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Potentiel et dynamique des stocks de carbone des savanes soudaniennes et soudano- guinéennes du Sénégal

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par Cheikh Mbow
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Doctorat d'état en sciences 2009
  

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Section 9.05 Conclusion et discussions

Ce chapitre montre à la fois la complexité de l'analyse dendrochronologique des échantillons tropicaux, mais aussi le potentiel de cette méthode pour la datation de certaines espèces et le suivi de la croissance des arbres. La mise en relation entre la croissance des cernes et la pluviométrie montre qu'il n'est pas aisé d'établir une relation significative. La raison est liée à l'importance d'autres facteurs comme les feux de brousse, l'ampleur des sécheresses, la compétition entre espèces, la nature du sol et l'enracinement des arbres. Le caractère erratique de la contribution de ces différents facteurs ne facilite pas le développement de modèles ou la structuration de théories robustes sur la croissance des espèces de savanes. Le rythme de croissance des individus échantillonnés montre le plus souvent une contradiction avec certaines théories écologiques qui admettent que les jeunes plantes croissent plus vite que les adultes. Dans les écosystèmes de savane, la croissance des arbres dépend de la combinaison de plusieurs facteurs, dont certains sont favorables et les autres sont des contraintes au développement des plantes. Ainsi, chaque essence réagissant différemment aux nombreux facteurs qui déterminent la croissance, il est donc nécessaire de les traiter séparément et avec beaucoup de précautions.

Il y a des cas d'extrême difficulté de lecture due à la densité de succession des cernes qui rend incertaine la limite de chacun d'entre eux. Les travaux de Worbes (1995) soulignent que les cernes annuels sont plus nets quand on a une année pluviométrique monomodale et courte de 2-3 mois. Dans les écosystèmes où les précipitations annuelles sont bimodales on a tendance à avoir deux cernes (cas de l'Afrique de l'Est et de pays comme la Côte d'Ivoire). Dans les zones équatoriales où la distinction des saisons n'est pas nette, les cernes observés ne peuvent pas être connectés à la variabilité du climat (Worbes, 2002). Dans certains cas, la formation des cernes est liée à l'occurrence de la crue qui, du fait de l'immersion permanente entraîne des conditions d'anoxie qui réduisent l'activité racinaire, ce qui entraîne une dormance du cambium (Worbes, 1995) du fait du déficit d'eau. Les analyses de Daniellia oliveri par Tarhule et Hughes (2002) montrent une présence de doubles cernes qui alternent avec les séquences de cernes nets. Certaines difficultés liées aux blessures sur les troncs ont été signalées par Worbes (1995) et Tarhule et Hughes (2002). Avec l'impact de l'exploitation de l'homme (bois, écorce, feux de brousse), certains cernes sont très flous, ou incomplets.

Pour certaines espèces comme Isoberlina doka, les cernes développés en période de sécheresse sont très proches pour être discriminables. La sécheresse peut entraîner aussi des déviations ou fusions de cernes qui s'opèrent de façon irrégulière.

Les études en Afrique de l'Ouest de Tarhule et Hughes (2002) révèlent que la potentialité d'utiliser les cernes pour l'analyse de la croissance des arbres donne des performances variables selon les espèces. Ces auteurs ont ainsi identifié trois catégories d'espèces. Celles qui permettent d'avoir de bons résultats comme Cassia sieberiana, Cordyla pinnata, Daniellia oliveri, Isoberlina doka, Tamarindus indica, Acacia seyal et Gmelina arborea ; et celles qui donnent des résultats passables comme Afzelia africana, Burkea africana, Detarium microcarpum, Acacia polyacantha, Boscia senegalensis, Prosopis africana, Pericopsis laxiflorus.

Selon cette étude, il existe une liste d'espèces qui ne permettent pas d'analyser de façon adéquate les cernes des arbres. Dans ce groupe on note Lannea acida, L. microcarpa, L. velutina, Sclerocarya birrea, Bombax costatum, Bauhinia rufesencs, Anogeissus leiocarpus, Combretum glutinosum, C. micranthum, C. nigricans, C. paniculatum, Terminalia laxiflora, T. macroptera, Diospyros mespiliformis, Hymenocardia acida, Strychnos spinosa, Khaya senegalensis, Faidherbia albida, Acacia macrostachya, Dichrostachys cinerea, Parkia biglobosa, Entada africana, Ficus sp., Pterocaprus erinaceus, Crossopteris febrifuga, Mitragyna inermis, Gardenia sp., Vitellaria paradoxa, Sterculia setigera, Vitex doniana et Balanites aegytiaca.

Nous notons cependant, à travers les analyses faites dans ce travail que quelques unes des espèces jugées comme peu utiles pour l'analyse dendrochronologique, ont un réel potentiel pour la datation et l'analyse de la croissance des cernes : il s'agit de Combretum glutinosum, Terminalia macroptera, Acacia macrostachya et Pterocaprus erinaceus. La différence avec les autres auteurs peut être liée à la nature des sites étudiés et les différences dans le déroulement des saisons pluviométriques. En effet dans de nombreuses zones tropicales on observe deux saisons des pluies qui font que les cernes annuelles sont difficilement décelables ; ce n'est pas le cas des zones soudaniennes et soudano-guinéennes.

Une autre source de différence sur les résultats s'articule autour de la méthode d'analyse. Tarhule et Hughes (2002) ont utilisé des échantillons par carottage qui présentent moins de détails que les disques prélevés sur des troncs. Mais il est évident que la plupart des espèces de savanes citées dans leur travail présente des niveaux de difficultés variés, pour l'analyse dendrochronologique. Selon Tarhule et Hughes (2002), les Caesalpiniaceae donnent souvent de bons résultats.

Cependant, Worbes, (2002) a donné un tableau détaillé qui évalue la discrimination des cernes en fonction de la position de ces derniers par rapport au centre du tronc. Il en a conclu que certaines espèces comme Pterocarpus erinaceus, Swartzia sp., Annona sp, ont des cernes nets, alors que d'autres comme Spondias mombin, Ceiba pentandra et Cordia sp, ne permettent aucune analyse dendrochonologique avec les technologies actuelles. Entre ces deux extrêmes on a des espèces qui sont datables malgré quelques difficultés.

L'une des difficultés de la dendrochronologie tropicale réside selon Worbes (2002) sur l'asynchronie phénologique des espèces. Certaines espèces perdent les feuilles de façon prématurée et d'autres tardivement. La présence de feuilles sur l'arbre est un indicateur de la dynamique de la photosynthèse qui est la base de l'assimilation et de la production de biomasse. Les travaux de Chhin et Wang (2008) montrent aussi que pour les écosystèmes boréaux la croissance des cernes dépend de l'activité de production foliaire qui s'initie une année et se développe l'autre année. Donc une année bien pluvieuse se traduit par une forte croissance des cernes, mais une année après (décalage temporel). Les analyses que nous avons effectuées, montrent l'absence de corrélation entre les précipitations annuelles ou mensuelles avec la croissance des cernes. Un déplacement des données de cernes d'une année n'aide pas pour autant. Donc l'hypothèse du décalage peut être valable mais ne correspond pas systématiquement à une année ou un à nombre d'année précis. Chhin et Wang (2008) ont essayé de corréler les précipitations à la superficie des bandes de cernes, mais dans le cas des savanes, l'irrégularité des tracés des cernes rend cette option très délicate à opérer.

Dans les analyses, on a aussi testé la relation entre la croissance des cernes et les précipitations du mois d'aoflt. Le résultat n'est pas différent de celui avec les précipitations annuelles. La raison est que les précipitations annuelles sont très largement dépendantes des précipitations du mois d'aoflt. La température n'étant pas un facteur limitant sous les tropiques, cette donnée n'a pas été testée dans cette analyse.

Pour obtenir une bonne interprétation des cernes dans les écosystèmes de savane, il faudra faire une analyse mixte de plusieurs espèces, à plusieurs ages pour atténuer l'anastomose des cernes due aux facteurs évoqués.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry