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Potentiel et dynamique des stocks de carbone des savanes soudaniennes et soudano- guinéennes du Sénégal

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par Cheikh Mbow
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Doctorat d'état en sciences 2009
  

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Article I. INTRODUCTION GENERALE

Section 1.01 Cadre général et justification

La problématique des changements climatiques est devenue une préoccupation majeure de la communauté internationale pour ses nombreuses implications sur l'avenir de l'environnement global. Les risques liés au réchauffement planétaire n'épargnent aucun continent et affectent tous les secteurs de la vie économique et sociale des populations. Ces modifications du climat ou changements climatiques désignent une variation statistiquement significative de l'état moyen du climat ou de sa variabilité sur de longues périodes (généralement, pendant des décennies ou plus). Les changements climatiques peuvent être dus à des processus internes naturels, à des forçages externes, ou à des changements persistants d'origine anthropique qui affectent la composition de l'atmosphère. Les impacts des changements climatiques affectent les secteurs agricoles, forestiers, énergétiques, les établissements humains et autres conditions de vie des populations.

L'un des facteurs les plus dynamiques et les plus puissants de l'environnement actuel est la modification des températures terrestres du fait de l'effet de serre. L'effet de serre repose sur le principe selon lequel, le rayonnement qui nous vient du soleil parvient à pénétrer dans l'atmosphère pour être réfléchi ou émis par la surface terrestre libérant ainsi une chaleur qui maintient les températures moyennes globales à 15° C au lieu de -18° C en l'absence de ce réchauffement naturel. Ainsi, l'effet de serre à proprement parler est un phénomène essentiel pour que la vie se développe sur terre. Sans ces gaz les températures globales sur terre seraient si basses que la vie y serait impossible. Ainsi, le problème du réchauffement planétaire est une question de seuil due à la perturbation du bilan radiatif global.

Le processus de l'effet de serre repose sur l'équilibre entre le rayonnement issu du Soleil et la restitution de la chaleur par l'émission terrestre. En effet, une fois absorbé par le sol, le rayonnement se transforme en chaleur et est renvoyé sous forme de rayonnement infrarouge à travers la restitution nocturne. Si l'atmosphère est transparente pour une bonne partie des rayonnements visibles, elle présente une forte capacité d'absorption du rayonnement infrarouge du fait de la présence de certains gaz qui ont la propriété d'absorber ces grandes longueurs d'onde ; ces gaz sont appelés gaz à effet de serre (GES). Parmi ces gaz on note H2O, CO2, CH4, O3, CFC, etc., qui retiennent cette chaleur restituée par la terre et entraîne ainsi une augmentation sensible et progressive des températures terrestres émises. Ainsi, l'augmentation de ces gaz, notamment le CO2 et le CH4 provoquent un réchauffement global qui affecte actuellement l'environnement.

Le Quatrième Rapport d'Evaluation (QRE) du Groupe Intergouvernemental pour l'Etude du Climat (GIEC) souligne que 11 sur les 12 dernières années (1995-2006) figurent parmi les années les plus chaudes depuis 1850 ; date à laquelle ont débuté les relevés instrumentaux de la température à la surface du globe (IPCC, 2008). Dans le Troisième Rapport d'Evaluation (TRE, 2003), on estimait l'augmentation moyenne globale de la température de 0,6 °C (#177;0,2 °C) entre 1901 et 2000, et la valeur établie pour 1906-2005 atteint 0,74 °C (#177;0,3 °C). Les températures ont augmenté presque partout dans le monde, quoique de manière plus sensible aux latitudes élevées de l'hémisphère Nord. Par ailleurs, les terres émergées se sont réchauffées plus rapidement que les océans.

Cet état des lieux montre que l'action de l'Homme, par une industrialisation croissante et consommatrice d'énergie, par une exploitation démesurée des ressources naturelles, a fini de compromettre l'environnement mondial. Cependant, les modifications du climat sont non linéaires et discontinues (variabilité climatique) avec néanmoins une tendance générale qui révèle dans certaines zones semi-arides d'Afrique une hausse des températures et une diminution des précipitations. Les manifestations des changements climatiques sont nombreuses ; les plus manifestes étant l'élévation du niveau des mers, les événements climatiques extremes, la destruction de la couche d'ozone et la perturbation des écosystèmes naturelles.

L'évaluation des impacts de ces changements climatiques doit être basée sur une approche intégrée du fait de leurs dimensions multisectoriel, multidisciplinaire, et multi institutionnel, (Adejuwon et al., 2001). Il faut alors éviter les formes d'évaluation formelle en se basant sur une série d'hypothèses plus explicite que l'approche unilatérale traditionnellement admise. Puisqu'il s'agit de questions complexes, il faut tenir compte à la fois de la complexité structurelle (nombre d'éléments en jeu) mais aussi de la complexité auto-organisationnelle (les rétroactions et réactions du système). Il est donc important de comprendre la nature de ce phénomène dans sa dynamique et ses différentes dimensions en rapport avec les modes de vie actuels fortement dépendants des ressources naturelles. An Afrique, l'impact des changements climatiques affectent plusieurs secteurs de productions et affectent directement les populations dites vulnérables.

Au Sénégal, les modes de vies des populations locales sont essentiellement basés sur le profit et les services qu'on peut tirer des ressources naturelles. Les changements climatiques affectent par conséquent les bases du développement durable, constituant ainsi un facteur central dans l'appauvrissement des populations locales.

Conscient de la gravité du risque et ses implications sur la vie des populations, la communauté des chercheurs a, à partir des années 1980, attiré l'attention sur la variabilité climatique observée depuis des décennies. Les premières initiatives prises par les Nations Unies pour prendre en compte cette menace est la mise en place d'un Groupe International d'Experts pour l'Etude Climat (GIEC ou IPCC) en 1988. Le mandat de cette structure était de coordonner les recherches scientifiques pour donner des preuves des hypothèses et incertitudes liées au changement climatique. Les résultats obtenus ont imposé l'urgence d'une décision au niveau international pour réduire les émissions de gaz nocifs. La conférence de Rio en 1992 a donné naissance entre autres à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), consolidée lors de la Troisième Conférence des Partis (COP3) par la signature du Protocole de Kyoto en 1997.

Dans la mise en ~uvre de la CCNUCC, l'Afrique est comptée parmi les zones où la végétation naturelle peut contribuer à une émission de carbone par des processus de dégradation (feux de brousse, déforestation, érosion) ; ou de séquestration si des activités sont menées en termes de reforestation et de reconstitution des terres dégradées. Cette perception a entraîné une attention particulière sur les capacités de fixation de carbone par les forêts et les savanes tropicales d'Afrique. Des études récentes sont menées pour documenter les capacités des sols et de la végétation des zones de savane comme puits de carbone et leur possible contribution à l'atténuation du changement climatique (Tiessen et al., 1998; Fearnside, 2000; Gifford et Howden, 2001; San-Jose et al., 2001; San Jose, 2001; Woomer et al., 2001; Manlay et al., 2002; Thenkabail et al., 2002; Ardo et Olsson, 2003; Feral et al., 2003; Archer et al., 2004; Li et al., 2004; Dezzeo et Chacon, 2005; Mbow, 2005).

Depuis son approbation par la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (CNUED) tenue à Rio en 1992, la Convention n'a pu avoir un caractère opérationnel qu'avec le Protocole de Kyoto de 1997 qui a inscrit entre autres mécanismes de flexibilité celui appelé Mécanisme de Développement Propre (MDP). Ce mécanisme est le seul qui interpelle directement les pays en voie de développement. Le MDP devrait être à la fois un instrument juridique et un cadre d'action pour promouvoir le développement durable. Le MDP nécessite d'une part une réduction des émissions de gaz par des alternatives techniques non consommatrices d'énergie, d'autre part par la promotion de la fixation de certains gaz par des puits naturels pour résorber le surplus et ramener les taux de gaz net de l'atmosphère au minimum acceptable. Les orientations de ce MDP au niveau des écosystèmes de savanes consistent à promouvoir des puits substantiels de carbone par la foresterie et la restauration des écosystèmes dégradés (Aukland et al., 2002).

Ainsi, parmi les nombreuses initiatives prises, celle consistant à réduire les dégagements de gaz carbonique a retenu l'attention de plusieurs chercheurs et décideurs. C'est à la COP7 de Marrakech en 2001 que la question de la séquestration du carbone a été officiellement reconnue comme une option pertinente pour atténuer le taux de carbone dans l'atmosphère. A partir des estimations fournies par la recherche, il a été montré que cette séquestration pourrait contribuer à une réduction de 25 % de carbone si des mécanismes efficaces étaient mis en ~uvre. Cependant, compte tenu du fait que les pays industrialisés sont responsables de 80 % des émissions de gaz carbonique, la voie de la réduction par les mécanismes de flexibilité du Protocole de Kyoto, est devenue une pierre angulaire et un enjeu de la géopolitique environnementale actuelle. Pour les pays en voie de développement, le principal défi réside dans le contrôle des échanges de carbone entre le couvert végétal et l'atmosphère. La végétation en général est impliquée dans ce mécanisme à deux titres (Riedacker, 2004) :

· d'une part, la photosynthèse qui conduit à une fixation de CO2 fait de la végétation un important puits de carbone, mais la décomposition de la matière organique en libère.

· d'autre part, les processus de dégradation des terres comme la déforestation et la désertification modifient le bilan de carbone.

Il faut toutefois noter que 40 % des émissions totales de carbone sont absorbées par la végétation terrestre (Campagna, 1996; Ciesla, 1997; Lippke et al., 2003) et ~50 % de la végétation forestière est constituée de carbone (Brown, 1997). Ainsi le `puits manquant'1 qui constituent un espoir de réduction significative des gaz à effet de serre se trouverait au niveau de la végétation terrestre. Cependant, dans les savanes tropicales les quantités de carbone contenues dans le sol sont supérieures à celles de la végétation selon plusieurs études (Elberling et al., 2002; Ringius, 2002; Touré et al., 2002; Bartel et al., 2004; Dumanski et al., 2004; Evrendilek et al., 2004; Wander et Nissen., 2004; Zhao et al., 2004; Vagen et al., 2005; Nsabimana et al., 2008). Mais du fait de l'absence de données sur la végétation, les estimations sur leur contenu en carbone demeurent approximatives et restent à être complétées par des mesures quantitatives in situ.

Les travaux existants portent cependant pour la plupart sur les stocks de carbone du sol. Ce dessein scientifique est lié au fait que les sols tropicaux présentent des stocks de carbone supérieurs à ceux de la biomasse végétale. Il faut toutefois noter que l'équilibre de ces sols et le maintien durable de leur capacité de séquestration de carbone passe par une bonne

1 Lorsqu'on fait le bilan des émissions, absorptions de carbone par les activités humaines (combustion de carbone fossile, déforestation et reforestation) et des absorptions par les océans, on n'obtient pas ce qui s'accumule chaque année dans l'atmosphère. Il manque un "puits", qui serait responsable de l'absorption du reliquat.

conservation de l'élément protecteur majeur qu'est la végétation subséquente et qui constitue le début du cycle du carbone à travers la photosynthèse. Il est important alors d'orienter la recherche sur les principaux facteurs structurants de la dynamique écologique de ces savanes pour mieux cerner les atouts et les contraintes pour une plus grande séquestration du carbone atmosphérique.

Les tentatives récentes de prédiction des changements climatiques en relation avec l'évolution du couvert végétal fournissent des scénarios divergents. L'analyse proposée par Sitch et al., (2008) montre une tendance à l'augmentation des températures en Afrique de l'Ouest, mais une grande divergence dans la prédiction des précipitations. Ces deux paramètres centraux à l'analyse de la variabilité climatique ont des impacts sur la dynamique de la végétation. Il est donc important d'opérer un suivi plus détaillé et continu des savanes en Afrique de l'Ouest en relation avec la variabilité climatique.

Les savanes ont été étudiées beaucoup plus au en Amérique du Sud et en Australie, mais les caractéristiques de ces savanes sont différentes de celles de l'Afrique de l'Ouest. Aussi est-il difficile de tirer des conclusions et de fonder des théories solides sur l'état et la dynamique du carbone de ces écosystèmes sans compléter le tableau avec l'étude des savanes Africaines.

Au Sénégal, on a observé une forte dégradation de la végétation liée à de nombreux facteurs naturels et anthropiques. La variabilité de la pluviométrie est un élément important dans ce processus, mais il est essentiel de considérer les facteurs humains comme l'exploitation du bois, la dynamique des espaces agraires, les feux de brousse, etc. Les conséquences directes et indirectes de cette dégradation de la végétation ligneuse sur le bilan du carbone sont peu connues. Cependant, il est certain que la réduction de la dégradation de la végétation ligneuse pourrait contribuer, à travers une gestion durable des ressources naturelles, d'une part à réduire la quantité de carbone libérée par la décomposition de la matière organique et d'autre part à l'augmentation de la capacité de séquestration du carbone atmosphérique par la végétation naturelle régénérée. L'une des recommandations de IPCC répond de cette nécessité de mener des activités de reboisement pour améliorer le taux de fixation de carbone dans les zones où il possible d'en faire (IPCC, 1996; 2000).

Ainsi, la CCNUCC, à travers les MDP du Protocole de Kyoto a, pendant ces dernières années, suscité un grand enthousiasme auprès des pays semi arides qui y voient une possibilité d'améliorer l'environnement à travers une augmentation des surfaces forestières tout en bénéficiant des crédits de carbone mis en place à travers des instruments financiers internationaux.

Pour tirer le meilleur profit de ce marché, il faut cependant se soumettre à une comptabilité précise des stocks et des processus qui influencent le bilan du carbone. C'est à ce niveau que se posent plusieurs problèmes pour l'Afrique. Les écosystèmes de savanes ne sont pas connus sous l'angle du carbone. Les études forestières sont plutôt conduites sous l'angle du potentiel ligneux pour le commerce du bois, de la qualité des sols et de la biodiversité. Il est important de mentionner qu'un grand nombre de résultats d'analyse écologiques ou botaniques peuvent être réutilisés dans l'analyse du carbone. Les données d'inventaire, les processus de dégradation, l'érosion de la biodiversité, les prélèvements annuels, les espèces ciblées par l'exploitation sont en effet autant de données utiles dans l'étude du carbone.

Ce travail, mené dans la moitié sud du Sénégal, intègre des données secondaires et des données biophysiques sur le suivi de la végétation ligneuse qui ont permis d'estimer les stocks et la dynamique du carbone dans les savanes soudaniennes et soudano-guinéennes du Sénégal. Nous partons ainsi de l'exemple de six (6) Forêts Classées représentatives de ces écosystèmes pour mener les analyses. Il s'agit des Forêts Classées de Bala, Kantora, Mampaye, Ouli, Patako et Wélor. Ces sites sont caractérisés par la présence de savanes soudaniennes et soudano-guinéennes qui ont été inventoriées dans le cadre du projet ENRECA, DAN N° 104. Dan. 8L/203-DANIDA et les travaux de (Sambou, 2004) livrent des informations précieuses sur leur état. Pour les aspects humains un glissement en milieu de terroir entre Kaffrine et Koungheul a permis d'appréhender les impacts de la dégradation forestière sur la vulnérabilité des populations locales et la dynamique du carbone en milieu agricole.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon