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Marché des capitaux et le financement des économies: le cas de l'UEMOA

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par Degol MENDES
Pôle régional de formation en gestion de la dette en Afrique du Centre et de l'Ouest - Expert en gestion de dette publique 2010
  

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1.2.1. Développement financier et croissance économique

Parmi les études portant sur le lien entre le développement financier et la croissance économique, certaines ont trouvé un lien positif tandis que les autres ont trouvé une relation négative. Cependant, même quand une relation de causalité est établie, son sens reste une ambigüité. Selon Levine (1996) la liaison positive et forte entre le développement financier et la croissance serait due au fait que le système financier favorise la protection contre le risque, le partage de risque et l'allocation optimale des ressources. En outre, l'existence d'un système financier permettrait un meilleur contrôle des dirigeants et de l'entreprise par les actionnaires et rend plus aisé la mobilisation de l'épargne domestique et extérieure. De même, la présence d'un système financier suffisamment développé faciliterait l'échange de biens et services.

Dans ce contexte, diverses études (King et Levine, 1993 ; Levine and Zervos, 1998 ; Levine, 2002 et Beck et Levine, 2004) ont mis en évidence des relations positives entre le développement financier et la croissance économique. Ainsi, Levine et Zervos (1998) ont montré que le développement du marché boursier affecte la croissance par l'accumulation de capital et l'amélioration de la productivité. Cette contribution des marchés financiers est faite par le bais de la diversification efficace des risques, la meilleure mobilisation de l'épargne et l'évaluation des projets d'investissements qu'ils proportionnent. En effet, l'affectation optimale des ressources devrait favoriser la hausse de la productivité du capital de même manière qu'une meilleure mobilisation de l'épargne permettrait d'accroitre l'investissement, renforçant ainsi les conditions pour une croissance économique forte (Levine et Zervos, 1998).

Allant dans le même sens, la BAD a souligné que le développement du secteur financier est un élément essentiel du développement économique durable en ce qu'il contribue de façon significative à une meilleure allocation des ressources financières. Parallèlement, un accès accru aux services financiers pour les plus pauvres notamment dans les zones rurales contribue à la réduction de la pauvreté7.

Toutefois, certains auteurs jugent que le rôle du développement financier sur la croissance parait exagéré et s'interrogent même sur la possibilité de l'existence d'un lien de causalité inverse allant dans le sens du développement économique induire le développement financier ; tandis que les autres ont parvenu à des résultats ambigüs.

Ainsi, Joseph A. et all. (1998), dans une étude sur les pays de l'Afrique au Sud du Sahara, ont conclut que l'approfondissement financier semble avoir joué un rôle dans la

7 BAD Initiative des marchés financiers africains de la Banque Africaine du Développement.

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croissance réelle d'une grande majorité des pays de l'UEMOA au cours de la période de 1970 à 1995, ainsi que dans le cas du Cameroun entre 1963 et 1995. Selon ces auteurs, même si les tests de causalité de Granger ont fait apparaître des relations entre approfondissement financier et croissance réelle, le sens de ces causalités n'a pas été le même pour tous les pays de l'Union. Ainsi, l'hypothèse selon laquelle le développement du système financier induit le développement réel dans les pays à faible revenu n'a été vérifiée que pour le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Mali et le Cameroun. En revanche, la causalité inverse apparaît dans les cas du Burkina Faso, du Sénégal et du Togo. Enfin, dans le cas du Niger, aucune causalité n'a pas pu être mise en évidence. A la suite de ses travaux, KOREM, A. (2005) cherchant à évaluer l'impact de l'approfondissement financier sur la mesure de la croissance économique togolaise à court et long terme de 1965 à 2002, a trouvé une relation positive entre le développement financier et la croissance du secteur réel, mais le sens de causalité entre les différentes variables financières et la mesure de la croissance économique reste mitigé. Ces résultats mettent en évidence les ambigüités des études empiriques sur cette question. A la suite des travaux de Patrick (1966) et compte tenu du niveau de développement de ses pays, il est attendu un lien de causalité direct entre l'approfondissement financier et la croissance économique, car « c'est le développement financier qui induit le développement économique 8».

Les autres études analysant le type de financement ont trouvé qu'un financement centralisé favorise la réalisation des projets d'investissement à long terme. Ainsi, dans un modèle de croissance endogène fondé sur l'innovation, Aimable, B. et Chatelain J.B (1995) ont conclut que le mode de financement par petits prêteurs, en présence d'asymétrie d'information, conduit à écarter les projets d'innovation de long terme, même lorsqu'ils sont profitables. En revanche, le financement par un système bancaire centralisé caractérisé par la proximité avec l'entrepreneur, favorise la réalisation des projets d'investissement de long terme et, par conséquent, la croissance est plus rapide dans le dernier système.

Dans cette analyse de l'influence du type de système bancaire sur le financement, Steinher et Huvenneers (1994)9 ont trouvé que dans un système où les écarts des taux

8 Selon Patrick (1996) deux phases sont identifiées dans le processus du développement du secteur financier. Dans la première, qu'elle a appelée de « supply leading », l'approfondissement financier permet, comme chez Schumpeter, le transfert des ressources d'un secteur traditionnel peu productif vers un secteur moderne plus efficace. Transfert nécessairement progressif, eu égard aux risques de faillite des institutions financières qu'il peut provoquer.Une fois cette première étape franchie, le sens de causalité s'inverserait. C'est la phase de « demand following » où le système financier répond de manière passive à la demande de services qui s'adresse à lui.

9 Cités par Aimable, B. et Chatelain J.B (1995).

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d'intérêts débiteurs et créditeurs sont peu élevés, la croissance économique est plus rapide. Cette situation pourrait s'expliquer par le fait que dans un tel système, l'épargne est encouragée permettant aux banques de disposer des ressources longues pour financer les projets d'investissement productifs à long terme.

Varoudakis, A et Berthélemy J-C. (1998), ont abouti à un résultat différent, utilisant les données de panel. Selon eux, ce paradoxe est lié aux effets de seuil découlant des équilibres multiples qui empêche la prise en compte adéquate des effets de développement financier sur la croissance par les régressions linéaires.

Même si le sens de causalité entre le développement financier et la croissance économique n'est pas toujours évident, il semble que le secteur financier joue un rôle important dans le financement des économies. Dans ce contexte, la maîtrise des facteurs qui peuvent induire ce développement revêt un caractère primordial.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon