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Sexe, contestation, drogue et rock'n'roll

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par Damien VAQUIE
Université Paul Valéry - Montpellier III - Maà®trise de musique 2003
  

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Chapitre 3. Histoire du rock

A. Le rock'n'roll : naissance et mutation28

Le rock'n'roll est un mouvement artistique survenu en réponse à la seconde guerre mondiale. En effet, ce tragique évènement occulta les esprits de par l'atrocité du génocide causé à la communauté européenne juive mais aussi de par la suprématie militaire des Etats-Unis qui possèdent la bombe atomique et peuvent détruire une région du globe à tout moment. Cette période fut marquée de l'empreinte de la crainte, des restrictions ainsi que d'une détérioration de la confiance entre êtres humains. De plus, ce conflit tua près de 50 millions de personnes dont plus de la moitié était composée de civils. Dès le lendemain de ce dernier, les populations touchées par cette terreur éprouvèrent une envie soudaine de se divertir et de connaître un mode de vie contraire à celui qui leur avait été imposé lors de l'occupation allemande. Ainsi, le jazz connu un réel intérêt, notamment sur la rive gauche parisienne qui devint en peu de temps un lieu de pèlerinage pour tous les amateurs de pulsations ternaires. Cependant, le jazz était entre temps devenu une musique qui s'est complexifiée voire devenir savante et quitter ainsi son origine populaire. L'apparition du be-bop à l'initiative entre autres de Charlie Parker au milieu des années 1940 expédièrent le monde jazzistique en un milieu fermé dans lequel le public doit avant tout avoir une oreille aguerrie de ces structures harmoniques complexes, de cette pulsation rapide et des métriques parfois difficiles à ressentir. D'un autre côté, des figures comme Frank Sinatra ou encore Bing Crosby proposèrent des chansons dont l'influence jazzistique est indéniable mais se rapprochant d'un certain sentimentalisme de par leurs sujets (ce ne sont en effet principalement que des chansons d'amour) et de par leur variabilité pulsionnelle (afin de respecter un certain sentimentalisme dans la manière de chanter). Cependant un

28 Voici les ouvrages qui m'ont permi d'établir cet historique : Unis vers délires blues, in http://delires.blues.free.fr/avis.htm, consulté en septembre 2003 ; Histoire, in http://isuisse.ifrance.com/dynamicdandies/index fichiers/club/histoire.htm, consulté en septembre 2003.

mouvement prend de plus en plus d'ampleur chez les jeunes désireux de posséder leur propre identité musicale. Le rythm'n'blues connaît alors un intérêt majeur chez les adolescents américains au travers du moyen de diffusion le plus populaire du pays de l'Oncle Sam à savoir les ondes radiophoniques qui ouvrent leurs portes au blues dès 1948. Le premier à étendre radiophoniquement sa musique est John Lee « Sonny Boy » Williamson. Ce dernier fut l'un des pionniers du Chicago blues au même titre que Big Bill Broonzy. Durant les années 1930 et 1940, ces deux musiciens vont répandre leur blues à travers tout le pays. John Lee « Sonny Boy » Williamson impose la formation qui deviendra par la suite celle dite « classique » du rock à savoir basse, batterie, guitare et harmonica. Il est sitôt suivi de B.B. King qui animera la même année sa propre émission de radio dédiée au blues ainsi que par Muddy Waters, figure emblématique chez les futures stars du rock comme les Rolling Stones. Le terme rythm'n'blues fut inventé par le magazine musical Billboard en 1949. Cette musique plait pour sa structure simplifiée (utilisation de la grille blues dont les douze mesures s'articulent autours des degrés I, IV et V), pour sa durée (de deux à trois minutes environs tandis que les sessions jazzistiques peuvent s'étaler sur plusieurs minutes) mais aussi pour une approche du blues plus optimiste. Mais une personnalité se démarque du lot. Cette dernière n'est autre que Chuck Berry. Ses riffs simplifiés sur des paroles évoquant un certain érotisme ainsi qu'une gestuelle inédite à caractère sensuelle pour l'époque (comme son fameux « pas de canard ») permirent à cet ancien coiffeur du Missouri d'échelonner les marches vers un succès certain. Quelques années plus tard, au début des années 1960, il devient un père spirituel pour tout guitariste en herbe. Ainsi de futures vedettes du rock and roll comme les Beatles ou les Rolling Stones ont fait leur apprentissage sur les chansons du maître et commencerons leur carrière professionnelle en reproduisant ses accords sur bandes magnétiques, ce qui confèrera à Chuck Berry lui-même de nombreux droits d'auteur ainsi qu'une certaine reconnaissance en Angleterre quand bien même ce dernier passe ses

journées en prison. Chuck Berry est bien souvent présenté comme le père du rock'n'roll, ce qui est vrai pour son approche musicale. Mais le rock'n'roll est aux Blancs ce que le rythm'n'blues reste aux Noirs. Devant un tel engouement des jeunes Blancs américains, les producteurs ainsi que les majors (grandes maisons de disques) s'intéressèrent de plus en plus au rythm'n'blues qui représente à leurs yeux un potentiel commercial sans précédent. Le premier blanc à reprendre un morceau de rythm'n'blues noir est Bill Halley avec son Crazy Man Crazy en 1953. Ce n'est pas la première fois qu'un Blanc interprète une musique Noire. Le jazz en est la preuve vivante. Mais le rythm'n'blues apparaît comme une musique peu recommandable pour la jeunesse à cause de sa rythmique rapide et obsédante ainsi que l'âpreté de ses lignes guitaristiques. En effet, les personnes de couleur sont plus ou moins marginalisées aux Etats-Unis. Au vu d'un tel engouement de cette musique par le public blanc, les producteurs comprirent qu'il fallait que les Blancs aient leur propre rythm'n'blues. Le rock'n'roll est diffusé dès 1951 à l'initiative de disc jockey tels que Alan Freed, dont la paternité du terme rock'n'roll lui revient, et connaît une audience grandissante. Le rock'n'roll devient un mode de vie, de penser, de façon d'être. Ceci ne s'est plus vu depuis le romantisme allemand du XIXème siècle. Ce qui diffère entre ce dernier mouvement artistique et cette musique afro-américaine, c'est que cette dernière s'adresse en priorité aux adolescents dont le pouvoir d'achat grandissant intéresse toute une sphère économique. Une frénésie consumériste égale à celle de leurs parents s'empare de ces jeunes personnes qui arborent perfectos et T-shirts façon Marlon Brando au volant des Thunderbirds ou des Corvettes semblables à celles des vedettes hollywoodiennes. Mais la saison phare de ce mouvement musical reste 1954-1955, saison qui correspond à l'apogée du rock'n'roll de par le nombre de classiques (Rock Around The Clock de Bill Halley and his Comets, souvent considéré comme l'un des premiers tubes de l'histoire du rock'n'roll) mais aussi par l'émergence de nouveau talents (Chuck Berry connaît le succès en ce temps-là tout comme le jeune Elvis

Presley, le Blanc qui chante comme un Noir, et son titre phare intitulé That's Allright Mama). Selon moi, le rock'n'roll est né avec l'avènement du King. Non pas que je sois un inconditionnel de ce chanteur, mais le rock'n'roll est une imitation du rythm'n'blues par les Blancs teinté de sonorités country à but commercial. De ce fait, Elvis Presley en est la preuve la plus perceptible (aussi bien dans sa manière de chanter que dans sa gestuelle). Mais le rock'n'roll ne se limite pas qu'au rythm'n'blues de Chicago. Il existe encore quatre autres styles durant cette décennie comme les groupes de rock'n'roll du nord (dont Bill Halley est le plus célèbre représentant), le blues dansant de la New Orleans, le rockabilly ou country rock de Memphis (représenté par Elvis Presley) ou encore les groupes vocaux de rock'n'roll comme les Platters. En cette fin de décennie, le rock'n'roll perd de son authenticité, de son insolence, parfois même de son dynamisme. L'année fatidique est 1958. Little Richard se tourne vers la religion, Elvis semble plus conventionnel après avoir effectué son service militaire tandis que Chuck Berry est deux ans plus tard incarcéré pour avoir été pris à bord d'une Cadillac (un Noir au volant d'une grosse voiture paraît en ce temps-là très suspect aux yeux des autorités américaines) en compagnie d'une fille âgée de 14 ans. De plus, certaines gloires du rock'n'roll comme Buddy Holly, Eddy Cochran ou encore Richie Valens périrent dans des accidents dont Gene Vincent, miraculeux rescapé, fut sérieusement amoché. Une certaine malédiction semble frapper ces artistes de plein fouet. Certaines gloires du rock'n'roll se tournent vers d'autres courants musicaux comme Jerry Lee Lewis qui se convertit à la country. De plus, l'establishment américain voit revenir certaines valeurs quand dans l'arrière pays l'on voit brûler des disques et que l'on appelle à boycotter les stations radiophoniques diffusant de la musique noire ou du rock'n'roll. La plupart des rockers se sont rangés ou sont décédés. L'establishment propose de pales copies de standards aseptisées dont les thèmes sont inoffensifs aux désirs des adolescents.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo