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Les relations entre la république démocratique du Congo et ses voisins après l'avènement de l'AFDL ( Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo). Contraintes des enjeux géostratégiques et recherche d'une paix durable

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par Fulgence ALITRI TANDEMA
Université de Kinshasa RDC - Diplôme d'études approfondies en droits de l'homme, Option: prévention, médiation et gestion des conflits 2005
  

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§2. Les ambitions du Président Mobutu

Mobutu devient président du Congo par le coup d'Etat du 24 novembre 1965. Malgré les contraintes de la guerre froide, le Président Mobutu jouissait aussi de ses ambitions personnelles, de ses prestiges en tant que chef de l'Etat. Dès son arrivée au pouvoir, Mobutu met donc en place, avec ses différents alliés, des méthodes qui le serviront jusqu'à la fin de sa carrière : il met l'accent sur l'importance économique, stratégique, géopolitique de son pays, et se présente comme un garant face aux risques de chaos ou de dérapage. Surtout, il développe un réseau d'amitiés avec des hommes qui, sans apparaître au premier plan, joueront des rôles clés et en seront dûment récompensés.74(*)

Assuré des soutiens de ses amis occidentaux dont il défend les intérêts, Mobutu se nourrit des ambitions de grands hommes d'Etat. Dans son article sur la politique étrangère du Congo, Olivier Lanotte souligne : « Le Président Mobutu avait l'ambition de devenir, à l'image de Patrice Lumumba dans les années 1959-1960, leader numéro un de l'Afrique subsaharienne75(*). La réussite de cette ambition se fait d'abord par la solidification de son pouvoir.

§3. Pouvoir nouveau, pouvoir fort

Conscient de ce que représente son pouvoir, Mobutu devait avoir un modèle dont les idées lui permettaient d'asseoir son pouvoir : la lecture du `Le Prince' de Machiavel. Mobutu à son début avait lu et a continué à le lire comme livre d'inspiration : « [...] Mobutu lit et relit Le Prince de Machiavel, son ouvrage favori ».76(*) En effet, la théorie politique de Machiavel se base sur la conservation du pouvoir, cette théorie est fondée sur la ruse du Prince.

Ainsi, parmi ses premiers objectifs, le Président Mobutu va très vite s'attacher à se prémunir contre toute menace d'entrave à sa liberté d'action en instaurant un régime d'exception, procédure extra-constitutionnelle qui échappe à tout contrôle et supprime l'ordre constitutionnel sur lequel étaient fondées les institutions nationales, notamment parlementaire.77(*)

Durant la guerre froide, la tension Est-Ouest générait le clientélisme. Dans la majorité des cas, l'ancien colonisateur jouait, après l'indépendance de ses anciennes colonies, le rôle de tuteur relativement bienveillant. Entraînant les cadres de son armée, formant ceux des administrations d'Etat, protégeant les groupes dirigeants avec les quels il a conclu un pacte d'alliance, l'ancien colonisateur était le garant du maintien du jeune Etat indépendant dans la bonne sphère d'influence.78(*)

Avec la bénédiction de ses alliés, Mobutu consolide son pouvoir en vrai dictateur. Le 26 octobre 1966, prétextant que la multiplicité des organes de décision, au niveau de l'exécutif, est un facteur de lenteur et de lourdeur dans la tâche de reconstruction nationale, tandis que le monocéphalisme de l'exécutif sera mieux, à même de canaliser , de stimuler et de bander les énergies afin de permettre au nouveau régime d'atteindre des objectifs dans les délais fixés, le Président Mobutu supprime la fonction du premier ministre et engage le Congo dans la voie du système présidentiel pur.

La voie étant libre, sans résistance, le Président Mobutu concentre alors tous les pouvoirs entre ses mains. Il est Chef de l'Etat, Chef du gouvernement et ministre de la défense, et conserve la direction de la Sûreté nationale.

Pour gouverner, désormais, il dispose d'un secrétariat général, d'un Haut commissariat à l'Information et d'un gouvernement où les ministres politiciens seront rapidement remplacés par les jeunes technocrates dépourvus de toute assise populaire et dont la loyauté lui est assurée.79(*)

Dès lors, il faudrait monter une structure qui puisse permettre au Président de mettre tous les Congolais à son pouvoir afin de bien les contrôler. Il faudrait penser à créer un parti politique unique. Ainsi, dernière étape de ce processus de verrouillage des institutions congolaises est la création le 20 mai 1967 du parti unique, le Mouvement Populaire de la Révolution, qui devient rapidement la doublure de l'Etat. Instrument de l'oppression populaire, le M.P.R. deviendra un parti Etat jusqu'en 1990, à la fin de la guerre froide.

Le 1er novembre 1970, le général Mobutu qui vient d'avoir 40 ans, il organise les élections présidentielles. Il est élu Président de la République après avoir occupé le poste pendant cinq ans. Il concentre alors tous les pouvoirs entre ses mains : Président du M.P.R., et donc Président de droit de la République, Chef du gouvernement et ministre de la Défense nationale.80(*) La conduite de la politique étrangère du Congo demeure le domaine réservé du Président avec comme conséquences : le gouvernement demeure cantonné aux fonctions subalternes purement exécutives voire symboliques. Ainsi tous les moyens sont à sa disposition pour servir les intérêts de ses alliés et ses propres ambitions.

Ainsi, la géostratégie de la guerre froide contribuait sans coup férir à l'instauration de l'autoritarisme comme système politique en Afrique. Un système politique à la solde de deux superpuissances, un frein pour le développement de l'Afrique.

* 74Colette BRAECKMAN, op.cit.

* 75Olivier LANOTTE, op.cit.

* 76Olivier LANOTTE, op.cit.

* 77Idem

* 78Idem

* 79Olivier LANOTTE, op. cit.

* 80Idem

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