74

3- Caractérisation des groupes d'exploitations agricoles familiales dégagés 75
CHAPITRE 5 : OBJECTIFS ET STRATEGIES DES ACTEURS AUTOUR DU PROJET JATROPHA 78

1-Analyse des objectifs et des stratégies paysannes par type d'exploitation agricole

familiale 78

1.1- Objectifs et plans de campagne 78

1.2- Résultats d'exploitation et stratégies paysannes 82

1.2.1- Activités agricoles 82

1.2.2- Activités génératrices de revenus non agricoles 85

1.2.3- Revenus globaux moyens par type d'exploitation et ventilation par poste de dépenses 85

1.3- Analyse comparative entre stratégies « Jatropha en haie vive » et « Jatropha en

plein champ » 87

1.3.1- Avantages stratégies paysannes relatives à l'option « haie vive » 88

1.3.2- Inconvénients ou manques à gagner liés à la stratégie paysanne 89

2- Analyse des stratégies des acteurs directs du projet Jatropha agissant au sommet 89

3- Analyse des stratégies et opinions des acteurs indirects 92

3.1- Au niveau national 92

3.2- Au niveau local 96

4- Synthèse des objectifs et stratégies des acteurs : les « boussoles intérieures » 98
CHAPITRE 6 : PROPOSTIONS D'ACTIONS POUR UNE REPONSE APPROPRIEE DU

PROJET AUX BESOINS ENERGETIQUES LOCAUX 102

1- Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces du projet 102

2- Points de vigilance vis-à-vis de la « logique dominante » 105

3- Propositions sommaires d'actions locales et globales 106

3.1- Au niveau local 106

3.2- Au niveau global 107

CONCLUSION 108

BIBLIOGRAPHIE 112

ANNEXES 118

xiii

Mémoire Master Amadiane DIALLO

INTRODUCTION

Le monde est devenu un " village planétaire » selon une formule consacrée pour parler du contexte de mondialisation. Ce processus de globalisation n'est pas toujours porteur d'opportunités de développement à l'image des technologies de l'information et de la communication. Il engendre dans son sillage beaucoup de problèmes dont les conséquences sont souvent désastreuses pour les populations les plus vulnérables. Dans une certaine mesure, bon nombre de résolutions de la gouvernance mondiale pour la mitigation et l'atténuation des effets néfastes des changements climatiques entrent dans cette logique. En effet, la promotion à outrance des agrocarburants dans les pays du sud pour l'approvisionnement des pays du nord en bioénergie reste problématique. Cette dynamique globale des interactions environnement et développement se traduit localement par la mise en oeuvre de projets d'agrocarburants sur les terres arables des pays pauvres. Dans ces pays, les populations rurales deviennent des " victimes du conflit pour l'usage des terres, identifié par les «4F»: Food, Feed, Forest, Fuel (alimentation humaine, cultures pour l'alimentation du bétail, protection des forêts et de la biodiversité, et culture destinées à être transformées en carburant) » (GANDAIS-RIOLLET N., LIPIETZ A., 2008). Cette situation est créée en grande partie par la logique dominante qui s'appuie sur des projets de monocultures d'agrocarburants pilotés le plus souvent par des multinationales.

A côté de cette logique, des projets dits « d'agrocarburants de proximité » sont mis en oeuvre pour tenter de trouver des solutions locales au problème global en partenariat avec les acteurs locaux. Ainsi, deux rapports à la paysannerie s'opèrent aujourd'hui dans la conduite des projets d'agrocarburants.

Au Sénégal, ces deux modèles existent à côté du programme national biocarburant lancé par l'état en 2006. Cependant la « cohabitation » entre les acteurs locaux, particulièrement les exploitations agricoles familiales et les projets aux enjeux globaux, suscite beaucoup d'interrogations. Les détracteurs reprochent généralement aux agrocarburants d'être à l'origine de beaucoup de méfaits notamment la volatilité des prix des produits agricoles, la déforestation massive, l'accaparement des terres fragilisant l'agriculture paysanne, la compétition avec les cultures alimentaires au risque de voir les agriculteurs s'y détourner.

C'est dans ce cadre que s'inscrit le champ d'intérêt de mon mémoire. En effet, je me propose d'investiguer les stratégies des exploitations agricoles familiales qui se sont engagées dans les projets d'agrocarburants de proximité. Dans cette optique, je vais partir des cadres

contextuel, théorique et conceptuel du thème des agrocarburants avant de m'intéresser spécifiquement à la relation entre un projet de plantation de Jatropha de proximité et les exploitations agricoles familiales impliquées dans le département de Foundiougne au Sénégal. Ainsi, il sera question de la caractérisation et de la typologie structurelles de ces exploitations, de leurs contraintes et stratégies de survie et le mode d'intégration du Jatropha dans leurs systèmes de production. Ensuite, les logiques des acteurs directs, indirects, locaux et nationaux seront abordées avant de terminer par des propositions d'actions pour une réponse appropriée d'un tel projet de Jatropha de proximité aux besoins énergétiques locaux comme alternative aux monocultures d'agrocarburants promues par le modèle dominant.

PREMIÈRE PARTIE : CADRAGE THEORIQUE ET

APPROCHE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE

CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE ET CADRE CONCEPTUEL

1- Contexte de la recherche et question de départ

Développeur, conseiller agricole et rural de profession, thème de mémoire de master en développement et gestion de projets ne saurait plus intéressant pour moi que celui ayant trait aux rapports entre exploitations agricoles familiales et projets d'agrocarburants. La première raison tient du fait que l'essor des agrocarburants dans les pays du sud devient une matière à réfléchir. La seconde procède de la curiosité du développeur qui a toujours envie d'en savoir plus sur la perception d'un phénomène global par les « acteurs d'en bas ».

Sur le plan global, les alternatives aux réserves fossiles qui s'épuisent dans un horizon prévisible, l'adaptation aux changements climatiques et le respect du Protocole de Kyoto1 sur les émissions de gaz à effet de serre sont autant d'éléments qui sont évoqués pour justifier la mise en oeuvre des projets d'agrocarburants dans les pays du sud particulièrement. Dès lors, en attendant la fin de « l'or noir2 » prédite dans 40 ans par les spécialistes, c'est la ruée vers « l'or vert3 ». D'une part, les pays développés, dans le souci de perpétuer le modèle dominant du développement, cherchent à contrôler la production, la transformation et la distribution de

1 Détails donnés plus loin dans le texte

2 Jargon désignant le pétrole

3 Jargon désignant les agrocarburants

2

Mémoire Master Amadiane DIALLO

cette nouvelle énergie. D'autre part, les pays du sud, au nom du paradigme de développement durable, sont emportés de gré ou de force dans cette dynamique pour continuer à jouer leur rôle traditionnel de pourvoyeur de matières premières pour les pays occidentaux. La carte agricole mondiale change ainsi de visage car il faut aménager d'autres espaces pour cultiver les agrocarburants ou les substituer tout bonnement à d'autres cultures fussent-elles vivrières. Les institutions internationales balisent le chemin en taillant sur mesure des accords, des traités, voire des directives favorables à la mise en oeuvre de mégaprojets d'agrocarburants. Elles tiennent de nouveaux discours du même registre que celui-ci : " De grandes superficies de terre inexploitées pourraient être mises en cultures. Quelques 1,6 milliards d'hectares pourraient s'ajouter au 1,4 milliard de terre actuellement cultivée. Plus de la moitié des terres supplémentaires disponibles se trouve en Afrique et en Amérique Latine. La plupart des terres disponibles dont la pertinence serait la plus élevée pour la production de cultures sur surface non irriguée se trouverait dans ces régions. » (OCDE/FAO, 2009). Ainsi, l'idée d'une Révolution verte pour l'Afrique prend forme. Elle se matérialise à travers la mise en valeur des terres supposées inexploitées avec des investissements fonciers à grandes échelles. C'est ce qui est convenu d'appeler les " Land-grabbing ou accaparement des terres.» (Rapport FAO-OCDE, 2009). Avec toutes ces dispositions favorables, les multinationales s'activent dans l'acquisition de terres pour l'installation de monocultures d'agrocarburants afin de se positionner sur le marché de fourniture d'énergie verte aux grandes métropoles du monde occidental.

Cette fièvre des biocarburants qui a fini de gagner de nombreux pays du Sud n'a pas épargné l'Afrique. Le Sénégal aussi n'a pas échappé à cette mouvance. En effet, des projets d'agrocarburants commencent à s'installer dans ses zones rurales. Malgré les nombreux défis qui se posent à son agriculture notamment l'autosuffisance alimentaire, les enjeux d'une éventuelle résorption de son déficit énergétique semblent plus séduire son gouvernement qui a opté pour une politique agricole favorable aux agrocarburants. C'est pourquoi, un Programme national biocarburants a été lancé à côté de celui de la Grande Offensive pour l'Agriculture, la Nourriture et l'Abondance (GOANA). Il prévoit, entre autres, la plantation de Jatropha dans toutes les communautés rurales du pays. A la faveur de cette orientation de politique agricole, beaucoup d'investisseurs et de promoteurs de projets d'agrocarburants ont investi les zones rurales. D'aucuns s'adonnent à la monoculture d'agrocarburants en employant des ouvriers agricoles dans le défrichage, la mise en défens et la plantation tandis que d'autres se mobilisent à leur tour pour la mise en oeuvre de projets d'agrocarburants de proximité en

privilégiant la satisfaction des besoins locaux en énergie des populations rurales. Cependant, des organisations faitières paysannes appuyées par la société civile tirent la sonnette d'alarme sur cette situation qu'elles qualifient de tentative de déposséder les ruraux de leur terre et d'accentuer leur vulnérabilité.

Dès lors, en tant que agent de développement jouissant d'une petite expérience d'appuiconseil aux agriculteurs sénégalais dans la polyculture élevage, j'ai été interpellé par ces dynamiques globale et locale faites de jeu d'intérets. Je me suis demandé si les agropasteurs sénégalais pouvaient tirer leur épingle du jeu dans ces logiques d'acteurs complexes. J'ai suivi avec intérêt les rebondissements des grandes négociations internationales sur les stratégies d'atténuation et de mitigation à déployer face aux changements climatiques. Car les résolutions issues de cette planification du développement par les « acteurs d'en haut » deviennent, par la force de « l'économie monde », une voie impérative à suivre pour les pays du sud pour etre éligibles aux différents mécanismes d'aide. En effet, les acteurs supranationaux adoptent un mode de coordination par le marché global entretenu par une territorialité concurrentielle. Sous le prétexte d'une participation instrumentale, leurs décisions sont reprises par les dirigeants nationaux des pays en développement qui, par le biais de la territorialité politique, l'administrent aux acteurs infranationaux du 1èr et 2ème niveaux « néobraudeliens » dont les agriculteurs. (AMOUGOU, 2007). Pourtant, les logiques de mise en oeuvre des cultures d'agrocarburants confrontées aux défis de développement agricole et rural des pays du sud et aux réalités du terrain font apparaître des contradictions notoires. C'est pourquoi, la pertinence de ce nouveau modèle normatif de développement agricole et rural imposé aux pays du Sud est une question qui mérite d'être posée. Ainsi, beaucoup d'interrogations se font sur les rapports des projets d'agrocarburants aux défis de développement de la paysannerie des états pauvres du sud. Toutefois, la relative liberté d'exploitation de ses terres dont jouit la paysannerie de beaucoup de pays de l'Afrique subsaharienne contrairement à celle des pays de l'Amérique latine, constitue un point fort.

Au Sénégal, certains agropasteurs sont impliqués dans des projets d'agrocarburants de proximité. Les relations entre ces paysans sénégalais et les projets d'agrocarburants de proximité restent une énigme à élucider. Pour m'inscrire dans cet exercice de compréhension, je me suis posé une question de départ à savoir comment les exploitations agricoles familiales arrivent à s'impliquer dans les projets d'agrocarburants malgré tous les défis qu'elles doivent relever. Dans le souci d'une plus grande précision, cette question de départ a été transformée en question de recherche en ces termes : comment, à partir de leur assolement, des

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Mémoire Master Amadiane DIALLO

exploitations agricoles familiales parviennent-elles à connecter les stratégies de gestion de leur système de productions agricoles aux enjeux d'un projet de plantation de Jatropha?

2- Hypothèses et objectifs de recherche

Pour apporter provisoirement des réponses à la question de recherche, des hypothèses ont été ainsi formulées :

? La primauté des objectifs de subsistance familiale garantie par la sécurisation du foncier et du système de productions oriente les exploitations agricoles familiales vers des stratégies d'intégration minimale du projet de plantations de Jatropha de proximité.

? Les logiques des exploitations agricoles familiales comme acteurs dans la mise en oeuvre des plantations de Jatropha sont déterminées par l'opportunité de renforcement du marquage foncier pour sauvegarder leur système de productions tout en se connectant aux enjeux matériels du projet.

Cette étude s'inscrit dans le cadre d'un travail académique qui met l'étudiant professionnel que je suis dans un exercice de confrontation de la théorie à la réalité du terrain. Elle est aussi orientée vers l'action dans le souci de converger avec les objectifs du Master DéveloppementGestion de projets. L'objectif général de l'étude, repris plus en détails dans la partie «Pertinence du sujet », est de tenter, à travers ce projet de plantations de Jatropha, une analyse des stratégies des paysans face aux enjeux globaux des agrocarburants. Il sera donc question de la nature du rapport des exploitations agricoles familiales au projet de plantation de Jatropha.

D'une manière spécifique, pour la vérification des hypothèses, il est envisagé de :

? faire le point sur le contexte global des projets d'agrocarburants et les points de vues divers y afférents

? faire le point sur les péripéties du développement agricole et rural au Sénégal et sur le projet de Jatropha du cas d'étude

? mettre en exergue, à travers une caractérisation et une typologie, la place qu'occupe la subsistance familiale dans la structure et le fonctionnement des exploitations agricoles familiales

? analyser les motivations de ces exploitations et essayer de comprendre la pertinence de leurs stratégies à côté de celles des autres acteurs de ce projet Jatropha

? proposer, en marge du modèle dominant, des voies et moyens pour que ce projet Jatropha puisse participer véritablement à la satisfaction des besoins énergétiques des collectivités locales concernées.

3- Pertinence du sujet

L'intérêt du sujet résulte des enjeux des projets d'agrocarburants pour les agropasteurs du sud en général et ceux de mon pays en particulier, dans un contexte mondial des changements climatiques. En effet, les opinions des agropasteurs sont souvent occultées dans l'analyse de ces mutations auxquelles ils sont généralement les plus grands perdants. Ce sont plutôt les hommes d'affaire qui commencent à investir le secteur à la recherche de profit sans se soucier des intérêts des populations locales. Toutefois, d'autres projets d'agrocarburants, plus proches des acteurs locaux et en marge du modèle dominant, sont en train de faire leurs petits pas.

Beaucoup de campagnes de dénonciation sont menées sous la houlette de la société civile contre le développement des projets d'agrocarburants et peu d'études ont été menées dans un contexte de proximité avec des agropasteurs impliqués. Les critiques des détracteurs, plus que légitimes et pertinentes, ne sont généralement basées que sur la dichotomie entre cultures vivrières et agrocarburants. Au-delà de ses appréhensions bien fondées, il serait aussi intéressant d'approcher les agropasteurs participant à ces types de projets pour mieux les connaître et essayer de comprendre leurs perceptions et les stratégies qu'ils adoptent face à cette fièvre des agrocarburants.

Les résultats des études de cette nature peuvent permettre de mieux comprendre les stratégies des " acteurs d'en bas » face aux enjeux et logiques des projets parfois divergents de leurs préoccupations majeures. Dans cette optique, la question traitée trouve toute sa pertinence dans le fait qu'elle contribuera à l'amélioration des connaissances sur les subtilités ou capacités des agriculteurs sénégalais à créer une rencontre entre leurs objectifs traditionnels de productions agricoles et les enjeux locaux des projets d'agrocarburants de proximité sans compromettre les fondamentaux de leurs structures. Elles serviront certainement de jalons à des études sur les logiques d'acteurs et la veille nécessaire à la mise en oeuvre de projets d'agrocarburants de proximité dans les pays en développement comme le Sénégal pour qu'ils ne versent pas dans les mémes travers du modèle dominant. En effet, la prise en compte de ces aspects mérite une attention particulière pour prétendre impulser une quelconque politique ou stratégie de développement avec le monde rural.

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4- Clarification de concepts

4.1- Agrocarburants

Un biocarburant ou agrocarburant est un carburant produit à partir de matériaux organiques renouvelables et non-fossiles, pouvant se substituer aux carburants pétroliers pour faire fonctionner des moteurs.

La désignation des biocarburants par agrocarburants vient des mouvements sociaux qui soutiennent que ces derniers ne peuvent pas être appelés «bio» car ne favorisant pas la vie de la paysannerie. D'ailleurs Olivier DE SCHUTTER4 propose une révision des terminologies "biocarburant ", " bioéthanol " et "biodiesel" pour éviter une confusion avec le mode de production biologique qui, selon une directive du règlement du Conseil de l'Union Européenne, constitue un mode particulier au niveau de l'exploitation agricole.

Au-delà de ces positions non moins pertinentes, l'utilisation ici du terme Agrocarburants se justifie plutôt par son préfixe «agro» qui renvoie plus à Agriculture et Agriculteurs ou Agropasteurs5, les principaux centres d'intérêt du mémoire.

Il existe deux grandes familles de biocarburant avec des caractéristiques différentes :

? l'éthanol qui est utilisé dans les moteurs de type « essence » ; il est obtenu à partir de
plantes sucrières (canne à sucre, betterave) et de plantes amylacées (blé, maïs, etc.)

? les esters méthyliques d'huiles végétales ou biodiesels qui sont utilisés dans les moteurs de type « diesel » ; ils sont à base d'huiles végétales (colza, tournesol, soja, palme, graines de coton, Jatropha, etc.)

Pour améliorer les connaissances sur les agrocarburants, les scientifiques travaillent sur des filières regroupées en trois générations.

Les agrocarburants de 1ère génération sont les plus connus avec une technologie bien maîtrisée. Ils peuvent être fabriqués à partir de la trituration de graines des plantes comme le colza ou le tournesol pour obtenir du biodiesel qui peut être incorporé par estérification à un niveau de 15% avec du diésel dans les moteurs du même nom. Il y aussi la filière de l'éthanol issu de la fermentation alcoolique des sucres contenus dans le blé, le maïs ou la betterave et qui est incorporé à l'essence. A côté de ces transformations industrielles, les agriculteurs ont mis en place une filière dite d'huile végétale pure (HVP), beaucoup plus courte, basée sur

4 Professeur de droit international a l'UCL, Rapporteur spécial des Nations-Unies sur le droit à l'alimentation

5 Agriculteur et éleveur en même temps : c'est le cas le plus fréquent au Sénégal

l'extraction directe de l'huile par pressage. Cette huile est utilisée directement dans les moteurs diesel des tracteurs par exemple.

Les biocarburants de 2ème génération sont eux fabriqués à partir de végétaux et de résidus de végétaux. Les scientifiques sont à la recherche de l'option technologique la plus écologique.

Enfin, viennent les biocarburants de 3ème génération qui reposent sur la production d'hydrogène par des micro-organismes mais avec des technologies encore au stade embryonnaire. Toutefois, il a été mis au point, à partir d'algues marines, un biocarburant de 3ème génération appelé algocarburant.

4.2- Jatropha

Le nom Jatropha viendrait de la combinaison de deux mots grecs "Iatros" et "trophos" qui donne en français "médecin" et "nourrice". Il est également appelé Pourghère. C'est un arbuste sauvage de la famille des euphorbiacées qui pousse dans les zones arides d'Amérique centrale, d'Asie et surtout d'Afrique. Le Jatropha était couramment utilisé pour réaliser des clôtures autour des jardins ou le long des chemins. La toxicité de ses parties aériennes lui évite en effet d'être brouté par les animaux. Bien connu des paysans, il est utilisé en médecine traditionnelle. Son huile a des propriétés purgatives à petite dose et sert à traiter certaines maladies de peau ou à soulager les rhumatismes. Elle trouve d'autres utilisations, comme la fabrication de savon artisanal ou l'éclairage avec des lampes rudimentaires. Le latex, utilisé sur les blessures, aurait des propriétés antiseptiques et coagulantes. Toutefois, l'ingestion d'huile ou de graines peut être mortelle à doses plus fortes.

Chauffée à plus de 110 degrés, cette huile affiche les mêmes propriétés que le diesel. Aujourd'hui beaucoup de compagnies aériennes sont en train de le tester pour une alternative au kérosène. Des vols test avec l'huile de Jatropha ont été effectués avec succès. C'est pourquoi, malgré des études jusque-là insuffisantes à son sujet, le Jatropha devient de plus en plus un enjeu économique mondial.

Dans le cadre d'une étude sur les potentialités de développement de la culture du Jatropha à grande échelle, le Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) a réalisé un rapport de synthèse des informations bibliographiques disponibles sur la plante. Pour une meilleure description du Jatropha, les paragraphes ci-après en reprennent quelques éléments.

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4.2.1- Origine géographique :

"Le Jatropha est une plante ancienne. Des formes fossiles datant de l'ère tertiaire auraient été découvertes au Pérou. Son origine est néanmoins controversée puisque certains auteurs la situent dans les régions sèches du Brésil (Caatingao, Etat de Ceara) alors que pour d'autres, ce serait plutôt l'Amérique centrale ou le Mexique (Wilbur, 1954 ; Aponte, 1978). Il semble que ce soit cette dernière origine qui soit officiellement retenue. Cependant, son existence très ancienne établie par les traces fossiles remonte à la période où les continents n'étaient pas encore individualisés, aussi beaucoup d'hypothèses peuvent être envisagées. Il semble que la plante fut introduite au 16e siècle aux îles du Cap Vert par les marins portugais, puis en Guinée Bissau pour se répandre ensuite en Afrique et en Asie. On la trouve actuellement dans toutes les régions tropicales et intertropicales ainsi que sur les îles tropicales.

Son aire de distribution naturelle se situe principalement dans les zones arides et semi-arides (Jones et Miller, 1992 ; Makkar et al., 1997) mais on la rencontre également dans les régions tropicales humides comme le Guatemala (> 4000 mm/an), ou le Nord du Vietnam et de la Thaïlande. Ainsi, Rijssenbeek et al. (2007) situent son aire de culture entre les latitudes 30°N et 35°S."

4.2.2- Description botanique et diversité génétique :

" Le Jatropha se présente sous la forme d'un arbre ou arbuste de 2 à plus de 10 m de hauteur. Son écorce grise ou roussâtre est marquée de taches blanches. La feuille, en forme de coeur, est plus ou moins découpée en 3 à 5 lobes. Ses branches contiennent du latex. Souples quand elles sont jeunes, elles deviennent cassantes avec l'âge, ce qui peut gêner les opérations de récolte. Sa floraison est liée au régime des pluies. L'arbre donne des fruits de couleur jaune, qui deviennent marron foncé en séchant. Les fruits contiennent 1, 2 ou 3 graines riches en huile. La multiplication du Jatropha peut être réalisée par graines ou par boutures ".

"En 1919, Heim témoigne de la découverte d'une nouvelle plante oléagineuse, dans le SudOuest de Madagascar, le Betratra (Jatropha mahafalensis), originaire du plateau de Mahafaly, qui pousse et se reproduit comme le Jatropha curcas L. Houard (d'après Droit, 1932), signalait au Bénin 2 variétés distinctes, qui différaient par la coloration des feuilles : l'une à feuilles vertes, très répandue dans cette région, dont les graines étaient nettement plus grosses, avec un tégument de teinte brun rougeâtre, et l'autre à feuilles rouges, beaucoup moins commune, appelée Jatropha gosipephelium. Ses feuilles étaient plus petites. D'après Prabakanran et al. (1998), il existerait des hybrides naturels de Jatropha curcas L. avec

d'autres espèces du même genre. Ainsi, Jatropha tanjorensis serait un hybride naturel entre J. curcas et J. gossypifolia. Mais cet hybride ne donne pas de graines et il est surtout utilisé pour des haies décoratives. Il y aurait aussi un autre hybride naturel entre Jatropha curcas et Jatropha canascens, également stérile.

Une attention particulière est à porter à la variété dite mexicaine qui ne serait pas toxique. Schmook et Serralta-Peraza (1997) affirment que dans les régions de Quintana Roo et de Campeche au Yucatan (Mexique), les graines sont utilisées en alimentation humaine après avoir été grillées, ou dans d'autres cas, l'huile est extraite des amandes pour être utilisée dans la cuisine".

L'espèce la plus répandue au Sénégal est le Jatropha curcas. Dans la classification des plantes publiée en 1753 par le célèbre botaniste suédois Linné, sa taxonomie est présentée ainsi qu'il suit :

? Règne des Eucaryotes ; Sous-règne des Cormobiontes ;

? Embranchement des Spermatophytes ; Sous-embranchement des Angiospermes /Magnoliophytina ;

? Classe des Dycotylèdones/Magnoliatae; Sous-classe des Rosidae ;

? Ordre des Euphorbiales ;

? Famille des Euphorbiaceae ; Genre Jatropha L. et Espèce Jatropha curcas.

Figure 1 : Plant de Jatropha Figure 2 : Feuilles et fruits de Jatropha

(Source : fr.wikipedia.org, 2011) (Source : FAO, 2008)

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(Source : FAO, 2008) (Source : fr.wikipedia.org, 2011)

4.2.3- Une estimation du rendement jugée raisonnable :

"Une étude réalisée par l'IFEU6 (Reinhardt, 2008), à partir des données du Central Salt and Marine Chemicals Research Institute (Inde) et de l'Université de Hohenheim (Allemagne), donne des prédictions de rendements en graines sèches selon 3 scénarios de production : un scénario actuel, un scénario « optimisé », et un scénario « idéal ». Il ressort que le rendement de 5 t/ha de graines sèches, souvent annoncé comme facilement réalisable, est en réalité à considérer comme un niveau de rendement optimal avec des techniques culturales optimisées et des écotypes performants et adaptés à la zone considérée".

Les données de cette étude sont reprises dans le tableau ci-après.

Tableau 1 : Rendement en graines sèches à 5,8% d'humidité (kg/ha/an) selon 3 scénarios de culture

Scénario

Année 1

Année 2

Année 3

Année 4

Année 5- 20

Moyenne

1

0

268

803

1 606

1 606

1 418

2

0

535

1 606

2 676

2 676

2 382

3

496

991

2 974

4 956

4 956

4 436

Source : IFEU, 2007

NB :

1 : scénario reflétant les conditions actuelles de culture du Jatropha (sans optimisation)

2 : scénario avec optimisation de l'itinóaire technique

3 : scénario avec optimisation de l'itinéraire technique et amélioration variétale

4.2.4- Extraction de l'huile :

"Traditionnellement, l'huile de Jatropha était extraite par des procédés simples : les graines étaient d'abord décortiquées, puis les amandes bouilles dans l'eau. L'huile surnageant dans le récipient était alors facile à récupérer.

6 Institut Für Energie- und Umweltforschung (Allemagne)

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Pour l'extraction de graines oléagineuses à des fins commerciales, on utilise le pressage mécanique ou l'extraction par solvant. La première méthode permet d'extraire entre 90 et 95 % de l'huile de la graine avec une presse, et la seconde 99 % ".

4.2.5- Impact potentiel sur l'environnement :

Malgré les intérêts potentiels que présente le Jatropha pour la production de biocarburant surtout au bénéfice des collectivités locales, il n'en demeure pas moins des questions à prendre en compte quant à son impact potentiel sur l'environnement.

? Jatropha et biodiversité : dans plusieurs pays comme l'Archipel des Comores, l'Est du Mozambique, l'Australie occidentale, le Jatropha a été classé comme une plante à caractère invasif où sa présence est considérée comme problématique (LOW et al, 2007). La difficulté à le contrôler a ainsi conduit l'Australie occidentale à interdire sa culture en 2006. Mais le caractère invasif du Jatropha n'est pas prouvé, et dépend des conditions pédoclimatiques des zones considérées. La question de la difficulté à contrôler son expansion peut toutefois se poser en cas de développement à grande échelle. D'autre part, la culture sur des zones plus ou moins dégradées est susceptible de se substituer à d'autres espèces végétales et des espèces animales associées. Il y existe donc un réel risque de perte de biodiversité si de vastes superficies sont implantées en Jatropha.

? Risques phytosanitaires avec une mise en culture de grandes superficies Jatropha sur les cultures vivrières comme le manioc qui appartient à la même famille des euphorbiacées. L'emploi éventuel de produits phytosanitaires à grande échelle pour contrôler ces ravageurs aura également un impact sur la faune locale spécifique de ces zones.

? La pollution due à la toxicité du tourteau est à prendre en compte en cas de son utilisation comme engrais organique. Mais aucune étude n'est aujourd'hui disponible sur les risques de contamination du sol, des nappes phréatiques, ou des cultures alimentaires par les substances toxiques présentes dans le tourteau. Ce fut le cas du tourteau de ricin qui est utilisé comme engrais organique en agriculture biologique en France alors qu'aucune étude de toxicité n'a été réalisée préalablement (MAURA cité par DOMERGUE & FIROT, 2008).

? Ressource en eau : une étude réalisée en Afrique du Sud par Holl et al (2007) sur l'impact de la culture de Jatropha sur le milieu naturel a évalué les besoins en eau de la culture par un suivi régulier de la consommation de plants de 4 et 12 ans. Il s'avère que dans la plupart des cas, la consommation de la culture (entre 200 et 1200 mm) est largement inférieure à celle de la végétation en place sur un pas de temps annuel. L'étude en déduit que

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le risque de diminution de débit en eau des bassins versants n'est pas à retenir et que, de ce point de vue, la culture pluviale du Jatropha n'aura pas d'impact négatif sur l'environnement. L'irrigation de telle culture n'étant pas envisagée, l'auteur considère que, pour être économiquement intéressante, elle ne peut s'envisager qu'à partir d'une pluviométrie minimale de 800 mm.

4.3- Exploitation agricole familiale et système de production

Le concept d'" exploitation agricole familiale » est pluriel. En effet, parler d'exploitation agricole familiale diffère de sens selon les pays et les contextes. Il trouverait son origine dans l'organisation de la production agricole en Europe. C'est à partir du début du XXème siècle que les agronomes et les économistes agricoles l'ont adopté dans leur discours théorique en faisant référence au modèle d'agriculture occidentale où la famille met en oeuvre ses moyens pour produire des denrées agricoles. Ensuite, la notion s'est appliquée à toutes les agricultures dont l'organisation sociale de la production est proche de ce modèle. (CIRAD-GRET, 2009)

Malgré la difficulté de sa généralisation pour des milieux de réalités différentes, les analystes agronomiques et économiques y font recours en prenant le soin de l'adapter au contexte.

Au Sénégal, BENOIT-CATTIN et Jacques FAYE, en 1982, définissaient l'exploitation agricole familiale comme « une unité de production constituée par l'ensemble des membres d'un groupement familial qui partagent la même cuisine et dont l'aîné assure la charge en y affectant une partie de sa production, en contrepartie du travail que lui allouent les autres membres du groupement..»

Dans beaucoup de sondages et d'études officielles réalisées au Sénégal, le dernier Recensement National de l'Agriculture (RNA) notamment, l'exploitation agricole familiale est considérée comme étant un " groupe familial au sein duquel s'organisent la production agricole, la préparation et la consommation des repas ». Cette dernière définition sera prise comme référence pour ce travail.

La notion d'exploitation agricole peut être approchée de celle de " système de production agricole » définie par Philippe JOUVE comme un " ensemble structuré de moyens de production (force de travail, terre, équipement,...) combinés entre eux pour assurer une production végétale et/ou animale en vue de satisfaire les objectifs des responsables de la production ». Comme tout système, il se caractérise donc par sa structure (ses composantes), son fonctionnement (les relations entre composantes), la régulation (ajustement) ou

mécanismes d'adaptation (sa dynamique d'évolution) et le degré d'ouverture (relations avec l'extérieur).

4.4- Assolement et subsistance familiale

Selon le mémento de l'agronome (CIRAD-GRET, 2009), « l'assolement de l'exploitation est la répartition à une période donnée des surfaces entre les différentes productions végétales. Il résulte de la combinaison des systèmes de culture pratiqués dans les différentes unités du milieu. L'assolement est un concept beaucoup plus proche des préoccupations de l'agriculteur que le système de culture, notamment lorsque l'assise foncière de l'exploitation varie peu dans le temps. »

Le chef d'exploitation agricole familiale affecte des productions végétales aux différentes parcelles dont il dispose en tenant compte des considérations techniques et socioéconomiques. C'est pourquoi, le choix d'un type assolement par rapport à d'autres a beaucoup de significations sur les motivations et stratégies des exploitations agricoles familiales.

La subsistance familiale est tout ce qui est nécessaire à la nourriture et à la survie de la famille. Dans cette étude, il s'agit principalement de la capacité des exploitations agricoles familiales à satisfaire leurs besoins de base (nourriture, santé, éducation, habillement) à travers leurs productions agricoles et autres activés. D'où l'importance d'un bon assolement pour assurer la substance familiale.

4.5- Marquage foncier

La plantation d'arbres dans les paysages agraires de l'Afrique noire d'une manière générale et du Sénégal en particulier permet de marquer le domaine concerné. Ce marquage foncier par l'arbre peut être assimilé à la signification du bornage des propriétés foncières chez les occidentaux. C'est dans ce sens que PELISSIER, parlant de l'Afrique, a affirmé que « le paysage végétal est l'empreinte visible des droits fonciers, par nature inaliénables, détenus par les premiers défricheurs et par leurs descendants. Si, en droit traditionnel, la terre porte seulement des droits d'exploitation, le concept de propriété s'applique intégralement à l'arbre. Mais surtout l'exploitation de l'arbre signifie le droit à l'exploitation du sol: elle en est le signe et, si nécessaire, la preuve juridique. De même, c'est l'appropriation de l'arbre qui précède et entraîne celle de la terre ». (PELISSIER, 1980).

4.6- Acteurs, projets, stratégies et logiques d'acteurs

Selon Frédéric DEBUYST, « les acteurs sont les individus et groupes sociaux qui interviennent, à plus d'un titre, dans une action et se sentent impliqués dans les objectifs de

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cette action. » Ces acteurs, pense-t-il, agissent ou réagissent positivement ou négativement á des décisions ou objectifs. Il en distingue deux types: les acteurs institutionnels qui disposent d'une autorité légitime ou d'un pouvoir accordé et les acteurs non-institutionnels qui n'ont pas ces prérogatives.

Phillipe DE LEENER lui fait une différenciation entre les acteurs directs et indirects, visibles et invisibles, agis et agissant. Par rapport à l'action, les acteurs agissant sont proactifs alors que ceux agis sont réactifs.

Pour le même auteur, un projet est caractérisé par deux dimensions et quatre espaces. Les deux dimensions sont l'action c'est-á-dire « le faire » et la structure composée de l'organisation ("comment être ensemble") et de l'institution ("pourquoi être ensemble").

Concernant les quatre espaces, il s'agit de :

? cadre institutionnel du projet : chef, agents, comptables, service financier par exemple ? population-cible : catégories d'acteurs concernés

? Interface entre projet et population-cible : réunions, ateliers, lieux physiques particuliers

? autres acteurs de l'environnement du projet: exemple des ONGD du Nord et bailleurs qui définissent les critères d'éligibilité de projets.

Dans son cours intitulé « Conception et évaluation économique de politiques et projets », André NSABIMANA définit la notion de projet comme étant « l'ensemble des actions et des interventions que des personnes (ou une organisation humaine) réalisent afin de provoquer des changements et atteindre des résultats ».

Pour Frédéric DEBUYST, la stratégie peut être définie comme « la conception et le mode d'actualisation de ressources combinées en vue d'un but ». Il en distingue deux types que sont : les stratégies relationnelles qui « répondent à des options et logiques d'intervention/actions concernant les acteurs - directement impliqués, alliés ou adversaire » et les stratégies de réalisation qui, par contre, concernent « les voies et contenus des réalisations pour la poursuite des objectifs ».

Le concept de « logiques d'acteurs » permet d'appréhender le comportement des acteurs sur un territoire et parfois de prévoir leurs réactions à l'introduction de nouveaux projets sur l'espace considéré. En effet, Frédéric DEBUYST, parlant des logiques d'acteurs affirme que: « les acteurs sont mues par des motivations propres, liées à leur trajectoire personnelle,

épousent des intérêts, commandés en partie par leur position sociale, leur insertion dans une institution ou organisation sociale, etc. En marge des objectifs qu'ils explicitent, ils orientent, eux aussi, leurs actions en fonction d'objectifs implicites correspondant à leurs intérêts réels». Il pense que l'acteur, ne cherchant pas coûte que coûte la meilleure solution à tout problème, choisit la solution qui correspond à un seuil minimal de satisfaction.

D'autre part, Michel Crozier analyse le comportement des acteurs selon deux grands principes :

? « Le comportement d'un acteur, a toujours un sens rapporté à son contexte : il ne peut pas être rationnel par rapport à des objectifs définis, l'acteur est rationnel par rapport à des contraintes et des opportunités d'une part, par rapport au comportement des autres d'autre part.

? La rationalité limité : il est illusoire de penser que chaque acteur cherche la meilleure solution à tous les problèmes. »

Philipe DE LEENER et DUPRIEZ ont quant à eux introduit la notion de « boussole intérieure » qui suggère de partir de l'idée que « les acteurs, qu'ils soient paysans, chercheurs ou développeurs, sont à tout moment partagés entre plusieurs objectifs qui peuvent se révéler mutuellement exclusifs et dont il faut donc pourtant tenir compte ». C'est l''ensemble des objectifs, éventuellement contradictoires, que le paysan poursuit à travers une même activité ou une méme production qui constitue ce qu'ils appellent sa boussole intérieure. Selon toujours DE LEENER, cette « boussole est d'autant plus complexe qu'il s'implique dans des activités différentes ». Il donne l'exemple du paysan confronté à plusieurs choix d'emblavures poursuivant des objectifs contradictoires. Il est obligé de privilégier tel objectif plutôt que tel autre pour s'en sortir. Toutefois, méme s'il accorde la priorité à un objectif, cela ne signifie pas pour autant qu'il sacrifiera ses autres objectifs cruciaux tels que nourrir la famille ou protéger la terre ou encore maintenir la paix sociale. Au contraire, poursuit l'auteur « il va tenter de forcer un compromis entre les différents objectifs. Il visera ce qu'on appelle un optimum circonstanciel qui tient compte autant que faire se peut des autres objectifs qu'il poursuit. Cet optimum dépend des circonstances, c'est-à-dire de sa situation précise lorsqu''il prend sa décision, des paris qu'il fait sur l'avenir, des risques qu'il est prêt à accepter, de la perception qu'il a des contraintes du moment, etc. En dosant ses efforts et en répartissant ses facteurs de production entre ses différentes spéculations sur un même champ, il tentera de réussir sur tous les tableaux. »

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4.7- Opérationnalisation des concepts déterminants

Pour cette étude, j'ai voulu m'appesantir particulièrement sur les acteurs clé que sont les exploitations agricoles familiales tout en m'intéressant aux stratégies des autres acteurs directs et indirects sans oublier de tenir compte de l'environnement du projet en question.

En effet, pour paraphraser Etienne VERHAEGEN (2001), il s'agit de discuter les tenants et les aboutissants d'un cas concret de projet de plantation de Jatropha à partir de « . .son processus de diffusion en termes de logique d'acteurs individuels d'une part et les règles et normes collectives d'autre part..». Pour cela, à la suite de YUNG et CHAUVEAU, il pense qu'il faut « passer d'une approche déterministe, focalisé sur l'innovation-produit, à une approche centrée sur les acteurs et privilégiant l'analyse de l'innovation-processus ... Dans le cours du processus, l'innovation-produit change le plus souvent de nature et de propriétés sociales car les enjeux qui lui sont associés se transforment du point de vue des acteurs engagés dans ce processus ». Dans le cas échéant, il s'agit d'une innovation qui est au début de son processus mais déjà adoptée par certains producteurs selon leur propre vision. D'où le caractère prospectif du travail que j'entreprends sans avoir l'ambition de cerner tous les contours de la complexité des logiques d'acteurs du projet.

C'est pourquoi, je vais privilégier le schème «boussole intérieure et optimum circonstanciel» de DUPRIEZ et DE LEENER comme fil rouge. Pour l'opérationnalisation de ce modèle d'analyse, je vais mobiliser, en partie, les outils d'étude de la gestion technicoéconomique de l'exploitation agricole qui permettent de décrire les pratiques des agriculteurs, d'expliciter leur logique avant de formuler des propositions. La démarche est basée sur la reconnaissance du savoir-faire paysan en s'appuyant sur les principaux éléments d'analyse suivants (CIRAD-GRET, 2009):

? Comprendre ce que font les agriculteurs, comment et pourquoi :

o comment les agriculteurs combinent-ils plusieurs activités et pratiques agricoles au sein de leur exploitation ?

o quelle est la rationalité de leurs pratiques ? quels sont les problèmes techniques et économiques auxquels ils se trouvent confrontés ? Quelles sont les contraintes qui limitent le développement de leur exploitation ?

? Evaluer les résultats obtenus :

o quelles sont les performances techniques obtenues pour chacune des activités ?

o quelles sont les performances économiques globales de l'exploitation, en termes de richesse créée et de revenu de l'agriculteur ?

Ce processus va permettre d'opérationnaliser et d'apprécier le concept de subsistance familiale par le biais des indicateurs comme Taux d'activité, Taux de satisfaction en Traction animale, Taux d'Equipement en houe, Taux d'Equipement en Semoir, Taux de couverture en Céréales, Part revenu agricole dans le revenu annuel global, Part des dépenses de subsistance dans le revenu annuel global.

Le concept d'exploitation agricole familiale va aussi être mis en exergue par le biais d'une caractérisation et d'une typologie utilisant les mémes indicateurs.

Le marquage foncier sera apprécié par le taux de plantation d'arbres dans ou autour des parcelles de cultures.

Les stratégies d'intégration minimale peuvent être décelées à travers la planification ou le choix d'une option de plantation moins bouleversante de l'assolement habituel.

Concernant les stratégies et logiques d'acteurs, le concept acteur peut être subdivisés en deux dimensions à savoir direct et indirect et en composantes que sont : acteurs " au sommet » et acteurs " à la base ». Les indicateurs pour les appréhender sont : capacité d'influence, capacité de manipulation, l'identification des objectifs.

5- Controverses autour des agrocarburants

5.1- De l'historique des politiques agricoles mondiales aux enjeux et logiques globales

des agrocarburants

Selon Jean-Philippe PEEMANS, les politiques agricoles dominantes actuelles " sont le résultat de stratégies d'acteurs qui systématiquement depuis des générations ont cherché à remodeler la pluralité des modèles de développement préexistants selon une logique unique qui impulse leurs seuls intérêts et impose leur pouvoir de décision. ». Citant LANG et HEASMAN (2004), il précise que "la marchandisation-commodification du monde, et son impact destructeur sur l'agriculture et la paysannerie est la manifestation la plus visible de l'extrême violence de ce modèle dominant ». En outre, " du point de vue environnemental cette logique repose sur une instrumentalisation sans limite de la nature et des espèces végétales et animales, tandis que du point de vue social, elle provoque une marginalisation et une destruction systématiques de la paysannerie (MC MICHAEL P., 2000) ».

Dans le cadre du cours intitulé « Acteurs et territoire » (DVLP2335, 2010) qu'il a dispensé avec Etienne VERHAEGEN, un survol historique de l'évolution des politiques agricoles dominantes a été réalisé. Les paragraphes qui suivent en sont une synthèse.

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Tout d'abord, il faut souligner que les politiques agricoles dans le monde ont été longtemps influencées par le modèle dominant des grandes puissances. Depuis la seconde guerre mondiale, les résultats spectaculaires du New Deal7 aux Etats unis d'Amérique, notamment les surplus agricoles exportables dégagés, ont fortement orienté toutes les politiques agricoles de modernisation. Les puissants investisseurs de l'agro-alimentaire, en quête de conditions de rentabilité de leurs activités, se ruent dans les pays du sud.

Pendant la décolonisation et la guerre froide, le paradigme de développement fut la modernisation avec un rôle central de l'Etat. Le développement est ainsi vu comme « un processus de rattrapage et les paysanneries perçues comme figées dans les traditions ». La production agricole et le travail paysan étaient alors les ressources pour le développement industriel et la consolidation des Etat-Nations.

Dans les années 1970, les limites de ce modèle mènent à l'ouverture au commerce international. Des réformes agraires et foncières vont faciliter les politiques patrimoniales étatiques des ressources naturelles et les grands projets communément appelés « éléphants blancs ». Dans les pays sahéliens, des grosses sociétés d'encadrement et commerciales orientées vers les cultures de rente ont été mises en place.

C'est à partir des années 1980 que le rôle des Etats-Nations dans le développement a été redéfini. Désormais le développement doit répondre au processus continu d'adaptation aux exigences de la libéralisation et de la globalisation des marchés. Le Consensus de Washington assigne désormais aux Etats le rôle de facilitateurs de l'intégration des populations aux marchés et logiques globaux. Les espaces locaux deviennent alors les supports des « pôles de performances » pour répondre aux exigences de la demande et des conditions des marchés globaux.

Les Plans d'Ajustement Structurel (P.A.S.) ont été imposés aux états au début des années 80 en contrepartie de 1'octroi de nouveaux préts ou de l'échelonnement d'anciens préts par le FMI et la Banque mondiale. Cette période qui s'étend de 1980 à 2000, coïncide avec la montée des grandes préoccupations environnementales globales (Conférences des Nations Unies sur l'Environnement., la Biodiversité, le Climat). Les grands projets ont été abandonnés au profit de projets locaux. Les maîtres mots deviennent : Décentralisation/Bonne gouvernance/Développement participatif. Les acteurs locaux sont devenus «les partenaires » du développement. Toutefois, les territoires locaux sont toujours intégrés à l'espace global.

7 Terme désignant la politique anti-crise de Franklin Roosevelt menée entre 1933 et 1935 notamment le soutien aux prix agricoles

Les politiques d'appui à la privatisation de la terre sont encouragées sous le prétexte de sécuriser les investissements pour améliorer la productivité. C'est ainsi que l'accès aux ressources aux " out-growners » ou " agri-businessmen » a été facilité et élargi.

A partir des années 2000, le contexte des changements climatiques, de la pénurie des ressources renouvelables notamment le pétrole sont en-tête de tous les agendas politiques sans oublier les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) qui stipulent dans ses objectifs 7 et 8 respectivement : Assurer un environnement durable et Mettre en place un partenariat mondial pour le Développement.

A cette période, le grand casse-tête qui se pose à l'humanité reste l'alternative à l'" or noir » dont elle a été habituée et a construit son modèle de développement. L'urgence de l'adaptation aux changements climatiques et de l'atténuation de ses effets négatifs par la réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES) a favorisé une orientation vers des énergies renouvelables. Dans cette optique, la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a adopté en 1997 le protocole de KYOTO signé par 183 pays mais non encore ratifié par tous (les Etats-Unis par exemple). Il dispose que les pays développés doivent réduire leurs émissions de CO2; ils peuvent acheter et vendre des permis négociables pour maîtriser les émissions là où leurs réductions sont les moins coûteuses ; ils peuvent aussi investir dans des projets dans les pays en développement à travers le mécanisme de développement propre8. Les agrocarburants, entrant dans cette famille des énergies renouvelables, deviennent des éléments centraux dans la nouvelle orientation de l'agriculture à côté de la percée des OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) qui sont destinés à booster les productions et satisfaire l'agro-industrie et par conséquent la grande distribution.

Dès lors, les agrocarburants, émettant potentiellement moins de gaz à effet de serre que les hydrocarbures issus du pétrole, ont été ciblés, entre autres, comme axes stratégiques de cette nouvelle politique. De nos jours, les projets de cultures d'agrocarburants se développent d'une manière spectaculaire bien que les énergies dérivées ne représentent qu'environ 3% de la consommation mondiale de carburants. Toutefois cette tendance sera forcément renversée quand on sait que les grandes puissances à l'image de l'Union Européenne livrent un combat stratégique contre le changement climatique par les énergies renouvelables. En effet, lors du 20è congrès mondial de l'énergie en novembre 2007, le président de la commission de l'UE,

en l'occurrence, José Manuel BARROSO affirmait " l'histoire nous jugera sur notre capacitéà affronter le défi de l'énergie ainsi que sur la mitigation des effets du changement

8 Voir infra

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climatique». Ceci s'est matérialisé par l'adoption en décembre 2008 du plan « Trois fois 20 » pour l'horizon 2020: réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre, diminution de 20% de la consommation d'énergie et production de 20% d'énergie renouvelable (avec une utilisation de 10% d'agrocarburants pour les transports). Pour atteindre cet objectif, l'UE sera obligée d'importer une grande partie de sa consommation d'agrocarburants dans les pays du sud où il est annoncé des terres non encore exploitées.

Toutefois, les organisations du Sud réunies en Equateur en 2007 pour débattre sur les agrocarburants et le défi du « développement » dans une société post-pétrolière ont essayé de répondre à la question : pourquoi et pour qui ce mot d'ordre international de la promotion de l'agro-énergie est indispensable ? Selon eux, il est clair que les hydrocarbures constituent le fer de lance de l'économie mondialisée. L'extraction et le contrôle des carburants fossiles sont des enjeux majeurs de pouvoir. Les grandes puissances gouvernent le monde en contrôlant l'énergie. Le mode de vie occidentale devenu, au nom de la globalisation, un modèle universel pour l'humanité est entretenu par une forte demande en énergie et en matières premières (alimentation, santé, vêtements, logement, mobilité...). C'est pourquoi, pour anticiper sur la fin des énergies fossiles, le capitalisme cherche désespérément de nouvelles formes de production d'énergie. La mise en oeuvre des projets d'agrocarburants constitue ainsi une nouvelle géopolitique mondiale. A ce titre, ils renforcent le modèle de l'agrobusiness et de l'agriculture industrielle et sont soumis à la logique de la dette et de l'exportation. Dans cette optique, toujours selon ces organisations du Sud, les agrocarburants sont destinés à remplacer progressivement le pétrole afin de servir de levier au « paradigme de la croissance ».

En Afrique, Il y a un grand nombre d'acteurs impliqués dans la promotion des agrocarburants. Le Brésil connu pour son rôle précurseur dans la production de biocarburant s'est tourné vers le continent africain pour assouvir son ambition de créer un marché mondial pour l'éthanol. Il a réussi déjà à obtenir l'appui d'une quinzaine de pays à travers des accords bilatéraux. Par l'intermédiaire du Forum International des "Bio"carburants, le Brésil et ses associés (la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud, les Etats-Unis et l'Union Européenne), organisent un marché international pour les agrocarburants. Pour alimenter ce marché, plusieurs multinationales de l'énergie comme BP, D1 Engrasa et Petrobras ont financé des projets d'agrocarburants en Afrique. Sous l'égide des institutions internationales, des lois ont été taillées sur mesure pour favoriser cette production à grande échelle des agrocarburants.

François HOUTART dans son livre « L'agro-énergie : solution pour le climat ou sortie de crise pour le capital ? », après avoir jeté un regard critique sur la question, propose de changer tout bonnement le modèle de développement actuel en passant à une logique post-capitaliste de l'économie. Pour lui, " le modèle économique en jeu est nettement orienté vers l'exportation..» au détriment d'un modèle basé sur l'initiative paysanne. Il a mis en exergue les implications et les alliances qui se nouent autour des agrocarburants entre les sociétés pétrolières d'une part et des industries de l'automobile d'autre part. Parlant des motivations des premières, il précise qu' " il s'agit de conserver les monopoles établis sur les ressources énergétiques et dans le second, de garder le contrôle des nouveaux carburants en les adaptant au rythme exigé par les technologies appliquées aux moteurs ». Pour renforcer les agrocarburants comme des éléments de la reproduction du système capitaliste, les multinationales s'activent pour contrôler la production et la distribution afin de diversifier leur source d'accumulation. Il défend la même position que les organisations du Sud qui estiment que " les initiatives dans le domaine des agrocarburants doivent répondre en ordre prioritaire aux besoins locaux et régionaux, plutôt qu'à l'exportation et que la production doit être décentralisée, sur base de l'agriculture paysanne ». Dans le cas des mégaprojets où les investisseurs privés font systématiquement de la monoculture, c'est la logique du profit car dit-il " les plantations représentent bien plus de valeur ajoutée que l'agriculture paysanne et contribuent ainsi à l'accumulation du capital ». Le paysannat est " alors transformé en prolétariat rural ».

5.2- Agrocarburants et accaparement des terres dans les pays du Sud

L'accaparement des terres est un phénomène dénoncé par beaucoup de détracteurs des agrocarburants. Méme si la pratique n'est pas nouvelle, elle a connu un nouvel essor avec l'avènement des agrocarburants dans le monde.

Un rapport de la banque mondiale de 20109, cité dans une récente étude10 réalisée par des experts belges, révèle que " la promotion des agrocarburants a déclenché une intense activation des marchés fonciers, qui a culminé en 2009, avec des transactions foncières à grande échelle ayant atteint 45 millions d'ha, contre une moyenne de 4 millions d'ha par an pendant la décennie précédente. Si toutes ces transactions ne visaient pas, loin s'en faut, la production d'agroénergie, il reste que des 389 grosses transactions répertoriées par la Banque Mondiale, 35% concernaient l'agroénergie »

9 Rising Global Interest in Farmland - Banque Mondiale - septembre 2010

10 Intitulée « Impact de l'expansion des cultures pour biocarburants dans les pays en développement »

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Du fait des politiques rendant obligatoire son incorporation dans les combustibles destinés au transport notamment aux Etats-Unis et dans l'Union Européenne, les agrocarburants sont de plus en plus demandés au niveau du marché mondial. Ainsi, les investisseurs privés essaient de contrôler le foncier pour sécuriser leurs opérations car " pour produire des agrocarburants, il faut des terres ».

Dans son éditorial paru dans la revue Alternatives Sud (vol 18, 2011), François POLET, parlant de l'accaparement des terres, a distingué deux grands types de situations décrites ainsi:

? " les terres visées sont soumises à un régime foncier de propriété privée. Les occupants antérieurs, petits ou gros propriétaires, sont porteurs de droits formalisés sur la terre, sous la forme d'un titre de propriété généralement. Ils acceptent alors de les céder, volontairement ou après avoir subi des pressions, parfois même après des actes de violence »

? « les terres visées sont soumises à un régime coutumier : ces terres sont habitées ou utilisées depuis des générations par les populations locales, mais celles-ci ne disposent pas de documents formellement reconnus attestant de leurs droits. Les droits d'usage (agriculture, pâturage, ramassage de bois de feu, etc.) et des droits de propriété sont pourtant socialement reconnus à des individus, des familles ou des communautés, et il existe des mécanismes variés de gouvernance, mais sont faiblement sécurisés et l'Etat estime pouvoir, ou peut légalement, récupérer ces terres moyennant une indemnisation. »

Dans ce dernier cas, les affectations des terres aux firmes d'agrocarburants se font le plus souvent sans consultation aucune des populations locales.

Une étude de mars 2009 sur les « Pressions commerciales sur la terre dans le monde » de l'International Land Coalition, a identifié six acteurs clés avec diverses motivations.

D'abord, il y a les acteurs privés, entrepreneurs ou investisseurs qui ont des motivations capitalistes, c'est-à-dire faire des affaires en maximisant leur profit et partager les dividendes entre actionnaires. Pour arriver à leur fin, ils sont prêts à faire des investissements pourvus qu'ils soient rentables. Ainsi, la main mise sur le facteur de production clé qu'est le foncier est primordial pour assurer une production stable d'agrocarburants.

Ensuite, viennent les Etats « investisseurs » qui accompagnent ces privés et veulent contribuer à leur autosuffisance énergétique, en produisant hors de leurs frontières les agrocarburants nécessaires car ne disposant sur leur territoire que de surfaces agricoles réduites par habitant. Ils parviennent à acquérir des superficies par le biais de "politiques de

coopération", d'accords intergouvernementaux permettant la signature de contrats avec de grandes entreprises privées nationales ou multinationales de connivence.

Puis, les Etats "hôtes" qui accueillent ces projets et justifient les affectations de surfaces par le "besoin d'investissements externes" pour leur développement. Ils se disent convaincus que les agriculteurs locaux, à cause de leur moyens financiers et techniques limités, sous exploitent les ressources foncières dont ils disposent. Malheureusement, les contrats de cession de terres qu'ils signent ne vont pas dans l'intérêt national.

Les autorités ou entités politiques au niveau local à savoir les communes, communautés rurales, peuvent aussi, dans certaines mesures, adopter les mêmes comportements de compromissions au détriment des intérêts des agriculteurs.

Quant aux populations des zones concernées par l'accaparement des terres, leur niveau d'implication est relégué au second plan. Néanmoins, certains propriétaires peuvent recevoir une indemnisation pour la vente ou la location de leurs terres espérant en plus un impact sur la communauté avec l'installation d'entreprises privées.

Enfin, les partenaires au développement qui, en dépit de quelques réserves, appuient les privés pour les investissements dans l'agriculture. Ce paradoxe dans la dénonciation de ce phénomène par la Banque Mondiale est mis en évidence par un centre de recherche américain qui montre " comment la SFI (la filiale de la Banque Mondiale chargée des rapports avec le secteur privé) et la FIAS (filiale de la SFI spécialisée dans le conseil) ont respectivement financé des accaparements de terre et crée les conditions pour de tels accaparements par la mise en place de législations ad hoc ». (cité par CETRI, 2010)

D'autre part, l'Oko Institut (Allemagne) a démontré que « s'il n'y a pas de changement direct d'utilisation des sols, il y a nécessairement un changement indirect ». Ceci est désigné par l'expression Changements d'Affectation des Sols Indirects (CASI) ou Indirect Land Use Change (ILUC) en anglais. Ainsi, " les 45 millions d'ha de cultures pour agrocarburants "viennent nécessairement remplacer quelque chose quelque part", avec des impacts a priori similaires aux impacts directs. L'effet est le même, in fine, que les agrocarburants soient produits sur des terres défrichées à cet effet, ou quils aient déplacé d'autres productions avec un effet induit de déforestation. Qu'ils aient déplacé l'agriculture paysanne, ou déplacé d'autres plantations qui déplacent ensuite l'agriculture paysanne. » (ibid.)

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Dès lors, l'utilisation de terres agricoles pour la production de carburant en Europe ou aux Etats unis créée des effets indirects du fait de la pression sur les terres du Sud pour remplacer les productions abandonnées.

5.3- Agrocarburants et sécurité alimentaire

Toujours dans son éditorial cité plus haut, François POLET affirme que « la formidable poussée de la consommation d'agrocarburants durant les années 2006 et 2007 constitue bel et bien un facteur de la flambée des prix agricoles mondiaux début 2008, avec les mauvaises récoltes, l'absence de stock et la spéculation ». Il précise « qu'il s'agit cependant d'un facteur ayant temporairement aggravé une situation de vulnérabilité alimentaire structurelle liée à la situation de dépendance vis-à-vis des marchés internationaux dans laquelle des dizaines de pays, autrefois autosuffisants, ont glissé ces dernières décennies ». Tout en considérant les agrocarburants comme un facteur secondaire de la crise alimentaire de 2008, l'auteur reconnaît qu'ils demeurent une vraie menace pour la « sécurité alimentaire locale » du fait de « l'affectation de surfaces à la production d'agrocarburants dans les pays où les terres fertiles sont limitées ». Il juge méme que le risque est réel s'il se réfère aux expériences des cultures de rente comme le coton, le café, l'ananas, les fleurs qui se sont substituées aux cultures vivrières après que des investisseurs extérieurs se soient accaparés des terres pour fructifier des productions destinées à l'exportation. En effet, selon lui, les acteurs capitalistes n'ont pas un intérêt particulier à se limiter à des parcelles marginales pour gérer leur « business » méme avec des cultures comme le Jatropha qui s'y préterait. Les rendements augmentant avec la fertilité des sols, ils vont tout bonnement s'orienter vers les terres propices.

La compétition entre agrocarburants et cultures alimentaires est aussi appréhendée du point de vue des temps de travaux consacrés aux conduites. Des paysans sénégalais l'ont bien compris et face à des promoteurs de projets de Jatropha destinés à l'exportation, ils ont répliqué : « nous n'allons pas confier nos ventre à l'extérieur ».

Bien que les gouvernements des Etats-Unis et de l'Union Européenne continuent à dédramatiser, les experts des grandes instances multilatérales et d'imminents chercheurs (IFPRI ; Commission Gallagher) ont désormais reconnu le lien entre la promotion des agrocarburants et la hausse des prix alimentaires. Suivant les hypothèses et les produits, ils ont conclu à une contribution aux hausses de prix variant entre 30% et 75%.

Bien que des auteurs pensent que le cas américain concernant la filière éthanol n'est pas représentatif, il faut remarquer qu'aux USA, un plein de bioéthanol de véhicule 4X4 équivaut à 250 kg de céréales correspondant presque à l'alimentation d'une personne par an dans de nombreux pays en développement.

L'article de Eric HOLT-GIMÉNEZ et Annie SHATTUCK, paru dans Food Sovereignty et repris dans la revue Alternatives Sud sous le titre « Agrocarburants et souveraineté alimentaire : une autre transition agraire », aborde dans le même sens. Ces deux auteurs nous apprennent que « 5% de la récolte mondiale de maïs en 2008 a été convertie en carburant liquide pour le transport ». Citant la FAO, ils rapportent que : « à l'échelle de la planète, les personnes les plus pauvres dépensent déjà 50% à 80% de leur revenu familial pour leur alimentation ». Ainsi, poursuivent-ils « elles souffrent quand les prix élevés des cultures pour carburants font monter le prix des aliments ».

5.4- Rapports à la paysannerie : monocultures industrielles ou agrocarburants de

proximité avec la polyculture paysanne

Le modèle dominant dans la mise en oeuvre des agrocarburants reste la monoculture industrielle caractérisée par un mode de production capital-intensive basé sur une utilisation massive d'énergie, d'eau, d'intrants chimiques dans de très grandes superficies. « Elles s'étendent en pratique soit aux dépens de zones dites inhabitées (forêts, savanes, etc.), soit au détriment de la polyculture paysanne ou d'autres activités agricoles ». (CETRI, 2010). Ce sont généralement de grandes entreprises privées qui travaillent en régie et emploient les petits producteurs comme ouvriers agricoles. Malgré cette utilisation de main-d'oeuvre, les monocultures sont taxées souvent de « destructrices d'emplois et de moyens de subsistance ». En effet, les emplois qu'elles créent par unité de surface exploitée sont en dessous de celles assurées par une agriculture paysanne diversifiée de nature labour-intensive. Dans beaucoup de pays comme l'Indonésie, les monocultures industrielles pour agrocarburants sont « destructrices de l'agriculture paysanne et ont accru l'insécurité alimentaire du fait du remplacement de cultures visant l'alimentation, de la réorientation de l'usage de cultures alimentaires, et de l'utilisation de terre, d'eau et de main d'oeuvre précédemment dédiée à la production d'aliments. » (Ibid.)

Une étude de la banque mondiale, référenciée précédemment, révèle que « les salaires payés sur les plantations ne sont en moyenne qu'une fraction (entre 1/2 et 1/10) des revenus de petits paysans indépendants ». Le rapport 2010 de l'UNICEF indique que dans un pays comme le Guatemala, 2ème fournisseur de l'Union Européenne en éthanol, ces « revenus sont

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insuffisants pour alimenter une famille : la malnutrition atteint 1 enfant sur 2 et 80% de la population indigène qui fournit la main d'oeuvre pour les grandes plantations (UNICEF, 2010) ».

A côté de ce modèle, d'autres projets tentent de relever le défi de l'accès ou de la satisfaction des besoins en énergie pour les populations rurales. Il s'agit de filières d'agrocarburants de proximité qui, à l'échelle d'un territoire restreint, reposent sur des savoir-faire existants et des technologies simples, et impliquent des artisans locaux intervenant aux différents maillons de la chaîne de production : production de la matière première énergétique, extraction de l'huile végétale et prestation de services divers. Pour le cas du Jatropha, l'huile végétale pure (HVP) obtenue est destinée à la satisfaction des besoins locaux tels que la fourniture d'énergie aux groupes électrogènes pour les moulins à céréales, les forages et à de petites centrales électriques qui fonctionnaient tous avec du diésel. En effet, l'huile du Jatropha peut remplacer progressivement le diesel dans toutes ses utilisations en milieu rural.

Ces types de projet sont ainsi différents des mégaprojets qui privilégient la monoculture comme principale forme de production et transforment le paysannat en ce que François

HOUTART appelle « le prolétariat rural ». Faisant une comparaison, il affirme que : « à côtédu palmier à huile, plante plutôt bourgeoise qui entraîne des déforestations massives, le

Jatropha curcas apparaît comme une plante prolétaire car n'importe qui peut la faire pousser ».

Des expériences prometteuses de projets d'agrocarburants de proximité avec le Jatropha existent dans beaucoup de pays comme le Mali et la Tanzanie. Au Mali, c'est M. Reihnard HENNING de la coopération allemande qui a initié le concept de "Système Jatropha" basé sur l'introduction du Jatropha au sein du système de production d'un village. Quatre composantes principales ont été ciblées. D'abord, « la lutte contre l'érosion » avec des haies plantées sur des pentes pour diminuer le ruissellement et l'infiltration rapide. La « fertilisation des sols » est la seconde composante. Elle consiste à utiliser les produits dérivés de la plante comme les feuillages, les tourteaux, les coques pour en faire de l'engrais organique et remplacer les engrais minéraux coûteux importés. Ensuite, vient le volet de la « réduction de la pauvreté » induite par : l'utilisation de l'huile végétale pure dans des moteurs diésel pour satisfaire des besoins locaux, l'amélioration des rendements par la fumure organique, la diminution des pertes imputables à la divagation des animaux avec la généralisation des haies vives de Jatropha. Enfin, il y a la « promotion des activités annexes pour les femmes » comme dernière

composante : organisation autour d'unités de production de savon, rémunération des tâches comme la cueillette des fruits et le traitement des graines, allégement des travaux avec l'installation de moulins tournant à l'huile de Jatropha. Dès lors, le système Jatropha est de nature à rendre la vie au village plus aisée. (ALPHA GANO A. K., 2011).

Selon HENNING, « le système Jatropha est une approche de développement rural intégrée dont l'avantage capital est de pouvoir réaliser toute la chaine de production à l'échelle d'un village ». Dans le souci de prévenir d'éventuels impacts négatifs de l'intensification à outrance des cultures de Jatropha au détriment des cultures vivrières, HENNING a suggéréde :

? privilégier la plantation en haie : le projet Jatropha Mali était, en 2007, à plus de 10 000 km de haies vives de réalisation avec un potentiel de production de 200 000 tonnes de graines ;

? privilégier les terrains accidentés et les terres pauvres dans les plantations hors haie vive : sur les 1800 ha de cultures financées par la coopération allemande au Mali, seuls 700 ha sont situés dans des zones de production de maïs.

? éviter au maximum la monoculture

? promouvoir les droits des populations des zones d'exploitations à bénéficier prioritairement des avantages des produits dérivés du Jatropha notamment l'huile végétale pure (moulins, forage...) et les tourteaux (fertilisant organique pour leurs parcelles).

5.5- Instruments coopération au développement et projets d'agrocarburants au Sud

5.5.1- Mécanisme de Développement Propre (MDP) et programmes REDD

L'article 3 du protocole de Kyoto précise que « les Parties visées à l'annexe I11 font en sorte, individuellement ou conjointement, que leurs émissions anthropiques agrégées, exprimées en équivalent-dioxyde de carbone, des gaz à effet de serre indiqués à l'annexe A12 ne dépassent pas les quantités qui leur sont attribuées, calculées en fonction de leurs engagements chiffrés en matière de limitation et de réduction des émissions inscrits à l'annexe B et conformément aux dispositions du présent article, en vue de réduire le total de leurs émissions de ces gaz d'au moins 5 % par rapport au niveau de 1990 au cours de la période d'engagement allant de 2008 à 2012. »

11 Listes des pays développés ou « pays en transition vers une économie de marché » et leurs engagements chiffrés de réduction des émissions dans l'Annexe B du Protocole de Kyoto

12 Listes des gaz à effet de serre et leurs secteurs/catégories de sources

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Le mécanisme pour un développement «propre» a été établi par l'Article 12 du protocole de Kyoto. Son objet est " d'aider les Parties ne figurant pas à l'annexe I à parvenir à un développement durable ainsi qu'à contribuer à l'objectif ultime de la Convention, et d'aider les Parties visées à l'annexe I à remplir leurs engagements chiffrés de limitation et de réduction de leurs émissions prévus à l'article 3. »

A travers les Mécanismes du Développement Propre (MDP), les pays développés ayant ratifiés le Protocole de Kyoto peuvent donc acheter une partie du « quota » auprès des structures conduisant dans des pays émergents ou en voie de développement des projets entraînant une réduction quantifiable de ces gaz. La vente des Unités de Réduction Certifiée des Émissions (URCE) également appelées « crédit carbone », représente une source additionnelle de revenu pour ces projets.

Cependant, les résultats ne sont pas reluisants pour les pays pauvres car peu de projets de développement agricole et rural ont été élus aux MDP en Afrique sub-saharienne. En effet, entre 2004 et mai 2009, sur 1.653 projets, 80% ont été financés en Chine, Brésil, Inde, Corée et seulement 3,3% en Afrique. En plus, les financements ont privilégié les projets industriels au détriment de ceux de l'agriculture avec seulement 5%. (IMMINGA H.et al., 2010).

André Nsabimana aborde dans le même sens en affirmant que : " en encourageant la participation à des projets dans les pays en développement, la finance carbone constituerait ainsi une nouvelle opportunité pour soutenir le transfert des technologies vers les pays en développement, et soutenir le développement des entreprises. Cependant, cinq ans après le démarrage du marché de carbone, les effets escomptés sur le développement sont loin de se réaliser en Afrique subsaharienne. » Il a fait un diagnostic des causes de cet échec qui ont pour noms :

1) L'inadaptation du MDP aux économies africaines dont les secteurs essentiels comme l'agriculture, la foresterie avec un potentiel énorme d'investissements et de réduction des émissions de GES, sont exclus des systèmes de quotas. Le manque de compétences techniques et de moyens financiers pour concevoir et manager les projets MDP dont les coûts de transactions peuvent affecter considérablement la rentabilité des micro-entreprises qui représentent plus de 90 % en Afrique subsaharienne.

2) La non implication du secteur bancaire africain qui est en traine dans le financement des projets MDP.

3) Le principe d'additionalité rend complexe et peu incitatif l'éligibilité au MDP pour les entreprises africaines. En tant que pays hôtes, elles n'ont pas les mémes faveurs que celles des

pays développés alors que « la réduction des émissions de GES a le même impact positif indépendamment de l'endroit où elle intervient ».

Pour que le MDP soit incitatif pour les promoteurs de projets de l'Afrique subsaharienne, il pense que « le système de calcul de crédits devrait être basé sur le même scénario de référence, quel que soit le promoteur du projet ». (NSABIMANA A., 2010).

Par ailleurs, les stratégies de réduction des émissions de gaz à effet de serre au niveau des foréts font l'objet de programmes de l'ONU et ont connu beaucoup d'amendements à la faveur des négociations au cours des différents sommets. Il s'agit successivement de la:

? 1ère étape avec RED : Réductions des Emissions liées à la Déforestation (Montréal et Nairobi, 2005-2006);

? 2ème étape avec REDD : Réductions des Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation des forêts (Bali, 2007) ;

? 3ème étape avec REDD+ : REDD et intégration des activités d'augmentation des stocks de carbone en forêt, de la conservation et de la gestion forestière durable (Bali et Poznañ, 2007- 2008)

? 4ème étape avec REDD++: REDD+ et intégration de l'usage des terres à vocation agricole notamment

Ce mécanisme international, en perpétuelle discussion sous la convention cadre des nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a pour objectif de renforcer les capacités des pays forestiers tropicaux qui s'engagent dans les objectifs cités ci-dessus et de rémunérer ainsi leurs efforts dans ce sens.

5.5.2- Certification et critères de durabilité

L'Union Européenne a adopté une Directive 2009/28 avec des critères de durabilité. En pratique, les critères contraignants ne concernent que les deux aspects suivants:

1) « les émissions de gaz à effet de serre : la Directive énonce que l'utilisation des biocarburants doit résulter en une réduction de ces émissions d'au moins 35% en 2020 et 50% au 1er janvier 2017;

2) les changements directs d'utilisation des sols : la Directive énonce que la matière première, qu'elle soit produite en Europe ou ailleurs, ne peut pas avoir été produite dans des zones écologiquement sensibles ou importantes (biodiversité, captation de carbone). »

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Ces critères s'appliquent à la mise en culture et concernent donc les entreprises productrices. Pour vérifier le respect des critères de durabilité, les opérateurs économiques doivent "montrer que les critères de durabilité [...] ont été respectés", étant entendu que le système de vérification ne doit pas "imposer une charge déraisonnable aux entreprises".

Pour Olivier DE SCHUTTER, la certification et les critères de durabilité se limitent à vérifier qu'il y a une réduction des émissions de GES, qu'il n'y a pas de production sur des terrains de haute biodiversité et de production dans des zones de stockage de carbone. Il considère qu'il y a une absence de critères contraignants concernant le mode de production et les aspects sociaux et de droits humains. Pour étayer ses réserves, il a donné des exemples de productions certifiées « durables » au sens de la Directive actuelle mais qui ne prennent pas en compte les aspects cités :

? canne à sucre au Guatemala (malgré la malnutrition chronique constatée)

? huile de palme dans le Chocó (malgré les massacres et destruction de biodiversité) ? Jatropha sur le Kapunga Rice Farm (malgré le remplacement du riz par Jatropha)

? éthanol produit par Cosan (malgré le travail esclavagiste constaté par le Ministère du Travail) ; ce site a même reçu la visite de Monsieur Herman Van Rompuy13 en juillet 2010.

Comme alternatives, il a fait, entre autres, les propositions suivantes :

? la suppression de l'obligation d'importer car c'est « un feu vert à la spéculation foncière, à la déforestation, à la priorité donnée aux besoins étrangers par rapport aux besoins nationaux »

? le renforcement des critères de durabilité avec l'introduction d'autres critères contraignants relatifs à :

o l'environnement À climat : gaz à effet de serre avec une prise en compte de l'ILUC ou CASI (Changement Affectation Sols Indirect) ; biodiversité en n'accordant pas de certification « durable » aux monocultures ; pollution chimique ; eau

o aspects humains : conditions contractuelles et de travail des salariés; droits humains ; sécurité alimentaire

? La Certification indépendante pour éviter de la confier à des « instances contrôlées par les acteurs à contrôler » ou « aux pays tiers exportateurs » qui ne font que gérer leurs intérêts.

13 L'actuel président du Conseil européen

CHAPITRE 2 : CADRE PHYSIQUE, HUMAIN ET INSTITUTIONNEL DE L'ETUDE

1- Aperçu sur le Sénégal et sa politique de développement agricole et rural

1.1- Présentation

Le Sénégal est un pays situé à l'extrême ouest du continent africain entre 12°5 et 16°5 de latitude Nord et 11°5 et 17°5 de longitude ouest. Il couvre une superficie de 196 712 Km2 et compte une population totale estimée à 12.855.155 d'habitants en 2011 (ANSD, 2011). Il est limitrophe de la Mauritanie au Nord, du Mali à l'Est, de la Guinée et de la Guinée Bissau au Sud et de l'Océan Atlantique à l'Ouest sur une façade de plus de 500 km.

Son climat de type soudano-sahélien est caractérisé par l'alternance d'une saison sèche allant de novembre à mai et d'une saison des pluies allant de juin à octobre. La pluviométrie passe, en moyenne, de 300 mm au Nord semi-désertique à 1200 mm à la zone forestière du sud.

L'organisation de l'administration territoriale et locale se matérialise par deux modes de gestion simultanés du territoire que sont le mode déconcentré et le mode décentralisé. Pour le premier, il s'agit des circonscriptions administratives composées de 14 régions, 45 départements et 117 arrondissements « administrées » respectivement par des gouverneurs, des préfets et des sous-préfets nommés par décret présidentiel. Le mode décentralisé se réfère aux collectivités locales qui comptent 14 conseils régionaux, 113 communes, 370 communautés rurales « managés » par des élus locaux appelés respectivement présidents de conseil régional, maires et présidents de conseil rural.

L'agriculture sénégalaise, plus précisément l'agriculture vivrière et l'agriculture industrielle et d'exportation, contribue pour environ 8% à la formation du Produit Intérieur Brut. Elle représente près de 50% du secteur primaire. Depuis 2008, l'agriculture est le principal contributeur à la croissance économique du Sénégal. En effet, elle contribue à hauteur de 1,1% pour un taux de croissance du PIB évalué à 2,2% en 2009. (ANSD, 2010). Le secteur agricole emploie environ 70% de la population active. C'est pourquoi, ce secteur demeure un levier essentiel pour amorcer un développement harmonieux dans le pays.

Le Sénégal dispose de 3 804 900 ha de terres arables représentant 20% de la superficie totale du pays. 65% de ces terres cultivables sont exploitées. 1 877 684 ha sont cultivées par 437 037 exploitations agricoles soit une superficie moyenne nationale par exploitation de 4,3

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ha. (CSAO-CILSS, 2008). Dans la grande majorité, les producteurs agricoles sont de petits exploitants, qui cultivent la terre avec des régimes fonciers traditionnels et pratiquent des assolements traditionnels, en culture pluviale. La plupart combinent cultures de rente et cultures vivrières de subsistance tout en possédant quelques animaux, en élevage extensif ou intensif associés aux cultures. L'agriculture sénégalaise est dominée par les cultures pluviales pratiquées par 94,6 % des ménages ruraux agricoles. D'autres types de cultures sont aussi pratiquées par ces ménages ruraux : cultures irriguées (18,63 % des ménages), cultures de décrue (9,20 % des ménages) et cultures de bas-fonds (7,6 % des ménages).

Les principales cultures pluviales sont le mil, l'arachide, le maïs, le sorgho, le sésame, le niébé (petit haricot), le riz, le coton. L'aménagement de la vallée du fleuve Sénégal au Nord et quelques autres petits aménagements à l'intérieur du pays facilitent, dans ces zones, la conduite sous culture irriguée de la canne à sucre, du riz, de la tomate industrielle etc.

1.2- Le système foncier sénégalais

Au Sénégal, les terres sont divisées en trois domaines :

? Le domaine de l'Etat qui comprend le domaine public et le domaine privé qui sont les biens et droits immobiliers appartenant à l'Etat.

? Le domaine des particuliers qui constitue les terres immatriculées au nom des particuliers.

? Le domaine national qui, selon l'article premier de la loi n° 64-46 du 17 juin 1964, constitue " toutes les terres non classées dans le domaine public, non immatriculées et dont la propriété n'a pas été transcrite à la Conservation des hypothèques à la date d'entrée en vigueur de la présente loi. Ne font pas non plus partie de plein droit du domaine national, les terres qui, à cette même date, font l'objet d'une procédure d'immatriculation au nom d'une personne autre que l'Etat. » Il occupe plus de 90% des terres du Sénégal.

Cette loi sur le domaine national fait la particularité du système foncier sénégalais. C'est " un droit de synthèse original poursuivant deux objectifs essentiels: la socialisation de la propriété foncière plus conforme à la tradition négro-africaine et le développement économique du pays ». (SIDIBÉ A.S., 1997). Le Président SENGHOR14 affirmait qu'il s'agissait " de revenir du droit romain au droit négro-africain, de la conception bourgeoise de la propriété foncière à la conception socialiste qui est celle de l'Afrique Noire traditionnelle ».

14 Premier président du Sénégal de 1960 à 1980

Les terres du domaine national sont classées en quatre zones :

? zones urbaines situées dans les territoires communaux et qui servent pour l'habitat en milieu urbain. La création de zones touristiques est possible dans cet espace.

? zones classées à vocation forestière ou de protection, qui ont fait l'objet d'un classement suivant une réglementation particulière ; les terres de ces espaces protégés sont considérées comme une réserve foncière permanente et prévues spécialement pour assurer la protection de l'environnement. Sauf déclassement, les activités économiques sont interdites dans cet espace.

? zones de terroirs qui correspondent, en principe, aux terres régulièrement exploitées pour l'agriculture, l'habitat rural, l'élevage et le parcours du bétail. Ce sont les zones les plus importantes aussi bien en superficie qu'en enjeux.

? zones pionnières qui sont des zones d'action spéciales non encore aménagées. Il n'existe pratiquement plus de zones pionnières au Sénégal depuis que celles du Delta du fleuve (au Nord du pays) ont été reversées dans les zones de terroirs. (SOW A. A, 2011).

La nature juridique du domaine national est assez originale car les terres y afférentes ne font pas l'objet d'une propriété individuelle. Au contraire, la législation s'inspire de la propriété de tenure collective du système négro-africain reconnaissant aux individus de simples droits d'usage sur la terre. En effet, l'article 2 de la loi de 1964 précise que l'Etat « détient les terres du domaine national en vue d'assurer leur utilisation et leur mise en valeur rationnelles, conformément aux plans de développement et aux programmes d'aménagement ». Donc, il est clair que le domaine national est la propriété de la nation et l'Etat en est simplement le détenteur car « la détention n'est pas la propriété ». Selon Amsatou S. SIDIBE (1997), « en réalité, l'Etat est substitué au chef de terre traditionnel. Il devient le "maître de la terre", remplaçant ainsi les anciens "lamanes"15. »

Dans le cadre de la décentralisation, l'Etat, en tant que détenteur des terres du domaine national, a transféré les compétences de gestion aux collectivités locales. Néanmoins, l'Etat, à travers ses services déconcentrés, exerce un contrôle en vue d'assurer l'intérêt général et d'aider au bon fonctionnement des nouveaux organes chargés de l'affectation ou la désaffectation des terres.

Les terres du Domaine national ne peuvent être cédées par l'État qu'à la condition de leur immatriculation au préalable. Malgré la longue procédure administrative, des terres du Domaine national peuvent être immatriculées et entrer ainsi dans le domaine privé de l'Etat.

15 Nom donné au maître traditionnel de la terre

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Les terres des zones de terroir sont affectées aux populations ou membres des communautés rurales par un conseil rural, sous le contrôle de l'autorité étatique. Les conditions d'affectation et de désaffectation des terres du domaine national sont fixées par décret et sont essentiellement de deux sortes.

La première, héritée du droit traditionnel négro-africain, est relative à l'appartenance à la collectivité qui va servir de titre juridique à l'exploitation des terres. Ainsi, dans les terroirs, l'affectation peut être décidée en faveur soit d'un membre de la communauté rurale, soit de plusieurs membres regroupés en association ou coopérative. Dès lors, les étrangers à savoir ceux qui sont extérieur à la collectivité n'ont pas droit à ces terres de terroirs. Mais, dans la pratique, beaucoup d'étrangers non-résidents des collectivités locales arrivent à occuper des terres affectées.

La seconde condition de l'affectation des terres du domaine national est l'exigence d'une mise en valeur des terres en question. La terre est affectée à ceux qui la travaillent personnellement et matériellement.

Les motifs habituels de désaffectation sont : le décès de l'occupant personne physique ou la dissolution du groupement bénéficiaire, la demande de l'affectataire lui-même, le constat d'insuffisance, d'absence ou de cessation de la mise en valeur. Il est aussi prévu la désaffectation pour motifs d'intérêt général mais dans ce cas, l'affectataire dépouillé de sa parcelle en reçoit une autre équivalente à titre de compensation.

L'affectation d'une terre dans le cadre du domaine national ne procure aux bénéficiaires qu'un droit d'usage sur la terre. Cette affectation ne permet donc pas de possibilités de garantie au niveau des banques qui demandent un titre de propriété. Le droit de propriété a des niveaux de jouissance différents qui passent par l'usus (le droit d'utiliser le bien), le fructus (la possibilité de fructifier le bien) et l'abusus, qui est le degré le plus absolu de la jouissance d'un bien.

Ainsi, la configuration actuelle du domaine national est, en principe, non propice à l'accaparement de terres pour les agrocarburants à moins que l'Etat, par complicité, diligente les procédures d'immatriculation de terres à l'insu des populations locales et au profit d'entreprises privées.

Face à cette contrainte dissuasive pour les investisseurs privés, des pressions sont exercées au sommet de l'Etat pour le vote et la promulgation d'une réforme du système foncier plus favorable. Les résistances des mouvements paysans justifient la prudence des autorités

politiques qui ont retardé le processus de mis en place de cette réforme sans y renoncer. C'est ce qui explique d'ailleurs son extirpation de la loi d'orientation agro-sylvo-pastorale qui stipule dans son Article premier que " La politique conduite par l'Etat dans le domaine du développement agro-sylvo-pastoral est marquée par le retrait progressif de l'Etat et est conforme aux principes de recentrage de ses missions sur des fonctions régaliennes, de poursuite de la politique de décentralisation, d'amélioration du cadre et des conditions de vie en milieu rural, ainsi que de création d'un environnement propice aux investissements privés en milieu rural. »

Dès lors, le Sénégal va inexorablement vers une réforme de son système foncier par une privatisation de certaines terres du domaine national pour favoriser la transaction foncière et le développement de l' « agrobusiness ». Pour y arriver, les défenseurs de cette thèse disent vouloir une plus grande intégration des agriculteurs dans le marché en accédant à des terres avec des titres de propriété qui leurs garantissent des prêts auprès des banques afin que les transactions (location, vente, prêts, gage etc.) puissent les aider à trouver les financements nécessaires à leurs activités agricoles. (SOW A.A., 2011)

1.3- Politiques agricoles

Après l'indépendance, les politiques de développement rural au Sénégal ont suivi pendant plusieurs années les grandes lignes préconisées dans les plans de développement économique et social. Ces derniers définissent " des grandes orientations qui déterminent, pour un horizon de moyen terme, les stratégies, les objectifs et les programmes à mettre en oeuvre pour développer l'économie aussi bien au niveau national que sectoriel ».

La première période de politique agricole est marquée par la production arachidière qui a représenté 87% des exportations jusqu'en 1965. En effet, durant toute cette période, " l'arachide a exercé sur toute l'économie du Sénégal une écrasante souveraineté ». Le monde rural vivait au rythme de la « traite » de l'arachide qui " a été la seule qui ait donné lieu à des échanges massifs et organisés. .Elle a été le moteur de toute la circulation monétaire intéressant la paysannerie ». (VERHAEGEN E., 1984).

Mais la volatilité de son cours a entraîné une récession au niveau de l'activité du secteur primaire. Les 2è et 3è plans de développement économique et social ont mis l'accent sur la « diversification de la production » pour résorber le déficit vivrier et réduire le déficit du commerce extérieur. A la suite de la sécheresse et son corollaire de baisse des principales productions (arachide, mil, riz), l'état s'est appuyé sur ses relais d'intervention que sont les

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structures d'encadrement pour sensibiliser et encadrer les paysans sur les thèmes techniques relatifs à la diversification et à l'amélioration de la productivité. Ce fut la création des sociétés régionales de développement rural (SRDR) privilégiant ainsi l'approche régionale sur l'approche filière (TOURE, 2002). L'Etat poursuit ainsi des objectifs contradictoires en voulant préserver les recettes tirées de l'arachide tout en visant l'autosuffisance alimentaire. Les producteurs sont encouragés à accroître leurs superficies allouées à l'arachide et les intrants y afférents. Ceci a accentué leur endettement.

La seconde période coïncide avec l'ère des politiques d'ajustement structurel qui marque une rupture d'avec les formulations de plans de développement économique et social. A cause de la baisse des recettes d'exportation, l'état ne peut plus supporter les charges financières nécessaires pour assumer le rôle d'intermédiaire en amont et en aval des productions agricoles. Les attentes des paysans deviennent inadéquates vis-à-vis des possibilités de l'état (GAYE D., 1992). Ce fut la suppression progressive de l'encadrement. L'approche filière s'est imposée dans la formulation de la Nouvelle Politique Agricole (NPA de 1984 à 1994) et du Programme d'Ajustement Sectoriel de l'Agriculture (PASA de 1994 à 1997). C'est le début du désengagement de l'état et de la responsabilisation progressive des paysans avec une redynamisation de l'action coopérative. La politique d'interventionniste de l'état cède la place au mécanisme du marché avec notamment la suppression des monopoles et la libéralisation des importations de riz, principale céréale de consommation au Sénégal.

Le retrait brutal de l'état a fragilisé le monde rural qui n'a plus droit aux subventions d'intrants et de matériels agricoles. Selon GAYE (1992), « en privilégiant le milieu urbain, l'Etat accentue le poids démographique de la ville et, en conséquence, son déficit alimentaire ».

A partir de 1998, l'état, avec l'appui de la banque mondiale, met en oeuvre le Programme des Services Agricoles et Organisations de Producteurs (PSAOP) dont l'objectif principal est de mettre en place un nouveau système d'appui au monde rural comprenant cinq (5) composantes : la Recherche agricole et agroalimentaire, les Organisations de Producteurs, le

Conseil agricole et rural, le Fonds national de recherche agricole et agroalimentaire et le Ministère de l'Agriculture et de l'élevage.

Cependant, toutes ces réformes politiques n'ont pas donné les résultats escomptés. L'agriculture n'arrive toujours pas à assurer une sécurité alimentaire. Le Sénégal fait face à une dépendance aux importations de denrées alimentaires.

A la faveur de l'alternance politique de 2000, le nouveau président a voulu marquer son passage en mettant en oeuvre des programmes spéciaux tout azimut pour faire face à des difficultés conjoncturelles. C'est ainsi que les programmes de relance des filières maïs, manioc, bissap ont été déroulés de 2004 à 2008.

Face à l'émigration clandestine et à l'exode rural galopant, le Plan de Retour Vers l'Agriculture (Plan REVA) a été mise en oeuvre par les pouvoirs publics appuyés par des partenaires extérieurs. Ce plan ambitionne de développer l'agro-industrie avec des fermes pilotes comme base des productions et d'impulser la commercialisation et la transformation de la production agricole, animale et halieutique.

A la suite du renchérissement des prix des céréales au niveau mondial en 2008, le président lance le programme GOANA (Grande Offensive pour l'Agriculture, la Nourriture et l'Abondance) qui avait pour objectif global « d'assurer une production suffisante en nourriture afin d'assurer la souveraineté alimentaire du pays en ce qui concerne tout au moins les principaux produits agricoles consommés par les sénégalais et en s'appuyant sur les potentialités de chaque région ».

La dernière trouvaille de ces programmes spéciaux est celui des biocarburants qui a été lancé durant la campagne agricole 2007-2008. Le Président sénégalais, Abdoulaye WADE a convoqué en 2006 à Dakar une conférence internationale des Pays Non Producteurs de Pétrole (PANPP) en vue de définir une stratégie commune face à la flambée des prix du pétrole et de ses conséquences négatives sur leurs économies. C'est ainsi qu'un comité pluridisciplinaire chargé de la promotion des biocarburants a été mise en place. En novembre 2006, le Sénégal a créé un Ministère chargé des Biocarburants. En conséquence, il s'est lancé dans la production de biocarburants en mettant l'accent sur la promotion du Jatropha curcas (Pourghère en Français et Tabanani en wolof) qui est une espèce poussant naturellement dans le pays.

Malgré tout, le secteur agricole souffre de beaucoup de maux. Selon la publication de la situation économique du Sénégal de l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie de 2008, la production agricole nationale demeure limitée par : la dépendance à un régime pluviométrique marqué par son irrégularité impliquant une faible activité saisonnière en milieu rural (quatre mois) ; la faible productivité des systèmes de production dominés par une agriculture de subsistance ; la vétusté et l'insuffisance du parc de matériel agricole ; la faible qualité du capital semencier ; sa désarticulation par rapport au régime alimentaire national (riz, légumes, autres céréales) largement dépendant des importations.

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Une étude sur le profil sécurité alimentaire du Sénégal (CSAO-CILSS, 2008) a permis de faire les constats suivants :

? la production agricole assure de moins en moins la couverture des besoins nationaux : le taux de couverture est passé de 64% pour la campagne agricole 1987/88 à 43% en 2006/2007 du fait surtout du désengagement de l'état par rapport aux ressources allouées (semences, engrais) durant le plan d'ajustement structurel. En outre, il faut remarquer la diminution des superficies par actif agricole qui a chuté de moitié entre 1960 et 1998 suite à la multiplication des micro-exploitations agricoles.

? par conséquent, le pays fait un recours croissant aux importations commerciales pour combler le déficit : le Sénégal importe plus de 600.000 tonnes de riz par an

? dès lors, la pauvreté gagne du terrain en milieu rural et touche davantage les ménages dépendant strictement des activités agricoles, une situation qui les expose à une insécurité alimentaire.

Cet état de fait maintient le Sénégal dans une dépendance inquiétante des importations de vivres. Pour renverser cette tendance, les politiques agricoles doivent mettre plus l'accent, dans leurs orientations, sur la dynamisation de la production, de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles afin d'améliorer la sécurité alimentaire des populations.

Au final, il est clair que la priorité du Sénégal en matière de développement agricole et rural est le renforcement de la sécurité alimentaire par le biais d'un secteur primaire productif, assurant des revenus substantiels aux ruraux.

1.4- Point sur la situation des agrocarburants au Sénégal

Traditionnellement, le Jatropha était présent en milieu paysan sénégalais au niveau des clôtures des parcelles maraîchères, des vergers et très rarement des champs des grandes cultures.

La première expérience connue de projet de plantation de Jatropha au Sénégal serait l'oeuvre d'ATI16 (Appropriate Technology International) une ONGD américaine spécialisée dans la promotion des Technologies Appropriées et des Petites Entreprises de production. Ce projet de plantation, d'extraction et d'utilisation de l'huile de Pourghère a été mis en oeuvre entre 1999 et 2000 au niveau des arrondissements de Fimela (région de Fatick) et de Pout

16 Devenue Enterprise Works

(région de Thiès) : 12.000 boutures de Jatropha curcas ont été plantées par des groupements féminins. Avec une presse manuelle mise au point par des artisans locaux, des essais concluants ont été réalisés à partir de graines collectées pour l'extraction de l'huile qui a permis de faire fonctionner des moulins à mil. Malheureusement, après le programme, les quelques plantations ont été délaissées sans suivi et la production de graine a été compromise.

La deuxième expérience avérée est celle du PROGEDE (Programme de Gestion Durable et participative des Energies traditionnelles et de substitution) qui a procédé depuis 2003 à la mise en place d'une plantation de Jatropha curcas sur une superficie de 25 ha. L'objectif était de tester les possibilités de production de biodiesel à partir de l'huile de Jatropha. Les résultats encourageants des premières réalisations ont justifié la généralisation de l'initiative sur l'ensemble des parcelles maraîchères et des vergers sous forme de plantations de haies vives. Avec l'appui technique et financier de la Banque Mondiale et d'une firme norvégienne (GreenTrac), un véhicule multiservices a été conçu pour utiliser l'huile végétale pure comme carburant pour son fonctionnement à l'image d'une plateforme multifonctionnelle. Cette innovation a été primée lors de la tenue du « Development Market Place », organisé par la Banque Mondiale en 2006. Ce prix a permis au projet d'acquérir cinq prototypes de ces véhicules pour les villages encadrés. Le PROGEDE, en rapport avec des artisans nationaux, a aussi mis au point un prototype de réchaud à base d'huile de Jatropha en vue de le substituer au gaz butane pour les ménages. Selon l'actuel coordinateur, les performances énergétiques feront l'objet de tests de laboratoire comparativement aux autres sources d'énergie. Il précise aussi que l'huile de Jatropha n'est pas encore disponible à grande échelle dans leur zone d'intervention.

C'est à la suite de ces premières expériences, que le gouvernement du Sénégal a lancé un programme spécial biocarburants qui a pour objectif d'atteindre l'autosuffisance énergétique nationale, et de permettre par ricochet la réduction des importations de pétrole qui absorbent à elles seules 40% des bénéfices d'exportations du pays. Il vise des plantations de Jatropha d'une superficie globale de 321.000 ha et des prévisions de récoltes de 3.210.000 tonnes de graines par an permettent d'assurer la production de 1.190.000.000 litres d'huile brute et de 1.134.000.000 litres de biodiésel suffisant aux besoins nationaux actuels estimés à 1.095.500.000 litres. Comme indiqué supra, l'option de l'espèce Jatropha curcas a été prise pour réaliser des plantations massives, des haies vives, en bordures des concessions et des routes, délimitation des parcelles de cultures dans les zones du Centre, de l'Est et du Sud du pays. Il est prévu d'emblaver une superficie de 321 000 ha à répartir par communauté rurale.

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(MDRA, 2008). Pour ce faire, une distribution de plants aux producteurs et aux porteurs de projet selon les superficies demandées a été faite. Les réalisations de la campagne agricole 2008-2009 ont porté sur la plantation de 5 000 ha à partir de 5 555 000 plants de Jatropha fournis aux producteurs (individuels et organisations de producteurs, secteur privé) soit sous forme de plants âgés de 4 à 8 mois, soit sous forme de semences importées. Ce matériel végétal a été produit à partir de graines collectées dans différentes régions du pays (Thiès, Fatick, et Diourbel notamment), d'une part, et d'un stock de 128 tonnes de graines importées, d'autre part. (ANSD, 2008). Les résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes jusqu'à présent.

Toutefois, grâce à un appui du gouvernement de Ténériffe, une station de serre déjà opérationnelle d'une capacité de production minimale de 500.000 plants tous les deux mois, est implantée à Sangalkam. Elle va renforcer l'approvisionnement en plants aux producteurs de Jatropha du pays. Selon le point focal du programme, si la production atteint sa vitesse de croisière, il est prévu l'installation de mini-industries de transformation dans les sites de production.

Malgré les résultats mitigés obtenus et les mouvements contestataires de certaines plateformes paysannes, force est de reconnaitre que le programme spécial Jatropha a suscité une certaine curiosité, voire engouement d'une frange de la population rurale. C'est ce qui a, sans doute, facilité la tâche aux différents promoteurs de projets de Jatropha qui sont parvenus à disposer de terres au niveau des communautés rurales pour s'implanter et développer leurs activités.

La situation des agrocarburants au Sénégal permet de distinguer quatre types d'intervenants.

1) Les investisseurs privés nationaux et internationaux, voire les multinationales qui s'implantent pour faire de la monoculture en régie sur de grandes superficies dans des zones favorables à de meilleurs rendements. La production est exclusivement destinée à l'exportation. C'est le cas de la présence, dans les zones les plus humides du Sénégal, à savoir la vallée du Fleuve et les rives du fleuve Gambie, zone de production de bananes, d'investisseurs nationaux et de grandes multinationales telles que Trans Danubia, Agro Africa, Afrique Energie Développement, African National Oil Corporation.

2) Les investisseurs privés nationaux et internationaux qui s'introduisent dans les communautés rurales par le biais des fils du terroir (eux-mêmes impliqués) pour se faire

affecter des terres : ils emploient les populations locales comme ouvriers agricoles ; la production est aussi destinée à l'exportation mais des promesses d'investissements sociaux sont faites aux populations locales. En 2008, dans la région orientale du pays (Tambacounda), les superficies affectées à des acteurs étrangers pour la seule culture du Jatropha sont de 23.438 ha. Dans la même région, plus précisément dans la communauté rurale de Nétéboulou, un projet Italien de plantation de Jatropha y a été lancé en 2010. Il s'agit d'un holding italien, Tozzi Renouvelable Energie, qui veut financer la plantation de 50.000 ha de Jatropha dans la zone en collaboration avec un fils du terroir lui-même membre d'une structure spécialisée dans la technologie du Jatropha. Ces investisseurs disent avoir signé un protocole d'accord avec l'état leur permettant d'exporter les 80% de la production d'agrocarburants. Seule, les 20% seront mis à la disposition du Sénégal à un prix négocié. D'autres investisseurs agissant de la même manière sont signalés dans des communautés rurales du nord au Sud du Sénégal où des milliers d'ha de terres leur ont été affectées pour la culture du Jatropha principalement.

3) Les promoteurs de projets d'agrocarburants qui, en synergie avec les producteurs locaux, veulent introduire le Jatropha dans le système de production traditionnel et envisagent la transformation sur place en huile végétale pure pour satisfaire les besoins locaux en énergie. L'ADG17 s'inscrit dans cette mouvance, en appuyant une organisation paysanne partenaire dans la zone de Dialakoto au Sud-est du pays où elle menait déjà des actions. Elle a fait le choix d'accompagner les producteurs afin de voir avec eux les avantages et inconvénients liés à l'augmentation de ces plantations de Jatropha dans le cadre d'un projet intitulé " Validation du Système Jatropha en milieu rural sénégalais » mis en place en 2008. Il ne vise pas " une production massive d'agrocarburants à base de Jatropha mais à analyser les avantages éventuels de l'intégration de cette plante dans les systèmes culturaux et dans la dynamique villageoise. » Les premiers tests d'utilisation de la plante qui ont été effectués, ont abouti déjà à la réalisation d'une lampe à huile de Jatropha. Le projet qui fait l'objet du cas d'étude de ce mémoire peut être classé dans la même catégorie.

4) Les promoteurs « hybrides » qui veulent travailler d'une part en régie pour sécuriser leur production destinée à l'exportation et d'autre part, collaborer avec les organisations des producteurs en signant des contrats de production. C'est la stratégie adoptée par le projet «Green Oil Development» qui compte travailler directement avec les coopératives agricoles et avec les groupes d'intérêt économique sur la base d'un contrat entre la société

17 Aide au Développement Gembloux (ONG belge)

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SBE18 Sénégal et les diverses communautés rurales concernées. Le projet négocie des contrats exclusifs d'achat de graine de Jatropha curcas à un prix fixe n'étant pas sujet aux fluctuations du marché.

Au-delà de ces acteurs, certains industriels sénégalais essaient de se mettre au diapason de l'énergie verte pour suppléer aux énergies fossiles. En effet, deux projets de biocombustibles ont été lancés et méme introduits dans le portefeuille des projets MDP dirigé par l'Autorité Nationale Désignée (AND). Cette dernière est chargée des aspects réglementaires et promotionnels du MDP pour attirer des financements et favoriser les investissements sous ce mécanisme au Sénégal (confère annexe).

Le premier projet agro-industriel inscrit à l'AND pour l'étude d'éligibilité aux MDP est celui de la SOCOCIM (Société Ouest africaine des Ciments). Il consiste à utiliser des fruits de Jatropha et autres biomasse en substitution aux combustibles fossiles dans la cimenterie de SOCOCIM Industries. L'objectif dans le moyen terme est d'atteindre un taux de substitution thermique d'environ 40% dans la cimenterie grace à l'utilisation du Jatropha.

Le deuxième projet est initié par la CSS (Compagnie Sucrière Sénégalaise) pour la production de bioéthanol. L'objectif visé est la production d'éthanol à partir des déchets de canne à sucre. Le bioéthanol sera mélangé avec du diesel et utilisé dans le transport. La proportion de bioéthanol envisagé est de 10%. Le projet a une capacité annuelle de production de 10 000 tonnes soit 60 000 litres/jour.

2- Présentation du projet de Jatropha de proximité

2.1- Présentation générale

Le cas d'étude est un projet de plantations de Jatropha localisé dans le département de Foundiougne (confère carte en annexe). Les acteurs directs de ce projet sont la Fédération des groupements de Producteurs de Tabanani (Jatropha) de Foundiougne (FPTF) composée de 10 groupements de 400 agriculteurs et la société Performances qui est un cabinet spécialisé dans le conseil pour un développement durable.

Ce partenariat entre la structure sénégalaise de conseil (Performances) et l'association de producteurs a abouti à l'initiative du programme dénommé « Energie Eau Solidarité Foundiougne (EESF) » murie et portée depuis 2007. Son objectif est « de créer les conditions d'une amélioration significative et durable des conditions de vie dans le département de

18 SBE est le nom de la Société Boulonnerie Europe S.p.A, société faisant partie du groupe Vescovini

Foundiougne (Région de Fatick, Sénégal) : les revenus générés par la valorisation de la production de plantations de Jatropha (Tabanani en langue locale) permettront de développer et de pérenniser l'accès des populations à des services d'eau et d'électricité de qualité. ». Il se veut « porteur de valeurs de solidarité et d'équité, sans lesquelles il ne peut y avoir de développement durable. » (EESF, 2009).

La stratégie retenue est le développement d'une filière courte de production d'huile végétale pure à base de Jatropha contrôlée par les acteurs ruraux eux-mêmes à savoir les producteurs, les transformateurs et les promoteurs de produits et services dérivés. Ainsi, le programme s'est structuré autour d'une trentaine de pôles de développement, zones de production regroupant 5 à 10 villages.

Le programme EESF lancé en juin 2008, a fait ses premiers pas selon la chronologie suivante :

? la mise en place de la structure de gestion du programme en l'occurrence la SOPREEF (Société pour la Promotion de l'Accès à l'Energie et à l'Eau dans le département de Foundiougne), société à responsabilité limitée (SARL) de droit sénégalais créée par les deux protagonistes cités supra. Le capital de la société est ouvert à d'autres partenaires. Seulement, la signature d'une convention d'associés est un préalable à l'entrée de tout nouvel associé au capital de SOPREEF.

? La mobilisation de 400 agriculteurs de la Fédération des Producteurs de Tabanani pour la réalisation des premières plantations;

? L'identification des 5 premiers pôles de développement, la définition de leur mode de gestion et l'étude de faisabilité pour l'établissement d'une première plateforme multifonctionnelle dans un pôle.

Les instigateurs entendent donner à SOPREEF le cachet d'une entreprise solidaire au sein de laquelle l'ensemble des acteurs sont représentés et bénéficient d'une méme capacité de participation aux processus de décision. C'est ainsi qu'ils ont arrêté que les paysans et les experts décident à voix égales au sein du conseil d'administration. Néanmoins, les experts mettent souvent à profit leur savoir-faire et leurs relations au service de l'entreprise commune pour « faire avancer les choses ».

Les premiers acquis du programme EESF capitalisés dans les rapports 2008-2009 sont les suivants :

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? Expression d'un engagement fort, de chacune des parties impliquées, à réaliser le programme : le programme a été entièrement autofinancé jusqu'en fin février 2009, et le niveau de cohésion est très élevé entre la FPTF et le concepteur du projet, la société Performances. L'investissement réalisé par ses promoteurs représente à cette date environ 50 Millions FCFA.

? Contribution active à la promotion d'un modèle de développement durable : le programme diffuse sur le site internet du RIAED (Réseau International d'Accès aux Energies Durables) les connaissances qu'il a capitalisées (notes relatives à la culture du Jatropha, à la conception d'une unité de trituration villageoise, à la relation entre biocarburants et développement durable, sécurité alimentaire notamment...).

? Etablissement de partenariats pour le développement des connaissances sur la culture du Jatropha : partenariat avec ADG (qui met déjà en oeuvre un programme d'expérimentation sur la culture du Jatropha au Sénégal, avec l'appui de la Faculté d'Agronomie de Gembloux) et GERES (ONG française animant un réseau régional de porteurs de projets de production d'huile végétale pure).

? Recrutement d'un technicien agricole : sa mission à court terme est d'accompagner les producteurs de la FPTF afin de maximaliser le taux de réussite dans l'établissement des plantations et de capitaliser leur expérience.

? Etablissement d'un partenariat avec le Programme National Plateformes Multifonctionnelles financé par le PNUD : l'objectif est d'installer au niveau de 5 pôles de développement, des plateformes fonctionnant à l'huile Jatropha équipées d'un moteur de 20 cv, d'un broyeur et d'un " décortiqueur » à céréales, d'un alternateur (recharge de batteries, soudure) et d'une presse à huile.

Le programme EESF a aussi prévu l'installation d'une huilerie polyvalente de trituration de Jatropha, d'arachide et de sésame au niveau central du département. Un des objectifs sera de produire des huiles alimentaires de première extraction à froid, avec option « label bio » en plus de la production de biodiésel. Ce qui implique une logique de production globale avec des consommations énergétiques minimes (pas d'engrais minérales, ni de pesticides...). En plus, il sera établi au niveau de chaque zone de production une petite huilerie locale de même type pour favoriser la " production au niveau des pôles de développement ruraux d'huile végétale brute et son utilisation au niveau local pour générer de la force motrice ou de l'électricité ».

Ainsi, le programme met en oeuvre des activités qui visent « à développer les capacités locales à trois niveaux : intégration de plantations villageoises de Jatropha dans les systèmes agricoles existants, gestion des investissements réalisés dans les zones de production, et techniques de transformation et de commercialisation. Sa stratégie est de décentraliser les activités de transformation afin de maximiser les revenus générés directement au niveau villageois. »

Le lancement du programme EESF a été facilité par :

? les premiers investissements du principal promoteur qu'est le cabinet Performance

? la mise en place du cadre de gestion du programme (EESF) qui a bénéficié d'un appui financier de la Fondation Veolia pour ses 6 premiers mois d'activité.

? L'établissement d'une convention cadre qui définit les partenariats stratégiques sur lesquels s'appuiera le programme EESF ; elle a été officiellement validée par l'Agence Sénégalaise d'Electrification Rurale (ASER), le Programme Régional Energie Pauvreté (PREP), le Programme Eau Potable et Assainissement pour le Millénaire (PEPAM), le Conseil Régional de Fatick (CRF), le programme AREED de l'ONG ENDA Tiers Monde.

? la distribution de semences de Jatropha curcas auprès de 10 groupements de

producteurs pour la plantation d'environ 400 ha dans une vingtaine de villages.

Le démarrage opérationnel du volet « biocarburant » du programme EESF a été effectif en fin juin 2008 avec le début des plantations de Jatropha.

2.2- Les modes de plantation du Jatropha suggérés aux exploitations agricoles familiales

Trois modes de plantations ont été recommandés aux producteurs pour la plantation du Jatropha.

? En culture pure : la première recommandation est de semer dès les premières pluies afin de bénéficier d'une période de croissance la plus longue possible. Les écartements préconisés sont de 2,5 x 2,5 m pour une densité de semis de 1600 plants/ha.

? En culture associée : il a été conseillé d'alterner, dans une même parcelle, le Jatropha et la culture annuelle de préférence l'arachide avec des écartements entre les lignes de Jatropha de 10 m et 2,5 m sur la ligne. Ce qui va donner une densité de 400 plants à l'hectare. Les lignes de semis de l'arachide doivent aussi être espacées de celles du

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Jatropha d'au moins 50 cm. C'est le mode de plantation qui a été le plus conseillé par le projet.

? En haie vive : le Jatropha doit être planté en deux rangées espacées de 0,50 m avec des écartements de 1 m entre les plants. Ce qui donne l'équivalent de 800 plants pour la clôture d'une parcelle d'un ha ou 2000 plants sur une haie d'un km.

Les semis directs ont été encouragés dès la première année. Mais, face aux attaques dévastatrices des iules et des sautereaux au stade plantule, le recours aux pépinières a été l'alternative salvatrice. Le traitement avec le «margousier» ou «neem» (Azadirachta indica) est préconisé pour lutter contre les éventuelles attaques.

2.3- Etat d'avancement

Le nombre des producteurs impliqués dans la plantation de Jatropha a connu une augmentation très significative. De 400 producteurs en 2008, il est passé à 603 pour l'année 2009 malgré les faibles résultats de la première campagne de plantation. Un nouveau groupement de 181 producteurs a adhéré à la FPTF.

Les intentions de plantations qui s'élevaient initialement à 514 ha en 2009, soit l'équivalent, en culture associée d'environ 200.000 plants ont été dépassées en réalisation avec environ 340.000 plants dans la même campagne agricole.

Au niveau de la SOPREEF, l'entrée d'un nouveau membre au Conseil d'Administration a été acceptée. Il s'agit de l'association française (sans but lucratif) Présent d'Avenir qui a pour objectif de « soutenir les actions en faveur du développement durable, de l'accès à l'eau potable et aux énergies renouvelables, et de la création d'entreprises solidaires, en France et dans les pays du Tiers-Monde ». Son rôle dans la SOPREEF est « d'en faciliter le bon déroulement en donnant aux acteurs locaux les moyens de conserver leur indépendance vis à vis de leurs partenaires externes ...». C'est pourquoi, elle a pris en charge les frais de fonctionnement du programme (location bureau, salaires employés, logistique...) pour un montant de 30.000 euros pour une durée de 5 ans. En outre, elle participe à la recherche de financements pour les investissements de SOPREEF notamment l'installation des unités de trituration. Une première huilerie est en cours de construction à Sokone, au centre du département depuis janvier 2011. C'est une huilerie "pilote" qui servira de modèle pour les huileries décentralisées à installer au niveau des pôles de développement. Cette huilerie a pour vocation « d'assurer l'autofinancement de la coordination du programme EESF et de servir

de centre de formation de techniciens ruraux qui seront installés dans chacune des zones de production ».

3- Présentation du site de l'étude : la communauté rurale de Nioro Alassane Tall

3.1- Aspects administratifs et organisationnels

Le pôle de développement de Dantakhone choisi pour cette étude est situé dans la communauté rurale de Nioro Alassane Tall (confère carte en annexe). Le choix de présenter la communauté rurale au lieu du pôle de développement se justifie par le fait que toutes les études monographiques officielles et les plans de développement local (PDL) sont réalisés à cette échelle.

Avec une superficie de 330 Km2, Nioro Alassane Tall est la communauté rurale la plus vaste de l'arrondissement de Toubacouta sis département de Foundiougne, région de Fatick. Elle est composée de soixante et un (61) villages. Elle est sous l'autorité d'un conseil rural composé de 46 membres élus au suffrage universel au sein duquel un président est choisi. La répartition géographique des élus est plus ou moins homogène avec le pourcentage théorique de représentation villageoise qui est de l'ordre d'un conseiller pour 1,32 village. Le conseil rural fonctionne avec des collèges de réflexion appelés commissions qui forment les instances techniques du conseil rural. La commission des finances s'occupe du processus d'élaboration du budget, du recouvrement de la taxe rurale principalement, et de toutes les questions liées aux finances de la communauté rurale. La commission domaniale traite des questions liées à l'affectation et à la désaffectation des terres du domaine National. La commission de la planification est chargée du suivi de l'élaboration du Plan Local de Développement (PLD). Les autres commissions de l'Education, de la jeunesse et culture, de l'environnement et de la Santé jouent aussi leur partition dans leurs domaines respectifs.

L'administration territoriale est assurée, à l'échelle de l'arrondissement, par un Sous- Préfet. Il exerce un contrôle à posteriori des activités des collectivités locales et veille à la cohérence des orientations locales de développement. De ce fait, il est représenté aux différentes séances du conseil rural. Il s'appuie sur le Centre d'Appui au Développement Local (CADL) qui est la cellule étatique d'encadrement technique de l'économie planifiée dans l'arrondissement chargée d'encadrer les acteurs locaux pour un développement socioéconomique harmonieux des terroirs de sa compétence. Il est composé d'agents techniques spécialisés en agriculture, élevage, foresterie et économie familiale.

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Comme toutes les communautés rurales du Sénégal, Nioro Alassane Tall bénéficie aussi de l'appui technique et financier de plusieurs partenaires au développement dans des domaines d'intervention très variés tels que les ONG, les projets et programmes nationaux et internationaux. L'Agence Régionale de développement (ARD) est le point d'ancrage des projets d'appui à la décentralisation, au développement local et se charge parfois d'assurer la maîtrise d'ouvrage des opérations que la région, les villes, les communes et les communautés rurales de Fatick lui délèguent. L'Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR) est représentée dans la communauté rurale par un conseiller agricole et rural. Il est chargé de piloter le conseil agricole et rural selon une approche fondée sur la demande des producteurs et en partenariat avec les principaux acteurs du développement rural et les organisations paysannes (OP) regroupées dans un cadre local de concertation (CLCOP).

3.2- Milieu physique 3.2.1- Relief, sols et climat

La Communauté Rurale de Nioro Alassane Tall possède un relief relativement plat. Mais elle abrite quelques successions d'élévations dunaires et de dépressions plus connues sous le nom de « bas-fonds ».

Les différents sols rencontrés dans cette communauté rurale sont communément appelés : « Dior », « Deck » et « Deck-Dior ».

Les « Dior » sont des sols ferrugineux tropicaux lessivés. Dans ces sols meubles et à forte perméabilité, les éléments minéraux peuvent migrer en profondeur et occasionner des carences en azote, phosphore et potassium. Ce sont des sols propices à la culture de l'arachide et du mil. Compte tenu de leur appauvrissement progressif, ces terres offrent de faibles rendements. Ils occupent 71% des terres cultivables de la communauté rurale.

Les « Deck » sont des sols ferrugineux tropicaux non lessivés. Ils sont caractérisés par une forte teneur en limons et en argile avec une grande capacité de rétention des eaux de surface et de ruissellement. Ils couvrent 6% des terres cultivables et sont localisés généralement au niveau des bas-fonds. Ils sont souvent réservés aux cultures maraîchères et rizicoles.

Les sols « Deck-Dior » sont des sols de transition entre les « Deck » et « Dior ». Leur fertilité est fonction de la proportion de chacun de ces types de sols. Etant plus riches que les sols Dior en matière organique et en éléments minéraux, ils sont plus favorables à une diversification des cultures. Ils représentent 23% des surfaces cultivables.

Avec un climat de type soudano-sahélien, Nioro Alassane Tall est caractérisé par une saison sèche relativement longue de huit (08) mois qui dure d'octobre à mai et une saison des pluies qui s'installe de juin à octobre. Sous l'influence de l'harmattan (vent chaud et sec) pendant la saison sèche, la température varie entre 25 à 40°. Les pluies sont généralement intenses durant les mois d'aoüt et de septembre période durant laquelle la mousson se fait sentir avec des températures minimales de 30 °C. La pluviométrie enregistrée varie d'une année à une autre. La moyenne décennale de 1999 à 2008 est de 709,3 mm (voir histogramme ci-après).

Figure 5 : Hauteurs de pluie enregistrées dans la communauté rurale de 1999 à 2009

Source : PLD Nioro Alassane Tall, 2009 3.2.2- Végétation, faune et ressources en eau

La communauté rurale de Nioro Alassane Tall a une végétation clairsemée à cause de la surexploitation du couvert végétal qui se détériore progressivement. Cette végétation peu riche est composée de trois strates : la strate arborée qui est peuplée d'essences forestières dont les plus importantes sont Cordyla pinata et Adonsonia digitata ; la strate arbustive composée essentiellement de Combretum glutinosum et Guiera senegalensis disséminés au niveau du terroir communautaire et la strate herbacée qui est formée de graminées très prisées pour le fourrage et se rencontre surtout au niveau des terres réservées au parcours du bétail.

La dégradation avancée des ressources végétales est la résultante d'une faune devenue très pauvre. En effet, il ne reste plus que quelques rares lièvres, écureuils et singes dans la brousse. Toutefois, quelques chacals sont recensés dans la partie orientale du terroir où une reconstitution timide est notée.

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Les ressources de la communauté rurale de Nioro Alassane Tall sont constituées par les eaux de surfaces (hydrographie) et souterraines (hydrologie) qui sont de profondeurs variables.

L'hydrographie de la communauté rurale est caractérisée par la présence de la vallée de Diambang et de 79 mares qui sont essentiellement alimentées par les eaux de ruissellement et ont une durée de rétention qui varie entre 04 et 06 mois. (PNDL, 2009). Ces eaux de surfaces sont d'une très grande utilité pour les populations riveraines en général et pour les éleveurs et les exploitants maraîchers en particulier.

Les eaux souterraines (hydrologie) sont essentiellement constituées par le Continental Terminal, le paléocène et le Maestrichtien. Le Continental Terminal, source épuisable, est exploitée pour l'alimentation des puits traditionnels du fait de la qualité de son eau qui est très douce. Le Paléocène est capté à une profondeur de 60 mètres pour l'approvisionnement des puits villageois hydrauliques de profondeur moyenne. Le Maestrichtien lui est atteint à une profondeur supérieure à 80 mètres avec des débits très importants d'où son exploitation pour alimenter les forages de la communauté rurale.

3.3- Milieu humain

3.3.1- Démographie

La population de la communauté rurale est estimée à 28 922 habitants en 2009 (PLD, 2009). Avec une croissance annuelle de 3,8%.

La structure démographique montre que les jeunes et les femmes sont majoritairement représentés avec respectivement plus de 65% et près de 54,3 % de la population totale. Le rapport de masculinité homme-femme est de 0,86 soient 100 femmes pour 86 hommes.

Avec une superficie totale de 330 km2, la communauté rurale a une densité d'environ 88 habitants au km2.

La composition ethnique de la population se présente comme suit : les Wolofs sont majoritaires avec 60%, les Sérères représentent 20%, les Socés constituent 5%, les Peuls font 2%, les Mandingues, les Diolas et les Maures sont minoritaires et sont éparpillés dans toute la collectivité locale.

Les mouvements migratoires se manifestent à travers des flux internes et externes au pays. La communauté rurale n'échappe pas au phénomène de l'exode rural qui découle d'une répartition déséquilibrée des infrastructures socio-économiques et culturelles défavorisant les

campagnes. Ainsi, les populations rurales, principalement les jeunes, faute d'activités génératrices de revenus pendant la saison sèche, migrent à partir du mois de janvier vers Fatick et Dakar où ils mènent de petites activités pour soutenir les parents restés au village. Certains vont aussi à Toubacouta pour s'adonner aux activités maraîchères et touristiques. Le retour au bercail se fait généralement au début de l'hivernage, vers le mois de juin. (Ibid.). Une autre migration interne liée aux études concerne les jeunes élèves et étudiants qui partent souvent dès le mois d'octobre vers les grandes villes du pays pour y passer l'année scolaire et universitaire. Certains reviennent au terroir pendant leurs vacances à partir du mois Juillet. Cependant, de plus en plus, beaucoup d'entre eux prolongent leur séjour, voire ne retournent pas une fois les études terminées. Enfin, la transhumance est une autre forme de migration interne. En effet, l'extension des terres de culture due principalement aux gros exploitants agricoles a pour conséquence la raréfaction de zones de pâturage et de parcours du bétail dans la communauté rurale. Ainsi les éleveurs, dans le souci d'éviter d'éventuels conflits avec les agriculteurs, se déplacent avec leur troupeau à la recherche de pâturage dès le début de l'hivernage au mois juin. Ils reviennent habituellement à la fin de l'hivernage vers le mois de décembre.

La migration internationale concerne surtout les wolofs qui émigrent principalement vers l'Italie qui comptent environ 600 fils du terroir, les Etats-Unis avec environ une quarantaine de ressortissants et l'Afrique du sud pour une vingtaine de départs. (Ibid.).

3.3.2- Situation socio-économique

3.3.2.1- Activités économiques

A l'image des autres zones rurales du Sénégal, l'agriculture est la principale activité à Nioro Alassane Tall. En effet, 80% de la population active s'adonne à l'agriculture pluviale sur plus de 90% de la superficie totale de la communauté rurale. (PLD, 2002). L'activité agricole est fortement tributaire aux aléas climatiques.

Le mil, l'aliment de base des populations, est la principale spéculation dans la communauté rurale. Il est cultivé par la quasi-totalité des ménages et occupe plus de 50% des terres de culture. Toutefois, les rendements et par ricochets la production continuent de baisser du fait des dégradations des sols et des faibles capacités d'investissement des ménages.

L'arachide, première culture de rente dans cette partie du bassin arachidier, demeure très prépondérante aussi bien dans les emblavures que dans les ressources financières des ménages en ce sens qu'elle détermine méme le statut socioéconomique des familles. Les ménages les

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plus nantis sont ceux qui récoltent plus d'arachide compte tenu des charges financières que sa conduite nécessite. En plus d'être source de revenus, son importance dans l'alimentation humaine et du bétail par le biais de son sous-produit lui donne un statut particulier dans les plans de campagne des exploitations agricoles familiales.

D'autres spéculations comme le sorgho, le maïs, le niébé (petit haricot), le coton, le sésame et la pastèque sont pratiquées comme cultures d'appoint pour soit renforcer le stock vivrier, soit augmenter le niveau de revenu des exploitations agricoles familiales qui les conduisent. La percée de l'anacardier comme « culture » de rente est à mettre dans ce registre.

Le maraîchage et la riziculture, malgré un potentiel réduit à 8% du terroir et peu accessible, sont pratiqués dans la localité et participent à la diversification des cultures.

L'agriculture avec un poids financier dans l'économie locale estimée à plus de trois milliards FCFA en 2001 (PLD, 2002) reste plombée par :

? la baisse de la fertilité des sols

? la vétusté du matériel agricole

? la mauvaise qualité des semences utilisées

? l'insuffisance et la cherté de semences certifiées

? la divagation des animaux

? la déprédation des cultures

? la faible maîtrise des eaux de surface

? la mauvaise organisation des filières maraîchères et arboricoles
? la difficulté de conservation, stockage de certaines productions

L'agro-pastoralisme est une longue tradition dans la localité du fait de l'intégration agriculture-élevage. L'élevage pratiqué par la majorité demeure encore de type traditionnel avec un caractère extensif. Cette forme d'élevage, grace au faible coüt d'entretien des animaux dont 50% sont des petits ruminants, constitue un moyen sûr d'épargne et participe de façon très efficace à la réduction de la vulnérabilité des ménages. Toutefois, 9% d'entre eux sont des éleveurs professionnels. Ils essaient d'améliorer leur race avec l'insémination artificielle et de pratiquer la stabulation laitière et d'embouche.

Le cheptel est aussi un facteur de production agricole car il est utilisé dans la culture attelée et assure l'évacuation des productions via des charrettes (véhicules hippomobiles).

La localité ne disposant que de quelques zones boisées, l'exploitation forestière se limite au ramassage du bois de chauffe, du bois d'oeuvre et à la cueillette de fruits sauvages. Mais cette activité est menacée par l'ampleur de la carbonisation clandestine, la coupe abusive, les feux de brousse qui sévissent généralement en saison sèche.

Face au contexte économique difficile, la majorité des habitants ne se limite pas aux seules activités agricoles pour assurer les besoins familiaux. En plus de ces activités phares, 5% des ménages s'activent dans le commerce, 3% exercent dans l'artisanat et 3% sont dans d'autres corps de métiers.

3.3.2.2- Infrastructures socio-économiques

De par sa position centrale par rapport à l'arrondissement et de sa proximité avec la Gambie, la communauté rurale de Nioro Allasane Tall constitue un pôle d'échanges important. En effet, le marché hebdomadaire (« louma ») créé en 1983 dans le village de Touba Mouride est le point de convergence, tous les dimanches, de l'ensemble des communautés rurales et communes voisines. Ce grand centre enregistre un volume considérable d'échanges et de transactions. Il est très fréquenté par les commerçants « banabana » des grandes villes du pays telles que Dakar, Thiès, Kaolack. C'est une occasion pour les producteurs d'écouler leurs stocks de produits agricoles en réserve et quelques têtes de bétail. Les marchés hebdomadaires de Sokone, de Toubacouta et Passy situés hors de la communauté rurale leur servent aussi de débouchés.

Pour soutenir toutes ces activités, le Crédit Mutuel du Sénégal (CMS) est la seule institution de microfinance présente dans la communauté rurale. Ce réseau de caisses d'épargne et de crédit intervient dans la communauté rurale depuis 1998. Le crédit est généralement destiné aux activités d'agriculture, d'élevage, d'artisanat et de commerce. Les groupements féminins sont leurs plus fidèles clients. Cependant, les populations tout en reconnaissant l'importance de ses interventions, déplorent ses conditions difficiles d'éligibilité notamment la garantie et le taux d'intérêt élevé.

Pour l'éducation et la formation, la communauté rurale compte 27 écoles primaires françaises et un Collège d'Enseignement Moyen (CEM) de huit (08) cours en 2009. Les écoles arabes sont au nombre de 37 tandis que 77 « daaras» ou internats d'enseignement religieux ont été dénombrés en 2009 dans les 61 villages de la communauté rurale. Malgré tous ces centres d'apprentissage, la déperdition scolaire est courante.

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Les infrastructures sanitaires de la communauté rurale se résument à deux (02) postes de santé et à douze (12) cases de santé avec un taux de couverture de 14.461 habitants pour un Infirmier Chef de Poste (ICP) alors que les normes cibles de l'OMS sont de un ICP pour 5 000 habitants. En outre, Il est diagnostiqué que près de la moitié de la population vit à plus de 5 kilomètres du poste de santé le plus proche.

Les infrastructures hydrauliques sont composées de 2 forages avec bornes fontaines raccordées aux réseaux d'adduction d'eau permettant l'accès à l'eau potable des populations de 25 villages en tout. Ils sont complétés par 172 puits disséminés dans tous les villages. Mais la non fonctionnalité de 45% de ces puits ne fait qu'accentuer le déficit dans l'approvisionnement en eau potable de la communauté rurale.

Dans le cadre du programme d'électrification rurale, seuls 82 ménages sont connectés au réseau conventionnel tandis que les panneaux solaires permettent l'alimentation de 61% des ménages que compte la collectivité locale. L'introduction de l'énergie électrique a suscité de nouveaux besoins que la capacité d'un module solaire par maison ne peut pas satisfaire.

Toutefois, les combustibles ligneux restent la principale source d'énergie des habitants. Dans le but de les brûler efficacement, des foyers améliorés ont été introduits dans la communauté rurale. C'est ainsi que 571 ménages disposent de foyers améliorés.

En voies de communication, Nioro Allassane Tall est desservie sur trente (30) kilomètres par la piste latéritique qui la relie aux communautés rurales voisine de Keur Saloum Diané et Toubacouta débouchant sur la nationale n°5 qui mène vers Fatick et Gambie. Les villages de l'intérieur sont reliés entre eux par un réseau de pistes de fortune qui deviennent de plus en plus étroites à cause de l'extension anarchique des champs de culture situés de part et d'autre.

Concernant les échanges et communications entre villes, les technologies de l'information et de la communication prennent le relais des circuits traditionnels notamment le rôle de vecteur d'information que jouaient les griots. La téléphonie mobile, en pleine expansion, facilite la communication entre les habitants de la communauté rurale qui comptent plus de 5000 abonnés. Ainsi, chaque ménage compte en moyenne un membre qui possède un téléphone portable. La radio constitue toutefois la principale source d'information des populations, chaque ménage dispose d'un poste de radio pour capter les fréquences des radios publiques, privées et communautaires. La télévision est aussi un outil de communication permettant à un bon nombre d'habitants d'avoir accès aux informations nationales et

internationales. Il y a même une minorité qui possède des antennes paraboliques leur permettant de capter plus de télévisions nationales et étrangères.

CHAPITRE 3: APPROCHE METHODOLOGIQUE

1- Sources des données documentaires

Une recherche documentaire a permis, dans un premier temps, de faire une étude bibliographique afin de mieux cerner la problématique des agrocarburants, des changements climatiques, des Mécanismes du Développement Propre, des exploitations agricoles familiales. Les ressources documentaires de l'UCL et du Sénégal ont été mises à profit. Certains ouvrages abordant le thème à traiter ont été acquis au niveau des bibliothèques privées. Afin de peaufiner mon angle d'analyse du sujet, un accent particulier a été mis sur la lecture d'articles et de contributions traitant de la question des projets d'agrocarburants.

En outre, des entretiens exploratoires avec des personnes ressources (membres commision mémoire, experts dans le domaine des agrocarburants, promoteurs de projets, collègues et quelques conseillers agricoles et ruraux) m'ont aidé à mettre en lumière des aspects du problème étudié.

Des recueils de données socio-économiques nationales et locales ont été faits au niveau de l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), de la Direction de l'Analyse, de la Prévision et des Statistiques (DAPS), de la Direction de l'agriculture, de l'Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) , du Programme National de Développement Local (P.N.D.L), de l'Agence Nationale Désignée pour les MDP, du projet Jatropha de Foundiougne.

2- Enquêtes de terrain

Le travail de terrain a démarré avec des interviews de différentes « personnes ressources » dans les instituts et agences des ministères à Dakar. Ensuite, des visites de terrain, des enquêtes au niveau des producteurs se sont déroulées tour à tour dans les départements de Louga et de Foundiougne. J'ai moi-même effectué toutes les interviews et enquêtes.

Deux guides d'entretiens ont servi de support aux interviews des personnes ressources et des autorités des collectivités locales. Le guide d'entretien « personnes ressources » met l'accent sur les logiques globales des projets d'agrocarburants et leurs impacts sur le local (voir annexe 1). Tandis que celui des autorités des collectivités locales aborde les problèmes

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de la gestion foncière, du plan de développement local vis-à-vis des projets d'agrocarburants. (confère annexe 2).

Le choix des personnes ressources a été guidé par leur implication dans des questions de dynamique globale et locale du développement. Il n'a pas été difficile de cibler les autorités locales car ils sont nommés ou élus, donc connus de tous.

Les enquêtes auprès des chefs d'exploitations agricoles familiales sont composé de différentes parties : population ; foncier disponible ; Cheptel ; Installation et équipement ; Activités ; Productions végétales ; Productions animales ; Plan de campagne et des questions relatives à leur motivation personnelle pour le projet Jatropha.

Les données structurelles font une « photographie » globale des exploitations agricoles familiales enquêtées. Une première rubrique donne les renseignements sur la population du ménage : tranche d'age des membres, tranche d'age des actifs, tranche d'age des lettrés. Ensuite vient le foncier de l'exploitation : superficie disponible, superficie cultivée par année, superficie en jachère, l'appréciation de la fertilité et la possibilité d'extension. Des informations ont aussi été obtenues sur les installations et équipements agricoles de l'exploitation, le cheptel, les activités menées, les moyennes des productions végétales et animales des cinq dernières années, les objectifs prioritaires de productions végétales, animales et autres activités non agricoles. Dans un souci de faciliter la saisie et la synthèse, toutes ces données ont été enregistrées directement dans les fiches d'enquête sous forme de matrices au fur et à mesure des interviews avec les chefs d'exploitation.

A travers le questionnaire « producteur chef d'exploitation agricole familiale », des réponses quantifiables ont aussi été obtenues aux questions ayant trait à : l'âge, l'ancienneté de la famille dans le village, l'estimation du revenu annuel et la ventilation par poste de dépenses, le mode de plantation et superficie réservée au Jatropha, les prévisions d'augmentation de superficie de Jatropha en hectares.

Ce même questionnaire a permis d'avoir des données qualitatives relatives à : ethnie, types de sol, mode d'acquisition du noyau initial de l'exploitation, motivations par rapport aux principales cultures vivrières et de rentes conduites, dangers menaçant la vie de l'exploitation, réactions/adaptations à ces menaces, raisons de l'implication dans le programme Jatropha, mode de plantation adopté, principales contraintes de la conduite de la culture et perspectives.

Au-delà du questionnaire « producteur chef d'exploitation agricole familiale », différentes interviews ont été enregistrées sur un dictaphone. Ces fichiers comprennent les avis des

personnes ressources sur les projets d'agrocarburants et l'agriculture sénégalaise ; les opinions des élus et techniciens locaux qui ont abordé la question sous l'angle foncier et les points de vigilance qui interpellent les acteurs de la mise en oeuvre des projets d'agrocarburants en milieu rural.

Des données socio-économiques nationales et locales ont été aussi collectées.

3- Echantillonnage

Pour le choix des villages où je devais séjourner pour réaliser les enquêtes, la liste des pôles de développement a été choisie comme base de sondage primaire. Il fallait choisir un pôle de développement qui comptait plus de membres et de superficies de Jatropha plantées.

Pour éviter des biais liés au statut du président de la fédération des producteurs, son pôle de développement d'appartenance a été d'office éliminé du tirage. Ainsi, il ne restait qu'à choisir le pôle qui compte le plus de producteurs et qui a enregistré plus d'emblavures de Jatropha la campagne passée. Avec 71 ha plantés par 40 producteurs membres durant la campagne agricole 2008-2009, le pôle de développement de Dantakhoun a été choisi pour abriter les enquêtes de terrain. Il est composé de 7 villages. Pour le choix des villages, j'ai tenu compte de leur ancienneté et de leur composition ethnique. Les quatre villages suivants ont été identifiés : Dantakhoun, Kimintang, Keur Sambaré, Ngoungou. Un autre gros village du nom de Keur Serigne Bamba d'un autre pôle mais contiguë au premier a été aussi enquêté par souci de diversification des réponses. L'unité d'observation de l'enquête est l'exploitation agricole familiale.

Dans un village, tous les producteurs membres ont été interrogés. Néanmoins des chefs d'exploitation ont été sollicités bien qu'ils n'aient pas encore planté de Jatropha.

Pour plus d'anonymat et de confidentialité dans l'enquête, j'ai encouragé les producteurs à me recevoir chez eux plutôt que dans les places publiques des villages. Les visites dans les concessions m'ont aussi permis de faire des observations directes au-delà des questions posées.

Mon souci n'étant pas d'avoir une représentativité absolue de l'échantillon au niveau départemental, j'ai choisi de me limiter à 25 exploitations agricoles familiales à enquêter. Cet échantillon semble suffisant pour faire l'analyse des stratégies d'une cinquantaine d'exploitations agricoles familiales impliquées dans le projet de plantation de Jatropha au niveau du pôle de développement, voire de la communauté rurale concernée.

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Néanmoins, la typologie des exploitations agricoles familiales prendra en compte certainement la diversité des exploitations impliquées dans le projet.

Par ailleurs, 10 producteurs de la zone nord (Louga) travaillant comme ouvriers agricoles dans les plantations de Jatropha ont été interviewés spontanément sans référence particulière. Leurs témoignages vont servir de mieux cadrer les points de vigilance à ressortir sur la mise en oeuvre des projets d'agrocarburants de proximité.

Dans les plantations du Nord comme dans les parcelles de notre zone d'étude, la méthode d'observation directe participante a été adoptée. J'ai observé pendant des semaines les comportements des producteurs dans l'exercice de leurs activités agricoles pour essayer de les mettre en confrontation avec les réponses qu'ils m'ont données au cours des enquêtes.

4- Mode de traitement des données

Le dépouillement des données a été effectué à l'aide des matrices sur des feuillées liées conçues sous tableur Excel.

Les premières consolidations des données mettant en exergue certains indicateurs clé par exploitation ont été réalisées sous Excel avec des tableaux croisés dynamiques. Pour un traitement plus approprié aux tests statistiques, à la classification et à la typologie, les données saisies sous Excel ont été exportées vers le logiciel SPSS.

La comparaison des moyennes par village ou par groupe identifié a été réalisée par une analyse des variances notamment le test de Fisher (F). Le seuil d'erreur á = 0,05 soit 95% de chance a été privilégié. Ainsi, l'hypothèse nulle (H0), qui suppose l'égalité des moyennes, est acceptée si F est inférieure ou égale à 1. Par contre, si F > 1 et la signification asymptotique (sig) est inférieure à á = 0,05, alors il y a une différence statistiquement significatif entre les moyennes.

Les données socio-économiques nationales et locales servent de références pour l'analyse des résultats. Les récits d'entretien sont utilisés comme éléments de recoupements afin de mieux argumenter les conclusions à tirer.

5- Difficultés et limites

La difficulté majeure réside dans le fait que le projet pris comme cas d'étude est presque à l'état embryonnaire. Ainsi, les stratégies des acteurs sont plus difficiles à cerner à ce niveau de mise en oeuvre d'autant plus que le temps imparti au stage était très limite.

Le fait que mon introduction dans le milieu et ma présentation aux producteurs soient facilitées par les techniciens de SOPREEF pouvait constituer un biais dans la qualité des réponses que j'ai reçues des exploitations agricoles familiales enquêtées. En effet, certains seraient tentés de me dire ce que les défenseurs du projet veulent entendre, d'autres détracteurs d'adopter l'attitude contraire. Mon expérience dans l'appui conseil dans cette même zone m'a permis d'être vigilant à ces tentatives qui n'ont pas manquées tout au long de mon terrain.

La taille réduite de l'échantillon ne permet pas de faire une extrapolation judicieuse à l'échelle de tout le département.

D'autre part, je suis conscient de la limite de certains indicateurs difficiles à collecter par enquête. Le remplacement des valeurs précises par des ordres de grandeurs sera effectué avec prudence car l'essentiel est de conduire des raisonnements qualitatifs pertinents que suggèrent ces données plutôt que de vouloir traduire la réalité par une série de chiffres.

L'utilisation du logiciel SPSS serait plus intéressante si l'échantillon était grand. C'est pourquoi son apport a été plus sur le plan des tests statistiques et de la typologie.

Finalement cette taille réduite de l'échantillon a permis de mieux cerner certaines réalités et spécificités des exploitations agricoles familiales. Il est même arrivé d'identifier des erreurs du fait qu'on se rappelle de l'exploitation en question.

DEUXIÈME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS DE L'ETUDE

CHAPITRE 4 : CARACTERISATION ET TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS AGRICOLES FAMILIALES ENQUETEES

Une discussion que j'ai eue avec un chef d'exploitation mérite d'être relater pour introduire ce chapitre. En prélude d'une interview, j'ai tenté d'expliquer à un producteur les motivations et l'objet de mes enquêtes mais il a réagi en ces termes : « Si c'est au sujet du projet Jatropha que tu enquêtes, pourquoi tu veux poser autant de questions sur mon ménage ? » Je lui ai répondu « C'est simplement pour prendre une photographie de votre exploitation qui sera confrontée avec l'image que vous projetez en cheminant avec le projet Jatropha ». Après un rire familier, il acquiesce de la tête et réplique : « tu es rusé car tu

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m'obliges ainsi à être cohérent dans mes réponses, donc à te révéler mes vraies motivations..., tu es un vrai peulh toi » (les sénégalais de l'ethnie peulh sont des cousins à plaisanterie de celle des sérères : le vieux est un sérère et moi peulh....)

1- Caractérisation des exploitations agricoles familiales enquêtées

1.1- Démographie

1.1.1- Sexe, ethnie, niveau d'instruction et age des chefs d'exploitation

Les chefs d'exploitation enquêtés sont généralement des hommes à l'exception d'une femme qui a acquis ce statut à la suite du décès de son mari. Au Sénégal, la proportion des femmes rurales chefs de ménage est faible. Elle est de l'ordre de 13% selon le rapport de l'Enquête Sénégalaise auprès des Ménages (ESAM2, 2004). Le statut de « femme au foyer avec un mari chef de ménage » a longtemps été ancré dans les mentalités des sociétés agricoles traditionnelles. Certes, les femmes jouissent de libertés et d'indépendance mais dans des domaines qui ne frisent pas la « défiance » ou la « déviance » de l'ordre établi et accepté « culturellement » de tous. Ceci dénote, en milieu rural, d'une résistance aux changements de mentalités favorables à la promotion des femmes à travers leur responsabilisation et leur autonomisation.

Les chefs d'exploitation enquêtés sont de quatre ethnies différentes : Wolof (au nombre de 03), Sérère (au nombre de 09), Socé (au nombre de 11), Peulh (au nombre de 02).

Concernant leur niveau d'instruction, 14 d'entre eux ont fait l'école coranique, 05 ont arrêté leurs études à l'école primaire française, 02 au secondaire dont un instituteur, 02 sont alphabétisés dans leur langue, 01 a fréquenté les écoles coranique et primaire français et 01 n'a aucun niveau d'instruction.

L'age moyen des chefs d'exploitation est d'environ 50 ans avec un écart type de 9,88. 56% des chefs d'exploitation ont plus de 50 ans. Si l'on considère qu'un chef d'exploitation est jeune s'il a moins de 40 ans, notre échantillon est alors composé de seulement 24 % de jeunes chef d'exploitation.

1.1.2- Population des exploitations

La taille moyenne des exploitations enquêtées est de 13,96 #177; 5,01 personnes. Le test de Fisher (F=8,72>1 et sig=0,001< á=5%) montre qu'il y a une différence significative entre les tailles moyennes par village. L'écart vient surtout du village de Keur Serigne Bamba qui a une taille moyenne de 20,80 #177; 4,91 personnes par exploitation. La moyenne nationale tourne

autour de 10 personnes par ménage rural. Ce qui peut signifier que les exploitations enquêtées ont des tailles de population très élevées.

Concernant les lettrés toutes langues confondues (locale, arabe, français), ils sont en moyenne de 6,92#177;5,03 personnes par exploitation soit 49,57 % de ses membres. Il n'y a pas de différences entre les moyennes par village d'après le test de Fisher.

1.2- Moyens de production

1.2.1- Main d'oeuvre familiale et actif agricole

La main d'oeuvre familiale est constituée par les membres dont le chef d'exploitation juge qu'ils participent activement aux travaux champétres. La population active moyenne par exploitation est de 8,92#177;4,46 personnes. L'analyse de variance ((F = 4,311>1 et sig = 0,016< á=5%) montre qu'il y a une différence significative entre les moyennes des villages. Ce qui donne un taux d'activité moyen de 63%#177;15% par exploitation sans différence significative entre les villages (F=0,32<1). Un tel taux peut-être jugé acceptable en zone rurale car signifiant que plus de 6 personnes travaillent aux champs pour nourrir 10 personnes de l'exploitation agricole familiale.

A côté de cette réalité du terrain qui privilégie la population active comme travailleur agricole, il est couramment utilisé dans les études en zone tropicale la notion d'actif agricole. Il correspond à un homme adulte valide âgé de 15 à 55 ans avec une pondération selon l'age et le sexe : un homme (15 à 55 ans) = 1 actif ; une femme (15 à55 ans) = 0,7 actif ; un homme (5 à 14 ans) = 0,5 actif ; une femme (5 à 14 ans) = 0,25 et une personne âgée (> 55 ans) = 0,5 actif. Le calcul des actifs agricoles avec ces normes donne une moyenne de 5,79#177;2,71 par exploitation avec une différence significative entre les moyennes des villages (F=3,974>1 et sig=0,022 < á=5%).

1.2.2- Capital foncier

Le capital foncier est considéré ici comme l'ensemble des terres exploitées et en jachère dont dispose l'exploitation agricole familiale. En moyenne, chaque exploitation de l'échantillon possède 10,96 #177; 8,70 ha. L'écart type très élevé dénote d'une très grande dispersion des valeurs entre les exploitations. En effet le test de Fisher le confirme (F=3,82 > 1 et sig=0,025 < 5%) avec une différence significative entre les moyennes des villages. Le village de Keur Serigne Bamba semble sortir du lot car ayant une moyenne de 20#177;14,57 ha de disponible foncier par exploitation. L'écart type élevé et la différence significative peuvent

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s'expliquer par la présence dans l'échantillon d'une exploitation de ce village totalisant à elle seule 45 ha de disponibilité foncière.

Concernant le mode d'acquisition ou de faire valoir des terres, les tendances sont les suivantes: 84% sont acquises par héritage, 10% par affectation, 4% par défriche et 2% par un prêt à long terme. Il faut aussi remarquer que toutes les exploitations de tous les villages ont répondu « non » à la question « est ce qu'il y a une possibilité d'extension de vos parcelles dans le village ? ». En effet dans cette zone, les réserves foncières sont quasi-épuisées.

1.2.3- Matériels agricoles et cheptel de trait

Le semoir et la houe sont des matériels agricoles essentiels pour la conduite des cultures dans ces zones. C'est surement ce qui justifie la disponibilité moyenne de plus de 1,28 semoir et de 1,64 houe par exploitation. Pour le semoir, il y a une différence non significative entre les villages (F = 3,968 >1 et sig= 0,082 > á=5%). Concernant la houe, il n'y a pas de différence entre les disponibilités moyennes par village.

Je vais maintenant m'intéresser aux taux d'équipement en semoir et en houe pour voir si les exploitations possèdent un niveau d'équipement suffisant à la conduite correcte de leur plan de campagne agricole. Pour cela, les normes de l'ISRA seront mobilisées. La formule du Taux d'équipement est donnée avec des normes et des clés d'interprétation qui découlent de plusieurs années de recherche sur le terrain :

? Taux d'équipement (TE) = (Effectif matériel x normes surface équipée / Surface de l'exploitation) x 100

? Normes surface équipée par type de matériel: 1 semoir a une capacité de semis de 4 ha ; la capacité de sarclage d' 1 houe est de 3,5 hectares.

? Les interprétations sont basées sur les indications ci-après : si TE < 50%, l'exploitation est "très sous-équipée" ; si 50% < TE ~ 90%, elle est "sous-équipée" ; si 90% < TE ~ 110%, elle est "bien équipée" ; si 110% < TE ~ 150%, c'est un cas d'exploitation "suréquipée" et si TE > 150%, la situation correspond au cas d'une exploitation "très suréquipée".

Pour une simplification dans le cadre de ce travail, les exploitations sont regroupées en deux types : les exploitations dites sous équipées si TE ~ 90% et bien équipées si TE > 90%. (DIAW F. D., 2003).

Seules 09 exploitations sur les 25 sont « bien équipées » en semoir. Pour la houe, 11 exploitations peuvent être considérés comme « bien équipées ». Ce qui montre que malgré la présence des deux matériels essentiels, leur nombre reste insuffisant pour l'exploitation convenable des superficies à cultiver. C'est pourquoi, certaines exploitations sont obligées de recourir à des locations ou des prêts de matériels durant la campagne agricole. Les fortes pressions sur le semoir en début d'hivernage et sur la houe pendant les périodes de sarclage constituent des goulets d'étranglement difficiles pour certaines exploitations. Ces dernières sont parfois obliger de décaler les dates de semis ou abandonner des parcelles déjà semées.

Concernant les animaux de trait, l'âne est presque présent dans toutes les exploitations avec une moyenne de 1,04#177; 1,09. Il n'y a pas de différence significative entre village. Par contre, il y a moins d'un bovin et de cheval de trait, en moyenne, par exploitation. La traction asine est plus accessible aux exploitations car la valeur de l'âne est moins élevée. Les sols de culture plus ou moins meubles et le matériel agricole léger utilisé dans cette zone sont très compatibles avec cette traction asine qui se pratique à côté de celles équines et bovines.

De la méme manière que le matériel agricole, je vais faire recours aux normes de l'ISRA pour tenter d'apprécier les capacités de traction des exploitations relativement à la conduite de leurs cultures. Ces normes indiquent que les capacités de traction, quelle que soit la spéculation, sont de 6 hectares pour 1 paire de boeufs adulte, de 3,5 hectares pour 1 cheval adulte et de 2,5 ha pour 1 âne.

Les capacités totales de traction des exploitations comparées aux superficies cultivées annuellement montrent qu'il n'y a que 10 exploitations qui possèdent une capacité suffisante de traction à la hauteur des surfaces cultivées. Ainsi, le taux de satisfaction de la demande en traction des exploitations est en moyenne de 92%#177;7%. La différence des moyennes entre villages n'est pas significative (F = 1,008 >1 et sig= 0,409 > á=5%). Il faut quand méme souligner la présence dans l'échantillon de 3 exploitations qui n'ont pas d'animaux de trait en possession et font recours à la location.

1.3- Systèmes de culture et d'élevage

1.3.1- Appréciation paysanne de la nature et de la fertilité des sols cultivés

L'enquête sur l'appréciation des chefs d'exploitation de la nature des sols cultivées donne :

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? 16 chefs d'exploitation disent avoir des sols majoritairement de type « Deck-Dior » à forte proportion « Dior » ; ces sols que l'on peut qualifier de sablo-argileux leur permettent de diversifier leurs cultures

? 09 chefs d'exploitation disent plutôt que leurs sols sont « Dior », c'est-à-dire sablonneux et plus propices aux cultures de l'arachide et du mil.

En ce qui concerne l'appréciation de la fertilité des parcelles de culture, les réponses agrégées indiquent :

? 41% de bonne fertilité ? 25% de fertilité passable ? 37% de fertilité faible

1.3.2- Assolement, superficies emblavées et rotations pratiquées

La moyenne des Superficies Cultivées Annuellement (SCA) est de 7,36 #177; 4,51 ha pour toutes les 25 exploitations. L'analyse de variance avec le test de Fisher (F = 4,457 >1 et sig= 0,014< á= 5%) révèle des différences significatives entre les moyennes des villages. Il faut noter que dans l'échantillon, il y a 8 exploitations qui emblavent en moyenne par année moins de 5 ha ; 07 qui font entre 5 et 9,99 ha par an, et 10 qui cultivent plus de 10 ha par an.

Sur une moyenne de 5 campagnes agricoles, les exploitations agricoles familiales ont réparti les cultures sur les surfaces comme indiquées dans le graphique ci-après.

Figure 6 : Assolement moyen pratiqué par les EAF

L'arachide occupe une grande partie des surfaces cultivées (49%). La superficie totale consacrée aux cultures céréalières (mil, maïs, sorgho, riz) est de 48%. Malgré les difficultés

liées à la disponibilité de semences en quantité suffisantes et la cherté des engrais, les paysans portent toujours leur espoir d'une bonne campagne agricole sur les bons résultats de l'arachide. Elle est ainsi devenue un « mal nécessaire » pour eux du moment où ils ne peuvent pas s'en passer pour leur propre alimentation et celle des animaux surtout de trait.

Le mil et le maïs sont souvent cultivés dans les parcelles de case (près des concessions). Tandis que l'arachide et le sorgho sont conduits dans les parcelles plus éloignées de la concession.

La rotation bisannuelle céréales-arachide est pratiquée dans les parcelles de brousse tandis que dans les parcelles de case qui bénéficient d'une bonne restitution en matière organique, la monoculture de céréales y est de mise.

Les femmes pratiquent des « cultures dérobées » soit à l'intérieur des parcelles, soit sur des lignes intercalées ou autour de la parcelle. C'est une forme d'association de culture qui permet de retrouver dans la même parcelle arachide et bissap (Hibuscus sabdarifa) ou arachide et niébé (petit haricot).

Concernant le Jatropha, le mode de plantation « haie vive en bordure des parcelles de culture » est essentiellement adopté par les exploitations. Seule deux exploitations sur les 25 enquêtées ont fait, en plus de leurs haies vives, l'une, 1 ha de Jatropha en plein champ et l'autre, 1 ha d'association avec l'anacardier. Les superficies des parcelles de cultures qui ont fait l'objet de haie vive sont en moyenne de 1,56#177;1,17 ha par exploitation. Il n'y a pas de différence entre les moyennes des villages (F=0,678<1). Pour les superficies des parcelles prévues pour le Jatropha en haie vive dans le moyen terme, la moyenne est de 2,24#177;3,07 ha avec une différence non significative (F = 1,539 >1 et sig= 0,234 > á= 0,05). La corrélation positive de 24% entre la superficie cultivée annuellement et la superficie prévue en clôture Jatropha n'est pas significative.

Pour mieux apprécier, dans mon analyse, la culture de Jatropha en bordure, je vais essayer de faire une estimation de la superficie correspondante à 1 ha de haie vive en rapport avec la superficie d'1ha de Jatropha en plein champ en me focalisant sur la densité de plantation.

Pour 1 ha de Jatropha en plein champ, les écartements 2,5 m X 2,5 m sont préconisés par le projet. Ce qui fait une densité de semis de (100/2,5)*(100/2,5) soit 1600 plants par ha.

Pour l'implantation des haies vives, il est pratiqué une plantation de 2 bandes de pourtour avec des écartements de 1m X 0,5 m. Ce qui donne (400/1) plants par bande soit 800 plants pour toute la haie vive de 2 bandes. Toute chose étant égale par ailleurs, une déduction faite

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des 1600 plants par ha, permet d'obtenir la superficie fictive d'une haie vive plantée sur 1 ha de culture : 800/1600 soit 0,50 ha. En clôturant une parcelle en Jatropha avec la méthode décrite, le producteur réalise 50% du nombre de plants de Jatropha, voire la superficie correspondante en culture pure.

Ainsi, en choisissant d'opter pour le mode de plantation « haie vive », les exploitations enquêtées ont fait en moyenne 1,56*0,5 #177;1,17*0,5 ha de superficie fictive en Jatropha soit 0,78#177;0,58 ha et compte en faire dans le moyen terme 2,24*0,5 #177;3,07*0,5 ha soit 1,12#177;1,53 ha.

Ces superficies fictives de moins de 2 ha (0,78+1,12) d'engagement dans le moyen terme par producteur montrent que les producteurs ont choisi la stratégie d'intégration minimale du projet de plantation de Jatropha.

1.3.3- Fertilisation

Tous les chefs d'exploitation enquêtés disent connaître les avantages de la fertilisation organique notamment l'épandage du fumier de bétail ou du parcage des animaux dans des parcelles de cultures en vue d'améliorer la fertilité. Cependant, les quantités de fumier épandues par ha sont très faibles. Ceci s'explique, entre autres, par la taille réduite du cheptel bovin notamment, le mode de conduite des troupeaux, le manque de main d'oeuvre et de moyen adéquat pour le transport au champ. Malgré quelques épandages dans des champs de brousse, les parcelles de case qui sont à cheval de leurs concessions sont privilégiées.

Quant à la fertilisation minérale, elle est pratiquée à des degrés divers. Le niveau d'utilisation des engrais minéraux dépend des disponibilités financières au moment où les ventes se déroulent au niveau des communautés rurales ou au niveau des marchés hebdomadaires. Il faut préciser que les producteurs sont maintenant obligés d'épargner de l'argent pour acheter les engrais subventionnés au moment venu car il n'y a plus de crédit intrants dans le programme national.

1.3.4- Elevage

Le cheptel bovin détenu par 11 exploitations sur 25 varie de 0 à 7 têtes par exploitation. Les ovins sont aussi présents dans 12 exploitations avec des variations de la taille de 0 à 15 par exploitation (moyenne de 2,4 #177; 3,8).

La volaille et les caprins, gérées généralement par les femmes, sont présents dans toutes les exploitations. Leurs effectifs sont plus importants : environ 12 par exploitation pour la volaille et 5,4 pour les caprins.

Il faut préciser que l'élevage pratiqué est, par excellence, de type extensif. L'alimentation du bétail est assurée d'abord par la vaine pâture puis par les résidus de récoltes stockés à cet effet.

La volaille, les petits ruminants (ovins, caprins) jouent un rôle très important dans les stratégies de survie des exploitations. Pendant les périodes de soudure, la vente d'une partie permet aux exploitations de faire face aux dépenses quotidiennes et aux frais de santé. Les bovins permettent aussi une capitalisation non négligeable. Les équins et asins sont utilisés pour la traction animale et le transport avec les charrettes.

1.4- Résultats obtenus

1.4.1- Productions et rendements

La moyenne des productions et rendements agricoles des 5 dernières campagnes donnent une idée des performances des exploitations agricoles familiales. Pour l'arachide, les 24 exploitations qui l'ont cultivé sur les 5 années ont produit en moyenne 2633 kg soit un rendement de 702#177;213 kg/ha. Le mil, cultivé par toutes les 25 exploitations, donne une production moyenne par exploitation de 1120 kg avec un rendement de 421#177;271 kg/ha. Le sorgho a permis à 8 exploitations de récolter en moyenne 494 kg pour un rendement de 687#177;148 kg/ha. Le maïs a été conduit durant les 5 dernières années par 13 exploitations avec une production moyenne de 708 kg pour un rendement de 755#177;330 kg/ha. Quant au riz, seules 3 exploitations l'ont cultivé durant ces dernières années avec une production moyenne de 387 kg et un rendement de 773 kg à l'hectare. L'analyse des variances montre qu'il y a une égalité des rendements moyens par village pour l'arachide, le mil et le sorgho. Pour le maïs, il y a une différence qui n'est pas statiquement significative (F = 2,224 >1 et sig= 0,155 > á= 0,05).

Il faut préciser que les producteurs ne comptabilisent que ce qu'ils ont réellement récolté et stocké, c'est pourquoi dans le jargon développeur au Sénégal, il est souvent utilisé le terme de « rendement au stock » pour faire la nuance avec le « rendement au champ ».

Une comparaison avec les rendements nationaux et départementaux permet de mieux apprécier ces performances.

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Figure 7 : Comparaison des rendements moyens de 5 campagnes au niveau national,
départemental et producteurs enquêtés

Source : DAPS & Mes enquêtes, 2010

Ces différences peuvent s'expliquer par :

? le fait que les données agrégées cachent toujours des disparités au niveau le plus bas

? les estimations des superficies et des productions par les agriculteurs sont très décalées du dispositif d'estimation des rendements de la DAPS (Division d'Analyse et de Prévisions des Statistiques) : les productions données par les paysans lors des enquêtes sont approximativement celles qu'ils ont effectivement utilisées (« productions au

stock ») sans tenir compte des « productions au champ »

· les pertes au champ, à la récolte, au transport et au stockage des productions agricoles

sont considérables en milieu rural

Cependant, le fait que les exploitations agricoles familiales enquêtées aient des rendements en dessous des moyennes nationales et départementales, prouve que ces dernières ne sont pas aussi performantes que l'on puisse le penser. L'analyse discriminante édifiera sur la disparité ou la ressemblance des exploitations vis-à-vis des rendements obtenus.

1.4.2- Taux de couverture des besoins céréaliers

Ici, deux normes vont être mobilisées. La première découle des normes de la FAO. D'abord, il faut partir des Besoins énergétiques alimentaires minimaux (kcal/personne/jour) élaborées par le FAO/OMS qui correspondent, pour une population totale donnée, « à la

moyenne pondérée des besoins en énergie alimentaire minimum des différents groupes de genre-age dans la population... »

Il est de 1770 kcal par personne par jour pour le Sénégal en 2004-2006. (FAQ, 2007)

Ensuite, selon toujours la FAQ « malgré les différences de forme et de taille, tous les grains de céréales ont à peu près la même structure et la même valeur nutritive: 100 g de grains entiers apportent environ 350 Calories...».

Sur la base de ces deux données, les besoins minimaux en céréales sont de 505,7g/personne-adulte/j soit 184,5 kg/personne-adulte/an. Ce chiffre est très proche de la norme de consommation établie par le CILSS19 pour les pays du Sahel qui s'élève à 185 kg/hab./an pour le Sénégal. (NDIAYE Q. et al., 2006)

Les besoins alimentaires variant selon l'âge et le sexe, il est important de ramener l'effectif d'un ménage à un nombre d'adultes, ou plutôt d'« équivalent-adulte ». Pour ce faire, il est appliqué un coefficient de 0,5 aux individus de moins de 15 ans, de 0,8 aux femmes de plus de 15 ans, et de 1 aux hommes de plus de 15 ans. (Ibid.)

La deuxième norme s'opère sur les pratiques paysannes en matière de prélèvements sur leur stock de récolte de céréales de départ. Ils sont constitués généralement :

? des réserves personnelles de semences pour la campagne agricole à venir

? de l'aumône obligatoire (Zakat) de 10% sur les produits de l'agriculture sous pluie que

les producteurs musulmans sont tenus de respecter au risque d'être stigmatisé comme

déviant de la pratique religieuse

? des dons aux tiers qui ne seront pas pris en compte ici car il est plus facile de les considérer comme des pratiques d'entre aide, voire des stratégies de débrouille des exploitations agricoles familiales.

Calculer le taux de couverture des besoins en céréales va consister à faire le rapport du disponible céréalier à la récolte moins les prélèvements estimés sur les besoins selon les normes FAQ : {(Disponible céréalier - prélèvements)/besoins} x 100

Le taux moyen de satisfaction des besoins céréaliers pour les 25 exploitations agricoles est de 82%#177;43%. L'analyse de la variance (F=0,627<1) montre qu'il n'y a pas de différence entre les taux de couverture par village.

19 Le Comité inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel

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Les tests avec les groupes obtenus de la typologie vont être faits pour voir si cette égalité inter-village ne cache pas des disparités entre groupes d'exploitations supra-village.

La formation des revenus agricoles et leurs ventilations par poste de dépenses sera traitée

dans le chapitre qui va suivre.

1.5- Contraintes activité agricole, stratégies de survie et objectifs prioritaires poursuivis

1.5.1- Contraintes de l'activité agricole

Elles sont d'ordre climatique, technique et socio-économique.

L'activité agricole dans cette zone reste tributaire de la pluviométrie qui est irrégulière dans l'espace et dans le temps. Ainsi, un mauvais hivernage est synonyme de mauvaises récoltes et de difficultés quotidiennes dans le fonctionnement des exploitations agricoles familiales. C'est pourquoi 21 chefs d'exploitations sur 25 pensent que le déficit pluviométrique demeure la plus grande menace de la survie de leurs exploitations.

Sur le plan technique, les exploitations agricoles familiales sont handicapées par la vétusté et l'insuffisance de leur matériel mais aussi par l'accès difficile aux intrants agricoles du fait de leur cherté comparativement à leur revenu. D'ailleurs, 20 enquêtés sur 25 trouvent que ces éléments sont les contraintes principales à l'essor de leur activité agricole.

L'autre contrainte majeure mentionnée par les enquêtés est la baisse de la fertilité des sols. Elle résulte de la dégradation des terres de cultures soumises durant des décennies à la prépondérance de la culture de l'arachide et de la disparition progressive de la jachère dans ces zones. La divagation des animaux dans les parcelles de cultures est aussi citée comme facteur limitant car occasionnant parfois des pertes de récolte considérables.

Sur le plan socio-économique, les contreperformances de l'arachide ont fini de fragiliser le tissu économique local longtemps bâti autour de cette culture de rente. Concomitamment, la production céréalière bat de l'aile et les circuits de commercialisation des produits agricoles notamment l'arachide sont contrôlés par des hommes d'affaires véreux exploitant les failles d'une organisation étatique qui laisse à désirer. La combinaison de ces différents facteurs ne permet pas aux paysans d'assurer la sécurité alimentaire dans le long terme. Ils se retrouvent alors dans une vulnérabilité telle que la seule voie de salut reste diverses stratégies de survie soutenues par des activités non agricoles.

1.5.2- Stratégies de survie

Il faut souligner que parmi les exploitations agricoles enquêtées, les 16 possèdent des plantations de mangue ou d'anacardier. La vente de la production issue de ces plantations est une source de revenu considérable et permet à beaucoup d'exploitations d'amortir les effets néfastes de la soudure.

D'autres activités génératrices de revenus permettent aux producteurs de faire face aux situations difficiles liées à la faiblesse des revenus agricoles. En effet, parmi les 25 exploitations enquêtées, en plus de l'activité agricole, 17 exercent une activité de petit commerce, 05 s'adonnent à des métiers ruraux (artisanat, maçonnerie), 04 au maraîchage et 02 au transport.

L'exode rural vers les grands centres urbains du pays touche aussi la moitié des exploitations. Toutefois, seuls 03 chefs d'exploitation ont reconnu être véritablement appuyés par les membres de la famille en exode.

Cependant, il n'en demeure pas moins des exploitations agricoles familiales qui restent confrontées à la gestion difficile des périodes de soudure. Ces dernières coïncident habituellement avec les mois d'aoüt et de septembre caractérisés par un épuisement des réserves alimentaires pendant que les cultures ne sont pas encore en maturité. Ainsi, pour faire face au déficit alimentaire, ces exploitations agricoles adoptent des stratégies de survie comme la vente de bétail, le nantissement du matériel agricole, voire sa vente.

Une analyse comparative des stratégies de survie par type d'exploitations plus ou moins homogènes sera faite dans le prochain chapitre.

1.5.3- Objectifs prioritaires poursuivis dans le moyen terme

Tous les chefs d'exploitations interrogés ont choisi la subsistance comme 1er objectif prioritaire. Pour le 2ème objectif prioritaire, 17 d'entre eux se disent préoccuper par l'achat de matériel agricole pour mieux conduire les travaux champêtres, 04 veulent construire, 03 veulent épouser une autre femme. En 3ème priorité, 22 sont favorables à la construction en dur de leur concession, 02 à l'achat de matériel agricole et 01veut célébrer un nouveau mariage.

72

Mémoire Master Amadiane DIALLO

Figure 8 : La hiérarchisation des objectifs prioritaires des EAF

NB : Série1= 1ère priorité ; Série 2= 2ème priorité ; Série 3= 3ème priorité
Source : mes enquêtes, 2010

2- Typologie des exploitations agricoles familiales enquêtées

Dans l'optique de constituer des groupes homogènes, je vais établir une typologie surtout structurelle des exploitations agricoles familiales enquêtées. L'intérêt de cette typologie est de permettre une description des exploitations à partir de critères discriminants aptes à distinguer un nombre réduit de classes.

2.1- Critères de regroupement

Une Analyse en Composantes principales (ACP) a été réalisée avec les variables les plus discriminants, voire pertinents. Il s'agit de : Population, Total foncier disponible, Taux d'activité, Actifs agricoles, Superficie Cultivée Annuellement, Taux de satisfaction en Traction animale, Taux d'Equipement en houe, Taux d'Equipement en Semoir, Taux de couverture en Céréales , Lettrés en toute langue, Superficie parcelles clôturées en Jatropha, Superficie parcelles prévues en haie vive Jatropha, Age du Chef d'Exploitation.

Selon l'importance des scores factoriels obtenus, la matrice des composants a permis de dégager les variables suivants qui seront utilisés pour faire la classification :

? composante 1 : Actifs agricoles, Population, Total foncier disponible, Superficie Cultivée Annuellement, Taux d'activité

? composante 2 : Lettrés toute langue, Taux d'Equipement en Semoir

? Composante 3 : Superficie parcelles clôturées en Jatropha

? Composante 4 : Superficie parcelles prévues en haie vive Jatropha

Tableau 2 : Matrice des composantes (ACP avec 4 composantes

 

Composante

 

1

2

3

4

Actifs agricoles

,891

,197

-,192

-,183

Population Exploitation Agricole Familiale

,875

,235

 

,143

Total foncier disponible Exploitation Agricole Familiale

,734

,152

,553

-,119

Superficie Cultivée Annuellement

,638

-,533

-,270

,149

Taux Traction Totale

-,578

 

-,259

-,377

Taux Equipement en Houe

-,533

,503

-,160

 

Taux de couverture Besoins Céréaliers

,108

-,788

,202

 

Lettrés Exploitation Agricole Familiale

,325

,710

,140

 

Taux Equipement en Semoir

-,388

,535

,167

,365

Superficie Parcelles Plantation Jatropha

 

,191

,677

-,563

Age du Chef d'Exploitation

,381

,390

-,485

,412

Superficie Parcelles Prévue en Jatropha

,206

 

,427

,674

Taux d'activité

,521

,115

-,414

-,525

Source : mes enquêtes via SPSS, 2010

2.2- Classification des exploitations familiales

La classification est effectuée avec le logiciel SPSS. La méthode utilisée est la classification en nuée dynamique.

Les meilleurs critères de typologie, en référence aux F de l'ANOVA et selon le degré de discrimination sont : foncier total disponible (F=49,465), Superficie parcelles prévues en haie vive Jatropha (F= 22,129), Actifs agricoles (F=9,167) et Superficie Cultivée Annuellement (F= 7,052).

Tableau 3 : ANOVA pour déterminer les critères de typologie

 

Classe

Erreur

F

Signification

Moyenne
des carrés

ddl

Moyenne
des carrés

ddl

Population Exploitation Agricole Familiale

100,661

3

14,332

21

7,023

,002

Superficie Cultivée Annuellement

81,594

3

11,570

21

7,052

,002

Taux d'activité

,057

3

,018

21

3,167

,046

Taux Equipement en Semoir

,252

3

,377

21

,669

,581

Superficie Parcelles Plantation Jatropha

3,054

3

,861

21

3,548

,032

Actifs agricoles

33,221

3

3,624

21

9,167

,000

Lettrés Exploitation Agricole Familiale

17,247

3

9,510

21

1,814

,176

Total foncier dispo EA

530,716

3

10,729

21

49,465

,000

74

Mémoire Master Amadiane DIALLO

Sup PrévueJatropha 57,372 3 2,593 21 22,129 ,000

Source : mes enquêtes via SPSS, 2010

A l'issue du traitement statistique, il est ressorti que le "foncier total disponible», avec le F le plus élevé, est le critère le plus déterminant pour la classification des exploitations agricoles familiales. En conséquence, quatre groupes d'exploitations se sont dégagés. Le tableau cidessous en donne les détails.

Tableau 4 : Répartition des EAF de l'échantillon dans les groupes

Types

Caractéristique Générale groupe

Nombre
d'EAF
concernées

N°EAF et nombre de villages concernés

A

foncier< 5 ha

4

12 ;

13 ;

18 ;

20 (3 villages)

B

5 ha = foncier < 10 ha

8

7 ; 8

; 9 ;

10

; 11 ; 16 ; 21 ; 23 (3villages)

C

10 ha = foncier <15ha

7

3 ; 4

; 6 ;

14

; 15 ; 22 ; 25 (5 villages)

D

foncier = 15ha

6

1 ; 2

; 5 ;

17

; 19 ; 24 (4 villages)

3- Caractérisation des groupes d'exploitations agricoles familiales dégagés

Une analyse de variance avec le test de Fisher permet d'apprécier les différences ou les ressemblances intergroupes pour des variables données. Comme indiqué dans la démarche méthodologique, les valeurs observées statistiquement notamment les F et les significations asymptotiques (sig) seront comparées aux valeurs théoriques du test F et á=0,05.

Tableau 5 : Récapitulatif de l'analyse de variance (ANOVA) intergroupes

Variables dont égalité des moyennes

 

Variables dont différence non significative entre moyennes

Variables dont différence significative entre

moyennes

âge des chefs d'exploitation

rendement mil des 5 dernières années

disponible foncier

taux d'activité

rendement maïs des 5 dernières années

taille de la population

lettrés

rendement sorgho des 5 dernières années

actifs agricoles

superficie parcelles clôturées en Jatropha

superficie des plantations d'anacardiers et de mangues

superficie cultivée annuellement

 

taux de traction animale

superficie des céréales

 

superficie parcelles prévues en haie vive Jatropha

superficie d'arachide

 

taux d'équipement en semoir

taux de couverture en céréales

 

jachère annuelle

taux d'équipement en houe

D'abord, sont repérées les variables pour lesquelles il n'y a pas de différences entre les moyennes des groupes selon les résultats des tests de Fisher. Il s'agit des variables suivants: âge des chefs d'exploitation (F=0,365<1), taux d'activité (F=0,960<1), lettrés (F=0,692<1), Superficie parcelles clôturées en Jatropha (F=0,641<1).

Ensuite, il y a les variables qui présentent des différences statistiquement non significatives : rendement mil des 5 dernières années (F = 1,087>1 et sig=0,376 > á=0,05), rendement maïs des 5 dernières années (F = 1,322 >1 et sig= 0,327 > á =0,05), rendement sorgho des 5 dernières années (F = 2,146 >1 et sig= 0, 212> á =0, 05), superficie des plantations d'anacardiers et de mangues (F = 2,176 >1 et sig= 0, 121> á =0, 05) , taux de traction animale (F = 2,670 >1 et sig= 0, 74> á =0, 05), Superficie parcelles prévues en haie vive Jatropha (F = 1,820 >1 et sig = 0,174 > á =0, 05), taux d'équipement en semoir (F = 2,917 >1 et sig = 0,058 > á =0, 05), jachère annuelle (F = 2,380 >1 et sig=0,098 > á=0, 05).

Enfin, viennent les variables qui montrent des différences statiquement significatives entre les moyennes des groupes. Ce sont : le disponible foncier ayant servi principalement à la typologie avec un F de 11,189 et une signification asymptotique nulle, la taille de la population (F = 5,885>1 et sig = 0,004< á =0,05), les actifs agricoles (F = 4,373 >1 et sig= 0,015< á =0,05), la superficie cultivée annuellement (F = 9,306 >1 et sig= 0,000< á =0,05), la superficie des céréales (F = 4,639 >1 et sig= 0, 012< á =0,05), la superficie d'arachide (F = 6,443 >1 et sig= 0, 003< á 0,05), le taux de couverture en céréales (F = 3,228 >1 et sig= 0, 012< á =0,05), le taux d'équipement en houe (F = 11,865 >1 et sig= 0, 012< á =0,05).

A la suite de cette analyse de variance, les caractéristiques générales des quatre groupes sont obtenues par une analyse statistique descriptive pour principalement les variables statistiquement discriminantes.

? Exploitations de type A (au nombre de 4): foncier disponible < 5 ha

Elles ont en moyenne une population de 9 personnes dont un peu plus de la moitié (52%) est active. A l'aide d'un équipement satisfaisant en semoir et en houe et une traction animale suffisante, 3,05 actifs agricoles exploitent annuellement 2,75 ha dont 1,12 ha en arachide. Elles couvrent en moyenne 85% des besoins en céréales. Elles ont déjà clôturé en moyenne 1,12 ha de leurs parcelles de culture en Jatropha et ont prévu d'en faire 1 ha de plus.

76

Mémoire Master Amadiane DIALLO

? Exploitations de type B (au nombre de 8): 5 ha = foncier < 10 ha

Elles sont des exploitations de taille moyenne de 12,62 personnes. En moyenne, 5,51 actifs agricoles conduisent annuellement 4,62 ha dont 1,94 ha en arachide. Elles sont bien équipées en houe et sous équipées en semoir. Elles sont bien dotées en traction animale. Toutefois, elles ne parviennent pas à satisfaire leurs besoins en céréales par leurs récoltes (48,75% en moyenne). Pourtant, 1,94 ha en moyenne de leurs parcelles sont clôturés en Jatropha et 1,12 ha sont prévus.

? Exploitations de type C (au nombre de 7): 10 ha = foncier disponible<15ha

Elles sont de taille plus importante avec une moyenne de 13,86 personnes par exploitation. Avec 5,51 actifs agricoles, elles exploitent aussi des superficies non négligeables par année (9,71 ha) comparées aux groupes précédents. Leurs taux d'équipements en semoir et houe sont très bas (50% et 40%). Elles ne sont pas aussi bien pourvues en traction animale (68,29% de taux de satisfaction). Toutefois, elles assurent leurs besoins en céréales (101,29 %). Elles ont planté en moyenne 1,43 ha de Jatropha autour de leurs parcelles et comptent en faire 2,28 ha de plus.

? Exploitations de type D (au nombre de 6): foncier disponible = 15ha

Avec une grande taille de population (19,17 personnes) et un taux d'activité de 68%, en moyenne 8,26 actifs conduisent annuellement 11,33 ha malgré qu'elles soient sous équipées en semoir et en houe (88,33% et 76,67%) avec une traction animale déficiente (49%). Elles emblavent 6,08 ha d'arachide et parviennent à couvrir 101,67% de leur besoins en céréales.

Elles n'ont déjà clôturé que 1,33 ha avec du Jatropha mais elles comptent réaliser 4,5 ha de haie vive en plus.

La subdivision des groupes en sous-groupes permettrait d'aller plus loin dans la typologie. Un tel exercice n'est pas envisageable comme tenu du nombre limité d'exploitations de l'échantillon.

La caractérisation des groupes fait remarquer que les exploitations agricoles familiales, malgré quelques dissemblances structurelles, ont la même stratégie d'intégration du projet par rapport aux superficies des parcelles déjà clôturées (égalité des moyennes) et à celles prévues en haie vive Jatropha (différence non significative).

Le chapitre suivant va aborder plus en détails les stratégies des groupes d'exploitations.

CHAPITRE 5 : OBJECTIFS ET STRATEGIES DES ACTEURS AUTOUR DU PROJET JATROPHA

1-Analyse des objectifs et des stratégies paysannes par type d'exploitation agricole familiale

1.1- Objectifs et plans de campagne

Comme expliqué supra, tous les chiffres donnés ci-après représentent des moyennes sur les cinq dernières campagnes agricoles avant l'enquête.

Pour rappel, dans le chapitre précédent, il a été établi que tous les chefs d'exploitations agricoles familiales enquêtés ont pour première priorité la subsistance de la famille.

Le tableau ci-après résume les éléments des deuxièmes et troisièmes objectifs prioritaires qui confirment l'uniformité des agendas des exploitations quel que soit le groupe d'appartenance dans la typologie dégagée.

Tableau 6 : Synthèse des 2èmes et 3èmes objectifs prioritaires par type d'exploitation

N° Priorités

Groupe

Nature objectifs prioritaires des Exploitation Agricoles Familiales (EAF)

2ème

A

achat matériel agricole (3 EAF) et construction (1 EAF)

2ème

B

achat matériel agricole (5 EAF) et mariage (2 EAF)

2ème

C

achat matériel agricole (5 EAF); mariage (1 EAF) et construction (1 EAF)

2ème

D

achat matériel agricole (4 EAF) ; construction (1 EAF) et autre (1 EAF)

3ème

A

construction (4 EAF)

3ème

B

construction (7 EAF) et achat matériel agricole (1 EAF)

3ème

C

construction (6 EAF) et achat matériel agricole (1EAF)

3ème

D

construction (5 EAF) et mariage (1 EAF)

Pour réaliser ces objectifs dans le court ou le moyen terme, les exploitations agricoles familiales essaient tant bien que mal de mettre en oeuvre des plans de campagne d'une manière empirique. Ainsi, je me suis intéressé à ces plans de campagne pour essayer de comprendre leurs liens avec les objectifs prioritaires donnés par les chefs d'exploitations.

Les schémas ci-après montrent la répartition des cultures selon les plans de campagne par type d'exploitations (moyenne sur 5 années).

NB : SupAra=superficie moyenne arachide ; SupMil=superficie moyenne mil ; SupSorgho =superficie moyenne sorgho ; SupMaïs=superficie moyenne maïs ; SupRiz =superficie moyenne riz ; SupJachère =superficie moyenne jachère.

78

Mémoire Master Amadiane DIALLO

Figure 9 : Répartition des cultures selon les plans de campagne par type d'exploitations

Source : mes enquêtes, 2010

Les exploitations de type D possédant plus de terres, font plus d'arachide que les autres. Il en découle que plus le foncier disponible des exploitations est élevé, plus la part des superficies d'arachide est importante dans l'assolement.

Malgré les objectifs prioritaires poursuivis qui sont plus ou moins identiques pour tous les groupes, les exploitations de type C et D semblent plus s'orienter vers les cultures de rente que celles des types A et B qui privilégient plutôt les céréales.

Concernant le Jatropha, toutes les réalisations et les prévisions de plantations des 25 exploitations enquêtées portent essentiellement sur la mise en place de haies vives autour des parcelles de culture. Pour en connaitre davantage sur les raisons du choix de ce mode de plantation parmi ceux qui étaient préconisés par le programme, la question indirecte suivante a été posée aux chefs d'exploitation: « quelles sont vos motivations et intérêts pour la culture du Jatropha ? »

Les réponses les plus explicites sont reprises ci-après :

? « Au cours des séances de sensibilisation du projet, ce qui a plus motivé mon adhésion, c'est l'information selon laquelle la plante peut faire 50 ans ! Là je me suis dit que c'est une chance pour la délimitation de mes parcelles que je vais léguer à mes enfants ! Et en même temps, on ne sait jamais, des revenus supplémentaires sont possibles ! »

? « Même si on ne va pas gagner beaucoup d'argent, c'est une plante qui va nous permettre de mieux maîtriser notre patrimoine foncier dans le long terme et de lutter contre la divagation des animaux dans le court terme »

? « En tout cas, nous ne perdrons rien en clôturant nos propres parcelles ! Au contraire cela évitera à terme d'éventuelles bisbilles entre agriculteurs et éleveurs mais aussi

entre agriculteurs eux-mêmes... C'est une plante connu déjà comme étant épargnépar le bétail...». Ici, le chef d'exploitation fait référence aux divagations des animaux

occasionnant parfois des dégâts obligeant, selon la loi en vigueur, l'éleveur incriminé à indemniser le propriétaire de la parcelle. Entre agriculteurs eux-mêmes, il s'agit généralement des petites brouilles sur la délimitation de leurs parcelles contiguës.

Ces réponses semblent confirmer l'idée selon laquelle l'arbre est avant tout un élément important de marquage foncier en milieu rural avant d'être une source de revenus. Ainsi, j'ai supposé que toute parcelle abritant une plantation de Jatropha ou susceptible d'en abriter permet un marquage foncier pour l'agriculteur qui l'exploite. En d'autres termes, clôturer ou

80

Mémoire Master Amadiane DIALLO

planter une parcelle d'1ha signifie faire un marquage foncier sur 1 ha. J'ai alors exprimé les superficies clôturées ou plantées en pourcentage de marquage sur le foncier disponible.

Le tableau ci-dessous donne les pourcentages de marquage foncier par type d'exploitation pour les plantations de mangues et d'anacardiers existantes, les haies vives de Jatropha déjà installées et les plantations de haies vives Jatropha à faire dans le moyen terme (d'ici la campagne 2011-2012). Le pourcentage des Superficie Cultivées Annuellement (SCA) sur le foncier total est aussi indiqué. Il s'agit des cultures annelles autres que les plantations de manguiers et d'anacardiers. Il faut préciser que le total des pourcentages SCA, plantations de manguiers et d'anacardiers et des jachères supérieur à 100% s'explique par le fait que certaines exploitations font des emblavures dans les plantations d'anacardiers.

Tableau 7 : Pourcentage de marquage foncier par type d'exploitation

Source : mes enquêtes, 2010

NB : EAF= Exploitation Agricole Familiale ; MoyG= Moyenne Générale ; % Plant° Ana/Mang= Pourcentage plantation anacardiers et/ou manguiers ; % Jachère annuel= pourcentage jachère annuel ; % Marqg Jatph djà fait= pourcentage marquage Jatropha déjà fait ; % Marqg Jatph à faire= pourcentage marquage Jatropha à faire ;

% Tmarqg Jatropha= pourcentage total marquage Jatropha dans le moyen terme ; % Tmarqg foncier= i % Plat° % Jachèr % Mqg % Marqg % Tm % T
pourcentage total marquage foncier (Jatropha + plantation Anacardiers et Manguiers)

SCA

g p j p p

Dans le moyen terme, les exploitations de type A et B qui sont moins dotées en terres de

8% 0 28 86%

culture, envisagent déjà de faire un marquage foncier Jatropha sur respectivement 59% et

50% de leur foncier disponible. Ce qui leur permettra d'atteindre 86% et 64% en prenant en 3

compte le marquage foncier déjà réalisé grâce aux plantations de mangues et d'anacardiers. Il 47 1

faut aussi préciser que les parcelles de case ne sont pas généralement clôturées car bénéficiant

96 67% 31% 3% 14% 20% 34% 66%

du marquage de la concession elle-même. Elles ne sont pas incluses dans les pourcentages de marquage foncier. A la question « pourquoi vous ne clôturez pas vos parcelles de case par le Jatropha ? » certains paysans « prétextent » vouloir éviter de planter le Jatropha à proximité des habitations car il est susceptible, du fait de ses larges feuilles, d'attirer des serpents en quête d'ombrage. Les observations directes sur le terrain ont permis de voir que le Jatropha

est planté de préférence dans les parcelles de culture de brousse plus ou moins éloignée des concessions et différentes de celles abritant les anacardiers et manguiers.

Il y a une différence statistiquement significative entre les moyennes par groupe des pourcentages de marquage avec les plantations de Jatropha déjà réalisées. Mais, pour les haies vives Jatropha prévues dans le moyen terme, il y a une égalité des moyennes entre les groupes. Ce qui fait que la différence entre les pourcentages du marquage total en Jatropha n'est pas significative. Et globalement, il n'y a pas de différence entre les moyennes pour le pourcentage de marquage foncier.

En somme, il apparait que les exploitations, quelle que soit la typologie, cherchent à faire un marquage foncier pour sécuriser leurs terres dans le long terme. Ainsi, les plantations de Jatropha en bordures des parcelles viennent renforcer cette stratégie de marquage foncier déjà enclenchée avec les manguiers et les anacardiers.

Les exploitations semblent adopter la logique du « coup double » en adoptant le mode de plantation « haie vive ». Elles adhèrent au projet sans un bouleversement de leurs assolements habituels et consolident en même temps leur marquage foncier.

1.2- Résultats d'exploitation et stratégies paysannes

1.2.1- Activités agricoles

L'analyse de variance montre qu'il n'y a pas de différences entre les rendements d'arachide par type. Les rendements par type du mil, du maïs et du sorgho présentent des différences non significatives. (Confère annexe pour l'ANOVA)

Comme le montre le tableau ci-après, les volumes des productions sont, en moyenne (sur 5 campagnes), plus importantes pour les exploitations des types C et D. Ceci s'explique par les superficies en leur faveur (différence significative).

Tableau 8 : Productions agricoles moyenne par culture et par type d'exploitation

Types exploitation

Type A

Type B

Type C

Type D

Moyenne25

Production Arachide (kg)

825

1500

3214

5038

2633

Production Mil (kg)

825

762

1400

1466

1120

Production Maïs (kg)

400

266

750

1150

708

Production Sorgho (Kg)

300

néant

383

625

494

Production Riz (kg)

néant

néant

néant

386

386

Source : mes enquêtes, 2010

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Mémoire Master Amadiane DIALLO

Les revenus agricoles sont surtout tirés par l'arachide qui est la principale culture de rente. La commercialisation de l'arachide est organisée, en partie, par l'état à travers des opérateurs privés agrées et la caisse nationale de crédit agricole comme institution financière. Avant le début de chaque campagne de commercialisation de l'arachide, l'état et le Comité National Interprofessionnel de l'Arachide (CNIA) se concertent pour déterminer le prix au producteur qui devient de ce fait le prix directeur. Ils se réfèrent aux cours mondiaux de l'arachide auxquels l'état applique, au besoin, une subvention pour maintenir le prix à son niveau antérieur au moins et éviter ainsi la vérité des prix défavorables aux producteurs, principaux « clients électeurs ».

En outre, une commercialisation informelle s'organise au niveau des marchés hebdomadaires de proximité (Louma en langue locale). Les prix à ce niveau dépendent du prix directeur annoncé par l'état, de l'offre et de l'entente entre les acheteurs sur place. Néanmoins, beaucoup de paysans préfèrent y écouler leurs productions d'arachide car, contrairement au circuit officiel, les acheteurs paient au comptant sans faire un criblage préalable des graines.

Dans la zone d'étude, les trois grands marchés hebdomadaires qui se tiennent à des jours différents de la semaine sont des lieux d'échange très stratégiques pour les exploitations agricoles familiales. Elles y écoulent leurs productions animales et végétales et se procurent des denrées de première nécessité, d'intrants et de matériels agricoles.

Les productions de céréales font aussi l'objet d'échange dans ces marchés hebdomadaires malgré leur fonction première d'assurer la sécurité alimentaire. En effet, le mil, le sorgho et le maïs jouent de plus en plus le rôle de cultures de rente à l'image de l'arachide. Cette transition des cultures de subsistance vers la rente s'explique par un changement des habitudes alimentaires en milieu rural où la population a tendance à consommer davantage du riz. Certains vont même jusqu'à vendre une partie de leurs productions de céréales pour acheter du riz bien que son prix soit plus élevé.

La vente des petits ruminants (moutons, chèvres) et de la volaille reste aussi une stratégie très déployée par les exploitations pour faire face aux périodes de soudures notamment aux mois d'aoüt et de septembre.

A côté de ces grandes cultures, les exploitations agricoles familiales enquêtées disposent des plantations de mangues et d'anacardiers qui leur rapportent des ressources

supplémentaires non négligeables. La commercialisation est facilitée par les revendeurs qui viennent parfois acheter la production « bord champ ».

Le tableau ci-après donne les niveaux moyens de production (sur 5 campagnes) de ces plantations par type d'exploitation.

Tableau 9 : productions arboricoles moyennes par type d'exploitation

Types

Production
Anacardier
(kg)

Production Mangue
(kg)

Type A

394

875

Type B

815

1281

Type C

800

3000

Type D

1977

2333

Moyenne25 EAF

1022

1950

Source : mes enquêtes, 2010

Sur la base des informations relatives aux prix de cession des différentes productions et des dépenses effectuées, fournies par les agriculteurs eux-mêmes, une estimation des revenus moyens des productions végétales par type d'exploitation agricole familiale a été réalisée.

Tableau 10 : Revenu annuel productions végétales (MFCFA

GroupeTypo

Moyenne

N

Ecart-type

Minimum

Maximum

A

305,2500

4

180,37253

78,00

510,00

B

507,8750

8

250,05796

55,00

845,00

C

dimension1

931,8571

7

483,42956

510,00

1800,00

D

1345,6667

6

817,96911

485,00

2435,00

Total

795,2400

25

607,32866

55,00

2435,00

Source : mes enquêtes via SPSS, 2010

Tableau 11 : ANOVA Productions végétales intergroupes

 
 
 

Somme des
carrés

df

Moyenne
des carrés

F

Signification

Revenu productions végétales * Groupe

Inter- groupes

Intra-classe Total

Combiné

3569456,745

5282897,815
8852354,560

3

21

24

1189818,915

251566,563

4,730

,011

84

Source : mes enquêtes via SPSS, 2010

Mémoire Master Amadiane DIALLO

L'analyse de variance décèle des différences significatives entre les groupes (F = 4,730>1 et sig = 0,011< á =0,05). Les exploitations de type C et D dégagent plus de revenus que celles des groupes A et B. Les recettes de la vente des productions issues des plantations de mangues et d'anacardiers ajoutées à celles de l'arachide semblent favoriser cette supériorité.

1.2.2- Activités génératrices de revenus non agricoles

Compte tenu des performances erratiques de l'agriculture d'une manière générale et particulièrement des difficultés notées dans la commercialisation de l'arachide ces dernières années, les exploitations agricoles familiales ont développé d'autres activités génératrices de revenus non agricoles. Comme souligné dans le chapitre précédent, Il s'agit principalement du petit commerce (17/35), des métiers ruraux tels que l'artisanat et la maçonnerie (5/25), le maraîchage (4/25), transport (2/25). Les activités non agricoles par type d'exploitation sont résumées dans le tableau ci-après.

Tableau 12 : Activités non agricoles par type d'exploitation

Types

Petit commerce

Métiers ruraux

Maraîchage

Transport

A

3EAF / 4 EAF

1 EAF / 4 EAF

0 EAF / 4 EAF

0 EAF / 4 EAF

B

7 EAF / 8 EAF

2 EAF / 8 EAF

2 EAF / 8 EAF

1 EAF / 8 EAF

C

4 EAF / 7 EAF

0 EAF / 7 EAF

2 EAF / 7 EAF

1 EAF / 7 EAF

D

3 EAF / 6 EAF

2 EAF / 6 EAF

0 EAF / 6 EAF

0 EAF / 6 EAF

Source : mes enquêtes, 2010

Ainsi, il est clair que quelle que soit la typologie, les exploitations agricoles familiales s'adonnent toutes à des activités non agricoles pour assurer la subsistance familiale.

1.2.3- Revenus globaux moyens par type d'exploitation et ventilation par poste de dépenses

Tableau 13 : Décomposition du revenu annuel global par type d'exploitation

Type

arge brute

M arge brute

Total

Revenu

Revenu

productions

productions

revenu

non

global

végétales

TM

ani males

agricole

agricole

 

FCFA

%

FCFA

%

FCFA

%

FCFA

%

FCFA

%

du

ns

roductins

 
 

revenu470250

non

66550

 

globa536800

100%

A B

%

CFA

%

CFA

%

CFA

%58250

CFA

%

100%

50

6,9% 15000

92,3%

,7%

02503,5%

7,6%

95,7% 550

4%43200 56800

4,3%

1010057 00%

100%

75

0,1% 68000

94,0%

,7%

1,7% 875

0,8% 5250

 

2%60350 64125

4,2%

1431017 00%

100%

Source : mes enquêtes, 2010

966857 957% 43

Pour tous les types d'exploitation, les productions végétales pourvoient plus de revenus que les autres secteurs. Les exploitations des types C et D qui conduisent de grandes superficies semblent gagner plus des productions végétales avec respectivement 92,3% et 94% des revenus globaux. Par contre, les types A et B améliorent leur niveau de revenu par le biais des productions animales (31,7% et 10,7%) notamment avec la vente des petits ruminants et de la volaille.

Les chiffres dans le tableau prouvent une fois de plus que les exploitations enquêtées tirent l'essentiel de leur revenu dans les activés agricoles. Les revenus non agricoles, bien qu'étant des compléments primordiaux, ne parviennent pas à se hisser au niveau des recettes procurées par l'agriculture. C'est pourquoi malgré toutes les contraintes structurelles et fonctionnelles, ces exploitations ne peuvent pas se passer des activités agricoles. Elles chercheront toujours des activités, voire des stratégies internes et externes de soutien pour reproduire leur système de production. Dans cette logique, elles essaient de tirer le maximum de profit des différentes innovations introduites dans leurs milieux sans jamais se départir de leur ossature productive. Cela fait partie de l'axe fondamental de leur « boussole intérieure » (DE LENEER, 1983).

Le tableau ci-dessous montre comment les revenus sont utilisés.

Tableau 14 : Ventilation des revenus globaux par poste de dépense selon le type d'exploitation

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

95

 
 

0

0

 

Source : mes enquêtes, 2010

Ces revenus globaux permettent à ces exploitations de satisfaire surtout le premier objectif prioritaire qu'elles se sont toutes fixées, en l'occurrence la subsistance. Les parts

8025% 14% 075% 35% 15%
considérables (de 77% à 95% selon les types) qu'elles réservent pour ce poste de dépenses dans l'utilisation de ces revenus globaux le confirment.

77,34% 16% 0,66%

86

Mémoire Master Amadiane DIALLO

Malheureusement la part réservée aux investissements est moins importante pour permettre l'atteinte, en une campagne, des deuxième et troisième objectifs prioritaires notamment l'achat de matériels agricoles et la construction de bâtiments en dur.

Avec 3% des revenus globaux soit 16.104 FCFA d'investissement, les exploitations de type A ne peuvent pas se procurer le matériel agricole le moins cher fut-il d'occasion. Etant relativement bien équipés en semoir et houe, elles préfèrent acheter des chèvres ou moutons à capitaliser en vue de résoudre des problèmes ponctuels futurs.

Malgré leur sous-équipement en semoir, les exploitations du type B qui font des investissements de l'ordre de 9% de leur revenus globaux, soit 57.071 FCA, déploient les mêmes stratégies que celles du type A.

Les exploitations de type C et D qui disposent de plus de moyens s'orientent aussi pour la plupart dans ce créneau d'investissement dont l'achat de bétail à emboucher et à revendre plus cher. Cette stratégie leur permet d'acheter les intrants nécessaires à leurs emblavures prochaines. Pour combler leur taux d'équipement bas (voir caractérisation), elles louent au besoin du matériel agricole avec leur épargne.

Toutefois, certaines exploitations des types C et D parviennent à faire avancer les constructions qu'elles ont déjà démarrées au fur et à mesure des campagnes agricoles.

Les impôts payés par les exploitations représentent la taxe rurale instituée depuis 1972 par décret présidentiel. Elle ne concerne que les imposables composés de tous les membres âgés de 14 à 65 ans à l'exception des élèves et fonctionnaires de l'état. Elle est annuellement de 1000 FCFA par personne imposable dans les villages enquêtés. C'est ce qui justifie la faiblesse de ses pourcentages dans la ventilation des revenus.

En définitive, il ressort de ces analyses que les exploitations agricoles familiales, adoptent plus ou moins la même stratégie quel que soit le type d'appartenance. Ces stratégies reflètent la réalité des ruraux qui ont des défis majeurs de subsistance à relever à travers leurs productions agricoles. Ainsi, leur logique en tant qu'acteurs dans le projet de plantation est assujettie à cet état de fait : s'enraciner dans leur système de production pour se sécuriser et s'ouvrir pour survivre.

1.3- Analyse comparative entre stratégies « Jatropha en haie vive >> et « Jatropha en

plein champ >>

Il faut préciser que l'option « culture associée » testée sans grand succès la première année par certains producteurs semble être délaissée au profit de la plantation en haie vive qui cadre

plus avec la « boussole intérieure » des exploitations agricoles enquêtées. En effet comme l'ont insinué beaucoup de chefs d'exploitation interrogés, le mode de plantation en bordures de champ ne bouleverse pas leur assolement.

A partir d'une analyse qualitative, je vais essayer d'apprécier la stratégie adoptée par les exploitations. Pour ce faire, une synthèse des avantages et des inconvénients de la stratégie paysanne est réalisée dans les paragraphes ci-après.

1.3.1- Avantages stratégies paysannes

? Arpenter les parcelles de culture (court terme) : tout d'abord les parcelles de cultures sont délimitées ; ce qui favorise une prévention des conflits sociaux qui se produisent parfois entre agriculteurs et éleveurs car elle empêche la divagation20 des animaux dans les parcelles de culture. De plus ces haies vives peuvent servir de brise-vent surtout pendant le mois de septembre où l'on note beaucoup de verses de plantes, entraînant des pertes de récoltes non négligeables particulièrement pour les céréales. Une bonne délimitation des champs bien arpentés avant la plantation facilite le comptage des superficies. Les relais techniques des villages accompagnent les producteurs pour la réalisation de plantation de Jatropha sur deux rangées espacées de 0,50 m avec des écartements de 1 m entre les plants soit l'équivalent de 800 plants par ha. De la sorte, les producteurs vont connaître en même temps la superficie de la parcelle entourée de Jatropha. La bonne maîtrise des surfaces cultivées est la clé de voûte d'une bonne productivité. Elle permet d'établir et de suivre correctement les plans de campagne21 car, au Sénégal, beaucoup de paysans travaillent dans l'approximation. Or la maîtrise des superficies, permet de réaliser de bons calendriers culturaux afin d'assurer prioritairement une bonne couverture des besoins alimentaires.

? Marquage foncier (long terme) : comme souligné supra, le Jatropha en bordure des parcelles représente un bornage du foncier pendant toute la durée de vie de la plante (50 années). Ceci peut aussi constituer une preuve de mise en valeur des terres comme l'exige la loi sur le domaine national pour éviter la désaffectation.

? Amoindrir le risque lié à un échec du Jatropha : le fait de ne pas planter le Jatropha en

culture pure dans les parcelles mémes évite de s'exposer au risque de ne rien gagner sijamais la culture se révèle non rentable

20 Entrée non autorisée des animaux dans une parcelle de culture qu'ils peuvent détruire.

21 Planning d'emblavures pour une campagne agricole donnée

88

Mémoire Master Amadiane DIALLO

? Garder la même superficie cultivée annuellement et éviter la concurrence avec les cultures vivrières : avec l'option « haie vive », le problème d'arbitrage dans l'affectation des sols ne se pose pas. L'assolement traditionnel n'est donc pas perturbé.

? Gestion plus facile du pâturage en saison sèche avec des partenariats gagnant-gagnant entre le propriétaire et les éleveurs transhumants pour le parcage de leur bétail dans la parcelle clôturée.

? Avoir 50% du méme potentiel de plantation de Jatropha que l'option « culture pure » : la double haie vive permet d'obtenir 800 plants alors que la plantation en « culture pure » préconisée par le projet a une densité de 1600 plants. Ainsi, les exploitations ne perdent que potentiellement 50% de coüt d'opportunité.

1.3.2- Inconvénients ou manques à gagner liés à la stratégie paysanne

? Goulets d'étranglement aux périodes de plantation de Jatropha qui coïncide avec les opérations de sarclages des autres emblavures.

? La coopération tacite entre exploitations aboutissant aux bénéfices mutuels de l'intégration agriculture-élevage risque de s'affaiblir car le bétail ne pourra plus entrer librement dans les parcelles méme après l'hivernage. Sans entente négociée au préalable, l'agriculteur qui n'a pas beaucoup de tétes de bétail, se verra priver de matière organique qu'auraient fournie les animaux d'autrui en vaine pâture dans ses parcelles. De méme, l'éleveur perdra la possibilité que son bétail entre en toute liberté dans les parcelles d'autrui. Somme toute, si la clôture des parcelles par le Jatropha est généralisée, il est nécessaire d'avoir des compromis entre les agropasteurs dans le mode de gestion du troupeau afin de contribuer à la restauration des sols dégradés.

? Risque de clôture de terres litigeuses (litige non vidé par la communauté rurale par exemple) par certains producteurs véreux qui peuvent dans le long terme se camper sur cet argument de mise en valeur pour éviter la désaffectation

? Perte de 50% du potentiel de plantation en culture pure

2- Analyse des stratégies des acteurs directs du projet Jatropha agissant au sommet

A l'image de beaucoup de projets mis en oeuvre au Sénégal, l'idée de promouvoir des plantations de Jatropha pour la satisfaction des besoins énergétiques des collectivités rurales est venue de promoteurs développeurs qui ont su mobiliser un groupe de leaders paysans.

En effet, la sensibilisation initiale et le recensement des paysans pour l'adhésion au projet en gestation ont été menés de bout en bout par des leaders de l'actuel bureau exécutif de la Fédération des Groupements de Producteurs de Tabanani de Foundiougne (FPTF) sous la houlette des experts du bureau d'étude Performances. Certains de ces leaders producteurs ont acquis une bonne connaissance de la zone du projet et ont bénéficié d'une notoriété au sein de la population à la faveur de leur participation au programme d'électrification rurale. Ce sont ces acquis relationnels et ce capital de confiance qui ont facilité la phase d'information et de sensibilisation auprès des producteurs.

Après leur adhésion, les paysans se sont constitués en groupements villageois avant de former des pôles de développement et se liguer en Fédération des Groupements de Producteurs de Tabanani de Foundiougne (FPTF). Le bureau exécutif est constitué principalement des leaders paysans instigateurs du projet.

Cette fédération est co-fondatrice avec le cabinet d'étude Performances de la SOPREEF qui est maître d'oeuvre du programme EESF. Sa mission est « de coordonner un investissement dans 30 pôles de développement et d'organiser à l'échelle du département une filière de production de biocarburants à partir de plantations de Jatropha ». Une convention d'associés a été signée entre partenaires de SOPREEF. Les acteurs du programme y sont tous représentés avec les modalités idéales suivantes:

? chaque associé dispose d'une voix et d'une seule, quelle que soit l'importance de ses engagements financiers.

? les décisions stratégiques sont prises par consensus. La mise en oeuvre du programme EESF applique le principe de subsidiarité en privilégiant systématiquement le développement des capacités et la génération de revenus au niveau villageois. SOPREEF, structure de coordination du programme, développe des capacités organisationnelles, techniques, commerciales avancées au profit de l'ensemble des structures impliquées dans le programme.

La SOPREEF bénéficie de l'assistance technique de THD (Technologies for Human Development), département de Performances spécialisé dans l'organisation et la gestion de services d'eau et d'électricité en milieu rural et la valorisation des énergies renouvelables pour le développement rural. THD connaît très bien la zone d'implantation du programme EESF pour y avoir coordonné pendant 2 ans la mise en oeuvre d'un service d'électrification rurale desservant 8600 usagers dans 280 villages du département de Foundiougne.

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Mémoire Master Amadiane DIALLO

La gérance de la SOPREEF est confiée à un expert de ce département qui a une bonne expérience de la zone comme coordinateur du programme d'électrification rural cité. Il est chargé de la gestion administrative et technique du programme avec l'appui d'un groupe de travail constitué d'un technicien agricole assisté de deux responsables de la Fédération des Producteurs de Tabanani de Foundiougne (FPTF).

Conscients qu'ils ne peuvent pas à eux seuls financer leur ambitieux programme, les acteurs d'EESF ont élaboré un document de projet intitulé « Validation d'un modèle d'huilerie rurale » pour rechercher des financements au niveau national et international. L'objectif de ce projet est de « développer la capacité technique et financière de SOPREEF, à promouvoir un modèle viable de production d'huiles végétales de qualité en milieu rural. Les résultats attendus incluent la validation d'un modèle d'huilerie rurale, la mise en place au niveau de SOPREEF des capacités techniques et financières nécessaires pour accompagner la diffusion de ce modèle au niveau des pôles de développement du programme EESF.»

La mise en oeuvre du projet va s'appuyer sur un partenariat technique nord-sud entre deux entreprises rurales que sont l'Atelier du Lys (en France), inventeur de la presse AXIA et la SOPREEF qui compte prendre en charge 43% du coût total de ce projet estimé à 264 Millions FCFA (403.000 €). Ainsi, ces acteurs sont à la quête de compléments de financement pour l'acquisition des équipements de production (extraction, filtration et stockage de l'huile) et la prise en charge des coûts de développement du modèle technologique, et des capacités techniques et commerciales de SOPREEF.

A travers ce projet « Validation d'un modèle d'huilerie rurale », SOPREEF projette de s'établir comme un centre de référence technique, chargé de la diffusion de ce modèle. Elle aura alors pour rôle :

? d'assurer la filtration, le stockage, le conditionnement et la commercialisation des huiles produites par les unités villageoises

? d'apporter une assistance technique aux opérateurs des huileries villageoises et de mettre en oeuvre un contrôle de qualité et un traçage détaillé des produits

? de traiter les graines de Jatropha provenant des zones de production non encore équipées de capacité de transformation

? d'assurer la formation initiale et le recyclage des techniciens travaillant dans les pôles de développement.

Dans cette perspective, les acteurs directs du projet Jatropha agissant au sommet sont tous animés d'une volonté de trouver des partenaires financiers. En effet, lors de mes interviews cet état d'esprit est perceptible. L'exemple de ces déclarations suivantes est patent : « nous savons que notre programme tient la route mais il nous manque des appuis financiers pour décoller », « les possibilités de mobiliser des financements ne manquent pas dans le cadre des mécanismes de développement propre, nous allons nous y mettre à fonds ..»

Comme indiqué dans la partie théorique, ils ont réussi à décrocher quelques partenaires. Mais ces derniers n'ont jusqu'ici octroyé que des financements ponctuels. Malheureusement cette attitude d'être à la quête perpétuelle de financement risque de les déconnecter des réalités et préoccupations des populations concernées. Les obligations et contraintes imposées par chaque bailleur risquent d'être érigées en feuille de route au détriment des intérêts des acteurs à la base. D'ailleurs certains producteurs commencent à dire : « nous n'avons pas encore vu les retombés des premiers financements alors que les leaders de la SOPREEF en profitent eux.... ». Ainsi, la suspicion des acteurs à la base à l'endroit de ceux au sommet est nourrie par cette propension à accumuler des bailleurs aux financements partiels.

3- Analyse des stratégies et opinions des acteurs indirects

3.1- Au niveau national

Comme stratégies officielles de mise en oeuvre du programme national Jatropha, il a été créé un comité technique national sous l'autorité du Ministre chargé des biocarburants. Il est dirigé par un coordonnateur national et supervisé par le Président de l'Association Nationale des Conseillers Ruraux (ANCR). Le comité technique comprend en outre, les techniciens du Ministère, les Organisations Paysannes, les Organisations Professionnelles Agricoles, les Elus locaux, les Gouverneurs Adjoints chargés du développement, les représentants des associations villageoises de jeunes et de femmes, les partenaires au développement (ONG), projets et programmes de développement. Des superviseurs sont désignés par les organisations paysannes au niveau départemental et local. En outre, dans le processus de syndicalisation des paysans sénégalais, une assemblée générale constitutive de la filière biocarburant a été tenue le 03 septembre 2009. A cette occasion, un superviseur national « paysan » a été nommé avec comme mission de jouer l'interface entre les producteurs, le point focal du programme, en l'occurrence l'Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) et d'autres services techniques des ministères en charge de la filière.

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L'ISRA qui assure la coordination technique du programme national de production de biocarburants, est à pied d'oeuvre depuis quelques années, pour se familiariser avec cette espèce culturale et connaître ses différentes caractéristiques tant sur le plan végétatif que dans la production. Il était prévu que les services techniques, notamment l'Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR), les Directions Régionales du Développement Rural, les Inspections des Eaux et Forêts seraient chargés de la formation, de l'encadrement des producteurs et du suivi des plantations.

Mais dans la pratique, l'implication de ces services techniques laisse à désirer. En témoigne les difficultés que j'ai eues pour avoir accès à des informations sur le programme national biocarburants. Au niveau de la DA (Direction de l'Agriculture) et de la DAPS (Direction de l'Analyse de la Prévision et des Statistiques), les cadres contactés m'ont tous orientés vers l'ISRA ou vers le superviseur national.

Ce dernier que j'ai pu interviewer « chez lui », dans la banlieue dakaroise, est un vrai « Big man »22 au sens de Pierre Joseph LAURENT. Il est originaire de la première ville religieuse du Sénégal et fait partie des hommes de confiance de l'influent chef religieux de cette localité qui bénéficie même de l'allégeance du président de la république. Ainsi, il est très actif dans la production agricole du fait des grandes superficies qu'il exploite pour le compte de son guide religieux. A ce titre, il est à la tête de l'une des six plateformes paysannes du Sénégal. Il est aussi membre du comité national de pilotage de la distribution des intrants et matériels agricoles subventionnés par l'Etat. Il a même le privilège de participer à différentes rencontres internationales notamment le salon de l'Agriculture de Paris. D'ailleurs, c'est lors de ces voyages qu'il a établi des contacts, dit-il, avec des partenaires pour la réalisation de pépinières Jatropha dans ses parcelles. Cette première expérience lui a valu sa nomination comme superviseur national aux côtés du président de l'association nationale des Conseils Ruraux. Il affirme d'emblée que le Jatropha est bien connu au Sénégal depuis longtemps et peut s'intégrer facilement dans les systèmes de production notamment en haie vive sans compromettre les cultures traditionnelles. C'est ce qui justifie dit-il son implication totale dans le programme.

Les réponses qu'il a apportées lors de l'interview montrent qu'il est rompu à la tâche dévolue. Aux questions : quelle est ta mission et comment tu la remplis ? Qui sont les

22 « Un Big man est un leader qui tire son pouvoir de l'accaparement de ressources par le biais d'une rente issue le plus souvent d'une confusion entre les biens privés, publics et collectifs. Il s'impose au groupe par son charisme, sa propre force ou son habilité. Le big man est à la tête de réseaux composés de personnes qui à la fois l'obligent et demeurent sous sa dépendance. Il n'est donc que l'aiguilleur de la rente. Sujet et otage de celle-ci, il ne serait rien sans les réseaux et vice versa. » (LAURENT P.J., 2000)

producteurs impliqués ? Qui sont les détracteurs du programme? Pourquoi ?, il a donné les précisions suivantes :

? « je travaille en amont avec l'ISRA pour la planification des activités et en aval avec le président de l'ANCR pour la mise en oeuvre des plantations avec les paysans qui sont organisés à la base. Je me charge du suivi/évaluation»

? « les producteurs impliqués sont mobilisés parce qu'ils ont confiance au programme du président de la République, d'autres connaissent la plante et sont conscients de son utilité... »

? « les détracteurs sont des opposants au régime au pouvoir et ne font que des jugements de valeurs..., parfois ne sont même pas producteurs, d'autres par manque tout simplement d'informations »

Par contre, il reconnait qu'il n'a pas une collaboration particulière avec les autres promoteurs de projets de Jatropha en marge du programme national.

Un autre acteur non moins important est le CNCR (Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux), plateforme qui représente une vingtaine d'organisations paysannes faîtières. Il a une position radicale face à l'introduction des biocarburants notamment le Jatropha dans les soles paysannes. En tant que principale plateforme paysanne, le CNCR dénonce le fait que l'Etat sénégalais s'est fixé des objectifs colossaux en plantations de Jatropha sans pour autant dialoguer avec les organisations de producteurs et leurs différentes plates-formes. Pour les dirigeants, le programme national Jatropha n'est pas une priorité pour le monde rural sénégalais qui est plus préoccupé par sa subsistance. L'un d'entre eux a affirmé, lors d'une interview accordée à la presse, que « cultiver du Jatropha à la place du mil, du maïs ou de l'arachide, c'est dire aux paysans : mourrez de faim demain ».

Dans la même lancée, des ONG en collaboration avec des organisations paysannes ont prôné dès 2009 la mise sur pied « d'une coalition des acteurs de la société civile pour mener une grande campagne de plaidoyer contre les agrocarburants ». Certains chercheurs sénégalais ont même appelé le gouvernement à une prudence et à l'approfondissement des études préliminaires à la fois sur l'utilité des plantes et sur les risques associés à leur culture intensive.

Ce rôle de contre poids non négligeable de ces différents acteurs a permis d'amener l'état du Sénégal à plus de prudence dans la promotion tout azimut des biocarburants. C'est ce qui justifie sans doute les changements d'approches des différents ministres « des Biocarburants et des Energies renouvelables » qui se sont succédé à la tête de ce département sans grand

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succès. Un d'entre eux interrogé sur la faiblesse des réalisations du programme national avait soutenu que : " le gouvernement a décidé de ne pas s'engager dans la production de grande envergure du biocarburant à base de Jatropha avant de connaître les effets de cette plante ». Il avait déclaré en même temps que : " les entreprises ne peuvent pas se mettre à une exploitation de grande envergure des biocarburants sans que soient résolues les questions des rendements industriels et du foncier ».

Ce discours contraste avec ce qui passe sur le terrain où des privés se sont lancés dans de grandes exploitations en régie en employant des paysans comme ouvriers agricoles.

A ce sujet, les interviews d'une dizaine de producteurs employés dans des plantations de ce type sont édifiantes. Malgré quelques effets positifs en termes de pouvoir d'achat, ils sont en majorité inquiets sur leur avenir comme ouvrier agricole. La plupart disent avoir pris le risque de sacrifier les travaux champétres ou d'élevage pour un travail sans assurance de durabilité. Un éleveur témoigne en ces termes : " avec l'argent que je gagne ici je suis obligé de payer mon frère qui s'occupe maintenant du troupeau, tâche à laquelle je m'adonnais tous les jours... ». Un autre précise : " les plantations de Jatropha dans cette zone oblige le bétail a changé son parcours pour aller s'abreuver au lac mais nous allons nous adapter tant que nos intérêts sont sauvegardés... ». Mais un ouvrier agricole qui est en même temps conseiller rural rassure " la clôture des plantations de Jatropha a permis la campagne passée de conserver le fourrage laissé dans les allées des plantes que de nombreux éleveurs ont utilisé pour alimenter leur bétail en saison sèche... le projet apporte déjà beaucoup à la localité par le recrutement de ses fils qui étaient obligés de faire de l'exode rural auparavant ». Mais répondant à une question relative à ses activités antérieures au projet, il explique : " pour le moment ce que je gagne ici me permet de compenser mes revenus d'avant mais je ne suis plus actif dans les activités socio-politiques ; je souhaite que le projet perdure et serve à la collectivité par le biocarburant produit, sinon je risque de perdre ma situation d'antan... ».

L'assemblée nationale sénégalaise a voté une loi sur la réglementation de la production, de la transformation et de la commercialisation des biocarburants comme la réclamer les organisations de la société civile. Mais cette loi tarde à être promulguée.

En définitive, il est intéressant de remarquer qu'au-delà des considérations de « politique politicienne », la diversité des intérêts et des points de vue des différents acteurs au niveau national permet à l'état de toujours recentrer le programme national de biocarburants.

3.2- Au niveau local

Malgré l'arsenal institutionnel « politiquement correct » du comité technique national de pilotage du programme biocarburants, la réalité du terrain est tout autre. En effet, à force d'être le réceptacle des programmes spéciaux qui se chevauchent, les acteurs locaux se perdent et ne savent plus à quel saint se vouer.

Les agents des services déconcentrés des ministères de l'agriculture et de l'environnement ont adopté la même attitude que leur tutelle. En effet, lors de mes interviews, les agents de l'agriculture et des eaux et forêt ont tout bonnement rétorqué qu'ils ne s'occupent pas du programme et cachent à peine leur sentiment de frustration d'avoir été mis à l'écart. Néanmoins, en insistant je suis parvenu à avoir quelques points de vue sur le programme national Jatropha d'une manière générale et le projet de la SOPREEF particulièrement.

L'agent d'agriculture, un ancien, jouissant d'une réelle expérience de la zone enquêtée m'a fait savoir en ces termes : " nous ne sommes pas impliqué maintenant dans la vulgarisation mais plutôt dans la remontée des données de statistiques agricoles, de la pluviométrie, de la situation parasitaire... ». Mais poursuit-il, " au cours de mes tournées, il m'arrive de remarquer les pépinières de Jatropha tenues par les communautés villageoises et quelques haies vives au stade plantule...». Son avis est sans équivoque : " l'espace foncier manque vraiment ici pour du Jatropha car il y a même des producteurs qui louent à d'autres producteurs des terres à 20000 FCFA par ha pour boucler leur plan de campagne... Est-ce le paysan accorde une si grande importance au Jatropha comme le pense le projet ? Je ne pense pas ...Bref on verra... C'est pourquoi, il ne prend pas trop de risque dans la culture pure du Jatropha mais tente de sécuriser ses parcelles avec la clôture et donner l'impression qu'il est engagé...».

Ces propos rejoignent quelque peu mon analyse par rapport au pourcentage élevé de parcelles clôturées ou à clôturer qui dénote « d'un agenda caché de marquage foncier ». Il confirme aussi la marge de manoeuvre que les paysans ont sur la manière de gérer leurs parcelles. Il propose l'utilisation comme brise vent du Jatropha dans les parcelles maraîchères et le renforcement des forêts classées par des plantations de Jatropha. Car elles ont été dévastées par les feux de brousse et ressemble plus à de la savane. En plus, les plantations de Jatropha serviront de pare feu. Il ne pense pas à un abandon des cultures traditionnelles par les paysans au profit du Jatropha au Sénégal car ils sont conscients de leurs intérêts du point de vue socio-culturel. En effet, les nouvelles cultures sont souvent en compétition avec

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l'arachide qui, en plus de sa rentabilité globale, a elle-même acquis un ancrage culturel presque indétrônable.

Le chef du CADL (Centre d'Appui au Développement Local) quant à lui, pense que « les tenants et les aboutissants du programme national Jatropha ne sont pas bien connus mais pour le projet SOPREEF les objectifs de satisfaction des besoins locaux sont louables... ». Son inquiétude réside du fait que « les producteurs n'ont même pas le droit de clôturer les parcelles sans délibération du conseil rural... ». Selon lui, le processus de régularisation du foncier destiné à l'investissement implique une mission de prospection d'une commission domaniale suivie d'une délibération du conseil rural sanctionnée par un arrété d'attribution du président avec visa d'approbation du sous-préfet de la circonscription. Il précise aussi que le droit d'usage sur le domaine national dont jouissent les producteurs n'équivaut pas à un droit de propriété. En effet, si une parcelle est non exploitée au bout de deux à trois ans, elle est normalement désaffectée par une autre délibération du conseil rural. En cas de décès de l'exploitant, le conseil rural doit se saisir des terres pour les réaffecter. Dans la pratique, une reconduction tacite est faite en faveur des héritiers sauf dans le cas où ils n'arrivent pas à s'entendre.

Le chef du sous-secteur des eaux et forêts, après avoir déploré le manque d'informations sur le programme national Jatropha, a reconnu que les plantations de Jatropha au même titre que les manguiers et les anacardiers sécurisent le foncier pour les producteurs compte tenu de toutes les raisons évoquées par le chef du CADL. D'ailleurs, précise-t-il, les producteurs cherchent de plus à plus à avoir une attribution du foncier (PV de délibération) abritant leurs plantations. Il exhorte le projet SOPREEF a tenir compte de l'expérience du projet de plantation d'anacardier pour surpasser les contraintes qui ne manquent pas quelle que soit la pertinence d'un programme.

D'autre part, certains présidents de communauté rurale élus lors des dernières élections locales de 2009 n'ont pas été bien sensibilisés des tenants et des aboutissants du projet par leurs prédécesseurs. C'est pourquoi, leurs points de vue restent parfois des généralités et des regrets pour leur manque d'accompagnement du projet du fait de leur passation de service bâclée par leurs prédécesseurs qui ont, disent-ils, mal accepté leur départ à la tête des communautés rurales. A la faveur de la décentralisation qui leur a conféré une personnalité juridique et des compétences transférées, leur rôle dans la planification et la gestion du développement de leur terroir est crucial. Ceci est clairement inscrit dans l'article 198 du code des collectivités locales : "la Communauté Rurale élabore le Plan Local de Développement et

donne son avis sur tous les projets de développement concernant tout ou partie de la communauté rurale".

Malgré l'implication des membres du conseil rural dans le projet Jatropha SOPREEF, le dernier plan d'action prioritaire (PAP 2010-2015) de la communauté rurale de la zone d'étude ne mentionne ni dans ses axes stratégiques, ni dans ses objectifs la promotion des biocarburants par la plantation de Jatropha. Cet état de fait paradoxal peut être interpréter de différentes manières.

? Soit les leaders du projet présents lors des consultations n'ont pas su convaincre les autres parties prenantes de la pertinence des agrocarburants de proximité, par voie de conséquence la communauté rurale n'en fait pas une priorité.

? Soit la communauté rurale n'a pas encore les moyens à consacrer à un tel projet qui ne donne pas de résultats visibles dans le court terme ou des financements extérieurs ne sont pas encore mobilisables pour prendre en charge ce volet

? Soit la SOPREEF, n'ayant pas encore les coudées franches, veut faire ses preuves avant de s'ouvrir totalement à la communauté rurale pour une prise en charge dans son budget

? Soit les dysfonctionnements constatés dans la mise en oeuvre du programme national sont à l'origine de sa déconnection des plans de développement local.

Cette dernière piste me paraît la plus plausible en référence à l'analyse des stratégies des acteurs au niveau national.

Dès lors, la mise en oeuvre du programme national Jatropha semble déconnectée du niveau local. Cet état de fait pousse les acteurs locaux à chercher à en savoir plus en diversifiant leurs canaux d'informations. Ils sont ainsi ouverts aux sensibilisations des ONG et autres détracteurs des agrocarburants. Par contre d'autres s'engagent à côté des promoteurs pour essayer de profiter des rentes.

4- Synthèse des objectifs et stratégies des acteurs : les « boussoles intérieures »

L'analyse des objectifs et stratégies des différents acteurs fait ressortir quatre groupes principaux : les exploitations agricoles impliquées, les promoteurs du projet Jatropha, l'état avec son programme national et les détracteurs des agrocarburants. Je vais essayer dans ce qui suit de présenter les « boussoles intérieures » de ces groupes et de situer leur optimum

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circonstanciel avant de chercher les points de rencontre possibles au-delà des points d'achoppement.

Figure 10 : Boussoles intérieures des différents acteurs du projet de plantation de Jatropha 1- La boussole intérieure (poly objectifs) des EAF avec un optimum circonstanciel centré

2- Etat avec un double objectifs

3-

Détracteurs agrocarburants avec un mono objectif prioritaire

4-

Promoteurs projets Jatropha avec un mono objectif prioritaire

Les divergences et/ou convergences des boussoles intérieures sont mises en exergue par le biais de la grille d'analyse stratégique ci-après.

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Tableau 15 : Analyse stratégique des acteurs vis-à-vis de leurs boussoles intérieures

Acteurs

Objectifs (problèmes à résoudre)

Ressources

Contraintes

Stratégies

Exploitations agricoles

- Subsistance famille

- Tirer profit des avantages annoncés du
projet tout en maintenant les plans de

campagnes et assolements traditionnels

- Sécuriser les parcelles (marquage foncier)

- Foncier, - Main- oeuvre,

- Matériels agricoles

- Pluviométrie erratique - Baisse fertilité sols

- Insécurité foncière

- Option plantation Jatropha en haie vive autour des parcelles de culture

Etat

- Réduire la facture et la dépendance énergétique du pays

- Bénéficier des financements carbones

- Budget

- Moyens

étatiques - MDP,

REDD++

- Budget limité

- Paramètres scientifiques non maîtrisés

- Accès aux terres pour les promoteurs des plantations en régie

- Processus financement compliqué

- Mise en oeuvre programme national Jatropha

- Vote lois favorables à la promotion des biocarburants - Création AND

Promoteurs Jatropha de proximité

- Capter des rentes en promouvant la production d'agrocarburants à base Jatropha

- Subsides

bailleurs - Fonds

propres

- Difficultés dans la mobilisation de financement pour investir (unités de trituration...)

- Partenariat et synergie avec les producteurs pour la mise en oeuvre

- Recherche de bailleurs

Détracteurs projets

- Capter des rentes en étant reconnu comme défenseur des intérêts paysans

- Subsides bailleurs - Fonds propres

- Difficultés de mobiliser les producteurs sans leur assurer de perdiums

- Dichotomie entre logiques leaders plates- formes paysannes et producteurs à la base

- Campagne de plaidoyer contre les agrocarburants (sécurité alimentaire et accaparement des terres comme thèmes)

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La stratégie paysanne « de la plantation du Jatropha comme haie vive autour des parcelles » apparaît comme un point de convergence circonstanciel aux différentes « boussoles intérieures » des principaux acteurs des projets d'agrocarburants au Sénégal. En effet, les raisons suivantes semblent conforter cette thèse :

? le producteur maintient son système de culture de base avec les mêmes spéculations, sécurise ses terres avec la plantation de Jatropha autour des parcelles, approvisionne l'unité de trituration et diversifie ses sources de revenus ;

? les promoteurs, appuyés par l'état et éventuellement par des partenaires au développement, travaillent en synergie avec les producteurs pour encadrer la production d'agrocarburants et l'organisation structurelle et technique autour de la production de l'huile végétale pure et son utilisation au bénéfice de la communauté

? du moment que les producteurs vont continuer à conduire les mêmes cultures dans les mêmes parcelles, les arguments des détracteurs concernant la sécurité alimentaire et l'accaparement du foncier ne s'appliquent pas ; par contre cette pratique peut être défendue comme alternatives à la monoculture des biocarburants qui favorise l'insécurité alimentaire et foncière

? l'état, en privilégiant et en soutenant ce modèle, va progressivement voir sa facture énergétique baissée sans compromettre la sécurité alimentaire et foncière des paysans et éviter que le Jatropha tombe dans le champ d'intérêt et d'action des multinationales ; des financements carbones sont aussi mobilisables.

CHAPITRE 6 : PROPOSTIONS D'ACTIONS POUR UNE REPONSE APPROPRIEE DU PROJET AUX BESOINS ENERGETIQUES LOCAUX

1- Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces du projet

Pour étudier les atouts, les points faibles ainsi que les opportunités extérieures et les menaces qui pèsent sur le projet Jatropha, la méthode SWOT (Strengths Weaknesses Opportunities Threats) sera mobilisée. La matrice en dessous va ainsi tenter d'analyser la capacité du projet Jatropha à satisfaire ou non les besoins énergétiques locaux sans entrer dans les mêmes travers du modèle dominant.

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Tableau 16: SWOT projet de plantation de Jatropha

 
 

Strengths (Forces)

 

Weaknesses (Faiblesses)


·

Adhésion de 400 producteurs de 10 groupements regroupés au sein d'une fédération dès le démarrage ; adhésion de 203 nouveaux


·

Délai d'entrée en production du Jatropha qui est d'au moins deux ans : risque de décourager les paysans habitués à des cultures à cycle court et


·

·

Partenariat fédération producteurs et experts

Décisions à voix égales entre paysans et experts dans le conseil d'administration de la SOPREEF

 

peu enclins à conduire correctement une culture qui ne rapporte rien pendant plus d'un an.


·

Culture Jatropha non alimentaire


·

Toxicité de l'huile et des sous-produits qui peut présenter un danger pour la population et le bétail


·

Liberté du paysan par rapport au choix de son mode de plantation

 

(les principes de précaution ne sont pas encore établis)


·

Intégration du Jatropha sans grand bouleversement des systèmes de production agricole

 
 
 

(complémentarité et synergie)


·

Attentes (matérielles) démesurées des producteurs à l'endroit du projet


·

La plupart des producteurs choisissent de faire des plantations en haie vive qui n'affectent pas leur

 
 
 

assolement habituel


·

Manque de moyens propres substantiels de

 
 
 

SOPREEF qui dépend de subsides de partenaires


·

Production huile végétale pure pour faire fonctionner au niveau local des moulins, des forages, divers groupes électrogènes notamment l'électricité rurale

 
 


·

Production possible de savons avec les femmes rurales

 
 


·

Disponibilité de matière organique avec les tourteaux permettant une restitution afin de garantir le maintien durable de la fertilité des sols

 
 


·

Un bilan climatique a priori positif : substitution de carburant fossile et non usage d'engrais et de pesticides dans les haies permettent une réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES)

 
 

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Tableau 16 : SWOT projet de plantation de Jatropha

 
 
 
 
 

Opportunities (opportunités)

 

Threats (Menaces)


·

Opportunités de mobilisation de financements internationaux à travers des initiatives comme le MDP, les fonds carbones, les coopérations bilatérale et multilatérale


·

La question des rendements réels du Jatropha en culture extensive se pose


·

Opportunités d'investissements ou de subventions du programme national biocarburant


·

Le risque qu'à terme la culture intensive ne prenne le pas et se traduise par un recours aux


·

Modèle reproductible d'électrification rurale grace à des technologies simples de culture et de transformation de Jatropha

 

intrants chimiques et à l'irrigation excessive

 
 


·

Le risque que les producteurs s'adonnent au


·

Besoins en énergies réelles dans la zone (moulins, forage, électrification rurale, tracteurs des « Big men_ »

 

Jatropha en culture pure au détriment des céréales

 
 


·

Des marchés parallèles peuvent s'organiser par des intermédiaires véreux pour détourner la production locale de Jatropha (des producteurs) en proposant des prix alléchants (à la faveur d'une demande supérieure à l'offre)

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2- Points de vigilance vis-à-vis de la « logique dominante »

La logique dominante dans la mise en oeuvre des projets d'agrocarburants reste la promotion de grandes plantations en monocultures dans des terres fertiles avec un recours aux intrants chimiques voire l'irrigation pour la maximisation des rendements. Les paysans sont souvent employés comme ouvriers agricoles dans ces plantations gérées en régie par des multinationales qui privilégient l'exportation de la production vers les pays occidentaux.

Pour les filières de proximité, il subsiste des questions non élucidées à prendre en compte. Cela nécessite la poursuite de la recherche et le suivi dans la durée pour que ces filières puissent réellement contribuer à l'amélioration des conditions de vie des zones d'implantation par la satisfaction des besoins énergétiques locaux. Parmi les points de vigilances, je retiens les suivants :

1. surveiller le risque d'appropriation frauduleuse de terres par des personnes étrangères par le biais d'un marquage foncier avec des plantations de Jatropha

2. surveiller le risque d'occupation de terres auparavant consacrées au pâturage pour éviter des conflits entre éleveurs et agriculteurs

3. surveiller le risque qu'à terme la culture pure de Jatropha ne prenne le pas de l'option « haie vive » et se traduise par une intensification avec un recours abusif aux intrants chimiques

4. utiliser de préférence des semences de Jatropha locales qui s'adaptent mieux aux conditions agro-écologiques si l'on veut obtenir un optimum de coût de production et de productivité ; elles nécessitent peu de fertilisants et d'eau, contrairement à des variétés hybrides importées

5. vérifier la qualité de l'huile végétale pure produite pour éviter le risque à terme d'endommager les moteurs à faire fonctionner

6. tenir compte des enseignements des autres filières agricoles comme le coton, l'arachide et l'anacardier en termes d'échec et de réussite

7. faire attention à la main mise à outrance des partenaires extérieurs au risque de détourner le projet dans le marché capitaliste au détriment de la satisfaction des besoins locaux

8. favoriser la responsabilisation et l'autonomisation des groupements villageois de base pour une gestion commune des équipements, une sécurisation de l'approvisionnement en

graine de Jatropha, le bon fonctionnement des unités de trituration ; in fine favoriser l'émergence d'une économie associative dans les zones de production.

Somme toute, il est indispensable de mettre en place un système de suivi et d'évaluation pour accompagner la mise en oeuvre de ces filières. Une telle approche permettra sans doute de valider les référentiels technico-économiques et d'obtenir un engagement politique sur les orientations stratégiques au niveau des plans locaux de développement des communautés rurales

La loi actuelle sur le domaine national ne permet pas une sécurisation foncière à la faveur des investisseurs privés du modèle dominant qui continuent d'en réclamer sa révision. Leurs manoeuvres soutenues par les institutions internationales risquent finalement de faire changer cette loi au détriment des paysans sénégalais. La société civile doit intensifier son lobbying et plaidoyer politiques pour continuer à jouer pleinement son rôle de contre poids.

3- Propositions sommaires d'actions locales et globales

3.1- Au niveau local

Au Sénégal, le point d'ancrage approprié pour la mise en oeuvre des projets agricoles de proximité doit être la communauté rurale qui est la collectivité de base la plus proche des paysans. Créées en 1972, les communautés rurales amorcent la municipalisation des zones rurales. Ce sont des subdivisions regroupant les élus d'un ensemble de villages et jouissant de neuf compétences transférées par le biais de la décentralisation parmi lesquelles la planification, l'environnement et la gestion des ressources naturelles. Ces deux domaines de compétences s'opèrent par l'élaboration et l'exécution respectivement des plans locaux de développement et des plans d'action locale pour l'environnement

Ainsi, les organisations paysannes de villages limitrophes peuvent s'unir à l'image des pôles de développement de la SOPREEF pour former des ententes qui à leur tour intègre le cadre local de concertation des organisations paysannes (CLCOP) , une structure déjà existante dans la quasi-totalité des communautés rurales. Dès lors, les CLCOP sont capables de défendre des projets Jatropha adéquats pour l'intégrer dans les plans locaux de développement des communautés rurales. L'état peut organiser et accompagner les collectivités locales en mettant à leur disposition des unités de trituration. Les pôles de développement peuvent créer à leur sein des comités de gestion pour assurer la collecte des

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graines de Jatropha cédées par les agricultures, la trituration et la distribution de l'énergie dérivée.

Concernant la clôture des parcelles par le Jatropha, la commission domaniale de la communauté rurale peut accompagner le processus en collaboration avec les chefs de village. Ils peuvent procéder à des mesures de fonciers bornés par le Jatropha qui seront sanctionnées par des procès-verbaux d'attribution officielle aux occupants traditionnels. Ils vont permettre ainsi à beaucoup de producteurs de disposer d'un document d'affectation en plus de leur marquage foncier par les plantations.

Au-delà des parcelles individuelles, en collaboration avec les services des eaux et forêt, la communauté rurale peut renforcer les forêts communautaires en plantant, entre autres, du Jatropha. Des récoltes communautaires peuvent être envisagées. L'huile végétale pure obtenue peut servir de carburant pour des utilisations communautaires (forage, moulin, électrification d'édifices publiques...).

3.2- Au niveau global

Le principe est de privilégier le financement public pour éviter que ces initiatives pour la satisfaction des besoins locaux en énergies n'entrent dans la logique dominante. Les états se doivent alors d'encadrer et de soutenir matériellement et financièrement ce genre de projets pour éviter qu'ils n'entrent dans les mécanismes du marché au grand bonheur des investisseurs privés.

Dans cette optique, un appui budgétaire par la communauté internationale peut aider les pays pauvres à accompagner techniquement et matériellement les communautés rurales. Les pays développés peuvent aussi faciliter le transfert de technologie pour la transformation et la consommation locale du carburant sans que des intérêts capitalistes soient dominants dans ce rapport entre les acteurs. Les fonds alloués au mécanisme de développement propre peuvent par exemple servir à accompagner les projets d'agrocarburants de proximité certifiés selon les propositions d'Olivier DE SCHUTTER, c'est-à-dire avec des critères contraignants concernant le mode de production et les aspects sociaux et de droits humains. Ceci va, en principe, remettre en cause l'éligibilité des projets industriels dits « propres » mais qui sont en réalité des montages opportunistes.

Ainsi, les collectivités locales, ayant capitalisées les technologies énergétiques du solaire, du vent, des agrocarburants, vont utiliser de moins en moins les énergies fossiles. Le pays va aussi progressivement sortir de la tyrannie du pétrole et être autosuffisant en énergie

alternative. En définitive, tous ces efforts vont participer à une véritable réduction des gaz à effet de serre sans compromettre l'avenir des populations les plus vulnérables.

CONCLUSION

Cette présente étude a été réalisée dans un contexte de mondialisation secouée par les changements climatiques et la fin annoncée du pétrole, et rythmée par la fièvre des agrocarburants proposés comme alternative. Elle aborde la thématique du rapport des exploitations agricoles familiales aux projets d'agrocarburants de proximité dans le cadre d'un projet Jatropha localisé dans le département de Foundiougne au Sénégal.

A travers une caractérisation et une typologie, ce mémoire met en exergue la place qu'occupe la subsistance familiale dans la structure et le fonctionnement des exploitations agricoles familiales impliquées dans ce projet : 1èr objectif prioritaire de toutes les exploitations, 77% à 95% de parts réservées pour ce poste de dépenses dans l'utilisation des revenus globaux.

Le foncier disponible, variable qui différencie le plus les exploitations agricoles familiales, a permis de les classer en 4 groupes : les EAF de type A avec un foncier disponible inférieur à 5 ha ; les EAF de type B dont le foncier disponible est compris entre 5 ha et 9,99 ha ; les EAF de type C avec un foncier disponible de 10 ha à 15 ha et les EAF de type D dont le foncier disponible est supérieur à 15 ha.

Les exploitations de type C et D, emblavant plus de superficies, ont des taux de couverture des besoins céréaliers plus élevés car il n'y a pas de différences significatives entre les rendements obtenus par culture. En effet, on note une corrélation significative entre la superficie cultivée annuellement et le taux de couverture des besoins céréaliers. D'où l'enjeu de la sécurisation du foncier pour les producteurs.

Hormis quelques différences structurelles significatives (taille de la population, actifs agricoles, superficie cultivée annuellement, taux de couverture en céréales, taux d'équipement en houe), les groupes d'exploitations agricoles familiales présentent les mêmes pratiques agricoles, les mêmes logiques de fonctionnement et par conséquent les mêmes difficultés et stratégies de survie.

Les exploitations agricoles familiales impliquées dans le projet Jatropha ne sont donc pas exceptionnelles, elles sont comme les autres.

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Ceci me conforte dans mon appréciation globale de la situation de ces agropasteurs après plusieurs années d'observations participantes. Méme si l'étude ne permet pas une généralisation, il faut reconnaitre que les agropasteurs n'arrivent pas à bénéficier des fruits de leur dur labeur malgré leur système de production relativement « propre » et respectueux de l'environnement. Durant environ quatre mois d'hivernage erratique, ils travaillent sur des terres épuisées et dégradées avec du matériel agricole vétuste et insuffisant (dans l'étude environ 60% sont « sous équipés ») pour récolter des productions limites ne parvenant même pas à leur assurer une sécurité alimentaire (taux moyen de couverture des besoins céréaliers de 82% dans l'étude avec des différences intergroupes significatives).

Toutefois, il apparaît, au terme de cette étude, que les agriculteurs concernés demeurent des acteurs conscients de leurs atouts et faiblesses et n'hésitent pas à saisir des opportunités qui s'offrent à eux pour repousser les menaces à leur survie. Tout en sécurisant leur foncier et leurs productions agricoles traditionnelles, elles tentent de déployer des stratégies d'adaptation, voire de débrouille pour tirer leur épingle du jeu.

L'étude a montré que la quasi-totalité des exploitations agricoles familiales enquêtées a fait le choix de la clôture pour s'impliquer dans le projet. Ce qui leur permet de réaliser leurs plans de campagne sans réaménagement aucun des fondamentaux de leur structure productive.

Elles ont aussi choisi de débuter les plantations avec des superficies planchées (1,56 #177; 1,17 ha par exploitation avec égalité des moyennes intervillages et intergroupes).

Cette stratégie d'intégration minimale leur donne ainsi l'opportunité de renforcer leur marquage foncier pour sauvegarder leur système de production tout en se connectant aux enjeux matériels du projet. Dans le moyen terme, les exploitations qui sont moins dotées en terres de culture (types A et B) se projettent déjà à un taux de marquage foncier par le Jatropha supérieur à 50% de leur foncier disponible.

Tout ceci montre que, malgré les difficultés auxquelles elles sont confrontées, les exploitations agricoles familiales sont très attachées à la sauvegarde de leurs facteurs de production. C'est dans cet état d'esprit d'ailleurs qu'elles sont impliquées comme acteurs dans la mise en oeuvre du projet Jatropha.

Ce projet regroupe d'autres acteurs directs et indirects aux logiques, objectifs et stratégies divers. D'abord, les partenaires directs des producteurs agissant au sommet de la SOPREEF sont tellement obnubilés par le démarchage de bailleurs de fonds qu'ils risquent, s'ils ne

prennent garde, de se déconnecter des réalités des « acteurs à la base ». Néanmoins, leur expérience acquise dans la localité et le principe de décisions paritaires au sein du conseil d'administration de SOPREEF sont autant d'atouts pour tenir le cap.

Au niveau national, les acteurs indirects que sont les ONG, les plateformes paysannes et autres membres de la société civile, grâce à leurs plaidoyers en faveur du respect des droits des producteurs, poussent l'état et ses partenaires à toujours recentrer le programme national de biocarburants. Ce dernier présente beaucoup de dysfonctionnements dans sa mise en oeuvre au niveau local. Les acteurs étatiques au niveau local semblent désorientés et sous informés du moment que le point focal national, en l'occurrence l'ISRA, a du mal à démultiplier l'information faute de représentation déconcentrée.

En définitive, la stratégie paysanne d'adopter la plantation du Jatropha comme haie vive autour des parcelles apparaît comme un point de convergence circonstanciel aux différentes « boussoles intérieures » des principaux acteurs des projets d'agrocarburants de proximité au Sénégal. En effet, elle prend le contrepied de la logique du modèle dominant qui prône la conduite en régie, par les multinationales et autres promoteurs capitalistes, de monocultures d'agrocarburants dont la production est destinée à l'exportation au grand dam des agriculteurs. Par contre, dans la conduite de projets d'agrocarburants de proximité telle que choisie par les exploitations agricoles familiales, l'accaparement des terres et l'insécurité alimentaire ne sont pas favorisés. L'état et ses partenaires peuvent appuyer l'installation des unités modulables de trituration de Jatropha et des plateformes multifonctionnelles (moulins, électricité, eau..) pour permettre aux zones rurales de satisfaire leurs besoins énergétiques sans faire recours au pétrole et ses dérivées. Ce système de production intégré au Jatropha présente aussi l'avantage d'éviter le transfert de matière première et l'acheminement de produits finis sur de longues distances. Tout est réalisé sur place pour répondre à des besoins locaux. Ainsi, en respectant et en accompagnant les producteurs dans leur choix, il sera légitime de parler de « réduction durable des émissions de gaz à effet de serre ».

Je ne peux terminer sans évoquer ce que j'ai appris de nouveau de la confrontation entre théorie sur les agrocarburants et la réalité du terrain qui, à priori, me paraissait familier. Les leaders paysans et les chefs d'exploitation que j'ai interviewés m'ont agréablement surpris par la hauteur de leurs analyses de la situation des agrocarburants au Sénégal, voire dans le monde. D'une part, la démocratisation de l'information prônée par les médias sénégalais a sans nul doute facilité cette prise de conscience des masses paysannes. En effet, l'utilisation des langues nationales dans les radios et les télévisions pour la présentation des journaux parlé

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et télévisé est d'un grand apport dans la sensibilisation du monde rural. D'autre part, le réseau GSM dont le taux de pénétration est de plus de 70% dans le pays facilite les correspondances et les échanges d'informations entre la ville et la campagne. D'ailleurs tous les chefs d'exploitation enquêtés disposent d'un numéro de téléphone portable. Tous ces canaux ont constitué un raccourci pour les campagnes de sensibilisation des agriculteurs menées avec abnégation par les organisations de la société civile. Dès lors, le monde rural est de plus en plus au diapason des dynamiques locale et globale du développement. Cependant la société civile doit accentuer les plaidoyers et lobbying politiques contre le projet de privatisation de la terre tant souhaitée par les investisseurs privés.

Fort des enseignements de l'étude, je peux affirmer, toute chose égale par ailleurs, que les exploitations agricoles familiales du projet ne sont pas disposées à aller plus loin que la clôture de leurs parcelles par le Jatropha. Car elles sont tellement attachées à leurs cultures de subsistances qu'elles ne vont pas les sacrifier au profit d'une plante non alimentaire qui entre en production au plus tôt deux ans après installation. L'expérience de la production cotonnière dans la zone est édifiante. Bien que l'encadrement de la SODEFITEX préconise les semis précoces, les producteurs ont toujours semé le coton après avoir installé les céréales. Ils détournaient méme l'engrais du coton pour les mettre dans les parcelles de céréales. La société cotonnière a été obligée d'introduire des programmes de promotion des céréales pour regagner la confiance des agriculteurs. Ces derniers n'ont pas hésité, quand ils l'ont souhaité, à abandonner tout bonnement la culture du coton et, à s'adonner à leurs spéculations favorites au détriment de leur compagnonnage avec cette société qui pourtant les appuyait dans beaucoup d'autres domaines. D'ailleurs, à la question « Comptez-vous augmenter vos superficies en Jatropha dans un avenir proche ? », les chefs d'exploitation agricole familiale ont presque toutes répondu en commençant par l'expression « je compte clôturer...» qui en dit long sur leur intention. C'est pourquoi, je qualifie les rapports entre exploitations agricoles familiales et le projet Jatropha de mariage opportuniste avec « séparation des biens ».

Mon étude suggère une question intéressante à investiguer « Est-ce que l'objectif de renforcement des droits fonciers ne va pas l'emporter sur l'aspect énergétique recherché dans la mise en oeuvre de la culture du Jatropha ? ». Pour répondre à une telle question, une analyse plus approfondie des logiques d'acteurs est nécessaire. Mes investigations ne sont pas allées trop loin dans les grilles d'analyse que proposent les spécialistes de la question. Néanmoins le modeste travail que je viens de présenter peut servir de jalons à des études de cette nature.

En perspective, il est aussi nécessaire de questionner les rapports de pouvoir et les relations de régulation qui vont interférer certainement pendant la collecte, la transformation et la redistribution à la communauté de l'énergie produite : une autre arène!

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117

Mémoire Master Amadiane DIALLO

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ANNEXES

Annexe 1 : Guide d'entretien personnes ressources

1- Qu'est-ce que vous pensez des mesures prises dans le cadre des protocoles internationaux pour atténuer les effets négatifs des changements climatiques ou plutôt s'adapter à cette nouvelle donne?

+ les " permis d'émission" : cette disposition permet aux firmes de vendre ou d'acheter des droits à émettre (dans les pays industrialisés et signataires)

+ MOC : la " Mise en OEuvre Conjointe " permet, entre pays développés, de procéder à des investissements visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre en dehors de leur territoire national et de bénéficier des crédits d'émission générés par les réductions ainsi obtenues

+ MDP : le " mécanisme de développement propre " (MDP), proche du dispositif précédent, à la différence que les investissements sont effectués par un pays développé, dans un pays en développement

+ le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) finance des projets ayant pour but de rendre les pays moins vulnérables aux effets négatifs des changements climatiques et de renforcer leur capacité d'adaptation.

2- Quel rôle pour les pays en développement, notamment le Sénégal ?

3- Pensez-vous que le programme national de biocarburant est dans cette logique ?

4- Qu'est-ce que vous pensez des projets d'agrocarburants d'une manière générale ?

5- Qu'est-ce que vous pensez des projets d'agrocarburants de proximité (participation des collectivités locales)?

6- Selon vous quels sont les avantages et les inconvénients de ces projets pour les collectivités locales et l'économie nationale ?

7- Selon vous comment ces projets peuvent impacter positivement ou négativement sur le processus de développement local d'une zone rurale au Sénégal ?

8- Dans l'hypothèse que ces projets d'agrocarburants soient éligibles par exemple aux MDP, donc bénéficiaires de crédits carbones, comment entrevoyez-vous l'utilisation de ce financement ?

9- Quelles jonctions entre le programme GOANA (Grande Offensive pour l'Agriculture, la Nourriture et l'Abondance) et projets d'agrocarburants de proximité ?

10- Votre dernier mot par rapport à l'interview ?

I

Mémoire Master Amadiane DIALLO

Annexe 2 : Guide d'entretien Communauté Rurale

1.

Quel est le foncier disponible dans votre CR ? Combien est réservée à l'agriculture ? utile ? aux zones de pâturage ? Y' a-t-il des possibilités d'extension ?

2. Comment se fait l'attribution des terres de culture (arable) dans votre communauté rurale ? Qui s'en occupe ?

3. Comment les litiges fonciers sont gérés ?

4. Comment les terres dégradées sont gérées ?

5. Comment les zones de pâturage sont réglementées ?

6. Est-ce vous avez eu à attribuer des terres dans le cadre des programmes agricoles nationaux tel que la GOANA ? Programme Jatropha ...etc. ?

7. Si oui comment ? Qui ont été les demandeurs ?

8. Exploitent-ils toujours ces terres ?

9. Craignez-vous le marquage foncier ?

10. Quels mécanismes avez-vous mis en place pour lutter contre ce phénomène ?

11. Connaissez-vous un tel cas ? Comment ça été réglé ?

12. Votre plan de développement local ?

13. Vos relations avec le projet Jatropha ?

14. Votre rôle en tant que collectivités locales ?

15. Quel est l'objectif du projet selon vous ? Comment et pourquoi il a été créé ?

16. Quels ont été les critères de sélection des participants au projet ?

17. Que pensez-vous de la participation des producteurs ? Pourquoi ?

18. Quelles sont les opinions/explications de la non-participation d'autres producteurs ?

19. Que faire pour impliquer ces producteurs ?

20. Quelles sont les critiques faites à l'égard des participants ? Et pourquoi ?

21. Que pensez-vous des Changements Climatiques ?

22. Connaissez-vous le protocole de Kyoto et les MDP ?

23. Si oui ? Qu'en pensez-vous? Si non, après mes explications, qu'est ce ça vous inspire ?

Annexe 3 : QUESTIONNAIRE PRODUCTEUR CHEF D'EXPLOITATION AGRICOLE

FAMILIALE

Enquêteur : «~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~Date de l'interview : /__/__/__/

Région: «~«~«~«~«~«~«~. Département :«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~.
·

Arrondissement «~«~«~«~«~«~«~..Communauté rurale :«~«~«~«~«~«~«~ «~«~«~«~«~«~

Nomdu village : «~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~.«~«~«~«~..«~..«~«~«~«~«~«~«~«~..

NomCE: «~ «~.«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~

N° Exploitation : / / / / / / Nom du répondant : «~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~

Statut : 1= CE ou 2= CM ou 3= SH ou 4= SF ou 5=ECE N° téléphone :

Âge \___\

Genre \___\ 1=Homme 2= Femme

Ethnie \\

1= Ouolof ; 2= Sérère ; 3= Toucouleur ; 4= Peul ; 5= Mandingue ; 6= Diola ; 7= Manjac ; 8= Autres (à préciser)

Ancienneté famille dans le village \___\ en année ou en génération

1. Niveau d'éducation \\

1= aucun ; 2= coranique ; 3= alphabétisation ; 4= primaire ; 5= secondaire 1er cycle ; 6= secondaire 2nd cycle ; 7= universitaire ; 8= Autres (à préciser)

2. Êtes-vous membre d'une organisation/association/mouvement de producteur ? \\

1= Oui 2= Non

3. Type de production de l'EA? \___\

1= Végétales seulement 2=animales seulement 3= Végétales et animales

4. Quels sont les types de sol que l'on rencontre dans le village ?

1=dior (sablonneux) 2=deck (argileux) 3=deck-dior (argilo-sablonneux) 4=autres (à préciser)

5. Quel est le mode de gestion et de répartition des terres dans le village ?

6. Quels sont les types de sol dans l'exploitation ?

III

Mémoire Master Amadiane DIALLO

1=dior (sablonneux) 2=deck (argileux) 3=deck-dior (argilo-sablonneux) 4=autres (à

préciser)

7. Mode d'acquisition du noyau initial de l'exploitation ?

1=Héritage 2=Donation 3=Achat 4=Autres (à préciser)

8. Citer par ordre d'importance 3 cultures vivrières que vous cultivez le plus ?

9. Pourquoi ? \___\

1= qualité nutritionnelle 2= se vend mieux 4= Bon rendement 8=Choix personnel 16=Choix culturel 32=Autres (à préciser)

10. Citer par ordre d'importance 3 cultures de rente que vous cultivez le plus ?

11. Pourquoi ? \___\

1= Prix intéressant 2= marché existant 4= écoulement facile 8=culture facile 16= Autres (à préciser)

12. Estimation et ventilation revenu annuel :

Combien en moy ? :~~~~~.FCFA Ventilation ? : Consommation (nritr, santé, édu,

habiyma...)= % Impôt= ..........% Epargne= % Autres

utilisations= %

13. Enumérer des dangers perçus qui menacent la vie de votre exploitation ?

14. Quelles sont les réactions/adaptations par rapports à ces menaces ?

15. En quoi l'organisation/association/mouvement peut t'y aider ?

16. Connaissez-vous le projet Jatropha ?

17. Est-ce que vous êtes impliqués dans un programme de plantation de Jatropha ?

18. Pourquoi ?

19. D'autres membres du ménage ou de la famile sont-ils impliqués ?

20. Si oui, quel mode de plantation adoptez-vous ?

1=pépinière et bordure champ 2=pépinière et plein champ 3=directe et bordure champ 4= directe et plein champ 8= pépinière et association culture 32= directe et association culture

21. Quelle est la superficie réservée au Jatropha dans l'exploitation ? ha

22. Sur quel type sol plantez-vous la culture du Jatropha? 1=terre de culture habituelle 2=jachère pâturage 3= nouvelle défriche 4= terres dégradées

23. Comptez-vous augmenter vos superficies en Jatropha dans un avenir proche (d'ici 2 campagnes) ? 1=oui 2=non

24. Si non, pourquoi ?

25. Si oui, comment et combien ?

26. Quelles sont les principales contraintes rencontrées dans la conduite de la culture ?

27. Savez-vous le pourquoi de la participation ou non-participation d'aucuns ?

28. Qu'est-ce qui pourrait améliorer la participation des producteurs ?

29. Réaction par rapport à l'entretien auquel vous avez participé ?

V

Mémoire Master Amadiane DIALLO

Annexe 4 : Données démographiques et actifs agricoles par exploitation

Village

N°EA

âge CE

H<15

F<15

15= F

15= H

popT

pop active

Tx d'activité

actH<15

actF<15

15= actF=55

15= actH=55

actF>55

actH>55

Actifs agri

lettrés

KSB

1

44

6

6

8

7

27

20

0,74

4

5

7

4

0

0

12,15

11

KSB

2

54

5

5

7

4

21

16

0,76

2

5

4

4

0

1

9,30

2

KSB

3

38

5

3

5

4

17

8

0,47

2

1

2

3

0

0

5,65

6

KSB

4

54

3

3

5

4

15

7

0,47

2

1

2

2

0

0

4,65

1

KSB

5

63

5

5

8

6

24

18

0,75

3

3

5

6

0

1

12,00

4

KS

6

50

2

2

3

3

10

8

0,80

2

1

2

3

0

0

5,65

6

KS

7

33

1

1

3

2

7

4

0,57

0

1

1

2

0

0

2,95

2

KS

8

52

3

2

5

3

13

8

0,62

2

2

2

2

0

0

4,90

10

KS

9

38

1

1

4

2

8

4

0,50

1

0

2

1

0

0

2,90

3

KS

10

55

2

3

6

3

14

9

0,64

2

2

2

3

0

0

5,90

10

KS

11

46

3

4

4

4

15

8

0,53

2

1

2

3

0

0

5,65

6

KS

12

49

3

2

4

3

12

5

0,42

1

0

2

2

0

0

3,90

5

KS

13

34

1

1

2

1

5

3

0,60

1

0

1

1

0

0

2,20

3

DT

14

60

3

3

4

3

13

8

0,62

2

1

2

2

1

0

4,90

7

DT

15

68

4

4

5

3

16

9

0,56

2

1

3

2

0

1

5,60

4

DT

16

55

3

4

5

4

16

8

0,50

1

2

2

3

1

0

5,65

8

DT

17

59

4

3

5

3

15

13

0,87

3

3

3

3

1

0

7,60

11

DT

18

47

2

2

3

2

9

5

0,56

2

1

1

1

0

0

2,95

6

KMT

19

56

4

3

5

4

16

6

0,38

2

0

2

1

1

0

3,65

10

KMT

20

58

2

3

3

2

10

5

0,50

1

0

2

1

1

0

3,15

3

KMT

21

53

2

3

4

3

12

11

0,92

2

2

4

3

0

0

7,30

8

KMT

22

40

3

4

5

4

16

13

0,81

2

3

4

4

1

0

8,80

9

KMT

23

61

3

3

5

5

16

14

0,88

2

3

4

4

0

1

8,80

4

KMT

24

44

3

2

4

3

12

7

0,58

1

1

3

2

0

0

4,85

2

KMT

25

32

2

3

3

2

10

6

0,60

1

2

1

2

0

0

3,70

1

VI

Mémoire Master Amadiane DIALLO

Annexe 5 : Capital foncier et matériels agricoles par exploitation

Village

 


EA

défriche

hérita
ge

achat

don/
affect°

prêt
LT

TFoncier
dispo

SCA

SupAra

5

SupCér

5

Semoir

TxEquip
Semoir

InterEquiP Semoir

Houe

TxEquiP
Houe

InterEquiP Houe

KSB

1

0

65

0

0

0

45

5

0

3,5

1

0,8

sous équipée

1

0,7

sous équipée

KSB

2

0

15

0

0

0

15

12

9

5,5

2

0,7

sous équipée

4

1,2

bien équipée

KSB

3

0

10

0

0

0

10

10

5,5

4,5

1

0,4

sous équipée

1

0,4

sous équipée

KSB

4

0

0

0

10

0

10

10

2

4

1

0,4

sous équipée

0

0,0

sous équipée

KSB

5

0

20

0

0

0

20

20

10

9,75

2

0,4

sous équipée

4

0,7

sous équipée

KS

6

0

10

0

0

0

10

5

5

2

1

0,8

sous équipée

1

0,7

sous équipée

KS

7

0

5

0

0

0

5

4

2

2,5

1

1,0

bien équipée

1

0,9

sous équipée

KS

8

0

5,5

0

0

0

5,5

5

2

3

1

0,8

sous équipée

2

1,4

bien équipée

KS

9

0

5

0

0

0

5

5

2,5

2,5

1

0,8

sous équipée

2

1,4

bien équipée

KS

10

0

0

0

5

2

7

5

2

3

1

0,8

sous équipée

2

1,4

bien équipée

KS

11

0

3

0

0

3

6

3

1

2

1

1,3

bien équipée

1

1,2

bien équipée

KS

12

0

3

0

0

0

3

2

1

1,5

1

2,0

bien équipée

2

3,5

bien équipée

KS

13

0

2

0

1

0

3

3

1

2

0

0,0

sous équipée

1

1,2

bien équipée

DT

14

0

12

0

0

0

14

12

6

6

2

0,7

sous équipée

2

0,6

sous équipée

DT

15

12

0

0

0

0

12

10

4

2

1

0,4

sous équipée

1

0,4

sous équipée

DT

16

0

9

0

0

0

9

8

4

4

2

1,0

bien équipée

3

1,3

bien équipée

DT

17

0

16

0

0

0

16

13

7

7

4

1,2

bien équipée

3

0,8

sous équipée

DT

18

0

0

0

4

0

4

3

1

2,5

2

2,7

bien équipée

1

1,2

bien équipée

KMT

19

0

20

0

0

0

20

5

2,5

1,5

2

1,6

bien équipée

1

0,7

sous équipée

KMT

20

0

0

0

4,5

0

4,5

3

1,5

2

1

1,3

bien équipée

2

2,3

bien équipée

KMT

21

0

5

0

0

0

5

3

1

2

0

0,0

sous équipée

1

1,2

bien équipée

KMT

22

0

12

0

0

0

12

10

4

4,5

1

0,4

sous équipée

1

0,4

sous équipée

KMT

23

0

0

0

6

0

6

4

1

1

1

1,0

bien équipée

1

0,9

sous équipée

KMT

24

0

21

0

0

0

15

13

8

5

2

0,6

sous équipée

2

0,5

sous équipée

KMT

25

0

16

0

0

0

12

11

7

4

1

0,4

sous équipée

1

0,3

sous équipée

Annexe 6 : Traction animale, emblavures et plantations par exploitation

Village


EA

TFoncier
dispo

SCA

Ctract°
Bovins

Ctract
°
Equin
s

Ctra
ct°
Asin

s

Ctract°
totale

Tx
trac

Sup
/5
mil

Sup /5

Ara

Sup/5
maïs

Sup/5
sorgho

Sup
/5
riz

Sup
Plantat°

Jachè
re
/an

SupParcl Déjà planTJatph

SupParcl
A
planTJatph

KSB

1

45

5

0

0

0

0

0

1,00

0

1,00

1,00

0,50

40

0

4

3

KSB

2

15

12

0

10,5

2,5

13

1,08

4,00

9

1,00

0,25

0,25

3

0

0

2

KSB

3

10

10

6

0

0

6

0,60

3,00

5,5

1,00

0,50

0,00

0

0

1

2

KSB

4

10

10

0

0

5

5

0,50

3,00

2

1,00

0,00

0,00

0

0

1,5

5

KSB

5

20

20

6

0

5

11

0,55

6,00

10

2,00

1,00

0,75

0

0

0

4

KS

6

10

5

0

0

2,5

2,5

0,50

2,00

5

0,00

0,00

0,00

5

0

1,5

5

KS

7

5

4

6

0

0

6

1,50

2,00

2

0,50

0,00

0,00

1

0

4

1

KS

8

5,5

5

6

0

2,5

8,5

1,70

2,00

2

1,00

0,00

0,00

1

0,5

1

3

KS

9

5

5

0

0

7,5

7,5

1,50

2,50

2,5

0,00

0,00

0,00

0

0

4

1

KS

10

7

5

0

0

7,5

7,5

1,50

2,00

2

1,00

0,00

0,00

0

2

2

1

KS

11

6

3

0

0

5

5

1,67

2,00

1

0,00

0,00

0,00

0

3

1

2

KS

12

3

2

0

0

0

0

0,00

1,00

1

0,00

0,50

0,00

1

0

1

1

KS

13

3

3

0

0

5

5

1,67

1,50

1

0,50

0,00

0,00

0

0

1

2

DT

14

14

12

0

7

0

7

0,58

6,00

6

0,00

0,00

0,00

3

0

2

1

DT

15

12

10

0

0

5

5

0,50

2,00

4

0,00

0,00

0,00

2

0

2

1

DT

16

9

8

0

0

0

0

0,00

4,00

4

0,00

0,00

0,00

1

0

1

1

DT

17

16

13

0

3,5

7,5

11

0,85

7,00

7

0,00

0,00

0,00

3

0

2

1

DT

18

4

3

6

0

0

6

2,00

2,00

1

0,50

0,00

0,00

1,5

0

1,5

2

KMT

19

20

5

0

0

0

0

0,00

1,50

2,5

0,00

0,00

0,00

15

0

1

10

KMT

20

4,5

3

0

3,5

5

8,5

2,83

2,00

1,5

0,00

0,00

0,00

1,5

0

1

1

KMT

21

5

3

0

0

2,5

2,5

0,83

2,00

1

0,00

0,00

0,00

1,5

0,5

1,5

1

KMT

22

12

10

12

3,5

0

15,5

1,55

3,00

4

1,00

0,50

0,00

2

0

1

1

KMT

23

6

4

0

0

0

0

0,00

1,00

1

0,00

0,00

0,00

2

0

1

2

KMT

24

15

13

0

3,5

2,5

6

0,46

2,00

8

2,00

1,00

0,00

1

1

0

4

KMT

25

12

11

0

3,5

2,5

6

0,55

2,00

7

1,00

1,00

0,00

1

0

0

2

VIII

Mémoire Master Amadiane DIALLO

Annexe 7 : Quelques indicateurs par village

Village enquêté

Age CE

Actifs agricoles

Total foncier
dispo EA

Population EA

SCA

TxEquiPSemoir

TxEquiPHoue

TxTract°T

%TmarquageJatropha

%Tmarquage
foncier

TxcouvCrl

DT Moyenne

57,8000

5,3400

11,0000

13,8000

9,2000

1,2000

,8600

,7860

,2000

,4080

,6800

N

5

5

5

5

5

5

5

5

5

5

5

Ecart-type

7,66159

1,67160

4,69042

2,94958

3,96232

,89163

,38471

,74497

,10770

,20523

,17958

KMT Moyenne

49,1429

5,7500

10,6429

13,1429

7,0000

,7571

,9000

,8886

,4071

,6957

,8086

N

7

7

7

7

7

7

7

7

7

7

7

Ecart-type

10,68377

2,48965

5,79306

2,79455

4,20317

,56526

,69041

1,00726

,22507

,45313

,61732

KS Moyenne

44,6250

4,2563

5,5625

10,5000

4,0000

,9375

1,4625

1,2550

,7050

,8563

,7775

N

8

8

8

8

8

8

8

8

8

8

8

Ecart-type

8,48423

1,45907

2,25891

3,58569

1,19523

,56300

,86179

,64004

,23970

,31609

,37343

KSB Moyenne

50,6000

8,7500

20,0000

20,8000

11,4000

,5400

,6000

,5460

,2620

,4780

1,0420

N

5

5

5

5

5

5

5

5

5

5

5

Ecart-type

9,73653

3,49446

14,57738

4,91935

5,45894

,19494

,44159

,38351

,24232

,36458

,39461

Total Moyenne

49,7200

5,7900

10,9600

13,9600

7,3600

,8600

1,0120

,9168

,4320

,6460

,8196

N

25

25

25

25

25

25

25

25

25

25

25

Ecart-type

9,88062

2,70620

8,70215

5,01232

4,50814

,60139

,71023

,74880

,28879

,37787

,42692

Annexe 8 : Tableau ANOVA intervillages

 

Somme des
carrés

df

Moyenne des
carrés

F

Signification

Age CE * Inter-groupes Combiné

540,308

3

180,103

2,098

,131

Village enquêté Intra-classe

1802,732

21

85,844

 
 

Total

2343,040

24

 
 
 

Actifs agricoles Inter-groupes Combiné

63,651

3

21,217

3,974

,022

* Village Intra-classe

112,114

21

5,339

 
 

enquêté Total

175,765

24

 
 
 

Total foncier Inter-groupes Combiné

642,384

3

214,128

3,827

,025

dispo EA * Intra-classe

1175,076

21

55,956

 
 

Village enquêté Total

1817,460

24

 
 
 

Population EA * Inter-groupes Combiné

334,503

3

111,501

8,722

,001

Village enquêté Intra-classe

268,457

21

12,784

 
 

Total

602,960

24

 
 
 

SCA * Village Inter-groupes Combiné

189,760

3

63,253

4,457

,014

enquêté Intra-classe

298,000

21

14,190

 
 

Total

487,760

24

 
 
 

TxEquiPSemoir Inter-groupes Combiné

1,212

3

,404

1,136

,357

* Village Intra-classe

7,468

21

,356

 
 

enquêté Total

8,680

24

 
 
 

TxEquiPHoue * Inter-groupes Combiné

2,676

3

,892

1,986

,147

Village enquêté Intra-classe

9,431

21

,449

 
 

Total

12,106

24

 
 
 

TxTract°T * Inter-groupes Combiné

1,694

3

,565

1,008

,409

Village enquêté Intra-classe

11,763

21

,560

 
 

x

Mémoire Master Amadiane DIALLO

Total

13,457

24

 
 
 

%TmarquageJa Inter-groupes Combiné

1,014

3

,338

7,190

,002

tropha * Village Intra-classe

,987

21

,047

 
 

enquêté Total

2,002

24

 
 
 

%Tmarquage Inter-groupes Combiné

,795

3

,265

2,115

,129

foncier * Village Intra-classe

2,632

21

,125

 
 

enquêté Total

3,427

24

 
 
 

TxcouvCrl * Inter-groupes Combiné

,360

3

,120

,627

,605

Village enquêté Intra-classe

4,015

21

,191

 
 

Total

4,374

24

 
 
 

Annexe 9: Tableau ANOVA interGroupes

 

Somme des carrés

df

Moyenne des carrés

F

Signification

Age CE * GroupeTypo Inter-groupes Combiné

115,975

3

38,658

,365

,779

Intra-classe

2227,065

21

106,051

 
 

Total

2343,040

24

 
 
 

Population EA * Inter-groupes Combiné

275,395

3

91,798

5,885

,004

GroupeTypo Intra-classe

327,565

21

15,598

 
 

Total

602,960

24

 
 
 

Taux d'activité * Inter-groupes Combiné

,066

3

,022

,960

,430

GroupeTypo Intra-classe

,479

21

,023

 
 

Total

,545

24

 
 
 

Actifs agricoles * Inter-groupes Combiné

67,587

3

22,529

4,373

,015

GroupeTypo Intra-classe

108,178

21

5,151

 
 

Total

175,765

24

 
 
 

Lettrés EA * Inter-groupes Combiné

22,625

3

7,542

,692

,567

GroupeTypo Intra-classe

Total

228,815
251,440

21
24

10,896

 
 

Total foncier dispo EA * Inter-groupes Combiné

1118,006

3

372,669

11,189

,000

GroupeTypo Intra-classe

699,454

21

33,307

 
 

Total

1817,460

24

 
 
 

SCA * GroupeTypo Inter-groupes Combiné

278,373

3

92,791

9,306

,000

Intra-classe

209,387

21

9,971

 
 

Total

487,760

24

 
 
 

SupCér5 * GroupeTypo Inter-groupes Combiné

38,984

3

12,995

4,639

,012

Intra-classe

58,826

21

2,801

 
 

Total

97,810

24

 
 
 

SupAra5 * GroupeTypo Inter-groupes Combiné

93,457

3

31,152

6,443

,003

Intra-classe

101,543

21

4,835

 
 

Total

195,000

24

 
 
 

RdtAra5 * GroupeTypo Inter-groupes Combiné

19371,658

3

6457,219

,126

,944

Intra-classe

1026854,300

20

51342,715

 
 

Total

1046225,958

23

 
 
 

RdtMil5 * GroupeTypo Inter-groupes Combiné

246056,053

3

82018,684

1,087

,376

Intra-classe

1584623,387

21

75458,257

 
 

Total

1830679,440

24

 
 
 

RdtMaïs5 * GroupeTypo Inter-groupes Combiné

433381,410

3

144460,470

1,322

,327

Intra-classe

983541,667

9

109282,407

 
 

Total

1416923,077

12

 
 
 

RdtSorgho5 * Inter-groupes Combiné

80833,333

2

40416,667

2,146

,212

GroupeTypo Intra-classe

94166,667

5

18833,333

 
 

Total

175000,000

7

 
 
 

Bovins * GroupeTypo Inter-groupes Combiné

,970

3

,323

,250

,861

Intra-classe

27,190

21

1,295

 
 

XII

Mémoire Master Amadiane DIALLO

Total

28,160

24

 
 
 

Sup Plant°anaou mang Inter-groupes Combiné

381,681

3

127,227

2,176

,121

* GroupeTypo Intra-classe

1227,659

21

58,460

 
 

Total

1609,340

24

 
 
 

TxTract°T * GroupeTypo Inter-groupes Combiné

3,715

3

1,238

2,670

,074

Intra-classe

9,742

21

,464

 
 

Total

13,457

24

 
 
 

Sup Plant° Jatropha * Inter-groupes Combiné

2,286

3

,762

,641

,597

GroupeTypo Intra-classe

24,954

21

1,188

 
 

Total

27,240

24

 
 
 

Sup PrévueJatropha * Inter-groupes Combiné

46,756

3

15,585

1,820

,174

GroupeTypo Intra-classe

179,804

21

8,562

 
 

Total

226,560

24

 
 
 

TxcouvCrl * Inter-groupes Combiné

1,380

3

,460

3,228

,043

GroupeTypo Intra-classe

2,994

21

,143

 
 

Total

4,374

24

 
 
 

Charrette * GroupeTypo Inter-groupes Combiné

,123

3

,041

,153

,927

Intra-classe

5,637

21

,268

 
 

Total

5,760

24

 
 
 

Jachère annuelle * Inter-groupes Combiné

3,060

3

1,020

2,380

,098

GroupeTypo Intra-classe

9,000

21

,429

 
 

Total

12,060

24

 
 
 

TxEquiPSemoir * Inter-groupes Combiné

2,553

3

,851

2,917

,058

GroupeTypo Intra-classe

6,127

21

,292

 
 

Total

8,680

24

 
 
 

TxEquiPHoue * Inter-groupes Combiné

7,614

3

2,538

11,865

,000

GroupeTypo Intra-classe

4,492

21

,214

 
 

Total

12,106

24

 
 
 

Pop active EA * Inter-groupes Combiné

GroupeTypo Intra-classe

Total

200,292
277,548
477,840

3 21 24

66,764
13,217

5,052

,009

Tableau 10 : ANOVA Marquage X Groupe

 

Somme des
carrés

df

Moyenne des
carrés

F

Signification

%marquageJatrophaPlté * Inter-groupes Combiné

,435

3

,145

4,980

,009

GroupeTypo Intra-classe

,612

21

,029

 
 

Total

1,048

24

 
 
 

%marquageplant°ana&mg * Inter-groupes Combiné

,183

3

,061

1,167

,346

GroupeTypo Intra-classe

1,095

21

,052

 
 

Total

1,277

24

 
 
 

%MarquageJatrophaPrvu * Inter-groupes Combiné

,031

3

,010

,187

,904

GroupeTypo Intra-classe

1,163

21

,055

 
 

Total

1,195

24

 
 
 

%TmarquageJatropha * Inter-groupes Combiné

,512

3

,171

2,406

,096

GroupeTypo Intra-classe

1,490

21

,071

 
 

Total

2,002

24

 
 
 

%Tmarquage foncier * Inter-groupes Combiné

,419

3

,140

,976

,423

GroupeTypo Intra-classe

3,007

21

,143

 
 

Total

3,427

24

 
 
 

XIV

Mémoire Master Amadiane DIALLO

Annexe 11 : Tableau de bord des rendements par type d'exploitation

GroupeTypo

RdtAra5

RdtMil5

RdtMaïs5

RdtSorgho5

A Moyenne

700,0000

595,7500

800,0000

600,0000

N

4

4

2

1

Ecart-type

258,19889

480,87308

282,84271

.

Minimum

400,00

250,00

600,00

600,00

Maximum

1000,00

1300,00

1000,00

600,00

B Moyenne

731,2500

340,6250

333,3333

 

N

8

8

3

 

Ecart-type

225,09918

137,54058

57,73503

 

Minimum

400,00

200,00

300,00

 

Maximum

1000,00

600,00

400,00

 

C Moyenne

706,0000

535,7143

750,0000

566,6667

N

7

7

4

3

Ecart-type

228,20386

257,98883

506,62281

57,73503

Minimum

273,00

200,00

400,00

500,00

Maximum

1000,00

1000,00

1500,00

600,00

D Moyenne

652,2000

530,6667

762,5000

775,0000

N

5

6

4

4

Ecart-type

199,81541

268,00572

205,64938

170,78251

Minimum

360,00

300,00

500,00

600,00

Maximum

857,00

1000,00

1000,00

1000,00

Total Moyenne

702,2083

481,6800

665,3846

675,0000

N

24

25

13

8

Ecart-type

213,27936

276,18528

343,62323

158,11388

Minimum

273,00

200,00

300,00

500,00

Maximum

1000,00

1300,00

1500,00

1000,00

Annexe 12 : Tableau ANOVA rendements intergroupes

 

Somme des carrés

df

Moyenne des carrés

F

Signification

RdtAra5 * GroupeTypo Inter-groupes Combiné

19371,658

3

6457,219

,126

,944

Intra-classe

1026854,300

20

51342,715

 
 

Total

1046225,958

23

 
 
 

RdtMil5 * GroupeTypo Inter-groupes Combiné

246056,053

3

82018,684

1,087

,376

Intra-classe

1584623,387

21

75458,257

 
 

Total

1830679,440

24

 
 
 

RdtMaïs5 * GroupeTypo Inter-groupes Combiné

433381,410

3

144460,470

1,322

,327

Intra-classe

983541,667

9

109282,407

 
 

Total

1416923,077

12

 
 
 

RdtSorgho5 * GroupeTypo Inter-groupes Combiné

80833,333

2

40416,667

2,146

,212

Intra-classe

94166,667

5

18833,333

 
 

Total

175000,000

7

 
 
 

XVI

Mémoire Master Amadiane DIALLO

Annexe 13 : Localisation du Sénégal et de la région de Fatick

Source : Abdoulaye SENE (2008). Président du Conseil Régional de Fatick (Sénégal), La Région de Fatick face au défi du changement climatique, Saint Malo, décembre.

DIAGL

N

IAFFE

KEUR BIRANE KH

#

#

Annexe 14: Carte administrative de la région de Fatick

Source : www.au-senegal.com, 2010

#

Annexe 15: Carte de localisation du pôle de développemment de Dantakhoune

Source : SOPREEF, 2010

KEUR SETTE

Annexes 16: Mes photos

1ère photo en haut : interview du chef de village de Dantakhoune

2ème photo : un agropasteur qui revient du champ avec un attelage d'une paire de boeuf 3ème photo : clôture avec du Jatropha faite bien avant le projet (Dantakhoune)

Source : mes photos, 2010

1ère photo en haut : jeunes plants de Jatropha plantés en 2010 autour d'une parcelle de brousse

2ème photo : des agropasteurs salariés journaliers sont en oeuvre pour installer une monoculture Jatropha 3ème photo : jeunes plants de Jatropha en monoculture

Source : mes photos, 2010

Annexes 17 : Autorité Nationale Désignée (AND) et MDP au Sénégal

Annexes 18 : AND et critères de développement durable du Sénégal

Mémoire Master Amadiane DIALLO

XXII






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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore