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La recherche de l'Absolu dans la pensée de Plotin: dépassement du premier moteur d'Aristote

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par Jean Claude NGENZIRABONA NIYITEGEKA
Université catholique d'Afrique Centrale/ institut catholique de Yaoundé - Licence en philosophie 2008
  

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CHAPITRE I : LE PREMIER MOTEUR : ARISTOTE VERS L'ABSOLU

Rompant avec la tradition mythologique et avec l'idéalisme platonicien, Aristote construit son oeuvre sur une forte organisation de la pensée et de l'action. C'est cette oeuvre qui va faire de lui un des fondateurs de la philosophie occidentale. En effet, d'un esprit scientifique et très ouvert aux sciences de la nature telles que la physique et la biologie, Aristote pose l'idée de la nature comme une réalité portant en soi le principe du mouvement, puisque cette nature est le principe même du mouvement ou du changement8(*). Ainsi, partant de cette réalité du changement, Aristote s'efforce de l'expliquer. Mais il n'a pas été ni le premier ni le seul à parler du mouvement, puisqu'une telle conception se distingue déjà de celles de ses prédécesseurs entre autres Anaxagore, Anaximandre, Empédocle et Démocrite9(*). Cependant, par prudence, lui va se rendre compte, dans l'explication des causes du mouvement les unes par les autres, qu'il faut bien s'arrêter quelque part, car « on irait donc à l'infini »10(*).

I.1. La notion du mouvement chez Aristote

Par mouvement, Aristote envisage diverses définitions : Premièrement, le mouvement est pour lui le changement quantitatif tel que la croissance, puis il est aussi un changement qualitatif à la manière des couleurs par exemple ; ensuite, le mouvement se définit chez Aristote comme un changement de lieu, c'est-à-dire un déplacement11(*). Cette dernière définition constitue le véritable mouvement selon la conception la plus répandue. Et, enfin, le mouvement dont il est question dans l'oeuvre d'Aristote est également une transition continue entre deux extrêmes d'une substance dont l'un doit être la privation de l'autre12(*). Il n'est donc pas le remplacement pur, simple et complet d'une chose par une autre qui lui est contraire. A cet effet, il est obligatoirement nécessaire que quelque chose demeure après que n'importe quel mouvement ait eu lieu. Ce quelque chose, cette matière restant intacte suite à un changement, Aristote l'appelle le substrat qui, nécessairement « change du contraire au contraire, puisque ce ne sont pas les contraires eux-mêmes qui se transforment l'un dans l'autre »13(*). En fait, pour Aristote, ce substrat ou cette matière est aussi cause et principe du mouvement14(*).

Dès lors, appliqué à la théorie du mouvement proprement dit, ce substrat devient l'acte puisque tel qu'il se présente, il ne peut en aucun cas être en puissance. Il est plutôt différent de la matière qui le porte en elle, car « la matière qui change doit être en puissance »15(*). Pour Aristote, est en puissance quelque chose qui peut d'un moment à l'autre prendre d'autres formes suivant les dix catégories de l'être que sont la substance, la qualité, la quantité, la position, la possession, la passion, le temps, la relation, l'action et le lieu16(*). Mais, en tant qu'il est substrat, cette substance demeure et devient le responsable principal de tout mouvement, de tout changement qui s'opère dans l'Univers selon la cosmologie aristotélicienne. Mais alors, de quelle nature est cette substance? Pour accéder à celle-ci, Aristote a dû partir d'une étude des notions plus ou moins complexes à détailler : le temps, le mouvement ainsi que les notions de puissance et d'acte.

D'une part, ayant défini le temps comme étant la détermination du mouvement, Aristote affirmait déjà que l'éternité du temps coïncide absolument avec celle du mouvement17(*). Ainsi, pour que cette éternité puisse être mieux comprise, il établit l'existence d'une cause première, génératrice d'un mouvement qui soit éternel. Et, si cette cause est capable d'engendrer ce qui est éternel, c'est qu'elle doit être éternelle. C'est donc cette cause, cette substance qui ne change pas qu'Aristote qualifie de substance éternelle et immobile en opposition à d'autres substances qui sont sensibles ou physiques18(*). D'autre part, partant de la théorie de l'acte et de la puissance, Aristote conçoit le mouvement comme « tout changement [qui] s'effectue de l'Etre en puissance à l'Etre en acte »19(*), et il pense que pour qu'il y ait un mouvement qui soit éternel, « il faut donc qu'il existe un principe tel que sa substance même soit acte »20(*).

C'est pourquoi, après avoir circonscrit sa physique dans une perspective finaliste de la nature où le changement n'est compris que comme l'acte de ce qui est en puissance en toute chose, Aristote se rend compte également qu'il existe au moins un être premier qui soit en acte et duquel prennent source tous les mouvements du monde21(*). Ainsi, ses recherches lui obligent de postuler un Etre premier au-delà de toutes les réalités sensibles, et puisque pour qu'il y ait un mouvement, il faut qu'il y ait nécessairement un moteur qui le produit et ainsi de suite. Aristote précise qu'« il faut donc s'arrêter »22(*) de peur qu'on aille jusqu'à l'infini. C'est ainsi qu'il pose le Premier moteur, source de tous les mouvements. Mais qu'est-ce que ce Premier moteur dans la philosophie d'Aristote ? Quel est son rôle dans l'étude de l'être ou du mouvement ? Ces questionnements nous amènent à la conception métaphysique d'Aristote. Il est question ici de montrer en quoi consiste ce Premier moteur en rapport avec les causes du mouvement par lesquelles Aristote tentera d'expliquer l'origine du monde en général et celle de l'être en particulier.

* 8 Cf. ARISTOTE, Physique III, 1, 200 b 12 - 13.

* 9 Cf. ARISTOTE, Métaphysique Ë, 2, 1069 b 20 - 24.

* 10 Ibid., 3, 1069 b 36 - 1070 a 4.

* 11 Cf. ARISTOTE, Physique V, 1, 225 b 35 - 40

* 12 Cf. Ibid., III, 1.

* 13 ARISTOTE, Métaphysique Ë, 2, 1069 b 6.

* 14 Cf. Ibid., Á, 3, 938 a 29 - 30.

* 15 Ibid., Ë, 2, 1069 b 14.

* 16 Cf. ARISTOTE, Physique V, 1, 225 b 37.

* 17 Cf. ARISTOTE, Métaphysique Ë, 6, 1071 b 8 - 11.

* 18 Ibid., 3 - 5.

* 19 Ibid., 2, 1069 b 15.

* 20 Ibid., 6, 1071 b 20.

* 21 Ibid., 19.

* 22 Ibid., 3, 1070 a 4.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote