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Sexe, contestation, drogue et rock'n'roll

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par Damien VAQUIE
Université Paul Valéry - Montpellier III - Maà®trise de musique 2003
  

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C. Dynamisation du rock psychédélique

Afin de dynamiser les formes musicales, certains groupes musicaux comme les Doors s'imprègnent de différents styles sans oublier les Beatles qui excellent dans ce domaine grâce à la formation classique de leur producteur George Martin. Ces différents courants musicaux sont pour la plupart issus du passé, du jazz des années 1930 au répertoire populaire européen comme le flamenco par exemple. Les musiciens développent le pont musical51 qui devient différent de l'instrumentation de la chanson. L'album de ces derniers intitulé Sergent Pepper Lonely Hearts Club Band en est l'une des illustrations les plus significatives. L'extrait A Day In The Life de l'album des Beatles cité ci-dessus en est l'exemple même. En effet, chacune des parties de la chanson possède la

51 Fragment parfois modulant de quelques mesures permettant de relier deux parties dune même chanson.

même instrumentation à savoir basse, guitare, piano, batterie, percussions. La première partie à caractère mélodique a été créée par John Lennon tandis que la deuxième, beaucoup plus rythmique, fut écrite par Paul Mc Cartney. Ces deux parties sont de tonalités différentes (sol majeur pour la première et ré majeur pour la deuxième) et de tempi différents (la deuxième partie étant plus vive). Le producteur George Martin eut l'idée de créer un magma sonore atonal permettant de les relier entre elles. Il utilisa un orchestre classique de 40 musiciens leur donnant pour seule consigne d'effectuer un glissando de la note la plus grave de leur instrument vers la note la plus aiguë avec un crescendo (de pianississimo à fortississimo) de 16 mesures. La chanson For Your Love des Yardbirds en fait de même principe. La durée des chansons devient de plus en plus longues à tel point qu'une face entière de 33 tours est destinée à une seule chanson. Les morceaux peuvent atteindre des durées dépassant les dix minutes comme par exemple The End tiré du premier album du groupe The Doors intitulé tout simplement The Doors sorti en janvier 1967.

Dans le but de dynamiser l'harmonie les musiciens utilisent la sixte napolitaine parmi d'autres ainsi que le principe du slide slipping emprunté au jazz. Le titre House at Pooneil Corners de Jefferson Airplane oscille entre les degrés I et bII tandis que les Doors utilisent la sixte napolitaine dans The Crystal Ship. Certains emploient des harmonies de passages plus communément appelées harmonies pivots. Le titre Light My Fire des Doors varie entre les accords la mineur et fa# mineur inspirés de l'extrait intitulé Neptune de l'oeuvre Les Planètes de Gustav Holst52. D'autres comme Jefferson Airplane dans White Rabbit utilisent deux tonalités (la majeur pour le refrain et le pont tandis que les couplets sont en fa majeur) dans un pseudo flamenco dans lequel l'accord sol majeur sert à la fois d'appoggiature et d'accord pivot. Cette polytonalité est présente dans Casbah des Terrazzo Brothers dans lequel l'esthétique de la mauvaise note est à noter. Jimi Hendrix définit cette dernière de la façon

52 Cette analyse doit être attribuée à l'ouvrage suivant : HICKS Michael, op. cit., p. 69.

suivante : «Playing the opposite notes to what you think the notes should be [...] It's like playing wrong notes seriously, dig ?»53 (NdT : « Jouer les notes opposées auxquelles tu penses qu'elles devraient être [...] C'est comme jouer faux sérieusement. »).

A partir de cette description analytique du rock psychédélique découle toute une interprétation symbolique des processus électro-acoustiques. Par exemple la réverbération n'a pas la même connotation dans le surf rock que dans le rock psychédélique. Chez le premier, cet effet évoque l'immensité des espaces océaniques tandis que pour le deuxième il rappelle l'immensité des espaces intérieurs. Ceci est dû à la spécificité des sons réverbérés qui semblent à l'auditeur à la fois proches et lointains.

Le rock exploite la technique du tone-bending permettant de varier la hauteur sans changer de fret en tirant sur les cordes à partir du manche de la guitare. Cependant les musiciens utilisent une armature (une sorte de barre de fer appelée vibrato) accrochée au chevalet de l'instrument. Cette armature est apparue en 1929 aux banjos puis aux guitares dans les années 1940. Cette technique est très employée par les groupes de surf rock comme les Ventures (par exemple dans Walk Don't Run ou encore Perfidia) afin d'embellir les riffs. Dans l'esthétique surf rock, ceci évoque à la fois les guitares hawaïennes mais aussi l'ondulation des vagues océaniques. Par rapport au mouvement psychédélique cette technique peut suggérer les inclinaisons de l'esprit au travers du trip. Jimi Hendrix emploie cette technique de façon particulière en appuyant à l'aide de son avant-bras sur le vibrato ce qui lui permet de se servir de ses deux mains.

L'effet wah-wah bien connu des guitaristes devient l'un des maniérismes du rock psychédélique. Cet effet est apparut dans les années 1920 chez les trompettistes de jazz qui bouchent plus ou moins leur pavillon à l'aide d'une

53 Ibid, p. 69.

coupe leur permettant d'enrichir le timbre de leur solo. Chet Atkins adapte cette technique à la guitare en 1959 dans Boo Boo Stick Beat en jouant des riffs harmoniques au travers d'une pédale de volume à laquelle il remplace le circuit du volume par un circuit de contrôle de la note. Au milieu des années 1960, certaines sociétés commercialisent des pédales wah-wah préfabriquées. Cet effet fut popularisé par le groupe Cream d'Eric Clapton au travers de chansons comme Tales of Brave Ulysses (1967) ou encore White Room (1968) mais aussi par Jimi Hendrix et son album Electric Ladyland (1968).

Le feedback (NdT : rétroaction), autre effet électro-acoustique tout aussi appelé larsen, est obtenu en approchant les microphones de la guitare vers la membrane de l'amplificateur. Il en résulte un son très aigu et strident dont l'intensité varie selon la proximité qui se trouve entre les micros et l'ampli. Cet effet est déjà présent en 1964 chez les Beatles dans leur succès I Feel Fine. Trois ans plus tard, Jimi Hendrix s'en servira dans le but de créer une sorte de fanfare psychédélique dans Foxy Lady.

L'un des effets que le rock psychédélique utilisera comme cliché reste le ADT (Automatic Double Tracking qui sera plus tard nommé phasing). Cet effet a été découvert lors d'un incident technique : en 1959, l'ingénieur du son Larry Levine superpose deux dubs54 sans les régler à la même vitesse. Il en résulta un son qui ressemble à celui d'un avion en plein vol. Cette interprétation du phasing purement décorative est perceptible dans l'introduction de Back In URSS des Beatles ainsi que dans Sky Pilot des Animals. Chez les Small Faces il accompagne le texte de façon à ce que l'auditeur interprète cet effet comme une impression générale hallucinatoire. Dans Itchycoo Park, le phasing est appliqué dans les deux versets suivants : «I feel inclined to blow my mind / It's all too beautiful» (NdT : « Je sens mon esprit s'incliner / Tout est trop magnifique. »).

54 En ce temps-là, afin de grossir le son des instruments, le musicien devait enregistrer sa partie deux fois. Les ingénieurs du son devaient superposer les deux bandes en les calant à la même vitesse avant de commencer tout travail de traitement du son.

Pour Jimi Hendrix, ce son obtenu lui semble être «an underwater sound»55 (NdT : « un son sous-marin. »).

Le rock psychédélique s'est largement servi des panoramiques stéréo de façon assez particulière. La norme stéréo est apparut dans les années 1950. Au départ, cette dernière permettait de réaliser des disques dans le but de restituer la position tridimensionnelle des instruments sur scène. A la fin de cette décennie, des ensembles percussifs enregistrèrent en question-réponse entre chaque instrument qui sont distribués dans les canaux panoramique. Le son dit pingpong fut ainsi créé. Au milieu des années 1960, la plupart des groupes de rock psychédélique utilisent la norme stéréo non plus recréer une ambiance de concert en direct mais de façon à balader les sons. Le son n'est plus figé dans une certaine partie de l'espace mais semble traverser la tête de l'auditeur de part et d'autre, comme par exemple la guitare de Jimi Hendrix dans Voodoo Child ou encore la voix de John Lennon dans A Day In The Life. La disposition des instruments devient tout à fait inédite. L'écoute de l'album Sergent Pepper Lonely Hearts Club Band des Beatles apporte une écoute assez particulière. La disposition panoramique des instruments s'effectue de la façon, suivante : à gauche nous trouvons la batterie, la guitare rythmique, les claviers tandis qu'à droite se trouve la voix et la basse et parfois un riff de guitare de temps en temps. A chaque fois que j'écoute cet album, j'ai l'impression d'apercevoir la formation instrumentale de profil et non de face. En effet, la batterie est répartie dans le fond de la scène tandis qu'elle paraît tout à fait à gauche dans cet albumci. La voix est en général située au centre alors qu'ici elle est à droite.

Il n'y a pas que les instrumentistes qui dynamisent le timbre de leur instrument. Les chanteurs en font de même au travers de différents moyens, comme par l'utilisation des techniques vocales empruntées au jazz tel que le glissando, perceptible dans la voix de Grace Slick appartenant au groupe

55 HICKS Michael, op. cit.,p. 72.

Jefferson Airplane sur Somebody To Love (1967). Certains chanteurs utilisent même des procédés électro-acoustiques non plus pour embellir la voix, ce qui se fait de façon systématique pour tous ceux qui enregistrent en studio, mais pour lui donner une autre couleur ou une dimension d'éloignement. Les Beatles ont commencé à étudier ces possibilités dès 1966 avec leur chanson Tomorrow Nerver Knows dans laquelle la voix est amplifiée au travers d'un orgue Leslie créant ainsi un son dit whooshing (NdT : dynamique). Plus tard dans la chanson I Am The Walruss issu de l'album The Magical Mystery Tour la voix semble être enregistrée au travers d'un amplificateur avec distorsion. Cette technique sera copiée par Grateful Dead. Les Rolling Stones dans leur seul album psychédélique intitulé Their Satanic Majesties Request, réplique côté Stones du Sergent Pepper des Beatles, appliquent l'effet flanger à la voix de Bill Wyman lors de l'enregistrement du titre In Another Land. L'écho sera utilisé par Lemon Piper dans Green Tambourine et par Big Brother and The Holding Company dans leur chanson Light Is Faster Than Sound.

Les paroles peuvent affecter la perception de l'auditeur par une notion de non-sens. Certaines chansons comme I Am The Wallruss des Beatles ne sont qu'un collage de mots, respectueux des règles de grammaires (sujet - verbe - complément), dont le sens des termes est incohérent l'un vis à vis de l'autre. Voici les premiers versets de cette chanson citée : « I am he as you are he as you are me and we are all together / See how they run like pigs from a gun, see how they fly / I'm crying / Sitting on a cornflake, waiting for the van to come / Corporation tee-shirt, stupid bloody Tuesday /Man, you been a naughty boy, you let your face grow long.» (NdT : « Je suis lui comme tu es lui comme tu es moi et nous sommes tous ensemble / Regarde comme ils courent comme des cochons devant un fusil regarde comme ils volent / Je pleure / Assis sur un flocon de maïs en attendant la camionnette / Chemisette de la corporation maudit mardi stupide, / Mon gars tu as été un mauvais garçon tu fais la gueule. »).

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"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe