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Perceptions, savoirs locaux et stratégies d'adaptations aux changements climatiques des producteurs des communes d'Adjohoun et de Dangbo au Sud- Est Bénin

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par Clément Olivier CODJIA
Université d'Abomey- Calavi (Bénin ) - Ingénieur agronome 2009
  

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    UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI (BENIN)
    ==*=*=*=*=*=*=*==

    FACULTE DES SCIENCES AGRONOMIQUES (FSA)
    ==*=*=*=*=*=*=*==

    DEPARTEMENT D'ECONOMIE DE SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET DE COMMUNICATION POUR LE
    DEVELOPPEMENT DU MILIEU RURAL (DESAC)

    ==*=*=*=*=*=*=*=

    Perceptions, savoirs locaux et stratégies d'adaptation aux changements climatiques développées par les producteurs des Communes d'Adjohoun et de Dangbo au Sud-Est Bénin

    THESE

    Pour l'obtention du diplôme d'Ingénieur Agronome

    OPTION: Economie, Socio-Anthropologie et Communication

    Présentée et soutenue par

    Clément Olivier CODJIA

    Le 17 Décembre 2009

    Superviseur: Prof. dr. ir. Rigobert C. TOSSOU

    Composition du jury

    Président : Prof. dr. ir. Nestor AHO

    Rapporteur : Prof. dr. ir. Rigobert C. TOSSOU Examinateur : Dr. ir. Pierre V. VISSOH

    UNIVERSITY OF ABOMEY-CALAVI (BENIN)
    ==*=*=*=*=*=*=*==

    AGRONOMICS SCIENCES FACULTY
    ==*=*=*=*=*=*=*==

    DEPARTEMENT OF ECONOMY SOCIO-ANTHROPOLOGY AND COMMUNICATION FOR RURAL
    DEVELOPMENT

    ==*=*=*=*=*=*=*=

    Perceptions, indigenous knowledges and strategies of adaptation to climate changes developed by producers of Townships of Adjohoun and Dangbo in south-east Benin

    THESIS

    Submitted to the requirement of degree of «Ingenieur Agronome»

    OPTION: Economy, Socio-Anthropology and Communication

    Presented and defended by

    Clément Olivier CODJIA

    December 17th, 2009

    Supervisor: Prof. dr. ir. Rigobert C. TOSSOU

    Composition of jury

    Chairman : Prof. dr. ir. Nestor AHO Reporter : Prof. dr. ir. Rigobert C. TOSSOU
    Examinator : Dr. ir. Pierre V. VISSOH

    CERTIFICATION

    Je certifie que ce travail a été réalisé par Clément Olivier CODJIA du Département d'Economie, de Socio-Anthropologie et de Communication pour le développement rural (DESAC) de la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) à l'Université d'Abomey-Calavi (UAC) sous ma supervision.

    Le superviseur
    Prof. dr. ir. Rigobert C. TOSSOU
    Agro-sociologue,
    Maître de conférences des Universités du CAMES
    Enseignant-Chercheur au DESAC / FSA-UAC

    DEDICACES

    A

    la mémoire de ma très chère et regrettée feue Diane Orphélie ZOUNON brutalement rappelée à l'amour du père tout puissant, le Samedi 17 janvier 2009 dans sa vingtième année, je dédie ce travail. Que le seigneur, notre Dieu, te reçoive dans la gloire de son royaume au près de lui.

    Souvenirs éternels !

    REMERCIEMENTS

    En terminant ce travail, il m'est un agréable devoir : celui de saluer et de remercier sincèrement tous ceux qui, de près ou de loin, ont permis sa réalisation en apportant une contribution sous une forme ou une autre. Il y a lieu de garder toute l'humilité nécessaire en mesurant combien je suis redevable de l'extrême sollicitude des uns et des autres à mon endroit.

    En premier lieu, je tiens à faire part à mon superviseur Prof. dr. ir. Rigobert C. TOSSOU de ma profonde et sincère reconnaissance, pour avoir accepté d'encadrer ce travail malgré ses multiples occupations. Votre rigueur scientifique a été une école qui m'a fortement mûri. Vos conseils ont été d'un grand apport pour mes premiers pas de jeune chercheur à travers le processus de production de cette thèse.

    Que le Dr. ir. Simplice D. VODOUHE, chef du Département Economie, Socio Anthropologie et Communication (DESAC), reçoive l'expression de ma sincère reconnaissance pour m'avoir aidé à obtenir le financement de cette étude. A travers lui, j'adresse aussi mes remerciements à tous les enseignants du DESAC pour les sacrifices consentis à notre formation optionnelle. C'est aussi le lieu d'exprimer à tous les autres enseignants de la FSA ma gratitude pour avoir contribué à ma formation d'agronome.

    Toutes mes gratitudes à l'endroit du Prof. dr. ir. Euloge AGBOSSOU, vice-doyen de la FSA et coordonnateur du projet PAAPCES pour avoir accepté de financer ce travail.

    Sincères remerciements à toute l'équipe d'encadrement scientifique du projet PAAPCES: Dr. ir. Houinsou DEDEHOUANOU, Dr. ir. Pierre V. VISSOH, tous enseignants à la FSA, Dr. ir. Hervé GUIBERT Chercheur du CIRAD affecté au CRA-CF, Mr Firmin AMADJI, Agronome Système, chercheur au CRA-Centre, ainsi que Dr. Michel HAVARD.

    Au Prof. dr. Eustache BOKONON-GANTA du Département de Géographie et d'Aménagement du Territoire de la FLASH, Expert sur les questions des changements climatiques, j'adresse mes remerciements pour sa contribution à ce travail à travers toutes les séances d'explications et d'échanges qu'il nous a accordée.

    A l'endroit de mes parents : Barnabé CODJIA et Anne-Marie AZIAKPO CODJIA, je témoigne ma profonde gratitude. Je suis très reconnaissant pour votre constant soutien et encouragement. Trouver ici le résultat de tant d'années de sacrifices consentis à mon éducation. Puissiez-vous être réellement comblés par ce travail.

    Que mes grands frères Anicet et Innocent et mes grandes soeurs Sophie, et Fidèle reçoivent l'expression de toutes mes reconnaissances. Vivement merci pour vos divers soutiens. C'est la preuve que la fraternité qui nous lie est intense.

    A vous mes jeunes frères Alexandre, Ferdinand, Donatien et à toi Donatienne ma jeune soeur, je dis aussi merci pour votre soutien moral. Ceci est pour vous un exemple que vous avez le devoir de surpasser.

    A l'endroit du Dr. ir. Pascaline BABADANKPODJI ASSOGBA, je tiens particulièrement à exprimer ma profonde gratitude pour tous les conseils dont j'ai pu bénéficier de sa part pour l'aboutissement de ce travail. Infiniment merci.

    Aux ingénieurs Désiré AGOSSOU et Rodrigue DIMON, j'adresse mes sincères remerciements pour avoir contribué à ce travail à travers les différents échanges scientifiques que nous avons eus.

    Que mon camarade Stanislas DEKOUN, ayant eu le mérite de conduire cette même étude dans le Département du Mono accepte mes remerciements pour sa collaboration lors des formations du projet PAAPCES ainsi que pour sa solidarité durant les différentes phases de nos recherches.

    A tous mes camarades de la 33ième promotion et plus particulièrement à Christelle CODJIA, Narcisse SENON, Elie PADONOU et Gaston GBEDO, je témoigne toute ma gratitude. Je ne peux oublier tous ces instants plus studieux que ludiques partagés ensemble.

    J'adresse aussi mes remerciements à l'endroit du RCPA d'Adjohoun, Mr Etienne ADANGO, du RCPA de Dangbo Mr Florentin AKPLOGAN et à travers eux tous les agents des deux CeCPA pour l'attention particulière qu'ils ont accordée à ce travail.

    Je ne saurais oublier ici les braves producteurs des villages de Sissèkpa et de Zounta à qui j'adresse mes sincères remerciements pour avoir accepter de se prêter à mes questions.

    Toutes mes reconnaissances à Mlle Jeanne-d'Arc M. AGONZAN, la personne qui m'a le plus soutenu et qui s'est personnellement le plus investi, après moi, dans la réalisation de cette thèse. Merci pour avoir consacré ton temps et ton énergie à l'aboutissement de ce travail . Des fois, les mots ne suffisent point, les gestes non plus, seul le résultat peut en dire long.

    A l'Eternel Dieu Tout Puissant : le commencement et la fin de toute oeuvre humaine, pour m'avoir donné la force et le courage nécessaire pour commencer, poursuivre et terminer ce travail, je dis merci. Merci aussi pour toutes les grâces dont tu ne cesses de me combler. A toi seul, tout honneur et toute gloire !

    RESUME

    Les changements climatiques sont un défi mondial auquel fait face l'humanité toute entière. Les paysans, en dehors des nombreux problèmes auxquels ils sont déjà confrontés, doivent désormais faire face à ce nouveau phénomène. L'adaptation apparait actuellement comme l'une des meilleures alternatives.

    Dans cette perspective, la présente étude traite des perceptions, des savoirs locaux et des stratégies d'adaptation développées par les producteurs des villages de Sissèkpa dans la commune d'Adjohoun et de Zounta dans la commune de Dangbo en réponse aux changements climatiques vécus. Quatre hypothèses ont servi de fil directeur à cette étude : (i) les changements climatiques dans le terroir sont perçus par les producteurs, (ii) les causes attribuées aux changements climatiques sont plus liées aux normes et croyances locales, (iii) les conséquences des changements climatiques varient selon les unités de paysage du terroir et les saisons de culture et, (iv) les stratégies développées face aux changements climatiques diffèrent selon les catégories de producteurs.

    La méthodologie utilisée est une combinaison d'approches de recherche quantitative et qualitative. Les données collectées ont été saisies avec Access pour constituer une base de donnée. Différents outils de traitement de donnée ont été utilisés. Il s'agit d'une part, des statistiques descriptives et analytiques réalisées à l'aide d'Excel et SPSS et d'autre part, des tests statistiques effectués avec SAS.

    Divers résultats ont été obtenus suite aux investigations de la présente étude. En effet, les producteurs des deux villages perçoivent les manifestations des changements climatiques. Au cours des quinze (15) dernières années, ceux-ci ont enregistré de profonds bouleversements ayant traits aux facteurs climatiques de leur milieu. Les changements pluviométriques affectent tous les deux saisons pluvieuses de la localité et se manifestent par : le démarrage tardif des saisons pluvieuses avec des poches de sécheresse en cours de déroulement, le raccourcissement de leur durée, la diminution des nombres de jours pluvieux, la concentration de pluies abondantes sur de courtes durées avec des pluies moins fortes pendant la petite saison, l'occurrence de pluies violentes vers la fin de la grande saison (Mai et Juin) de même que la diminution sensible des hauteurs pluviométriques. Pour la température et le vent, les producteurs perçoivent qu'il fait de plus en plus chaud, avec une manifestation plus nombreuse de vents violents pendant le début et la fin de la grande saison pluvieuse. D'autres modifications telles que le retard de la crue annuelle (Juillet et Août au

    lieu de Juin) et la diminution de l'ampleur de son étendue sont perçues comme des indicateurs des changements climatiques vécus dans leur terroir. Les causes reconnues a ces changements par les producteurs sont plus liées aux cadres de référence locales. Ainsi, les normes et croyances locales occupent une place de choix dans les causes évoquées par les producteurs.

    Les conséquences des changements climatiques sont ressenties sur le milieu physique, sur le cadre de vie des producteurs, leurs activités économiques, de même que sur leurs santé et habitats. Sur le milieu physique, les conséquences du phénomène d'excès de pluies sur de courtes durées se traduisent par les cas d'érosion des parcelles de culture sur les unités de paysage de haut et de milieu de pente. Sur l'unité de paysage de bas de pente, ils occasionnent l'inondation précoce des parcelles de cultures. Concernant les retards ou ruptures de pluies, ils provoquent la dessiccation des sols des parcelles situées en haut et milieu de pente. Sur les cultures pratiquées par les producteurs, la baisse de rendement constitue la principale conséquence occasionnée par les changements climatiques. Ces baisses de rendement varient suivant les différentes unités de paysage et par saison de culture.

    Pour faire face aux effets ressentis, les producteurs ont développé différentes stratégies d'adaptation. Il s'agit : de l'adoption/abandon de variétés/cultures, du déplacement de culture, du labour à sec, de l'intensification de l'utilisation d'engrais, de la modification de certaines rotations de culture, de la modification des emblavures, de l'exploitation de plusieurs unités de paysage, de la vaccination des animaux d'élevage, de la diversification des sources de revenus et de la gestion de l'eau. Les atouts en capitaux divers traduit par la structure de chaque exploitation déterminent la mise en oeuvre de ces différentes stratégies d'adaptation. L'analyse des stratégies d'adaptation développées par les producteurs montre qu'ils tiennent compte dans un rapport d'interrelation, de leurs perceptions, reposent sur la structure de leur exploitation à travers le niveau d'accès aux ressources de chacun d'eux et ont pour source les savoirs locaux et exogènes.

    Mots dles : Changements climatiques, perceptions, savoirs locaux, stratégies d'adaptation, systèmes de production, basse vallée de l'Ouémé.

    ABSTRACT

    The climate changes are a world challenge to which the whole humanity makes face. The peasants, outside the numerous problems to which they are already confronted, must face this new phenomenon henceforth. The adaptation appears currently as one of the best alternatives.

    The present study treats the perceptions, the local knowledges and the strategies of adaptation developed by the producers of the villages of Sissèkpa in the township of Adjohoun and Zounta in the township of Dangbo in answer to the lived climate changes. Four hypothesis acted as leading thread to this study : (i) the climate changes in the soil are perceived by the producers, (ii) the reasons assigned to the climate changes are bound more to the norms and local beliefs, (iii) the climate change consequences vary according to the units of landscape of the soil and the seasons of culture and, (iv) the strategies developed facing the climate changes differ according to the categories of producers.

    The methodology used is a combination of quantitative and qualitative research approaches. The data collected have been seized with Access to constitute a data base. Differents tools of data treatment have been used. It is about on the one hand, of the descriptive and analytic statistics achieved with the help of Excel and SPSS and on the other hand, of the statistical tests done with SAS. Various results have been got following the investigations of the present survey.

    Indeed, the producers of the two villages perceive the climate changes manifestations. During the fifteen (15) last years, these recorded deep distresses having milked to the climatic factors of their middle. The rainfall change affect the two rainy seasons of the locality and appears by: the belated starting of rainy season with pockets of drought under progress, the shortening of their length, the reduction of the numbers of rainy days, the abundant rain concentration on short lengths with less strong rains during the small season, violent rain occurrence toward the end of the big season (May and June) as well as the sensitive reduction of the height rainfall. For the temperature and wind, the producers perceive that it is more and more hot, with a more numerous demonstrations of violents winds during the beginning and the end of the big rainy season. Other modifications as the delay of the yearly rise of river level (July and August instead of June) and the reduction of the size of it extent is perceived like indicators of the climate changes lived in their soil. The origins assigned to these changes

    by the producers are more bound to the local settings of reference. Thus, the norms and local beliefs occupy a choice place in the reasons evoked by the producers.

    The climatic change consequences are felt on the physical environment, on the life setting of the producers, their economic activities, as well as on their health and habitats. On the physical environment, the consequences of the phenomenon of excess of rains on short lengths result in the cases of parcels culture erosion on the units of landscape of top and middle of slope. On the unit of landscape of slope bottom they cause the precocious flooding of the parcels of cultures. Concerning the delays or ruptures of rains, they provoke the dessication of the soils of the parcels situated in top and middle of slope. Regarding the cultures practiced by the producers, the decrease of output constitutes the main consequence caused by the climate changes. These decreases of outputs vary according to the different units of landscape and per season of culture.

    To face the felt effects, the producers developed various strategies of adaptation. It is about of: the adoption/abandonment of varieties/cultures, the displacement of culture, the ploughing to dry, the intensification of the use of manure, the modification of some rotations of culture, the cultivated surfaces modification, the cultivation of several units of landscape, the vaccination of the raising animals, the diversification of the sources of incomes and management of water. The assets in various funds translated by the structure of every exploitation determine the setting up of these differents strategies of adaptation. The analysis of the adaptation strategies developed by the producers watch that they take account in a report of interrelation, of their perceptions, rest on the structure of their exploitation through the level of access to resources of each of them and have for source the local and exogenous knowledge.

    Key words: Climate changes, perceptions, local knowledge, strategies of adaptation, systems of production, low valley of the Ouémé

    TABLE DES MATIERES

    Pages

    CERTIFICATION ii

    DEDICACES iii

    REMERCIEMENTS iv

    RESUME vi

    ABSTRACT viii

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS xiii

    LISTE DES ENCADRES xv

    LISTE DES PHOTOS xv

    LISTE DES TABLEAUX xvi

    LISTE DES FIGURES xvii

    LISTES DES GRAPHIQUES xvii

    CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE 1

    1.1. Introduction 1

    1.2. Problématique et justification de l'étude 3

    1.2.1. Problématique 3

    1.2.2. Justification de l'étude 6

    1.3. Objectifs et hypothèses de la recherche 10

    CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL ET ANALYTIQUE 12

    2.1. Cadre conceptuel 12

    2.1.1. La variabilité climatique et les changements climatiques 12

    2.1.2. La perception 14

    2.1.3. Les savoirs locaux « indigenuos knowledge » 17

    2.1.4. Les stratégies paysannes d'adaptation aux changements climatiques 21

    2.1.5. La vulnérabilité aux changements climatiques 28

    2.2. Cadre analytique de l'étude 31

    2.2.1. L'approche d'analyse de la perception 31

    2.2.2. L'Approche d'Analyse des Moyens d'Existence Durable (AMED)

    « The Substainable Livelihood Analyse (SLA) » 32

    2.2.3. Approche d'analyse retenue pour l'étude 35

    CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE DE L'ETUDE 41

    3.1. La phase préparatoire 41

    3.1.1. La documentation 41

    3.1.2. Ateliers méthodologiques 41

    3.1.3. Choix de la zone d'étude 42

    3.2. La phase exploratoire 42

    3.2.1. Prise de contact avec les autorités locales 43

    3.2.2. Choix des villages d'enquête 43

    3.3. La phase d'enquête approfondie 43

    3.3.1. Choix des unités d'observation et justification 44

    3.3.2. Construction de l'échantillon d'enquête 44

    3.4. La phase de traitement, d'analyse et d'interprétation des données collectées 49

    3.4.1. Nature, sources et outils de collecte de données 49

    3.4.2. Outils de traitement de données 51

    3.5. Limites de la recherche : problèmes rencontrés et fiabilité des données collectées 54

    CHAPITRE 4 : GENERALITES SUR LE MILIEU D'ETUDE ET CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES DES EXPLOITATIONS AGRICOLES ENQUETEES 55

    4.1. Présentation de la zone d'étude 55

    4.1.1. Cadre physique 56

    4.1.2. Cadre humain 60

    4.2. Présentation des villages d'enquêtes 61

    4.2.1. Historique et évolution des villages 61

    4.2.2. Situation géographique et activités économiques 64

    4.3. Caractéristiques démographiques et socio-économiques des

    exploitations agricoles enquêtées : Typologie de structure 65

    4.3.1. Caractéristiques sociodémographiques des exploitations 66

    4.3.2. Activités économiques menées au sein des exploitations enquêtées 68

    4.3.3. Niveau d'accès aux facteurs de production par les exploitations enquêtées 69

    4.4. Conclusion partielle 71

    CHAPITRE 5 : PERCEPTIONS PAYSANNES DE L'EVOLUTION DU CLIMAT DANS LA ZONE, IDENTIFICATION DES INDICATEURS DES CHANGEMENTS

    CLIMATIQUES ET ANALYSE DES TENDANCES CLIMATIQUES. 72

    5.1. Perceptions socio-anthropologiques de l'évolution du climat

    dans les deux villages d'étude 72

    5.1.1. Perception paysannes des changements pluviométriques 72

    5.1.2. Perceptions paysannes des changements thermiques et solaires 77

    5.1.3. Perceptions paysannes des changements du vent 77

    5.1.4. Perceptions paysannes des changements dans les crues du fleuve

    Ouémé dans la vallée 78

    5.2. Niveau de cohérence entre les perceptions paysannes et les données

    sur l'évolution du climat. 80

    5.2.1. Analyse des tendances pluviométriques dans les communes

    d'Adjohoun et de Dangbo 80

    5.2.2. Analyse des tendances thermométriques 83

    5.3. Perception socio-anthropologique des causes des changements climatiques 83

    5.3.1. La déforestation 83

    5.3.2. Le non respect des normes sociales et des divinités 84

    5.3.3. Les pratiques occultes de neutralisation des nuages et la nature 85

    5.4. Conclusion partielle 86

    CHAPITRE 6: CONSEQUENCES DES CHANGEMENTS

    CLIMATIQUES SUR LE MILIEU 87

    6.1. La diversité topo séquentielle du paysage agraire : les différentes

    unités de paysage des terroirs étudiés 87

    6.2. Niveau d'exposition des sols suivant les unités de paysage

    pendant les changements climatiques 92

    6.2.1. Zone de plateau 92

    6.2.2. Zone de rebord des plateaux 93

    6.2.3. Zone de la plaine d'inondation 94

    6.3. Conclusion partielle 94

    CHAPITRE 7: CONSEQUENCES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LE QUOTIDIEN DES PRODUCTEURS 95

    7.1. Conséquences des changements climatiques sur les activités agricoles 95

    7.1.1. Les niveaux d'affectation des principales cultures 95

    7.1.2. Conséquences des changements climatiques sur les animaux d'élevage 101

    7.2. Conséquences des changements climatiques sur les conditions de vie des populations 102

    7.2.1. Conséquences sur l'agriculture comme activité économique 102

    7.2.2. Conséquences sur la santé humaine 103

    7.2.3. Conséquences sur les habitations des populations locales. 104

    7.2.4. Les changements climatiques et les effets ressentis selon le genre 104

    7.3. Conclusion partielle 105

    CHAPITRE 8: STRATEGIES D'ADAPTATION DES POPULATIONS LOCALES

    FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES : Adaptations réalisées et prévues 106

    8.1. Adaptations réalisées par les producteurs agricoles 106

    8.1.1. Conduite des cultures 107

    8.1.2. Conduite des animaux d'élevage 112

    8.1.3. Aménagement individuel : gestion des eaux d'excès de pluies 113

    8.2. Diversification des sources de revenu 113

    8.3. Stratégies d'adaptation par catégories de producteurs 114

    8.3.1. Analyse en Composantes Principales (ACP) 114

    8.3.2. Conclusions sur les stratégies des producteurs 119

    8.4. Les mesures d'adaptation prévues par les populations locales 120

    CHAPITRE 9 : ANALYSE DES INTERRELATIONS ENTRE PERCEPTIONS,

    SAVOIRS LOCAUX ET STRATEGIES D'ADAPTATION 121

    9.1. Relations entre perceptions et savoirs locaux dans

    le domaine des changements climatiques 121

    9.2. Analyse des mécanismes de mise au point et de transmission des savoirs 123

    9.3. Logique entre perceptions, savoirs et stratégies d'adaptation

    des producteurs face aux changements climatiques 124

    9.4. Changement climatiques : Liens entre cadre objectif d'activité

    des producteurs et stratégies d'adaptation 125

    CHAPITRE 10 : CONCLUSION ET SUGGESTIONS 127

    10.1. Synthèse des résultats 127

    10.2. Suggestions 129

    BIBLIOGRAPHIES 132

    ANNEXES 137

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

    ACP : Analyse des Composantes Principales

    AMED : Approche d'analyse des Moyens d'existence Durable

    ASECNA : Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar BIDOC : Bibliothèque Centre de Documentation

    CCNUCC : Convention Cadre des Nation Unies sur les Changements Climatiques

    CE : Chef d'Exploitation

    CeCPA : Centre Communal de Promotion Agricole

    CeRPA : Centre Régional pour la Promotion Agricole

    CIKARD : Centre for Indigenous Knowledge for Agricultural and Rural Development CIRAD : Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le
    Développement

    CLCAM : Caisse Locale de Crédit Agricole Mutuel

    CRA-CF : Centre de Recherche Agricole Coton et Fibres

    DESAC : Département Economie Socio-Anthropologie et Communication

    DFID : Département pour le développement International du Royaume -Uni

    ETP : Evapotranspiration Potentiel

    FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation

    FIDA : Fond International pour le Développement de l'Agriculture

    FLASH : Faculté des Lettres Arts et Sciences Humaines

    FSA : Faculté des Sciences Agronomiques

    GES : Gaz à Effet de Serre

    GIEC : Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du Climat

    Gn : Exploitations de grande production agricole ne possédant pas de palmeraie

    Go : Exploitations de grande production agricole possédant de palmeraie

    GTZ : Deutsche Gesellschaft fin Technishe Zusammenarbeit

    IFDC : International Fertilizer Development Cente r-Africa

    INRA : Institut National de la Recherche agricole

    INSAE : Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique

    IPCC ; Intergouvernemental Panel on Climate Change

    MED : Moyens d'Existence Durable

    MEHU : Ministère de l'Environnement de l'Habitat et de l'Urbanisme

    MEPN : Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature

    Mn : Exploitations de production agricole moyenne ne possédant pas de palmeraie

    Mo : Exploitations de production agricole moyenne possédant de palmeraie

    OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement

    OMM : Organisation Météorologique Mondiale

    ONG : Organisation Non Gouvernementale

    PAAPCES : Perception Adaptation et Accompagnement des Populations locales face aux changements Climatiques, Environnementaux et Sociaux

    PANA : Programme d'Action Nationale aux fins d'Adaptation aux Changements

    Climatiques

    PDC : Plan de Développement Communal

    Pn : Exploitations de petite production agricole ne possédant pas de palmeraie

    PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

    Po : Exploitations de petite production agricole possédant de palmeraie

    PVD : Pays en Voie de Développement

    RCPA : Responsable Communal de la Promotion Agricole

    SLA : Substainable Livelihood Analyse

    UAC : Université d'Abomey-Calavi

    UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education la Science et la Culture

    LISTE DES ENCADRES

    Pages

    Encadré 1: Bilan des concepts clés liés aux saisons pluvieuses

    et des changements caractéristiques 73

    Encadré 2: Manifestations de la chaleur et du vent pendant les changements climatiques 77

    Encadré 3 : Propos d'un producteur sur les changements perçus dans les crues 78

    Encadré 4 : Témoignage d'un producteur à propos des conséquences

    des changements climatiques sur la production de maïs 96

    Encadré 5: Les conséquences des changements climatiques sur

    la production du niébé : témoignage d'un producteur 98

    Encadré 6: Problèmes induits par les changements climatiques sur

    les conditions de vie des femmes 105

    LISTE DES PHOTOS

    Pages

    Photo 1: Erosion de sol dans un champ de maïs à Zounta 93

    Photo 2: Rigole d'érosion creusée par les eaux de ruissellement

    sur les parcelles à Sissèkpa 93

    Photo 3: Délabrement des pistes de dessertes causé par érosion hydrique à Sissèkpa 94

    Photo 4 : Conséquences de la rupture précoce de la grande saison sèche

    sur la culture de niébé à Zounta (gauche) et à Sissèkpa (droite) 98

    Photo 5: Point d'eau à Sissèkpa 103

    Photo 6: Démolissage des habitations pendant les changements climatiques 104

    Photo 7 : Parcelles labourées à sec en attendant le démarrage

    des pluies pour les semis précoces 110

    Photo 8: Effet de la modification de la rotation maïs-niébé 110

    Photo 9 : Contention de la bouche des bovins sur le chemin de pâturage à Zounta 112

    Photo 10: Constitution de réserve d'eau en période d'excès d'eau

    pour l'irrigation des parcelles en période de rupture de pluie à Sissèkpa 113

    LISTE DES TABLEAUX

    Pages

    Tableau 1: Répartition des exploitations agricoles recensées par

    Commune et par Village 47

    Tableau 2: Répartition des exploitations 48

    Tableau 3: Echantillonnage des exploitations 49

    Tableau 4 : Répartition de CE enquêtées par tranche d'âge 66

    Tableau 5 : Répartition des âges moyens des CE par types d'exploitation enquêtées 66

    Tableau 6 : Proportion des CE par type d'exploitations enquêtées

    et par catégorie de mode de faire-valoir de terres exploitées 69

    Tableau 7 : Superficie moyenne cultivée par catégorie

    de mode de faire-valoir et par type d'exploitation enquêté 70

    Tableau 8 : Répartition des CE des exploitations enquêtées

    suivant le niveau d'accès aux crédits et le type d'exploitation d'appartenance 71

    Tableau 9: Synthèse sur les perceptions paysannes des changements pluviométriques 75

    Tableau 10: Variabilité des caractéristiques des saisons pluvieuses 81

    Tableau 11 : Causes attribuées aux changements climatiques selon la religion 85

    Tableau 12: Proportion de pertes de récoltes par saison et suivant

    les différentes unités de paysage pour la culture de maïs 97

    Tableau 13 : Proportion de pertes de récoltes par saison et suivant

    les différentes unités de paysage pour la culture du niébé. 99

    Tableau 14 : Répartition des exploitations enquêtées par types distingués 107

    Tableau 15 : Répartition des CE suivant l'occupation de chaque unité de paysage 111

    Tableau 16: Répartition des CE suivant l'occupation des différentes unités de paysage 111

    Tableau 17: Différentes activités développées par catégories de producteurs 114

    Tableau 18 : Valeurs propres et proportions d'informations concentrées sur les axes 115

    Tableau 19: Corrélation entre composantes et variables initiales 115

    Tableau 20 : Stratégies d'adaptation développées par catégories de producteurs 119

    LISTE DES FIGURES

    Pages

    Figure 1: Modèle de la perception humaine 32

    Figure 2: Cadre analytique du « livelihood 34

    Figure 3: Cadre analytique 39

    Figure 4: Profils historiques de Zounta et de Sissèkpa 63

    Figure 5: Cartes des Communes d'Adjohoun et de Dangbo

    présentant les villages d'enquête 65

    Figure 6: Transect de Sissèkpa (Adjohoun) 89

    Figure 7: Transect de Zounta (Dangbo) 91

    Figure 8 : Cercle de corrélation dans le plan formé par Factor1 et Factor2 116

    Figure 9: cercle de corrélation dans le plan formé par z1 et Z3 116

    Figure 10: Cercle de corrélation formé par le plan Factor2 et Factor3 117

    Figure 11: Représentation des types d'exploitations sur les axes1 et 2 117

    Figure 12 : Représentation des types d'exploitation sur les axes 1 et 3 118

    LISTES DES GRAPHIQUES

    Pages

    Graphique 1: Proportion des CE en fonction des religions 67

    Graphique 2 : Proportion des CE enquêtés en fonction du niveau d'instruction 67

    Graphique 3 : Proportion des types d'exploitations enquêtées

    en fonction du niveau d'instruction 68

    Graphique 4: Proportion des membres de l'exploitation

    en fonction des activités principales exercées 68

    Graphique 5 : Proportion des CE en fonction des activités secondaires exercées 68

    Graphique 6: Proportion des CE des exploitations enquêtées

    suivant le niveau d'accès aux crédits 70

    Graphique 7: Répartition de la main d'oeuvre mobilisable par type d'exploitation 71

    Graphique 8: Évolution des hauteurs de pluies annuelles 80

    Graphique 9: Évolution du nombre de jours de pluie 81

    Graphique 10: Tendances thermométriques annuelles des trente dernières années 83

    qu'elle suscite chez les producteurs qui ont perdu leurs repères saisonniers. Cependant, les changements climatiques sont perçus différemment par les producteurs agricoles qui développent diverses stratégies au regard de leurs perceptions de ces phénomènes climatiques. Alors, il est important pour la recherche de comprendre et d'analyser les perceptions qu'ont les producteurs des changements climatiques vécus par eux, ainsi que les stratégies d'adaptation développées par ces derniers. Par ailleurs, il est aussi très utile d'analyser les interrelations entre les perceptions paysannes des changements climatiques et les stratégies d'adaptation mises en place pour faire face aux effets néfastes des risques climatiques, aux fins de mieux accompagner les producteurs dans l'adaptation aux changements climatiques. Dans cette optique, la présente recherche se propose d'étudier les perceptions, les savoirs locaux et les stratégies d'adaptation des producteurs. Elle s'inscrit dans le cadre de la phase 2 (Composante extension enquête perception) du projet Perceptions Adaptation et Accompagnement des Populations face aux Changements Climatiques Environnementaux et Sociaux (PAAPCES).

    Le présent mémoire est organisé en dix (10) chapitres.

    Le premier est une introduction générale du document qui présente la problématique, les objectifs et hypothèses de recherche.

    Le second chapitre, présente le cadre conceptuel et analytique de l'étude.

    La méthodologie suivie pour atteindre les objectifs de la recherche est présentée dans le troisième chapitre.

    Le chapitre suivant, le quatrième, présente les généralités sur le milieu d'étude.

    Les perceptions des populations locales des changements climatiques vécus par eux et les causes qu'elles leur attribuent sont exposées et analysées dans le cinquième chapitre.

    Le sixième chapitre est consacré aux conséquences des changements climatiques sur le milieu physique des producteurs.

    Les conséquences sur le quotidien des producteurs sont présentés dans le septième chapitre.

    Le chapitre huit présente les stratégies développées par les producteurs pour faire face aux changements climatiques vécus.

    Les différentes relations entre perceptions, savoirs locaux et stratégies d'adaptation des producteurs sont présentées dans le chapitre neuf.

    Enfin, le chapitre dix est consacré à la synthèse des résultats obtenus et aux suggestions y afférentes.

    1.2. Problématique et justification de l'étude

    1.2.1. Problématique

    Les changements climatiques et leurs impacts sont désormais reconnus comme l'un des plus grands défis du monde, de ses peuples, de son environnement et de ses économies (GIEC, 2007). Pour la communauté scientifique internationale, les changements climatiques sont déjà une réalité dont les effets viennent s'ajouter à ceux de la variabilité naturelle du climat. En général, la variabilité climatique se réfère à la variation naturelle intra et interannuelle du climat, alors que les changements climatiques désignent une modification irréversible du climat attribuée directement ou indirectement aux activités humaines qui altère la composition de l'atmosphère globale et qui s'ajoute à la variabilité climatique naturelle observée sur des périodes de temps comparables. Autrement, la variabilité climatique désigne des variations naturelles de l'état moyen du climat à toutes les échelles temporelles et spatiales au-delà des phénomènes climatiques individuels, tandis que les changements climatiques désignent une variation statistiquement significative de l'état moyen du climat et de sa variabilité, persistant pendant de longues périodes, généralement, pendant des décennies ou plus (GIEC, op.cit).

    Le développement des activités industrielles et agricoles, la multiplication des moyens de transports et l'explosion démographique au cours du siècle passé, ont en effet engendré l'accroissement des concentrations des rejets anthropiques de Gaz à Effet de Serre (GES), cause des changements climatiques actuels. Le dioxyde de carbone (CO2) est le gaz à effet de serre anthropogène le plus important et sa concentration atmosphérique globale en 2005 (280 ppm à 379 ppm) excédait de loin la normale naturelle au cours des 650.000 dernières années (180 à 300 ppm) comme déterminé à partir des noyaux de glace (IPCC, 2007).Le réchauffement du climat est donc sans équivoque. En réalité, les changements climatiques actuels sont un phénomène nouveau.

    A l'échelle planétaire, comme effets directs, les changements climatiques sont entrain d'induire une élévation de la température et une nouvelle répartition des précipitations (Bergonzini, 2004). Ainsi, la température moyenne du globe a augmenté d'environ 0,4 à 0,8 degré Celsius depuis le XIXième siècle et pourrait augmenter de 1,5 à 4,5 degré Celsius d'ici l'an 2100 selon les estimations des rapports 2007du Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du Climat (GIEC). Le phénomène de réchauffement climatique ira donc en s'accélérant. De plus, bien que le processus des changements climatiques ne soit qu'à son commencement, ses retentissements se font déjà sentir sous formes d'ouragans de plus en plus puissants, d'accroissement des sécheresses et des inondations, d'élévation du niveau de la mer, de la fonte des glaciers et des calottes polaires. Le changement climatique entraînera également une perte de biodiversité: de 15 à 37% des plantes et espèces animales terrestres pourraient disparaître d'ici à 2050 (FIDA, 2008). L'acidification des océans, conséquence directe de la hausse des niveaux de CO2, aura des effets majeurs sur les écosystèmes marins et, peut-être, sur les stocks de poissons. Pour les forêts, les risques d'incendie se sont accrus du fait de la chaleur et de la sécheresse de l'atmosphère (FIDA, op.cit). Bref, la santé, les écosystèmes terrestres et aquatiques et les systèmes socio-économiques comme l'agriculture, l'exploitation forestière, la pêche et les ressources en eau, éléments essentiels au développement et au bien-être de l'humanité, subissent déjà les conséquences des changements climatiques.

    Néanmoins, malgré son ampleur mondiale, c'est pourtant les pays en développement, et avant tout les pays les moins avancés, qui sont les plus exposés aux effets des changements climatiques. L'Asie du Sud et l'Asie du Sud-Est sont excessivement sujettes aux inondations, tandis que les océans Pacifiques et Indiens sont les zones où les ouragans surviennent le plus fréquemment. Il est largement admis que la production agricole va sans doute décliner dans la majeure partie du monde en développement du fait de la baisse des disponibilités en eau, de la hausse des températures, de la longueur incertaine ou abrégée de la période de végétation, de la réduction des superficies arables et des nouveaux modes de propagation des ravageurs et des maladies (FIDA, op. cit). Les perspectives agricoles sont les plus sombres pour eux en raison à la fois de la baisse des rendements et des surfaces arables (FAO, 2007).

    Dans ce contexte global, l'Afrique et, très particulièrement l'Afrique subsaharienne apparaît comme la région du monde la plus exposé aux changements climatiques (Thornton et

    al., 2008). Cette grande vulnérabilité de l'Afrique subsaharienne face au changements climatiques est due à sa forte dépendance de l'agriculture et à sa capacité d'adaptation limitée qui tient au manque de ressources et de technologies (Daouda Hamani, 2007). Les changements climatiques représentent une menace supplémentaire pour les moyens de subsistance déjà précaires des ruraux de ces pays et ils accentuent leur vulnérabilité préexistante. Les pays subsahariens sont les plus fortement touchés par la sécheresse et, par conséquent, pâtissent le plus de son impact négatif sur la production agricole.

    Les impacts des changements climatiques seront variés suivants les zones de la région. Dans les zones humides, l'intensité des tempêtes et les inondations pourraient s'intensifier et le ravinage des sols par érosion empirer. Dans les zones arides, on s'attend à de plus fréquentes sécheresses et à des périodes sèches plus longues. Les zones côtières seront affectées par l'élévation du niveau des eaux, entraînant une érosion côtière, la submersion de terres, des inondations et un accroissement de la salinité des nappes phréatiques. Les modifications attendues du climat par rapport à la norme actuelle conduiraient à des pertes de récoltes, des perturbations dans la gestion du bétail et de possibles famines et les maladies devraient être en recrudescence (Daouda Hamani, op.cit).

    Le Bénin, pays subsaharien, n'échappe pas à la réalité de ce nouveau phénomène mondial que constituent les changements climatiques. Les secteurs les plus affectés par ces changements sont ceux des ressources en eaux, de l'énergie, des zones côtières, de la santé de l'agriculture et de la foresterie (MEPN, 2008). Le secteur de l'agriculture fortement tributaire des stimuli climatiques se trouve fortement menacé par les changements climatiques. En effet, les principaux risques climatiques identifiés sur le territoire de la République du Bénin sont la sécheresse, les inondations et l'avancée de la mer/l'érosion côtière (MEPN, op.cit). Leurs impacts, variables suivant les zones agro-écologiques, sont très importants et se caractérisent par une dégradation des ressources naturelles, le déplacement des populations, les perturbations des activités économiques surtout agricoles avec des coûts économiques et sociaux de plus en plus lourds alors que l'agriculture constitue l'activité principale de 70% de la population active et contribue pour 36% du PIB et 88% des recettes d'exportation à hauteur de 15% aux recettes de l'Etat (Aho et al, 2006). En conséquence, les changements climatiques sont devenus une menace pressante pour le développement national.

    Les paysans ont perdu leurs repères saisonniers, les pertes de récoltes s'accroissent et l'insécurité alimentaire menace.

    Dans un pareil contexte, il importe de se demander : Comment les producteurs perçoivent-ils dans leurs vécus les changements climatiques notamment ses manifestations et ses causes ? Quels sont les effets néfastes des changements climatiques sur les ressources et les activités de production selon les vécus des producteurs ? Comment ces producteurs réagissent-ils face à ces effets néfastes ? Enfin, quelles sont les logiques soutenant les mesures prises (stratégies) pour faire face aux changements climatiques vécus ? La contribution de la présente étude vise à combler ces attentes dans le cas des producteurs des communes d'Adjohoun et de Dangbo.

    1.2.2. Justification de l'étude

    La présente étude se justifie à travers ses rapports avec les recherches antérieures et sa pertinence pratique.

    > Rapport avec les recherches antérieures

    Les travaux menés à l'échelle internationale, notamment ceux du GIEC (2007), insistent aujourd'hui sur le fait que, même si tout est mis en oeuvre pour limiter les changements climatiques (par la réduction des émissions de gaz à effet de serre), ces changements sont inévitables, du fait de l'inertie du système climatique, et demandent de notre part une adaptation. La question de la capacité d'adaptation aux changements climatiques est donc fondamentale, même si elle ne doit pas occulter celle de la vulnérabilité des systèmes naturels et humains ainsi que celle de l'intensité de changements, qui doivent être bien comprises (SIFEE, 2009). A cet effet, les options d'adaptations aux changements climatiques au Bénin ont été abordées par le Ministère de l'environnement et de la Protection de la Nature (MEPN), à travers l'élaboration du Programme d'Action Nationale aux fins de l'Adaptation aux Changements Climatiques (PANA). Cette étude a montrée que s'il est vrai que certaines pratiques sociales comme les prières collectives, l'exode rural, les pluies provoquées et l'application de doses massives d'engrais aux cultures sont discutables du point de vue de leur objectivité ou de leur durabilité, il est aussi vrai que la satisfaction momentanée des besoins à laquelle, elles peuvent donner lieu constitue des résultats réels qui encouragent les populations à recourir souvent à ces pratiques. Au total, les orientations nationales en matière de

    développement durable et les résultats obtenus ou attendus des programmes et projets nationaux dans le secteur de l'agriculture et de la foresterie, devront être appréciés en relation avec les mesures endogènes d'adaptation pour identifier les mesures potentielles d'adaptation.

    Par ailleurs au plan national, des études initiales de vulnérabilité avaient été réalisées, notamment dans la zone littorale et dans la région du centre (Bokonon-Ganta, 1999 ; MEHUPNUD, 1999). Aussi, les changements climatiques ont-ils fait l'objet de plusieurs travaux de recherche, articles, mémoires et thèses (Boko,1988 ; Afouda, 1990 ; Houndénou, 1999 Houdénou, 2002 ; Bokonon-Ganta et al., 2003 ; Ogouwalé, 2004 etc.). Ces études ont pu mettre en évidence les tendances et la pertinence du phénomène pour le développement agricole. C'est ainsi que concernant les manifestations des changements climatiques dans notre pays, on a observé ces dernières années une perturbation du cycle global de l'eau. En effet, depuis la fin des années 1960, des perturbations climatiques sont intervenues au Bénin et se sont manifestées par une réduction d'amplitude annuelle moyenne des hauteurs totales de pluies de 180 mm (Aho et al., op.cit). Selon ces mêmes auteurs, on a noté une intensification des sécheresses qui se sont produites pendant la même période, notamment dans les années 1970 et 1980. Ces phénomènes climatiques ont eu d'énormes impacts sur le secteur de l'agriculture et de la foresterie. Egalement ont-ils expliqué que les paramètres agroclimatiques présentent des particularités contraignantes pour l'agriculture et la foresterie surtout dans le Sud-Ouest et l'extrême Nord qui connaissent parfois de graves sécheresses. Dans le centre, d'après les travaux de Bokonon-Ganta et al., (2003), à l'horizon 2025, les changements climatiques vont entraîner une baisse considérable de la production des six principales cultures de cette région. Cette baisse de production est estimée à 29,58% pour le coton et à 6% pour les autres cultures que sont : le niébé, le maïs, le manioc, l'arachide et le riz ; ce qui aura pour conséquence la baisse du disponible alimentaire et un appauvrissement continu des populations. Ce qui accentuera leur vulnérabilité. Dans le Sud du pays, l'on assiste plutôt à un déficit et un raccourcissement de la seconde saison pluvieuse, ce qui provoque une réduction des rendements agricoles et une diminution du taux de renouvellement de la couverture végétale (MEPN, op.cit). Par ailleurs, selon cette même étude, les pluies du début de saison pluvieuse sont violentes, atteignant fréquemment une intensité supérieure à 100mm/h ce qui favorise l'inondation et l'érosion sur les sols mal protégés. Des travaux de Boko (1988) ; Afouda (1990) ; Houndénou (1999) et de Ogouwalé (2004), on retient que la baisse de la pluviosité associé au réchauffement thermique, ont induit

    une dégradation du milieu écologique soldée par des impacts négatifs sur la production agricole. Les effets des perturbations climatiques des trois (3) dernières décennies ont permis de mettre en évidence la vulnérabilité de notre économie, basée sur l'agriculture (Houdénou, 2002).

    Les résultats des travaux de Agbossou et Akponikpè (1999) ont montré qu'actuellement les variations de pluie et d'évapotranspiration ne compromettent pas trop le bouclage du cycle du maïs, mais si elles perdurent, ce cycle serait hypothéqué. Cette baisse des rendements sera la conséquence directe des déficits du bilan hydrique des sols et la faible productibilité des terres. Les impacts directs des changements climatiques sur l'agriculture concernent les comportements des végétaux, les modifications pédologiques et les baisses de rendements. Au niveau des végétaux s'observent des phénomènes de floraison précoce et parfois d'assèchement des jeunes fruits. Par ailleurs, sous l'effet répété des récessions et perturbations pluviométriques, les rendements agricoles seront gravement affectés. Les prévisions faites sur la productivité agricole seront complètement faussées et des risques d'insécurité alimentaire seront élevés. De manière indirecte, les changements climatiques se manifestent surtout au niveau de la main d'oeuvre agricole, des prix des denrées agricoles et du mauvais fonctionnement du secteur industriel agricole. L'exode rural atteindra un seuil important dans ce contexte des changements climatiques au point de devenir un facteur limitant pour l'agriculture béninoise si de véritables améliorations technologiques ne sont pas apportées au processus de production agricole (MEPN, op.cit).

    Les travaux de Agossou (2008) et de Dimon (2008), ont mis en exergue l'importance de la prise en compte des perceptions individuelles des producteurs dans l'étude des stratégies d'adaptation aux changements climatiques dans le secteur de l'agriculture. Leurs résultats révèlent que les stratégies développées par les producteurs en réponse aux changements climatiques dépendent de la perception qu'ont ceux-ci de ces changements et de leurs savoirs locaux.

    A l'issue de cette revue, il ressort qu'au Bénin, en dehors des travaux de Agossou (2008), et de Dimon (2008) ; pratiquement aucune étude sur les changements climatiques ne s'est directement intéressée à la fois aux perceptions, savoirs locaux et stratégies d'adaptations ainsi qu'aux interactions existantes entre eux. Ces études ont porté uniquement sur le centre et le Nord Bénin et ont été menés à l'échelle des exploitations agricoles en vue

    de mettre au centre de l'étude des stratégies d'adaptation, la diversité des perceptions et des savoirs locaux. Mais si le GIEC (2007) admet que les changements climatiques sont observés à l'échelle mondiale, et que la lutte contre ces risques nécessite la convergence des efforts de toutes les nations, il reconnaît cependant que les stratégies d'adaptation pour y faire face durablement doivent être endogènes. C'est pour contribuer à ce débat scientifique sur les stratégies locales d'adaptation aux changements climatiques que nous nous proposons d'étudier les stratégies d'adaptation développées par les producteurs agricoles en relation avec leurs perceptions et savoirs locaux dans la région sud-est de notre pays. Comme les études de Agossou (2008) et de Dimon (2008), la présente recherche intitulée Perceptions, savoirs locaux et stratégies d'adaptation aux changements cimatiques développées par les producteurs des communes d'Adjohoun et de Dangbo dans le Sud-Est Bénin s'inscrit dans le cadre du projet Perceptions Adaptation et Accompagnement des Populations face aux Changements Climatiques Environnementaux et Sociaux (PAAPCES).

    > Pertinence pratique

    L'économie du Bénin reste sous-développée et dépendante de l'agriculture, avec une croissance démographique de 3.25% par an (INSAE 2003). Et d'un autre point de vue, l'agriculture béninoise demeure caractérisée par la prédominance de petites exploitations agricoles de type traditionnel à faible niveau d'intrants, et de tailles moyennes variant entre 0,50 ha dans la partie méridionale et 2 ha dans la zone septentrionale. Au total, environ 450.000 exploitations agricoles sont actives dans le secteur, évoluant effectivement sur à peine 1 million d'hectares soit moins de 10% du territoire du pays, le reste de l'espace étant occupé par les parcours et pâturages, les forêts, les montagnes et les plans d'eau (Aho et al, 2006). En dehors de cette structure, de toute évidence désavantageuse, l'agriculture béninoise est confrontée à d'innombrables difficultés dont la baisse de la fertilité des sols, la non maîtrise de l'eau, la destruction des cultures par les ravageurs, etc. Mais a tous ces problèmes, vient s'ajouter depuis deux décennies déjà, le défi des changements climatiques qui menacent directement la production agricole mais aussi la vie des populations rurales du faite de leur vulnérabilité particulière aux effets néfastes de ce nouveau phénomène.

    Vu ce tableau peu reluisant, il urge de mener des études sur les stratégies d'adaptation axées sur les perceptions et savoirs locaux des producteurs agricoles face à ce nouveau défi que constituent les changements climatiques. A ce titre, cette étude devrait permettre d'abord

    de préciser la perception des changements climatiques vécus par les producteurs des communes d'Adjohoun et de Dangbo ainsi que les stratégies d'adaptation développées localement. Des besoins d'adaptation ressentis par les producteurs dans leur contexte local, devraient être mis en relief par la même occasion. Dans cette perspective, notre étude devraient aboutir à des suggestions à l'endroit des différents acteurs du développement rural notamment à l'endroit des centres de prise de décision afin que des mesures prioritaires soit prises pour la valorisation des stratégies locales d'adaptation ainsi que leur accompagnement. Tout ceci devrait donc contribuer au renforcement à l'échelle nationale des mesures urgentes d'adaptation pour faire face durablement aux effets néfastes des changements climatiques.

    1.3. Objectifs et hypothèses de la recherche

    > Objectifs

    Cette recherche vise globalement à étudier la perception des changements climatiques vécus par les producteurs et les stratégies d'adaptation développées par ces derniers pour faire face aux manifestations induites par ce phénomène.

    Plus spécifiquement il s'agira de :

    1. Identifier et analyser les perceptions des changements climatiques vécus par les producteurs ;

    2. Comprendre et analyser les causes attribuées par les producteurs aux changements climatiques ;

    3. Evaluer les effets néfastes des changements climatiques tels que vécus par les producteurs sur leurs milieu et ressources ;

    4. Catégoriser les mesures d'adaptation développées par les producteurs pour faire face aux effets induits par les changements climatiques ; et

    5. Identifier les besoins d'adaptation et d'accompagnement ressentis par les producteurs mais non satisfaits faute de ressources.

    > Hypothèses

    En général, on entend par hypothèse, une conception provisoire de la réalité qui après vérification peut être, soit confirmée, soit infirmée ou nuancée. Pour Daane et al., (1992) une hypothèse est une proposition de réponse à la question que se pose le chercheur dans le cadre de sa recherche. Même plus ou moins précise, elle aide à sélectionner les faits observés. Ceux-ci rassemblés, elle permet de les interpréter, de leurs donner une signification qui, vérifiée, constituera un élément possible de la théorie. Cette recherche permettra de vérifier les cinq (04) hypothèses suivantes :

    Hypothèse 1 : Les changements climatiques dans le terroir sont perçus par les producteurs ;

    Hypothèse 2 : Les causes attribuées aux changements climatiques sont plus liées aux normes et croyances locales ;

    Hypothèse 3 : Les conséquences des changements climatiques sur les principales cultures varient selon les unités de paysage du terroir et les saisons de culture ;

    Hypothèse 4 : Les stratégies développées face aux changements climatiques diffèrent selon les catégories de producteurs.

    CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL ET ANALYTIQUE

    2.1. Cadre conceptuel

    Un concept est une représentation mentale, générale et abstraite d'une catégorie de phénomènes. Un même concept peut avoir plusieurs sens, d'où la nécessité de bien définir le concept utilisé et le sens qui lui est donné dans l'étude (Daane et al. ; 1992). Les concepts retenus ici sont : variabilité et changements climatiques, perception, savoirs locaux, stratégies paysannes d'adaptation aux changements climatiques et vulnérabilité.

    2.1.1. La variabilité climatique et les changements climatiques

    > Distinction entre la variabilité climatique et les changements climatiques

    La variabilité climatique désigne des variations de l'état moyen et d'autres statistiques (écarts standards, phénomènes extrêmes, etc.) du climat à toutes les échelles temporelles et spatiales au-delà des phénomènes climatiques individuels. Elle est due à des processus naturels au sein du système climatique (IPCC, 2001).

    Les changements climatiques désignent par contre, une variation statistiquement significative de l'état moyen du climat ou de sa variabilité, persistant pendant de longues périodes (généralement, pendant des décennies ou plus). Ces changements climatiques peuvent être dus à des processus naturels ou à des changements anthropiques persistants de la composition de l'atmosphère ou de l'affectation des terres (IPCC, op.cit).

    Il se dégage donc que variabilité climatique et changements climatiques désignent des phénomènes tout à fait distincts. Ainsi, la variabilité climatique se réfère à la variation naturelle intra et interannuelle du climat, tandis que les changements climatiques désignent une modification irréversible du climat attribuée directement ou indirectement aux activités humaines qui altèrent la composition de l'atmosphère globale et qui s'ajoutent à la variabilité climatique naturelle observée sur des périodes de temps comparables.

    Toutefois, la difficulté de dissocier variabilité et changements climatiques, en particulier dans le contexte africain, peut conduire à des débats complexes et interminables (Dorsouma, et Requier-Desjardins, 2009). Prenant en compte cette spécificité, Afouda et al., (2004) propose de considérer les changements climatiques comme la modification ou la

    variation significative du climat, qu'elle soit naturelle ou due aux facteurs d'origine anthropique.

    Plus précis, Ogouwalé (2006) mentionne que les changements climatiques sont des modifications des statuts de précipitations et une augmentation prononcée des températures au cours du temps (généralement des décennies). En effet, dans la région intertropicale, les deux facteurs du climat les plus déterminants pour l'agriculture pluviale sont les précipitations et les températures (Boko, 1988).

    Le climat se définissant comme la synthèse des phénomènes météorologiques observés sur l'ensemble d'une période statistiquement longue pour pouvoir établir ses propriétés statistiques d'ensemble à savoir : valeurs moyennes, variances, probabilités des phénomènes extrêmes, etc. (Pedelaborde, 1970 et Leroux, 1980 cités par Boko, 1988).

    Pour ce qui nous concerne, c'est la définition de Ogounwalé (2006) à la quelle nous ajoutons, les modifications du vent qui deviennent récurrentes et affectent l'agriculture ; qui est adoptée pour notre étude. Ainsi pour notre travail, les changements climatiques désigne une modification des statuts de précipitations mais aussi des vents et une augmentation prononcée des températures au cours de la normale des trente (30) dernières années.

    Si la cause naturelle de la variabilité climatique ne fait l'objet d'aucun doute, la cause des changements climatiques est parfois l'objet de controverses dans le monde scientifique.

    > Causes des Changements climatiques

    Le climat est caractérisé par une tendance stable sur une longue période de caractéristiques météorologiques propres à un milieu géographique donné (GIEC, 2007). Mais cette stabilité est très souvent rompue pour des causes diverses (très souvent naturelles), entraînant une modification durable que l'on nomme : changement climatique. De ce fait, le climat de la terre a déjà subi plusieurs modifications et autres évolutions cycliques au cours des âges géologiques comme l'attestent de nombreuses études paléo climatologiques (Bergonzini, 2004).

    Néanmoins, depuis une trentaine d'années, la préoccupation est devenue plus forte à propos des éventuels impacts des émissions industrielles de certains gaz (CFC, CH4, CO2, N2O) sur le devenir du climat de la terre (GIEC, 2007). C'est le problème du réchauffement global dû aux gaz à effet de serre (GES).

    Les GES ont un rôle important dans la régulation du climat. Sans eux, la température moyenne sur terre serait de - 18 °C au lieu de + 15 °C et la vie n'existerait peut-être pas (Bergonzini, 2004). Toutefois, depuis le XIXe siècle, les activités humaines ont considérablement accru la quantité de GES présente dans l'atmosphère : entre 1970 et 2007 les émissions globales de gaz à effet de serre ont augmenté de 70 % (GIEC, 2007). C'est l'origine des changements climatiques actuels (Bergonzini, op.cit).

    Pour Ogouwalé (2006), qui partage ce même point de vue, les GES sont les principales causes des changements climatiques et les pays industrialisés sont les grands producteurs de ces GES. Il souligne par ailleurs que le dioxyde de carbone (CO2) est le GES le plus important et est responsable à plus de 60% de l'effet de serre.

    Au Bénin, les principales sources de GES en équivalent de CO2 sont les secteurs de l'agriculture et de la foresterie et la contribution du premier secteur évaluée à 70% est essentiellement due aux émissions de méthane de ce secteur (MEPN, 2008). Le dioxyde de carbone vient en deuxième position après le méthane dans l'ordre d'importance des gaz émis par le secteur agriculture.

    Outre les émissions des GES, le PNUD (2007) remarque que la déforestation est aussi l'une des causes des perturbations climatiques des régions tropicales. Au Bénin, parmi les causes anthropiques du réchauffement climatique global, figure en très bonne partie la déforestation généralisée, imposée par les besoins croissants des populations en terres agricoles et en divers produits ligneux (MEPN, 2008).

    L'augmentation des concentrations atmosphériques des GES due aux activités humaines constitue donc, à côté de la déforestation, la cause fondamentale des changements climatiques actuels.

    2.1.2. La perception

    Etymologiquement du latin percipere, percevoir, c'est « prendre ensemble », « récolter », c'est à dire organiser des sensations en un tout signifiant. En psychologie, la perception est le processus de recueil et de traitement de l'information sensorielle. C'est une lecture de la réalité. Cette lecture passe par trois étapes mises au jour par les psychologues de la perception. Il s'agit des étapes sensorielle, perceptive et cognitive.

    - L'étape sensorielle, Ce premier niveau strictement sensoriel de la perception est régi par des capteurs sensoriels qui sont un héritage de notre évolution et permet de repérer les caractéristiques du milieu extérieur.

    - L'étape perceptive, elle correspond à l'étape de traitement perceptif consistant à dépasser les strictes données sensorielles pour les mettre en forme. Les formes nous aident à organiser les données de l'environnement en repérant les distinctions fond/forme, les contours des objets, en déformant ou complétant au besoin les éléments manquants pour redonner aux choses une certaine cohérence. Le filtrage des données de l'environnement est également déterminé par l'attention et la motivation.

    - L'étape cognitive, cette étape purement cognitive, se greffe sur les niveaux précédents de la perception. Elle consiste à attribuer une signification à l'information (Dictionnaire Encarta, 2009).

    Selon Lalande (1985), la perception est <<l'acte par lequel un individu, organisant ses sensations présentes, les interprétant et les complétant par des images et des souvenirs, s'oppose un objet qu'il juge spontanément distinct de lui, réel et actuellement connu de lui». Notre perception du monde est donc finalisée et orientée en fonction des capacités de nos organes sensoriels mais aussi en fonction de nos centres d'intérêt et de nos connaissances antérieures. La perception d'une situation fait appel à la fois au sens et à l'esprit.

    En cela, Baruch Spinoza distingue quatre modes de perception : - la perception par les sens,

    - la perception par l'expérience,

    - la perception par le raisonnement et,

    - la perception par l'intuition.

    Les êtres humains disposent de plusieurs systèmes perceptifs - vue, ouïe, odorat, goût, toucher - qui participent de << l'extéroception », c'est-à-dire la perception du monde extérieur. Il faut y ajouter la perception interne de notre organisme - appelée << interception » - qui nous permet de ressentir l'état de notre organisme. A cela s'ajoute la proprioception qui nous renseigne sur la position de notre corps dans l'environnement.

    Le concept de perception a donné lieu à de nombreuses théories psychologiques et à de nombreux débats philosophiques. Les plus dominants sont la théorie intellectualiste, la théorie de Gestalt, la théorie de la perception de la durée de Bergson et la théorie écologique.

    Pour la théorie intellectualiste soutenue par Alain, Platon, Descartes et Malebranche, la perception moins qu'une expérience, plus qu'une sensation est un jugement immédiat. Cette théorie insiste sur le caractère « construit », élaboré de la perception. Ce serait en effet l'intelligence qui, grâce à son travail d'interprétation, transforme les sensations en perceptions, opère un travail de synthèse pour donner à la diversité des sensations une cohésion et un sens. Selon Alain, le pionnier de la théorie intellectualiste cité par MerleauPonty (1976), toute perception est un jugement.

    Une autre théorie de perception est la théorie de la « forme » ou de la Gestalt. Née en 1910, suite au travaux du groupe de psychologues allemands Max Wertheimer, Kurt Koffka et Wolfang Kohler, la théorie de la Gestalt prétend que les intellectualistes ont exagéré le rôle de l'intelligence et des constructions mentales dans la perception. Ce n'est pas l'intelligence qui construit une forme avec des sensations dispersées, mais la forme qui est sentie, ou perçue d'emblée. Toute perception serait d'emblée perception d'un ensemble. Contrairement à la théorie intellectualiste qui considère que les sensations sont la matière de la perception, et que c'est le jugement et la mémoire qui leur donne une forme ; la théorie de Gestalt soutient qu'il n'y a plus de distinction entre sensation et perception. La forme est inséparable de la matière et nous est donnée intuitivement avec la matière.

    Développée par Bergson , la théorie de la perception de la durée fournit un champ de débat sur la façon de percevoir le temps. Cette théorie fait une distinction entre le temps et l'espace, grâce à la distinction entre l'intellect et l'intuition. Elle soutient que l'intellect a le but de promouvoir l'action, pas la connaissance, ce qui est le but de la perception et de l'intuition. Puisque l'intellect est dirigé vers l'action, il réagit à ce qu'il rencontre en termes de spatialité. C'est grâce à l'intuition qu'on a accès à la durée. L'intellect par contre, a tendance à diviser tout dans des unités homogènes et uniformes. Ces caractéristiques ont amené Bergson à comparer l'intellect à une caméra de cinéma qui construit le mouvement dans une série d'images fixes. Selon la logique de l'intellect, tout doit être coupé dans des parties distinctes et constantes, et même des nouvelles expériences ne peuvent être comprises que par rapport à celles qui sont vieilles et déjà bien définies dans l'intellect. La lumière est faite sur

    la distinction entre la perception du passé, la perception du présent et celle de l'avenir. Nous ne percevons pratiquement, que le passé, le présent pur étant l'insaisissable progrès du passé rongeant l'avenir. Pour la théorie de la perception du temps de Bergson, toute perception, si instantanée soit-elle, consiste donc en une incalculable multitude d'éléments remémorés. Autrement, toute perception est déjà mémoire.

    Quant à la théorie dite écologique de la perception, elle a été développée par James Gibson en 1969 et considère la perception comme une « conduite » adaptative permettant au sujet de s'adapter à son environnement. L'action du sujet est une réponse cohérente à la modification du milieu ; la perception n'a de sens qu'en relation avec une action. Cette théorie écologique est fondée sur l'idée de redondance de l'information dans l'environnement, qui permet au sujet d'avoir une certitude sur le monde perçu. Elle stipule donc qu'avant d'être un mode de connaissance des choses, la perception est l'activité vitale de tout organisme en contact avec son milieu.

    Dans un grand nombre de situations quotidiennes, l'adaptation des réponses dépend du lien entre perception et action. Dans le cadre de notre recherche, nous retenons la théorie écologique de la perception qui traduit donc, la compréhension que les producteurs agricoles ont des manifestations des changements climatiques, de ses effets néfastes ainsi que de leur vulnérabilité face au phénomène. Nous considérons d'après Leeuwis (2003), que la perception est subjectif, sélective, organisée et directive. La perception est subjective car nous ne percevons les choses que de façon relative. Elle est sélective en ce sens que notre système nerveux ne peut être conscient que d'une partie de tous les stimuli qu'il reçoit de notre environnement. La perception est organisée puisque nous structurons nos expériences sensorielles vers celles qui ont un sens pour nous. Aussi, la perception est-elle directive car nous ne percevons que ce nous espérons. De l'environnement total, seuls les aspects conscients ou inconscients perçus par l'individu peuvent influer sur son comportement (Boom et Browers, 1990 cités par Lawin, 2006).

    2.1.3. Les savoirs locaux « indigenuos knowledge »

    Longtemps négligé pendant la période coloniale et post coloniale, la prise de conscience des savoirs locaux a été suscitée par de nombreux facteurs. Parmi ces facteurs, les plus déterminants ont été d'une part, l'influence des travaux de recherche sur les savoirs locaux enclenchée par la création du Center for Indigenuos Knownledge for Agricultural and Rural

    Developement (CIKARD) à Iowa au USA. Par ailleurs, le bilan désenchanté des efforts de développement depuis l'indépendance des pays subsahariens, dû en grande partie au non prise en compte des pratiques et savoirs paysans (Banque Mondial, 2000 ; Warren, 1993) y a également contribué .

    Depuis ce regain d'intérêt, une littérature assez variée s'est développée autour du concept « savoirs locaux ». Mais il est important de reconnaître que même s'il est encore connu sous plusieurs autres dénominations telles que « savoir endogène », « savoir paysan » ou « Ethnoscience », etc., le savoir local reste jusqu'à nos jours difficile à déterminer de façon précise.

    Pour l'UNESCO (2003), les savoirs locaux désignent les ensembles cumulatifs et complexes de savoir, savoir-faire, pratiques et représentations qui sont perpétués et développés par des personnes ayant une longue histoire d'interaction avec leur environnement naturel. Ces systèmes cognitifs font partie d'un ensemble qui inclut la langue, l'attachement au lieu et à la vision du monde.

    Selon Warren (1993), les savoirs locaux représentent l'ensemble des connaissances acquises par une population locale à travers l'accumulation d'expériences et l'interprétation de l'environnement dans une culture donnée. Il comprend les idées, les expériences, les pratiques et les informations qui ont été soit générées localement ou soit produites en dehors de la communauté, mais qui ont été transformées par la population locale et incorporées à travers le temps aux conditions culturels agro-écologiques et socio-économiques locales.

    D'après Hountondji (1994), qui souligne l'aspect culturel dans sa définition, le savoir local est une connaissance vécue par la société comme partie intégrante de son héritage. Le savoir local représente le reflet des facteurs agro-écologiques et socio-économiques emboités dans les préférences et traditions culturelles. Tout savoir local est donc relatif à une culture.

    Selon la FAO (2005), qui propose une définition conceptuelle, les savoirs locaux sont un ensemble de faits liés au système de concepts, de croyances et de perceptions que les populations puisent dans le monde qui les entoure.

    Briggs et Sharp (2003), précisent pour leur part que les savoirs locaux, comme tous les autres types de savoirs (scientifiques, techniques, etc.) sont dynamiques par nature. Il s'agit donc d'une accumulation des connaissances qui a essentiellement pour objectif de réagir à la

    modification des conditions du milieu provoquées souvent par les changements des paramètres écologiques et humains (Hountondji, op.cit).

    De ces différents points de vue nous pouvons retenir sur la base des éléments de cohérence, que fondamentalement les savoirs locaux sont :

    -Fondés sur l'expérience ;

    - Souvent testés au cours de siècles d'utilisation ;

    - Adaptés à la culture et à l'environnement local ;

    - Gravés dans les pratiques de la communauté, les institutions, les relations et les rituels ; - Détenus par les particuliers ou les communautés ;

    - Dynamiques et en évolution permanente.

    De toutes ces définitions, c'est celle de Warren (1993), qui sera retenue pour notre travail puisqu'elle prend explicitement en compte les savoirs étrangers qui peuvent s'incorporer au savoir local au cours du temps.

    Bien que les savoirs locaux soient uniques pour chaque culture ou société ils ne sont pas uniformément répartis au sein de la communauté. A cet effet, une typologie des savoirs locaux nous est proposée par la FAO (op.cit). Elle identifie les trois (03) types de savoirs locaux suivants : le savoir commun, le savoir partagé et le savoir spécialisé.

    Le savoir commun est détenu par la plupart des personnes au sein d'une communauté tandis que le savoir partagé est détenu par un bon nombre de membres de la communauté mais pas par tous, par exemple, les villageois qui élèvent des animaux domestiques en sauront plus sur l'élevage que ceux qui n'ont pas d'animaux. Le savoir spécialisé est détenu par quelques personnes qui ont reçu une formation spéciale ou un apprentissage.

    Au sein d'une communauté locale, différents groupes de personnes détiennent donc, différents types de savoirs. Cependant, en fonction du type de savoir, la transmission s'effectue de façons différentes. Le savoir commun est intimement lié à la vie quotidienne de la population locale. Il n'a pas besoin de mécanismes spéciaux pour se transmettre. La transmission du savoir spécialisé et du savoir partagé représente un cas différent. Ici la transmission nécessite des mécanismes traditionnels et culturels spécifiques d'échanges d'informations. Ils peuvent être conservés et transmis oralement par les plus anciens ou les spécialistes.

    Concernant l'importance des savoirs locaux pour la recherche et le processus de développement agricole, plusieurs aspects se révèlent pertinents pour la présente étude. Dans son rapport 2000 sur les connaissances endogènes, la Banque Mondiale mentionne que les savoirs locaux représentent le capital humain des populations rurales (et urbaines).

    Warren et Cashman (1988), mentionne pour leur part que le système de savoirs locaux constitue une ressource stratégique pour la prise de décision dans les sociétés rurales. Il permet de préserver les éléments essentiels pour la stabilité sociale d'une communauté donnée dans un environnement global en perpétuel changement.

    Les savoirs locaux présentent néanmoins certaines limites. Ces limites sont étroitement liées à leurs caractéristiques ci-dessus présentées. D'abord, compte tenu de son inégale répartition dans ou à travers les communautés, le savoir local ne doit pas être pris hors de son contexte social, politique et économique (FAO, op.cit). Il doit être exploré et partagé de manière participative et doit bénéficier à toutes les parties impliquées (Hansen et Van Fleet, 2003).

    Ensuite, les savoirs locaux ne sont pas exclusifs ou nécessairement suffisants pour faire face à tous les défis que les populations rurales doivent affronter pour leur survie (Banque Mondial, op.cit). Dans ce même sens, Dupré, (1991) cité par Biaou et al. ; (2007) recommande de se garder d'un « fétichisme » qui doterait les savoirs locaux de toutes les vertus qui leur étaient refusées autrefois. Il est important qu'il soit associé à d'autres sources externes de savoir. Puisque, si les paysans savent mieux établir les corrélations entre différents phénomènes ; leurs explications des causes peuvent être toute fois, erronées (Floquet et Mongbo, 1994).

    Enfin, par rapport aux savoirs scientifiques formels ou techniques qui sont standardisés, uniformisés et formalisés ; les savoirs locaux sont localisés, contextualisés et empiriques. Aussi, selon Mettrick, (1993), cité par Agossou (2008), la diffusion des savoirs locaux est-elle restreinte à ce dont on peut se rappeler et qui peut se transmettre oralement. De même, si il a des domaines de connaissances dans une large mesure maitrisées par les savoirs locaux et qui peuvent aider la recherche scientifique ; il existe tout de même des données et des concepts que les savoirs locaux ne peuvent détenir parce que nécessitant des travaux expérimentaux, hors de porté des paysans ruraux.

    En dépit de ces limites ; Howes et Chambers (1979), cité par Okry (2000), suggèrent un certain nombre d'usages des savoirs locaux dans le domaine du développement :

    - l'utilisation du système local de classification comme un moyen plus rapide pour compiler et inventorier les ressources du terroir.

    - les savoirs locaux comme source d'inspiration aux scientifiques.

    - les savoirs locaux comme source d'hypothèses préliminaires.

    - les savoirs locaux comme moyen de correction des erreurs des acteurs externes à la société dans la perception réelle des réalités sociales.

    - les savoirs locaux comme canal d'information sur les problèmes environnementaux.

    Pour Biaou et al., (op.cit) l'essentiel est de valoriser ce patrimoine pour servir aux objectifs du développement économique et social. C'est dans cette perspective que les savoirs locaux seront pris en compte ici sous l'angle des quatre premiers usages suggérés ci-dessus pour l'analyse des perceptions et des stratégies ainsi que de leurs interrelations.

    2.1.4. Les stratégies paysannes d'adaptation aux changements climatiques

    > Le risque et l'incertitude en agriculture

    Aucune activité économique n'est dépourvue de risque et/ou d'incertitude. Mais, à la différence des autres secteurs d'activité, il n'est pas exagéré de considérer qu'en agriculture, il joue un rôle particulièrement grand du fait que même la production est extrêmement incertaine : avec les mêmes facteurs de production, la récolte peut varier du simple au double selon la météorologie (Boussard, 1987 ; cité par Adégbidi, 2003). Certes, les paysans sont confrontés à cette incertitude dans toutes les régions du monde. Néanmoins, les petits exploitants agricoles des Pays en Voie de Développement (PVD), qui sont généralement sans épargne, en souffrent naturellement plus que les autres (Adégbidi, 2003).

    C'est Knight (1921) qui introduit pour la première fois une différenciation entre risque et incertitude. Il y a risque lorsqu'on peut associer une loi de probabilité aux différents résultats possibles d'une action donnée ; tandis qu'il y a incertitude, lorsque l'information dont on dispose est si pauvre, qu'il est impossible d'attribuer une probabilité aux différents résultats possibles (Boussard, 1987 ; cité par Adégbidi, 2003). Mais dans le contexte particulier des perturbations pluviométriques subies par les exploitations agricoles familiales

    béninois, Adégbidi (2003) précise que les deux termes sont équivalents et donc, interchangeables.

    De nombreux auteurs (Dillon et Scandizzo; 1978 ; Binswanger et Sillers; 1983), cité par Adégbidi (2003), ont constaté que souvent les pertes subies pendant les mauvaises années (par exemple, pertes de récolte et de biens de production, endettement, etc.) ne sont presque jamais complètement compensées par les gains obtenus pendant les bonnes saisons. Ils ont relevé que l'ampleur des fluctuations de revenus que subissent ces paysans est très grande. Huijsman (1986) a montré que le sous-investissement dans l'agriculture, est causé par le comportement d'aversion pour le risque.

    Ellis (1996), cité par Adégbidi (2003), à partir des recherches qui couvrent presque tous les aspects de la vie des familles paysannes et leurs liens avec le risque, a conclu aux propositions ci-après: l'aversion pour le risque (1) induit des pratiques agricoles telles que la dispersion spatiale des parcelles et l'association des cultures, (2) empêche la diffusion et l'adoption des innovations qui pourraient améliorer la production voire les revenus agricoles. La perception des risques encourus dans leur activité influence donc nombre des stratégies développées par les producteurs agricoles.

    Mahawonken (1989), cité par Sènahoun (1994), dans un article présenté au séminaire sur << la gestion de risque et l'administration de l'assurance agricole au Nigéria >> à résumé les risques du secteur agriculture en quatre (4) types que sont :

    - les risques naturels,

    - les risques sociaux,

    - les risques économiques et,

    - les risques personnels (personal risks).

    Boehlje et Eidman (1984), cité par Sènahoun (1994) répartissent pour leur part, les risques agricoles en deux groupes : les << Business risk >> et les risques financiers (Financial risk). Selon eux, les << Business risk >> comprennent les risques de variation des prix et les risques de variations de la production. Ces derniers (risques de variation de la production) sont les plus importants dans un pays comme le Bénin où l'agriculture est largement dépendante de la météorologie. Les facteurs de variation de la production sont des facteurs climatiques, des facteurs biologiques...etc. Les risques financiers sont liés à la variation des taux d'intérêt et à la non disponibilité du crédit.

    Aken Ova (1988) cité par Sènahoun (1994) répartit lui les facteurs de risque en acte de Dieu (Act of God) et actes de l'homme (Act of men). Dans cette classification, le vol, l'incendie sont des exemples d'actes de l'homme alors que la variation pluviométrique est un exemple d' « Act of God ».

    Si en première apparence ces différentes typologies présentes des variations de forme, au fond, elles effectuent toutes la classification des mêmes risques. Il en ressort que le risque climatique est une constante du secteur agriculture. Le risque climatique désignant ici, la fréquence d'occurrence d'un événement climatique ou biologique qui peut être préjudiciable aux écosystèmes et aux moyens et modes d'existences des populations (IPCC, 2007).

    Dans son rapport d'évaluation concertée de la vulnérabilité aux variations actuelles du climat et aux phénomènes météorologiques extrêmes, Aho (2006) notifie que les principaux risques climatiques dans la commune d'Adjohoun sont :

    - les pluies tardives et violentes, - les vents violents,

    - la chaleur excessive,

    - les inondations et,

    - la sécheresse.

    L'influence de ces différents risques climatiques sur les activités agricoles et le milieu de vie des producteurs agricoles seront pris en compte pour notre étude.

    Pour Hunt (1991, p50), cité par Adégbidi (2003), les pratiques courantes agricoles de dispersion du risque, notamment la diversification des productions, la diversification spatiale des parcelles et des sources de revenus du ménage agricole, n'impliquent pas nécessairement un sacrifice de l'efficience. Les stratégies paysannes anti risques seraient alors des pistes porteuses pour l'analyse et la compréhension des stratégies des producteurs agricoles dans le contexte actuel des changements climatiques.

    > Les stratégies paysannes anti-risque

    On entend par stratégie, la conception et la mise en oeuvre d'un ensemble d'actions coordonnées en vue d'atteindre un résultat ultime. Elle induit donc une hiérarchie d'actions et de résultats intermédiaires qui permet l'identification et la caractérisation de la stratégie menée.

    Par le concept de stratégie, praticiens et chercheurs de différentes disciplines (agronomes, géographes, économistes ruraux, sociologues) manifestent le souci de recentrer les analyses et les propositions d'action sur la prise en compte de la capacité des paysans à prendre des décisions cohérentes en fonction d'intérêts et d'objectifs qui leur sont propres (Chauveau, 1997 cité par Nambena, 2004)

    Pour Yung et Zaslavsky (1992), le concept de stratégies des producteurs désigne l'ensemble des combinaisons plus ou moins structurées de réponses élaborées des acteurs pour faire face aux défis auxquels ils se trouvent confrontés ou qu'ils s'assignent (objectifs).

    En abordant l'étude des stratégies des producteurs agricoles Losch et al. ; (1991) évoque la nécessité de pouvoir distinguer le structurel et le temps long, le conjoncturel et le temps court ; car si le temps long est explicatif des tendances et des grandes évolutions, le temps court est aussi porteur d'évènements explicatifs de ruptures, de différenciations économiques et sociales et de reformulation des stratégies développées. Toutefois, l'urgence de court terme fait obstacle au développement de stratégies à long terme chez beaucoup de producteurs (Sautier, 1989 cité par Yung et Zaslavsky, 1992).

    En référence aux facteurs influençant les stratégies des producteurs africains, Yung et Zaslavsky (1992), mentionnent les repères suivant :

    · Les objectifs poursuivis et moyens mis en oeuvre varient selon ce que l'on a affaire à un acteur dont la préoccupation est à dominante agricole ou pastorale, selon qu'il est riche ou pauvre, selon qu'il est aîné ou dépendant, selon qu'il s'agit d'un producteur ou d'une productrice, selon qu'il exerce une activité exclusivement agricole ou, parallèlement, d'autres activités économiques, etc.

    · Les stratégies des acteurs sont déterminées par les perceptions qu'ils ont ou les représentations qu'ils se font, de leur situation ainsi que des autres acteurs.

    · Les stratégies et changements de pratiques des producteurs constituent des points de repère permettant de reconstituer les stratégies.

    · Le discours des acteurs sur leurs pratiques et changements de pratiques constituent un objet privilégié d'investigation pour comprendre leurs stratégies.


    · Les évolutions climatiques, sociales, techniques et économiques peuvent induire des changements rapides dans les stratégies des acteurs.


    · Les stratégies des acteurs sont déterminées par la situation dans laquelle il se trouve en tant que producteurs ou ses objectifs, ou les deux à la fois.

    Par rapport aux objectifs guidant les choix opérés par les paysans face aux risques, Losch et al. ; (1996) font la synthèse et soulignent qu'il est possible de distinguer trois types de stratégies des producteurs en fonction de leur caractère plus ou moins offensif ou défensif :

    - Les stratégies à dominante défensif consistent, pour les producteurs en situation de fortes contraintes, à préserver la survie de leur unité de production et à assurer la reproduction du groupe familial. Ces stratégies passent par l'atténuation des effets des risques en les dispersant au maximum.

    - Les stratégies à dominante offensive ont pour objectif principal : la croissance du revenu monétaire. Elles consistent à prévenir l'occurrence des risques en évitant leur manifestation, ou du moins en agissant sur leurs causes.

    - Entre ces deux types de stratégies existe une stratégie intermédiaire capable d'évoluer, en fonction de l'environnement économique, dans un sens ou dans l'autre et que l'on peut qualifier de « stratégie d'attente » ou de « détournement ». Il s'agit dans ce cas pour le producteur de se situer hors d'atteinte des risques en les contournant sans agir directement sur les effets ni sur leurs causes.

    Maatman (2000, p. 169; cité par Adégbidi, 2003) a pour sa part catégorisé quatre stratégies paysannes qui réduisent l'impact des risques sur les résultats de l'activité agricole. Il s'agit :

    - des stratégies de contournement/évitement;

    - des stratégies de dispersion par la diversification;

    - des stratégies de contrôle des risques par la prise de décision séquentielle ; - des stratégies "d'assurance" contre les risques.

    Les travaux d'Adégbidi (2003, p. 14) axés sur cette dernière typologie des stratégies paysannes face aux risques pluviométriques dans le Département du Borgou mentionnent les résultats suivants :


    · les stratégies de contournement ou d'évitement; concerne la pratique du labour ou des buttes et l'abandon des parcelles de sorgho ;

    · les stratégies de dispersion par la diversification; se manifeste par la large gamme de cultures rencontrées sur une même exploitation, la pratique des associations de cultures encore persistante dans le milieu de même que la multiplication des parcelles sur différents types de sols, la culture de plusieurs variétés pour une seule et même culture. La combinaison de la production végétale à la production animale participe elle aussi, à ces stratégies de dispersion.

    · Les stratégies de contrôle des risques par la prise de décision séquentielle concernent la réduction des impacts de la faible levée des plants par le resemis.

    · Les stratégies "d'assurance" concernent l'entretien des relations sociales marquées par
    la pratique des dons de produits vivriers aux parents et amis après chaque récolte.

    Face au contexte des changements climatiques vécus actuellement, les expériences d'adaptation aux risques serviraient sans doute de base pour l'élaboration de stratégie d'adaptation.

    > Les stratégies d'adaptation aux changements climatiques

    La notion d'adaptation est aussi vieille que le monde (IPCC, 2001). L'adaptation aux changements climatiques indique l'ajustement des systèmes naturels ou humains en réponse à des stimuli climatiques présents ou futurs ou à leurs effets, afin d'atténuer les effets néfastes ou d'exploiter des opportunités bénéfiques (GIEC, 2001).

    On distingue divers types d'adaptation, notamment l'adaptation anticipative et réactive, l'adaptation publique et privée, et l'adaptation autonome et planifiée (GIEC, 2001).

    L'adaptation climatique apparaît être une des solutions qui permettraient à la communauté humaine de réduire les impacts des changements climatiques annoncés (Ogouwalé, 2006). Ceci ne saurait être une réalité en l'absence de stratégie d'adaptation.

    Le GIEC (2001) définit la stratégie d'adaptation aux changements climatiques comme étant le mécanisme ou les actions entreprises par un système, une communauté, un individu en réaction aux impacts et effets présents et futurs induits par les modifications du climat.

    Pour notre étude, seules les réactions des communautés et des individus en réponse aux effets présents et futurs des changements climatiques seront considérées car c'est uniquement les stratégies d'adaptation des producteurs qui constituent l'objet de notre préoccupation.

    A côté de la notion de stratégie d'adaptation, la capacité d'adaptation (GIEC, 2007) désigne la capacité d'ajustement afin de s'adapter aux effets et aux impacts des changements climatiques (y compris la variabilité climatique et les extrêmes climatiques).

    En adoptant la définition du GIEC (2001) du concept stratégie d'adaptation aux changements climatiques, Ogouwalé, (2006) a distingué deux types de capacité d'adaptation:

    - La capacité d'adaptation des agrosystèmes qui est assimilée à la résilience des systèmes naturels, c'est-à-dire leur aptitude à supporter les magnitudes de changements des paramètres du système ou de l'élément étudié pour revenir à des états de dynamique stable à moyen termes sans changement majeur de leurs physionomies, qualités et compositions spécifiques.

    - La capacité d'adaptation du système humain qui est l'aptitude d'une communauté à planifier, à se préparer pour faciliter et mettre en oeuvre des mesures d'adaptation en tenant compte de ses atouts économiques, technologiques, institutionnels, etc.

    Dans son rapport d'évaluation concertée de la vulnérabilité aux variations actuelles du climat et aux phénomènes météorologiques extrêmes, Aho (2006) notifie que dans le secteur de l'agriculture de l'élevage de la pêche et de la foresterie, les populations locales de la commune d'Adjohoun ont développée les mesures d'adaptation telles que :

    - la provocation des pluies par les faiseurs de pluie,

    - les semis précoces qui permettent parfois de faire profiter des premières pluies aux cultures,

    - l'abandon des cultures à cycles longs comme le manioc, la patate douce etc., - l'application de fortes doses d'engrais,

    - l'adoption de variétés de maïs à cycle court et,

    - la conversion des pêcheurs en agriculteurs, lorsque l'ensablement des cours d'eau ne permet plus les activités de pêche.

    Dans le cas de la présente étude, ces différentes mesures d'adaptation sont retenues comme point de départ des adaptations mis en oeuvre en générale dans notre zone d'étude et seront approfondis aux niveaux des exploitations agricoles. Ceci passe nécessairement par la compréhension de la diversité des capacités d'adaptation de ces exploitations agricoles. Cette diversité de capacité d'adaptation est caractéristique du niveau de vulnérabilité de chaque exploitation ou groupe homogène d'exploitation agricole.

    2.1.5. La vulnérabilité aux changements climatiques > Le concept de vulnérabilité

    Le concept de vulnérabilité a fait l'objet d'une abondante littérature scientifique qui se caractérise toute fois par certains points saillants.

    Chambers, (1989, cité par van Dillen, 2002) l'a défini globalement en termes d'exposition aux risques et de la capacité de s'en sortir de tels risques. Mentionnons ici que ces deux composantes qu'il appelle aussi les cotés externes et internes de la vulnérabilité, sont typiquement à la base de toutes les définitions de ce concept quelque soit le domaine considéré.

    En développant cette double structure du concept vulnérabilité, Bohle, (1997), cité par Nambena, (2004) différencie le côté externe en risques résultants des conditions d'écologie humaines, incluant des changements écologiques ou le développement démographique, en perturbations découlant de la situation politico-économique, défini par l'histoire du développement politique et économique, et en dangers provenant du déclin des prétentions, des titres et des accès. Concernant le côté interne, il distingue trois catégories de capacités de s'en sortir : des capitaux écologiques en l'occurrence les ressources naturelles, les actifs socio-économiques tels les alliances, organisations sociales, etc., ainsi que des ressources économiques (infrastructures) et personnels (santé, âge, éducation).

    Akadiri et Bhole, (1999), cité par Nambena, (op. cit) met en relief les dimensions sociales, culturelles, politiques, géographiques et temporelles de la vulnérabilité et la nécessité de considérer des différenciations spécifiques et précise que la vulnérabilité se présente pour un individu, des groupes sociaux ou des régions comme une combinaison de facteurs écologiques, socio-économiques, institutionnels et légaux.

    Dans ce même ordre d'idée et en rapport avec le phénomène de la pauvreté, certains auteurs (Blaikie et al. ; 1994 et van Dillen, 2002) expliquent que vulnérabilité et pauvreté sont des états souvent liés, mais ne sont pas synonymes. En ce sens, plus que la pauvreté qui décrit simplement une condition dans laquelle une personne ou un ménage n'a pas les moyens d'obtenir un certains paquets de biens dont la valeur est appelé seuil de pauvreté ou de bien être humain, la vulnérabilité est une mesure complexe, relative, hypothétique et prédictive en ce sens qu'elle reflète les mécanismes et les processus qui causent des privations actuelles et futures afin de connaître non seulement qui est en détresse actuellement mais qui risque de l'être pour l'avenir.

    En quoi se résume alors la vulnérabilité aux changements climatiques ? > La vulnérabilité aux changements climatiques

    La vulnérabilité aux changements climatiques est définie par le GIEC (2007), comme « le degré par lequel un système risque de subir ou d'être affecté négativement par les effets néfastes des changements climatiques, y compris la variabilité climatique et les phénomènes extrêmes.

    La vulnérabilité aux changements climatiques admet donc plusieurs approches de définition selon l'usage que l'on veut en faire (MEPN, 2008). Deux approches seront retenues pour notre étude : celle de la vulnérabilité sociale et celle de la vulnérabilité bio-physique.

    Parmi les facteurs qui engendrent la vulnérabilité bio-physique, on compte ceux dépendant du climat comme la pluviométrie (déficit, répartition temporelle et spatiale) et ceux favorisés par les régimes pluviométriques tels que les invasions de prédateurs, les maladies contagieuses, parasitaires, animales et végétales, les mauvaises récoltes, les pénuries de fourrages, ainsi que les faibles potentiels génétiques végétaux et animaux.

    La vulnérabilité sociale est caractérisée par la pauvreté, une insécurité alimentaire structurelle, des techniques de production obsolètes, un sous équipement marqué et l'insuffisance d'intrants agricoles (semences, engrais).

    Néanmoins, on distingue par ailleurs toujours par rapport à la problématique des changements climatiques, la vulnérabilité actuelle et la vulnérabilité future. A cet effet, celle dite actuelle permet d'évaluer les risques connus, avec l'objectif de réduire les dangers et

    d'identifier des actions d'atténuation des risques et pour la gestion des risques tandis que celle dite future permet d'évaluer les risques connus et potentiels avec l'objectif d'estimer des dangers et d'identifier des capacités et des actions d'adaptation.

    La vulnérabilité dépend du caractère, de l'ampleur, et du rythme des changements climatiques auxquels un système est exposé, ainsi que de sa sensibilité et de sa capacité d'adaptation (GIEC, 2007).

    Par rapport aux changements climatiques, le concept de vulnérabilité peut être traduit en termes opérationnels comme suit :

    Vulnérabilité = Risque climatique (danger x expositions) +/ - Adaptation (Réponses/Options) De cette façon :

    · la vulnérabilité est donc une fonction des risques, des dangers, de l'exposition et des options et réponses d'adaptation ;

    · le risque climatique une fonction de la probabilité et la magnitude d'occurrence des dangers comme les événements climatiques ou biologiques préjudiciables ;

    · le danger une fonction des menaces actuelles et/ou potentielles pour les humains et leurs bien être et aussi pour les écosystèmes, leurs biens et services ;

    · l'exposition une fonction de la susceptibilité à des impacts, des effets et/ou des pertes des changements climatiques ; et enfin,

    · les options et les réponses d'adaptation comme une fonction des mécanismes,
    stratégies et actions pour faire face de manière réactive, soit de manière préventive.

    L'évaluation concertée, rapide, de la vulnérabilité effectuée auprès des populations locales dans le cadre des travaux du Programme d'Action National aux fins de l'Adaptation aux changements climatiques (PANA) précise qu'au sud du Bénin, trois communes sont plus vulnérables (Aguégué, Adjohoun et Grand-Popo), deux communes au nord du pays (Tanguiéta et Malanville) et une commune sur le matériel précambrien du socle granito gneissique du centre Bénin (Savalou) (MEPN, 2008). Par rapport à sa proximité avec la commune d'Adjohoun et leur appartenance à la même zone agroécologique, nous admettons que la commune de Dangbo, la seconde commune de notre zone d'étude est également vulnérable aux changements climatiques. Dans la commune d'Adjohoun, Aho (2006) notifie

    dans son rapport d'évaluation concertée de la vulnérabilité aux variations actuelles du climat et aux phénomènes météorologiques extrêmes que les groupes sociaux les plus vulnérables au point de vue socio-économique sont : (i) les petits exploitants agricoles, (ii) les éleveurs et (iii) les transformateurs des produits agricoles. Les producteurs agricoles de notre zone d'étude sont donc vulnérables aux changements climatiques.

    2.2. Cadre analytique de l'étude

    Nous avons choisi pour constituer le fil directeur de notre travail, l'approche d'analyse de la perception et l'approche d'analyse des moyens d'existence durables « Substainable Livelihood ». L'approche d'analyse de la perception nous permettrait d'appréhender les perceptions des manifestation des effets néfastes des changements climatiques vécus par les producteurs dans leur terroir. L'approche d'analyse des moyens d'existence durables permettra pour sa part d'analyser les différentes stratégies d'adaptation développées par les producteurs sur la base de leurs expériences au contact de leur environnement dans un contexte de vulnérabilité aux changements climatiques.

    2.2.1. L'approche d'analyse de la perception

    Nous ne percevons que certains éléments de tout ce qui se passe dans notre environnement. En effet, à tout moment, nos sens reçoivent une multitude de stimuli de l'environnement autour de nous. Mais malgré sa capacité à traiter une importante quantité d'information, notre système nerveux ne peut pas être conscient de tous les stimuli à la fois. Nous faisons une sélection en fonction de notre concentration sélective. Ce qui a été sélectionné est directement ordonné et activement modifié au cours de la perception (van den Ban et al, 1994). Ceci fait naître une différence évidente entre l'environnement physique et l'environnement subjectif, tel que nous l'avons perçu c'est-à-dire l'environnement psychique. Tout comportement individuel dans n'importe quelle situation repose non pas sur une réalité, mais sur la réalité telle que perçue et comprise par cet individu. La figure N°1 suivante visualise ceci. Le mode de transformation et d'enregistrement des stimuli perçus est, d'une part fonction des facteurs structurels relatifs à la constitution psychologique des organes et leur conduite, d'autre part, des facteurs fonctionnels relatifs à la situation psychique du percepteur.

    Stimuli Facteurs

    fonctionnels

     
     
     
     
     
     
     

    Situation psychique
    du percepteur

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Perception
    Sensorielle

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Mémorisation

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Transformation sélective
    Projective, significative ordonnante

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Facteurs structurels Personne

     

    Figure 1: Modèle de la perception humaine Source : Adapté de GTZ, 1987 : 91

    Selon Van den Ban et al. (1994), nous pouvons considérer les éléments ci-dessus comme faisant partie des facteurs fonctionnels :

    - les expériences,

    - les notions de valeurs,

    - les attentes, - les besoins,

    - les opinions et,

    - les normes socio-culturelles.

    2.2.2. L'Approche d'Analyse des Moyens d'Existence Durable (AMED) « The Substainable Livelihood Analyse (SLA) »

    Les changements climatiques sont un phénomène qui entraîne des changements sociaux, ils ont des impacts sur le bien-être des populations locales. A cet effet, nous retenons dans le cadre de notre étude l'AMED ou « Livelihood » pour l'analyse des stratégies d'adaptation développées par les producteurs. Cette approche trouve son origine dans les débats initiés à la fin des années 1980 autour des notions et des caractérisations de la pauvreté. Ces débats visaient le dépassement des visions réductionnistes basées simplement sur le niveau de revenus ou de consommation des personnes (Bucci, 2008). Dans sa substance, le

    << livelihood >> est un concept alternatif à celui de << système >> comme paradigme de conceptualisation des modes de production et de vie des producteurs et groupes sociaux (FIDA, 2007).

    Dans sa conception théorique, l'AMED est une approche construite autour du concept de << Moyen d'Existence Durable (MED)>> et d'une théorie du changement. Celle-ci identifie un certain nombre de niveaux et facteurs stratégiquement importants qui, dans une logique d'ensemble, expliquent comment la maîtrise et l'orientation des facteurs vers les stratégies d'existence devrait engendrer des effets positifs sur l'existence d'individus dans un territoire déterminé.

    Les moyens d'existence englobent les capacités, les atouts (y compris les ressources matérielles et sociales) et les activités nécessaires pour vivre. Ils sont durables lorsqu'ils permettent aux groupes sociaux concernés de faire face à des contraintes et à des chocs, de maintenir ou d'accroître les capacités et les actifs présents et à venir, sans porter atteinte à la disponibilité des ressources naturelles pour les générations futures (DFID, 1999). Ainsi, le concept de moyen d'existence durable est construit autour de trois éléments :

    - les capacités nécessaires pour mener une existence décente,

    - les biens tangibles qu'un individu ou un ménage possède ou au quels il a accès,

    - les biens intangibles, comme la possibilité de faire des demandes ou des requêtes ou d'accéder à des services, à la technologie, à une activité génératrice de revenus, etc (Chambers et Corway 1991)

    Le << livelihood >> intègre beaucoup de données (quantitatives et qualitatives) et peut permettre de fournir une analyse socio - économique et surtout politique sur ce que cache les disparités entre ménages dans la mobilisation des atouts et le déploiement des stratégies de subsistance (Ann Whitehead, 2002). Il est basé sur sept principes fondamentaux : les populations locales au coeur du développement, une vision holistique, la flexibilité et le dynamisme, la valorisation du capital des individus ou des ménages, les interrelations micro-macro, des alliances partenariales larges, et la durabilité (DFID, 1999). De ce point de vu, le << livelihood >> est une démarche centrée sur l'humain, les individus ou ménages constituent le point d'entrée privilégié et non, par exemple, une région ou un secteur d'activité donné. Il est une approche englobante, c'est-à-dire qu'il ne se cantonne pas à un seul secteur, un seul lieu

    ou un niveau donné ; et il intègre la multiplicité des acteurs et des stratégies. Il se fonde avant tout sur l'analyse des dynamiques de changement, les relations de cause à effet, l'enchaînement d'événements, et non sur une vision statique et figée des populations et de leurs moyens d'existence. Il s'appuie, ceci est très important, sur les atouts et les forces disponibles au sein des populations, afin de les appuyer et de les renforcer, et non sur leurs besoins. En rupture avec les pratiques de développement qui tendent à se concentrer de manière exclusive sur des aspects macro ou micro, le << livelihood >> vise à réconcilier les deux échelles, notamment en décortiquant l'impact des politiques macro sur les populations à l'échelle locale. Les interventions s'envisagent en partenariat avec d'autres acteurs de développement, du secteur privé ou public. Enfin l'approche du << livelihood >> situe la durabilité à quatre niveaux que sont : le niveau financier en limitant la nécessité d'un recours aux financements extérieurs ; le niveau institutionnel, à travers l'intégration dans des institutions existantes ; le niveau environnemental, en tenant compte du potentiel physique à long terme et le niveau social, en minimisant l'exclusion sociale.

    Elaboré par la DFID, le cadre analytique de l'AMED est un outil pratique pour faire comprendre et assimiler l'approche en favorisant l'analyse des moyens réels d'existence des populations. La figure 2 présente les cinq composantes de ce cadre.

    Légende

    H = capital Humain S = capital Social

    N = capital Naturel P = capital Physique F = capital Financier

    AVOIR DE MOYENS
    D'EXISTENCE

    CONTEXTE DE
    VULNERABILITE

    CHOCS

    TENDANCES SAISONNALITE

    STRUCTURE ET
    PROCESSUS DE
    TRANSFORMATION

    STRUCTURES

    · Niveau de gouvernement

    · Secteur

    privé

    Lois

    Politique

    Culture Institution

    RESULTATS DE
    MOYENS
    D'EXISTENCE

    · Plus de

    revenus

    · Bien être
    accru

    · Vulnérabilitéréduite

    · Plus grande sécuritéalimentaire

    · Utilisation plus durable

    STRATEGIES DE MOYENS D'EXISTENCE

    Pour obtenir des

    Influence
    & accès

    H
    S N

    P F

    Figure 2: Cadre analytique du « livelihood Source : DFID, 1999

    Ces cinq composantes peuvent être décrites dans le cadre du présent travail de la manière suivante : (i) le contexte de vulnérabilité aux changements climatiques du monde dans le quel opèrent les producteurs agricoles ; (ii) leurs atouts en capital (social, humain, naturel, physique et financier) ; (iii) les politiques, institutions et processus qui influent sur leur vie ; (iv) les stratégies adoptées par ces producteurs qui peuvent soit être basées sur l'exploitation des ressources naturelles, soit sur l'exploitation d'autres types de ressources, soit encore sur le changement de contexte de la part de l'exploitation et (v) les résultats qu'ils obtiennent ou auxquels ils aspirent.

    Ce cadre ne fonctionne pas de manière linéaire et ne cherche pas à donner une représentation exacte de la réalité. Il vise plutôt à fournir une façon de considérer les moyens d'existence des producteurs qui stimule le débat et la réflexion sur les nombreux facteurs en l'occurrence le risques climatiques, influençant ces moyens d'existence, la façon dont ils interagissent et leur importance relative dans une situation donnée, ce qui devrait faciliter l'identification de manières plus efficaces d'appuyer les moyens d'existence et de réduire leur vulnérabilité (FIDA, op.cit).

    Pour la présente étude, l'AMED permettra une meilleure prise en compte des aspirations, des atouts et des contraintes des producteurs, de leur inhérente diversité, de la complexité de leur environnement et de leurs stratégies d'existence dans un contexte globale de changement climatique.

    2.2.3. Approche d'analyse retenue pour l'étude

    Telle que présentée ci-dessus, l'approche d'analyse de la perception et celle du « livelihood » pris isolément ne pourraient suffire pour les analyses de notre étude qui remarquons le se préoccupe à la fois des perceptions, des savoirs locaux et des stratégies d'adaptation des producteurs agricoles face aux changements climatiques ainsi que de leurs interrelations. Face à cette situation, et sur la base de ces deux approches, nous avons alors élaboré tout comme Agossou (2008) et Dimon (2008), une approche d'analyse propre à cette spécificité de notre recherche.

    Fondamentalement, au sein de la communauté paysanne, il y a une certaine hétérogénéité des stratégies d'adaptation face aux aléas pluviométriques (Adégbidi, 2003). En effet, des paysans de la même région frappés par un choc ou bouleversement pluviométrique

    d'ampleur égale vont réagir rarement de la même manière pour les choix de leurs pratiques et techniques à mettre en oeuvre en réponse à ce changement en face. En réalité, les pratiques des paysans sont surtout façonnées par une foule de facteurs axés sur leur perception des risques encourus ainsi que de leur habileté à contrôler ou à s'accommoder à ces risques (Leeuwis, 2003). De cette façon, les stratégies mises en oeuvre par les producteurs au sein de leurs exploitations agricoles face aux risques des changements climatiques vécus ne peuvent se comprendre en dehors de leur perception de ces changements. Autrement, les différentes stratégies observées chez les producteurs en rapport aux bouleversements du climat local, sont fonction de l'idée qu'ils se font du phénomène et de la façon dont ils le ressentent donc, de leur perception du phénomène.

    Etant donné que les producteurs ne sont pas des acteurs isolés dans un environnement neutre, notre analyse de la perception des changements climatiques vécus par ceux des communes d'Adjohoun et de Dangbo prendra en compte la perception collective et les perceptions individuelles. La perception collective se rapporte ici à l'opinion générale des populations locales sur les manifestations physiques et les effets subis globalement par les producteurs. Les perceptions individuelles concernent les représentations empiriques des changements climatiques vécus par chaque producteur ou groupe homogène de producteurs du point de vue de la structure de leur exploitation, sa localisation physique sur une unité de paysage ou de leur appartenance à un réseau social donné. Pour la prise en compte de leur source d'enracinement, les perceptions individuelles des effets des changements climatiques sur les activités agricoles seront étudiées en relation avec le corpus de savoirs, les attentes, les désirs et les besoins des producteurs. La prise en compte des normes socio-culturelles dans notre analyse des perceptions nous permettra surtout de comprendre les influences exercées par les perceptions collectives sur celles individuelles.

    Les perceptions des évolutions climatiques du milieu agissent sur les connaissances des producteurs qu'ils capitalisent pour constituer leur stock de savoirs locaux. Les sources de ces savoirs ainsi que les mécanismes au moyen desquels ils sont emmagasinés et échangés entre producteurs ou catégories de producteurs constitueront un point d'intérêt de nos analyses. Les flux d'échanges d'informations qui concourent à ces processus par le biais des réseaux de parentés et d'amitié, l'observation des pratiques des voisins, l'introduction de

    nouvelles variétés via le marché et par les échanges de semences de variétés entres paysans seront intégrés à l'analyse des liens entre perceptions et stratégies d'adaptation

    Précisons toutefois que les savoirs locaux ne seront pas examinés isolément des savoirs exogènes. Seront considérés pour les besoins de la présente étude comme savoirs exogènes ceux qui ont été introduits dans le milieu par des institutions ou des personnes autres que les membres de la communauté.

    Dans notre analyse des stratégies d'adaptation, les mesures d'adaptation développées par les producteurs en réponses aux défis imposés par les changements climatiques vécus par eux seront considérées comme des composantes élémentaires des stratégies qu'ils mettent en oeuvre. A cet égard, les différentes mesures mises en oeuvre ou prévues par les producteurs pour faire face aux conséquences des évolutions climatiques dans leur milieu seront identifiées et décrites. A cette étape deux types de mesures devront être distinguées : les mesures communes (prières collectives, provocation de pluies, reboisement etc.) et les mesures individuelles et typiques (adoption de nouvelle variétés de cultures, de nouvelles pratiques culturales, abandon de cultures/variétés de culture, changements de parcelles d'une unité de paysage à une autre, diversification des sources de revenu, etc.).

    Les mesures d'adaptation recensées seront analysées parallèlement et ceci en rapport aux objectifs soutenant leur mise en oeuvre. Cette analyse s'appesantira sur les facteurs d'émergence de ces stratégies. En terme de facteurs d'émergence il sera pris en compte le temps (le court terme/le long terme), les intérêts en jeu (particuliers/collectifs), les formes de diversification (agricole/extra-agricole) ainsi que le caractère offensif, défensif ou de contournement des mesures d'adaptation mises en oeuvre par les producteurs. Ici, contrairement à Agossou (2008) et Dimon (2008), qui l'ont occulté dans leur cadre analytique, l'influence possible (positive/négative) de certaines mesures d'adaptation sur les aléas climatiques pourra être discutée. Cette analyse compréhensive des stratégies prendra en compte l'influence du cadre objectif d'activité des exploitations, des savoirs locaux ainsi que des perceptions des changements climatiques vécus en vue de pouvoir ressortir le lien entre stratégies et types de producteurs concernés.

    L'analyse du cadre objectif d'activité des producteurs permettra d'appréhender l'environnement des contraintes et des potentialités dans lequel s'insèrent les mesures d'adaptation des producteurs ce qui ouvrira par la suite le champ à l'interprétation des enjeux

    de leurs stratégies dans le contexte globale des changements climatiques. Cette analyse du cadre objectif d'activité prendra en compte deux éléments majeurs : la structure des exploitations et leur environnement socio-politique et institutionnel. La structure d'exploitation concerne les niveaux et modalités d'accès aux facteurs de production à savoir la terre (superficies disponibles), la force de travail mobilisable (le nombre d'actif agricole, la main d'oeuvre salariée, l'entraide etc.) et les capitaux (crédit, tontine, équipements palmeraies, etc.). Les autres éléments socio-culturels structurants des exploitations agricoles tels que l'âge, le sexe, l'origine et la religion du chef d'exploitation seront intégré dans l'analyse. L'environnement socio-politique et institutionnel prendra en compte l'influence des organismes de développement local opérant dans le milieu, de même que l'historique et l'évolution des villages.

    Contrairement à Agossou (op. cit) et Dimon (op. cit), qui l'ont implicitement intégré dans la composante stratégie d'adaptation de leur cadre analytique, nous avons consacré le cadre objectif d'activité des producteurs, composante à part entière pour la présente étude. Car, c'est elle qui représente la base opérationnelle des stratégies d'adaptation et traduit par ailleurs, le niveau de vulnérabilité de chaque producteur ou des groupes homogènes de producteurs. Une meilleure connaissance des caractéristiques de ces groupes s'avère nécessaire pour l'analyse des stratégies d'adaptation en relation avec les types d'exploitation.

    Il se dégage que notre étude sera conduite sur la base d'une approche d'analyse reposant sur cinq composantes. Il s'agit : du cadre objectif d'activité des producteurs, des phénomènes climatiques, des perceptions, des savoirs et des stratégies d'adaptation. Les différentes relations possibles entre ces différentes composantes sont présentées à la figure 3.

    Perception
    Commune

    Savoir
    exogène

    Savoirs

    Perception

    Perception
    Individuelle

    Savoirs
    locaux

    Perception sensorielle

    Perception psychiqu

    · Facteurs Sociodémographiques

    · Atouts en capital

    · Facteurs de production

    Cadre objectif d'activité des producteurs

    Structure des
    exploitations

    Manifestation effets

    Phénomènes

    · Politique

    · Institution

    · Processus

    · Mairie

    · CeCPA s ONG

    · Projet

    Environnement
    Socio-économique
    et Politique

    e

    · Défensive

    Offe

    · Offensive Ctt

    · Contournement

    Mesure collctive
    Mesure

    et indivduelle
    collective et

    Stratégies d'adaptation

    · Courte terme / long terme

    · Intérêt collectif / intérêt individuel

    · Diversification

    Objectifs (facteur
    d'émergence)

    + Utilisation de RN + Adaptation aux CC

    + Revenu

    + Bien être

    + Sécurité

    Résultats

    Figure 3: Cadre analytique

    Source : Réalisé dans le cadre de la présente étude 39

    Les phénomènes climatiques vécus par les producteurs dans leur cadre d'activité sont perçus de façon sensorielle à partir de la variation des facteurs du climat (température, pluviométrie, vents, insolation.), mais aussi de façon psychique sous l'influence des facteurs fonctionnels. L'annonce des phénomènes climatiques (sécheresse, pluies précoces et tardives, pluies abondantes ou faibles, etc.) sont signalés par des indicateurs qui existent dans le milieu (migration d'oiseau, comportement phénoménologique particulier de certaines plantes, etc.) qui proviennent des savoirs locaux des populations et qui déterminent leur perception de l'état du climat.

    A partir du type de perception qu'ils ont du climat et des stratégies endogènes existantes construites sur des savoirs locaux en réponse aux phénomènes climatiques passés dans le milieu, les producteurs développent de nouvelles stratégies en réponse aux nouvelles conditions climatiques.

    Les stratégies développées sont fonction de leur cadre objectif d'activité impliquant la structure des exploitations et l'environnement politique et institutionnels qui règne dans le milieu. Les résultats obtenus constituent de nouvelles connaissances qui s'ajoutent au stock ancien, le tout constituant une source d'inspiration et d'alternatives pour des mesures futures d'adaptation.

    xxxx)xxx Q3 Q: METHODOLOGIE DE L'ETUDE

    La démarche méthodologique suivie a été une combinaison d'approches de recherche qualitative et quantitative. La présente étude s'est déroulée en trois grandes phases que sont : la phase préparatoire, la phase exploratoire, et la phase d'enquête approfondie. Dans ce chapitre, nous présenterons d'abord ces différentes phases. Ensuite, les données collectées, les outils et méthodes de collecte et d'analyse de ces données seront également présentés.

    3.1. La phase préparatoire

    L'étape préparatoire de notre étude comprend trois étapes parallèles : la documentation, les ateliers méthodologiques et le choix de la zone d'étude.

    3.1.1. La documentation

    C'est au cours de cette phase que nous avons consulté la littérature existante (ouvrages, mémoires, articles, etc.) sur les changements climatiques, leur perception par les populations ainsi que les stratégies d'adaptation développées par celles-ci dans le monde, en Afrique et au Bénin de façon particulière. Les résultats de ce processus nous ont permis de faire le point des recherches antérieures en rapport avec notre thème, mais aussi d'en identifier les aspects non encore ou pas suffisamment explorés, de fixer les objectifs, de poser les hypothèses et de déterminer les méthodes de collecte des données, de même que les outils d'analyse à utiliser. Commencée au début de l'étude, la documentation s'est poursuivie durant toutes les autres phases de la recherche.

    3.1.2. Ateliers méthodologiques

    Nous avons également suivi trois (3) ateliers méthodologiques organisés par le projet PAAPCES à l'intention des étudiants bénéficiaires de l'appui financier, technique et matériel dudit projet. Les deux premiers ateliers ont porté sur les techniques et méthodes pratiques de conduite d'enquête sociale en milieu paysan. Au cours de ces formations méthodologiques, nous avons été conviés à élaborer sous la supervision des formateurs les différents outils de collecte des données sur le terrain tels que les guides d'entretien et les questionnaires individuels. Le troisième atelier méthodologique organisé au retour de la phase d'enquête approfondie a consisté en une formation sur l'utilisation d'Access pour la saisie des données collectées en vue de constituer une base de données.

    3.1.3. Choix de la zone d'étude

    Les communes d'Adjohoun et de Dangbo dans la basse vallée de l'Ouémé constituent notre zone d'étude. Deux raisons majeures ont présidé au choix de cette zone. D'une part, elle appartient à la zone agro écologique VIII, celle des pêcheries ; et a été retenue compte tenu de sa vulnérabilité avérée aux changements climatiques (MEPN, 2008). Ensuite, compte tenu de l'importance des activités agricoles et des nombreuses potentialités hydro-agricoles afférentes à cette zone, elle convient bien pour notre recherche qui vise à étudier les perceptions et stratégies d'adaptation des producteurs agricoles face aux changements climatiques. D'autre part, cette zone à été retenue, car la présente recherche s'inscrit dans le cadre du projet PAAPCES qui vise à étudier les impacts des changements climatiques sur le milieu et le quotidien des producteurs dans les différentes zones climatiques de notre pays à savoir :

    - La zone Nord caractérisée par une pluviométrie unimodale, - La zone Sud caractérisée par une pluviométrie bimodale,

    - Et la zone méridionale caractérisée par un climat de transition entre les deux zones climatiques ci-dessus citées.

    C'est dans cette optique que la zone sud a été retenue cette année, étant donnée que les études de Agossou (2008) et Dimon (2008), inscrites dans le cadre du même projet, ont été déjà consacrées à la zone Centre et Nord. Mentionnons également que pour cette année, cette même étude a été conduite dans le département du Mono, toujours, pour le compte du même projet.

    3.2. La phase exploratoire

    La phase exploratoire a durée deux semaines et nous a permis de choisir les deux villages d'enquête. Elle a consisté par la même occasion en une prise de contact, de reconnaissance et d'intégration dans le milieu d'étude. Un pré-test du questionnaire a été fait auprès de deux (02) producteurs par village pour relever ces insuffisances et incohérences. Toutes ces activités nous ont été utiles pour mieux cerner notre problématique et appréhender les perceptions globales des producteurs des villages d'enquête sur les changements climatiques, ses conséquences subis par eux de même que leurs stratégies d'adaptation.

    3.2.1. Prise de contact avec les autorités locales

    Suite à notre descente sur le terrain, nous avons d'abord pris contact avec les autorités des Centres Communaux pour la Promotion agricole (CeCPA) des deux Communes. Par la suite, nous sommes rentrés en contact avec les autorités administratives au niveau des mairies et des arrondissements. Nous avons été introduits dans chaque village auprès du chef du village par un agent du CeCPA. Chaque fois, avec ces différentes autorités, les échanges ont porté sur l'explication et la discussion autour du sujet de notre recherche.

    3.2.2. Choix des villages d'enquête

    Le choix des villages enquêtés s'est fait sur le terrain avec l'orientation des RCPA et de leurs agents responsables de zone. Les agents responsables de zone sont des agents du CeCPA affectés à l'encadrement des producteurs par arrondissement. En vue d'appréhender les perceptions des changements climatiques vécus par les producteurs de la zone d'étude ainsi que la diversité de leurs stratégies d'adaptation, quatre critères prédéfinis ont servis de base de discussion avec les agents des CeCPA dans l'identification des villages potentiels d'enquête. Il s'agit de la variabilité de la situation de toposéquence du terroir villageois, de la présence de bas fond, de la proximité avec le fleuve Ouémé et de l'importance des activités agricoles dans les villages.

    Sur la base de ces critères, et des visites guidées dans certains villages avec les agents du CeCPA, le village de Zounta dans la commune de Dangbo et le village de Sissèkpa dans la commune d'Adjohoun ont été retenus pour les enquêtes de la présente étude.

    3.3. La phase d'enquête approfondie

    Cette phase, la dernière de notre recherche, à été essentiellement une phase d'enquête structurée. Elle a consisté d'une part en la collecte des données nécessaires au test des hypothèses grâce au questionnaire d'entretien individuel corrigé (annexe 2). D'autre part, la technique d'observation participante et des entretiens informels nous ont permis d'obtenir des informations complémentaires pour comprendre certaines tendances obtenues à travers les questionnaires. Les quelques questions ouvertes du questionnaire ont contribué aussi à cette fin. Afin d'éviter que l'entretien ne dure trop longtemps, ce qui pourrait entacher la fiabilité des informations collectées, nous avons effectué deux passages par exploitation.

    3.3.1. Choix des unités d'observation et justification

    L'unité d'observation est l'exploitation agricole. L'exploitation agricole est une unité de production où un groupe d'individu travaille collectivement avec des productions communes pour satisfaire leurs besoins de subsistance ainsi que ceux de leurs dépendants (Dugué, 1986). Adégbidi (1992), mentionne que celui qui assure la mise en valeur de l'exploitation est appelé chef d'exploitation ; il est en outre appelé chef de ménage.

    Dans le cas présent de notre zone d'étude où l'unité de production correspond à l'unité de consommation et à l'unité de résidence, l'exploitation agricole équivaut au ménage agricole et se résume à l'ensemble regroupant le chef de ménage, le ou les conjoint(s), leur progéniture et les dépendants directs, les parcelles sous cultures, celles en jachères, les plantations, le cheptel animal, les équipements ainsi que l'ensemble des activités extra agricoles qui occupent en son sein des membres.

    Le choix des exploitations agricoles comme unités d'observation se justifient par le fait que nous jugeons que les chefs d'exploitation seuls ne sauraient relater tous les problèmes qu'ils rencontrent dans leur exploitation. Ainsi pour limiter les pertes d'informations et tenir compte des détails qui échappent parfois au chef d'exploitation, les autres membres de l'exploitation ont été aussi questionnés. Les autres membres de l'exploitation ont aussi et surtout contribué à la collecte des données relatives à la structure de l'exploitation.

    3.3.2. Construction de l'échantillon d'enquête

    En vue de garantir la représentativité de notre échantillon d'enquête, nous avons procédé à la réalisation d'une typologie de structure des exploitations agricoles de nos deux villages d'enquête. Par hypothèse, il est supposé que les stratégies d'adaptation mises en oeuvre par les producteurs face aux modifications climatiques vécues seront fonction des perceptions mais aussi des structures des exploitations. Il nous importait donc de tenir grand compte de la diversité de structure existante au niveau des exploitations agricoles de notre zone d'étude.

    A cet égard, la typologie d'exploitations est un modèle de représentation (en graphe ou en tableau) de la diversité des exploitations composant une agriculture locale ou régionale (INRA, 1988). Cependant, on distingue différents types de typologies. Jouve (1992), affirme qu'il y a autant de typologies que de points de vue et d'objectifs mais, il distingue deux types :

    les typologies de structure et les typologies de fonctionnement. Les typologies de structure sont basées essentiellement sur la nature et les modalités d'organisation et de combinaison des moyens de production (capital, terre et travail), offrant ainsi un cadre pour des analyses sur des ensembles homogènes ; tandis que les typologies de fonctionnement s'attachent plus à l'analyse des processus techniques de production. Pour notre cas, la typologie de structure a été retenue pour nous servir de porte d'entrée dans la population des producteurs.

    La construction de notre échantillon d'enquête à partir d'une typologie de structure s'est déroulée en trois étapes à savoir : le choix des critères de typologie, la construction de la base de sondage et l'échantillonnage.

    > Choix des critères de typologie et justification

    Identifier des types d'exploitations agricoles fait appel à de nombreux critères qui peuvent constituer autant de typologies (Losch et al. ; 1991). La majorité des critères de typologie de structure des exploitations élaborées prennent toujours en compte les moyens de production (terre, travail, capital), les activités extra-agricoles et parfois les revenus monétaires quant elles sont disponibles (Jouve, 1984 ; Mbetid-Bessane et Besacier, 1996 ; Moussa et Jonson, 1998). Suivant les objectifs visés et le niveau de précision recherché, ces typologies peuvent distinguées de 3 à 10 groupes, voire plus (Mbetid-Bessane, 2002).

    En effet à partir de nos observations et des différentes discussions que nous avons eues avec les personnes ressources et certains producteurs dans chacun des deux villages, deux critères de structure d'exploitation se sont révélés les plus déterminants pour la discrimination des exploitations agricoles. Il s'agit de la superficie cultivée et de la possession de palmeraie par exploitation.

    Ces deux critères ont été retenus par la méthode de classement par niveau de prospérité car nous étions limités par le temps pour procéder à un recensement exhaustif de la structure de toutes les exploitations des deux villages. Ainsi, nous avons retenus à partir de nos observations et des entretiens de groupe, une liste de 25 producteurs par village que nous avons soumis à un groupe de 5 producteurs retenus pour l'exercice dans chaque cas. C'est à partir des raisons justificatives de leur classement que les deux critères sont ressortis comme étant les plus pertinents du classement. Une triangulation de sources a été effectuée à travers

    les discussions informelles effectuées avec d'autres producteurs dans chacun des deux villages pour le test de la validité des deux critères retenus.

    L'importance du choix des critères superficie cultivé et possession de palmeraie par exploitation tient à ce que suit :

    . Superficie totale cultivée par exploitation

    La terre est le premier facteur de production en agriculture. L'économie paysanne repose sur trois (03) grands facteurs de production : la terre, la main d'oeuvre et le capital. Toutefois on ajoute souvent le management comme le quatrième facteur (Adégbidi ,1994). Au cours des deux dernières décennies, on a assisté à une forte augmentation de la densité de la population dans la plupart des régions du Bénin, particulièrement dans le Sud. En conséquence le processus de marchandisation de la terre s'est accéléré (Moussaratou, 2008). C'est dire que c'est de la superficie disponible par exploitation que dépendent les stratégies de production des producteurs. Compte tenu de la forte pression foncière dans les deux villages d'enquêtes, ce critère traduit donc non seulement le pouvoir économique de chaque exploitation mais aussi la marge de manoeuvre dont elle dispose par rapport à l'adaptation aux changements climatiques.

    . Possession de palmeraie

    En dehors des palmiers spontanés présents dans beaucoup de champs dans les deux villages d'enquêtes, c'est les palmeraies qui font l'objet de considération particulière. C'est une culture de rente. Elles constituent une source permanente de revenu. Plusieurs qualificatifs sont utilisés par les producteurs pour traduire son importance. Pour les uns c'est une << assurance problème » pour les autres c'est une << garantie retraite » paisible. La possession de palmeraie traduit donc le pouvoir économique, la capacité d'investissement agricole mais également le niveau de prestige social de chaque exploitation. Ce critère détermine la marge de manoeuvre des exploitations dans le choix et la mise en oeuvre de leurs mesures d'adaptation aux changements climatiques.

    > Construction de la base de sondage

    La construction de la base de sondage nous à été nécessaire pour avoir connaissance complète de notre population opérationnelle qui est l'ensemble des exploitations agricoles des

    deux villages d'enquête et ayant à leur tête un chef âgé d'au moins quarante (40) ans. Pour ce faire, sur la base de nos deux critères de typologies retenus auxquels un troisième critère âge du chef d'exploitation a été ajouté ; nous avons procédé à un recensement de toutes les exploitations agricoles pour chacun des villages.

    Le critère âge du chef d'exploitation est un critère prédéfini pour les besoins de notre étude pour s'assurer que les perceptions des changements climatiques recueillies soit effectivement celles vécues par les enquêtés. En effet, l'étude concerne les faits observés sur la normale climatique des trente (30) dernières années. Chaque enquête avait à comparer donc, les faits survenus depuis les quinze (15) dernières années à ceux des quinze (15) autres années. Pour être en mesure de faire cet exercice, nous estimons que le chef d'exploitation (CE) devrait avoir au moins dix ans, il y a trente ans.

    Nous nous sommes fait aider dans chaque village par un guide-pisteur pour identifier et rentrer en contact avec les exploitations agricoles. La répartition des exploitations est présentée au tableau 1.

    Tableau 1: Répartition des exploitations agricoles recensées par Commune et par Village

    Communes

    Adjohoun

    Dangbo

    Total

    Villages

    Sissèkpa

    Zounta

    Effectif des
    exploitations

    207

    172

    379

    Effectif des
    exploitations à CE âgé
    de plus de 40 ans

    129

    116

    245

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    Après analyse des données de la base de sondage, trois modalités pour le critère superficie cultivée et deux modalités pour le critère niveau de possession de palmeraie se sont dégagées comme les plus déterminants pour la segmentation des exploitations. Ces modalités se présentent comme suit :

    Pour le critère superficie totale cultivée par exploitation :

    v' Superficies inférieures ou égales à 1,5 ha ;

    v' Superficies comprises entre 1,5 ha et 3 ha et,

    v' Superficies supérieures à 3 ha.

    Pour le critère possession de palmeraie :

    v' Ne possède pas de palmeraie et,

    v' Possède de palmeraie

    Concernant le critère superficie totale cultivée par exploitation nous avons constaté après analyse des données de la base de sondage, que la superficie moyenne cultivée pour l'ensemble des exploitations étaient d'environ 2,5 ha. Le choix des trois modalités pour ce critère visaient donc à tenir compte des exploitations ayant des superficies cultivées en dessous et au-delà de cette moyenne.

    La répartition des exploitations dont le CE est âgé d'au moins 40 ans suivant ces modalités est présentée au tableau 2.

    Tableau 2: Répartition des exploitations

    Villages

    Caractéristiques

    Sissèkpa

    Zounta

    Superficie cultivée
    par exploitation

    Sup ~ 1,5 ha

    39

    36

    1,5 ha < Sup ~ 3 ha

    45

    46

    Sup > 3 ha

    47

    34

    Possession de
    palmeraie

    Non

    48

    47

    Oui

    81

    69

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    > Échantillonnage

    L'univers de l'échantillonnage est l'ensemble des exploitations agricoles des communes d'Adjohoun et de Dangbo. L'unité d'échantillonnage est l'exploitation agricole. Nous avons procédé à un échantillonnage stratifié suivant les six types d'exploitation agricole obtenus après combinaison des modalités retenues pour les deux critères. Ces différents types se présentent comme suit :

    I : Exploitations de petite production agricole ne possédant pas de palmeraie (Pn)

    II : Exploitations de petite production agricole possédant de palmeraie (Po)

    III : Exploitations de production agricole moyenne ne possédant pas de palmeraie (Mn)

    IV : Exploitations de production agricole moyenne possédant de palmeraie (Mo)

    V : Exploitations de grande production agricole ne possédant pas de palmeraie (Gn)

    VI : Exploitations de grande production agricole possédant de palmeraie (Go)

    Au total 70 exploitations agricoles ont été enquêtées à raison de 35 par village (tableau 3).

    Tableau 3: Echantillonnage des exploitations

    Types
    d'exploitation

    Effectif total

    Echantillon

    Sissèkpa

    Zounta

    Total

    Sissèkpa

    Zounta

    Total

    Pn

    16

    21

    37

    4

    6

    10

    Po

    23

    15

    38

    6

    5

    11

    Mn

    19

    18

    37

    5

    5

    10

    Mo

    26

    28

    54

    7

    9

    16

    Gn

    13

    8

    21

    4

    2

    6

    Go

    32

    26

    58

    9

    8

    17

    Total

    129

    116

    245

    35

    35

    70

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    L'échantillon des exploitations enquêtées par types a été constitué de façon aléatoire. Le coefficient d'échantillonnage est obtenu en faisant le rapport entre l'effectif des exploitations à enquêter et celui des exploitations recensés dans le village.

    3.4. La phase de traitement, d'analyse et d'interprétation des données collectées

    3.4.1. Nature, sources et outils de collecte de données

    Les données collectées sont relatives aux perceptions et mesures d'adaptation mises en oeuvre par les producteurs de nos deux villages d'enquête face aux effets néfastes des changements climatiques vécus.

    Les données primaires collectées sont constituées aussi bien de données quantitatives que de données qualitatives et concernent surtout les informations recueillies avec les différents outils de collectes de données utilisés.

    En effet, durant les différentes phases de l'étude, plusieurs outils de collecte de données ont été utilisés. Pendant la phase exploratoire, trois (3) entretiens de groupe dont une consacrée aux femmes ont été faits dans chaque village à l'aide d'un guide d'entretien de groupe (annexe 1). Des transects ont été également réalisées pour apprécier les conséquences des changements climatiques sur le paysage des villages. D'autres entretiens informels portant sur la connaissance des concepts locaux, citations et proverbes en relation avec les

    changements climatiques ont été également réalisés. Pour cet exercice, ce sont des personnes du troisième âge, de contact facile et maitrisant les réalités du milieu qui ont été choisies.

    La phase approfondie s'étant surtout focalisée sur l'enquête des exploitations, nous avons essentiellement utilisé le questionnaire. Suite aux déclarations recueillies, des visites des champs ont été effectuées afin d'observer les manifestations des conséquences induites par les changements climatiques.

    Pour évaluer les pertes de production occasionnées par les changements climatiques, nous avons utilisé la méthode des cailloux. Elle a consisté à disposer de 10 grains de maïs en l'assimilant au rendement de la culture considérée en conditions favorables et puis à demander au producteur d'évaluer les pertes moyennes qu'occasionnent les changements climatiques à partir de ces 10 grains de maïs.

    Des photos ont été prises pour l'illustration de certaines conséquences des changements climatiques ainsi que de certaines mesures d'adaptation. Des enregistrements audio des entretiens de groupe ont été faits en vue d'éviter les « temps morts » pour prise de notes lors de la conduite des entretiens. Les enregistrements nous permettaient de compléter et de vérifier nos prises de notes à la fin des entretiens. Pour vérifier les informations, des recoupements ont été faits. Des triangulations de sources et de méthodes nous ont permis de recouper les informations et d'élargir l'éventail de la diversité et de la validité des données collectées.

    Les données secondaires concernent les généralités sur la zone d'étude et proviennent des différents centres de documentation que nous avons fréquentés. IL s'agit : de la Bibliothèque Centre de Documentation de la Faculté des Sciences Agronomiques (BIDOCFSA), du centre de documentation de la Faculté des Lettres, Art et Sciences Humaines (FLASH), des Centres Communaux pour la Promotion Agricole (CeCPA) d'Adjohoun et de Dangbo, le Centre Régional pour la Promotion Agricole des départements de l'Ouémé Plateau (CeRPA Ouémé Plateau), et de l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE). Les données climatiques de l'ASECNA ont été utilisées pour apprécier le niveau de cohérence entre les perceptions des producteurs et les données théoriques de l'évolution du climat. Les données climatiques utilisées concernent les données pluviométriques de la station d'Adjohoun et les données thermométriques de la station synoptique de Cotonou.

    3.4.2. Outils de traitement de données

    Pour le traitement des données recueillies, nous avons utilisé les logiciels suivants :

    - Access pour la saisie des données collectées à l'aide des questionnaires structurées afin de constituer une base de données,

    - Excel pour agréger certaines données journalières climatiques en données mensuelles, décadaires et pour le calcul des paramètres statistiques descriptives ainsi que la réalisation de graphiques et,

    - SAS pour la réalisation de l'Analyse en Composantes Principales.

    Les outils d'analyse seront présentés par hypothèse :

    Hypothèse 1 : « Les changements climatiques dans le terroir sont perçus par les producteurs.»

    Pour cette hypothèse, des encadrés ont été utilisés ainsi que des analyses de déclarations paysannes inspirées des savoirs locaux qui révèlent leur perception du phénomène ont été faites. Cependant, pour appuyer ces résultats qualitatifs, nous avons fait une synthèse de proportions relatives aux indicateurs de changement du climat, selon les producteurs.

    Par ailleurs, pour apprécier le niveau de cohérence entre les perceptions paysannes et les données (statistiques) sur l'évolution du climat, nous avons procédé à une évaluation de l'impact des changements climatiques sur les caractéristiques des saisons des pluies. Cette démarche se justifie par le fait que les perceptions paysannes des changements climatiques sont construites sur les modifications survenues par rapport aux caractéristiques des saisons pluvieuses.

    La saison des pluies du point de vue agricole est définie entièrement si l'on connaît son début et sa fin. Le début de la saison des pluies agricoles est très important pour la planification du semis. Il en existe plusieurs définitions. Cochéme et Franquin (1967) l'ont défini comme la date (décade) à laquelle la pluie devient supérieure à l'évapotranspiration potentielle (ETP). Leur définition repose sur une période décadaire et ne permet pas de détecter plus finement cette date ; une approche basée sur les jours est plus indiquée. A ce sujet, Davey et al. (1976) ont relaté que la date des semis du mil au Niger coïncidait avec la première apparition de 20 mm de pluie en deux jours. De faux départs ont été relevés et Benoît (1977) a proposé un critère selon lequel une période sèche de 5 jours ou plus dans les

    12 jours suivant le départ potentiel constitue un faux départ. Sivakumar et al. (1993) ont proposé pour le cas du Sahel Nigérien que lorsque les précipitations recueillies en 3 jours consécutifs constituent au moins 20 mm et quand aucune période de sécheresse de plus de 7 jours n'intervient au cours des 30 jours suivants, la saison a commencé. Pour Stern (1981) la fin de la saison est définie par la première apparition d'une longue période de sécheresse après une date déterminée. Sivakumar et al. (1993) ont proposé la date de fin de saison comme celle (après le 1er septembre au Niger) suivie d'une sécheresse d'au moins 20 jours. La durée de végétation (que nous désignerons comme la durée de la saison) est le nombre de jours entre le début et la fin de la saison. Pour notre étude nous avons adopté les définitions de Sivakumar et al. (1993) avec seulement un cumul pluviométrique minimum de 10 mm sur 3 jours pour le début de la 2ème saison des pluies dans le contexte béninois. Nous avons ainsi calculé les caractéristiques des saisons (date de début, de fin, durée), cumul annuel, nombre de jours de pluie de l'année pour chaque année concernant notre étude (1979 à 2008). Les moyennes de ces caractéristiques ont été calculées pour deux périodes (1979 -1993 et 1994-2008) et comparées entre elles avec le test de Student (test t bilatéral) à 5% de signification.

    Hypothèse 2 : « Les causes attribuées aux changements climatiques sont plus liées aux normes et croyances locales.>>

    A ce niveau, nous avons procédé à un calcul de proportion des différentes causes évoquées par les producteurs suivants leur religion. Les différentes proportions ont été ensuite comparées.

    Hypothèse 3 : « Les conséquences des changements climatiques sur les principales cultures varient en fonction des unités de paysage et des saisons de culture. >>

    Ici, les manifestations des conséquences des excès/ruptures de pluies ainsi que des vents violents et des fortes températures sur les principales cultures que sont le maïs, le niébé, l'arachide, le manioc et la patate douce seront décrites dans un premier temps suivants les différentes unités de paysage et par saison de culture. Ces réalités décrites seront ensuite complétées par des calculs de fréquences. Mentionnons que du fait que les parcelles d'une même exploitation se localisent souvent sur différentes unités de paysage, la possibilité d'effectuer une analyse de variance des pertes moyennes de récoltes enregistrées au sein de notre échantillon d'enquête s'est révélée infructueuse.

    Hypothèse 4 : « Les stratégies d'adaptation développées face aux changements climatiques diffèrent selon les catégories de producteurs. »

    Pour cette hypothèse, les fréquences des mesures d'adaptations répertoriées ont été d'abord calculées pour l'ensemble des exploitations enquêtées.

    Afin d'apprécier les relations entre toutes les stratégies répertoriées et les différentes catégories de producteurs, nous avons procédé à la réalisation d'une analyse en composantes principales avec les différentes catégories de producteurs. Le principe de l'analyse en composante principale est de définir des variables synthétiques, qui résument au mieux l'information contenue dans les résultats bruts. Elle s'avère adaptée à notre étude en ce sens qu'elle permet d'obtenir une vision synthétique des liaisons entre catégories et stratégies développées. Elle donne la possibilité de résumer, en quelques dimensions importantes (ou axes factoriels indépendants), la plus grande variabilité de la matrice des données. On peut alors représenter variables et individus dans un même espace de dispersion et connaître la quantité d'information expliquée par ces axes factoriels indépendants, rendant ainsi compte du maximum de covariance entre les descripteurs. Il s'agit donc d'une approche globale qui dégage les relations essentielles existant entre les producteurs et les mesures d'adaptation mises en oeuvre. Elle fait intervenir deux matrices de données Y(n,p) et X(n,q) où n = 70 est le nombre de producteurs, p =6 le nombre de catégories et q = 15 celui des descripteurs des stratégies. La matrice Y contient les variables d'intérêt direct (les catégories) en indice de présence et la matrice X, les variables caractérisant la structure (descripteurs des stratégies) supposées influencer les variables de Y. L'analyse nécessite deux étapes:

    · La première consiste à calculer p régressions multiples simultanées dans une métrique D de la matrice Y des catégories sur la matrice X des descripteurs. Ainsi, toute catégorie yi peut s'exprimer comme une combinaison linéaire des descripteurs: yi = cste + áx1 + âx2 + ... + äxq + åi c'est à dire: yi = yi + åi où yi est une estimation de yi et åi le résidu. On peut ainsi constituer une nouvelle matrice PY (des estimations yi des yi) correspondant à la part expliquée de Y par X [P = X(XDX)-1XD];

    · La seconde étape revient à effectuer une analyse sur la matrice PY des estimations des yi. Les axes factoriels étant des combinaisons linéaires des estimations des catégories et des descripteurs, les covariances sont maximisées. En utilisant une mesure moyenne des relations entre les catégories et les descripteurs, l'analyse en composante principale amplifie

    la dissymétrie naturelle des relations inhérentes aux études d'interactions. Dans le même temps, cette caractéristique augmente la validité de l'analyse. Pour faciliter l'analyse, les noms ont été codés.

    3.5. Limites de la recherche : problèmes rencontrés et fiabilité des données collectées

    La méthodologie de notre recherche s'est focalisée essentiellement sur la capacité des enquêtés à se rappeler le passé. En effet, la méthode de collecte des données sur les estimations des pertes moyennes de récolte, qui s'est essentiellement basée sur la méthode de cailloux et faisant appel à la mémoire des producteurs constitue la principale limite de cette étude. Néanmoins, nous avons été satisfaits de l'approche utilisée pour plusieurs raisons. D'abord, plusieurs méthodes de triangulation nous permettaient de vérifier la plausibilité des réponses. De même, conscient que les questions faisant appel à la mémoire, ne peuvent pas toujours avoir de réponses, nous avons introduit la modalité « ne sait pas ». Cette modalité a été utile dans les cas où l'enquêté révélait qu'il n'avait pas de réponse pour la question posée ou qu'il n'était pas convaincu de sa propre réponse.

    Une autre limite de notre étude est le désintéressement des populations de nos deux villages « aux enquêtes répétitives qui ne leur apportent rien ». De cette façon, la plupart des enquêtés était convaincue que l'enquête n'aboutirait pas immédiatement à la résolution de leurs problèmes actuels. Ils avaient donc tendance à répondre hâtivement aux questions ou à les omettre. Néanmoins, avec nos explications, nous avions su leur monter l'intérêt d'une pareille étude non seulement pour eux mais aussi pour les générations futures. Ainsi, malgré ces limites, la présente recherche a permis d'obtenir des résultats intéressants que nous présenterons à partir du chapitre suivant.

    CHAPITRE 4 : GENERALITES SUR LE MILIEU D'ETUDE ET CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES DES EXPLOITATIONS AGRICOLES ENQUETEES

    Notre étude sur les perceptions et stratégies d'adaptation aux des changements climatiques vécus par les populations locales, s'est déroulée dans les communes de Dangbo et d'Adjohoun. Ce chapitre sera consacré dans un premier temps à la présentation des traits physiques et humains de la zone d'étude. Ensuite, les généralités sur les deux villages d'enquête seront exposés. Enfin, les caractéristiques socio-économiques des exploitations enquêtées seront abordées suivant les différents types d'exploitations enquêtées.

    4.1. Présentation de la zone d'étude

    Avant de se jeter dans la lagune de Porto-Novo, le fleuve Ouémé a créé un véritable delta intérieur avec une vaste plaine d'inondation. La zone de ce delta intérieur constitue la basse vallée de l'Ouémé qui géographiquement, couvre les communes de Bonou, d'Adjohoun, de Dangbo, des Aguégués et de Sô-Ava (Dissou, 1986 cité par Chikou, 2006).

    La basse vallée est longue de près de 50 kilomètres Nord-Sud et large d'environ 25 kilomètres Est-Ouest. Elle comprend deux parties distinctes : une plaine d'inondation logée à l'intérieur d'une cuvette, et un plateau du continental terminal surplombant la première partie. Ces différentes parties couvrent une superficie de 1236 km2. La densité de population est en moyenne de 215 habitants au km2 et la taille moyenne des exploitations agricoles est de 1,60 ha (IFDC, 2004).

    La crue apporte chaque année une importante quantité d'alluvions qu'elle répartit sur les sols inondables. Au total, plus de 60000 ha de terres sont irrigables dans cette basse vallée, parmi lesquels la surface inondée est fonction de l'intensité de la crue (IFDC, 2004).

    Mais malgré ces potentialités agricoles et halieutiques dont elles disposent, la région de la basse vallée de l'Ouémé n'est pas à l'abri des manifestations des dégradations globales de l'environnement liées aux réchauffements climatiques de plus en plus connus dans le monde (Villanueva, 2004 cité par Chikou, 2006). Pour Lalèyè et al, (2005a) cité par Chikou, (2006) la baisse sensible, l'irrégularité et la mauvaise répartition des précipitations que connaît le Bénin ces dernières années, notamment dans sa partie méridionale, ont provoquées une diminution de la production halieutique et des cultures vivrières dans le delta de l'Ouémé.

    Les traits physiques et humains des communes d'Adjohoun et de Dangbo sont présentés dans les parties suivantes.

    4.1.1. Cadre physique

    > Situation géographique

    La commune d'Adjohoun, avec une superficie totale d'environ 308 km2 est située au centre du Département de l'Ouémé, dans la vallée et à 32 km de Porto-Novo, Capitale du Bénin. Elle est limitée au Sud par la commune de Dangbo, au Nord par celle de Bonou, à l'Est par la commune de Sakété et à l'Ouest par les communes d'Abomey-Calavi et de Zè (PDC Adjohoun, 2004). Administrativement, la Commune d'Adjohoun est constituée de cinquante sept (57) villages et quartiers de ville répartis dans huit (8) Arrondissements à savoir : Adjohoun, Akpadanou, Awonou, Azowlissè, Dèmè, Gangban, Kodé et Togbota. La densité de population est d'environ 198 habitants au Km2.

    Situé dans le département de l'Ouémé, à 15 Km de Porto-Novo, Dangbo est une commune frontalière avec la commune d'Adjohoun. Son territoire s'étend sur une superficie de 149 Km2 avec une densité de population d'environ 443 habitants au Km2. Elle est limitée au Nord par la commune d'Adjohoun, au Sud par la commune des Aguégués, à l'Est par la commune d'Akpro-Missérété et à l'Ouest par la commune de Sô-Ava du département de l'Atlantique (PDC Dangbo, 2005). La commune de Dangbo comporte du point de vu administratif quarante et un (41) villages et quartiers de ville répartis dans Sept (7) Arrondissements qui sont : Dangbo, Dékin, gbéko, Houétin-Houédomey, Hozin, Kessounou et Zounguè.

    > Climat

    v' Pluviométrie et température

    Les communes d'Adjohoun connaissent un climat subéquatorial humide ou équatoguinéen caractérisé par deux saisons pluvieuses alternant avec deux saisons sèches. Ces quatre saisons se répartissent comme suit :

    - une grande saison pluvieuse d'Avril à Juillet,

    - une petite saison sèche d'Août à Septembre,

    - une petite saison pluvieuse de Septembre à Novembre et

    - une grande saison sèche de Décembre à Mars.

    Soulignons toute fois que cette répartition n'est plus standard avec la réalité des changements climatiques.

    Les précipitations, d'une hauteur moyenne de 1122,19 mm en 50 jours par an, sont irrégulièrement réparties tout au long des saisons pluvieuses, ce qui constitue une entorse pour l'agriculture pluviale (PDC Adjohoun, 2004). Les mois les plus arrosés sont respectivement Juin et Octobre avec une moyenne pluviométrique de 203,2mm et 123,2mm. En moyenne les hauteurs pluviométriques varient entre 843,29 et 1401,01mm suivant les années (CeCPA Adjohoun, 2009). Avec une moyenne annuelle de 27,3°C, la température de la commune varie suivant les années entre 26,1 et 28,9°C. La moyenne mensuelle de température la plus élevée s'enregistre au mois de Mars où elle est de 28,6°C ; cette valeur descend à 25,6 en Août et correspond à sa plus faible valeur (CeCPA Adjohoun, 2009).

    La moyenne pluviométrique annuelle à Dangbo est de 1097,83 mm (PDC Dangbo, 2005). Cette moyenne varie d'une année à l'autre entre 818,93 et 1376,73mm (CeCPA Dangbo, 2009). Les mois de Juin et d'Octobre demeure les plus arrosés comme pour Adjohoun. La température moyenne annuelle de la Commune est de 28,06°C et les moyennes thermiques mensuelles varient entre 25,91 et 29,53°C (CeCPA Dangbo, 2009).

    Remarquons qu'en ce qui concerne les facteurs climatiques tels que les vents, l'insolation et l'humidité relative ils ne sont pas disponibles spécifiquement pour les deux communes constituant notre zone d'étude. Nous en ferons une présentation globale qui correspond à celle valable pour l'ensemble de l'unité géomorphologique de la basse vallée de l'Ouémé, unité à laquelle appartient notre zone d'étude.

    1' Vents

    Dans la basse vallée de l'Ouémé, deux types de vents dominants se succèdent au cours de l'année : l'alizé maritime et l'harmattan.

    · L'alizé souffle dans la période d'Avril à Novembre dans la direction Sud-Ouest. Sa vitesse moyenne décroît de 3 m/s en Avril à 2 m/s pendant la période de Mai- Octobre. Sa vitesse maximale oscille entre 23 m/s et 30 m/s suivant les mois.

    · L'harmattan souffle du Nord vers l'Est sur toute la partie méridionale du Bénin de Décembre à Janvier. Il augmente le déficit de saturation de l'air et accentue encore les

    conditions d'aridité de la saison sèche. Sa vitesse moyenne n'excède pas 2 m/s avec un maximum de 12 à 14 m/s (Chikou, 2006).

    v' Humidité relative et insolation

    L'atmosphère de la basse vallée de l'Ouémé est en général caractérisée par une humidité relative élevée qui connaît une légère baisse en Décembre et en Janvier à cause de l'Harmattan. L'humidité relative moyenne est de 82% avec un minimum de 70% et un maximum de 94%. Ces valeurs mensuelles restent élevées au cours de l'année mais retombent à 79% entre Janvier et Février pendant la saison sèche. Le total annuel de l'insolation est de 193 heures en moyenne (Chikou, 2006). Notre zone d'étude est donc caractérisée au cours de l'année par une forte humidité relative et un total d'insolation élevé.

    > Relief

    Le relief de la Commune d'Adjohoun tout comme celui de la commune de Dangbo est marqué par la présence de deux reliefs différents :

    -un plateau de faible altitude dont le modèle présente des ondulations moyennes fortes. -une plaine inondable d'axe Nord-Sud qui, dans la topo séquence Est-Ouest, jouxte le plateau. Elle s'étend de part et d'autre du fleuve Ouémé (PDC Adjohoun, 2004 et PDC Dangbo, 2005).

    > Sols

    Le relief caractéristique des deux communes leur confère en conséquence deux types de sols. On rencontre donc suivant chaque zone de relief aussi bien à Adjohoun qu'à Dangbo les sols suivant :

    - les sols ferralitiques de terres de barre situés sur le plateau ;

    - les sols hydromorphes de bas-fond et,

    - les vertisols rencontrés uniquement dans la zone de plaine d'inondation.

    Les sols ferralitiques de terre de barre sont des sols appauvris sur 50-60 cm renfermant 40 % d'argile et de 2 à 3 % de matière organique bien évoluée (Jeannerot et Viennot, 1971 cité par Chikou, 2006). Ils sont profonds, perméables et appropriés pour la production des cultures vivrières et pérennes telles que les palmiers à huile, les essences forestières et fruitières (PDC Adjohoun, 2004). Signalons qu'on rencontre par endroit dans la commune d'Adjohoun des étendus de sol ferralitique concrétionné. Les sols ferralitiques sont les plus

    répandus et couvrent plus des deux tiers de la superficie de chacun des deux communes (PDC, Adjohoun, 2004 et PDC Dangbo, 2005).

    Les sols hydromorphes de texture argileuse à limono-argileuse renfermant 50 à 80 % d'argile et 3 à 6 % de matière organique assez évoluée (Jeannerot et Viennot, 1971 cité par Chikou, 2006). Dans la plaine d'inondation, la fertilité de ces sols est annuellement renouvelée avec le dépôt alluvionnaire de la crue et la décomposition subséquente de la végétation de la plaine d'inondation (CeCPA Dangbo, 2009).

    Les vertisols de texture très lourde ont des teneurs en argile dépassant 60 % avec des valeurs moyennes supérieures à 70 % et celles en matière organique varient de 5 à 15 % (Jeannerot et Viennot, 1971 cité par Chikou, 2006).

    Pris ensemble, les sols hydromorphes et les vertisols sont moins répandus que les sols ferralitiques (CeCPA Dangbo, 2009). Ces sols, grâce aux dépôts alluvionnaires qu'ils reçoivent chaque année, sont riches, profonds, perméables et appropriés pour la production du riz et des cultures de contre saison telles que les céréales, les légumineuses notamment le niébé et les cultures maraîchères. Cependant ils demeurent moins exploités par rapport aux sols ferralitiques. Par ailleurs, ils sont difficiles d'accès pendant la saison pluvieuse.

    > Réseau hydrographique

    Le territoire de la Commune d'Adjohoun dispose d'un réseau hydrographique dense dont le plus important cours d'eau est le fleuve Ouémé auquel viennent s'ajouter le confluent , les rivières Tovè, Sissè, les lacs Hlan, et Hounhoun propices à l'exploitation halieutique (PDC Adjohoun, 2004).

    La commune de Dangbo dispose d'un réseau hydrographique non négligeable constitué essentiellement par le fleuve Ouémé qui la traverse sur toute sa longueur avec d'importante possibilité d'exploitation de ressources halieutiques (PDC Dangbo, 2005).

    Les variations qui marquent le régime hydrologique du fleuve Ouémé au cours de l'année font que la zone de la plaine s'inonde chaque année entre Juillet et Octobre par la crue du fleuve. Le réseau hydrographique des deux communes leur laisse d'importantes zones de bas-fond qui outre leurs potentiels agricoles offrent également des possibilités d'exploitation piscicole à travers les trous à poissons et les étangs piscicoles.

    > Végétation

    Le couvert végétal de la commune d'Adjohoun a subi une forte dégradation sous l'influence des actions anthropiques à travers l'exploitation agricole et les feux de brousse. En dépit de la pluviométrie relativement bonne dans la région, la végétation primaire a disparu et est remplacée par des palmeraies et les plantations d'Eucalyptus sp.. On trouve néanmoins par endroits, de la savane herbacée, de la savane arbustive, des prairies et des marécages dont certains sont en voie de comblement du fait de changement climatique et d'ensablement. La seule forêt relique classée se trouve dans l'arrondissement de Togbota (10 ha environ). Elle constitue l'habitat du singe à ventre rouge Cercopithécus erythogaster : Zin kaka ; espèce en voie de disparition, qui est protégée (PDC Adjohoun, 2004).

    La végétation de la commune de Dangbo est de type savane arborée où prédominent les palmiers à huile (naturels et plantés). Il est à noter par ailleurs une dizaine de formations forestières secondaires, bénéficiant toutes du statut de forêt sacrée et pouvant totaliser près de 15ha. Les forêts sont à dominance de samba et de fromagers. Ce couvert végétal est soumis régulièrement à des assauts dévastateurs de l'homme pour des fins de recherche de bois de chauffe, d' « acadjas » et de bois d'oeuvre, ce qui conduit à la déforestation poussée dans la commune (PDC Dangbo, 2005).

    4.1.2. Cadre humain
    > Population

    La population de la Commune d'Adjohoun est estimée en 2002, à environ 60955 habitants avec une densité globale de 190 habitants au km2. Le nombre de ménages que compte la Commune est d'environ 11342, avec une taille moyenne de l'ordre de 4,5. La population est composée de 51,86% de femmes. Quant à la répartition par âge, la population d'Adjohoun est relativement jeune, avec plus de 45% de personnes âgées de moins de 40 ans. Plus de 80% de la population active est occupée dans le secteur agricole (INSAE, 2004).

    Avec une population estimée à 70000 habitants dont 52% sont des femmes, la commune de Dangbo a une densité de 110 habitants au Km2. Elle compte environ 14 473 ménages dont 10098 agricoles. La population de Dangbo est relativement jeune avec environ 46,34% de personnes dans la tranche d'âge de moins de 15 ans (INSAE, 2004).

    Pour l'ensemble des deux communes, l'homogénéité socio-linguistique constitue un fait remarquable. L'ethnie majoritaire à Adjohoun et à Dangbo est le Wémè. Cette ethnie représente plus de 90% de la population totale dans chacun des deux localités.

    Les immigrations ont néanmoins favorisé l'installation dans les deux communes d'autres groupes ethniques à savoir : les Fon, les Yoruba, les Tori, et les Adja venus pour le commerce, l'agriculture et l'exploitation des ressources naturelles telles que le vin et l'huile de palme. Ces ethnies sont très minoritaires par rapport aux Wémè.

    De même, les Communes d'Adjohoun et de Dangbo connaissent un mouvement massif de leurs populations actives (hommes et femmes) vers le Nigeria et le Gabon en quête d'emploi et vers les centres urbains du pays comme Porto-Novo, Cotonou et Abomey en raison de la baisse persistante de leurs revenus occasionnée par la dégradation de leurs modes et moyens d'existence due en partie aux changements climatiques.

    > Religion

    Les religions les plus pratiquées dans la commune d'Adjohoun sont : l'animisme et le christianisme. On observe également le développement de l'islam dans la Commune et un foisonnement des églises évangéliques (PDC Adjohoun, 2004).

    Dans la commune de Dangbo la situation n'est pas différente de celle d'Adjohoun. Les religions importantes de la commune sont : l'animisme, le christianisme et l'islam (PDC Dangbo, 2005).

    Précisons que malgré sa prédominance à travers ses différentes divinités, l'animisme est en régression dans la zone à cause du foisonnement des églises évangéliques depuis les années 1990. Ce qui entraîne l'émergence dans le milieu de nouvelles croyances et traditions favorisant la désacralisation et la banalisation des religions traditionnelles.

    4.2. Présentation des villages d'enquêtes

    4.2.1. Historique et évolution des villages

    Les versions de l'histoire présentée pour chacun des deux villages sont celles largement admises au sein des populations et proviennent des patriarches des villages.

    > Zounta

    Zounta est un ancien village dont l'histoire remonte à la deuxième moitié du XIXè siècle. Originaire de Houègbo dans l'ancien royaume d'Allada, et fuyant la guerre du royaume de Danhomey, HOUNNOU et HOUNKPONOU, les fondateurs du village de zounta se seraient refugiés dans un premier temps à Bêmbê (un village de la commune d'Aguégué). De Bêmbê, toujours à la recherche de refuge les deux frères seraient venus s'installer à Fingninkanmin un village situé à environ 5km de Zounta.

    C'est de Fingninkanmin qu'à la recherche de terres agricoles qu'ils auraient commencé dans les années 1890 par défricher la grande forêt qui couvrait le territoire actuel du village. Il attribua alors le nom Zounta qui signifie "en forêt" à cet emplacement de leur champ. Zounta était également une zone, de chasse pour eux. Avec le temps ils s'y sont installés et rejoint ensuite par d'autres populations de Fingninkanmin. Ce qui fait que la plus part des groupes lignagers de Zounta détiennent également des terres à Fingninkanmin (un village du bord de la plaine d'inondation). Avec l'accroissement de la population et pour la satisfaction des besoins de terres agricoles la forêt a été coupé petit à petit jusqu'à disparaître totalement vers les années 1960. Les évènements importants intervenus dans l'évolution de Zounta sont présentés sur la figure 4 présentant le profil historique du village.

    > Sissèkpa

    Sissèkpa est un village qui a été fondé au début du XXè siècle plus précisément vers les années 1906. C'est fuyant les représailles à la suite d'un adultère qu'il aurait commis à Fanvi son village d'origine situé à environ 10 kilomètres, qu'AGONOUGBATE, le fondateur de Sissèkpa, serait venu se refugier près de la rivière Sissè. Il s'y serait installé avec toute sa famille. Pour désigner ce lieu de refuge, il donna le nom Sissèkpa ce qui signifie "près de Sissè".

    Il a été rejoint trois ans environ après par Amoussou - Tcholè. originaire de Dékanmin un autre village situé à environ 25 kilomètres. Ce dernier était plutôt à la recherche de terres agricoles. De là, le village a commencé par s'agrandir avec l'arrivée, au cours des années suivantes, d'autres populations surtout en provenance des villages de la plaine d'inondation. Ce qui justifie également le fait que certains groupes lignagers du village détiennent des terres

    dans la zone de la plaine d'inondation. Les changements globaux intervenus par la suite sont représentés sur la figure 4 présentant le profil historique du village.

    Création du village Sissèkpa

    Grande sécheresse

    Problèmes baisse de fertilité des sols

    Vers 1890 1958 1968 1979 1990

    1994

    1996

    1998

    Vers 1906

    1979

    1990

    1992

    1999

    2006

    2009

    2009

    Création du village Zouta Introduction de palmier sélectionné

    · Expropriation de terres agricoles pour l'implantions de palmeraies

    · Création de coopérative pour la gestion des palmeraies

    · Perception de rente foncière

    Grande sécheresse

    Début des péjorations pluviométriques actuelles

    Introduction de jachères améliorées

    Introduction de l'utilisation systématique de la fumure minérale pour les cultures vivrières

    Introduction de la culture de tomate sur le plateau

    · Réappropriation des terres et abattage des palmiers de la coopérative

    · Très bonne fertilité des terres.

    Début des péjorations

    Début baisse progressive fertilité des sols

    Introduction de l'utilisation systématique de la fumure minérale pour les cultures vivrières

    2004

    ·

    2009

    Aménagement bas-fond vallées avec crédits Projet PUASA

    · Fourniture d'engrais à crédit CeCPA

    Début abandon des certaines associations de culture

    Aménagement bas-fond vallées avec crédits du Projet PUASA

    Fourniture d'engrais à crédit CeCPA

    Figure 4: Profils historiques de Zounta et de Sissèkpa Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    La grande sécheresse de 1979 qui à été caractérisée par l'absence de la grande saison pluvieuse est l'événement lointain le plus vivace dans l'esprit des populations de Sissèkpa actuellement. L'appauvrissement généralisé des sols observé actuellement dans le village remonte à l'année 1990. Pour les producteurs de Zounta, la réappropriation des terres agricoles en 1990 après l'abattage des palmeraies coopératives reste très présents dans la mémoire collective. L'année 1993 constitue le point de repère des péjorations climatiques vécues actuellement dans le village.

    4.2.2. Situation géographique et activités économiques > Zounta

    Zounta est un village de l'arrondissement de Zounguè, commune de Dangbo (figure5). Entièrement situé sur le plateau de la basse vallée de l'Ouémé à environ 7 km à l'Est de Dangbo centre, il bénéficie d'un réseau hydrographique constitué de la rivière atan qui longe la limite Nord-Est du village. Cette rivière laisse une importante superficie de bas-fond au village et qui demeure entièrement inexploitée.

    La population de Zounta est estimée à 1415 habitants dont plus de la moitié sont âgés de moins de 15 ans (INSAE, 2004), la période de référence retenue dans le cadre de notre étude pour la comparaison par les populations des changements climatiques vécus ces 30 dernières années. L'agriculture est la principale activité de 89,90% de la population de Zounta dont la taille moyenne par ménage est 5 personnes (INSAE, 2004). Le maïs, le manioc, la patate douce, le niébé et l'arachide constituent les principales cultures pratiquées. Compte tenu des péjorations climatiques actuelles la culture de niébé est sujette à d'importante perte de récolte. La transformation de noix de palme et du vin de palme, l'élevage et le trafic d'essence de contrebande constituent les principales activités secondaires des habitants.

    > Sissèkpa

    Situé sur le plateau de la basse vallée de l'Ouémé à environ 8 km au Sud d'Adjohoun centre, Sissèkpa est un village de l'arrondissement d'Azowlissè, commune d'Adjohoun (figure 5). Son réseau hydrographique constitué par la rivière Sissè irrigue le village sur toute sa largeur avec d'importante superficie de bas-fond encore faiblement mis en valeur par les populations.

    Estimée à 1481 habitants dont moins de la moitié 47,94% a un âge inférieur à 15 ans : c'est une population essentiellement agricole (70% de la population) dont la taille moyenne par ménage est 5 personnes (INSAE 2004). Les principales cultures pratiquées sont : le maïs, le manioc, l'arachide, le niébé, la patate douce et la tomate qui est une culture d'introduction récente dans les assolements. Les activités secondaires des populations sont la transformation de noix de palme et de vin de palme, l'élevage, la vente de bois énergie et la conduite de zémidjan et la vente d'essence de contrebande.

    Figure 5 : Cartes des Communes d'Adjohoun et de Dangbo présentant les villages d'enquête Source : Laboratoire de cartographie FLASH/UAC

    4.3. Caractéristiques démographiques et socio-économiques des exploitations agricoles enquêtées : Typologie de structure

    En vue de garantir la représentativité de notre échantillon d'enquête, nous avons effectué une typologie de structure des exploitations agricoles de nos villages d'enquête lors de l'échantillonnage. Rappelons que, sur la base des critères de superficie totale cultivée et possession de palmeraie, six (6) types d'exploitations agricoles ont été différenciés. A ce niveau, les caractéristiques démographiques et socio-économiques seront décrites suivant ces différents types distingués. Ceci nous permet d'avoir une meilleure connaissance du cadre objectif d'activité des exploitations agricoles enquêtées dans le contexte actuel des modifications profondes des conditions climatiques de leur milieu local.

    4.3.1. Caractéristiques sociodémographiques des exploitations

    Les caractéristiques sociodémographiques regroupent l'âge, l'ethnie, le sexe, la religion, la situation matrimoniale ainsi que le niveau d'instruction.

    > Age

    L'âge des CE des 70 exploitations enquêtées est compris entre 40 et 74ans. La répartition de l'âge de la totalité des CE par tranche d'âge est consignée dans le Tableau 4.

    Tableau 4 : Répartition de CE enquêtées par tranche d'âge

    Tranche d'âge (ans)

    Proportion (%)

    Moins de 45

    24,29

    45 et plus

    75,71

     

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    Il ressort du tableau 4 que 75,71%, soit les trois quart des CE enquêtés sont âgés de plus de 45 ans. En grande majorité, les CE des exploitations enquêtées sont à même de parler des changements climatiques. La répartition des âges moyens des CE des six (6) types d'exploitations enquêtées est présentée dans le Tableau 5.

    Tableau 5 : Répartition des âges moyens des CE en fonction des types d'exploitation enquêtées

    Types
    d'exploitation

    Pn (n=10)

    Po (n=11)

    Mn (n=10)

    Mo (n=16)

    Gn (n=6)

    Go (n=17)

    Age moyen

    55,8

    50,27

    48,7

    53,81

    50,5

    54,47

    CE (ans)

     
     
     
     
     
     
     

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    En dehors du cas des petites exploitations, l'âge moyen des CE des exploitations possédant de palmeraie est plus élevé que celui des CE ne possédant pas de palmeraie. Dans l'ensemble, l'âge moyen des CE des exploitations enquêtées ne présente pas de différence significative selon les différents types d'exploitation et reste concentré autour de la cinquantaine d'âge.

    > Ethnie, sexe et situation matrimoniale

    Les CE des exploitations enquêtées sont tous (100%) de l'ethnie Wémè. La zone d'étude est caractérisée par une forte homogénéité ethnique. La dégradation poussée des terres cultivables et la pénibilité du travail dans la zone de décrue de la vallée expliquent l'absence des mouvements migratoires d'autres ethnies vers cette zone d'étude.

    Pour ce qui concerne le sexe, 97% des CE des exploitations agricoles sont des hommes. Les femmes CE sont faiblement représentées dans notre échantillon (3%). La zone se distingue par l'investissement des femmes en priorité dans les activités de transformations agro-alimentaires et de commerce. S'agissant de la situation matrimoniale, 91,43% des CE des exploitations enquêtées sont mariés. Les autres CE sont des veuf et divorcés à raison de 7,14% et 1,43% respectivement.

    > Religion

    Les CE des exploitations enquêtées pratiques aussi bien les religions traditionnelles que les religions révélées. Le graphique 1 rend compte des proportions des CE en fonction des différentes religions pratiquées.

    Graphique 1: Proportion des CE en fonction des religions

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    Plus de la moitié des CE enquêtées sont des chrétiens (55%). Les musulmans sont en très faible proportion dans notre échantillon d'enquête (3%).

    > Niveau d'instruction des chefs d'exploitation

    Le graphique 2 présente les proportions des CE enquêtés en fonction du niveau d'instruction

    Graphique 2 : Proportion des CE enquêtés en fonction du niveau d'instruction

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    Il ressort du graphique 2 que 66% des CE des exploitations enquêtées sont instruits, même si le niveau d'instruction demeure bas (54% de niveau primaire).

    Les pourcentages du niveau d'instruction des CE suivants les différents types d'exploitations enquêtées sont présentés sur le Graphique 3.

    Graphique 3 : Proportion des types d'exploitations enquêtées en fonction du niveau d'instruction

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    Du graphique 3, il ressort que c'est au niveau des CE des petites exploitations ne possédant pas de palmeraie qu'on rencontre le plus fort taux d'analphabétisme (60%). Ce taux décroit progressivement à partir des CE des petites exploitations possédant de palmeraie (36,36%) pour présenter son plus faible niveau au niveau des CE des grandes exploitations possédant de palmeraie (24%).

    4.3.2. Activités économiques menées au sein des exploitations enquêtées

    La totalité (100%) des CE des exploitations enquêtées ont pour activité principale l'agriculture. Les proportions des CE des exploitations enquêtées en fonction de leur activité secondaire sont présentées au graphique 4. L'élevage constitue la première activité secondaire développée par les CE enquêtés (39%). L'élevage est suivi de la transformation de vin de palme (30%).

    Graphique 5 : Proportion des CE en fonction des Graphique 4: Proportion des membres de l'exploitation en activités secondaires exercées fonction des activités principales exercées

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009 Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    Le graphique 5 présente les activités principales développées par les membres des exploitations agricoles enquêtées. La scolarisation de plus de la moitié des membres des exploiations (64%) est à l'origine des problèmes de mobilisation à temps de la main d'oeuvre familiale avec les bouleversements climatiques actuels.

    4.3.3. Niveau d'accès aux facteurs de production par les exploitations enquêtées

    > Accès à la terre

    La superficie moyenne cultivée pour l'ensemble des exploitations enquêtées est de 2,63 hectares. Les modes de faire-valoir utilisés par les exploitations enquêtées sont l'héritage, le gage, l'achat et le prêt.

    L'héritage et l'achat sont des modes de faire-valoir direct où les superficies exploitées sont la propriété des exploitants tandis que le prêt et le gage sont au contraire des modes de faire-valoir indirect. Les proportions des CE des différents types d'exploitations enquêtés en fonction des modes de faire-valoir utilisés est consignée dans le tableau 6.

    Tableau 6 : Proportion des CE par type d'exploitations enquêtées et par catégorie de mode de faire-valoir de terres exploitées

    Types

    d'exploitation

    Pn

    Po

    Mn

    Mo

    Gn

    Go

     

    (n=10)

    (n=11)

    (n=10)

    (n=16)

    (n=6)

    (n=17)

    Mode de faire-valoir

     
     
     
     
     
     

    Héritage

    70%

    72,72%

    90%

    81,25%

    66,67%

    82,35%

    Gage

    50%

    45,45%

    40%

    62,5%

    66,67%

    58,82%

    Achat

    60%

    45,45%

    90%

    50%

    50%

    100%

    Prêt

    20%

    36,36%

    30%

    43,75%

    66,67%

    29,41%

     

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    C'est dans la catégorie des grandes exploitations avec palmeraie que la totalité (100%) des CE ont des terres cultivées acquis par achat. L'héritage constitue le mode de faire-valoir fortement usité par tous les types d'exploitation. Les superficies moyennes cultivées par les CE suivant cette répartition du tableau 6 sont présentées dans le tableau 7

    Tableau 7 : Superficie moyenne cultivée par catégorie de mode de faire-valoir et par type d'exploitation enquêté

     

    Pn (n=10)

    Po (n=11)

    Mn (n=10)

    Mo (n=16)

    Gn (n=6)

    Go (n=17)

    Héritage (ha)

    0,60

    0,76

    1,13

    0,88

    1,56

    1,67

    Gage (ha)

    0,45

    0,33

    0,53

    0,81

    1,76

    1,58

    Achat (ha)

    0,29

    0,85

    1,06

    1,31

    2,08

    2,18

    Prêt (ha)

    1,06

    0,44

    0,25

    0,71

    0,94

    0,83

     

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    Des informations contenues dans le tableau 7, il ressort que pour les trois types d'exploitation possédant de palmeraie, la part des superficies cultivées acquises par achat dépasse celle des superficies acquises par héritage. Pour les moyennes exploitations ne possédant pas de palmeraie c'est plutôt la part des superficies acquises par héritage qui dépasse celle acquises par achat. Quant aux petites exploitations ne possédant pas de palmeraie, c'est les superficies prêtées qui sont les plus importantes.

    > Accès aux credits

    L'accès au crédit formel des exploitations enquêtées est faible (graphique 6). La majorité des producteurs recours aux tontines comme source de financement de leurs activités.

    Graphique 6: Proportion des CE des exploitations enquêtées suivant le niveau d'accès aux crédits

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    La répartion des types d'exploitations enquêtées suivant leur niveau d'accès au crédit est présenté dans le tableau 8. Des informations contenues dans ce tabeau, il se dégage qu'en dehors des grandes exploitations ne possédant pas de palmeraie, le niveau d'accès au crédit formel est bas pour les autres types d'exploitation. Néanmoins, l'appartenace à des groupes de tontines est plus remarquable pour tous les types d'exploitatation enquêtées.

    Tableau 8 : Répartition des CE des exploitations enquêtées suivant le niveau d'accès aux crédits et le type d'exploitation d'appartenance

    Types d'exploitation

    Pn (n=10)

    Po (n=11)

    Mn (n=10)

    Mo (n=16)

    Gn (n=6)

    Go (n=17)

    Accès aux crédits
    formels

    Oui (n=19)

    1

    2

    4

    1

    2

    9

     

    9

    9

    6

    15

    4

    8

    Appartenance groupe
    de tontine

    Oui (n=54)

    7

    9

    6

    13

    5

    14

     

    3

    2

    4

    3

    1

    3

     

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009 > Accès à la main d'oeuvre

    L'actif agricole est toute personne âgée de 8 à 60 ans qui exerce une activité agricole, que ce soit à temps plein ou à temps partiel (Tossou, 1985). Le nombre moyen d'actif par exploitation agricole est présenté sur le graphique 7.

    Graphique 7: Répartition de la main d'oeuvre mobilisable par type d'exploitation

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    Des informations contenues dans le graphique 7, il ressort que pour les types des grandes exploitations possédant ou pas de palmeraie, la main d'oeuvre salariée dépasse celle familiale. C'est aussi ces deux types d'exploitation qui ont le moins recours à l'entraide.

    4.4. Conclusion partielle

    En somme, les communes d'Adjohoun et de Dangbo en dépit des nombreuses potentialités agricoles qu'elles offrent ne sont pas exempts des effets néfastes des changements climatiques. Nos deux villages d'enquêtes édifient fortement les impacts des effets néfastes qu'engendrent les péjorations climatiques actuelles sur le cadre de vie des populations de cette zone.

    CHAPITRE 5 : PERCEPTIONS PAYSANNES DE L'EVOLUTION DU CLIMAT DANS LA ZONE D'ETUDE, IDENTIFICATION DES INDICATEURS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET ANALYSE DES TENDANCES CLIMATIQUES

    Les changements climatiques sont perçus localement par les producteurs. Mais cette perception et les explications qui y sont liées diffèrent selon les réalités des populations locales. Dans ce chapitre, les perceptions des modifications survenues au niveau des paramètres climatiques tels que : les précipitations, la température, les vents et les crues seront présentées aux primes abords. Ensuite, les données climatiques seront confronter avec ces différentes perceptions locales.

    5.1. Perceptions socio-anthropologiques de l'évolution du climat dans les deux villages d'étude

    Convaincus des modifications du climat de leur milieu local, les perceptions des populations d'Adjohoun et de Dangbo sont surtout basées sur des indicateurs tels que les changements dans les saisons pluvieuses, les changements thermiques, solaires, du vent et des crues annuelles du fleuve Ouémé dans la vallée.

    5.1.1. Perception paysannes des changements pluviométriques

    Les changements pluviométriques constituent le premier élément de perception des changements climatiques au niveau des producteurs de notre zone d'étude. En effet, la longue tradition de l'interaction des populations locales avec leur environnement a consolidé leur connaissance du climat, connaissance construite sur certains concepts fondamentaux aux travers desquels les évolutions pluviométriques sont observées. L'encadré 1 présente les manifestations et les modifications liées à ces concepts traduisant la perception collective des producteurs de nos deux villages d'enquête.

    Encadré 1: Bilan des concepts clés liés aux saisons pluvieuses et des changements caractéristiques

    > Zundji : Autrefois, cette pluie tombait à la fin de l'harmattan entre fin Janvier et 10 février au plus tard. Comme son nom l'indique, c'est la pluie « dji » de la brousse ou forêt « zun ». On ne s'en sert pas pour cultiver. Elle tombe au plus deux fois dans la période indiquée et c'est elle qui fait régénérer les herbes asséchés par la grande saison sèche ou brûlés par les feux de brousse.

    Mais de nos jours, précisément à partir de douze à quinze années déjà, cette pluie a tendance à disparaître. Elle ne vient que très rarement certaines années et cela vers le début du mois de Mars. Autrefois, c'est l'arrivée de cette pluie qui annonce le début de la préparation des champs en l'occurrence des activités de défrichage et de sarclage pour la grande saison pluvieuse. Mais depuis plusieurs années déjà, ces travaux précèdent toujours le « Zundji » les rares fois où elle vient désormais.

    > Ayitchiossin : Comme son nom l'indique, c'est l'eau « sin » qui mouille « tchio » la terre « ayi ». Avant les modifications observées depuis 1990, cette pluie tombait deux à trois fois entre le 10 et le 25 Mars. En la mouillant, c'est cette pluie qui sert à éteindre la chaleur de la terre. Elle refroidit la terre et c'est avec elle que les paysans démarraient le labour de leur champs pour la confection des billons. Elle permettait de faire le manioc et l'arachide en semis précoce. On ne faisait jamais du maïs avec le « Ayitchiossin ».

    Mais depuis plus de quinze ans déjà cette pluie n'arrive plus jamais avant le début du mois d'Avril. On n'arrive plus à la distinguer des pluies du début de la grande saison pluvieuse.

    > Xwuédjikun : cela signifie les pluies de l'année. Ce nom s'explique surtout par le fait que ce sont ces pluies qui marquent le début de la grande saison agricole. C'est avec ces pluies qu'on faisait surtout le maïs compte tenu de la courte durée de la petite saison pluvieuse (voir « Zodjikun »). Autrefois ces pluies s'installent réellement à partir du 15 Avril et correspondait à la période de semis du maïs qui s'étendait autrefois jusqu'au 20-25 Mai pour les paysans retardataires. Ces pluies tombaient régulièrement c'est-à-dire sur tout le long de cette période (15 Avril - 25 Mai) ; ce qui permettait les semis échelonnés sur la période. Ces pluies terminaient généralement vers le 15 Juillet.

    Mais de nos jours ces pluies ont connues d'importantes modifications dans leurs régimes. Ainsi, depuis 12 à 15 années le « Xwédjikun » à tendance à ne plus s'installer réellement à partir du 15 Avril. Elle vient tardivement et s'installe en tombant très abondamment à intervalle de jour très rapproché. Ensuite, elle coupe sur 10-15 jours voir 20 jours certaines années avant de recommencer à nouveau. Cette nouvelle tendance ne permet plus les semis échelonnés dans le temps comme par le passé tel que décrit ci-dessus.

    Autrefois, c'est à partir de fin Mai jusqu'au 25 Juin que les paysans de la zone installaient le niébé. Mais la nouvelle tendance caractérisée par la coupure précoce de cette pluie cause de grandes difficultés pour la réussite de la culture du niébé. Les paysans enregistrent des pertes importantes de récolte de ce fait.

     

    > Amandji xèkuado : c'est une pluie qui annonçait autrefois la fin du << Xwédjikun ». Comme son nom l'indique c'est la pluie de la feuille << amandji » et l'oiseau est mort dans le nid << xèkuado ». C'est une pluie légère et fine qui tombait sur cinq à sept jours d'affilés (dans la journée comme dans la nuit) ce qui empêchait même les oiseaux de pouvoir sortir pour s'alimenter et ils mouraient de faim emprisonnés par cette pluie dans leur nid. Le préfixe << amandji » tient sa logique du fait que c'était une pluie qui permettait la feuillaison des arbres qui avaient commencé par faner avec le manque d'eau de la fin du <<Xwédjikun ». C'est cette pluie qui permettait au niébé de boucler sa phase de feuillaison pour entrer dans la phase de floraison de son cycle végétatif. C'était une pluie qui tombait entre le 10 et le 20 Juillet.

    Mais avec les modifications des saisons pluvieuses, cette pluie tend à disparaître. Elle vient très rarement certaines années.

    > Todji: cela signifie la pluie << dji » du fleuve << to ». C'est une pluie qui vient suite à l'arrivée de la crue du fleuve Ouémé entre fin Juin et début Juillet. Autrefois, cette pluie s'installait à partir de mi Juillet et se poursuit jusqu'à mi Août. C'était une pluie fine qui permettait au niébé de bien murir. De part son intensité cette pluie donnait lieu à de faible ruissellement.

    Mais avec les modifications actuelles, cette pluie a tendance à être rare. L'arrivée de la crue dans la vallée ne s'accompagne plus automatiquement de l'installation de cette pluie. Et quand elle vient ; son intensité est si faible qu'elle ne donne plus lieu au ruissellement d'eau sur le sol qui le caractérisait autrefois. Cette pluie n'est plus régulièrement répartie dans le temps sur toute la période mi-Juillet, mi-Août, avec la tendance actuelle, ce qui ajouté aux perturbations observées dans la fin du régime du << Xwédjikun » occasionne d'importantes pertes de récolte de niébé pour la plupart des paysans

    > Zodjikun : c'est une appellation attribuée aux pluies de deuxième saison de culture dans la zone d'étude et signifie la pluie du feu (Chaleur). L'appellation signifie que c'est une pluie qui survient après une période de fort ensoleillement notamment la saison sèche. Le << Zodjikun » s'installait régulièrement autrefois à partir du 15 Septembre pour se poursuivre jusqu'à mi Novembre. Autrefois, cette répartition régulière sur toute cette période laissait le temps aux paysans de faire le labour de leur champ pour la confection de billons avec les premières pluies du << Zodjikun ».

    Mais, actuellement, le << Zodjikun » ne laisse plus le temps de labour aux paysans avant de connaître des poches de sécheresse. Beaucoup de paysans optent désormais de plus en plus pour le labour à sec afin de pouvoir commencer les semis dès les toutes premières pluies qui servaient avant à faire le labour.

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    Les informations contenues dans l'encadré 1 montrent que les populations locales de nos villages d'enquête ont observé sur la base d'indicateurs liés au déroulement de leurs activités agricoles de profonds bouleversements des rythmes des saisons pluvieuses

    enregistrées autrefois dans leur milieu. Ces perceptions collectives des modifications pluvieuses ont été spécifiées par les perceptions individuelles au niveau des exploitations enquêtées. Le tableau 9 présente la synthèse des perceptions paysannes des changements pluviométriques vécus par les CE des exploitations enquêtées.

    Tableau 9: Synthèse sur les perceptions paysannes des changements pluviométriques

    Changements
    pluviométriques enregistrés

    Indicateurs locaux : manifestations/conséquences

    Démarrage tardif

    et/ou mauvaise

    répartition des
    pluies pendant les
    saisons des pluies

    Grande
    saison
    pluvieuse

    Pour la totalité des CE des exploitations enquêtées, la grande saison pluvieuse ne commence plus régulièrement en Avril pendant les quinze (15) dernières années comme autrefois. Actuellement, les opérations de semis précoce d'arachide et de manioc ne sont plus possibles en Mars comme par le passé.

     

    Selon la totalité des CE des exploitations de notre échantillon d'enquête, la petite saison pluvieuse ne commence plus vers la fin des cérémonies du culte « Oro » dans la dernière décade du mois d'Août comme pour la période d'il y a plus de 15ans. Son démarrage tardif vers début Octobre oblige les producteurs à effectuer le labour à sec des champs afin de pouvoir réaliser les semis dès les premières pluies qui par ailleurs sont très mal réparties sur les jours pendant cette début de saison.

    Raccourcissement
    de la durée des
    saisons des pluies

    Grande
    saison
    pluvieuse

    La totalité des CE des exploitations enquêtées, ont remarqué un raccourcissement de la durée de la grande saison pluvieuse occasionné par sa rupture précoce et son démarrage tardif. La rupture précoce de la saison perturbe la floraison et la maturation du niébé pendant ces quinze (15) dernières années. Ceci occasionne très souvent comme cette année, la perte de la totalité de la récolte chez beaucoup de producteurs.

     

    Ces quinze (15) dernières années, selon la totalité des CE des exploitations enquêtées, le démarrage tardif des pluies de la petite saison pluvieuse beaucoup plus importante que les ruptures précoces enregistrées est à l'origine du raccourcissement de la durée de cette saison.

    Diminution du
    nombre de jours
    de pluies

    Grande
    saison
    pluvieuse

    Pour 97% des CE des exploitations de notre échantillon, le nombre de jour de pluie de la grande saison pluvieuse est en baisse au cours des quinze dernières années. Pendant les quinze (15) dernières années, les pluies de la grande saison pluvieuse se concentrent sur des périodes très courtes surtout en Mai où l'on observe désormais les plus fortes hauteurs pluviométriques plutôt qu'en Juin comme par le passé.

     

     

    Petite
    saison
    pluvieuse

    Le démarrage tardif couplé à la rupture des pluies vers la fin de la saison entraîne la diminution du nombre de jour de pluies pendant la petite saison pluvieuse au cours des quinze (15) dernières années selon la totalité des CE des exploitations enquêtées. Cette diminution du nombre de jour de pluie perturbe le bouclage du cycle des cultures comme le maïs et le sésame ; et l'arachide de deuxième saison est entrain d'être progressivement abandonné pour cette cause.

    Poches de
    sécheresse plus
    nombreuses

    Grande
    saison
    pluvieuse

    Selon la totalité des CE des exploitations enquêtées, la multiplication des ruptures de pluies au début, et à la fin de la grande saison pluvieuse entraîne des stress hydriques pour les cultures sources de pertes de récoltes.

     

    90% des CE des exploitations de notre échantillon d'enquête, indiquent que les poches de sécheresse pendant la petite saison pluvieuse sont devenues plus nombreuse à travers les ruptures de pluies et concerne la période du début de la saison (Octobre). Les fontes de semis qui en découlent occasionnent des opérations de resemis répétitives pour les cultures de maïs, d'arachide, et de sésame.

    Occurrence des
    pluies très fortes
    et violentes
    causant des
    dégâts

    Grande
    saison
    pluvieuse

    92% des CE des exploitations enquêtées ont remarqué au cours des quinze (15) dernières années une multiplication des pluies très fortes et violentes vers la fin de la grande saison pluvieuse occasionnant le pourrissement sur pied des récoltes de maïs et le démolissage des maisons en terre battue par les eaux de ruissellement violentes qu'elles provoquent.

     

    Pour 99% des CE des exploitations enquêtées, les pluies enregistrées pendant la deuxième saison pluvieuse ont plutôt tendance à être moins fortes surtout en début de saison ; pendant les (15) quinze dernières années.

    Persistance de la
    sécheresse

    Grande
    saison
    sèche

    98% des CE des exploitations de notre échantillon, indiquent qu'il a eu changement au cours des quinze (15) dernières années dans la durée de la grande saison sèche qui se prolonge jusqu'à fin Avril au lieu de Mars comme autrefois.

     

    La petite saison sèche devient de plus en plus marquée au cours de ces quinze dernières années et s'étend jusqu'en Octobre au lieu de mi-Septembre selon 90% des CE des exploitations de notre échantillon d'enquête.

    Diminution des hauteurs
    pluviométriques

    Pour 93% des CE des exploitations enquêtées, sur la normale de trente ans, les hauteurs pluviométriques enregistrées ces quinze dernières années sont en baisse progressif accentuée surtout pendant la petite saison pluvieuse.

     

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    Des informations contenues dans le tableau 9, il ressort que les deux saisons pluvieuses ont connu d'importantes modifications dans leur déroulement au cours des quinze (15) dernières années comparativement aux quinze (15) autres précédentes. De plus, l'ampleur des bouleversements diffère d'une saison pluvieuse à l'autre.

    5.1.2. Perceptions paysannes des changements thermiques et solaires

    Après les dérèglements des saisons pluvieuses, l'accroissement soutenu des températures enregistrées ces quinze (15) dernières années comparativement aux quinze (15) précédentes, a également marqué la mémoire collective des populations locales. Il fait de plus en plus chaud sur toutes les périodes de l'année, avec augmentation du nombre de jours ensoleillés (selon 96% des CE des exploitations enquêtées). Cette perception des populations locales est illustrée par l'expression commune de l'encadré.

    Encadré 2: Manifestations de la chaleur et du vent pendant les changements cimatiques

    Yozo kpo djohuan kpo man so do assoun kabi assi din : Selon cette expression, la chaleur « yozo » et le vent « djohuan » non plus de nos jours ni de mâle « assoun » ni de femelle « assi ». Les termes « assoun » et « assi » étaient souvent utilisés pour la catégorisation des vents et des chaleurs. Ainsi le terme « assoun » (mâle) se rapporte souvent aux phénomènes qui ont un caractère particulièrement dévastateur. Quant au terme « assi » (femelle), il se rapporte plutôt aux phénomènes moins violents et moins forts. Pour les producteurs les périodes de fortes chaleurs et de vents violents étaient connues autrefois.

    Mais ces quinze (15) dernières années, tout à changer. La chaleur n'a plus de périodes caractéristiques comme autrefois en dépit de son accroissement. Même en saison pluvieuse, avec un léger soleil, la chaleur est remarquable.

    Avec, la persistance des températures de plus en plus fortes enregistrées, ce n'est plus seulement les cultures qui en souffrent, la croissance des animaux domestiques (caprins, porcins et volailles notamment) est aussi atteinte.

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    L'expression de cet encadré signale que les perceptions des populations locales des changements climatiques concernent aussi les perturbations enregistrées au niveau du vent.

    5.1.3. Perceptions paysannes des changements du vent

    Les vents enregistrés au cours de ces quinze (15) dernières années par les populations locales de notre zone d'étude n'ont plus les mêmes caractéristiques que ceux qui étaient

    connus jadis. Il a plus de vents, et les vents violents sont devenus plus nombreux selon 96% des CE des exploitations enquêtées. Ces changements du vent se notent pendant les deux saisons pluvieuses. En effet, pendant le début et la fin de la grande saison pluvieuse, les vents violents notés deviennent plus nombreux. Ces vents se manifestent juste après la formation des nuages dans le ciel et de par leur mouvement transportent ailleurs les nuages formés empêchant la précipitation de ceux-ci donnant ainsi lieu à des périodes de ruptures de pluies. Ce phénomène est aussi caractéristique du début de la deuxième saison pluvieuse où l'on assiste à plus de vents mais moins violents tout de même.

    5.1.4. Perceptions paysannes des changements dans les crues du fleuve Ouémé dans la vallée

    Les modifications de la crue du fleuve Ouémé à travers l'inondation partielle de plus en plus récurrente de la plaine d'inondation est manifeste dans la mémoire des communautés locales qui la subissent à travers le non renouvellement naturel de la fertilité de certaines parties cultivées. En effet, la crue affecte une zone moins étendue (77% des CE exploitations enquêtées) et apparait de plus en plus tardivement pendant les quinze (15) dernières années par rapport aux quinze (15) précédentes (83% des CE exploitations enquêtées). Le témoignage de l'Encadré 3 est celui d'un producteur du village Sissèkpa et illustre ce fait.

    Encadré 3 : Propos d'un producteur sur les changements perçus dans les crues

    Dans la vallée, il y a certains trous à poissons à différents endroits qui ne sont plus inondés chaque années par la crue comme autrefois. Nos grands parents nous disaient que l'excès d'eau à la base de la crue du fleuve vient du nord de notre pays, et qui sait s'il ne pleut plus bien là-bas comme chez nous ici pour qu'il ait l'arrivée de beaucoup d'eau dans le fleuve pour inonder toute la plaine d'inondation !

    Autrefois, avant la fin des cérémonies du culte « Oro » dans notre village (Dernière décade du mois d'Août), toute la plaine était déjà inondée mais depuis plus de 10 ans, à cette même période, certaines parties exploitées attendent encore de recevoir la crue. Désormais la crue arrive en Août et quelquefois en Juillet et plus jamais en juin comme autrefois.

    Source : Données d'enquête Août-Octobre 2009

    Quoique ne constituant pas directement un facteur climatique, la crue est toute fois liée de façon intrinsèque à l'un de ces facteurs en l'occurrence la pluie et les modifications pluviométriques enregistrées peuvent expliquer cette perception paysanne qui impute les

    changements dans la crue du fleuve aux changements climatiques. Ce constat est conforté par les travaux de Lalèyè et al., (2005) (cité par Chikou, 2006) pour qui, la baisse sensible, l'irrégularité et la mauvaise répartition des précipitations que connaît le Bénin notamment dans sa partie méridionale, ces dernières années, ont provoqué une apparition tardive et la diminution de l'étendue des crues en même temps qu'une diminution de la production halieutique et de cultures vivrières dans les plaines d'inondation du delta de l'Ouémé. Mentionnons toute foisque pour 96% des CE des exploitations de notre échantillon d'enquête, il n'y a pas eu changement de la période de décrue, de même que le niveau des eaux pendant la crue pour 91% d'eux.

    Somme toute, les populations locales de notre zone d'étude ne sont pas restées insensibles aux modifications des principaux facteurs du climat de leur milieu. Sur la période des quinze (15) dernières années comparées aux quinze (15) précédentes, les producteurs de nos deux villages d'enquête ont perçu des modifications radicales dans le déroulement des saisons pluvieuses, qu'il fait plus chaud avec plus de soleil, qu'il a plus de vents violents et qu'il y a une diminution de l'étendue des crues du fleuve Ouémé dans la vallée ; toute chose caractéristiques des changements climatiques. Nous pouvons ainsi conclure que les producteurs ont perçus les changements climatiques dans leur terroir. Les proportions élevées de CE d'exploitations enquêtées ayant répondu positivement (au moins 75% dans tous les cas) avoir perçus ces changements traduit de plus que ces changements sont perçus quelque soit le type d'exploitation auquel appartient le CE. Ces résultats sont conforment à ceux de Ogouwalé (2006). En effet, une étude qu'il a menée sur les effets des changements climatiques sur le Lac Nokoué et les populations riveraines, révèle que ces dernières ont perçu les changements à travers

    - le démarrage tardif et/ou mauvaise répartition et la baisse des hauteurs de pluies, - la diminution du nombre de jours de précipitations

    - la rareté ou disparition assez rapide des périodes de crues et

    - une chaleur plus intense et accablante.

    Néanmoins, nos résultats ne sont que des perceptions paysannes fondées sur l'observation empirique du climat. Pour conclure à la vérification de notre première hypothèse selon laquelle les producteurs perçoivent les changements climatiques de leur terroir, la

    confrontation de ces perceptions aux résultats de l'analyse statistique des données climatiques de leur localité est nécessaire.

    5.2. Niveau de cohérence entre les perceptions paysannes et les données sur l'évolution du climat

    Les changements climatiques peuvent être considérés comme une variation statistiquement significative de l'état moyen du climat et de sa variabilité, persistant pendant une période prolongée (généralement des décennies) (Ogouwalé, 2006). Les facteurs du climat qui sont considérés dans la détermination de ces indicateurs des changements climatiques sont les précipitations (hauteurs et nombres de jours de pluies) et les températures maximales et minimales.

    Les perceptions paysannes notées étant essentiellement liées au déroulement de la saison pluvieuse, les modifications du facteur pluviométrie seront analysées à travers son influence sur la saison pluvieuse. Les données pluviométriques utilisées sont celles de la station pluviométrique de l'ASECNA d'Adjohoun.

    5.2.1. Analyse des tendances pluviométriques dans les communes d'Adjohoun et de Dangbo

    L'étude des paramètres pluviométriques nous permet d'examiner les modifications éventuelles qu'il y a eu ces trente (30) dernières années. Pour ce faire, la saison des pluies a été caractérisée dans le but de comparer l'évolution de cette saison au cours des périodes P1 (1978-1993) et P2 (1994-2008). Dans un premier temps, les graphiques 8 et 9 nous donnent un aperçu sur l'évolution des hauteurs pluviométriques annuelles et du nombre de jours pluvieux par années.

    Graphique 8: Evolution des hauteurs de pluies annuelles

    Source : Données ASECNA

    Graphique 9: Evolution du nombre de jours de pluie
    Source
    : Données ASECNA

    L'analyse du graphique 8 montre une variation des hauteurs pluviométriques annuelles avec une baisse brutale en 1990 qui s'est poursuivie jusqu'en 2000. Le graphique 9 révèle pour sa part une variation du nombre de jour pluvieux. Pour comprendre l'évolution des saisons, nous nous référons au tableau 10.

    Tableau 10: Variabilité des caractéristiques des saisons pluvieuses

    Année

    Début1

    Fin 1

    Début2

    Fin2

    Durée1

    Durée2

    Cumul

    Nb Jpl

    1979

    106

    257

    285

    321

    151

    36

    1480,7

    89

    1980

    116

    240

    260

    329

    124

    69

    1020,6

    69

    1981

    120

    217

    288

    305

    97

    17

    1025,7

    63

    1982

    116

    199

    275

    307

    83

    32

    787,4

    42

    1983

    144

    175

    247

    260

    31

    13

    968,7

    59

    1984

    110

    191

    259

    318

    81

    59

    1015,4

    63

    1985

    119

    214

    240

    318

    95

    78

    897

    43

    1986

    163

    194

    256

    294

    31

    38

    1317,1

    75

    1987

    215

    256

    263

    291

    41

    28

    1493,2

    80

    1988

    125

    204

    246

    308

    79

    62

    1374,9

    91

    1989

    115

    207

    271

    289

    92

    18

    1222,7

    64

    1990

    108

    195

    275

    291

    87

    16

    1404,9

    93

    1991

    123

    216

    248

    265

    93

    17

    826,3

    64

    1992

    194

    222

    237

    319

    28

    82

    1039

    80

    1993

    108

    187

    286

    302

    79

    16

    743,8

    70

    1994

    117

    204

    289

    313

    87

    24

    1198,8

    85

    1995

    142

    246

    219

    311

    104

    92

    1146,8

    76

    1996

    93

    213

    290

    305

    120

    15

    1154,3

    70

    1997

    93

    246

    259

    294

    153

    35

    757

    53

    1998

    115

    206

    260

    344

    91

    84

    1251

    76

    1999

    138

    169

    274

    301

    31

    27

    877,3

    62

    2000

    154

    229

    -

    -

    75

    -

    872,5

    60

    2001

    134

    235

    253

    318

    103

    65

    1052,7

    65

    2002

    154

    224

    260

    311

    60

    51

    1581,4

    102

    2003

     
     
     
     
     
     
     
     

    2004

     
     
     
     
     
     
     
     

    2005

     
     
     
     
     
     
     
     

    2006

     
     
     
     
     
     
     
     
     

    2007

     
     
     
     
     
     
     
     

    2008

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Nombre ValP1

    15

    15

    15

    15

    15

    15

    15

    15

    Nombre ValP2

    9

    9

    8

    8

    9

    9

    9

    9

    Moyenne P1

    131

    204

    263

    301

    28

    12

    113

    72

    Moyenne P2

    151

    180

    263

    312

    15

    5

    109

    72

    Ecart-TypeP1

    49

    40

    16

    19

    14

    13

    273

    17

    Ecart-TypeP2

    22

    28

    23

    15

    18

    12

    428

    15

    t test p value 5%,

    0.016

    0.133

    0.598

    0.324

    0.090

    0.515

    0.334

    0.565

     

    Source : Données ASECNA

    Légende : P1 : Période 1 : 1979-1993 P2 : Période 2 :1994-2008 Nombre ValP : nombre de

    valeur de la période

    Les informations du tableau 10 montrent que le début de la première saison sèche a varié ces quinze (15) dernières années. Par contre, l'évolution des hauteurs de pluie, des nombres de jours de pluie, du début de la deuxième saison pluvieuse et des fins des deux saisons n'ont pas varié comparativement aux quinze (15) années précédentes. En effet, pour ces caractéristiques, les tests ne sont pas significatifs au seuil de 5%, ce qui n'est pas le cas du début de la première saison pluvieuse. En dehors du résultat sur le retard du démarrage tardif de la grande saison pluvieuse qui est conforme aux dires des producteurs, le reste des résultats infirme les perceptions des producteurs. Plusieurs raisons peuvent justifier cet état de chose :

    · Les données traitées ne sont pas spécifiques aux villages d'étude.

    · Les producteurs agricoles gardent beaucoup plus en mémoire les phénomènes climatiques extrêmes qui les ont marqués compte tenu de l'importance des conséquences sur le milieu et leur quotidien.

    · Les perceptions des populations locales des changements climatiques sont basées sur leurs attentes du climat pour une bonne campagne agricole. Et lorsque ces attentes ne sont pas satisfaites, les phénomènes vécus non souhaités pourraient influencer leurs perceptions.

    · La méthode utilisée ne permet pas de rendre compte de la mauvaise répartition des précipitations au cours des saisons pluvieuses.

    · Les données de 2003 à 2008 n'ont pas été considérées dans l'analyse. Ceci pourrait constituer un biais et être à la base de la divergence constatée. Les données de 2003 à 2007 n'ont pas été considérées car nous n'avons pas pu les obtenir.

    5.2.2. Analyse des tendances thermométriques

    En dehors de la pluviométrie, la température est un paramètre climatique qui affecte le cadre de vie aussi bien des hommes que des animaux et végétaux. Ayant aussi marqué les populations par son évolution, nous présentons ici l'évolution de la température ces trente (30) dernières années.

    Graphique 10: Tendances thermométriques annuelles des trente dernières années
    Source
    : Données ASECNA

    La tendance thermométrique annuelle présentée sur le graphique 10 montre qu'il y a une augmentation annuelle des températures depuis 1988. Cette augmentation s'est accentuée depuis 1998. Les affirmations des producteurs sur la hausse des températures sont confirmées.

    5.3. Perception socio-anthropologique des causes des changements climatiques

    Les changements climatiques en cours sont largement reconnus par toute la communauté paysanne, mais les causes qui leur sont attribuées revêtent diverses formes et sont plus liées aux normes et croyances locales. Des différents points de vue recueillis auprès des producteurs, les changements climatiques vécus actuellement sont dus à la déforestation, au non respect des normes sociales, au non respect des divinités, et aux pratiques occultes de neutralisation des nuages très courantes au sein de la communauté paysanne.

    5.3.1. La déforestation

    Les changements climatiques vécus actuellement sont le résultat des actions anthropiques à travers le déboisement des quelques rares reliques forestières de la zone d'étude selon 29% des CE des exploitations enquêtées. En effet, les besoins d'extension des superficies cultivées face à la baisse de plus en plus accrue des rendements des cultures, ce

    qui amenuise leur revenu, amènent certains producteurs à couper les domaines forestières avec les gros arbres qui s'y trouvent. Par ailleurs, et dans cette même perspective, la conversion de certains producteurs dans des églises évangéliques, les orientant dans le sens du détournement des « choses » traditionnelles, amènent d'autres producteurs à couper les forêts sacrées se situant sur leur propriété foncière et à en faire des champs.

    Toutefois, s'il apparaît que la déforestation comme cause des changements climatiques est soutenue par une faible proportion des producteurs, la raison de son rejet par l'autre frange des producteurs (72%) tient au fait que selon eux les opérations de reboisement avec l'espèce Acacia auriculiformis en vue d'améliorer la fertilité de leurs champs et les multiples palmeraies qui sont installées chaque année compensent valablement les déboisements opérés dans les villages. Pour cette frange de producteur, sans ces reboisements les effets des changements climatiques ressentis actuellement (notamment les vents violents, et la mauvaise répartition spatio-temporelle des pluies) au sein de la communauté seraient plus drastiques.

    De ces avis tranchés sur la déforestation comme causes des changements climatiques et les raisons justificatives de chaque camp, il ressort que la population locale est consciente que la déforestation est une cause des changements climatiques et que le reboisement contribue à atténuer les conséquences des changements climatiques.

    5.3.2. Le non respect des normes sociales et des divinités

    La banalisation et la non observance des règles sociales et morales promues par les croyances traditionnelles et religieuses sont également désignés comme causes des changements climatiques par les populations locales. Les temps plus chauds connus actuellement dans les villages de Sissèkpa et de Zounta et les phénomènes de retards de pluies, des poches de sécheresse en cours de saisons pluvieuses de même que les ruptures de pluies ne sont causés que par les pratiques de vandalisme, et de dépravation des moeurs (67% des CE des exploitations enquêtées). Plus que ça, l'abandon de certains cultes traditionnels (« toffa ») et la désacralisation de certaines divinités (« lo ») auraient déclenché la colère des divinités et les changements climatiques ne sont rien d'autres que les conséquences de cette colère (52% des CE des exploitations enquêtées).

    5.3.3. Les pratiques occultes de neutralisation des nuages et la nature

    Le point de vue, largement partagé au sein des producteurs de notre zone d'étude, identifie les pratiques mystiques de plus en plus récurrentes d'empêchement de la précipitation des nuages opérées par les faiseurs de pluies comme une cause des changements climatiques. En effet, pour 86% des CE des exploitations de notre échantillon d'enquête, pour éviter que leurs cultures ne soient détruites par l'inondation précoce des champs suite aux pluies, les producteurs de la vallée, recourent au service des chasseurs de pluies pour protéger leurs cultures. Les producteurs perçoivent ses pratiques comme des actes contre nature qui sont responsables de la diminution du nombre de jour pluvieux au cours des saisons de pluies.

    C'est ainsi que 59% des CE attribuent les causes des changements climatiques à la nature qui seraient entrain de changer elle-même compte tenu des actes de contre nature tels que la neutralisation des nuages et le non respect des normes sociales et des divinités devenus très courants dans la communauté.

    Somme toute, les producteurs attribuent plusieurs causes aux changements climatiques vécus dans leur terroir selon leur conception personnelle. Pour apprécier l'importance relative des causes évoquées par rapport aux normes et croyance locale, nous les analyserons alors par rapport à la religion des CE.

    Tableau 11 : Causes attribuées aux changements climatiques selon la religion

    Causes

    Réligion

    Neutralisation des nuages

    Non respect

    des divinités

    Non respect

    des normes

    sociales

    La Nature

    La Déforestation

    Christianisme et

    Islam* (n=41)

    85,34%

    43,90%

    78,05%

    58,54%

    36,58%

    Religion traditionnelle(n=29)

    86,21%

    72,41%

    68,97%

    58,62%

    17,24%

     

    Source : Données enquête de terrain, Août-Octobre 2009 * Effectif Islam = 2

    Il ressort des informations contenues dans le tableau 11 que les pratiques occultes de neutralisation des nuages est perçus par les CE enquêtés comme la première cause des changements climatiques quelle que soit leur religion. Cette cause est évoquée respectivement par 85,34% des CE pratiquant les religions révélées et 86,21% de ceux pratiquant les religions traditionnelles. Mais si le non respect des divinités vient en deuxième

    position des causes évoquées par les CE pratiquant les religions traditionnelles (72,21%), c'est plutôt le non respect des normes sociales qui représente la deuxième cause des changements climatiques actuelles selon les pratiquants des religions révélées (Christianisme et Islam) (78,05%). Cette divergence, tient au fait que pour la majorité des CE pratiquants les religions révélées, c'est le nom respect des normes sociales prescrites par les principes moraux dans les « saintes écritures » devenu pratiques courantes dans la communauté villageoise qui est la cause des bouleversements climatiques plutôt que le non respect des divinités. Pour eux, le désintéressement manifesté à l'endroit des divinités traditionnelles n'est que chose normale vu qu'il s'agit de croyances rétrogrades, car, estiment-ils que c'est le créateur tout puissant seul qui est digne de vénération. Par contre, la majorité des producteurs pratiquants les religions traditionnelles évoquent en plus du non respect des divinités le non respect des normes sociales. Ceci se traduit par l'attachement de ceux-ci aux valeurs traditionnelles. Par la suite, la nature occupe relativement la même importance dans la survenance des changements climatiques selon les producteurs quelle que soit leur religion et traduit l'attachement des producteurs aux croyances locales. Pour la déforestation elle vient en dernière position dans l'ordre d'importance des causes évoquées quelque soit la religion considérée (36,58% et 17,24%). Il se dégage donc que les causes évoquées par les producteurs enquêtées trouvent leur enracinement dans la foi et les convictions personnelles de chacun d'eux indépendamment de la religion pratiquée.

    5.4. Conclusion partielle

    Au total, les producteurs attribuent plusieurs causes aux changements climatiques vécus dans leur terroir suivant leur foi et conviction personnelle. Mais parmi toutes ces causes, seule la déforestation, qui se situe d'ailleurs en dernière position d'ordre d'importance des causes évoquées, constitue une cause scientifique. De plus, l'émission des gaz à effet de serre qui demeure la principale cause scientifiquement éprouvée des changements climatiques n'a pas du tout été évoquée. Ceci peut s'expliquer par le fait que les producteurs de cette zone ne sont pas familier à cette réalité des gaz à effet de serre et qu'il n'y pas eu des actions de sensibilisation à leur endroit pour attirer leur attention sur le fait. Et, nous pouvons confirmer notre hypothèse liée aux causes des changements climatiques et conclure que les causes attribuées aux changements climatiques par les producteurs de notre zone d'étude sont plus liées aux normes et croyances locales.

    CHAPITRE 6: CONSEQUENCES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LE MILIEU

    Les manifestations des changements climatiques affectent le milieu physique qui en subit les conséquences. Et, s'il est reconnu que ce milieu était déjà fortement impacté par les effets de la variabilité naturelle du climat, de la pression démographique etc., les changements climatiques viennent donc en addition pour inévitablement aggraver les multiples problèmes existants. La diversité topo séquentielle que présente le milieu physique lui confère tout de même une exposition différenciée aux conséquences actuelles des bouleversements climatiques.

    Dans ce chapitre, nous exposerons d'abord les différentes unités de paysage du terroir de chaque village. Ensuite, nous présenterons le niveau d'exposition des sols de chaque unité de paysage aux conséquences des changements climatiques.

    6.1. La diversité topo séquentielle du paysage agraire : les différentes unités de paysage des terroirs étudiés

    De par la situation de leur topo séquence, les terroirs des deux villages d'étude se décomposent en trois unités de paysage (confère figures 6 et 7 relatives aux transects).

    - La zone de plateau : C'est un plateau de terre de barre située en haut de pente par rapport aux deux autres zones. Elle présente un relief caractérisé par une surface conformément plane. On rencontre majoritairement dans cette zone de paysage des sols ferralitiques de couleur rougeâtre et de texture limono-sableuse.

    - La zone de rebord des plateaux : Il s'agit d'une zone de paysage à relief en pente qui jouxte la zone de plateau. Cette zone se prolonge dans sa partie inférieure par des bas-fonds par endroit dans chacun des deux villages. Les sols de cette zone sont de type ferralitique et de texture argilo-sableuse.

    - La zone de la plaine d'inondation : C'est une zone de production de décrue. Les sols de cette unité de paysage sont de type hydromorphe riches en matières organiques. Remarquons toute fois que contrairement aux deux autres unités de paysage, la zone de la plaine d'inondation se distingue par un relief légèrement diversifié. On y rencontre des parties surélevées appelées « houégbodji » et des parties plus basse appelées le « tigbodji ». On y pratiquent seulement un cycle de culture par an, celui de contre saison.

    N4S

    Stations

    I

    II

    III

    IV

    V

    VI

    VII

    VIII

    IX

    Distance (m)

    600m

    300

    450

    380

    250

    150

    75

    500

    800

    Unité de paysage

    Plateau (kpodji)

    Plateau (Kpodji)

    Plateau - depression (Kpodji)

    Dépression
    (Dogbamè)

    Dépression
    (Dogbamè)

    Bas-fond (Togbamè)

    Dépression
    (Dogbamè)

    Dépression- Plateau

    (Kpodji)

    Plateau (Kpodji)

    Type de sol

    Sol rouge limono sableux (kovè)

    Sol rougeâtre sablo- argileux concrétionnés (Kinko)

    Sol rouge limono sableux (kovè)

    Sol

    noirelimono argileux (kowi)

    Sol noir limono
    argileux (kowi)

    Sol

    hydromorphe (gbon)

    Sol noir limono

    argileux (kowi)

    Sol rouge limono sableux (kovè)

    Sol rouge limono sableux (kovè)

    Végétation

    Palmier naturel

    -

    Fruit à pain
    Bambou
    (Oxythenanthera
    abyssinica)

    Fruit à pain bambou

    Fruit à pain (Artocarpus communis) bambou,

    cocotier

    Raphia vinifera

    Bambou cocotier

    Palmier naturel

    Palmier naturel

    Plantation

    Palmeraie,

    Acacia auriculiformis

    -

    Palmeraie Bananeraie

    Acacia auriculiformis

    Palmeraie

    Acacia auriculiformis

    Bananeraie

    Acacia auriculiformis

    -

    Palmeraie Bananeraie

    Palmeraie Bananeraie Acacia auriculiformis

    Palmeraie

    Acacia auriculiformis

    Utilisations actuelles

    Agriculture

    Carrière de sable

    Agriculture

    Agriculture

    Agriculture habitation

    Maraîchage pépinière

    Agriculture habitation

    Agriculture

    Agriculture

    Utilisations passées

    Agriculture jachère naturelle

    Agriculture jachère

    naturelle

    habitation Agriculture

    Agriculture jachère

    naturelle

    habitation

    Aucune

    Agriculture habitation

    Agriculture

    Agriculture jachère naturelle

    Cultures pratiquées

    Maïs, Niébé, Manioc,

    -

    Maïs, Niébé, Arachide,

    Maïs, Niébé, tomate,

    Maïs, Niébé, tomate, Manioc,

    -

    Maïs, Niébé, tomate,

    -

    Maïs, Niébé, tomate, Manioc,

     

    actuellement

    Arachide

     

    Manioc

    Manioc, Arachide

    Arachide

     

    Manioc, Arachide

     

    Arachide

    Cultures pratiquées il y a plus de 15

    ans

    Maïs, Niébé, Manioc,

    Arachide ; patate douce ; goussi

    Maïs ; Manioc

    -

    Maïs ; Manioc

    Maïs ; Manioc

    -

    Maïs ; Manioc

    Maïs, Niébé, tomate,

    Manioc, Arachide

    Maïs, Niébé, tomate, Manioc, Arachide

    Atouts actuels

    Sols bien drainants aptitude au palmier à huile

    Sols bien drainants aptitude au palmier à huile

    Sols bien
    drainants
    aptitude au
    palmier à huile

    Sols moins appauvris Sols bien drainant

    Sols moins appauvris Sols bien drainants

    Culture de
    contre saison

    Sols moins appauvris Sols bien drainants

    Bonne aptitude aux cultures vivrières

    Bonne aptitude aux cultures vivrières

    Atouts passés

    Bonne aptitude aux cultures vivrières

    Bonne aptitude aux cultures vivrières

    Bonne aptitude
    aux cultures
    vivrières

    Zone de

    jachère

    naturelle

    habitat des petits gibiers

    Zone de jachère naturelle habitat des petits gibiers

    -

    Zone de

    jachère

    Habitat des petits gibiers

    Bonne aptitude aux cultures vivrières

    Bonne aptitude aux cultures vivrières

    Problèmes actuels

    Baisse de fertilités des sols

    Baisse de fertilités des sols

    Baisse de
    fertilités des sols

    Pression foncière disparition des petits gibiers

    Pression foncière disparition des petits gibiers

    Insuffisance
    d'aménagement
    Raréfaction des

    ressources halieutiques

    Pression fonction disparition des petits gibiers

    Baisse de fertilités des sols

    Baisse de fertilités des sols

    Problèmes passés

    Dégâts des ravageurs des cultures

    Dégâts des ravageurs des cultures

    Dégâts des
    ravageurs des
    cultures

    -

    -

    -

    -

    Dégâts des ravageurs des cultures

    Dégâts des ravageurs des cultures

    Problèmes actuels dus aux

    changements climatiques

    Lessivage

    Lessivage

    Erosion
    Lessivage des
    nutriments
    apportés, par les
    engrais minéraux

    Erosion destruction des billons

    Erosion

    destruction des billons

    Inondation
    ensablement
    des points
    d'eau

    Erosion destruction des billons

    Erosion destruction des billons

    Lessivage

    Solutions appliquées

    Fumure minérale

    Fumure minérale

    Fumure minérale

    Bute en quinconce

    Bute en quinconce

    -

    Bute en quinconce

    Bute en quinconce

    Fumure minérale

    Infrastructure

     
     

    Ecole Pompe

    -

     

    Pont

    -

    Ecole

    -

     

    Figure 6: Transect de Sissèkpa (Adjohoun) Source: Données d'enquêtes Août-Octobre 2009

    E4O

    Stations

    I

    II

    III

    IV

    V

    VI

    VII

    Distance (m)

    250

    700

    200

    600

    400

    200

    500

    Pente

    3 %

    Très négligeable

    2 %

    1 %

    Négligeable

    3 %

    Négligeable

    Unité de paysage

    Bas-fond-Plateau
    (Atannou)

    Plateau
    (Kpodji)

    Plateau
    (Dogbamè)

    Plateau
    (Kpodji)

    Plateau
    (Dogbamè)

    Plateau
    (Kpodji)

    Plateau
    (Kpodji)

    Type de sol

    Sol noir limono-
    argileux

    (Atank?)

    Sol rouge
    Sablo-limoneux
    (Aïgbavè)

    Sol noir limono-
    argileux

    (k?vè)

    Sol rouge
    Sablo-limoneux
    (Aïgbavè)

    Sol rouge limono-
    argileux
    (Aïgbavè)

    Sol rouge
    Sablo-limoneux
    (Aïgbavè)

    Sol rouge
    Sablo-limoneux
    (Aïgbavè)

    Végétation

     

    Bambou

     

    Bambou

    Bambou

     

    Bambou

    Plantation

    Palmeraie

    Palmeraie

    Bananeraie
    Palmeraie

    Palmeraie
    Eucalyptus
    Bananeraie

    Palmeraie
    Bananeraie

    Palmeraie

    Palmeraie

    Utilisations
    actuelles des terres

    Agriculture,
    Culture de contre
    saison

    Agriculture, Habitation

    Agriculture,
    Habitation

    Agriculture,
    Habitation

    Agriculture,
    Habitation

    Agriculture

    Agriculture

    Utilisations
    Passées des terres

    Agriculture

    Agriculture;
    Palmeraies
    Coopératives

    Agriculture,
    Habitation

    Agriculture
    Habitation

    Agriculture Habitation Palmeraies Coopératives

    Agriculture

    Agriculture

    Cultures
    Pratiquées
    actuellement

    Tomate, Piment,
    Patate douce, Maïs

    Maïs, Manioc,
    Niébé

    Maïs, Niébé

    Maïs, Niébé,
    Arachide

    Maïs, Arachide,
    Niébé, manioc

    Maïs, manioc, patate douce, arachide

    Maïs, Manioc,
    Arachide, Niébé

    Cultures pratiquées

     

    Maïs, Manioc,

    Maïs, niébé, Patate

    Maïs, manioc,

    Maïs, niébé

    Maïs, Manioc,

    Manioc, Manioc,

     

    avant (il y a plus
    de 15 ans)

    Maïs, Patate douce

    Niébé

    douce

    arachide, patate douce

     

    Arachide, Niébé

    Arachide, Niébé

    Atouts actuels

    Cultures de contre saison Sols fertiles

    Sols bien drainants

    Sols moins
    appauvris

     

    Sols moins appauvris

    Sols bien drainants

    Sols bien
    drainants

    Sols bien
    drainants

    Atouts passés

    Cultures de contre saison

    Bon état de fertilité des terres après abatages des palmeraies coopératives

    Bon état de fertilité des terres après abatages des palmeraies coopératives

    Bon état de

    fertilité des terres après abatages des palmeraies coopératives

    Bon état de fertilité des terres après abatages des palmeraies coopératives

     
     

    Problèmes
    actuels

     

    Baisse de fertilité des sols

    Forte pression foncière

    Forte pression foncière

    Baisse de

    fertilité des sols Forte pression foncière

    Forte pression foncière

    Baisse de fertilité des sols

    Forte pression foncière

    Baisse de fertilité des

    sols

    Forte pression foncière

    Problèmes
    passés

     

    Expropriation des terres

    Expropriation des terres

    Expropriation des terres

    Expropriation des terres

    Expropriation des terres

     

    Problèmes actuels
    dus aux
    changements
    climatiques

    Inondation des cultures

    Erosion

    Lessivage Dégradation des sols

    Erosion

    Lessivage Dégradation des sols

    Erosion Lessivage

    Erosion

    Erosion

    Lessivage

    Dégradation des sols

    Lessivage Dégradation des sols

    Solutions
    appliquées

     

    Fumure minérale

     

    Fumure minérale

     

    Fumure minérale

    Fumure minérale

    Infrastructures

     

    Ecole, Pompe

     
     

    Ecole, Pompe

     
     
     

    Figure 7: Transect de Zounta (Dangbo)

    Source: Données d'enquêtes Août-Octobre 2009

    6.2. Niveau d'exposition des sols suivant les unités de paysage pendant les changements climatiques

    Le degré d'exposition des sols d'une parcelle de culture aux conséquences des changements climatiques dépend de la situation de sa topo séquence. La considération des conséquences des retards/ruptures de pluies et des excès de pluies sur les différentes unités de paysage nous permet d'apprécier l'effet des principaux bouleversements climatiques sur les sols des trois (3) différentes unités de paysage du terroir des villages de Sissèkpa et de Zounta.

    6.2.1. Zone de plateau

    La nature ferralitique des sols situés sur cette unité de paysage localisée en haut de pente, les distingue par leur structure fine avec une faible capacité de rétention en eau. Ce qui fait de ces sols, des sols bien drainants. Il s'en suit que la vitesse d'infiltration de l'eau sur ces types de sols est élevée.

    Ainsi, en situation de rupture/retard de pluies, les sols des parcelles situées en haut de pente, s'assèchent très rapidement diminuant ainsi la disponibilité en eau pour les cultures. Ce phénomène de dessiccation des sols, en réalité lié à la nature même des sols de cette unité de paysage, s'est surtout aggravé avec la fréquence régulière des manifestations de rupture/retard de pluies dans les deux villages d'études. La dessiccation des sols en début de saison pluvieuse perturbe énormément les opérations de semis sur les parcelles situées en haut de pente et soumet les cultures aux stress hydriques lorsque les ruptures temporaires de pluies interviennent en cours ou en fin de saison pluvieuse.

    Mais en situation d'excès de pluie, le fort lessivage des éléments nutritifs constitue la principale conséquence des changements climatiques subi par les sols du plateau. En effet, avec la violence des précipitations induisant les excès de pluies, la structure des sols est entamée favorisant le lessivage aussi bien des éléments nutritifs apportés aux sols que ceux y existant. En haut de pente, les sols s'appauvrissent donc avec les changements climatiques et entraine la baisse des rendements des cultures.

    En raison de leur caractère de sols bien drainants, les situations d'excès de pluies n'occasionnent pas des inondations sur cette unité de paysage. Il en est de même de leur surface relativement plane qui les soustrait du phénomène d'érosion hydrique.

    6.2.2. Zone de rebord des plateaux

    De même caractéristiques physiques que les sols situés sur le plateau, c'est leur localisation en milieu de pente qui les distingue de ceux-ci.

    Ainsi, favorisé par le relief en pente de la zone de rebord des plateaux, les excès de pluies enregistrés avec les changements climatiques ont fortement accentué l'érosion des sols situés sur cette unité de paysage.

    Photo 1: Erosion de sol dans un champ de maïs à Zounta Source : Cliché CODJIA, Septembre 2009

    La violence des précipitations au cours de ces quinze (15) dernières années donne naissance à des eaux de ruissellement abondantes sur de courtes durées provoquant des rigoles d'érosion sur les sols des parcelles de cette unité de paysage. Sur la ligne de ces rigoles d'érosion, même les billons à sillons perpendiculaires à la pente sont emportés. L'érosion appauvrie les sols en humus, rompt leur structure et partant détériore la cohésion de leur éléments constitutifs.

    Rigole d'érosion à travers des billons perpendiculaire à la pente (gauche) et rigole d'érosion dans un champ de manioc (droite)

    Photo 2: Rigole d'érosion creusée par les eaux de ruissellement sur les parcelles à Sissèkpa
    Source :
    Cliché CODJIA, Septembre 2009

    Les excès de pluies sont aussi à l'origine du lessivage des éléments nutritifs des sols de cette unité de paysage. Mis ensemble, l'amplification des phénomènes de lessivage et d'érosion des sols, induite par les changements climatiques occasionne inévitablement des pertes de récoltes.

    Les dégâts de la violence des eaux de ruissèlement accompagnant les excès de pluies sur cette unité de paysage, affectent dangereusement les voies de dessertes menant aux points d'écoulement des produits. Toute chose qui complique le transport des produits aux marchés.

    Photo 3: Délabrement des pistes de dessertes causé par érosion hydrique à Sissèkpa

    Source : Cliché CODJIA, Août 2009

    Pour ce qui concerne les retards/ruptures de pluies, ils concourent également à la dessiccation des sols situés sur cette unité de paysage tout comme ceux situés en haut de pente mais dans une ampleur moindre. Ceci tient à la situation favorisante de la toposéquence de cette unité en milieu de pente. La durée de dessiccation dans ce cas étant plus longue, les sols des parcelles en milieu de pente résistent mieux aux retards/ruptures comme manifestation des changements climatiques.

    6.2.3. Zone de la plaine d'inondation

    Les excès de pluie sur de courtes durées enregistrés avec les changements climatiques occasionnent l'inondation précoce des sols des parcelles de cette zone de culture de décrue avec à la solde la destruction des récoltes. Ces cas d'inondation des parcelles par les excès de pluies concernent surtout la grande saison de pluie

    Les retards de pluie en début de la grande saison de pluie sont moins préjudiciables pour les cultures de cette zone. La deuxième saison pluvieuse n'est pas considérée car elle correspond à la période de la crue du fleuve.

    6.3. Conclusion partielle

    En somme, toutes les unités de paysage subissent les conséquences des changements pluviométriques. Mais les impacts varient d'une unité de paysage à l'autre. Les excès de pluies sur de courtes durées, et les retards/ruptures de pluies sont plus préjudiciables pour les unités de paysage de haut et de milieu de pente, tandis que pour l'unité de paysage de bas de pente (plaine d'inondation) c'est plutôt les excès de pluies qui occasionnent les dégâts d'inondation précoce enregistrés sur les parcelles de cultures.

    11111111 II I ICONSEQUENCES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LE QUOTIDIEN DES PRODUCTEURS

    En dehors des conséquences sur les unités de paysage, les producteurs expriment par ailleurs les conséquences des changements climatiques à travers les effets néfastes ressentis sur leurs activités, sur leur santé et leurs habitats. Ces conséquences sont présentées dans le présent chapitre.

    7.1. Conséquences des changements climatiques sur les activités agricoles

    Les activités agricoles évoquées ici sont l'agriculture et l'élevage.

    7.1.1. Les niveaux d'affectation des principales cultures par les changements climatiques

    Les conséquences des changements climatiques sur les cultures diffèrent selon les manifestations du facteur climatique considéré. Etant donné que ces manifestations diffèrent sensiblement pour leur part suivant les deux saisons pluvieuses de notre zone d'étude, les conséquences seront développées suivant les saisons pluvieuses et les différentes unités de paysage. Les effets des retards/ruptures de pluies, des excès de pluies de même que ceux des vents violents et des températures trop fortes caractéristiques des changements climatiques en cours dans nos deux villages d'études, seront donc exposés pour les principales cultures que sont le maïs, le niébé, l'arachide, le manioc et la patate douce.

    > Conséquences des changements climatiques sur le maïs

    Le maïs est cultivé sur les trois cycles de culture pratiqués par les producteurs des villages de Sissèkpa et de Zounta. On le retrouve dans les assolements des parcelles des trois unités de paysage. Il est cultivé aussi bien pour l'autoconsommation que pour la commercialisation. Mais avec les changements climatiques actuels, la culture de maïs est fortement affectée avec à la solde des pertes de récoltes et des baisses de rendement considérables.

    En effet, le maïs est une culture exigeante en eau particulièrement sensible à la sécheresse aux moments de la levée mais surtout de la floraison qui se trouve être la période la plus critique de son cycle et, les températures doivent être élevées et régulières

    immédiatement après. L'excès d'eau lui est toutefois préjudiciable car il provoque l'asphyxie ou même la pourriture des racines. Il se dégage que le maïs est une culture supportant mal aussi bien les retards/rupture de pluies que les excès de pluies.

    Ainsi, les retards/ ruptures de pluies en début de la grande saison pluvieuse entraînent l'étalement des opérations de semis et de resemis sur des périodes inhabituelles. Ces opérations se poursuivent jusqu'en Juin chez certains paysans au lieu de début Mai comme autrefois. De cette façon, l'itinéraire technique du maïs est fortement bouleversé. La résultante de ce bouleversement est l'exposition du maïs sur tout son cycle pendant la grande saison pluvieuse à de fréquente période de stress hydriques et thermiques. Pendant la deuxième saison pluvieuse, la situation est plus désastreuse, compte tenu de sa courte durée de telle sorte que les opérations prolongées de semis, resemis projettent le bouclage du cycle de la culture hors de la période pluvieuse.

    Les excès de pluies sur courte période sont surtout enregistrés pendant la grande saison pluvieuse. Lorsqu'ils surviennent sur les parcelles de bas de pente (plaine d'inondation), les excès de pluie sur courte durée du début de la grande saison pluvieuse provoquent la perte de tout ou d'une bonne partie de la récolte par inondation, lorsque les cultures de maïs n'ont pas encore commencé à sécher. Dans ce dernier cas, seule une récolte précoce permet de sauver la récolte avec les changements climatiques actuels. Sur les parcelles de haut et de milieu de pente, l'excès de pluie sur plusieurs jours de pluies provoquent sur la culture de maïs le jaunissement des jeunes plants ou l'attaque massive des épis par les insectes foreur de grains. L'encadré 4 est le témoignage d'un producteur septuagénaire.

    Encadré 4 : Témoignage d'un producteur à propos des conséquences des changements cimatiques sur la production de maïs

    C'est avec un peu de pluies et un peu de soleil que les plantes se développent bien ! Avec les excès de pluies sur courte durée, même les doses d'engrais que nous apportons aux cultures n'ont plus d'effet. Avec les excès de pluies qui arrivent désormais à la fin de la grande saison pluvieuse, nous ramenons rarement des épis de maïs intacts à la maison. Presque toute la récolte est attaquée par des insectes. Nous avons beaucoup de mal à conserver nos récoltes de maïs de la grande saison avec ce qui nous arrivent ces dernières années.

    Source Données d'enquêtes (Zounta) Septembre 2009

    Les vents violents de la fin de la grande saison pluvieuse occasionnent sur la culture du maïs des cas de verse. Ces cas de verse sont plus importants sur l'unité de haut de pente selon 81,42% de CE enquêtés. Le tableau 12 présente les proportions de pertes de récoltes par saison et suivant les différentes unités de paysage pour la culture de maïs.

    Tableau 12: Proportion de pertes de récoltes par saison et suivant les différentes unités de paysage pour la culture de maïs

    Saisons pluvieuses

    Grande saison

    Petite saison

    Contre saison

    % de

    pertes

    Min

    Moy

    Max

    Min

    Moy

    Max

    Min

    Moy

    Max

    Zone 1

    25

    54,28

    70

    45

    62,85

    75

    -

    -

    -

    Zone 2

    25

    42,02

    55

    40

    50,94

    60

    -

    -

    -

    Zone 3

    -

    -

    -

    -

    -

    -

    0

    1,53

    5

     

    Source: Données d'enquête Août-Octobre 2009

    Des informations du tableau 12, il se dégage que les pertes moyennes de récolte de maïs les plus élevées sont enregistrées au cours de la petite saison pluvieuse. Au cours de cette saison, les pertes moyennes de la zone 1 (62,85%) sont plus élevées que celles de la zone 2 (50,94%). Cette situation est aussi valable pour les pertes de récoltes de la grande saison pluvieuse seulement qu'elles sont moins élevées que celles de la petite saison pluvieuse (54,28% et 42,02%). Pour la zone3, hormis les cas de pertes de la totalité des récoltes en cas d'inondation précoce, les pertes de récoltes enregistrées au cours des changements climatiques sont presque négligeables (1,53%).

    > Conséquences des changements climatiques sur la culture de niébéLe niébé est la culture la plus impactée par les effets néfastes des changements climatiques dans les villages de Sissèkpa et de Zounta.

    Le niébé est produit pour l'autoconsommation mais surtout pour la commercialisation par les exploitations agricoles de nos deux villages d'enquêtes. Sa production se fait sur les trois unités de paysages exploitées par les producteurs agricoles et concerne la grande saison pluvieuse et la saison de décrue.

    Cependant, les retards/ruptures de pluies de la grande saison pluvieuse font peser sur la culture du niébé, le risque de disparition des assolements pour les parcelles situées dans les unités de haut de pente (plateau) et de milieu de pente (rebord de plateau). L'encadré 5 est le

    témoignage d'un producteur sexagénaire du village de Sissèkpa qui rend compte de la situation des conséquences climatiques sur la production de niébé.

    Encadré 5: Les conséquences des changements cimatiques sur la production du niébé : témoignage d'un producteur

    Cette année, pour la culture du niébé, j'ai payé des semences pour 1200F et j'ai dépensé en dehors de mes efforts personnels et de ceux de mes enfants qui m'aident quelque fois, 50.000F pour la main d'oeuvre salariée, de la confection des billons jusqu'au sarclage d'entretien, mais je n'ai pas ramené 5 mesures de niébé (1mesure=1kg) à la maison au moment des récoltes. Les pluies ont coupé au moment où les plants ont commencé par former les gousses.

    Nous ne savons plus quoi faire. Depuis plus de Cinq (5) ans déjà, c'est ce à quoi nous assistons. Nos rendements de niébé ne cessent de baisser progressivement. Moi, j'ai même commencé par appliquer de l'urée et du NPK sur mes parcelles de niébé tout comme certains autres paysans. Mais ça n'a rien changé. Avec la rupture des pluies enregistrée à la fin de la grande saison pluvieuse, au lieu de trois récoltes comme autrefois, nous n'arrivions plus qu'à faire une seule récolte. Mais ce qui est arrivé cette année, c'est du jamais vu pour moi depuis que je cultive la terre (Voir photo 4).

    C'est uniquement ceux qui n'ont pas attendu de finir avec les opérations d'entretien du maïs, avant d'entamer celles des semis du niébé qui ont pu récolter de niébé. Cela nous crée ainsi, un cumul de travaux que nous avons beaucoup du mal à gérer. Nos enfants sont encore à l'école en Mai et la mobilisation des tâcherons à temps est tout un problème dans notre milieu ici. A défaut d'abandonner le maïs et ceci, au risque de mourir de faim, nous sommes obligés de chercher des variétés qui durerons moins sur les champs que ce que nous faisons maintenant si nous voulons nous en sortir de cette situation.

    Source : Données d'enquête, (Sissèkpa) Août-Octobre 2009

    Les informations contenues dans l'encadré 5 montrent que la production du niébé est

    devenue un dilemme pour les producteurs des villages de Sissèkpa et de Zounta avec le raccourcissement de la durée de la grande saison pluvieuse.

    Photo 4 : Conséquences de la rupture précoce de la grande saison sèche sur la culture de niébé

    à Zounta (gauche) et à Sissèkpa (droite) Source : Cliché CODJIA, Août 2009

    Le tableau 13 présente les proportions de pertes de récoltes par saison et suivant les différentes unités de paysage pour la culture du niébé.

    Tableau 13 : Proportion de pertes de récoltes par saison et suivant les différentes unités de paysage pour la culture du niébé.

    Saisons
    pluvieuses

    Grande saison

    Contre saison

    % de
    pertes

    Min

    Moy

    Max

    Min

    Moy

    Max

    Zone 1

    45

    61,42

    80

    -

    -

    -

    Zone 2

    40

    50,54

    60

    -

    -

    -

    Zone 3

    -

    -

    -

    0

    2,08

    5

     

    Source: Données d'enquête Août-Octobre 2009

    Il se dégage du tableau 13 que les pertes moyennes de récolte de niébé sur les zones 1 et de 2 respectivement de 61,42% et de 50,54% sont plus élevées que celle enregistrées pendant la culture de contre saison 2,08%.

    > Conséquences des changements climatiques sur la culture d'arachide

    Les changements climatiques ont induit une modification de l'itinéraire technique de la production d'arachide pendant la deuxième saison pluvieuse. L'arachide est produit exclusivement pour la commercialisation ou la transformation. Mais, avec les péjorations climatiques de la petite saison pluvieuse notamment les retards/ ruptures de pluies en début de la saison, la culture d'arachide se trouve fortement affectée sur les parcelles des unités de paysage de haut de pente et de milieu de pente. Tout comme la culture de Maïs avec qui l'arachide se cultive en association sur ces deux unités de paysage, les retards/ruptures de pluies en début de la deuxième saison pluvieuse entraînent l'étalement des opérations de semis et de resemis. Ces opérations qui prenaient fin en Septembre autrefois, se poursuivent jusqu'à fin mi Octobre avec les changements climatiques. De cette façon, les poches de sécheresse intervenant à la fin de la saison en Novembre exposent la culture d'arachide au manque d'eau pour la floraison-formation des gousses. La période de floraison-formation des gousses (30-70 jours après semis) correspond en effet à la période critique de l'arachide à la sécheresse. Il en découle une baisse de rendement considérable. Mentionnons toute fois que

    les péjorations climatiques de cette grande saison pluvieuse ne sont pas pour leur part sans effets sur la culture d'arachide sur ces deux unités de paysage.

    Le tableau 14 présente les proportions de pertes de récoltes par saison et suivant les différentes unités de paysage pour la culture d'arachide.

    Tableau 14 : Proportion de pertes de récoltes par saison et suivant les différentes unités de paysage pour la culture du d'arachide.

    Saisons
    pluvieuses

    Grande saison

    Petite saison

    Contre saison

    % de
    pertes

    Min

    Moy

    Max

    Min

    Moy

    Max

    Min

    Moy

    Max

    Zone 1

    5

    11,71

    20

    20

    36,74

    55

    -

    -

    -

    Zone 2

    5

    7,10

    25

    15

    22,85

    35

    -

    -

    -

    Zone 3

    -

    -

    -

    -

    -

    -

    0

    3,56

    10

     

    Source: Données d'enquête Août-Octobre 2009

    Des informations contenues dans le tableau 14, il ressort que les pertes moyennes de récoltes s'élevant respectivement à 11,71% et à 36,74% au cours de la grande et de la petite saison pluvieuse sur la zone 1 sont plus élevées par rapport à celles enregistrées sur la zone 2 pour ces mêmes saisons et qui s'élèvent 7,10% et 22,85%.

    > Conséquences des changements climatiques sur les cultures de manioc et de la patate douce

    Les changements climatiques affectent beaucoup la production de manioc et de patate douce dans notre zone d'étude. Ces cultures subissent les conséquences des changements climatiques aussi bien sur les unités de haut de pente, de milieu de pente que pendant les trois saisons de culture. Toute fois, l'ampleur des effets des poches de sécheresse sur ces cultures sont variables suivants les différentes unités de paysage pour chaque saison de culture.

    Ainsi, sur les parcelles de haut de pente, la multiplication des poches de sécheresse et le raccourcissement de la durée des deux saisons pluvieuses, enregistrés au cours des quinze (15) dernières années expose les cultures de manioc et de patate douce à des retards de croissance. De cette façon, la dessiccation prolongée des sols des parcelles en haut de pente ne favorise plus le développement végétatif suffisant des cultures de manioc et de patate douce pour pouvoir supporter la sécheresse des saisons sèches. De ce fait, la production de

    manioc et de patate douce est de plus en plus déplacée par les producteurs vers les parcelles de l'unité de milieu de pente où les sols retiennent plus longtemps l'eau et où la dessiccation prolongée est moins fréquente en vue de la limitation des baisses de rendement.

    Sur les parcelles situées en bas de pente (zone de plaine d'inondation), les excès de pluies de la grande saison pluvieuse occasionne l'inondation précoce des parcelles et provoque des pertes de récoltes par pourrissement des racines de manioc et des tubercules de la patate douce.

    7.1.2. Conséquences des changements climatiques sur les animaux d'élevage

    Les changements climatiques affectent fortement l'élevage dans les villages de Sissèkpa et de Zounta. La recrudescence de certaines maladies et le rapetissement des animaux d'élevage sont les principales conséquences occasionnées sur le cheptel villageois par les excès de pluies et les températures de plus en élevées enregistrés. Les espèces constituant ce cheptel sont variées. On distingue la volaille, les ovins, les caprins, les porcins et les bovins.

    Pour la volaille, la maladie de Gomboro, la grippe et les maladies parasitaires sont les principales maladies en recrudescence et se manifeste beaucoup plus sur la période de Mai à Juin où les excès de pluies sont prolongés sur plusieurs jours. C'est cette même période qui est indiquée par les producteurs pour les cas de recrudescence de maladies observées chez les ovins, les caprins, et les porcins.

    Au niveau des ovins et des caprins donc, l'on assiste avec les changements climatiques à la recrudescence des maladies diarrhéiques, épidermiques et pneumoniques. Les maladies diarrhéiques et pneumoniques sont surtout mortels pour les caprins. Pour les porcins, les maladies en recrudescence sont la peste et les affections pneumoniques. Ces affections sont très mortelles pour l'espèce et se manifestent par le refus de manger, des étirements et le décès des animaux atteints.

    Ces recrudescences de maladies peuvent se comprendre dans une certaines mesures par le fait que les périodes d'excès de pluie constituent des périodes favorables à la prolifération des germes pathogènes. Mentionnons toute fois, que le mode d'élevage en divagation de ces animaux contribue à la contamination des animaux.

    Chez les bovins, les cas de recrudescence de maladie ne sont pas encore enregistrés. L'élevage bovin est en fait plus confronté au problème de raréfaction du pâturage. En effet, l'augmentation des emblavures a réduit les surfaces de pâture. Ceci augmente les conflits de dégât des cultures par les animaux entre les producteurs.

    La persistance de la sécheresse qui se caractérise par la rareté de fourrage frais, aggrave ces problèmes de pâturage chez les ruminants. Les fortes chaleurs qui caractérisent la persistance de la sécheresse n'est pas non plus sans effet sur les animaux d'élevage. Ainsi en temps de chaleur, les dépenses énergétiques des animaux pour le maintien de leur équilibre thermique sont élevées. Etant donné que cette élévation des dépenses énergétiques (d'entretien) ce fait au dépend des dépenses de production, les fortes chaleurs enregistrées avec les changements climatiques peuvent favoriser le rapetissement des animaux tels que la volaille, les porcins, les caprins et les ovins comme l'on remarqué les producteurs. Ces espèces ne réalisent plus les performances pondérales qui leur étaient caractéristiques.

    7.2. Conséquences des changements climatiques sur les conditions de vie des populations

    Les changements climatiques actuels à travers leurs extrêmes, perturbent énormément les conditions de vie des populations locales qui se fragilisent davantage.

    7.2.1. Conséquences sur l'agriculture comme activité économique

    Les changements climatiques à travers leurs effets néfastes, affectent profondément l'agriculture, la principale source de revenus des populations locales. Les conséquences qui en découlent bouleversent fortement tous les aspects liés à cette activité, le premier mode de subsistance des populations locales. Les manifestations de ces conséquences se traduisent par des baisses drastiques des rendements des cultures, des pertes de récoltes considérables, des cas de mauvaises qualité de produits récoltés pour la culture du maïs, et la recrudescence de certaines maladies chez les animaux d'élevage. Toutes ces conséquences sont plus particulièrement ressenties par les producteurs à travers la baisse accentuée de leur revenu. Cette érosion soutenue des revenus des populations locales, fragilise davantage leur condition de vie et les confine de plus en plus dans une situation de précarité. Cette situation de précarité des conditions de vie engendrée par les changements climatiques se traduit surtout par la limitation de leur capacité d'accès aux ressources et services divers des ménages. Au

    sein des ménages l'amenuisement des conditions de vie se manifestent donc par : difficulté de consommation alimentaire, difficulté d'accès aux services de soins de santé, impossibilité de faire face au renchérissement du coût de la main d'oeuvre salariée pour effectuer les travaux agricoles à temps, incapacité de supporter les charges scolaires des enfants qui sont laissés à eux même, etc.

    7.2.2. Conséquences sur la santé humaine

    A l'instar de leur condition de vie, la santé des populations de Sissèkpa et de Zounta subit les répercussions des effets néfastes des changements climatiques. Ces répercussions se traduisent par la recrudescence de certaines maladies chez les populations locales. En effet, les maladies comme le paludisme, la tension artérielle (hypo/hyper), les maladies diarrhéiques, les infestions respiratoires ainsi que la rate et l'anémie chez les enfants sont devenus très récurrentes (90% des CE enquêtés). Particulièrement dans le village de Sissèkpa (commune d'Adjohoun) cette liste de maladies en recrudescence est prolongée par la maladie de l'ulcère de burili. Même si l'on ne saurait imputer exclusivement la recrudescence de toutes ces maladies aux changements climatiques, ils y contribuent fortement à coup sûr. En effet, les vecteurs de ces maladies sont favorisés par les facteurs du climat : vent pour les infestions respiratoires, et pluie pour le paludisme et l'anémie. L'ulcère de burili et les maladies diarrhéiques sont particulièrement favorisés par la mauvaise qualité des eaux de boissons. En effet, dans les villages de Sissèkpa et de Zounta le niveau d'accès à l'eau potable est faible. Les points d'eau aménagés dans les bas-fonds constituent la source d'approvisionnement de la majorité des populations (Photo 5).

    Photo 5: Point d'eau à Sissèkpa
    Source :
    Cliché CODJIA

    Même si à la faveur de la présence des bas-fonds, ces points d'eau ne tarissent pas avec la persistance de la sécheresse, les excès de pluies en saison pluvieuse font drainer vers ces points d'eau des débris et des micro-organismes de tout genre.

    7.2.3. Conséquences des changements climatiques sur les habitations des populations locales

    Les conséquences des changements climatiques sur les habitations des populations locales sont considérables. Avec les vents violents du début et de la fin de la grande saison pluvieuse, on assiste au décoiffement de la toiture des habitats des populations locales (23% des CE enquêtés ). Ce phénomène a été vécu au moins une fois par le quart des exploitations enquêtées au cours des quinze (15) dernières années. Les excès de pluie et la violence qui leur est caractéristique provoquent le démolissage des habitations en terre battue (59% des CE enquêtés). Plus de la moitié des exploitations de notre échantillon l'on vécu au moins une fois au cours des quinze (15) dernières années.

    Photo 6: Démolissage des habitations pendant les changements climatiques
    Source :
    Cliché CODJIA

    7.2.4. Les changements climatiques et les effets ressentis selon le genre

    Tout comme les hommes, les femmes des villages de Sissèkpa et de Zounta ne sont pas insensibles aux changements climatiques en cours dans leurs terroirs. Elles perçoivent les manifestations du phénomène telles que présenté plus haut : retards/ruptures de pluies en saison pluvieuse, raccourcissement de la durée des saisons pluvieuses, concentration de pluies abondantes sur courtes durée, plus de chaleur, plus de vents, dégradation des sols, érosion des sols etc. Mais leurs perceptions des conséquences des changements climatiques s'expriment beaucoup plus à travers la dégradation des conditions de vie au sein de leurs ménages. En effet, pour les femmes avec les bouleversements climatiques actuels elles ont perdu la paix au foyer ( Encadré 6).

    Encadré 6: Problèmes induits par les changements cimatiques sur les conditions de vie des femmes

    Nous souffrons trop désormais ! Avec les retards/ruptures de pluies en saison pluvieuse, les champs de nos maris ne produisent plus grand-chose désormais. Ils n'arrivent plus à s'occuper du foyer financièrement. Notre misère s'est accrue !

    Nous autres femmes, nous n'avons pas des champs comme nos maris. C'est les bananiers et les papayers installer aux alentours des habitations qui étaient nos sources de revenus personnels. Mais la persistance de la sécheresse et les vents violents ont tous changé, désormais. Ces phénomènes provoquent des cas de chutes des pieds de bananiers et de papayers, surtout ceux portant des fruits. Comme ça, ces fruits à défaut de pourrir se rabougrissent et lorsque nous les amenons aux marchés plus personne ne veut les prendre.

    Nos enfants tombent plus malades. Nous sommes tous le temps à nous occuper des cas de maladies, surtout en période d'abondance de pluies où le paludisme sévit beaucoup. Ça nous fait aussi dépensé plus, car les cas d'anémies mortelles tels que nous n'en avons jamais connu sont devenus plus fréquents depuis 7 ans. Pour sauver la vie à nos enfants nous aidons nos maris pour payer la transfusion sanguine à l'hôpital.

    Source : Données d'enquêtes terrain Août-Octobre 2009

    7.3. Conclusion partielle

    Au total, tout comme leur milieu physique, le quotidien des populations locales subit les effets induits des changements climatiques. Sur le quotidien des producteurs, les effets des changements climatiques affectent la production végétale à travers des baisses de rendement des cultures (maïs, niébé, arachide, patate douce et manioc) et des pertes de récoltes qui varient sensiblement selon les unités de paysage et les différents cycles culturaux de l'année. A cela s'ajoute la baisse des revenus agricoles, la recrudescence de certaines maladies chez les animaux d'élevage et sur la santé humaine. Les habitations des producteurs subissent aussi l'effet des affres des vents violents et de la concentration des pluies abondantes sur courte période.

    Les changements climatiques ont donc, ébranlé le milieu de subsistance et les conditions de vie des producteurs de Sissèkpa et de Zounta, dans tout leur angle. Pour y faire face, ces producteurs ont développé des mesures variées pour s'assurer un mieux-être et améliorer leurs conditions de vie.

    CHAPITRE 8: STRATEGIES D'ADAPTATION DES POPULATIONS LOCALES FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES : Adaptations réalisées et prévues

    Ce chapitre aborde les stratégies d'adaptation développées ou prévues par les producteurs de Sissèkpa et de Zounta pour faire face aux bouleversements climatiques vécus actuellement dans leur terroir.

    En effet, afin de pouvoir continuer à tirer l'essentiel de leur subsistance de leur milieu de vie malgré les changements climatiques, les populations locales ont donc, développé diverses stratégies d'adaptation. Ces stratégies concourent à la limitation des effets néfastes induits par les modifications du climat local, et sont assez variées au sein de la communauté paysanne. Fortement inspirées des nouvelles perceptions du climat, les stratégies mises en oeuvre sont aussi bien collectives qu'individuelles avec un fort enracinement dans les savoirs locaux. Les savoirs et savoir faire en cours dans le milieu ont du être réajustés au contexte climatique actuel.

    Ainsi, des stratégies collectives telles que les prières collectives aux divinités « tolégba » et « lô » de même que le recours aux services des faiseurs de pluies sont communes aux deux villages d'études et interviennent dans l'adaptation aux retards/ruptures ainsi que les excès de pluies.

    Les stratégies individuelles se déclinent en des composantes incluant aussi bien la conduite des cultures, que des animaux d'élevage, la gestion des sols du terroir et la diversification des sources de revenus. Dans notre développement, seules les stratégies individuelles des producteurs au sein de leur exploitation seront exposées dans un premier temps. Par la suite, nous exposerons les stratégies prévus pour le court et moyen terme par les producteurs.

    8.1. Adaptations réalisées par les producteurs agricoles

    En vue de tenir compte de la diversité des stratégies développées par les producteurs de notre zone d'étude nous avions réalisé une typologie de structure à priori des exploitations agricoles de nos deux villages d'enquête. Les différents types d'exploitations enquêtés ont été déjà présentés dans le chapitre sur la méthodologie et analysés dans le chapitre consacré à la présentation des caractéristiques socio-économiques des exploitations enquêtées.

    Nous rappelons toute fois ici, les critères de typologie utilisés et les six (6) types d'exploitations enquêtés. En effet deux critères ont été utilisés. Il s'agit de la superficie totale cultivée au sein de l'exploitation et la possession de palmeraie. A partir de la combinaison des modalités de ces deux critères les six types d'exploitation obtenus sont :

    I : Exploitations de petite production agricole ne possédant pas de palmeraie (Pn)

    II : Exploitations de petite production agricole possédant de palmeraie (Po)

    III : Exploitations de production agricole moyenne ne possédant pas de palmeraie (Mn)

    IV : Exploitations de production agricole moyenne possédant de palmeraie (Mo)

    V : Exploitations de grande production agricole ne possédant pas de palmeraie (Gn)

    VI : Exploitations de grande production agricole possédant de palmeraie (Go)

    La répartition des exploitations enquêtées suivant ces différents types est consignée dans le tableau 14.

    Tableau 14 : Répartition des exploitations enquêtées suivant les différents types distingués

    Types
    d'exploitations

    Pn

    Po

    Mn

    Mo

    Gn

    Go

    Total

    Effectif

    10

    11

    10

    16

    6

    17

    70

     

    Source : Données d'enquêtes terrain Août-Octobre 2009

    8.1.1. Conduite des cultures

    Dans ce domaine, les producteurs ont développé plusieurs mesures d'adaptation. Elles sont variées et se déclinent en ce qui suit : abandon de cultures ou de variétés, adoption de nouvelles cultures ou variétés, déplacement de culture d'une unité de paysage à une autre, modification des emblavures et changement d'itinéraire technique.

    s/ Abandon de cultures ou de variétés

    L'abandon de culture comme mesure d'adaptation aux changements climatiques dans les villages de Sissèkpa et de Zounta concerne deux cultures. Il s'agit de l'arachide et du taro.

    Pour la culture d'arachide, l'abandon progressif provient de l'amenuisement total de son rendement induit par les péjorations climatiques. Les retards de pluies enregistrés au cours du début de la deuxième saison pluvieuse et les ruptures de pluies qui caractérisent la fin de cette saison, ont donc, impliqué un raccourcissement de la durée de la deuxième saison pluvieuse de telle sorte que le cycle végétatif des variétés d'arachide cultivées ne tient plus dans la

    nouvelle durée de la saison. C'est alors la réduction sensible du rendement de cette qui à conduit à l'abandon de la culture d'arachide au cours de la deuxième saison pluvieuse par les producteurs (plus de 77% des CE enquêtés). Cette mesure d'abandon s'explique surtout de la part des producteurs, par le fait qu'elle leur permet de se concentrer sur la culture de maïs afin de pouvoir effectuer ses opérations de semis à temps. C'est donc une mesure de choix du moindre mal qui n'est rien d'autre qu'une mesure de contournement des risques climatiques permettant aux producteurs de se mettre ainsi hors d'atteinte des effets des bouleversements climatiques sur la culture d'arachide pendant la deuxième saison pluvieuse.

    Concernant la culture du taro, c'est l'effet combiné du raccourcissement de la durée des deux saisons pluvieuses et la persistance des deux saisons sèches qui ont motivé les producteurs à son abandon dans les systèmes de culture au cours des deux saisons pluvieuses (plus de 84 % des CE enquêtés).

    s/ Adoption de cultures ou variétés de culture

    En réaction aux conséquences des bouleversements d'ordre climatiques vécus, certains producteurs ont opté pour l'adoption dans leurs systèmes de cultures de nouvelles variétés et de nouvelles spéculations. Mentionnons toutefois que cette mesure est encore restreinte à une faible proportion des producteurs de nos deux villages d'étude (16% des CE enquêtés).

    L'adoption de nouvelles cultures concerne le riz pluvial NERICA. En effet, à la faveur de leur contact permanent avec les agents du CeRPA, certains producteurs ont découvert cette nouvelle culture qu'ils ont dû adopter. Le cycle relativement court de trois (3) mois de ce riz pluvial lui permettant de supporter les conséquences du raccourcissement des saisons pluvieuses est un facteur favorisant de cette adoption. La lenteur de la diffusion de cette culture doit être due à la méconnaissance des exigences de son itinéraire par beaucoup de producteurs pour le moment.

    L'adoption de nouvelles variétés de culture concerne le maïs. En vue de pouvoir palier aux conséquences des ruptures de pluie en fin de cycle, certains producteurs ont introduit les variétés locales de maïs de trois (3) mois cultivées pendant la contre saison dans la zone de décrue dans les systèmes de cultures pluviales. La lenteur de la diffusion de cette mesure au sein des producteurs tient au fait que c'est une mesure innovatrice qui est encore inconnue de certains producteurs, et pour d'autres c'est la nostalgie des rendements obtenus dans les temps anciens avec les variétés traditionnelles de maïs qui explique leur hésitation à adopter.

    1' Déplacement de cultures (extension à une nouvelle unité de paysage d'une culture donnée)

    Le déplacement de culture est l'une des mesures d'adaptation les plus développées par les producteurs des villages de Sissèkpa et de Zounta. Dans le contexte spécifique de nos deux villages, le déplacement de cultures se traduit par l'extension vers une nouvelle unité de paysage du terroir d'une culture donnée. Cette mesure concerne surtout les cultures à cycle long qui figurent encore dans les assolements des producteurs. Il s'agit du manioc et de la patate douce. Pour faire face aux stress hydrique et thermique induits par les ruptures/retards de pluie en saison pluvieuse de même que la persistance de la sécheresse pendant les saisons sèches les producteurs ont opté pour l'extension des cultures de manioc et de patate douce vers les unités de paysage de milieu de pente et de bas de pente (plus de 77% des CE enquêtés). Cette mesure de déplacement des cultures de patate douce et de manioc est en fait une mesure défensive qui permet aux producteurs de limiter les effets des changements climatiques sur la productivité de ces cultures.

    1' Changement progressif du calendrier agricole et des itinéraires techniques

    Cette mesure d'adaptation regroupe toute une gamme de nouvelles pratiques développées par les producteurs. Ainsi, avec les conditions climatiques des plus incertaines du milieu, de nouvelles pratiques telles que le labour à sec, l'application de forte dose d'engrais même aux cultures légumineuse des fois ; et la modification des rotations ont pris corps dans les itinéraires techniques anciens aboutissant au changement progressif du calendrier cultural empirique.


    · Le labour à sec pour les semis précoce

    Face aux retards que connaissent le démarrage des deux saisons pluvieuses dans leur localité, et les poches de sécheresse enregistrées en début de saison pluvieuse les producteurs des villages de Sissèkpa et de Zounta ont développé la technique de labour à sec. En effet, en vue de pouvoir démarrer les opérations de semis de culture dès les premières pluies, les producteurs procèdent au labour de leur champ en début de saison bien avant l'installation des pluies (98% des CE enquêtés). Autrefois, c'était avec les premières pluies que démarraient les opérations de labour. C'est une mesure qui exige un surcoût d'effort de la part des producteurs et se pratique sur les unités de paysage de haut de pente (plateau) et de milieu de pente (rebord des plateaux).

    Photo 7 : Parcelles labourées à sec en attendant le démarrage des pluies pour les semis précoces

    Source : Cliché CODJIA, Octobre 2009

    · L'intensification de l'utilisation de fertilisants chimiques aux cultures

    Cette mesure est développée par les producteurs sur les parcelles en haut de pente (plateau) et de milieu de pente (rebord plateau) dans le but de réduire la baisse de rendement induit par les retards des pluies et le raccourcissement de la durée des saisons pluvieuses. C'est une mesure défensive dont la durabilité et l'intérêt agronomique peuvent être néanmoins discuté surtout si l'on considère les cas où elle s'applique même aux cultures légumineuses telles que le niébé et l'arachide. Pour notre échantillon d'étude, environ 68% des producteurs l'appliquent à l'une et/ou l'autre de ces deux cultures. En principe, ces cultures sont censées améliorer la fertilité des sols.

    · La modification de certaines rotations de culture

    Les conséquences du raccourcissement de la durée des deux saisons pluvieuse ont conduit les producteurs à la modification de la succession des cultures. Ainsi, la culture du niébé qui s'installait dans la période ancienne après les opérations d'entretien du maïs de la grande saison pluvieuse a commencé par être installée au que ces opérations.

    Parcelle de niébé installée au moment des Parcelle de niébé installée après les

    opérations d'entretien du maïs (Sissèkpa) opérations d'entretien du maïs (Sissèkpa)

    Photo 8: Effet de la modification de la rotation maïs-niébéSource : Cliché CODJIA, Août 2009

    1' La modification des emblavures

    La modification des emblavures en tant que mesure d'adaptation aux changements climatiques se décline dans les villages de Sissèkpa et de Zounta aussi bien en l'extension qu'en la diminution des superficies totales cultivées. Les cas de diminution d'emblavure sont moins répandus. Environ 65% des CE enquêtés ont augmenté leur superficie totale emblavée. Avec, la forte pression foncière qui prévaut dans les deux villages, c'est surtout l'achat de parcelles et le recours aux modes de faire valoir indirects tels que le gage et le prêt qui permettent aux producteurs l'augmentation de leur superficie exploitée.

    1' Exploitation des unités de paysage

    Le tableau 15 présente l'occupation de chaque unité de paysage par les producteurs.

    Tableau 15 : Répartition des CE suivant l'occupation de chaque unité de paysage

    Zones

    Oui

    Non

    Zone 1 (haut de pente)

    70

    0

    Zone 2 (milieu de pente)

    37

    33

    Zone 3 (bas de pente)

    26

    44

     

    Source : Données enquête de terrain, Août-Octobre 2009

    Il se dégage des informations du tableau 15 que la totalité des producteurs enquêtées ont des parcelles situées en haut de pente (plateau). Plus de la moitié (50%) des producteurs enquêtés ont des parcelles dans l'unité de paysage de milieu de pente. Près de 40% des producteurs exploitent l'unité de paysage de bas de pente. Autrement, c'est 40% des producteurs enquêtés qui font des cultures de contre saison donc, trois cycles de cultures par an.

    La répartition des CE par rapport à l'occupation d'au moins deux unités de paysage est présentée dans le tableau 16.

    Tableau 16: Répartition des CE suivant l'occupation des différentes unités de paysage

    CE

    Zone 1 et 2

    Zone 1 et 3

    Zone 2 et 3

    Zone 1, 2 et 3

    Fréquence

    23

    11

    0

    17

     

    Source : Données enquête de terrain, Août-Octobre 2009

    Il se dégage des informations du tableau 16 qu'il n'y a pas de producteurs, exploitant uniquement les zones 2 et 3 à la fois. Il en ressort également que le quart (25%) des producteurs exploitent simultanément les unités de haut, milieu et de bas de pente. Au total, près des trois quart (73%) des producteurs enquêtés exploitent simultanément au moins deux (2) unités de paysage.

    8.1.2. Conduite des animaux d'élevage

    Les changements climatiques à travers leurs extrêmes ont induit quelques modifications dans les pratiques anciennes de conduite de certaines espèces animales. Ainsi face à la recrudescence de certaines maladies au cours des quinze (15) dernières années comparativement aux quinze (15) autres précédentes, certains producteurs (30% des CE enquêtés) recourent désormais à la mesure de vaccination des espèces telles que les caprins, les ovins, les porcins, et la volaille.

    Par ailleurs, pour limiter les cas de conflits fréquents entre agriculteurs et éleveurs de bovins en raison des dégâts perpétrés sur les cultures à cause de la raréfaction des aires de pâture, les éleveurs ont développé une mesure spéciale leur permettant le contrôle de leurs animaux sur le chemin de pâturage (voir Photo 9). Les animaux sont empêchés de tout broutage anarchique sur le chemin aussi bien à l'aller qu'au retour des pâturages.

    Photo 9 : Contention de la bouche des bovins sur le chemin de pâturage à Zounta

    Source : Cliché CODJIA, Septembre 2009

    Toujours par rapport à la gestion des conflits entre producteurs dus aux dégâts des bovins pendant les changements climatiques, les communautés locales notamment celles de Zounta ont initié la limitation de la taille maximale du cheptel bovin autorisée par exploitation à six (6) bêtes adultes. C'est une mesure qui intègre donc, la gestion rationnelle de la capacité de charge des pâturages du terroir.

    8.1.3. Aménagement individuel : gestion des eaux d'excès de pluies

    En réaction au phénomène de poche de sécheresse qui alterne avec les périodes de concentration de pluies abondantes sur une courte durée, les producteurs des villages de Zounta et de Sissèkpa ont développé une mesure de constitution de réserve d'eau de pluie par l'intermédiaire de creusage de trous. Ces réserves d'eau sont utilisées alors en période de rupture de pluie pour l'irrigation des cultures telles que la tomate et le piment sur les parcelles des unités de haut de pente et de milieu de pente.

    Photo 10: Constitution de réserve d'eau en période d'excès d'eau pour l'irrigation des parcelles
    en période de rupture de pluie à Sissèkpa

    Source : Cliché CODJIA, Octobre 2009

    Dans l'unité de paysage de bas de pente (plaine d'inondation), les producteurs ont développé en réaction à la situation d'inondation précoce que subit cette unité pendant la grande saison pluvieuse, la mesure de réalisation de drain. Développée par 58% des producteurs enquêtés ayant des parcelles dans cette unité de paysage (soit environ 22% de notre échantillon d'enquête), la réalisation de drain permet de diminuer le niveau de l'eau d'inondation sur les parcelles en les orientant vers le lit majeur du fleuve.

    8.2. Diversification des sources de revenu

    La diversification des sources de revenu est l'une des mesures d'adaptation développées par les populations locales pour faire face aux bouleversements climatiques vécus dans leur terroir. Cette diversification se traduit par le développement d'autres activités parallèles à la production agricole. Il s'agit notamment de : l'élevage, la transformation agroalimentaire, la vente de bois de chauffe, le salariat agricole, le commerce, la pêche et la vente de sable d'érosion. Le tableau 17 présente les différentes activités de diversification développées par les producteurs au cours des quinze (15) précédentes années pour faire face aux effets induits par les changements climatiques sur leur cadre de vie.

    Tableau 17: Différentes activités développées par les différentes catégories de producteurs

    Catégories

    Élevage

    Agroali mentaire

    Vente de bois de chauffe

    Salariat
    agricole

    Commerce

    Vente de sable d'érosion

    Pêche

    Po

    9

    3

    4

    3

    1

    0

    3

    Pn

    10

    4

    6

    5

    0

    3

    1

    Mo

    13

    3

    5

    1

    5

    2

    1

    Mn

    9

    9

    4

    0

    3

    0

    2

    Go

    17

    16

    6

    0

    1

    0

    2

    Gn

    6

    2

    4

    0

    2

    2

    0

     

    Source : Données enquête de terrain, Août-Octobre 2009

    Les données du tableau 17 révèlent que les producteurs, toutes catégories confondues, ont diversifié leur source de revenus. Globalement les activités les plus importantes sont : l'élevage (91,43%), les transformations agroalimentaires (52,86%) et la vente de bois de chauffe (41.43%). Le développement du salariat agricole comme mesure d'adaptation aux changements climatiques a été particulièrement mise en oeuvre par les petits producteurs.

    8.3. Stratégies d'adaptation par catégories de producteurs

    Il n'est pas aisé de faire une bonne lecture cohérente des différentes stratégies en fonction des catégories de producteurs (voir annexe 4). En vue d'apprécier alors ces relations, nous avons réalisé une Analyse en Composante Principale en prenant en compte les différentes mesures d'adaptation des producteurs. Les résultats ont permis de tester notre hypothèse intitulée : « les stratégies d'adaptation des producteurs varient suivant les catégories de producteurs ».

    8.3.1. Analyse en Composantes Principales (ACP)

    L'efficacité de stockage d'informations d'une composante principale est mesurée par la proportion de sa valeur propre par rapport à la somme de toutes les valeurs propres. Le tableau 18 présente les valeurs et proportions d'information concentrées sur les différents axes.

    Tableau 18 : Valeurs propres et proportions d'informations concentrées sur les axes

    Valeur propre

    Différence

    Proportion cumulée

    1

    10.4339804

    7.9041518

    0.6956

    0.6956

    2

    2.5298285

    0.9642680

    0.1687

    0.8643

    3

    1.5655605

    1.2812914

    0.1044

    0.9686

    4

    0.2842691

    0.0979075

    0.0190

    0.9876

    5

    0.1863616

    0.1863616

    0.0124

    1.0000

    6

    0.0000000

    0.0000000

    0.0000

    1.0000

    7

    0.0000000

    0.0000000

    0.0000

    1.0000

    8

    0.0000000

    0.0000000

    0.0000

    1.0000

    9

    0.0000000

    0.0000000

    0.0000

    1.0000

    10

    0.0000000

    0.0000000

    0.0000

    1.0000

    11

    0.0000000

    0.0000000

    0.0000

    1.0000

    12

    0.0000000

    0.0000000

    0.0000

    1.0000

    13

    0.0000000

    0.0000000

    0.0000

    1.0000

    14

    0.0000000

    0.0000000

    0.0000

    1.0000

    15

    0.0000000

     

    0.0000

    1.0000

     

    L'analyse du tableau 18 indique que la première composante explique 69,56% des informations de départ, la deuxième 16,87% et la troisième 10,44%. Ainsi donc, avec ces trois axes, on arrive à expliquer 96,86% des informations contenues dans les variables initiales. Ce qui est suffisant pour garantir une précision d'interprétation du tableau de départ.

    Dans le but de connaitre l'information que contiennent les trois (3) composantes retenues, le tableau 19, nous permet d'examiner les corrélations entre ces composantes et les quatorze (14) variables initiales.

    Tableau 19: Corrélation entre composantes et variables initiales

     

    Factor1

    Factor2

    Factor3

    zones1

    0.91535

    0.29229

    -0.27583

    zone2

    0.98285

    0.02730

    0.17695

    Zone3

    0.98484

    -0.06481

    0.02922

    ABANDARCH

    0.97986

    -0.04392

    -0.08156

    ADOPRIZ

    0.31080

    0.89574

    0.11315

    DPZ1V2

    0.79390

    -0.40356

    0.42721

    DPZ1V3

    0.26550

    0.05473

    0.95905

    EXTEMBLV

    0.92257

    0.06562

    0.23337

    LABSEC

    0.93859

    0.22704

    -0.19728

    FERTCHIM

    0.84319

    -0.44998

    -0.21856

    ROT

    0.99502

    -0.06591

    -0.06104

    DRAIN

    0.96396

    0.00506

    0.20251

    OUICRED

    0.68384

    -0.66595

    -0.22165

    NONCRED

    0.45292

    0.87055

    -0.12369

    ELV

    0.93145

    0.07253

    -0.29198

     

    Les composantes principales sont dénommés ici factor

    De l'analyse du tableau 19, il ressort que seules les variables adoption riz, déplacement culture de cycle long de la zone1 vers la zone3 et non accès aux crédits ne sont pas représentées sur le premier axe, car ayant des coefficients de corrélation inférieurs à 0,5. Les variables adoption riz, non accès aux crédits et accès aux crédits pour ce qui les concerne, sont bien représentées sur le 2ème axe avec des coefficients de corrélation supérieurs à 0,5.

    Quant au 3ème axe, il n'est bien corrélé qu'avec la variable déplacement culture de cycle long de la zone1 vers la zone3. Les cercles de corrélations nous permettent de bien visualiser ces positions des différentes variables sur les axes factoriels.

    Factor1

    C B

    L O I .9H A

     

    J

    F

    M

    .8

    .7

    .6

    .5

     
     
     
     
     
     

    N

     
     
     
     

    .4

     
     
     
     
     

    .3

    E

     
     
     
     

    G

     
     
     
     
     

    .2

     
     
     
     
     
     
     

    F

     
     
     

    .1

     

    a

    c

     
     

    -1 -.9-.8-.7-.6-.5-.4-.3-.2-.1

    0 .1 .2 .3 .4

    .5 .6 .7 .8 .9

    1.0t

    o

     
     
     

    -.1

     

    r

     
     
     
     
     

    2

     
     
     

    -.2

     
     
     
     
     

    -.3

     
     
     
     
     

    -.4

     
     
     
     
     

    -.5

     
     
     
     
     

    -.6

     
     
     
     
     

    -.7

     
     
     
     
     

    -.8

     
     
     

    zones1=A

    zone2=B Zone3=C

    ABANDARCH=C

    ADOPRIZ=E

    DPZ1V2=F

    DPZ1V3=G

    EXTEMBLV=H

    LABSEC=I FERTCHIM=J

    ROT=C

    DRAIN=L

    OUICRED=M

    NONCRED=N

    ELV=O

     
     
     
     
     
     

    Figure 8 : Cercle de corrélation dans le plan formé par Factor1 et Factor2

    Factor1 DK C B

     

    O I

    L

     
     
     
     

    A

    .9 H

     
     
     
     

    J

     
     
     
     
     
     

    .8 F

     
     
     
     

    M

    .7

     
     
     
     
     

    .6

     
     
     
     
     

    .5

     
     
     
     

    N

     
     
     
     
     
     

    .4

     
     
     
     
     

    .3 E

     
     
     
     
     
     
     

    G

     
     
     

    .2

     
     
     
     
     
     
     

    F

     
     
     

    .1

     

    a
    c

     
     

    -1 -.9-.8-.7-.6-.5-.4-.3-.2-.1

    0 .1 .2 .3 .4

    .5 .6 .7 .8

    .9 1.0t

    o

     
     
     

    -.1

     

    r

     
     
     
     
     

    3

     
     
     

    -.2

     
     
     
     
     

    -.3

     
     
     
     
     

    -.4

     
     
     
     
     

    -.5

     
     
     
     
     

    -.6

     
     
     
     
     

    -.7

     
     
     
     
     

    -.8

     
     
     
     
     

    -.9

     
     
     
     
     

    -1

     
     
     

    zones1=A

    zone2=B Zone3=C

    ABANDARCH=D

    ADOPRIZ=E

    DPZ1V2=F

    DPZ1V3=G

    EXTEMBLV=H

    LABSEC=I FERTCHIM=J

    ROT=K

    DRAIN=L

    OUICRED=M

    NONCRED=N

    ELV=O

     
     
     
     
     
     

    Figure 9: cercle de corrélation dans le plan formé par z1 et Z3

    Factor2

     

    1

     
     
     
     

    .9 E

     
     
     
     

    N

     
     
     
     

    .8

     
     
     
     

    .7

     
     
     
     

    .6

     
     
     
     

    .5

     
     
     
     

    .4

     
     
     
     

    A .3

     
     
     
     

    I

     
     
     
     

    .2

     
     
     
     

    .1

     

    F
    a

     
     

    O B H

     

    G c

     
     

    -1 -.9-.8-.7-.6-.5-.4-.3-.2-.1 0 .1 .L .3 .4

    DK C

    -.1

    .5 .6 .7 .8

    .9 1.0t o r

     
     
     
     

    3

     
     

    -.2

     
     
     
     

    -.3

     
     
     
     

    -.4 F

     
     
     
     

    J

     
     
     
     

    -.5

     
     
     
     

    -.6

     
     
     
     

    M

     
     
     
     

    -.7

     
     
     

    zones1=A

    zone2=B Zone3=C ABANDARCH=D

    ADOPRIZ=E

    DPZ1V2=F

    DPZ1V3=G

    EXTEMBLV=H

    LABSEC=I FERTCHIM=J ROT=K

    DRAIN=L

    OUICRED=M

    NONCRED=N

    ELV=O

     
     
     
     
     

    Figure 10: Cercle de corrélation formé par le plan Factor2 et Factor3

    La figure 11 nous permet de visualiser la position des différents types d'exploitations sur les axes factoriels afin d'en identifier leurs stratégies.

    Plot of z1*z2$Types. Symbol used is '*'.

    6 à
    ·

    ·
    ·

    ·
    ·

    · * Go
    ·

    ·
    ·
    5 à
    ·

    ·
    ·

    ·
    ·

    ·
    ·

    ·
    ·
    4 à
    ·

    ·
    ·

    ·
    ·

    ·
    ·

    ·
    ·
    3 à
    ·

    ·
    ·
    z1
    ·
    · * Mo

    ·
    ·

    ·
    ·
    2 à
    ·

    ·
    ·

    ·
    ·

    ·
    ·

    ·
    ·
    1 à
    ·

    ·
    ·

    ·
    ·

    ·
    ·

    ·
    · 0 àÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ

    ·
    ·

    ·
    ·

    ·
    ·

    ·
    ·

    -1 à
    ·

    ·
    ·

    · *
    ·
    Po

    ·
    ·

    · * Mn
    ·

    -2 à
    ·

    ·
    ·

    · * Gn
    ·

    ·
    · * Pn

    ·
    ·

    -3 à
    ·

    ÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉ

    -2.0 -1.5 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5

    z2

    Figure 11: Représentation des types d'exploitations sur les axes1 et 2

    La Figure 11, qui présente la représentation des types de producteurs sur les axes 1 et

    2 nous permet de constater que les stratégies des producteurs des types Go et Mo peuvent bien s'expliquer positivement par rapport à l'axe Z1, alors que celles des producteurs des types Gn, Mn, Pn et Po peuvent s'expliquer négativement sur cet axe. Les stratégies des producteurs des types Mn et Go peuvent s'expliquer négativement par rapport à l'axe Z2. Celles des producteurs de type Mo et Pn peuvent s'expliquer positivement par rapport à l'axe Z2.

    Plot of z1*z3$Types. Symbol used is '*'.

    6 à

    * go

    5 I

    4 I

    3 I

    z1 * mo

    2 "

    1 "

    0 àÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ

    -1 à

    * po

    * mn

    -2 à

    * gn

    * pn

    -3 à

    àÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉ

    -1.5 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5

    z3

    Figure 12 : Représentation des types d'exploitation sur les axes 1 et 3

    La Figure 12 qui présente la représentation des types de producteurs sur les axes 1 et 3 nous permet de constater que les stratégies des producteurs des types Mo et Go peuvent s'expliquer positivement par rapport à l'axe Z1, alors que celles des producteurs de types Gn, Mn, Po, et Pn peuvent s'expliquer négativement sur cet axe. Les stratégies des producteurs des types Mn, Po, et Pn peuvent s'expliquer négativement par rapport à l'axe Z3. Celles des producteurs de types Mo Gn peuvent s'expliquer positivement par rapport à l'axe 1.

    8.3.2. Conclusions sur les stratégies des producteurs

    La synthèse des stratégies développées par les producteurs est présentée dans le tableau 20.

    Tableau 20 : Stratégies d'adaptation développées par catégories de producteurs face aux changements cimatiques

    Types d'exploitation

    Stratégies d'adaptation

    Go et Mo

    Exploitation simultané des trois unité de paysage, Déplacement des cultures de cycle long vers l'unité de milieu de pente, Extension des emblavures, Labour à sec suivi de semis précoces, Fertilisation chimique des cultures, Recours aux crédits pour financer leur production et le Drainage des parcelles de bas de pente

    Mn

    Recours aux crédits pour financement de leur production

    Gn

    Déplacement des cultures de cycle long vers l'unité de bas de pente et Spécialisation dans la réalisation de trois cycles culturaux par an

    Pn

    L'adoption de nouvelles cultures et le Non Recours aux crédits pour la production

    Po

    Sortie de la production agricole

    Source : Données enquête de terrain, Août-Octobre 2009

    Des informations contenues dans le tableau 20, il se dégagent ce qui suit :

    > Les CE cultivant au moins 3ha et qui possèdent de palmeraie (Go) ont adopté face aux changements climatiques une stratégie faite de tout une gamme de mesures d'adaptation. Cette catégorie de producteurs adopte des stratégies de maintien dans l'agriculture. Le recours au crédit est pour ces producteurs une mesure de renforcement de leur liquidité financière pour faire face à la gestion de pointe de la main d'oeuvre salariée qu'impose désormais les mesures telles que l'extension des emblavures, et le labour à sec pour les semis précoces qu'ils ont adoptées.

    > Les CE cultivant entre 1,5 et 3 ha de culture et qui possèdent de palmeraie (Mo) ont opté à l'enface des changements climatiques pour les même mesures d'adaptation que leurs pairs cultivant au moins 3 ha de culture et possédant comme eux de palmeraie (Go). L'adoption des mêmes mesures par ces deux catégories indépendamment des écarts de superficies emblavées s'expliquent par le fait que la transformation de vin palme, activité secondaire des producteurs de cette catégorie est une activité qui occupe ceux-ci même en

    saison pluvieuse. Ce qui ne leur laissent pas le temps d'emblaver les mêmes superficies que la première catégorie.

    > Les CE cultivant entre 1,5 ha et 3 ha de culture mais ne possédant pas de palmeraie (Mn) ont principalement fait l'option du recours aux crédits pour le financement de leurs activités de production pour tenir face aux changements climatiques. Ce qui leur garanti de couvrir les charges financières liées à la gestion de pointe de la main d'oeuvre et l'achat de fertilisant chimique pour leur production.

    > Les CE cultivant au moins 3 ha de culture et ne possédant pas de palmeraie (Gn) ont pour leur part opté principalement face aux changements climatiques pour la spécialisation dans la culture de contre saison. Cela se justifie par le fait que la principale source de revenu de cette catégorie de producteurs est la production vivrière.

    > Les CE cultivant moins de 1,5 ha et ne possédant pas de palmeraie (Pn) ont fait pour leur part, l'option de l'adoption de nouvelles cultures. Incapables de fournir des garanties pour recourir aux crédits, ils ont fait l'option d'adoption de la culture du riz pour réduire leur vulnérabilité aux changements climatiques.

    > Les CE cultivant moins de 1,5 ha et possédant de palmeraie (Po) ont surtout fait

    de sortie de la production agricole. Ce sont des producteurs ayant un passé migratoire au Nigéria qui leur à permis d'accumuler de l'épargne pour développer d'autres activités connexes à l'agriculture telles que la contrebande d'essence, le commerce etc.

    8.4. Les mesures d'adaptation prévues par les populations locales

    Les mesures d'adaptation prévues par les producteurs sont celles qu'ils envisagent mettre en oeuvre sur le court terme, les saisons prochaines, et sur le moyen terme, les années à venir en vue de pouvoir faire face aux changements climatiques vécus dans leurs terroirs. Dans l'ensemble, les actions perspectives des producteurs des villages de Sissèkpa et de Zounta s'inscrivent dans la logique des mesures déjà mises en oeuvre. Pour eux, la nécessité d'effectuer trois cycles de cultures par an s'impose désormais. Le maïs demeure la culture privilégiée pour cette mesure. La diversification des sources de revenu à travers l'élevage des volailles et des petits ruminants avec l'adoption de la vaccination dans leur conduite des animaux est envisagée. Le commerce et l'installation des plantations d'Acacia auriculiformis dans le double objectif de fertilisation des sols ainsi que de la commercialisation du bois figurent sur la liste des producteurs comme perspective de moyen terme.

    CHAPITRE 9 : ANALYSE DES INTERRELATIONS ENTRE PERCEPTIONS, SAVOIRS LOCAUX ET STRATEGIES D'ADAPTATION

    Les changements climatiques affectent le milieu physique de l'homme et l'influence dans ses relations avec son environnement. Ils le confrontent à de nouveaux défis qui l'ébranlent dans ses dimensions psychique, culturelle et socio-économique. Les producteurs des villages de Sissèkpa et de Zounta ne sont pas exempts de cette réalité. Les résultats concernant leur cas à l'échelle de leurs exploitations agricoles ont été présentés dans les chapitres précédents. Dans ce chapitre, nous aborderons aux primes abords, les relations entre perceptions et savoirs locaux dans le contexte des modifications du climat. Ensuite, nous analyserons la logique entre perceptions, savoirs et stratégies d'adaptation des producteurs. Pour finir, nous nous pencherons sur les liens entre le cadre objectif d'activité des producteurs et les mesures d'adaptations développées par ceux-ci face aux modifications climatiques actuelles.

    9.1. Relations entre perceptions et savoirs locaux dans le domaine des changements climatiques

    Notre analyse de la compréhension des relations entre perceptions et savoirs locaux part de l'analyse des perceptions paysannes des changements climatiques. Elle portera sur deux axes : les perceptions collectives et les perceptions individuelles.

    Les manifestations des changements climatiques perçues par les producteurs des villages de Sissèkpa et de Zounta sont liées aux bouleversements intervenus dans le déroulement des saisons pluvieuses au cours de ces quinze (15) dernières années par rapport à la période des quinze (15) autres précédentes. Les populations locales perçoivent les changements climatiques à travers : (i) le démarrage tardif des deux saisons pluvieuses, (ii) l'arrêt précoce des pluies en fin des deux saisons, (iii) la concentration de pluies abondantes sur de courtes périodes au cours des saisons pluvieuses, (iv) les poches de sécheresse au cours des deux saisons pluvieuses, (v) le raccourcissement de la durée des deux saisons pluvieuses, (vi) l'augmentation de la chaleur, et (vii) l'occurrence de vents violents pendant la grande saison pluvieuse. Ces perceptions font objet d'unanimité au sein de la population locale. Ceci est d'autant plus vrai que la documentation des concepts clés liés au climat effectuer dans les deux villages, conforte ces modifications observées dans le déroulement de la saison

    pluvieuse et révèle la tendance à la disparition de certaines manifestions pluvieuses typiques qui étaient caractéristiques de ces saisons au cours de la période ancienne. Il en découle que les perceptions des manifestions évoquées par les producteurs enquêtés ne sont pas que les perceptions d'une couche isolée de la communauté locale. Ces perceptions collectives rendent compte de la façon particulière dont les producteurs de la zone d'étude repèrent les manifestations physiques des changements du climat en cours dans leur milieu. Ces perceptions collectives sont alors spécifiques à cette région. A cet effet, les spécificités des perceptions collectives diffèrent selon que l'on passe d'une communauté résidant dans une région donnée à une autre.

    Néanmoins, s'il est vrai que les effets des manifestations des changements climatiques perçus affectent tous les producteurs, il n'en demeure pas moins vrai que le niveau de perception de ces effets n'est pas identique. Certaines perceptions sont donc subjectives et ne traduisent que les niveaux différenciés auxquels chaque producteur ou groupe homogène de producteurs se trouve confronté aux manifestions des péjorations climatiques en cours dans le milieu. Il en résulte tout une diversité de perceptions au sein de la communauté villageoise qui s'identifie à des catégories de producteurs qui partagent les mêmes réalités socio-économiques ou soit appartiennent au même tissu social ou encore exploitent la même unité de paysage. Pour preuve, les producteurs dont les parcelles sont situées sur l'unité de haut de pente (plateau) se réfèrent beaucoup plus à l'existence des poches de sécheresse au cours des saisons pluvieuses comme manifestations des changements climatiques en cours dans le milieu. Tandis que ceux qui exploitent l'unité de milieu ou de bas de pente évoquent beaucoup plus la concentration de pluie abondante sur une courte période et l'inondation précoce comme manifestation des changements climatiques. Cependant, le village reçoit sensiblement la même hauteur de pluies au cours de la saison. La disponibilité de l'eau pour les cultures sur les différentes unités de paysage conditionne les perceptions des producteurs.

    Les perceptions des changements climatiques vécus par les producteurs s'expriment à travers des indicateurs qualitatifs issus des interactions qu'ils entretiennent avec leur environnement. Par exemple, les ruptures précoces de pluies en fin de la grande saison pluvieuse qui ne garantissent plus des récoltes de niébé comme dans le temps ancien, le raccourcissement de la deuxième saison pluvieuse qui n'assure plus les rendements

    d'arachide des temps anciens, sont des indicateurs qui témoignent de l'évolution du climat selon les producteurs. Ces résultats sont conformes à ceux de Wakponou et al. ; (2008) qui révèlent au terme des travaux conduits sur les perceptions paysannes des changements climatiques dans l'extrême-Nord Cameroun, que la lecture paysanne des perturbations climatiques se fait notamment à travers les interruptions de pluies ou séquences sèches causant l'arrêt du cycle végétatif et la perte des récoltes de sorgho et le retard constant des pluies responsables des semis tardifs. La conviction de l'évolution du climat par le producteur repose sur l'observation empirique de son environnement. Le constat de la disparition de certaines manifestations pluvieuses qui rythmaient le déroulement des travaux champêtres dans les temps anciens tels que le « Ayitchiossin » et le « Zundji » évoqués par les producteurs en est un exemple. Les perceptions des changements climatiques vécus par les producteurs s'enracinent donc dans les savoirs locaux emmagasinés sur la base des expériences vécues dans le domaine du climat. Ces savoirs endogènes sont évolutifs et tiennent compte des mutations de l'environnement.

    9.2. Analyse des mécanismes de mise au point et de transmission des savoirs

    La transmission de certains savoirs est héréditaire. En revanche, d'autres se transmettent par le biais des réseaux d'amitié.

    Le décalage de la date de semis de la culture du niébé est l'oeuvre de certains paysans expérimentateurs qui essayent de définir une période de semis qui réponde mieux aux nouvelles situations vécues. Ce savoir mis au point, n'est pas encore accessible à toutes les catégories de producteurs, et constitue des savoirs spécialisés. Ces savoirs connaissent une restriction à certaines franges de producteurs. C'est de cette façon que la connaissance de la date convenable de semis du niébé est désormais l'apanage de certains producteurs qui savent décoder facilement le comportement des saisons pour juger de la pertinence des opérations culturales à entreprendre.

    Les savoirs exogènes interagissent avec les savoirs locaux à travers le fonctionnement des réseaux d'amitié, de parenté ou de profession. C'est ainsi que l'introduction de la nouvelle culture de riz pluviale NERICA, est l'oeuvre de certains paysans en contact avec le CeCPA. L'introduction de la vaccination des animaux d'élevage tels que les caprins, les ovins et les

    porcins dans la conduite de l'élevage familiale à été aussi facilité par les expériences de collaboration de certains producteurs avec le CeCPA. Ces nouvelles expériences sont en cours de diffusion au sein des producteurs. Les savoirs exogènes s'incorporent donc aux savoirs locaux.

    9.3. Logique entre perceptions, savoirs et stratégies d'adaptation des producteurs face aux changements climatiques

    Les résultats obtenus de cette étude révèlent que les producteurs ont développé des mesures d'adaptation variées en réponse aux changements climatiques vécus dans leur milieu. Notre analyse des stratégies d'adaptation repose alors sur l'analyse des mesures collective et individuelle mises en oeuvre par les producteurs de nos deux villages d'enquête.

    En matière de mesures collectives, les pratiques de provocation de pluies par recours aux services des faiseurs de pluies identifiées dans le cadre du processus PANA, comme stratégies collectives dans la commune d'Adjohoun ont encore cours dans les deux villages. C'est donc une mesure offensive d'intérêt collective qui permet d'agir directement sur le climat. Toutefois, cette mesure de provocation de pluie et son revers de neutralisation en cas d'excès de pluies ne rencontrent plus l'adhésion collective des producteurs.

    La limitation de la taille du cheptel bovin autorisée par exploitation est une mesure collective de gestion des effets induits des changements climatiques. Cette mesure privilégie les intérêts collectifs de la communauté paysanne et vise la préservation de la cohésion sociale.

    En dehors des mesures collectives, les producteurs développent individuellement plusieurs mesures sur leurs exploitations pour faire face aux changements climatiques vécus. Les mesures individuelles mises en oeuvre par les producteurs concernent aussi bien la conduite des cultures que la gestion des sols.

    Certaines mesures individuelles développées par les producteurs en réponse aux péjorations climatiques sont des résultats des échecs connus par les producteurs dans l'exercice de leurs activités agricoles, et la capitalisation de nouveaux savoirs au regard de l'évolution du climat. C'est le cas des mesures d'abandon de variétés/culture, l'adoption de nouvelles variétés, le déplacement des cultures, le labour à sec, l'application de forte dose d'engrais et la modification de certaines rotations.

    Au regard du démarrage tardif des deux saisons pluvieuses et du raccourcissement de leurs durées, les producteurs ont opté pour le labour à sec avant les premières grandes pluies. Ainsi donc, le labour à sec rend possible les semis précoce. Autrefois, les producteurs attendaient le démarrage des saisons pluvieuses avant d'entamer les opérations de labours, mais les insécurités alimentaires qu'ils ont connues et dont les causes sont relatives à la rupture précoce des pluies en fin des saisons pluvieuses mettant en péril leur récolte, ont amené ces derniers à opter pour le labour précoces. Cette mesure d'adaptation répond donc à l'objectif de faire bénéficier aux cultures du maximum des hauteurs pluviométriques tombées sur le village. Ces résultats sont similaires à ceux d'Amadou (2005) qui ont montré qu'au Niger les producteurs ont adopté en réponse aux changements climatiques la stratégie « de semis dès la première pluie dans le souci de profiter au mieux des premières pluies utiles et le labour précoce pour que l'humidité que conservent les mottes puissent profiter aux jeunes plants en cas de sécheresse ».

    Les mesures d'exploitation simultanées de plusieurs unités de paysages et la modification des emblavures s'inscrivent plus dans une perspective de mesures défensives permettant aux producteurs une dispersion des effets des risques tels que le démarrage tardif des pluies, les poches de sécheresse en cours de saison, et la rupture précoce des pluies.

    Au total, les mesures d'adaptation mises en oeuvre par les producteurs en réaction aux manifestations physiques des changements climatiques dans leur milieu ne sont pas décousues de sens. Elles s'insèrent dans un champ de confrontations dynamiques entre perceptions et savoirs et s'identifie donc, comme des composantes élémentaires des stratégies développées par les producteurs pour faire face aux changements climatiques.

    9.4. Changement climatiques : Liens entre cadre objectif d'activité des producteurs et stratégies d'adaptation

    Les stratégies développées par les producteurs pour faire face au changement climatique vécus dans leur milieu ne sont pas neutres. S'il est vrai qu'elles sont mises en oeuvre suite à une perception spécifique des effets ressentis par chaque producteur et aussi qu'elles tirent leurs inspirations des savoirs locaux enrichis des savoirs exogènes, il n'en demeure pas moins vrai qu'elles sont fortement dépendantes du cadre objectif d'activité des producteurs. Le cadre objectif d'activité des producteurs définit l'environnement des contraintes et des

    potentialités dans lequel s'insèrent les mesures d'adaptation développées par les producteurs pour faire face aux effets des changements climatiques vécus dans leur terroir. C'est la base opérationnelle des mesures d'adaptation et repose sur les atouts en capital. Ainsi, les mesures d'adaptation mises en oeuvre sont fortement influencées par le niveau d'accès de chaque producteur aux ressources au sein de son exploitation. A titre d'exemple, l'exploitation de plusieurs unités de paysage nécessite que le producteur dispose de parcelle sur ces unités.

    Dans le cas d'une agriculture sans traction animale ni mécanisation comme celle des villages de Sissèkpa et de Zounta, la forte concentration des opérations culturales sur une même période, qui nécessite une mobilisation urgente de la main d'oeuvre contraint la plus part des producteurs dans la mise en oeuvre de la mesure de décalage de la date de semis du niébé. Ainsi, dans nos deux villages d'enquête, la mobilisation de la main d'oeuvre à temps est très problématique pour les producteurs. La proximité du Nigéria est une source qui ponctionne la main d'oeuvre tant salariale que familiale par les mouvements d'émigration massive des jeunes qu'elle favorise. Certaines mesures d'adaptation concourent au renchérissement du coût de la main d'oeuvre salariée. C'est le cas du labour à sec en raison de la pénibilité du travail qu'il impose.

    Les changements climatiques peuvent induire chez les producteurs des mesures de diversification de source de revenu à impact négatif sur l'environnement. Pour preuve, la vente des tas de sable d'érosion, très répandus dans les deux villages n'est pas sans conséquence sur le paysage.

    Les stratégies d'adaptation développées par les producteurs pour faire face aux changements climatiques sont alors des combinaisons de mesures d'adaptation qui tiennent compte de leurs perceptions, reposent sur la structure de leur exploitation à travers le niveau d'accès aux ressources et ont pour source les savoirs locaux et exogènes.

    Les interrelations entre perceptions, savoirs et stratégies d'adaptation définissent les processus de diffusion des mesures innovantes entre les producteurs, gage de la réduction de la vulnérabilité du milieu rural aux changements climatiques.

    CHAPITRE 10 : CONCLUSION ET SUGGESTIONS

    La présente étude réalisée dans le cadre du << volet extension enquête perception >> du projet PAAPCES s'intitule << Perceptions, savoirs locaux et stratégies d'adaptation aux changements climatiques développées par les producteurs agricoles des communes d'Adjohoun et de Dangbo au Sud-Est Benin >> et fait suite aux travaux de Agossou (2008) et Dimon (2008).

    Elle a pour objectif de contribuer à la connaissance des perceptions des changements climatiques vécus par les producteurs agricoles ainsi que des stratégies d'adaptation développées pour y faire face.

    A la suite d'une synthèse des principaux résultats obtenus, des suggestions ont été faites à l'endroit des différents acteurs du développement local.

    10.1. Synthèse des résultats

    En ce qui concerne l'état des perceptions des changements climatiques vécus par les populations locales, il ressort qu'au cours des quinze (15) dernières années les producteurs ont enregistrés de profonds bouleversements ayant traits aux facteurs climatiques de leur milieu. Pour la pluie, les changements n'épargnent aucune des deux saisons pluvieuses de la localité. Démarrage tardif, poches de sécheresse abondante en cours des saisons pluvieuses, raccourcissement de leur durée, diminution du nombre de jours pluvieux, concentration des pluies abondantes sur de courtes durées avec des pluies moins fortes pendant la petite saison, occurrence de pluies fortes et violentes vers la fin de la grande saisons pluvieuse (Mai et Juin), et diminution sensible des hauteurs pluviométriques sont autant de modifications perçues par les producteurs. Pour la température et le vent, les producteurs ont perçu des bouleversements se traduisant par des temps plus chauds, avec une manifestation plus nombreuse de vents violents pendant le début et la fin de la grande saison pluvieuse. D'autres modifications telles que le retard de la crue annuelle (Juillet et Août au lieu de Juin pour la période avant les changements climatiques) et la diminution de l'ampleur de son étendue sont perçues comme des indicateurs des changements climatiques vécus dans leur terroir. Des concepts et des adages courants liés au climat existent au sein de la communauté et sont révélateurs des changements climatiques vécus.

    Les populations locales ne manquent pas de motifs d'explication des changements climatiques vécus dans leur terroir. En effet, loin de la cause du réchauffement terrestre dû au gaz à effet de serre, les normes et croyances locales occupent une place de choix dans les causes évoquées par les producteurs. C'est ainsi que la cause des pratiques mystiques de << neutralisation >> des nuages pratiquées par les << faiseurs de pluies >> sur demande des producteurs de la zone de la plaine d'inondation pour préserver leurs cultures contre les inondations précoces est largement répandue au sein des producteurs. Toutefois, aucune des causes évoquées par les producteurs ne fait l'unanimité au sein de la communauté locale. Le non respect des normes sociales, le non respect des divinités et la nature ont été diversement cités comme causes des bouleversements climatiques vécus. La déforestation a été également indiquée au nombre des causes perçues.

    Au nombres des conséquences des changements climatiques sur le milieu physique et le cadre de vie des producteurs, les analyses ont montré que les sols sont fortement impactés par les modifications climatiques du milieu locale. Les excès de pluies sur une courte durée impactent plus les parcelles situées sur les unités de milieu (rebord de plateau) et de bas de pente (plaine d'inondation) à travers respectivement les érosions et les inondations qu'ils provoquent sur ces unités. Les retards/ruptures de pluies laissent les conséquences les plus désastreuses sur les unités de haut de pente (plateau) à travers la dessiccation des sols.

    Les conséquences des changements climatiques sur le quotidien des producteurs agricoles concernent surtout la diminution des rendements des cultures pratiquées. Cette baisse de rendement des cultures varie suivant les unités de paysage du terroir.

    Dans le domaine de l'élevage, les conséquences des changements climatiques se manifestent essentiellement par la recrudescence de certaines maladies notamment la maladie de Gomboro, la grippe et les maladies parasitaires chez la volaille, les affections diarrhéiques, épidermiques et pneumoniques chez les petits ruminants de même que la peste et les affections pneumoniques chez les porcins. Les bovins font aussi les frais des effets indirects des changements climatiques à travers la raréfaction des aires de pâture occasionnant des difficultés de pâture pour ces animaux.

    Sur la santé humaine, des cas de recrudescences de certaines maladies sont également enregistrées avec les changements climatiques actuels. Il s'agit des maladies telles que le paludisme, la tension artérielle (hypo/hyper), les maladies diarrhéiques, les infections

    respiratoires, l'ulcère de burili ainsi que la rate et l'anémie particulièrement observées chez les enfants. Les changements climatiques affectent aussi les habitations et les pistes de dessertes rurales. Les cas de décoiffement de toitures, de démolissage des murs en terre battue et d'érosions des voies sont devenus fréquents.

    Concernant les différentes stratégies d'adaptation développées en réponse au changement climatique, les analyses montrent que les producteurs s'activent déjà sur plusieurs pistes. Dans le domaine de la conduite des cultures, les mesures mises en oeuvre concernent l'abandon de variétés ou de cultures, l'adoption de cultures ou de variétés de cultures (riz NERICA), l'extension aux unités de milieu et de bas de pente des cultures à cycles longs tels que la patate douce et le manioc. C'est également le cas des mesures comme la modification des emblavures, l'exploitation de plusieurs unités de paysage ainsi que le changement des itinéraires techniques à travers le labour à sec pour les semis précoces, l'intensification de l'utilisation de la fumure minérale, la modification des rotations. D'autres mesures mises en oeuvre concernent la conduite des animaux d'élevage et la gestion des eaux des excès de pluies. Il s'agit dans le dernier cas, de la constitution de réserve d'eau pour l'irrigation et du drainage. Aussi, plusieurs mesures de diversification des sources de revenu telles que l'élevage, la transformation agroalimentaire et le commerce sont-elles déjà mises en oeuvre.

    Enfin, les interrelations entre perceptions, savoirs locaux et les stratégies d'adaptation des producteurs agricoles face aux changements climatiques ont été analysées. Il en ressort que les stratégies d'adaptation des producteurs en réponse aux changements climatiques ne sont pas neutres. Perceptions, savoirs et stratégies d'adaptation des producteurs sont reliées par une relation d'interdépendance dans laquelle le niveau d'accès aux ressources de chaque producteur joue un rôle important.

    10.2. Suggestions

    La présente étude confirme que les producteurs ont une bonne perception des manifestations des changements climatiques vécus dans leur terroir mais ceux-ci demeurent moins éclairés sur les causes réelles du phénomène. Une sensibilisation aux primes abords des producteurs est donc utile. Les changements climatiques contribuent fortement à la dégradation du milieu physique et du cadre de vie des producteurs à travers les cas d'érosion et d'inondation des sols. Pour y faire face, les producteurs développent déjà d'une part, des

    mesures telles que le reboisement pour protéger les sols contre l'érosion et la baisse de fertilité, et d'autre part, le drainage des parcelles pour préserver leurs récoltes contre les inondations précoces de la zone de la plaine d'inondation. Il urge donc que d'autres actions soient entreprises dans ce sens pour l'accompagnement des producteurs. Avec les changements climatiques actuels, les rendements des cultures pratiquées par les producteurs ont considérablement baissé. Les inondations précoces de la zone de bas de pente conduit dans certains cas à la perte de la totalité des récoltes des producteurs. Certaines mesures d'adaptation mises en oeuvre par les producteurs telles que le labour à sec pour les semis précoces, l'exploitation simultanée de plusieurs unités de paysage et la production sur trois (3) cycles par an, imposent aux producteurs une mobilisation urgente de la main d'oeuvre qui fait très souvent défaut. L'accompagnement des producteurs dans la mécanisation de leur agriculture s'avère utile. Plus spécifiquement nous suggérons alors :

    > A l'endroit du pouvoir public central et local

    - De renforcer la politique de mécanisation de l'agriculture en cours actuellement à travers le projet PPMA (Projet de Promotion de la Mécanisation de l'Agriculture) en mettant à la disposition des producteurs des machines adaptées aux caractéristiques des sols de la zone et en assouplissant les conditions d'accès à ces machines.

    - De promouvoir la valorisation de la zone de la plaine d'inondation en procédant à des aménagements hydroagricoles,

    - De mettre en place un système d'alerte agrométéorologique en vue de fournir aux producteurs des informations sur la prévision des saisons pluvieuses,

    - De sensibiliser les producteurs sur la réalité des changements climatiques pour une bonne prise de conscience ,

    - De créer un cadre officielle de concertation et de sensibilisation entre les « faiseurs de pluies » et les autorités administratives en vue de prévenir les conflits sociaux qui pourraient survenir des amalgames entre les populations locales qui imputent la responsabilité des changements climatiques aux actions des faiseurs de pluies

    - De promouvoir des activités de diversifications des sources de revenus durables telles que l'élevage et les transformations agroalimentaires,

    - De promouvoir le crédit agricole pour faciliter le financement à temps de la production des producteurs.

    > A l'endroit des services de vulgarisation et d'encadrement

    - D'inscrire au rang de priorité les questions des changements climatiques dans leur programme d'action,

    -D'étudier dans une perspective d'approche participative, les possibilités de vulgariser des systèmes d'agroforesterie à base d'essences fruitières en vue de permettre aux producteurs de pouvoir limiter l'amenuisement de leur revenu en raison de la baisse de rendement des cultures vivrières induit par les changements climatiques,

    - D'accompagner les producteurs dans les opérations de reboisement en vue de la protection des sols contre l'érosion.

    > A l'endroit des producteurs des villages

    - D'assurer une franche collaboration avec les services de vulgarisation et d'encadrement afin de tirer profit des savoirs exogènes promus par ces structures,

    - Le partage des expériences d'adaptation entre producteurs.

    > A l'endroit de la recherche

    - De mettre au point dans une perspective d'approche participative qui intègre les conditions socio-économiques des producteurs, des variétés à cycle court adaptées aux conditions climatiques actuelles.

    - De s'investir dans la mise au point des variétés de culture rustiques pouvant mieux supporter les ruptures de pluies en cours de saison pluvieuse.

    Au terme de cette étude sur les perceptions des producteurs et des stratégies d'adaptation mises en oeuvre pour faire face aux changements climatiques d'autres perspectives s'ouvrent. La durabilité socio-économique et écologique des différentes mesures/stratégies développées par les producteurs devra être étudiée. Il en est de même pour l'impact des changements climatiques sur la mobilisation et la gestion de la main d'oeuvre agricole. Les relations entre les changements climatiques et les stratégies de sortie d'agriculture telles que les migrations et l'exode rural pourrait aussi servir de piste pour de nouvelles recherches.

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    Mbetid-Bessane, E., & Besacier, C. (1996) Typologie des exploitations agricoles de la région forestière du Sud-ouest de la région forestière du Sud - Ouest de la république centrafricain. ICRA, Bangui, 73 p.

    Mbetid-Bessane, E., Havard, M., Djamen, P., Djonnewa, A. et J. Leroy, (2002) Typologie des exploitations agricoles dans les savanes d'Afriques centrale : Un regard sur les méthodes utilisées et leur utilité pour la recherche et le développement in Jasmin J. Y., Seiney Boukar L., Floret C. (éd sc), 2003. Savanes africaines : des espaces en mutation, des acteurs face à de nouveau défis. Actes du colloque, mai 2002, Garoua, Cameroun. Prasac, N'Djamena, Tchad- Cirad, Montpelier, France.

    MEPN (2008) Programme d'Action National d'Adaptation aux changements climatiques du Bénin (PANA- Bénin). Rapport de synthèse, Cotonou. 81p.

    Moussa, M. L., & Jonsson, M. (1998) Contribution à l'Analyse du fonctionnement des Exploitations Agricoles en Zone Cotonnière du Nord - Cameroun : Intérêts pour la mise en place d'une action de conseil de gestion. Le cas de Mafakilda. Mémoire de fin d'étude en vue de l'obtention du diplôme de D.A.T. CNEARC, Montpellier, ESAT-1, France, 73 pages.

    Nambena, J. (2004) Analyse de la subsistance paysanne dans un système de production en crise et identification participative de stratégies durables d'adaptation : Cas de Befora, versant oriental de Madagascar. Inaugural-Dissertation, Ruprecht-Karls-Universität, Heidelberg, Pp 1-27

    Ogouwalé, E. (2004) Changements climatiques et sécurité alimentaire dans le Bénin méridional. Mémoire de DEA, UAC/EDP/FLASH, 119p.

    Ogouwalé, E. (2006) Changements climatiques dans le Bénin méridional et central : indicateurs, scénarios et prospective de la sécurité alimentaire. Thèse de Doctorat unique, LECREDE/ FLASH/ EDP/ UAC, 302p.

    Okry, C. (2000) L'igname dans le système agricole de Bantè et la domestication de quelques unes de ses formes sauvages. Savoirs locaux et pratiques endogènes de cultures et d'amélioration génétiques. Mémoire pour l'obtention du diplôme d'Ingénieur agronome. FSA-UAC. 87p

    PNUD (2007) Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008 : Les objectifs du millénaire pour le développement : un pacte entre les pays pour vaincre la pauvreté humaine. Economica 49, rue Haricart, 75015 Paris. 367p

    Sènahoun, J. (1994) Risques, pratiques anti-risques et attitudes des paysans face aux risques sur le plateau ADJA. Mémoire pour l'obtention du diplôme d'ingénieur agronome FSA/UAC. 144p

    SIFEE (Secrétariat International Francophone pour l'Evaluation Environnementale) (2009) Changements climatiques dans le monde, Rapport technique, Paris 68p.

    Tossou, R. C. (1985) Changements socio-économiques engendrés par l'intensification des cultures de rente (coton principalement) dans la province du Zou : cas du Zou-Nord. Thèse d'ingénieur agronome FSA/UNB. Abomey-Calavi.

    UNESCO (2003) Les systèmes de savoirs locaux et autochtones. http// portail.unesco.org/science/fr/ ev. php. URL_ID : 2031 & URL_DO= DO_ TROPICAL & URL SECTION=201. Html. Visité le 17 mai 2009

    Van den ban, A. W., Hawkins, H. S., Brouwers, J. H. M. et C. A. M. Boon, (1994) La vulgarisation rural en Afrique. Edition CTA-Kartala, Wageningen, 383p

    Van den Ban, A.W. & Hawkins, H. S. (1996) Agricultural Extension. Second Edition. Cambridge: Blackwell.

    Van Dillen (2002) A mesure of vulnerability. In Geographica Helvetica 57(1): Pp 64-77

    Wakponou, A., Watang, F., et B. Gonné, (2008) Perception paysanne et adaptations culturales aux changements climatiques dans les basses terres de l'Extrême-Nord-Cameroun : la culture du haricot niébé. Rapport de recherche. Département de Géographie. Université de Ngaoundéré, Cameroun 25p

    Warren, D. M. & Cashman, K. (1988) Indigenous Knowledge for agriculture and rural development: Some pratical applications. Indigenous knowledge systems, Washington D.C.

    Warren, D.M. (1993) Putting local knowledge to good use. Internationnal Agricultural Development. Vol.13, No. 4: Pp. 8-10.

    World Bank (2000) Traditional knowledge case studies. www.worldbank.org/afr/ik/

    Yung, J. M., & Zaslavsky, J. (1992) Pour une prise en compte des stratégies des producteurs. Collection Document Système Agraire n°18 DSA-CIRAD 72p

    ANNEXES

    Annexe 1: Guide d'entretien de groupe

    I. Présentation de l'enquête aux paysans

    Bonjour/bonsoir à toute l'assemblée. Merci à tous et toutes et au chef village d'avoir répondu présents à notre invitation. Je m'appelle... et je suis étudiant en fin de formation dans le domaine agricole à l'université d'Abomey-Calavi. Ma présence parmi vous se justifie par la volonté de consacrer mes recherches de fin de formation à comprendre les changements intervenus dans votre localité. Parmi ces changements, ceux climatiques seront étudiés afin de comprendre comment ces changements affectent l'agriculture et votre vie. Je dois vous avouer que je n'ai pas encore une maîtrise de votre langue, ce qui justifie la présence d'un tel...comprenant votre langue, à mes cotés, pour me servir de guide et d'interprète. Je veux aussi respectueusement solliciter votre accord pour l'enregistrement de la présente séance. Je vous remercie d'avance pour votre indulgence.

    Nous allons laisser la parole au chef village ou à son représentant pour les mots de bienvenu et pour lancer officiellement l'entretien.

    II. Généralités sur le village

    D'abord nous aimerions mieux connaître votre village

    1. Historique (origines, évolution...)

    Pourquoi le nom du village ?

    Quelles sont les origines de votre village ? Comment votre village a évolué dans le temps ?

    2. Caractéristiques socioculturelles (ethnies, religions pratiquées) Quelles sont les langues que vous parlez dans votre village ? Quelle est l'importance de chaque ethnie ?

    Quelles sont les religions que vous pratiquez ?

    Quelle est l'importance de chaque religion ?

    3. Caractéristiques géomorphologiques (relief, types de sol, cours d'eau, noms locaux) Quels sont les types de sols que vous avez ?

    Quels sont les sols dominants ?

    Votre village présente t-il des montées et des descentes ?

    Il y a-t-il une rivière qui traverse le village ?

    4. Mode de faire valoir du foncier (achat, don, héritage, location...) Comment avez-vous accès à la terre ?

    5. Activités menées et leur importance (agriculture, élevage, transformation, commerce, artisanat...)

    Quelles sont les activités qui sont menées ici ?

    Quelles sont les activités dominantes ?

    6. Main d'oeuvre (familiale, salariée, entraide ...)

    En dehors des membres de la famille, il y a-t-il d'autres personnes qui travaillent dans les champs, et comment sont-il récompensés ?

    7. Infrastructures socio-communautaires dont vous disposez

    En fonction des réponses et des changements évoqués, des précisions seront demandés sur les items suivants qui n'auraient pas été mentionnés

    « J'ai bien noté ce que vous m'avez décrit.

    Mais vous ne m'avez pas parlé de . Pouvez-vous m'en dire plus sur cet aspect ?

    écoles, centre de santé, marché, pompe, barrage ...

    8. Institutions intervenant dans le village

    Quelles sont les structures qui vous accompagnent dans vos activités ?

    En fonction des réponses et des changements évoqués, des précisions seront demandés sur les items suivants qui n'auraient pas été mentionnés

    « J'ai bien noté ce que vous m'avez décrit.

    Mais vous ne m'avez pas parlé de Pouvez-vous m'en dire plus sur cet aspect ?

    CeCPA CLCAM ONG

    III. Informations sur les changements cimatiques

    Comme je vous l'ai dit au début, nous allons discuter des changements qui surviennent dans votre
    village.

    a. Changements ayant intervenu dans le village

    Pouvez-vous nous décrire les événements importants ayant marqués le village et les années où ils sont intervenus ?

    Quelles sont les causes de ces changements ?

    Quels sont les changements qui vous ont plus marqués ?

    Si les changements climatiques ne sont pas évoqués, il faut attirer l'attention du groupe sur les questions suivantes

    b. Changements cimatiques N'avez-vous constaté un changement dans la pluie, la température, le vent, l'ensoleillement...?

    Avez-vous connus de sécheresses, d'inondations, de grands vents, de fortes chaleurs, quelles sont les années et comment sont- ils intervenus ?

    Parmi ces événements, lesquels vous-ont le plus marqué ?

    En fonction des réponses et des changements évoqués, des précisions seront demandés sur les items suivants qui n'auraient pas été mentionnés

    « J'ai bien noté ce que vous m'avez décrit.

    Mais vous ne m'avez pas parlé de Pouvez-vous m'en dire plus sur cet aspect ?

    Pluies Températures Vents Durée de l'ensoleillement Manifestations climatiques extrêmes (vent, pluie, orages)

     

    Si au cours de la conversation, les thèmes discutés dérivent sur les autres chapitres à aborder, on passera donc directement à ces thèmes que l'on approfondira, avant de revenir sur le premier thème.

    c. Les causes des changements cimatiques

    Vous venez de m'entretenir sur les événements climatiques que vous constatez dans votre village

    Quelles sont selon vous leurs causes ? (Recueillir l'avis des vieux, des jeunes, des femmes, des migrants)

    d. Conséquences des changements climatiques sur le milieu et le quotidien

    Dans votre village, quelles sont les conséquences de ces événements climatiques sur le sol, les animaux, les cultures, les habitations, vos activités ... ?

    Ces changements ont-ils affecté de la même manière les différents champs en haut de pente et les champs en bas de pente ?

    En fonction des réponses et des conséquences évoquées, des précisions seront demandées sur les items suivants qui n'auraient pas été mentionnés

    « J'ai bien noté ce que vous m'avez décrit.

    Mais vous ne m'avez pas parlé de Pouvez-vous m'en dire plus sur cet aspect ?

    Conséquences sur le sol, Conséquences sur la faune, Conséquences sur la flore, Conséquences sur les habitations

    Des précisions seront demandées par rapport aux conséquences des changements climatiques sur le milieu suivant les différentes zones de paysage.

    Vous venez de m'entretenir des conséquences des changements climatiques sur la zone de paysage ..mais vous ne m'avez pas parlé des conséquences sur la zone de

    paysage (énumérer les noms des zones non évoquées en langue locale).

    f- Adaptations réalisées

    Aux vues de toutes ces conséquences que vous venez d'évoquer, dites nous quelles sont les mesures que vous développez pour y faire face ? (remarque sur conduite des cultures, élevages, gestion des sols, transformation,...)

    En fonction des réponses et des adaptations évoquées, des précisions seront demandées sur les items suivants qui n'auraient pas été mentionnés

    « J'ai bien noté ce que vous m'avez décrit.

    Mais vous ne m'avez pas parlé de Pouvez-vous m'en dire plus sur cet aspect ?

    Conduite des cultures Conduite des animaux d'élevage Gestion des sols Conditions sociales

    Des précisions seront demandées par rapport aux adaptations suivant les différentes zones de paysage.

    Vous venez de m'entretenir des adaptations dans la zone de paysage mais vous ne m'avez pas parlé

    des adaptations dans la zone de paysage (énumérer les noms des zones non évoquées en langue

    locale).

    IV. Mots de remerciement

    Je vous remercie une fois encore pour votre attention et votre collaboration. Nous sommes
    pratiquement à la fin de notre entretien. Je voudrais vous laisser la parole si vous désirez revenir sur
    certains aspects de notre entretien.

    Après une éventuelle intervention de l'assemblée nous allons clôturer la séance par ces mots

    Je vous remercie une fois encore d'avoir répondu présents à mon invitation. Je tiens à vous dire que
    j'ai beaucoup appris de vous. Je voudrais profiter de cette occasion pour solliciter votre disponibilitépour des entretiens individuels dans les tous prochains jours pour l'approfondissement des points
    débattus au cours de cet entretien.

    Annexe 2: Questionnaire d'entretien individuel à administrer dans les exploitations

    Perceptions, savoirs locaux et stratégies d'adaptation aux changements climatiques développées par les
    producteurs

    Questionnaire d'entretien individuel à administrer au Chef d'Exploitation (CE) Préliminaires

    FICHE N° /___ / Date d'enquête /___ /___ /_09__ /

    Nom de

    l'enquêteur : .

    Caractéristiques

    Modalités (à pré-remplir avant l'enquête)

    Département

    Communes

    Arrondissement

    Village

    Type d'exploitation

    I-Structure de l'exploitation

    1. Identification du Chef d'Exploitation Nom et prénoms du CE :

    Origine (Autochtone ; Allochtone)

    Depuis quand êtes-vous chef d'exploitation ? .

    Appartenance à groupement (s)

    Type de groupement(s)

    Statut dans le (s) groupement(s)

    Accès aux crédits (oui, non) Religion (Animiste, chrétien, musulman)

    2. Composition de l'exploitation

    Lien avec CE

    Ethnie

    Situation
    familiale

    Sexe

    Age

    Origine et Situation de

    résidence

    Activité principale

    Activités secondaires % dans le revenu

    Possession de champ individuel

    Niveau d'instruction /Alphabétisation

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    3. Production végétale

    3.1. Relevé des champs cultivés de l'exploitation cette année

    Membre Exploitation

     
     
     
     

    Champ n° :

     
     
     
     

    Unités de paysage

     
     
     
     

    Superficie

     
     
     
     

    Type de sol

     
     
     
     

    Mode d'acquisition

     
     
     
     

    Cultures

    1er cycle

     
     
     
     

    2ème cycle

     
     
     
     

    3.2. Relevé des champs en jachère

    Champ n° :

    Unités de paysage

    Date de mise en jachère

    Durée de la jachère

    Superficie

    Raison de la mise en jachère Type de jachère

    Mode d'acquisition

    3.3. Relevé des plantations

    Champ n° :

    Unités de paysage

    Espèces

    Age de la plantation

    Superficie

    Localisation

    Mode d'acquisition

    Raison d'installation de la plantation

    4. Production Animale

    Espèces Paramètres

    Bovins

    Ovins

    Caprins

    Porcins

    Poulets

    Canards

    Effectif vivant

    Cette année

     
     
     
     
     
     

    Année
    passée

     
     
     
     
     
     

    5.Main d'oeuvre

    Type de Main

    d'oeuvre

    Catégories d'activité

    Main d'oeuvre familiale

    Main d'oeuvre salariale

    Main d'oeuvre communautaire

    8 à 15 ans

    16 à 65a ns

    Plus

    de 65 ans

    8 à 15 ans

    16 à

    65 ans

    Plus

    de 65 ans

    Aide

    Entraide

    8 à 15 ans

    16 à

    65 ans

    Plus de 65 ans

    8 à 15 ans

    16 à

    65 ans

    Plu s de 65 ans

    Déshe rbage

    Hommes

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Femmes

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Billon nage

    Hommes

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Femmes

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Semis

    Hommes

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Femmes

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Déshe rbage

    Hommes

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Femmes

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Récolt e

    Hommes

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Femmes

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Transf

    Hommes

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    ormati ons

    Autres

    Femmes

    Hommes

    Femmes

    II-Changements cimatiques

    1. Perceptions

    Pour vous, ces ... dernières années, la tendance est :

    Pour la pluviométrie

    Plus de pluie [ ; Moins de pluiesLi, Pas de changements, Li Ne sait pas ~

    Pour la 1ère saison des pluies

    Plus longue LI; Plus courte [II, Pas de changements L, ne sait pas ~ Plus précoce ? Oui L, Non L, Pas de changements L, ne sait pas ~ Plus tardive ? Oui L, Non L, Pas de changements L, ne sait pas ~

    Pour la 2ème saison des pluies

    Plus longue Li; Plus courte L, Pas de changements L, ne sait pas ~ Plus précoce ? Oui Li, Non Li, Pas de changements L, ne sait pas ~ Plus tardive ? Oui L, Non L, Pas de changements Li, ne sait pas ~

    Pour la 1ère saison sèche

    Plus longue Li; Plus courte Li, Pas de changements L, ne sait pas ~ Plus précoce ? Oui Li, Non L, Pas de changements L, ne sait pas ~ Plus tardive ? Oui L, Non L, Pas de changements L, ne sait pas I

    Pour la 2ème saison sèche

    Plus longue Li; Plus courte Li, Pas de changements L,

    ne sait pas ~

    Plus précoce ? Oui Li, Non L, Pas de changements L,

    ne sait pas ~

    Plus tardive ? Oui Li, Non L, Pas de changements L,

    ne sait pas I

    Commentaires (En confrontant les réponses sur les saisons sèches et les saisons des pluies, vous pouvez voir si les réponses sont cohérentes. Si elles ne le sont pas, demander des précisions : « pourtant vous m'aviez dit que la saison des pluies ...)

    Nombre de jours de pluie pendant la 2ème saison

    Augmentation Li , diminution Li , pas de changement Li , ne sait pas ~

    Si changements, à quelle période interviennent-ils ?

    Nombre de jours de pluie pendant la 1ère saison

    Augmentation Li , diminution Li , pas de changements Li , ne sait pas ~

    Si changements, à quelle période interviennent-ils ? Caractéristiques des pluies :

    Nombre de pluies fortes (susceptibles de faire des dégâts sur les cultures ou les sols) par an :

    Nombre de pluies très fortes (susceptibles de faire des dégâts sur les habitations) ces quinze dernières années : Les pluies ont tendance à être pour la 1ère saison:

    Plus fortes ? LI, Moins fortes ? Li , à la fois plus fortes pour certaines, plus faible pour les autres LI, Pas de changements Li, Ne sait pas ~

    Les pluies ont tendance à être pour la 2ème saison:

    Plus fortes ? LI, Moins fortes ? Li , à la fois plus fortes pour certaines, plus faible pour les autres LI, Pas de changements Li, Ne sait pas ~

    La répartition des pluies au cours de la 1ère saison La répartition des pluies au cours de la 2ème saison

    La répartition est ? Plus variable [ Plus régulière LI, La répartition est ? Plus variable Li Plus régulière Li,

    Pas de changements LI, Ne sait pas ~ Pas de changements L, Ne sait pas ~

    L'existence de poches de sécheresse est L'existence de poches de sécheresse est

    Plus nombreuse [ Moins nombreuse ~ Plus nombreuse Li Moins nombreuse Li Pas de

    Pas de changements LI, Ne sait pas ~ changements L, Ne sait pas ~

    Manifestations à quelle période ? Manifestations à quelle période ?

    Pour la température

    Fait-il :

    Plus chaud Oui NonE Pas de changements~, Ne sait pas ~ Plus froid Oui NonE Pas de changements, Ne sait pas ~ Température maximale

    Augmentation E, Diminution E, Température minimale

    Pas de changement E, Ne sait pas ~ Augmentation Diminution E,

    Si changements, à quelles périodes interviennent-ils ? Pas de changement E, Ne sait pas ~

    Pour le vent

    Plus de vent Moins de vent Pas de changement Ne sait pas

    Caractéristiques des vents :

    Nombre de vents forts (susceptibles de faire des dégâts sur les cultures ou la végétation) par an :

    Nombre de vents très forts (susceptibles de faire des dégâts sur les habitations) ces quinze dernières années : Les vents ont tendance à être :

    Plus forts ? E, Moins forts ? , à la fois plus forts pour parfois, plus faible d'autres fois~, Pas de changements~, Ne sait pas

    ~

    Pour l'insolation

    Plus de soleil Moins de soleil Pas de changement Ne sait pas

    Pour nombre de jours ensoleillés

    Augmentation Diminution ~ Pas de changement Ne sait pas

    Apparition

    Précoce Tardive Normale Ne sait pas ~

    Pour nombre de jours nuageux

    Augmentation Diminution ~ Pas de changement Ne sait pas

    Pour les crues

    Les crues ont tendance à être: Durée

    Plus longue Moins longue ~

    Pas de changement Ne sait pas

    Ampleur

    ü Etendue : Plus étendue Moins étendue Pas de changement Ne sait pas

    ü Niveau d'eau : Plus élevé Moins élevé Normal Ne sait pas ~ Autres perceptions des changements climatiques:

    2. Causes des changements climatiques

    Quelles sont pour vous les principales causes de ces changements climatiques ?

    Les responsables sont :

    Par

    Les gens du village ?

    Oui Non Ne sait pasE

    Les gens hors du village ?

    Oui Non Ne sait pasE

    Déboisement ?

    Oui

    Non Ne sait pas

    Oui

    Non Ne sait pas

    Les feux de brousse ?

    Oui

    Non Ne sait pas

    Oui

    Non Ne sait pas

    L'augmentation des surfaces cultivées ?

    Oui

    Non Ne sait pas

    Oui

    Non Ne sait pas

    Non respect des divinités ?

    Oui

    Non Ne sait pas

    Oui

    Non Ne sait pas

    Non respect des normes sociales ?

    Oui

    Non Ne sait pas

    Oui

    Non Ne sait pas

    Avortement des nuages ?

    Oui

    Non Ne sait pas

    Oui

    Non Ne sait pas

    Non respect du calendrier cultural ?

    Oui

    Non Ne sait pas

    Oui

    Non Ne sait pas

    Autres actions

     
     
     
     

    La nature ? Oui Non Ne sait pasE Les divinités ? Oui Non Ne sait pas

    Autres ? Préciser

    3. Les conséquences sur le milieu

    Dans l'unité de paysage quels sont les conséquences les plus visibles sur le milieu des changements climatiques ?

    Rubriques

    Questions

     
     
     

    Zone1

    Zone2

    Zone3

    Espèces végétales

    Avez-vous constaté sur cette unité de paysage que des espèces végétales ont disparu ? Si oui lesquelles ?

    Oui~, NonE, Ne sait pasE

    Oui~, NonE, Ne sait pasE

    Oui~, NonE, Ne sait pas

    Avez-vous constaté sur cette unité de paysage que des espèces végétales sont apparues ? Si oui lesquelles ?

    Oui~, NonE, Ne sait pasE

    Oui~, NonE, Ne sait pasE

    Oui~, NonE, Ne sait pas

    Avez-vous constaté sur cette unité de paysage des espèces végétales qui ont proliféré ? Si oui lesquelles ?

    Oui~, NonE, Ne sait pasE

    Oui~, NonE, Ne sait pasE

    Oui~, NonE, Ne sait pas

    Avez-vous constaté sur cette unité de paysage des espèces végétales qui ont fortement diminué ? Si oui lesquelles ?

    Oui~, NonE, Ne sait pasE

    Oui~, NonE, Ne sait pasE

    Oui~, NonE, Ne sait pas

    Espèces animales

    Avez-vous constaté sur cette unité de paysage que des espèces animales ont disparu ? Si oui lesquelles ?

    OuiC, NonE, Ne sait pasi

    Oui~, NonE, Ne sait pasE

    Oui~, NonE, Ne sait pas

    Avez-vous constaté sur cette unité de paysage que des espèces animales sont apparues ? Si oui lesquelles ?

    Oui~, NonE, Ne sait pasE

    Oui~, NonE, Ne sait pasE

    Oui~, NonE, Ne sait pas

    Avez-vous constaté sur cette unité de paysage des espèces animales qui ont proliféré ? Si oui lesquelles ?

    OuiC, NonE, Ne sait pasi

    OuiC, NonE, Ne sait pasE

    OuiC, NonE, Ne sait pasE

    -Avez-vous constaté sur cette unité de paysage des espèces animales qui ont fortement diminué ? Si oui lesquelles ?

    Oui~, NonE, Ne sait pasE

    OuiC, NonE, Ne sait pasE

    OuiC, NonE, Ne sait pasE

    Rubriques

    Questions

    Zone1

    Zone2

    Zone3

    Bas-fonds ou points d'eau temporaire

    Avez-vous constaté dans cette unité de paysage que les niveaux d'eau dans les bas-fonds/point d'eau temporaire ont augmenté ou diminué pendant les saisons pluvieuses ?

    AugmentationE, DiminutionE, Stable, Ne sait pas

    AugmentationE, Diminution, Stable, Ne sait pas

    AugmentationE, Diminution, Stable, Ne sait pas

    Avez-vous constaté dans cette unité de paysage que les niveaux d'eau dans les bas-fonds/point d'eau temporaire ont augmenté ou diminué pendant les saisons sèches ?

    AugmentationE, DiminutionE, Stable, Ne sait pas

    AugmentationE, Diminution, Stable, Ne sait pas

    AugmentationE, Diminution, Stable, Ne sait pas

    Champs inondés temporairement

    Avez-vous connu dans cette unité de paysage des parcelles inondées temporairement ?

    Oui~, NonE, Ne sait pasE

    Oui~, NonE, Ne sait pasE

    Oui~, NonE, Ne sait pas

    Si Oui, leur importance A quelles périodes interviennent- elles

    Très peu I ; Peui ; Beaucoupi

    Très peui ; Peui ; Beaucoupi

    Très peui ; Peui ; Beaucoupi

    Erosion

    Avez-vous observé des rigoles d'érosion dans cette unité de paysage?

    OuiI, NonE, Ne sait pasi

    Oui~, Non, Ne sait pas

    Oui~, Non, Ne sait pas

    144

    Avez-vous constaté des ensablements des mares et plans d'eau dans cette unité de paysage ?

    OuiE, NonE, Ne sait pasi

    Oui~, NonE, Ne sait pasE

    Oui~, NonE, Ne sait pas

    4. Conséquences sur le quotidien

    Quelles sont pour vous les conséquences les plus importantes de ces changements sur votre quotidien ces ... dernières années ?

    > 1ère saison

    Spéculation

    Questions

    Zone1

    Zone2

    Zone 3

    Maïs

    OuiLl NonLi

    Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte

     
     
     

    Si oui Principales causes ?

     
     
     

    Manioc

    OuiLl NonLi

    Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte

     
     
     

    Si oui Principales causes ?

     
     
     

    Niébé

    OuiLl NonLi

    Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte

     
     
     

    Si oui Principales causes ?

     
     
     

    Arachide OuiLl NonLi

    Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte

     
     
     

    Si oui Principales causes ?

     
     
     

    Patate douce OuiLl NonLi

    Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte

     
     
     

    Si oui Principales causes ?

     
     
     

    Cultures maraîchères (tomate, piment )

    OuiLIl NonLil

    Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte

     
     
     

    Si oui Principales causes ?

     
     
     

    > 2ème Saison

    Spéculation

    Questions

    Zone1

    Zone2

    Zone3

    Maïs

    OuiLIl NonLil

    Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte

     
     
     

    Si oui Principales causes ?

     
     
     

    Arachide OuiLIl NonLil

    Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte

     
     
     

    Si oui Principales causes ?

     
     
     

    Patate douce OuiLIl NonLil

    Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte

     
     
     

    Si oui Principales causes ?

     
     
     

    Cultures maraîchères (tomate, piment )

    OuiLIl NonLil

    Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte

     
     
     

    Si oui Principales causes ?

     
     
     

    > 3ème Saison

    Spéculation

    Questions

    Zone1

    Zone2

    Zone3

    Maïs

    OuiLl NonLi

    Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte

     
     
     

    Si oui Principales causes ?

     
     
     

    Arachide OuiLl NonLi

    Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte

     
     
     

    Si oui Principales causes ?

     
     
     

    Patate douce OuiLl NonLi

    Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte

     
     
     

    Si oui Principales causes ?

     
     
     

    Cultures maraîchères (tomate, piment )

    OuiLIl NonLil

    Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte

     
     
     

    Si oui Principales causes ?

     
     
     

    Niébé

    OuiLl NonLi

    Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte

     
     
     

    Si oui Principales causes ?

     
     
     

    Quels sont les autres conséquences sur :

    Les habitations

    Décoiffement des toitures OuiLl Non

    Démolissage des murs Oui E Non

    Autres

    Les autres biens individuels Oui E NonE si oui lesquels ? Les biens collectifs Oui E Non

    Lesquels ?

    Les autres conséquences sur la santé humaine Avez-vous constaté que des maladies sont apparues ? Oui E , Non E , Ne sait pasE Si Oui, lesquelles ?

    Avez-vous constaté que des maladies ont disparu? Oui E , Non E , Ne sait pasE Si Oui, lesquelles ?

    Avez-vous constaté la recrudescence de certaines maladies ?

    Oui E , Non E , Ne sait pasE Si Oui, lesquelles ? Autres

    Quels sont les autres conséquences sur l'approvisionnement en eau ? Mauvaise qualité des eaux Oui E Non

    Autres

    Quels sont les problèmes causés par les changements climatiques sur vos animaux ?

    Conséquences sur

    Ovins

    Caprins

    Porcins

    Volailles

    Autres

    Apparition de certaines

    maladies. Si oui, Lesquelles

    Oui NonE

    Oui

    NonE

    Oui NonE

    Oui

    NonE

    Oui NonE

    Recrudescence de certaines maladies. Si oui, Lesquelles

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Disparition de certaines

    maladies ? Si oui,
    Lesquelles

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Difficultés de pâture pour alimentation ?

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Baisse de performances ?

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Autres

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Oui

    NonE

    Pensez vous que ces changements ont un effet sur les conditions de vie du ménage ? Si oui, comment ?

    - Augmentation du revenu ? Oui Non

    - Baisse du revenu ? Oui Non

    - Autres ? (préciser)

    Si modification du revenu : quels sont les postes de dépenses nouveaux (augmentation du revenu) ou que vous ne pouvez plus payer (diminution des revenus) ?

    5. Adaptations réalisées

    Dans les différentes unités de paysage où vous avez des parcelles, quelles mesures avez-vous adoptées pour faire face aux changements climatiques subis ces 15 dernières années?

    5 a- Adaptations réalisées (pratiques agricoles)

    Rubriques

     

    Questions

     

    Zone 1

     

    Zone 2

     

    Zone 3

    Changement cultures

    Oui~ Non

    de

    Abandon de cultures Si Oui, lesquelles ?

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Nouvelles cultures Si Oui, lesquelles ?

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Abandon de variétés de culture Si Oui,

    lesquelles ?

    Oui~

    Non

    Oui~

    Non

    Oui~

    Non

    Nouvelles variétés de culture Si Oui,

    lesquelles ?

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Déplacement culture

    Oui Non

    de

    Déplacement de cultures Si Oui, lesquelles ?

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Le déplacement de ces cultures s'effectue de : Unité de paysage vers unité de

    paysage

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Le déplacement de ces cultures s'effectue de saison vers saison....

     
     
     
     
     
     

    Evolution emblavures

    Oui Non

    des

    Extension de surface totale cultivée

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Diminution de surface totale cultivée

    Pourquoi ?

    Oui~

    Non

    Oui~

    Non

    Oui~

    Non

    Changement parcelles/sites

    Oui Non

    de

    Changement de parcelles/site Si oui, le

    changement s'est effectué de :

    Unité de paysage vers unité de

    paysage

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Changement d'itinéraire technique

     

    Modification de la pratique de labour

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Modification de la date de semis

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    OuiE Non

    Si oui, précision de la mesure (pour les réponses cochées oui)

    Modification dans les pratiques de désherbage

    Oui

    Non

    Oui0

    Non

    Oui0

    Non

    Modification dans les pratiques d'association de cultures

    Oui0

    Non

    Oui0

    Non

    Oui0

    Non

    Modification dans les pratiques de rotation de cultures

    Oui0

    Non

    Oui0

    Non

    Oui0

    Non

    Modification dans les pratiques de fertilisation du sol

    Oui0

    Non

    Oui0

    Non

    Oui0

    Non

    Modification dans les pratiques de protection phytosanitaire

    Oui0

    Non

    Oui0

    Non

    Oui0

    Non

    Modification dans les pratiques de récolte

    Oui0

    Non

    Oui0

    Non

    Oui0

    Non

    Modification dans les pratiques de

    stockage/conservation des produits agricoles

    Oui 0

    Non

    Oui 0

    Non

    Oui 0

    Non

    Quelles sont les activités que vous avez dû développer pour faire face aux problèmes induits par les changements climatiques ?

    Nouvelles activités agricoles

    Elevage d'animaux Oui Non Si oui, lesquels ?

    Pêche Oui Non ~

    Transformation de charbon Oui Non ~

    Vente de bois de chauffe Oui Non ~

    Transformation agroalimentaire Oui Non ~

    Autres .

    Nouvelles activités non agricoles

    Commerce Oui Non ~

    Activités artisanaux Oui Non ~

    Autres

    Quelles sont les activités que vous avez dû abandonner pour faire face aux problèmes induits par les changements climatiques ?

    Abandon d'activités agricoles

    Elevage d'animaux Oui Non Si oui, lesquels ?

    Pêche Oui Non ~

    Transformation de charbon Oui Non ~

    Vente de bois de chauffe Oui Non ~

    Transformation agroalimentaire Oui Non Si oui, lesquels ?

    Autres

    Abandon d'activités non agricoles

    Commerce Oui Non ~

    Activités artisanaux Oui Non ~

    Autres

    Face aux conséquences des changements climatiques dans les différentes unités de paysage où vous avez des parcelles, quels sont les aménagements qui y ont été réalisés ?

    5 b. Adaptations réalisées (aménagement)

    Rubriques

    Questions

    Zone 1

     

    Zone 2

     
     

    Zone 3

    Aménagement individuel

    anti érosif

    OuiLI

    Non[I1

    OuiLI

    Non[I1

    Oui[I1

    Non[I1

    Installation de brises vent

    OuiLI

    Non[I1

    OuiLI

    Non[I1

    Oui[I1

    Non[I1

    Réalisation de drain

    OuiLI

    Non[I1

    OuiLI

    Non[I1

    Oui[I1

    Non[I1

    Rétention d'eau du sol

    OuiLI

    Non[I1

    OuiLI

    Non[I1

    Oui[I1

    Non[I1

    Irrigation

    OuiLI

    NonLi

    OuiLI

    NonLi

    OuiLl

    NonLi

    Autres

    OuiLI

    NonLi

    OuiLI

    NonLi

    OuiLl

    NonLi

    Aménagement collectif

    Anti érosif

    OuiLI

    Non[I1

    OuiLI

    Non[I1

     
     

    Installation de brises vent

    OuiLI

    Non[I1

    OuiLI

    Non[I1

    Oui[I1

    Non[I1

    Réalisation de drain

    OuiLI

    Non[I1

    OuiLI

    Non[I1

    Oui[I1

    Non[I1

    Rétention d'eau du sol

    OuiLI

    NonI1

    OuiLI

    NonI1

    OuiI1

    NonI1

    Irrigation

    OuiLI

    NonLi

    OuiLI

    NonLi

    OuiLl

    NonLi

    Autres

    OuiLI

    NonLi

    OuiLI

    NonLi

    OuiLl

    NonLi

    Quelles sont les stratégies que vous développez dans la conduite de vos animaux d'élevage pour faire face aux changements climatiques ?

    Introduction de nouvelles races Oui~ Non~

    Modification de l'alimentation des animaux OuiLI] Non~

    Autres

    Si oui, précision de la mesure (pour les réponses cochées oui)

    Avez-vous développé d'autres techniques pour faire face aux changements climatiques ? OuiLI NonLI

    Si oui, lesquels ?

    4. Adaptations prévues

    Eu égard aux différentes stratégies que vous développez actuellement face aux changements climatiques, quelles sont celles que vous prévoyez mettre en oeuvre pour vos adaptations futures ?

    6 a- Adaptations prévues (pratiques agricoles) Itinéraire technique

    Quelles sont les différentes mesures d'adaptation que vous prévoyez mettre en oeuvre concernant votre itinéraire technique pour faire face aux conséquences changements climatiques vécus sur vos parcelles?

    Quelles sont les activités que vous prévoyez développer pour faire face aux problèmes induits par les

    changements climatiques ? Nouvelles activités agricoles

    Elevage d'animaux Oui ~ Non ~

    Si oui, lesquels ?

    Transformation agroalimentaire Oui ~ Non ~

    si oui, lesquelles ?

    Autres

    Pêche

    Oui LI] Non ~

    Transformation de charbon

    Oui LI Non LI

    Vente de bois de chauffe

    Oui LIl Non ~

    Nouvelles activités non agricoles

    Commerce Oui ~ Non ~

    Activités artisanaux Oui ~ Non ~

    Autres

    Quelles sont les activités que vous prévoyez abandonner pour faire face aux problèmes induits par les changements climatiques ?

    Autres

    6 b. Adaptations prévues (aménagement)

    Quelles sont les aménagements individuels que vous prévoyez mettre en oeuvre pour adapter aux effets néfastes du changements climatiques ?

    Prévoyez-vous des aménagements collectifs au niveau de votre communauté villageoise pour faire face aux changements climatiques?

    Quelles sont les stratégies que vous vous prévoyez développer dans la conduite de vos animaux d'élevage pour faire face aux changements climatiques ?

    Transhumance OuiLI] Non~

    Introduction de nouvelles races Oui~ Non~

    Modification de l'alimentation des animaux OuiLI] Non~

    Autres

    Si oui, précision de la stratégie (pour les réponses cochées oui)

    Prévoyez-vous développer d'autres techniques pour faire face aux changements climatiques ? OuiLI] Non~

    Si oui, lesquelles ?

    Mots de fin

    Annexe 3 : Données sur les mesures d'adaptation

    R E

    Ty zon zon Zon ABAND ADO DPZ DPZ EXTE LAB FERTC O DR OUIC NONC L pes es 1 e 2 e 3 ARCH PRIZ 1V2 1V3 MBLV SEC HIM T AIN RED RED V

    po

    11

    3

    4

    7

    0

    0

    1

    3

    11

    8

    3

    2

    2

    9

    9

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    1

    pn

    10

    2

    2

    5

    3

    0

    1

    0

    8

    6

    2

    1

    1

    9

    0

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    1

    mo

    16

    11

    6

    9

    6

    5

    5

    15

    16

    7

    6

    4

    1

    15

    3

    mn

    10

    3

    3

    5

    1

    2

    1

    7

    10

    6

    3

    1

    4

    6

    9

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    1

    go

    17

    14

    8

    12

    1

    11

    3

    16

    17

    16

    9

    5

    9

    8

    7

    gn

    6

    4

    3

    5

    0

    6

    6

    5

    6

    6

    2

    2

    2

    4

    6

    - Corrélation Matrix

    Correlation Matrix

     

    zones1

    zone2

    Zone3

    ABANDARCH

    ADOPRIZ

    DPZ1V2

    DPZ1V3

    EXTEMBLV

    zones1

    1.0000

    0.8587

    0.8746

    0.9035

    0.5155

    0.4907

    -.0072

    0.8067

    zone2

    0.8587

    1.0000

    0.9644

    0.9426

    0.3628

    0.8517

    0.4306

    0.9488

    Zone3

    0.8746

    0.9644

    1.0000

    0.9846

    0.2046

    0.7958

    0.2924

    0.9111

    ABANDARCH

    0.9035

    0.9426

    0.9846

    1.0000

    0.2165

    0.7423

    0.1937

    0.8432

    ADOPRIZ

    0.5155

    0.3628

    0.2046

    0.2165

    1.0000

    -.0203

    0.2260

    0.3807

    DPZ1V2

    0.4907

    0.8517

    0.7958

    0.7423

    -.0203

    1.0000

    0.5923

    0.8049

    DPZ1V3

    -.0072

    0.4306

    0.2924

    0.1937

    0.2260

    0.5923

    1.0000

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    ROT

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand