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Acteurs et interactions autour des ressources halieutiques du Parc National de la Salonga. Cas de l'exploitation de la rivière Luilaka en RDC

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par Billy Kambala Luadia Tshikengela
Université catholique de Louvain - Master complémentaire en développement environnement et sociétés 2009
  

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3.4. Réaction de la population locale

En cas de déplacement forcé et non indemnisé des populations, pudiquement appelé « déguerpissement », le Parc National de la Salonga (au travers l?institution protectrice, l?ICCN) condamne définitivement l?accès aux terres et aux ressources villageoises. La diminution des superficies des terroirs et bien entendu leur déplacement, impliquent de la part des paysans, de modifier leur rapport à l?environnement, de transformer ce que Weber & Reveréret appellent les cinq niveaux d?appropriation de l?écosystème, donc d?adopter de nouvelles représentations de la nature, de nouvelles stratégies d?exploitation, de nouvelles modalités d?accès aux ressources, de nouvelles formes de contrôle de l?accès et de nouvelles façons de répartir ou partager les ressources au sein du groupe163.

Pour ce faire, la possibilité pour les populations d?accéder à des terroirs villageois, des forêts, des zones de chasses, des rivières, ~ implique d?importants repositionnements socioéconomiques et politiques locaux qui mènent à la modification de ces niveaux d?appropriation de l?écosystème.

3.4.1. Perception de la population vis-à-vis du PNS et de ses Partenaires

D?abord, à l?égard des gardes du parc, la population locale dans son ensemble a une mauvaise opinion, due aux multiples tracasseries (extorsion de matériels, instruments de pêche et de chasse) qu?elle subit de la part de ces gardes. Cette même opinion négative se manifeste au travers des relations qui se sont établies entre cette population locale et les gardes de l?ICCN.

En effet, d?après la littérature, plusieurs enquêtes qui se sont déroulées dans le paysage SalongaLukenie-Sankuru, ont révélé la nature tendue des relations qui existent entre les populations riveraines de Monkoto et le PNS et ses institutions, en particulier les gardes de l?ICCN164. La figure 8 à la page suivante reprend les opinions des populations de pêcheurs à propos de leurs relations avec les gardes du Parc.

163 WEBER et REVERERET (1993), cités par Binot A. et Joiris V. (2006) Op.cit.

164 Ici, je fais allusion notamment aux études de WCS 2004, ILAMBU 2005, WWF 2005 et WFC 2006

Photo2: Interview de la population locale. Focus-group homme (Rivière Luilaka) juillet 2006

Figure 8. Opinions des populations de pêcheurs à propos de leurs relations avec les gardes de l'ICCN

Source: Traitement personnel à partir des données de l?étude de Béné C. et al. (2006)

7

L?analyse de ce diagramme montre les mauvaises relations qui existent entre les pêcheurs et les
gardes de l?ICCN. Dans l?ensemble (pêcheurs migrants+locaux), la majorité des pêcheurs (58,5%)

(migrants+locaux)

a indiqué les mauvaises relations avec les gardes du parc, suivie de 30% ayant déclaré de bonnes

he

relations, tandis que 7,5% de cette population de pêcheurs a déclaré avoir des très mauvaises
relations, et seulement 3,8% pensent que leurs relations avec les gardes de l?ICCN sont très

61%

bonnes.

45%

Quant aux pêcheurs locaux, le degré d?opinion négative montre combien l?entente est difficile entre eux et les gardes du parc. Plus de 80% des pêcheurs locaux (soit 71% pour mauvaises, et 9,7% pour très mauvaises), soulignent les relations négatives entre eux et les gardes de parc contre seulement 19,3% de ceux qui jugent ces relations positives, avec respectivement 16,1% pour des bonnes relations et 3,2 % pour des très bonnes relations avec les gardes du parc.

Chez les pêcheurs migrants, plus de la moitié (54,5%) pensent que leurs relations avec les gardes du parc sont normales. Parmi eux, 50% a déclaré que les relations sont bonnes et 4,5% ont indiqué des très bonnes relations avec les gardes de parc. Enfin, environ 45,5% estiment que ces relations sont négatives avec respectivement 40,9% d?opinions pour de mauvaises relations et 4,5% pour de très mauvaises relations.

En conclusion dans l?ensemble de la population des pêcheurs c?est l?opinion négative (66% contre 34%) qui domine, et l?on constate qu?il existe une nette différence entre pêcheurs locaux et migrants, dans leurs opinions respectives par rapport à leurs relations avec les gardes de parc. Les migrants ont tendance à apprécier les relations avec les gardes du parc alors que les locaux manifestent plus de mécontentement que les migrants dans les opinions négatives (80,7% contre 45,5%), et moins de reconnaissance que les migrants pour ce qui est d?opinions positives (19,3% contre 54,5%).

Cette attitude peut s?expliquer par le fait que ce sont les pêcheurs locaux qui subissent le plus d?exactions et de maltraitance de la part des gardes du parc. Un tel traitement ne fait qu?exacerber le mécontentement, tandis que les migrants, pour la plupart, fréquentent la rivière Luilaka pendant la saison (sèche) de pêche et rentrent aussitôt la période terminée, sans subir trop d?exactions.

Ensuite, la même opinion est exprimée à propos du parc et de son partenaire principal (WWF) par la même population, qui estime que l?ICCN qui interdit toute activité dans le parc et exclut de sa gestion les populations riveraines, n?a aucun souci des populations qui revendiquent leurs ressources, et par conséquent le ressentiment les pousse à croire que PNS, « patrimoine mondial » ne leur est profitable que pour accéder aux ressources halieutiques, et que, en dehors de celles-ci, il ne prend soin que des animaux et des plantes.

On peut constater ce mécontentement à travers les citations ci-après qui reprennent les opinions des populations riveraines de Monkoto, tirées d?un rapport sur l?évaluation socio-économique au Parc National de la Salonga, septembre 2009:


· Perception du PNS par les villageois: .x C'est un Patrimoine Mondial, mais sans aucun profit pour nous (la population). Nous ne vivons pas les bienfaits du Parc : c'est un repas par coeur; Le Parc est fait pour qui? Les animaux et les plantes, et non pour les hommes »;

· Perception du PNS par un agent de l?administration: .x Ndako eyambaka bapaya elalaka nzala te (La maison qui reçoit beaucoup de visiteurs ne peut pas connaître la famine), le Parc attire des étrangers »;

· Quant à l?interdiction d?exploiter les ressources du PNS: .x Soki okitisi mwana mabele, lengela mpe biloko mosusu ya koleisa ye (Si vous sevrez l'enfant, il faut prévoir comment le nourrir, d'autres aliments) »;

Eleko oyo ezalaki mpo na biso kozua mbinzo ebele mpenza. Lelo bopimeli biso yango mpe, bolingi kosilisa biso? (c'est durant cette période que nous ramassions dans le parc des chenilles par dizaines de sacs. Aujourd'hui, méme ces chenilles nous ont été refusées. Est-ce notre extermination que vous cherchez? )»;

· Avis d?un villageois sur le WWF et l?ICCN: .x Nous ne connaissons pas le WWF, c'est l'ICCN que nous connaissons. Ils sont tous deux à la base de notre souffrance. Ils ne nous autorisent pas à pêcher ni chasser sur la terre de nos ancêtres, mais eux-mêmes ne s'en privent pas »;

· Avis d?un villageois sur le WWF: .x C'est notre ennemi ICCN qui l'a fait venir: l'ami de notre ennemi est aussi notre ennemi ».

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon