WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse de l'impact de la gestion actuelle de prunus africana au Cameroun (région du sud-ouest Cameroun)

( Télécharger le fichier original )
par Sandrine YANKAM SAMAKEU
Université de Kinshasa RDC - Diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS ) en aménagement et gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux. 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE

1.1. Contexte et problématique

Les forêts du Cameroun sont une composante importante du bloc forestier du Bassin du Congo avec environ 20 millions d'hectares (MINFOF et al., 2007). Selon WCMC (2000), le Cameroun renferme près de 8260 espèces de plantes vasculaires dont environ 150 sont endémiques. C'est le deuxième pays d'Afrique Centrale qui possède plusieurs espèces végétales après la République Démocratique du Congo (Awono et Manirakiza, 2007).

De plus, les ressources forestières du Cameroun revêtent une valeur économique non négligeable. Le bois d'oeuvre représente la deuxième ressource d'exportation du pays (30 %), après le pétrole (60 %) (Awono et al., 2008). Les essences commerciales les plus prisées sont : l'Ayous (Triplochiton scleroxylon), le Sapelli (Entandophragma cylindricum), l'Azobé (Lophira alata), l'Iroko (Milicia excelsa), l'Aiélé (Canarium schweinfurthii), le Moabi (Baillonella toxisperma), le Bilinga (Nauclea diderrichii), le Sipo (Entandophragma utile), l'Eyong (Eribroma oblonga), l'Afromosia (Pericopsis elata), l'Acajou (Khaya ivorensis), etc (Laird, non daté).

Depuis longtemps, l'exploitation du bois d'oeuvre est considérée comme la seule source des revenus issus de la forêt (Toirambé, 2007). Les acteurs de la forêt n'accordent aucune importance aux Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL). Pour ceux-ci, l'exploitation forestière ne concerne que le bois d'oeuvre. Ils considèrent les PFNL comme second produit n'ayant aucun intérêt alors que ces ressources naturelles jouent un rôle très important dans l'amélioration des conditions de vie en milieu rural (Loubelo, 2012). Dans les grandes zones de production du Cameroun, ces produits apportent le bien-être à près de 30 000 personnes directement impliquées dans la filière et plus de 250 000 personnes de façon indirecte (Endong, 2011). Actuellement au Cameroun comme dans d'autres pays du Monde, les produits forestiers autres que le bois d'oeuvre ont acquis une importance considérable (Awono et al., 2008). Ils ont multiples usages : aliments, décoration, médicaments, bois de chauffe, bois de service, etc.

Parmi les produits forestiers non ligneux à usage médicinal au Cameroun, on a : le Stoolwood (Alstonia boonei), le Moabi (Baillonella toxisperma), Movingui (Ditronconanhus benthamianus), le P. africana, etc (Laird, non daté). Pour certaines plantes, en plus des feuilles, des graines et des racines, l'écorce est également utilisée dans le traitement des maladies. C'est le cas du Prunus africana, qui est une espèce arborescente de la famille des Rosaceae (Walter et Rakotonirina, 1995), utilisée dans le traitement des troubles de la prostate (Tasse, 2006 ; Njamnshi et Ekati, 2008). C'est une espèce endémique aux forêts afro-montagnardes d'Afrique et de Madagascar. Au Cameroun, l'espèce se retrouve dans six des dix Régions : Sud-ouest, Nord-ouest, Ouest, Littoral, Centre et Adamaoua (Tasse, 2006).

Compte tenu de son importance économique, le Cameroun s'est investi dans son exploitation. Depuis 1972, il est le plus grand fournisseur de l'écorce de P africana du Monde (Njamnshi et Ekati, 2008). Sa production représente les 2/3 du marché mondial et provient essentiellement du Mont Cameroun (Tassé, 2006). L'exploitation était dominée par Plantecam Medicam qui était le seul exportateur de l'écorce jusqu'en 1985 (Njamnshi et Ekati, 2008). En 1985, une cinquantaine de permis d'exploitation a été accordée aux entreprises camerounaises (Walter et Rakotonirina, 1995). Ce qui a favorisé une pression sur la ressource. En plus de la pression, les mauvaises pratiques d'écorçages ont été à la base de la destruction des arbres (Belinga, 2011).

En 1991, le Gouvernement camerounais a suspendu temporairement l'exploitation de P. africana à tous les détenteurs de permis sauf à Plantecam (Ondigui, 2001 ; Ingram et al, 2009). En 1993, le Gouvernement accorde des licences d'exportation à trois compagnies camerounaises comprenant : Plantecam, AFRIMED et CEXPRO (Tasse, 2006) et l'autorisation d'exploitation sur le Mont Cameroun à plusieurs entrepreneurs (Moulendé et al., 2010). Le but était de stimuler l'industrie. Mais il a plutôt encouragé une surexploitation de l'écorce (Cunningham et Mbenkum, 1993). Entre 1994 et 1996, au moins 900 tonnes d'écorce avaient été récoltées illégalement aux alentours du Mont Cameroun (Tassé, 2006). Cependant, les techniques d'écorçage n'étaient pas durables. Certaines mauvaises pratiques telles que l'abattage des arbres ou le décapage total de l'écorce de la tige principale aux petites branches, étaient exercées dans la forêt (Tonye et al., 2000). Ce qui a entrainé des mesures préventives sur le plan international. En 1995, l'espèce a été inscrite à l'annexe II de la Convention sur le Commerce International des Espèces de la Flore et de Faune sauvages menacées d'extinction (CITES) (Tonye et al., 2000 ; Belinga, 2011).

Suite à ces irrégularités, une conférence fut organisée par la CITES en Septembre 2008 à Lima au Pérou dans l'optique de statuer sur les méthodes de gestion de P. africana des pays exportateurs. Au cours de cette conférence, il a été demandé à certains Etats à l'instar du Cameroun de considérer volontairement un quota d'exportation zéro avant le 31 décembre. De façon qu'ils aient plus de temps de dresser l'inventaire et d'élaborer le plan de gestion. Sinon un embargo sur le commerce serait prononcé à l'égard de ces pays (Ingram et al, 2009). Entre-temps, cette insuffisance constatée dans sa gestion au Cameroun a conduit l'Union européenne (EU) à suspendre les exportations du Cameroun en 2007 (Belinga, 2011). La suspension des exportations de P. africana en provenance du Cameroun dans les pays de l'UE a affecté l'économie des acteurs qui dépendent de la vente de ce produit (Awono et al., 2008). Conscient de ces lacunes et soucieux des acteurs de la filière, le Cameroun a pris des dispositions pour assurer la gestion durable de cette espèce. Dans l'optique de relancer la filière, le Gouvernement Camerounais a sollicité l'appui de l'Organisation Internationale des Bois Tropicaux (OIBT) et de la CITES dans le cadre du projet « Avis de Commerce Non Préjudiciable sur P. africana ». Ce projet vise à s'assurer que le commerce international des espèces floristiques listées en annexe II de la CITES n'est pas préjudiciable à leur conservation (Akoa et al., 2010).

En 2010, la suspension fut levée. C'est ainsi que les plannings d'exploitation de P. africana ont commencé à être conçus. Dans la Région du Sud-ouest, le plan simple de gestion a été élaboré et l'unité d'exploitation du Mont Cameroun a été divisée en cinq blocs d'aménagement. Les inventaires d'exploitation ont été réalisés en septembre 2012 dans le premier bloc. En juillet 2012, l'exploitation de P. africana au Mont Cameroun plus précisément dans le bloc I d'aménagement démarrait. Depuis le début des activités, trois récoltes ont déjà été réalisées dans ce bloc d'aménagement. La présente étude s'inscrit dans la logique d'évaluer la durabilité de la gestion actuelle de P. africana au Mont Cameroun.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway