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Effets des incendies de forêts sur la séquestration du carbone et la minéralisation de l'azote, et la typologie des sols dans les écosystèmes forestiers du rif centro-occidental

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par Collins Orlando
Ecole Nationale Forestière d'Ingénieurs (Maroc) - Diplôme d'Ingénieur des Eaux et Forêts 2015
  

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Les incendies de forêts représentent des facteurs de perturbation majeurs pour les différentes composantes des écosystèmes terrestres y compris le sol. Les diverses évolutions survenant sur les propriétés du sol après le passage des incendies peuvent avoir des implications importantes sur plusieurs processus critiques tels que les cycles hydrologiques et biogéochimiques, et par conséquent la dynamique à long terme des écosystèmes forestiers (DeBano et al., 1998 ; Neary et al., 1999 ; Certini, 2005). L'on distingue deux catégories de base pour les feux de forêts : les feux contrôlés et les incendies proprement dits. Les feux contrôlés constituent des pratiques courantes d'aménagement effectuées souvent pour réduire les niveaux de combustibles afin d'éviter le déclenchement des incendies de forêts. Quant aux incendies, ils sont des feux non maitrisés en forêts qui sont dus à l'origine soit naturelle soit anthropique, et qui se distinguent généralement des feux contrôlés par leurs températures très élevées de combustion (DeBano et al., 1998).

Les feux de forêts résultent, à tout le moins, à une redistribution majeure de nutriments parmi les différentes composantes des écosystèmes et dans le cas de certains éléments, des pertes et/ou transferts importants des sites incendiés peuvent avoir lieu lors de (ou après) la combustion (Grier, 1975; DeBano et al., 1979; Chandler et al., 1983; entre autres). Leur rôle dans la dégradation des écosystèmes forestiers est bien attesté et se caractérise par la destruction de la végétation conduisant de plus en plus aux pertes des sols et d'éléments nutritifs par lessivage et érosion (Chandler et al., 1983). Les effets des feux sur les propriétés (chimiques, physiques, biologiques) des sols forestiers varient selon de nombreux facteurs tels que l'intensité et la durée de l'incendie, le type de sol, l'humidité du sol au moment de l'incendie, et la durée et l'intensité des événements après le feu comme les précipitations.

Une attention particulière a été accordée aux pools de N ainsi que sa dynamique à l'égard des feux car le N limite souvent la productivité primaire dans les écosystèmes naturels. Grâce à sa basse température de volatilisation (~200 °C), le N est perdu facilement dans l'atmosphère même dans les cas des feux peu fréquents et d'intensité faible à modérée. Cela peut avoir des répercussions importantes sur les pools de N à long terme dans les écosystèmes forestiers. Un phénomène souvent remarqué, après un incendie, est l'augmentation de N inorganique dans les sols (DeBano et al., 1979; Covington et Sacket 1992; Koyama et al., 2010; Caon et al., 2014). La libération de NH4+

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ainsi que la création des conditions favorables dans le sol, conduisant à l'accélération du processus de nitrification, peuvent conduire à la libération et donc la disponibilité des NO3- pour les plantes. Cependant, ce phénomène peut avoir des implications négatives sur les écosystèmes car le surplus de NO3- peut se perdre facilement par lessivage ou érosion du sol qui est accentuée suite aux incendies. Aussi, la minéralisation accélérée n'a pas toujours lieu puisque les incendies qui se déclenchent fréquemment sur les mêmes sites ont tendance à éliminer des quantités importantes de MO, et donc la source de N. Ainsi, le sol devient stérile, un scenario pouvant influer grandement sur la productivité des écosystèmes forestiers.

À côté de N, l'incendie a un impact sur les stocks de C dans les écosystèmes forestiers. En effet, tout feu modifie la quantité et la répartition des pools de C dans le sol forestier (Wells et al., 1979). Ce sont des pools comprenant environ 70 % de stock global de C dans le sol, soit encore 2 - 3 fois le stockage de C par la biomasse forestière (IPCC, 2001). Ainsi, l'étude de l'évolution de la réserve de C dans le sol forestier, y compris les changements dus à des perturbations liées aux feux, revêt une importance particulière pour mieux comprendre le bilan de C dans les écosystèmes forestiers.

Dans le bassin méditerranéen les incendies, qui sont considérés comme étant les facteurs principaux de perturbation des écosystèmes forestiers (Trabaud, 1984; Naveh, 1990, Meddour et al., 2009), sont généralement liés aux facteurs du climat et de la végétation. En effet, le climat méditerranéen, sauf aux dernières semaines d'automne, en hiver et aux premières semaines de printemps, est généralement chaud et sec, ce qui rend le sol et la végétation secs (Naveh, 1990). Lorsque ceci est couplé avec la végétation présentant des caractéristiques d'adaptation à la sécheresse telles que la sclérophyllie (chêne vert), la production des résines (pins), les conditions de déclenchement des feux sont favorisées.

Au Maroc, et plus précisément dans la Province de Chefchaouen, les constats ont été faits sur la forte dégradation des écosystèmes par les activités humaines (déforestation pour la cannabiculture, défrichement, surpâturage etc.). À ces dernières s'ajoutent les feux de forêts qui jouent un rôle aggravant de dégradation de ces écosystèmes forestiers. Ceci accentue les processus d'érosion du sol (un problème déjà troublant), pouvant ainsi contribuer à la perte de sa fertilité dans cette région. La revue de littérature a montré qu'il n'y a pas eu assez d'études orientées dans ce sens d'où la nécessité du présent travail.

Les effets des feux de forêts sur les diverses propriétés du sol sont complexes et varient en fonction de plusieurs facteurs y compris l'intensité, la durée et la fréquence des

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feux, les caractéristiques du site, l'instant d'échantillonnage du sol. Il est donc difficile de prédire l'évolution de ces propriétés après le (les) passage (s) des feux. Ainsi, pour ce travail, les hypothèses formulées, et donc à vérifier, sont que les stocks de C sous les sites brûlés seront inférieurs à ceux des sites témoins (non incendiés) et les concentrations de N inorganique sous les sites incendiés seront supérieures, impliquant ainsi des taux plus élevé de minéralisation de N, à celles des sites témoins.

L'objectif principal de ce travail de recherche est d'améliorer la connaissance sur l'effet des perturbations sur le fonctionnement des cycles biogéochimiques au niveau du sol en tant qu'éléments importants contribuant au maintien de la fertilité du sol forestier. L'étude vise à déterminer les impacts potentiels des incendies sur les propriétés physiques et chimiques des sols dans les écosystèmes forestiers de la région Marocaine du Rif occidental. Il s'agit d'évaluer les effets du feu sur le stockage du C et sur la dynamique de N en tant qu'éléments nutritifs nécessaires pour le bon fonctionnement des écosystèmes forestiers. En effet, ce travail vise à fournir les informations des effets des incendies sur le sol forestier, pour faire face à ce problème en faisant appel aux politiques plus efficaces de gestion des incendies dans les forêts marocaines. Pour ce fait, quelques objectifs spécifiques ont été fixés à savoir :

y' Déterminer les propriétés physicochimiques des échantillons du sol provenant des divers sites échantillonnés ;

y' Classifier les sols des différents sites échantillonnés ;

y' Déterminer les stocks de C contenus dans les échantillons du sol provenant des divers sites échantillonnés ;

y' Déterminer le Nmin (par incubation anaérobie et aérobie), paramètre (cas d'incubation aérobie) qui servira à la modélisation de minéralisation d'azote pour les échantillons du sol provenant des divers sites échantillonnés ;

y' Déterminer et comparer les paramètres de la cinétique de minéralisation de l'azote : azote potentiellement minéralisable (N0), constante de vitesse de minéralisation (k) et temps de demi-vie (t1/2) pour les échantillons du sol provenant des divers sites échantillonnés.

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PREMIERE PARTIE : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE Chapitre 1. Carbone dans les écosystèmes forestiers

1.1. Cycle globale du carbone

Il y a cinq pools globaux de C dont le plus grand est le pool océanique qui est estimé à 38000 GtC et qui augmente à un taux de 2,3 GtC/an. Le pool géologique, comprenant les combustibles fossiles, est estimé à 4130 GtC, dont 85 % est le charbon, 5,5 % du pétrole et 3,3 % du gaz. Le troisième plus grand est le pool pédologique qui est estimé à 2500 GtC à 1 m de profondeur. Ce pool comporte deux volets distincts, le C organique et le C inorganique dont les pools sont estimés respectivement à 1550 GtC et à 950 GtC (Batjes, 1996). Le pool organique comprend l'humus actif et le charbon qui est relativement inerte. Ainsi, il est constitué d'un mélange de résidus de plantes et d'animaux à divers stades de décomposition, des substances synthétisées microbiologiques et/ou chimiques et des microorganismes, des petits animaux et de leurs produits de décomposition (Schnitzer, 1991). Le pool inorganique, quant à lui, est constitué de C élémentaire et des minéraux carbonatés (calcites, dolomites), et il est un constituant important du sol des zones semi-arides et arides. Le quatrième plus grand pool est le pool atmosphérique comprenant environ 800 GtC sous forme oxydée gazeuse et qui augmente à un taux de 4,2 GtC/an alors que le plus petit parmi les pools globaux est le pool biotique, qui est estimé à 620 GtC (560 GtC = biomasse vivante et 60 GtC = détritus). Les pools pédologique et biotique constituent le pool de C terrestre qui est estimé à environ 3120 GtC.

Les pools terrestres et atmosphériques interagissent grâce aux processus de photosynthèse et de respiration où le taux annuel de la photosynthèse est de 120 GtC et dont une grande partie est restituée à l'atmosphère par les plantes et le sol en respirant. La conversion des écosystèmes naturels et d'autres pratiques telles que l'agriculture extractive basée sur un faible apport externe ont tendance de dégrader le sol, ce qui aboutit à la diminution des pools terrestres. Le pool pédologique perd environ 1,1 GtC/an à l'atmosphère et environ 0,3 - 0,8 GtC/an vers les océans comme conséquence de l'érosion et par le transport induit par l'érosion vers les écosystèmes aquatiques. Cependant, le puits terrestre augmente actuellement à un taux net de 1,4 #177; 0,7 GtC/an. Ainsi, il absorbe environ 2 - 4 GtC/an, ce qui peut augmenter jusqu'à 5 GtC/an en 2050 (Cramer et al., 2001). Ceci peut être dû aux activités d'aménagement des territoires et surtout les forêts

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en faisant appel aux politiques de reboisement, de gestion des terres et aussi par la fertilisation à base de CO2, Ainsi, les interactions importantes entre les pools de C atmosphérique, pédologique et biotique comprennent des composantes importantes du cycle global du C. La compréhension et la gestion de ces interactions constituent la base de toute stratégie visant à séquestrer le C dans les pools biotique et pédologique.

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