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Fécondité des adolescentes en RDC: recherche des facteurs explicatifs

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par Frédéric POUMBOU
Université de Yaoundé II - Cameroun - Diplôme d'études supérieures spécialisées en démographie 2008
  

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II.3. DEFINITION DES CONCEPTS LIES À L'ETUDE

a) Environnement institutionnel, socioculturel et socioéconomique

L'environnement se définit comme l'ensemble des éléments objectifs et subjectifs qui constituent le cadre de vie de l'individu. L'environnement institutionnel est ainsi défini comme l'ensemble des éléments sociopolitiques et juridiques qui entourent la vie des adolescentes ; il s'agit précisément des différentes mesures prises par les autorités politiques et juridiques du pays, des programmes et projets élaborés, et des diverses actions menées par la société civile ou les organisations non gouvernementales (ONG) à l'intérieur du pays. Dans cette étude l'environnement institutionnel ne pourrait être saisi, faute de variables opérationnelles dans la base utilisée.

L'environnement socioculturel se définit ici comme l'ensemble des caractéristiques et des conditions qui déterminent et modulent à divers degrés les normes, les valeurs et les représentations propres au groupe socioculturel auquel l'adolescente est censée appartenir. Il sera appréhendé par les variables ci-après : l'ethnie, la religion, le milieu de socialisation et le milieu de résidence.

L'environnement socioéconomique comprend tout élément pouvant concourir au développement du capital humain de l'adolescente. Il regroupe les conditions relatives à l'instruction, à la santé, à l'alimentation ou aux opportunités financières (comme avoir un revenu) qui entourent l'adolescente. Comme variable opérationnelle, nous retenons le milieu de résidence.

b) L'adolescence

Période qui sépare l'enfance de l'âge adulte. Cette caractérisation soulève plusieurs problèmes, car si le début de l'adolescence est, dans la plupart des sociétés, directement associé au début de la puberté, la fin de l'adolescence est rarement définie clairement. Au XVIIIe siècle (l'Emile de Rousseau), on assimilait l'adolescence à la crise pubertaire, laquelle était plus tardive qu'aujourd'hui. Ce n'est que vers la fin du XIXe siècle, en particulier sous l'effet de l'allongement des études qui maintient les élèves dans une sorte d'enfance prolongée, qu'à vraiment émergé l'adolescence comme classe d'âge et comme creuset d'une culture spécifique. Ce prolongement de la période d'adolescence est lié aujourd'hui à ce que les événements qui pourraient tenir lieu de « rites de passage », de rites d'entrée dans l'âge adulte, ont subi dans nos sociétés une double altération. Ce sont de moins en moins des épreuves, risquées et probantes. D'autre part s'est effacé, peu ou prou, leur caractère de cérémonies publiques (le mariage, par exemple, est de moins en moins un établissement solennel). Ainsi, la plupart des individus passent insensiblement de l'adolescence à une apparente maturité en traversant un âge mal défini que certains dénomment « post-adolescence » (et qui peut durer jusqu'à 35 ans, parfois plus). Aussi, la définition de l'adolescence peut varier d'une culture à l'autre (ou d'un auteur à un autre) en fonction des objectifs et de la manifestation de certains critères reconnus comme ceux d'un adulte (Senderowitz et Paxman 1985, Diop 1995).

Selon le dictionnaire Larousse (2006), l'adolescence correspond à une « période de la vie entre l'enfance et l'âge adulte, pendant laquelle se produit la puberté et se forme la pensée abstraite ». De cette définition découlent deux dimensions de l'adolescence : la dimension biologique ou physiologique et la dimension psychologique ; car si la puberté est définit comme l' « ensemble des transformations de l'adolescence aboutissant à l'acquisition des caractères sexuels - secondaires - et de la fonction de reproduction » (Larousse, 2006), la formation d'une pensée abstraite sous-entend « l'évolution de l'identification de l'adolescent ou de l'adolescente en tant qu'individu autonome, indépendant, pouvant prendre des décisions propres et se fier à son jugement personnel » (EVINA, 1998). La dimension sociologique (ou sociale) de l'adolescence s'intéresse plus aux nouvelles attentes qu'aurait la communauté à l'égard de l'adolescente, car les transformations physiologiques qu'elle subit entraînent un changement de statut et de rôle au sein de la collectivité. La dimension juridique, quant à elle, implique à l'enfant l'acquisition d'un certain nombre de droits (et des devoirs) dans la société et lui confère, à la fin de l'adolescence, une responsabilité pénale. La dimension démographique s'appuie essentiellement sur l'âge. Dans ce sens, l'adolescence concernera par exemple les individus âgés de 10 à 15 ans, 15 à 19 ans ou 15 à 24 ans etc.

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)33(*) a défini l'adolescence comme :

§ La progression entre l'apparition de caractéristiques sexuelles secondaires (puberté) et la maturité sexuelle et génésique ;

§ Le développement de mécanismes mentaux adultes et d'une identité d'adulte ;

§ La transition entre une entière dépendance socio-économique et une relative indépendance.

Cette définition constitue une référence essentielle car elle renferme, d'une manière plus ou moins implicite, chacune des dimensions susmentionnées.

KEATS, cité par KOUTON, distingue quatre étapes de l'adolescence :

- l'éveil sexuel vers 13-15 ans ;

- les premières relations sexuelles vers 14-17 ans ;

- le rôle sexuel vers 16-19 ans ;

- le choix d'un rôle déterminant dans la société vers 18-25 ans.

Cette définition permet de distinguer deux étapes de l'adolescence : une étape biologique ou psychologique prenant fin vers 15 ans et une étape sociale pouvant aller jusqu'à 25 ans.

L'adolescence est une période de maturation physique, émotionnelle, sociale et sexuelle rapide. Toutes les cultures constatent et marquent la transition entre l'enfance et l'âge adulte. Cependant, beaucoup d'études portent sur la tranche de 10 à 19 ans, tandis que d'autres portent sur la tranche de 15 à 24 ans ; dans aucun cas, la fourchette ne représente néanmoins un début et une fin qui soient universellement reconnus sur le plan social ou sur le plan biologique. La puberté indique le début biologique de l'adolescence, mais les signes qui marquent son achèvement sont divers et mal définis. La seule définition universelle de l'adolescence semble être que, bien qu'elle ne soit plus considérée comme un enfant, la jeune fille n'est pas encore un adulte.

La législation congolaise fixe à 18 ans l'âge minimum d'accès aux droits civiques et politiques. Et, l'article 128 du Code de la Famille congolais fixe également l'âge minimum au mariage à 18 ans pour les filles ; mais l'EDSC-I délimite la période de l'adolescence à la tranche d'âge 15-19 ans. Ainsi dans le cadre de cette étude, seront considérées comme adolescentes toutes les filles congolaises âgées de 15 à 19 ans.

c) Caractéristiques individuelles de l'adolescente

Les caractéristiques désignent à la fois ce qui est propre à l'individu et ce qui le singularise, c'est-à-dire chacune des particularités culturelles, sociales, physiques ou biologiques qui distinguent un individu des autres. Pour l'adolescente, il s'agit d'un ensemble d'éléments constitutifs de sa propre personnalité qui lui permettent de s'identifier ou de se différencier socialement, de communiquer avec ses semblables, de se conformer à certaines règles sociales ou d'en rejeter d'autres. C'est par des caractéristiques individuelles que chacun mobilise les ressources dont il dispose au sein d'environnements familiaux, culturels ou institutionnels afin de se constituer et de faire reconnaître sa conformité ou sa singularité auprès des autres. De ce fait, les caractéristiques de l'adolescente - l'âge auquel elle atteint sa puberté, son niveau d'instruction, ses connaissances sur la contraception - influent sur son comportement sexuel qui détermine sa susceptibilité à la maternité précoce.

d) Sexualité précoce

Les transformations d'ordre physique, sexuel et psychoaffectif qui caractérisent le passage de l'état d'enfant à celui d'adulte mettent plusieurs années à s'accomplir. L'âge de début des modifications morphologiques et la vitesse de passage d'un stade de développement au suivant varient beaucoup d'un enfant à l'autre. Cependant, une fois entamés, ces changements pubertaires se réalisent selon une séquence chronologique bien établie dont la classification en cinq stades de Tanner (1962)34(*) sert cliniquement de référence : le dernier stade, celui de maturation complète des organes sexuels, se déroulant entre 14 et 15 ans pour le sexe féminin. Au Congo bien que le mariage soit traditionnellement le cadre réservé des rapports sexuels, il n'en constitue pas le cadre exclusif, les relations sexuelles prémaritales connaissent une nette augmentation, et l'âge médian aux premiers rapports sexuels est estimé à 15,9 ans chez les femmes (CNSEE et ORC Macro, 2006). Aussi, la sexualité précoce sera définie comme l'occurrence des premiers rapports sexuels avant le 16ème anniversaire.

e) Union ou mariage précoce

Ici, le terme union prend un sens général pour désigner toute sorte de cohabitation entre un homme et une femme. Une union peut consister en un mariage (coutumier, religieux ou civil), un concubinage, une union consensuelle, etc. L'âge légal minimum au mariage étant fixé à 18 ans au Congo, l'union/mariage précoce peut donc être défini comme tout « mariage » d'une jeune fille survenu avant le 18ème anniversaire.

f) Fécondité ou maternité précoce

D'après Louis Henry, l'« on étudie sous le nom de fécondité les phénomènes quantitatifs directement liés à la procréation des enfants au sein des populations ou de sous-populations ... Et l'on entend plus particulièrement par fécondité la fréquence des naissances au sein d'ensembles en âge de procréer ». Dans la littérature toute grossesse contractée avant l'âge de 20 ans comporte des risques supplémentaires que si la femme avait 20 ans ou plus. En effet, ces risques sont plus élevés chez les jeunes femmes, non seulement parce qu'elles sont jugées physiologiquement inapte à conduire sans danger une grossesse à terme en raison de leur âge, mais aussi parce qu'elles en sont souvent à leur premier accouchement, qui est plus dangereux que les deuxième, troisième ou quatrième. La fécondité précoce concernera donc toute naissance survenue chez une fille avant le vingtième anniversaire.

