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Acteurs et interactions autour des ressources halieutiques du Parc National de la Salonga. Cas de l'exploitation de la rivière Luilaka en RDC

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par Billy Kambala Luadia Tshikengela
Université catholique de Louvain - Master complémentaire en développement environnement et sociétés 2009
  

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2.1.3. Extension du Parc National de la Salonga et sa mise en oeuvre

Comme nous l?avons souligné au point précédent, le projet du Parc National devait initialement se réaliser sur une étendue d?environ 14. 790 km2, mais le refus par plusieurs entités foncières de céder les droits indigènes fit que le futur Parc National de Monkoto ne soit créé que sur un seul territoire (de Monkoto), et inclus dans les limites naturelles formées par les rivières Salonga, Yenge, Belita, Lotohumbele et Luile et d?une superficie d?environ 6.475 km2.

Or, il était déjà prévisible qu?avec les refus de cession des terres, ainsi que toutes les opérations forcées d?indemnité lors des enquêtes de vacance des terres, les contestations se feraient sentir lors de la domanialisation de ce bloc. Voici ce que déclare le Ministre de l?Agriculture et du Service Vétérinaire de l?époque dans sa réponse à son homologue de Terres et Mines à Coquilhateville:

«Vos appréhensions, quant à la valeur réelle des enquêtes de vacances, sont parfaitement fondées; il est certain que des contestations vont survenir au moment de la domanialisation de ce bloc.

Je pense que le Gouvernement sera d'accord avec moi pour proposer de suspendre momentanément l'exécution de ce projet. Sa rentabilité économique est d'ailleurs fort douteuse, le manque de voies d'accès pratiques rend sa création très aléatoire.

Je me propose de demander aux autorités de Monkoto d'effectuer une enquéte approfondie à ce sujet. Bien qu'ajourné, ce projet n'est cependant pas abandonné »140.

Ce projet de création d?un Parc National de la Salonga, datant d?avant 1960, fut réalisé par l?Institut pour la Conservation de la Nature au Congo (ICNC), qui avait repris entre autres les activités de l?ancien Institut des Parcs Nationaux au Congo Belge (IPNCB).

Après l?indépendance du Congo, il entra dans les intentions de cet Institut d?augmenter la superficie de ce parc en y incluant la forêt primaire située dans le Nord des territoires d?Oshwé (Bandundu) et Dekese (Kasaï Occidental).

140 Extrait de la lettre N° 500/CAB/145/DV du Ministre de l?Agriculture et du Service Vétérinaire au Ministre de Terres et Mines, du 9 mars 1961

Ainsi les mesures nécessaires pour éviter toute implantation humaine à l?intérieur du périmètre de ce parc furent prises, sans qu?aucune mesure sur les tracés des limites définitives ne soit établie141.

2.1.4. Modes d'acquisition de l'espace

Deux modes furent utilisés dans l?acquisition de l?espace par l?Etat. Il s?agissait de la domanialisation et de l?expropriation. Le premier consistait à déclarer libres de tout droit les terres et les vastes territoires en apparence non occupés, mais qui étaient supposés appartenir aux indigènes et qui servaient de culture itinérante avec jachère longue et comme zones de chasse indispensable à l?équilibre alimentaire. Rappelons que c?est depuis 1960 que la procédure de domanialisation de terres avait été abandonnée.

Or, comme l?explique bien Pourtier dans son étude sur la dialectique du vide, densité de population et pratiques foncières en Afrique Centrale forestière, une réflexion sur les conséquences de sédentarisation à la période coloniale : « ces « vides > ces zones non exploitées au temps « t > sont nécessaires pour permettre aux dynamiques sociopolitiques de fonctionner (fusion et fission des groupes, émergence de la jeune génération, etc.). De même les espaces visiblement occupés et exploités, ces espaces « vides > font partie intégrante de « l'espace vital > des humains et correspondent à des étendues socialisées et historicisées, c'est d'ailleurs là que se trouvent notamment les sites d'anciens villages dont l'appropriation foncière est très importante »142.

Le second mode avait consisté en une dépossession des terres et droits coutumiers par l?Etat, en déplaçant les villages entiers sur des terres de groupements étrangers et en maintenant les populations regroupées de façon à les empêcher de retourner vers leurs anciennes terres, de peur que l?avenir du parc ne soit compromis.

Afin de bien empêcher le retour des populations et d?assurer leur stabilité dans les nouveaux villages, un important programme de travaux publics fut élaboré en leur faveur et dont le coût fut évalué à 17.000 000 francs. C?est comme l?exprime Monsieur Tevissen N., Conservateur en chef des Titres Fonciers du Gouvernement Général du Congo Belge en disant: « J'estime également qu'il

141 Extrait de la lettre N°00325/XX/T.F./DOM/01516 du Secrétariat général de Direction des Titres Fonciers, du 17 décembre 1970.

142 POTIER (1986). La dialectique du vide, densité de population et pratiques foncières en Afrique Centrale forestière, Politique Africaine, 21 :10

faut faciliter dans toute la mesure du possible leur installation aux nouveaux endroits et mettre à la disposition des C.A.C.I. les crédits nécessaires pour rendre les nouveaux villages plus attrayants et confortables que les anciens »143

Mais de tout ce qui avait été prévu, deux travaux seulement furent entrepris, ou sur le point d?être mis en chantier: le dispensaire de Nongo et la route maduo Bompele (3.400.000 frs); en effet la crise budgétaire que traversa le pays à la veille de l?indépendance, rendit la réalisation de ce programme fort illusoire. D?où la difficulté du maintien des villageois déplacés sur des terres de groupements étrangers qui semblaient déjà contester leur présence.

Cette politique était accompagnée d?une épreuve de forces avec des populations dont la surveillance était rendue malaisée, autant par leur dispersion que par l?absence de moyens de communication. Dans ces conditions il ne fait aucun doute que la valeur des enquêtes de vacance considérées, et par le fait même la validité des accords obtenus des populations intéressées, était mise en cause par les indigènes; ou soit que les résultats déjà acquis devaient être invalidés, suite à l?application d?une procédure boiteuse, car les autorités responsables devaient élaborer de nouveaux principes en matière de domanialisation du sol.

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