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Problématique de la pérennisation des projets de développement. Cas des périmètres maraà®chers de Dodougou et de Diéco commune rurale de Toukoroba au Mali

( Télécharger le fichier original )
par Baba Faradji N'DIAYE
Institut de hautes études internationales et du développement Genève - International master of advanced studies ( IMAS ) 2008
  

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    INTERNATIONAL MASTER OF ADVENCED STUDIES EN ETUDES DU DEVELOPPEMENT - IMAS

    ANNEE ACADEMIQUE 2008 - 2009

     
     
     

    Mémoire d'étude de terrain

    Problématique de la pérennisation des projets de développement

    Cas des périmètres maraîchers de Dodougou et de Diéco

    Commune rurale de Toukoroba au mali

    Présenté par : Baba Faradji N'DIAYE

    Supervision  : Dr Younoussa TOURE

    Date : 2 avril 2009

    Table des matières

    Table des matières I

    Résumé III

    Liste des illustrations V

    1. Introduction générale 1

    1.1 Question de départ 4

    1.2 Objectifs de l'étude 4

    2. Cadre théorique et conceptuel 5

    3. Méthodologie 8

    3.1 Champ de l'étude 8

    3.2 Méthodes et techniques de recherche 8

    4.3 Les outils d'enquête 9

    4.4 Limites de la méthode 9

    Chapitre 1: Présentation des résultats : Caractéristiques des villages 11

    1.1 Présentation des villages 11

    1.1.1 : Localisation 11

    1.2 Données physiques 14

    1.2.1 : Relief 14

    1.2.2 : Climat et végétation 14

    1.2.3 : Ressources en eau 14

    1.3 Données socio-économiques 15

    1.3.1 : Population 15

    1.3.2 : Infrastructures socio - économiques 15

    1.3.3 : Activités économiques 16

    Chapitre 2: Historique des projets de périmètre maraîcher 18

    2.1 Origine de l'idée de projet du périmètre maraîcher 18

    2.1.1 : Village de Dodougou 18

    2.1.2 : Village de Diéco 19

    2.2 Choix du site d'implantation du projet 20

    2.3 Population - cible du projet 20

    2.4 Exécution du projet 21

    2.5 Exploitation du projet. 22

    2.6 Participation des populations au projet. 24

    Chapitre 3: Analyse et discussion des résultats 27

    3.1 Pratique du maraîchage 27

    3.1.1 : Les causes 27

    3.1.2 : Le maraîchage traditionnel 28

    3.2 Définition des actions prioritaires 30

    3.2.1 : Naissance de l'idée de projet 30

    3.2.1.1 L'identification des problèmes 31

    3.2.1.2 L'analyse des problèmes et la détermination des actions prioritaires 32

    3.2.1.3 Les limites de l'approche participative dans l'identification des besoins prioritaires 35

    3.2.2 : Option technologique 37

    3.2.2.1 Le choix des options technologiques dans l'approche participative 37

    3.2.2.2 Les limites de l'approche participative dans le choix des options technologiques 38

    3.3 Réorganisation communautaire 38

    3.3.1 : Restructuration des populations 39

    3.3.1.1 Les raisons d'une restructuration dans une approche participative 39

    3.3.1.2 Les risques liés à la réorganisation des populations 39

    3.3.2 : Renforcement des capacités des populations 41

    3.3.2.1 Les objectifs visés par le renforcement des capacités des populations 41

    3.3.2.2 Les risques liés au renforcement des capacités dans une approche participative 42

    3.4 Participation communautaire 44

    3.4.1 : Les avantages de la participation communautaire 45

    3.4.2 : Les limites de la participation communautaire 46

    Conclusion 47

    Références bibliographiques 50

    Annexes 53

    Résumé

    La présente étude porte sur la problématique de la pérennisation des projets de développement, notamment le cas de deux périmètres maraîchers aménagés en 2003 dans deux villages de la commune rurale de Toukoroba (cercle de Banamba, région de Koulikoro). Ces deux périmètres eux mêmes s'inscrivent dans le cadre de la mise en oeuvre d'un projet de lutte contre la pauvreté, financé par la Banque Africaine de Développement et le Gouvernement de la République. Il a été exécuté par l'ONG AMACO dans dix sept villages de la commune rurale de Toukoroba (cercle de Banamba, région de Koulikoro). Il s'agissait pour l'ONG AMACO d'appuyer les communautés dans l'identification, la conception et la mise en oeuvre de projets de développement communautaire.

    Le choix du thème s'explique par le fait que trois années après le retrait de l'ONG, l'exploitation du périmètre continue dans le village de Dodougou, alors que celui de Diéco n'est plus exploité. Ce constat a amené à poser la question suivante : pourquoi au retrait des structures d'appui, certains villages poursuivent l'exploitation du projet, alors que dans d'autres villages les projets sont sous exploités ou même arrêtés ?

    L'objectif global de cette étude était d'analyser, dans un processus d'approche participative, les facteurs déterminants dans la pérennisation des projets de périmètre maraîcher à Dodougou et Diéco.

    Elle a été abordée sous l'angle socio-anthropologique du développement. A travers une étude comparative, une analyse des pratiques sociales a permis de faire ressortir les compromis, les rapports de forces et les interactions qui sont déterminants dans la pérennisation des projets.

    Pour la collecte des informations, la méthodologie a reposé sur trois techniques d'enquête : la revue documentaire, l'entretien et l'observation. A l'issu des entretiens et observations, quelques résultats apparaissent :

    - Les conditions naturelles permettent la pratique du maraichage. Ainsi, bien avant l'arrivée du projet, les femmes s'adonnaient au maraîchage. il se pratiquait dans des périmètres individuels. Les femmes aménageaient des petites parcelles d'une superficie variant entre 100m² à 300m². les enclos étaient faits par des morceaux de bois coupés en brousse. Bien qu'appartenant à la femme, tous les membres du ménage participent, selon leur disponibilité, aux travaux d'aménagement des parcelles (débroussaillage, enclos). L'activité commençait vers le mois de novembre, après les récoltes. Les produits étaient destinés à la consommation et au commerce. Les revenus générés par l'activité rentraient dans les dépenses familiales.

    - Les approches participatives telles que prônées par les agents de développement ne constituent pas une condition sine qua non dans la pérennisation des projets communautaires. Les dynamiques locales sont plus déterminantes. Mais, dans la plupart des cas, le temps d'observation dont disposent les agents de développement n'est pas suffisant pour leur permettre de distinguer les situations circonstancielles des tendances plus profondes.

    - La non prise en compte des `'logiques communautaires'' constitue un blocage à la pérennisation des projets de développement communautaires.

    Liste des illustrations

    Illustration 1 : Carte administrative de la Commune rurale de Toukoroba (2009) 13

    Illustration 2 : Production céréalière des deux villages de 2002 à 2006 27

    Illustration 3 : Périmètres maraîchers individuels 28

    Illustration 4 : Intérieur de périmètre maraîcher traditionnel 29

    Illustration 5 : Pyramide problèmes des femmes de Dodougou 31

    Illustration 6 : pyramide problèmes des hommes de Dodougou 31

    Illustration 7 : Pyramide des problèmes _ femmes de Diéco 32

    Illustration 8 : pyramide des problèmes des hommes _ Diéco 32

    Illustration 9 : Grille de priorisation des problèmes du village de Dodougou 33

    Illustration 10 : Grille de priorisation des problèmes du village de Diéco 34

    1. Introduction générale

    Les projets de développement occupent une place primordiale dans le développement des communautés rurales maliennes. Ils ont favorisé l'accès de plusieurs communautés rurales aux services socioéconomiques de base à travers des infrastructures et équipements sanitaires, scolaires, hydrauliques, agricoles, etc. Quand bien même la tendance est toujours d'initier des projets / programmes de développement, force est de constater `'que depuis les indépendances, ils n'ont pas dans l'ensemble tenu leurs promesses. Les échecs sont nombreux, les réussites rares''. Les `'développeurs'' face au bilan négatif, ont adopté trois attitudes, correspondant globalement aux principales générations de projets en Afrique (DOZON et PONTIE 1985). La première consiste à considérer les sociétés rurales africaines bénéficiaires des projets comme responsables de leurs échecs. Les raisons avancées, qui participent largement des théories évolutionnistes du XIXe siècle, font référence aux `'résistances'', `'aux réalités traditionnelles'', à leur archaïsme les rendant incapables d'innover et d'adopter des comportements économiques rationnels. Sur le terrain, cette période a été caractérisée par le « mythe du retard à rattraper » pour les pays du sud. L'accent est mis sur les réalisations physiques. Ces projets et programmes de développement, dans leur esprit, `'considéraient les grands investissements dans le capital physique et les infrastructures comme le moyen par excellence de développement'' (Fonds d'Equipement des Nations Unies-FENU- 2004).

    Le recours aux sciences sociales a permis d'avoir une autre vision du développement. Les développés ne sont plus responsables des échecs des projets. Ceux- ci sont dus au manque de professionnalisme des développeurs qui se traduit par la méconnaissance des systèmes de production en tant que `'logiques sociales''. Dans la pratique, les projets de cette période tout en gardant les mêmes objectifs que ceux de la période précédente, préconisent des évaluations ante, mis parcours et post.

    La troisième attitude constitue une rupture avec les deux précédentes. Les méthodes des opérations de développement ne doivent plus être imposées. `'Il faut se mettre à l'écoute des paysanneries africaines et tenter de satisfaire leurs besoins''. La grande innovation est le type de projet mis en oeuvre. Celui-ci, en s'appuyant sur les capacités d'organisation, vise à améliorer les conditions d'existence des communautés locales. Ainsi, les concepts et expressions comme `'participation `', `'bénéficiaires'', `participation à l'identification et à la conception'' sont de plus en plus mis en exergue. Les méthodes d'intervention impliquent de plus en plus les populations. Les objectifs à long terme se posent en termes d'appropriation et de pérennisation. "Sans la participation active des ruraux, notamment des groupes défavorisés, il n'y a guère de chances que les initiatives soient viables à long terme et que les injustices dans les campagnes puissent être corrigées" (FAO 1991).

    C'est dans cette logique que le FENU, au cours des années 1990, a développé le concept d'éco - développement participatif. A travers cette méthode, le FENU visait à responsabiliser les communautés villageoises et les groupements d'usagers par rapport à la gestion et la protection de leur environnement.

    Toujours pour garantir cette pérennisation, la Banque Mondiale qui a une longue tradition théorique en matière de participation, a adopté à la fin des années 90, une nouvelle approche dénommée Développement communautaire participatif (DCP) - ou le Community driven development -. Le DCP vise à `'autonomiser et faire entendre les voix des groupes communautaires pour qu'ils puissent contrôler les décisions qui les concernent et gérer les ressources eux-mêmes.'' Pour la Banque Mondiale, lorsque les organisations communautaires ont la responsabilité de la conception, de l'exécution et de l'évaluation de la mise en exécution d'un projet, le coût du projet est moins élevé et les résultats durent plus longtemps.

    Au Mali, cette nouvelle approche n'a pas encore reçu d'écho favorable et les projets participent plutôt de la troisième génération. Ils promeuvent tous la participation des communautés villageoises comme condition d'appropriation et de pérennisation des projets de développement. Il revient aux intermédiaires techniques (ONG) chargés de la mise en oeuvre des projets de faciliter ce processus de participation.

    Dans cette perspective, les ONG renforcent les capacités d'organisation des communautés villageoises afin de les préparer à prendre la relève une fois leur contrat arrivé à terme. Ce renforcement de capacité se traduit le plus souvent par une restructuration et un renforcement des organisations communautaires de base. Ces organes sont des cadres synergiques devant favoriser le développement local homogène et harmonieux au niveau village. Ils participent à toutes les étapes du cycle de projets dont ils sont bénéficiaires. La participation des bénéficiaires à toutes les étapes du cycle du projet est fondamentale, parce que d'elle dépend l'appropriation du projet par les bénéficiaires et donc de sa pérennisation. En d'autres termes, la participation conditionne l'appropriation qui a son tour garantie la pérennisation.

    Cependant, force est de reconnaître que des projets mis en place selon les mêmes approches participatives évoluent différemment. Deux situations extrêmes peuvent être observées. Une situation d'appropriation du projet par les bénéficiaires, et une situation contraire où, le projet, une fois réalisé, suscite peu d'intérêt. A cet égard, il est intéressant d'interroger justement les stratégies mises en oeuvre pour l'exécution des projets, en d'autre terme pourquoi ces dérives entre le programme et son application ?

    Nous conviendrons avec les socio-anthropologues du développement affirmé dès le départ la complexité du social, et la divergence inéluctable des intérêts. Comme eux, nous pensons que c'est autour des compromis, rapports de forces, interactions, résultantes qu'il faut chercher les explications des effets « réels » des projets sur les milieux qu'ils prétendent modifier, et non auprès des idéologies du développement, fondées sur des présupposés consensuels.

    Question de départ

    La question de départ est ainsi formulée : au moment du retrait des structures d'appui, pourquoi certains villages poursuivent l'exploitation du projet, alors que dans d'autres villages les projets sont sous exploités ou même abandonnés ?

    Les questions spécifiques sont :

    - Quels sont les facteurs naturels pouvant favoriser ou non le maraîchage ?

    - Dans un processus participatif de mise en oeuvre d'un projet de périmètre maraîcher, quelles sont les étapes qui peuvent favoriser ou non la pérennisation des actions ?

    Objectifs de l'étude

    A travers cette étude, nous nous sommes fixés comme objectif global d'analyser, dans un processus de participation, les facteurs déterminants de pérennisation des projets de développement communautaire. Plus spécifiquement, il s'agit pour nous de :

    - Caractériser les terroirs de Dodougou et de Diéco pour faire ressortir les facteurs naturels qui déterminent une logique locale de pratique du maraîchage ;

    - Passer en revue les différentes étapes de mise en oeuvre d'un projet de périmètre maraîcher dans les villages de Dodougou et de Diéco pour faire ressortir les éléments pouvant favoriser ou non sa pérennisation.

    1. Cadre théorique et conceptuel

    Le développement a fait l'objet de plusieurs interventions venant de différentes organisations gouvernementales ou non gouvernementales avec des stratégies d'intervention et des conceptions particulières. Le mot `'développement'' tel qu'il s'est progressivement imposé dans le langage ordinaire désigne tantôt un état, tantôt un processus, connotés l'un et l'autre par les notions de bien être, de progrès, de justice sociale, de croissance économique, d'épanouissement personnel, voire d'équilibre écologique (Rist 2007). Il est important pour nous de ne pas `'succomber sous le charme du discours sur le développement'' (Rist 2007) des 50 dernières. Pour des soucis d'harmonisation et de compréhension du contenu du mémoire, quelques précisions sont donc indispensables.

    Il s'agit tout d'abord de partir d'un projet de développement et de voir comment les différents acteurs impliqués interagissent pour sa pérennisation.

    Le concept Projet de développement  est propre aux pays en développement. Il désigne à la fois un financement, une action, une organisation. L'objectif d'un projet de développement est d'accroître la productivité agricole ou de diversifier l'économie. Ces projets partent du principe que la concentration de moyens sur un objectif limité devrait permettre de créer des îlots d'efficacité préservés à partir desquels on pourrait tirer l'ensemble des activités économiques (Freud 1985).

    Les projets de développement sont mis en oeuvre par des Courtiers locaux de développement. Il faut entendre par ce concept `'des acteurs sociaux implantés dans une arène locale qui servent d'intermédiaire pour drainer (vers l'espace social correspondant) des ressources extérieures relevant de ce qu'on appelle communément l'aide au développement'' (Olivier de Sardan 1995). Dans notre contexte, nous utiliserons ce concept pour désigner les ONG aussi bien nationales qu'internationales intervenant au niveau d'un pays. Celles-ci oeuvrent à la promotion d'un développement à la base. Elles développent des projets à l'échelle des communautés villageoises. A travers leurs actions elles visent des changements socio-économiques, culturels et politiques profonds.

    Ainsi, le Développement dont il est question dans cette étude se déroule à l'échelle village. Il est considéré comme un processus dans une approche participative qui responsabilise les communautés villageoises et leur permet d'établir elles-mêmes les priorités d'investissements (Banque Mondiale 2000). Les communautés travaillent en tant que partenaires dans la prestation des services et peuvent gérer directement les fonds des projets. Il s'agit d'un processus qui facilite la participation des communautés aux projets à différents niveaux (VINCENT 1987) :

    - participation matérielle à l'exécution des travaux qui consiste en un apport de matériaux disponibles dans le village ;

    - participation physique qui est une participation active, un investissement humain aux travaux ;

    - participation financière qui est une contribution financière au coût du projet.

    - participation à l'élaboration du projet, à la prise de décision et à l'évaluation.

    L'effectivité de ces différents niveaux de participation pré conditionne l'appropriation et la pérennisation du projet. L'appropriation est l'objectif final de tout projet de développement. Elle est l'aboutissement de la participation communautaire. Elle est atteinte lorsque les activités de gestion du projet passent non seulement sous la responsabilité des communautés bénéficiaires, mais sont réalisées par elles. Elle se ramène également à un accès au budget du projet et à une prise en charge systématique des frais de maintenance des actions. L'appropriation du projet par les populations bénéficiaires garantie sa pérennisation.

    Le concept de pérennisation renvoie à la durée des actions dans le temps. Il s'agit de vérifier que globalement les avantages du projet sont supérieurs à son coût. Le cas échéant, on en vient à la conclusion que le projet est rentable, donc il peut se perpétuer et durer dans le temps. Classiquement l'analyse de la rentabilité visait à fournir des informations sur la situation financière probable si le projet est exécuté. Il s'agit surtout d'une étude de faisabilité financière. Le projet de développement est vu uniquement sous sa dimension économique et la dimension sociale est occultée.

    Pour notre part, nous inscrivons cette étude dans le cadre du développement, définit comme `'l'ensemble des processus sociaux induits par des opérations volontaristes de transformation d'un milieu social, entreprises par le biais d'institutions ou d'acteurs extérieurs à ce milieu mais cherchant à mobiliser ce milieu, et reposant sur une tentative de greffe de ressources et/ou techniques et/ou savoirs'' (Olivier de Sardan 1995). A l'instar des socio-anthropologues, le développement dans cette étude sera considéré comme phénomène social qui porte sur deux questions fondamentales : que se passe-t-il lorsque des courtiers locaux de développement introduisent un projet de développement dans un village ? Quels processus sociaux sont mis en branle chez les multiples acteurs ? 

    L'analyse de l'appropriation et de la pérennisation des projets de développement à travers l'approche classique est restrictive. Celle-ci, comme soulignée plus haut se focalise essentiellement sur la dimension économique. C'est pour éviter tous les biais et incompréhensions qu'une approche classique ne peut expliquer que cette étude sera abordée sous l'angle socio-anthropologique du développement. Ce concept est défini comme étant l'étude empirique multidimensionnelle de groupes sociaux contemporains et de leurs interactions, dans une perspective diachronique, et combinant l'analyse des pratiques et des représentations (Olivier de Sardan 1995). Il s'agit d'analyser les logiques locales et les réactions sociales au contact d'un projet de développement pour faire ressortir les compromis, rapports de forces, interactions qui sont très déterminants dans la pérennisation des projets. Il ne s'agit donc pas de faire une analyse économique et / ou financière.

    2. Méthodologie

    3.1 Champ de l'étude

    Le champ d'étude a porté sur deux périmètres maraîchers réalisés par l'Association malienne pour l'appui aux collectivités locales (AMACO) dans les villages de Dodougou et Diéco. Ils sont situés dans la commune rurale de Toukoroba (cercle de Banamba), à 30 km de Banamba et 180 km de Bamako. La population est de 294 habitants dont 53% de femmes à Dodougou et 343 habitants dont 48% de femmes à Diéco. Elle est essentiellement constituée de Bamanan. La principale activité est l'agriculture. L'une des contraintes majeures vécue par les populations des deux villages ces dernières années est la diminution des productions agricoles. L'identification du projet de périmètre maraîcher par les populations s'inscrit dans une perspective de sécurité alimentaire à travers la diversification des produits agricoles et l'amélioration des revenus.

    Méthodes et techniques de recherche

    Pour le recueil des informations, nous avons privilégié la méthode qualitative à travers essentiellement trois techniques d'enquêtes : la revue documentaire, l'entretien semi - directif et l'observation.

    La recherche documentaire s'est déroulée en deux étapes. Dans un premier temps les lectures complémentaires ont permis de clarifier certains concepts clés et de circonscrire notre axe de recherche. Dans un second temps, l'information disponible au niveau des villages relative aux fiches de collecte, aux rapports d'activités, etc. a été exploitée.

    L'entretien a été mené auprès des populations des deux villages (autorités villageoises, membres des comités de gestion et exploitantes) et des techniciens du développement.

    - les autorités locales (conseil communal et villageois, leaders communautaires) pour toutes les questions relatives à l'historique du village et aux étapes ayant conduit à la réalisation et à l'exploitation des périmètres maraîchers de Dodougou et à Diéco. Il s'agit dans les deux villages du chef de village et d'un conseiller villageois.

    - les membres du comité de gestion du périmètre maraîcher de chaque village et les exploitant(e)s pour les questions liées à la gestion, l'exploitation, la commercialisation, l'organisation. Les femmes interviewées pratiquent toutes le maraîchage. Elles sont mariées. Leur tranche d'âge se situe entre 20 et 55 ans. Le seul homme interviewé par village est animateur villageois et membre du comité de gestion. Il est jeune et ne pratique pas le maraîchage.

    - Les techniciens de développement sont des personnes ressources qui travaillent au sein des projets et ONG de développement et ont de ce fait une grande connaissance des problématiques liées au développement communautaire.

    Au cours des entretiens, nous nous sommes beaucoup focalisés sur les aspects de participation communautaire.

    L'observation a porté sur le maraîchage traditionnel : les périmètres individuels, les équipements, les pratiques maraîchères, le cadre de vie et le milieu naturel.

    Les outils d'enquête

    Pour l'entretien, un guide a été élaboré avec comme points importants :

    - l'historique du village ;

    - Les étapes du projet (origine de l'idée de projet, choix du site du projet, exécution du projet, exploitation du projet, etc.) ;

    - La logique d'organisation du projet ;

    - La commercialisation des produits.

    Une retranscription des entretiens réalisés a été faite. Nos différentes observations ont été notées dans notre bloc note (fourni par IMAS).

    Limites de la méthode

    Les principales limites de cette méthode dans le cadre de l'étude peuvent être résumées comme suit :

    § La superficialité des informations obtenues car soumises aux limites d'un exercice de reconstruction ex post.

    § La relative fragilité de la fiabilité du dispositif. Pour que la méthode soit fiable, plusieurs conditions doivent être remplies : rigueur dans le choix des interviewés, formulation claire et univoque des questions, correspondance entre le monde de référence des questions et le monde de référence du répondant, atmosphère de confiance au moment de l'entretien. Pour des chercheurs débutants, certaines conditions exigées ont pu faire défaut ou être incorrectement remplies.

    § Les analyses sont toujours subjectives. C'est le chercheur qui donne un sens aux relations par le modèle théorique qu'il a construit au préalable et en fonction duquel il a choisi la méthode d'analyse. Cet exercice est toujours périlleux pour des chercheurs débutants qui peuvent occulter des éléments d'explication très pertinents.

    Chapitre 1:  Présentation des résultats : Caractéristiques des villages

    Ce chapitre est un descriptif des conditions naturelles et socioéconomiques conditionnant l'activité maraîchère dans les deux villages.

    Présentation des villages

    1.1.1 :  Localisation

    Dodougou : Le village de Dodougou est situé à 15 km de Toukoroba (chef lieu de commune), à 37 km de Banamba et 187 km de Bamako. Il se trouve à 07°09' longitude Ouest et à 13°38' latitude Nord. Il est à 340 m d'altitude. Le terroir de Dodougou a une superficie de 3500 ha environ.

    Selon les informations fournies par le chef de village, `'le village de Dodougou a été fondé par les Koïta. Les origines du village remonteraient au XIème après J.C. les fondateurs de Dodougou seraient venus de l'empire du Ghana. Après l'éclatement de cet empire à la fin du XIème siècle après J.C., un clan Koïta s'est dirigé vers le sud. Après une longue marche, ils se sont arrêtés pour s'imprégner des nouvelles de l'ancien site « An kan do yan k'a yoro koro kibaru don » d'où le nom de Dodougou. La chefferie est détenue par les Koïta. En cas d'indisponibilité des Koïta, elle est transmise aux Coulibaly qui sont les seconds à arriver sur le site'' (entretien SK_Do20081121_1).

    Diéco : le village est situé à 18 km de Toukoroba, 40 km de Banamba et à 190 km de Bamako. Il se trouve à 07°08' longitude ouest et 13°43' latitude nord et à 335 m d'altitude. Le terroir de Diéco a une superficie de 8400 ha environ.

    Selon les informations reçues du chef de village, `'le village de Diéco a été fondé vers 1887 par les COULIBALY. Ils sont originaires de Kean, ancien site situé entre l'emplacement actuel de Diéco et Konani. Après la destruction du village par le royaume bambara de Ségou, les COULIBALY se réfugient à Toukoroba. La crise d'eau les oblige à chercher un autre endroit plus favorable. C'est ainsi qu'ils découvrent Diéco. Diéco vient du préfixe « jè » qui signifie phacochère et « co » qui veut dire marigot. Diéco veut dire marigot fréquenté par les phacochères'' (entretien DC_Di20081129_8).

    Illustration 1 : Carte administrative de la Commune rurale de Toukoroba (2009)

    Données physiques

    1.1.2 : Relief

    Le relief de la zone d'étude est relativement plat. Il est constitué essentiellement de glacis d'épandage, des glacis de dénudation, des glacis d'accumulation et des bas-fonds. A Diéco, les terres du site du périmètre sont constituées par des dépôts d'origine constitués de matériaux fins. Les pentes sont très faibles. A Dodougou, l'unité du paysage qui abrite le périmètre maraîcher à des pentes fortes. Elle est constituée également de matériaux fins.

    Les potentialités agronomiques des sols des deux périmètres est relativement bonnes et variées. Les sols sont affectés aux activités agro-sylvo-pastorale (agroforesterie, culture des céréales, maraîchage, etc.) en condition pluviale et irriguée. En d'autre terme, les sites sont aptes non seulement aux cultures maraîchères qui font l'objet de la présente étude, mais aussi à toutes les autres cultures agricoles, ainsi qu'aux activités de pastoralisme et de foresterie.

    1.1.3 : Climat et végétation

    Le climat est de type soudano - sahélien avec une alternance de deux saisons : une saison sèche et une saison pluvieuse. La pluviométrie qui varie entre 700 et 1000 mm n'est pas bien repartie dans le temps. Les températures minimales oscillent entre 12° à 14° C, pour des maximales variant entre 39° et 43° C. les vents dominants sont l'harmattan et la mousson.

    La végétation est de type savane arbustive. Le taux de couverture végétale de la zone d'étude varie entre 20 % et 40 %.

    1.1.4 :  Ressources en eau

    Pour Dodougou, le canal situé au sud du village constitue le cours d'eau du terroir. Il coule dans une direction sud-ouest / nord-est. Il tarit après la saison des pluies. Pour les besoins en eau, le village dispose de deux forages (non fonctionnels), un puits à grand diamètre et trois puits traditionnels. La plupart des puits tarissent en saison sèche.

    Pour Diéco, Le Fala situé à l'ouest du village constitue le seul cours d'eau. Il coule dans la direction est - sud - ouest. On note aussi la présence des mares Tedeguélé, Kokolo et Senefouga, situées toutes à l'est du village. Pour les besoins en eau, il existe 1 forage équipé d'une pompe manuelle, 2 puits à grand diamètre et 11 puits traditionnels. Les puits ne tarissent pas en saison sèche. Le village ne connait donc pas de pénurie d'eau.

    Données socio-économiques

    1.1.5 : Population

    Le village de Dodougou compte environ 294 habitants dont 157 femmes et 137 hommes (RGPH, 1998). La population est repartie entre 30 unités de production agricole (UPA), composées de bamanan (95 %) et de peuhls (5 %). Les actifs agricoles se chiffrent à 142.

    Le village de Diéco compte environ 342 habitants dont 167 femmes et 175 hommes (RGPH, 1998). La population est repartie entre 25 unités de production agricole (UPA). Elle est composée essentiellement de bamanan (99 %). Les actifs agricoles se chiffrent à 219.

    Dans les deux villages, les populations s'adonnent à des activités collectives, célèbrent collectivement les grands évènements et partagent les lieux de culte. Il existe des associations de jeunes, de femmes et des groupements traditionnels.

    1.1.6 : Infrastructures socio - économiques

    Les principales infrastructures sont :

    Pour Dodougou : 1 parc de vaccination, 1 centre d'alphabétisation, 1 banque de céréale, 2 boutiques villageoises, 1 forage (non fonctionnel), 2 puits à grand diamètre, 3 puits traditionnels, 1 périmètre maraîcher et 1 mosquée.

    Pour Diéco : 1 centre d'éducation pour le développement (CED), 1 forage équipé d'une pompe manuelle, 2 puits à grand diamètre, 11 puits traditionnels, 1 périmètre maraicher et 1 mosquée.

    N.B. : ce sont les deux périmètres qui font l'objet de la présente étude

    1.1.7 : Activités économiques

    L'activité économique dominante est l'agriculture. Les cultures principales sont le petit mil et le sorgho. La grande caractéristique de cette activité est la faiblesse des rendements. L'agriculture est sous tendue par d'autres activités secondaires, comme l'aviculture et le maraîchage qui est pratiqué surtout par les femmes. Comme l'atteste N.K. de Diéco : `'Bien avant l'arrivée du projet, nous pratiquions le maraîchage. Chaque femme avait ses parcelles. Les enclos étaient faits par des morceaux de bois coupés en brousse. Bien qu'appartenant à la femme, tous les membres du ménage participent aux travaux d'aménagement des parcelles (débroussaillage, enclos). L'activité commençait vers le mois de novembre, après les récoltes. Les produits étaient destinés à la consommation et au commerce. Les revenus générés par l'activité rentraient également dans les dépenses familiales. Nous cultivons de la salade, de la tomate, des aubergines, de la carotte, du piment, de la papaye, etc.''(Entretien NK_Di20081202_13).

    S.C. abonde dans le même sens : `'Toutes les femmes de Diéco pratiquent le maraîchage. Elles ont toutes plus d'une parcelle. Moi, dans notre Ko, je dispose de cinq parcelles, avec chacune un puits traditionnel à moins de 5 mètres de profondeur'' (entretien SC_Di20081130_10).

    A Dodougou, le maraîchage était également pratiqué, mais avec des difficultés que N.C. rapporte : `'Beaucoup de femmes du village ont toujours pratiqué le maraîchage, mais c'était dans des petits enclos faits avec de la paille. Nous étions à la merci des animaux. En plus, l'eau n'était pas facilement accessible. Il fallait creuser des puits et ça n'était pas à la porte de n'importe qui. Nous nous regroupions autour des puits et cela entraîne souvent des bagarres. Ces difficultés ont découragé plusieurs femmes qui finalement ont abandonné le maraîchage'' (NC_Do20081122_3). N.C évoque les difficultés auxquelles les maraichères devraient faire face avant l'arrivée du projet. Ces difficultés sont dues à la divagation des animaux, les difficultés d'accès à l'eau et les mésententes.

    Chapitre 2: Historique des projets de périmètre maraîcher

    Ce chapitre traite des résultats en prenant comme baromètre une série non exhaustive d'indicateurs permettant de mesurer la distance entre les logiques locales et celles du projet. Il s'agit de l'origine de l'idée de projet, le choix du site d'implantation, la population - cible, l'exécution et l'exploitation du projet. Le tout sur fond de participation des populations.

    Origine de l'idée de projet du périmètre maraîcher

    Dans les deux villages, c'est la Méthode accélérée de recherche participative (MARP) qui a été utilisée pour identifier les problèmes majeurs. Au cours de l'assemblée qui a duré 2 jours, chaque groupe social (hommes, femmes) a identifié et analysé les cinq principaux problèmes. Une synthèse en plénière a permis de retenir les cinq problèmes majeurs et de prioriser les actions pour chaque village.

    2.1.1 : Village de Dodougou

    Le diagnostic participatif a été réalisé du 16 au 17 janvier. Les travaux avaient démarré aux environs de 9 heures et avaient pris fin à 16 heures. L'assemblée s'est tenue dans le vestibule du chef de village. Toutes les couches ont été invitées à participer : vieux, adultes, jeunes. 32 hommes et 16 femmes ont participé à l'identification des besoins du village. Parmi les hommes, on pouvait compter le chef de village, ses conseillers, l'iman, le président de l'association des jeunes et d'autres leaders communautaires. Le groupe des femmes comportait la présidente de l'association des femmes du village, les épouses du chef de village, et d'autres femmes du village. Pour l'identification des problèmes et des actions prioritaires, les deux groupes (celui des hommes et celui des femmes) ont été séparés. L'assemblée d'identification a été rapportée par B.B. en ces termes : `'Je suis animateur villageois de AMACO depuis 10 ans. Avant ils parlaient du Sida, et puis, ils ont rassemblé tout le village pour dire que désormais ils vont lutter contre la pauvreté. Tout le monde était content. Quelques jours après, ils sont revenus et ils ont passé deux jours au village. Pendant ces deux jours, ils nous ont rassemblés et ils nous ont demandé de recenser nos problèmes et de dire nous même ce qu'il faut faire pour les résoudre. Auparavant personne n'était venu pour nous demander ça. AMACO même quand ils étaient venus pour la première fois, il y a longtemps, ils nous ont seulement dit qu'ils venaient lutter contre le Sida. Mais le Sida n'existe pas chez nous. Ils ont dit que c'est pour prévenir `'ka sini gne sigi.'' Nous avons demandé beaucoup de choses dont je ne me rappelle pas tous. Ils nous ont dit qu'ils ne peuvent nous aider à résoudre qu'un seul problème. Alors compte tenu de l'insécurité alimentaire qui sévissait, nous avons demandé des équipements agricoles et des intrants'' (entretien BB_Do20081124_7).

    A travers ce discours, il ressort que c'est bien les populations qui ont identifié les problèmes. Ils ont en plus déterminé et classé les actions nécessaires pour résoudre les problèmes.

    Après, comme le rapporte S.K. `'tout le monde s'est retrouvé dans le vestibule pour tout mettre ensemble. Nous étions contents parce que c'est la première fois qu'on s'intéresse autant à nous. Notre première demande a été des équipements agricoles et des intrants parce que nos moyens actuels ne nous permettent pas de produire assez'' (entretien SK_Do20081121_1). Il s'agit de la synthèse qui permet de faire une analyse des différents problèmes et de prioriser les actions en leur attribuant des points.

    2.1.2 : Village de Diéco

    L'origine du projet est évoqué par D.C. en ces termes : `'Je connaissais AMACO depuis longtemps. Ils sont venus pour lutter contre le Sida, alors que le Sida n'existe pas chez nous. Nous ne connaissions même pas le Sida. Ils ont fait plusieurs années à nous parler seulement du Sida, jusqu'au jour où ils nous ont dit qu'ils veulent lutter contre la pauvreté. Pendant deux jours, ils nous ont demandé de réfléchir sur nos problèmes. Les hommes à part et les femmes aussi. Le deuxième jour, nous étions tous rassemblés, hommes et femmes dans le vestibule du chef de village. Là, cinq problèmes ont été retenus pour le village. Nous avons d'abord demandé des équipements agricoles pour lutter contre l'insécurité alimentaire. Les autres demandes sont une maternité, un enseignant et deux autres dont je ne me rappelle plus'' (entretien DC_Di20081129_8).

    En fait, il s'agit de la même approche participative utilisée à Dodougou pour identifier les problèmes. Comme le souligne D.C., la synthèse a permis de retenir les cinq problèmes majeurs du village et les actions prioritaires.

    Choix du site d'implantation du projet

    D.C. dans son discours nous informe sur l'approche adoptée pour choisir un site : `'Ils se sont promenés dans le village pour chercher un bon terrain. Leur choix est tombé sur un champ de B. (que son âme repose en paix). Il a accepté au début, mais lorsque les travaux devraient commencer, il s'est rétracté. Selon des rumeurs, le projet devrait acheter le terrain. Après, tous ceux qui avaient des jachères aux environs immédiats du village ont refusé de mettre leurs champs à la disposition de la collectivité. Finalement, le chef de village a désigné un site situé en pleine brousse'' (entretien DC_Di20081129_8).

    Ainsi, le choix du site d'implantation du projet est laissé entièrement aux populations. Après des études techniques, plusieurs sites peuvent être conseillés. Il revient aux populations notamment au chef de village de désigner le site. La responsabilité du chef dans le choix du site apparaît dans les propos de G.C. `'Aujourd'hui, si les femmes ont abandonné le périmètre, c'est la faute de feu Kokè (chef de village au moment de l'exécution du projet). Il n'avait aucune autorité. Alors que dans de telle situation, où c'est l'intérêt du village, de la collectivité qui est en jeu, un chef de village se doit d'être autoritaire et prendre ses responsabilités'' (entretien GC_Di20081130_9).

    Population - cible du projet

    Il ressort des différents discours que les destinataires premiers du projet sont les communautés des deux villages sans distinction de sexe. Comme le rapporte B.B : `'ils (en parlant des agents de l'ONG AMACO) ont rassemblé tout le village pour dire que désormais ils vont lutter contre la pauvreté. Quelques jours après, ils sont revenus et ils ont passés deux jours au village. Pendant ces deux jours, ils nous ont rassemblé et nous ont demandé de recenser nos problèmes et de dire nous même ce qu'il faut faire pour les résoudre'' (entretien BB_Do20081124_7).

    D.C dans ses propos abonde dans le même sens : `'Pendant deux jours, ils nous ont demandé de réfléchir sur nos problèmes. Les hommes à part et les femmes aussi. Le deuxième jour, nous étions tous rassemblés, hommes et femmes dans le vestibule du chef de village. Là, cinq problèmes ont été retenus pour le village''.

    Ainsi, le projet était destiné au village tout entier. Il devait bénéficier aussi bien aux femmes qu'aux hommes. Mais, comme le constate D.C : `'c'est un périmètre maraîcher que le projet a amené pour aider les femmes'' (entretien DC_Di20081129_8).

    Dans les propos de BB, il ressort la même affirmation : `'Nous avons demandé beaucoup de choses dont je ne me rappelle pas tous. Ils nous ont dit qu'ils peuvent nous aider à résoudre un seul problème. Alors compte tenu de l'insécurité alimentaire qui sévissait, nous avons demandé des équipements agricoles et des intrants. Mais finalement c'est un périmètre maraîcher qu'ils ont amené pour permettre aux femmes de pratiquer des activités génératrices de revenu'' (entretien BB_Do20081124_7).

    Exécution du projet

    Les réalisations physiques comme l'atteste S.K ont été exécutées par des entreprises : `'Les périmètres ont été réalisés par un entrepreneur. Déjà avant que les travaux ne commencent, ils étaient venus pour chercher où il y avait suffisamment d'eau. Après, ils sont venus avec des machines et des techniciens pour faire les réalisations physiques. Au cours d'une réunion, ils nous ont expliqué les travaux à faire et leurs avantages. Pour eux les aménagements allaient beaucoup faciliter le travail des femmes'' (entretien SK_Do20081121_1).

    Cette affirmation ressort dans les propos de D.C : `'Au cours d'une réunion, les agents de l'ONG nous ont expliqué le processus d'exécution des travaux. Une entreprise qui a beaucoup d'expérience sera recrutée par eux pour les travaux. Dans notre village, c'est l'entreprise Amadou Ballo qui a fait les travaux. Nous avons fourni du sable, du gravier et de l'argent'' (entretien DC_Di20081129_8).

    .

    Il ressort des propos ci-dessus que la conception des aménagements a été réalisée à un autre niveau. A ce niveau, en plus de leur participation physique, matérielle et financière, les populations à travers le maire ont également participé aux choix des prestataires. A ce sujet l'actuel maire de la commune rapporte : `' Je n'étais pas encore maire au démarrage du projet. Mais je sais que mon prédécesseur a été invité au dépouillement des dossiers pour la sélection des entreprises et du bureau d'études. Il faisait parti de la commission d'évaluation'' (entretien BZK_To20081202_15).

    Exploitation du projet.

    La participation se ressent également dans l'exploitation du périmètre. Il revient aux populations de s'organiser pour une bonne exploitation du périmètre. S.C. explique cette participation en ces termes : `'c'est au cours d'une assemblée que nous avons été désignés pour former le comité de gestion du périmètre. Nous sommes six dont 4 femmes et 2 hommes. Nous devons nous occuper de toutes les activités du périmètre et veiller à sa bonne utilisation. Pour bien faire nos activités, le projet a prévu de nous former. Mais nous n'avions bénéficié d'aucune formation. Ils nous ont dit que le projet est arrêté plutôt que prévu. Avec l'abandon du périmètre, nous n'avons aucune activité. Chacune s'occupe de ses propres activités'' (entretien SC_Di20081130_10)

    En évoquant la dimension renforcement des capacités, S.C touche du doigt les conditions à mettre en oeuvre pour permettre au comité de gestion d'être efficace.

    L'exploitation des deux périmètres pose plusieurs problèmes. K.C touche du doigt quelques-uns : `'avant le projet, je pratiquais le maraîchage dans le village autour des points d'eau, comme d'autres femmes du village. Lorsque le projet est venu, le chef de village a demandé à toutes les femmes de regagner le périmètre. C'est ainsi que nous avons abandonné nos enclos au profit du périmètre. Le périmètre nous procurait plus de sécurité, et nous n'avons pas à reprendre la clôture à chaque saison. Seulement nous ne disposons pas d'assez de planches. Nous avons même demandé au projet de nous aider à clôturer nos enclos avec du grillage pour que nous puissions continuer à les utiliser, mais ils n'ont pas voulu. Il faut que le projet nous aide à améliorer notre production maraîchère'' (entretien KC_Do20081124_6).

    K.C évoque les avantages que procure le périmètre, mais aussi ses limites, notamment l'insuffisance de planches par exploitante.

    S.C abonde dans le même sens en insistant davantage sur les raisons d'abandon du périmètre de Diéco : `'il n y a pas assez de planches par exploitante. Toutes les femmes de Diéco pratiquent le maraîchage. Elles ont toutes plus d'une parcelle. Moi, dans notre Ko, je dispose de cinq parcelles, avec chacune un puits traditionnel. J'ai plusieurs planches contrairement aux cinq planches qui m'ont été offertes dans le périmètre. Le travail dans le périmètre est très pénible. Je préfère rester dans mon périmètre à moi'' (entretien SC_Di20081130_10).

    En abordant les difficultés liées à la commercialisation des produits maraîchers, S.C déclare : `'Nous rencontrons beaucoup de problèmes. Nous partons sur les marchés de Toukoroba et de Toubacoro. Banamba est très loin pour nous. Nous produisons les mêmes productions et le plus souvent nous nous retrouvons avec le même produit sur le marché. Il nous arrive de liquider nos produits pour éviter qu'ils ne pourrissent. Le projet a prévu de nous montrer comment conserver nos produits et comment les transformer. Mais, ils sont retournés avant de le faire. Pourtant nous avons besoin de ça pour vendre plus et avoir plus d'argent. Maintenant chacune fait comme bon lui semble'' (entretien SC_Di20081130_10).

    N.C renchérit : `'Nous ne gagnons pas assez dans la vente. Au marché de Toukoroba, toutes les femmes apportent de la tomate, de la salade ou autres produits et ça ne s'achète pas. Nous sommes obligés de liquider les produits pour ne pas revenir avec eux et qu'ils pourrissent. Lorsque nous avons commencé l'exploitation du périmètre, AMACO nous a promis de nous aider à mieux maîtriser les techniques maraîchères. Mais depuis qu'ils sont partis nous ne les avons plus revus. Ils nous ont fait savoir que le projet est arrêté'' (entretien NC_Do20081122_3).

    Participation des populations au projet.

    Les populations ont participé à toutes les étapes précitées. Comme le souligne S.K., elles ont trouvé un grand intérêt dans leur implication à plusieurs niveaux : `'ils nous ont demandé de recenser nos problèmes. Les femmes à part, les hommes aussi. Après tout le monde s'est retrouvé dans le vestibule pour tout mettre ensemble. Nous étions contents parce que c'est la première fois qu'on s'intéresse autant à nous'' (entretien SK_Do20081121_1).

    Cette participation est générale, comme le dit B.B. : `'pendant les travaux du périmètre, tout le village à participer à travers l'apport de matériaux, la restauration des techniciens, en faisant le manoeuvre, nous avons même donné de l'argent'' (entretien BB_Do20081124_7).

    S.K abonde dans le même sens : `'Nous avons nous même donné un champ pour le périmètre, apporter du sable, de l'eau, du gravier, débroussailler. Nous avons même donné 200000 FCFA'' (entretien SK_Do20081121_1).

    En somme, la participation des populations revêt plusieurs formes. En plus du choix du type de projet et du site d'implantation, leur participation est physique (débroussailler, en faisant le manoeuvre), matérielle (apporter du sable, de l'eau, du gravier), financière (nous avons donné 200000 FCFA). Elle va souvent au - delà par l'octroi de terrain comme site d'implantation du projet et de nourriture.

    Les femmes ne sont pas en marge de cette participation. Comme l'affirme S.K, une autorité du village, elles ont été associées dès l'identification des problèmes : `'pendant deux jours ils nous ont demandé de recenser nos problèmes. Les femmes à part, les hommes aussi. Après tout le monde s'est retrouvé dans le vestibule pour tout mettre ensemble'' (entretien SK_Do20081121_1).

    Dans les deux villages, comme le rapporte N.C., c'est d'ailleurs leur préoccupation qui a été pris en compte au détriment de celle des hommes : `'quant le projet est venu, nous avons demandé quelque chose qui puisse nous procurer de l'argent, car nous sommes très démunies. Mais les hommes n'étaient pas d'accord. Ils voulaient des équipements pour leurs champs. Dieu merci les gents du projet nous ont soutenu et ils ont amené un `'nako'' (périmètre maraîcher)'' (entretien NC_Do20081122_3).

    Les femmes ont également participé à d'autres étapes comme l'exécution du projet : `'lorsqu'ils faisaient le périmètre, nous les femmes du village, nous avons transporté l'eau sur le chantier et de la nourriture pour les ouvriers'' (entretien NC_Do20081122_3).

    La participation des femmes ressort beaucoup au niveau de l'exploitation des périmètres : `'C'est au cours d'une assemblée que nous avons été désignés pour former le comité de gestion du périmètre. Nous sommes six dont 4 femmes et 2 hommes. Nous devons nous occuper de toutes les activités du périmètre et veiller à sa bonne utilisation'' (entretien SC_Di20081130_10).

    O.K. abonde dans le même sens en pointant du doigt une de leurs difficultés `'Nous avons été quatre femmes et deux hommes à être désigné pour former le comité de gestion du périmètre. Mais depuis longtemps, c'est seulement Nana et moi qui nous occupions des problèmes du maraîcher. Les hommes ont abandonné. Ils disent que c'est le projet des femmes, donc les femmes doivent s'en occuper'' (entretien OK_Do20081123_4).

    La participation des communautés est rapportée par HC en ces termes : `'Le projet se démarque de beaucoup de projets actuels Grâce l'approche participative adoptée. A travers cette stratégie, il :

    - aide les populations à aborder leurs problèmes de développement et à imaginer de nouvelles solutions pour sortir de la pauvreté ;

    - appuie la structuration du milieu pour faire émerger des structures villageoises capables de prendre des décisions et de gérer les microprojets au nom de la communauté ;

    - responsabilise les populations dans toutes les étapes menant de l'identification des problèmes à la planification des solutions et leur mise en oeuvre'' (entretien HC_Ba20081206_16).

    HC, insiste davantage sur la participation des femmes : `'Dans sa conception et sa mise en oeuvre, le Projet a mis en particulier l'accent sur les questions relatives au genre : composition des structures et organes de gestion, sélection des idées projets, renforcement des capacités, etc. Dans la pratique, à travers l'imposition de critères de sélection, mais surtout le renforcement des capacités, les femmes et les jeunes ont effectivement participé au processus de prise de décision et dans la plupart des cas, leurs préoccupations ont été prises en compte. Dans la quasi-totalité des villages, la représentation des femmes et des jeunes au sein des CVD est comprise entre 20% et 50%. Au niveau des AVD, l'équité homme /femme est partout respectée. Cependant plus que le nombre, ce qu'il est convenu d'appeler une « révolution sociale et culturelle » dans ses sociétés agraires particulièrement conservatrices, est symbolisée par la présence systématique des femmes et des jeunes aux assemblées générales villageoises et leur prise de parole en public pour exprimer, soit leurs préoccupations spécifiques, soit pour donner leur point de vue sur les questions intéressant la communauté (entretien HC_Ba20081206_16).

    A travers ces propos ressortent toute l'importance de la participation des femmes pour le Projet. En effet, le Projet veille non seulement à ce que les besoins de la femme soient pris en compte, mais il oeuvre pour que celle-ci soit également consultée et qu'elle participe à la prise des décisions.

    Chapitre 3:  Analyse et discussion des résultats

    Au regard des résultats obtenus, quatre éléments d'analyse apparaissent. La première est une réflexion sur la pratique du maraîchage, comme réponse locale à la faible productivité agricole. Les trois autres s'inscrivent dans le cadre de la problématique de la pérennisation des projets de développement : il s'agit de la définition des actions prioritaires, la réorganisation des populations et la participation communautaire. Dans ce chapitre, nous nous attellerons, au regard de nos connaissances empiriques et des théories existantes, à démontrer à travers ces éléments et contrairement à une thèse largement vulgarisée, que les approches participatives ne conditionnent pas de façon systématique l'appropriation et la pérennisation des projets de développement communautaire.

    Pratique du maraîchage

    3.1.1 : Les causes

    Au cours des trente dernières années, l'aridité climatique du Mali s'est accrue et les précipitations enregistrées, ponctuées de périodes de sécheresse extrême, ont été inférieures à la moyenne. Les isohyètes se sont déplacées d'environ 200 km vers le sud. La baisse de la pluviométrie et la diminution des apports en eau de surface, tout comme le décalage dans le temps des saisons des pluies ont entrainé une diminution continue des productions céréalières (Illustration 2).

    Illustration 2 : Production céréalière des deux villages de 2002 à 2006

    Production céréalières (en tonne)

    Dodougou

    Diéco

    2002 - 2003

    2003 - 2004

    2004 - 2005

    2005 - 2006

    2002 - 2003

    2003 - 2004

    2004 - 2005

    2005 - 2006

    Sorgho

    12

    9

    11

    10

    19

    10

    11

    11

    Mil

    26

    21

    23

    22

    40

    31

    34

    32

    Total

    38

    30

    34

    32

    59

    41

    45

    43

    Source : Service local de l'agriculture de Banamba, 2008

    De façon générale, les productions sont faibles et ne couvrent pas les besoins. En prenant comme année de référence la campagne 2002 - 2003 qui est une campagne favorable en comparaison des trois années suivantes, et en partant des normes de consommation officielle (202 kg / personne toutes céréales confondues), les besoins ont été couverts par la production locale à 46 % pour Dodougou et 40 % pour Diéco. C'est pour combler ce déficit en production céréalière, que les populations des deux villages ont développé la pratique du maraîchage.

    La pratique du maraîchage s'inscrit parfaitement dans cette logique paysanne qui apparait dans certains pays de l'Afrique de l'ouest depuis les sécheresses de 1973 et 1984 et des politiques d'ajustement structurel. Dans ces pays, beaucoup de paysans ont compris que dans la conjoncture économique, où les cultures de rente et même les cultures de subsistance ne sont plus rentables, il faut se reconvertir dans d'autres cultures (Jacob 1995).

    3.1.2 : Le maraîchage traditionnel

    Le maraîchage était surtout pratiqué par les femmes, dans des périmètres maraîchers individuels (illustration 3). Les femmes aménageaient des petites parcelles d'une superficie variant entre 100m² à 300m². Les enclos sont faits de feuillages et de branches d'arbre cueillis pas loin du village. Souvent c'est en plein espace que le maraîchage est pratiqué sans enclos (Illustration 4). Dans les travaux d'aménagement, elles sont souvent aidées par les autres membres du ménage.

    Illustration 3 : Périmètres maraîchers individuels

    Source : cliché personnel, 2008

    Sur la photo ci-dessus on peut voir les périmètres maraîchers individuels tout autour du village. Ils ont été aménagés dans une logique de proximité. Ils sont situés aux abords immédiats du village pour permettre aux femmes de pouvoir faire les va-et-vient multiples entre les taches ménagères et le périmètre. En plus de leur proximité, la simplicité des techniques utilisées caractérise ce maraîchage (illustration 4).

    Illustration 4 : Intérieur de périmètre maraîcher traditionnel

    Source : cliché personnel, 2008

    Sur l'illustration 4, on peut observer la simplicité des aménagements. Tous les travaux sont faits manuellement et l'arrosage est quotidien. Les seuls équipements sont la daba, un seau ou un arrosoir et une puisette. Le puits est également creusé à la main. Sa profondeur dépasse rarement 5 mètres. Les difficultés majeures auxquelles sont confrontés ces aménagements sont la divagation des animaux, le creusement de puits traditionnel et la réfection des clôtures à chaque début de campagne.

    Le maraîchage avant le projet ne se pratiquait pas dans les mêmes conditions. A Diéco où les disponibilités en eaux de surface étaient satisfaisantes, il a connu un grand essor par rapport à Dodougou où la plupart des points d'eau tarissent en saison sèche. De façon générale, les femmes jugent le maraîchage très utiles parce que sa pratique leur permet d'avoir une source de revenu tant minime soit - elle, mais surtout d'utiliser les produits maraîchers dans les repas qu'elles préparent quotidiennement.

    Définition des actions prioritaires

    Deux indicateurs méritent notre attention : la naissance de l'idée de projet et l'option technologique pour l'exploitation du projet.

    3.1.3 : Naissance de l'idée de projet

    Tous les spécialistes du développement sont d'accord pour dire que l'appropriation d'un projet par les bénéficiaires est plus forte si l'idée de projet émane d'eux. C'est dans cette optique que les courtiers locaux du développement promeuvent de plus en plus des méthodes qui permettent une analyse des problèmes et une définition des actions prioritaires par les bénéficiaires. Ces méthodes participatives permettent d'avoir une intervention plus « efficace », parce qu'elle part des « besoins exprimés » et non des idées préconçues de « développeurs ». Elle corrige ainsi l'action en fonction des opinions, informe correctement les populations et évite les rumeurs'' (Doligez 2003).

    Le Fonds de Développement Social (FDS) qui est la structure étatique de mise en oeuvre de nos deux projets de périmètres maraîchers, est conscient de cette situation. C'est pourquoi, en définissant sa stratégie d'intervention, il l'intègre dans une logique de développement communautaire et table sur les associations villageoises afin que celles-ci participent à l'initiative, la préparation, la mise en oeuvre, ainsi qu'au suivi et à l'évaluation des actions de développement qu'elles veulent promouvoir.

    Ainsi, pour faire participer les populations à l'identification des problèmes majeurs et à la définition des actions prioritaires, les courtiers locaux utilisent les enquêtes participatives : MARP (Méthode Accélérée de Recherche Participative), PRA (Participatory Action research), DELTA (Development Education and Leadership Teams in Action), GRAAP (Groupe de Recherche et d'Appui pour l'Autopromotion Paysanne), etc. Dans le cas qui nous concerne, c'est la méthode accélérée de recherche participative (MARP) qui a été utilisée. A cet égard, il nous parait opportun de passer en revue cette méthode dans le choix des projets qui nous concernent.

    Il s'est opéré en deux étapes majeures. Dans un premier temps, les problèmes ont été identifiés et, dans un second temps ils ont été analysés et des actions prioritaires ont été déterminées.

    L'identification des problèmes

    Il ressort du rapport de diagnostic (AMACO, 2003) et des entretiens que deux groupes ont été constitués séparément pour identifier les problèmes dans chaque village : un groupe de femmes et un groupe d'homme. Pour le village de Dodougou, les problèmes par groupe ont été traduits ci-dessous en pyramide.

    Illustration 5 : Pyramide problèmes des femmes de Dodougou

    Illustration 6 : pyramide problèmes des hommes de Dodougou

    Source : ONG AMACO, Rapport de Diagnostic participatif, 2003

    Pour les hommes, le principal problème est l'insécurité alimentaire. L'eau constitue la deuxième préoccupation, puis suivent par ordre d'importance, le problème de santé, d'école et enfin le manque d'activités génératrices de revenu. Les femmes ont identifié comme problèmes majeurs le manque de revenu, l'insécurité alimentaire, le problème de santé, d'eau et leurs multiples occupations.

    A Diéco également, les problèmes par groupe ont été traduits en pyramide.

    Illustration 7 : Pyramide des problèmes _ femmes de Diéco

    Illustration 8 : pyramide des problèmes des hommes _ Diéco

    Source : ONG AMACO, Rapport de Diagnostic participatif, 2003

    Les problèmes identifiés sont divers et vont pour les femmes, de l'insuffisance de revenu à l'analphabétisme en passant par leurs taches multiples, les problèmes de déplacement et de santé. Quant aux hommes, ils ont évoqué comme problèmes majeurs et par ordre d'importance l'insécurité alimentaire, l'analphabétisme, le problème de santé, la surcharge des femmes et le problème d'eau.

    L'analyse des problèmes et la détermination des actions prioritaires

    Les problèmes ont été analysés et priorisés à l'aide d'une grille d'analyse par les femmes et les hommes réunis. Ce qui n'est pas sans influencer les opinions des uns et des autres, mais particulièrement des femmes. Les illustrations 9 et 10 renseignent sur cette analyse.

    Illustration 9 : Grille de priorisation des problèmes du village de Dodougou

    Problèmes majeurs

    Actions prioritaires

    Critères de priorisation

    Total

    Rang

    Acuité du problème

    Etendu du problème

    Disponibilité financière

    Disponibilité technique

    Insuffisance d'eau

    Un puits à grand diamètre

    * * * * *

    * * * * *

    * * * *

    * * *

    17

    3ème

    Insécurité alimentaire

    Acquisition d'équipement et d'intrants

    * * * * * *

    * * * * * *

    * * * * * *

    * * * * *

    23

    1er

    Analphabétisme

    Construction de salles de classe

    * * * *

    * * * *

    * * *

    * * *

    14

    4ème

    Problème de santé

    Construction d'un centre de santé

    * * *

    * * *

    * *

    * * *

    11

    5ème

    Insuffisance d'A.G.R

    Implantation des périmètres maraîchers

    * * * * *

    * * * * *

    * * * * *

    * * * *

    19

    2ème

    Source : ONG AMACO, rapport de diagnostic participatif, 2003

    Il ressort du tableau ci-dessus que pour le village de Dodougou, c'est le besoin en équipements agricoles qui détient le plus grand score (23). Le périmètre maraîcher est la 2e demande, ensuite vient le puits à grand diamètre avec un score de 17 points, la construction des salles de classe (14 points) et le centre de santé clôt la liste des demandes avec 11 points.

    Illustration 10 : Grille de priorisation des problèmes du village de Diéco

    Problèmes majeurs

    Actions prioritaires

    Critères de priorisation

    Total

    Rang

    Acuité du problème

    Etendu du problème

    Disponibilité financière

    Disponibilité technique

     

     

    Insécurité alimentaire

    Acquisition d'équipements agricoles

    * * * * *

    * * * * *

    * * * * * *

    * * * * *

    21

    1ère

    Insuffisance d'A.G.R

    Aménagement de périmètre maraîcher

    * * * *

    * * * *

    * * *

    * * * * *

    16

    4ème

    Problème de santé

    Construction d'une maternité

    * * * * * *

    * * * * *

    * * * * *

    * * *

    19

    2ème

    Problème d'éducation

    Rechercher d'un éducateur C E D et prise en charge de son salaire durant 2 ans

    * * * * *

    * * * * *

    * * * *

    * * * *

    18

    3ème

    Surcharge des femmes

    Acquisition d'un moulin

    * * *

    * * * *

    * *

    *

    10

    5ème

    Source : ONG AMACO, rapport de diagnostic participatif, 2003

    On remarque d'après cette grille que le problème qui préoccupe le plus les populations de Diéco est un problème d'équipement agricole ensuite viennent dans l'ordre de priorité la construction d'une maternité, la rechercher d'un éducateur C E D et la prise en charge de son salaire durant 2 ans, l'implantation des périmètres maraîchers et l'acquisition d'un moulin.

    Sur la base des informations ci-dessus fournies, on peut à priori soutenir que les méthodes participatives permettent une réelle participation des populations aux différentes étapes du projet. Une première étape de participation se situe au niveau de l'identification des problèmes. A l'échelle d'un village, les femmes comme les hommes identifient les problèmes. Après, une négociation a lieu pour retenir les principaux problèmes du village. Un deuxième niveau de participation consiste en la définition des actions prioritaires. A travers certains outils, les populations analysent et priorisent les actions. Dans certains cas, un plan d'action à moyen ou long terme est élaboré. Troisième niveau de participation, les populations prennent part dans la réalisation physique des projets en apportant plusieurs ressources matérielles, physiques et financières. Les conditions sont ainsi remplies et les projets ayant suivi ce cheminement seront d'ores et déjà appropriés par les bénéficiaires. Mais, cela suffit-il pour qualifier le processus de participatif et prétendre ainsi à une appropriation des actions et à leur pérennisation ? Le scénario en la matière n'est pas aussi simple, car le processus du développement n'est pas un calcul mathématique. Il ne constitue pas le résultat d'une combinaison de choix techniques, de décision politique et de logique rationnelle, mais plutôt un ensemble de processus sociaux induits par des intervenants qui visent à modifier un contexte pour atteindre des objectifs prédéterminés (Tommasoli 2004). Ce qui nous amène à nous pencher sur les limites de l'approche participative dans un processus d'identification des besoins.

    Les limites de l'approche participative dans l'identification des besoins prioritaires

    Par rapport aux méthodes participatives, la question que l'on peut se poser in fine, est de savoir si les populations sont réellement initiatrices de leurs projets ? Non. Les projets / programmes de développement ainsi que leurs zones d'intervention sont toujours pensés au niveau supérieur. Entre leur phase d'élaboration et de mise en oeuvre, les populations sont largement informées sur leurs composantes et les procédures d'accès à leurs ressources. Elles sont comme pré formatées bien avant le démarrage des projets pour que leurs demandes restent toujours dans la logique des projets et programmes de développement. Le cas contraire, des réglages ne sont pas exclus pour mieux cadrer les demandes pendant la phase d'identification des besoins. Ces réglages sont guidés soit par des contraintes de coût budgétaire, soit par des logiques de développement, comme dans le cas de deux périmètres qui font l'objet de cette étude. D'un autre coté, c'est toujours le courtier local de développement qui est à l'initiative du contact avec les populations rurales.

    Les tableaux 9 & 10 montrent que l'action prioritaire dans les deux villages n'est pas l'aménagement d'un périmètre maraîcher. Même si les différences de scores obtenus après notation ne sont pas considérables entre les actions, et même si toutes les actions peuvent être considérées comme prioritaires, le périmètre maraîcher vient en 2e et 4e position, respectivement pour Dodougou et Diéco. Et dans nos deux villages, la première action prioritaire est l'équipement en matériels agricoles. Cette demande n'est naturellement pas gratuite. Elle répond à une logique mûrement réfléchie. En effet, les comportements des agriculteurs face aux innovations techniques ou organisationnelles proposées par les projets, loin d'être irrationnels, manifestent leur capacité, dans un contexte de forte incertitude, de prendre des décisions cohérentes en fonctions d'objectifs et de contraintes qui leur sont propres, tant dans le domaine de la production que dans ceux de la reproduction sociale, politique, identitaire etc. (Chauveau 1997). Les populations ont demandé ce que leur situation financière ne permettait pas d'avoir (les équipements et intrants agricoles), pour mettre en valeur ce dont ils disposent déjà (la terre). Ce qui leur permet de faire d'une pierre, deux coups. La question vient d'elle même : pourquoi alors dans les deux villages c'est un périmètre maraîcher qui a été réalisé au lieu de doter les communautés en équipements et en intrants agricoles, action qui s'inscrit dans leur logique?

    Même en passant par une approche participative, l'influence des ONG restent déterminantes dans la mise en oeuvre des projets de développement. Suite à une évaluation des ONG au Burkina Faso, PIVETEAU (2004) vient à la conclusion qu'une vision d'ensemble révèle le poids des ONG et la faiblesse de la population paysanne, étroite et de moindre capacité aux différentes phases du processus de décision qui conduit à la réalisation d'une opération de développement.

    L'approche participative, ne garantie pas toujours l'adhésion des populations locales à des projets qu'elles ont pourtant `'demandé''. Olivier de Sardan (1990) et Chauveau (1994) parlent de mécanismes par lesquels elles "s'appropriaient" les projets soit en sélectionnant certains thèmes au sein du "paquet" d'innovations proposés, soit en détournant le projet de ses objectifs, soit en s'y dérobant et en le rejetant consciemment. Ce fut le cas du périmètre de Diéco.

    3.1.4 : Option technologique

    Le choix des options technologiques dans l'approche participative

    Une des justifications des méthodes participatives est la reconnaissance d'une logique paysanne. L'approche participative vise essentiellement une appropriation et une pérennisation des projets de développement par les populations bénéficiaires. Pour ce faire, les courtiers locaux doivent oeuvrer à une adaptation des technologies aux conditions économiques et sociales des populations. Cela suppose une bonne connaissance des pratiques sociales, économiques et culturelles des populations par les courtiers locaux. L'appropriation des technologies par les populations permet d'une part une intégration de ces technologies dans le patrimoine technique, donc de les rendre transmissibles aux cadets ; et d'autre part de pouvoir assurer leur entretien et de les adapter à une évolution de l'environnement.

    Par ailleurs, dès lors que l'on reconnaît les capacités paysannes et la légitimité de leurs savoirs pratiques, la question n'est plus du « transfert » de techniques `'sur mesure'' censées avoir une validité intrinsèque, mais de renforcer les capacités paysannes ou leur proposer un éventail d'option (Chambers 1994). Le rôle du développement consiste non pas à transférer des techniques issues de la recherche, mais à proposer aux paysans, en fonction de leur situation et des problèmes qu'ils formulent, un éventail d'options susceptibles d'apporter des réponses. Éventail d'options à tester en situation pour en vérifier la pertinence et/ou travailler avec les paysans à les adapter à leur système productif (Chambers 1994).

    Les expériences ont montrées que, face à la décision d'innover, le producteur effectue un arbitrage entre les avantages et les inconvénients de ces pratiques actuelles et de solutions nouvelles possibles. Cet arbitrage est réalisé en fonction de ses besoins sociaux ou économiques (intérêts) et de l'appréciation qu'il se fait des conditions de faisabilité de l'innovation qui peut leur paraître plus ou moins aisée ou ardue, plus ou moins sécurisante ou risquée. Débattre de ces critères de choix autour de tests et de situations concrètes est une façon d'approfondir la compréhension des logiques des paysans avec qui on travaille, et d'être progressivement plus pertinent dans les propositions. Ceci demande de travailler et de dialoguer à partir des concepts des paysans, de leurs indicateurs, de leurs termes.

    Les limites de l'approche participative dans le choix des options technologiques

    Bien que sous-tendues par une volonté réelle de faire participer les populations, les approches participatives dans la mise en oeuvre des projets de développement font fi dans la plupart des cas des savoirs locaux dans le choix de la technologie ou de l'innovation à installer. Elles relèvent de ce qu'on qualifie de projet top down. L'option technologique dont les populations `'ont besoin'' est pensée et conçue par des spécialistes extérieurs sans aucune référence à des savoirs locaux quelconques. Alors qu'il est prouvé que l'incorporation des systèmes de savoirs locaux appropriés dans les programmes de développement contribue à l'efficacité, à l'efficience et à un impact durable sur le développement (Gorjestani 2000).

    La compréhension des systèmes de connaissance des paysans est importante pour comprendre les réactions par rapport à l'innovation, ou du moins la façon dont les paysans qui les mettent en oeuvre les expliquent et les interprètent (Olivier de Sardan 1991). Une proposition technique cohérente d'un point de vue scientifique peut sembler incongrue aux paysans si leurs représentations des mécanismes en jeu sont fondées sur des bases totalement différentes. La réaction est souvent un abandon pur et simple de la technologie importée à coup de plusieurs millions de francs, et le retour aux techniques locales. Les périmètres maraîchers de Diéco et de Dodougou sont des illustrations manifestes de cette réaction.

    Réorganisation communautaire

    En mettant en oeuvre un projet de développement, un des mandats que les ONG s'octroient est l'organisation des populations bénéficiaires. Elle constitue une dimension fondamentale de tout projet de développement. A travers cette activité, le courtier local prépare les communautés à l'après - projet, dans la mesure où elles doivent justement assurer le relais des ONG et permettre ainsi une continuité du projet. Deux phases de cette activité méritent qu'on s'y attarde : la restructuration des populations et le renforcement de leurs capacités.

    3.1.5 :  Restructuration des populations

    Les raisons d'une restructuration dans une approche participative

    Dans le processus participatif d'identification et d'exécution d'un projet de développement, une place de choix est réservée à la mise en place d'organes de planification et de gestion dudit projet. Cette logique de renforcement peut se justifier par l'inadaptation de l'organisation sociale héritée de la tradition pour résoudre des défis d'un type nouveau. Les sociétés rurales ont besoin de se doter de formes d'organisations nouvelles, sans qu'elles aient pour cela à se renier du point de vue socioculturel (Chauveau 1997). Dans le cas qui nous concerne, deux organes ont été mis en place de façon participative. Il s'agit d'un comité villageois de développement (CVD) et d'un comité de gestion (CG). Les populations ont choisi elles mêmes les personnes membres de ces organisations locales

    A travers ces organisations villageoises, il s'agit pour l'ONG de mettre en place un dispositif favorisant l'appropriation et la pérennisation du projet. Il revient désormais au CVD la gestion du développement communautaire, et au CG la gestion du périmètre maraîcher. La mise en place de ce dispositif n'est pas sans entrainer des problèmes.

    Les risques liés à la restructuration des populations

    Le premier problème qu'entraine la réorganisation des populations peut être vu comme superposition d'organes. D'un coté, il y a méprise des structures villageoises. Le projet vient ainsi avec sa logique d'organisation en faisant fi de la logique d'organisation des villageois. En clair, `'nous vous apportons un projet et pour sa gestion, vous devez mettre en place un comité de gestion. Pas que nous n'avons pas confiance à vos structures déjà existantes, mais il s'agit d'une question de principe. D'ailleurs, c'est à vous que reviendra le choix des membres devant constituer ce comité''. Telles sont de façon caricaturale les propos des développeurs lorsqu'ils parlent de structuration.

    Par ailleurs, la logique du projet était d'entrainer les populations dans une exploitation collective du périmètre. Toutes les femmes du village sont regroupées au sein d'une association pour une exploitation optimale du périmètre. Des frais pour accéder au périmètre et des cotisations annuelles ont été institués sous l'incitation de l'ONG. Les fonds ainsi collectés seront utilisés pour l'entretien des aménagements entre autre.

    Nous retrouvons bien là les stéréotypes décrits par Olivier de Sardan (1995) et qui s'expriment par deux concepts principaux: la tradition et la communauté. Le concept de tradition renvoie à une vision des sociétés paysannes figées dans un savoir-vivre et un savoir-faire millénaires. Ces sociétés locales sont en mesure de puiser dans ces ressources pour faire face aux défis du moment, ou à l'inverse, les utiliser comme obstacles à la prise d'initiative et au changement. L'idée de communauté est associée à des stéréotypes de mécanismes d'entraide, de solidarité et de contrainte collective effectivement à l'oeuvre dans les sociétés paysannes : ces deux facteurs contribuent à donner des sociétés paysannes l'image de groupes unis, solidaires et collectivistes, au sein desquels une notion particulière, celle de bien collectif, est considérée comme allant de soi. Cette vision peut faire croire à une utilisation collective par les "communautés paysannes" des biens mis à leur disposition et qui seraient ipso facto des biens communs. En réalité, l'accès à ces biens et leur usage sont soumis à des clivages et des inégalités qui relèvent aussi bien de l'organisation hiérarchique locale que de manoeuvres opportunistes émanant d'acteurs ou de groupes d'acteurs particuliers. Sans tomber dans le stéréotype individualiste inverse, il est indispensable de concevoir le monde villageois comme hétérogène et traversé de conflits, même si l'image qu'il donne de lui est celle de communautés solidaires.

    La pratique du maraîchage avant le projet corrobore bien théorie. Dans les deux villages, les femmes pratiquaient le maraîchage de façon individuelle et dans des périmètres individuels. Elles se retrouvaient au sein des groupements et s'adonnaient à des tontines, mais chacune gère ses activités génératrices de revenu. Les logiques de stéréotypes peuvent fonctionner, mais à condition que la cohésion sociale soit forte. Ainsi, à Dodougou où la cohésion sociale semble assez forte, cette logique a marché. En dépit des problèmes de gestion, d'exploitation et de commercialisation. Par contre à Diéco, les logiques individuelles ont prévalu. Après une saison d'exploitation, le périmètre maraicher a été abandonné.

    3.1.6 :  Renforcement des capacités des populations

    Le renforcement des capacités des organisations est un maillon essentiel du processus d'appropriation et de pérennisation dans une approche de développement communautaire.

    Les objectifs visés par le renforcement des capacités des populations

    A travers ce renforcement de capacités, plusieurs objectifs sont recherchés (Bonnal, 1995) :

    - l'acquisition de compétences nouvelles. La prise de responsabilité par les ruraux ne peut s'opérer de façon efficace et durable que si elle s'accompagne d'un transfert de compétences. Cela suppose notamment un accès accru à une information diversifiée, véhiculée par des canaux multiples et des efforts considérables et suivis en matière de formation (appui à la réflexion collective, formation et conseil technique et en gestion, alphabétisation, etc.)

    - La durabilité sociale. Elle suppose que les actions de développement permettent (ou accélèrent) une recomposition sociale qui intègre l'héritage historique, social et culturel. Il ne s'agit pas de retour à un ordre ancien, mais de l'élaboration, par la société locale, de règles nouvelles nécessaires pour répondre aux défis auxquels elle est confrontée et qui se situent dans la continuité historique et socioculturelle. Elle peut être appréciée à partir de l'émergence de mécanismes explicites de décision, de gestion, de concertation, d'évaluation et de contrôle, qui fonctionnent sans appuis extérieurs permanents et qui sont reconnus par tous.

    - La durabilité institutionnelle. Elle suppose l'adaptation d'institutions existantes ou la création de nouvelles institutions (à l'échelon villageois) qui puissent garantir (en termes par exemple juridiques) les acquis obtenus à la faveur des projets dans les domaines par exemple de la concertation entre acteurs de développement, du contrôle (selon des modalités concertées), de la sécurité foncière, etc.

    L'approche participative permet en principe d'atteindre ces objectifs en prenant en compte les savoirs populaires et en prêtant attention aux processus d'évaluation et d'appropriation des connaissances transmises. Mais dans la pratique, le renforcement des capacités même mené selon une approche participative, engendre des problèmes et connait des limites.

    Les risques liés au renforcement des capacités dans une approche participative

    Comme le montre Bonnal (1995), lorsque le projet crée délibérément, pour être efficace, de nouvelles formes d'organisations qui se superposent aux formes d'organisations traditionnelles, il risque d'écarter des groupes ou catégories de personnes de la société, et de déstabiliser ainsi les stratégies de fonctionnement endogènes, rompant les liens traditionnels qui unissent des groupes et sous-groupes de la communauté. Le projet porteur de modèles préétablis risque de se tromper sur la représentativité des groupements qu'ils créent, et ceux-ci ne sont parfois qu'une façade de circonstance composée des plus opportunistes ou des représentants de la famille dirigeante.

    Dans tous les cas, la logique du projet renforce la position des personnes choisies pour composer les organes de planification et de gestion. Il se crée ainsi dans les villages d'intervention des "élites" paysannes nouvelles appelés le plus souvent animateur villageois. La rareté des ressources humaines au niveau village, fait d'eux de véritables chargés de dossier `'développement villageois'' ou de véritables "courtiers de développement" (Olivier de Sardan et Bierschenk 1993). Ils deviennent des personnes incontournables. Dans ces conditions, la fonction d'animateur rural tend à devenir une véritable profession (Gaye 1987, Jacob 1991 in Bonnal, 1995).

    En matière de renforcement des capacités, la grande limite des projets de développement exécutés par les courtiers locaux de développement ONG est leur non emprise sur la durée des contrats avec les partenaires financiers. Un projet est toujours censé apporté une innovation. Selon Schumpeter, repris par Lavigne Delville (2004), l'innovation est une combinaison nouvelle des facteurs de production. Est innovation, dans une région donnée ou une exploitation donnée, toute nouvelle pratique impliquant une combinaison nouvelle de facteurs. Les innovations peuvent être techniques et / ou organisationnelles. Il y a souvent des liens étroits entre les deux types d'innovation. Ainsi, l'innovation technique entraîne des recompositions de l'organisation familiale ou villageoise. Les changements organisationnels sont apportés pour permettre la viabilité de l'innovation technique. Dans les deux cas, les innovations entrainent au niveau des villages d'intervention des confrontations entre courtiers locaux et populations. Les courtiers locaux doivent oeuvrer à une adaptation des technologies aux conditions économiques et sociales des populations. Cela suppose une bonne connaissance des pratiques sociales, économiques et culturelles des populations par les courtiers locaux.

    C'est là une tâche très difficile pour plusieurs raisons. La photo qu'ont les courtiers locaux du développement des pratiques sociales au contact d'un projet est en faite fortement biaisée compte tenu des enjeux dont le projet est porteur. D'un autre coté, ces réorganisations demandent du temps et des appuis matériels, financiers, méthodologiques, en formation, etc. sont nécessaires pour que les différents groupes sociaux acceptent de s'engager dans un programme d'action qui s'inscrit dans le moyen et long terme, mais qui doit, dès le départ, s'atteler à la satisfaction des attentes immédiates.

    De plus en plus, ce dont les courtiers locaux du développement disposent le moins c'est justement du temps. Beaucoup de projets mis en oeuvre par les courtiers locaux du développement ont une durée de vie très courte. Les contrats entre les partenaires financiers du Nord (ou leurs représentations situées au Sud) sont annuels souvent même moins d'une année, pour une grande majorité d'ONG nationales. Même lorsque ces contrats doivent être reconduits, c'est après plusieurs mois de rupture. Par ailleurs, bien de projets planifiés sur plusieurs années (3 à 5 ans) sont brusquement interrompus au bout d'une ou deux années pour rupture de financement. A ce sujet évoquons le cas de nos deux périmètres maraîchers. Ces deux projets étaient prévus pour une durée de trente mois. Les deux projets ont finalement pris fin au bout de deux années pour rupture de financement. Du coup, les activités de renforcement devant faciliter l'appropriation et la pérennisation n'ont pu être menées à bout.

    Dans un tel contexte de précarité, les courtiers locaux du développement ne disposent plus d'assez de temps d'observation pour faire la part entre les situations circonstancielles et les tendances plus profondes au sein des sociétés cibles et de poser les bases nécessaires permettant aux populations d'assurer la révèle. Ainsi, même en adoptant une approche participative dans la mise en oeuvre d'un projet, l'appropriation et la pérennisation se trouvent fortement hypothéquées.

    Participation communautaire

    Les spécialistes du développement ont tous un penchant pour le concept de participation. Selon IRAM (2003) la participation est devenue un thème récurrent du développement. Il a été repris par de nombreux intervenants de l'aide au développement et souvent caricaturé par les effets de mode au niveau des bailleurs de fonds, des gouvernements des pays du Sud ou des ONG.

    `'Notre approche est participative'', `'une approche participative qui responsabilise les populations pauvres et leur permet d'établir elles-mêmes les priorités d'investissements. On constate même que, lorsque les organisations communautaires ont la responsabilité de la conception, de l'exécution, et de l'évaluation de la mise en exécution d'un projet, le coût des programmes est moins élevé et les résultats durent plus longtemps'' (Banque Mondiale 2000).

    Pour Doligez (2003), la participation permet d'avoir une intervention plus « efficace », parce qu'elle part des « besoins exprimés » et non des idées préconçues de « développeurs », parce qu'elle corrige l'actions en fonction des opinions parce qu'elle informe correctement les populations et évite les rumeurs''.

    Le Fonds de Développement Social (FDS) doit s'intégré par définition dans une structure et une logique de développement communautaire. Il s'agit pour le FDS de tabler sur les associations villageoises afin que celles-ci participent à l'initiative, la préparation, la mise en oeuvre, ainsi qu'au suivi et à l'évaluation des actions de développement qu'elles veulent promouvoir. Comme le FDS intervient principalement au niveau local, c'est-à-dire des villages et des communes, la participation et la responsabilisation des bénéficiaires, en vue de l'appropriation par eux des initiatives mises en oeuvre, sont déterminantes pour assurer la réussite de ses interventions'' (Projet Réduction de la Pauvreté 2001).

    Le terme participation est devenu le leitmotiv dans le vocabulaire des `'développeurs'', plus d'ailleurs, puisqu'il sert d'appât pour attirer les financements. Il est devenue un véritable effet de mode, il reste omniprésent dans de nombreux projets et démarches d'interventions locales (enquêtes rapides participatives, type MARP) et approches de développement sans référence à des objectifs et des principes d'actions définis et rigoureux (Doligez 2003). De fait, la participation s'est transformée en une notion floue et ambiguë à plus d'un titre et il est important de voir comment elle rentre dans les pratiques. La question qui apparait en filigrane est de savoir si la participation communautaire garantie la pérennisation des projets de développement.

    3.1.7 : Les avantages de la participation communautaire

    Dans le cadre de la mise en oeuvre des projets de développement communautaire, la participation se ramène essentiellement à :

    - La participation matérielle aux travaux : apport de matériaux de construction disponibles dans le village (sable, gravier, moellon, eau)

    - La participation physique : investissement humain aux travaux 

    - La participation financière : contribution financière au coût du projet.

    - La participation à l'élaboration du projet, à la prise de décision et à l'évaluation.

    La participation communautaire est transversale et doit être permise à toutes les étapes du cycle du projet (identification du projet, instruction, financement, exécution, suivi et évaluation). L'effectivité de cette participation permet aux populations d'avoir un pouvoir d'initiative et de décision dans la définition et la mise en oeuvre des actions et programmes qui concernent leur propre avenir. Cette responsabilisation effective et durable des producteurs dans la définition et la mise en oeuvre d'actions de développement accroît les chances d'une réflexion endogène sur les modes de mise en valeur du milieu. Cela signifie que les intervenants extérieurs et les Etats reconnaissent les communautés villageoises comme des acteurs du développement, des partenaires à part entière et non comme les cibles d'un projet extérieur ou les moyens de mettre en oeuvre des décisions prises sans eux (Bonnal 1995).

    Il n'y a donc de participation populaire que si s'instaure une relation de partenariat, des rapports contractuels, entre la population concernée par un programme d'action et les autres acteurs. Cela suppose que le programme s'appuie sur un diagnostic concerté et que ses orientations prennent en compte les aspirations, les objectifs et les contraintes des différentes parties. Une intervention n'est donc participative que si elle résulte de compromis, explicites et négociés, entre les intérêts des différents acteurs.

    Mais comment avoir justement cette garantie d'application parfaite de la méthode lorsqu'on ne maîtrise pas les réalités socioculturelles dans un village, compte tenu des impératives de temps ? Comme le rapporte un adage malien : `'L'étranger a de gros yeux, mais ne voit rien''

    3.1.8 : Les limites de la participation communautaire

    La participation communautaire dans une approche participative constitue une atteinte aux normes préétablies, notamment la structuration sociale. En arrivant au niveau des populations, le projet est déjà construit et possède une logique qu'il tentera toujours d'imposer aux populations même si c'est d'une façon subtile.

    Par ailleurs, l'existence d'un pouvoir villageois fragilisé ne garantie pas toujours l'application des décisions prises. Les groupes et les individus exclus de la prise de décision peuvent en effet ne s'y soumettre que de mauvais gré et contourner les règles édictées Cette situation explique en grande partie le rejet du périmètre de Diéco. Un des objectifs de tout projet de développement est l'amélioration des conditions de travail des bénéficiaires. Il fallait en effet éviter aux exploitantes de parcourir une trop grande distance. C'est pourquoi, dans les deux villages, les points d'implantation se situent à moins de 200 mètres du village. Ce niveau fait apparaître beaucoup de compromis et de relations de pouvoir. Le cas du village de Diéco est assez éloquent où le site prévu à moins de 200 m, s'est finalement retrouvé à 1 km du village. Aujourd'hui, la première raison de non exploitation du périmètre maraîcher avancée par la population est son éloignement du village.

    Chapitre 4: Conclusion

    Une étude sur la problématique de la pérennisation des projets de développement met en confrontation deux logiques : les pratiques sociales et la logique de projet avec comme passerelle possible la participation. Ainsi,

    a) Les pratiques paysannes obéissent à des logiques rationnelles. les comportements des populations paysannes face aux projets de développement manifestent leur capacité de prendre des décisions cohérentes en fonctions d'objectifs et de contraintes qui leur sont propres, tant dans le domaine de la production que dans ceux de la reproduction sociale, politique, identitaire.

    b) Les sociétés paysannes ne sont pas des groupes unis, solidaires et collectivistes, comme le veut une certaine pensée. L'idée d'utilisation collective des projets comme biens communs doit être relativisée.

    c) La notion de "développement", telle que l'entendent les projets de développement, est dotée d'une connotation économique qui ne s'inscrit pas forcement dans la logique de développement des populations locales.

    d) Les projets de développement se caractérisent de plus en plus par une certaine lourdeur, des objectifs et des moyens prédéfinis qui les rendent peu adaptés aux contextes locaux, insuffisamment flexibles et incontrôlables par les populations bénéficiaires. Ce qui ne favorise pas leur pérennisation.

    e) Les approches participatives `'favorisent l'implication'' des populations bénéficiaires et permettent à celles-ci d'avoir un pouvoir d'initiative et de décision (qu'il faut tout de même relativiser) dans la définition et la mise en oeuvre des actions et programmes qui concernent leur propre avenir.

    f) Elles contribuent tout de même à transformer les normes sociales. Les stratégies de réorganisation des sociétés bénéficiaires favorisent la création de nouvelles formes d'organisations qui se superposent aux formes d'organisations traditionnelles. Il se pose des risques de disfonctionnement et même de représentativité des groupements crées.

    En partant des constats ci-dessus, trois problèmes fondamentaux à notre avis, entravent la pérennisation des projets de développement dans une approche participative. Ces problèmes se situent à trois niveaux :

    · La définition de l'action prioritaire à mettre en oeuvre. Même avec une approche participative, elle se fait avec beaucoup de biais qui sont dus au poids des ONG et à la faiblesse relative de la population paysanne pendant cet exercice. Par courtoisie ou ruse, les populations acceptent n'importe quel projet, même s'il ne constitue pas directement une préoccupation, sans que le courtier local, très imbu de son approche participative et qui est présent dans le village depuis un ou deux jours, ne s'aperçoive de la `'supercherie''. Ce qui est important aux yeux des populations paysannes, c'est moins leur participation, que le calcul de ne pas laisser filer entre leur main l'opportunité que représente un projet.

    · La précarité des projets de développement. Il s'agit de la dépendance complète des courtiers locaux aux partenaires financiers du Nord. Dans la mise en oeuvre des projets de développement, les deux brandissent la participation des populations comme garante de leur pérennisation. Mais sur le terrain, cette pérennisation est prise en otage par les durées courtes des contrats entre le courtier local et son financeur du Nord, les longues périodes de rupture entre deux contrats, les arrêts brusques des projets pour manque de financement.

    · La non prise en compte des logiques paysannes. C'est toujours un projet déjà construit qui parvient aux populations. Le projet vient avec sa logique qu'il superpose sur les logiques paysannes. Les innovations techniques et / ou organisationnelles apportées par le projet ne s'inspirent pas des pratiques sociales. Elles contribuent même dans certain cas à transformer les normes sociales préétablies, semant ainsi les bases de conflits latents.

    A cet égard, l'approche participative est un outil de travail et doit être considéré comme tel. Elle implique certes, les populations bénéficiaires dans le choix des actions qui les concernent. Cependant, elle ne doit pas être vue comme une sorte de baguette magique dont l'utilisation entrainerait ipso facto l'appropriation et la pérennisation des projets de développement. Celles-ci dépendent dans une large mesure de la prise en compte des logiques communautaires. Ces logiques dans la plupart des cas sont confrontées aux logiques de projet qui réfléchissent essentiellement en terme de `'cadre logique''. La grande interrogation est de savoir si dans un contexte de professionnalisation et de privatisation du développement, l'appropriation et la pérennisation des projets de développement telles que prêchées par les courtiers du développement sont réellement voulues par eux.

    Références bibliographiques

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    GORJESTANI, N. : Les savoirs locaux au service du développement. Promesses et défis. Communication présentée à la conférence de la CNUCED sur les connaissances traditionnelles à Genève le 1er novembre 2000.

    PROJET DE REDUCTION DE LA PAUVRETE : Manuel des opérations et des procédures, juin 2001

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    Chapitre 5: Annexes






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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King