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Epargne et dépenses de consommation des ménages en milieu rural: cas du village d'Adjamé Bingerville dans la commune de Bingerville en Côte d'Ivoire

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par Tanoh Fabrice Oswald TANOH
Université Félix Houphouët Boigny Abidjan - Master 1 de sociologie économique 2013
  

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I-2 La revue critique de la littérature

La littérature sur l'épargne et la consommation des ménages est assez fournie en ce qui concerne les ouvrages de la science économique. Toutefois, le constat est que ces termes n'ont pas suffisamment été abordés dans une perspective sociologique. Ainsi, nous avons pu inventorier les documents existants et qui sont en rapport avec notre sujet de recherche.

Ces documents ont été fournis par les bibliothèques de l'Institut d'Ethno-sociologie (IES), de la Faculté de Science Economique, du CERAP, de l'Ecole Nationale de Statistique et d'Economie Appliquée (ENSEA) et du Centre Culturel Américain. Aussi, nous avons eu à consulter des documents sur le niveau de l'épargne des ménages et son évolution au siège de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Enfin, nous avons eu recours à des sites Internet pour la documentation en ligne.

Au terme de nos lectures, nous avons classé les documents consultés en deux catégories. La première partie traite de la question des différentes approches économiques, psychologiques et sociologiques de la consommation des ménages. Et la seconde partie est structurée autour des différentes théories développées relativement à l'épargne des ménages.

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I-2-1 Les approches théoriques de la consommation des ménages

I-2-1-1 Les approches économiques de la consommation des ménages

La consommation intéresse les économistes. La réflexion économique sur la consommation continue aujourd'hui d'être très féconde. Ces derniers sont d'avantage tournés vers le comportement du consommateur, qui tient une place essentielle dans l'analyse des économistes classiques et néoclassiques dont les précurseurs furent Pareto, Becker, Friedman et Modigliani. Il est à souligner que la réflexion économique, du moins dans ses débuts, considérait peu les dimensions microéconomiques de la fonction de consommation et raisonnait sur le plan macroéconomique où l'on fait l'hypothèse d'un individu représentatif.

Dans cette analyse, le consommateur est cessé être rationnel et cherche toujours à optimiser son revenu. Ainsi la modélisation du comportement du consommateur telle qu'elle est suggérée en microéconomie repose sur trois postulats: le choix individuel du consommateur, l'information parfaite sur l'offre de biens ainsi que sur le niveau de ses besoins et l'hypothèse de rationalité qui insiste sur le fait que le consommateur cherche à maximiser la satisfaction retiré d'un bien sous la contrainte de son budget.

Ainsi, pour les économistes néoclassiques dont Vilfredo Pareto est l'un des fers de lance, le consommateur dispose d'un budget limité pour acquérir tous les biens souhaités. Il ne peut donc acheter tout ce qu'il désire et doit opérer des choix entre les biens désirés. Pour effectuer ces choix, le consommateur établit une hiérarchie dans ses préférences. Pareto construit un procédé de représentation graphique des références entre deux biens de consommation X et Y. Donc, le choix du consommateur va s'effectuer selon le critère de l'utilité U(x, y). Au terme de la confrontation de la courbe d'indifférence avec le revenu, le consommateur choisit la combinaison idéale de biens lui apportant la plus grande satisfaction, ce que Pareto appelle

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« l'utilité maxima ». Dans ce modèle, les agents sont considérés comme rationnels en ce qu'ils ont une fonction objective (les consommateurs cherchent à maximiser leur utilité U (X, Y) compte tenu de leur contrainte budgétaire, c'est à dire leur revenu) et qu'ils sont censés avoir une information parfaite sur le prix des biens de consommation.

J.M. Keynes (1969), fut incontestablement l'un des plus grands penseurs de la science économique contemporaine. Contrairement aux néoclassiques, l'approche Keynésienne stipule que le niveau de consommation dépend essentiellement du revenu. Ainsi, Keynes s'appuyant sur l'existence d'une loi psychologique fondamentale selon laquelle « (...) En moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur consommation au fur et à mesure que le revenu croît, mais non d'une quantité aussi grande que l'accroissement du revenu ». Pour lui, les facteurs qui déterminent la propension à consommer11 des ménages sont souvent très subjectifs.

Dans son ouvrage intitulé « Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie », il parle de l'importance de la précaution, de la prévoyance, du calcul, de l'ambition, de l'indépendance, de l'initiative et même de l'orgueil et de l'avarice. Pour Keynes, ces différents facteurs subjectifs peuvent être considérés comme stables à court terme. Par conséquent, une relance artificielle de la consommation par l'Etat au moyen d'une injection de revenus dans l'économie est donc forcement efficace à court terme. Ainsi, des études empiriques ont démontré que l'analyse de Keynes était vérifiée lorsque l'on compare à un moment donné les budgets des ménages ayant des niveaux de revenu différent et ceci sur une court période.

Toutefois, l'économiste Simon Kuznets a montré, en se fondant sur une étude de la consommation aux Etats-Unis de 1869 à 1938 ( c'est-à-dire sur un

11 La propension à consommer se définit comme le rapport consommation/revenu (C/R). Ce rapport représente la fraction du revenu consacrée à la consommation.

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longue période) que l'analyse de Keynes se trouvait invalidée par le fait que la propension moyenne à consommer des Américains était restée constante sur cette période.

Aussi, certains paradigmes économiques ont été élaborés dans le prolongement et parfois même en opposition à la théorie Keynésienne.

Il s'agit de la théorie du revenu permanent de Friedman (1957), chef de file des monétaristes. Friedmann est l'économiste le plus opposé qu'il soit au modèle Keynésien. Dans sa théorie, Friedman définit la consommation, comme « la valeur des services qu'on prévoit de consommer pendant la période considérée ». Il pense que le comportement du consommateur n'est pas lié au revenu qu'il perçoit à un moment donné mais au revenu qu'il prévoit. Le consommateur anticipe donc ses gains, et prend ses décisions d'épargne ou de consommation en tenant compte non seulement de son revenu actuel mais surtout de ses revenus futurs.

Quant à Becker (1960,1965), il montre que le consommateur a tendance à arbitrer entre les produits non seulement en fonction de leur prix mais également des gains de temps permis par l'usage de ces produits. Le temps est ainsi introduit sous l'angle d'une contrainte. Considéré comme une ressource rare qui s'impose au même titre que le revenu, le temps devient indissociable de la décision d'achat.

En outre, certains économistes à travers leurs théories économiques, se retrouvent en pleine analyse sociologique. C'est le cas de Duesenberry.

Dans son ouvrage, Duesenberry (1949), avance l'idée que chaque population constitue une sorte de sous-culture qui exerce des pressions spécifiques sur ces membres afin de les pousser à consommer. Ce principe d'émulation sociale s'exercerait de manière plus forte sur les bas revenus qui peine alors à épargner. Ainsi, la consommation d'un ménage à une période

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donnée dépend non seulement du revenu mais aussi des habitudes de consommation acquises antérieurement.

En effet, selon Duesenberry, la consommation évolue en raison de l'existence d'un double effet : un effet de démonstration (qui évolue en effet de différenciation) et un effet d'imitation. Les catégories sociales les moins favorisées cherchent à imiter la consommation des catégories favorisées, qui optent pour un nouveau mode de consommation afin de se différencier. Ce comportement peut se définir comme une tendance du consommateur à maintenir voire augmenter son niveau de consommation même en cas de baisse de son revenu. Sous ce rapport, le consommateur peut être amené à prélever sur son épargne.

De nos jours, les différences de consommation se sont amoindries. Les nouvelles théories économiques de la consommation tendent à l'homogénéisation des pouvoirs d'achats locaux, qui a pour conséquence une uniformisation des besoins et des modes de vie.

Cette orientation théorique de la consommation a été largement développée par Fourastié et Bazil (1981). Elles indiquent qu'un modèle de consommation très uniforme s'est progressivement mis en place entre 1963 et 1978 dans le monde occidentale. Et nous citons : « (...) à revenu égal - et les revenus se rapprochent sans cesse - on se nourrit, on s'habille, on se meuble, on se déplace, on se distrait, on se cultive de plus en plus de la même façon...». Ainsi, elles montrent que les ménages des communes rurales et ceux des grandes villes ont vu leur mode de consommation se rapprocher considérablement. Cette homogénéisation de la consommation s'insère dans un mouvement plus large d'unification culturelle, lui-même dû à de nombreux facteurs : décloisonnement des régions, école pour tous, diffusion des médias, mobilité géographique...

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En somme, nous pouvons conclure ce chapitre réservé aux différentes approches économiques de la consommation en disant que, depuis la théorie de la modélisation du comportement du consommateur par les néoclassiques à la théorie d'homogénéisation des pouvoirs d'achats des nouvelles théories économiques, ces paradigmes évoluent vers une forme d'uniformisation des comportements des consommateurs.

Sous cet angle, est-ce à dire que la consommation des ménages aboutirait selon la nouvelle science économique à un certain degré de norme ou de standardisation au même titre que la production? Il semblerait que non. Si l'on s'en tient aux données de recherche empirique et à la littérature issue de la psychologie et de la sociologie de la consommation.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus