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Le calcul de l'horreur comme instrument psychologique de prévention de la violence directe. Cas du Nord Kivu en RDC

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par Falk Litane PETEGOU
Université protestante d'Afrique Centrale (Cameroun ) - Master 2 en paix et développement 2012
  

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ii : LIMITATION DU SUJET

Dans un travail scientifique, limiter le sujet de recherche est essentiel pour l?appréhension du contexte dans lequel se produit notre analyse. A cet égard, notre sujet présente une triple délimitation : temporelle, géographique et théorique.

Au plan temporel, cette étude porte sur le calcul de l'horreur comme instrument

.

1990 marque le début de la démocratisation dans les Grands Lacs en général et en RDC en particulier ; démocratisation qui a entraîné les tensions sociales dans cette région. Cette date marque aussi le début des recherches des modèles de paix devant être appliqués en RDC et au Nord Kivu après le triomphe de l?idéologie du free market. Tandis que, 2011 marque la date de la tenue de la seconde élection présidentielle en RDC après les catastrophes humaines du début des années 2000. Cette élection est d?un enjeu déterminant pour le climat sécuritaire et se pose comme potentiel facteur d?escalade de la violence d?autant plus que les plaies issues des déchirements et des scènes de violences passées n?ont pas encore étépansées.

Au plan géographique, le choix du Nord Kivu vient du fait que, cette région connaît des cycles de violence permanents et abrite un des foyers de tensions les plus importants en Afrique subsaharienne. Le Nord Kivu est écartelé entre plusieurs pays dont le Rwanda,

l?Ouganda et le Burundi et, en plus, possède d?énormes réserves en coltan, or, cassérite et en wolframite très prisée dans le développement des industries de télécommunications28.

Au plan théorique, nous nous situons dans la perspective de la transformation des conflits qui asserte qu?on peut résoudre voire prévenir la violence en changeant le violent en humaniste29. Selon cette perception, les conflits doivent être transformés de façon pacifique pour la réalisation de la paix. Cette transformation nécessite toute une action non seulement sur les structures, les comportements, les attitudes et les interrelations, mais surtout sur la psychologie des parties en conflit qui favorisent la violence. La transformation intègre la résolution et la prévention. C?est elle qui est susceptible de créer les conditions d?une paix positive. Notre option est donc orientée vers la prévention de la re-escalade de la violence dans l?optique de la transformation à long terme des conflits au Nord Kivu.

iii : REVUE DE LA LITTERATURE

Réaliser un travail scientifique nécessite la consultation d?ouvrages centraux dans lesquels le problème a déjà été traité. Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt précisent que « les lectures aident à faire le point sur les connaissances concernant le problème de départ...il s'agit en quelque sorte d'un premier tour de piste avant d'engager des moyens plus importants »30. Ainsi, pour mener à bien notre recherche nous nous sommes situés dans le sillage de plusieurs publications afin de mieux comprendre l?objet de notre étude et de proposer des pistes nouvelles de réflexion pour la prévention de la violence directe au Nord Kivu.

Jean Emmanuel Pondi31 présente les causes historiques, militaires, politiques et les dimensions stratégiques qui ont débouché sur la crise congolaise de 1996-1997. L?auteur soutient l?idée selon laquelle l?absence d?une élite intellectuelle dès l?indépendance est la cause du chao que vit la RDC. Par ailleurs, il propose la transition démocratique et une bonne gestion de la chose publique pour résoudre le conflit à ce stade. Dans notre travail, nous allons souligner que la transition démocratique telle que proposée par l?auteur n?a fait qu?accroître

28 Braeckman, Colette : Les Nouveaux prédateurs, politiques des puissances en Afrique Centrale. Fayard, Paris, 2003

29 L?approche de la transformation des conflits se situe dans une longue tradition dans la pensée et les plans de paix. Elle prend véritablement corps de façon pratique avec Ghandi dans l?application de sa stratégie de nonviolence à travers l? « ahimsa », qui est l?amour du violent en vue de le transformer. Des auteurs tels Galtung Johan et John Paul Lederach viendront en fournir une conceptualisation épistémologique.

30 Quivy, Raymond et Van Campenhoudt, Luc : Manuel de Recherche en Sciences Sociales. DUNOD, 2è Edition entièrement revue et augmentée, Paris, 1995, p.63

31 Pondi, Jean Emmanuel : Du Zaïre au Congo Démocratique : les fondements de la crise. Les éditions du CRAC, Yaoundé, 1997

les conflits de façon générale en RDC et plus particulièrement au Nord Kivu. Nous insisterons sur le fait que rechercher une voie de paix positive au Nord Kivu exige le dépassement de la démocratie libérale et impose aux acteurs une transcendance en vue de transformer le conflit en une nouvelle situation.

Colette Braeckman32 analyse la guerre qui éclate en RDC en 1998. Elle relève que l?escalade de la violence dans ce pays à cette période précise peut être comprise comme le désir de prédation des richesses naturelles de la RDC par ses Etats voisins avec la bénédiction des Etats occidentaux. Ces nouveaux prédateurs tels que Braeckman le précise utilisent des arguments sécuritaires sous régional pour foisonner la RDC afin de s?accaparer des ses richesses naturelles pour construire leur développement. Mais, l?analyse de l?auteur se limite à l?année 2002. Il n?en ressort pas non plus une proposition de sortie de crise ou de prévention de nouvelles violences. Nous allons montrer dans notre travail que les ressources naturelles expliquent en partie la violence et que, la prise de conscience de leurs effets négatifs par les parties en conflits peut établir les préalables d?une paix durable.

Stephen Jackson33 présente les facteurs psychologiques qui nourrissent la guerre aux Kivu. La « Rumeur » est considérée comme le principal instigateur de la violence. Cette rumeur à travers les tracts et affiches dont on ne connaît les auteurs dénonce l?annexion des ressources de la RDC par le Rwanda et appellent les autochtones à éliminer tous les Tutsis. Il est vrai, la rumeur peut accentuer la violence, mais dépasse-t-elle les facteurs historiques socio-économiques et/ou politiques pour ne citer que ces cas, pour que l?auteur l?érige comme facteur principal ? Nous relèverons dans notre travail que tous les facteurs alimentant une crise se valent et s?enchevêtrent et, qu?aucun n?explique mieux le conflit sans les autres. L?auteur a fait recours à la psychologie des violences comme cause. Mais nous allons en faire recours comme instrument de gestion et de prévention.

Joseph Gahama34 analyse les violences répétitives dans les Grands Lacs comme étant dü aux facteurs historiques (lié à la manipulation coloniale et à l?action de l?élite) aux problèmes structurels (liés au sous-développement), aux facteurs psychologiques (entretenant le cycle de la violence) ainsi qu?à la dégradation des valeurs socioculturelles (liée à la perte des notions relatives à la paix). L?auteur soutient l?idée que le mythe hamitique35 est le

32 Braeckman, Colette, op.cit

33 Jackson, Stephen : « Nos richesses sont pillées ! Economies de guerre et Rumeurs de crime au Kivu » in : politique Africaine no 84, décembre 2001

34 Gahama, Joseph : Les causes des violences ethniques contemporaines dans l'Afrique des grands lacs : une analyse historique et sociologique. CODESRIA, Paris, 2006

35 Les hamites selon la table des peuples figurant dans l?ancien testament en Genèse 10 sont les descendants de Cham fils de Noé. La théorie hamitique émerge à partir du XIXe siècle comme thèse raciale de différenciation

fondement des violences actuelles que vivent la région des Grands Lacs et l?Est de la RDC particulièrement. Or, avec la dynamique de l?évolution du conflit dans le Nord Kivu, l?on constate la présence de nouveaux facteurs qui alimentent la guerre à l?instar du développement technologique nécessitant une plus grande alimentation en colombo tantalite (coltan), ressource dont la RDC regorge d?une immensité. De ce fait, le cycle de violence est aussi bien une question d?intérêts économiques qu?identitaires. L?on ne pourrait donc penser que le mythe hamitique explique seul toute la violence que connaît actuellement le Nord Kivu ; ce que nous allons relever dans notre travail en y ajoutant l?élément de l?oubli des horreurs antécédents.

Georges Berghezan et Félix Nkundabagenzi36 présentent les causes du raidissement des relations entre le régime de L.D.Kabila, le Rwanda et l?Ouganda. En effet les auteurs soutiennent l?idée selon laquelle les questions relatives aux droits de l?homme constituent les facteurs de l?agression rwando-ougandaise contre la RDC de L.D.Kabila qui pourtant quelques années plus tôt étaient des alliés dans la guerre de libération du Congo de 1996 qui marqua la fin du règne Mobutu. Nous allons relever dans notre travail que les questions identitaires et les ressources naturelles sont aussi des enjeux de cette agression dont les atrocités sur le plan humains sont incommensurables.

Jean François Ploquin37 explique les raisons de la pénibilité à ramener la paix en RDC. En effet, pour lui, la société civile censée jouer un rôle pacificateur au lendemain de la première guerre internationale africaine présente « l?image confuse d?un corps divisé »38 car beaucoup de ses leaders sont instrumentalisés par les partis politiques. Ceci va battre en brèche le dialogue intercongolais. Or, que comprendre par société civile ? À quoi se ramène ce concept ? Dès lors que l?auteur ne peut nous dire concrètement ce qui rentre dans la catégorie « société civile », l?analyse reste biaisée sur les acteurs qu?il nomme comme primordiaux devant jouer un rôle essentiel dans le processus de construction de la paix en RDC. Dans notre étude, nous allons déterminer les éléments entrant dans la société civile pour juger des potentialités de construction de la paix endogène au Nord Kivu et surtout le rôle de la société civile dans la conscientisation des populations sur les atrocités du passé.

entre les peuples. La théorie hamitique suggérait que la race hamite est supérieure à celle noire d?Afrique au Sud du Sahara et que, toutes les avancées technologiques, les innovations voir la civilisation que l?on retrouve en Afrique est l?oeuvre des Hamites. Par conséquent, le Hamite est un seigneur dotée d?une supériorité absolue.

36 Berghezan, Georges et Nkundabagenzi, Félix : La guerre du Congo-Kinshasa, analyse d'un conflit et transfert d'armes vers l'Afrique Centrale, GRIP, 99/2, 1999

37 Ploquin, Jean François : « Dialogue intercongolais : la société civile au pied du mur »in : Politique Africaine no 84, décembre 2001

38 Id p.11

Ludo Martens39 présente les limites de l?accord de Lusaka. L?auteur ressort que les USA sont en grande partie responsables d?une négociation perdue pour la RDC au profit du Rwanda, du Burundi et de l?Ouganda. Il tente donc de persuader que la perpétuation de la guerre en RDC et au Nord Kivu est l?oeuvre américaine. De facto, les USA sont pointés comme responsables du mal que vit la RDC. Il s?agit là d?une approche explicative basée sur la théorie du complot40 car l?auteur néglige la part de responsabilité de la RDC dans le conflit et la présente uniquement que comme victime. De là nous relèverons dans notre travail que c?est la confluence des actions des acteurs en même temps internes qu?externes qui produit la guerre en RDC et donc au Nord Kivu, tous n?étant pas conscients au même degré des conséquences de la violence directe.

Philipe Biyoyo Makutu41 propose un nouvel ordre politique et institutionnel comme voie de sortie de crise et de retour à la paix en RDC. Pour lui, cet ordre est susceptible de redonner espoir, fierté et prospérité à un peuple dont l?histoire a toujours été dramatique. Mais notre auteur présente juste cet idéal qu?est le nouvel ordre politique et institutionnel, ses atouts, vante ses mérites sans toutefois en présenter les mécanismes et les modalités de mise en oeuvre. Est-ce un nouvel ordre basé sur la démocratie, l?autoritarisme ou une monarchie pour ne citer que ceux-ci ? L?auteur n?en dit pas mot. Dans notre travail, nous allons proposer une contribution de prévention non-violente de la violence pouvant conduire à cet avenir de paix, cet idéal que décrit Makutu.

Célestin Kengoum42 analyse la dynamique du conflit en République Démocratique du Congo sous les régimes Mobutu et Kabila Laurent Désiré. L?auteur présente la mauvaise gestion des affaires politiques et économiques comme facteurs ayant accentué et débouché sur ce qu?il appelle la première guerre internationale africaine43. Il pense toutefois que le conflit dans les Grands Lacs n?est pas la conséquence de la fin de la guerre froide car dans cette région, des tentatives de prise de pouvoir se dessinaient depuis les années 1960. De plus, pour

39 Martens, Ludo : $cents76il RIi 7rffRERIIRIIRIXiIAMERIe iei SIalli, les plans américains pour la division et la mise sous tutelle du congo. 2000

40 L?approche basée sur le complot désigne la croyance en l?existence d?une conspiration secrète, criminelle ou politique en vue de détenir un pouvoir politique, économique ou culturel. Celles-ci interprètent les événements selon un plan concerté et orchestré par des groupes malveillants. Ainsi, une approche du complot discrédite les informations officielles et présume l?avènement d?un fait par la conspiration en vue d?une domination. Dans ce cas précis, le complot que Martens relève voudrait montrer que les USA veulent s?accaparer des richesses

minières de la RDC. C?est pourquoi en soutenant le Rwanda et l?Ouganda, ils fragilisent la paix, donc n?ont aucun intérêt à ce que ce pays retrouve la stabilité et le développement.

41 Biyoyo Makutu, Philipe : Pour un autre Avenir congolais de paix. CEDI, Kinshasa, 2002

42 Kengoum, Célestin : La dynamique du conflit congolais(RDC) : crise et sortie de crise. Mémoire présenté en vue de l?obtention du DEA sécurité internationale et défense, Université Pierre Mendes France, Grenoble II, 2002-2003

43 Id,p.13

notre auteur, le conflit dans les Grands Lacs donc au Nord Kivu est essentiellement la cause des européens qui viennent y reproduire leurs antagonismes. Kengoum conclut que les congolais ne sont pas responsables de la guerre qu?ils vivent. Nous allons montrer dans notre travail que les Congolais ont bel et bien une part de responsabilité dans les cycles de violence qui les embrasent. Ils en sont les principaux auteurs.

Richard Borigas et Bouguil Jewsiewicki44 présentent la part des jeunes (cadets sociaux) dans la guerre en RDC. Ils expliquent que pour les jeunes, la guerre est une forme de résistance ainsi qu?un moyen de survie car d?elle découle les moyens financiers pour assurer le quotidien. Ce sont eux qui constituent pour le plus grand nombre les milices. Mais nos auteurs ne déterminent pas ce qui encourage ces jeunes à entrer dans l?activité guerrière. Ainsi, dans la présente étude, nous allons relever les facteurs déterminants l?implication des jeunes dans les scènes de violences et surtout leur ignorance des horreurs du passé.

Ayafor Emmaculate Mefor45 examine les facteurs liés à l?implication des jeunes dans les conflits en tant que combattants et comment le programme de démobilisation et de réintégration essaie d?apporter une contribution pour réintégrer les ex-enfants soldats dans la société. L?auteur est d?avis que la réintégration des ex-enfants soldats mettra fin à l?insécurité et promouvra le développement économique de la RDC. Elle détermine ainsi seuls les enfants soldats comme facteurs d?insécurité, ignorants d?autres acteurs internes et externes qui motivent ces enfants à entrer en guerre. De là, la recherche d?une solution pour la crise en RDC doit se trouver dans une perspective globale, éclectique, prenant en compte de manière transversale tout ce qui constitue un obstacle à la paix.

Ces différents ouvrages, articles et mémoires consultés sont focalisés sur trois aspects : les causes des conflits, les stratégies de résolution et les enjeux et intérêts y relatifs en RDC en général et au Nord Kivu en particulier. Ils n?expliquent cependant pas deux choses :

· Qu?une option pour la non-violence est déterminante pour le retour à la paix au Nord Kivu ;

· Que si les parties prenantes aux conflits au Nord Kivu avaient été amenées à calculer systématiquement le poids des pertes et les atrocités de potentiels affrontements, ils s?abstiendraient de s?enrôler dans l?activité belligérante.

44 Borigas, Richard et Jewsiewicki, Bouguil : Vivre dans la guerre : Imaginaires et pratiques populaires de la violence en RDC in : Politique Africaine no 84, décembre 2001

45 Ayafor, Emmaculate Mefor: The social reintegration of demobilised child-soldiers as a means of peace and development in central Africa: the case study of DR-Congo. master thesis presented and defended for the obtention of the academic diploma of master of arts in peace and Development, Yaoundé, October 2009,protestant University of Central Africa

En plus d?avoir créée le concept du Calcul de l?Horreur comme instrument psychologique de prévention non-violente de la violence directe, c?est en ces deux éléments que notre étude est novatrice de celle des auteurs que nous avons lu et dont les idées nous ont fortement orientées.

Bien plus, dans toute la littérature par nous parcourue, nous n?avons pu trouver d?auteur proposant l?évaluation des conséquences négatives de potentiels escalades des conflits comme moyen de prévention de la violence directe. D?où, la nécessité pour nous d?explorer cette nouvelle piste de reflexion.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand