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Répercussions qualitatives et quantitatives des mutations agricoles récentes sur les systèmes d'irrigation traditionnels dans le bassin versant de la Vaigai- Periyar, Inde du sud

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par François Mialhe
Université Paris 7 Diderot - Master 2 environnement, milieux, techniques, sociétés 2006
  

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2.2 La gestion sociale et institutionnelle des tanks : entre tradition et modernité

D'après l'analyse des images Landsat MSS, 1049 tanks ont été détectés dans le bassin versant de la Vaigai-Periyar (sans la marge littorale). Les tailles s'échelonnent de moins d'un hectare (3200 m2) à 10 km2 pour le plus grand d'entre eux, pour une moyenne de 27 ha. Ce mode d'irrigation est le plus important du bassin versant en termes de surfaces irriguées (40% des terres irriguées).

Dans cette partie, 25 tanks ont été étudiés. Ils sont tous gérés par le Département des Travaux Publics (PWD), et irriguent donc, chacun, un ayacut de plus de 40ha. Une distinction a été établie entre les system tanks et les non-system tanks (cf. figure 14).

2.2.1 Les caractéristiques structurelles et fonctionnelles

On entend par « structurel » tous les éléments qui composent le tank lui-même et ceux dont son fonctionnement même dépendent (les digues, vannes, surplus, chenaux sont les principaux).

Ces éléments structurels ont tous, sur un plan fonctionnel, une importance primordiale. Ce sont parmi les variables qui comptent le plus pour établir le degré de performance. Un état général dégradé ne permet, ni d'optimiser un stockage proportionnel aux disponibilités, ni une utilisation maximale de la ressource à des fins agricoles. Les matériaux de construction utilisés, tel que la terre ou la brique, qui servent à la réalisation des digues et des vannes, connaissent un vieillissement naturel. Les actions mécaniques de la météorisation, les pressions exercées par les écoulements (augmentées durant les périodes de crues) ainsi que les dégradations d'origine anthropique, affectent la stabilité des structures maçonnées. Ceci est particulièrement vrai pour les digues : apparition de brèches du fait de la pression latérale des eaux stockées ; affaissements, en réponse aux passages répétés de trafic routier sur la crête des digues, qui servent souvent de voies de communication ; ou encore érosion hydrique prononcée. Ces phénomènes sont difficilement quantifiables, mais ils affectent dans tous les cas la performance globale du tank, autant au niveau du stockage que dans la restitution des eaux à l'ayacut.

À première vue, des différences notables existent entre les structures des deux types de tanks (cf. figure 13). On remarque que les non-system tanks n'ont pas de réseaux d'adduction en bon état. Cela signifie qu'ils sont, soit en voie de comblement, soit envahis par de la végétation spontanée, soit les deux à la fois. A l'opposé, six system tanks sur treize ont des réseaux en bon état général.

Figure 13 - Etats des structures des tanks sélectionnés

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Le bassin versant de la Vaigai-Periyar, unité régionale d'analyse spatiale et sociale des tanks

Figure 14 - Localisation des system tanks et des non-system tanks étudiés

Le bassin versant de la Vaigai-Periyar, unité régionale d'analyse spatiale et sociale des tanks

Cela peut être la conséquence d'écoulements plus réguliers dans les chenaux des system tanks, limitant, par des phénomènes érosifs, la progression de la végétation et dégageant les matériaux les plus fins du lit. Des apports plus réguliers d'eau peuvent, en revanche, augmenter la sédimentation suivant le débit considéré. En observant plus finement les données, on se rend compte que les sources principales du mauvais état de ces chenaux sont l'envahissement par la végétation pour les system tanks alors qu'elles sont doubles pour les non-system tanks (envahissement et comblement). La conséquence directe de ces obstructions est la réduction de la capacité d'écoulement et donc des apports servant à l'irrigation des ayacuts.

Ce qui est appelé surplus, ou régulateur, est la structure qui permet d'évacuer les eaux lorsque le tank a atteint son niveau de remplissage maximum. Les eaux sont ensuite destinées à remplir les tanks situés en aval, ou bien peuvent être définitivement perdues dans le cas de certains tanks proches du golfe du Bengale. Un ébrèchement signifie une diminution de la capacité de stockage. Une fois encore, l'état des régulateurs est bien meilleur pour les system tanks. Seuls les non-system tanks de la partie aval ont des régulateurs en bon état. En croisant ces informations avec le nombre de mois pendant lesquels les tanks atteignent leur niveau de remplissage maximal, on remarque une corrélation positive entre ces deux éléments, ce qui se vérifie, particulièrement, pour les non-system tanks. Cela semble être le signe que des actions de maintenance sont entreprises dans ces tanks, reflétant une certaine dépendance des populations vis-à-vis de ce mode d'irrigation.

Concernant l'état des digues, on peut remarquer que ce sont les system tanks à proximité de la Vaigai qui présentent les meilleurs résultats. Cette position en section supérieure pourrait s'expliquer par des écoulements à plus forte capacité en provenance des canaux et chenaux, nécessitant des digues en bon état afin de contenir les flots. On remarque par contre une forte corrélation spatiale entre les digues de non-system tanks en bon état et la densité de puits dans les ayacuts. Cela pourrait relever d'une prise de conscience de l'importance du tank dans la recharge des nappes phréatiques et donc de la nécessité d'un entretien régulier des digues.

Enfin, en ce qui concerne les vannes et les structures de contrôle des eaux, on remarque que celles des system tanks sont elles aussi en meilleur état et qu'elles sont, avec les régulateurs, les structures qui présentent l`état général le plus satisfaisant. Ceci s'explique par le fait que les réparations à effectuer sont moins coûteuses et plus facile à mettre en oeuvre. On peut relever que quatre non-system tanks n'ont aucune des structures mentionnées en bon état. De manière générale, l'état des non-system tanks est plus dégradé que celui des system tanks.

Les processus de comblement, résultant de l'érosion des terres arables en culture pluviale situées dans l'aire contributive des tanks, affectent de manière importante les deux types de tanks (cf. figure 15). Il apparaît néanmoins clairement une opposition concernant les non-system tanks entre la partie amont et aval du bassin versant. La turbidité des eaux peut agir en faveur d`un comblement prononcé. Ce processus est un des plus dommageables et des plus fréquents parmi ceux qui réduisent la performance des tanks.

Figure 15 - Cartes des taux de comblement des tanks sélectionnés

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Le bassin versant de la Vaigai-Periyar, unité régionale d'analyse spatiale et sociale des tanks

Par ces observations, on touche au point le plus sensible des tanks, à savoir qu'ils nécessitent un effort de la société et des communautés pour maintenir leur fonction principale, à savoir celle d'irriguer. Pour affiner l'analyse, il convient donc de s'attarder sur les principes de gestion et sur les modalités des actions entreprises.

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