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Le conte et l'éducation chez les Lokpa du Bénin

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par Akéouli Nouhoum BAOUM
Université d'Abomey- Calavi (Bénin ) - Maà®trise en lettres modernes 2010
  

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Conclusion partielle

La revue des différentes théories, comme nous avons pu le constater, ne permet pas de trouver une origine commune aux contes. Ce qui entre temps était considéré comme des histoires « grossières, absurdes, destinées aux seuls enfants », se révèle aujourd'hui être de vraies productions littéraires. Depuis Propp15 sur la « Morphologie du conte », les connaissances sur les contes ont évolué. Ce pionnier a ouvert la voie à plusieurs autres chercheurs qui ont approfondi et nuancé ses travaux. Mais le Russe a le mérite d'être celui qui a transformé le monde de la recherche sur les contes. Il a prouvé que les contes sont des récits avec des structures qu'on peut déceler, reconnaître, et qui sont identiques dans tout conte de fée (Nous reviendrons plus loin sur les travaux de Propp). Ce qu'il faut retenir ici, c'est que grâce à

12 Pierre N'DA K., Le conte africain et l'éducation, L'harmattan, 1984, p.13.

13 Paul GUDIN, Histoire ou recherches sur les origines des contes, Tome 1, Messidor An XI, 1803, p.3.

14 Bremond Claude. Avant-propos. In: Communications, 39, 1984. Les avatars d'un conte, p.3.

15 Vladimir PROPP, La morphologie du conte, Gallimard, 1970.

Propp, on sait aujourd'hui que les contes sont des oeuvres littéraires à part entière. En tant qu'oeuvres littéraires, les contes ont ainsi leur origine dans la société qui les crée.

Lorsque nous considérons tous les débats autour de l'origine du conte, nous en concluons que c'est une oeuvre vaine que de chercher celle-ci hors de la société qui l'a produit. OEuvre littéraire, donc de l'esprit humain, le conte porte en ses entrailles les traces de la culture de la société d'où il est issu. « Davantage que dans une origine ethnique commune, c'est dans le dépôt de l'inconscient qu'il convient de chercher la cause de cette analogie des contes entre eux.16 ».

1.2 Essai de définition

Il n'est pas aisé, si l'on veut être rigoureux, de trouver une définition définitive et acceptée de tous au conte. Deux obstacles majeurs rendent difficile le travail des chercheurs.

Dans un premier temps, c'est la ressemblance du conte avec un certain nombre de genres oraux. Il s'agit de la légende, du mythe, de la fable, de la chantefable. Françoise ESTIENNE17 soulève le problème en ces mots : « Selon Gillig, contes, récits mythiques, fables et légendes ont en commun de constituer un récit écrit ou parlé dans lequel la plupart des personnages possèdent une nature à la fois humaine et surhumaine, agissant sur des événements ou un environnement à la fois réels et surréels » Les frontières entre ces genres sont théoriquement reconnaissables, mais dans la pratique une confusion règne entre ces genres et rend le tracé des frontières difficile voire impossible. Pierre N'DA K. souligne cette réalité en citant Senghor : « Mais ce n'est que simplification grossière. Il n'y a en Afrique noire, ni douaniers, ni poteaux indicateurs aux frontières. Du mythe au proverbe, en passant par la légende, le conte, la fable, il n'y a de frontières. »18

Ce propos de Senghor nous conduit au second aspect qui rend difficile la définition du conte. En effet les genres oraux, dans chaque société, diffèrent. Même si certaines sociétés partagent parfois des genres identiques, nombreux sont des genres spécifiques à chaque peuple. En Afrique notamment, le conte peut prendre différentes formes qu'on pourrait facilement assimiler à un autre genre qui lui est proche : le mythe, la fable, l'épopée, la légende ou la chantefable. « La réalité que les sociétés traditionnelles africaines appellent « contes » n'est pas uniforme19 En Afrique, il est difficile d'appliquer une définition conventionnelle au conte. Selon chaque société, la forme du conte change. Le contenu aussi n'est pas toujours le

16 Jean-Claude SCHNEIDER, Grimm, Contes choisis, p. 12.

17 ESTIENNE Francoise, Utilisation du conte et de la métamorphose, Masson, 2001, p. 3.

18 N'DA K. Pierre, op. cit. p.22.

19 Idem

même partout en Afrique. L'approche de définition à laquelle nous nous préparons reste alors purement théorique. Pour mieux appréhender ce qu'est le conte, nous allons user d'une approche comparative. Nous allons mettre le conte aux côtés des autres genres auxquels on l'assimile. Ce sont des genres cités plus haut : la légende, l'épopée, le mythe, la fable, la chantefable. Le conte, mis aux cotés de ces genres, est plus facilement saisissable, du moins théoriquement. Quelle définition pouvons-nous donner à ces différents genres ?

1.2.1 Le mythe et le conte

Le mythe est défini comme la forme première du conte. Certains chercheurs affirment que les contes sont issus de la dégradation des mythes. Même si certains restent prudents et n'attribuent pas à tous les contes le titre « d'avatar du mythe», ils considèrent tout de même que certains contes ont une souche avérée mythique. Qu'est ce qu'un mythe ?

La réponse à cette interrogation n'est pas aisée. Selon le dictionnaire de l'Académie française, le mythe est récit fabuleux contenant en général un sens allégorique20. Le mythe, ainsi défini, relève du sacré. C'est aussi l'avis de Mircea Eliade. Pour lui, « le mythe raconte une histoire sacrée ; il relate un événement qui a eu lieu dans le temps primordial, le temps fabuleux des commencements. C'est donc toujours le récit d'une création. Du fait que le mythe relate les gesta des Etres Surnaturels et la manifestation de leur puissance sacrée, il devient le modèle exemplaire de toutes les activités humaines significativesi21 Dans la définition d'Eliade, certains termes attirent l'attention : récit, temps primordial, temps fabuleux, histoire sacrée, Etre Surnaturels. Ces expressions résument ce qu'il faut retenir du mythe. Elles sont aussi la base de la confusion entre le mythe et le conte.

Qu'est ce qu'un conte ? Selon le dictionnaire de l'Académie française, le conte est un court récit d'aventures imaginaires, soit qu'elles aient de la vraisemblance ou qu'il s'y mêle du merveilleux. Cette définition fort courte, nous donne quelques pistes sur ce qui peut être en général appelé « conte ». Nous savons que le conte est un récit. A l'origine oral, il est aujourd'hui écrit ou plutôt transcrit. Françoise ESTIENNE dit que « le conte est semblable au rêve ; comme lui, il est tissé d'une multitude d'éléments conscients ou inconscients, de désirs et de peurs, de réminiscences et de préoccupations quotidiennes qui se jouent sur la trame du réel. » 22 Le « réel » ou « le quotidien » des hommes (par hommes nous entendons bien sûr êtres humains) caractérise le conte. Ainsi, contrairement au mythe qui s'inscrit dans le temps des commencements, le moment où le quotidien des hommes n'était pas ce qu'il est

20 Dictionnaire de l'Académie fraicaise, 8ème edition, http://atilf.atilf.fr/academie.htm

21 Mircea Eliade, Aspects du mythe, Gallimard, pp.15-16.

22 Françoise ESTIENNE, Utilisation du conte et de la métaphore, p. 9.

aujourd'hui, le moment où les hommes vivaient en harmonie, où le mal n'existait pas, bref une période qu'on regrette aujourd'hui, le conte lui s'inscrit dans le présent, dans le quotidien. Les faits qu'il relate ne sont pas inconnus, étrangers au quotidien des hommes. Il faut tout de même signaler que le merveilleux intervient aussi dans le conte. Cependant les auditeurs restent attentifs au message véhiculé qu'ils acceptent malgré l'invraisemblance de certains faits merveilleux relatés. Le conte joue avec « le pourquoi pas ». Tout ce qui est impossible dans la vie réelle, devient possible dans le monde du conte. C'est le lieu où s'expriment les désirs, les aspirations des hommes. F. ESTIENNE le dit en ces mots : « L'originalité du conte est qu'il formule et agit en même temps, que, il théorise et, encore, qu'il accomplit les représentations du désir aussi bien chez celui qui l'a imaginé, ceux qui le répètent et chez ceux qui le savourent.23 ». A en croire Françoise ESTIENNE, le théâtre quotidien de la vie se joue sur la scène du conte. Tout le monde y trouve son compte. Ce qu'il est bien de retenir, c'est que le conte est un outil, un véhicule de savoir. Nous ne voulons pas, ici, dire « savoirs traditionnels » comme plusieurs chercheurs l'ont fait jusqu'ici, mais nous parlerons de « savoirs » tout simplement. Car il faut convenir avec Françoise ESTIENNE que le conte est influencé par la vie de tous les jours. Et elle précise « De tous les jours mais non d'une époque donnéei24 Cette précision n'est pas anodine. Elle nous apprend que le conte évolue et s'adapte à son époque. Il n'est donc pas figé. On pourrait alors dans un conte dit aujourd'hui retrouver les traces du présent : présence de voiture, de vélo, d'avion, d'instruments modernes qui témoignent de l'actualité de l'histoire contée.

Cette précision montre aussi la différence théorique entre le mythe et le conte. En effet, pendant que le mythe nous fait vivre une période qui n'est plus, un temps qui a précédé l'époque des hommes, une « pré-humanité », le conte nous plonge dans l'humanité, dans le monde des hommes. Il nous fait vivre les aventures d'un être qui affronte les problèmes du quotidien. L'être mis en scène peut être une personne ou un animal. Dans le cas d'un animal, on découvre très vite, à travers les faits et gestes, qu'il s'agit en fait d'une peinture de la société des hommes. L'on devine très vite les tars, les vices, les peines, les joies, les exploits, les échecs ou les victoires des hommes dans la vie de tous les jours. Le temps du conte n'est pas fixable dans le temps. L'ouverture « il était une fois...» qui introduit le conte, le rend constant. Il n'appartient ni au passé, ni au présent, ni au futur. C'est plutôt la résultante de ces trois temps. Et ceci rend le conte toujours intemporel. Autrement le conte est « une histoire fictionnelle, à la fois pour le récitant et pour son auditeur. Il n'appartient à aucune période

23 Françoise ESTIENNE, op. cit.

24 Idem

de l'histoire, ni le présent ni le passé ni le futur et le traditionnel « il était une fois », qui ouvre le récit du conte, au lieu de référer à une antériorité effective, renvoie bien plutôt à un temps hors du temps. Il acquiert par cette abstraction temporelle une actualité constante. Le conte est signifiant de façon éternelle parce qu'il n'est pas pris dans les rets de la temporalité. »25 Ce serait trop vite aller en besogne que de dire que cette citation délimite les frontières entre conte et mythe. Si le conte se distingue par son actualité, le mythe aussi ne peut être dit d'archaïque. A en croire Claudia de OLIVEIRA GOMES et Charles TAFANELLI, « le mythe est un récit d'une actualité constante et non fictionnelle. Aussi bien récitant que public sont à l'intérieur du mythe. Car, le mode d'existence spécifique du mythe, c'est l'existence comme réalité26 ». Cette définition du mythe qui ressemble curieusement à celle fait du conte à une différence moindre. Alors que le conte relève de la fiction, le mythe, lui, ne découle pas de l'imagination. Le mythe explique les choses comme elles étaient aux temps primordiaux. C'est le récit des origines. L'origine des choses, de l'homme, de l'univers. Les personnages du mythe sont des entités surnaturelles, des dieux. La période de l'action se situe dans le temps avant le temps, « la métahistoire27 ». Dans Comparatisme, mythologies, langages : hommage à Claude LEVI-STRAUSS, les auteurs nous proposent des pistes pour comprendre les mythes. Selon eux le mythe se caractérise par quatre traits de reconnaissance qu'on pourrait désigner par « sémantèmes profonds »28. Les sémantèmes profonds sont « des traits (ou des plans, des séquences) de sens liés au vécu. » Il s'agit selon eux de :

- le sémantème du sacré

- le sémantème du pré-temporel (méta-histoire)

- le sémantème de la propriété partagée par la communauté

- le sémantème de l'exemplarité

Le sémantème du sacré, à en croire nos auteurs, est le trait caractéristique qui distingue le mythe des autres genres littéraires proches. Le sacré se manifeste alors à travers la référence au surnaturel, à ce qui dépasse l'homme. « Le mythe pose un ordre qui transcende et qui fonde les réalités de ce monde. »29

Le deuxième trait, le sémantème du pré-temporel, fait référence au temps du mythe. Selon
encore nos auteurs, « le mythe se déroule, prend forme dans une isotopie qui est celle de la

25Claudia de OLIVEIRA GOMES, Charles TAFANELLI, Comprendre la mythologie, pp14-15 26Idem, pp.14-15.

27Christophe VIELLE, Pierre SWIGGERS, Guy JUCQUOIS, Comparatisme, mythologies, langages: en hommage à Claude Lévi-Strauss, Peeters, p24

28 Idem

29Ibidem, p.25.

fondation de l'historicité : par cette référence au « fondationnel », qui est situé dans une prétemporalité, le mythe crée les conditions pour sa propre temporalité et celle de sa réception. [...] Le mythe présente donc des événements sous une modalité gnomique, dont le propre est de dire comment la réalité est survenue et d'instaurer en même temps cette réalité. C'est ce méta-historicisme du mythe qui le rend d'être réactualisé en permanence pour (r)évoquer une réalité. » 30

Le troisième trait signifie que le mythe est une oeuvre communautaire. C'est la communauté toute entière qui se retrouve et se reconnaît à travers le mythe. Le mythe en tant que parole de l'origine sur l'origine s'adresse à toute une communauté et non à un individu. Il est anonyme. « Le mythe est une propriété de la communauté, et celle-ci se constitue à travers, et se reconnaît dans, les mythes qu'elle raconte. »31 Le mythe alors ainsi en clair une sorte de charte, de fondation et d'identification d'une société.(revoir la structure de la phrase, a dit le prof)

Le sémantème de l'exemplarité est ce trait du mythe qui nous montre la voie à suivre, l'exemple, la bonne conduite des relations interhumaines. « Le récit mythique, évoquant le surnaturel dans son rapport avec le monde humain, établit un paradigme normatif, idéal, d'après lequel l'homme doit modeler sa conduite. L'exemplarité du mythe réside dans le fait qu'il raconte une séquence archétypale qui fonctionne comme modèle pour l'action humaine dans le temps. »32

L'approche que nous venons faire du mythe nous permet de voir clairement ce qui le différencie du conte. Le conte, tout comme le mythe, est un genre narratif. Le temps du mythe est celui du commencement, celui d'avant les contes, le moment où tout allait bien, avant la société et ses problèmes. Par contre, le conte s'inscrit dans la société. Le mythe en tant que récit ne relève pas de la fiction. Ce n'est pas un genre fictionnel. C'est un genre sacré, qui relève du fait religieux. A ce sujet, Mircea Eliade nous apprend que « les personnages des mythes sont des Etres surnaturels. Ils sont connus surtout par ce qu'ils ont fait dans le temps prestigieux des « commencements ». Les révèlent donc leur activité créatrice et dévoilent la sacralité (ou simplement la « surnaturalité ») de leurs oeuvres. En somme, les mythes décrivent les diverses, parfois dramatiques irruptions du sacré (ou du « surnaturel ») dans le Monde. C'est cette irruption du sacré qui fonde réellement le Monde et qui le fait tel qu'il est

30 Christophe VIELLE, Pierre SWIGGERS, Guy JUCQUOIS, op. cit, p.25.

31 Idem

32 Ibidem, P.26.

aujourd'hui. Plus encore : c'est à la suite des interventions des Etres surnaturels que l'homme est ce qu'il est aujourd'hui, un être mortel, sexué et culturel »33

Or le conte est ce que nous pourrions qualifier de genre profane. Il ne relève pas du sacré. Ses personnages, même quand ils sont des êtres surnaturels, mystiques, ou des animaux, agissent, vivent comme les hommes. Ce ne sont pas des êtres supérieurs qui dictent aux hommes la conduite à tenir. Ce ne sont pas des « personnages archétypaux ». Les êtres surnaturels qui interviennent dans les contes merveilleux sont plus des complices des personnages humains, que des dieux qui dirigent leurs vies à leur guise. Dans certains contes, les personnages sont des animaux. Mais nous l'avions dit plus haut déjà : ces animaux sont une représentation des hommes. Leurs gestes, propos, pensées et idéologies renvoient à la société humaine. « Dans un conte, se moque-t-on de l'hyène ? C'est pour tourner en dérision les gens stupides ; le lièvre ridiculise-t-il le lion ou le léopard ? C'est pour critiquer les puissants de la terre, les rois et les chefs abusifs, etc. »34 Ansoumane Camara dans une étude de la littérature orale des Malinké de la Haute-Guinée nous apprend que le « conte à animal (sobo tali)35 » est un conte dans lequel les personnages principaux sont des animaux. Dans la même étude, Camara nous parle aussi « du conte à djinn »36 qui est, selon lui, un type de conte dans lequel le rôle principal est joué par une créature surnaturelle. Ces créatures usent de leur pouvoir pour agir sur la vie des humains. Cette mise au point nous conduit donc à la conclusion que la présence du merveilleux dans un conte ne fait pas de lui un mythe. Aussi faut-il remarquer ici le statut du surnaturel qui n'apparait comme le traceur du destin des humains mais plutôt comme un adjuvant ou opposant qui aide les humains à sortir de certaines situations difficiles ou qui les y pousse. Les forces surnaturelles peuvent ainsi être nuisibles ou bénéfiques.

Le conte et le mythe se différencient aussi dans leur pratique. Le conte, en tant que genre
profane, peut être dit par tous mais pas n'importe où et n'importe quand. Signalons qu'il se dit
généralement la nuit. Dans la tradition africaine, le conte se dit la nuit. Quiconque le fait le

33 Mircea ELIADE est cité dans Comparatisme, mythologies, langages: en hommage à Claude Lévi-Strauss à la page 25. Mircea ALIADE, né en 1907 et mort en 1986, est un historien des religions, mythologue, philosophe et romancier roumain. Il parlait et écrivait parfaitement huit langues :le français, le roumain, l'allemand, l'italien, l'anglais, le persan, l'hébreu et le sanskrit.

34 Pierre K N'DA, op. cit. p.17.

35 Ansoumane CAMARA, Le conte (tali) et l'épopée (fasa) dans la littérature orale des Malinké de la Haute
Guinée, In Approches littéraires de l'oralité africaine, Ursula BAUMGARDT, Françoise UGOCHUKWU, Karthala, 2005.

36 Les jinns (parfois orthographié djinns [?in: / gin: / ?in:]), sont des créatures issues de croyances de tradition sémitique. Ils sont en général invisibles, pouvant prendre différentes formes (végétale, animale, ou anthropomorphe) ; ils ont une capacité d'influence spirituelle et mentale sur le genre humain (contrôle psychique : possession), mais ne l'utilisent pas forcément. Sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jinn

jour encoure la colère des dieux. Cette interdiction est rarement transgressée car les activités champêtres ne laissent souvent dans la journée aucun temps pour le conte.

Par contre, le mythe à cause de son caractère sacré, religieux, reste la chose des spécialistes, des initiés. N'importe qui ne peut dire un mythe. Il ne se dit pas n'importe où non plus. Seuls les initiés ont le droit de dire le mythe. Pierre K. N'DA nous apprend que le mythe se dit dans les couvents ou au cours de certaines cérémonies rituelles. Le mythe aborde des thèmes sur la création, Dieu, l'homme la vie et la mort, le sexe et la fécondité, l'âme et le corps, le bien et le mal, l'amour et la haine, la santé et la maladie, le destin et l'au-delà. Bref, il se place au niveau des valeurs existentielles et des problèmes métaphysique de l'homme.

Pour nous résumer, citons Alain MOREAU, qui, partant de la question « Les distinctions entre le mythe et le conte sont-elles pertinentes37 ? » rassemble en quatre points ce qui distingue le conte du mythe. Il oppose alors :

- le caractère religieux du mythe à celui profane du conte

- l'enracinement du mythe à l'intemporalité du conte

- le héros à forte personnalité dans le mythe et le personnage évanescent dans le conte - le sens dans un mythe et la gratuité dans le conte

Cette tentative s'avère difficile car le conte n'est pas aussi gratuit qu'on le dit. Le conte ne distrait pas tout simplement. Alain MOREAU lui-même le reconnaît en ces termes : « la leçon n'est pas toujours explicite.» Ceci signifie que les contes ne sont pas gratuits. Ils sont de vraies armes didactiques.

La distinction entre le conte et le mythe est certes théoriquement possible, mais, répétons le, elle reste théorique. Dans la pratique, il est difficile de ne pas se tromper. Dans la réalité, nous avertit encore Pierre K. N'DA, « la zone de transition entre deux récits n'est pas aussi clairement délimitée et de façon hermétique : du plan discursif, un récit peut passer imperceptiblement au plan narratif, les distinctions entre mythe, mythe dégradé, conte, ne sont pas toujours évidentes. » Il nous invite donc à la prudence. Dans la pratique, surtout en Afrique noire, cette théorie a des limites. On ne fait pas aussi facile la distinction entre les genres. Ainsi ce qu'il convient d'appeler « fable » est désigné par « conte à animal »38 .

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway