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Perceptions, savoirs locaux et stratégies d'adaptations aux changements climatiques des producteurs des communes d'Adjohoun et de Dangbo au Sud- Est Bénin

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par Clément Olivier CODJIA
Université d'Abomey- Calavi (Bénin ) - Ingénieur agronome 2009
  

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CHAPITRE 8: STRATEGIES D'ADAPTATION DES POPULATIONS LOCALES FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES : Adaptations réalisées et prévues

Ce chapitre aborde les stratégies d'adaptation développées ou prévues par les producteurs de Sissèkpa et de Zounta pour faire face aux bouleversements climatiques vécus actuellement dans leur terroir.

En effet, afin de pouvoir continuer à tirer l'essentiel de leur subsistance de leur milieu de vie malgré les changements climatiques, les populations locales ont donc, développé diverses stratégies d'adaptation. Ces stratégies concourent à la limitation des effets néfastes induits par les modifications du climat local, et sont assez variées au sein de la communauté paysanne. Fortement inspirées des nouvelles perceptions du climat, les stratégies mises en oeuvre sont aussi bien collectives qu'individuelles avec un fort enracinement dans les savoirs locaux. Les savoirs et savoir faire en cours dans le milieu ont du être réajustés au contexte climatique actuel.

Ainsi, des stratégies collectives telles que les prières collectives aux divinités « tolégba » et « lô » de même que le recours aux services des faiseurs de pluies sont communes aux deux villages d'études et interviennent dans l'adaptation aux retards/ruptures ainsi que les excès de pluies.

Les stratégies individuelles se déclinent en des composantes incluant aussi bien la conduite des cultures, que des animaux d'élevage, la gestion des sols du terroir et la diversification des sources de revenus. Dans notre développement, seules les stratégies individuelles des producteurs au sein de leur exploitation seront exposées dans un premier temps. Par la suite, nous exposerons les stratégies prévus pour le court et moyen terme par les producteurs.

8.1. Adaptations réalisées par les producteurs agricoles

En vue de tenir compte de la diversité des stratégies développées par les producteurs de notre zone d'étude nous avions réalisé une typologie de structure à priori des exploitations agricoles de nos deux villages d'enquête. Les différents types d'exploitations enquêtés ont été déjà présentés dans le chapitre sur la méthodologie et analysés dans le chapitre consacré à la présentation des caractéristiques socio-économiques des exploitations enquêtées.

Nous rappelons toute fois ici, les critères de typologie utilisés et les six (6) types d'exploitations enquêtés. En effet deux critères ont été utilisés. Il s'agit de la superficie totale cultivée au sein de l'exploitation et la possession de palmeraie. A partir de la combinaison des modalités de ces deux critères les six types d'exploitation obtenus sont :

I : Exploitations de petite production agricole ne possédant pas de palmeraie (Pn)

II : Exploitations de petite production agricole possédant de palmeraie (Po)

III : Exploitations de production agricole moyenne ne possédant pas de palmeraie (Mn)

IV : Exploitations de production agricole moyenne possédant de palmeraie (Mo)

V : Exploitations de grande production agricole ne possédant pas de palmeraie (Gn)

VI : Exploitations de grande production agricole possédant de palmeraie (Go)

La répartition des exploitations enquêtées suivant ces différents types est consignée dans le tableau 14.

Tableau 14 : Répartition des exploitations enquêtées suivant les différents types distingués

Types
d'exploitations

Pn

Po

Mn

Mo

Gn

Go

Total

Effectif

10

11

10

16

6

17

70

 

Source : Données d'enquêtes terrain Août-Octobre 2009

8.1.1. Conduite des cultures

Dans ce domaine, les producteurs ont développé plusieurs mesures d'adaptation. Elles sont variées et se déclinent en ce qui suit : abandon de cultures ou de variétés, adoption de nouvelles cultures ou variétés, déplacement de culture d'une unité de paysage à une autre, modification des emblavures et changement d'itinéraire technique.

s/ Abandon de cultures ou de variétés

L'abandon de culture comme mesure d'adaptation aux changements climatiques dans les villages de Sissèkpa et de Zounta concerne deux cultures. Il s'agit de l'arachide et du taro.

Pour la culture d'arachide, l'abandon progressif provient de l'amenuisement total de son rendement induit par les péjorations climatiques. Les retards de pluies enregistrés au cours du début de la deuxième saison pluvieuse et les ruptures de pluies qui caractérisent la fin de cette saison, ont donc, impliqué un raccourcissement de la durée de la deuxième saison pluvieuse de telle sorte que le cycle végétatif des variétés d'arachide cultivées ne tient plus dans la

nouvelle durée de la saison. C'est alors la réduction sensible du rendement de cette qui à conduit à l'abandon de la culture d'arachide au cours de la deuxième saison pluvieuse par les producteurs (plus de 77% des CE enquêtés). Cette mesure d'abandon s'explique surtout de la part des producteurs, par le fait qu'elle leur permet de se concentrer sur la culture de maïs afin de pouvoir effectuer ses opérations de semis à temps. C'est donc une mesure de choix du moindre mal qui n'est rien d'autre qu'une mesure de contournement des risques climatiques permettant aux producteurs de se mettre ainsi hors d'atteinte des effets des bouleversements climatiques sur la culture d'arachide pendant la deuxième saison pluvieuse.

Concernant la culture du taro, c'est l'effet combiné du raccourcissement de la durée des deux saisons pluvieuses et la persistance des deux saisons sèches qui ont motivé les producteurs à son abandon dans les systèmes de culture au cours des deux saisons pluvieuses (plus de 84 % des CE enquêtés).

s/ Adoption de cultures ou variétés de culture

En réaction aux conséquences des bouleversements d'ordre climatiques vécus, certains producteurs ont opté pour l'adoption dans leurs systèmes de cultures de nouvelles variétés et de nouvelles spéculations. Mentionnons toutefois que cette mesure est encore restreinte à une faible proportion des producteurs de nos deux villages d'étude (16% des CE enquêtés).

L'adoption de nouvelles cultures concerne le riz pluvial NERICA. En effet, à la faveur de leur contact permanent avec les agents du CeRPA, certains producteurs ont découvert cette nouvelle culture qu'ils ont dû adopter. Le cycle relativement court de trois (3) mois de ce riz pluvial lui permettant de supporter les conséquences du raccourcissement des saisons pluvieuses est un facteur favorisant de cette adoption. La lenteur de la diffusion de cette culture doit être due à la méconnaissance des exigences de son itinéraire par beaucoup de producteurs pour le moment.

L'adoption de nouvelles variétés de culture concerne le maïs. En vue de pouvoir palier aux conséquences des ruptures de pluie en fin de cycle, certains producteurs ont introduit les variétés locales de maïs de trois (3) mois cultivées pendant la contre saison dans la zone de décrue dans les systèmes de cultures pluviales. La lenteur de la diffusion de cette mesure au sein des producteurs tient au fait que c'est une mesure innovatrice qui est encore inconnue de certains producteurs, et pour d'autres c'est la nostalgie des rendements obtenus dans les temps anciens avec les variétés traditionnelles de maïs qui explique leur hésitation à adopter.

1' Déplacement de cultures (extension à une nouvelle unité de paysage d'une culture donnée)

Le déplacement de culture est l'une des mesures d'adaptation les plus développées par les producteurs des villages de Sissèkpa et de Zounta. Dans le contexte spécifique de nos deux villages, le déplacement de cultures se traduit par l'extension vers une nouvelle unité de paysage du terroir d'une culture donnée. Cette mesure concerne surtout les cultures à cycle long qui figurent encore dans les assolements des producteurs. Il s'agit du manioc et de la patate douce. Pour faire face aux stress hydrique et thermique induits par les ruptures/retards de pluie en saison pluvieuse de même que la persistance de la sécheresse pendant les saisons sèches les producteurs ont opté pour l'extension des cultures de manioc et de patate douce vers les unités de paysage de milieu de pente et de bas de pente (plus de 77% des CE enquêtés). Cette mesure de déplacement des cultures de patate douce et de manioc est en fait une mesure défensive qui permet aux producteurs de limiter les effets des changements climatiques sur la productivité de ces cultures.

1' Changement progressif du calendrier agricole et des itinéraires techniques

Cette mesure d'adaptation regroupe toute une gamme de nouvelles pratiques développées par les producteurs. Ainsi, avec les conditions climatiques des plus incertaines du milieu, de nouvelles pratiques telles que le labour à sec, l'application de forte dose d'engrais même aux cultures légumineuse des fois ; et la modification des rotations ont pris corps dans les itinéraires techniques anciens aboutissant au changement progressif du calendrier cultural empirique.


· Le labour à sec pour les semis précoce

Face aux retards que connaissent le démarrage des deux saisons pluvieuses dans leur localité, et les poches de sécheresse enregistrées en début de saison pluvieuse les producteurs des villages de Sissèkpa et de Zounta ont développé la technique de labour à sec. En effet, en vue de pouvoir démarrer les opérations de semis de culture dès les premières pluies, les producteurs procèdent au labour de leur champ en début de saison bien avant l'installation des pluies (98% des CE enquêtés). Autrefois, c'était avec les premières pluies que démarraient les opérations de labour. C'est une mesure qui exige un surcoût d'effort de la part des producteurs et se pratique sur les unités de paysage de haut de pente (plateau) et de milieu de pente (rebord des plateaux).

Photo 7 : Parcelles labourées à sec en attendant le démarrage des pluies pour les semis précoces

Source : Cliché CODJIA, Octobre 2009

· L'intensification de l'utilisation de fertilisants chimiques aux cultures

Cette mesure est développée par les producteurs sur les parcelles en haut de pente (plateau) et de milieu de pente (rebord plateau) dans le but de réduire la baisse de rendement induit par les retards des pluies et le raccourcissement de la durée des saisons pluvieuses. C'est une mesure défensive dont la durabilité et l'intérêt agronomique peuvent être néanmoins discuté surtout si l'on considère les cas où elle s'applique même aux cultures légumineuses telles que le niébé et l'arachide. Pour notre échantillon d'étude, environ 68% des producteurs l'appliquent à l'une et/ou l'autre de ces deux cultures. En principe, ces cultures sont censées améliorer la fertilité des sols.

· La modification de certaines rotations de culture

Les conséquences du raccourcissement de la durée des deux saisons pluvieuse ont conduit les producteurs à la modification de la succession des cultures. Ainsi, la culture du niébé qui s'installait dans la période ancienne après les opérations d'entretien du maïs de la grande saison pluvieuse a commencé par être installée au que ces opérations.

Parcelle de niébé installée au moment des Parcelle de niébé installée après les

opérations d'entretien du maïs (Sissèkpa) opérations d'entretien du maïs (Sissèkpa)

Photo 8: Effet de la modification de la rotation maïs-niébéSource : Cliché CODJIA, Août 2009

1' La modification des emblavures

La modification des emblavures en tant que mesure d'adaptation aux changements climatiques se décline dans les villages de Sissèkpa et de Zounta aussi bien en l'extension qu'en la diminution des superficies totales cultivées. Les cas de diminution d'emblavure sont moins répandus. Environ 65% des CE enquêtés ont augmenté leur superficie totale emblavée. Avec, la forte pression foncière qui prévaut dans les deux villages, c'est surtout l'achat de parcelles et le recours aux modes de faire valoir indirects tels que le gage et le prêt qui permettent aux producteurs l'augmentation de leur superficie exploitée.

1' Exploitation des unités de paysage

Le tableau 15 présente l'occupation de chaque unité de paysage par les producteurs.

Tableau 15 : Répartition des CE suivant l'occupation de chaque unité de paysage

Zones

Oui

Non

Zone 1 (haut de pente)

70

0

Zone 2 (milieu de pente)

37

33

Zone 3 (bas de pente)

26

44

 

Source : Données enquête de terrain, Août-Octobre 2009

Il se dégage des informations du tableau 15 que la totalité des producteurs enquêtées ont des parcelles situées en haut de pente (plateau). Plus de la moitié (50%) des producteurs enquêtés ont des parcelles dans l'unité de paysage de milieu de pente. Près de 40% des producteurs exploitent l'unité de paysage de bas de pente. Autrement, c'est 40% des producteurs enquêtés qui font des cultures de contre saison donc, trois cycles de cultures par an.

La répartition des CE par rapport à l'occupation d'au moins deux unités de paysage est présentée dans le tableau 16.

Tableau 16: Répartition des CE suivant l'occupation des différentes unités de paysage

CE

Zone 1 et 2

Zone 1 et 3

Zone 2 et 3

Zone 1, 2 et 3

Fréquence

23

11

0

17

 

Source : Données enquête de terrain, Août-Octobre 2009

Il se dégage des informations du tableau 16 qu'il n'y a pas de producteurs, exploitant uniquement les zones 2 et 3 à la fois. Il en ressort également que le quart (25%) des producteurs exploitent simultanément les unités de haut, milieu et de bas de pente. Au total, près des trois quart (73%) des producteurs enquêtés exploitent simultanément au moins deux (2) unités de paysage.

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