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Le commerce de la rue et l'occupation des espaces publics à  Lomé. Cas des trottoirs

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par Komla Dzidzinyo GBETANOU
Université de Lomé - Togo - Maitrise en sociologie 2010
  

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1.2. PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE

Depuis environ trente ans, les pays du tiers monde ont dû faire face à une urbanisation accélérée. Un nombre grandissant de migrants s'est retrouvé dans les villes, face à un développement capitaliste niant les réalités socio-économiques locales. Les pays du tiers monde sont confrontés à une crise socio-économique qui engendre des difficultés économiques et sociales.

Le développement des pays africains s'est posé ainsi en termes d'urgence : besoins pressants de croissance économique, modernisation de la production, modernisation des infrastructures routières et équipements socio collectifs. Ainsi, les États et les industries des pays du tiers monde n'ont pas été en mesure de créer suffisamment d'emplois. L'insuccès de l'industrialisation à l'occidentale dans les pays d'Afrique a conduit, depuis leur indépendance, les États à un laisser aller en matière de développement économique.

Sans protection contre le chômage, les sociétés du tiers monde ont alors fait preuve d'une impressionnante capacité de créativité pour s'adapter à cette réalité. L'économie informelle5(*), bien que dans une moins large proportion, est aussi présente dans les pays occidentaux industrialisés. Toutefois, en Afrique, elle prend une forme particulière.

Faute d'adopter cette attitude prospective, l'urbanisation a été mal conduite et laissée presque à la loi de l'installation humaine à qui mieux, sans considération de la planification urbaine6(*) tout comme le phénomène de l'occupation des trottoirs. Dans plusieurs capitales, la crise urbaine7(*) est inéluctable. Elle est déjà la crise de l'État8(*), et celui-ci, dans l'incapacité d'apporter des solutions aux problèmes de gestion des espaces publics et des infrastructures de base, d'accompagner financièrement l'urbanisation galopante et mal maîtrisée fait comme si l'Etat est inexistant. Bien que l'Afrique soit parmi les régions du globe les moins urbanisées, la croissance spectaculaire de sa population urbaine et spécialement des grandes villes, apparaît excessive et préoccupante, eu égard aux problèmes directs que posent ce phénomène qui a pris de l'ampleur : l'occupation des trottoirs. Ainsi, le débat sur l'espace public et son occupation spontanée et illégale dans les villes d'Afrique tropicale pose le problème particulier de gestion de l'espace urbain dans un contexte plus général de celui d'une urbanisation rapide et mal maîtrisée par l'ensemble des acteurs du développement urbain (Le Bris, Giannitrapani, 1991). L'espace public n'est public que s'il est ouvert et accessible à tout le monde. Il est affecté à plusieurs fonctions et usages communs aux citadins. C'est un espace de rencontre, d'échange, de communication et de socialisation à l'image de la ville (Grafmeyer, 2004). L'espace public est donc un espace plurifonctionnel, destiné à des usages multiples pour l'épanouissement individuel et collectif des citoyens d'une ville.

Leur rôle est si important dans les villes que durant les  luttes urbaines des années 1960 et1970 en France, en réaction au déficit d'urbanité résultant de l'urbanisme fonctionnel qui a présidé à l'organisation de la ville industrielle,  l'insuffisance en espaces publics faisait l'objet des mouvements de revendication et de protestation au même titre que la gestion technocratique et affairiste de la transformation urbaine. Les rénovations qui exilent brutalement les populations d'un quartier central pour y installer des bureaux, l'absence d'équipements collectifs dans les nouveaux ensembles, les tarifs trop élevés des transports, et quantité d'autres problèmes concernant ce que l'on commence à appeler le cadre de vie, sont d'autres réalités.

Au Togo, tout comme dans les autres pays d'Afrique où les espaces publics sont depuis longtemps occupés et détournés de leur objectif premier, le cas de la ville de Lomé reste relativement notoire avec ses grands carrefours densément occupés par une population venue de divers horizons. En effet, Lomé est confronté à un flux d'individus venus de tous les horizons, qui occupent les trottoirs et autres espaces publics.

Pour gérer l'informel, la commune dispose de plusieurs services : les services techniques qui interviennent et donnent un avis sur l'opportunité ou non d'installer une ou des activités sur une parcelle d'espace public ; les services financiers, qui sont de véritables interlocuteurs des activités informelles, assurent leur recensement et leur taxation. Il faut donc reconnaître que les usages et les fonctions auxquels ces espaces étaient au départ destinés sont détournés à d'autres fins, fins que la municipalité cautionne en les considérant comme source de rentabilité pour leur caisse laissant croire que ces occupations sont légales.

C'est dans cette perspective que depuis le courant du mois de Juillet-Aout 2010, la municipalité avec l'appui des forces de l'ordre a pris de nouvelles dispositions en organisant des opérations de déguerpissement des occupants des emprises de la voie et des espaces publics en général et des trottoirs en particulier. Si de telles mesures sont prises aujourd'hui, c'est parce qu'il y a des problèmes.

En effet, une simple observation laisse voir que les espaces publics en général, les trottoirs en particulier, et même les emprises de certaines voies sont occupés pour de multiples activités.

Ainsi comment se pose le problème de l'occupation des trottoirs à Lomé ?

Les marchés ont longtemps constitué un haut lieu de la géographie urbaine africaniste et des paysages de ces villes. De ce fait, à part Déckon et Ramco, le marché d'Adawlato dont les abords nous intéressent aussi est un symbole important du dynamisme commercial, voire de l'urbanité de la capitale togolaise. Mais, ce grand marché apparaît de moins en moins aujourd'hui comme un bâtiment et de plus en plus comme un quartier : le commerce de la rue prend de l'importance sur le commerce de marché. Ainsi, autour de ce grand marché, l'affluence est forte non seulement dans les boutiques mais aussi sur les trottoirs préalablement destinés aux piétons et sur la chaussée réservée aux automobiles.

La question de l'occupation des espaces publics implique directement pour ceux qui s'y intéressent un lien entre espace public d'une part, et « citadinité » et « urbanité » d'autre part. Quelles sont les causes et conséquences de l'occupation des trottoirs par les commerçants ?

* 5«  L'économie informelle pourrait être pour les citoyens une manière de survivre en conciliant deux réalités : la nécessité économique et la réalité sociale. Bien que l'économie informelle soit une forme d'économie plus sociale qu'économique adaptée à la réalité africaine, elle demeure une économie de survie dans un contexte de crise ou se trouve actuellement le continent africain. L'économie informelle serait donc un phénomène à la fois structurel et conjoncturel » (Marchand, 2005 : 9).

* 6Grafmeyer (2004 : 104), c'est l'ensemble des démarches que les collectivités publiques mettent en oeuvre pour exercer un contrôle sur la configuration des espaces urbains, sur leurs usages, et plus largement sur le devenir des villes.

* 7 La crise urbaine désigne les dysfonctionnements des villes comme les problèmes de transport, la ségrégation socio spatiale ou les problèmes de surpopulation et de logement. En effet, la pauvreté aggrave les conséquences de la crise urbaine selon une logique cyclique qu'il faudra analyser

* 8 La crise de l'Etat équivaut à un Etat démissionnaire. Il n'arrive plus à assumer ses responsabilités comme cela se doit. Mieux l'Etat à manquer valablement à son rôle de contrôle et de coordination des mécanismes de l'urbanisation.

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