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Répercussions qualitatives et quantitatives des mutations agricoles récentes sur les systèmes d'irrigation traditionnels dans le bassin versant de la Vaigai- Periyar, Inde du sud

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par François Mialhe
Université Paris 7 Diderot - Master 2 environnement, milieux, techniques, sociétés 2006
  

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1.2.3 L'organisation du système agricole Calendrier cultural et types de cultures

Le contexte climatique étant le principal facteur limitant de l'agriculture, les paysans doivent, malgré les systèmes d'irrigation, accorder leurs activités à la variabilité des précipitations. On sait que si la pluviométrie de la période considérée est supérieure à la demi-ETP, on est en régime hydrique favorable pour le démarrage ou l'achèvement du cycle cultural d'une plante (Racine, 1995). La figure 5 nous indique que de telles périodes correspondent, selon les localités, à la fin de la mousson d'été et à la mousson d'hiver dans son ensemble. Dès lors, il n'est pas étonnant de constater que la principale saison culturale, appelée samba ou thaladi, s'étale des mois d'août-septembre (repiquage) à janvier-février (moisson). Ces différentes appellations sont le reflet du type de culture portée par la parcelle la saison précédente, appelée kuruvai/sornavari et s'étalant de mai à septembre. Si la culture pratiquée est du paddy, alors la saison suivante est appelée thaladi, si ce n'est pas le cas, on la nomme samba (Komoguchi, 1986). Durant la saison samba, certains agriculteurs emploient encore des variétés traditionnelles à cycle long de six ou sept mois, de meilleure qualité gustative et qui ont sur le marché un prix plus élevé. Les cultures en saison kuruvai sont très majoritairement des cultures pluviales (ragi, cholam, légumineuses) et succèdent à la saison navarai/kodai, de janvier-février à avril-mai, qui observe, par l'introduction des variétés hybrides à haut rendements et à cycle cultural court lors de la Révolution Verte, une augmentation des cultures rizicoles irriguées. La riziculture est, en effet, la principale culture irriguée, suivie par la canne à sucre. Tandis que la première permet deux, voire trois récoltes par an, la culture de la canne à sucre, plus rentable, s'étale sur une année. Contrairement à la situation en cultures pluviales, il n'y pas, sur les parcelles irriguées, de « cultures associées » (Racine, 1995). On est donc en présence d'un système de monoculture irriguée. Les cultures sous irrigation par tanks sont dominées par le riz, suivi de la canne à sucre, des légumes et du coton selon la disponibilité de sources alternatives d'eau et selon les sols (Balasubramanian et al., 2003). On peut enfin noter que les parcelles où la densité de puits est plus forte ont un plus fort degré de diversité de cultures ainsi qu'une plus grande intensité culturale. Cette diversification profite particulièrement aux cultures de rente (canne à sucre, cocotier, coton, banane) aux dépends des cultures vivrières. Les puits permettent donc à priori de réduire la vulnérabilité des agriculteurs face aux variations climatiques et aux aléas du marché.

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Les facettes sociales et physiques du monde rural indien

Figure 5 - Diagrammes annuels des précipitations, de l'ETP et de l'ETP/2 à Madurai et Pamban (source : National Bureau of Soil Survey and Land Use Planning)

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Les régimes fonciers

La taille moyenne des parcelles par agriculteur dans le Tamil Nadu est passé de 1.01 ha en 1986 à 0.93 ha en 1991. La raison de cette diminution peut s'expliquer par la subdivision des parcelles en réponse à la croissance démographique, aux héritages de patrimoine ainsi qu'à la redistribution de parcelles aux sans-terres dans le cadre de la loi dite « Land Ceiling Act »1 (Thangaraj, 2003). Cette loi avait pour objectif de lutter contre l'absentéisme des propriétaires et contre l'exploitation des tenanciers en plafonnant la surface exploitable par individus. Ce plafond fixé à 30 acres en 1961 a été abaissé à 15 acres par individu ou famille de moins de 5 membres en 1970 au Tamil Nadu. De nombreux contournements ont été possibles du fait d'un manque de rigueur de la part de l'administration, ce qui a eu pour effet d'avantager les gros propriétaires au détriment des sans-terre et des petits paysans.

Les temples et les villages possèdent une partie du finage villageois (maniyam ou poramboke) mais ces terres, de piètre qualité, ne sont pas très prisées, même de la part des intouchables, en raison des contrats de métayage peu favorables (Racine, 1995). Elles peuvent toutefois être une forme de rétribution (partielle) à ceux qui exercent la fonction de thotti, c'est-à-dire de manoeuvre au service de la collectivité, et en particulier pour certaines opérations de maintenance des tanks. Enfin, on peut noter qu'il existe une certaine corrélation entre la caste et le statut ; les gros propriétaires des classes dominantes sont souvent, dans le cas du bassin versant de la Vaigai, membres des basses castes Shudras.

L'importance du riz

Le riz est de loin, dans cette région, la céréale la plus cultivée et la plus appréciée. Son importance se reflète donc aussi bien dans les rites qui accompagnent le début de chaque culture que dans les surfaces irriguées qui lui sont octroyées. Les castes élevées demandent conseil auprès des Brahmanes alors que les intouchables font appel à l'Iyer du céri (prêtre Harijan, soit un Pandaram sivaïte soit un Valluvar vishnuite), qui se réfère en général aux almanachs (Racine, 1995). Des rituels, comme la puja2, accompagnent les premières étapes culturales.

Le riz compose l'essentiel du régime alimentaire de la plupart des castes intouchables. Bien qu'ils ne soient pas végétariens comme de nombreux Brahmanes, les occasions de manger de la viande ou du poisson sont rares ; ce n'est donc pas tant la sous-nutrition que la malnutrition qui affecte cette frange de la population, et en particulier les enfants (Deliège, 1997).

Les variétés hybrides introduites (JR 8-20-50, ADT 31, etc.) ont des cycles moins longs (120130 jours), mais nécessitent en contrepartie une fourniture en eau régulière et sont associés à un plus grands nombres d'intrants, en particulier chimiques (engrais azotés, fongicides, insecticides). Les paysans les utilisent en saison samba lorsque les prévisions climatiques sont mauvaises car elles présentent moins de risques que les variétés à long cycle. Les rendements restent néanmoins très modestes. A Ramanathapuram, où les paysans disposent d'une dizaine de variétés, avec des cycles de 105 à 130 jours, le rendement moyen sur les 10 dernières années est de 2552 kg/ha (Ramanathapuram District Website). Certains tabous culturels comme l'utilisation de la charrue peuvent en partie expliquer ces chiffres médiocres.

1 Loi édictée en 1961

2 Acte d'offrande et de prière à la divinité, marqué par un rituel plus ou moins élaboré : consiste en l'occurrence dans le façonnement de Pillaiyars avec de la bouse (ou Ganesh, fils de Siva et de Parvati, à tête d'éléphant, au ventre proéminent et auspicieux, c'est celui qu'on invoque avant de commencer une entreprise, un travail, une oeuvre) et enduits de pâte de curcuma, arrangés d'un potteu (point auspicieux porté au front), de fleurs et de chiendent, auxquels on offre des semences. Après avoir brûlé du camphre et s'être prosterné, l'ensemencement à l'aide d'un van peut alors commencer.

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