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Sexe, contestation, drogue et rock'n'roll

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par Damien VAQUIE
Université Paul Valéry - Montpellier III - Maà®trise de musique 2003
  

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B. Le temps de la contestation15

Durant les années 1960, quatre groupes contestataires virent le jour : les Noirs militant pour l'obtention de leurs droits civiques (autrement appelés The Civil Right Movement), les étudiants désireux de jouer un rôle politique sur leur campus et ainsi instaurer un Student Power, les féministes du Women's Lib voulant mettre un terme à la discrimination sexuelle au même titre que le Gay Power et enfin les minorités ethniques comme les Indiens, les Chicanos ou les Portoricains espérant une reconnaissance de leur différence dans un melting-pot qui semble être à leurs yeux qu'une salad bowl (NdT : « boule de salade ») dans laquelle les ingrédients ne se mélangent pas. La révolution contre-culturelle, dont les adeptes proviennent de divers horizons, est le reflet culturel de la contestation en prenant le contre-pied de la culture établie.

1. Qu'est-ce que contester ?

« Le sentiment contestataire apparaît lorsque le sujet est confronté à un contexte politique, socio-économique ou culturel qu'il ressent comme oppressant et/ou contraire aux idées et aux idéaux que le contestataire en devenir se fait de la société dans laquelle il souhaite s'épanouir. Pour ce sujet, la contestation devient un ensemble complexe d'attitudes dont le point commun est le refus catégorique de l'ordre établi et de tout ce qu'il représente à ses yeux. Confronté à un système étatique qu'il juge rigide, intransigeant et aliénant, le contestataire souhaite affirmer les droits des individus et des groupes plus ou moins organisés en prônant une révolution spontanée, quasi instinctive, fondée sur l'action directe. »16

15 Cette partie se réfère à l'ouvrage suivant : ROBERT Frédéric, L'Amérique contestataire des années soixante, Paris, Ellipses, 1999, 90 pages.

16 Ibid, p. 4.

Cette définition que nous fournit Frédéric Robert de la contestation des années 1960 est riche de renseignements. Elle paraît peu en accord avec la vieille gauche, mouvement politico-syndical à caractère marxiste dont la théorisation des luttes sociales prime sur l'action directe, qui favorise la théorie suivie de l'action. Les contestataires des années 1960 sont coupés des aspirations du monde populaire parce que leurs causes sont éloignées de celles qui animaient le monde syndical. En effet, nous ne sommes plus en ce temps-là dans une confrontation de classes sociales, le prolétariat contre la classe dominante, mais dans une lutte pour sortir l'individu de l'aliénation de la société. Cette contestation n'a plus pour but d'améliorer les conditions de vie des ouvriers mais de changer l'ordre social. La nature des deux forces divergentes a changé. Il n'y a plus deux groupes d'individus en conflit mais un groupe contre le reste de la société, sinon du contexte social dans lequel il est emprisonné. Les causes revendiquées ne servent plus les intérêts d'un groupe plus ou moins restreint d'individus mais l'ensemble de la société comme la défense de l'environnement ou encore la liberté sexuelle.

Les contestataires renouvellent leur mode d'action. Jusque-là, la grève et la manifestation étaient les seules actions permettant la diffusion des revendications. La première de ces nouvelles actions est le sit-in. Ce terme anglophone signifie « s'asseoir ». Le premier eut lieu le premier février 1960. Quatre jeunes Noirs de l'université locale North Agricultura and Technical College s'opposèrent de manière non-violente au comportement raciste que leur avait réservé l'un des serveurs d'un restaurant de Woolworth. En effet, cette personne refusa de les servir et leur pria de quitter les lieux. Les quatre victimes de cette discrimination raciale décidèrent de rester assis sans attaques physiques ni verbales. Ils remettent en question les fondements de la vie politique et sociale par leur contestation de la ségrégation raciale. Par solidarité avec leurs camarades, des étudiants blancs vinrent s'asseoir dans le restaurant afin de donner une image symbolique d'une coalition inter-raciale. A partir de cet

événement, de nombreuses actions directes et massives eurent lieu dans de nombreuses villes du sud et du nord des Etats-Unis comme dans le Dakota du Nord, l'Illinois ou encore l'Indiana avec la participation d'étudiants blancs. Ceci est la preuve qu'une solidarité fraternelle se met en place et que les jeunes veulent mettre un terme à l'une des pires conventions de leur pays.

Le teach-in (NdT : apprendre) est un autre moyen de contestation possible. Cela consiste à rassembler étudiants et enseignants désirants débattre sur des problèmes liés à l'actualité comme la ségrégation raciale, la politique adoptée par Washington ou encore la guerre du Vietnam. La prise de parole est libre, sans différenciation entre étudiants et enseignants, chacun pouvant s'exprimer à l'égal de son voisin. Le premier teach-in eut lieu à l'Université du Michigan le 24 novembre 1965. Il débuta à 20h, finit à 8h le lendemain matin et rassembla 3000 étudiants. Les sujets portaient sur la guerre du Vietnam. L'initiative de ce grand débat fut prise par le corps enseignant qui avait soutenu la candidature de Lyndon Baines Johnson afin de décréter si une grève au sein de l'université pouvait toucher le gouvernement à propos de la poursuite des hostilités en Asie. Parallèlement à ce débat, les participants discutèrent sur les raisons, les enjeux et l'évolution des combats. Ce genre de réflexion eut un franc succès lors de cette première. De nombreux établissements universitaires mirent en place de pareils rassemblements principalement axés sur le conflit vietnamien comme l'Université de Columbia le 25 mars de cette même année, l'Université du Wisconsin le premier avril, celles de Rutgers et de l'Oregon le 23 avril, celle de Washington le 15 mai et celle de Berkeley les 21 et 22 mai.

Le sit-in et le teach-in restent des manifestations relativement statiques se faisant principalement dans la sphère universitaire tandis que les marches permettent d'attirer des personnes d'horizons divers ne faisant pas partie de l'environnement étudiant par leur action dans la rue. L'une des plus célèbres marche, intitulée March on Washington to End the War in Vietnam, fut organisée par le mouvement Students for a Democratic Society (NdT : Etudiants

pour une Société Démocratique) le 17 avril 1965. Cette manifestation était dirigée contre le gouvernement incapable, aux yeux des contestataires, de stopper le conflit et de retirer les troupes depuis la décision du Président datant du 7 février qui prévoit de bombarder le Vietnam du Nord. La SDS (Students for a Democratic Society) eut le soutien de mouvements pacifistes comme le National Committee for a Sane Nuclear Policy (NdT : Comité National pour une Politique Nucléaire Saine), et d'organisations noires comme Student Nonviolent Coordinating Committee (NdT : Comité Etudiant Coordinateur Non-violent) ou Southern Christian Leadership Conference (NdT : Direction de la Conférence Chrétienne du Sud). Cette marche réunit plus de 25 000 personnes défilant dans la capitale fédérale jusqu'à Capitol Hill. Elle permit à l'opinion publique américaine de rendre compte de l'étendue de la contestation envers la guerre du Vietnam. Cette Marche sur Washington connut un immense impact grâce à la couverture médiatique qui permit la contestation d'entrer dans les foyers américains les plus éloignés de Washington. D'autres marches suivirent comme celle du 26 mars 1966 organisée par le National Mobilization Committee (NdT : Comité National de Mobilisation), mouvement à caractère pacifiste, appelée la Spring Mobilization March (NdT : Marche de Mobilisation du Printemps) à New York sur la Cinquième Avenue. 22 000 participants se rendirent à l'entrée principale de Central Park afin de démontrer que la vie ne pouvait pas être paisible sur l'une des principales avenues de la « Grosse Pomme » alors que des concitoyens américains se font tuer de l'autre côté du globe, dans la jungle vietnamienne.

Plus les hostilités s'intensifiaient, plus les contestataires durcissaient leurs actions. Par exemple en Californie les actions directes atteignent une amplitude élevée sur l'échelle de Richter de la contestation. Des contestataires californiens barrèrent l'accès des volontaires prêts au combat sous la bannière étoilée au centre de recrutement militaire d'Oakland durant une semaine. Cela résulta à une confrontation violente entre pacifistes et forces de l'ordre ainsi que de

nombreuses arrestations. De ce fait, afin de maintenir le bon fonctionnement de la circulation des volontaires, l'Etat de Californie transporta les nouveaux conscrits en bus sous escorte de policiers motorisés. Cela suscite un échec pour les contestataires parce qu'ils ont été incapables de faire changer d'avis au moindre volontaire. Les marches en faveur de l'arrêt des combats en Asie du Sud-Est pouvaient se terminer en burn-ins (NdT : brûler) aussi bien que les sit-ins pouvaient finir en sleep-ins (NdT : dormir). L'un des burn-ins les plus célèbres reste l'image des contestataires provoquant le gouvernement en brûlant leur carte de conscription. Ce geste fut formellement interdit par la loi datant d'août 1965 selon laquelle toute personne prise en flagrant délit était immédiatement emprisonnée pour cinq ans suivie d'une amende de 10 000 dollars.

Par la suite, les contestataires voulurent mettre l'accent sur l'aspect convivial, amical et fraternel de ces rassemblements, outre les sit-ins, teach-ins et autres marches, par l'apparition du human be-in (NdT : être humain). Le premier eut lieu au Golden Gate Park dans la baie de San Francisco en janvier 1967, mieux connu sous le nom de Gathering of the Tribes (NdT : Réunion des Tribus) où 20 000 personnes virent les performances des groupes pionniers d'acid-rock comme Country Joe and the Fish, Moby Grape, The Quiksilver Messenger Service ou encore The Steve Miller Band, Jefferson Airplane et Grateful Dead. Ce genre de manifestation a pour objectif de rassembler le plus de contestataires issus de divers mouvements en un endroit donné. Lors de l'événement cité ci-dessus, les participants se réunirent pour débattre sur la politique et consommer du LSD. Cette première manifestation de human be-in est suivie quelques mois plus tard par le festival de Monterey, du 16 au 18 juin sous l'initiative de Lou Adler et Alan Pariser afin d'apporter un écho médiatique que le Gathering of the Tribes n'a pas eu. L'événement le plus important de cette année 1967 reste The Summer Of Love où un demi-millions de hippies occupèrent la baie de San Francisco dans une explosion de LSD, de fraternité,

d'amour et de musique. Dans un même ordre d'idée, le festival de Woodstock dans l'Etat de New York reste l'exemple le plus significatif et le plus symbolique de cette forme de contestation. Du 15 au 17 août 1969, 500 000 spectateurs répondirent présent à l'appel. L'objectif de ce festival était de créer une Woodstock Nation (NdT : Nation Woodstock) selon la formule d'Abbie Hoffman, personnage emblématique de la contre-culture dans laquelle des valeurs comme l'amour, la paix et la fraternité devaient régner sans partage. Woodstock reste le symbole de la paix et de la fraternité grâce au calme qui y régna. Malgré le nombre de participants, aucun incident ne fut répertorié si bien que le magazine New York Times rend hommage à la citoyenneté des jeunes américains dans son numéro du 19 août. Ces regroupements non-violents sont très importants à mes yeux. Ils symbolisent la solidarité d'une génération qui veut changer les règles sociales par leur attitude non-conventionnelle face à l'ordre établi. Les human be-ins semblent prendre le contre-pied des valeurs américaines dominantes comme le matérialisme, la course au succès et à l'argent ou encore le caractère impersonnel de la société.

L'action directe est donc polymorphe. Le contestataire est mis en avant ce qui lui permet de prendre sa destinée en main. Il remplit de ce fait trois statuts sociaux en même temps : il est à la fois organisateur, acteur et spectateur de son propre avenir à travers une fonction de transformateur social.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus