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Potentiel et dynamique des stocks de carbone des savanes soudaniennes et soudano- guinéennes du Sénégal

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par Cheikh Mbow
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Doctorat d'état en sciences 2009
  

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CHAPITRE II :

Modèles allométriques

Ce chapitre porte sur le développement de modèles allométriques propres aux savanes soudaniennes et soudano-guinéennes. Le choix de cette orientation s'explique par les limites constatées lors de la revue bibliographique et à travers l'application des méthodes connues et couramment utilisées jusqu'ici pour les savanes. C'est ainsi que nous présentons dans ce chapitre la démarche utilisée et les modèles mis au point. L'analyse s'appuie sur les données collectées dans des Forêts Classées représentatives des savanes soudaniennes et soudanoguinéennes du Sénégal que sont Patako, Wélor, Ouli, Bala, Kantora et Mampaye.

II.1. L'importance des modèles allométriques

L'allométrie d'un arbre comme ses dimensions structurales se définit par différentes mesures et leurs relations avec la masse ou le volume des individus (Lehtonen, 2005). Les techniques allométriques permettent de générer ainsi la biomasse des individus ligneux en se basant sur des mensurations de paramètres dendrologiques sur l'individu. L'allométrie est une vieille technique forestière et constitue les premiers types de modèles statistiques permettant de générer des informations quantitatives sans détruire a posteriori les individus. Le terme générique utilisé à cet effet est «l'approche non destructive» par opposition à celle dite <<destructive>> qui a justement permis d'élaborer ces modèles allométriques.

L'évaluation du potentiel ligneux des formations forestières constitue un important domaine de recherche pour des besoins de gestion des ressources forestières ligneuses. L'intérêt à estimer le tonnage de bois dans une forêt donnée a été le plus souvent connecté à des besoins commerciaux ou de satisfaction des besoins des populations en bois. Cependant, l'estimation des réserves de bois n'a eu à cibler que les espèces qui ont une grande valeur marchande, énergétique ou esthétique (Brown, 1997). Cette situation a longtemps prévalu, depuis la période coloniale avec la réalisation de plans d'aménagements forestiers destinés à l'exploitation des formations forestières basée sur une bonne connaissance du potentiel ligneux. Ainsi, l'évaluation du «volume marchand» des forêts tropicales avait pour objectif d'estimer la partie `utile' de l'arbre. A ce titre, les forestiers ont pu établir des relations mathématiques simples entre des paramètres mesurés sur l'arbre (diamètre du tronc ou sa circonférence, hauteur totale de l'arbre, hauteurs de découpe et longueurs de billons) et le volume de bois exploitable.

Le cubage des arbres présente un intérêt économique permettant d'évaluer le volume commercialisable sur une essence ou un groupe d'espèces. Il s'agit des tarifs de cubages classiques. Les formules utilisées sont très différentes mais utilisent toutes des mesures de tronc et de hauteur des individus. L'équation générique utilisée est de la forme V= kCb (k et b sont les tarifs de cubage, C est la mesure du tronc). Des équations logarithmiques ou cubiques ont servi à établir de telles relations entre les mesures sur l'arbre et le volume de bois <<utile>>.

Les paramètres mesurés (lors des inventaires forestiers) sont dès lors utilisés pour établir de telles équations afin de calculer des volumes individuels des arbres. C'est avec l'ajustement de ces équations aux données observées qu'il a été possible d'établir des tables de cubage qui expriment le volume de bois fort correspondant au volume de la tige jusqu'à une certaine

circonférence (Rondeux, 1993). Le reste de la biomasse de l'arbre constitué par le feuillage et les petites branches n'est pas pris en compte. L'élaboration de tables de cubage nécessite une approche de récolte de biomasse sur un échantillon d'espèces de tailles différentes. Les modèles permettent par la suite d'évaluer la phytomasse exploitable sans passer par ces méthodes destructives.

Il apparaît alors, que ces tarifs de cubage négligent le plus souvent la phytomasse totale des arbres et ne portent que sur le volume de bois exploitable de certaines espèces ciblées et n'ont été développés que pour quelques formations végétales notamment forestières. L'utilisation de ces équations donne ainsi une indication limitée dans le cadre d'une étude de la biomasse ligneuse totale pour estimer le stock total de carbone.

L'approche par tarif de cubage a une limite pour les aménagistes dans la planification de l'exploitation forestière pour les autres usages, comme le bois de feu par exemple qui peut être satisfait notamment avec les petites branches. Partant de ce constat, de nombreuses études ont été entreprises pour établir des relations mathématiques simples entre données d'inventaire de la végétation et biomasse totale des ligneux. Ces équations mathématiques sont des régressions simples (linéaires, exponentielles, logarithmiques, polynomiales), qui permettent de dérouler une approche non destructive aboutissant à l'estimation de la biomasse totale à partir de paramètres mesurés sur les arbres et leur poids total. Ces relations ont un double intérêt : d'abord, elles permettent de mieux calibrer les plans d'aménagement en tenant compte de tout le potentiel ligneux ; ensuite elles facilitent, dans le contexte actuel des changements climatiques, l'estimation du stock de carbone en partant de la connaissance de la biomasse totale. Le potentiel de stockage de carbone est central au rôle que l'Afrique doit jouer par la réduction de la déforestation (changements d'affectation des terres) mais aussi l'effort de reforestation qui devient une contribution positive dans la séquestration du carbone.

Cependant, la plupart de ces essais d'estimation de la biomasse totale des arbres ont été menés en dehors des savanes africaines. Les chercheurs ont surtout travaillé dans des écosystèmes tempérés ou dans les forêts tropicales de l'Amérique du Sud (San Jose et al, 1998; Moura-Costa et Stuart, 1999; Nelson et al., 1999; Clark et Clark, 2000; Keller et al., 2001; Brown, 2002; Fleurant et al., 2004 ; Zianis et Mencuccini, 2004; Brown, 2005). La FAO au travers de la synthèse de Brown (1997), a permis une systématisation des méthodes existantes. Cette étude est largement utilisée à l'heure actuelle pour estimer la biomasse des savanes africaines, avec le risque lié aux biais non connus qu'on ne peut éviter qu'en élaborant un modèle pour les zones étudiées.

Sur e plan pratique, l'analyse des stocks de carbone ligneux passe nécessairement par l'estimation de la biomasse sur pied. La biomasse ligneuse sur pied exprime la masse de matière vivante des arbres. La masse du bois est déterminée soit par simple pesée, soit par multiplication de son volume par sa «masse volumique», ou masse par unité de volume exprimée en kg/m3. La masse brute est influencée par la densité du bois, par son degré d'humidité et éventuellement par l'importance (épaisseur) de l'écorce. L'estimation de la masse sèche est plus complexe, puisque la densité du bois varie en fonction de sa teneur en eau. La densité du bois est assimilable à sa masse à l'état humide par unité de volume (Rondeux, 1993). Celle-ci concerne les troncs des arbres et les ensembles constitués des branches, des feuilles et des souches. Les méthodes d'estimation indirecte sont envisageables en ce sens qu'elles sont non destructives et sont basées sur l'utilisation d'équations mathématiques ou des tables exprimant la biomasse en fonction de caractéristiques facilement mesurables comme le diamètre à 1,3 m du sol et la hauteur totale. Les modèles les plus utilisés se présentent généralement sous forme de relations statistiques.

Du fait de l'intérêt grandissant dans l'estimation des stocks de carbone des formations forestières, des techniques spatiales (la télédétection) ont été testées. Elles ont permis d'estimer les éléments de structures d'une formation, souvent lourds et longs à collecter sur le terrain. Puisque les écosystèmes de savane sont souvent hétérogènes, des difficultés sont notées dans les choix d'échantillonnage et la mise en pratique des inventaires. Ainsi, l'estimation de certains paramètres à partir des données spatiales devient très attractive dans l'estimation de la biomasse de la végétation naturelle. Mais les techniques proposées à ce jour sont assez complexes et difficiles à opérationnaliser. Brown (1997); Brown et al. (2005) proposent un système imageur multispectral en trois dimensions, alors que plusieurs autres auteurs ont testé la technologie LIDAR et du RADAR plus utilisée dans le domaine de l'altimétrie topographique pour analyser la structure verticale des formations ligneuses et d'en déduire des stocks de carbone à partir des volumes générés sur les données en trois dimensions (3D). Le LIDAR, le RADAR et les techniques de photogrammétrie numérique stéréoscopiques (Télédétection 3D) ont été proposés par Awaya et al. (2004); St-Onge et al. (2004) et Proisy (1999), pour collecter des données sur la hauteur et la densité des formations forestières. Avec le développement de la Très Haute Résolution, des tests d'estimation de la biomasse ont été réalisés à partir des données IKONOS par Thenkabail et al. (2002) puis par Awaya et al. (2004) pour estimer la biomasse de plantations de palmiers à huile au Bénin et au Nigéria ou des formations de sapin au Japon. Ces techniques sont limitées par la lourdeur des opérations de collecte de données (complexe) et le niveau de couverture des images qui nécessite de longs processus techniques pour arriver à des

résultats, souvent pas directement exploitables sur la structure de la végétation. Il faut aussinoter que les techniques de télédétection ne permettent de distinguer, de façon précise, les différentes espèces des formations étudiées.

D'autres essais, purement statistiques ont été faits, notamment avec le modèle mathématique proposé par Fleurant et al. (2004), pour la description des caractères morphométriques en partant des théories fractales. La théorie fractale permet de faire une segmentation hiérarchique des différentes parties de l'arbre (inspiré du concept de Stralher, utilisé en hydrologie). Elle fournit alors des outils pour l'analyse quantitative de la structure complexe des arbres. La validation de ces types de modèles est loin de prouver qu'on puisse se passer des données de terrain.

Les données dendrométriques issues des inventaires de la végétation ligneuse constituent pour l'instant la méthode la plus éprouvée pour estimer la biomasse de la végétation ligneuse. Ces inventaires sont faits dans chaque pays pour répondre aux besoins de la caractérisation du potentiel forestier, de l'analyse de la biodiversité des forêts et de la conception de plans d'aménagement pour une gestion durable des ressources ligneuses. Les données d'inventaire sont mises à profit pour estimer les quantités de biomasse totale des formations dominantes. La biomasse est calculée pour chaque sujet ligneux par des équations qui incluent le plus souvent le diamètre de l'individu et parfois la hauteur.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe