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Répercussions qualitatives et quantitatives des mutations agricoles récentes sur les systèmes d'irrigation traditionnels dans le bassin versant de la Vaigai- Periyar, Inde du sud

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par François Mialhe
Université Paris 7 Diderot - Master 2 environnement, milieux, techniques, sociétés 2006
  

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1.1.2 La nécessité d'augmenter la disponibilité de l'eau par le biais des tanks

Dans de telles conditions climatiques, les hommes ont dû imaginer et concevoir des techniques permettant d'augmenter la disponibilité de l'eau pour répondre non seulement aux besoins de l'agriculture mais aussi à leurs propres besoins élémentaires.

1 La distribution annuelle des précipitations à l'intérieur des terres se démarque quelque peu par une mousson d'été plus arrosée, en particulier durant les mois d'août et septembre.

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Les facettes sociales et physiques du monde rural indien

La disponibilité de l'eau

Répartie temporellement de manière inégale, l'eau se caractérise aussi par une distribution spatiale dépendante de facteurs physiques tel que le sol, la géologie ou encore la topographie. La définition du régime semi-aride est basée sur le nombre de mois à pluviosité déficitaire et non sur le total pluviométrique (Bourgeon, 1988). Sont considérées comme semi-arides les zones où l`ETP1 n'est satisfaite par la pluviosité qu'entre deux et sept mois par an. En utilisant la méthode de Gaussen2, qui permet une extrapolation approximative de l'évapotranspiration à partir des données thermiques, on compte quatre mois humides, de septembre à décembre, qui correspondent à la fin de la mousson d'été et à la totalité de la mousson retardée du NE. C'est durant cette période que le bilan hydrologique3 s'équilibre et devient positif, permettant théoriquement non seulement l'écoulement de surface mais aussi la constitution des réserves hydriques dans la tranche superficielle du sol et des réserves hydrologiques plus profondes. Les sols, par leur capacité de rétention différentielle, sont capables d'influencer localement la disponibilité. Malgré celà, l'intensité et la soudaineté des précipitations sur l'ensemble de la région provoquent une dégradation de la surface du sol ainsi qu'une saturation relativement rapide de la tranche superficielle. Ceci favorise le déclenchement du ruissellement de surface au détriment de la constitution des réserves hydriques et surtout hydrologiques qui permettent pourtant d'allonger la disponibilité de l'eau (Cosandey et al., 2000). La présence, le volume et l'accessibilité des nappes captives dépendent en grande partie de la géologie. La partie basse du bassin versant de la Vaigai-Periyar est composée essentiellement de zones d'alluvions entrecoupées de buttes latéritiques tandis que la partie médiane et haute du bassin repose sur un socle métamorphique. Les nappes de socle sont en règle générale plus difficiles d'accès et ont des volumes et débits plus incertains que les nappes alluviales. De manière générale, les techniques d'accès aux réserves hydrologiques sont plus avancées que celles du stockage des eaux de ruissellement et leur ont donc souvent succédé dans l'histoire des populations. En dépit de totaux pluviométriques annuels non négligeables, la quantité d'eau utile est donc restreinte par des processus de transferts brutaux caractéristiques des zones semi-arides.

Les besoins en eau

Selon les variétés, une récolte de paddy4 demande au Tamil Nadu de 1150 à 1650mm d'eau par an (Gourou, 2000) ; or durant la saison des pluies, Madurai reçoit en moyenne aux alentours de 400 mm et Ramanathapuram 420 mm. Le déficit est donc très grand, même en saison des pluies et à plus forte raison encore durant la saison sèche, ce qui ne permet pas de soutenir une récolte. Certaines phases cruciales du cycle cultural, comme la floraison, doivent par exemple, sous peine de chutes importantes du rendement, se dérouler pendant la période humide, c'est à dire lorsque la pluviométrie est supérieure à l'ETP (Racine, 1994). De la même manière, une quantité massive d'eau est nécessaire pour la préparation du terrain avant le repiquage. Cette période doit donc, sur un laps de temps très court, recevoir d'importants apports d'eau. Jusqu'à la floraison de la plante, la rizière doit rester inondée et il est donc nécessaire d'alimenter régulièrement les parcelles. Durant son cycle de croissance, l'eau requise par la plante ne doit donc pas lui être distribuée uniformément (Adiceam, 1966). Si le

1 Evapotranspiration : c'est la combinaison de l'évaporation physique et de la transpiration biologique.

2 Méthode qui consiste à porter sur un graphique la courbe des moyennes mensuelles des températures exprimées en degrés celsius et la courbe des moyennes mensuelles des précipitations exprimées en millimètres, l'échelle des degrés centigrades étant le double de celle des millimètres. Selon la position des courbes, dites ombro-thermiques, le mois est considéré sec ou humide.

3 Bilan hydrique (échelle stationnelle) ou hydrologique (échelle du bassin versant) : P=Q+ETR+?R(u+h), avec Q :débit ; ?Ru : recharge des réserves en eau du sol et ?Rh : recharge des réserves du sous-sol

4 Riz recouvert de sa balle

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Les facettes sociales et physiques du monde rural indien

riz est la principale culture en pays Tamoul, d'autres céréales sont cultivées, comme le ragi1 ou le cholam (sorgho), qui sont moins demandeuses en eau, mais qui sont également moins appréciées par les populations, et donc diffusées moins largement. Ces millets constituent le socle traditionnel de l'agriculture pluviale des régions semi-arides de l'Inde péninsulaire, mais ont subi un déclin relatif en raison de la concurrence et de l'attractivité du riz irrigué. En année sèche, les récoltes de céréales pluviales de ce genre peut dépasser les récoltes, mauvaises, de riz, et permet d'éviter les disettes. Les besoins en eau concernent aussi les usages domestiques et l'alimentation du bétail.

Dans un but de subsistance, il a donc fallu que les sociétés intègrent les connaissances qu'elles avaient du milieu, basées sur des observations empiriques, afin d'élaborer des techniques susceptibles de répondre de manière satisfaisante à leurs besoins en eau.

Le stockage de l'eau par tanks

On estime que l'existence des tanks remonte au minimum à l'époque médiévale. Les tanks de Satyamangalam, à PudukkottaiK, portent des inscriptions qui laissent présumer leur existence dès le 13ème siècle (Roussary, 2003). Si ils ne sont pas, à l'échelle du monde, les plus anciens systèmes de récolte des eaux, ils constituent toutefois une forme d'emprise spatiale relativement unique. L'objectif d'un tank réside dans le stockage de l'eau atmosphérique et sa restitution progressive dans le temps afin d'allonger en particulier la saison culturale. Le principe de base repose donc sur le captage et le stockage des eaux de ruissellement et des précipitations in situ. A la faveur de la topographie locale, le premier type de tank consiste simplement à profiter des dépressions naturelles captant les écoulements de versants alentours, et ne nécessite que quelques travaux élémentaires d'aménagement afin de distribuer les eaux stockées vers les ayacuts2. Le deuxième mode s'appuie sur la construction d'une digue (terre ou brique) perpendiculaire au sens de l'écoulement, en forme de U allongée latéralement, afin de bloquer et de diriger de manière centripète et selon le sens de la pente, les eaux de ruissellement. Ces ouvrages sont en général de plus grande dimension. L'excavation, enfin, est la troisième technique de construction d'un tank. L'origine structurelle des tanks est cependant souvent hybride et il n'y a pas de cloisonnement net entre les techniques précédemment décrites.

Nous verrons aussi que les facteurs édaphiques et topographiques, ainsi que la présence d'un réseau hydrographique pérenne, influencent de manière significative la forme, la taille et la capacité de restitution, qui à leur tour déterminent la performance potentielle des tanks. La maximisation de ce potentiel dépend également de l'organisation et des choix de la société et des communautés.

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