Tableau 3 : Variables et modalités retenues pour l'étude

CONCEPTS

VARIABLES

MODALITES

Environnement socioculturel

Ethnie35(*)

Kongo, Mbochi, Téké

Sangha, Autres ethnies

Religion36(*)

Chrétiennes traditionnelles

Autres chrétiennes, Traditionnelles

Autres religions, Sans religion

Milieu de socialisation

Grandes villes, Petites villes, Rural

Milieu de résidence

Grandes villes, Petites villes, Rural

Environnement socioéconomique

Milieu de résidence

Grandes villes, Petites villes, Rural

Environnement familial

Niveau de vie du ménage

Faible, Moyen, Elevé

Sexe du chef de ménage

Masculin, Féminin

Suivi régulier de la télé

Jamais, Rarement, Souvent

Caractéristiques individuelles de l'adolescente

Niveau d'instruction

Sans niveau, Primaire, Secondaire ou plus

Connaissance des méthodes contraceptives

Aucune, Traditionnelle, Moderne

Connaissance du cycle ovulatoire

Aucune, Douteuse, Bonne

Etat matrimonial

Célibataire, En union

Comportement à l'égard de la procréation (variables intermédiaires)

Age aux premiers rapports sexuels

inférieur ou égal à 15 ans, 16 ans et plus

Age au premier mariage

inférieur ou égal à 17 ans, 18 ans et plus

Utilisation actuelle des méthodes contraceptives

Aucune, Traditionnelle, Moderne

Variable dépendante

Fécondité précoce

Maternité avant l'âge de 20 ans

1. Oui ; 0. Non

Afin de tester empiriquement les relations qui relient les différents concepts susmentionnés, nous avons retenu des variables opérationnelles qui, au regard des effets présumés ou des résultats d'études antérieurs, ont une influence sur la fécondité à l'adolescence. Les hypothèses et les variables opérationnelles relatives à la fécondité précoce étant déterminées, le schéma détaillé ci-dessous permet de les réorganiser. Il présente synthétiquement les relations existant entre les différentes variables, qui supposent au-delà des relations directes entre la fécondité précoce et les variables de comportement (ou variables intermédiaires), une influence de l'environnement familial sur les dites variables à travers les caractéristiques individuelles de l'adolescente et une influence ethnique et/ou religieuse à travers la tolérance de la sexualité et la valorisation de la maternité.

Schéma 2 : Schéma d'analyse de la fécondité des adolescentes

Sexe du chef de ménage

Premiers rapports sexuels avant 16 ans

Ethnie

Milieu de socialisation

Connaissance des méthodes contraceptives

Etat matrimonial

Religion

Suivi régulier de la télévision

Milieu de résidence

Niveau d'instruction

Niveau de vie du ménage

Utilisation des méthodes contraceptives

Premier mariage avant 18 ans

Maternité avant le 20ème anniversaire

Connaissance du cycle ovulatoire

Synthèse et conclusion partielle

Dans ce deuxième chapitre, nous avons présenté le cadre théorique de notre étude en examinant tour à tour les différentes approches explicatives de la fécondité des adolescentes : approches socioéconomique, socioculturelle, institutionnelle, psychologique, familiales et comportementale. Les résultats de certaines études antérieures ayant mis en évidence la pertinence de ces approches pour la variation des comportements procréateurs des adolescentes ont été évoqués. Ceci nous a permis d'énoncer une hypothèse générale représentée par un schéma conceptuel, suivi d'un certain nombre d'hypothèses spécifiques qui mettent en relation les différents facteurs (ou variables) avec le phénomène en cause. La définition des concepts a servi pour relever le sens qui leur ait accordé dans cette étude. Enfin, un schéma d'analyse a été élaboré afin d'étudier le phénomène dans le contexte qui nous concerne. Toutefois, l'absence de certaines informations jugées pertinentes dans notre revue de littérature (comme l'âge à la puberté ou la discussion du PF avec les parents) donne quelques limites à notre schéma d'analyse.

* 33 www.infoforhealth.org

* 34 Institut National de Recherche Pédagogique, Les déterminismes du sexe, La puberté dans l'espèce humaine : le déroulement normal de la puberté. www.inrp.fr

* 35 La modalité « Sangha » fait référence au groupe Sangha-likouala ; et la modalité « Autres ethnies » regroupe les adolescentes des ethnies non identifiées et celles d'origine étrangère (pour la plupart africaine).

* 36 La modalité « Chrétiennes traditionnelles » regroupe les catholiques et les protestants ; la modalité « Autres chrétiennes » fait référence aux églises pentecôtistes ; la modalité « Traditionnelles » se réfère aux églises ``judéo-africaines'' ; et les « Autres religions » regroupent la modalité « Autres » de la base de données plus les musulmanes.

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