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Perceptions, savoirs locaux et stratégies d'adaptations aux changements climatiques des producteurs des communes d'Adjohoun et de Dangbo au Sud- Est Bénin

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par Clément Olivier CODJIA
Université d'Abomey- Calavi (Bénin ) - Ingénieur agronome 2009
  

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11111111 II I ICONSEQUENCES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LE QUOTIDIEN DES PRODUCTEURS

En dehors des conséquences sur les unités de paysage, les producteurs expriment par ailleurs les conséquences des changements climatiques à travers les effets néfastes ressentis sur leurs activités, sur leur santé et leurs habitats. Ces conséquences sont présentées dans le présent chapitre.

7.1. Conséquences des changements climatiques sur les activités agricoles

Les activités agricoles évoquées ici sont l'agriculture et l'élevage.

7.1.1. Les niveaux d'affectation des principales cultures par les changements climatiques

Les conséquences des changements climatiques sur les cultures diffèrent selon les manifestations du facteur climatique considéré. Etant donné que ces manifestations diffèrent sensiblement pour leur part suivant les deux saisons pluvieuses de notre zone d'étude, les conséquences seront développées suivant les saisons pluvieuses et les différentes unités de paysage. Les effets des retards/ruptures de pluies, des excès de pluies de même que ceux des vents violents et des températures trop fortes caractéristiques des changements climatiques en cours dans nos deux villages d'études, seront donc exposés pour les principales cultures que sont le maïs, le niébé, l'arachide, le manioc et la patate douce.

> Conséquences des changements climatiques sur le maïs

Le maïs est cultivé sur les trois cycles de culture pratiqués par les producteurs des villages de Sissèkpa et de Zounta. On le retrouve dans les assolements des parcelles des trois unités de paysage. Il est cultivé aussi bien pour l'autoconsommation que pour la commercialisation. Mais avec les changements climatiques actuels, la culture de maïs est fortement affectée avec à la solde des pertes de récoltes et des baisses de rendement considérables.

En effet, le maïs est une culture exigeante en eau particulièrement sensible à la sécheresse aux moments de la levée mais surtout de la floraison qui se trouve être la période la plus critique de son cycle et, les températures doivent être élevées et régulières

immédiatement après. L'excès d'eau lui est toutefois préjudiciable car il provoque l'asphyxie ou même la pourriture des racines. Il se dégage que le maïs est une culture supportant mal aussi bien les retards/rupture de pluies que les excès de pluies.

Ainsi, les retards/ ruptures de pluies en début de la grande saison pluvieuse entraînent l'étalement des opérations de semis et de resemis sur des périodes inhabituelles. Ces opérations se poursuivent jusqu'en Juin chez certains paysans au lieu de début Mai comme autrefois. De cette façon, l'itinéraire technique du maïs est fortement bouleversé. La résultante de ce bouleversement est l'exposition du maïs sur tout son cycle pendant la grande saison pluvieuse à de fréquente période de stress hydriques et thermiques. Pendant la deuxième saison pluvieuse, la situation est plus désastreuse, compte tenu de sa courte durée de telle sorte que les opérations prolongées de semis, resemis projettent le bouclage du cycle de la culture hors de la période pluvieuse.

Les excès de pluies sur courte période sont surtout enregistrés pendant la grande saison pluvieuse. Lorsqu'ils surviennent sur les parcelles de bas de pente (plaine d'inondation), les excès de pluie sur courte durée du début de la grande saison pluvieuse provoquent la perte de tout ou d'une bonne partie de la récolte par inondation, lorsque les cultures de maïs n'ont pas encore commencé à sécher. Dans ce dernier cas, seule une récolte précoce permet de sauver la récolte avec les changements climatiques actuels. Sur les parcelles de haut et de milieu de pente, l'excès de pluie sur plusieurs jours de pluies provoquent sur la culture de maïs le jaunissement des jeunes plants ou l'attaque massive des épis par les insectes foreur de grains. L'encadré 4 est le témoignage d'un producteur septuagénaire.

Encadré 4 : Témoignage d'un producteur à propos des conséquences des changements cimatiques sur la production de maïs

C'est avec un peu de pluies et un peu de soleil que les plantes se développent bien ! Avec les excès de pluies sur courte durée, même les doses d'engrais que nous apportons aux cultures n'ont plus d'effet. Avec les excès de pluies qui arrivent désormais à la fin de la grande saison pluvieuse, nous ramenons rarement des épis de maïs intacts à la maison. Presque toute la récolte est attaquée par des insectes. Nous avons beaucoup de mal à conserver nos récoltes de maïs de la grande saison avec ce qui nous arrivent ces dernières années.

Source Données d'enquêtes (Zounta) Septembre 2009

Les vents violents de la fin de la grande saison pluvieuse occasionnent sur la culture du maïs des cas de verse. Ces cas de verse sont plus importants sur l'unité de haut de pente selon 81,42% de CE enquêtés. Le tableau 12 présente les proportions de pertes de récoltes par saison et suivant les différentes unités de paysage pour la culture de maïs.

Tableau 12: Proportion de pertes de récoltes par saison et suivant les différentes unités de paysage pour la culture de maïs

Saisons pluvieuses

Grande saison

Petite saison

Contre saison

% de

pertes

Min

Moy

Max

Min

Moy

Max

Min

Moy

Max

Zone 1

25

54,28

70

45

62,85

75

-

-

-

Zone 2

25

42,02

55

40

50,94

60

-

-

-

Zone 3

-

-

-

-

-

-

0

1,53

5

 

Source: Données d'enquête Août-Octobre 2009

Des informations du tableau 12, il se dégage que les pertes moyennes de récolte de maïs les plus élevées sont enregistrées au cours de la petite saison pluvieuse. Au cours de cette saison, les pertes moyennes de la zone 1 (62,85%) sont plus élevées que celles de la zone 2 (50,94%). Cette situation est aussi valable pour les pertes de récoltes de la grande saison pluvieuse seulement qu'elles sont moins élevées que celles de la petite saison pluvieuse (54,28% et 42,02%). Pour la zone3, hormis les cas de pertes de la totalité des récoltes en cas d'inondation précoce, les pertes de récoltes enregistrées au cours des changements climatiques sont presque négligeables (1,53%).

> Conséquences des changements climatiques sur la culture de niébéLe niébé est la culture la plus impactée par les effets néfastes des changements climatiques dans les villages de Sissèkpa et de Zounta.

Le niébé est produit pour l'autoconsommation mais surtout pour la commercialisation par les exploitations agricoles de nos deux villages d'enquêtes. Sa production se fait sur les trois unités de paysages exploitées par les producteurs agricoles et concerne la grande saison pluvieuse et la saison de décrue.

Cependant, les retards/ruptures de pluies de la grande saison pluvieuse font peser sur la culture du niébé, le risque de disparition des assolements pour les parcelles situées dans les unités de haut de pente (plateau) et de milieu de pente (rebord de plateau). L'encadré 5 est le

témoignage d'un producteur sexagénaire du village de Sissèkpa qui rend compte de la situation des conséquences climatiques sur la production de niébé.

Encadré 5: Les conséquences des changements cimatiques sur la production du niébé : témoignage d'un producteur

Cette année, pour la culture du niébé, j'ai payé des semences pour 1200F et j'ai dépensé en dehors de mes efforts personnels et de ceux de mes enfants qui m'aident quelque fois, 50.000F pour la main d'oeuvre salariée, de la confection des billons jusqu'au sarclage d'entretien, mais je n'ai pas ramené 5 mesures de niébé (1mesure=1kg) à la maison au moment des récoltes. Les pluies ont coupé au moment où les plants ont commencé par former les gousses.

Nous ne savons plus quoi faire. Depuis plus de Cinq (5) ans déjà, c'est ce à quoi nous assistons. Nos rendements de niébé ne cessent de baisser progressivement. Moi, j'ai même commencé par appliquer de l'urée et du NPK sur mes parcelles de niébé tout comme certains autres paysans. Mais ça n'a rien changé. Avec la rupture des pluies enregistrée à la fin de la grande saison pluvieuse, au lieu de trois récoltes comme autrefois, nous n'arrivions plus qu'à faire une seule récolte. Mais ce qui est arrivé cette année, c'est du jamais vu pour moi depuis que je cultive la terre (Voir photo 4).

C'est uniquement ceux qui n'ont pas attendu de finir avec les opérations d'entretien du maïs, avant d'entamer celles des semis du niébé qui ont pu récolter de niébé. Cela nous crée ainsi, un cumul de travaux que nous avons beaucoup du mal à gérer. Nos enfants sont encore à l'école en Mai et la mobilisation des tâcherons à temps est tout un problème dans notre milieu ici. A défaut d'abandonner le maïs et ceci, au risque de mourir de faim, nous sommes obligés de chercher des variétés qui durerons moins sur les champs que ce que nous faisons maintenant si nous voulons nous en sortir de cette situation.

Source : Données d'enquête, (Sissèkpa) Août-Octobre 2009

Les informations contenues dans l'encadré 5 montrent que la production du niébé est

devenue un dilemme pour les producteurs des villages de Sissèkpa et de Zounta avec le raccourcissement de la durée de la grande saison pluvieuse.

Photo 4 : Conséquences de la rupture précoce de la grande saison sèche sur la culture de niébé

à Zounta (gauche) et à Sissèkpa (droite) Source : Cliché CODJIA, Août 2009

Le tableau 13 présente les proportions de pertes de récoltes par saison et suivant les différentes unités de paysage pour la culture du niébé.

Tableau 13 : Proportion de pertes de récoltes par saison et suivant les différentes unités de paysage pour la culture du niébé.

Saisons
pluvieuses

Grande saison

Contre saison

% de
pertes

Min

Moy

Max

Min

Moy

Max

Zone 1

45

61,42

80

-

-

-

Zone 2

40

50,54

60

-

-

-

Zone 3

-

-

-

0

2,08

5

 

Source: Données d'enquête Août-Octobre 2009

Il se dégage du tableau 13 que les pertes moyennes de récolte de niébé sur les zones 1 et de 2 respectivement de 61,42% et de 50,54% sont plus élevées que celle enregistrées pendant la culture de contre saison 2,08%.

> Conséquences des changements climatiques sur la culture d'arachide

Les changements climatiques ont induit une modification de l'itinéraire technique de la production d'arachide pendant la deuxième saison pluvieuse. L'arachide est produit exclusivement pour la commercialisation ou la transformation. Mais, avec les péjorations climatiques de la petite saison pluvieuse notamment les retards/ ruptures de pluies en début de la saison, la culture d'arachide se trouve fortement affectée sur les parcelles des unités de paysage de haut de pente et de milieu de pente. Tout comme la culture de Maïs avec qui l'arachide se cultive en association sur ces deux unités de paysage, les retards/ruptures de pluies en début de la deuxième saison pluvieuse entraînent l'étalement des opérations de semis et de resemis. Ces opérations qui prenaient fin en Septembre autrefois, se poursuivent jusqu'à fin mi Octobre avec les changements climatiques. De cette façon, les poches de sécheresse intervenant à la fin de la saison en Novembre exposent la culture d'arachide au manque d'eau pour la floraison-formation des gousses. La période de floraison-formation des gousses (30-70 jours après semis) correspond en effet à la période critique de l'arachide à la sécheresse. Il en découle une baisse de rendement considérable. Mentionnons toute fois que

les péjorations climatiques de cette grande saison pluvieuse ne sont pas pour leur part sans effets sur la culture d'arachide sur ces deux unités de paysage.

Le tableau 14 présente les proportions de pertes de récoltes par saison et suivant les différentes unités de paysage pour la culture d'arachide.

Tableau 14 : Proportion de pertes de récoltes par saison et suivant les différentes unités de paysage pour la culture du d'arachide.

Saisons
pluvieuses

Grande saison

Petite saison

Contre saison

% de
pertes

Min

Moy

Max

Min

Moy

Max

Min

Moy

Max

Zone 1

5

11,71

20

20

36,74

55

-

-

-

Zone 2

5

7,10

25

15

22,85

35

-

-

-

Zone 3

-

-

-

-

-

-

0

3,56

10

 

Source: Données d'enquête Août-Octobre 2009

Des informations contenues dans le tableau 14, il ressort que les pertes moyennes de récoltes s'élevant respectivement à 11,71% et à 36,74% au cours de la grande et de la petite saison pluvieuse sur la zone 1 sont plus élevées par rapport à celles enregistrées sur la zone 2 pour ces mêmes saisons et qui s'élèvent 7,10% et 22,85%.

> Conséquences des changements climatiques sur les cultures de manioc et de la patate douce

Les changements climatiques affectent beaucoup la production de manioc et de patate douce dans notre zone d'étude. Ces cultures subissent les conséquences des changements climatiques aussi bien sur les unités de haut de pente, de milieu de pente que pendant les trois saisons de culture. Toute fois, l'ampleur des effets des poches de sécheresse sur ces cultures sont variables suivants les différentes unités de paysage pour chaque saison de culture.

Ainsi, sur les parcelles de haut de pente, la multiplication des poches de sécheresse et le raccourcissement de la durée des deux saisons pluvieuses, enregistrés au cours des quinze (15) dernières années expose les cultures de manioc et de patate douce à des retards de croissance. De cette façon, la dessiccation prolongée des sols des parcelles en haut de pente ne favorise plus le développement végétatif suffisant des cultures de manioc et de patate douce pour pouvoir supporter la sécheresse des saisons sèches. De ce fait, la production de

manioc et de patate douce est de plus en plus déplacée par les producteurs vers les parcelles de l'unité de milieu de pente où les sols retiennent plus longtemps l'eau et où la dessiccation prolongée est moins fréquente en vue de la limitation des baisses de rendement.

Sur les parcelles situées en bas de pente (zone de plaine d'inondation), les excès de pluies de la grande saison pluvieuse occasionne l'inondation précoce des parcelles et provoque des pertes de récoltes par pourrissement des racines de manioc et des tubercules de la patate douce.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle