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Etude des dents de caprinés de l'ensemble moustérien de l'abri Pié Lombard (Alpes Maritimes )

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par Cindy Causse
Université Aix-Marseille 1 - Master 1 archéologie et histoire de l'Art 2009
  

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2.1.3 Le tahr

Les deux espèces fossiles qui ont peuplé la France sont Hemitragus cedrensis et Hemitragus bonali. Au début du Pléistocène moyen c'est H. jemlahicus qui migre depuis l'Asie (Tibet) donnant naissance à une nouvelle espèce H. bonali. La période du Riss constitue une période de transition avec la disparition d'H. bonali et l'apparition d'H. cedrensis. C'est au début du Riss III que l'on identifie Hemitragus cedrensis. Au cours de l'interglaciaire du OIS 5e on assiste à une raréfaction de cette espèce, à peu près à la même époque où C. ibex commence à s'installer dans la région (Crégut-Bonnoure, 2002). Les deux espèces seraient-elles rentrées en compétition ? Le stade isotopique 5 marque la disparition du tahr dans la région provençale et en France. Il semble donc peu probable que celui-ci soit présent dans l'assemblage du gisement de Pié Lombard qui se situe durant la période d'expansion du genre Capra et d'extinction du genre Hemitragus. Cependant si cette espèce est identifiée à Pié Lombard il s'agirait vraisemblablement d'H. cedrensis.

2.1.4 Capra et/ou Hemitragus ?

Nous allons d'abord vérifier à l'aide de critères morphologiques si Hemitragus est présent dans la collection. En prenant en compte la situation géographique du site (les AlpesMaritimes) et la période (OIS 5) pendant laquelle a eu lieu l'accumulation osseuse, nous allons effectuer une comparaison morphologique entre Capra ibex et Hemitragus cedrensis.

Il n'est cependant pas impossible que Capra caucasica est aussi fait partie du cortège faunique de cette région à cette époque, mais là aussi certains critères de distinction morphologique permettent d'écarter cette éventualité. En effet chez C. ibex la P2 est biradiculée et le métaconide de la P3 dilaté ; alors que chez C. caucasica la P2 est triradiculée et le métaconide de la P3 rarement dilatée (Crégut-Bonnoure, 2002). A Pié Lombard toute les P2 sont biradiculée à l'exception d'une seule dent triradiculée, probablement une originalité individuelle et le métaconide de la P3 est dilaté.

En synthétisant les données publiés par P. Fernandez (2006) et E. Crégut-Bonnoure (1992, 2002, 2005-2006) concernant les critères morphologiques de distinction entre Capra ibex et Hemitragus cedrensis, nous sommes en mesure de juger de l'absence ou de la présence d'Hemitragus dans la collection (fig. 6 et 7)

2.1.4.1

Dentition supérieure

Hemitragus cedrensis :

P2/

M1/

- Racine en position mésio -linguale plus développ

é et avance du côté linguale - Racine de la face distale

peu étendue

M3/

- Dent parfois triradiculée.

- Echancrure vestibulo-

linguale diagonale

marquée (1)

-

Face vestibulaire le parastyle et le mésostyle dessinent un « V » (3)

- Présence d'un renflement baso-linguale du lobe distal

- Obliquité baso-linguale

de la surface du

lobe distal marquée

3

Face vestibulaire

Face occlusale

1

Capra ibex :

P2/

M1/

-

Racine linguale en position nettement mésiale et un peu moins de la moitié du lobe distal

-

Racine distale volumineuse

M3/

-

Développement important du lobe de l'aile métastylaire (4)

-

Obliquité de la surface du lobe distal modérée

- Dent biradiculée.

-

Face mésiale très échancrée au niveau de la couronne (2)

2

Face linguale

Face linguale

4

Figure 6

: Critères de distinction morphologique entre Capra ibex et Hémitragus cedrensis pour la dentition -Bonnoure, 2002 et 2005-2006).

supérieure (d'après Fernandez 2006 et Crégut

2.1.4.2 Dentition inférieure

Hemitragus cedrensis :

Capra ibex :

P/3

-

-

Sillon vestibulo- linguale marqué

Présence d'un renflement basal modéré de

l'entoconide et du paraconide du lobe distal en face vestibulaire

P/3

- Sillon vestibulo- linguale peu profond

- Présence d'un renflement basal sur le bord

distal marqué

P/4

-
-
-

-

Absence d'un renflement basal du lobe distal Dilatation du métaconide limitée

Entoconide très peu visible

Sillon distal peu visible

P/4

-
-
-

-

Présence d'un renflement basal du lobe distal Dilatation du métaconide marquée

Dilatation de l'entoconide réduit

Sillon distal large et obliquité marquée de la surface linguale du lobe distal v ers le milieu de la dent

M/1

-

Sur la face linguale présence d'un creusement vers la base de la couronne (1)

1

Face linguale

M/1

-

Absence de creusement en face linguale

Face linguale

M/3

-

Le bord distal du dernier lobe est étroit dans sa partie supérieure (2) et présente un renflement dans sa partie inférieure (3)

2

3

Face vestibulaire

M/3

-

Le bord distal du dernier lobe est épais sur toute sa hauteur (4)

4

Face vestibulaire

Figure 7

: Critères de distinction morphologique entre Capra ibex et Hémitragus cedrensis pour la dentition -Bonnoure, 2002 et 2005-2006).

inférieure (d'après Fernandez 2006 et Crégut

Les vestiges dentaires de Pié Lombard sont clairement de type Capra ibex. Notamment d'après l'observation des particularités morphologiques des P2 et M3 supérieures et des P4, M1 et M3 inférieures. Les clichés photographiques des tableaux ci-dessus représentent le matériel dentaire des caprinés de Pié Lombard. Certains critères ont été plus discriminants que d'autre, comme par exemple la présence chez Capra ibex d'une aile métastylaire plus développée sur les M3, d'un sillon distal plus large sur les P4, ou encore de l'absence d'un creusement vers la base de la couronne sur la face linguale des M1.

Cependant durant le OIS 5 de part et d'autre du Rhône, deux sous espèces de C. ibex ont été identifiées (Crégut-Bonnoure, 1992) : C. ibex cebennarum et C. ibex ibex. Le premier a été identifié à l'ouest du Rhône dans les gisements des Pêcheurs (Ardèche), à la Sartanette (Gard) et à Mialet (Gard) et présente un morphotype dentaire différent de celui de son contemporain C. ibex ibex. La différence morphologique se situe au niveau des molaires avec un raccourcissement des deux premières molaires et un développement de la troisième chez C. ibex ibex. Cette différence prouve certainement l'absence d'échange est-ouest de l'axe Rhodanien. (Crégut-Bonnoure, 2002)

Les comparaisons métriques effectuées entre les dents de Capra (sur des individus adultes) de l'abri Pié Lombard et de la grotte des Pêcheurs montrent que la longueur et la largeur occlusale maximale sont nettement supérieures chez Capra ibex cebennarum de la grotte des Pêcheurs que chez Capra ibex de l'abri Pié Lombard pour les dents jugales définitives supérieures (fig.35 et 36). Pour les dents jugales définitives inférieures on observe que la longueur occlusale est supérieure chez Capra cebennarum mais elle est beaucoup moins marquée que sur les dents supérieures alors que la largeur occlusale est quasiment comparable avec cependant une très légère supériorité pour les dents de la grotte des Pêcheurs (fig. 37 et 38). En d'autre terme, cette comparaison soutient l'existence à cette époque (OIS 5) de deux morphotypes : Capra cebennarum qui occupe un territoire à l'ouest du Rhône et qui, d'après les études morphologiques et métriques, semble posséder une dentition plus robuste que son voisin Capra ibex ibex qui évolue à l'Est du Rhône. Le bouquetin de Pié Lombard est vraisemblablement Capra ibex ibex.

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