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L'Islam et les fondements du pouvoir dans l'Egypte des années 1920

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par Sophia El Horri
Ecole normale supérieure de Lyon - Master 1 d'histoire des idées 2011
  

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- Sous la direction de M. MAKRAM ABBES, maître de conférences à l'Ecole Normale Supérieure de Lyon.

L'université d'Al Azhar : bastion de l'orthodoxie sunnite.

L'Islam et les Fondements du Pouvoir dans

l'Egypte des années 1920

- Mémoire présenté par Mlle EL HORRI SOPHIA pour l'obtention du master 1 d'Histoire des Idées.

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REMERCIEMENTS

La première personne que je tiens à remercier est Mr. Makram ABBES, maître de conférences à l'Ecole Normale Supérieure de Lyon, qui a su me donner assez de liberté pour accomplir mon travail, tout en y gardant une lecture critique et avisée. Les échanges continuels, souples et si enrichissants ont constitué la clé de la réalisation de ce mémoire.

Par ailleurs, je dédie ce mémoire à mes très chers parents qui tiennent une place immense dans mon coeur et qui ont toujours été là pour me soutenir. Vous êtes pour moi la véritable école de la vie. Que Dieu vous protège.

A une personne unique au monde, Kamal, mon amour pour toi est sans limite.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION

4 à 8

PREMIERE PARTIE : La question du califat, une institution dominatrice, temporelle et illégitime

9 à 40

I. L'ISLAM ET LES FONDEMENTS DU POUVOIR

10 à 27

II. L'APRE DEBAT AUTOUR DE LA QUESTION DU CALIFAT

28 à 31

III. LE CALIFAT, SYMBOLE DE TYRANNIE ET DE DECADENCE AU XIXème SIECLE

32 à 40

 

DEUXIEME PARTIE : Peut-on réellement considérer la thèse de Ali

 

Abderraziq de thèse révolutionnaire et sans précédent ?

41 à 62

I- LE CARACTERE EMINEMMENT MODERNISTE DE L'ISLAM ET LES FONDEMENTS DU POUVOIR

43 à 56

II- L'ISLAM ET LA POLITIQUE, DEUX PROBLEMATIQUES DEJA

 
 

DISTINGUEES ET TRAITEES DE MANIERE SECULIERE

57 à 62

AVANT LE XIXème SIECLE

 

TROISIEME PARTIE : L'ère libérale égyptienne, perspectives politiques du combat d'Ali Abderraziq à travers l'Islam et les Fondements du

63 à 72

Pouvoir

 

I- L'ERE LIBERALE EGYPTIENNE

65 à 67

II- POLITIQUE ET RELIGION DANS LE SCHEMA KEMALISTE

68 à 71

III- LE WAFD SOUTENU ENTRE AUTRES PAR ALI ABDERRAZIQ :

 
 

UN COMBAT POUR LA DEMOCRATIE REPRESENTATIVE

72 à 73

CONCLUSION

74 à 76

BIBLIOGRAPHIE

77 à 80

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INTRODUCTION

5

Ali Abderraziq (1888-1966) est un théologien juriste musulman, diplômé en sciences religieuses de l'université Al Azhar. Il est cité dans plusieurs ouvrages consacrés à la pensée politique moderne comme référence pour son projet de réforme séculière sans précédent. Malgré sa formation et son statut de recteur de l'université d'Al Azhar, bastion de l'orthodoxie sunnite, il a produit une réflexion nouvelle sur le gouvernement en islam et a relancé les débats sur les relations entre islam et politique, débats toujours valables et qui ont jalonné la pensée politique contemporaine.

En 1925, dans un contexte national et régional mouvementés, paraît L'islam et les fondements du pouvoir1 , un essai de moyenne envergure écrit par Ali Abderraziq, qui s'est révélé être un véritable coup de grisou dans les bibliothèques de l'époque vu le nombre impressionnant de réactions auxquelles Ali Abderraziq a dû faire face. L'ouvrage L'islam et les fondements du pouvoir se posait la question de la légitimité du califat dans les textes et tente de fonder son argumentaire en remontant au temps du prophète pour questionner les raisons d'existence d'un tel modèle politique figé. Les années 1920 sont marquées aussi bien en Anatolie qu'en Egypte par une lutte de toutes parts autour de la question de la conservation ou de la suppression du califat. Ali Abderraziq, bien qu'alim de l'université d'Al Azhar, se prononce avec ferveur contre cette institution qui, selon lui, serait illégitime et purement temporelle. Au contraire, le califat serait selon lui l'instrument d'une domination temporelle et purement politique. L'auteur appelle à l'abandon d'un tel système vétuste et obsolète, et à la reprise des recherches en science politique pour pouvoir élaborer le système politique qui sied le mieux aux musulmans. L'appel à une science politique séculière n'est pas l'élément le plus révolutionnaire de cet essai. En effet, Ali Abderraziq a certes développé une réflexion et une argumentation éminemment modernes sur l'entremêlement entre religion et politique, mais ce n'est pas tant cela que l'objet de sa recherche--le prophète--qui est révolutionnaire. Il n'est pas ordinaire qu'une interrogation critique soit adressée à des représentations fortement ancrées dans les conceptions dominantes, à l'orthodoxie et à ses symboles sacrés.

Comme l'a très bien remarqué Abdou Filali-Ansary, dans son article "Ali Abderraziq et le projet de remise en ordre de la conscience islamique"2, l'ouvrage dont il est

1 'Imara M., Al-islâm wa usûl al-hukm, li 'Ali 'Abd al-Râziq (De l'islam et des fondements du pouvoir, de Ali Abderraziq), al-mu'assasa al-'arabiyya li-l-dirâsât wa-l-nashr, Beyrouth, 1972.

2 Abdou Filali-Ansary , « Ali Abderraziq et le projet de remise en ordre de la conscience islamique », Égypte/Monde arabe , Première série , L'Égypte en débats.

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question a constitué un évènement majeur dans les pays musulmans et a relancé le débat sur la relation entre islam et politique. Ali Abderraziq a réexaminé de façon minutieusement scientifique la conception islamique du pouvoir qui se schématisait par la dichotomie entre l'établissement d'un régime politique moderne ou l'instauration d'un état régi par la foi islamique. Il n'est pourtant pas l'inventeur d'une science nouvelle, ni en matière de théologie ni en matière de politique. Mais il adopte une convergence et une harmonisation intéressantes entre vocabulaire de judicature religieuse et schéma démonstratif plus scientifique, qui s'appuie sur l'histoire et sur une raison plus positiviste.

Le Califat vient d'être aboli en 1924 par Atatürk. Dans le monde arabe, et plus particulièrement en Egypte et dans l'entourage du Roi Fouad, on réclame avec vigueur la restauration de cette antique institution qui remonte à la mort du prophète, bien qu'elle ait grandement perdu de son prestige et de son influence. L'oligarchie arabe désirait la restauration d'un califat arabe après tant de siècles de confiscation de la guidance du monde musulman par les Turcs. Or voilà qu'Abderraziq, avec son livre, remet en question l'opportunité et surtout la légitimité du califat. Avec vigueur et méthode, il pose les questions de la relation du profane et du sacré, du politique et du religieux, de l'histoire et de la foi. Son essai provoque des réactions extrêmement violentes. Il a été, à titre d'exemple, dégradé de son poste de professeur, et s'est vu ôter son droit de plus publier d'autres livres.

Abderraziq ne méconnaissait pas évidemment le fait que le prophète Muhammad avait exercé des fonctions politiques à la tête de la « cité-état » de Médine. Mais, considérant que la révélation confère aux prophètes des pouvoirs plus importants qu'à d'autres mortels, il estime que le pouvoir exercé par le prophète a été totalement différent de celui que peut exercer un autre successeur politique. À partir de cette réflexion, Ali Abderraziq refuse l'idée pourtant véhiculée par l'histoire musulmane- selon laquelle il y aurait un modèle islamique de pouvoir fondé sur les données de la Révélation. Se penchant autant sur la pensée d'Ibn khaldun que sur celle de son contemporain Rachid Rida, il incrimine ce qui est, pour lui, une grande illusion : l'illusion d'une institution infaillible qui a privé les musulmans de chercher par eux-mêmes des solutions efficaces à leurs problématiques politiques. Dès les années 1920, Ali Abderraziq a affirmé que rien n'interdisait aux musulmans de se donner des types de gouvernement leur paraissant mieux appropriés. Les sciences politiques et sociales ont, selon lui, le droit d'être autonomes par rapport aux prescriptions religieuses.

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Il faut lire L'islam et les fondements du pouvoir comme un ouvrage qui interpellerait encore la conscience contemporaine vu les problèmes que traverse la civilisation arabe musulmane. Mais, c'est aussi une oeuvre de son temps, native d'une décennie de crises et de tentatives de structurations. S'il s'intéresse à la question du califat, c'est que le contexte politique y incite. Néanmoins, l'auteur étant expert en questions théologiques, il est plus à même de produire une argumentation efficace et convaincante pour saper la légitimité du califat. Etant un fervent défenseur de la fondation d'un système politique séculier, il n'est pas pour autant le premier à penser en termes de science politique non religieuse. En effet, il s'inscrit dans la lignée de penseurs médiévaux et d'auteurs du XIXème siècle qui réfléchissent à une science politique profane, qu'il a par ailleurs éludés dans son essai. Enfin, les années 1920 apparaissent comme une décennie charnière de la vie politique et sociale en Egypte : le pays assiste à la rédaction de la première constitution de son histoire, et devient le théâtre de luttes politiques entre monarchistes conservateurs et libéraux nationalistes. Ali Abderraziq réalise à travers l'écriture et la publication de son essai en 1925 une initiative citoyenne qui répond à son engagement envers les libéraux en Egypte et à son occasion de déconstruire une conscience islamique qui, selon lui serait fondée sur l'illusion de pouvoir invoquer un passé qui demeure dans les mentalités comme un âge d'or glorieux. Il est ainsi primordial d'analyser de plus près la profusion extraordinaire qu'a connue la vie politique en Egypte pendant la décennie.

Nous commencerons notre analyse des fondements du pouvoir en islam par l'examen des arguments et thèses présents dans l'essai de Ali Abderraziq. Nous tenterons d'expliquer comment l'auteur procède pour refonder la conscience islamique du pouvoir entre un modèle irréalisable, le califat en tant que guidance légitime du monde musulman, et une réalité inacceptable, la nécessité d'un système politique temporel qui réponde aux enjeux et problèmes de son époque. L'essai devient le conflit vivant entre expression traditionnelle et un contenu caractérisé à la fois par une quête de la vérité, une grande verve et un net souci de précision. Il tente de démontrer tout au long de cet ouvrage l'illégitimité du califat, qu'il ramène à un niveau terrestre, pragmatique et temporel d'expression d'une domination au nom de préceptes religieux inexistants dans les textes sacrés. Ali Abderraziq se révèle être un acteur réformiste interne et inhérent à l'orthodoxie qui tente de favoriser dans sa démarche le rationalisme contre des représentations traditionnelles héritées et imposées qui se révèlent fausses.

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Nous tenterons ensuite de démontrer en quoi sa campagne contre le califat en faveur d'un système de représentation politique séculière s'inscrit dans la lignée de penseurs qui ont réfléchi sur des questions politiques qui échappaient à une logique religieuse. Nous nous pencherons notamment sur Rifa`a Tahtâwî et son intérêt pour la constitution française de 1814, et l'esprit révolutionnaire de 1789. En effet, sa traduction de la charte de 1814 sur les concepts clés de la civilisation française, qui lui était au départ étrangère, a permis d'exporter les principes des Lumières égalité, liberté et laïcité auprès de l'intelligentsia égyptienne. Nous tenterons de comparer les démarches de ces deux penseurs qu'un siècle sépare et pourtant proches par les enjeux réformiste et pédagogique qu'ils véhiculent. Il existait évidemment une pensée politique séculière dans le monde arabo-musulman avant 1830, mais elle n'avait pas pour visée une éducation aussi populaire et massifiée de cette discipline comme elle existe chez Tahtâwî par exemple. L'objectif était, autant pour Ali Abderraziq que pour Tahtâwî, de réunir le débat théorique et la controverse politique sur la même arène, et qu'à long terme l'une influence l'autre.

Enfin, notre troisième partie se concentrera sur l'ère libérale égyptienne, période charnière qui s'étend de 1923 jusqu'en 1952, et qui a été une véritable école de la politisation dans toutes les couches de la société. Il est utile aussi de rappeler le contexte dans lequel ont germé les luttes autour du califat, en Egypte mais aussi en Turquie avec le modèle politique kémaliste.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery