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Fécondité des adolescentes en RDC: recherche des facteurs explicatifs

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par Frédéric POUMBOU
Université de Yaoundé II - Cameroun - Diplôme d'études supérieures spécialisées en démographie 2008
  

Disponible en mode multipage

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ORGANISME INTER ETATIQUE

REPUBLIQUE DU CAMEROUN

UNIVERSITE DE YAOUNDE II (SOA)

INSTITUT DE FORMATION ET DE RECHERCHE DEMOGRAPHIQUES

FECONDITE DES ADOLESCENTES AU CONGO : RECHERCHE DES FACTEURS EXPLICATIFS

28 ème Promotion (2006-2008)

Mémoire de fin d'études Présenté et soutenu par :

POUMBOU Frédéric

En vue de l'obtention du :

Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en Démographie (DESSD)

Option : Collecte et analyse des données

Directeur :

Dr. NOUETAGNI Samuel

 

Lecteur :

Dr. ELOUNDOU-ENYEGUE Parfait

 
 

Mentor : Dr. SCHOUMAKER Bruno

Yaoundé, septembre 2008

DEDICACES

« De tout mon coeur, je veux te louer, Seigneur, et raconter toutes tes merveilles. Je veux chanter victoire grâce à toi, et te célébrer par mes chants, Dieu très-haut. »

Ce travail est dédié à :

Ma mère LOTEBE JEANNE,

« Pour ton amour incommensurable et pour tous les sacrifices consentis à la réussite de ton fils dernier-né. »

Mon défunt père MOKEMIABEKA Daniel,

« Que ce modeste travail fruit de notre optimisme partagé te parvienne dans l'au-delà. »

Mes grandes soeurs : Brigitte, Georgine et Thècle,

« Mes secondes mamans ! Sans votre amour et votre soutien nous ne serions parvenu à ce stade. »

Mes grands frères : Daniel, André, François et Grégoire ``Epé'',

« Que ce modeste travail soit la récompense de l'attention particulière que vous accordiez toujours à mes études. »

REMERCIEMENTS

Nous sommes reconnaissants envers un grand nombre de personnes ou institutions pour leur contribution et leur appui à notre formation à l'IFORD et dans la réalisation de ce travail.

Nous sommes très reconnaissant à l'endroit du Docteur NOUETAGNI Samuel qui a dirigé avec rigueur, dynamisme et enthousiasme ce travail, malgré ses multiples occupations.

Nous tenons à remercier particulièrement le Docteur ELOUNDOU-ENYEGUE Parfait et le Docteur Bruno SCHOUMAKER, qui nous ont accordé leur temps précieux et qui ont enrichi ce travail par leurs critiques, remarques, suggestions et orientations.

Nous remercions également tout le corps enseignant et administratif de l'IFORD, notamment le Pr. EVINA AKAM, le Dr. RWENGUE MBURANO et le Dr. KAMDEM Hélène, dont la contribution a été sans précédent pour notre formation.

Nous remercions sincèrement le Service de Coopération Française de l'Ambassade de France au Congo (Brazzaville), notamment Monsieur Vincent MONADE, pour avoir accepté de financer notre formation à l'IFORD.

Nous tenons également à remercier : le Dr. APOKO J-F., l'Abbé OKEMBA Teddy, Messieurs EWONGO Siméon, BANGO Ange, EKABA Christian, LONGANGUE Serge, ANDESSA Aristide, ELINGABATO Hervé, OBONGUI Christian, MEMBE Symphorien, MOUGANI Yvon, GAKOSSO Dany, OBILI Dave, tous les membres de la famille BANGO-BOTAYEKE, tous mes ami(e)s et frères de la rue Kassaï et de l'Archiconfrérie du St-Esprit (Ste-Anne du Congo), pour leurs encouragements et leur soutient tant spirituel, moral, matériel que financier à notre endroit.

Nos remerciements à : Monsieur Marc PAWLAK (SCAC, Yaoundé-Cameroun), M. Marcelin OYOBISSI, Mlle. Lili MALONGA et Mlle. Liliane TEPONGNING, pour l'accueil et l'hospitalité accordés durant notre séjour au Cameroun.

Nous ne saurions terminer sans pour autant remercier nos ami(e)s de la 27ème, 28ème et 29ème promotions de l'IFORD, notamment Odzo-Dimi A., Tiémoko D. et Sawadogo S., pour l'ambiance et les peines partagées durant la formation.

A tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à l'aboutissement de ce travail et dont les noms n'ont pas été cités, qu'ils trouvent dans ce modeste mémoire la marque de notre gratitude.

LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS

ACBEF : Association Congolaise pour le Bien Etre Familial

ACP : Analyse en Composantes Principales

AFCM : Analyse Factorielle des Correspondances Multiples

CCC : Communication pour le Changement de Comportement

CFA : Communauté Financière d'Afrique

CHU : Centre Hospitalier et Universitaire

CIPD : Conférence Internationale sur la Population et le Développement

CNSEE : Centre National de la Statistique et des Etudes Economiques

CPN : Consultations Pré Natales

CSI : Centre de Santé Intégrée

DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

ECOM : Enquête Congolaise auprès des Ménages pour l'évaluation de la pauvreté

EDS : Enquête Démographique et de Santé

EDSC-I : Enquête Démographique et de Santé du Congo n°1

EVF : Education à la Vie Familiale

FVVS : Femmes Victimes de Violences Sexuelles

ICNU : Indice Combiné des Nations Unis

IDH : Indice de Développement Humain

IFORD : Institut de Formation et de Recherche Démographiques

IPPF : Fédération Internationale du Planning Familial

IRC : International Rescue Commitee

ISF : Indice Synthétique de Fécondité

IST/MST : Infections Sexuellement Transmissibles/Maladies Sexuellement Transmissibles

NV : Naissances Vivantes

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

OMS/WHO : Organisation Mondiale de la Santé/ World Health Organization

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

OR : Odds Ratio

PEV : Programme Elargi de Vaccination

PF : Planification Familiale

PIB : Produit Intérieur Brut

PNDS : Plan National pour le Développement Sanitaire

PNLS : Politique National de Lutte contre le Sida

PNUD/UNDP : Programme des Nations Unies pour le Développement

RDC : République Démocratique du Congo

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

RMM : Ratio de Mortalité Maternelle

RNDH : Rapport National de Développement Humain

SIDA : Syndrome d'Immuno-Déficience Acquise

SPAD: Segmentation par Arbre de décision binaire Discrimination et Régression

SPSS: Statistical Package for the Social Sciences

SR : Santé de la Reproduction/Santé Reproductive

SRA: Santé Reproductive des Adolescent(e)s

SSR: Santé Sexuelle et Reproductive

TBA : Taux Brut d'Accès

TBM : Taux Brut de Mortalité

TBS : Taux Brut de Scolarisation

TNS : Taux Net de Scolarisation

TPI : Traitement Préventif Intermittent

UNESCO: Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture

UNFPA : Fonds des Nations Unies pour la Population

UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'Enfance

USD: United States Dollar/Dollar Américain

VIH : Virus d'Immunodéficience Humaine

ZD : Zone de Dénombrement

SOMMAIRE

DEDICACES iii

REMERCIEMENTS iv

LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS v

SOMMAIRE vii

LISTES DES TABLEAUX ix

LISTE DES SCHEMAS, CARTES ET GRAPHIQUES x

RESUME xi

INTRODUCTION GENERALE 0

CHAPITRE I : CONTEXTE DE L'ETUDE 4

I.1. SITUATION ET LIMITES GEOGRAPHIQUES DU CONGO 4

I.2. SITUATION ECONOMIQUE DU CONGO 6

I.3. ASPECTS DEMOGRAPHIQUES DU CONGO 7

I.4. ASPECTS SOCIOCULTURELS DU CONGO 8

I.5. SITUATION SANITAIRE DU CONGO 14

CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE 21

II.1. REVUE DE LA LITTERATURE 21

II.2. HYPOTHESES ET SCHEMA CONCEPTUEL 50

II.3. DEFINITION DES CONCEPTS LIES À L'ETUDE 52

CHAPITRE III : PRESENTATION ET EVALUATION DES DONNEES, METHODOLOGIE 60

III.1. SOURCE DES DONNEES 60

III.2. EVALUATION DE LA QUALITE DES DONNEES 62

III.3. DISTRIBUTION DES VARIABLES D'ANALYSE 68

III.4. METHODES STATISTIQUES D'ANALYSE DES DONNEES 72

III.5. CONSTRUCTION D'UN INDICATEUR DE NIVEAU DE VIE DES MÉNAGES 75

CHAPITRE IV : NIVEAUX ET VARIATION DE LA FECONDITE DES ADOLESCENTES AU CONGO 78

IV.1. NIVEAUX DE LA FECONDITE DES ADOLESCENTES AU CONGO 78

IV.2. VARIATIONS DES DETERMINANTS IMMEDIATS DE LA FECONDITE DES ADOLESCENTES AU CONGO 78

IV.3. ASPECTS DIFFERENTIELS DE LA FECONDITE PRECOCE DES ADOLESCENTES AU CONGO 91

IV.4. PROFIL DES ADOLESCENTES EXPOSEES A LA MATERNITE PRECOCE AU CONGO 97

CHAPITRE V : IDENTIFICATION DES FACTEURS EXPLICATIFS DE 101

LA FECONDITE DES ADOLESCENTES AU CONGO 101

V.1. IDENTIFCATION DES FACTEURS EXPLICATIFS DES DETERMINANTS IMMEDIATS DE LA FECONDITE DES ADOLESCENTES 102

V.2. IDENTIFICATION DES FACTEURS DE LA FECONDITE PRECOCE DES ADOLESCENTES 112

V.3. CONTRIBUTION DES VARIABLES A L'EXPLICATION DE LA FECONDITE PRECOCE DES ADOLESCENTES 121

V.4. SYNTHESE ET DISCUSSION DES RESULTATS 122

CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS 124

REFERENCES BIBLIOGRAPHIES 130

ANNEXES a

LISTES DES TABLEAUX

Tableau 1: Evolution des principaux indicateurs sociodémographiques au Congo 8

Tableau 2 : Principaux indicateurs sociodémographiques/sanitaires du Congo 20

Tableau 3 : Variables et modalités retenues pour l'étude 56

Tableau 4: Effectif des adolescentes et taux de réponses des différentes variables 63

Tableau 5: Répartition par âge des adolescentes (15-19 ans) 64

Tableau 6: Répartition des adolescentes selon l'âge aux premiers rapports sexuels 65

Tableau 7: Répartition des adolescentes selon l'âge au premier mariage 66

Tableau 8: Statut matrimonial 66

Tableau 9: Répartition des adolescentes selon l'âge à la première maternité 67

Tableau 10: Utilisation actuelle des méthodes contraceptives chez les adolescentes (15-19 ans) 67

Tableau 11: Répartition des adolescentes selon les caractéristiques socioculturelles et socioéconomiques 69

Tableau 12 : Répartition des adolescentes selon les caractéristiques familiales 70

Tableau 13 : Répartition des adolescentes selon leurs caractéristiques individuelles 71

Tableau 14 : Répartition des adolescentes selon leurs caractéristiques comportementales 72

Tableau 15 : Analyse différentielle de la première activité sexuelle 82

Tableau 16 : Analyse différentielle du premier mariage 86

Tableau 17 : Analyse différentielle de l'utilisation des méthodes contraceptives 90

Tableau18 : Environnement socioculturel/socioéconomique de l'adolescente et maternité précoce 92

Tableau 19 : Environnement familial de l'adolescente et maternité précoce 93

Tableau 20 : Caractéristiques de l'adolescente et maternité précoce 95

Tableau 21 : Comportement de l'adolescente et maternité précoce 96

Tableau 22 : Risques relatifs de sexualité précoce des adolescentes congolaises (EDSC-I, 2005) 105

Tableau23 : Risques relatifs d'utiliser les méthodes contraceptives modernes chez les adolescentes congolaises âgées de 15-19 ans (EDSC-I, 2005) 109

Tableau 24 : Risques relatifs de fécondité précoce des adolescentes congolaises âgées de 15-19 ans (EDSC-I, 2005) 118

Tableau 25 : Hiérarchisation par ordre décroissant des facteurs selon leur contribution à l'explication du risque de fécondité précoce des adolescentes au Congo 121

Tableau 26 : Synthèses des analyses de la fécondité des adolescentes congolaises 123

Tableau A1: Répartition des adolescentes par ethnie selon les autres variables socioculturelles et socioéconomique (EDSC-I 2005) a

Tableau A2: Répartition des adolescentes par milieu de socialisation selon les autres variables socioculturelles et socioéconomique (EDSC-I 2005) a

Tableau A3: Répartition des adolescentes par religion selon les autres variables socioculturelles et socioéconomique (EDSC-I 2005 b

Tableau A5: Répartition des adolescentes par milieu de résidence selon les autres variables socioculturelles (EDSC-I 2005) b

Tableau A6: Répartition des adolescentes par niveau de vie du ménage selon l'environnement socioculturel/socioéconomique (EDSC-I 2005) c

Tableau A7: Répartition des adolescentes par sexe du chef de du ménage selon l'environnement socioculturel/socioéconomique (EDSC-I 2005) c

Tableau A8: Répartition des adolescentes par fréquence d'exposition à la télé selon l'environnement socioculturel/socioéconomique (EDSC-I 2005) d

Tableau A9 : Contribution des variables à l'explication de la fécondité précoce des adolescentes au Congo d

Tableau A10: Répartition des adolescentes par niveau d'instruction selon l'environnement socioculturel/socioéconomique et l'environnement familial (EDSC-I 2005) e

Tableau A11: Répartition des adolescentes par connaissance des méthodes contraceptives selon l'environnement socioculturel/socioéconomique et l'environnement familial (EDSC-I 2005) f

Tableau A12 : Risques relatifs de nuptialité précoce des adolescentes 15-19 ans (EDSC-I, 2005) g

Tableau A13: Répartition des adolescentes par connaissance du cycle ovulatoire selon l'environnement socioculturel/socioéconomique et l'environnement familial (EDSC-I 2005) h

Tableau A14 : Résultats de l'AFCM sur les adolescentes congolaises (EDSC-I, 2005) i

LISTE DES SCHEMAS, CARTES ET GRAPHIQUES

Carte n°1 : Carte administrative de la République du Congo 5

Schéma 1 : Schéma conceptuel de la fécondité des adolescentes 50

Schéma 2 : Schéma d'analyse de la fécondité des adolescentes 57

Graphique 1 : Répartition par âge des adolescentes 15-19 ans dans l'échantillon (EDSC-I, 2005) 64

Graphique 2 : Courbe de l'âge à la première maternité des adolescentes (15-19 ans) 67

RESUME

Le besoin d'une meilleure compréhension des facteurs qui déterminent la vie génésique des femmes a été l'un des thèmes majeurs du programme d'action de la CIPD (Caire, 1994). Certains pays, notamment le Congo, par manque de données démographiques fiables et malgré leur niveau de fécondité relativement élevé n'ont pu, jusqu'à présent, réaliser des études permettant de comprendre la procréation dans le contexte qui les concerne ; et de façon particulière sur les populations cibles comme les adolescentes. De ce fait il était donc judicieux, avec les données de la première enquête démographique et de santé (EDS) réalisée au Congo en 2005, de rechercher les facteurs susceptibles d'influencer la fécondité précoce des adolescentes congolaises afin de contribuer à l'amélioration des connaissances et de permettre aux décideurs de réorienter leurs politiques et programmes en matière de santé reproductive des adolescents (SRA).

Cette étude s'inscrit ainsi dans cette optique en se basant sur une hypothèse générale qui stipule que, l'environnement global de l'adolescente influence directement et/ou indirectement ses caractéristiques individuelles et, à terme, son comportement sexuel et ses risques de fécondité précoce.

Des analyses, il ressort que le début précoce de la sexualité des adolescentes serait influencé par le milieu de résidence et le niveau de vie du ménage auquel elles appartiennent. L'union précoce est quant à elle influencée par l'âge aux premiers rapports sexuels de l'adolescente. La pratique contraceptive moderne chez les adolescentes congolaises serait influencée par le milieu de socialisation, le niveau de vie du ménage, le sexe du chef de ménage et le niveau d'instruction. En outre la fécondité précoce des adolescentes congolaises serait fortement influencée par les facteurs comportementaux tels que la sexualité précoce, la sous-utilisation des méthodes contraceptives et l'union précoce ; et, dans une moindre mesure, par les facteurs environnementaux (religion et milieu de résidence) et les facteurs familiaux (niveau de vie du ménage et exposition à la télé).

En définitive, les résultats de cette étude mettent en exergue l'importance sinon l'urgence d'une éducation à la vie familiale (EVF) et l'accès des adolescentes à des services de santé de la reproduction adaptés.

INTRODUCTION GENERALE

« Une maternité précoce, Etre maman bien avant ses copines, ça arrive. Qu'il s'agisse d'une surprise ou d'un projet de vie, un bébé bouleverse toujours le quotidien, d'autant plus quand sa propre enfance n'est pas très loin. Quelle proportion de "filles mères" pour le Congo ? Comment se répartissent-elles sur le territoire congolais ? Qui sont-elles? Qu'est-ce qui les caractérise ?... »

La population jeune est en augmentation au niveau mondial. Entre 1995 à 2000, la part des jeunes de 15 à 24 ans dans la population mondiale a augmenté en moyenne de 0,7% par an : de 1,025 milliard à 1,061 milliard, soit actuellement 18% de la population mondiale. Environ 15% de ces jeunes vivent en Afrique1(*) et ils rencontrent de nombreux problèmes : inégalités des conditions sociales, économiques et politiques ; moyens d'existence incertains ; taux élevés de chômage ; conflits armés et confrontation ; exclusion sociale ; sans-abri ; incidence grandissante de la maladie, de la faim et de la pauvreté ; changements de rôle de la famille ; possibilités inadéquates pour l'éducation et la formation. Ces problèmes auxquels sont confrontés les jeunes représentent un défi pour les sociétés d'aujourd'hui, mais également pour les générations futures.

Parmi les jeunes, les adolescentes (jeunes filles âgées de 15-19 ans) constituent une couche encore plus vulnérable parce que, confrontée à d'autres problèmes supplémentaires que sont la discrimination sexuelle et les problèmes liés à la découverte de la sexualité, notamment les grossesses non désirées, les avortements clandestins, les infanticides et les maladies sexuellement transmissibles (MST) dont la pandémie du VIH/SIDA. Environ 15 millions de jeunes femmes de 15 à 19 ans enfantent chaque année. Près de 10% de toutes les naissances à travers le monde sont attribuées à des adolescentes2(*). 1/4 des avortements à risque (5 millions) sont pratiqués chez des adolescentes de 15 à 19 ans3(*). Cette situation alarmante, bien qu'observée universellement, parait particulièrement dramatique en Afrique Sub-saharienne où l'on estime qu'une femme sur 25 meurt des suites d'une grossesse ou d'un accouchement, comparé à seulement une femme pour 10 000 dans un pays industrialisé4(*).

Au Congo, malgré le caractère illégal de l'avortement, 63,6% des adolescentes ont déclaré avoir pris elles-mêmes la décision d'avorter, à cause de leur jeunesse (23,4%), la crainte des parents ou de la famille face à une grossesse indésirée (17,2%). Une part substantielle de ces avortements est réalisée par du personnel non médical avec des méthodes à risque (CNSSE et ORC Marco, 2006). Ce recours à l'avortement chez les adolescentes congolaises reflète en effet l'importance des grossesses/naissances non prévues ; ce qui pose un véritable problème de santé génésique.

Par ailleurs, le niveau élevé de fécondité des adolescentes (129%o), leur contribution élevée à l'indice synthétique de fécondité (14%), le début précoce des rapports sexuels (l'âge médian aux premiers rapports sexuels chez les femmes âgées de 20-49 ans est estimé à 15,9 ans), la faible pratique contraceptive moderne (10,5% des femmes de 15-19 ans) et la proportion élevée des naissances non désirées (58,9% chez les 15-19 ans) sont autant d'éléments qui démontrent que les problèmes de santé sexuelle et reproductive des adolescentes restent d'actualité au Congo. Ces phénomènes ont longtemps été ignorés en République du Congo, d'une part à cause d'une population relativement faible et, d'autre part, à cause des traditions pronatalistes de la société congolaise. De nos jours, ils suscitent des inquiétudes dans un contexte de croissance démographique rapide et de crise économique. Ces inquiétudes sont d'autant plus justifiées par la faiblesse actuelle des capacités de ce pays à faire face aux défis incontournables de la mondialisation, à la fragilisation des moyens d'existence des populations, à l'accentuation de la pauvreté humaine.

La Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) de 1994 a attiré l'attention du monde sur les droits et la santé en matière de sexualité et de reproduction, ainsi que sur les questions concernant la condition et la place des adolescentes dans le développement socioéconomique des nations. Les adolescentes constituent un groupe vulnérable et « ... devraient pouvoir accéder à une information et à des services qui les aident à comprendre leur sexualité et à se protéger contre les grossesses non désirées, les maladies sexuellement transmises et les risques de stérilité en résultant. »5(*). Et, bien que les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ne comportent pas expressément d'objectif général en matière de santé génésique des jeunes/adolescents, il est évident qu'un grand nombre d'objectifs de développement ne pourront pas être atteints, dans les pays en voie de développement, si l'on n'investit pas dans la jeunesse, particulièrement dans la sexualité et la santé reproductive ; car celle-ci est une composante essentielle de la capacité des jeunes/adolescents à devenir des membres bien adaptés, responsables et productifs de la société.

Face à tous ces maux qui entravent la santé sexuelle et reproductive des jeunes/adolescents en Afrique, qui pourtant sont appelés à être les adultes de demain, leur bien-être social et économique peut être compromis. Cette étude se propose donc de contribuer à l'identification des facteurs explicatifs de la précocité de la fécondité au Congo et d'établir les relations entre les traditions d'une part et la modernité de l'autre, ceci à travers l'environnement global, l'environnement familial, les caractéristiques individuelles de l'adolescente et son comportement en matière de sexualité et de procréation. Elle se démarque des travaux antérieurs par une opérationnalisation plus large du concept de l'environnement familial et des caractéristiques de l'adolescente. En effet, le contexte congolais se distingue de celui de nombreux pays d'Afrique francophone. D'abord du fait que, la fécondité adolescente se réalise dans un contexte de forte urbanisation et de scolarisation élevée, où l'on note une dissociation entre le mariage et la sexualité (Antoine et Nanitélamio, 1990) ; par contre, la prévalence contraceptive parmi les adolescentes non mariées est très faible. Ensuite, sur le plan culturel, on relève une hétérogénéité culturelle : prédominance des sociétés matrilinéaires dans le sud, contrairement du nord où l'on trouve beaucoup plus de sociétés patrilinéaires. Or, la tolérance des naissances hors unions et la prise en charge différentielle des enfants selon la légitimité de leur naissance (facteurs culturels qui influent sur la fécondité des adolescentes) sont fonction, entre autres, de ces deux éléments (Romaniuk, 1967).

Enfin, du point de vue scientifique, notre étude sur la procréation des adolescentes dans un contexte culturel où, la procréation hors union est de plus en plus acceptée, permet d'établir une comparaison avec d'autres pays de la sous-région d'Afrique subsaharienne. La question centrale dans cette étude est de savoir « Quels sont les facteurs qui contribuent au niveau élevé de la fécondité des adolescentes au Congo ? »

En répondant à cette question, l'étude contribuera donc à l'amélioration de l'état des connaissances sur les facteurs explicatifs de la fécondité des adolescentes au Congo, afin d'éclairer les décideurs congolais sur les principaux éléments à prendre en compte pour améliorer et/ou mettre en oeuvre des politiques et programmes de développement adaptés pour les adolescentes, de plus en plus vulnérables. Plus spécifiquement, cette étude permettra de (d') :

· Décrire les variations de la fécondité des adolescentes ;

· Etablir le profil des adolescentes les plus exposées au risque de maternité précoce ;

· Identifier les facteurs explicatifs de la fécondité précoce.

L'étude est structurée en cinq chapitres. Le chapitre 1 «Contexte de l'étude » décrit le paysage politique, démographique, socioéconomique et sanitaire de l'étude. Le chapitre 2 expose le background théorique. Le chapitre 3 présente les données (notamment leur source et qualité) et les méthodes d'analyses utilisées pour tester les hypothèses. Le chapitre 4 examine les variations dans la fécondité des adolescentes au Congo, dans divers aspects (socioculturel, socioéconomique, familial, individuel, etc.). Enfin, le chapitre 5 traite des différents facteurs explicatifs de la fécondité des adolescentes au Congo.

CHAPITRE I : CONTEXTE DE L'ETUDE

Ce premier chapitre présente le contexte de l'étude c'est-à-dire l'ensemble de circonstances, la situation globale dans laquelle se déroule la fécondité des adolescentes. Le contexte de l'étude expose, en effet, les principaux aspects socioculturel, socioéconomique et sanitaire du pays, ce qui permet de mieux comprendre les facteurs susceptibles d'empêcher ou de favoriser la survenance d'une naissance précoce chez l'adolescente.

I.1. SITUATION ET LIMITES GEOGRAPHIQUES DU CONGO

La République du Congo, avec pour capitale Brazzaville, est un pays d'Afrique Centrale situé à cheval sur l'équateur et qui s'étend au Sud-ouest sur 11 degrés de longitude Est et 5 degrés de latitude Sud, et au Nord-est sur 18 degrés de longitude Est et 4 degrés de latitude Nord. Le pays couvre une superficie de 342.000 Km². Il est limité au Nord par le Cameroun et la République Centrafricaine, au Sud par l'Angola (enclave du Cabinda), à l'Est par la République Démocratique du Congo dont il est séparé par le fleuve Congo et son affluent l'Oubangui, enfin à l'Ouest par le Gabon, et, sur une longueur de 170 Km, par l'Océan Atlantique.

Du point de vue administratif, le territoire national est subdivisé en départements et communes de plein exercice, districts, arrondissements et communes de moyen exercice, cantons, villages et quartiers. La République du Congo compte ainsi douze départements y compris Brazzaville et Pointe-Noire (départements autonomes mais géographiquement situés respectivement dans le Pool et le Kouilou). Le pays compte six communes qui sont les principales villes du pays ; il s'agit notamment de Brazzaville (capitale politique), Pointe-Noire (capitale économique), Dolisie, Nkayi, Mossendjo et Ouesso. La langue officielle du Congo est le Français ; les langues nationales sont le Lingala et le Kituba. Géographiquement, 10 départements sont cartographiés, à savoir les départements de la Likouala, de la Sangha, de la Cuvette, de la Cuvette-Ouest, des Plateaux, du Pool, de la Lékoumou, de la Bouenza, du Niari et du Kouilou.

Carte n°1 : Carte administrative de la République du Congo

Source: Division Géographique du Ministère des Affaires Etrangères,

www.izf.net/izf/documentation/Cartes/Pays/supercartes/Congo.htm

I.2. Situation Economique DU CONGO

La situation macroéconomique du Congo est en dégradation continue depuis plus d'une décennie malgré la mise en en oeuvre des différents programmes d'ajustement structurel. Elle reste marquée par la détérioration des performances économiques, l'accentuation de la pauvreté, la baisse du revenu par habitant, l'accroissement du coût de vie et le faible développement des infrastructures socioéconomiques de base qui touchent directement les conditions de vie des populations (santé, éducation, emploi, routes en particulier).

Cette précarité socio-économique a été d'autant plus accentuée par les perturbations récurrentes que connaît le pays depuis quelques décennies. En effet, la crise économique des années 1980, la dévaluation du franc CFA en 1994 et les troubles socio-politiques qu'a connus la République du Congo pendant les années 1993, 1997 et 1998 ont contribué à aggraver une situation économique et sociale déjà déplorable. Pays à revenu intermédiaire dans le temps, ce classement a connu un changement négatif ces dernières années : au cours de la dernière décennie, le Congo a enregistré une baisse considérable de son revenu par habitant. En quinze ans (1984 à 2000), le PIB par habitant du Congo a baissé d'environ vingt pourcent. Cette baisse est accompagnée d'une détérioration des secteurs sociaux de base. En ce qui concerne le niveau de vie des congolais, on observe que le PIB par tête (en USD) est passé de 1100 en 1990, à 830 en 1995, 1085 en 2000, 949 en 2003 et 770 en 2004 (PNUD, 2005), traduisant la paupérisation croissante des populations congolaises.

Selon les résultats de l'Enquête Congolaise auprès des Ménages pour l'Evaluation de la pauvreté (ECOM 2005), 50,1% de la population congolaise vit au dessous du seuil de pauvreté ; la pauvreté monétaire touche 42,3% des ménages congolais et, les femmes chef de ménage sont beaucoup plus affectées que les hommes (45,3% contre 41,5%). La situation du chômage est préoccupante avec un taux de chômage estimé à 19,4%. Ce taux, évalué à 32,6% à Brazzaville et à 31,5% à Pointe-Noire, est cependant très faible en milieu rural (5,8%). Le chômage frappe beaucoup plus les jeunes : en effet, il est estimé à plus de 40% dans le groupe d'âges de 15-19 ans et varie entre 20 et 40% avant 30 ans pour baisser de façon assez nette après cet âge.

En outre la forte inflation qui a suivi la dévaluation du franc CFA - de l'ordre de 50% - intervenue au début de l'année 1994, a engendré une détérioration considérable du pouvoir d'achat des ménages dont les revenus ont diminué suite à la réduction des salaires plus prononcée dans le secteur public (de l'ordre de 12,5% à 27,5%), au gel des recrutements et compression des effectifs, et surtout aux retards accumulés dans le paiement des salaires, des pensions et des bourses.

Cette détérioration des conditions de vie a beaucoup plus affecté les jeunes, et érodé l'équilibre des ménages. La plupart des parents ou tuteurs ne parvenant plus à satisfaire les besoins de leurs enfants, assistent impuissamment au changement de comportement de ceux-ci ; tandis que ces derniers sont de plus en plus attirés par la mode. De ce fait, de nombreuses jeunes filles adoptent des comportements sexuels à risque en vue de satisfaire leurs envies, et ceci conduit parfois à une grossesse/maternité non désirée.

I.3. ASPECTS DEMOGRAPHIQUES DU CONGO

La non réalisation des opérations de collecte d'envergure nationale empêche une estimation convenable de l'effectif et des caractéristiques de la population congolaise à l'heure actuelle. En effet, suite à la non validation des résultats du Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 1996 par le Gouvernement de la République, les données démographiques actuellement disponibles à l'échelon national sont caduques puisqu'elles sont issues des Recensements Généraux de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 1974 et 1984.

D'après les estimations des travaux cartographiques du RGPH 19966(*), l'effectif de la population du Congo se chiffrait à cette période à 2 590 811 habitants ; ceci correspond à un taux d'accroissement de 2,69 % dans la période 1984-1996 contre 3,45 % entre 1974 et 1984. Cette population était inégalement répartie sur le territoire national : les six communes du pays abritaient près de 57 % de la population totale ; en particulier, un habitant sur trois résidait à Brazzaville. Les résultats des deux recensements menés à terme révèlent que la population du Congo est relativement jeune et à prédominance féminine. En 1984, la population âgée de moins de 15 ans représentait 45 % de la population totale contre 51 % pour les 15-59 ans et 4 % pour les personnes âgées de plus de 60 ans. Les femmes représentaient 51 % de la population totale du pays (CNSEE et ORC Macro, 2006).

Pour la période actuelle, les estimations les plus récentes indiquent une population totale estimée à 3 551 500 habitants (avec 51,7% de femmes et 48,3% d'hommes), dont 58,4% vivent dans les principales villes du pays et 41,6% en milieu rural. La densité moyenne de la population est estimée à 10,4 habitants au Km2 et le taux annuel de croissance démographique à 3,2% au cours des années 1990 (CNSEE, 2006). Avec l'enquête démographique et de santé (EDSC-I 2005) les connaissances sur certains phénomènes démographiques, se trouvent améliorées. Les adolescentes (15-19 ans) représentent 10,6 % de la population des ménages enquêtés. Les indicateurs les plus importants sont résumés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 1: Evolution des principaux indicateurs sociodémographiques au Congo

Indicateurs

RGPH

RGPH

RGPH

ECOM

EDS

15/02/1974

31/12/1984

01/07/1996

août-05

23/11/2005

Population totale (en milliers)

1 319 790

1 909 248

2 590 811a

3 551 500b

na

Taux brut de natalité (%o)

41

45,2

*

na

40

Indice synthétique de fécondité (enfants par femme)

7

6,3

*

na

4,8

Taux brut de mortalité (%o)

17,9

11,7

*

na

na

Taux de mortalité infantile (%o)

100,6

71,5

*

na

75

Espérance de vie à la naissance

46,7 ans

50,9 ans

*

51,9 ans

na

a Résultats des travaux cartographiques ; b Estimation d'enquête ; na= non applicable ; * Non disponible

I.4. ASPECTS SOCIOCULTURELS DU CONGO

Dans les sociétés négro-africaines, la fécondité des adolescentes peut être qualifié de « fait social total » ; car au-delà de l'individu (ou du couple), les aspects culturels sont comme des impératifs qui conditionnent toute tentative de compréhension de ce phénomène. La fécondité est, en effet, à l'image des valeurs, croyances et représentations liées aux cultures traditionnelles auxquelles les individus s'identifient. Parmi la soixantaine d'ethnies, les Kongo sont les plus nombreux (51,5 %), suivis par les Téké (17,3 %) et les Mbochi (11,5 %). Les autres ethnies représentent 19,7 % de la population. Sur le plan religieux, le Christianisme représente 50%, suivi de l'Animisme 48% et l'Islam 2% (UNFPA, 2005a).

a) Traditions en matière de sexualité, de nuptialité et de fécondité

En matière de nuptialité, on distingue deux grands régimes matrimoniaux à savoir : le régime matrilinéaire plus répandu dans le sud, c'est-à-dire chez les Kongo ; et le régime patrilinéaire très répandu au nord, c'est-à-dire chez les Mbochi, Sangha et autres. Plusieurs aspects socioculturels se retrouvent dans ces deux régimes, notamment l'échange des femmes qui s'effectue de la même façon à travers la dot, c'est-à-dire d'une compensation matrimoniale que la famille du prétendant verse à la famille de la future épouse. Généralement, le mariage est précoce et quasi universel dans les traditions congolaises, et concerne beaucoup plus les familles que les individus. La conclusion de l'union était souvent arrangée entre les parents, sans consentement des futurs conjoints et encore moins de la jeune fille ; chez la fille cette union pouvait s'établir dès l'apparition des premiers signes pubertaires voire même avant sa naissance. Chez certains groupes ethniques7(*), un rituel de préparation permettait à la jeune fille de devenir une femme mariable c'est-à-dire mère et soumise à son époux.

Dans la plupart des traditions congolaises, l'enfant est très valorisé et représente moins une charge pour ses propres géniteurs que pour toute la grande famille. Aussi, la fécondité dans la tradition congolaise épouse ce schéma de nuptialité, car le souci majeur de la jeune fille arrivant chez son mari c'est d'avoir une grossesse et la naissance d'un enfant lui confère toute sa plénitude physique et sociale. Tout comme la meilleure chose qui doit arriver à une femme c'est le mariage, la plus pire de toute est la stérilité (ou l'infécondité). Cette dernière pouvant mener au divorce comme pour sanctionner cette insuffisance physique et sociale de la jeune fille. Contrairement à la société occidentale où la femme est désignée par le nom de son mari après mariage  « madame X»; dans la société congolaise une femme, même après le mariage, est souvent désignée par le nom de ses enfants (souvent celui du premier enfant) « la maman d'Untel ».

Cependant les différences les plus significatives entre le régime matrilinéaire et le régime patrilinéaire s'effectuent au niveau de la filiation et, dans une moindre mesure, de la sexualité. En effet, dans le régime matrilinéaire la filiation s'établit du coté de la mère c'est-à-dire que les neveux et nièces héritent de leur oncle. « Dans son aspect le plus radical, certaines coutumes considèrent les enfants comme des êtres étrangers à la famille, les pères se refusent de les nourrir au profit de leurs neveux et nièces. » (Clinique juridique de Bacongo, 2004). Dans ce régime, la sexualité prémaritale ou hors union est peu réprimandée, à cause de la relative autonomie dont jouissent les femmes ; mais les grossesses hors mariage sont moins encouragées. Par contre dans le régime patrilinéaire, la filiation s'effectue du coté du père c'est-à-dire que les pères ont pour héritiers leurs fils et, la sexualité prémaritale est assez réprimandée. Ces différences de normes devraient être déterminantes pour le comportement sexuel et procréateur chez les adolescentes.

v L'adolescente dans la société traditionnelle

Le cadre de vie immédiat de l'adolescente est la famille, qui est, souvent, élargie dans les sociétés traditionnelles congolaises. Regroupée en unité résidentielle de plusieurs petites familles ou ménages, la famille est le cadre où s'effectue l'éducation des jeunes. A l'intérieur de celle-ci l'éducation des enfants incombe à l'ensemble des adultes qui y vivent et non des seuls parents géniteurs. Les aînées doivent assurer l'éducation sociale et morale des adolescentes. En retour celles-ci doivent aux mères et aux aînées un grand respect. Ces obligations des uns à l'égard des autres concourent à assurer la cohésion au sein de la famille et de toute la communauté.

La socialisation des adolescentes ou l'apprentissage des valeurs et pratiques sociales admises se fait par des institutions sociales (comme la famille) soit dans un cadre informel. Dans la plupart des cas l'éducation sexuelle des jeunes filles se faisait de manière informelle. Comme pour les activités de production, les jeunes séparés selon le sexe. Les garçons apprennent à l'ombre des hommes, et les jeunes filles aux cotés de leurs mères celles-ci apprennent progressivement à leurs filles à prendre soin de leurs corps, de leurs parties intimes et à jouer leurs rôles d'épouse et de mère. L'importance de la progéniture dont les adolescentes découvrent la manifestation réelle à travers l'importance du nombre d'individus que compte les familles, l'importance économique, la sécurité sociale et morale que celles-ci procurent à chaque membre de la famille va avoir un impact sur elles et influencer leur comportement vis-à-vis de la fécondité.

b) Mutations socioculturelles actuelles

La société congolaise est aujourd'hui en proie à d'importantes transformations. Les changements politiques, économiques et sociaux intervenus depuis l'indépendance (en 1960) ont érodé l'autorité des aînés et accru l'autonomie des jeunes (Colonna, Lacombe et Boungou, 1985 cités par Antoine et Nanitélamio, 1990). Les circonstances modifient les conditions qui pendant des siècles ont déterminé le sort des femmes. Les principaux éléments dans ce processus de changement ont été l'urbanisation et l'élargissement des possibilités d'accès à l'instruction et à la formation. Les nouvelles générations sont davantage touchées par ces évolutions et ont acquis surtout grâce à la vie en milieu urbain et à la scolarisation des prétentions nouvelles. L'influence de ces phénomènes (scolarisation et urbanisation) a été décisive. En se greffant sur le système traditionnel, ils ont réduit le rôle de la mère et des parents en général. La plupart des mères congolaises se réfèrent aux principes coutumiers qui ont inspiré leur propre éducation, et désirent élever leurs filles de la même manière qu'elles-mêmes l'ont été. Cependant, les conditions sociales ayant changé, elles doivent désormais concilier tradition et modernité.

Le comportement matrimonial est fortement touché par les mutations en cours. Le mariage reste relativement précoce pour les jeunes filles, mais on assiste toutefois à un recul de l'âge médian au premier mariage et au prolongement de la période de célibat : estimé à 16,9 ans en 1960-618(*), l'âge médian d'entrée en première union est passé à 20,4 ans pour le sexe féminin en 2005 ; la fréquence du célibat féminin dans la tranche d'âge 15-19 ans est passée de 18,0% à 80,1% dans la même période. Cette étape vécue dans un environnement où le contrôle familial s'affaiblit, permet à la jeune fille de connaître une véritable période d'adolescence qu'auparavant le mariage précoce l'en épargnait. En outre le milieu urbain, où vivent la majorité des adolescentes, est devenu plus permissif, la sexualité hors mariage est plus facilement affichée ; et de nouvelles formes de relations homme-femme, comme celles de « deuxième bureau », s'établissent. Cette multitude de formules relationnelles implique une diversité de parcours entraînant au mariage : partenariat sexuel, concubinage, fiançailles avec ou sans enfants, mariage coutumier, mariage civil. Chez les jeunes générations, fortement urbanisées (plus de 57% en 2005) et scolarisées (TBS=128,3% pour l'ensemble du pays en 2005), le célibat féminin est bien accepté, et la tendance pour certaines femmes à vivre seule s'est fortement accentuée. Le premier mariage se conclut de plus en plus tard : en 1961, 13% des femmes brazzavilloises de 20-24 ans étaient encore célibataires, cette proportion passait à 33% en 1974, et atteignait 52% en 1984. A Brazzaville où réside plus d'un tiers des adolescentes la maternité hors mariage est grandement tolérée et les grossesses en milieu scolaire prennent de l'ampleur. En 1984 le nombre moyen d'enfants chez les femmes célibataires était de 1,5 enfants à 25-29 ans contre 3 enfants pour les femmes mariés ; pour les adolescentes (15-19 ans) 42% des naissances provenaient des élèves, et à 20-24 ans 22% des mères étaient des élèves ou des étudiantes (Antoine et Nanitélamio, 1990).

En définitive, ces nombreuses mutations de fécondité entraînent des changements dans les processus d'entrée en union, surtout en milieu urbain : « dans la majorité des cas (90%), le concubinage des jeunes est la conséquence directe d'une grossesse précoce - souvent inattendue »9(*). Généralement, la grossesse (voire maternité) est contractée avant ou en dehors de l'union. La jeune fille qui contracte une grossesse est souvent envoyée chez son partenaire, à titre de punition pour le déshonneur subi, parfois dans l'intention de la reprendre quelques mois après l'accouchement. Mais quelques fois, cette union « forcée » finit par engendrer une seconde grossesse ; dans ce dernier cas cette jeune fille sera abandonnée et contrainte à demeurer définitivement dans cette union. Ces grossesses souvent non désirées conduisent parfois à des conflits familiaux dus au refus d'assumer la responsabilité de la grossesse par le père biologique qui, le plus souvent est un jeune homme encore sous tutelle de ses propres parents ; ceci provoque parfois la mise hors foyer familial de la jeune fille suite au désespoir des parents compte tenu du non aboutissement des investissements consentis, ce fait n'est pas sans lien avec la prolifération des « jeunes filles mères », des enfants abandonnés et des enfants de la rue très répandus en milieu urbain congolais.

Les adolescentes d'aujourd'hui vivent quotidiennement une « crise de personnalité ». Les valeurs et les aspirations nouvelles, acquises grâce à la modernité, entraînent chez l'adolescente des répercussions psychosociales. La jeune fille se trouve entre deux modes d'éducation (traditionnelle et moderne). Le plus souvent l'éducation moderne prend le dessus puisque celle-ci peut lui procurer prestige, bien-être, promotion sociale et économique. Par ailleurs, cette pression du modernisme pousse parfois les jeunes filles à se livrer à tous les vices qui ont pour conséquences, rapports sexuels (non protégés), grossesses très précoces, avortements.

L'adolescente dont l'éducation sexuelle est très limitée (celle-ci étant encore un sujet tabou), n'est donc pas suffisamment préparée pour s'éviter certains abus de la part de son partenaire ; ce dernier pouvant abuser d'elle sans qu'elle n'affiche une certaine réticence. Certes, la vie urbaine et la scolarité prolongée des jeunes filles ont considérablement modifié les comportements et les pratiques traditionnelles, comme nous l'avons souligné précédemment, néanmoins la jeune fille reste encore victime de certains préjugés socioculturels. La situation conflictuelle qu'elle vit quotidiennement l'empêche de s'épanouir et de profiter convenablement des nouvelles opportunités qui lui sont offertes. En outre, le mariage précoce, selon les règles coutumières, qui était traditionnellement le cadre réservé de la sexualité et de la fécondité tend, de nos jours, à reculer au profit du concubinage. Il existe plusieurs raisons à cela, notamment le libertinage sexuel avec pour corollaires les grossesses précoces ou le coût de plus en plus élevé de la dot. Ce coût est d'autant plus élevé que la dot est considérée chez certaines ethnies (les Teke et les Kongo notamment) comme une sorte de preuve de la détermination du prétendant.

c) Education et alphabétisation

Le Congo est l'un des pays africains les plus scolarisés, avec l'obligation scolaire de 6 à 16 ans pour tout enfant vivant sur le territoire national et quel que soit le sexe (loi n°25-95 du 17 novembre 1995). Il y a quelques années, le Congo se classait dans le groupe des pays ayant atteint la scolarisation universelle10(*) ; malgré un fléchissement du système éducatif observé durant la période post-conflit, ce pays enregistre encore les niveaux de scolarisation relativement élevés. Dans l'ensemble, selon les données issues de l'ECOM 2005, le taux net de scolarisation (TNS) primaire se situe à 86,8%, un niveau de scolarisation assez élevé pour un pays d'Afrique subsaharienne. Ce taux est plus élevé en milieu urbain (91,1%) qu'en milieu rural (81,7%). La scolarisation primaire des garçons est légèrement supérieure à celle des filles (87,2% contre 86,3% pour le taux net). Par ailleurs, du point de vue du parcours scolaire, le taux brut d'accès (TBA) qui constitue le premier point du profil de scolarisation, a connu une augmentation en 2004 par rapport en 2002 soit 69% contre 62% en 2002. La proportion d'élèves terminant le cycle primaire en 2005 est de 57,5% rapportée au taux brut d'admission qui est de 69%, implique une rétention de 84%. La capacité d'accueil à l'école primaire est en nette progression depuis 2002 soit 89% en 2005 contre 83% en 2002 ceci trouve son explication par la reprise de l'école sur toute l'étendue du territoire national après les conflits armés.

Au secondaire, le TNS se situe à 44,4% en 2005 alors qu'il était à 61,8% en 198011(*) ; ce qui traduit un recul éducatif occasionné par des conflits sociopolitiques. Le milieu urbain enregistre le taux le plus élevé (57,7% contre 24,1% pour le milieu rural). La différence entre garçons et filles n'est pas significative 44,1% pour les garçons et 44,7% pour les filles en ce qui concerne le taux net de scolarisation, ce qui traduit un léger avantage pour les filles dans le secondaire.

Il ressort de l'ECOM que dans l'ensemble 80,4% de personnes de la tranche d'âge de 15 ans et plus savent lire et écrire dans une langue quelconque12(*). Ce taux d'alphabétisation particulièrement élevé masque certaines disparités selon le milieu ou la zone de résidence. Le taux d'alphabétisation est plus élevé en milieu urbain (89,9%) qu'en milieu rural (65,4%). D'après l'ECOM, la différence entre la ville et la campagne résulterait de :

§ l'existence d'une infrastructure scolaire plus dense et sans doute plus accessible en milieu urbain,

§ L'implantation des programmes d'alphabétisation des adultes en milieu urbain exclusivement. Les villes de Brazzaville et de Pointe-Noire ont chacune un niveau d'alphabétisation supérieur à 90% soit 91,1% pour Brazzaville et 90,4% pour Pointe-Noire.

Cependant, malgré la forte scolarisation notamment des filles en République du Congo, les programmes scolaires laissent peu de place à l'éducation en matière de sexualité et de santé reproductive des jeunes/adolescents. Cette éducation étant limitée à l'enseignement des appareils génitaux (mâle et femelle) et des fonctions de la reproduction dans les sciences naturelles, en sixième année du primaire et à la quatrième année du secondaire premier cycle. Ce qui traduirait que de nombreuses adolescentes congolaises ont des connaissances lacunaires sur le fonctionnement de leur corps, et encore moins sur les moyens de se prémunir contres les MST/VIH/Sida, les grossesses/maternités non désirées, même après environ dix années de scolarité (jusqu'en classe de 3ème).

I.5. SITUATION SANITAIRE DU CONGO

Au Congo, comme dans beaucoup de pays en développement, le secteur sanitaire enregistre plusieurs difficultés notamment l'insuffisance des services sanitaires ou la concentration de ceux-ci en milieu urbain, une répartition inadéquate du personnel soignant au détriment de la zone rural, l'absence de formation en SR des agents de santé, la vétusté et la dégradation des infrastructures et des équipements, une carence d'approvisionnement en produits notamment en contraceptifs, etc. Les quelques efforts déployés jusqu'ici au Congo, pour l'amélioration de la qualité des soins et services sanitaires, n'ont apporté que des résultats très limités sur la santé des populations en général, et particulièrement en matière de santé de la reproduction. Cette situation est imputable d'une part à la crise économique que traverse le Congo depuis les années 1980 et d'autre part aux troubles socio-politiques qui ont secoué le pays de 1993 à 1999.

A partir des données disponibles (ECOM et EDSC-I 2005), l'espérance de vie à la naissance était estimée à 51,9 ans en 2005 ; la mortalité générale à 14 décès pour mille, le ratio de mortalité maternelle (RMM) reste élevé à 781 décès pour 100.000 naissances vivantes (NV), lié notamment aux complications de la grossesse, des accouchements et des avortements provoqués et, une femme en âge de procréer court un risque d'environ 1 sur 28 de décéder pour cause maternelle. Le taux de mortalité infantile est estimé à 75 décès pour mille, la mortalité infanto-juvénile à 117 pour 1000. Le tableau épidémiologique est dominé par le paludisme, première cause d'hospitalisation et de décès, les maladies diarrhéiques et l'infection à VIH/Sida qui constitue la principale cause de décès dans la tranche 15-49 ans. Les maladies cibles du Programme élargi de vaccination (PEV) sont en relative recrudescence en raison de la baisse de la couverture vaccinale qui de 80% en 1993 est passée à 52% en 2005 (CNSEE et ORC Macro, 2006 ; Ministère de la Santé, 2008).

Le Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS) évalue la prévalence des IST chez les jeunes de 15 à 24 ans à 26 % et la séroprévalence du VIH/SIDA à 7 % en milieu urbain et 2 % en milieu rural, en 1995. La séroprévalence du VIH chez la femme enceinte varie entre 6,6% à Brazzaville et 15,5% à Pointe Noire. Les cancers des voies génitales représentent 38 % des cas des cancers enregistrés au CHU de Brazzaville. Le cancer du col de l'utérus représente la première cause de mortalité par cancer de la femme au Congo (Ministère de la Santé, 2002).

La période de conflits a induit une recrudescence des violences sexuelles13(*), pour lesquelles les services sociaux et sanitaires n'étaient pas préparés pour la prise en charge psychologique et médicale des femmes victimes de ces violences. En outre, les considérations socioculturelles autour de ce problème s'associent à l'absence d'un cadre juridique adéquat et à la non application effective des textes existants. La loi de 1920, relative à l'interdiction de l'avortement, encore en vigueur crée un dilemme face aux grossesses post-viols pour les victimes qui ne désireraient pas garder le produit de telles grossesses. Nombreuses victimes sont en effet dans cette situation, ce qui aggrave leur situation au plan économique. La plupart de ces femmes ont non seulement perdu leurs biens mais doivent affronter la vie avec un fardeau supplémentaire : elles ont désormais un enfant à élever seule.

Le système sanitaire, qui repose sur le district sanitaire, a été fortement désorganisé dans sa capacité d'offre de services par les différents conflits du fait de la destruction des infrastructures et du déplacement massif des personnels de santé, aggravant une situation déjà précaire liée à la vétusté des équipements et à l'insuffisance des personnels surtout dans les régions du fait du vieillissement du personnel et du gel des recrutements des diplômés sortis des écoles de formation. La répartition du personnel médical laisse, en effet, à désirer avec une concentration des effectifs à Brazzaville et à Pointe Noire. En 1995, 76% du personnel sanitaire travaillait entre Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie contre 24% seulement pour le milieu rural et les autres régions. Par ailleurs, les effectifs disponibles sont vieillissants. En effet, 98% des personnels de santé ont l'âge compris entre 30 et 49 ans et certaines catégories professionnelles sont en voie de disparition (Ministère de la Santé, 2002).

Selon une étude informelle du système des Nations Unies, en 2000, il existe 297 Centre de Santé Intégrée (CSI) opérationnels. Parmi les 139 CSI que le Gouvernement avait prévu d'assister pour la période 2000-2002, il y en avait 115 qui nécessitaient d'être réhabilités. La politique nationale de santé prévoit la réhabilitation de 21 hôpitaux de référence et cinq hôpitaux généraux.

a) Santé de la reproduction

Le Congo a adopté en 1999 la Stratégie Nationale en santé de la reproduction (SR) avec l'appui technique et financier du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette stratégie s'articule autour de six axes : (i) maternité sans risque et soins au nouveau-né, (ii) santé sexuelle et santé de la reproduction des adolescents, (iii) planification familiale, (iv) lutte contre les IST et le VIH/Sida, (v) prévention et prise en charge des troubles gynécologiques, (vi) lutte contre les violences à l'égard des femmes et des enfants. Un plan d'action a été élaboré pour le « biennum » 2001-2002 ainsi des normes et procédures en SR dont la vulgarisation se fait attendre.

Par ailleurs, en dépit du taux de couverture en CPN évalué 88 % et des femmes assistées par un personnel qualifié pendant l'accouchement 86 % le taux de mortalité maternelle reste élevé, estimé à 781 pour 100 000 naissances vivantes. Ce taux de mortalité maternelle figure parmi les plus élevés des pays africains à développement humain moyen. Elle est attribuée principalement aux avortements provoqués (41%), aux complications infectieuses des césariennes (31,6 %), aux hémorragies (10%) et à l'éclampsie (8,5%) (CNSSE et ORC Macro, 2006 ; Ministère de la Santé, 2008).

En sus de la faible qualité des soins et services fournis aux femmes pendant la grossesse et au moment de l'accouchement, divers autres facteurs sont incriminés. Il s'agit notamment de la faible utilisation du traitement préventif intermittent (TPI) à la sulfadoxine pyriméthamine (3%) des moustiquaires imprégnées d'insecticides (7%) et des méthodes contraceptives (13%) (Ministère de la Santé, 2008).

v Santé sexuelle et santé de la reproduction des adolescents

Les adolescents représentent près d'un cinquième (19%)14(*) de la population congolaise, avec une forte concentration en milieu urbain (56,6 %). La précocité des rapports sexuels (âge médian 15,9 ans), souvent non protégés, induit une forte prévalence des grossesses précoces dans cette couche de population (8,5% selon une étude menée dans trois Hôpitaux de Brazzaville entre juillet 1998 et juin 1999) entraînant le recours prononcé à l'avortement provoqué (Ministère de la Santé, 2002). Ainsi malgré le caractère illégal de l'avortement au Congo, sa répression par la plupart des religions et tous les dangers qui lui sont liés surtout lorsqu'il est pratiqué dans les conditions inappropriées, 63,6% des adolescentes congolaises ont déclaré avoir pris elles-mêmes la décision d'avorter. Un regard sur les motifs d'avortement permet de mieux comprendre ce « besoin d'avortement » exprimé par la plupart des adolescentes face à une grossesse qui risquerait de compromettre leur avenir et/ou un futur mariage : trop jeune pour avoir un enfant (23,4%) ; la crainte de la réaction des parents ou de la famille face à une grossesse considérée comme inacceptable (17,2%), les problèmes de couples (7,2%) contre 6,4% d'avortements, seulement, pour des raisons de santé ; et la pratique de l'avortement chez les jeunes femmes scolarisées est très fréquente (16,8%), peut être même en progression chez celles scolarisées et vivant dans le milieu urbain qui veulent terminer leur scolarité (CNSSE et ORC Macro,2006). Et, bien que la plupart des avortements clandestins soient faits par des médecins ou infirmiers, une part non négligeable est réalisée par du personnel non médical avec des méthodes à risques. Les avortements provoqués avec leurs conséquences posent donc un véritable problème de santé publique au Congo.

Une étude CAP réalisée en 2003, par la Direction Générale de la population révèle que ; 67,7% des jeunes et adolescents n'ont pas de connaissance sur les services de santé reproductive, 75% ne fréquentent pas lesdits services en cas de besoin, et 30,26% des adolescents ont recours à l'automédication pour traiter les IST (Ministère de la Santé, 2008).

Ainsi, le niveau de fécondité des adolescentes (15-19 ans) est resté relativement stationnaire au cours des vingt dernières années (au tour de 130 naissances vivantes pour 1000 femmes), avec un taux de fécondité adolescente de 131%o pour la période la plus récente correspondant au niveau de fécondité adolescente généralement observé dans les pays à forte fécondité d'Afrique ; plus d'un cinquième des jeunes femmes âgées de moins de 20 ans (21%) ont déjà donné naissance à, au moins, un enfant ; dès l'âge de 15 ans 0,7% des femmes congolaises ont déjà entamé leur vie féconde (femmes ayant déjà eu un enfant ou étant enceintes d'un premier enfant), cette proportion augmentant régulièrement et rapidement avec l'âge : 41% à 18 ans, 52% à 19 ans dont la grande majorité a déjà au moins un enfant (CNSEE et ORC Macro, 2006).

Par ailleurs, il faut noter que les actions de planification familiale au Congo sont organisées, pour la plupart, par l'Association Congolaise pour le Bien Etre Familial (ACBEF), qui est une ONG oeuvrant dans ce domaine depuis les années 1986. Mais les premières campagnes de PF ne s'intéressaient pas aux adolescentes, considérées comme une catégorie sociale non concernée par ces questions. Certainement, à cause des barrières culturelles qui présupposaient qu'adresser des messages de SSR aux adolescentes représentait une incitation à la dépravation des moeurs et à la débauche sexuelle.

En 1998, un Forum national sur la Santé de la Reproduction des adolescents et des jeunes a été suivi de l'élaboration d'un plan d'action national pour la santé des jeunes et adolescents. Cependant, peu d'actions ont été entreprises en ce domaine à cause des évènements douloureux vécus. Il n'existe pas de services de santé de la reproduction appropriés aux besoins des adolescents et jeunes. Sur les 27 centres de santés, repartis dans 16 localités du pays, analysés dans le cadre du projet « Renforcement des services de Santé de la Reproduction (SR) et prise en charge des Femmes Victimes de Violences Sexuelles (FVVS) » plus d'une dizaine manquait de services de SR et/ou de prises en charge des IST ou des adolescents ; pour la plupart, les activités de PF étaient réalisées de façon irrégulière et, environ 71,43% d'agents n'avaient jamais bénéficié de formation en SR (Ministère de la Santé et UNFPA, 2002).

Le projet de centre pilote de services SR et de « counseling » pour les jeunes et adolescents a été relancé par l'ACBEF et devrait se concrétiser avec l'appui de la Fédération Internationale pour la Planification Familiale (IPPF). Dans le cadre du programme intérimaire de population 2001-2002 appuyé par le FNUAP, un projet sur la santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes est en cours d'exécution. De nos jours, beaucoup d'ONG (ACBEF, IRC, etc.), des confessions religieuses et des associations sont impliquées dans la mise en oeuvre des interventions de SR, de lutte contre les Infections Sexuellement Transmise (IST) y compris le VH/SIDA et les violences sexuelles.

Synthèse et conclusion partielle

Ce chapitre avait pour but de présenter le contexte de l'étude, c'est-à-dire de ressortir les principaux aspects économiques, démographiques, socioculturels et la situation sanitaire du Congo et, d'établir leurs interrelations avec les problèmes de santé sexuelle et reproductive (SSR) des adolescentes. Le tableau 2 rassemble donc quelques indicateurs de base sur la population congolaise. Il ressort que, malgré l'existence de nombreuses ouvertures à la modernité pour les femmes congolaises des générations actuelles, la précarité des conditions de vie, les pesanteurs culturelles et les barrières qui empêchent les adolescentes d'accéder librement à l'information et aux services de santé de la reproduction sont autant de facteurs à prendre en compte dans l'explication des comportements sexuels des adolescentes, par conséquents de la précocité de leur fécondité.

Le chapitre suivant présente les approches théoriques sur lesquelles nous nous sommes appuyées pour analyser le phénomène.

Tableau 2 : Principaux indicateurs sociodémographiques/sanitaires du Congo

INDICATEURS

VALEURS

Population totale (en milliers)

3 551 500

PIB par tête (en USD)

770

Population vivant au dessous du seuil de pauvreté (%)

50,1

TNS des filles dans le primaire (%)

86,3

TNS des filles dans le secondaire (%)

44,7

Taux d'alphabétisation de la population âgée de 15 ans et plus (%)

80,4

Espérance de vie à la naissance

51,9 ans

Rapport de Mortalité Maternelle (pour 100.000 NV)

781 décès

Risque de MM pour une femme durant sa période de procréation

1 sur 28

Age médian d'entrée à la première union chez les femmes (20-49 ans)

20,4 ans

Age médian aux premiers rapports sexuels chez les femmes (20-49 ans)

15, 9 ans

Prévalence des IST chez les jeunes de 15-24 ans (%)

26

Proportion des adolescents (15-19 ans) dans la population totale (%)

19

Taux de chômage des adolescents de 15-19 ans (%)

40

Taux d'urbanisation des adolescents de 15-19 ans (%)

57

Proportion du célibat féminin chez les adolescentes de 15-19 ans (%)

80,1

Taux de fécondité des adolescentes de 15-19 ans (en %o)

129

Proportion d'adolescentes de 15-19 ans ayant déjà donné naissance à au moins un enfant né-vivant (%)

21%

Proportion des grossesses inopportunes/non désirées chez les adolescentes de 15-19 ans (%)

58,9

Prévalence contraceptive moderne chez les adolescentes de 15-19 ans (%)

10,5

CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE

Ce chapitre aborde les aspects théoriques de l'étude. Il commence par une revue de la littérature qui résume les différentes approches théoriques ainsi que les résultats empiriques de travaux sur la fécondité précoce. De cette revue, suit le schéma conceptuel relatif aux hypothèses de l'étude, et le chapitre s'achève par un schéma d'analyse utilisé pour tester les différentes hypothèses énoncées.

II.1. REVUE DE LA LITTERATURE

La préoccupation des scientifiques autour de la fécondité précoce est universelle. Des études pionnières sur ce sujet ont été réalisées à partir des années 1960, dans les pays occidentaux, particulièrement aux Etats-Unis où le phénomène prenait une ampleur inhabituelle avec l'arrivée à l'âge d'adolescence des générations issues du « baby boom », surtout dans les populations hispanique et afro-américaine : augmentation des divorces, paupérisation des femmes, augmentation des grossesses d'adolescentes, des grossesses hors mariage et des avortements (Chilman, 1986 ; Moore et al., 1981 in Delaunay, 1994). La fécondité adolescente qualifiée de « fléau social » fut d'abord analysée, très largement, sous l'angle d'un « problème » en raison des conséquences sur la santé et le bien-être de la mère et de l'enfant (Geronimus, 1986 in Diop, 1995 ; M. Gauthier et J. Charbonneau, 2002). Ensuite par sa prépondérance dans la minorité afro-américaine, le problème a pris une dimension politique d'une revendication de l'égalité sociale (Davis, 1988 ; NRC, 1987 in Diop, 1995). Mais le problème étant également en augmentation chez les adolescentes blanches certains auteurs mirent en avant le coût économique de la grossesse précoce (Moore, 1978 ; NRC, 1987 in Diop, 1995).

En Europe le problème parait moins accentué ; mais en Grande Bretagne où 13% de jeunes filles de 20 ans sont déjà mères il est qualifié de « suicide social ». En France où les « ado-mamans » ne représentent que 4% des filles de 20 ans, deux chercheurs - Nativel et Daguerre15(*) sous l'initiative de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) - se sont le plus intéressés au coût « humain » de la maternité précoce en se posant les questions suivantes : Qui sont les jeunes filles les plus exposées ? Quelles raisons motivent le choix ``personnel'' d'avoir un enfant ? Cependant, face à l'interdiction de réaliser des enquêtes sur des données ethnoculturelles qui empêche de déterminer les populations à risque en France, ces auteurs, en se fiant à la géographie des maternités précoces dans des pays tels que l'Italie ou le Canada, avancent l'hypothèse qu'en France le phénomène épouse les zones d'exclusion et de chômage, notamment de la ruralité et des banlieues défavorisées. Pour les adolescentes de 16-17 ans, la maternité correspondrait à un désir de stabilisation de la relation amoureuse et à l'espoir d'accéder à une reconnaissance sociale ; l'absence d'un père biologique durant la petite enfance augmenterait les comportements sexuels à risque chez les adolescentes et donc leur propension à tomber enceintes.

A partir des données fournies par les enquêtes mondiales sur la fécondité des années 1970 et 1980, les chercheurs ont commencé à étudier les problèmes liés à la fécondité des adolescentes dans les pays en développement. En Afrique, la fécondité précoce fait l'objet d'un nombre croissant d'études, recherches et de programmes d'intervention. L'intérêt fut d'abord porté sur les grossesses précoces hors mariage ou hors union, perçues comme transgression d'une norme sociale. Aujourd'hui, on passe progressivement à une approche plus objective prenant en compte les implications sanitaires et sociales de la maternité précoce (Locoh, 1994). En effet, depuis 1986 les EDS ont apporté une assise statistique nationale renouvelée, aussi bien pour analyser la fécondité selon l'âge que pour les données d'ordre sanitaire et sur les conditions d'accouchement et la santé des enfants.

Aussi, depuis le début des années 1980, de nouvelles recherches remettent en question les interprétations classiques, principalement économiques, concernant les facteurs de la fécondité adolescente. De nouvelles approches sont abordées :

§ Les conditions économiques16(*) sont examinées moins en elles-mêmes que situées dans le contexte de l'allongement de l'adolescence et de son impact sur les modes de vie, dont la modernisation qui laisse peu de place à l'enfant ;

§ Les Etats ayant réagi à des niveaux élevés de fécondité précoce par des programmes de planification familiale, il n'est plus possible de ne pas en tenir compte.

Vu son ampleur et les nombreuses incidences qu'il pourrait entraîner dans la société, particulièrement en Afrique, il est important d'explorer davantage ce phénomène de fécondité des adolescentes très répandu, mais un peu moins exploré dans certains contexte comme celui du Congo. Plusieurs pistes sont donc envisageables pour améliorer l'état de connaissance du phénomène et entraîner les politiques à la prise en compte dans les politiques nationales de développement de l'importante problématique de la santé sexuelle et reproductive des adolescentes.

II. 1.1. APPROCHES EXPLICATIVES

« L'approche est à considérer comme une démarche intellectuelle qui n'implique ni étapes, ni cheminement systématique, ni rigueur particulière. C'est à peu près un état d'esprit, une sorte de disposition générale qui situe l'arrière-fond philosophique ou métathéorique du chercheur ou de la recherche. »17(*) Cette section présente, en effet, un ensemble de démarches intellectuelles mises en oeuvres par certains auteurs, dans différents contextes, pour appréhender le problème de fécondité précoce. Dans ce sens, on parle d'approche socioéconomique, socioculturel, institutionnelle...

A. APPROCHE SOCIOECONOMIQUE

L'approche socioéconomique est tirée de la théorie du choix rationnel18(*), héritée de Hume et des Lumières, qui repose sur le postulat suivant : « les agents agissent de la manière qui leur semble appropriée, pour des raisons que le théoricien peut chercher à comprendre et à reconstituer ». Ces modèles de la rationalité pratique trouvent des applications dans les sciences sociales lorsqu'on retient une approche individualiste de l'explication des phénomènes sociaux. Ainsi, les agents sociaux - les adolescentes - sont assimilés à des décideurs rationnels dont on cherche à reconstituer les préférences ou les raisons d'agir. C'est, par exemple chez Pareto, le critère qui sépare les « actions logiques » (adaptées au but visé) des « actions non logiques ». Selon les approches de ce type, les buts visés par les individus rationnels peuvent être quelconques, pourvu que le choix des actions soit judicieux relativement à ces buts.

Cette approche encore appelée « théorie de l'adaptation rationnelle » a été initiée, en démographie, par Cherlin et Riley (Calvès, 1996). Essentiellement basée sur les effets de la pauvreté des populations, elle postule que les comportements sexuels à risque des adolescentes ainsi que leur fécondité précoce seraient dirigés par des motivations d'ordre économique ou social. D'une part, dans un contexte de précarité financière ou matérielle, les adolescentes s'engageraient délibérément dans des relations sexuelles multiples ou avec un partenaire économiquement plus aisé pour améliorer leur condition de vie (nourriture, habillement, frais de scolarité, logement, articles de luxe, etc.). D'autre part, pour une jeune adolescente située en bas de la hiérarchie sociale, les relations sexuelles avec un partenaire mieux placé sont un moyen d'agrandir son capital social19(*) et, de grimper à un échelon supérieur (obtention d'un emploi par exemple).

Cette monétarisation des rapports amoureux s'effectue parfois avec l'accord tacite (ou la pression) des parents lorsque les filles sont considérées comme un fardeau pour la famille ou, au pire, comme un investissement non rentable, ou encore lorsqu'il y a un intérêt économique, telle que la dot, à en tirer. Mais elle peut aussi être suscitée par les partenaires eux-mêmes pour diverses raisons dont celle de vouloir échapper à une polygamie formelle dans un entourage évolué en entretenant des unions informelles, comme les « deuxièmes bureaux » dans le contexte congolais, desquelles ils peuvent se défaire au gré des circonstances économiques, quand bien même celles-ci se solderaient par une naissance. Enfin pour une jeune fille, faire un enfant à un homme constitue un moyen, un peu plus sûr, de créer une relation durable voire d'aboutir au mariage avec ce dernier. Les facteurs économiques à prendre en compte sont, pour l'essentiel : la dépendance économique des filles mères et l'insuffisance des moyens des parents pour subvenir aux besoins de leurs enfants adolescents.

B. APPROCHE SOCIOCULTURELLE

Elle postule la prééminence des normes et valeurs culturelles sur les comportements des individus. Chaque individu trouve en naissant des moeurs, fixées dans des institutions, familiales, domestiques, économiques, religieuses ou politiques, qui s'imposent à lui et lui indiquent des règles de conduite, des modèles à imiter, en langage actuel des valeurs, des normes intériorisées (Fauconnet et Mauss, 1901)20(*). Transmises par l'éducation, sans qu'il ait besoin d'en prendre conscience, il peut les transgresser mais non les ignorer. Elles composent des morales pratiques, variables dans le temps et suivant les époques. Dans ce sens, les valeurs et pratiques du groupe social dans lequel évoluent les adolescentes leur dictent un ensemble de valeurs et de conduites qui se reproduisent dans les choix, les attitudes et les comportements individuels de ces adolescentes. Les normes et valeurs sociales en matière de sexualité, de nuptialité, de famille et de procréation régissent donc les comportements sexuels et reproductifs des adolescentes. Deux modèles théoriques se dégagent de cette approche : le modèle de l'héritage culturel et le modèle de la désorganisation sociale.

a) Le modèle de l'héritage culturel

Ce modèle théorique fait de la tradition le socle de l'ordre social, par conséquent des conduites individuelles. Les individus ne sont pleinement eux-mêmes, c'est-à-dire des êtres sociaux, que grâce à la société qui leur est antérieure, supérieure et qui les élève à la dignité d'êtres humains, c'est-à-dire sociaux. Pour Maurice Blondel21(*), « la tradition véhicule plus que des idées susceptibles de forme logique : elle incarne une vie qui comprend à la fois sentiments, pensées, croyances, aspirations et comportements ». Le caractère normatif de la tradition est la force qui fait exister une société à travers le temps. C'est en effet, la valeur accordée par les générations présentes à ce qui est transmis par les générations du passé qui constitue la tradition. Mais, loin de considérer avec suffisance l'acquis des siècles passés comme un dépôt intangible, elle donne lieu à toute une série de réinterprétations possibles, qui en retour, la maintiennent, la consolident, l'actualisent ou la renouvellent. Dès lors, « elle livre par une sorte de contact fécondant ce dont les générations suivantes ont également à se pénétrer et ce qu'elles ont à léguer comme une condition permanente de vivification, de participation à une réalité où l'effort individuel et successif peut indéfiniment puiser sans l'épuiser »22(*). Ainsi, les comportements procréateurs des adolescentes seraient donc une résultante directe ou indirecte de la transmission intergénérationnelle des valeurs traditionnelles et normatives de la procréation, essentiellement véhiculées par l'ethnie et la religion.

De ce fait, l'héritage culturel peut constituer soit un facteur favorisant ou un facteur défavorisant pour la fécondité précoce selon que, les normes et les valeurs culturelles traditionnelles tolèrent ou réprimandent la procréation et les rapports sexuels avant ou hors mariage.

b) Le modèle de la désorganisation sociale

La notion de désorganisation sociale a été popularisée par l'étude de Thomas et Znaniecki sur le paysan polonais en Europe et aux Etats-Unis (1918-1921)23(*). Elle y est définie de manière générale comme la perte d'influence des règles sociales de conduite existantes sur les membres du groupe. Ce modèle fait partie de la théorie générale de la modernisation, qui stipule l'affaiblissement des structures traditionnelles et le relâchement du contrôle des aînés sur les cadets. Dans ce cadre les relations sexuelles seraient spontanées et ne répondraient à aucun objectif particulier (Diop, 1995 ; Rwenge, 1999). En effet, dans une telle situation, les comportements individuels s'expliquent, le plus souvent, par une désorganisation personnelle c'est-à-dire, par l'incapacité pour l'individu de se construire un projet de vie : en l'absence de règles stables et intériorisées, l'individu est désorienté et « démoralisé ». La désorganisation sociale est mise en évidence par les mutations sociales que subit la société traditionnelle africaine ; elle a sa source dans le développement d'attitudes individualistes et hédonistes résultant des contacts avec l'extérieur, notamment par l'urbanisation, la scolarisation et les médias. Ceci implique la perte du contrôle social des anciens sur les jeunes générations engendrant un libertinage sexuel. La modernisation, à travers ses composantes que sont l'urbanisation, la scolarisation et les médias, apparaît ainsi comme une cause de la déstructuration du système familial traditionnel, assortie d'une baisse de l'influence familiale, au profit des paires, lesquelles semblent souvent être source d'informations sur la sexualité et la contraception (Délaunay, 1994).

En fait, le fait urbain renferme de nombreux facteurs favorables à un changement social accéléré. En ville, l'élargissement du cadre de vie et la perte des contraintes familiales traditionnelles, qui autrefois assuraient un meilleur contrôle social de la vie sexuelle et conjugale, du fait qu'ils permettent de nos jours à la jeune fille de connaître une véritable période d'adolescence sont de nature à favoriser chez cette dernière l'adoption de comportements sexuels à risque. Le milieu urbain offre d'autres types de modèles, tant à travers les comportements nouveaux qui y ont cours que par l'influence des médias (télévision, radio, presse écrite, Internet, etc.) auxquels ont accès, ou sont « exposées » les adolescentes citadines. Enfin, la ville créée également de nouveaux besoins et des modes de consommation monétaires qui provoquent une modification profonde de certaines valeurs sociales fondamentales.

Par ailleurs, la scolarisation c'est-à-dire le système d'éducation formelle, en tant que force de changement, pousse les adolescentes à surmonter les préjugés sociaux ou à transgresser les normes et les règles établies par la tradition. Par les changements de mentalité et de référence sociale qu'elle provoque, la scolarisation incite l'adolescente à prendre le contrôle de sa propre vie et à assumer un statut et une identité en soi, au-delà de son rôle traditionnel au sein de la communauté. Au niveau du système éducatif, la mixité des établissements source de promiscuité entre filles et garçons est un facteur susceptible de favoriser le libertinage sexuel des jeunes générations. De ce fait, le système éducatif tiré de l'occident est perçu comme une source d'acculturation, de déviance sociale et de conflit de générations.

Outre les médias, la prolifération des discours sur la sexualité et les images érotiques ou pornographiques diffusées par les mass media incitent aux comportements sexuels à risque. L'influence grandissante des médias internationaux, tant en ville qu'en campagne, bouleverse les valeurs traditionnelles, principalement chez les jeunes; elle est à l'origine de l'apparition de modes de vie nouveaux : libertinage sexuel, conduites excentriques, exaltation de la richesse matérielle, etc. En définitive, pour le modèle de désorganisation sociale, ce sont ces différents éléments de la modernisation qui favorisent la diffusion de nouvelles mentalités en matière de sexualité, susceptibles d'entraîner chez l'adolescente l'incidence de grossesses et maternités précoces et non planifiées.

Contrairement au postulat de ce modèle, certaines études en Afrique subsaharienne infirment l'hypothèse de la modernisation et des médias comme facteurs d'activité sexuelle des jeunes. Comme pour le modernisme et les médias, l'instruction et l'urbanisation sont des portes d'ouverture culturelle. Elles sont un facteur de prévention des IST/VIH/SIDA et des grossesses non désirées par l'utilisation correcte des préservatifs et contraceptifs (Antoine et Nanitelamio, 1990 ; Evina, 2005 ; Ainsworth, 1994 ; Talnan et al., 2003). Une étude de l'OMS, citée par Rwenge (1995), a montré que « les cours d'éducation sexuelle à l'école ont souvent réduit l'activité sexuelle des adolescents et accru l'emploi des préservatifs ». La solarisation, au lieu d'être un facteur favorisant la liberté sexuelle, règle la vie sexuelle en dissuadant par exemple les filles de la prostitution et au multipartenariat.

La théorie de la désorganisation sociale peut bien s'adapter aux sociétés où les jeunes respectent encore les interdits sexuels et où l'autorité traditionnelle des parents et du lignage en matière de contrôle de l'activité sexuelle s'exerce encore. Elle peut bien s'appliquer chez les bamiléké du Cameroun et les Luba de la RDC, où la virginité est encore, dans une certaine mesure, une condition pour le mariage ; elle peut aussi l'être chez les Dii de la province de l'Adamaoua (du Nord Cameroun) où la virginité de la fille est vérifiée (Kouinche et Tagne, 1998). Par contre, cette théorie semble inadaptée dans les sociétés ou cultures qui sont favorables à l'activité sexuelle prémaritale des jeunes : chez les Mongo et Tetela de la RDC, les Beti du Cameroun. Chez les Bandjoun (Ouest du Cameroun) par exemple l'on n'utilise aucun moyen pour vérifier la virginité (Kouinche et Tagne, 1998) ; tandis que chez les Tetela, « la virginité de la jeune fille n'est pas un critère de surenchère, qu'il s'agisse du mariage entre jeunes ou du mariage entre adultes ... » D'après Romaniuk (1967), chez les Tetela, dans le cadre des fiançailles, dès que le futur fiancé se présente dans la famille de la jeune fille comme candidat au mariage et que la famille de celle-ci l'accepte, les deux peuvent déjà vivre comme des mariés (mariage à l'essai). Ces différentes limites entraînent donc à relativiser les interprétations issues du modèle de désorganisation sociale.

C. APPROCHE INSTITUTIONNELLE

Bien que moins représentée dans la littérature, l'approche institutionnelle demeure assez importante pour la compréhension des comportements sexuels et procréateurs des individus et, en particulier des adolescentes. Potter (1983)24(*) remarque que, dans les études des déterminants de la fécondité, l'attention a été traditionnellement fixée sur les caractéristiques des individus, des ménages et des familles, aux dépens de celles de leur environnement.

Cette approche s'intéresse essentiellement sur les incidences des institutions (politiques, législatives et juridiques, sociales, économiques, etc.) sur les comportements procréateurs des adolescentes. Les institutions étant définies, en général, comme un ensemble de règles organisant la société ou certaines de ses instances. Ainsi, elle met l'accent sur les structures intermédiaires ou les différents contextes dans lesquels se situent les phénomènes (Oppong, 1995 ; McNicoll, 1978 cités par V. Piché et J. Poirier 1995). Suivant cette approche, les institutions influencent les opportunités et les contraintes qui déterminent les choix et les actions des adolescentes en matière de sexualité et de procréation. En effet, les institutions donnent le ton aux jeux de pouvoir qui existent au sein de la famille, dans la société et dans les activités économiques. Dès leur jeune âge, les filles apprennent à vivre en accord avec les attentes de la société et, tout au long de leur vie, les structures institutionnelles renforcent les comportements qu'on attend d'eux en tant que femmes (Banque Mondiale, 2003). Ainsi, l'attitude des adolescentes à l'égard de la procréation dépendra de l'importance que les décideurs accordent aux questions spécifiques à la sexualité et à la maternité relatives à ce groupe social.

D. APPROCHE PSYCHOLOGIQUE

Cette approche propose trois modèles d'interprétation de la sexualité et de la fécondité des adolescentes (Marcelli, 2000). Le premier modèle considère la fécondité à l'âge d'adolescence comme la manifestation du besoin de vérifier l'intégrité corporelle et des organes de la reproduction. Le second indique que la grossesse à l'adolescence, et plus encore le désir d'enfant, est une recherche d'un « objet » de satisfaction complète des carences de l'enfance. En effet les violences physiques, la carence et la négligence éducative pendant la petite enfance ainsi qu'une mauvaise estime de soi apparaissent fortement corrélés avec la maternité précoce (Herrenkohl et al., 1998). Enfin le troisième modèle considère la grossesse, par conséquent la maternité, comme faisant partie des prises de risques de l'adolescence dont l'objectif serait de mettre le corps en danger. Ce corps, par lequel naît le sentiment de frustration avec l'éveil de la sexualité, est vécu comme un objet de persécution ; l'adolescent attaque son corps car il est source de souffrance. Alors que les garçons « choisissent » la déviance sociale, les filles se tournent vers l'attaque directe du corps : tentatives de suicide, troubles du comportement alimentaire, grossesse, MST. Bien que cette approche soit moins développée en Afrique subsaharienne, sûrement en raison de l'absence des données cliniques, elle peut s'avérer pertinente pour l'Afrique centrale en général et pour le Congo en particulier, principalement dans sa première assertion (qui suppose la vérification de l'intégrité corporelle), si l'on considère l'infécondité pathologique ayant sévit dans cette sous-région durant la période post-coloniale, et la stigmatisation socioculturelle qu'entraîne la stérilité féminine.

E. APPROCHES FAMILIALES

Dans la littérature, quatre approches permettent d'appréhender l'influence du type d'environnement familial sur la sexualité et la fécondité des adolescentes : la théorie du capital social de la famille (Coleman, 1998 cité par M. Yode et T. LeGrand, 2007), l'approche de la socialisation, l'approche du contrôle parental et l'approche de l'instabilité conjugale ou familiale (Haurin et Mott, 1990 ; Albrecht et Teachman, 2003 ; M. Yode et T. LeGrand, 2007). Selon la première approche, le capital social de la famille intervient dans le développement des enfants et se réalise dans les relations entre les parents ainsi que les autres membres de la famille et les enfants. Les membres adultes de la famille disposent de connaissances et d'expériences qui participent à la formation des aptitudes des enfants à l'action.

La seconde approche, quant à elle, considère que la socialisation sexuelle et reproductive débute dès la naissance de l'enfant ; elle est facilitée par la proximité entre les enfants et les parents. Ce sont les adultes qui orientent les enfants vers les valeurs sexuelles socialement acceptables et saines. Selon l'approche de la socialisation, le comportement de l'adolescente dépendra de la relation et de la communication entre parents et enfants. Une bonne relation entre parents et enfants crée une atmosphère favorable à l'acceptation des valeurs parentales de la sexualité et de la procréation. Ces parents représentent également une meilleure source d'informations sur la sexualité et la reproduction qu'ils peuvent transmettre aux adolescentes par le biais d'une communication (Sieving et al., 2002, Swain et al., 2006 ; Amuyunzu-Nyamongo, Sieving et al., 2002, Yode et LeGrand, 2007). En Afrique, les parents biologiques ne sont pas les seuls acteurs de la socialisation sexuelle de l'adolescente ; la famille étant le plus souvent élargie, son capital social est plus étendu et englobe aussi bien la fratrie que les autres adultes apparentés ou non.

Les modèles de contrôle parental sont fondés sur une relation hiérarchique entre les parents et les adolescentes dans laquelle les parents jouent le rôle de responsable (Dishion et McMahon, 1998 cités par Yode et LeGrand, 2007). Ce contrôle s'effectue au moyen des opportunités ou des restrictions offertes à l'adolescente et, par le suivi de ses activités et de ses lieux de fréquentation. Il permet aux parents d'être des facilitateurs ou des inhibiteurs du comportement sexuel de l'adolescente. La supervision parentale réduit les risques d'une entrée précoce en sexualité des adolescentes et permet d'éviter les contacts entre l'adolescente et ses paires aux comportements à risque ; ceci dépend également de l'héritage culturel des parents.

Les auteurs de la dernière approche se sont orientés vers l'instabilité et le changement pour étudier les comportements sexuels des adolescents dont les parents ont connu la rupture d'union ou le remariage. Pour eux ces situations d'instabilité sont sources de perturbations et de contraintes sociale, émotive et psychologique pour les adolescentes qui augmentent la susceptibilité d'entrée précocement en sexualité et en maternité.

Généralement, les processus familiaux sont mesurés par le « contrôle social » et l'évocation des sujets relatifs à la sexualité et à la procréation avec les membres de la famille ; chacun de ces éléments étant rattachés à (au moins) l'une des approches théoriques susmentionnées. Un élément se rapporte à l'approche de la socialisation (discussion sur la planification familiale avec les parents), un autre rend compte de l'approche du contrôle social (exposition à la télévision), le sexe du chef de ménage se rapporte à l'instabilité conjugale ou familiale et, le niveau de vie du ménage relève à la fois de l'approche du capital social de la famille, de la socialisation et du contrôle social.

F. APPROCHE COMPORTEMENTALE (OU DETERMINANTS IMMEDIATS)

Contrairement aux précédentes approches qui sont des démarches théoriques, cette dernière approche constitue plutôt un schéma d'analyse pour la fécondité des adolescentes. Il propose, en effet, de distinguer deux types de variables : (1) les variables indépendantes (ou explicatives) qui sont d'ordre socioculturel, politique, socioéconomique, environnemental, etc. ; (2) les variables immédiates (encore appelées variables intermédiaires ou proches)25(*), au travers desquelles s'exerce nécessairement toute influence sur la fécondité précoce. Les facteurs ainsi identifiés dans cette approche sont les suivants : les rapports sexuels qui marquent biologiquement le début d'exposition au risque de grossesse ; le mariage qui marque socialement le début d'exposition au risque de grossesse ; la contraception dont l'utilisation empêche la grossesse ; et l'avortement provoqué qui met fin à une grossesse non désirée.

Ces différentes approches mettent donc en exergue un ou plusieurs éléments ou facteurs qui, en interaction avec d'autres, concourent à la survenue d'une maternité précoce chez les adolescentes. Nous présentons dans la section suivante les catégories de facteurs susceptibles d'agir dans le contexte qui nous concerne ; tout en précisant pour certains d'entre eux les modes d'action sur le phénomène tels que déceler par différents auteurs et dans divers contextes.

II.1.2. ETUDES EMPIRIQUES SUR LES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA

FECONDITE DES ADOLESCENTES

La recherche des facteurs de la fécondité des adolescentes a toujours suscité un intérêt particulier, parce qu'elle constitue l'élément déterminant de l'évolution à long terme d'une population, et qu'il s'agit d'un phénomène qui relève en partie des comportements individuels. Une revue de la littérature permet de constater que plusieurs facteurs peuvent intervenir, à différents niveaux, pour expliquer les comportements procréateurs des adolescentes. Ceux-ci intègrent aussi bien le contexte général dans lequel évolue l'adolescente (tradition, religion, législation, degré de modernité, etc.), les caractéristiques des parents et des familles (catégorie socioprofessionnelle, statut économique, le cadre ou niveau de vie, etc.) et les caractéristiques propres à l'adolescente (âge à la puberté, âge aux premiers rapports sexuels, âge à la première union, instruction, etc.). Plusieurs auteurs ont tenté de montrer de manière empirique comment certains de ces facteurs agissent sur la fécondité des adolescentes.

II.1.2.1. Les facteurs institutionnels

Ces facteurs constituent les éléments de l'environnement institutionnel dans lequel vit l'adolescente ; ils incluent la législation, les politiques et programmes nationaux en matière d'union (ou de désunion), de formation des familles, de procréation, d'éducation sexuelle des jeunes, de communication, d'approvisionnement et de diffusion des méthodes contraceptives modernes. Ils ont pour la plupart été identifiés suite à l'apport des théoriciens de l'approche institutionnelle. Ici, l'argument principal stipule que l'adoption d'un comportement sexuel responsable dépend, dans une large mesure, de la disponibilité de l'information et de l'accès des adolescentes aux services adaptés de santé de la reproduction (comme les centres d'écoute) et aux méthodes contraceptives modernes. L'absence de questions relatives à l'environnement institutionnel, généralement observée dans les EDS, empêche de mesurer l'effet des facteurs institutionnels sur la fécondité précoce en Afrique ; ceci est aussi valable pour ce qui est de notre étude. Toutefois, la prise en compte de la législation congolaise en matière d'union dans la définition de l'union précoce ou encore de la sexualité précoce permet, dans une certaine mesure, de tester des éléments institutionnels.

II.1.2.2. Les facteurs socioculturels

Mis en exergue par les approches socioculturelles, il s'agit notamment des caractéristiques de l'environnement socioculturel de l'adolescente. Ces facteurs s'appuient sur le fait que la fécondité des adolescentes est indissociable du contexte général auquel elle émerge. Elle s'inscrit dans les représentations, les normes, les valeurs et les pratiques culturelles de chaque société. Il s'agit notamment des facteurs relatifs à des représentations (religieuses), aux normes (en matière sexualité, éducation sexuelle) et aux valeurs sociales (en matière de sexualité, de mariage), de conception de la famille et de la fécondité. Les facteurs socioculturels mesurés dans notre étude sont : l'ethnie, la religion, le milieu de socialisation et le milieu de résidence.

a) L'Appartenance ethnique

De nombreux auteurs considèrent l'ethnie comme un élément crucial d'identification sociale. L'ethnie en tant que lieu de production et de manifestation par excellence des modèles culturels spécifiques apparaît ainsi comme un élément important dans l'étude des sociétés africaines dont la population est généralement composée de plusieurs groupes culturels (Wakam, 1994). Son caractère prépondérant dans la manifestation des phénomènes démographiques vient du fait que des populations vivent différemment ces phénomènes, soit à cause de leur localisation géographique ou soit à cause d'autres caractéristiques qui leur sont propres (SaLa-Diakanda, 1980). En Afrique, plusieurs travaux (Romaniuk, 1967 ; Rwengé, 2002) révèlent une hétérogénéité culturelle en matière de sexualité, de nuptialité ou de procréation, qui permet de regrouper les groupes ethniques en deux classes : d'une part les ethnies dont la sexualité et la procréation avant le mariage sont tolérées (Mongo et Tetela en RDC, Beti-Fang au Cameroun) et, d'autre part, celles dont ces pratiques sont strictement interdites (Luba en RDC, Bamiléké au Cameroun). Dans les ethnies où les relations sexuelles et la procréation prémaritales sont tolérées voire encouragées, la virginité de la femme n'a aucune importance. Souvent, une maternité avant union représente la preuve de la fertilité et la garantie d'un mariage potentiel. Dans un tel contexte, l'ethnie apparaît comme un facteur important dans l'occurrence de la maternité précoce des adolescentes. Par contre, dans le cas des ethnies où les relations sexuelles et la procréation prémaritales sont strictement interdites, la jeune femme est tenue de préserver sa virginité jusqu'à son mariage. Cette valorisation de la virginité féminine implique l'interdiction complète de la fécondité prémaritale (ou simplement hors union). Dans ce contexte, la fécondité avant ou hors union constitue une violation des règles de la communauté donc susceptible de sanctions voire de bannissement social.

Dans le contexte malgache, Gastineau (2004) observe que les jeunes filles Tañala, ethnie du Sud Est de Madagascar vivant en zone rurale où la sexualité prémaritale est tolérée, ont des grossesses plus précoces que les adolescentes de la capitale Antananarivo, qui appartiennent aux ethnies qui répriment la sexualité et les grossesses prénuptiales. S'agissant de la Côte d'Ivoire, Talnan et al. (2003) font remarquer que le fait d'appartenir aux groupes ethniques Krou et Sénoufo ou Malinké multiplie respectivement par 2,13 et 1,66 les chances d'avoir des rapports sexuels avant l'âge de 16 ans par rapport aux filles du groupe Akan.

L'ethnie à travers les normes, les idées et les pratiques quotidiennes qu'elle véhicule a une influence sur les variables telles que le niveau d'instruction, l'exposition aux médias, etc. qui à leur tour, influencent l'âge d'entrée en activité sexuelle et l'attitude à l'égard du sexe. Ainsi, du fait de son appartenance ethnique, l'adolescente aura intériorisé des valeurs et des normes particulières desquelles découlera son attitude spécifique à l'égard de la sexualité et de la fécondité.

b) La religion

Selon Durkheim (1912)26(*), « une religion est un système de croyances et de pratiques, relatives à des choses sacrées, c'est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une communauté morale, appelée Eglise, tous ceux qui y adhèrent ». Dans ce sens, la spécificité d'une société religieuse vient du fait qu'elle constitue un système (intellectuellement très élaboré) de représentations et de croyances relatives au divin. Cette organisation symbolique à haute capacité de mobilisation affective unit étroitement doctrine du salut, règles de l'existence privée, normes de la vie domestique, droits et devoirs de l'individu en société, principes de l'organisation sociale légitime. Au niveau le plus élémentaire de l'analyse, une religion est d'abord un groupe d'appartenance27(*), c'est-à-dire celui auquel l'individu dit ou est censé appartenir.

En fait, toute théologie définit une attitude de l'homme par rapport à la vie et à la mort. Toute croyance religieuse à une implication démographique. Pour les religions du Livre - Judaïsme, Christianisme, Islam - la croissance et la multiplication des hommes répondent au projet du créateur. Ce qui fait que les Eglises ont toujours condamné l'avortement, mais leur position à l'égard de la contraception a été plus variée et plus hésitante. Les autorités catholiques ont non seulement condamné toute légalisation autorisant l'avortement, pour quelque raison que ce soit, mais aussi toute pratique anticonceptionnelle. Dans les populations islamiques, l'encouragement au mariage précoce, la faible durée d'abstinence après la naissance et le statut subordonné de la femme sont parmi les facteurs qui favorisent une fécondité précoce et élevée (Tapinos, 1996).

Dans les sociétés traditionnelles, le message religieux et la nécessité de compenser une forte mortalité par une fécondité élevée se rejoignent pour favoriser la survie des populations. Ainsi, la religion tout comme l'ethnie, est un mobile de valeurs et de croyances qui, d'une manière ou d'une autre, imposent à ses adeptes des manières de penser et d'agir susceptibles d'influencer leur sexualité et leurs conduites à l'égard de la fécondité. La religion peut donc être un obstacle à l'accès à l'information, à la fréquentation des services de santé reproductive, ou à l'utilisation des méthodes contraceptives modernes chez les adolescentes.

Des études ont montré que les adolescentes chrétiennes ont relativement plus de risque d'être sexuellement actives ou mères avant le mariage que les adolescentes musulmanes ou celles des autres religions (Delaunay, 1994 ; Calvès, 1996 ; Kuate Defo, 1998) ; en effet Kuate-Defo, dans une étude sur les adolescentes camerounaises, révèle que comparées aux musulmanes et à celles des religions traditionnelles, les adolescentes chrétiennes sont d'au moins 40% plus susceptibles d'avoir leurs premiers rapports sexuels hors mariage avant 20 ans et elles ont aussi, parmi les femmes mariées avant cet âge, 22% plus de chances d'avoir un premier enfant après le mariage, et ces résultats s'avèrent robustes après contrôle pour les différences tant socio-économiques que mesurées et non mesurées entre les femmes (respectivement p<,01 et p<,05). Ce qui pourrait traduire un contrôle relativement faible sur la sexualité et la maternité des adolescentes dans la religion chrétienne que dans les autres religions.

c) Le milieu de socialisation

La socialisation en tant que processus de transformation de l'individu d'un être asocial en un être social (en lui inculquant des modes de penser, de sentir et d'agir), et d'intériorisation des normes, valeurs et représentations collectives, ne s'exerce pas avec la même intensité selon que l'individu grandit dans un milieu comme dans un autre. En Afrique, cette distinction s'établit souvent entre le milieu urbain et le milieu rural.

En milieu rural, les normes et les valeurs traditionnelles ont encore force de représentativité, l'individu évolue pratiquement dans un milieu homogène composé, en majeur partie, par les membres de son propre ethnie voire de sa tribu ou de son clan. Les représentations sociales sont les mêmes et les modèles comportementaux pratiquement identiques. L'ouverture au monde extérieur est limitée et les changements sociaux relativement faibles, ce qui fait que des adolescentes aient pratiquement les mêmes comportements socio-démographiques que leurs aînées.

Par contre en milieu urbain, l'évolution de la jeune fille, depuis l'enfance jusqu'à l'adolescence, s'effectue avec des représentations contradictoires. Les normes, valeurs et représentations culturelles inculquées dans le cadre familial ne sont toujours pas les mêmes que celles enseignées à l'école ou apprises dans le voisinage. La jeune fille est, en effet, confrontée de sa petite enfance à l'adolescence à diverses sources qui enseignent des valeurs et modèles différents : la famille, l'école, les médias et la rue. Ainsi, la socialisation en ville est porteuse de changements sociaux et de bouleversements des comportements socio-démographiques. Toutefois, l'influence du milieu de socialisation dépend énormément de la période d'exposition et de la durée effectuée dans ce milieu.

Bien que le milieu de résidence constitue aussi un facteur socioculturel, beaucoup d'auteurs l'identifient souvent en tant que facteur socioéconomique. De ce fait, les études empiriques sur ce facteur feront l'objet du paragraphe suivant.

II.1.2.3. Les facteurs socioéconomiques

Ces facteurs mettent l'accent sur les motivations financières qui modulent les comportements sexuels des adolescentes. De ce fait, le comportement sexuel des adolescentes et leur fécondité seraient influencés, d'une part, par un souci rationnel de satisfaire des besoins existentiels ou d'élargir son capital social et, d'autre part, par l'incapacité économique des parents à subvenir à ces besoins. Les facteurs socioéconomiques souvent mis en exergue sont le milieu de résidence et le niveau de vie du ménage dans lequel évolue l'adolescente, mais vu que l'influence de ce dernier sur la sexualité et la fécondité à l'adolescence est plus perceptible en tant qu'élément de l'environnement familial, seul le milieu de résidence sera considéré dans notre étude comme élément de l'environnement socioéconomique.

a) Le milieu de résidence

De nombreux auteurs ont identifié le milieu de résidence en tant que facteur socioculturel ou socioéconomique (ou les deux à la fois). D'une part le milieu de résidence constitue (comme le milieu de socialisation) un élément important d'identification sociale et, d'autre part, il affecte les opportunités économiques. Vivre en ville ou à la campagne ne donne pas le même accès à l'infrastructure (sanitaire, scolaire, économique, etc.) et à la superstructure (médias, télévision, radio, loisirs, sports, etc.). Ces différences entre milieux urbain et rural affectent le statut des filles, leur socialisation économique et leur entrée dans la vie sexuelle et maternité. Il apparaît clairement dans plusieurs études que dans les pays d'Afrique subsaharienne, la baisse de la fécondité a d'abord commencé dans les couches sociales les plus favorisées, résidant en milieu urbain (UNFPA, 2005b). Dans le cadre de la RDC, Kibali et al. (2004) affirment que le milieu rural est favorable aux premiers rapports sexuels précoces. Et, Akoto et al. (2005) aboutissent au résultat suivant : « Dans tous les pays considérés - Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire et Togo -, les adolescentes ayant déjà eu à porter une grossesse sont 1,5 fois plus nombreuses en milieu rural qu'en milieu urbain. » Aussi, dans l'étude comparative de l'UNFPA (2005b) il apparaît qu'en dehors du Burundi, de la Namibie et dans une moindre mesure du Rwanda, des Comores et du Tchad, c'est en milieu rural que l'on retrouve les plus fortes proportions d'adolescentes ayant déjà débuté leur vie reproductive. Et, les auteurs attribuent le cas « atypique » observé dans les pays suscités, par exemple au Burundi où la proportion d'adolescentes déjà fécondes est plus élevée en milieu urbain qu'en milieu rural (respectivement 24% et 5%), au relâchement du contrôle social tendant à prévenir la sexualité (grossesse) précoce et/ou hors mariage et à l'éducation, plus prononcé en milieu urbain qu'en milieu rural.

II.1.2.4. Les facteurs familiaux

Dans cette approche, la famille est le premier et le principal groupe de socialisation des individus. Elle constitue le lieu par excellence d'apprentissage, de socialisation, d'éducation et de transmission des normes et des valeurs. Les parents servent de modèles pour les enfants ; ils assurent les premières tâches d'encadrement et de contrôle des comportements. Les aînés servent généralement de modèles aux cadets. Dans l'Afrique traditionnelle, les jeunes grandissaient sous le contrôle parental et se mariaient peu après la puberté. Aux côtés de sa mère, la fille apprenait les usages nécessaires à la tenue d'un foyer. L'activité sexuelle prémaritale était réduite. Au cours des dernières décennies, l'âge à la puberté a baissé progressivement alors que l'âge au premier mariage, lui, a augmenté. Les filles ont le temps de vivre leur adolescence et même leur jeunesse avant de s'engager dans une relation de mariage. Ceci pouvant entraîner dans des essais hasardeux dont les conséquences (grossesses non désirées, IST, SIDA) peuvent les affecter toute leur vie. Pour la World Health Organization (2007), citée par M. Yode et T. LeGrand (2007), « la famille est l'élément central de l'environnement social qui conditionne une transition en bonne santé des adolescents à l'âge adulte. »

Mais durant cette phase de vie marquée par une grande curiosité pour les questions de sexualité, les filles ne sont pas toujours adéquatement encadrées par leur entourage, la sexualité étant encore un sujet tabou dans de nombreuses cultures. Dans un environnement où les pratiques de socialisation sont encore empreintes de valeurs traditionnelles et parentales, l'influence familiale serait prépondérante sur les comportements et les choix des individus. Cependant, dans les milieux marqués par l'influence extérieure, les familles sont souvent tiraillées entre des représentations contradictoires, notamment entre la banalisation ou dramatisation de la sexualité et de la maternité des adolescentes.

Du fait que la famille constitue le premier cadre de socialisation, l'environnement familial de l'adolescente pourrait jouer un rôle significatif dans l'entrée à la fécondité. Il sera appréhendé, dans cette étude, par les variables suivantes : le sexe du chef de ménage, le niveau de vie du ménage et l'exposition à la télé ; l'absence d'une variable comme la discussion de la PF avec les parents dans notre base est une limite pour l'approche de l'environnement familial basée sur la socialisation de l'adolescente.

a) Le niveau de vie du ménage

Les conditions de vie matérielles ont une certaine influence sur les comportements dans la mesure où elles permettent ou non de résoudre les problèmes quotidiens. Les attitudes de l'adolescente à l'égard du mariage et de la maternité précoce sont en grande partie façonnées par les moyens dont elle dispose pour satisfaire ses besoins essentiels. L'effet du niveau de vie des parents (ou du ménage de résidence) se manifeste à trois niveaux :

§ Premièrement, les parents ou tuteurs disposent des moyens pour subvenir aux besoins de leur fille, ceci déterminera leur autorité sur l'adolescente ou leur attitude face aux modèles traditionnels (mariage forcé, union précoce, etc.) ;

§ Deuxièmement, le niveau de vie des parents détermine leur aptitude à faire bénéficier un encadrement pouvant lui permettre d'accéder à des statuts autres que traditionnels (par la scolarisation) et le support social dont peut disposer l'adolescente pour la connaissance et la pratique de la contraception ;

§ Troisièmement, les moyens à sa disposition influenceront le degré d'engagement de l'adolescente dans les relations sexuelles.

Des études empiriques ont montré qu'au sein d'un même pays, les adolescentes issues des familles les plus riches sont celles qui ont la fécondité la plus faible (Kouton, 1992; Delaunay, 1994; Calvès, 1996; Evina, 1998). Ce lien s'opère notamment à travers l'accroissement des moyens financiers et matériels dont elle bénéficie ; l'amélioration de la qualité d'éducation qu'elle peut recevoir, l'utilisation des méthodes contraceptives ainsi qu'une certaine évolution des mentalités. On peut penser ici que le fait pour les adolescentes de vivre dans un ménage où la richesse permet à ces facteurs de jouer séparément ou ensemble peut les aider à mieux contrôler leur fécondité.

Dans une étude sur le Cameroun, Calvès (1996) montre que pour les adolescentes célibataires, les filles pauvres utilisent la grossesse comme un moyen de bénéficier du soutien financier et matériel d'un partenaire plus riche. Toujours dans le contexte camerounais, Nouetagni (2005) a souligné l'influence du niveau de vie des ménages sur la survenance des « premiers événements » de la vie génésique de la femme. De ses analyses, il conclut que les femmes pauvres connaissent leur première union un an plus tôt que les femmes non pauvres (respectivement 19 et 20 ans) ; et concernant la première naissance, il observe une forte différenciation entre ces couches sociales avec un écart d'environ deux ans de plus en faveur des femmes non pauvres. D'après cet auteur, il existe au moins un an d'écart entre l'âge à la première union et l'âge à la première naissance chez les femmes pauvres, tandis que cet écart atteint deux ans chez les non pauvres. Ainsi, l'on peut penser que les adolescentes des ménages riches ont plus tendance à reporter leur maternité que celles des ménages pauvres. Et, pour les adolescentes venant de familles pauvres, il peut être difficile de résister à certaines incitations. En effet, Delaunay (1994) montre que la grossesse prémaritale est, chez les jeunes filles « Serer » du Sénégal, une stratégie d'instaurer une relation durable et pouvant conduire au mariage avec un homme. Kibali et al. (2004) affirment qu' « en face d'une pauvreté des ménages croissante en RDC, la multiplicité des partenaires chez les adolescentes sert d'un indicateur de la prostitution à ces âges. » Ils montrent, ensuite, que les adolescentes appartenant aux ménages les plus pauvres, pauvres et moyens courent respectivement plus de 8 fois, 7 fois et 6 fois plus de risque d'avoir connu au moins deux partenaires sexuels que celles des ménages plus riches. Par ailleurs, les adolescentes des ménages pauvres et moyens courent deux fois ou plus le risque de grossesse que leurs homologues des ménages riches ; mais ces derniers résultats deviennent non significatifs après contrôle avec le lien de parenté avec le chef de ménage. La pauvreté des ménages dans lesquels vivent les adolescentes constitue de fait un mobile pour les comportements sexuels à risque et des grossesses/naissances non désirées et/ou précoces.

b) Discussion sur la Panification Familiale avec les Parents

La communication avec les parents conditionne la façon dont les enfants communiquent avec autrui. Aussi, le fait de pouvoir déjà évoquer les questions sur la sexualité et la contraception avec leurs parents peut faciliter ces mêmes conversations avec des partenaires. Dans de nombreuses régions du monde, particulièrement en Afrique subsaharienne, l'exposition aux risques de santé que comporte une grossesse précoce se trouverait accrue par le manque de communication des adolescentes avec leurs parents en matière de sexualité et de contraception (UNFPA, 1997). La discussion sur la contraception dans le cadre familial peut de ce fait freiner les comportements sexuels à risque, l'exposition aux grossesses non désirées et la maternité précoce.

c) Le sexe du chef de ménage

Les familles, par les normes et les valeurs qu'elles transmettent, par les rôles qu'elles assignent à leurs membres, par les modes de vie résidentiels qu'elles favorisent, par les solidarités qu'elles mettent en oeuvre, parfois même par les cultes religieux dont elles sont les gardiennes, contribuent amplement à la régulation de la vie en société. Le changement social (scolarisation, baisse relative de la mortalité, urbanisation, migrations et plus récemment, crises économiques) exige des adaptations, des innovations qui remettent en cause, plus vite et plus radicalement qu'auparavant, les valeurs et les normes qui régissaient les comportements des individus dans la collectivité.

Historiquement au Congo, comme dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, la famille patriarcale a joué un rôle majeur dans l'éducation des adolescents en matière de santé sexuelle et reproductive. La valorisation de l'autorité paternelle, symbole de l'équilibre du groupe domestique, permettait à la jeune fille et au jeune garçon de grandir selon les règles de la communauté, en ayant une sexualité « contrôlée ». Avec l'évolution des moeurs, l'institution familiale a connu de nouvelles « régulations » : une crise de la nuptialité, une banalisation du divorce, un développement de la cohabitation juvénile et un accroissement de la fécondité illégitime. A sexe et âge donnés, la probabilité de vivre seul ne cesse d'augmenter. Le groupe domestique s'étiole et n'est plus qu'une unité de consommation et un lieu d'hébergement. La maîtrise de l'acte reproductif lui échappe et les prérogatives en matière de procréation ou d'éducation ne sont plus exclusivement de son ressort ...

Malgré le statut précaire des femmes dans la plupart des sociétés africaines, les statistiques attestent que les femmes qui assument la responsabilité d'un ménage sont assez nombreuses et que leur proportion est en augmentation ; et les femmes chefs de ménage sont surtout nombreuses en ville (Locoh, 1995). En outre à Brazzaville, le célibat féminin est bien accepté, et la tendance, pour certaines femmes de vivre seules s'est fortement accentuée ; actuellement des femmes célibataires, dès qu'elles travaillent, n'hésitent plus à louer un logement indépendant (Antoinne et Nanitélamio, 1990).

De nos jours en Afrique, une femme chef de ménage traduit plusieurs situations possibles : l'absence de co-résidence entre conjoints (polygamie, union libre, deuxième bureau, etc.), ou célibat féminin c'est-à-dire femme seule avec enfant(s). Dans un cas comme dans un autre, cela a impact sur l'encadrement familial. D'une part, l'absence d'un chef de ménage de sexe masculin affaiblit le contrôle parental (des filles comme des garçons) et, d'autre part, elle entraînerait une meilleure communication entre « la chef de ménage » et les autres membres du sexe féminin (y compris les adolescentes).

Des études ont montré que pour les adolescentes, les mères et les soeurs plus âgées sont le plus souvent consultées au sujet de la santé sexuelle et reproductive. Les résultats d'une étude du CEFFEVA28(*) au Sénégal montrent que les femmes communiquent plus avec leurs filles que les hommes de la SSR (respectivement 80% et 53%). Mais concernant la structure familiale, Evina (1998) a abouti aux résultats selon lesquels : « La séparation des parents par rupture d'union semble augmenter la propension des adolescentes aux premiers rapports sexuels et par la suite leurs risques de grossesses adolescentes » et « la vie sous le toit familial de l'adolescente avec ses parents réduit considérablement ses risques de grossesses précoces. Si l'on considère les parents non mariés, la proportion d'adolescentes ayant déjà débuté leur vie féconde et qui ne vivent pas avec leurs parents est de 2,5 fois supérieure à celle des adolescentes qui vivent avec leurs parents ». De ce fait, les adolescentes des familles monoparentales ou des familles recomposées en une structure acéphale et sans lien de parenté sont plus exposées aux risques de grossesses adolescentes.

d) Exposition à la télévision (aux médias)

Les médias29(*) audiovisuels offrent un univers symbolique qui crée un espace de communication spécifique pour adolescents. La musique, la radio ou la télévision, à travers les messages et les images qu'elles véhiculent, apportent aux adolescents une sorte de formation générale qui leur permet de se construire une identité. Ceci engendre de nouveaux styles de vie correspondant à autant de visions du monde qui s'expriment par la manière de s'habiller, de vivre les rapports avec le sexe opposé, de se tenir à l'égard des parents et des aînés, etc. Les médias, avec leur remarquable capacité de diffusion, ont modifié les rôles traditionnellement attribués aux générations. Des thèmes et des images, surtout relatifs à la sexualité, qui étaient autrefois considérés comme exclusivement masculins ou féminins, adultes ou juvéniles, n'appartiennent plus à des groupes sociaux bien définis, ceci parce qu'ils sont étendus par les médias à l'ensemble de la société ; et de tous les médias, c'est la télévision qui a le plus contribué à défaire les catégories de générations et les groupes définis par l'âge (Cardoso et Hamburger, 1994).

D'une part, le suivi régulier des programmes télévisés peut entraîner l'adolescente aux activités sexuelles précoces et à risque. En effet, les programmes diffusés à la télévision dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, tout comme au Congo, sont importés des pays occidentaux et particulièrement des Etats-Unis où les images font étalages des scènes choquantes de la vie privée des célébrités. Pour Meyrowitz (1984) cité par Cardoso et Hamburger (1994), « la télévision abolit le cloisonnement des espaces qui garantit une définition claire du féminin et du masculin, de l'enfantin et de l'adulte.  Pour ce faire, elle vient s'insinuer dans tous les recoins de la vie privée des familles. » En exposant publiquement les images de la sensibilité familiale, l'amour, la sexualité et le mariage, la télévision sape l'autorité que bon nombre de parents aimeraient exercer sur leurs enfants ; ce faisant, elle contribue à l'érotisation de l'enfance et de l'adolescence, d'où d'innombrables conflits. Et, les filles sont les plus profondément touchées par ces changements. Leur sexualité, sujet tabou que l'on ne pouvait traiter qu'avec le mariage, est désormais exposée au grand jour dans l'immensité des thèmes exaltant le corps que la télévision saisit et exprime. D'autre part, le suivi régulier de la télévision par l'adolescente peut s'avérer favorable pour une sexualité « responsable ». Car les médias, et particulièrement la télévision, véhiculent également des informations sur la santé sexuelle et reproductive et sur la contraception.

Bien que, de nos jours, ce processus planétaire d'intégration culturelle engendré par les médias de masse, particulièrement par la télévision, atteint pratiquement toutes les adolescentes, certaines sont cependant mieux orientés que d'autres pour se prémunir de ces changements. Dans une étude sur les adolescents ivoiriens, Talnan et al. (2003) font remarquer que les filles qui regardent chaque jour la télévision ont moins de chances (OR=0,65) de vivre l'expérience d'une relation sexuelle précoce quand on les compare aux filles qui sont rarement exposées à ce médium. Et, ces auteurs poursuivent en montrant que le fait de regarder régulièrement la télévision diminue, chez les filles, les risques d'être engagée dans des pratiques sexuelles sans utilisation du condom (OR=0,6).

II.1.2.5. Les caractéristiques individuelles de l'adolescente

a) Le niveau d'instruction

L'instruction dans la mesure où elle expose les individus à d'autres modes de pensées, raisonnements, modèles et valeurs, influence leur comportement et peut à terme transformer les comportements socio-démographiques. Le niveau d'instruction de l'adolescente est donc un facteur de modification de sa perception du rôle traditionnel de la femme, ses références n'étant plus simplement limitées à la seule sphère de la société traditionnelle africaine ; plus l'adolescente sera instruite plus elle aura tendance à aspirer aux modèles « modernes » qui peuvent modifier son comportement de procréation.

De nombreuses études ont déjà montré le rôle du niveau d'instruction de la femme comme facteur explicatif des comportements reproductifs, notamment la relation négative entre éducation et fécondité des femmes ; les femmes les plus instruites ont moins d'enfants que celles qui ont peu ou pas du tout d'instruction (Evina, 1998 ; Rwenge, 1999, UNFPA, 2005b). Pour les femmes les plus instruites, ce lien s'opère notamment à travers une moindre exposition au risque de grossesse dû à un mariage tardif, une plus grande disposition à utiliser les méthodes contraceptives modernes et à une propension à avoir des activités économiques modernes (difficilement conciliables avec une descendance nombreuse). Cependant, l'étude de l'UNFPA (2005b) sur différents pays africains au sud du Sahara montre qu'au Burundi la proportion d'adolescentes déjà entrées en vie féconde augmente avec le niveau d'instruction ; tandis qu'au Ghana et au Gabon, l'effet du niveau d'instruction sur la fécondité des adolescentes n'est pas continu. Cela semble indiquer que la fécondité des adolescentes ne baisse pas toujours avec l'amélioration du niveau d'éducation.

b) Age à la puberté

La puberté correspond à la maturation des organes génitaux (caractères sexuels primaires) et l'apparition de particularités spécifiques au sexe (caractères sexuels secondaires). Ces transformations mettent plusieurs années à s'accomplir. L'âge du début des modifications morphologiques et le rythme de développement varient d'un enfant à l'autre. Ces changements physiques se produisent en général durant une période de cinq ans, mais peuvent durer de 18 mois à peine jusqu'à six ans. Aussi, un groupe de jeunes filles de 14 ans peut comporter celles qui ont encore l'air d'être des enfants et d'autres qui ont des corps de femmes adultes.

La puberté apparaît de plus en plus précocement ; les filles deviennent pubères entre 8 et 13 ans et ont leurs règles plus jeunes. Cette évolution est surtout due à l'amélioration de la santé et de la nutrition. Toutefois, d'autres facteurs influencent l'âge de la puberté, qu'ils soient génétiques (avance pubertaire chez la mère), socio-économiques, nutritionnels, ou liés à l'activité physique. D'autres encore ont une influence plus aléatoire : poids corporel, relation masse grasse/masse maigre30(*).

Tout comme le développement biologique, la maturité affective et le développement cognitif varient beaucoup chez les adolescentes du même âge. Bien qu'elles commencent à pouvoir penser abstraitement et à établir des projets d'avenir, les adolescentes atteignent leur maturité sexuelle avant d'atteindre la maturité affective ou sociale, ou l'indépendance économique. En outre, le contexte dans lequel se situent ces mutations d'adolescence, ainsi que les pressions sociales et les coûts psychologiques associés à la continence; tout ceci expose différemment les adolescentes aux risques d'entrée en vie sexuelle et à la maternité précoce. Selon Kuate-Deffo (1998), « l'âge à la puberté agit sur les autres éléments de la vie reproductive à l'adolescence par plusieurs voies, dont la durée de la période de reproduction (surtout en influençant l'âge au mariage et à la première maternité), la sous-fertilité et les avortements spontanés. [Et] les travaux anthropologiques suggèrent que les femmes précocement pubères affichent des intervalles entre naissances plus courtes et une fécondité totale plus élevée ». Aussi, dans une étude sur la maternité à l'adolescence au Cameroun, cet auteur conclut que « l'âge à la puberté est un prédictif robuste des événements reproductifs majeurs subséquents et les effets de l'âge à la puberté paraissent varier significativement entre les pubères précoces (avant 14 ans) et les tardives. En particulier, les pubères précoces qui ont eu leurs premiers rapports sexuels ou contracté leur premier mariage à l'adolescence sont d'au moins 20,0% moins susceptibles de vivre leur première maternité prémaritale ou postmaritale avant 20 ans, respectivement ».

c) Connaissance de la contraception

Dans la mesure où l'information conditionne les comportements, la connaissance des méthodes contraceptives est un prérequis pour leur utilisation. De nombreuses études montrent que souvent les adolescentes africaines manquent d'informations correctes sur la fécondité et contraception. De même que les adolescentes ont des attitudes négatives à l'égard de la contraception suite à certains préjugés d'ordre culturel ou en rapport avec des renseignements erronés qu'elles reçoivent (UNFPA, 1997).

d) Connaissance du cycle ovulatoire

Le cycle ovulatoire (ou cycle menstruel) peut être défini comme l'ensemble de phénomènes périodiques rythmés par les règles c'est-à-dire par l'écoulement sanguin qui se produit chaque mois, lors de la menstruation chez la femme ; il comporte chacune des périodes entre le début des règles et les règles suivantes. La longueur normale du cycle est de 25 à 35 jours et l'ovulation qui détermine la période de fertilité de la femme a lieu, en général, entre le 12ème et le 16ème jour ; cette longueur varie d'une femme à une autre voire chez la même femme, ce qui rend son observation assez caduque. Mais, l'observation du cycle ovulatoire constitue le moyen le plus naturel de se prévenir contre les grossesses non désirées. Au Congo où la continence périodique constitue la méthode contraceptive la plus connue (92,1% des femmes de 15-49 ans et 93,2% chez celles en union), 59,8% d'adolescentes sexuellement actives ont déclaré avoir déjà pratiqué cette méthode à un moment quelconque de leur vie. Cependant, l'efficacité de l'utilisation de la continence périodique dépend largement de la connaissance par les adolescentes de la période de fertilité au cours du cycle menstruel.

En effet, dans un contexte de faible pratique contraceptive due essentiellement aux barrières culturelles comme dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, la maîtrise du cycle menstruel par les femmes, notamment par les adolescentes encore célibataires mais sexuellement actives, peut constituer un moyen assez efficace pour réduire le risque de maternité précoce. La maîtrise du cycle permet, en effet, à l'adolescente de négocier le moment le plus indiqué pour elle d'avoir des rapports sexuels et de s'abstenir pendant la période d'ovulation. En France, par exemple, dès le milieu du 18ème siècle les couples ont su contrôler le nombre des naissances et l'intervalle entre chaque naissance par des moyens comme le coït interrompu, l'abstinence ou l'allaitement prolongé et cela avait entraîné une baisse de la descendance finale variant de 13 à 26% selon les régions : ceci a été qualifié de « première révolution contraceptive »31(*).

Selon les EDS effectuées dans certains pays d'Afrique et d'Amérique latine, entre 20% et 60% environ des femmes de moins de 20 ans qui étaient enceintes déclaraient que leur grossesse avait été mal programmée ou n'était pas souhaitée. Cependant, malgré que la connaissance du cycle ovulatoire soit saisie dans les EDS, cet indicateur n'est pas souvent pris en compte dans la plupart d'études portant sur les facteurs de la maternité précoce en Afrique. Or dans un contexte de forte scolarisation comme pour le Congo, la connaissance ou la maîtrise du cycle menstruel devrait constituer l'une des caractéristiques essentielles des adolescentes du fait qu'elle traduit, d'une part, la manière dont une adolescente contrôle sa sexualité et sa fécondité et, d'autre part, le degré de considération que les programmes scolaires portent sur les questions relatives à la santé sexuelle et reproductive des jeunes/adolescents. Nous introduisons ainsi dans cette étude cet indicateur que nous estimons important et moins empreint de valeurs culturelles. Mais qui peut permettre, par ailleurs, de mesurer l'influence de l'environnement institutionnel sur les caractéristiques de l'adolescente par conséquent sur son comportement sexuel et sa fécondité, ceci afin d'estimer en quelque sorte la contribution de l'éducation formelle à la fécondité précoce.

II.1.2.6. Les facteurs comportementaux (ou les déterminants immédiats)

Les comportements sont très largement structurés par un ensemble de facteurs relatifs au statut de l'adolescente, statut résultant de ses caractéristiques socio-démographiques, socio-économiques et culturelles. Ainsi selon les auteurs de l'approche comportementale, les facteurs comportementaux constituent des facteurs qui agissent directement sur le risque de procréer ; il s'agit, en effet, des éléments qui dépendent essentiellement de certains comportements de l'individu qui réalise le risque.

a) Age aux premiers rapports sexuels

Les mutations socioculturelles en cours dans la plupart des sociétés africaines entraînent des changements significatifs dans les jeunes générations. Le mariage n'est plus le cadre exclusif de l'activité sexuelle ; les adolescentes entament leur sexualité avant même de projeter sur une union quelconque, et le plus souvent sans prendre des précautions nécessaires qui permettent d'éviter les grossesses non désirées ou une maternité précoce. L'entrée en vie sexuelle constitue de ce fait un facteur d'exposition au risque de maternité précoce et, plus tôt serait cette entrée plus longue serait donc le temps d'exposition ce qui signifie que, les filles qui entament précocement leur activité sexuelle seront plus exposées au risque de maternité précoce que celles qui l'entament avec un certain retard.

En effet, de nombreuses études ont montré que le début des rapports sexuels est un facteur important des risques qu'encourent les adolescentes quant aux grossesses/naissances non désirées et/ou précoces et aux infections sexuellement transmissibles comme le VIH/Sida (Calvès, 1996 ; Kuate-Deffo, 1998 ; UNFPA, 2005b). Il est évident qu'une fille ayant débuté sa vie sexuelle à 15 ans court plus de risque de tomber enceinte et est plus exposée aux IST durant sa vie reproductive que celle ayant eu ses premiers rapports sexuels à 20 ans. De même lorsque l'activité sexuelle est précoce, il y a de fortes chances que les rapports sexuels soient non-protégés et de surcroît avec de multiples partenaires et, en l'absence d'une utilisation adéquate des méthodes contraceptives telle que fréquemment observée en Afrique subsaharienne cela augmenterait la probabilité d'une maternité précoce.

Dans une étude comparative de l'UNFPA (2005b), il s'est avéré qu'en Afrique centrale l'importante activité sexuelle au sein des adolescentes va de pair avec une contribution élevée à l'ISF ; et c'est au Gabon où sept adolescentes sur dix ont déjà des rapports sexuels qu'on note la contribution la plus élevée. Le calendrier d'activité sexuelle est donc susceptible d'influencer sur celui de la maternité. Selon Kuate-Defo (1998) les jeunes filles précocement sexuelles ont un risque plus élevé de connaître leur première naissance avant la fin de leur adolescence ; le calendrier des rapports sexuels est considéré dans la plupart des études sur la fécondité des adolescentes comme le second facteur explicatif de ce phénomène. Dans le contexte de la RDC, Kibali et al.(2004) parviennent à la conclusion selon laquelle  « l'âge aux premiers rapports sexuels détermine le comportement sexuel à risque ».

b) Age au premier mariage ou à la première union

En Afrique, la coexistence entre les systèmes légaux des tribunaux officiels avec les systèmes coutumiers et traditionnels des institutions locales ou de la famille, fait que les législations sur le mariage ne sont pas toujours respectées. Et la plupart du temps, le système légal cède la place au système coutumier pour les questions liées à la famille. De ce fait, les mariages arrangés restent courants dans la plupart des sociétés africaines. Et, si dans certaines sociétés, les intéressés peuvent accepter ou de refuser l'arrangement une fois qu'ils se sont rencontrés, dans d'autres les arrangements familiaux sont définitifs, en particulier lorsque le mariage a déjà eu lieu. Dans la plupart des sociétés d'Afrique subsaharienne, le mariage est le cadre idéal de la procréation ; on se marie avant tout pour faire des enfants. Dans les cultures où les jeunes mariés sont censés fonder une famille immédiatement, une naissance qui ne se fait pas attendre ne peut qu'affermir le mariage ; et d'une manière ou d'une autre, de fortes pressions s'exercent sur les jeunes couples mariés pour les amener à avoir des enfants le plus tôt possible.

Toutefois de nos jours, on rencontre de plus en plus des situations où la fécondité intervient hors union ou dans le cadre des unions consensuelles ; ceci est d'autant plus fréquent en milieu urbain où le premier mariage est de plus en plus tardif et le célibat féminin en augmentation. Pour Kuate-Defo (1998), « dans les sociétés où le coït est encore rare hors mariage, l'âge à la formation des unions constitue un important déterminant de la fécondité adolescente ». Mais pour Antoine et Nanitélamio (1990), « le comportement matrimonial est fortement touché par les mutations en cours. Dans de nombreux pays africains le mariage reste en général précoce pour les jeunes filles, mais on assiste cependant à un recul de l'âge au premier mariage dans les grandes agglomérations, et la période du célibat tend donc à se prolonger. » Ainsi, Delaunay (1994 et 2001) dans l'analyse de la fécondité à Niakhar (Sénégal) conclut de la manière suivante : « On observe, en effet, un recul de l'âge d'entrée en premier mariage et un allongement du premier intervalle entre les naissances qui d'ores et déjà se traduisent par un recul de calendrier de la fécondité dans les générations récentes ».

Enfin, même si diverses situations peuvent être observées quant à l'entrée en union et à la prévalence du mariage dans un pays, la plupart des femmes (y compris les adolescentes) font leurs enfants lorsqu'elles sont union ; il est ainsi évident que l'âge au premier mariage peut expliquer les variations de la fécondité au sein d'un pays. Pour les adolescentes, ce constat est vrai qu'elles utilisent moins couramment la contraception que les autres femmes.

c) Pratique contraceptive

La contraception est l'ensemble de méthodes visant à éviter, de façon réversible et temporaire, les grossesses. Ces méthodes entraînent un régime de fécondité caractérisé par la procréation retardée et restreinte, c'est-à-dire à une fécondité contrôlée : les couples ou les femmes prévoient le nombre des naissances et le moment de la procréation. Les méthodes contraceptives se répartissent en deux groupes : les méthodes traditionnelles (coït interrompu, l'abstinence périodique, etc.) et les méthodes modernes (pilule, préservatif masculin, stérilet, etc.) ; les premières sont moins efficaces que les secondes. Et l'utilisation de ces dernières réduit considérablement le risque naturel pour une femme d'être enceinte. Ceci implique que, les adolescentes qui utilisent les méthodes contraceptives modernes soient moins exposées au risque de maternité précoce que celles qui n'utilisent que les méthodes traditionnelles ou celles qui n'utilisent aucune méthode.

La connaissance et l'utilisation de la contraception sont des facteurs importants de régulation de la fécondité en général, et celle des adolescentes en particulier. En fait, l'activité sexuelle expose les adolescentes aux risques de grossesses/naissances précoces ou non désirées, surtout dans un contexte de sous-utilisation des méthodes contraceptives. Tandis que, dans les sociétés modernes, cette exposition est largement influencée par le niveau d'utilisation et d'efficacité de la contraception (Kuate-Defo, 1998). Dans une étude effectuée à Dakar, BA et al. (1999) montrent qu' « il existait un écart important entre la connaissance des méthodes et la pratique contraceptive. Dans l'ensemble, 17 % des adolescentes connaissaient une méthode contraceptive. Seulement, 2,1 % des adolescentes avaient pratiqué une méthode contraceptive avant la grossesse et l'oubli de la contraception avait été responsable de la grossesse dans 1,4 % des cas. ».

Sur la base de cette revue de littérature, nous avons émis plusieurs hypothèses et élaboré un schéma conceptuel et ces deux éléments seront discutés dans la section suivante

II.2. HYPOTHESES ET SCHEMA CONCEPTUEL

a) Hypothèse générale

L'hypothèse générale est que l'environnement global32(*) de l'adolescente influence directement et/ou indirectement ses caractéristiques individuelles et, à terme, son comportement sexuel et ses risques de fécondité précoce. Cette hypothèse est transcrite dans le schéma conceptuel ci-après :

Schéma 1 : Schéma conceptuel de la fécondité des adolescentes

Environnement Global (institutionnel, socioculturel, socioéconomique)

Environnement familial

Caractéristiques individuelles de l'adolescente

Pratique contraceptive

Union précoce

Sexualité précoce

Fécondité précoce

Ce schéma conceptuel comporte quatre niveaux de facteurs explicatifs. Au niveau macro se trouvent les facteurs liés à l'environnement global, notamment les facteurs institutionnels, les facteurs socioculturels et les facteurs socioéconomiques. Ces facteurs influencent directement ou indirectement à travers l'environnement familial, les caractéristiques individuelles de l'adolescente. Ces dernières influencent la fécondité des adolescentes via un certain nombre de facteurs comportementaux que sont la sexualité précoce, l'union précoce et la pratique contraceptive.

b) Hypothèses spécifiques

H1 : L'appartenance ethnique influence le comportement procréateur des adolescentes : les adolescentes issues des ethnies matrilinéaires seront plus susceptibles d'avoir une maternité précoce que celles des ethnies patrilinéaires.

H2 : Les adolescentes du milieu rural, du fait de leur attachement aux pratiques traditionnelles, sont plus susceptibles de connaître une maternité précoce que leurs homologues du milieu urbain.

H3 : Les adolescentes de niveau de vie faible sont plus exposées à la maternité précoce que leurs homologues de niveau de vie élevé. Car le niveau de vie du ménage de résidence détermine la fécondité de l'adolescente.

H4 : Le niveau d'instruction de l'adolescente influence indirectement sa fécondité à travers un recul de l'âge d'entrée en union et/ou en activité sexuelle et l'utilisation des méthodes contraceptives : plus l'adolescente a un niveau d'instruction élevé, plus le risque d'avoir une maternité précoce diminue.

H5 : L'entrée précoce en vie sexuelle augmente le risque de fécondité chez les adolescentes. De ce fait, les adolescentes qui ont entamé précocement leurs rapports sexuels auront un risque plus élevé d'être mère que celles qui les ont entamés tardivement.

H6 : L'entrée précoce en union par l'adolescente augmente ses chances d'avoir une fécondité précoce. Plus le mariage est précoce plus la jeune fille est susceptible d'être mère précocement.

H7 : L'utilisation d'une méthode contraceptive quelconque réduit le risque de maternité précoce. Donc les adolescentes qui n'utilisent aucune méthode sont plus disposées à la fécondité précoce que celles qui utilisent au moins une méthode.

Après ce cadrage conceptuel, nous définissons, dans la section suivante, les différents concepts de l'étude, pour conduire à une meilleure compréhension du problème.

II.3. DEFINITION DES CONCEPTS LIES À L'ETUDE

a) Environnement institutionnel, socioculturel et socioéconomique

L'environnement se définit comme l'ensemble des éléments objectifs et subjectifs qui constituent le cadre de vie de l'individu. L'environnement institutionnel est ainsi défini comme l'ensemble des éléments sociopolitiques et juridiques qui entourent la vie des adolescentes ; il s'agit précisément des différentes mesures prises par les autorités politiques et juridiques du pays, des programmes et projets élaborés, et des diverses actions menées par la société civile ou les organisations non gouvernementales (ONG) à l'intérieur du pays. Dans cette étude l'environnement institutionnel ne pourrait être saisi, faute de variables opérationnelles dans la base utilisée.

L'environnement socioculturel se définit ici comme l'ensemble des caractéristiques et des conditions qui déterminent et modulent à divers degrés les normes, les valeurs et les représentations propres au groupe socioculturel auquel l'adolescente est censée appartenir. Il sera appréhendé par les variables ci-après : l'ethnie, la religion, le milieu de socialisation et le milieu de résidence.

L'environnement socioéconomique comprend tout élément pouvant concourir au développement du capital humain de l'adolescente. Il regroupe les conditions relatives à l'instruction, à la santé, à l'alimentation ou aux opportunités financières (comme avoir un revenu) qui entourent l'adolescente. Comme variable opérationnelle, nous retenons le milieu de résidence.

b) L'adolescence

Période qui sépare l'enfance de l'âge adulte. Cette caractérisation soulève plusieurs problèmes, car si le début de l'adolescence est, dans la plupart des sociétés, directement associé au début de la puberté, la fin de l'adolescence est rarement définie clairement. Au XVIIIe siècle (l'Emile de Rousseau), on assimilait l'adolescence à la crise pubertaire, laquelle était plus tardive qu'aujourd'hui. Ce n'est que vers la fin du XIXe siècle, en particulier sous l'effet de l'allongement des études qui maintient les élèves dans une sorte d'enfance prolongée, qu'à vraiment émergé l'adolescence comme classe d'âge et comme creuset d'une culture spécifique. Ce prolongement de la période d'adolescence est lié aujourd'hui à ce que les événements qui pourraient tenir lieu de « rites de passage », de rites d'entrée dans l'âge adulte, ont subi dans nos sociétés une double altération. Ce sont de moins en moins des épreuves, risquées et probantes. D'autre part s'est effacé, peu ou prou, leur caractère de cérémonies publiques (le mariage, par exemple, est de moins en moins un établissement solennel). Ainsi, la plupart des individus passent insensiblement de l'adolescence à une apparente maturité en traversant un âge mal défini que certains dénomment « post-adolescence » (et qui peut durer jusqu'à 35 ans, parfois plus). Aussi, la définition de l'adolescence peut varier d'une culture à l'autre (ou d'un auteur à un autre) en fonction des objectifs et de la manifestation de certains critères reconnus comme ceux d'un adulte (Senderowitz et Paxman 1985, Diop 1995).

Selon le dictionnaire Larousse (2006), l'adolescence correspond à une « période de la vie entre l'enfance et l'âge adulte, pendant laquelle se produit la puberté et se forme la pensée abstraite ». De cette définition découlent deux dimensions de l'adolescence : la dimension biologique ou physiologique et la dimension psychologique ; car si la puberté est définit comme l' « ensemble des transformations de l'adolescence aboutissant à l'acquisition des caractères sexuels - secondaires - et de la fonction de reproduction » (Larousse, 2006), la formation d'une pensée abstraite sous-entend « l'évolution de l'identification de l'adolescent ou de l'adolescente en tant qu'individu autonome, indépendant, pouvant prendre des décisions propres et se fier à son jugement personnel » (EVINA, 1998). La dimension sociologique (ou sociale) de l'adolescence s'intéresse plus aux nouvelles attentes qu'aurait la communauté à l'égard de l'adolescente, car les transformations physiologiques qu'elle subit entraînent un changement de statut et de rôle au sein de la collectivité. La dimension juridique, quant à elle, implique à l'enfant l'acquisition d'un certain nombre de droits (et des devoirs) dans la société et lui confère, à la fin de l'adolescence, une responsabilité pénale. La dimension démographique s'appuie essentiellement sur l'âge. Dans ce sens, l'adolescence concernera par exemple les individus âgés de 10 à 15 ans, 15 à 19 ans ou 15 à 24 ans etc.

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)33(*) a défini l'adolescence comme :

§ La progression entre l'apparition de caractéristiques sexuelles secondaires (puberté) et la maturité sexuelle et génésique ;

§ Le développement de mécanismes mentaux adultes et d'une identité d'adulte ;

§ La transition entre une entière dépendance socio-économique et une relative indépendance.

Cette définition constitue une référence essentielle car elle renferme, d'une manière plus ou moins implicite, chacune des dimensions susmentionnées.

KEATS, cité par KOUTON, distingue quatre étapes de l'adolescence :

- l'éveil sexuel vers 13-15 ans ;

- les premières relations sexuelles vers 14-17 ans ;

- le rôle sexuel vers 16-19 ans ;

- le choix d'un rôle déterminant dans la société vers 18-25 ans.

Cette définition permet de distinguer deux étapes de l'adolescence : une étape biologique ou psychologique prenant fin vers 15 ans et une étape sociale pouvant aller jusqu'à 25 ans.

L'adolescence est une période de maturation physique, émotionnelle, sociale et sexuelle rapide. Toutes les cultures constatent et marquent la transition entre l'enfance et l'âge adulte. Cependant, beaucoup d'études portent sur la tranche de 10 à 19 ans, tandis que d'autres portent sur la tranche de 15 à 24 ans ; dans aucun cas, la fourchette ne représente néanmoins un début et une fin qui soient universellement reconnus sur le plan social ou sur le plan biologique. La puberté indique le début biologique de l'adolescence, mais les signes qui marquent son achèvement sont divers et mal définis. La seule définition universelle de l'adolescence semble être que, bien qu'elle ne soit plus considérée comme un enfant, la jeune fille n'est pas encore un adulte.

La législation congolaise fixe à 18 ans l'âge minimum d'accès aux droits civiques et politiques. Et, l'article 128 du Code de la Famille congolais fixe également l'âge minimum au mariage à 18 ans pour les filles ; mais l'EDSC-I délimite la période de l'adolescence à la tranche d'âge 15-19 ans. Ainsi dans le cadre de cette étude, seront considérées comme adolescentes toutes les filles congolaises âgées de 15 à 19 ans.

c) Caractéristiques individuelles de l'adolescente

Les caractéristiques désignent à la fois ce qui est propre à l'individu et ce qui le singularise, c'est-à-dire chacune des particularités culturelles, sociales, physiques ou biologiques qui distinguent un individu des autres. Pour l'adolescente, il s'agit d'un ensemble d'éléments constitutifs de sa propre personnalité qui lui permettent de s'identifier ou de se différencier socialement, de communiquer avec ses semblables, de se conformer à certaines règles sociales ou d'en rejeter d'autres. C'est par des caractéristiques individuelles que chacun mobilise les ressources dont il dispose au sein d'environnements familiaux, culturels ou institutionnels afin de se constituer et de faire reconnaître sa conformité ou sa singularité auprès des autres. De ce fait, les caractéristiques de l'adolescente - l'âge auquel elle atteint sa puberté, son niveau d'instruction, ses connaissances sur la contraception - influent sur son comportement sexuel qui détermine sa susceptibilité à la maternité précoce.

d) Sexualité précoce

Les transformations d'ordre physique, sexuel et psychoaffectif qui caractérisent le passage de l'état d'enfant à celui d'adulte mettent plusieurs années à s'accomplir. L'âge de début des modifications morphologiques et la vitesse de passage d'un stade de développement au suivant varient beaucoup d'un enfant à l'autre. Cependant, une fois entamés, ces changements pubertaires se réalisent selon une séquence chronologique bien établie dont la classification en cinq stades de Tanner (1962)34(*) sert cliniquement de référence : le dernier stade, celui de maturation complète des organes sexuels, se déroulant entre 14 et 15 ans pour le sexe féminin. Au Congo bien que le mariage soit traditionnellement le cadre réservé des rapports sexuels, il n'en constitue pas le cadre exclusif, les relations sexuelles prémaritales connaissent une nette augmentation, et l'âge médian aux premiers rapports sexuels est estimé à 15,9 ans chez les femmes (CNSEE et ORC Macro, 2006). Aussi, la sexualité précoce sera définie comme l'occurrence des premiers rapports sexuels avant le 16ème anniversaire.

e) Union ou mariage précoce

Ici, le terme union prend un sens général pour désigner toute sorte de cohabitation entre un homme et une femme. Une union peut consister en un mariage (coutumier, religieux ou civil), un concubinage, une union consensuelle, etc. L'âge légal minimum au mariage étant fixé à 18 ans au Congo, l'union/mariage précoce peut donc être défini comme tout « mariage » d'une jeune fille survenu avant le 18ème anniversaire.

f) Fécondité ou maternité précoce

D'après Louis Henry, l'« on étudie sous le nom de fécondité les phénomènes quantitatifs directement liés à la procréation des enfants au sein des populations ou de sous-populations ... Et l'on entend plus particulièrement par fécondité la fréquence des naissances au sein d'ensembles en âge de procréer ». Dans la littérature toute grossesse contractée avant l'âge de 20 ans comporte des risques supplémentaires que si la femme avait 20 ans ou plus. En effet, ces risques sont plus élevés chez les jeunes femmes, non seulement parce qu'elles sont jugées physiologiquement inapte à conduire sans danger une grossesse à terme en raison de leur âge, mais aussi parce qu'elles en sont souvent à leur premier accouchement, qui est plus dangereux que les deuxième, troisième ou quatrième. La fécondité précoce concernera donc toute naissance survenue chez une fille avant le vingtième anniversaire.

Tableau 3 : Variables et modalités retenues pour l'étude

CONCEPTS

VARIABLES

MODALITES

Environnement socioculturel

Ethnie35(*)

Kongo, Mbochi, Téké

Sangha, Autres ethnies

Religion36(*)

Chrétiennes traditionnelles

Autres chrétiennes, Traditionnelles

Autres religions, Sans religion

Milieu de socialisation

Grandes villes, Petites villes, Rural

Milieu de résidence

Grandes villes, Petites villes, Rural

Environnement socioéconomique

Milieu de résidence

Grandes villes, Petites villes, Rural

Environnement familial

Niveau de vie du ménage

Faible, Moyen, Elevé

Sexe du chef de ménage

Masculin, Féminin

Suivi régulier de la télé

Jamais, Rarement, Souvent

Caractéristiques individuelles de l'adolescente

Niveau d'instruction

Sans niveau, Primaire, Secondaire ou plus

Connaissance des méthodes contraceptives

Aucune, Traditionnelle, Moderne

Connaissance du cycle ovulatoire

Aucune, Douteuse, Bonne

Etat matrimonial

Célibataire, En union

Comportement à l'égard de la procréation (variables intermédiaires)

Age aux premiers rapports sexuels

inférieur ou égal à 15 ans, 16 ans et plus

Age au premier mariage

inférieur ou égal à 17 ans, 18 ans et plus

Utilisation actuelle des méthodes contraceptives

Aucune, Traditionnelle, Moderne

Variable dépendante

Fécondité précoce

Maternité avant l'âge de 20 ans

1. Oui ; 0. Non

Afin de tester empiriquement les relations qui relient les différents concepts susmentionnés, nous avons retenu des variables opérationnelles qui, au regard des effets présumés ou des résultats d'études antérieurs, ont une influence sur la fécondité à l'adolescence. Les hypothèses et les variables opérationnelles relatives à la fécondité précoce étant déterminées, le schéma détaillé ci-dessous permet de les réorganiser. Il présente synthétiquement les relations existant entre les différentes variables, qui supposent au-delà des relations directes entre la fécondité précoce et les variables de comportement (ou variables intermédiaires), une influence de l'environnement familial sur les dites variables à travers les caractéristiques individuelles de l'adolescente et une influence ethnique et/ou religieuse à travers la tolérance de la sexualité et la valorisation de la maternité.

Schéma 2 : Schéma d'analyse de la fécondité des adolescentes

Sexe du chef de ménage

Premiers rapports sexuels avant 16 ans

Ethnie

Milieu de socialisation

Connaissance des méthodes contraceptives

Etat matrimonial

Religion

Suivi régulier de la télévision

Milieu de résidence

Niveau d'instruction

Niveau de vie du ménage

Utilisation des méthodes contraceptives

Premier mariage avant 18 ans

Maternité avant le 20ème anniversaire

Connaissance du cycle ovulatoire

Synthèse et conclusion partielle

Dans ce deuxième chapitre, nous avons présenté le cadre théorique de notre étude en examinant tour à tour les différentes approches explicatives de la fécondité des adolescentes : approches socioéconomique, socioculturelle, institutionnelle, psychologique, familiales et comportementale. Les résultats de certaines études antérieures ayant mis en évidence la pertinence de ces approches pour la variation des comportements procréateurs des adolescentes ont été évoqués. Ceci nous a permis d'énoncer une hypothèse générale représentée par un schéma conceptuel, suivi d'un certain nombre d'hypothèses spécifiques qui mettent en relation les différents facteurs (ou variables) avec le phénomène en cause. La définition des concepts a servi pour relever le sens qui leur ait accordé dans cette étude. Enfin, un schéma d'analyse a été élaboré afin d'étudier le phénomène dans le contexte qui nous concerne. Toutefois, l'absence de certaines informations jugées pertinentes dans notre revue de littérature (comme l'âge à la puberté ou la discussion du PF avec les parents) donne quelques limites à notre schéma d'analyse.

CHAPITRE III : PRESENTATION ET EVALUATION DES DONNEES, METHODOLOGIE

Ce chapitre présente les données sur lesquelles porteront les analyses, la méthodologie ayant permis de les collecter ; ainsi que l'évaluation de la qualité de ces données. Ensuite, le chapitre discute les méthodes statistiques d'analyse des données utilisées pour tester nos hypothèses.

III.1. SOURCE DES DONNEES

Cette étude utilise des données issues de la première Enquête Démographique et de Santé du Congo (EDSC-I) réalisée en 2005, notamment celles extraites du « fichier individuel femme.» Vu le caractère national de l'EDSC-I, notre étude porte sur toutes les jeunes femmes âgées de 15-19 ans au moment de l'enquête, représentant 10,6% de la population des ménages enquêtés.

a) Objectifs de l'enquête

L'objectif de la première Enquête Démographique et de Santé du Congo (EDSC-I) était de disposer des indicateurs démographiques et de santé indispensables à la mise en place des politiques et des programmes et plus particulièrement à la finalisation du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) et au suivi des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). De manière spécifique, cette enquête, réalisée auprès d'un échantillon national de 7051 femmes âgées de 15-49 ans et de 3146 hommes de 15-59 ans, visait à atteindre un certain nombre d'objectifs dont entre autres :

§ collecter, à l'échelle nationale et par milieu de résidence, des données permettant de calculer divers indicateurs démographiques, en particulier les taux de fécondité et de mortalité infantile et juvénile ;

§ analyser les facteurs directs et indirects qui déterminent les niveaux et les tendances de la fécondité, telles que les structures du mariage et l'utilisation de la contraception ;

§ identifier les catégories de femmes susceptibles d'avoir plus ou moins d'enfants et susceptibles d'utiliser la contraception ;

§ mesurer les taux de connaissance et de pratique contraceptive par méthodes, selon diverses caractéristiques sociodémographiques des femmes et des hommes.

b) Echantillonnage

L'échantillon de l'EDSC-I est représentatif au niveau national, et stratifié à deux degrés. Les 12 départements du pays ont été regroupés en quatre domaines de la manière suivante : Brazzaville, Pointe-Noire et, le Sud et le Nord Congo stratifiés pour chacun en urbain et rural.

L'échantillon a été tiré indépendamment dans chaque strate. Au premier degré, 225 grappes ont été tirées, proportionnellement à leur taille, à partir de la liste des Zones de Dénombrement (ZD) établie lors du Recensement général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 1996. Toutes les grappes sélectionnées ont fait l'objet d'un dénombrement exhaustif des ménages. Au deuxième degré, des ménages ont été tirés, à probabilité égale, à partir de la liste des ménages établie lors de l'opération de dénombrement. Au total, 6012 ménages ont été sélectionnés pour l'enquête ménage dont 5926 identifiés et, 5879 ménages effectivement enquêtés (soit un taux de réponse de 99%). A l'intérieur de ces ménages, sur les 7440 femmes âgées de 15-49 ans identifiées comme étant éligibles pour l'enquête individuelle, 7051 ont effectivement été interviewées. Le taux de réponse s'établit donc à 95% pour l'enquête auprès des femmes (94,4% en milieu urbain et 95,7% en milieu rural).

L'enquête homme a été réalisée dans un ménage sur deux : au total 3146 hommes âgés de 15-59 ans, sur 3515 identifiés, ont été enquêtés avec succès, soit un taux de réponse de 90%.

c) Questionnaires

Trois types de questionnaires ont été utilisés pour la collecte des données : le questionnaire ménage ; le questionnaire individuel pour les femmes de 15-49 ans ; le questionnaire individuel pour les hommes de 15-59 ans.

Ces trois supports de collecte ont été élaborés en adaptant aux spécificités et aux besoins du Congo les questionnaires standard développés dans le cadre du programme international DHS. Nous ne présenterons ici que les deux premiers types de questionnaires (ménages et individuel femme) en raison de leur liaison avec notre étude.

§ Questionnaire ménage

Ce questionnaire a permis, entre autres, de recueillir les informations sur tous les membres du ménage et visiteurs, telles que le nom, le lien de parenté avec le chef de ménage, le sexe, l'âge, le niveau d'instruction (pour les personnes âgées de 6-24 ans) ; ainsi que des informations sur les caractéristiques des logements des ménages (approvisionnement en eau, type de toilettes, etc.) afin d'évaluer les conditions socio-économiques et environnementales dans lesquelles vivent les personnes enquêtées. Pour notre étude, ces informations permettent de saisir le sexe du chef de ménage et les conditions de vie des ménages dans lesquels vivent les adolescentes.

§ Questionnaire individuel femme

Ce questionnaire destiné aux femmes âgées de 15-49 ans comporte neuf sections parmi lesquelles les sections suivantes :

- Caractéristiques sociodémographiques des enquêtées : consacrée aux informations sur le lieu de résidence, l'âge et la date de naissance, la scolarisation, l'alphabétisation, l'accès aux médias, la religion et l'ethnie ;

- Reproduction : permettant de recueillir des informations sur (i) les naissances vivantes que la femme a eues durant sa vie ainsi que sur leur état de survie au moment de l'enquête, (ii) l'état de grossesse au moment de l'enquête et (iii) la connaissance de la période féconde au cours du cycle mensuel ;

- Planification familiale : cette section est destinée à collecter des informations sur la connaissance et l'utilisation antérieure et actuelle des diverses méthodes contraceptives disponibles dans le pays, ainsi que sur leurs sources d'approvisionnement. Elle porte également sur le lieu et la date de la stérilisation féminine, ainsi que sur les raisons de la non utilisation de la contraception ;

- Mariage et activité sexuelle : elle permet de recueillir des informations sur l'état matrimonial, le régime de mariage (monogamie ou polygamie), l'âge aux premiers rapports sexuels ainsi que sur l'activité sexuelle.

Puisque nous utilisons des données qui ne proviennent pas de notre propre collecte ; il convient de les analyser afin de juger de leur fiabilité à notre objet d'étude. La section qui suit, présente donc les différentes méthodes utilisées pour évaluer la qualité de ces données, ainsi que les résultats issus de cette évaluation.

III.2. EVALUATION DE LA QUALITE DES DONNEES

Nous évaluerons directement les données relatives à notre population cible, notamment les adolescentes (15-19 ans), vu que nos prédécesseurs avaient, en général, déjà évaluer les informations sur l'âge des enquêtés (indices de Whipple, Myers, Bachi etc.) pour les mêmes données.

Notre étude porte sur les jeunes filles congolaises âgées de 15-19 ans ; un échantillon représentatif au niveau national obtenu sur base de l'EDSC-I donne 1558 adolescentes âgées de 15 à 19 ans.

a) Evaluation de la couverture des différentes variables de l'étude

Premièrement, il convient d'évaluer la couverture des différentes variables retenues pour l'étude. Cette évaluation des taux de réponse (ou de non réponse) des variables permet de déceler les erreurs éventuelles qui peuvent entacher les analyses et d'apprécier la précision des estimateurs qui en résulteront. En effet, un taux de non réponse supérieur à 10% pour les variables, affecte sensiblement la précision des estimations, cause des biais de représentativité et dans le cas des analyses multivariées entraîne des pertes importantes d'informations.

Les résultats du tableau 4 montrent, de façon générale, que toutes les variables relatives à notre étude ont été couvertes à plus de 95%. Ceci permet donc de considérer ces variables dans les analyses.

Tableau 4: Effectif des adolescentes et taux de réponses des différentes variables

Variables

Effectif des adolescentes

Taux de Réponses (%)

Ethnie

1557

99,94

Religion

1555

99,81

Milieu de socialisation

1556

99,87

Milieu de résidence

1558

100

Sexe du chef de ménage

1558

100

Suivi régulier de la télévision

1555

99,8

Niveau d'instruction

1558

100

Connaissance des méthodes contraceptives

1558

100

Connaissance du cycle ovulatoire

1553

99,68

Age aux premiers rapports sexuels

1556

99,9

Utilisation actuelle des méthodes contraceptives

1558

100

Age au premier mariage

313

100

Nombre d'enfants nés vivants

1558

100

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

b) Evaluation des données sur l'âge des adolescentes

L'âge est une variable fondamentale dans l'analyse démographique. Mais souvent, son observation pose beaucoup de problèmes à cause des disfonctionnements des systèmes d'état civil répandus dans les pays du Tiers monde, notamment d'Afrique subsaharienne. Aussi dans les EDS, deux questions sont souvent posées pour saisir l'âge des enquêté(e)s : « En quel mois et en quelle année êtes-vous né ? » et « Quel âge aviez-vous à votre dernier anniversaire ? ». Ces deux questions permettent ainsi de vérifier la fiabilité et la validité de l'âge déclaré par l'enquêté(e). Le tableau 5 et le graphique associé (Graphique 1) présentent la répartition des adolescentes selon leur âge au moment de l'enquête. Il en ressort une variation assez normale des effectifs de 15 à 19 ans. Et, une légère faiblesse d'effectifs à 16 ans et à 19 ans qui pourrait s'expliquer par des attractions respectivement pour les âges 18 ans (âge de la majorité civile) et 20 ans (chiffre rond). Toutefois, ces tendances restent minimes et ne sauraient entacher la qualité des données. De ce fait, nous admettons que les données sont convenables pour traiter d'un sujet concernant notre population cible.

Tableau 5 : Répartition par âge des adolescentes (15-19 ans)

Age

Effectif

Proportion (%)

15

360

23,11

16

292

18,74

17

315

20,22

18

318

20,41

19

273

17,52

Total

1558

100

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

Graphique 1 : Répartition par âge des adolescentes 15-19 ans dans l'échantillon (EDSC-I, 2005)

c) Evaluation des données sur l'âge aux premiers rapports sexuels

Lors de l'enquête, la question suivante permettait de saisir l'âge aux premiers rapports sexuels : « Quel âge aviez-vous quand vous avez eu vos premiers rapports sexuels (si vous en avez eus) ? » Les résultats du tableau 6 montrent que, de manière générale, la plupart des adolescentes congolaises ont eues leurs premiers rapports sexuels avant le seizième anniversaire (44,36%). La faible proportion des "non déclarés" (0,13%) indique une déclaration relativement bonne de l'âge aux premiers rapports sexuels, malgré une certaine attraction à 15 ans. Cependant, cette « bonne déclaration » de l'entrée en vie sexuelle pourrait comporter quelques erreurs essentiellement dues aux valeurs socioculturelles qui interdisent l'activité sexuelle des filles surtout en dehors d'une union formelle. Ceci pourrait entraîner certaines filles déjà actives sexuellement à déclarer qu'elles sont encore inactives, d'où le niveau relativement élevé (34,27%) de celles qui n'ont pas encore eu de rapports sexuels.

Tableau 6: Répartition des adolescentes selon l'âge aux premiers rapports sexuels

Age

Effectif

Proportion (%)

N'a pas encore eu de rapports sexuels

534

34,27

10

7

0,45

11

4

0,26

12

35

2,25

13

77

4,94

14

237

15,21

15

331

21,25

16

216

13,86

17

81

5,20

18

30

1,93

19

4

0,26

ND

2

0,13

Total

1558

100

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

d) Evaluation des données sur l'âge au premier mariage

Dans les sociétés africaines où le mariage est précoce, on enregistre un nombre important de naissances au sein de la population des adolescentes et l'écart entre l'âge à la première union et l'âge à la première maternité est faible voire très négligeable. De ce fait, l'âge au premier mariage ou à la première union est un déterminant important des niveaux et des variations de la fécondité naturelle. Lors de l'EDSC-I en 2005, l'âge au premier mariage était saisi par la question suivante : « Quel âge aviez-vous lorsque vous avez commencé à vivre avec lui (le mari ou un partenaire)? ». Cette question ne s'adressait uniquement qu'aux femmes qui sont mariées ou qui, ont eu à vivre ou ont été mariées à un homme dans le passé.

Le tableau de répartition des adolescentes selon l'âge au premier mariage (tableau 7) montre que près de 80% (79,91%) d'adolescentes congolaises sont célibataires ou n'ont pas encore connu l'événement "premier mariage". Cependant, pour celles qui ont déjà connu cet événement, 81, 47% (soit 255 sur 313) l'ont été avant leur 18ème anniversaire contre 18,53% seulement (c'est-à-dire 58 sur 313) qui l'ont connu dans le 18ème ou le 19ème anniversaire ; ceci explique que les mariages précoces restent courants au Congo.

Tableau 7: Répartition des adolescentes selon l'âge au premier mariage

Age

Effectif

Fréquence (%)

11

1

0,06

12

10

0,64

13

18

1,16

14

29

1,86

15

62

3,98

16

77

4,94

17

58

3,72

18

43

2,76

19

15

0,96

Total

313

20,09

Jamais été mariée

1245

79,91

Total

1558

100

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

Tableau 8: Statut matrimonial

Modalités

Effectif

Proportion (%)

Célibataires

1245

80,1

En union

309

19,9

Total

1554

100

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

e) Evaluation des données sur l'âge à la première maternité

L'évaluation de l'âge à la première maternité est importante du fait qu'en Afrique subsaharienne en général, et particulièrement au Congo, la présence d'un tel événement n'est traditionnellement tolérable que dans le cadre du mariage ; la maternité chez une jeune fille encore célibataire est considérée comme un véritable scandale, pouvant compromettre toute sa vie de femme. Ainsi, pour préserver leur image dans la société, certaines adolescentes sont tenues de ne pas déclarer, à une tierce personne, leurs naissances hors union. Cette analyse se fera donc au moyen d'une courbe de répartition de l'âge à la première maternité des adolescentes congolaises lors de l'EDSC-I.

L'examen de cette courbe (Graphique 2) montre une relative régularité dans l'évolution de cette courbe. L'âge à la première maternité suit une croissance progressive entre 12 ans et 14 ans, ensuite cette croissance s'accentue au delà de 14 ans pour atteindre un pic à 16 ans, au-delà de 16 ans elle amorce une chute progressive et assez accélérée jusqu'à l'âge de 19 ans. L'allure de la courbe est en relation avec les résultats de l'EDSC-I qui montrent qu'au Congo, environ 55% des femmes de 20-24 ans (groupe d'âge le plus proche des adolescentes) ont leur première maternité avant d'atteindre 20 ans. Par ailleurs, aucune attraction particulière n'est observée (aussi bien pour 15 ans et 18 ans) ; ce qui traduit que l'âge à la première maternité des adolescentes a été bien déclaré.

Tableau 9: Répartition des adolescentes selon l'âge à la première maternité

Age

Effectif

Proportion (%)

12

5

0,32

13

9

0,58

14

18

1,16

15

52

3,34

16

108

6,93

17

86

5,52

18

53

3,40

19

17

1,09

Total

348

22,34

N'a jamais été mère

1210

77,66

Total

1558

100

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

Graphique 2 : Courbe de l'âge à la première maternité des adolescentes (15-19 ans)

Tableau 10: Utilisation actuelle des méthodes contraceptives chez les adolescentes (15-19 ans)

Types de méthodes utilisées

Effectif

Proportion (%)

Aucune méthode

941

60,4

Méthodes traditionnelles

452

29,0

Méthodes modernes

165

10,6

Total

1558

100,0


Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

III.3. DISTRIBUTION DES VARIABLES D'ANALYSE

Cette section présente la distribution des variables c'est-à-dire, la répartition des adolescentes suivant les différentes caractéristiques retenues (environnementales, familiales, individuelles et comportementales).

III.3.1. Distribution des variables de l'environnement socioculturel et socioéconomique

a) L'ethnie

La variable ethnie comporte cinq modalités : les Kongo sont majoritaires (59%) ; les Téké (15,7%) ; les Mbochi (13%) ; les Sangha et les adolescentes congolaises de diverses origines (africaines pour la plupart) regroupées dans la modalité autres sont faiblement représentées dans l'échantillon (respectivement 6,6% et 5,7%).

b) La religion

La répartition des adolescentes selon la religion montre que les jeunes filles chrétiennes sont les plus représentées dans l'échantillon (56% pour les chrétiennes traditionnelles et 4,6% pour les autres chrétiennes) ; les adolescentes adeptes des autres religions viennent en seconde position (27,9%) ; celles sans religion représentent 7,1% tandis que les adeptes des églises traditionnelles que nous pouvons qualifiées de « judéo-africaines » représentent 4,6%.

c) Le milieu de socialisation

En ce qui concerne le milieu de socialisation, on observe qu'un grand nombre d'adolescentes ont passé leur enfance dans les grandes villes soit 54,3%, 31,2% ont passée leur enfance dans le milieu rural, alors que 14,5% l'ont passée dans les petites villes. Cette répartition montre en effet l'ampleur du milieu urbain en tant que milieu de socialisation des adolescentes, puisque les grandes villes et les petites villes réunies représentent plus de 65%.

d) Le milieu de résidence

Les adolescentes qui résidaient dans les grandes villes au moment de l'enquête représentent 30,4% ; celles des petites villes représentent 40,4% ; tandis que celles du milieu rural représentent 29,2%.

Tableau 11: Répartition des adolescentes selon les caractéristiques socioculturelles et socioéconomiques

Variables et modalités

Effectif

Fréquence (%)

Ethnie

Kongo

912

59,0

Mbochi

202

13,0

Téké

245

15,7

Sangha

103

6,6

Autres

89

5,7

Religion

Chrétienne traditionnelle

871

56,0

Autre chrétienne

70

4,6

Traditionnelle

69

4,4

Sans Religion

111

7,1

Autres

434

27,9

Milieu de socialisation

Grandes villes

841

54,3

Petites villes

224

14,5

Rural

484

31,2

Milieu de résidence

Grandes villes

473

30,4

Petites villes

630

40,4

Rural

455

29,2

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

III.3.2. Distribution des variables de l'environnement familial

a) Sexe du chef de ménage

La répartition selon le sexe du chef de ménage montre que 73,7% des adolescentes congolaises vivaient dans les ménages dirigés par les hommes, tandis que 26,3% appartenaient aux ménages dirigés par les femmes.

b) Le niveau de vie

La répartition selon le niveau de vie du ménage montre qu'au moment de l'enquête 30,9% d'adolescentes congolaises résidaient dans les ménages de faible niveau de vie, contre 21,1% dans ceux de niveau de vie moyen et 48,1% dans ceux de niveau de vie élevé.

c) Suivi régulier de la télévision

Selon la propension des adolescentes à suivre régulièrement la télévision, il ressort qu'au moment de l'enquête 42,5% des adolescentes congolaises ont déclaré n'avoir jamais suivi la télévision ; 23,1% suivaient rarement ce média ; tandis que 34,4% le suivaient souvent.

Tableau 12 : Répartition des adolescentes selon les caractéristiques familiales

Variables et modalités

Effectif

Fréquence (%)

Sexe du chef de ménage

Masculin

1148

73,7

Féminin

410

26,3

Niveau de vie du ménage

Faible

482

30,9

Moyen

327

21,0

Elevé

749

48,1

Suivi régulier de la télé

Jamais

661

42,5

Rarement

359

23,1

Souvent

535

34,4

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

III.3.3 Distribution des variables des caractéristiques individuelles de l'adolescente

a) Le niveau d'instruction

Selon le niveau d'instruction, les adolescentes sans niveau ne représentent que 3,5% de l'ensemble de l'échantillon contre 36,4% de niveau primaire et 60,1% de niveau secondaire ou plus.

b) Connaissance des méthodes contraceptives

La répartition des adolescentes selon leur connaissance des méthodes contraceptives montre que 5,5% ne connaissaient aucune méthode contraceptive ; alors que 3,2% connaissaient au moins une méthode traditionnelle contre 91,3% qui connaissaient les méthodes contraceptives modernes.

c) Connaissance du cycle ovulatoire

Pour la connaissance du cycle ovulatoire, il en ressort que 27,8% des adolescentes n'avaient aucune connaissance du cycle ovulatoire et 24,5% avaient des connaissances douteuses du cycle ; contre 47,7% de celles qui connaissaient mieux la période de fertilité durant le cycle ovulatoire.

Tableau 13 : Répartition des adolescentes selon leurs caractéristiques individuelles

Variables et modalités

Effectif

Fréquence (%)

Niveau d'instruction

Sans niveau

54

3,5

Primaire

567

36,4

Secondaire ou plus

937

60,1

Connaissance des méthodes contraceptives

Aucune

86

5,5

Traditionnelle

50

3,2

Moderne

1422

91,3

Connaissance du cycle ovulatoire

Aucune connaissance

431

27,8

Connaissance douteuse

381

24,5

Bonne connaissance

741

47,7

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

III.3.4. Distribution des variables de comportement

a) Age aux premiers rapports sexuels

La répartition des adolescentes selon l'âge aux premiers rapports sexuels montre que 34,3% d'entre elles n'avaient pas encore eu de rapports sexuels, alors 44,4% ont eu leurs premiers rapports sexuels entre 10 et 15 ans contre 21,2% de celles qui avaient eu leurs premiers rapports sexuels à 16 ans et plus.

b) Age au premier mariage

Dans l'ensemble des adolescentes enquêtées, 79,9% étaient célibataire, 16,4% ont été mariées entre 11 et 17 ans et 3,7% à 18ans et plus.

c) Utilisation de la contraception

La répartition des adolescentes selon leur utilisation des méthodes contraceptives montre que, parmi les adolescentes enquêtées, 60,4% n'utilisaient aucune méthode contraceptive au moment de l'enquête. Celles qui utilisaient les méthodes traditionnelles représentent 29% de l'échantillon contre 10,6% de celles qui avaient recourt aux méthodes contraceptives modernes.

Tableau 14 : Répartition des adolescentes selon leurs caractéristiques comportementales

Variables et modalités

Effectif

Fréquence (%)

Age aux premiers rapports sexuels

N'a pas eu de premiers rapports sexuels

534

34,3

10 -15 ans

691

44,4

16 ans et plus

331

21,2

ND

2

0,1

Age au premier mariage

Célibataire

1245

79,9

11 - 17 ans

255

16,4

18 ans et plus

58

3,7

Utilisation actuelle des méthodes contraceptives

Aucune

941

60,4

Traditionnelle

452

29,0

Moderne

165

10,6

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

III.4. METHODES STATISTIQUES D'ANALYSE DES DONNEES

Pour atteindre les objectifs spécifiques de notre étude, nous utiliserons dans un premier temps des méthodes d'analyse statistique descriptive afin de caractériser la population des adolescentes ayant débuté leur vie féconde, ensuite le recours à une méthode d'analyse statistique explicative permettrait de tester les différentes hypothèses énoncées plus haut.

III.4.1. Analyse descriptive

Cette phase se fera également en deux temps : premièrement nous procéderons à une analyse bivariée (fréquences, tableaux croisés avec application du test de khi-deux) afin d'apprécier l'existence ou non de relations entre chacun des facteurs avec la variable dépendante « maternité précoce ». Ensuite, une Analyse Factorielle des Correspondances Multiples (AFCM) nous servira pour comparer les profils des adolescentes en rapport avec la maternité précoce. L'AFCM est, en effet, une technique d'analyse des interdépendances entre des variables qu'on veut analyser simultanément ; il permet de croiser plusieurs caractères connus par classes et de comparer des profils en lignes et en colonnes. La proximité entre modalités de caractères différents traduit la surreprésentation de l'une dans l'autre c'est-à-dire la propension d'avoir des « profils ligne » comparables et l'éloignement traduit la sous représentation ; la proximité entre individus exprime qu'ils ont des « profils colonne » voisins et, la proximité de points individus à un point modalité traduit la surreprésentation de celle-ci dans ceux-là, de même que l'éloignement traduit leur sous représentation sur cette modalité (Dumolard P., 2005). Les deux principaux avantages de cette méthode sont la réduction de l'information par la définition des dimensions principales ou axes principaux, et la possibilité de représentation graphique pour une visualisation des « points caractères », ou « points individus » et qui sont des représentations des groupes d'individus caractérisés par la variable.

Enfin, pour vérifier la liaison significative entre une variable explicative et la variable dépendante et établir des relations de causalité, nous devrons recourir à l'analyse multivariée explicative afin de tenir compte de l'effet des autres variables et déceler d'éventuelles relations fallacieuses.

III.4.2. Analyse explicative

La démographie offre peu d'exemples d'un phénomène qui « expliquerait » directement un autre (cas qui correspond à une régression simple). Plus souvent, les phénomènes examinés s'« expliquent » par la conjonction de plusieurs facteurs : ceci impose de passer d'un modèle de régression simple à un modèle de « régression multiple », où plusieurs variables « explicatives » notées X1,...,Xp rendent compte de la variabilité de Y, variable « à expliquer ». Pour identifier ces facteurs, nous utiliserons la régression logistique.

a) Justification du choix du modèle

Notre choix d'appliquer le modèle statistique de régression logistique est déterminé par la nature des données à analyser, de leur structure et des objectifs assignés à notre étude. Le modèle de régression logistique permet d'estimer la force de l'association entre une variable qualitative à deux classes (dichotomique) appelée variable dépendante et des variables qui peuvent être qualitatives ou quantitatives appelées variables explicatives ou indépendantes. La variable à expliquer (variable dépendante Y) est l'incidence ou non de l'événement étudié - présence ou non d'un enfant chez une adolescente - et les variables explicatives (variables indépendantes Xi, i=1,2,..., n) sont des facteurs susceptibles d'influencer la survenue de l'événement (facteurs d'exposition, facteurs de risque ou facteurs de confusion).

La régression logistique peut examiner une seule variable indépendante, mais son intérêt réside dans son utilisation multivariée puisqu'elle permet, alors, d'estimer la force de l'association entre la variable dépendante et chacune des variables explicatives, tout en tenant compte de l'effet simultané de l'ensemble des autres variables explicatives intégrées dans le modèle. L'association ainsi estimée est dite « ajustée » sur l'ensemble des autres facteurs.

b) Principe de la méthode

L'analyse de régression logistique (ou modèle logistique) est un modèle multivarié qui permet de prédire c'est-à-dire d'exprimer sous forme de risque (ou de probabilité) la relation entre une variable Y et une ou plusieurs variables Xi, le plus souvent nominales. Même si la relation entre les variables est statistique, le modèle cherche à établir une relation fonctionnelle de la forme : Y=f (X), où :

- Y caractérise la variable à prédire : elle est dichotomique et prend la valeur 1 pour la modalité étudiée et 0 si non ; et,

- Les Xi caractérisent les i facteurs de prédiction (facteurs de risque ou facteurs pronostiques).

Ce modèle permet de calculer le risque de survenue (ou la probabilité de devenir ou de ne pas devenir mère) de la maternité chez une adolescente lorsque les valeurs des variables Xi sont connues.

c) Equation du modèle et interprétation

Le modèle de régression logistique est un modèle de dépendance qui fait partie d'une classe de modèles dits log linéaires qui ont en commun l'analyse des ratios, qu'ils soient exprimés sous forme logistique ou non (Bocquier P., 1996). Les valeurs fluctuent entre 1 ou 0, selon que l'individu répond à la caractéristique ou non. Dans ce modèle, on distingue deux types de populations :

- celle qui a la caractéristique étudiée (en proportion Pj, P (Y=1)) ;

- celle qui n'a pas la caractéristique (en proportion 1- Pj= P (Y=0)).

La quantité modélisée calculée à partir du rapport des deux populations donne le "Odds Ratio". Un Odds est défini comme une cote (c'est-à-dire le rapport d'une probabilité à son complément) :

Pj

Odds =

1 - Pj

Pj est par exemple la probabilité d'être maman.

On définit l'Odds Ratio (OR) associé à une variable indépendante (par exemple le milieu de résidence) comme suit :

(P1/1 -P1)

OR=

(P0/1- P0)

Si P0 représente la probabilité d'être maman pour une adolescente rurale et P1 celle pour une adolescente citadine, alors un Odds Ratio de 1 signifie que la probabilité d'être maman est la même chez les citadines et chez les rurales. Autrement dit, le risque de maternité précoce n'est pas associé au milieu de résidence. En revanche, un Odds Ratio différent de 1 signifie qu'il y a une association entre la maternité précoce et le milieu de résidence. Si cet Odds Ratio est >1 cela signifie que le numérateur est plus grand que le dénominateur et, par conséquent, que les citadines ont un plus grand risque d'être maman que les rurales. C'est le contraire s'il est <1 (Taffé P., 2004).

d) Le test de signification des paramètres

Ce test permet d'évaluer pour chaque variable le niveau de signification et son impact dans l'explication de la fécondité des adolescentes. Il donne aussi pour chacune des modalités d'une variable Xi le niveau de signification de son écart par rapport à la modalité de référence. L'interprétation consiste en la comparaison des probabilités critiques associées aux variables ou aux modalités aux seuils de signification fixés (10%, 5%, 1%). Si la probabilité critique est inférieure au seuil de signification fixé, on rejette l'hypothèse nulle et le modèle est significatif. Le seuil de signification est inversement proportionnel à la fiabilité du modèle ; plus le niveau de signification est faible, moins on a de chance de se tromper en affirmant que les différences observées reflètent des écarts réels et non des différences dues aux aléas de l'échantillonnage (Bocquier P, 1996).

III.5. CONSTRUCTION D'UN INDICATEUR DE NIVEAU DE VIE DES MÉNAGES

Généralement, les EDS sont nettement limitées en informations relatives au niveau de vie, et ne contiennent que rarement celles relatives aux revenus et aux dépenses des ménages. Les indicateurs de niveau de vie doivent alors être construits sur la base d'informations indirectes relatives au logement (sol, toit, eau, électricité...) ou à la possession de biens matériels (radio, TV, vélo, voiture, frigo...) lorsque ces informations sont disponibles. L'indicateur de niveau de vie ainsi construit constitue de ce fait une variable composite qui mesure une pauvreté relative dont les catégories de niveau de vie dépendent de la distribution de ce dernier dans l'ensemble de la population. Ainsi, la catégorie la plus pauvre ne fait donc généralement pas référence à un niveau de vie minimum pour la survie37(*).

Un indicateur de niveau de vie a été construit, dans l'EDSC-I, à partir des données sur les biens des ménages en utilisant la méthode de l'Analyse en Composante Principale (ACP) sur les informations relatives à la possession par les ménages de certains biens durables (télévision, radio, voiture, etc.) et celles concernant certaines caractéristiques de logement comme la disponibilité de l'électricité, le type d'approvisionnement en eau, le type de toilettes, le type de sol du logement, le nombre de pièces utilisées pour dormir, etc. Cet indicateur sera donc utilisé dans le cadre de notre étude, mais catégorisé en trois modalités, au lieu de cinq, à savoir : Faible, Moyen et Elevé. Ainsi, dans le cadre de cette étude la modalité faible regroupe les modalités « Très pauvre » et « Pauvre » de la base, la modalité Moyen correspond à la modalité « Moyen » de la base et la modalité Elevé regroupe les modalités « Riche » et « Très riche » de la base.

Synthèse et conclusion partielle

L'objectif de ce chapitre était de présenter la source des données, de procéder à l'évaluation de la qualité desdites données, de présenter les distributions des variables et de procéder au choix des méthodes statistiques d'analyse. Les données utilisées pour cette étude proviennent de la première Enquête Démographique et de Santé réalisée au Congo en 2005 (EDSC-I, 2005). Les adolescentes enquêtées lors de cette opération de collecte étaient au nombre de 1558 ; et les informations recueillies sont assez appropriées pour la vérification de nos hypothèses. L'évaluation de la qualité des données a montré que les taux de couverture des variables sont satisfaisants pour l'ensemble. Concerant l'âge aux premiers rapports sexuels, l'âge au premier mariage et l'âge à la première maternité, l'évaluation de la qualité des données montre que ces âges ont été relativement bien déclarés vue le faible niveau de taux de non-réponse enregistré pour ces variables. Pour ce qui concerne les adolescentes, nous avons noté que l'âge a été relativement bien déclaré, mais on dénote une légère attraction à 15 ans concernant l'âge aux premiers rapports sexuels.

Enfin, compte tenu de l'objectif spécifique de l'étude et de la nature des données sur les variables intermédiaires et la variable dépendante, au niveau descriptive nous allons recourir aux tableaux croisés et au test de khi-deux et à l'analyse factorielle des correspondances multiples, et au niveau explicative à l'analyse de régression logistique.

Après présentation et évaluation des données et, vu qu'elles sont de qualité acceptable, il convient donc de procéder aux analyses pour mieux rendre compte de la réalité du phénomène. Le chapitre suivant expose ainsi les différentes analyses descriptives effectuées et les résultats obtenus, qui permettent de comprendre les variations du phénomène.

CHAPITRE IV : NIVEAUX ET VARIATION DE LA FECONDITE DES ADOLESCENTES AU CONGO

Le présent chapitre donne les variations de la fécondité des adolescentes, et des comportements proches, au Congo selon les différentes caractéristiques retenues dans l'étude. Ces variations permettent, en effet, d'appréhender l'ampleur du phénomène dans chaque catégorie d'adolescentes suivant une caractéristique donné (ethnie, religion, niveau de vie, niveau d'instruction, sexualité précoce, etc.).

IV.1. NIVEAUX DE LA FECONDITE DES ADOLESCENTES AU CONGO

Les niveaux de fécondité des adolescentes sont appréhendés ici à travers, d'une part, la proportion (en pourcentage) de jeunes filles de 15-19 ans ayant déjà donné naissance à au moins un enfant et, d'autre part, par la contribution des adolescentes à la l'ISF. Celle-ci étant ici définie comme la part (%) de l'ISF provenant de la tranche d'âge 15-19 ans (celle des adolescentes). Le traitement des données de l'EDSC-I (2005) fait observer que 22,3 % des adolescentes congolaises ont déjà donné naissance à au moins un enfant et, la contribution des adolescentes (15-19 ans) à l'ISF est estimée à 14%. Dans un contexte où les adolescentes représentent près d'un quart de la population féminine en âge de procréer (15-49 ans) - 22,1% en considérant l'échantillon de l'EDSC-I, 2005 - cela représente bien sûr une contribution non négligeable au maintien de la fécondité générale à un niveau élevé.

IV.2. VARIATIONS DES DETERMINANTS IMMEDIATS DE LA FECONDITE DES ADOLESCENTES AU CONGO

Cette section présente les résultats de l'analyse descriptive des comportements proches de la fécondité des adolescentes, obtenus à partir des tableaux de contingence. En effet, le tableau de contingence (ou tableau croisé) est une analyse statistique bivariée (croisant deux variables), qui permet d'étudier les relations entre deux variables nominales, et le degré de significativité de cette relation par le test du Khi-deux. On calcule une probabilité dont la valeur sera comparée au seuil fixé (10%, 5% ou 1%). Si cette valeur est inférieure au seuil, on conclut que les deux variables sont associées. Dans le cas contraire, on dit qu'il y a indépendance entre les deux variables.

IV.2.1. Aspects différentiels de l'âge aux premiers rapports sexuels

Comme nous l'avons signifié plus haut, l'âge aux premiers rapports sexuels influence directement la fécondité des adolescentes ; il convient de dégager son ampleur dans certains groupes d'adolescentes afin de mieux comprendre leur exposition à la fécondité.

IV.2.1.1. Environnement socioculturel et/ou socioéconomique et première activité sexuelle de l'adolescente

Dans l'ensemble plus de la moitié des adolescentes (64,2%) avait déjà connu leurs premiers rapports sexuels au moment de l'enquête et, pour 68,9% d'entre elles ces rapports ont été précoces (tableau 15).

a) Appartenance ethnique et sexualité des adolescentes

D'une part, c'est chez les Sangha et les Mbochi que l'on trouve les plus fortes proportions d'adolescentes dont la première activité sexuelle est précoce (respectivement 77,1% et 76,1%), d'autre part, cette proportion est relativement plus faible dans le groupe Kongo (65,1%). Cependant, les adolescentes du groupe Téké et des autres ethnies (respectivement 72,0% et 72,5%) occupent, dans une certaine mesure, la position assez intermédiaire. Par ailleurs, au seuil de 10% l'intensité de la première activité sexuelle n'est pas associée à l'appartenance ethnique ; ceci implique que l'entrée en vie sexuelle ne varie pas selon que l'adolescente appartienne à tel groupe ethnique ou à un autre. Et c'est plutôt l'âge d'entrée en vie sexuelle qui est fonction de l'appartenance ethnique.

b) Religion et sexualité des adolescentes

La première activité sexuelle n'est pas associée (au seuil de 10%) à l'appartenance religieuse. Cependant, l'âge aux premiers rapports sexuels varie d'une religion à une autre : c'est chez les adolescentes qui n'appartiennent à aucune famille religieuse que l'on trouve la plus forte proportion des rapports sexuels précoces (76,5%), et à l'extrême cette proportion est relativement faible chez les autres chrétiennes (53,1%) ; entre ces deux groupes on trouve les adolescentes des religions traditionnelles (70,7%), les chrétiennes traditionnelles (69,9%) et les autres religions (67,0%).

c) Milieu de socialisation et sexualité des adolescentes

Ce sont les jeunes filles socialisées en milieu rural (75,6%) qui ont la plus forte proportion des rapports sexuels précoces. En revanche, cette proportion est relativement faible dans les petites villes (56,9%) et, les grandes villes (65,9%) se situent à un niveau intermédiaire. Nous constatons que par rapport au milieu de socialisation, l'effet du degré d'urbanité sur l'âge aux premiers rapports sexuels n'est pas continu (trop conservateur en milieu rural et trop libéral dans les grandes villes). Mais l'entrée en activité sexuelle n'est pas associée au milieu de socialisation (au seuil de 10%), ce qui traduit que la première activité sexuelle ne varie pas selon que l'adolescente ait grandi en milieu rural ou en milieu urbain.

d) Milieu de résidence et sexualité des adolescentes

D'après les résultats du tableau 15, c'est dans le milieu rural (76,8%) que se trouve la proportion la plus élevée d'adolescentes sexuellement précoces, tandis que dans les grandes villes et les petites villes cette proportion est sensiblement la même (respectivement 63,4% et 62,0%). Comme pour le milieu de socialisation, ces résultats montrent en effet que la relation entre l'âge aux premiers rapports sexuels et le degré d'urbanité n'est pas continue ; de même que la première activité sexuelle n'est pas significativement associée au milieu de résidence.

IV.2.1.2. Environnement familial et sexualité des adolescentes

a) Niveau de vie du ménage et sexualité des adolescentes

Les résultats du tableau 15 montrent que la première activité sexuelle n'est pas associée au niveau de vie du ménage. Par contre, l'âge aux premiers rapports sexuels varie selon le niveau de vie du ménage auquel appartient l'adolescente et, c'est dans les ménages de faible niveau de vie et de niveau moyen (respectivement 74,0% et 73,1%) que l'on trouve les plus fortes proportions d'adolescentes sexuellement précoces, tandis que cette proportion est relativement moins forte dans les ménages de niveau de vie élevé (62,6%). On remarque ici une relation négative entre l'âge aux premiers rapports sexuels et le niveau de vie de l'adolescente c'est-à-dire que plus le niveau de vie augmente moins précoces sont les premiers rapports sexuels

b) .Sexe du chef de ménage et sexualité des adolescentes

Le sexe du chef de ménage n'est ni associé à l'entrée en vie sexuelle ni à l'âge aux premiers rapports sexuels, quel que soit le seuil retenu ; ce qui signifie que la première activité sexuelle et l'âge aux premiers rapports sexuels ne varient pas selon que le ménage auquel appartient l'adolescente soit dirigé par un homme ou par une femme.

c) Suivi régulier de la télévision et sexualité des adolescentes

Selon le tableau 15 et au moment de l'enquête, ce sont les adolescentes qui ne suivent jamais la télévision qui sont les plus sexuellement actives (67,6%) ; par contre celles qui suivent souvent ce média le sont relativement moins (59,2%) et, à un niveau intermédiaire se trouvent les adolescentes qui ne suivent que rarement la télévision (64,9%). En ce qui concerne l'âge aux premiers rapports sexuels, il en ressort que la proportion d'adolescentes sexuellement précoces est plus forte pour celles qui ne suivent jamais la télé (73,5%) que pour celles qui suivent rarement ou souvent ce média (respectivement 65,1% et 64,9%).

IV.2.1.3. Caractéristiques individuelles et sexualité des adolescentes

a) Niveau d'instruction et sexualité des adolescentes

La première activité sexuelle n'est pas significativement associée au niveau d'instruction de l'adolescente (tableau 15). Par contre, l'âge aux premiers rapports sexuels varie selon le niveau d'instruction de l'adolescente et, c'est chez les adolescentes de niveau primaire que l'on rencontre la plus forte proportion (75,8%) de sexuellement précoces contre une proportion relativement faible pour celles du niveau secondaire ou plus (64,6%) ; les adolescentes sans niveau d'instruction se situent à un niveau intermédiaire (68,1%). Ceci implique que l'effet du niveau d'instruction sur la sexualité précoce des adolescentes n'est pas continu.

Tableau 15 : Analyse différentielle de la première activité sexuelle

Variables et modalités

Intensité de la première activité sexuelle

Age aux premiers rapports sexuels

Inactive

Active

Total

Précoce

Non précoce

Total

Ethnie

ns

 

**

 

Kongo

37,4

62,6

100

65,1

34,9

100

Mbochi

34,9

65,1

100

76,1

23,9

100

Téké

30,4

69,6

100

72,0

28,0

100

Sangha

33,6

66,4

100

77,1

22,9

100

Autres ethnies

37,1

62,9

100

72,5

27,5

100

Religion

ns

 

*

 

Chrétiennes traditionnelles

35,1

64,9

100

69,9

30,1

100

Autres chrétiennes

36,9

63,1

100

53,1

46,9

100

Traditionnelles

35,7

64,3

100

70,7

29,3

100

Autres religions

36,9

63,1

100

67,0

33,0

100

Sans religion

36,4

63,6

100

76,5

23,5

100

Milieu de socialisation

ns

 

***

 

Grandes villes

37,1

62,9

100

65,9

34,1

100

Petites villes

31,2

68,8

100

56,9

43,1

100

Rural

35,5

64,5

100

75,6

24,4

100

Milieu de résidence

ns

 

***

 

Grandes villes

38,8

61,2

100

63,4

36,6

100

Petites villes

34,9

65,1

100

62,0

38,0

100

Rural

33,8

66,2

100

76,8

23,2

100

Sexe du chef de ménage

ns

 

ns

 

Masculin

36,4

63,6

100

69,6

30,4

100

Féminin

34,1

65,9

100

67,1

32,9

100

Niveau de vie du ménage

ns

 

***

 

Faible

34,5

65,5

100

74,0

26,0

100

Moyen

35,7

64,3

100

73,1

26,9

100

Elevé

36,8

63,2

100

62,6

37,4

100

Suivi régulier de la télé

**

 

**

 

Jamais

32,4

67,6

100

73,5

26,5

100

Rarement

35,1

64,9

100

65,1

34,9

100

Souvent

40,8

59,2

100

64,9

35,1

100

Niveau d'instruction

ns

 

***

 

Sans niveau

31,0

69,0

100

68,1

31,9

100

Primaire

36,9

63,1

100

75,8

24,2

100

Secondaire ou plus

35,4

64,6

100

64,6

35,4

100

Ensemble

35,8

64,2

100

68,9

31,1

100

*** Significatif au seuil de 1%; ** Significatif au seuil de 5%; * Significatif au seuil de 10%; ns=non significatif

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

IV.2.2. Aspects différentiels de l'âge au premier mariage

Comme l'âge aux premiers rapports sexuels, l'âge au premier mariage influence directement la fécondité des adolescentes ; son ampleur dans certains groupes d'adolescentes permet également de mieux comprendre leur exposition à la fécondité.

IV.2.2.1. Environnement socioculturel/socioéconomique et premier mariage des adolescentes

Des résultats du tableau 16 il ressort que, de façon générale, 19,7% d'adolescentes congolaises étaient déjà mariées (ou en union) au moment de l'enquête et, pour 78% de ces adolescentes cette union a été établie à un âge précoce.

a) Appartenance ethnique et nuptialité des adolescentes

Par rapport au groupe ethnique, c'est chez les Téké et les « autres ethnies » que l'on trouve les proportions les plus élevées d'adolescentes en union (respectivement 28,6% et 28,5%) ; cette proportion est nettement moins élevée dans le groupe Kongo (16,0%). Entre ces groupes extrêmes, on trouve les groupes Sangha (26,4%) et Mbochi (19,2%). Mais il n'existe aucune corrélation entre l'âge au premier mariage et l'appartenance ethnique, ceci signifie que l'entrée précoce en union ne varie pas par rapport au groupe ethnique auquel appartient l'adolescente.

b) Religion et nuptialité des adolescentes

Sur le plan religieux le tableau 16 montre que, premièrement, le statut matrimonial de l'adolescente n'est pas fonction de sa religion (résultat non significatif au seuil de 10%). Par contre, l'âge au premier mariage varie d'une religion à une autre et, c'est chez les « autres chrétiennes » que pratiquement toutes les adolescentes en union l'ont été de façon précoce (99,7%) à l'opposé on trouve les adolescentes des religions traditionnelles (65,8%). Entre ces deux groupes, on trouve les « autres religions » (84,4%), les « sans religion » et les chrétiennes traditionnelles (respectivement 76,4% et 76,2%).

c) Milieu de socialisation et nuptialité des adolescentes

Il ressort des résultats du tableau 16 qu'il n'existe aucune association entre, d'une part, le milieu de socialisation et le statut matrimonial de l'adolescente et, d'autre part, le milieu de socialisation et l'âge au premier mariage de l'adolescente : ce qui traduit que la survenue de l'événement premier mariage ne varie pas selon le milieu de socialisation de l'adolescente.

d) Milieu de résidence et nuptialité des adolescentes

Par rapport au milieu de résidence, les résultats du tableau 16 montre que c'est en milieu rural que l'on trouve la plus forte proportion d'adolescentes en union (23,4%), cette proportion étant nettement inférieure dans les petites villes (14,4%). Les grandes villes se situent au niveau intermédiaire (18,9%).

IV.2.2.2. Environnement familial et nuptialité des adolescentes

a) Niveau de vie du ménage et nuptialité des adolescentes

Le niveau de vie est fortement corrélé au statut matrimonial de l'adolescente mais pas avec l'âge au premier mariage. La proportion d'adolescentes ayant déjà connu un premier mariage au moment de l'enquête est plus élevée dans les ménages de faible niveau de vie (23,6%) que dans ceux de niveau de vie élevé (15,4%) ; les ménages de niveau de vie moyen sont à un niveau intermédiaire (22,3%). Ici également, un peu comme pour la sexualité, il existe une relation négative entre le niveau de vie et le statut matrimonial de l'adolescente c'est-à-dire plus le niveau de vie augmente plus les unions deviennent moins fréquentes.

b) Sexe du chef de ménage et nuptialité des adolescentes

Il ressort du tableau 16 que le statut matrimonial de l'adolescente est fortement corrélé (seuil de 1%) avec le sexe du chef de ménage auquel elle appartient, et c'est au sein des ménages dirigés par les hommes que l'on trouve la plus forte proportion d'adolescentes en union (22,6%) contre 12,1% seulement pour les ménages dirigés par les femmes. Mais l'âge au premier mariage n'est pas associé au sexe du chef de ménage : ce qui implique que la précocité de la première union ne varie pas selon que l'adolescente vit dans un ménage dont le chef est de sexe masculin ou féminin.

c) Suivi régulier de la télévision et nuptialité des adolescentes

Le suivi régulier de la télévision est fortement associé au statut matrimonial de l'adolescente mais pas avec l'âge au premier mariage et, ce sont les adolescentes qui n'ont jamais suivi la télé, au moment de l'enquête, qui ont le plus déjà acquis le statut d'épouse (25,8%) ; tandis que celles qui ont souvent suivi ce média l'ont acquis à un niveau nettement inférieur (12,6%). Les adolescentes qui suivent rarement ce média se trouvent à un niveau intermédiaire (17,8%). L'effet de l'exposition à la télé sur le statut matrimonial des adolescentes n'est pas aussi continu.

IV.2.2.3. Caractéristiques individuelles et nuptialité des adolescentes

a) Niveau d'instruction et nuptialité des adolescentes

Le niveau d'instruction est associé au statut matrimonial de l'adolescente au seuil de 5%. La proportion la plus élevée d'adolescentes déjà mariées, au moment de l'enquête, se trouvant chez les jeunes filles sans niveau d'instruction (31,6%), alors que cette proportion est plus faible chez les adolescentes de niveau secondaire ou plus (17,5%). Les adolescentes de niveau primaire étant à un niveau intermédiaire (21,9%). La relation entre le statut matrimonial et le niveau d'instruction des adolescentes est continue. L'âge au premier mariage n'est pas associé au niveau d'instruction de l'adolescente, c'est-à-dire que la précocité de la première union reste invariable quelque soit le niveau d'instruction de l'adolescente.

IV.2.2.4. Age aux premiers rapports sexuels et nuptialités des adolescentes

Les premiers rapports sexuels précoces sont nettement associés au statut matrimonial et à l'âge au premier mariage (respectivement au seuil de 5% et de 1%). La proportion d'adolescentes déjà mariées est plus élevée chez les adolescentes sexuellement précoces (32,9%) que chez celles ayant eu leurs premiers rapports sexuels à un âge relativement moins précoce (26,0%). Concernant l'âge au premier mariage, c'est chez les adolescentes sexuellement précoces que se trouvent la proportion la plus élevée de premier mariage précoce (86%) contre 58,3% pour celles qui ont eu leurs premiers rapports sexuels à un âge relativement moins précoce.

Tableau 16 : Analyse différentielle du premier mariage

Variables et modalités

Etat matrimonial

Age au premier mariage

Célibataire

Mariée

Total

Précoce

Non précoce

Total

Ethnie

***

 

ns

 

Kongo

84,0

16,0

100

77,6

22,4

100

Mbochi

80,8

19,2

100

83,6

16,4

100

Téké

71,4

28,6

100

75,6

24,4

100

Sangha

73,6

26,4

100

95,0

5,0

100

Autres ethnies

71,5

28,5

100

73,4

26,6

100

Religion

ns

 

*

 

Chrétiennes traditionnelles

81,5

18,5

100

76,2

23,8

100

Autres chrétiennes

84,0

16,0

100

99,7

0,3

100

Traditionnelles

73,3

26,7

100

65,8

34,2

100

Autres religions

78,4

21,6

100

84,4

15,6

100

Sans religion

79,5

20,5

100

76,4

23,6

100

Milieu de socialisation

ns

 

ns

 

Grandes villes

81,9

18,1

100

76,6

23,4

100

Petites villes

81,0

19,0

100

79,1

20,9

100

Rural

78,4

21,6

100

80,6

19,4

100

Milieu de résidence

***

 

ns

 

Grandes villes

81,1

18,9

100

76,5

23,5

100

Petites villes

85,6

14,4

100

74,3

25,7

100

Rural

76,6

23,4

100

82,1

17,9

100

Sexe du chef de ménage

***

 

ns

 

Masculin

77,4

22,6

100

77,4

22,6

100

Féminin

87,9

12,1

100

86,3

13,7

100

Niveau de vie du ménage

***

 

ns

 

Faible

76,4

23,6

100

81,4

18,6

100

Moyen

77,7

22,3

100

78,3

21,7

100

Elevé

84,6

15,4

100

76,2

23,8

100

Suivi régulier de la télé

***

 

ns

 

Jamais

74,2

25,8

100

82,4

18,6

101

Rarement

82,2

17,8

100

78,3

21,7

100

Souvent

87,4

12,6

100

76,2

23,8

100

Niveau d'instruction

***

 

ns

 

Sans niveau

68,4

31,6

100

92,0

8,0

100

Primaire

78,1

21,9

100

75,7

24,3

100

Secondaire ou plus

82,5

17,5

100

79,7

20,3

100

Age aux premiers rapports sexuels

**

 

***

 

10 - 15 ans

67,1

32,9

100

86,0

14,0

100

16 ans et plus

74,0

26,0

100

58,3

41,7

100

Ensemble

80,3

19,7

100

78,8

21,2

100

*** Significatif au seuil de 1%; ** Significatif au seuil de 5%; * Significatif au seuil de 10%; ns=non significatif

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

IV.2.3. Aspects différentiels de la pratique contraceptive

Le tableau 17 donne les résultats des analyses différentielles de l'utilisation des méthodes contraceptives. Dans l'ensemble il apparaît qu'au moment de l'enquête, 10,5% d'adolescentes utilisaient les méthodes contraceptives modernes contre 61,6% de celles qui n'utilisaient aucune méthode ; tandis que la prévalence en méthodes contraceptives traditionnelles s'élevait à 27,9%.

IV.2.3.1. Environnement socioculturel/socioéconomique et pratique contraceptive des adolescentes

La première partie du tableau 17 concerne les variables socioculturelles et/ou socioéconomiques. De toutes ces variables, seule la religion n'est pas associée à l'utilisation des méthodes contraceptives.

a) Appartenance ethnique et pratique contraceptive des adolescentes

L'utilisation des méthodes contraceptives est associée à l'appartenance ethnique des adolescentes et les résultats du tableau 16 montrent qu'au moment de l'enquête, c'est les adolescentes du groupe Téké qui utilisaient le plus de méthodes contraceptives modernes (14,0%) tandis que celles des groupes Sangha et « Autres ethnies » ont les plus faibles proportions (respectivement 2,5% et 3,7%). Entre ces extrêmes figurent les adolescentes des groupes Kongo (10,9%) et Mbochi (11,2%).

b) Religion et pratique contraceptive des adolescentes

Il ressort des résultats du tableau 17 que l'utilisation des méthodes contraceptives n'est pas associée à la religion de l'adolescente, c'est-à-dire que le comportement en matière de contraception est pratiquement identique quelque soit la religion de l'adolescente.

c) Milieu de socialisation et pratique contraceptive des adolescentes

Le milieu de socialisation est associé à l'utilisation des méthodes contraceptives au seuil de 1%. La plus forte proportion d'adolescentes utilisatrices des méthodes contraceptives modernes, au moment de l'enquête, est observée dans les petites villes (16,9%) tandis que la proportion la plus faible est chez les adolescentes qui ont passé leur enfance dans le milieu rural (7,4%) ; celles qui l'ont passée dans les grandes villes occupent une position intermédiaire (11,0%).

d) Milieu de résidence et pratique contraceptive des adolescentes

Concernant le milieu de résidence au moment de l'enquête, nous remarquons la proportion d'adolescentes utilisatrices des méthodes contraceptives modernes n'est pas aussi différente entre les grandes villes (12,7%) et les petites villes (11,0%), par contre cette proportion est relativement moins élevée pour les adolescentes résidant en milieu rural (8,5%).

IV.2.3.2. Environnement familial et pratique contraceptive des adolescentes

Des trois variables de l'environnement familial seul le suivi régulier de la télé n'est pas associé à l'utilisation des méthodes contraceptives (au seuil de 10%) ; les autres variables (sexe du chef de ménage et niveau de vie du ménage) étant associées au seuil de 1%.

a) Niveau de vie du ménage et pratique contraceptive des adolescentes

La plus forte proportion (13,1%) d'adolescentes utilisatrices des méthodes contraceptives modernes se trouve dans les ménages d'un niveau de vie élevé tandis que la plus faible (6,1%) est pour celles des ménages de faible niveau de vie ; les adolescentes de niveau de vie moyen occupent une position intermédiaire (9,8%).

b) Sexe du chef de ménage et pratique contraceptive des adolescentes

Il existe un comportement différentiel entre les adolescentes qui appartiennent aux ménages dirigés par les hommes et celles qui appartiennent aux ménages dirigés par les femmes. Ces dernières étant celles qui utilisent le plus de méthodes contraceptives modernes (15,9%) que celles des ménages dirigés par les hommes (8,5%).

c) Suivi régulier de la télévision et pratique contraceptive des adolescentes

Le suivi régulier de la télé n'est pas associé à l'utilisation des méthodes contraceptives, ce qui implique la prévalence des méthodes contraceptives est relativement identique quelque soit le degré d'exposition de l'adolescente à la télévision.

IV.2.3.3. Caractéristiques individuelles et pratique contraceptive des adolescentes

Toutes les variables relatives aux caractéristiques de l'adolescente (niveau d'instruction, connaissance des méthodes contraceptives et connaissance du cycle ovulatoire) sont associées à l'utilisation des méthodes contraceptives au seuil de 1%, à l'exception de l'état matrimonial qui ne lui est pas associé même au seuil de 10%.

a) Niveau d'instruction et pratique contraceptive des adolescentes

La proportion des adolescentes utilisatrices des méthodes contraceptives modernes est plus élevée chez les jeunes filles du niveau secondaire ou plus (14,3%) que chez celles sans niveau d'instruction (0,9%) ; les adolescentes du niveau primaire occupent une position intermédiaire (5,9%).

b) Connaissance des méthodes et pratique contraceptives des adolescentes

Les résultats du tableau 17 attestent bien que l'utilisation des méthodes contraceptives modernes dépend largement de la connaissance qu'a l'adolescente sur ces méthodes. Au moment de l'enquête, seules les adolescentes qui connaissaient les méthodes contraceptives modernes les utilisaient (11,6%), tandis que cette proportion étaient nulle chez les autres (0,0%).

c) Connaissance du cycle ovulatoire et pratique contraceptive des adolescentes

La plus forte proportion d'adolescentes utilisatrices des méthodes contraceptives au moment de l'enquête est observée jeunes filles qui ont une connaissance relativement bonne de leur cycle ovulatoire (13,7%) et celles qui en ont une connaissance assez douteuse (11,8%), alors que celles qui n'ont aucune connaissance de leur cycle ovulatoire sont à l'extrême (4,0%). L'utilisation des méthodes contraceptives n'est nullement associée ni au statut matrimonial de l'adolescente, ni à l'âge aux premiers rapports sexuels, ni à l'âge au premier mariage, ce qui traduit que l'utilisation des méthodes contraceptives modernes ne varie pas selon ces différentes variables : le comportement par rapport aux modalités de ces dites variables est relativement identique.

Les autres variables comportementales (âge aux premiers rapports sexuels et âge au premier mariage) ne sont pas associées à l'utilisation des méthodes contraceptives au seuil de 10%.

Tableau 17 : Analyse différentielle de l'utilisation des méthodes contraceptives

Variables et modalités

Utilisation des méthodes contraceptives

Aucune

Traditionnelle

Moderne

Total

Ethnie

**

 

Kongo

62,2

26,9

10,9

100

Mbochi

60,4

28,4

11,2

100

Téké

54,5

31,5

14,0

100

Sangha

71,7

25,8

2,5

100

Autres

67,9

28,4

3,7

100

Religion

ns

 

Chrétiennes traditionnelles

61,4

27,8

10,8

100

Autres chrétiennes

60,6

29,7

9,7

100

Traditionnelles

65,7

29,5

4,8

100

Autres religions

62,4

27,3

10,3

100

Sans religion

57,6

28,1

14,3

100

Milieu de socialisation

***

 

Grandes villes

60,8

27,5

11,7

100

Petites villes

49,7

33,4

16,9

100

Rural

65,3

27,3

7,4

100

Milieu de résidence

**

 

Grandes villes

58,7

28,6

12,7

100

Petites villes

58,8

30,2

11,0

100

Rural

65,5

26,0

8,5

100

Sexe du chef de ménage

***

 

Masculin

63,5

28,0

8,5

100

Féminin

56,8

27,3

15,9

100

Niveau de vie du ménage

***

 

Faible

63,8

26,4

9,8

100

Moyen

67,3

26,6

6,1

100

Elevé

57,2

29,7

13,1

100

Suivi régulier de la télé

ns

 

Jamais

63,7

26

10,3

100

Rarement

60,7

29,1

10,2

100

Souvent

59,4

29,6

11,0

100

Niveau d'instruction

***

 

Sans niveau

67,5

31,6

0,9

100

Primaire

66,0

28,1

5,9

100

Secondaire ou plus

58,3

27,4

14,3

100

Connaissance des méthodes contraceptives

***

 

Aucune

100,0

0,0

0,0

100

Traditionnelle

73,5

26,5

0,0

100

Moderne

58,4

30,0

11,6

100

Connaissance du cycle ovulatoire

***

 

Aucune connaissance

86,5

9,5

4,0

100

Connaissance douteuse

56,6

31,6

11,8

100

Bonne connaissance

50,0

36,3

13,7

100

Age aux premiers rapports sexuels

ns

 

10 - 15 ans

43,9

39,8

16,3

100

16 ans et plus

40,5

42,6

16,9

100

Etat matrimonial

ns

 

Célibataire

62,3

28,0

9,7

100

En union

59,2

27,3

13,5

100

Age au premier mariage

ns

 

11 - 17 ans

57,7

27,7

14,6

100

18 ans et plus

63,3

26,4

10,3

100

Ensemble

61,6

27,9

10,5

100

*** Significatif au seuil de 1%; ** Significatif au seuil de 5%; * Significatif au seuil de 10%; ns=non significatif

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

IV.3. ASPECTS DIFFERENTIELS DE LA FECONDITE PRECOCE DES ADOLESCENTES AU CONGO

Cette section présente les variations de fécondité des adolescentes au Congo, elle met ainsi en évidence les variations de l'ampleur du phénomène entre les catégories d'adolescentes, suivant les caractéristiques retenues dans l'étude. Les associations entre la maternité précoce et les différentes variables d'études sont présentées par les tableaux 18, 19, 20 et 21 ; il ressort de façon générale, qu'au moment de l'enquête 20,8% d'adolescentes avaient eu une maternité précoce.

IV.3.1. Environnement socioculturel/socioéconomique et maternité précoce

Le tableau 18 présente les associations entre les variables environnementales et la fécondité des adolescentes ; il donne ainsi les niveaux du phénomène dans chaque : ethnie, religion, milieu de socialisation et milieu de résidence.

a) Appartenance ethnique et maternité précoce

L'ethnie est associée à la maternité précoce au seuil de 1%. La proportion d'adolescentes mères précocement est plus forte chez les « autres ethnies » (32,8%) et moins forte chez les Kongo (18,5%). A un niveau assez intermédiaire on retrouve les jeunes filles Mbochi (20,8%), Téké (24,1%) et Sangha (22,9%).

b) Religion et maternité précoce

La religion est associée à la maternité précoce au seuil de 5% et, les adolescentes adeptes des religions traditionnelles sont celles qui ont la proportion la plus élevée de maternité précoce (31,6%), à l'opposé des adolescentes sans religion qui ont la proportion la plus faible (14,4%). Les « autres chrétiennes » et les « autres religions » ont des proportions assez proches (respectivement 24,9% et 23,6%), alors que les adolescentes des religions chrétiennes traditionnelles ont une proportion relativement faible (19,1%).

c) Milieu de socialisation et maternité précoce

Il existe une association entre le milieu de socialisation et la maternité précoce au seuil de 10%. Les adolescentes qui ont passé leur enfance dans le milieu rural sont en proportion plus nombreuse (23,3%) à avoir une maternité précoce que celles qui l'ont passée dans les grandes villes (18,6%) et les petites villes (19,7%). Ces deux derniers groupes ont des proportions relativement proches.

d) Milieu de résidence et maternité précoce

L'association entre le milieu de résidence et la maternité précoce est au seuil de 1%. Les adolescentes du milieu rural et des petites villes sont plus nombreuses à avoir une maternité précoce (respectivement 25,3% et 21,6%) que celles des grandes villes (14,7%).

Tableau 18 : Environnement socioculturel/socioéconomique de l'adolescente et maternité précoce

Variables et modalités

Maternité précoce

OUI

NON

TOTAL

Ethnie

***

 

Kongo

18,5

81,5

100

Mbochi

20,8

79,2

100

Téké

24,1

75,9

100

Sangha

22,9

77,1

100

Autres ethnies

32,8

67,2

100

Religion

**

 

Chrétiennes traditionnelles

19,1

80,9

100

Autres chrétiennes

24,9

75,1

100

Traditionnelles

31,6

68,4

100

Autres religions

23,6

76,4

100

Sans religion

14,4

85,6

100

Milieu de socialisation

*

 

Grandes villes

18,6

81,4

100

Petites villes

19,7

80,3

100

Rural

23,3

76,7

100

Milieu de résidence

***

 

Grandes villes

14,7

85,3

100

Petites villes

21,6

78,4

100

Rural

25,3

74,7

100

Ensemble

20,8

79,2

100

*** Significatif au seuil de 1%; ** Significatif au seuil de 5%; * Significatif au seuil de 10%; ns=non significatif

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

IV.3.2 Environnement familial et maternité précoce

Les associations entre la maternité précoce et l'environnement familial de l'adolescente sont présentées dans le tableau 19.

a) Sexe du chef de ménage et maternité précoce

La maternité précoce ne varie pas par rapport au sexe du chef de ménage auquel appartient l'adolescente, les autres variables.

a) Niveau de vie du ménage et maternité précoce

La proportion d'adolescentes mères précocement est plus élevée dans les ménages de niveau de vie moyen (29,0%), et nettement inférieure dans les ménages de niveau de vie élevé (14,6%) ; les ménages de faible niveau de vie sont relativement dans une position intermédiaire (23,8%).

b) Suivi régulier de la télé et maternité précoce

En proportion, 28,2% d'adolescentes qui n'avaient jamais suivi la télévision au moment de l'enquête ont eu une maternité précoce tandis que, chez celles qui ont souvent suivi ce média seulement 12,6% étaient mères précocement. Entre ces extrêmes, 18,1% de celles qui suivaient rarement la télévision.

Tableau 19 : Environnement familial de l'adolescente et maternité précoce

Variables et modalités

Maternité précoce

Oui

Non

Total

Sexe du chef de ménage

ns

 

Masculin

21,8

78,2

100

Féminin

18,3

81,7

100

Niveau de vie du ménage

***

 

Faible

23,8

76,2

100

Moyen

29,0

71,0

100

Elevé

14,6

85,4

100

Suivi régulier de la télé

***

 

Jamais

28,2

71,8

100

Rarement

18,1

81,9

100

Souvent

12,6

87,4

100

*** Significatif au seuil de 1%; ** Significatif au seuil de 5%; * Significatif au seuil de 10%; ns=non significatif

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

IV.3.3. Caractéristiques individuelles de l'adolescente et maternité précoce

Toutes les variables relatives aux caractéristiques de l'adolescente sont associées à la maternité précoce au seuil de 1% (tableau 20).

a) Niveau d'instruction de l'adolescente et maternité précoce

Concernant le relation entre le niveau d'instruction de l'adolescente et la maternité précoce, nous remarquons un comportement différentiel entre les différentes modalités, c'est-à-dire que les adolescentes sans niveau d'instruction sont celles qui ont le plus connu la maternité précoce (29,8%), tandis que celles de niveau secondaire ou plus sont plus faible (18,0%) à connaître cet événement. Les adolescentes de niveau primaire (24,2%) sont, dans une certaine mesure, à une position intermédiaire.

b) Connaissance des méthodes contraceptives et maternité précoce

Les résultats du tableau 19 montrent qu'au moment de l'enquête, la plus forte proportion (22,6%) d'adolescentes mères précocement se retrouve chez les jeunes filles qui connaissaient les méthodes contraceptives modernes, tandis que la proportion la plus faible (2,0%) est pour celles qui ne connaissaient aucune méthode ; les adolescentes connaissant les méthodes traditionnelles occupent une position intermédiaire (11,0%).

c) Connaissance du cycle ovulatoire et maternité précoce

En proportion et au moment de l'enquête, les adolescentes qui ont une connaissance douteuse de leur cycle ovulatoire (26,4%) et celles qui en ont une connaissance relativement bonne (22,6%) sont plus nombreuses à avoir eu une maternité précoce que celles qui n'ont aucune connaissance de leur cycle (13,2%).

d) Etat matrimonial et maternité précoce

Concernant l'état matrimonial, les adolescentes célibataires sont nettement moins nombreuses (10,6%) que celles en union (61,7%) à avoir une maternité précoce.

Tableau 20 : Caractéristiques de l'adolescente et maternité précoce

Variables et modalités

Maternité précoce

Oui

Non

Total

Niveau d'instruction

***

 

Sans niveau

29,8

70,2

100

Primaire

24,2

75,8

100

Secondaire ou plus

18,0

82,0

100

Connaissance des méthodes contraceptives

***

 

Aucune

2,0

98,0

100

Traditionnelle

11,0

89,0

100

Moderne

22,6

77,4

100

Connaissance du cycle ovulatoire

***

 

Aucune connaissance

13,2

86,8

100

Connaissance douteuse

26,4

73,6

100

Bonne connaissance

22,6

77,4

100

Etat matrimonial

***

 

Célibataire

10,6

89,4

100

En union

61,7

38,3

100

*** Significatif au seuil de 1%; ** Significatif au seuil de 5%; * Significatif au seuil de 10%; ns=non significatif

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

IV.3.4. Comportement de l'adolescente et maternité précoce

Les associations entre le comportement de l'adolescente et la maternité précoce sont présentées dans le tableau 21.

a) Age aux premiers rapports sexuels et maternité précoce

L'âge aux premiers rapports sexuels induit un comportement différentiel à la maternité précoce (au seuil de 1%) : 37,4% d'adolescentes qui ont eu leurs premiers rapports sexuels à 10-15 ans ont une maternité précoce contre 21,5% de celles qui les avaient eus à 16 ans et plus.

b) Age au premier mariage et maternité précoce

La maternité précoce est nettement différenciée par rapport à l'âge au premier mariage (seuil de 1%) et, les adolescentes qui ont eu leur premier mariage à 11-17 ans sont proportionnellement plus nombreuses (66,4%) que celles dont le premier mariage était survenu à 18 ans et plus (45,6%) à connaître une maternité précoce.

c) Utilisation des méthodes contraceptives et maternité précoce

L'utilisation des méthodes contraceptives n'est pas associée à la maternité précoce, même au seuil de 10%.

Tableau 21 : Comportement de l'adolescente et maternité précoce

Variables et modalités

Maternité précoce

Oui

Non

Total

Age aux premiers rapports sexuels

***

 

10 -15 ans

37,4

62,6

100

16 ans et plus

21,5

78,5

100

Age au premier mariage

***

 

11 - 17 ans

66,3

33,7

100

18 ans et plus

45,6

54,4

100

Utilisation actuelle des méthodes contraceptives

ns

 

Aucune

20,6

79,4

100

Traditionnelle

19,8

80,2

100

Moderne

24,7

75,3

100

*** Significatif au seuil de 1%; ** Significatif au seuil de 5%; * Significatif au seuil de 10%; ns=non significatif

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

Après avoir ressorti les variations du phénomène selon les différentes caractéristiques retenues, nous avons procédé à la catégorisation des adolescentes en recherchant un ensemble de caractéristiques pouvant exposer ou prémunir l'adolescente à la fécondité précoce. Cette catégorisation a été effectuée à travers une analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM), qui sera présentée dans la section suivante.

IV.4. PROFIL DES ADOLESCENTES EXPOSEES A LA MATERNITE PRECOCE AU CONGO

Dans cette section, nous recourons à l'Analyse Factorielle des Correspondances Multiples (AFCM) afin de visualiser les associations entre les différents facteurs de notre étude. Nous utilisons le logiciel SPAD et nos analyses ne porteront que sur le plan factoriel constitué par les trois premiers axes. Les autres principaux résultats de la procédure nécessaires à l'interprétation du plan factoriel sont présentés en annexes (tableau A14). L'interprétation se fait au moyen des contributions des modalités à la formation des axes factoriels ainsi que de leurs coordonnées sur ces axes. Seules les modalités dont la contribution est supérieure à l'inertie théorique moyenne (ici 100/51 2) sont retenues pour commenter le plan factoriel.

a) Interprétation des axes factoriels

Le premier axe factoriel explique 10,68% de l'inertie totale des variables retenues ; il définit les adolescentes selon leur environnement familial :

§ D'une part, on trouve les adolescentes appartenant aux ménages de niveau de vie faible, qui n'ont jamais été exposées à la télévision, socialisées dans le milieu rural et d'un niveau d'instruction primaire (coordonnées négatives) ; et,

§ D'autre part, les adolescentes appartenant aux ménages de niveau de vie élevé, souvent exposées à la télévision, socialisées dans les grandes villes et ayant le niveau d'instruction secondaire ou plus (coordonnées positives).

L'axe 1 fait ainsi apparaître que l'augmentation du niveau de vie des ménages est associé à l'accès des adolescentes aux médias, favorisé par une forte urbanisation et une scolarisation relativement meilleure, qui permettent aux adolescentes d'être moins exposées à la fécondité précoce.

Le second axe factoriel explique 9,13% de l'inertie totale. Il montre une opposition des adolescentes selon leurs caractéristiques individuelles, leurs comportements à l'égard de la procréation et leur fécondité. On trouve dans la partie positive les adolescentes ayant une connaissance relativement bonne de leur cycle ovulatoire, mariées, utilisant les méthodes contraceptives modernes mais ayant déjà connu une maternité précoce ; et dans la partie négative les adolescentes n'ayant aucune connaissance du cycle ovulatoire, célibataire, n'utilisant aucune méthode contraceptive mais n'ayant jamais expérimentées la maternité précoce. On peut ainsi dire que dans le contexte congolais, les adolescentes ne s'intéresseraient beaucoup plus à leur cycle ovulatoire ou à la contraception que lorsqu'elles sont en union et après avoir expérimenté la fécondité.

Le troisième axe factoriel explique 5,53% de l'inertie totale et représente les adolescentes selon leur environnement socioculturel et/ou socioéconomique. Il montre, en effet, l'opposition entre d'une part, le groupe ethnique Kongo, la résidence en milieu semi-urbain (partie négative) et, d'autre part, les groupes Mbochi et Téké, et la résidence en milieu urbain (partie positive). Cet axe traduit en effet l'association de la fécondité précoce avec, d'une part, les valeurs socioculturelles et, d'autre part, le degré d'urbanisation.

b) Caractéristiques des adolescentes exposées à la maternité précoce

En définitive, l'analyse du plan factoriel (1, 2, 3) fait ressortir deux groupes ou profils d'adolescentes autour des deux modalités de la variable fécondité précoce (Graphique 3). Le premier groupe (Groupe1) est formé des adolescentes du groupe ethnique Sangha, de religion traditionnelle, socialisées et/ou résidant en milieu rural, elles appartiennent aux ménages de faible niveau de vie et elles n'ont jamais été exposées à la télévision ; la plupart, n'ont aucun niveau d'instruction ou le niveau primaire, déjà en union et dont les premiers rapports sexuels ont été précoces ; elles ont en moyenne déjà expérimenté la fécondité précoce. Le deuxième groupe (Groupe2) est cependant composé des adolescentes de l'ethnie Kongo, des religions chrétiennes traditionnelles (ou autres chrétiennes), socialisées et/ou résidant dans les petites villes, appartenant pour la plupart aux ménages de niveau de vie moyen, rarement exposées à la télévision ; elles ont le niveau d'instruction secondaire ou plus, en majorité célibataire, leurs premiers rapports sexuels ont été moins précoces et, elles sont moins exposées à la fécondité précoce.

Graphique 3 : Présentation du plan factoriel

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

% de la variance : Axe1 :10,68% ; Axe2 : 9,13% ; Axe3 : 5,53% ; Ensemble : 25,34%.

Synthèse et conclusion partielle

Ce chapitre avait pour objectif de vérifier les relations entre les différentes variables de notre étude. Nous nous sommes particulièrement intéressés aux relations entre les caractéristiques d'identification sociale, les caractéristiques familiales et les caractéristiques individuelles avec chacune des variables de comportement notamment l'âge aux premiers rapports sexuels, l'âge au premier mariage et l'utilisation de la contraception. Nous nous sommes ensuite intéressés aux relations entre l'ensemble des variables explicatives avec la maternité précoce.

Il ressort que l'âge aux premiers rapports sexuels est associé avec l'appartenance ethnique, la religion, le milieu de socialisation, le milieu de résidence, le niveau de vie du ménage, l'exposition à la télé et le niveau d'instruction. L'âge au premier mariage est fortement corrélé avec la religion et l'âge aux premiers rapports sexuel. La pratique contraceptive quant à elle reste fortement associée avec l'appartenance ethnique, le milieu de socialisation, le milieu de résidence, le sexe du chef de ménage, le niveau de vie du ménage, le niveau d'instruction, la connaissance des méthodes contraceptives et la connaissance du cycle ovulatoire. Enfin, la fécondité précoce des adolescentes congolaises est fortement différenciée par les facteurs suivants : l'appartenance ethnique, la religion, le milieu de socialisation, le milieu de résidence, le niveau de vie du ménage, l'exposition à la télévision, le niveau d'instruction, la connaissance des méthodes contraceptives et celles du cycle ovulatoire, l'état matrimonial, l'âge aux premiers rapports sexuels et l'âge au premier mariage.

L'analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM) a permis de dresser deux groupes d'adolescente qui se distinguent par leur degré d'exposition à la fécondité précoce. D'une part, les adolescentes les plus exposées au risque de maternité précoce (Groupe1), celles-ci ont les caractéristiques suivantes : la plupart appartiennent au groupe Sangha et sont adeptes des églises traditionnelles, socialisées et/ou résidant en milieu rural, les ménages auxquels elles appartiennent ont un niveau de vie relativement faible ; ces adolescentes n'ont jamais été exposées à la télévision et, la plupart, n'ont aucun niveau d'instruction sinon le niveau primaire, déjà en union et dont les premiers rapports sexuels ont été précoces.

D'autre part, celles qui sont moins exposées au risque de maternité précoce (Groupe2) et qui portent les caractéristiques suivantes : nombreuses sont de l'ethnie Kongo et pratiques les religions chrétiennes traditionnelles (ou autres chrétiennes), socialisées et/ou résidant dans les petites villes, elles appartiennent aux ménages de niveau de vie moyen, rarement exposées à la télévision ; elles ont le niveau d'instruction secondaire ou plus, en majorité célibataire et leurs premiers rapports sexuels ont été moins précoces.

Les résultats des analyses descriptives, surtout bivariées, peuvent être fallacieuses étant donné que ces analyses ne considèrent pas l'effet des autres variables. Ce qui empêche donc d'établir des relations de causalité. Nous avons donc recouru aux analyses explicatives, dont les résultats seront présentés dans le chapitre suivant, afin d'examiner les risques de fécondité précoce chez les adolescentes congolaises.

CHAPITRE V : IDENTIFICATION DES FACTEURS EXPLICATIFS DE

LA FECONDITE DES ADOLESCENTES AU CONGO

Ce dernier chapitre présente les résultats des analyses explicatives de la fécondité des adolescentes et des comportements proches. Ces analyses permettent, en effet, d'établir les relations de causalité, par conséquent, d'identifier les facteurs explicatifs de la fécondité précoce des adolescentes. L'identification des différents facteurs d'exposition à la maternité précoce, et aux comportements associés, se fera à travers le paramètre statistique de l'Odds ratio (OR) qui représente la force d'association entre un facteur et un phénomène, au seuil retenu de 10%. En effet dans le modèle de régression logistique, l'odds ratio comme mesure du risque relatif traduit le risque encouru par un individu appartenant à la modalité i d'une caractéristique donnée par rapport à une autre modalité j de la même caractéristique, vis-à-vis de l'événement étudié quand tous les autres antécédents sont supposés les mêmes par ailleurs. A titre d'exemple, ceci revient à quantifier les chances relatives que possède une adolescente d'appartenance ethnique Sangha par rapport à son homologue Kongo, ayant les mêmes caractéristiques qu'elles pour les autres critères de l'analyse multivariée, d'avoir une maternité précoce.

Variable de contrôle

Dans cette étude, l'âge est pris comme variable de contrôle afin d'éliminer son effet sur les comportements procréateurs des adolescentes. En effet, si la fécondité et les comportements y relatifs sont susceptibles de varier selon les facteurs environnementaux, familiaux et les caractéristiques individuelles des adolescentes, ils sont nécessairement influencés par leur âge.

V.1. IDENTIFCATION DES FACTEURS EXPLICATIFS DES DETERMINANTS IMMEDIATS DE LA FECONDITE DES ADOLESCENTES

Pour mieux distinguer les éléments qui prédisposent une adolescente congolaise plutôt qu'une autre à devenir mère à un âge précoce, il serait judicieux que nous distinguions premièrement les éléments d'exposition à tel ou tel comportement proche de la fécondité, afin d'apporter une compréhension optimale sur le phénomène. Cette section présente donc les facteurs explicatifs des comportements proches de la fécondité : sexualité précoce, nuptialité précoce et pratique contraceptive moderne. Cependant, la nuptialité précoce (âge au premier mariage) ne fera pas l'objet d'une présentation détaillée, compte tenu de la faible association observée aux niveaux bivariée et multivariée entre cette variable et les autres variables explicatives considérées. Toutefois, des analyses explicatives dont les résultats se trouvent en annexe (tableau A12) ont été faites sur cette variable et, le seul facteur qui s'est avéré significatif, par rapport aux variables retenues, est l'âge aux premiers rapports sexuels. Toutes choses égales par ailleurs, les adolescentes dont la sexualité n'a pas été précoce (16 ans et plus) ont cependant 72% moins de risque de se marier précocement que celles qui avaient entamé leur sexualité à un âge précoce (10-15ans).

V.1.1. IDENTIFICATION DES FACTEURS DE LA SEXUALITE PRECOCE DES ADOLESCENTES

La première colonne du tableau 22 (M0) donne les effets bruts de chaque variable indépendante sur l'âge aux premiers rapports sexuels des adolescentes. Tandis que les colonnes suivantes (M1, M2, ..., M8) apportent les effets nets desdites variables indépendantes suivant l'évolution des analyses. Ajustées sur les autres variables, c'est-à-dire toutes choses étant égales par ailleurs, deux (2) variables paraissent expliquées la sexualité précoce des adolescentes : le milieu de résidence et le niveau de vie du ménage auquel appartient l'adolescente (M8). Le milieu de résidence constitue une variable explicative pertinente dans l'étude des variations différentielles de la sexualité précoce au Congo. Des différences importantes apparaissent entre les comportements des adolescentes résidant en milieu urbain en général et celles résidant en milieu rural, le risque de sexualité précoce étant plus élevé dans le milieu rural. Ainsi, les adolescentes résidant en milieu rural ont 1,9 fois plus de chance que celles des petites villes de connaître leurs premiers rapports sexuels à un âge précoce.

Suivant l'environnement familial, il apparaît que de bonnes conditions de vie réduisent le risque de sexualité précoce chez les adolescentes congolaises. En effet, les adolescentes d'un niveau de vie moyen ont 1,7 fois plus de risque d'avoir une sexualité précoce que leurs homologues de niveau de vie élevé.

Par ailleurs, le modèle de régression pas à pas (« stepwise regression » en anglais) nous a permis de mettre en évidence le mécanisme par lequel ces différents facteurs identifiés agissent sur la sexualité précoce des adolescentes. Le contrôle du milieu de socialisation (M3) fait que la variable ethnie devient non significative. Ce qui traduirait que le milieu de socialisation médiatise l'effet de l'ethnie sur la sexualité précoce.

Dans le modèle suivant (M4) nous introduisons le « milieu de résidence » et, la variable milieu de socialisation perd sa signification. Le milieu de résidence médiatise donc l'effet du milieu de socialisation sur la sexualité précoce.

Au niveau du modèle M5 c'est le « niveau de vie du ménage » que nous ajoutons et, nous observons que la signification du milieu de résidence baisse du seuil de 1% à 5%, les autres résultats étant pratiquement identiques aux précédents. Le niveau de vie du ménage a agit comme variable intermédiaire pour le milieu de résidence.

Dans le modèle M7, où nous introduisons le « suivi régulier de la télévision », les résultats sont également similaires aux précédents, mais seul la variable milieu de résidence passe d'un seuil de 5% à celui de 10%. Ce qui traduirait également que l'effet de cette dernière variable transite également par la fréquence d'exposition de l'adolescente à la télévision.

Au dernier modèle (M8), nous introduisons le niveau d'instruction de l'adolescente, et les résultats sont quasiment similaires aux précédents.

Interprétation des résultats

La première activité sexuelle des adolescentes congolaises s'est révélée être assez fortement influencée, d'une part, par les facteurs socioculturels/socioéconomiques, notamment le milieu de résidence qui, comme nous l'avions souligné plus haut, rend mieux compte de l'environnement socioéconomique ; et d'autre part, par les facteurs familiaux (niveau de vie du ménage). Dans le contexte congolais cela s'expliquerait par le fait que, le sous développement socioéconomique et la pauvreté des ménages sont plus accentués en milieu rural qu'en milieu urbain ; ce qui empêche souvent les jeunes filles de progresser dans le domaine scolaire et de pouvoir bénéficier des opportunités modernes (informations, contraception, etc.). Cela d'autant plus que le milieu rural congolais est caractérisé par un enclavement médiatique qui ralentit l'ouverture au monde extérieur.

Le sous-développement socioéconomique et la pauvreté des ménages plus que répandus dans le milieu rural congolais, sont donc des éléments qui favorisent l'exposition des adolescentes à une sexualité précoce.

Tableau 22 : Risques relatifs de sexualité précoce des adolescentes congolaises (EDSC-I, 2005)

Variables et modalités

Effets bruts

Effets nets

A à B

A à C

A à D

A à E

A à F

A à G

A à H

A à I

M0

M1

M2

M3

M4

M5

M6

M7

M8

A- Age

0,54***

0,54***

0,54***

0,54***

0,54***

0,53***

0,53***

0,53***

0,53***

B- Ethnie

**

**

**

ns

ns

ns

ns

ns

ns

Kongo

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Mbochi

1,70**

1,75**

1,86***

1,72**

1,80**

1,87**

1,86**

1,83**

1,84**

Téké

1,38*

1,38

1,45*

1,35

1,32

1,36

1,35

1,34

1,34

Sangha

1,81*

1,64

1,81*

1,47

1,38

1,37

1,36

1,33

1,32

Autres ethnies

1,42

1,31

1,39

1,4

1,42

1,32

1,3

1,41

1,32

C- Religion

*

 

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

Chrétiennes traditionnelles

réf

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Autres chrétiennes

0,49**

 

0,63

0,72

0,72

0,75

0,77

0,8

0,79

Traditionnelles

1,04

 

1,06

1,13

1,13

1,23

1,2

1,17

1,08

Autres religions

0,87

 

0,78

0,86

0,89

0,95

0,95

0,96

0,96

Sans religion

1,41

 

1,16

1,15

1,24

1,23

1,23

1,23

1,2

D- Milieu de socialisation

***

 

 

***

ns

ns

ns

ns

ns

Grandes villes

réf

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Petites villes

0,68*

 

 

0,69

0,66*

0,63*

0,63*

0,64*

0,64*

Rural

1,60**

 

 

1,55***

1,06

1,05

1,04

1,05

0,97

E- Milieu de résidence

***

 

 

 

***

**

**

*

*

Grandes villes

1,06

 

 

 

0,94

1,01

1,03

1,06

1,07

Petites villes

réf

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

Rural

2,03***

 

 

 

1,78***

1,82**

1,82**

1,79**

1,83**

F- Niveau de vie du ménage

***

 

 

 

 

**

**

**

**

Faible

1,70***

 

 

 

 

1,09

1,11

1,14

1,1

Moyen

1,62***

 

 

 

 

1,77***

1,81***

1,90***

1,79**

Elevé

réf

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

G- Sexe du chef de ménage

ns

 

 

 

 

 

ns

ns

ns

Masculin

réf

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

Féminin

0,89

 

 

 

 

 

0,88

0,86

0,88

H- Suivi régulier de la télé

**

 

 

 

 

 

 

ns

ns

Jamais

réf

 

 

 

 

 

 

réf

réf

Rarement

0,67**

 

 

 

 

 

 

0,86

0,86

Souvent

0,67**

 

 

 

 

 

 

1

1,03

I- Niveau d'instruction

***

 

 

 

 

 

 

 

ns

Sans niveau

1,17

 

 

 

 

 

 

 

0,84

Primaire

1,72***

 

 

 

 

 

 

 

1,41*

Secondaire ou plus

réf

 

 

 

 

 

 

 

réf

Khi-deux du modèle

 

123,80***

128,34***

137,81***

148,26***

156,43***

157,05***

157,31***

161,91***

*** Significatif au seuil de 1%; ** Significatif au seuil de 5%; * Significatif au seuil de 10%; ns=non significatif; réf = modalité de référence

V.1.2. IDENTIFICATION DES FACTEURS DE LA PRATIQUE CONTRACEPTIVE MODERNE

Dans notre étude, nous nous sommes également intéressés à identifier les facteurs de la pratique contraceptive moderne chez les adolescentes, étant donné que celle-ci (la pratique contraceptive) constitue un moyen direct d'éviter les grossesses/maternités non désirées. Le tableau 23 présente donc les résultats de l'analyse des facteurs d'utilisation des méthodes contraceptives modernes chez les adolescentes. Toutes choses égales par ailleurs, quatre (4) variables apparaissent comme facteurs explicatifs de la pratique contraceptive moderne à l'adolescence, il s'agit notamment : du milieu de socialisation, du niveau de vie du ménage, du sexe du chef de ménage et du niveau d'instruction de l'adolescente (M12).

Le premier facteur à savoir le milieu de socialisation constitue, en effet, un facteur socioculturel. Et, il ressort que, les adolescentes ayant passé leur enfance (environ les 12 premières années de leur vie) dans les petites villes ont 1,94 fois plus de chance que celles qui l'ont passé dans les grandes villes d'utiliser les méthodes contraceptives modernes.

En ce qui concerne l'environnement familial, deux variables (le niveau de vie du ménage et le sexe du chef de ménage) sont identifiées en tant que facteurs explicatifs des comportements différentiels sur la pratique contraceptive moderne. Toutes choses égales par ailleurs, il apparaît que les adolescentes appartenant aux ménages de niveau de vie moyen ont environ 59% moins de chance que celles membres des ménages de niveau de vie élevé d'utiliser les méthodes contraceptives modernes. Et, suivant le sexe du chef de ménage, les adolescentes appartenant aux ménages dirigés par une femme ont 1,97 fois plus de chance que celles dont les ménages sont dirigés par un homme d'utiliser les méthodes contraceptives modernes.

Enfin, seul le niveau d'instruction apparaît comme la caractéristique individuelle la plus associée à la pratique contraceptive moderne des adolescentes. Toutes choses égales par ailleurs, les adolescentes sans niveau d'instruction et celles ayant un niveau d'instruction primaire ont respectivement 94% et 58% moins de chance que leurs homologues d'un niveau d'instruction secondaire ou plus d'utiliser les méthodes contraceptives modernes. Suivant les observations déjà faites ailleurs, ces résultats confirment l'hypothèse d'une relation positive entre le niveau d'instruction de la femme et la pratique contraceptive moderne. A ce niveau également, un modèle pas à pas nous a permis de déceler le mécanisme par lequel les facteurs susmentionnés agissent sur l'utilisation des méthodes contraceptives modernes chez les adolescentes. Nous constatons que la signification de l'ethnie baisse à 5% lorsque nous contrôlons avec l'âge (M1). L'effet de l'ethnie sur la pratique contraceptive moderne serait donc médiatisé par l'âge de l'adolescente.

L'introduction du niveau d'instruction (M8) a entraîné une augmentation du seuil de signification de l'ethnie (1%) et du suivi régulier de la télévision (10%), mais une baisse de celui du milieu de socialisation allant de 1% à 5%. Le niveau d'instruction est donc intervenu comme variable inhibitrice pour l'ethnie et le suivi régulier de la télé, c'est-à-dire que les différences de pratique contraceptive moderne observées entre les différentes modalités de ces variables étaient, en partie, dues aux différences de niveau d'instruction. Mais il a agit comme variable intermédiaire pour le milieu de socialisation.

Au modèle suivant (M9), nous ajoutons deux variables : la connaissance des méthodes contraceptives et la connaissance du cycle ovulatoire. L'ethnie perd sa signification et la religion devient significative à 10%. Ces variables agissent comme intermédiaires pour l'ethnie, mais comme inhibitrice pour la religion. La religion perd sa signification dès que nous contrôlons avec l'état matrimonial (M10) ; ce dernier constitue donc une variable intermédiaire pour la religion.

De même, le suivi régulier de la télé devient non significatif avec le contrôle par l'âge aux premiers rapports sexuels (M11). Ce dernier médiatise donc l'effet de la télévision sur la pratique contraceptive moderne.

Au modèle final (M12) nous introduisons l'âge au premier mariage et, les résultats sont quasiment similaires aux précédents.

Interprétation des résultats

Ces résultats confirment en effet, que la pratique contraceptive moderne chez les adolescentes congolaises est influencée par leur environnement socioculturel, leur environnement familial et par leurs caractéristiques individuelles, relayée dans une moindre mesure par leur comportement relatif à la nuptialité et à la procréation. Le fait que les adolescentes socialisées dans les petites villes soient plus disposées à utiliser les méthodes contraceptives modernes que leurs homologues socialisées dans les grandes villes, pourrait traduire une propension plus prononcée chez les premières à la mobilité sociale que chez les secondes. En effet, il arrive parfois que les jeunes filles des petites villes voire rurales nourrissent plus d'ambitions sociales en arrivant dans les grandes villes que celles qui demeurent dans ce milieu depuis toujours. Hypothèse que devraient vérifier des études qualitatives.

Par ailleurs, le niveau de vie du ménage (ou des parents) conditionne l'utilisation des méthodes contraceptives modernes chez l'adolescente d'autant plus que les conditions économiques ne permettent pas vraiment de consacrer des moyens pour se procurer de ces méthodes. Cependant, les femmes chef de ménage, par la communication qu'elles entretiennent avec les jeunes filles au sujet de la sexualité et de ses conséquences (MST, VIH/Sida, grossesse/maternité non désirée), conduisent les adolescentes à utiliser les méthodes contraceptives modernes. Contrairement à la majorité des hommes qui considèrent encore la sexualité des filles comme un sujet tabou. En effet, dans le contexte congolais les hommes ont plus tendance à vouloir ignorer la sexualité de leurs jeunes filles, plutôt que de les éduquer à avoir une sexualité responsable. Enfin, les limites culturelles qui caractérisent les adolescentes congolaises de faible niveau d'instruction constituent un obstacle à l'utilisation des méthodes contraceptives modernes.

Tableau23 : Risques relatifs d'utiliser les méthodes contraceptives modernes chez les adolescentes congolaises âgées de 15-19 ans (EDSC-I, 2005)

Variables et modalités

Effets bruts

Effets nets

A à B

A à C

A à D

A à E

A à F

A à G

A à H

A à I

A à K

A à L

A à M

A à N

M0

M1

M2

M3

M4

M5

M6

M7

M8

M9

M10

M11

M12

A- Age

1,45***

1,45***

1,45***

1,47***

1,48***

1,49***

1,51***

1,50***

1,50***

1,38***

1,36***

1,18**

1,20**

B- Ethnie

***

**

**

**

**

**

**

**

*

ns

ns

ns

ns

Kongo

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Mbochi

1,03

1,04

1

1,12

1,08

1,01

1,03

1,06

1,01

1

0,99

0,88

0,89

Téké

1,34

1,33

1,27

1,39

1,34

1,28

1,33

1,35

1,3

1,21

1,19

1,14

1,16

Sangha

0,21**

0,2**

0,19**

0,22**

0,22**

0,21**

0,22**

0,22**

0,23**

0,23**

0,22**

0,24**

0,23**

Autres ethnies

0,31**

0,33**

0,33**

0,33*

0,32**

0,35*

0,36*

0,36*

0,44

0,44

0,43

0,41

0,42

C- Religion

ns

 

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

*

ns

ns

ns

Chrétiennes traditionnelles

réf

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Autres chrétiennes

0,89

 

0,76

0,7

0,7

0,65

0,59

0,61

0,58

0,57

0,58

0,59

0,56

Traditionnelles

0,41

 

0,48

0,47

0,48

0,44

0,5

0,49

0,63

0,62

0,61

0,55

0,56

Autres religions

0,94

 

1,01

0,96

0,97

0,9

0,9

0,9

0,89

0,87

0,87

0,94

0,93

Sans religion

1,37

 

1,59

1,65

1,66

1,66

1,63

1,63

1,90**

2,20**

2,13**

1,98**

1,99**

D- Milieu de socialisation

***

 

 

***

***

***

***

***

**

**

**

**

**

Grandes villes

réf

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Petites villes

1,55*

 

 

1,87**

1,93**

2,02***

2,00**

1,94**

2,05***

2,04***

2,07***

1,94**

1,94**

Rural

0,61***

 

 

0,67**

0,68

0,66*

0,7

0,67

0,83

0,86

0,87

0,78

0,77

E- Milieu de résidence

ns

 

 

 

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

Grandes villes

1,17

 

 

 

1,15

1,1

1

0,99

0,97

1,03

1,03

1,09

1,09

Petites villes

réf

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Rural

0,74

 

 

 

1,08

0,98

0,95

0,86

0,88

0,89

0,89

0,82

0,82

F- Niveau de vie du ménage

***

 

 

 

 

***

***

***

***

***

***

***

***

Faible

0,72*

 

 

 

 

1,08

0,94

0,78

0,9

0,94

0,93

1,04

1,04

Moyen

0,43***

 

 

 

 

0,42***

0,38***

0,33***

0,36***

0,37***

0,36***

0,41***

0,41***

Elevé

réf

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Variables et modalités

Effets bruts

Effets nets

A à B

A à C

A à D

A à E

A à F

A à G

A à H

A à I

A à K

A à L

A à M

A à N

M0

M1

M2

M3

M4

M5

M6

M7

M8

M9

M10

M11

M12

G- Sexe du chef de ménage

***

 

 

 

 

 

***

***

***

***

***

***

***

Masculin

réf

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Féminin

2,03***

 

 

 

 

 

2,09***

2,10***

2,06***

2,06***

2,11***

1,98***

1,97***

H- Suivi régulier de la télé

ns

 

 

 

 

 

 

ns

*

*

*

ns

ns

Jamais

réf

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Rarement

0,98

 

 

 

 

 

 

0,75

0,7

0,67**

0,68

0,69

0,7

Souvent

1,07

 

 

 

 

 

 

0,62*

0,55**

0,56**

0,57**

0,63**

0,64*

I- Niveau d'instruction

***

 

 

 

 

 

 

 

***

***

***

***

***

Sans niveau

0,05**

 

 

 

 

 

 

 

0,51**

0,07**

0,07**

0,06**

0,06**

Primaire

0,38***

 

 

 

 

 

 

 

0,44***

0,50***

0,49***

0,42***

0,42***

Secondaire ou plus

réf

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

J- Connaissances des méthodes contraceptives

***

 

 

 

 

 

 

 

 

ns

ns

ns

ns

Aucune

0,01

 

 

 

 

 

 

 

 

0

0

0

0

Traditionnelle

0,01

 

 

 

 

 

 

 

 

0

0

0

0

Moderne

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

K- Connaissance du cycle ovulatoire

***

 

 

 

 

 

 

 

 

ns

ns

ns

ns

Aucune connaissance

0,26***

 

 

 

 

 

 

 

 

0,53**

0,53**

0,85

0,88

Connaissance douteuse

0,84

 

 

 

 

 

 

 

 

0,53

0,94

0,96

0,96

Bonne connaissance

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

Variables et modalités

Effets bruts

Effets nets

A à B

A à C

A à D

A à E

A à F

A à G

A à H

A à I

A à K

A à L

A à M

A à N

M0

M1

M2

M3

M4

M5

M6

M7

M8

M9

M10

M11

M12

L- Etat matrimonial

*

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ns

ns

ns

Célibataire

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

En union

1,44*

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1,16

0,81

0,59

M- Age aux premiers rapports sexuels

ns

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ns

ns

10 - 15 ans

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

16 ans et plus

1,05

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

0,72

0,74

N- Age au premier mariage

ns

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ns

11 - 17 ans

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

18 ans et plus

0,67

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

0,56

Khi-deux du modèle

 

56,37***

61,36***

73,90***

74,25***

88,18***

104,23***

107,27***

130,91***

156,16***

156,62***

257,15***

258,72***

*** Significatif au seuil de 1%; ** Significatif au seuil de 5%; * Significatif au seuil de 10%; ns=non significatif; réf = modalité de référence

V.2. IDENTIFICATION DES FACTEURS DE LA FECONDITE PRECOCE DES ADOLESCENTES

L'examen du tableau 24 permet d'identifier parmi les adolescentes, celles qui sont les plus exposées au risque d'avoir une maternité précoce. Le premier modèle (M0) met en évidence les effets bruts de toutes les variables explicatives retenues dans l'étude sur le risque de fécondité précoce à l'adolescence. Les résultats obtenus indiquent que la maternité chez les adolescentes est déterminée par : le milieu de résidence, le niveau de vie du ménage, le degré d'exposition à la télévision, le niveau d'instruction, la connaissance des méthodes contraceptives, la connaissance du cycle ovulatoire, l'état matrimonial, l'âge aux premiers rapports sexuels et l'âge premier mariage (p<0,01) ; l'appartenance ethnique et la religion (p<0,05) ; et enfin, le milieu de socialisation (p<0,1). Deux variables, à savoir le sexe du chef de ménage et l'utilisation des méthodes contraceptives étant, à ce niveau, non significatives.

V.2.1. Maternité précoce et environnement socioculturel/socioéconomique de l'adolescente

« La fécondité s'exprime à travers les règles de la vie sociale qui organisent les relations sociales à travers la formation des couples et en modulent le résultat » (Vallin, 1992 cité par Fall, 2004). Aussi les environnements socioculturel et socioéconomique constituent-ils des facteurs importants pour comprendre les logiques qui sous-tendent les comportements en matière de fécondité. Suivant l'appartenance ethnique, il ressort que les adolescentes du groupe Téké et des « autres ethnies » ont respectivement 1,39 fois et 2,14 fois plus de risque d'avoir une fécondité précoce que celles du groupe Kongo. Sur le plan religieux, les jeunes filles adeptes des religions traditionnelles et des « autres religions » ont respectivement 1,96 fois et 1,31 fois plus de risque d'avoir une fécondité précoce que leurs homologues des églises « chrétiennes traditionnelles ». Comme milieu de socialisation, l'environnement rural apparaît plus favorable à la fécondité précoce que le milieu urbain. Comparées aux adolescentes socialisées dans les grandes villes du Congo, celles ayant passé les douze premières années de leur existence en milieu rural sont 1,33 fois plus susceptibles de connaître une maternité précoce.

Quant au milieu de résidence, il a souvent été identifié comme variable influençant non seulement les représentations, perceptions et attitudes mais aussi les opportunités économiques des individus, susceptibles de modifier leurs comportements en général et en matière de la fécondité en particulier. Il apparaît qu'au Congo, le milieu semi-urbain est plus favorable à la fécondité précoce que le milieu urbain : les adolescentes résidant dans les grandes villes ont en effet 37% moins de risque de connaître une maternité précoce que celles qui résident dans les petites villes.

V.2.2. Maternité précoce et environnement familial de l'adolescente

Il apparaît que deux variables de l'environnement familial déterminent la fécondité à l'adolescence, à savoir le niveau de vie du ménage et le suivi régulier de la télévision. Les adolescentes congolaises appartenant aux ménages de niveau de vie faible et moyen ont respectivement 1,8 fois et 2,4 fois plus de risque d'être mères précocement que leurs homologues issues des ménages de niveau de vie élevé. L'exposition à la télévision semble favorable à la réduction du risque de maternité précoce. En effet, les adolescentes qui suivent rarement ou souvent ce média ont respectivement 44% et 63% moins de chance d'être mères à un âge précoce que leurs homologues qui n'ont jamais suivi ce média.

V.2.3. Maternité précoce et caractéristiques individuelles de l'adolescente

L'instruction semble être négativement corrélé à la fécondité précoce. Les jeunes filles sans niveau d'instruction ou celles ayant le niveau primaire sont, en effet, respectivement 1,93 fois et 1,45 fois plus susceptibles de connaître une maternité précoce à l'adolescence que leurs homologues possédant le niveau secondaire ou plus. S'agissant de la connaissance des méthodes contraceptives et de celle du cycle ovulatoire, il en résulte d'une part, que les adolescentes n'ayant aucune connaissance des méthodes contraceptives ou celles qui ne connaissent que les méthodes traditionnelles sont moins exposées au risque de maternité précoce que leurs homologues qui connaissent les méthodes modernes (respectivement OR=0,07 et OR=0,43) ; et d'autre part, que les adolescentes n'ayant aucune connaissance de leur cycle ovulatoire sont moins susceptibles d'être mères précocement que celles qui ont une connaissance relativement bonne de leur cycle. Ces résultats assez paradoxaux seraient peut être dus aux différences dans les autres facteurs (socioculturels, socioéconomiques, familiaux, etc.) ; ou encore cela traduirait le fait que les adolescentes congolaises s'intéresseraient plus aux méthodes contraceptives et/ou à leur cycle ovulatoire que lorsqu'elles ont déjà été « victime » d'une grossesse non désirée. Suivant l'état matrimonial, il s'en suit que les adolescentes en union sont 13,3 fois plus exposées au risque de maternité précoce.

V.2.4. Maternité précoce et comportement de l'adolescente

Au niveau brut deux variables comportementales paraissent déterminées la fécondité précoce des adolescentes congolaises, l'utilisation des méthodes contraceptives étant non significative. Il apparaît ainsi, que les adolescentes ayant débuté leur sexualité moins précocement (à 16 ans et plus) ont 54% moins de risque d'être mères précocement que celles qui avaient débuté plus tôt leur sexualité (à 10-15 ans). De même que les adolescentes mariées au moins à l'âge légal minimum (18 ans et plus) ont 58% moins de risque d'avoir une maternité précoce que celles qui ont été mariées précocement (11-17 ans).

Cependant, ajustées sur les autres variables sept (7) facteurs paraissent expliquer la fécondité précoce des adolescentes au Congo ; il s'agit de : la religion, le milieu de résidence, le niveau de vie du ménage, le suivi régulier de la télévision, l'âge aux premiers rapports sexuels, l'âge au premier mariage et l'utilisation des méthodes contraceptives (M13).

Ainsi, les facteurs socioculturels et/ou socioéconomiques les plus associés à la maternité précoce des adolescences congolaises sont la religion et le milieu de résidence. Du point de vue religieux, les adolescentes adeptes des « religions traditionnelles » ont 2,24 fois plus de risque de connaître une maternité précoce que leurs homologues adeptes des églises « chrétiennes traditionnelles » ; contrairement aux adolescentes sans appartenance religieuse qui ont 51% moins de risque d'être mères précocement que ces dernières.

Sur le plan résidentiel, les adolescentes résidant dans les grandes villes ont 58% moins de risque que celles qui résident dans des petites villes d'être mères précocement.

Par ailleurs, le niveau de vie du ménage et le suivi régulier de la télévision paraissent comme les facteurs familiaux explicatifs de la fécondité précoce des adolescentes congolaises. Ajustée aux autres variables, les adolescentes appartenant aux ménages de niveau de vie moyen sont 1,92 fois plus susceptibles d'être mères précocement que leurs homologues membres des ménages de niveau de vie élevé. Et, pour ce qui est de l'exposition aux médias, plus précisément à la télévision, il ressort que comparées aux adolescentes qui n'ont jamais suivi ce média, celles qui le suivent rarement ou souvent ont respectivement 42% et 52% moins de risque de connaître une maternité précoce. Ce résultat indique que le risque de maternité précoce est négativement lié au degré d'exposition à la télévision.

Par contre, aucune caractéristique individuelle de l'adolescente ne paraît significativement associée à la maternité précoce.

Les facteurs comportementaux restent tous associés à la maternité précoce à l'adolescence. Toutes choses étant égales par ailleurs, les adolescentes qui ont eu leurs premiers rapports sexuels à un âge non précoce, c'est-à-dire à 16 ans et plus ont 70% moins de risque que celles qui les ont eu à l'âge précoce, c'est-à-dire à 10-15 ans, d'avoir une fécondité précoce. Sur le plan matrimonial, les jeunes filles mariées non précocement (à 18 ans ou plus) ont 81% moins de risque de connaître une maternité précoce que celles qui se sont mariées précocement (à 11-17 ans). Enfin, s'agissant de la pratique contraceptive, nous remarquons que par rapport aux adolescentes qui n'utilisent aucune méthode contraceptive, celles qui utilisent les méthodes traditionnelles et celles qui utilisent les méthodes modernes ont respectivement 65% et 56% moins de chance d'être mères précocement.

L'ajout progressif des variables, au modèle pas à pas, met en évidence l'effet net des variables et permet de déceler le mécanisme à travers lequel ces facteurs agissent sur la maternité précoce. La signification de l'ethnie passe de 5% à 1% lorsque nous contrôlons avec l'âge (M1) ; ceci traduirait que les différences observées au sein des différents groupes ethniques seraient, en partie, dues aux différences d'âge des adolescentes. L'âge est donc une variable inhibitrice pour l'ethnie.

En introduisant le milieu de socialisation (M3), la signification de l'ethnie baisse à 10% ; tandis que celle de la religion augmente à 1%. Le milieu de socialisation est intervenu comme variable intermédiaire pour l'ethnie, mais comme variable inhibitrice pour la religion.

Au modèle suivant (M4), nous introduisons le milieu de résidence et, l'ethnie devient significative à 5% tandis que le milieu de socialisation devient non significatif. Ce qui traduirait que le milieu de résidence masque l'effet de l'ethnie sur la fécondité précoce, alors qu'il médiatise celui du milieu de socialisation sur celle-ci.

Dans le modèle M5 avec l'ajout du niveau de vie du ménage, l'ethnie redevient significative à 1%, les autres résultats étant similaires aux précédents. L'effet de l'ethnie serait donc en partie masqué par le niveau de vie du ménage.

Lorsque nous ajoutons le sexe du chef de ménage dans le modèle (M6), le seuil de signification de la religion passe de 1% à 5% ; ce qui traduirait que l'effet de la religion transite en partie par le sexe du chef de ménage.

Au modèle suivant (M7), nous introduisons le suivi régulier de la télévision et, la religion redevient significative à 1% tandis que le milieu de résidence baisse de signification (p<0,05). Ce qui traduirait que le suivi régulier de la télévision masque l'effet de la religion sur la fécondité précoce, alors qu'il médiatise celui du milieu de résidence sur celle-ci.

En introduisant le niveau d'instruction (M8), nous observons que la signification de la religion baisse à 5% ; les autres résultats étant similaires aux précédents. Le niveau d'instruction médiatise donc l'effet de la religion.

Au modèle M9 nous introduisons deux variables : la connaissance des méthodes contraceptives et la connaissance du cycle ovulatoire. A ce niveau, le sexe du chef de ménage qui était non significatif devient significatif au seuil de 10% ; donc l'effet du sexe du chef de ménage était en partie masqué par l'une et/ou l'autre de ces deux variables.

Au modèle suivant (M10) nous ajoutons l'état matrimonial. Le sexe du chef de ménage et la connaissance du cycle ovulatoire deviennent non significatifs ; la signification de l'ethnie et de la connaissance des méthodes contraceptives baisse au seuil de 10% ; tandis que celle du milieu de résidence augmente au seuil de 1%. L'état matrimonial est intervenu comme variable intermédiaire pour l'ethnie, le sexe du chef de ménage, la connaissance des méthodes contraceptives et la connaissance du cycle ovulatoire ; mais il est une variable inhibitrice pour le milieu de résidence. Lorsque nous ajoutons l'âge aux premiers rapports sexuels dans le modèle (M11), l'ethnie et la connaissance des méthodes contraceptives deviennent non significatives ; tandis que la religion devient significative au seuil de 1%. L'âge aux premiers rapports sexuels médiatise donc l'effet de l'ethnie et de la connaissance des méthodes contraceptives ; mais il masque celui de la religion.

Dans l'avant dernier modèle (M12), c'est  l'âge au premier mariage  que nous ajoutons. A ce stade, les résultats sont pratiquement similaires à ceux des modèles précédents. Seulement, la signification du suivi régulier de la télé baisse au seuil de 5% et, l'état matrimonial devient non significatif : l'âge au premier mariage à un effet médiateur pour ces deux variables.

Enfin, le modèle final (M13) intègre la variable « Utilisation des méthodes contraceptives » qui n'apporte pas de modifications significatives aux résultats précédents. Chez les adolescentes qui utilisent les méthodes contraceptives soit traditionnelles ou modernes le risque de fécondité précoce est plus faible que chez celles qui n'utilisent aucune méthode, avec signification statistique au moins au seuil de 5%.

V.2.5. Interprétation des résultats

La fécondité précoce des adolescentes congolaises serait influencée par l'environnement socioculturel et/ou socioéconomique (religion, milieu de résidence), l'environnement familial (niveau de vie du ménage et suivi régulier de la télévision) et le comportement à l'égard de la procréation ; cela étant relayé par les caractéristiques individuelles de l'adolescente.

Les jeunes filles des religions traditionnelles et des églises chrétiennes sont beaucoup plus exposées que celles qui ne pratique aucune religion. En effet, la plupart des messages religieux, surtout des églises traditionnelles, rejoignent les valeurs socioculturelles pronatalistes des traditions congolaises ; et leur influence est d'autant plus forte en milieu rural et en milieu semi-urbain qu'en milieu urbain. Cela s'expliquerait par le fait que les grandes villes congolaises (Brazzaville et Pointe-Noire), rassemble près des 2/3 de la couverture médiatique et des infrastructures socioéconomiques de bases, ce qui permet aux adolescentes de bénéficier des images extérieures et d'une scolarisation relativement meilleure. De même que le niveau de vie relativement élevé dans le milieu urbain permet aux parents/tuteurs de mettre plus de moyens à l'encadrement de leurs filles adolescentes et, à ses dernières de nourrir plus d'ambition d'ascension sociale. Cette prépondérance de la fécondité précoce chez les adolescentes rurales est d'autant plus marquée que dans ces lieux, le mariage et la sexualité sont encore précoces et, la pratique contraceptive nettement limitée.

Tableau 24 : Risques relatifs de fécondité précoce des adolescentes congolaises âgées de 15-19 ans (EDSC-I, 2005)

Variables et modalités

Effets bruts

 

Effets nets

A à B

A à C

A à D

A à E

A à F

A à G

A à H

A à I

A à K

A à L

A à M

A à N

A à O

M0

M1

M2

M3

M4

M5

M6

M7

M8

M9

M10

M11

M12

M13

A- Age

2,11***

2,15***

2,16***

2,17***

2,21***

2,21***

2,21***

2,21***

2,23***

2,13***

1,83***

1,83***

1,99***

2,10***

B- Ethnie

**

***

***

*

**

***

***

***

***

***

*

ns

ns

ns

Kongo

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Mbochi

1,16

1,21

1,25

1,2

1,50*

1,69**

1,65**

1,79**

1,80**

1,78**

1,68*

1,26

1,23

1,29

Téké

1,39*

1,45**

1,52**

1,44*

1,64**

1,75***

1,72***

1,78***

1,79***

1,79***

1,31

1,11

1,18

1,27

Sangha

1,31

1,4

1,53

1,92

1,24

1,27

1,25

1,27

1,3

1,55

1,4

1,2

1,06

1,02

Autres ethnies

2,14***

2,88***

2,88***

2,12**

2,42***

2,48***

2,46***

2,73***

2,64***

2,73***

2,33**

2,18**

2,49**

2,70**

C- Religion

**

 

**

***

***

***

**

***

**

**

**

***

***

***

Chrétiennes traditionnelles

réf

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Autres chrétiennes

1,41

 

1,12

1,21

1,22

1,35

1,38

1,52

1,5

1,52

1,82*

2,14*

1,87

1,82

Traditionnelles

1,96**

 

2,60***

2,66***

2,35***

2,54***

2,47***

2,34***

2,23**

2,21**

1,90*

2,05*

2,31**

2,24*

Autres religions

1,31*

 

1,01

1,1

1,09

1,18

1,18

1,17

1,16

1,16

1,17

1,31

1,25

1,23

Sans religion

0,72

 

0,67

0,65

0,66

0,65

0,65

0,62

0,6

0,65

0,52*

0,48*

0,44**

0,49*

D- Milieu de socialisation

*

 

 

***

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

Grandes villes

réf

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Petites villes

1,08

 

 

1,02

0,86

0,76

0,76

0,72

0,7

0,67

0,67

0,68

0,67

0,78

Rural

1,33**

 

 

1,54***

0,98

0,96

0,94

0,87

0,83

0,83

0,95

0,93

0,93

0,94

E- Milieu de résidence

***

 

 

 

***

***

***

**

**

**

***

***

***

***

Grandes villes

0,63***

 

 

 

0,49***

0,54***

0,55***

0,53***

0,54***

0,59**

0,44***

0,43***

0,42***

0,42***

Petites villes

réf

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Rural

1,24

 

 

 

1,28

1,1

1,1

0,88

0,9

0,9

0,86

0,72

0,73

0,65

Variables et modalités

Effets bruts

Effets nets

A à B

A à C

A à D

A à E

A à F

A à G

A à H

A à I

A à K

A à L

A à M

A à N

A à O

M0

M1

M2

M3

M4

M5

M6

M7

M8

M9

M10

M11

M12

M13

F- Niveau de vie du ménage

***

 

 

 

 

***

***

***

***

***

***

***

***

***

Faible

1,82***

 

 

 

 

1,52*

1,57*

1,07

1,02

1,06

0,87

0,9

0,88

0,88

Moyen

2,39***

 

 

 

 

2,52***

2,59***

1,98***

1,87***

1,96***

1,95***

1,95***

2,03***

1,92**

Elevé

réf

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

G- Sexe du chef de ménage

ns

 

 

 

 

 

ns

ns

ns

*

ns

ns

ns

ns

Masculin

réf

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Féminin

0,81

 

 

 

 

 

0,8

0,79

0,8

0,75*

1,1

1,03

0,99

0,98

H- Suivi régulier de la télé

***

 

 

 

 

 

 

***

***

***

***

***

**

**

Jamais

réf

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Rarement

0,56***

 

 

 

 

 

 

0,52***

0,52***

0,51***

0,58***

0,60**

0,60**

0,58**

Souvent

0,37***

 

 

 

 

 

 

0,37***

0,38***

0,38***

0,47***

0,46***

0,48***

0,48***

I- Niveau d'instruction

***

 

 

 

 

 

 

 

ns

ns

ns

ns

ns

ns

Sans niveau

1,93**

 

 

 

 

 

 

 

0,9

1,16

0,94

0,93

0,8

0,9

Primaire

1,45***

 

 

 

 

 

 

 

1,31*

1,42**

1,27

1,11

1,15

1,13

Secondaire ou plus

réf

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

J- Connaissance des méthodes contraceptives

***

 

 

 

 

 

 

 

 

**

*

ns

ns

ns

Aucune

0,07***

 

 

 

 

 

 

 

 

0,15**

0,14**

0,39

0,57

0,36

Traditionnelle

0,43*

 

 

 

 

 

 

 

 

0,66

1,24

1,4

1,32

1,12

Moderne

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

K- Connaissance du cycle ovulatoire

***

 

 

 

 

 

 

 

 

*

ns

ns

ns

ns

Aucune connaissance

0,52***

 

 

 

 

 

 

 

 

0,71

0,9

1,41

1,51

1,21

Connaissance douteuse

1,23

 

 

 

 

 

 

 

 

1,21

1,38*

1,31

1,3

1,19

Bonne connaissance

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

Variables et modalités

Effets bruts

Effets nets

A à B

A à C

A à D

A à E

A à F

A à G

A à H

A à I

A à K

A à L

A à M

A à N

A à O

M0

M1

M2

M3

M4

M5

M6

M7

M8

M9

M10

M11

M12

M13

L- Etat matrimonial

***

 

 

 

 

 

 

 

 

 

***

***

ns

ns

Célibataire

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

En union

13,28***

 

 

 

 

 

 

 

 

 

8,83***

5,44***

0,18

0,16

M- Age aux premiers rapports sexuels

***

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

***

***

***

10 - 15 ans

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

16 ans et plus

0,46***

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

0,27***

0,30***

0,30***

N- Age au premier mariage

***

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

***

***

11 - 17 ans

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

18 ans et plus

0,42***

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

0,22***

0,19***

O- Utilisation des méthodes contraceptives

ns

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

***

Aucune

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

Traditionnelle

0,95

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

0,35***

Moderne

1,26

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

0,44***

Khi-deux du modèle

 

252,44***

261,14***

262,33***

285,84***

308,05***

310,02***

332,14***

335,48***

352,69***

518,72***

663,41***

690,40***

721,52***

*** Significatif au seuil de 1%; ** Significatif au seuil de 5%; * Significatif au seuil de 10%; ns=non significatif; réf = modalité de référence

V.3. CONTRIBUTION DES VARIABLES A L'EXPLICATION DE LA FECONDITE PRECOCE DES ADOLESCENTES

Après avoir identifié les facteurs explicatifs de la fécondité précoce chez les adolescentes congolaises et mis en évidence les mécanismes, nous procéderons dans cette section à une hiérarchisation desdits facteurs à partir de leur contribution.

a) Aspects méthodologiques

La contribution des différentes variables a été calculée à l'aide de la méthode suivant :

Pour obtenir le ?s, pour une variable donnée, on retire cette variable du modèle saturé ; on répète ainsi la même méthode pour chacune des variables considérées.

b) Hiérarchisation des facteurs

Le tableau 25 présente la hiérarchisation par ordre décroissant des facteurs selon leur contribution à l'explication de la variation de la fécondité précoce des adolescentes. Cette hiérarchisation a été effectuée à partir du tableau des contributions (tableau A9, en Annexes).

Les facteurs comportementaux ont les contributions les plus fortes : premiers rapports sexuels précoces, pratique contraceptive et premier mariage précoce ; ensuite le niveau de vie du ménage, suivi des facteurs environnementaux (milieu de résidence et religion) et, enfin, la fréquence d'exposition à la télévision.

Tableau 25 : Hiérarchisation par ordre décroissant des facteurs selon leur contribution à l'explication du risque de fécondité précoce des adolescentes au Congo

Facteurs explicatifs de la fécondité des adolescentes

Contribution (%)

Rang

Age aux premiers rapports sexuels

21,02

1

Utilisation des méthodes contraceptives

4,31

2

Age au premier mariage

4,15

3

Niveau de vie

1,53

4

Milieu de résidence

1,48

5

Religion

1,37

6

Suivi régulier de la télévision

1,11

7

Source : Traitement des données, EDSC-I, 2005

V.4. SYNTHESE ET DISCUSSION DES RESULTATS

En définitive les principaux facteurs explicatifs de la fécondité des adolescentes en République du Congo, sont des facteurs comportementaux, des facteurs familiaux et des facteurs socioculturels et/ou socioéconomiques ; il s'agirait notamment (par ordre de contribution) : des rapports sexuels précoces, de la sous-utilisation des méthodes contraceptives, de la nuptialité précoce, des conditions socioéconomiques précaires des ménages congolais, de la résidence en milieux rural et semi-urbain, des valeurs religieuses plus observées en milieux rural et semi-urbain qu'en milieu urbain et du sous développement médiatique qui sévit dans les milieux rural et semi-urbain congolais. Tout porte à croire que cette situation est la résultante de la précocité des rapports sexuels dans ce pays, associée à une prévalence contraceptive faible et, dans une moindre mesure, à la précocité du mariage. Cela en tenant compte de la contribution très élevée des rapports sexuels précoce à l'explication du phénomène (21%).

Les résultats quasi similaires ont été observés dans certains pays voisins (Gabon et Cameroun, notamment), où les adolescentes contribuent beaucoup à l'ISF (environ à 14%), tandis que l'alphabétisation y est élevée et le mariage moins précoce (UNFPA, 2005b). En effet, les rapports sexuels prénuptiaux sont très fréquents en République du Congo. Les proportions d'adolescentes ayant déjà eu les premiers rapports sexuels sont nettement plus élevées que celles des adolescentes déjà en union quel que soit le groupe ethnique ou le milieu de résidence (voir tableaux 15 et 16). Et, la maternité précoce - souvent inopportune et non désirée - des adolescentes congolaises symbolise une maîtrise imparfaite du processus de procréation, et reflète l'ampleur du besoin insatisfait d'une contraception efficace pour y mettre fin.

Tableau 26 : Synthèses des analyses de la fécondité des adolescentes congolaises

Variables et modalités

Facteurs comportementaux

Fécondité précoce

Sexualité précoce

Mariage précoce

Contraception moderne

M 8

M 9

M12

M13

A- Age

0,53***

0,13***

1,20**

2,10***

B- Ethnie

ns

ns

ns

ns

Kongo

réf

réf

réf

réf

Mbochi

1,84**

1,15

0,89

1,29

Téké

1,34

0,67

1,16

1,27

Sangha

1,32

5,67

0,23**

1,02

Autres ethnies

1,32

0,68

0,42

2,70**

C- Religion

ns

ns

ns

***

Chrétiennes traditionnelles

réf

réf

réf

réf

Autres chrétiennes

0,79

240,81

0,56

1,82

Traditionnelles

1,08

0,65

0,56

2,24*

Autres religions

0,96

2,20*

0,93

1,23

Sans religion

1,2

0,3

1,99**

0,49*

D- Milieu de socialisation

ns

ns

**

ns

Grandes villes

réf

réf

réf

réf

Petites villes

0,64*

1,09

1,94**

0,78

Rural

0,97

0,79

0,77

0,94

E- Milieu de résidence

*

ns

ns

***

Grandes villes

1,07

0,79

1,09

0,42***

Petites villes

réf

réf

réf

réf

Rural

1,83**

2,26

0,82

0,65

F- Niveau de vie du ménage

**

ns

***

***

Faible

1,1

0,64

1,04

0,88

Moyen

1,79**

1,28

0,41***

1,92**

Elevé

réf

réf

réf

réf

G- Sexe du chef de ménage

ns

ns

***

ns

Masculin

réf

réf

réf

réf

Féminin

0,88

1,57

1,97***

0,98

H- Suivi régulier de la télé

ns

ns

ns

**

Jamais

réf

réf

réf

réf

Rarement

0,86

0,43*

0,7

0,58**

Souvent

1,03

0,84

0,64*

0,48***

I- Niveau d'instruction

ns

ns

***

ns

Sans niveau

0,84

2,79

0,06**

0,9

Primaire

1,41*

0,69

0,42***

1,13

Secondaire ou plus

réf

réf

réf

réf

J- Connaissance des méthodes contraceptives

 

 

ns

ns

Aucune

 

 

0

0,36

Traditionnelle

 

 

0

1,12

Moderne

 

 

réf

réf

K- Connaissance du cycle ovulatoire

 

 

ns

ns

Aucune connaissance

 

 

0,88

1,21

Connaissance douteuse

 

 

0,96

1,19

Bonne connaissance

 

 

réf

réf

J- Etat matrimonial

 

 

ns

ns

Célibataire

 

 

réf

réf

En union

 

 

0,59

0,16

M- Age aux premiers rapports sexuels

 

***

ns

***

10 - 15 ans

 

réf

réf

réf

16 ans et plus

 

0,28***

0,74

0,30***

K- Age au premier mariage

 

 

ns

***

11 - 17 ans

 

 

réf

réf

18 ans et plus

 

 

0,56

0,19***

O- Utilisation des méthodes contraceptives

 

 

 

***

Aucune

 

 

 

réf

Traditionnelle

 

 

 

0,35***

Moderne

 

 

 

0,44***

Khi-deux du modèle

161,91***

121,42***

258,72***

721,52***

*** Significatif au seuil de 1%; ** Significatif au seuil de 5%; * Significatif au seuil de 10%; ns=non significatif; réf = modalité de référence

CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS

Cette étude s'est donné pour objectif de contribuer à l'amélioration de l'état des connaissances sur les facteurs explicatifs de la fécondité des adolescentes au Congo, afin d'éclairer les décideurs congolais sur les principaux éléments à prendre en compte pour améliorer et/ou mettre en oeuvre des politiques et programmes de développement adaptés pour les adolescentes. Plus spécifiquement elle cherchait à :

· Décrire les variations de la fécondité des adolescentes ;

· Etablir le profil des adolescentes les plus exposées au risque de maternité précoce ;

· Identifier les facteurs explicatifs de la fécondité précoce.

Elle partait du constat qu'au Congo le niveau de fécondité des adolescentes (15-19 ans) est resté quasiment stationnaire et relativement élevé au cours des vingt dernières années, le taux avoisinant les 131%o pour la période la plus récente, malgré une évolution croissante de la scolarisation des filles et de l'urbanisation depuis des décennies ; en outre, d'une proportion élevée de grossesses en milieu scolaire (10,7%) perturbant ainsi le parcours des jeunes filles.

Nous nous sommes donc servis d'une démarche intégrant les facteurs environnementaux, les facteurs familiaux, les caractéristiques individuelles des adolescentes et les facteurs comportementaux afin de déceler les principaux facteurs explicatifs de la fécondité des adolescentes. Ceci en se basant sur une littérature exposant les différentes approches explicatives ayant énoncé de diverses manières l'influence qu'exercerait différents éléments sur le phénomène.

De ce fait, un cadre conceptuel a été élaboré permettant de matérialiser une hypothèse générale qui s'énonce de la manière suivante : l'environnement global de l'adolescente influence directement et/ou indirectement ses caractéristiques individuelles et, à terme, son comportement sexuel et ses risques de fécondité précoce. Cette hypothèse a été explicitée en sept (7) hypothèses spécifiques.

Les données de la première Enquête Démographique et de Santé du Congo réalisée en 2005 (EDSC-I 2005) ont été exploitées pour tester ces hypothèses. L'évaluation de leur qualité révèle quelques insuffisances qui ne sont pas de nature à entraver l'atteinte des objectifs de l'étude.

Aussi pour atteindre à nos objectifs, nous avons recouru aux méthodes d'analyse statistique descriptive et explicative :

- Pour l'analyse descriptive bivariée, nous avons recouru aux tableaux de contingence pour la détermination des associations entre les variables en nous aidant de la statistique de Khi² ; et pour la description multivariée, l'analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM) nous a permis de catégoriser les adolescentes en fonction de leurs caractéristiques socioculturelles, socioéconomiques, familiales, individuelles et comportementales.

- Vu la nature qualitative et dichotomique des variables intermédiaires et de la variable dépendante, l'analyse explicative s'est faite à l'aide de la régression logistique, dont le modèle pas à pas a permis de déceler les mécanismes d'action des différents facteurs. Par ailleurs, l'évaluation de la contribution des différentes variables nous a permis de hiérarchiser les facteurs par ordre décroissant de leur contribution à l'explication du phénomène.

Ainsi, quelques résultats intéressants ressortent de cette étude, et il convient d'en faire le point afin d'en tirer quelques recommandations à toutes fins utiles.

Au niveau de l'analyse descriptive bivariée, il s'est révélé que :

§ L'ethnie, la religion, le milieu de socialisation, le milieu de résidence, le niveau de vie du ménage, l'exposition à la télé et le niveau d'instruction sont des facteurs discriminants de la sexualité précoce des adolescentes au Congo.

§ S'agissant du premier mariage, il ressort que la religion et l'âge aux premiers rapports sexuels sont des facteurs de différenciation significative de la nuptialité précoce chez les adolescentes congolaises.

§ Une différentiation significative des adolescentes concernant la pratique contraceptive s'effectue à travers les facteurs suivants : l'appartenance ethnique, le milieu de socialisation, le milieu de résidence, le sexe du chef de ménage, le niveau de vie du ménage, le niveau d'instruction, la connaissance des méthodes contraceptives et la connaissance du cycle ovulatoire.

§ Enfin, la fécondité précoce des adolescentes congolaises est fortement différenciée par les facteurs suivants : l'appartenance ethnique, la religion, le milieu de socialisation, le milieu de résidence, le niveau de vie du ménage, l'exposition à la télévision, le niveau d'instruction, la connaissance des méthodes contraceptives et celle du cycle ovulatoire, l'état matrimonial, l'âge aux premiers rapports sexuels et l'âge au premier mariage.

L'analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM) a permis de dresser deux groupes d'adolescentes. D'une part, les adolescentes les plus exposées au risque de maternité précoce (Groupe1), celles-ci ont les caractéristiques suivantes : la plupart appartiennent au groupe Sangha et sont adeptes des églises traditionnelles, socialisées et/ou résidant en milieu rural, les ménages auxquels elles appartiennent ont un niveau de vie relativement faible ; ces adolescentes n'ont jamais été exposées à la télévision et, la plupart, n'ont aucun niveau d'instruction sinon le niveau primaire, déjà en union et dont les premiers rapports sexuels ont été précoces.

D'autre part, celles qui sont moins exposées au risque de maternité précoce (Groupe2) et qui portent les caractéristiques suivantes : nombreuses sont de l'ethnie Kongo et pratiques les religions chrétiennes traditionnelles (ou autres chrétiennes), socialisées et/ou résidant dans les petites villes, elles appartiennent aux ménages de niveau de vie moyen, rarement exposées à la télévision ; elles ont le niveau d'instruction secondaire ou plus, en majorité célibataire et leurs premiers rapports sexuels ont été moins précoces.

Les analyses explicatives nous ont cependant révélées, premièrement, que seuls le milieu de résidence et le niveau de vie du ménage constituent des facteurs explicatifs de la précocité des premiers rapports sexuels chez les adolescentes au Congo. Les adolescentes résidant en milieu rural sont plus susceptibles que celles des petites villes d'avoir une sexualité précoce ; de même que celles issues des ménages de niveau de vie moyen sont plus exposées à la sexualité précoce que leurs homologues des ménages de niveau de vie élevé. 

Deuxièmement que, l'entrée précoce en union chez les adolescentes congolaises n'est expliquée que par l'âge aux premiers rapports sexuels. Les adolescentes ayant commencé précocement leur sexualité (10-15 ans) sont de même plus susceptibles d'être précocement en union que celles qui auraient commencé tardivement leur sexualité (16 ans et plus).

Troisièmement que, la pratique contraceptive moderne chez les adolescentes au Congo s'explique par les facteurs suivants : le milieu de socialisation, le niveau de vie du ménage, le sexe du chef de ménage et le niveau d'instruction de l'adolescente. Les adolescentes socialisées dans les petites villes ou celles appartenant à un ménage dirigé par une femme sont plus susceptibles d'utiliser les méthodes contraceptives modernes que, respectivement, les adolescentes socialisées dans les grandes villes ou celles appartenant à un ménage dirigé par un homme. Par contre les adolescentes membres des ménages de niveau de vie moyen et celles qui n'ont aucun niveau d'instruction ou d'un niveau primaire sont moins susceptibles d'utiliser lesdites méthodes que, respectivement, leurs homologues des ménages de niveau de vie élevé et celles qui possèdent le niveau d'instruction secondaire ou plus.

Quatrièmement, il s'est avéré que la fécondité précoce des adolescentes au Congo s'expliquerait par les facteurs suivants : la religion, le milieu de résidence, le niveau de vie du ménage, l'exposition à la télé, l'âge aux premiers rapports sexuels, l'âge au premier mariage et l'utilisation des méthodes contraceptives. Les adolescentes des religions traditionnelles sont plus susceptibles d'avoir une fécondité précoce que celles des religions chrétiennes traditionnelles ; contrairement aux adolescentes sans religion qui sont moins exposées que ces dernières. Selon le milieu de résidence, les adolescentes des grandes villes sont moins exposées au risque de maternité précoce que leurs homologues des petites villes.

Par ailleurs, les adolescentes appartenant aux ménages de niveau de vie moyen ont un risque plus élevé de connaître une maternité précoce que celles des ménages de niveau de vie élevé. Tandis que, les adolescentes qui suivent rarement ou souvent la télévision sont moins exposées à la maternité précoce que leurs homologues qui n'ont jamais suivi ce média.

S'agissant de l'âge aux premiers rapports sexuels, les adolescentes ayant connu leurs premiers rapports sexuels assez tardivement (à 16 ans et plus) sont moins susceptibles que celles qui les avaient connu précocement (10-15 ans) d'avoir une fécondité précoce. De même que les adolescentes mariées tardivement sont moins exposées à la fécondité précoce que celles dont le mariage était précoce. Enfin, les adolescentes qui utilisent les méthodes contraceptives traditionnelles ou modernes ont moins de chance que celles qui n'utilisent aucune méthode d'avoir une fécondité précoce.

En définitive, cette étude démontre qu'au Congo la fécondité des adolescentes s'expliquerait à la fois par les facteurs socioculturels, socioéconomiques, familiaux et comportementaux. Les caractéristiques individuelles de l'adolescente constituent, en quelque sorte, des canaux permettant de percevoir son comportement à l'égard de la procréation. En effet, le niveau d'instruction de l'adolescente est un facteur explicatif de la pratique contraceptive moderne qui constitue le deuxième comportement ayant la plus forte contribution à l'explication de la fécondité précoce des adolescentes au Congo. Le niveau de vie du ménage est un facteur qui différencie les adolescentes à la fois sur le plan de la sexualité précoce, de la pratique contraceptive et de la maternité précoce. Tandis que, le milieu de résidence explique à la fois la différenciation des adolescentes sur la sexualité précoce - facteur prépondérant de la maternité précoce - et la maternité précoce. Le mariage précoce n'est cependant différencié que par l'âge aux premiers rapports sexuels des adolescentes.

Ainsi, les hypothèses H2, H3, H5, H6 et H7 de cette étude ont été entièrement confirmées. Tandis que l'hypothèse H4, qui stipule que le niveau d'instruction de l'adolescente influence indirectement sa fécondité à travers son âge d'entrée en union et/ou en activité sexuelle et son utilisation des méthodes contraceptives, n'est que partiellement confirmée puisque le niveau d'instruction de l'adolescente n'est pas significativement associé ni au mariage précoce ni à la sexualité précoce, de même qu'à la fécondité précoce. Par contre l'hypothèse H1, qui supposait que les adolescentes des ethnies matrilinéaires seraient plus susceptibles d'avoir une maternité précoce que celles des ethnies patrilinéaires, a été entièrement infirmée.

Au terme de cette étude et tenant compte des résultats auxquels elle aboutit, il nous semble utile de formuler quelques recommandations dont la mise en oeuvre permettrait aux adolescentes d'avoir une sexualité et/ou maternité responsable et à moindre risque.

Les acteurs et décideurs congolais doivent :

Ø Introduire des programmes qui assurent aux adolescentes une éducation à la vie familiale (EVF) dans les écoles, voire à travers d'autres mécanismes sociaux ;

Ø Créer des programmes qui engagent les parents, les professeurs, les prestataires de soins médicaux et les leaders communautaires ou religieux, dans le but de fournir aux adolescentes une éducation sexuelle ;

Ø Etablir des services de santé de la reproduction (SR) sympathiques aux adolescentes, accessibles, confidentiels et sans préjugé, qui procurent des informations complètes dans un langage ordinaire, soutenues par du matériel informationnel (prospectus, dépliant, affiche, etc.) ;

Ø Faciliter l'émergence des programmes qui sensibilisent les adolescentes sur l'utilité des méthodes contraceptives modernes.

v Limites de l'étude et perspectives

Au regard de tout ce qui précède, nous estimons que cette étude a atteint son but qui était d'apporter une réponse relative aux facteurs explicatifs de la fécondité des adolescentes au Congo. Toutefois, cette étude n'est pas exempte de limites. La première limite vient du fait qu'elle repose fondamentalement sur une approche quantitative ; alors que la combinaison de celle-ci avec des données qualitatives du genre sociologique, anthropologique voire psychologique serait plus utile pour une compréhension optimale du phénomène. La seconde limite provient de l'absence de certaines informations dans notre base de données ; en effet, l'absence de certaines variables telles que la discussion de la PF avec les parents, l'âge à la puberté et surtout des variables relatives à l'environnement institutionnel n'a pas permis de mesurer leurs effets jugés pertinents dans la littérature. Il convient donc que les prochaines opérations de collectes de données au Congo, voire ailleurs, tiennent compte de ces aspects pour améliorer la qualité des informations.

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ANNEXES

Tableau A1: Répartition des adolescentes par ethnie selon les autres variables socioculturelles et socioéconomique (EDSC-I 2005)

Variables et modalités

Ethnie

Kongo

Mbochi

Téké

Sangha

Autres ethnies

Total

Religion

 

Chrétiennes traditionnelles

71,2

9,1

13,1

2,9

3,7

100

Autres chrétiennes

71,2

9,6

14,1

2,9

2,2

100

Traditionnelles

75,6

4,5

8,3

0,6

11

100

Autres religions

32,3

24,1

21,7

10,7

11,2

100

Sans religion

41,6

19,6

20,5

12,1

6,2

100

Milieu de socialisation

 

Grandes villes

63,6

15,8

15,7

1,5

3,4

100

Petites villes

65,6

3,5

11,7

6,1

13,1

100

Rural

52

13,5

16,9

10,4

7,2

100

Milieu de résidence

 

Grandes villes

48,5

22,8

20,9

2,4

5,4

100

Petites villes

81,9

4,5

6,5

1,2

5,9

100

Rural

54,8

11,5

16,6

10,3

6,8

100

Ensemble

59,1

13,6

15,7

5,5

6,1

100

Tableau A2: Répartition des adolescentes par milieu de socialisation selon les autres variables socioculturelles et socioéconomique (EDSC-I 2005)

Variables et modalités

Milieu de socialisation

Grandes villes

Petites villes

Rural

Total

Ethnie

 

Kongo

55,7

10,3

34

100

Mbochi

59,5

2,4

38,1

100

Téké

51,7

6,9

41,4

100

Sangha

14,9

10,5

74,6

100

Autres ethnies

30,3

21,2

48,5

100

Religion

 

Chrétiennes traditionnelles

51,9

8,4

39,7

100

Autres chrétiennes

58,7

16,6

24,7

100

Traditionnelles

43,3

9,5

47,2

100

Autres religions

54,9

10,6

34,5

100

Sans religion

40,5

7,6

51,9

100

Milieu de résidence

 

Grandes villes

81,6

7

11,4

100

Petites villes

68,9

18,5

12,6

100

Rural

18,5

6

75,5

100

Ensemble

52

9,3

38,7

100

Tableau A3: Répartition des adolescentes par religion selon les autres variables socioculturelles et socioéconomique (EDSC-I 2005)

Variables et modalités

Religion

Chrétiennes traditionnelles

Autres chrétiennes

Traditionnelles

Autres religions

Sans religion

Total

Ethnie

 

Kongo

69,4

5,4

6

14,5

4,7

100

Mbochi

38,5

3,1

1,5

47,1

9,8

100

Téké

48,1

4

2,5

36,6

8,8

100

Sangha

30,7

2,4

0,5

51,4

15

100

Autres ethnies

34,7

1,6

8,5

48,3

6,9

100

Milieu de socialisation

 

Grandes villes

57,7

5,1

3,9

28

5,3

100

Petites villes

51,5

8

4,8

30,1

5,6

100

Rural

58,9

2,9

5,7

23,5

9

100

Milieu de résidence

 

Grandes villes

55,5

5,4

1,3

31,2

6,6

100

Petites villes

54,4

4,3

6,7

28,1

6,5

100

Rural

61,2

3,8

6,2

21,7

7,1

100

Ensemble

57,6

4,5

4,7

26,4

6,8

100

Tableau A5: Répartition des adolescentes par milieu de résidence selon les autres variables socioculturelles (EDSC-I 2005)

Variables et modalités

Milieu de résidence

Grandes villes

Petites villes

Rural

Total

Ethnie

 

Kongo

28

32,8

39,2

100

Mbochi

56,7

7,7

35,6

100

Téké

45,4

9,8

44,8

100

Sangha

15,1

5,1

79,8

100

Autres ethnies

29,7

23

47,3

100

Religion

 

Chrétiennes traditionnelles

32,6

22,4

45

100

Autres chrétiennes

40,9

22,9

36,2

100

Traditionnelles

9,8

34

56,2

100

Autres religions

40

25,2

34,8

100

Sans religion

32,8

22,7

44,5

100

Milieu de socialisation

 

Grandes villes

53,5

31,4

15,1

100

Petites villes

25,5

47,2

27,3

100

Rural

10

7,7

82,3

100

Ensemble

34,1

23,7

42,2

100

Tableau A6: Répartition des adolescentes par niveau de vie du ménage selon l'environnement socioculturel/socioéconomique (EDSC-I 2005)

Variables socioculturelles et socioéconomiques, plus modalités

Niveau de vie du ménage

Faible

Moyen

Elevé

Total

Ethnie

 

 

 

 

Kongo

34,8

24,5

40,7

100

Mbochi

26,2

9,4

64,4

100

Téké

39,1

15,1

45,8

100

Sangha

59,0

19,1

21,9

100

Autres ethnies

36,1

19,9

44,0

100

Religion

 

 

 

 

Chrétiennes traditionnelles

36,6

23,5

39,9

100

Autres chrétiennes

31,0

18,1

50,9

100

Traditionnelles

51,2

17,7

31,1

100

Autres religions

30,6

14,8

54,6

100

Sans religion

41,3

18,9

39,8

100

Milieu de socialisation

 

 

 

 

Grandes villes

12,1

22,4

65,5

100

Petites villes

34,2

27,4

38,4

100

Rural

67,2

16,4

16,4

100

Milieu de résidence

 

 

 

 

Grandes villes

2,4

19,7

77,9

100

Petites villes

10,3

28,3

61,4

100

Rural

76,7

16,5

6,8

100

Ensemble

35,5

20,5

44

100

Tableau A7: Répartition des adolescentes par sexe du chef de du ménage selon l'environnement socioculturel/socioéconomique (EDSC-I 2005)

Variables socioculturelles et socioéconomiques, plus modalités

Sexe du chef de ménage

Masculin

Féminin

Total

Ethnie

 

 

 

Kongo

70,6

29,4

100

Mbochi

72,8

27,2

100

Téké

74,8

25,2

100

Sangha

76,9

23,1

100

Autres ethnies

79,2

20,8

100

Religion

 

 

 

Chrétiennes traditionnelles

71,8

28,2

100

Autres chrétiennes

71,8

28,2

100

Traditionnelles

71,8

28,2

100

Autres religions

71,8

28,2

100

Sans religion

71,8

28,2

100

Milieu de socialisation

 

 

 

Grandes villes

70,8

29,2

100

Petites villes

71,7

28,3

100

Rural

75,0

25,0

100

Milieu de résidence

 

 

 

Grandes villes

69,2

30,8

100

Petites villes

76,6

23,4

100

Rural

72,7

27,3

100

Ensemble

72,4

27,6

100

Tableau A8: Répartition des adolescentes par fréquence d'exposition à la télé selon l'environnement socioculturel/socioéconomique (EDSC-I 2005)

Variables socioculturelles et socioéconomiques, plus modalités

Suivi régulier de la télé

Jamais

Rarement

Souvent

Total

Ethnie

 

 

 

 

Kongo

45,5

25,2

29,3

100

Mbochi

33,2

18,3

48,5

100

Téké

45,4

20,6

34,0

100

Sangha

64,2

16,5

19,3

100

Autres ethnies

44,5

23,4

32,1

100

Religion

 

 

 

 

Chrétiennes traditionnelles

46,4

24,4

29,2

100

Autres chrétiennes

31,5

37,4

31,1

100

Traditionnelles

67,1

8,3

24,6

100

Autres religions

38,8

20,7

40,5

100

Sans religion

49,2

20,3

30,5

100

Milieu de socialisation

 

 

 

 

Grandes villes

25,9

26,1

48

100

Petites villes

42,5

28,3

29,2

100

Rural

70,3

17,9

11,8

100

Milieu de résidence

 

 

 

 

Grandes villes

19,5

26,3

54,2

100

Petites villes

25,4

26,4

48,2

100

Rural

75,9

18,4

5,7

100

Ensemble

44,9

23

32,1

100

Tableau A9 : Contribution des variables à l'explication de la fécondité précoce des adolescentes au Congo

Variables

Khi-2 final

Khi-2 sans la variable

Contribution (%)

Age aux premiers rapports sexuels

721,52

569,87

21,02

Utilisation des méthodes contraceptives

721,52

690,39

4,31

Age au premier mariage

721,52

691,61

4,15

Niveau de vie

721,52

710,47

1,53

Milieu de résidence

721,52

710,82

1,48

Religion

721,52

711,62

1,37

Suivi régulier de la télévision

721,52

713,53

1,11

Tableau A10: Répartition des adolescentes par niveau d'instruction selon l'environnement socioculturel/socioéconomique et l'environnement familial (EDSC-I 2005)

Variables et modalités

Niveau d'instruction

Sans niveau

Primaire

Secondaire ou plus

Total

Ethnie

 

 

 

 

Kongo

3,5

39,4

57,1

100

Mbochi

1,6

29,6

68,8

100

Téké

3,0

35,6

61,4

100

Sangha

8,0

37,5

54,5

100

Autres ethnies

15,7

48,7

35,6

100

Religion

 

 

 

 

Chrétiennes traditionnelles

3,5

37,6

58,9

100

Autres chrétiennes

0,0

31,3

68,7

100

Traditionnelle

15,0

61,3

23,7

100

Autres religions

3,6

33,2

63,2

100

Sans religion

7,2

48,3

44,5

100

Milieu de socialisation

 

 

 

 

Grandes villes

1,1

23,7

75,2

100

Petites villes

4,1

39,2

56,7

100

Rural

7,7

57,0

35,3

100

Milieu de résidence

 

 

 

 

Grandes villes

1,0

20,2

78,8

100

Petites villes

2,2

33,7

64,1

100

Rural

7,9

54,5

37,6

100

Sexe du chef de ménage

 

 

 

 

Masculin

4,4

39,5

56,1

100

Féminin

3,5

33,7

62,8

100

Niveau de vie du ménage

 

 

 

 

Faible

8,6

56,6

34,8

100

Moyen

2,2

46,0

51,8

100

Elevé

1,5

18,9

79,6

100

Suivi régulier de la télé

 

 

 

 

Jamais

7,3

52,0

40,7

100

Rarement

1,6

37,7

60,7

100

Souvent

1,6

18,6

79,8

100

Ensemble

4,2

37,9

57,9

100

Tableau A11: Répartition des adolescentes par connaissance des méthodes contraceptives selon l'environnement socioculturel/socioéconomique et l'environnement familial (EDSC-I 2005)

Variables et modalités

Connaissance des méthodes contraceptives

Aucune

Traditionnelle

Moderne

Total

Ethnie

 

 

 

 

Kongo

6,9

3,5

89,6

100

Mbochi

5,8

2,3

91,9

100

Téké

4,7

1,5

93,8

100

Sangha

13,4

5,7

80,9

100

Autres ethnies

5,2

4,0

90,8

100

Religion

 

 

 

 

Chrétiennes traditionnelles

6,4

3,6

90,0

100

Autres chrétiennes

5,0

0,0

95,0

100

Traditionnelle

8,9

2,1

89,0

100

Autres religions

5,4

2,5

92,1

100

Sans religion

12,3

5,0

82,7

100

Milieu de socialisation

 

 

 

 

Grandes villes

4,0

2,2

93,8

100

Petites villes

2,5

6,0

91,5

100

Rural

11,2

3,9

84,9

100

Milieu de résidence

 

 

 

 

Grandes villes

4,3

3,5

92,2

100

Petites villes

4,4

1,2

94,4

100

Rural

9,9

3,9

86,2

100

Sexe du chef de ménage

 

 

 

 

Masculin

6,0

3,8

90,2

100

Féminin

8,4

1,6

90,0

100

Niveau de vie du ménage

 

 

 

 

Faible

10,1

4,6

85,3

100

Moyen

4,8

2,3

92,9

100

Elevé

4,7

2,4

92,9

100

Suivi régulier de la télé

 

 

 

 

Jamais

8,9

3,9

87,2

100

Rarement

4,3

2,8

92,9

100

Souvent

5,1

2,4

92,5

100

Ensemble

6,6

3,2

90,2

100

Tableau A12 : Risques relatifs de nuptialité précoce des adolescentes 15-19 ans (EDSC-I, 2005)

Variables et modalités

Effets bruts

Effets nets

A à B

A à C

A à D

A à E

A à F

A à G

A à H

A à I

A à J

M0

M1

M2

M3

M4

M5

M6

M7

M8

M9

A- Age

0,16***

0,15***

0,13***

0,13***

0,13***

0,13***

0,13***

0,12***

0,13***

0,13***

B- Ethnie

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

Kongo

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Mbochi

1,47

1,17

1,01

0,99

1,11

1,18

1,24

1,32

1,34

1,15

Téké

0,89

0,59

0,51

0,5

0,49

0,52

0,58

0,56

0,59

0,67

Sangha

5,45*

5,62*

6,79*

6,42*

5,48

6,34

6,47

6,27

4,42

5,67

Autres ethnies

0,79

0,54

0,61

0,6

0,6

0,55

0,57

0,5

0,47

0,68

C- Religion

*

 

ns

ns

ns

ns

ns

*

*

ns

Chrétiennes traditionnelles

réf

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Autres chrétiennes

99,53

 

128,31

126,53

130,47

141,51

158,46

138,02

146,68

240,81

Traditionnelles

0,6

 

0,48

0,49

0,48

0,53

0,57

0,56

0,64

0,65

Autres religions

1,69

 

1,86

1,86

2,03

2,15*

2,13*

2,42*

2,48*

2,20*

Sans religion

1,01

 

0,39

0,41

0,4

0,38

0,4

0,33

0,29*

0,3

D- Milieu de socialisation

ns

 

 

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

Grandes villes

réf

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Petites villes

1,15

 

 

0,78

0,93

0,88

0,97

0,98

1,04

1,09

Rural

1,26

 

 

1,1

0,69

0,67

0,68

0,75

0,89

0,79

E- Milieu de résidence

ns

 

 

 

ns

ns

ns

ns

ns

ns

Grandes villes

1,12

 

 

 

1,13

1,2

1,11

1,14

1,17

0,79

Petites villes

réf

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Rural

1,59

 

 

 

2,3

2,49

2,55

2,42

2,41

2,26

F- Niveau de vie du ménage

ns

 

 

 

 

ns

ns

ns

ns

ns

Faible

1,37

 

 

 

 

1,05

1

0,81

0,77

0,64

Moyen

1,13

 

 

 

 

1,49

1,41

1,54

1,73

1,28

Elevé

réf

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

G- Sexe du chef de ménage

ns

 

 

 

 

 

ns

ns

ns

ns

Masculin

réf

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

Féminin

1,84

 

 

 

 

 

1,81

1,62

1,56

1,57

H- Suivi régulier de la télé

ns

 

 

 

 

 

 

ns

ns

ns

Jamais

réf

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

Rarement

0,57*

 

 

 

 

 

 

0,40*

0,40*

0,43*

Souvent

0,63

 

 

 

 

 

 

0,82

0,77

0,84

I- Niveau d'instruction

ns

 

 

 

 

 

 

 

ns

ns

Sans niveau

2,92

 

 

 

 

 

 

 

2,04

2,79

Primaire

0,79

 

 

 

 

 

 

 

0,72

0,69

Secondaire ou plus

réf

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

J- Age aux premiers rapports sexuels

***

 

 

 

 

 

 

 

 

***

10 - 15 ans

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

16 ans et plus

0,23***

 

 

 

 

 

 

 

 

0,28***

Khi-deux du modèle

 

89,34***

101,81***

100,16***

103,16***

103,79***

105,23***

109,02***

110,52***

121,42***

*** Significatif au seuil de 1%; ** Significatif au seuil de 5%; * Significatif au seuil de 10%; ns=non significatif; réf = modalité de référence

Tableau A13: Répartition des adolescentes par connaissance du cycle ovulatoire selon l'environnement socioculturel/socioéconomique et l'environnement familial (EDSC-I 2005)

Variables et modalités

Connaissance du cycle ovulatoire

Aucune connaissance

Connaissance douteuse

Bonne connaissance

Total

Ethnie

 

 

 

 

Kongo

26,6

28,3

45,1

100

Mbochi

31,3

15,9

52,8

100

Téké

24,4

18,0

57,6

100

Sangha

31,3

10,4

58,3

100

Autres ethnies

36,5

17,0

46,5

100

Religion

 

 

 

 

Chrétiennes traditionnelles

26,6

23,1

50,3

100

Autres chrétiennes

19,0

30,9

50,1

100

Traditionnelle

33,3

35,5

31,2

100

Autres religions

27,2

21,4

51,4

100

Sans religion

40,5

20,8

38,7

100

Milieu de socialisation

 

 

 

 

Grandes villes

23,6

24,1

52,3

100

Petites villes

20,5

31,6

47,9

100

Rural

34,7

20,5

44,8

100

Milieu de résidence

 

 

 

 

Grandes villes

25,1

16,4

58,5

100

Petites villes

23,4

35,1

41,5

100

Rural

32,3

22,4

45,3

100

Sexe du chef de ménage

 

 

 

 

Masculin

28,0

23,1

48,9

100

Féminin

27,1

24,0

48,9

100

Niveau de vie du ménage

 

 

 

 

Faible

33,3

22,8

43,9

100

Moyen

26,9

26,8

46,3

100

Elevé

23,6

22,3

54,1

100

Suivi régulier de la télé

 

 

 

 

Jamais

33,4

25,3

41,3

100

Rarement

22,0

23,4

54,6

100

Souvent

24,0

20,8

55,2

100

Ensemble

27,7

23,4

48,9

100

Tableau A14 : Résultats de l'AFCM sur les adolescentes congolaises (EDSC-I, 2005)

 
 

Facteur1

Facteur2

Facteur3

Variables et modalités

Poids (%)

Coord F1

CTR F1

QRF1

Coord F2

CTR F2

QRF2

Coord F3

CTR F3

QRF3

Ethnie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Kongo

3,93

0,17

0,5

0,04

-0,05

0,1

0,00

-0,46

7,4

0,31

Mbochi

0,86

0,10

0,0

0,00

0,03

0,0

0,00

1,20

10,8

0,21

Téké

1,05

-0,22

0,2

0,01

0,15

0,1

0,00

0,71

4,6

0,09

Sangha

0,44

-0,90

1,6

0,06

0,11

0,0

0,00

-0,12

0,1

0,00

Autres ethnies

0,38

-0,28

0,1

0,00

-0,08

0,0

0,00

0,27

0,2

0,00

Religion

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chrétiennes traditionnelles

3,73

0,03

0,0

0,00

-0,06

0,1

0,00

-0,20

1,3

0,05

Autres chrétiennes

0,30

0,09

0,0

0,00

0,30

0,1

0,00

-0,52

0,7

0,01

Traditionnelles

0,30

-0,28

0,1

0,00

-0,02

0,0

0,00

-0,64

1,1

0,02

Autres religions

1,86

0,05

0,0

0,00

0,17

0,3

0,01

0,50

4,1

0,10

Sans religion

0,47

-0,32

0,2

0,01

-0,38

0,4

0,01

0,31

0,4

0,01

Milieu de socialisation

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Grandes villes

3,62

0,57

5,4

0,39

0,22

0,9

0,06

0,13

0,6

0,02

Petites villes

0,97

-0,18

0,1

0,01

0,26

0,3

0,01

-1,04

9,2

0,18

Rural

2,08

-0,91

7,8

0,38

-0,50

2,8

0,12

0,25

1,2

0,03

Milieu de résidence

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Grandes villes

2,02

0,71

4,6

0,22

0,23

0,6

0,02

0,73

9,6

0,24

Petites villes

2,70

0,29

1,1

0,06

0,18

0,5

0,02

-0,71

11,9

0,34

Rural

1,95

-1,14

11,5

0,54

-0,49

2,4

0,10

0,22

0,8

0,02

Niveau de vie du ménage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Faible

2,06

-1,08

11,0

0,53

-0,43

2,0

0,08

0,00

0,0

0,00

Moyen

1,40

-0,03

0,0

0,00

0,13

0,1

0,00

-0,72

6,4

0,14

Elevé

3,20

0,71

7,3

0,47

0,22

0,8

0,04

0,32

2,8

0,09

Sexe du chef de ménage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Masculin

4,91

-0,01

0,0

0,00

0,02

0,0

0,00

0,07

0,2

0,01

Féminin

1,75

0,03

0,0

0,00

-0,06

0,0

0,00

-0,19

0,6

0,01

Suivi régulier de la télé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jamais

2,83

-0,79

7,9

0,46

-0,20

0,6

0,03

-0,11

0,3

0,01

Rarement

1,54

0,23

0,4

0,02

0,15

0,2

0,01

-0,33

1,4

0,03

Souvent

2,30

0,81

6,9

0,35

0,15

0,3

0,01

0,35

2,5

0,07

Niveau d'instruction

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sans niveau

0,23

-1,27

1,7

0,06

-0,44

0,2

0,01

0,41

0,3

0,01

Primaire

2,43

-0,57

3,6

0,19

-0,35

1,5

0,07

-0,22

1,0

0,03

Secondaire ou plus

4,01

0,42

3,2

0,26

0,24

1,2

0,08

0,11

0,4

0,02

Connaissance des méthodes contraceptives

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aucune

0,37

-0,34

0,2

0,01

-1,86

6,8

0,20

0,38

0,5

0,01

Traditionnelle

0,21

-0,44

0,2

0,01

-1,06

1,3

0,04

0,11

0,0

0,00

Moderne

6,08

0,04

0,0

0,01

0,15

0,7

0,23

-0,03

0,0

0,01

Connaissance du cycle ovulatoire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aucune connaissance

1,84

-0,16

0,2

0,01

-0,87

7,5

0,29

0,30

1,5

0,04

Connaissance douteuse

1,65

-0,03

0,0

0,00

0,28

0,7

0,03

-0,71

7,2

0,16

Bonne connaissance

3,18

0,11

0,2

0,01

0,38

2,2

0,12

0,19

1,0

0,03

 

 

Facteur1

Facteur2

Facteur3

Variables et modalités

Poids (%)

Coord F1

CTR F1

QRF1

Coord F2

CTR F2

QRF2

Coord F3

CTR F3

QRF3

Etat matrimonial

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Célibataire

5,33

0,25

1,5

0,25

-0,34

3,2

0,46

-0,11

0,5

0,05

En union

1,34

-1,00

6,0

0,25

1,35

12,9

0,46

0,43

2,1

0,05

Age aux premiers rapports sexuels

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

10 - 15 ans

2,96

-0,35

1,6

0,10

0,47

3,5

0,18

0,01

0,0

0,00

16 ans et plus

1,42

0,19

0,2

0,01

0,54

2,2

0,08

-0,37

1,7

0,04

Age au premier mariage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

11 - 17 ans

1,09

-1,07

5,7

0,23

1,37

10,9

0,37

0,49

2,3

0,05

18 ans et plus

0,25

-0,64

0,5

0,02

1,24

2,0

0,06

0,17

0,1

0,00

Utilisation des méthodes contraceptives

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aucune

4,03

-0,05

0,0

0,00

-0,35

2,6

0,19

0,13

0,6

0,03

Traditionnelle

1,93

0,06

0,0

0,00

0,41

1,7

0,07

-0,23

0,9

0,02

Moderne

0,71

0,11

0,0

0,00

0,86

2,8

0,09

-0,13

0,1

0,00

Fécondité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Précoce

5,18

0,23

1,2

0,18

-0,28

2,1

0,27

0,00

0,0

0,00

Non précoce

1,49

-0,79

4,3

0,18

0,97

7,4

0,27

0,00

0,0

0,00

Liste des biens ayant servit à la construction de l'indicateur de bien-être (niveau de vie du ménage)

Biens durables

Ø Radio ;

Ø Télévision

Ø Téléphone, fixe,

Ø Téléphone portable,

Ø Ordinateur,

Ø Réfrigérateur,

Ø Réchaud à gaz

Ø Cuisinière,

Ø Réchaud à pétrole,

Ø Bicyclette

Ø mobylette/moto

Ø voiture/camion,

Ø Pirogue sans moteur,

Ø Pirogue hors bord

Caractéristiques des logements

Ø Electricité

Ø Source d'eau de boisson

Robinet dans logement

Robinet dans parcelle

Robinet extérieur

Puits protégé dans parcelle

Forage/puits à pompe publique

Puits non protégé dans parcelle

Puits non protégé public

Source protégée

Source non protégée

Rivière/fleuve/marigot

Autre

Ø Temps nécessaires pour s'approvisionner en eau

Moins de 15min

Temps médian pour s'approvisionner en eau (en minute)

Ø Type de toilette

Chasse d'eau pour le ménage seul

Chasse d'eau en commun

Fosse/latrines améliorées privées

Fosse/latrines améliorées en commun

Fosse/latrines rudimentaires privées

Fosse/latrines rudimentaires en commun

Pas de toilette/nature

Ø Type de combustible pour la cuisine

Electricité

Gaz bouteille/naturelle

Pétrole

Charbon de bois

Bois à brûler

Autres

Ø Type de sol

Terre/sable

Bois/planche

Vinyle/lino/gerflexe

Carrelage

Ciment/autre

Ø Type de murs de logement

Terre/battue

Bois/planches

Brique en terre non cuite

Tôle

Brique cuite

Autre

Ø Type du toit de logement

Paille/chaume/natte

Tôle

Autre

Ø Nombre de pièces utilisées pour dormir

Moins de trois

Trois à quatre

Cinq à six

Nombre moyen de personnes par pièce

Cet indice a été construit de la manière suivante :

ü on affecte à chacun des biens ou caractéristiques un poids (score ou coefficient) généré à partir d'une analyse en composante principale ;

ü les scores des biens qui en résultent sont standardisés selon une distribution normale standard de moyenne 0 et d'écart type 1 (Gwatkin et al. 2000) ;

ü on attribue dans chaque ménage un score pour chaque bien et on fait la somme de tous les scores par ménage ;

ü les ménages sont classés par ordre croissant de score total et divisés en 5 catégories d'effectifs égales appelés quintile. On établit ainsi une échelle allant de 1 (quintile le plus pauvre) à 5 (quintile le plus riche) ;

Le score de chaque ménage est affecté aux individus qui le composent. Les individus sont ainsi répartis dans les différentes catégories.

* 1 Nations Unies, « Pour que les engagements aient un sens : Guide pour aider les jeunes à évaluer la politique de la jeunesse dans leur pays », Département des Affaires économiques et sociales, Oct. 2004 p.4

* 2 Population Council et Population Reference Bureau ; Reproductive Rights

* 3 Fédération Internationale pour la Planification Familiale (IPPF)

* 4 OMS cité par infoforhealth (www.infoforhealth.org).

* 5 Programme d'action de la CIPD, paragraphe 7.41.

* 6 Bien que le RGPH-96 ait été invalidé, les travaux cartographiques réalisés à l'occasion de cette opération de collecte sont souvent utilisés, et même par les services habilités du pays (CNSEE par exemple), pour les estimations et certaines études de la population congolaise.

* 7 Chez les vili et les kongo (sud Congo), par exemple, le « kikumbi » est un rituel de préparation au mariage c'est-à-dire un passage obligé pour toute fille qui voulait devenir une épouse convenable. cf. Bassouamina : « kikumbi, rite prénuptial », in Rites et coutumes de mariage au Congo, Forum public en ligne, Janvier-Juillet 2007, www.congopage.com

* 8 Les chiffres de cette année (1960-61) sont tirés du livre de F. GUBRY, 1984, Analyse de la nuptialité, Les documents pédagogiques de l'IFORD, p.15. tandis que ceux de 2005 proviennent du CNSEE et ORC Macro, 2006.

* 9 Mandello Carole, 2007, Congo : les jeunes congolais adeptes du concubinage, Article publié le 15 mars 2007 sur www.etudiantcongolais.com

* 10 Ministère de l'enseignement primaire, secondaire et supérieur, chargé de la recherche scientifique, 2001, Le développement de l'éducation : Rapport national du Congo, Bureau international de l'éducation, Brazzaville, 37p.

* 11 PNUD, 2002, Rapport national sur le développement humain 2002 : République du Congo, entre guerres et après ?, , p.20

* 12 Nous précisons que le français, langue officielle en Rép. du Congo, reste l'unique langue d'enseignement dans le cursus scolaire et universitaire. Les deux langues nationales, le lingala et le kituba, ne constituent pas des langues d'enseignement mais des matières pour un certain nombre d'écoles.

* 13 Environ 27.000 femmes ont été violées en une décennie de désordre et de conflits armés au Congo. www.fidh.org; www.canalblog.com

* 14 UNFPA, 2005a.

* 15 Blandine Grosjean, Actualités des églises : Maternités précoces, mamans mineures de mère en fille, Libération/CPDH, Art. sur net (www.google.fr)

* 16 Il convient de préciser que les « approches économiques classiques » considéraient les conditions économiques comme des facteurs uniques et universellement capables d'un changement en matière de procréation. Tandis que les « nouvelles approches » tentent de replacer les éléments économiques dans le contexte particulier auquel sont rattachés les événements.

* 17 Aktouf Omar, 1987, Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations : une introduction à la démarche classique et une critique, Montréal, Canada, p.20.

* 18 Cette théorie reflète en effet la conception « utilitariste » héritée de Hume et des Lumières, suivant laquelle l'action (humaine) vise à procurer la plus grande satisfaction à un sujet conscient, ce qui revient à identifier le choix rationnel à un comportement « maximisateur ». cf. Hume David, 1739, Traité de la nature humaine, tr. Fr. d'André Leroy, Paris, Aubier, 1973.

* 19 Le capital social repose sur les ressources qui, bien que détenues par les membres du réseau relationnel d'un individu et non par lui-même, sont mobilisables et mobilisées par cet individu pour atteindre un objectif lui permettant d'améliorer son bien-être.

* 20 Fauconnet (Paul) et Mauss (Marcel), 1901, Sociologie, in Mauss (Marcel), OEuvres, t. III, Paris, Editions de Minuit, 1969.

* 21Maurice Blondel : Communication à la Société française de philosophie, séance du 3 avril 1919

* 22 idem.

* 23 Thomas (William I.) et Znaniecki (Florian), 1918-1921, The Polish Peasant in Europe and America, New York, Dover Publications, 1958.

* 24 cf. Piché V. et Poirier J., 1995, Les approches institutionnelles de la fécondité, in Gérard H. et Piché V., 1995, Sociologie des populations, Montréal, PUM/AUPELF-UREF, p.117-137

* 25 Davis et Blake, 1956, Social structure and fertility : an analytical framework, Economic Development and Cultural Change, IV, 3, P.211-235 cité par Wakam (2006), p.10

* 26 Durkheim (Emile), 1912, Les formes élémentaires de la vie religieuse, Paris, Presses Universitaires de France, 1990.

* 27 Le groupe d'appartenance se distingue du groupe de référence dans le sens que ce dernier désigne le groupe dont les attitudes, les comportements, les croyances ou les valeurs sont adoptés comme critères par un individu lorsque celui-ci définit une situation, l'évalue ou décide d'agir. Ils existent des groupes d'appartenance qui peuvent être en même temps des groupes de référence, tels que la famille, les amis, etc. Mais le groupe de référence est parfois différent du groupe d'appartenance, comme le cas du bourgeois qui adopte le mode de vie de l'aristocratie.

* 28 Comité d'Etudes sur les Femmes, la Famille et l'Environnement en Afrique, La communication Parents-Enfants sur la Santé de la Reproduction : éducation sexuelle et santé de la reproduction des jeunes. Résultats de recherches ; in Pacific Institute for Women's Health (2002).

* 29 Les médias peuvent être définis comme des moyens de communication de masse ; les journaux écrits, la radio et la télévision produisent des messages destinés à un large public ; ils doivent informer, c'est-à-dire diffuser les nouvelles du monde, mais aussi distraire et être des moyens de culture ; ils permettent de connaître la production littéraire et artistique, ainsi que de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons.

* 30 La masse maigre représente tous les tissus à l'exception du tissu adipeux, elle renferme donc la masse osseuse et la masse musculaire.

* 31 Catherine ROLLET, 2003, Introduction à la démographie, NATHAN/VUEF, 2èmè édition, Paris, France

* 32 Par environnement global nous entendons ici l'ensemble composé par les environnements institutionnel, socioculturel et socioéconomique.

* 33 www.infoforhealth.org

* 34 Institut National de Recherche Pédagogique, Les déterminismes du sexe, La puberté dans l'espèce humaine : le déroulement normal de la puberté. www.inrp.fr

* 35 La modalité « Sangha » fait référence au groupe Sangha-likouala ; et la modalité « Autres ethnies » regroupe les adolescentes des ethnies non identifiées et celles d'origine étrangère (pour la plupart africaine).

* 36 La modalité « Chrétiennes traditionnelles » regroupe les catholiques et les protestants ; la modalité « Autres chrétiennes » fait référence aux églises pentecôtistes ; la modalité « Traditionnelles » se réfère aux églises ``judéo-africaines'' ; et les « Autres religions » regroupent la modalité « Autres » de la base de données plus les musulmanes.

* 37 L'approche relative présente en effet des limites du fait que, dans une telle approche le seuil de pauvreté varie avec le niveau de vie de l'ensemble de la population et, le niveau des pauvres peut varier d'une région à l'autre ou d'une période à l'autre et expliquer en partie les différences ou les changements de fécondité. cf. Schoumaker et Tabutin, (1999), p. 78-80.






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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon