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Fécondité des adolescentes en RDC: recherche des facteurs explicatifs

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par Frédéric POUMBOU
Université de Yaoundé II - Cameroun - Diplôme d'études supérieures spécialisées en démographie 2008
  

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V.2.2. Maternité précoce et environnement familial de l'adolescente

Il apparaît que deux variables de l'environnement familial déterminent la fécondité à l'adolescence, à savoir le niveau de vie du ménage et le suivi régulier de la télévision. Les adolescentes congolaises appartenant aux ménages de niveau de vie faible et moyen ont respectivement 1,8 fois et 2,4 fois plus de risque d'être mères précocement que leurs homologues issues des ménages de niveau de vie élevé. L'exposition à la télévision semble favorable à la réduction du risque de maternité précoce. En effet, les adolescentes qui suivent rarement ou souvent ce média ont respectivement 44% et 63% moins de chance d'être mères à un âge précoce que leurs homologues qui n'ont jamais suivi ce média.

V.2.3. Maternité précoce et caractéristiques individuelles de l'adolescente

L'instruction semble être négativement corrélé à la fécondité précoce. Les jeunes filles sans niveau d'instruction ou celles ayant le niveau primaire sont, en effet, respectivement 1,93 fois et 1,45 fois plus susceptibles de connaître une maternité précoce à l'adolescence que leurs homologues possédant le niveau secondaire ou plus. S'agissant de la connaissance des méthodes contraceptives et de celle du cycle ovulatoire, il en résulte d'une part, que les adolescentes n'ayant aucune connaissance des méthodes contraceptives ou celles qui ne connaissent que les méthodes traditionnelles sont moins exposées au risque de maternité précoce que leurs homologues qui connaissent les méthodes modernes (respectivement OR=0,07 et OR=0,43) ; et d'autre part, que les adolescentes n'ayant aucune connaissance de leur cycle ovulatoire sont moins susceptibles d'être mères précocement que celles qui ont une connaissance relativement bonne de leur cycle. Ces résultats assez paradoxaux seraient peut être dus aux différences dans les autres facteurs (socioculturels, socioéconomiques, familiaux, etc.) ; ou encore cela traduirait le fait que les adolescentes congolaises s'intéresseraient plus aux méthodes contraceptives et/ou à leur cycle ovulatoire que lorsqu'elles ont déjà été « victime » d'une grossesse non désirée. Suivant l'état matrimonial, il s'en suit que les adolescentes en union sont 13,3 fois plus exposées au risque de maternité précoce.

V.2.4. Maternité précoce et comportement de l'adolescente

Au niveau brut deux variables comportementales paraissent déterminées la fécondité précoce des adolescentes congolaises, l'utilisation des méthodes contraceptives étant non significative. Il apparaît ainsi, que les adolescentes ayant débuté leur sexualité moins précocement (à 16 ans et plus) ont 54% moins de risque d'être mères précocement que celles qui avaient débuté plus tôt leur sexualité (à 10-15 ans). De même que les adolescentes mariées au moins à l'âge légal minimum (18 ans et plus) ont 58% moins de risque d'avoir une maternité précoce que celles qui ont été mariées précocement (11-17 ans).

Cependant, ajustées sur les autres variables sept (7) facteurs paraissent expliquer la fécondité précoce des adolescentes au Congo ; il s'agit de : la religion, le milieu de résidence, le niveau de vie du ménage, le suivi régulier de la télévision, l'âge aux premiers rapports sexuels, l'âge au premier mariage et l'utilisation des méthodes contraceptives (M13).

Ainsi, les facteurs socioculturels et/ou socioéconomiques les plus associés à la maternité précoce des adolescences congolaises sont la religion et le milieu de résidence. Du point de vue religieux, les adolescentes adeptes des « religions traditionnelles » ont 2,24 fois plus de risque de connaître une maternité précoce que leurs homologues adeptes des églises « chrétiennes traditionnelles » ; contrairement aux adolescentes sans appartenance religieuse qui ont 51% moins de risque d'être mères précocement que ces dernières.

Sur le plan résidentiel, les adolescentes résidant dans les grandes villes ont 58% moins de risque que celles qui résident dans des petites villes d'être mères précocement.

Par ailleurs, le niveau de vie du ménage et le suivi régulier de la télévision paraissent comme les facteurs familiaux explicatifs de la fécondité précoce des adolescentes congolaises. Ajustée aux autres variables, les adolescentes appartenant aux ménages de niveau de vie moyen sont 1,92 fois plus susceptibles d'être mères précocement que leurs homologues membres des ménages de niveau de vie élevé. Et, pour ce qui est de l'exposition aux médias, plus précisément à la télévision, il ressort que comparées aux adolescentes qui n'ont jamais suivi ce média, celles qui le suivent rarement ou souvent ont respectivement 42% et 52% moins de risque de connaître une maternité précoce. Ce résultat indique que le risque de maternité précoce est négativement lié au degré d'exposition à la télévision.

Par contre, aucune caractéristique individuelle de l'adolescente ne paraît significativement associée à la maternité précoce.

Les facteurs comportementaux restent tous associés à la maternité précoce à l'adolescence. Toutes choses étant égales par ailleurs, les adolescentes qui ont eu leurs premiers rapports sexuels à un âge non précoce, c'est-à-dire à 16 ans et plus ont 70% moins de risque que celles qui les ont eu à l'âge précoce, c'est-à-dire à 10-15 ans, d'avoir une fécondité précoce. Sur le plan matrimonial, les jeunes filles mariées non précocement (à 18 ans ou plus) ont 81% moins de risque de connaître une maternité précoce que celles qui se sont mariées précocement (à 11-17 ans). Enfin, s'agissant de la pratique contraceptive, nous remarquons que par rapport aux adolescentes qui n'utilisent aucune méthode contraceptive, celles qui utilisent les méthodes traditionnelles et celles qui utilisent les méthodes modernes ont respectivement 65% et 56% moins de chance d'être mères précocement.

L'ajout progressif des variables, au modèle pas à pas, met en évidence l'effet net des variables et permet de déceler le mécanisme à travers lequel ces facteurs agissent sur la maternité précoce. La signification de l'ethnie passe de 5% à 1% lorsque nous contrôlons avec l'âge (M1) ; ceci traduirait que les différences observées au sein des différents groupes ethniques seraient, en partie, dues aux différences d'âge des adolescentes. L'âge est donc une variable inhibitrice pour l'ethnie.

En introduisant le milieu de socialisation (M3), la signification de l'ethnie baisse à 10% ; tandis que celle de la religion augmente à 1%. Le milieu de socialisation est intervenu comme variable intermédiaire pour l'ethnie, mais comme variable inhibitrice pour la religion.

Au modèle suivant (M4), nous introduisons le milieu de résidence et, l'ethnie devient significative à 5% tandis que le milieu de socialisation devient non significatif. Ce qui traduirait que le milieu de résidence masque l'effet de l'ethnie sur la fécondité précoce, alors qu'il médiatise celui du milieu de socialisation sur celle-ci.

Dans le modèle M5 avec l'ajout du niveau de vie du ménage, l'ethnie redevient significative à 1%, les autres résultats étant similaires aux précédents. L'effet de l'ethnie serait donc en partie masqué par le niveau de vie du ménage.

Lorsque nous ajoutons le sexe du chef de ménage dans le modèle (M6), le seuil de signification de la religion passe de 1% à 5% ; ce qui traduirait que l'effet de la religion transite en partie par le sexe du chef de ménage.

Au modèle suivant (M7), nous introduisons le suivi régulier de la télévision et, la religion redevient significative à 1% tandis que le milieu de résidence baisse de signification (p<0,05). Ce qui traduirait que le suivi régulier de la télévision masque l'effet de la religion sur la fécondité précoce, alors qu'il médiatise celui du milieu de résidence sur celle-ci.

En introduisant le niveau d'instruction (M8), nous observons que la signification de la religion baisse à 5% ; les autres résultats étant similaires aux précédents. Le niveau d'instruction médiatise donc l'effet de la religion.

Au modèle M9 nous introduisons deux variables : la connaissance des méthodes contraceptives et la connaissance du cycle ovulatoire. A ce niveau, le sexe du chef de ménage qui était non significatif devient significatif au seuil de 10% ; donc l'effet du sexe du chef de ménage était en partie masqué par l'une et/ou l'autre de ces deux variables.

Au modèle suivant (M10) nous ajoutons l'état matrimonial. Le sexe du chef de ménage et la connaissance du cycle ovulatoire deviennent non significatifs ; la signification de l'ethnie et de la connaissance des méthodes contraceptives baisse au seuil de 10% ; tandis que celle du milieu de résidence augmente au seuil de 1%. L'état matrimonial est intervenu comme variable intermédiaire pour l'ethnie, le sexe du chef de ménage, la connaissance des méthodes contraceptives et la connaissance du cycle ovulatoire ; mais il est une variable inhibitrice pour le milieu de résidence. Lorsque nous ajoutons l'âge aux premiers rapports sexuels dans le modèle (M11), l'ethnie et la connaissance des méthodes contraceptives deviennent non significatives ; tandis que la religion devient significative au seuil de 1%. L'âge aux premiers rapports sexuels médiatise donc l'effet de l'ethnie et de la connaissance des méthodes contraceptives ; mais il masque celui de la religion.

Dans l'avant dernier modèle (M12), c'est  l'âge au premier mariage  que nous ajoutons. A ce stade, les résultats sont pratiquement similaires à ceux des modèles précédents. Seulement, la signification du suivi régulier de la télé baisse au seuil de 5% et, l'état matrimonial devient non significatif : l'âge au premier mariage à un effet médiateur pour ces deux variables.

Enfin, le modèle final (M13) intègre la variable « Utilisation des méthodes contraceptives » qui n'apporte pas de modifications significatives aux résultats précédents. Chez les adolescentes qui utilisent les méthodes contraceptives soit traditionnelles ou modernes le risque de fécondité précoce est plus faible que chez celles qui n'utilisent aucune méthode, avec signification statistique au moins au seuil de 5%.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore