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Les contraintes de l'action humanitaire dans les situations de conflits armés: cas de la Côte d'Ivoire

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par Trazié Gabriel LOROUX BI
Université de Cocody- Abidjan - Diplôme d'études supérieures spécialisées en droits de l'homme 2006
  

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Section 2 : L'influence incendiaire des médias sur la crise

La communication est devenue une exigence des temps modernes193(*), un défi. Cette mutation rend les médias incontournables dans la gestion des nations, de leur histoire et de leur guerre. L'analyse de la pratique a montré que les médias ivoiriens sont restés attachés à leurs émotions partisanes à forte coloration politique (paragraphe 1) pendant que les médias internationaux s'en ont fait l'écho de leurs commanditaires (paragraphe 2)

Paragraphe 1 : Le caractère très partisan et séparatiste des médias

Nationaux

Comme toute presse aussi jeune que pauvre, la presse ivoirienne s'est trouvée à un moment crucial de son histoire, tiraillée entre la politique et l'éthique (A) dont les conséquences ont été plus qu'incendiaires, traduisant ainsi son manque de professionnalisme et son irresponsabilité (B)

A : La partialité politique des médias ivoiriens

Mahatma Gandhi affirmait que « Le journalisme devrait seulement viser le bien commun. La presse a du pouvoir. Mais, de même qu'un torrent sortant de son lit dévaste les cultures sur son passage une plume incontrôlée est une plume destructive ». Une presse non canalisée conduit à des dérives.

Il est un fait que les médias peuvent et sont utilisés aux fins de manipulations des débats politiques et toutes leurs publications s'y intéressent largement. Il est cependant un risque permanent que la politique prenne totalement possession des médias à des fins égoïstes autres que celles de servir le peuple en s'écartant de l'éthique et de la déontologie.

La politisation des médias en Côte d'Ivoire, se traduit par une configuration manichéenne de l'espace médiatique194(*). Une dualité qui se manifeste surtout dans la presse écrite, sujette à des conflits virulents sur des questions politiques. Elle se traduit par une constante opposition entre les thèses de barbarie et de  diabolisation, entre  manipulation  et répression. L'affiliation des médias à des partis d'opposition n'était pas le véritable problème. Ce qui l'est par contre, c'est le manque de maturité professionnelle (irrégularité de la périodicité, problèmes techniques...) et journalistique (non vérification des informations, injures voire délation...). Dans la fracture du tissu social, dans l'exacerbation des rivalités politiques, religieuses et tribales, dans la dissémination de la haine, pour tout dire dans la dégradation des relations entre les ivoiriens, les médias ont une grande part de responsabilité. Ils ont par leurs écrits, contribué certainement à lézarder le mur de la cohésion sociale et de l'unité nationale, à accroître le fossé entre les ivoiriens. Pouvaient-ils faire autrement quand on sait qu'ils sont prisonniers de leur environnement ?

La longue nuit du parti unique et de la pensée unique a consacré le triomphe de la presse de révérence. Les journalistes ivoiriens qui portaient la muselière ont cultivé la langue de bois. Se confinant dans un rôle de simple exécutant, de caisse de résonance et de boites aux lettres, ils écrivent sous la dictée de leurs partis et surtout des tenants du pouvoir.195(*)

La floraison des titres, consécutive à l'instauration du multipartisme en 1990 a accouché du printemps de la presse. Car le bâillonnement des médias publics et leur mise exclusive au service du régime du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA) en place, ont conduit l'opposition à se doter d'organe de presse pour véhiculer leurs idées et faire la promotion de leurs activités. Ainsi est née la presse de la propagande ou militante qui a flirté avec le journalisme de poubelle. Les journalistes sont avant tout des militants dont la mission est d'abattre l'adversaire politique. De ce fait à travers les journaux interposés, les hommes politiques continuent de régler leurs comptes, au mépris des règles de déontologie. C'est la consécration du manque de professionnalisme et de l'irresponsabilité du journalisme ivoirien. Le renoncement à la liberté et à l'objectivité des journalistes viendrait aussi de leur situation matérielle. Dans un environnement économique difficile, les médias optent pour un tuteur, et les journalistes, peu ou non payés, deviennent vulnérables et manipulables à souhait. « L'homme qui a faim n'est pas un homme libre ! » avait dit le Président HOUPHOUET-BOIGNY.

L'Histoire aura donné raison, cette fois, au Président Henri Konan BEDIE, qui en son temps, a déclaré qu' « il existe en Côte d'Ivoire une presse poubelle qui menace la stabilité du fait qu'elle n'utilise que la provocation et la diffamation 196(*)». S'il est vrai que les organisations professionnelles locales ont elles-mêmes pris conscience des dérives dans lesquelles la politique a entraîné les médias ivoiriens, il leur est pourtant difficile d'y renoncer. Les journaux ne sont, pour la plupart d'entre eux, que des moyens de lutte politique, à travers lesquels les hommes politiques règlent leurs comptes. Alfred DAN MOUSSA197(*) résume ainsi la situation : « Certains leaders politiques soutiennent, en public, la liberté de presse et le respect de la déontologie pour, ensuite, retourner très vite leur veste dans les salons privés, en finançant des journaux décriés en public et en recevant à déjeuner et à dîner leurs patrons et leurs journalistes ».

L'insécurité grandissante dans le milieu humanitaire du fait des médias a rendu l'action humanitaire plus difficile. Les attentas et les violences contre le personnel humanitaire et l'hostilité de certaines parties au conflit à l'accès des zones conflictuels restent les défis les plus majeurs à relever. Le professionnalisme des médias, s'il avait été observé aurait pu changer la donne.

* 193 AYOUN N'DA Pierre, Moderniser l'Etat africain, les éditions du CERAP, Abidjan 2003

* 194 Diégou Bailly J. les médias dans le conflit ivoirien, in Perspectives : Côte d'Ivoire consolidation d'une paix fragile, actes du colloque international sur la Côte d'Ivoire Université St Paul Ottawa fev 2004, Partenariat Afrique Canada. P38

* 195 Fero Bailly in le jour n°1974 du mardi 16 octobre 2001 p.4, a exposé de l'état de la presse ivoirienne dans le cadre du forum de la réconciliation nationale

* 196 Idinama Kotoudi, Comprendre et traiter la crise en Côte d'ivoire, Institut Panos Afrique de l'Ouest, Faits et documents, novembre 2004, 172 p. commentaire fait à la page 50

* 197 Alfred Dan Moussa est journaliste et Président de l'Observatoire de la liberté de la presse, de l'éthique et de la déontologie en Côte d'Ivoire (OLPED)

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