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Etude des dents de caprinés de l'ensemble moustérien de l'abri Pié Lombard (Alpes Maritimes )

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par Cindy Causse
Université Aix-Marseille 1 - Master 1 archéologie et histoire de l'Art 2009
  

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3.5 Discussion

L'étude de l'estimation de l'âge des individus indique que tous les stades d'éruptions sont présents dans la série dentaire de Pié Lombard. Pour chaque stade une fourchette d'âge a été déterminée (Couturier, 1962) à partir des mois de naissance de juin - juillet (fig.34). On remarque ainsi que toutes les saisons sont représentées dans l'assemblage. Cela indique que plusieurs épisodes de dépôts ont eu lieu, mais ne nous renseigne pas sur l'origine ni la durée de l'accumulation. L'étude de la saisonnalité de l'ensemble moustérien qui rassemble plusieurs niveaux de dépôts ne nous éclaire pas sur l'origine de l'accumulation osseuse car elle ne permet pas la mise en évidence d'un comportement d'acquisition saisonnier.

Classe d'âge

0 - 4 mois

4 - 12 mois

15 - 24 mois

28 - 30 mois

Mois

Juin - octobre

Octobre - juin

Septembre - juin

octobre - décembre

Saison

Eté -automne

Automne - hiver - printemps

Automne - hiver- printemps

Automne - hiver

NMIc

2

4

4

7

Figure 34: NMIc des juvéniles et des subadultes en relation avec les mois et saisons (d'après Couturier, 1962)

Nous avons vu que la sous-représentation des classes d'individus jeunes et âgés peut être liée à des problèmes méthodologiques et taphonomiques. Néanmoins si les vieux individus sont si peu représentés c'est peut être aussi parce qu'ils ne fréquentent plus les hardes familiales et de célibataires, choisissant une vie solitaire. En supposant que l'accumulation soit d'ordre biologique humain ou carnivore, l'acquisition aurait donc été axée plutôt sur les hardes que sur des individus faibles et isolés. On peut même aller plus loin si on prend en compte la nombre important d'individus subadultes qui n'ont pas encore atteint leurs maturités sexuelles qui composent les hardes familiales de femelles suitées, et qui pourrait alors suggérer une chasse préférentielle de ces groupes. Cependant au vu des nombreuses contraintes liées à la nature de l'accumulation, ces interprétations ne peuvent rester que dans le domaine du théorique.

L'origine de l'accumulation reste donc incertaine. Elle peut être naturelle, les animaux peuvent avoir été pris au piège à cet endroit puis exploités dans un second temps par les carnivores et les humains. Nous avons l'exemple à la grotte de l'Hortus (Hérault) datée de l'OIS 3 qui présente un assemblage faunique très riche en bouquetin avec un NR (nombre de reste) de 1766 qui représentent 103 individus (Pillard, 1970). Certaines couches présentent un assemblage de squelettes de bouquetins complets et en places qui indique que ces animaux sont morts naturellement dans un piège. Cependant ces squelettes ne présentent aucune trace d'une exploitation postérieure par les hommes ou par les carnivores. En Ardèche, la grotte des Pêcheurs (paléolithique moyen et supérieure) présente aussi un assemblage très riche en bouquetin (Capra ibex) avec 1536 restes identifiés et un NMI de 39 individus et en carnivores (320 restes) principalement composé de loup et d'hyène (Moncel et al, 2008). Les traces d'une exploitation par les hommes (présence d'une zone de combustion et d'une industrie lithique) et par les carnivores (traces de crocs, absence de petits os comme les carpes et tarses) posent la question de l'origine de l'accumulation. L'étude de la topographie de la grotte et de ces alentours complétée par l'analyse archéozoologique des restes d'herbivores permet d'avancer l'hypothèse d'un piégeage naturelle comme à la grotte de l'Hortus. Les restes de bouquetin ont été retrouvés dans ce qui semblait être une sorte d'aven (secteur 4 : paléolithique moyen) avec toutes les parties du squelette représentés. Nous avons vu que parfois les hardes se réfugient durant les intempéries dans des abris rocheux, à la grotte des Pêcheurs les bouquetins du secteur 4 ont pu vouloir se réfugier dans cette cavité et s'aventurer trop profondément dans la grotte au point de se retrouver piégés. Les hommes et les carnivores auraient donc eu accès secondairement à ces carcasses. Les restes de carnivores appartiennent majoritairement à de vieux individus qui se sont probablement isolés pour mourir en paix. La grotte ne semble pas avoir servie de tanière. La présence humaine est attestée par la présence d'une zone de combustion et de rares vestiges lithiques, ceux-ci ont pu aussi trouver refuge dans la grotte. Ces deux gisements présentent quelques similitudes avec l'abri Pié Lombard. Ils sont situés à environ 200 mètres d'altitude dans un environnement très escarpé composé de plateaux et de falaises, idéal pour les bouquetins qui domine dans l'assemblage osseux ; les vestiges lithiques sont peu nombreux et surtout composés d'outils. Cependant à Pié Lombard l'exploitation des ossements d'herbivores par les hommes et les carnivores semblent plus intense et la présence du cerf dans l'assemblage (35,4%) peut sous entendre une acquisition biologique du gibier. En effet si on considère la position géographique de la grotte et sa difficulté d'accès, il est peu probable que ce lieu ait été visité par les cerfs, leurs présences serait donc du à une acquisition biologique ? Cela ne prouve pas

de manière évidente que les agents biologiques sont seuls responsables de l'accumulation osseuse, mais semblent jouer un rôle plus important que dans la grotte de l'Hortus et des Pêcheurs.

Une étude de la représentation anatomique du squelette du bouquetin et du cerf pourrait apporter des informations complémentaires sur ce sujet, elle pourrait mettre en évidence d'éventuelles stratégies de transports ou l'exploitation différentielle des carcasses. Ce qui constituerait un témoin de la contribution humaine dans l'accumulation osseuse. Les restes dentaires de capriné n'apportent pas de réelles informations quant au rôle et à l'impact humain sur l'assemblage. L'étude archéozoologique du postcrânien : représentation squelettique, étude de la fragmentation des os longs et des fractures, des traces de découpes, des traces de crocs etc. pourrait nous éclaircir sur la contribution humaine et carnivore concernant l'origine de l'assemblage et la fréquence de l'exploitation.

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