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Le déclin spirituel récurrent de l'église

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par William LUJ
Faculté de Théologie des Assemblées de Dieu du Burkina Faso - Maîtrise de Théologie 2012
  

Disponible en mode multipage

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    FACULTÉ DE THÉOLOGIE DES ASSEMBLÉES DE DIEU - FATHEAD/BF

    LE DÉCLIN SPIRITUEL RÉCURRENT DE L'ÉGLISE :

    UN DÉFI CRUCIAL LANCÉ AUX ASSEMBLÉES DE DIEU AUJOURD'HUI

    UN MÉMOIRE SOUMIS À LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE DES ASSEMBLÉES DE
    DIEU EN ACCOMPLISSEMENT PARTIEL DES EXIGENCES REQUISES POUR
    L'OBTENTION DE LA MAÎTRISE EN THÉOLOGIE

    PAR

    LUJ WILLIAM

    OUAGADOUGOU, BURKINA FASO

    JUIN 2012

    ii

    Copyright (c) 2012 William Antoine LUJ Tous droits réservés

    iii

    FICHE D'APPROBATION

    Sur recommandation du Doyen Académique et du Directeur de Mémoire, ce projet de
    Mémoire est accepté comme satisfaction partielle des exigences requises pour
    l'obtention de la Maîtrise en Théologie.

    Doyen Académique

    Directeur de Mémoire

    Date

    iv

    DÉDICACE

    Je dédie ce mémoire à mes bien-aimés :
    A ma chère et tendre épouse, Annie, pour son amour, sa patience, et ses prières,
    A ma chère belle-maman, Hélène,
    A mes chers enfants : Alexandra et son époux Alain, et Séverine,
    A mes chers petits-enfants : David, Kathleen et Elie.

    v

    REMERCIEMENTS

    Je rends premièrement grâces et gloire à Dieu qui m'a permis, sous la conduite de son Saint-Esprit, de réaliser ce mémoire.

    J'exprime ensuite ma profonde reconnaissance, toute ma gratitude et mes sincères remerciements à tous ceux qui ont de près ou de loin contribué à la réalisation du présent mémoire.

    Au Pasteur Ouédraogo Michel, Président du Conseil National des Assemblées de Dieu du Burkina Faso pour son soutien spirituel et fraternel.

    Au Pasteur Ouédraogo Jean Pawentaoré, ancien Président du Conseil National des Assemblées de Dieu du Burkina Faso pour son appui moral et ses prières.

    Au Docteur Zongo Pousga Etienne, Président de la FATHEAD, pour son soutien moral et spirituel, ses précieux conseils et ses encouragements.

    Au Docteur Delma Zacharie, Doyen académique du programme de maîtrise de la FATHEAD pour ses appréciations et ses encouragements.

    A tous les professeurs du programme de la Maîtrise en Théologie de la FATHEAD pour la précieuse formation dont j'ai été l'objet.

    A tous mes collègues du corps enseignant des autres programmes de la FATHEAD, pour leur soutien multiforme.

    A tous les étudiants de la FATHEAD pour leur soutien dans la prière et pour leurs riches et nombreuses informations dont j'ai bénéficié.

    A tous les anciens étudiants de l'IBS pour leur soutien et leur aide.

    A tous les pasteurs des Assemblées de Dieu du Burkina Faso pour nos entretiens, pour leurs informations et leurs témoignages.

    A ma fille Alexandra pour son travail méticuleux de relecture.

    A ma chère épouse, Annie, et à mes deux filles, Alexandra et Séverine, à mon gendre Alain, et à mon petit-fils David, pour leur soutien moral et dans la prière.

    Ma prière est que Dieu les bénisse tous richement en retour.

    vi

    TABLE DES MATIÈRES

    FICHE D'APPROBATION III

    DÉDICACE IV

    REMERCIEMENTS V

    TABLE DES MATIÈRES VI

    Chapitre 1 1

    INTRODUCTION 1

    I. Historique du problème 1

    II. Énoncé du problème 2

    III. But du mémoire 4

    IV. Importance 4

    V. Définition des termes 7

    VI. Délimitations de l'étude 10

    VII. Présuppositions 10

    VIII. Hypothèse 12

    Chapitre 2 15

    LA REVUE LITTÉRAIRE 15

    Chapitre 3 18

    LA MÉTHODOLOGIE 18

    Chapitre 4 19

    vii

    RÉSULTATS 19

    I. HISTORIQUE D'UN PHÉNOMENE RÉCURRENT 19

    A. L'Ancien Testament 19

    B. La Naissance de l'Église de Jésus-Christ 22

    C. La Croissance et la Formation de l'Église 25

    D. L'Église Pagano-Chrétienne 29

    E. La Réforme 33

    F. Le Grand Éveil Évangélique 36

    G. Les Six Grandes Vagues de Réveil Évangélique 37

    H. Le Déclin Spirituel Récurrent de tous les Réveils 43

    I. Les Contre-attaques de l'Adversaire au Grand Réveil Évangélique 47

    J. Au Milieu du Déclin Spirituel, la Présence Active du Consolateur 52

    II. LE RÉVEIL DE PENTECÔTE ET SES IMITATIONS 55

    A. Une Nouvelle Pentecôte au Vingtième Siècle 55

    B. Les Autres « Réveils Spirituels » du Vingtième Siècle 71

    C. La Troisième Vague 74

    III. LE MOUVEMENT DE PENTECÔTE DE NOS JOURS 115

    A. Les Trois Principaux Courants Pentecôtistes 115

    B. La Définition Actuelle du Pentecôtisme 116

    C. L'Ère de la Séduction 118

    IV. LES ASSEMBLÉES DE DIEU D'HIER ET D'AUJOURD'HUI 135

    A. Les Assemblées de Dieu 135

    B. Le Déclin Spirituel Actuel 136

    C. Les Raisons du Déclin Spirituel Actuel 154

    D. Les Conséquences du Déclin Spirituel Actuel 189

    E. Au Milieu du Déclin, un Grand Espoir 203

    V. LE DÉFI MAJEUR LANCÉ À L'ÉGLISE FIDÈLE 204

    A. Tirer les Leçons du Passé 205

    B. Les Défis Lancés à l'Église 206

    C. Une Prise de Conscience 207

    D. Notre Responsabilité 209

    E. Un Retour à la Sainteté 212

    F. Le Chemin de la Restauration 215

    Chapitre 5 224

    CONCLUSION 224

    SOURCES CONSULTÉES 226

    1

    CHAPITRE 1

    INTRODUCTION

    I. HISTORIQUE DU PROBLÈME

    L'histoire du Pentecôtisme a été profondément marquée par les réveils du début du vingtième siècle, notamment au Pays de Galles en 1904 et dans la rue Azusa en 1906. Alors que le réveil du Pays de Galles a suscité un élan missionnaire en Europe puis en Asie, celui de la rue Azusa s'est poursuivi dans un essor missionnaire remarquable en Amérique latine, en Océanie, en Inde et en Afrique. Partout, les débuts ont été difficiles et l'oeuvre naissante a dû faire face à de nombreux obstacles dus à l'opposition des religions établies, et à la persécution des premiers convertis et de leurs familles. Il fallut tout le dévouement, l'abnégation et les sacrifices des missionnaires et des premiers pionniers serviteurs de Dieu, pour établir l'Église que Dieu a préparée pour les derniers temps. C'est ainsi que les nombreux réveils religieux du vingtième siècle ont permis la pénétration de l'Évangile, le salut de nombreuses âmes, et l'implantation de nouvelles Églises dans le monde entier.

    Toutefois, le déclin et les dérives croissantes de la vie de l'Esprit au cours des dernières décennies m'interpellent sur la situation spirituelle actuelle de l'Église. Lorsque je compare sa situation avec celle de l'Église née à la Pentecôte et celle des nombreux courants qu'elle a suscités jusqu'à aujourd'hui, je suis saisi par certains parallèles frappants. Plusieurs points sont particulièrement saillants. Le premier constat est positif : le Saint-Esprit a toujours été à l'oeuvre, et la manifestation des dons spirituels s'est poursuivie depuis la Pentecôte jusqu'à nos jours, même dans les temps les plus ténébreux de l'Histoire. À l'inverse, le

    2

    deuxième constat est consternant de par sa double connotation, positive puis négative. En effet, je suis émerveillé par la récurrence et la spontanéité des nombreux réveils qui ont, soit réveillé l'Église, soit suscité l'émergence de nouveaux courants ; mais en même temps, je suis apostrophé par le déclin spirituel systématique qui a conduit toutes ces dénominations à la déchéance spirituelle et finalement au sommeil. Ce phénomène se répète depuis deux mille ans : Dieu suscite un ou plusieurs hommes qu'Il remplit de son Esprit et à qui il confie une mission ; ces leaders entraînent un mouvement qui, après quelques années de progression souvent remarquable, se transforme en monument ecclésiastique ; ce dernier finit par s'alourdir dans son organisation humaine, pour décliner, puis enfin sombrer. Or cette dérive est particulièrement sournoise et dangereuse. Elle agit par tromperie car elle aveugle par des apparences extérieures riches et prospères, comme à Laodicée. Ce fait a affecté toutes les églises, depuis deux mille ans, et il touche aujourd'hui la majorité des églises qui, sous des aspects extérieurs parfois très florissants, perdent peu à peu toute leur vitalité spirituelle. Le spirituel s'est mû en religieux, remplaçant l'Esprit par des contrefaçons, certaines légalistes, d'autres émotionnelles, mystifiant ainsi les croyants en leur donnant de fausses assurances.

    II. ÉNONCÉ DU PROBLÈME

    Pour situer le problème, il est nécessaire de revenir aux fondements. Comment est née l'Église ? Le jour de sa résurrection, Jésus vient voir ses disciples. Soufflant sur eux, Il leur dit : « Recevez le Saint-Esprit » (Jn 20.21 Louis Segond NEG 1979). Quarante jours plus tard, Jésus leur dit d'attendre ce que le Père avait promis, « dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit. . . .Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre » (Ac 1.5, 8. cf Lc 24.49). Dix jours plus tard, le jour de Pentecôte, les cent vingt disciples expérimentent un puissant baptême dans le Saint-Esprit. (Ac 2.4) Les

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    Actes et les épîtres permettent d'affirmer que le baptême du Saint-Esprit et le parler en langues, son signe d'évidence, étaient la norme parmi les croyants (Ac 2.4, 4.31, 8.17, 9.17, 10.44, 19.6, etc.). Les conversions en très grand nombre, les changements radicaux de vie, les guérisons, les signes, les miracles, et tous les dons spirituels rapportés dans les Actes témoignent de la puissance du Saint-Esprit qui ajoutait chaque jour à l'Église ceux qui étaient sauvés. Nous avons nous-mêmes connu ces merveilleux agissements divins. De plus, les média et organismes chrétiens nous rapportent les bonnes nouvelles de pays, comme la Chine, qui vivent le réveil avec près de dix mille conversions à Jésus-Christ par jour, et cela au milieu même de la persécution. Malgré cela, nous constatons que le feu de la Pentecôte a grandement décliné dans les dénominations issues des réveils du début du siècle dernier. Le problème se pose donc pour les Assemblées de Dieu : Qu'en est-il aujourd'hui ? Où en sont-elles ? Malgré l'ouverture d'oeuvres nouvelles, l'accueil de nouveaux adhérents, certains baptêmes d'eau et d'autres peu nombreux du Saint-Esprit, la vie de l'Esprit est en très forte baisse dans la plupart des églises. Des pasteurs ne prient plus en langues et n'exercent plus les dons spirituels. Certains, peut-être conscients et confus de leur misère, vont jusqu'à en interdire l'usage. D'autres, surmontant leur gêne, font appel à une assistance extérieure, pour maintenir une sorte de vie de l'Esprit dans leur communauté. Pourquoi l'Église s'est-elle à ce point appauvrie ? Pourquoi le Mouvement de Pentecôte semble-t-il aller à la dérive comme un vaisseau fantôme aveugle ? Comment en est-on arrivé là ? Que faut-il faire pour que le Seigneur Jésus-Christ reprenne le contrôle de son Église ? Le déclin spirituel interpelle car il affecte la pérennité de l'Eglise, et l'empêche d'accomplir sa mission. Comment faire pour revenir à une vie spirituelle normale ?

    4

    III. BUT DU MÉMOIRE

    Le but de ce mémoire est de conscientiser l'Église sur sa présente situation spirituelle, sur les raisons qui ont amené ce constat, et sur l'importance de réagir et de prendre vite les mesures courageuses pour retrouver une vie chrétienne normale. Pour ce faire, je tenterai de répondre à la question : Comment faire pour retrouver, puis vivre cette vie de l'Esprit qui doit non seulement dynamiser les ministères et les chrétiens, mais aussi ramener les rétrogrades, et surtout nous aider à remplir notre mission, « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28.18-20).

    IV. IMPORTANCE

    Plusieurs facteurs soulignent l'importance de ce sujet : L'analyse du Mouvement de l'Esprit qui, au vingtième siècle, a bouleversé le monde entier, y compris des régimes politiques totalitaires bien établis ; le témoignage biographique des pionniers du réveil ; les nombreux rapports sur l'état actuel de l'Église ; et l'analyse des statistiques des divers mouvements et congrégations. Tout tend à démontrer que la vigueur spirituelle des débuts du Mouvement de Pentecôte s'est fortement dégradée, même si l'Église maintient une certaine apparence religieuse bien reconnue.

    Or, les temps sont courts. La Bible décrit les signes précurseurs et annonciateurs du retour de Jésus-Christ, afin que l'Église se prépare et se tienne prête pour l'enlèvement. Force est de constater aujourd'hui que la plupart de ces signes se réalisent aujourd'hui comme jamais encore dans l'histoire de l'humanité et, qu'ils concordent de façon impressionnante avec ce qu'annoncent les Saintes Écritures. Le dernier signe palpable annoncé par le Seigneur Jésus est que : « Cette bonne nouvelle du Royaume sera prêchée dans le monde entier, pour

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    servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin » (Mt 24.14). L'Évangile est aujourd'hui apporté à toutes les nations et ce, même si la Bible n'est pas traduite dans toutes les langues - ce qui n'a d'ailleurs jamais été promis. Prêcher, c'est-à-dire annoncer la Bonne Nouvelle, est le terme utilisé. Actuellement, tous les moyens et supports connus : la Parole écrite, la prédication, le témoignage, la radio, la télévision, les supports audio-visuels, l'internet, contribuent à la diffusion mondiale de la Bonne Nouvelle. À ce jour, il n'existe pas de pays dans le monde sans témoignage chrétien. Aucune frontière humaine n'a pu empêcher l'Évangile de pénétrer dans tous les pays, y compris en URSS au temps du plus dur communisme, ou encore en Chine, pour n'en citer que deux. Il semble donc que le Fils de l'homme soit proche (Mt 24.32-33), et qu'il soit à la porte (Ap 3.20).

    Face à tous ces évènements, l'Église ne peut pas se voiler la face quant aux prodigieux évènements eschatologiques qui se mettent en place, ni ignorer les nombreux avertissements que Dieu lui envoie, car de sa réaction dépendront sa pérennité et la destinée finale de chacun. Sa prise de conscience de la situation actuelle peut être un fantastique vecteur de repentance personnelle et collective, et de renouveau spirituel. Il n'en tient qu'à elle. L'occasion est offerte aux responsables spirituels et aux chrétiens de retrouver la force d'une vraie vie de l'Esprit, et de vivre une authentique unité spirituelle autour des valeurs éthiques et spirituelles chrétiennes normales, et surtout de retrouver l'amour perdu. Que reproche le Seigneur Jésus à l'église d'Éphèse ? « Ce que j'ai contre toi, c'est que tu as abandonné ton premier amour » (Ap 2.4). Pourtant il reconnaissait les oeuvres d'Éphèse. Il appréciait son travail ; il louait sa persévérance, même dans la persécution, ainsi que son discernement des faux prophètes, et son rejet de la débauche des Nicolaïtes. La Bible est éternelle et vivante, et elle nous apostrophe aujourd'hui : « Souviens-toi donc d'où tu es tombé, repens-toi, et pratique tes premières oeuvres » (Ap 2.5). Si nous ne réagissons pas à l'appel pressant de notre Seigneur Jésus, nous risquons de subir une peine identique à celle encourue par l'église d'Éphèse :

    6

    « Sinon je viendrai à toi, et j'ôterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes. » Le chandelier évoque ici la présence du Saint-Esprit dans l'Église. Le Seigneur explique ainsi la raison de la perte de l'amour qui interviendra dans les temps de la fin, « parce que l'iniquité se sera accrue, l'amour du plus grand nombre se refroidira » (Mt 24.12). Aujourd'hui, l'iniquité s'accroît chaque jour dans le monde mais, où en sommes-nous dans l'Église ? Les messages aux sept églises nous interpellent, notamment celui adressé à Sardes, « je sais que tu passes pour être vivant, et tu es mort » (Ap 3.2). C'est hélas la situation actuelle de nombreuses églises.

    Pourtant, si l'Église, en tant qu'institution, décline déjà aux yeux de Dieu et des hommes, la situation spirituelle du peuple de Dieu se situe dans une plage se mouvant entre les deux dernières églises de l'Apocalypse : D'une part, il y a ceux demeurés fidèles, comme à Philadelphie, église faible mais restée fidèle à Jésus-Christ et à sa Parole. Son nom évoque l'amour qui règne en son sein et qui s'exprime vis-à-vis des autres, preuve de sa vitalité spirituelle. D'autre part, il y a ceux qui vivent dans l'illusion, comme à Laodicée, église riche mais tiède, aveugle et inconsciente de sa situation, qui n'a plus la vision de Dieu ni des âmes perdues, qui se repose sur ses acquis et son confort, qui n'a plus conscience de sa mission telle qu'ordonnée par Jésus dans Mt 28.19-20. En réalité, la situation n'est pas aussi tranchée, car beaucoup se retrouvent avec des caractéristiques des deux églises. De nombreux serviteurs de Dieu sont conscients de la situation, et ressentent ce malaise. L'Église-institution leur pèse, les décourage et les démotive. Ce constat résonne comme un avertissement divin. Par sept fois, le Seigneur avertit son peuple, « que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises » (Ap 2.7, 11, 17, 29, 3.6, 13, 22). Il s'agit d'un problème crucial, d'une question de vie ou de mort pour les chrétiens et pour les ministères, ainsi que d'un défi majeur pour l'Église et en particulier pour les Assemblées de Dieu.

    7

    V. DÉFINITION DES TERMES

    Chrétien

    Croyant né-de-nouveau, converti et baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, sauvé et régénéré par l'Esprit Saint, et dont la vie est en conformité avec les prescriptions de l'Évangile. Disciple du Seigneur Jésus-Christ.1

    Conversion

    Le Petit Robert en donne l'explication profane, « le fait de passer d'une croyance considérée comme fausse à la vérité présumée. »2 Toutefois, le Nouveau Dictionnaire Biblique la décrit comme un changement complet d'orientation, une volte-face de l'être tout entier vers le Seigneur,3 « elle consiste en un acte de repentance et de foi, qui, pour le Christ comme pour Paul, résume les exigences morales de l'Évangile : La repentance est un changement de pensée et de coeur à l'égard de Dieu ; la foi est une attitude de confiance à l'égard de Sa Parole et de Son Fils Jésus-Christ. » 4 Pour Henri Blocher, elle est « la contrepartie consciente de la régénération : le pécheur se détourne de son péché et se tourne vers le Christ, double mouvement qui correspond grosso modo à la repentance et la foi si souvent commandées dans l'Écriture. »5

    Crucial

    Qui permet de conclure de façon décisive. Très important, fondamental, décisif.6

    1Nouveau Dictionnaire Biblique révisé, (St Légier, Suisse : Éditions Emmaüs, 1992), 249. 2Paul Robert, Dictionnaire Le Petit Robert, (Paris : Éditions Le Robert, 1990), 387. 3Nouveau Dictionnaire Biblique révisé, 280.

    4Le Grand Dictionnaire de la Bible, (Charols, France : Excelsis SARL, 2010), 355.

    5Henri Blocher, La doctrine du péché et de la rédemption, (Vaux-sur-Seine : Edifac, 2000), 267. 6Le Petit Larousse, (Paris : Larousse, 2006), 317.

    8

    Déclin

    État de ce qui régresse. Exemple : Le déclin et la chute de l'Empire romain.7

    Déclin spirituel

    Déclin de la vie spirituelle d'un croyant ou de l'Église, notamment dans sa communion avec Dieu, et les conséquences qui en découlent sur le plan moral, ecclésial, et surtout spirituel.

    Dérive historique des églises

    Ce phénomène peut être décrit comme suit : Après un mouvement de l'Esprit, après une oeuvre de réformation, après la restauration de la présence de Dieu dans les coeurs et dans l'église, et après un amour exceptionnel pour son prochain, l'église s'éteint ; elle perd son premier amour ; elle n'a plus la vision des âmes perdues ; elle se repose sur ses richesses et son confort matériel et spirituel, comme l'église de Laodicée, et par voie de conséquence directe, elle n'a plus conscience de sa mission prioritaire, et elle finit par perdre la présence du Seigneur en son sein, sans même s'en apercevoir.

    Défi

    Action de défier quelqu'un au jeu ; provocation au combat ; problème, difficulté que pose une situation et que l'on doit surmonter.8

    Pornocratie pontificale

    La pornocratie pontificale est une expression qui désigne, dans l'historiographie traditionnelle, une période sombre de la papauté romaine de 904 à 963 ap. J.C. Le terme vient

    7Le Grand Dictionnaire de la Bible, 460. 8Le Petit Larousse, 339.

    9

    de l'allemand « Römisches Hurenregiment », utilisé par les historiens du dix-huitième siècle, et qui signifie littéralement, « gouvernement romain des courtisanes ».9

    Régénération

    Selon le Nouveau Dictionnaire Biblique Révisé, « Changement de nature produit par le Saint-Esprit en l'homme, qui communique à celui-ci une vie nouvelle. »10 Pour Wayne Grudem, « la régénération est un acte secret de Dieu par lequel il nous communique une nouvelle vie spirituelle. On parle aussi de nouvelle naissance. »11

    Repentance

    Ce mot, traduit du grec « métanoïa », signifie un changement de mentalité, d'intention. C'est la tristesse que l'on éprouve de ses péchés, et surtout la douleur d'avoir offensé Dieu. Elle est fondamentale car, si la foi est la condition essentielle du salut, elle doit être accompagnée d'une vraie repentance. La repentance comprend la conviction de péché et le profond regret d'avoir offensé Dieu, que seul le Saint-Esprit peut produire dans le coeur du pécheur. Elle comprend aussi la confession de son péché devant le Seigneur, l'abandon du mal, la complète soumission à Dieu, et la persévérance dans une attitude constante de repentance.12

    Réveil

    Pour le Petit Robert, « le réveil est le passage du sommeil à l'état de veille », ou encore, « le fait de reprendre une activité après le sommeil. »13 Pour R. A. Torrey, « le réveil, c'est lorsque Dieu visite son peuple et l'amène à haïr le péché, à aimer Dieu, et à être zélé

    9Pornocratie Pontificale, http://wikipedia.org (consulté le 04 avril, 2012).

    10Nouveau Dictionnaire Biblique révisé, 1108.

    11Wayne Grudem, Théologie systématique, (Charols, France : Excelsis SARL, 2007), 770.

    12Nouveau Dictionnaire Biblique révisé, 1114.

    13Le Grand Dictionnaire de la Bible, 1705.

    10

    pour servir le Seigneur. »14 James Burns explique que : « Un réveil signifie humiliation, une amère reconnaissance de son échec, et une confession ouverte et remplie d'humilité des péchés de la part de ses ministres et du peuple. Le réveil vient pour écorcher avant de guérir. » Pour Charles Finney, « un réveil religieux suppose qu'il y a eu déclin dans la piété. »15 Il ajoute : « Un réveil implique toujours une condition de péché de la part de l'Église. Les chrétiens déchus seront amenés à la repentance. La foi des chrétiens sera renouvelée. Un réveil brise le pouvoir du monde et du péché sur les chrétiens. Lorsque les Églises sont ainsi réveillées et réformées, la réforme et le salut des pécheurs s'en suivront. »16

    VI. DÉLIMITATIONS DE L'ÉTUDE

    Ma recherche connaît plusieurs délimitations. D'abord, une comparaison historique, englobant une période relativement longue mais nécessaire, couvrira l'histoire de l'Église. Elle sera précédée d'un court rappel référant à la relation de Dieu avec l'homme et avec Israël. Ensuite, mon étude se portera sur les réveils évangéliques qui ont suivi la Réforme, et en particulier le réveil de Pentecôte au vingtième siècle. Enfin, mon analyse se concentrera sur le Mouvement de Pentecôte actuel, et notamment sur la situation des Assemblées de Dieu. Sur un plan géographique, le sujet est très vaste. Je l'ai donc limité à l'Occident -- les États-Unis et l'Europe-- ainsi qu'à l'Afrique-- plus précisément au Burkina Faso.

    VII. PRÉSUPPOSITIONS

    Premièrement, les statistiques mondiales sur l'Église sont rares. Toutefois, j'ai pu obtenir de nombreuses informations auprès d'organisations diverses : General Council of the

    14Reuben A. Torrey, Définitions du réveil, http://sentinelle.free.fr/citations.htm (consulté le 18 novembre, 2010).

    15Charles G. Finney, Les réveils religieux, (Monnetier-Mornex, Suisse : M. Weber, 1951), 1. 16Ibid., 6-7.

    11

    Assemblies of God (AoG) à Springfield dans le Missouri, Conseil Général des Assemblées de Dieu du Burkina Faso (AD/BF) à Ouagadougou, Centre National pour la Recherche Scientifique à Paris, World Christian Encyclopedia, Groupe Barna, Hartford Institute for Religion Research à Hartford dans le Connecticut, New World Encyclopedia, Pew Forum on Religion and Public Life, WEC International, et d'autres.

    Lorsqu'on considère les chiffres bruts, la situation religieuse peut sembler à priori satisfaisante, voire excellente. Toutefois, une analyse approfondie, au sein de ce qu'il est commun d'appeler aujourd'hui « le monde pentecôtiste », montre une répartition plus favorable au mouvement néo-pentecôtiste d'après-guerre, au renouveau charismatique, et encore plus à la troisième vague d'après 1980 qui est inondée d'hérésies de toutes sortes et qui constitue plus de la moitié des chiffres pentecôtistes mondiaux.

    Deuxièmement, malgré la croissance vertigineuse du nombre d'adhérents dans certains courants, je suis apostrophé par l'écart relevé entre le nombre de soi-disant convertis et les baptêmes d'eau d'une part, et les baptêmes du Saint-Esprit d'autre part, notamment au niveau des AoG, et des AD/BF. Ceci confirme, dans les mouvements pentecôtistes originaux, la situation spirituelle médiocre, qui conduit à la pauvreté des dons spirituels dans les églises, et à une forte tendance aux dérives de doctrine et de comportement qui empoisonne les communautés.

    Troisièmement, je présuppose que, en réalité, beaucoup de membres adhérents ne se sont pas vraiment convertis. Ou, s'ils l'ont fait, ce fut de manière profane, à la manière du monde ; ils ont changé de direction ; ils vont désormais à l'église au lieu d'aller à la mosquée, au temple hindou, à la cathédrale ou aux fétiches. Leur motivation est charnelle. Ils cherchent souvent une nouvelle famille, une nouvelle appartenance, ainsi que des avantages divers. Le problème est qu'ils ne sont pas régénérés. Ils deviennent des religieux dans l'Église, ayant parfois même un comportement plus digne que certains véritables chrétiens nés-de-nouveau.

    12

    Ces membres ne font qu'adhérer à une nouvelle religion, mais ne sont pas des disciples de Jésus-Christ. Ils agissent d'ailleurs ainsi consciemment ou inconsciemment, se croyant vraiment chrétiens, mais reniant ce qui en fait la force. Il est difficile dans ce cas d'évaluer correctement, au seul vu du nombre, la dimension de l'Église, tant physique que spirituelle. D'autre part, un des grands périls pour l'Église est que ces nouveaux adhérents amènent avec eux, comme ils l'ont toujours fait depuis la naissance de l'Église, leurs croyances païennes, leurs traditions et leurs pratiques mondaines. Ce faisant, ils détériorent la spiritualité de l'Église au point de la conduire souvent vers un syncrétisme plus ou moins latent, si ce n'est carrément jusqu'à dévoyer ses fondements et la détourner de ses principes, de son but et de sa mission.

    D'autres membres sont des descendants ou des parents de convertis. Ils font partie des deuxième, troisième ou quatrième générations non converties qui ont suivi leurs parents parce qu'ils ne pouvaient pas faire autrement. Ils ont fini par nicher dans l'Église, trouvant le mariage et reproduisant les mêmes avatars. Ils viennent avec les conceptions du monde dans l'Église. D'autres encore viennent d'autres dénominations ou d'autres pays, et amènent parfois avec eux des croyances polluées et éloignées de la saine doctrine. En résumé, beaucoup de membres sont des chrétiens de nom qui paralysent spirituellement l'Église. Or, la seule puissance capable de transformer ces ossements desséchés en âmes vivantes est le Saint-Esprit, qui est malheureusement aujourd'hui souvent absent de l'Église.

    VIII. HYPOTHÈSE

    La thèse que je défends ici est que, si l'Église Universelle et Invisible de Jésus-Christ est née à la Pentecôte par la volonté du Seigneur Jésus-Christ et par la puissance du Saint-Esprit, la plupart des églises visibles, après des débuts dynamiques et prometteurs, ont progressivement connu une dérive spirituelle loin de Dieu, et qu'elles se sont pour la plupart

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    éteintes spirituellement au bout de plusieurs générations. On peut appeler ce phénomène la « dérive historique des églises ». Aucune église, aucun mouvement, n'est à l'abri de ce phénomène récurrent qui engendre un déclin plus ou moins rapide selon les cas. Certes, ceci n'empêche pas ces églises discréditées de continuer à exister physiquement, matériellement, parfois confortablement, mais en remplaçant la véritable vie spirituelle par un simulacre spirituel mensonger qui finit par conduire les âmes qui leur sont confiées à la perte, comme dit notre Seigneur, « Si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse » (Mt 15.14).

    Néanmoins, l'Histoire révèle que Dieu, dans sa grâce, a continué son oeuvre de salut, soit en réveillant et en restaurant l'église qui avait décliné, soit en ouvrant d'autres canaux par lesquels la grâce de son salut pouvait à nouveau couler. Il en fut ainsi pour le Mouvement actuel de Pentecôte. Pendant un temps, Dieu a préparé son Eglise en appelant son peuple à la sainteté, et la grande oeuvre du Saint-Esprit a vu le jour au début du vingtième siècle.

    Aujourd'hui, nous nous trouvons à la troisième, quatrième, voire énième génération de « chrétiens », selon les endroits. De nombreuses âmes ont été sauvées et de belles oeuvres ont été réalisées. Un travail immense a été accompli. Malgré cela, le constat est désastreux. Nos églises connaissent un profond attiédissement pour ne pas dire un déclin spirituel véritable. Des oeuvres se sont éteintes spirituellement, malgré la conservation d'une certaine apparence religieuse de vie. Mon hypothèse est que, si l'Église ne prend pas conscience de son présent déclin, si elle continue dans son aveuglement spirituel, et si elle continue à se croire riche comme celle de Laodicée, elle périclitera comme les précédentes, et elle passera à côté de sa raison d'être, la mission du Seigneur. Il en restera peut-être une belle apparence extérieure mais elle sera comme une coquille vide à l'intérieur. Jésus pourra lui adresser la même critique : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui paraissent beaux au dehors, et qui, au-dedans, sont pleins

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    d'ossements de morts et de toute espèce d'impureté. Vous de même, au dehors, vous paraissez justes aux hommes, mais, au-dedans, vous êtes pleins d'hypocrisie et d'iniquité » (Mt 23.27). Toutefois, que le vrai peuple de Dieu se réjouisse car, jusqu'à son retour, notre Seigneur Jésus-Christ continuera son oeuvre de salut, comme il l'a promis. Si donc, nous ne nous réformons pas, ce sont d'autres oeuvres qui verront le jour et qui reprendront le flambeau avec l'aide du Saint-Esprit, jusqu'au retour du Seigneur.

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    CHAPITRE 2

    LA REVUE LITTÉRAIRE

    De nombreux livres, revues et publications, et divers articles Internet ont contribué à l'élaboration de cette étude. Je citerai tout d'abord le livre écrit par O. Winslow, « Le Déclin Spirituel et son Réveil ». L'auteur souligne les symptômes du déclin spirituel, les causes et les remèdes. Il éclaire notamment les diverses facettes du déclin en indiquant sa source et en démontrant ses effets négatifs sur l'amour, sur la foi, sur la prière, ainsi que ses conséquences dans l'erreur doctrinale. Par ailleurs, il souligne l'oeuvre et la puissance du Seigneur toujours prêt à restaurer et à protéger son peuple.

    Les « Réveils Religieux » de Charles Finney m'ont aussi été d'un précieux secours. Finney était un homme entièrement consacré à Dieu et pleinement livré au Saint-Esprit. Dieu s'est servi de lui pour réveiller son peuple et amener une multitude (environ trois millions d'âmes) à accepter Christ comme leur sauveur personnel et leur Seigneur dans leur coeur et dans leur vie. Son ouvrage est une réponse au besoin de réveil crucial des églises de tout temps. Selon Finney, beaucoup aspirent à une effusion du Saint-Esprit mais ne sont pas prêts à en payer le prix. Cet ouvrage insiste sur la nécessité du réveil pour amener les chrétiens déchus à la repentance. Un réveil implique un retour personnel à l'obéissance envers Dieu et une conviction de péché de la part de toute l'Église, en commençant par ses responsables. Ce livre très complet couvre de nombreux sujets ayant trait au réveil religieux : ce qu'il est, comment susciter un réveil, son importance, la prière efficace, la foi, l'évangélisation, la prédication, les mesures à prendre pour favoriser le réveil, les instructions aux nouveaux

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    convertis, et l'aide à apporter aux rétrogrades dans la foi. Il développe enfin le thème de la grâce en mettant en exergue les conditions pour croître dans la grâce, et ainsi poursuivre le réveil. Quant au titre de l'ouvrage, il aurait pu s'appeler, s'il avait paru aujourd'hui : « Les réveils spirituels » plutôt que le terme « religieux » qui a désormais une connotation trop humaine, voire mondaine.

    L'important ouvrage de Daniel Brandt-Bessire, « Aux Sources de la Spiritualité Pentecôtiste » a largement contribué à approfondir le sujet concerné. L'auteur analyse une tranche d'histoire de la spiritualité pentecôtiste, de ses origines wesleyennes jusqu'au Mouvement de Pentecôte du vingtième siècle. Il explique comment tout le Mouvement de sanctification jusqu'au pentecôtisme a été conduit par la recherche de l'expérience religieuse ; il établit des parallèles éclairés entre la tradition mystique monastique et les aspirations du Mouvement de sainteté et de Pentecôte. Selon l'auteur, Mahan et Finney confirmaient que le revêtement de la puissance d'En-Haut « rend le croyant capable d'accomplir la mission que Dieu lui donne. » Avec Upham, les trois sont considérés comme les pères de la doctrine du baptême du Saint-Esprit. Les conférences d'Oxford, de Brighton et de Keswick furent des sources d'équilibre théologique pour le pentecôtisme. Keswick, surtout, eut une influence considérable sur le fondamentalisme américain, sur le pentecôtisme et sur le Mouvement de sainteté américain. Il souligne l'influence de l'Église Catholique Apostolique d'Edward Irving sur le pentecôtisme, et met en exergue le puissant « réveil du Pays de Galles » (1904-1905) qui secoua le monde entier et qui fut surtout lié à Evan Roberts et sa chroniqueuse Jessie Penn-Lewis, qui fut la théologienne du réveil. Parmi les enfants de ce réveil, l'auteur cite les frères Jeffreys, Donald Gee et Alexander A. Boddy. Citant Donald Gee, « la marque distinctive du pentecôtisme est le parler en langues », l'auteur conclut en affirmant que le pentecôtisme offre une réponse holistique pour la personne, sa théologie touchant le corps, l'âme et l'esprit.

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    Le quatrième livre est « Le Feu de la Pentecôte au vingtième siècle » de Donald Gee. Il s'agit d'un témoignage dynamique du Mouvement de Pentecôte au vingtième siècle, qui permet de prendre la mesure de l'action du Saint-Esprit qui peut se poursuivre encore chez ceux qui cherchent Dieu avec les bonnes motivations. Il permet de les convaincre du bien-fondé de la recherche de la sainteté et du baptême du Saint-Esprit. Cet ouvrage est un récapitulatif chronologique d'évènements qui ont touché le monde entier sur une période allant de 1875 à 1964. L'auteur constate que les prédécesseurs du mouvement ont recherché dans la prière et la sainteté, et dans un retour aux Saintes Écritures, l'accomplissement de cette « seconde bénédiction » promise par Jésus-Christ. Il raconte ensuite le merveilleux réveil gallois de 1904, avec ses répercussions dans tout le Royaume-Uni, en Europe, en Amérique, en Inde et ailleurs. Rappelant les expériences de Topeka en 1900, Galena en 1903, Houston en 1904 et 1905, l'auteur associe le début du réveil mondial de la Pentecôte aux évènements qui se sont déroulés en 1906 rue Azusa à Los Angeles. Citant William Seymour, il démontre les implications internationales de l'évènement, dont la venue de personnalités telles que l'archidiacre Phais et de A.G. Ward du Canada, de Robert Brown de New-York, de Thomas Barratt de Norvège et de Lewi Pethrus de Suède, qui furent eux-mêmes de puissants instruments de Dieu dans leur pays respectif. Ce qui domine est que le monde entier commença alors à rechercher le réveil, qui toucha des chrétiens de toutes les dénominations. L'auteur souligne la persistance du phénomène pentecôtiste qui a touché tous les réveils qu'a connu la chrétienté au cours des vingt derniers siècles. Enfin, il démontre comment ce Mouvement se distingue de façon frappante de la plupart de ceux qui l'ont précédé, car il ne doit pas son origine à quelque personnalité religieuse ou à un leader charismatique, mais ce fut un réveil spontané qui se produisit presque simultanément dans divers endroits du globe. Les leaders du mouvement de Pentecôte sont eux-mêmes des produits du mouvement. Ils n'ont pas fait le mouvement, c'est le Mouvement qui les a faits.

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    CHAPITRE 3

    LA MÉTHODOLOGIE

    Cette recherche a été principalement réalisée par l'étude des sources consultées, notamment celles citées au chapitre 2. L'analyse approfondie des nombreuses sources littéraires, livres, mémoires et thèses, revues spécialisées, sources internet, traitant du sujet a été un apport précieux. Si les limitations et diverses contraintes n'ont pas permis de pratiquer des sondages ou des enquêtes préliminaires généralisées, les témoignages recueillis de source fiable et l'interview de personnes-ressources compétentes m'ont apporté de précieux renseignements. Ils ont permis de valider des présuppositions et de tirer des conclusions sur le sujet. Les statistiques disponibles ont ouvert des pistes intéressantes sur le passé, le présent et l'avenir de l'Église, élargissant et affinant mes recherches. J'y ai trouvé de nombreuses informations utiles à ma réflexion, me permettant de présenter cette étude avec davantage de précisions. Enfin, mon expérience pastorale et missionnaire a complété l'étude.

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    CHAPITRE 4
    RÉSULTATS

    I. HISTORIQUE D'UN PHÉNOMENE RÉCURRENT

    A. L'Ancien Testament

    L'apôtre Paul, rappelant les aventures d'Israël dans le désert, dit : « Ces choses leur sont arrivées pour servir d'exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles » (1 Co 10.11). Il est évident que l'Ancien Testament nous instruit sur les raisons des nombreuses dérives spirituelles du peuple de Dieu. L'histoire se répète et nous pouvons aujourd'hui voir les nombreuses similitudes qu'il y a entre Israël et l'Église de tous les temps, et notamment celle d'aujourd'hui.

    La première dérive constatée dans l'histoire humaine est l'abandon du premier amour par Adam et Ève, par orgueil et velléité d'indépendance : « vous serez comme Dieu » (Ge 3.6). De même, les ministères ont parfois tendance à oublier que l'Église appartient à Dieu et la gèrent comme une oeuvre humaine. Jésus-Christ est le Maître de l'Église. C'est lui qui la bâtit et qui la dirige par sa Parole et son Esprit Saint. Toutefois, malgré la désobéissance d'Adam et Ève, la grâce de Dieu est déjà intervenue en promettant l'avènement d'un Sauveur (Gn 3.15).

    Après le déluge et la restauration via Noé et sa descendance, les hommes décidèrent à nouveau de désobéir à Dieu. Bien installés dans le confort de la vallée de Schinéar, ils s'élevèrent un monument. Ils décidèrent de se grouper et de construire la tour de Babel alors que la mission que Dieu leur avait donnée était toute autre : « Et vous, soyez féconds et

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    multipliez, répandez-vous sur la terre et multipliez sur elle » (Gn 9.7). Dieu dut les disperser loin de là sur toute la face de la terre, et confondre leur langage (Gn 11.9).

    Il en fut de même après la Pentecôte. Les apôtres restèrent bien installés à Jérusalem, contrairement à l'ordre du Seigneur d'aller en Judée, puis en Samarie, et aux extrémités de la terre (Ac 1.8). La persécution est alors venue, les obligeant à aller, Philippe à Samarie, d'autres à Chypre, mais aussi à Antioche où naquit la première église missionnaire d'où furent envoyés Barnabas et Saul. C'est en réalisant l'ordre missionnaire du Seigneur Jésus que l'Église s'est multipliée et a bouleversé le monde (Ac 17.6).

    Aujourd'hui, bon nombre d'églises et de ministères sont bien installés, s'occupent d'eux-mêmes et résistent à l'ordre missionnaire. La conséquence est qu'ils ne progressent plus spirituellement, qu'ils déclinent et qu'ils finissent par s'éloigner du plan divin, car ils n'ont pas compris l'amour de Dieu pour l'humanité. Certaines églises participent à la mission, mais on peut s'interroger sur la mesure et les moyens donnés à la Mission intérieure et extérieure, en Occident, comme au Burkina Faso. Pourtant, le Seigneur revient bientôt et l'Église le sait très bien. Il y a urgence.

    La tendance à oublier Dieu et ses bienfaits est une caractéristique humaine, et Israël en est un parfait exemple. Après sa sortie d'Egypte, il tombe dans le syncrétisme en faisant un veau d'or. Il ne cesse de murmurer dans le désert. Après la mort de Josué et de ses anciens, Israël oublie et le déclin s'installe : « Toute cette génération fut recueillie auprès de ses pères, et il s'éleva après elle une autre génération, qui ne connaissait point l'Eternel, ni ce qu'il avait fait en faveur d'elle. Les enfants d'Israël firent alors ce qui déplaît à l'Eternel et servirent les Baals » (Jg 2.10). Il en fut ainsi tout au long du temps des Juges au cours duquel, par sa grâce, l'Éternel choisit des hommes pour sauver Israël qui retombait systématiquement dans le syncrétisme au bout de la troisième ou la quatrième génération.

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    Vers la fin de la vie du prophète Samuel, Israël demanda un roi comme les autres nations. Ils voulaient une organisation humaine. Dieu expliqua à Samuel que ce n'était pas lui, le prophète, qu'Israël rejetait, mais plutôt son Dieu (1 S 8.7-8). Ce témoignage, qui peut paraître anodin à l'époque, se retrouvera régulièrement dans l'Église de Jésus-Christ, depuis deux mille ans jusqu'à nos jours.

    Qu'en est-il aujourd'hui ? Le syncrétisme déplaît profondément à Dieu, qu'il s'agisse de dieux traditionnels, de Mammon ou de toute autre idole moderne. Pourtant, beaucoup n'ont pas la crainte de Dieu et, comme au temps des Juges, font ce qui leur semble bon (Jg 21.25).

    Au huitième siècle avant Jésus-Christ, l'Eternel eut pitié de Ninive, capitale du royaume sanguinaire des Assyriens, ennemis d'Israël, et il ordonna à son prophète Jonas d'aller lui annoncer son futur châtiment. A l'écoute de la Parole, Ninive se repentit et fut épargnée. Toutefois, un siècle plus tard, la ville de Ninive avait oublié l'Eternel, et le prophète Nahum prédit sa destruction qui eut lieu en 612 avant J.C. Ils avaient oublié !

    Jérusalem connut plusieurs réveils sous les rois Joas, Ézéchias et Josias, qui, saisis par la Parole et ayant la crainte de Dieu, mirent tout en oeuvre pour ramener le peuple à Dieu. Mais les générations suivantes n'ont pas suivi leur exemple et sont retombées dans l'impiété.

    Au retour d'exil, Jérusalem connut un grand réveil avec Esdras, puis avec Néhémie. Mais, par la suite, les religieux détournèrent le peuple en les amenant à suivre leur tradition. Il en a été de même pour le royaume du Nord, où le réveil sous Elie au mont Carmel n'eut pas de suite favorable, et Israël finit par être déporté vers les nations.

    Tous ces réveils ont systématiquement été suivis d'une profonde léthargie jusqu'au jour de la Pentecôte, qui a vu l'avènement de l'Église de Jésus-Christ.

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    B. La Naissance de l'Église de Jésus-Christ

    Avant toutes choses, il est nécessaire de rappeler les origines.

    1. La Fondation de l'Église

    Lors de la Pentecôte, après l'effusion du Saint-Esprit sur les cent vingt disciples réunis dans la chambre haute, Pierre annonça à tous ceux qui avaient accouru, Juifs et prosélytes provenant des différents pays du monde alors connu :

    « C'est ici ce qui a été dit par le prophète Joël : Dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions, et vos vieillards auront des songes. Oui, sur mes serviteurs et mes servantes, dans ces jours-là, je répandrai de mon Esprit et ils prophétiseront. » (Ac 2.16)

    La mention par Joël des « derniers jours » et sa référence à certains fléaux cités dans l'Apocalypse tendent à démontrer qu'en réalité la Pentecôte a commencé ce jour-là pour se terminer lors du retour de Christ. Depuis le jour de la Pentecôte, tout croyant en Christ, né de nouveau et donc régénéré, peut être baptisé dans le Saint-Esprit. Cette grâce divine, que le croyant régénéré doit rechercher, dure depuis près de deux mille ans, et l'Église, qu'elle le vive ou non, est toujours dans cette Pentecôte permanente avec tout ce que cela doit impliquer quant à la présence du Saint-Esprit, l'onction de Dieu, la puissance d'en-haut, la manifestation des charismes, ainsi qu'un amour agapè et un souci permanent pour la Grande Commission, c'est-à-dire le salut des âmes, d'autant plus que le retour de notre Seigneur est proche.

    Si tel est le cas, pourquoi donc les baptêmes du Saint-Esprit sont en baisse constante ? Pourquoi l'Église est-elle amenée à exhorter régulièrement ses membres sur un sujet qui doit faire partie intégrante de sa vie et de sa quête quotidienne ? L'Église ne vivrait donc plus la vie de l'Esprit ? Aurait-elle perdu la puissance que le Saint-Esprit lui confère normalement ?

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    Le livre des Actes montre à quel point l'Église est dynamisée lorsque la présence du Saint-Esprit est effective et lorsque l'Église vit selon la Bible et dans la volonté de Dieu : « Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Église ceux qui étaient sauvés » (Ac 2.47). « Beaucoup de ceux qui avaient entendu la Parole crurent, et le nombre des hommes s'éleva à environ cinq mille » (Ac 4.4). « Quand ils eurent prié, le lieu où ils étaient assemblés trembla ; ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils annonçaient la Parole avec assurance » (Ac 4.4).

    « Beaucoup de miracles et de prodiges se faisaient au milieu du peuple par les mains des apôtres ... le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur augmentait de plus en plus » (Ac 5.14). « Pendant qu'ils servaient le Seigneur dans leur ministère et qu'ils jeûnaient, le Saint-Esprit dit : Mettez-moi à part Barnabas et Saül pour l'oeuvre à laquelle je les ai appelés » (Ac 13.2). Ces quelques passages parmi beaucoup d'autres résument la puissance d'une Église remplie de l'Esprit.

    Cependant, l'Église est à ce jour loin de vivre selon ces normes. Les cultes se suivent et se ressemblent : Beaucoup d'ambiance, mais une grande faiblesse spirituelle. Il peut se passer de nombreux dimanches sans que l'on entende une seule prophétie. Les « guérisons » sont souvent « arrachées », lors de séances de délivrance à grand spectacle. Il y a peu de baptêmes du Saint-Esprit. Or, c'est le Seigneur Jésus-Christ qui baptise du Saint-Esprit (Jn 1.33), et c'est lui qui bâtit son Église. Serait-il absent ? Pourtant les promesses sont là. Jésus a fixé la norme charismatique de l'Église : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m'en vais au Père ; et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils » (Jn 14.12-13). Et d'ajouter : « Voici les miracles et les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents ; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades seront guéris »

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    (Mc 16.17-18). L'épître aux Hébreux commente ainsi la marche de l'Église apostolique : « Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté » (Hé 2.4).

    Hélas, les manifestations de l'Esprit sont rares dans nos églises de Pentecôte. Les vraies prophéties sont exception, tout comme les guérisons. Les erreurs doctrinales se multiplient. Le péché est autorisé, avec des cas de débauche et d'adultère qui flétrissent l'Église, ses ministères et ses membres. La mondanité a pris place. Le syncrétisme s'infiltre peu ou prou. L'amour de l'argent a remplacé l'amour du Seigneur. L'unité spirituelle fait partie de la prédication mais elle est quasi inexistante. La crainte de Dieu a disparu. L'Église ressemble à Israël au temps de Gédéon qui dit à l'ange de l'Éternel : « Ah, mon seigneur, si l'Éternel est avec nous, pourquoi toutes ces choses nous sont arrivées ? Et où sont tous ces prodiges que nos pères nous racontent, quand ils disent : L'Éternel ne nous a-t-il pas fait monter hors d'Égypte ? Maintenant l'Éternel nous abandonne, et il nous livre entre les mains de Madian » (Jg 6.13). La réponse se trouve au début du chapitre 6 : « Les enfants d'Israël firent ce qui déplaît à l'Éternel » (Jg 6.1). Israël avait oublié les fondations de son alliance avec l'Éternel. Où en est l'Église ?

    2. Le Fondement de l'Église

    Le jour de la Pentecôte, le nombre des disciples augmenta de trois mille âmes : « Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières » (Ac 2.42). Ils marchaient donc selon les instructions de la parole de Dieu enseignée par les apôtres. Aux Éphésiens, Paul met l'accent sur la présence effective du Dieu trinitaire et affirme l'impératif de sainteté : « Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire. En lui tout l'édifice, bien coordonné, s'élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en Esprit » (Ep 2.20-22). À

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    Timothée, Paul ajoute : « Le solide fondement posé par Dieu subsiste, avec ces paroles qui lui servent de sceau : Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent ; et : Quiconque prononce le nom du Seigneur, qu'il s'éloigne de l'iniquité » (2 Tm 2.10). Jésus, dans sa prière sacerdotale, priait ainsi son Père : « Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est la vérité » (Jn 17.17). Nous voyons ici apparaître les éléments principaux que sont la parole de Dieu qui est la vérité, la sainteté et la sanctification, la foi dans l'oeuvre de Jésus à la croix, la communion fraternelle, les prières, et la vie de l'Esprit qui fonde l'Église et la dirige depuis la Pentecôte.

    Malgré cela, beaucoup sont aujourd'hui troublés par ce qu'ils voient et ce qu'ils entendent de l'Église et dans l'Église, une situation qui rappelle l'expression du roi David : « Quand les fondements sont renversés, le juste, que ferait-il ? » (Ps 11.3).

    Afin de nourrir notre étude, nous examinerons l'évolution de ce sujet au cours de l'histoire de l'Église : Est-elle restée fidèle ? Les fondements sont-ils demeurés les mêmes ? Les fondations d'origine sont-elles restées en place ? La vie de l'Esprit est-elle restée la règle ? Il s'agit toutefois ici d'un sujet très vaste ; nous limiterons donc notre comparaison à l'étude de la fidélité de l'Église à la parole de Dieu, à la sainteté et à la vie de l'Esprit, et à l'examen des dérives récurrentes qui l'ont fait sombrer tout au long de son Histoire.

    C. La Croissance et la Formation de l'Église

    1. L'Église Apostolique

    Après la Pentecôte, l'Évangile se répandit rapidement car les nombreux Juifs et prosélytes qui crurent et furent baptisés à Jérusalem le propagèrent dans leur pays d'origine. Les Actes ne relatent qu'une partie de cette merveilleuse progression de l'Évangile dans le monde d'alors. Mais les autres apôtres et les nombreux disciples non cités prirent part également à ce travail missionnaire. Tous prêchaient la « bonne nouvelle » (Ac 8.4). Paul, l'apôtre des gentils, eut un rôle prépondérant dans cette avancée missionnaire et dans

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    l'établissement de la saine doctrine de l'Église. Les serviteurs qui se levèrent contribuèrent à diffuser l'enseignement des Saintes Écritures et à consolider l'implantation de nouvelles oeuvres. Tous ces pionniers durent néanmoins faire face à une forte opposition et à de nombreuses persécutions de la part des Juifs, des Romains, ainsi que des païens et des philosophes de l'époque. Malgré cela, l'évangélisation était basée sur l'annonce de la Parole de vérité, appuyée par les signes, les prodiges et les miracles du Saint-Esprit (Hé 2.4). Le baptême du Saint-Esprit était alors la norme pour tous les croyants, et il en était de même pour la manifestation des dons spirituels. La marche dans la sainteté était si manifeste qu'un simple mensonge attira la ruine d'Ananias et de Saphira (Hé 2.4). L'unité de l'Église et l'amour fraternel véritable étaient la règle : « La multitude de ceux qui avaient cru n'était qu'un coeur et qu'une âme. Nul ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais tout était commun entre eux » (Ac 4.32). Ce partage volontaire de leurs biens en temps de persécution est une preuve magnifique de l'unité des croyants. Malgré les persécutions atroces et constantes, et les nombreuses défaillances citées dans les Épîtres, l'Église pouvait globalement être qualifiée de fidèle. Au fur et à mesure des années, l'Église, qui avait été enfantée dans la persécution, continuait à prospérer dans cette même persécution. Comme avec l'Israël de l'Ancien Testament, plus l'Église était persécutée, plus elle fleurissait et multipliait. Le sang des martyrs était alors, et a toujours été, la semence de l'Église.

    2. L'Église Primitive

    Il s'agit de l'Église des martyrs. Après la disparition des apôtres, leurs successeurs demeurèrent fidèles dans leur foi à Jésus-Christ. Les différentes lettres aux églises envoyées par Clément de Rome, Polycarpe de Smyrne, Irénée ou Tertullien garantissent la fidélité à

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    l'enseignement des apôtres.17 Le martyre des nombreux croyants témoigne aussi de leur fidélité à Jésus-Christ.

    Hélas, la doctrine et l'enseignement des apôtres commencèrent déjà à dévier vers la fin du deuxième siècle. Un écrit de Tertullien en 197 après J.C. condamne l'usage de baptiser les petits enfants ainsi que celui de baptiser les morts, ce qui prouve que cela se pratiquait déjà. Une autre modification frappante fut celle qui fit de la Sainte Cène un acte accompli miraculeusement par un prêtre.18 On commença aussi à parler de Marie en termes trop élogieux. En outre, certains docteurs enseignaient le salut par les oeuvres, et tout particulièrement par les rites ecclésiastiques.

    À cette époque, se produisit un évènement très important qui devait impacter non seulement l'Église primitive mais aussi toutes les dénominations à venir : Ignace d'Antioche attribua aux évêques une autorité et une prééminence encore inconnues dans le Nouveau Testament, ce qui contribua au développement d'un système clérical placé sous la domination des évêques, eux-mêmes soumis à des « métropolites » établis sur de vastes territoires. Ainsi, une organisation humaine, avec ses formes religieuses stéréotypées, vint supplanter, dans les églises autonomes, la puissance agissante du Saint-Esprit et les prescriptions des Écritures.19 D'ailleurs, au troisième siècle, Cyprien de Carthage employait librement le terme d'église catholique, soulignant qu'en dehors d'elle, il n'y avait point de salut.20

    Il convient néanmoins de reconnaître que, durant cette période, l'Église connut de grandes persécutions, d'abord sous Trajan, puis sous Marc-Aurèle, ensuite après l'an 250

    17E. H. Broadbent, L'Église ignorée, (Nyon, Suisse : Éditions "Je sème," 1955), 8. 18Broadbent, 10.

    19Ibid., 9. 20Ibid., 12.

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    sous Décius, et enfin 303 sous Dioclétien, jusqu'à la victoire de Constantin qui apporta une paix à l'Église.21

    Elle dut également combattre de nombreuses hérésies : le judéo-christianisme qui niait la divinité de Jésus-Christ et prônait un salut par les oeuvres ; le gnosticisme dont l'adepte le plus redoutable fut Marcion qui se joignit d'abord à l'Église pour ensuite s'en séparer et fonder sa propre église ; le montanisme du prophète Montanus qui certes a ravivé les choses de l'Esprit, mais qui se prenait lui-même pour le Paraclet, et qui n'acceptait comme seule autorité que l'Esprit qui a parlé par les Écritures et qui parlait encore par les prophètes et les prophétesses montanistes ; et enfin les antitrinitaires.22 Jules-Marcel Nicole souligne que par ses martyrs et ses apologistes, l'Église a remporté une victoire complète sur la persécution et la polémique du dehors. De plus, elle a triomphé des hérésies du dedans. Elle a toutefois moins bien su discerner les dangers du cléricalisme et du formalisme.23

    En ce qui concerne la vie de l'Esprit, certains théologiens ont, depuis la Réforme, attesté que les charismes ont cessé depuis les temps apostoliques, ce qu'on a appelé la doctrine du cessationnisme, qui pousse encore certains à condamner la manifestation des charismes. Or, l'Histoire prouve le contraire. Bien que nous ne connaissions pas la proportion des baptêmes de l'Esprit à l'époque, nous pouvons affirmer que les dons spirituels avaient encore leur place. Jacques Gloagen, dans son ouvrage « Les charismes dans les premiers siècles de l'Église » cite plusieurs écrits des Pères de l'Église : « Dans l'un et l'autre cas, ils ont montré ce qu'était véritablement la vie de l'église, signalant la place qu'y occupaient les dons miraculeux du Saint-Esprit. »24 Il mentionne notamment une lettre de Clément de Rome

    21Jules-Marcel Nicole, Précis d'histoire de l'Église, (Nogent-sur-Marne : Éditions de l'Institut Biblique, 2005), 23.

    22Nicole, 28-29. 23Ibid., 41.

    29

    à l'église de Corinthe, vers l'an 95 ap. J.C., stipulant les dons incomparables et magnifiques du Saint-Esprit, ainsi qu'une lettre d'Ignace d'Antioche aux Philadelphiens, vers l'an 117 ap. J.C., qui dépeint clairement la dimension charismatique de son ministère. Il cite également l'épître de Barnabas écrite vers 120-130 ap. J.-C., de même plusieurs écrits d'Irénée dans la deuxième partie du deuxième siècle, ainsi que les écrits de Tertullien et de Cyprien datant du troisième siècle, et enfin le témoignage de Cyrille, évêque de Jérusalem, au quatrième siècle « apportant lors de catéchèses baptismales, un enseignement sur la conception et l'expérience des dons spirituels à cette époque et dans cette église. »25 En réalité, la manifestation des charismes, y compris la glossolalie, n'a jamais cessé, malgré certaines périodes demeurées obscures.

    D. L'Église Pagano-Chrétienne

    1. De Constantin au Moyen-Âge

    Se rendant compte que la persécution hâtait le dessein de Dieu, le diable changea sa tactique. Au quatrième siècle après Jésus-Christ, Constantin devint l'Empereur romain. Il embrassa officiellement le christianisme. Nous ne savons pas s'il était véritablement converti à Christ, mais, malgré tout, le christianisme devint la religion légalisée et acceptée de l'Empire romain. Au lieu de subir la persécution de l'État, dorénavant l'Église jouissait de la protection de l'État. Le peuple de Dieu avait veillé, prié et resté fidèle en temps d'opposition, mais il s'endormit maintenant dans un faux sentiment de sécurité.

    Sans nul doute, la faveur impériale amena le monde dans l'Église, et ainsi, ce que Satan ne réussit pas à faire par la persécution, il l'accomplit par le patronage. Comme l'affirme le Dr. Edwin Orr : « C'est une chose d'avoir le bateau sur la mer, et une autre

    24Jacques Gloagen, "Les charismes dans les premiers siècles de l'Eglise," Serviteur de Dieu 114 (2006):

    21.

    25Gloagen, 22-26.

    30

    d'avoir la mer à l'intérieur du bateau ! » C'est une chose d'avoir l'Église dans le monde, mais quand le monde pénètre dans l'Église, un déclin spirituel s'installe.26

    J.-M. Nicole souligne que : « cette partie de l'histoire de l'Église est certainement une des plus brillantes. Elle est remarquable par l'achèvement du paganisme, par la disparition des anciennes hérésies et l'élimination d'hérésies nouvelles, par le travail des conciles qui mit fin au flottement qui subsistait sur certains points de la doctrine chrétienne. »27 En effet le Canon du Nouveau Testament fut définitivement arrêté grâce aux efforts constants d'Athanase et d'Augustin. La double nature de Jésus-Christ - son humanité et sa divinité absolue - fut irrévocablement admise. En réponse et pour clore la controverse pélagienne, la corruption radicale de la nature irrégénérée et le salut comme grâce imméritée furent adoptés. Durant cette période, de nombreux chrétiens s'illustrèrent par leurs talents, leur fermeté doctrinale et leur piété. Grégoire évangélisa l'Arménie. Des églises se constituèrent en Perse et en Éthiopie. Les Goths furent évangélisés par Ulphilas. Une nouvelle génération de théologiens se leva : Basile-le-Grand, Grégoire de Naziance, Grégoire de Nysse, Cyrille d'Alexandrie, Théodore de Mopueste, Jean Chrysostome, Théodore de Cyr, etc. qui jouèrent un rôle important pour le triomphe de l'orthodoxie.28

    Malheureusement, c'est au cours de cette même période que des manquements graves commencèrent à laisser entrevoir la future décadence de l'Église. Les foules irrégénérées qui se convertirent pour continuer à bénéficier de l'appui de l'empereur, introduisirent toutes leurs croyances païennes, idolâtres et mondaines. Par conséquent, la conversion de Constantin, avec les changements qu'elle apporta, l'introduction de pratiques d'origine païenne, la montée d'une hiérarchie ecclésiastique basée sur le système du monde plutôt que

    26Arthur Wallis, "La restauration de l'Église"

    http://www.spcm.org/SearchEvents00012013.php?id=3080 (consulté le 30 mars, 2012).

    27Nicole, 70. 28Ibid., 50-51.

    31

    sur les Écritures entraînèrent un rapide déclin spirituel. L'autorité des Saintes Écritures fut bientôt remise en question et remplacée par l'autorité de l'Église sous le patronage de Constantin. Le salut par grâce fut assombri par la vertu des oeuvres et des sacrements. Le culte des saints vit le jour, remplaçant les nombreux dieux précédents. La spiritualité chrétienne et la moralité baissèrent dangereusement. Les ambitions, les intrigues, les rancunes apparurent au sein du clergé, semant le trouble chez les vrais chrétiens.

    J.-M. Nicole conclut que « tandis que durant la période précédente (postapostolique) nous assistions à une victoire de l'Église sur le monde, ici, malgré tout ce que cette période a de magnifique, nous assistons désormais à une victoire du monde sur l'Église. »29 La roue du déclin était enclenchée. Cependant, même pendant ces siècles ténébreux, comme Broadbent le remarque, la flamme du témoignage continuait à brûler ici et là. Des hommes tels que François d'Assise, puis Pierre Valdo, se levèrent comme des flambeaux et des révélations au sein des ténèbres, mais leur témoignage et leur oeuvre malgré tout puissante ne changèrent pas la structure fondamentale des choses.30 Il n'y eut aucun mouvement qui ait pris de l'étendue, aucun retournement de tendance, et siècle après siècle, pendant tout un millénium, la marée de la vie spirituelle continuait à reculer. L'Église descendait dans les sombres époques du Moyen-âge, et la lumière du véritable christianisme était pratiquement éteinte.

    2. Le Moyen-Âge

    Pendant le cinquième et le sixième siècle, de nombreuses invasions troublèrent l'Église en bouleversant le visage politique de l'Europe. Malgré cela, l'Église connut de nombreux succès, notamment la conversion de nombreux peuples païens au catholicisme.

    29Nicole, 71.

    30Broadbent, 100-101.

    32

    Répondant à une nouvelle quête de spiritualité, le monachisme se développa dans toute l'Europe. Les siècles suivants apportèrent leur lot d'avancées positives mais aussi de déboires et de déclin de la saine doctrine.

    Pendant ce temps, les conquêtes musulmanes dévastèrent le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord, l'Espagne, mais furent défaites à Poitiers en 732 par Charles Martel. Toutefois, peu d'églises résistèrent à l'Islam, hormis les Coptes d'Égypte et les Arméniens, bien fondés sur la Parole.

    En 1054, après bien des controverses, le schisme définitif éclata entre le patriarche de Constantinople Michel Cerularius et le pape Léon IX à Rome, qui sépara l'Église catholique de l'Église orthodoxe, bien que ces adjectifs ne soient, dans aucun des deux cas, vraiment appropriés.

    Durant toute cette période, l'église catholique continua à sombrer dans toutes sortes d'abus que nous condamnons : doctrine du purgatoire, transsubstantiation, confession auriculaire, indulgences, mariolâtrie, culte des saints, usage du rosaire ou du chapelet emprunté à l'Islam, culte en latin, culte des images, inquisition épiscopale, prière pour les morts. A cela, s'ajoutait un niveau extrêmement bas de la moralité. À Rome, la papauté tombait sous la coupe des familles romaines souvent très corrompues. S'il y a des doutes sur l'existence d'une « papesse Jeanne »,31 une femme qui, selon une légende du treizième siècle, aurait exercé le pontificat sous le nom de Jean l'Anglais pendant les deux années qui suivirent la mort de Léon IV (855 ap. J.-C.), les scandales inouïs de la cour de Rome ne sont que trop bien attestés : adultères, incestes, retour à des dieux païens.32 Ce fut la période dite de la « pornocratie », allant de l'an 904 à l'an 963, qui connut 12 papes, dont le dernier, Jean XII, fut instauré pape à l'âge de 16 ans. Les chroniqueurs rapportent que cette période fut

    31Le Petit Robert, 1470. 32Nicole, 90.

    33

    marquée par une incroyable débauche, une cupidité outrageante, des actes de cruauté, et des sacrilèges. La débauche romaine se répandit dans bon nombre de couvents et de monastères européens.

    Au onzième siècle, sous l'impulsion du moine Hildebrand, le titre de cardinal fut instauré et un collège des cardinaux fut organisé afin d'élire les papes. Nommé lui-même pape sous le nom de Grégoire VII, il instaura le célibat des prêtres, et sembla s'attaquer à la simonie qui régnait en maître dans le clergé. Toutefois, l'ambition, la politique et la cupidité des papes furent à un point tel qu'on commença dès le treizième siècle à identifier le pape à l'Antichrist.

    E. La Réforme

    1. La Pré-Réformation

    Précédant la Réforme, de nombreux mouvements de sainteté et de retour à la sainte parole de Dieu virent le jour, mais leurs adhérents furent persécutés à outrance. J.M. Nicole met l'accent sur les mouvements de protestation contre le catholicisme, qui deviennent de plus en plus nombreux. L'irréligion gagnait du terrain. Pendant près de soixante-dix ans, les papes s'installèrent à Avignon, mais ils se discréditèrent par leur amour de l'argent et du luxe.33 Vinson Synan cite les Albigeois au douzième siècle et les Vaudois au treizième siècle.34

    En réalité, beaucoup des idées de Luther sont inspirées de celles des pré-réformateurs. Bien avant Luther et Calvin, des hommes ont oeuvré pour une réforme de l'Église. Ils prônaient un retour à la simplicité de l'Évangile, mettant en cause la hiérarchie de l'Église, et s'appuyant sur l'autorité exclusive de la Bible. Pierre Valdo (1140-1217) fut le premier

    33Nicole, 124-125.

    34Vinson Synan, The Holiness Pentecostal Movement in the United States, (Grand Rapids, Michigan: William B. Eerdmans Publishing Company, 1971), 119.

    34

    d'entre eux au douzième siècle en France. Riche marchand lyonnais, il décida un jour, vers 1173, de vendre tous ses biens au profit des pauvres et de vivre de mendicité. Il expliqua son choix dans un triple message : (1) tout laïc peut et doit lire les Écritures (Valdo les fit traduire en langue vulgaire) puis en tirer ses règles de vie, (2) la vie de pauvreté totale est celle qu'a recommandée le Christ et elle doit assurer le salut, (3) les ajouts faits à l'Évangile, tels que bien des sacrements, le culte des saints, le purgatoire, etc. sont inutiles à la foi.

    Valdo a été écouté, faisant des disciples nommés les « Barbes », qui ont suivi sa démarche de pauvreté itinérante et d'apostolat dans les rues, dès lors qu'ils ont saisi cet extraordinaire sentiment de liberté que confère le renoncement à toute richesse. Ceci a inquiété les prêtres car « ces pauvres hères » prenaient leur place, les privant de leurs ouailles, et donc de leurs ressources. L'évêque de Lyon, un moment sympathique à Valdo, lui interdit de prêcher dans sa ville. Une tentative de recours au pape n'aboutit pas, et le concile de Vérone prononça en 1184 leur excommunication. Valdo et ses amis durent s'éparpiller dans les montagnes, notamment dans le Piémont, et vivre dans la clandestinité. Leurs difficultés les conduisirent à radicaliser leur message, dans un sens qui annonce la Réforme. Leur morale exigeante, leur amour du prochain et leur refus d'une Église centralisée leur apportaient la considération de beaucoup. Les Vaudois trouvèrent dans leur adhésion à la Réforme en 1532 un second souffle. Ils découvrirent alors la justification offerte par la grâce et perçue par la foi, notion que Valdo n'avait pas prêchée et dont l'absence l'avait laissé, comme Luther dans sa jeunesse, dans l'angoisse vis-à-vis de ses oeuvres et de son salut.35

    Au cours des quatorzième et quinzième siècles, trois célèbres revivalistes précéderont la future Réforme. Il s'agit de John Wycliffe (1330-1384) en Angleterre, surnommé

    « l'Etoile du matin de la Réforme »,36 de Jean Hus (1373-1415) en Hongrie qui mourut en

    35Bernard Félix, "Pierre Valdo," Revue Évangile et Liberté 193 (2005).

    35

    martyr sur le bucher,37 et de Jérôme Savonarole (1452-1498) en Italie qui fut pendu puis

    brulé.38

    2. La Réforme

    Vint ensuite la Réforme avec Ulrich Zwingli à Zurich (1484-1531), Martin Luther en Allemagne (1483-1546), et Jean Calvin à Genève (1509-1564). Bien que divergeant sur certaines doctrines, ils furent les auteurs d'un grand réveil qui secoua l'Europe toute entière et fit trembler la papauté. La moitié de la population française embrassa le protestantisme, ce qui amena la contre-réforme avec ses persécutions terribles. Plus tard, les mouvements luthérien, calviniste et anglican aboutirent à la formation d'Églises protégées par l'État, et que tous les citoyens d'un pays devaient intégrer. Malgré la puissante action de Dieu à l'origine de ces mouvements, ils finirent par tomber dans un piège séculaire, par s'installer et refuser toute dissidence. Ils se mirent à persécuter les anabaptistes, les mennonites, les Vaudois, et tous les nouveaux courants qui se formaient. Ces mouvements de la Réforme finirent eux aussi par connaître le déclin spirituel dont nous voyons les résultats aujourd'hui : le rapprochement des réformés avec l'église catholique, le vote récent de l'église luthérienne intronisant l'ordination de prêtres homosexuels, etc. Les grands temples protestants aujourd'hui vides témoignent de la dérive de ces églises loin de Dieu.

    3. La Contre-Réforme

    Pendant la contre-réforme, l'église protestante fut cruellement persécutée en France. Elle résista de toutes ses forces et de nombreux protestants s'enfuirent, notamment en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas, puis aux États-Unis et en Afrique du Sud. Cet exode eut

    36Elgin Moyer, Wycliffe Biographical Dictionnary of the Church (Chicago, Illinois: Moody Press, 1982), 441.

    37Ibid., 200. 38Ibid., 358.

    36

    néanmoins une conséquence imprévue et surprenante. L'industrie naissante étant, en France, entre les mains des protestants, leur départ entraîna une faillite économique durable pour la France, qui joua certainement un rôle dans la chute de la royauté et de l'église catholique lors de la révolution française. Toutefois, à l'époque, la cruauté de l'église catholique et des rois de France fut sans pareille. Ceux qui n'avaient pas pu s'exiler, et qui ne mouraient pas sur le champ par l'épée ou la corde, étaient torturés et écartelés, ou encore brûlés vifs ; ils étaient jetés en prison ou envoyés aux galères ; les enfants, même les bébés, étaient arrachés des bras de leurs mères pour être envoyés dans des couvents où ils étaient élevés dans la religion catholique. Le roi envoyait ses soldats, les dragons, loger dans des familles protestantes où, à force de brutalités y compris des viols, ils cherchaient à faire abjurer les croyants. Malgré cela, l'église réformée grandissait, à cause de la persécution. En effet, beaucoup étaient troublés par ces évènements et se convertissaient. Le contrecoup provint de la révolution française qui amena la paix et la liberté de culte aux protestants. Toutefois, il ne fallut pas longtemps pour que l'église réformée commence elle aussi à décliner. L'église du Musée du désert, d'une capacité de 3.000 places assises, est aujourd'hui pratiquement vide, habitée par les rats et les chauves-souris.

    F. Le Grand Éveil Évangélique

    Les réveils post-Réforme ont été encore plus nombreux. Avant de revisiter la merveilleuse action de l'Esprit au cours du dix-neuvième et du vingtième siècle, nous citerons quelques revivalistes qui prirent part à la préparation spirituelle du monde à la future oeuvre divine : Georges Fox (1624-1691), les Jansénistes au dix-septième siècle ainsi que les Quakers et les prophètes cévenols en France, le Comte Zinzendorf (1700-1760) fondateur des Frères Moraves à Herrnhut, à l'origine d'une réunion de prière 24 heures sur 24 qui dura

    37

    cent ans.39 De l'église de ce petit village, il sortit, en l'espace de vingt-cinq ans, plus de cent missionnaires, pour atteindre en cent ans, un total de plus de trois cents missionnaires. Aucun mouvement, nulle part, et à aucune époque, n'égala proportionnellement un tel élan pour la Mission.40

    Citons encore John Wesley (1703-1791), Thomas Walsh en 1750,41 Jonathan Edwards et Georges Whitefield dans les années 1730-1740,42 David Brainerd, l'apôtre des Indiens d'Amérique au dix-huitième siècle, sans oublier Asahel Nettleton, Charles Finney en 1821 dont le ministère permit d'ajouter trois millions d'âmes à l'Église,43 et Hudson Taylor (1832-1905) en Chine. Le dix-neuvième siècle a révélé Demos Shakarian (1855), Édouard Irving (1782-1834), Dwight Moody (1837-1899), Reuben A. Torrey (1856-1928), F.G. Mathewson (1854), R.B. Swan (1875), W. Jethro Walthall (1879), Maria Greber (1880). Hélas, là aussi, la plupart des dénominations réveillées alors se sont depuis éteintes ou endormies, mais Dieu préparait ainsi le grand réveil de Pentecôte du vingtième siècle.

    G. Les Six Grandes Vagues de Réveil Évangélique

    Ce fut une merveilleuse période où le monde connut une formidable manifestation de l'Esprit de Dieu dans la puissance du réveil. L'Esprit allait en tout lieu, communiquant une vision toute fraîche de la gloire de Dieu et de sa grâce, révélant aux hommes leur péché, leur faiblesse, et leur besoin désespéré du pardon de Dieu. Les rétrogrades étaient interpellés dans leur indifférence et leur inactivité. L'Esprit les secouait et ils redevenaient préoccupés par les

    39Tony Cauchi, Les six vagues de réveil, http://sentinellenehemie.free/6vagues.html (consulté le 26 novembre, 2010).

    40John Greenfield, Power from on High, (Edinburgh, UK: Marshall, Morgan and Scott, 1927), 25-26. 41Philippe E. Emirian, La glossolalie, (Chailly-Montreux, Suisse: RDF, 1990), 140.

    42Récits de réveils historiques, http://www.spcm.org/recits_reveils.php (consulté le 5 décembre, 2010). 43Emirian, 140.

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    choses de Dieu. Ils retrouvaient le chemin de l'église. Un nouveau désir ardent pour la prière fervente et pour la parole de Dieu, ainsi que la passion des âmes les motivaient pour le salut des perdus.

    Il y a eu plusieurs périodes dans l'histoire des réveils depuis la Réforme. Certains sont venus de façon éphémère, inattendue et irrégulière, mais plusieurs grands réveils successifs et distincts ont été les moyens que Dieu a utilisés pour contrecarrer le déclin spirituel dans l'Église et pour promouvoir une avancée spirituelle dans le monde. On peut ainsi dénombrer six périodes ou vagues principales depuis la Réforme jusqu'au début du vingtième siècle, en 1727, 1792, 1830, 1857, 1882 et 1904,44 dont les effets ont fini par toucher le monde.

    Généralement appelé « le grand réveil », 1727 n'a pas été le plus grand réveil en terme de croissance numérique ou d'étendue géographique. Néanmoins, il a été la première occasion discernable où l'Esprit de Dieu s'est répandu simultanément à travers différentes nations. Historiquement, on fait remonter le début de ce réveil à la communauté morave de Zinzendorf dont le piétisme avait commencé à raviver l'Angleterre et l'Amérique. Griffith Jones marqua la Grande-Bretagne à travers sa prédication de réveil pendant au moins dix ans. Théodore Frelinghuysen prêchait à New Jersey en 1727, débutant un réveil qui se répandit parmi les Presbytériens Irlando-Ecossais sous le ministère de Gilbert Tennant. Le réveil se répandit ensuite chez les baptistes de Pennsylvanie et de Virginie avant le grand réveil de Northampton, dans le Massachusetts, avec Jonathan Edwards en 1734. Après cela, le réveil se répandit en Angleterre et fit une plus profonde avancée en Amérique à l'occasion de la visite de George Whitefield en 1739. Les effets du réveil furent phénoménaux. Près de cent cinquante nouvelles églises presbytériennes démarrèrent en l'espace de vingt ans et trente mille âmes s'ajoutèrent à l'église entre 1740 et 1742. En Angleterre, un massif mouvement de réveil démarra avec George Whitefield et John Wesley. Ce dernier se rendit,

    44Cauchi, Les six vagues de réveil.

    39

    encore inconverti, en Amérique pour prêcher aux Indiens en 1736, puis en 1738. Au retour de Wesley, Whitefield s'était converti et prêchait déjà avec de grands résultats. Pendant 34 ans, il exerça un magnifique ministère voué à la prédication, avec des signes de réveil qui souvent l'accompagnèrent. Son ministère coïncida avec le célèbre réveil de Cambuslang en 1742, où vingt ou trente mille s'assemblèrent pour l'écouter prêcher. A la suite de sa prédication, il y eut des pleurs et une repentance en masse pendant une heure et demi. Whitefield prêcha dans presque chaque ville d'Angleterre, d'Écosse et du Pays de Galles, il traversa l'Atlantique sept fois ; il gagna d'innombrables âmes à Boston, à New York et à Philadelphie. On estima qu'il prêcha environ dix-huit mille messages remplis de puissance. Son ami, John Wesley, est considéré comme l'architecte du réveil évangélique du dix-huitième siècle. Converti en 1738, il prêcha en plein air à Bristol. C'est là que commencèrent ces manifestations inhabituelles qui étaient régulièrement présentes dans ses réunions et celles de Whitefield : des gens tombaient, criaient, s'évanouissaient, hurlaient, se tordaient de convulsion, etc. Par contre, Wesley s'est fait remarquer sur le plan de l'organisation. Il commença sagement des petites sociétés conçues pour servir à l'encouragement et le soutien mutuels. Celles-ci devinrent les précurseurs des réunions dans des salles de classe et ensuite de l'Eglise Méthodiste. Elles étaient sûrement utilisées pour conserver les fruits de l'oeuvre du réveil. Prédicateur itinérant pendant soixante cinq ans, il parcourut lors de ses voyages à cheval une distance estimée à quatre cent mille kilomètres, et prêcha quarante mille sermons ! Il écrivit deux cent trente livres, en comptant ses volumineux mémoires et un commentaire complet sur la Bible entière. Ses pratiques et sa théologie impactent encore des groupes de sainteté, de réveil, pentecôtistes et charismatiques jusqu'à aujourd'hui. Les historiens se réfèrent habituellement à l'année 1766, l'année de la révolution américaine, comme celle où le réveil avait atteint le maximum de sa puissance et commença à décliner.

    40

    Un deuxième grand réveil eut lieu à partir de 1792. Il dura environ trente ans et connût une grande étendue géographique. Il donna une grande impulsion aux missions dans le monde. Il commença par un mouvement de prière en 1784, lorsque John Erskine d'Edinburgh republia le fervent plaidoyer de Jonathan Edward pour la prière de réveil. Les dénominations, l'une après l'autre, consacrèrent chaque mois, un lundi soir à la prière, d'abord en Grande-Bretagne, puis aux États-Unis. Les barrières étaient énormes. Un grand déclin moral avait suivi la Guerre d'Indépendance en Amérique, la Révolution française, et le rationalisme en Europe. Les méthodistes à eux seuls connurent une croissance numérique qui passa de soixante-douze mille à la mort de Wesley en 1791 à presqu'un quart de million en une seule génération.

    Dans le même temps, les églises du Pays de Galles se remplissaient à nouveau et des milliers d'âmes se réunissaient en plein air. Les Haldane (Robert et James) et Thomas Chalmers, avec quelques autres, prirent part à des réveils phénoménaux en Écosse. L'Irlande aussi connut des réveils locaux, parmi les méthodistes. Des mouvements similaires se produisirent ailleurs dans le monde. Vers 1800, la Scandinavie fut atteinte et, en Suisse, une visite de Robert Haldane alluma le feu du réveil au sein des églises réformées. L'Allemagne expérimenta le réveil et connut ainsi des réformes sociales durables et la ferveur missionnaire. Aux États-Unis, le concept de la prière se répandit dans tout le pays depuis 1794, et avant la fin de l'année 1798, le réveil avait éclaté partout, touchant chaque état et chaque dénomination évangélique. Le réveil commença en 1792 et dura environ 30 ans jusqu'en 1820, mais il fut suivi de très près par celui de 1830 qui dura 12 ans avant un nouveau déclin.

    Le troisième grand réveil arriva en 1830, mais cette fois-là sans le déclin habituel. Asahel Nettleton et Charles Finney sont les noms les plus connus aux États-Unis. Finney commença en 1830 et attira cent mille âmes en une seule année ! Les églises méthodistes

    41

    épiscopales croissaient continuellement dans les années 1830, mais leur nombre doubla entre 1840 et 1842. D'autres dénominations prospérèrent aussi. En Angleterre, les réveils se généralisèrent tout au long des années 1830. Robert Aitkin et William Haslam entreprirent des missions avec succès. Le darbysme débuta durant cette période, restaurant la doctrine de l'Église, dont celle du retour de Christ. Ses personnalités remarquables étaient J.N. Darby et George Müller qui initia un travail pionnier dans l'orphelinat, l'évangélisation et l'entreprise missionnaire. Edward Irving débuta une oeuvre qui conduisit à la restauration des dons spirituels et des ministères apostoliques dans l'Église. Le Pays de Galles et l'Écosse furent à nouveau saisis par le feu de l'Esprit. Des réveils locaux éclatèrent en Scandinavie, en Europe centrale, en Afrique du Sud, dans les îles du Pacifique, en Inde, et à Ceylan. Ce réveil, qui commença en 1830, ne dura qu'environ douze ans, se terminant aux alentours de 1842.

    Le quatrième grand réveil, celui de 1857, fut le plus grand connu à ce jour en étendue, en effets, et en impact sur la durée. Il commença au Canada. En septembre 1857, Jeremiah Lanphier, un homme d'affaires converti sous Finney, mit en place une réunion de prière tous les mercredi midi dans une église de New York. La progression en nombre des assistants les amena à se rencontrer sur une base quotidienne à partir de début octobre. En six mois, dix mille hommes d'affaires se réunissaient au cours de ces réunions dans toute l'Amérique. Ils confessaient leurs péchés, se convertissaient et priaient pour un réveil. Ce mouvement, initié par des laïcs, moissonna un million d'âmes en deux ans. Pendant ce temps, avant la fin de 1865, un autre million d'âmes fut gagné à Christ en Grande-Bretagne où la population atteignait était alors 27 millions d'habitants. L'évangélisation et la mission étaient sur le coeur de beaucoup. Moody et Sankey eurent un grand succès. William et Catherine Booth ouvrirent l'Armée du Salut qui attira de grandes foules à Christ. Walter et Phoebe Palmer connurent une remarquable oeuvre de l'Esprit au sein de leur ministère. Charles Spurgeon prêchait chaque semaine à des foules remplissant les plus grandes salles de Londres. Hudson Taylor

    42

    commença la Mission pour la Chine Intérieure. David Livingstone et Mary Slessor propagèrent le travail missionnaire en Afrique. Ainsi fut l'impact du quatrième grand réveil, qui balaya aussi le monde entier. La croissance fut rapide en Europe continentale, en Russie occidentale, en Australie, dans les Mers du Sud, en Afrique du Sud et en Inde.

    Le cinquième grand réveil, de 1880, fut marqué par Dwight L. Moody. Il fut accompagné de beaucoup d'autres ministères issus aussi du réveil de 1857. Charles T. Studd, fut le produit des visites de Moody, et il partit en mission en Chine en 1885. Avant la fin de l'année 1911, Studd fonda le mouvement missionnaire, la W.E.C, qui eut de grands succès en Afrique. Aux États-Unis également, des milliers de jeunes se portèrent volontaires pour le travail missionnaire et se répandirent dans le monde entier, donnant naissance à la Fédération des Étudiants Chrétiens (Student Christian Federation). Moody fonda l'Institut Biblique Moody en 1883, qui privilégiait les missions. L'Alliance Chrétienne Missionnaire (CMA) prit forme à cette même époque sous l'impulsion de A. B. Simpson, et le Mouvement d'Effort Chrétien (Christian Endeavour Movement) naquit d'un réveil à Portland, dans le Maine, en 1880-1881. À cette même époque, Sam Jones, Wilber Chapman et Billy Sunday connurent un succès extraordinaire en Amérique du Nord. Andrew Murray exerça un puissant ministère en Afrique du Sud, ainsi que John McNeil en Australie. De plus, le réveil atteignit le Japon au début de 1880, portant l'assistance de l'église de quatre mille à trente mille membres adultes en l'espace de cinq ans. La Mission Intérieure de la Chine envoya de nombreux nouveaux missionnaires dans ce pays. De nouvelles missions furent implantées et des réveils rapportés en Inde, en Afrique, en Afrique du Sud, à Madagascar, en Amérique centrale et du sud. Ce fut un réveil missionnaire qui, à travers le monde entier, posa les bases pour une future Église forte, avant le grand réveil du vingtième siècle que Dieu préparait.

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    H. Le Déclin Spirituel Récurrent de tous les Réveils

    Tous les réveils cités dans les chapitres précédents se sont éteints. Certains l'ont été au bout de quelques années, d'autres ont duré plus longtemps comme les Moraves grâce à la prière constante, d'autres enfin ont décliné et continué à un niveau misérable pendant des siècles. Ils sont aujourd'hui des coquilles vides, abandonnées à tout vent de doctrines. Cecil M. Robeck Jr. mentionne deux exemples frappants : Le premier vient de la banlieue Ouest de New York où le grand revivaliste Charles G. Finney a vécu et travaillé. Cette région a tellement connu le feu du réveil qu'on la surnomma le « district consumé ». Hélas, aujourd'hui, la population se répartit entre les Mormons, la pensée positive, la science chrétienne, les témoins de Jéhovah, le spiritisme, et la perversion des communautés de l'amour libre, telle que Oneida. On pourrait difficilement penser que le réveil a eu un tel effet en ce lieu. Le deuxième exemple est le Pays de Galles. Seulement 8,6% de la population se rend à l'église aujourd'hui. Seulement 2% fréquente des communautés ayant une apparence évangélique.45 Il reste néanmoins un point positif. À l'occasion de ces réveils qui se sont étendus au monde entier, la parole de Dieu a été prêchée, a touché des âmes, et a permis de constituer des noyaux ecclésiaux qui continuent tant bien que mal à propager une image et une morale chrétienne. Ce sont des tisons qui fument encore, des roseaux meurtris mais qui sont disponibles entre les mains puissantes du Saint-Esprit. Esaïe relate la parole de l'Éternel au sujet de son Serviteur Jésus qui « ne brisera point le roseau cassé, et n'éteindra pas la mèche qui brûle encore » (Es 42.3). Un exemple frappant nous est donné par ces deux soeurs qui, dans leur âge avancé-plus de 80 ans-ont prié pour un réveil qui est intervenu aux Nouvelles-Hébrides, embrasant tout le pays. Hélas, ce réveil s'est lui aussi attiédi, puis a décliné, et s'est éteint. Mais des âmes ont été sauvées. Notre combat est incessant et le chrétien ne doit jamais baisser les bras. Nous pouvons remporter des batailles avec l'aide du

    45Cecil M. Robeck, Jr., The Azusa Street Mission & Revival, (Nashville, Tennessee: Thomas Nelson, 2006), 324-325.

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    Saint-Esprit, mais la guerre ne sera définitivement gagnée qu'au retour de Jésus-Christ sur la terre.

    L'histoire de l'Église le confirme, tant elle ressemble à des montagnes russes avec ses hauts et ses bas. L'ancien Israël a toujours vacillé entre les commandements de Dieu et la voie des nations païennes, et en cela, l'Église n'a guère différé. Tout au long des périodes de déclin spirituel, il y eut heureusement des gens qui sont restés attachés à la Parole de Dieu, mais qui furent durement persécutés à cause de leur foi en Christ.

    Néanmoins, Dieu a toujours suscité des hommes qui, sous l'impulsion du Saint-Esprit, ont redécouvert des vérités abandonnées de la Bible, qui ont enflammé de nouveaux réveils, devenant des leaders visionnaires, prêchant la saine doctrine, conduisant à la repentance et au changement de vie. Ces mouvements de réveils ont été accompagnés par la puissance de Dieu qui confirmait par des signes, des prodiges et des miracles la vérité de sa parole prêchée. Ces réveils ont toujours eu un impact admirable, comme toute oeuvre de Dieu : des âmes sauvées, des vies transformées, et la restauration de la présence de Dieu parmi son peuple.

    Toutefois, au bout d'un certain temps, l'église est de nouveau la proie du même fait autodestructeur. La vie qui découle de l'Esprit commence à être progressivement remplacée par toutes sortes d'activités, qui peuvent être regroupées sous le terme d' « organisation », destinée certes à répondre à des besoins justifiés, mais qui laissent la place au raisonnement humain (la foi est laissée de côté), aux prises d'habitudes, et à la mise en place de rites religieux qui reflètent de moins en moins la spontanéité du premier amour, avec pour conséquences : la perte de ferveur, une absence de profondeur, l'oubli du besoin spirituel des âmes, le déclin missionnaire, etc. L' « organisation » continue l'oeuvre par l'effort humain et constant des membres, mais le Saint-Esprit est souvent délaissé au profit de la raison humaine. Les apôtres avaient vite réagi face à cette difficulté :

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    Il n'est pas convenable que nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables. C'est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept hommes, de qui l'on rende bon témoignage, qui soient remplis d'Esprit-Saint et de sagesse, et que nous chargerons de cet emploi. Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de la parole. (Ac 6.2-4)

    Hélas, leur exemple n'a pas été longtemps suivi, car Jésus a reproché à l'Église d'Éphèse d'avoir abandonné son premier amour (Ap 2.4). Cette église était toujours en mouvement, faisant des oeuvres, mais elle a fini par devenir un monument, incapable de résister à l'assaut final de l'ennemi.

    Nous vivons les derniers temps de l'Église. Et nous rendons grâces à Dieu qui est toujours à l'oeuvre dans la continuité des réveils du début du vingtième siècle. Des oeuvres magnifiques ont été bâties, et des millions d'âmes ont été sauvées. Le feu du réveil s'est pleinement répandu dans le monde entier. Les AD ont, pendant toutes ces années, fourni un effort missionnaire sans précédent et Dieu accompagnait tous ses envoyés, qui laissaient tout pour le suivre et le servir (Lc 5.11). Mais les générations se suivent et ne se ressemblent pas. Le Livre des Juges nous interpelle :

    Josué renvoya le peuple, et les enfants d'Israël allèrent chacun dans son héritage pour prendre possession du pays. Le peuple servit l'Éternel pendant toute la vie de Josué, et pendant toute la vie des anciens qui survécurent à Josué et qui avaient vu toutes les grandes choses que l'Éternel avait faites en faveur d'Israël. Josué, fils de Nun, serviteur de l'Éternel, mourut âgé de cent dix ans. . . .Toute cette génération fut recueillie auprès de ses pères, et il s'éleva après elle une autre génération, qui ne connaissait point l'Éternel, ni ce qu'il avait fait en faveur d'Israël. Les enfants d'Israël firent alors ce qui déplaît à l'Éternel, et ils servirent les Baals. (Jg 2.6-11)

    Ce texte nous parle de la première génération, celle de Josué, né de nouveau, qui connaît Dieu, qui est consacrée, qui obéit à Dieu, et qui vit authentiquement sa foi. La deuxième génération est celle des anciens. Il y a déjà des inconvertis. Bien qu'ils connaissent Dieu personnellement, certains ont fait des compromis. On fait mine d'être consacré, mais on n'obéit pas à Dieu. La troisième génération, « l'autre génération », se révèle être plutôt en

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    conflit. Elle ne connait pas Dieu, rien de lui ni de ses oeuvres. Elle adore et sert les dieux du pays. Si on fait un parallèle avec l'Eglise, elle comprend peut-être 75% d'inconvertis qui viennent par habitude, il faut bien avoir une religion, comme tout le monde. Et puis les gens sont gentils, les jeunes sont polis, et feraient de bons partis pour un mariage. Les chrétiens sont pour la plupart des chrétiens de nom. La quatrième génération représente la zone de danger, juste avant la chute finale. Elle comporte près de 90% d'inconvertis. Ce sont des églises mortes, bien qu'elles soient remplies.

    Beaucoup d'églises sont actuellement dans la zone de danger, de troisième ou quatrième génération. Elles font des oeuvres, ont du succès religieux, font parler d'elles, mais n'ont plus la vision des âmes perdues. Le but de l'évangélisation est de remplir le bâtiment de l'église, de faire du chiffre, mais le changement profond de l'homme est une autre affaire. L'église se repose sur ses richesses, sur les moments glorieux du passé comme celle de Laodicée ; elle recherche le confort matériel et la reconnaissance du monde ; mais le but premier de l'Eglise, l'ordre crucial de Jésus-Christ, la Missio Dei, a perdu de son importance. On en parle, bien sûr, mais il n'y a même pas une journée annuelle consacrée à cette oeuvre qui émane du coeur même de Dieu, la plus importante de toutes. Nos églises vivent pour elles-mêmes, pour se satisfaire, pour payer les soutiens et les nombreux frais des responsables, pour alimenter la caisse et permettre les nombreux voyages des responsables, l'achat de la grosse voiture ou du 4X4 du pasteur principal, etc.

    Au temps de David, « les fils d'Issacar savaient discerner les temps » (1 Ch. 12.32). Aujourd'hui, il est important pour nous de comprendre les temps dans lesquels nous vivons. Les responsables d'église doivent voir plus loin et plus tôt que les autres, et comprendre que notre époque est la plus dangereuse de l'histoire. Nous vivons les derniers jours de ce monde. Leurs caractéristiques sont celles annoncées par Jésus dans Matthieu 24 : L'accroissement de l'iniquité et du mal, la présence multipliée de la séduction, une religion

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    sans puissance. Les temps se dégradent, mais l'Eglise est comme aveuglée, subjuguée par le monde et ses convoitises terrestres multiples. De plus, elle est séduite spirituellement par toutes les contrefaçons sataniques qui s'y infiltrent pour la polluer et la détruire.

    I. Les Contre-attaques de l'Adversaire au Grand Réveil Évangélique

    Toute période de réveil spirituel apporte son lot d'extravagances et de divisions. Celle précédant le Réveil de Pentecôte n'a pas été en reste, pour preuve la création de nombreux mouvements sectaires, sous l'effet charmeur de soi-disant prophètes et de nouvelles révélations sans fondement biblique. Ces sectes se distinguent par le fait qu'elles ne donnent pas à Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, la place centrale qui lui revient. D'autre part, la Bible, présente mais souvent tronquée ou modifiée, perd toujours son autorité au profit d'autres textes ou soi-disant nouvelles révélations supérieures. Nous verrons ici quelques-uns de ces mouvements, nés pendant la période des grands réveils évangéliques.

    1. L'Éclosion de Courants Hérétiques pendant le Grand Réveil Évangélique L'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours

    L'église mormone a adopté ce nom, en référence aux chrétiens de l'âge apostolique qu'ils considèrent être les saints des premiers jours.46 Elle doit son origine à Joseph Smith (1805-1844), né de paysans presbytériens à Sharon, aux États-Unis. Il aurait eu plusieurs visions avec un ange appelé « Moroni » qui lui aurait permis de retrouver un livre écrit sur des pierres d'or en égyptien ancien, qui une fois traduit, devint le livre des Mormons, considéré comme égal à la Bible. Les Mormons ont leur centre à Salt Lake City en Utah, leur « Nouvelle Jérusalem ». Ils basent leur foi sur plusieurs ouvrages : la Bible, le livre des Mormons, Doctrines et Alliance, la Perle de Grand Prix, leur confession de foi, et les

    46Gérard Dagon, Les sectes à visage découvert, (Yerres, France : Éditions Barnabas, 1995), 104.

    47Nicole, 238. 48Dagon, 141.

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    révélations successives. Selon leur foi, le livre des Mormons complète la Bible. J.-M. Nicole souligne : « Ils ont une hiérarchie compliquée, des doctrines blasphématoires, et la pratique de la polygamie, aujourd'hui officiellement dans leur temple suspendue. »47 Joseph Smith avait eu 23 épouses. Ils tiennent des réunions publiques, mais pratiquent dans leur temple principal des rites secrets, exclusivement réservés à leurs membres. Ils prônent le baptême pour les morts et le mariage pour l'éternité. Ils développent un zèle obligatoire pour la mission, et comptent aujourd'hui plus de huit millions de membres dans le monde48.

    Les Adventistes

    L'adventisme constitue une des multiples familles du protestantisme mondial, forte de quinze millions de membres baptisés. Toutefois, compte-tenu de leur caractère professant, il convient de multiplier le chiffre par trois pour obtenir le nombre de participants, soit environ quarante-cinq millions. L'église adventiste se caractérise par un accent prononcé sur les prophéties, le respect du sabbat (le samedi), le retour de Jésus-Christ (d'où son nom), l'hygiène ascétique et la santé (renoncement à l'alcool, au tabac, à la viande de porc). Elle est née aux États-Unis, fruit de la prédication d'un baptiste autodidacte, William Miller (1782- 1849), qui prédit que Jésus reviendrait en 1844. Il reconnut ensuite son erreur mais certains de ses partisans persévérèrent dans cette voie, disant que c'était la date de la purification, par Jésus, du sanctuaire céleste. S'ils mettent la Bible au premier plan, ils sont fortement attachés aux principes légalistes de la Loi, et lui adjoignent les écrits de leur prophétesse Elle White (1827-1915), lesquels qui font autorité. Ils croient au sommeil des morts et à l'anéantissement des méchants, et pratiquent le lavement des pieds entre membres. Leurs

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    membres sont soumis à une stricte surveillance quant au paiement de la dîme, celle-ci leur assurant des revenus considérables.49

    Les Témoins de Jéhovah

    Cette secte fondée par John Russel (1852-1916) nie la Trinité et l'enfer avec une grande insistance. Ses doctrines sont tout proprement hérétiques. Selon ses croyances, nous sommes depuis 1914 dans le Millénium, au cours duquel les nations seront jugées, et les morts, ressuscités, pourront se convertir.50 Elle est présente dans de nombreux pays du monde. Ses livres sont largement répandus. Elle édite deux revues principales : « Réveillez-vous » bimensuel publié en 53 langues (1986) et tirée à dix millions d'exemplaires ; et la revue bimensuelle « la Tour de Garde » publiée en 103 langues (1986) et tirée à plus de onze millions d'exemplaires.51 La secte édite un Nouveau Testament modifié, appelé « Les Écritures Grecques Chrétiennes, Traduction du Monde Nouveau » qui contrefait les Saintes Écritures.52 Elle est connue en France pour de nombreux scandales financiers, mais semble y disposer, comme ailleurs, d'appuis très haut placés.

    La Science Chrétienne

    Madame Baker Eddy (1821-1910) a fondé, en 1879, la première église du Christ scientiste, où elle fait l'apologie de la guérison divine systématique au travers de la science. Son ouvrage « Science et Santé avec la Clef des Écritures » est la révélation du divin principe absolu de la guérison mentale scientifique.53 Cette église, reconnue dans 57 pays, compte

    49Nicole, 238. 50Ibid.

    51Cesar Vidal Manzanares, Souvenirs d'un témoin de Jéhovah, (Deerfield, Floride, USA : Éditions Vida, 1987), 141.

    52Barry Clark, La Bible dénonce les erreurs des témoins de Jéhovah, (Grézieu-la-Garenne, France : Viens-et-Vois, 1992), 37.

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    quatre cent mille membres. Selon Mme Eddy, le bien et l'esprit sont seuls réels ; la matière et le mal sont des illusions. Elle nie donc le péché, l'enfer, l'incarnation, et la rédemption.54

    2. Le Renouveau de la Philosophie et les Mouvements Laïques

    Le renouveau de la philosophie fut marqué en Europe par l'avènement du « Siècle des Lumières ». Ce mouvement tire son nom de la volonté des philosophes européens du dix-huitième siècle de combattre les ténèbres de l'ignorance par la diffusion du savoir. Ce mouvement, plus marqué en France, en Angleterre et en Allemagne, est né dans un contexte technique, économique et social particulier : ascension de la bourgeoisie, progrès des techniques, progrès de l'organisation du travail et des communications. Confiants dans la capacité de l'homme de se déterminer par la raison, les philosophes des Lumières exaltent aussi la référence à la nature et témoignent un optimisme envers l'histoire, fondé sur la croyance dans le progrès de l'humanité. L'affirmation de ces valeurs les ont bien entendu conduit à combattre l'intolérance religieuse et l'absolutisme politique, et ont permis l'essor des loges maçonniques ainsi qu'un esprit d'opposition qui a conduit la France vers la Révolution française. Les valeurs philosophiques ont joué un rôle essentiel dans l'athéisme qui a envahi l'Europe.55

    3. Les Guerres Mondiales et les Bouleversements Politiques Majeurs

    Pendant que l'Église se réjouissait de la manifestation de l'Esprit Saint en Europe, en Amérique et dans le monde entier, Satan préparait sa première terrible contre-attaque, la première guerre mondiale de 1914-1918 qui aboutit à treize millions de morts, et qui suspendit pour un temps l'évangélisation en Europe. Toutefois, le réveil d'Azusa suscita un

    53Dagon, 58. 54Nicole, 238.

    55Jean Le Rond d'Alembert, "Révolution française, Le siècle des Lumières," http://www.larousse.fr/encyclopédie/divers/Lumi%E8res/130660 (consulté le 29 avril, 2012).

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    énorme élan missionnaire qui, après la création des Assemblies of God aux États-Unis en 1914, permit l'envoi de nombreux missionnaires dans de nombreux pays, dont le Burkina Faso en 1921. De même, en 1930, la France accueillit le pasteur anglais Douglas Scott, à l'origine du réveil de Pentecôte en France. L'année 1939 connut le début de la deuxième guerre mondiale, au cours de laquelle Hitler, fondateur du troisième Reich qui devait durer mille ans-modèle de l'Antichrist à venir-ravagea l'Europe avec l'aide de ses alliés et fut responsable de 38 millions de morts, dont le génocide organisé de six millions de Juifs dans les camps de concentration nazis, génocide connu sous le terme de « Shoah ».

    S'en suivirent les nombreuses guerres d'indépendance avec leurs exactions, le retour des Juifs en Israël et les guerres qui en ont découlé, ainsi que les nombreux conflits qui ont ensanglanté le monde et qui perdurent notamment en Afrique. Malgré cela, la Bonne Nouvelle continue à être propagée dans le monde entier selon la parole du Seigneur.

    Le bolchévisme, le stalinisme, puis le communisme se sont longuement opposés à l'Évangile, massacrant des populations entières. Toutefois le mur de Berlin est tombé, l'URSS a éclaté, et l'Evangile est prêché partout, au point que la Bible est utilisée comme livre de lecture dans certaines écoles russes. Le communisme perdure aujourd'hui en Chine, au Vietnam, au Laos, et en Corée du Nord. Néanmoins, l'Asie connaît de nombreuses conversions (25.000 par jour en Chine), et beaucoup d'églises autochtones s'y développent pour la gloire de notre Seigneur.

    Actuellement, l'adversaire suscite le soulèvement de masses musulmanes pour en faire une force politique et tenter de convertir le monde occidental et l'Afrique par les armes et la puissance de la manne pétrolière. Mais dans ces mêmes pays arabes, jamais un tel essor de l'Evangile ne s'était encore produit, entraînant à sa suite l'émergence de nombreuses églises souterraines (Mt 24.14). De plus, Jean décrit une foule innombrable de toute nation, de tout peuple, et de toute langue, qui se tiendront devant l'Agneau pour le louer (Ap 7.9).

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    J. Au Milieu du Déclin Spirituel, la Présence Active du Consolateur

    De Constantin au vingtième siècle, tous les réveils ont connu une durée relativement courte, avant de sombrer dans le déclin d'une routine ecclésiastique. L'emprise humaine sur l'Église a, de tout temps, été à l'origine de son déclin spirituel. C'est encore vrai aujourd'hui. Néanmoins, nous devons souligner que, même dans les temps les plus ténébreux de l'histoire de l'Église, le Saint-Esprit n'a jamais cessé de se manifester.

    En ce qui concerne la vie de l'Esprit, les réformateurs ont faussement attesté que les charismes avaient cessé depuis les temps apostoliques. Leur doctrine, le cessationnisme, a poussé certains à condamner la manifestation actuelle des charismes. Or l'Histoire prouve le contraire. Bien que nous ignorions la proportion des baptêmes du Saint-Esprit aux différentes époques de l'histoire de l'Église, le livre des Actes nous montre qu'en son temps, le baptême du Saint-Esprit était la normalité pour tous les chrétiens régénérés.

    Pour ce qui est de la période primitive, Philippe Emirian cite Irénée (135-202), évêque de Lyon, qui écrivait : « il y a des chrétiens qui certainement et positivement chassent des démons ... d'autres imposent les mains aux malades et les guérissent ... même des morts ont été rappelés à la vie ... ».56 Tertullien (160-250) mentionne un réveil qui éclata sous l'impulsion de Montanus, pendant lequel furent pratiqués les charismes dont la glossolalie. Le Dr Dale Robbins signale Origène (182-251), Eusèbe de Césarée (260-339) et Firmilien (232-269).57 Au quatrième siècle, Pacôme (290-346) parla le grec et le latin, sans les avoir jamais appris. Emirian cite encore Basile (330-379) et Jean Chrysostome (347-407)58.

    56Emirian, 133.

    57 http://fr.wikipedia.org/wiki/Pentecôtisme (consulté le 29 novembre, 2010). 58Emirian, 134.

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    Au Moyen-âge, Emirian évoque Syméon, le Nouveau Théologien (949-1022), Hildegard de Bingen (1098-1179), Guibert de Nogent (vers 1100), et François d'Assise (1182-1226). Matthieu de Paris relate en 1240 l'histoire d'Hildegarde et d'Élisabeth de Hongrie. Grégoire Palamas (1296-1359) défendra la perpétuation des charismes et de la glossolalie à son époque.59 Vinson Synan cite les Albigeois au douzième siècle et les Vaudois au treizième siècle.60 Il en fut autant pour John Wycliffe (1330-1384),61 Jean Hus (1373- 1415)62, Jérôme Savonarole (1452-1498),63 le réformateur allemand et fondateur de l'anabaptisme Thomas Müntzer (1490-1525), et Ignace de Loyola (1491-1556), fondateur de la Compagnie de Jésus (les Jésuites), qui avait le don de la loquela (glossolalie chantée).

    Les manifestations des dons spirituels durant les réveils post-réforme ont été encore plus nombreux : les anabaptistes au quatorzième siècle, Georges Fox (1624-1691), les Jansénistes au dix-septième siècle ainsi que les Quakers et les prophètes cévenols, le Comte Zinzendorf (1700-1760), John Wesley (1703-1791), Thomas Walsh en 1750,64 Jonathan Edwards et Georges Whitefield dans les années 1730-1740,65 David Brainerd, sans oublier Asahel Nettleton, Charles Finney en 1821,66 et Hudson Taylor (1832-1905). Le dix-neuvième siècle révéla Demos Shakarian (1855), Édouard Irving (1782-1834), Dwight Moody (1837-1899), Reuben A. Torrey (1856-1928), F.G. Mathewson (1854), R.B. Swan (1875), W. Jethro Walthall (1879), Maria Greber (1880). Selon Vinson Synan, le Sud des

    59Ibid., 136.

    60Vinson Synan, The Holiness Pentecostal Movement in the United States, 119.

    61Elgin Moyer, 441.

    62Ibid., 200.

    63Ibid., 358.

    64Emirian, 140.

    65Récits de réveils historiques.

    66Emirian, 140.

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    États-Unis fut la scène de nombreux cas de glossolalie, notamment lors des rassemblements de Cane-Ridge des années 1800, avec Mme Woodworth Etter à Saint-Louis en 1890, ou encore à Camp Creek en Caroline du Nord. Synan ajoute que le grand réveil gallois a été marqué par des exemples frappants de glossolalie. Il ajoute que le début des langues à Azusa Street était clairement une récurrence d'un phénomène chrétien bien connu. Il reconnaît l'importance de Parham à Topeka et à Houston mais précise que des milliers avaient parlé en langues dans les années précédentes.67 L'expérience de Parham se limitait à une recherche théologiquement préétablie du baptême de l'Esprit, bien qu'il ait le mérite d'avoir mis en valeur le fait du parler en langues comme preuve initiale du baptême du Saint-Esprit.

    La place manque pour citer tous les signes que Dieu a bien voulu donner à son Église. Cette déduction contrarie bien sûr l'affirmation des historiens qui font « sauter » l'expérience pentecôtiste directement de l'ère apostolique au début du vingtième siècle avec une soi-disant « redécouverte du baptême du Saint-Esprit et du parler en langues » à Topeka. Notre démonstration met en évidence la succession des manifestations du parler en langues et des charismes du Saint-Esprit depuis le jour de la Pentecôte jusqu'à nos jours.68 L'historien pentecôtiste américain Klaude Kendrick rapporte à ce sujet que le réveil pentecôtiste est le dernier mouvement d'une longue succession de groupes et d'individus qui considéraient que le phénomène de « parler en langues » était d'origine divine.69

    67Synan, The Holiness Pentecostal Movement in the United States, 119-121.

    68Douglas Jeter, "Le retour à une foi simple, Les Assemblées de Dieu de France et la communication de l'Évangile," (Thèse de Doctorat, Université de Paris IV, La Sorbonne, 2000), 26.

    69Klaude Kendrick, The Promise Fulfilled, A History of the Modern Pentecostal Movement, (Springfield, Michigan: Gospel Publishing House, 1961), 17.

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    II. LE RÉVEIL DE PENTECÔTE ET SES IMITATIONS

    Afin d'éviter tout amalgame, nous attribuerons le terme « Pentecôte » aux mouvements de réveil du début du vingtième siècle et à ses résurgences immédiates, ainsi qu'aux diverses dénominations qui en sont directement issues et qui professent la même doctrine. Les autres courants seront cités selon leurs appellations : charismatisme, néo-pentecôtisme, troisième vague ou autres.

    D'autre part, pour comprendre ce combat spirituel extrême qui s'intensifia au cours du vingtième siècle et qui se poursuit encore, nous aborderons ce chapitre en analysant les bases spirituelles qui ont permis la préparation et la réalisation du Grand Réveil de Pentecôte.

    A. Une Nouvelle Pentecôte au Vingtième Siècle

    1. Les Bases Spirituelles du Réveil de Pentecôte

    Les déclins que nous avons évoqués jusqu'ici sont avant tout spirituels et non religieux. Les églises peuvent continuer d'être remplies tout en ayant une spiritualité quasi inexistante, remplacée par une religiosité d'une grande bigoterie. Il est donc important de s'attarder sur les aspects de la spiritualité qui prévalaient avant le vingtième siècle qui connut le grand réveil de Pentecôte. Brandt-Bessire fait remonter la spiritualité pentecôtiste à ses origines wesleyennes. Selon lui, tout le mouvement de sanctification jusqu'au Pentecôtisme a été conduit par la recherche de l'expérience religieuse, et il établit des parallèles entre la tradition mystique monastique et les aspirations du mouvement de sainteté et de Pentecôte. La pensée de Wesley (1703-1791), dit-il, éclaire la théologie pentecôtiste car il fut le premier à faire la distinction entre chrétiens sanctifiés et chrétiens ordinaires. La théologie de Wesley était fondée sur le Réveil. Baptisé dans le Saint-Esprit le 1er janvier 1739, Wesley, d'abord cessationniste, vit son ministère rempli d'« évènements charismatiques ». Mahan et Finney confirmaient que le revêtement de la puissance d'En-Haut « rend le croyant capable

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    d'accomplir la mission que Dieu lui donne ». Avec Upham, les trois sont considérés comme les pères de la doctrine du baptême du Saint-Esprit. De plus, Les conférences d'Oxford, Brighton et Keswick furent sources d'équilibre théologique pour le Pentecôtisme. Keswick marqua profondément des hommes de Dieu comme Andrew Murray, Dwight Moody, Reuben A. Torrey, Albert B. Simpson, etc.

    Brandt-Bessire souligne aussi l'influence de l'église catholique apostolique d'Edward Irving sur le pentecôtisme, ainsi que le puissant réveil du Pays de Galles (1904-1905)-lié essentiellement à Evan Roberts et sa chroniqueuse Jessie Penn-Lewis, théologienne du réveil-qui secoua le monde entier. Donald Gee reconnaît aussi la parenté évidente entre le réveil gallois et le mouvement de pentecôte. Parmi les enfants de ce réveil, nous pouvons citer les frères Jeffreys, Alexander A. Boddy, et Donald Gee qui déclara que « la marque distinctive du Pentecôtisme est le parler en langues ».

    2. La Préparation Divine du Réveil de Pentecôte

    Nous avons vu combien il est difficile de comprendre les réveils du vingtième siècle en dehors de leurs racines issues du Mouvement de Sainteté qui s'était développé à la fin du dix-neuvième siècle. La sainteté est donc l'élément essentiel, voire indispensable, du réveil spirituel. Au cours du dix-neuvième siècle, Phoebe Palmer tint régulièrement des réunions dans le but de promouvoir la sainteté. Il fut le premier à employer l'expression « baptême du Saint-Esprit ». Finney embrassa la doctrine de Wesley sur la sanctification et, Asa Mahan enseignait que le baptême du Saint-Esprit était un baptême de sainteté. Durant tout ce siècle, le mouvement de sainteté prit de la maturité sous l'influence de ces ministères et de beaucoup d'autres, de sorte qu'au début du vingtième siècle, des centaines de groupes de sainteté recouvraient l'Amérique. Dieu avait défriché le terrain. Entre 1893 et 1900, vingt-trois dénominations sortirent de ce mouvement de sainteté, pour ce qui est des États-Unis seulement. Une recherche passionnée de sainteté, de puissance dans l'évangélisation et d'une

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    plus grande effusion de l'Esprit, prit possession de l'Eglise. Ce fut l'arrière-plan des mouvements de réveil pentecôtistes du début du vingtième siècle, qui virent le jour tout d'abord en Europe, puis dans d'autres régions du monde, avant de toucher l'Amérique.

    3. Le Réveil Gallois

    Précédant ce grand réveil, des prémices éclatèrent, notamment en 1900 en Afrique du Sud ou encore au Japon où l'Eglise doubla en taille durant cette même année. En 1902 à Melbourne, en Australie, Torrey et Alexander virent la conversion de plus de huit mille âmes. En 1904, Evan Roberts reçut une puissante onction du Saint-Esprit, lors d'une réunion dirigée par Seth Joshua à Cardiff au Pays de Galles. Ce fut le début du réveil gallois le 22 septembre 1904. Evan Roberts avait prié pendant onze ans pour un réveil et une effusion du Saint-Esprit. Dans une vision, Roberts crut que Dieu allait lui envoyer cent mille âmes. Lors des premières réunions, les cieux s'ouvrirent. Très vite, le réveil se répandit dans le sud, puis le nord du Pays de Galles. En six mois, cent mille personnes étaient venues à Christ ! Gwen Shaw écrit :

    Le lendemain de la première réunion d'Evan Roberts, l'église était bondée, et cette réunion-là ne s'arrêta pas et continua jour et nuit pendant plusieurs mois. Le réveil déborda dans la rue et se dirigea vers d'autres villes, même jusque dans les mines de charbon où des hommes endurcis et blasphémateurs furent convaincus par le Saint-Esprit ; laissant de côté pioches et pelles, ils tombèrent à genoux, implorant pour eux la miséricorde de Dieu.70

    Le message d'Evan Roberts peut être résumé en quatre points. Vous devez : confesser tous vos péchés connus, vous débarrasser de toutes vos habitudes douteuses, obéir au Saint-Esprit immédiatement, et confesser Christ publiquement.71

    70Gwen Shaw, O Église... Réveille-toi, (Malleray, France : Éditions Hosanna, 1990), 39.

    71Paul Cook, Crossroads: Where faith and inquiry meet, http://fcov.blogspot.com/2005/07/great-welsh-revival.html (consulté le 03 décembre, 2010).

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    Des foules immenses assistaient aux réunions qui duraient parfois dix heures, sans pause. En plus des conversions innombrables, les charismes étaient amplement manifestés. À une occasion, un pasteur hollandais saisi par l'Esprit prêcha un sermon complet en anglais, langue inconnue par lui.72 La puissance de Dieu conduisait les réunions, transformait les vies avec peu d'intervention humaine et dans une ambiance de spontanéité. Parfois, Evan Roberts ne prêchait même pas, mais gardait sa tête enfouie dans ses mains. De temps à autre, il ne venait même pas. D'après Edwin Orr, les réunions se déroulent d'une façon ordonnée bien qu'aucun « ordre du culte » ne soit établi. Le psychologue français Jacques Rogues de Fursac, venu étudier le réveil, écrit que le milieu social d'un Gallois le rend particulièrement sensible au phénomène du réveil, ce qui serait plus difficile pour un Français dans un même milieu.73 Alors que Basil Hall décrit Evan Roberts comme un homme sincère, sensible et hautement religieux, Henri Bois le dépeint comme un personnage extraverti et clairvoyant, avec un don de discernement.74 La tempête divine bouleversa non seulement les églises, mais également les coeurs, les foyers et toute la société galloise. Des hommes durs qui avaient l'habitude de dépenser en alcool tout l'argent de la famille couraient subitement à l'église, se repentaient et changeaient de vie. Les bars et autres lieux de perdition faisaient faillite les uns après les autres et fermaient leurs portes. Des mineurs de fond s'arrêtaient de blasphémer au point que les chevaux des mines n'avançaient plus. Les réunions de prière démarraient instantanément dans les mines, les usines, les magasins et les écoles. Le crime cessa brusquement avec pour conséquence que le personnel de la police et des tribunaux fut au chômage. Les voleurs rapportaient leur butin à ceux qu'ils avaient dépouillés. Les employés

    72Vinson Synan, The Holiness Pentecostal Tradition, (Grand Rapids, Michigan: William B. Eerdmans Publishing Company, 1997), 88.

    73John Tang, "Une comparaison entre le réveil gallois et les débuts du réveil pentecôtiste en Europe et en Belgique francophone," (Mémoire de Licence, Faculté Universitaire de Théologie Protestante, Bruxelles, Belgique, 2005), 9.

    74Henri Bois, Le réveil au Pays de Galles, (Toulouse, France: Sté des Publications Morales et Religieuses, 1905), 58.

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    restituaient à leur patron leurs petits larcins. Les foyers se consolidèrent. Il n'y eut plus de divorce. Le pays de Galles fut transformé. Beaucoup se levèrent pour servir Dieu localement ou en mission.

    Trois caractéristiques marquèrent le réveil gallois. Premièrement, des vagues de conviction conduisaient les gens à la repentance. Souvent les pécheurs entraient dans les réunions et tombaient immédiatement à genoux devant l'autel. Deuxièmement, les chrétiens ressentaient le besoin immédiat de partager Christ avec tous ceux qu'ils rencontraient car ils avaient une pleine conscience de la réalité de l'enfer et du ciel. Ils semblaient pratiquement remplis de l'amour de Dieu pour les inconvertis.75 Troisièmement, le réveil gallois engendra des leaders pentecôtistes tels que Georges et Stephen Jeffreys, Smith Wigglesworth qui était avec Evan Roberts en 1905, Donald Gee, Howard Carter, Fred Squire et Douglas Scott.76 Alexander A. Boddy participa au réveil gallois au côté d'Evan Roberts, puis visita ensuite Thomas Barratt en Norvège. Il fut ensuite une bénédiction pour de nombreux leaders pentecôtistes dans son centre de Sunderland.77 Donald Gee déclare :

    En 1904 éclata le grand Réveil Gallois. Il est impossible-ce serait d'ailleurs historiquement incorrect-de dissocier le Mouvement de Pentecôte de cette visitation remarquable de l'Esprit. Ceux qui n'ont pas connu cette époque ont du mal à comprendre l'impression profonde que fit le Réveil Gallois sur le monde chrétien. Des visiteurs venaient de partout ... On aurait dit, pour un temps, un torrent irrésistible.78

    De 1904 à 1906, on compta cent cinquante mille convertis. Le réveil gallois se répandit à vive allure sur tout le globe, et des visiteurs de France, de Turquie, des États-Unis,

    75J. Lee Grady, The Holy Spirit is not for sale, (Grand Rapids: Chosen books, 2010), 39.

    76Donald Gee, "Mon témoignage personnel en faveur du mouvement de Pentecôte," Viens et Vois 8 (Novembre 1940), 174-177.

    77Alexander A. Boddy, http://www.revival-library.org/pensketches/e_pentecostals/boddy/html (consulté le 14 décembre, 2010).

    78Donald Gee, Le feu de la Pentecôte au 20ème siècle, (Grézieu-la-Varenne, France: Viens et Vois, 1988), 12.

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    et du monde entier, vinrent prendre la flamme et la transmettre dans leur propre pays.79 Partout les échos du réveil renouvelaient l'élan pour la prière et allumaient les feux du réveil. Dans toute la Grande-Bretagne, les chrétiens se tournaient vers la prière et l'assistance au culte augmentait partout. En Scandinavie, un réveil se déploya comme un puissant embrasement. L'Allemagne fut saisie de façon similaire, et la flamme se répandit à travers toute l'Europe. L'Autriche, la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie, les Balkans et la Russie connurent des réveils. La cause de l'Évangile progressa dans le monde entier : en Inde, en Corée du Sud, en Chine, au Japon, en Afrique du Sud, en Afrique, en Amérique latine et dans les mers du Sud.80 John Tang ajoute : la Norvège, la Suède, l'Ouganda, Madagascar, la Perse, les Iles Gilbert, le Chili, le Canada, furent le fruit du réveil gallois.81

    Toutefois, le réveil gallois s'arrêta subitement. Il s'était produit à un moment où beaucoup soupiraient après un renouveau. Aussi son interruption ne fit qu'augmenter la soif d'un réveil mondial. Il semble que, tandis que Satan préparait la plus terrible des guerres, l'Esprit de Dieu s'efforçait de susciter, chez les croyants, une foi suffisante pour provoquer le plus beau des réveils. Les effets surnaturels du Saint-Esprit furent puissamment manifestés. Evan Roberts avait commencé ses réunions triomphales après avoir reçu un extraordinaire baptême du Saint-Esprit.82 Beaucoup essayèrent de comprendre les raisons de l'arrêt de ce réveil. La première fut l'épuisement physique et spirituel d'Evan Roberts. David Smithers rapporte :

    79Welsh Revival History, http://www.welshrevival.com/lang-en/1904history.htm (consulté le 03 décembre, 2010).

    80Le réveil au pays de Galles en 1904, http://membres.multimania.fr/fpj/ressources/rgalles.html (consulté le 03 décembre, 2010).

    81Tang, 15.

    82Louis Dallière, D'aplomb sur la parole de Dieu, Courte étude sur le réveil de Pentecôte (Valence: Charpin Etreyne, 1932), http://www.regard.eu.org/Livres.11/D-aplomb_sur_la_Parole/07.html (consulté le 29 novembre, 2010).

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    Méditant sur les problèmes du Réveil de 1904 au Pays de Galles, Evan Roberts écrivait : "L'erreur a été de devenir préoccupé des effets du réveil et de ne pas veiller et prier pour protéger la cause du réveil." Il se pourrait bien que le succès durable de la prochaine oeuvre de Dieu dépende de notre bonne volonté de prendre au sérieux l'avertissement de Monsieur Roberts. Il y en a beaucoup aujourd'hui qui recherchent stupidement les effets du réveil tout en négligeant les conditions du réveil. Aucune moisson n'est jamais plus grande que les semences et le sol sur lequel elles ont été semées. Négliger les semences du réveil équivaut en définitive à nuire au fruit du réveil.83

    Dans le réveil d'Azusa, Bartleman a également dénoncé certaines erreurs qui ont conduit à la cessation de ce réveil, notamment l'esprit de secte et la volonté d'organisation du mouvement qui ont étouffé l'action du Saint-Esprit.84 De plus, des manifestations étranges spectaculaires auraient amené Evan Roberts à prendre du recul quant au réveil. Henri Bois qui vécut le réveil gallois rapporte au sujet des phénomènes surnaturels, voire bizarres, critiqués par certains et encensés par d'autres :

    Dans tout Réveil, il y a la part de Dieu et il y a la part de l'homme. Dans la part de Dieu, tout est bon, ne peut être que bon ; mais la part de l'homme ne peut pas ne pas être mêlée ? Si d'aventure on trouve dans un Réveil des éléments contestables, cela ne veut pas dire qu'il n'y en ait pas d'excellents. Et de ce que l'on y trouve des éléments excellents, cela ne veut pas dire que rien ne soit contestable.85

    Monsieur John Powell Parry, qui connut le réveil à l'âge de dix-sept ans, souligne un autre point qui semble important : « Il y avait peu d'enseignement biblique. » Roberts était un prédicateur par exposition et sa méthode était la prière et l'exhortation. Il comptait sur le Saint-Esprit pour convaincre les gens à se repentir, mais beaucoup d'églises ne savaient que

    83David Smithers, Les semences du réveil, http://sentinellenehemie.free.fr/bartleman1.htm (consulté le 26 novembre, 2010).

    84Frank Bartleman, Les débuts du pentecôtisme : « La vérité doit être dite », http://pdfmyurl.com/?url=http://www.blogdei.com/8914/les-debuts-du-pentecotisme-la-verite-doit-etre-dite-par-frank-bartleman (consulté le 24 décembre, 2010).

    85Bois, 559.

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    faire de tous ces convertis. Ils formèrent donc de grandes églises sans bon enseignement.86 Denis Ganin souligne à quel point le réveil gallois a bouleversé le monde entier :

    C'est à ce point que l'on considère aujourd'hui que ce réveil est celui qui a eu l'impact le plus rapide et le plus profond jusqu'à ce jour. C'était au point que le simple fait de lire un article de journal ou une lettre à propos de ce réveil dans quelque partie du monde que ce fût, déclenchait aussitôt un réveil à cet endroit-là. Le grand réveil pentecôtiste aux États-Unis est issu directement du réveil du Pays de Galles.87

    En lisant ces lignes, nous pouvons faire un rapprochement avec les miracles extraordinaires relatés dans les Actes, notamment concernant l'ombre de Pierre et les mouchoirs de Paul. Donald Gee écrit que, lors du réveil gallois, la question divine prit de l'importance de façon plus générale parmi les croyants « spirituels ». Il ajoute que différents groupes de prière recherchèrent spécialement une nouvelle effusion du Saint-Esprit sur toute la terre.88 Au Royaume-Uni, d'autres villes furent atteintes par ce réveil. En 1905, à Londres, l'église méthodiste fondée par Wesley vit 50.021 personnes s'ajouter à ses 54.785 membres.89 Le réveil du Pays de Galles se propagea rapidement en Écosse et en Angleterre avec une estimation d'un million de convertis au Royaume-Uni. Puis, de nombreux missionnaires transportèrent la flamme à l'étranger. Le réveil gallois eut une influence toute spéciale sur le mouvement de Pentecôte émergeant en Californie.90 En Europe, il eut un formidable impact parmi les milieux protestants. Henri Bois, professeur à la Faculté de Théologie Protestante de Montauban, et historien français du Pays de Galles, raconte en 1905 que beaucoup de Français cherchèrent une nouvelle effusion du Saint-Esprit sur la France.

    86Paul Cook.

    87Denis Ganin, Le Réveil Gallois de 1904, La prière façonne l'histoire, http://sentinellenehemie.free.fr/reveilgalles.html (consulté le 26 novembre, 2010).

    88Jeter, 38.

    89Le réveil au pays de Galles en 1904. 901904-1905 Welsh Revival.

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    L'évangéliste français Ruben Saillens, mondialement connu visita lui aussi le réveil du Pays de Galles. Il devint le porte-voix de ce réveil, en France d'abord, puis tint des conventions en Suisse à partir de 1907 à Chexbres et ensuite à Morges dans le canton de Vaud, qui eurent un succès retentissant91. Cela le conduisit à poursuivre ces grandes conventions à Paris (1910 et 1912), puis à Lézan (chaque année de 1911 à 1920) et enfin à Nîmes où il organisa un Institut Biblique temporaire qu'il installera en 1921 à Nogent-sur-Marne, et qui devint le réputé Institut Biblique de Nogent. À la direction de l'Institut se succédèrent les évangéliques renommés René Pache, Roger Chérix, Jules-Marcel Nicole, et Jacques-A. Blocher, son petit-fils.92 J.-M. Nicole déclara que le Mouvement de Pentecôte doit son origine indirectement au réveil du Pays de Galles.93 Dans la revue « Théologie Évangélique » de la FLTE, Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine, Jacques Blocher fait remonter la généalogie de la FLTE jusqu'au réveil gallois. Il écrit :

    1905, la clameur du Réveil Gallois atteint les boucles de la seine à une période charnière de l'histoire du mouvement évangélique ... Quinze réveils s'étaient échelonnés au Pays de Galles de 1762 à 1859, et pourtant celui de 1904 devint Le Réveil du Pays de Galles par plusieurs de ses traits propres : Par la façon dont il s'affirme, par la simplicité de ses moyens, de son leader, de ses principes, par son ampleur locale et son impact distant. Le Réveil du Pays de Galles a été l'agent recruteur qui a permis l'avènement de l'âge d'or des missions évangéliques. On lui a attribué un rôle déterminant dans l'émergence du Pentecôtisme. Et les protestants du continent ont bénéficié, à divers degrés, de l'impulsion galloise ... L'institut de Genève revendique aussi le Réveil Gallois pour sa première origine. C'est ce Réveil qui a donné à son fondateur Hugh Alexander (1884-1957) la vision d'un ministère de Réveil en Suisse.94

    91"Quand deux mille Romands se pressaient pour entendre l'Évangile," Le Christianisme aujourd'hui (décembre 2010).

    92Jacques-Émile Blocher, "Ruben Saillens, prophète camisard ?" Revue Théologie Évangélique 4.3 2005) : 75-77.

    93Nicole, 228.

    94Jacques Blocher, "Du réveil du Pays de Galles aux institutions de formation," Revue Théologie Évangélique 6.1 (2007): 11, 15, 21.

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    Hugh E. Alexander, né en 1884 en Écosse et fondateur de l'Action Biblique, se convertit en 1901. En 1904, pendant son stage à l'Institut Biblique de Glasgow, le réveil gallois s'y répercuta et le saisit. Venu habiter Coligny en Suisse, il fit ses premières campagnes d'évangélisation en France. Il fut à l'origine d'un puissant réveil en Suisse romande et ouvrit une école biblique de langue française à Ried sur Bienne, puis en langue allemande à Zürich, Berne, Bâle, et Winterthur. En 1925, il fonda la Maison de la Bible mondialement connue. Il envoya des missionnaires en Italie, en Yougoslavie, en Espagne, au Portugal, en Afrique du Nord, en Égypte, au Liban, aux Indes, et en Asie centrale. Après la 2ème guerre mondiale, il ouvrit des missions au Brésil, en Côte d'Ivoire, et au Sénégal. La maison de la Bible compte aujourd'hui quatre mille membres ; elle est implantée dans le monde entier, tout cela parce qu'un homme, en 1904, a été saisi par le réveil gallois.95 Ce réveil entraîna un réveil du christianisme en Scandinavie, en Allemagne, en Autriche, en Pologne, en Slovaquie, en Hongrie, dans les Balkans et en Russie.96 En Inde, deux missionnaires gallois évangélisèrent les Khasis au dix-neuvième siècle. Cinquante ans plus tard, en 1902, près de dix-sept mille Khasis fréquentaient les églises des monts Lushai, situés au nord de l'Inde entre Bengalis musulmans et Birmans bouddhistes. Mais, en 1906, ayant pris connaissance de ce qui se passait au Pays de Galles, ils prièrent chaque nuit pendant dix-huit mois pour un réveil semblable, qui survint, ajoutant huit mille convertis aux églises.97 Mary W. Booth raconte comment les nouvelles du réveil gallois embrasèrent la mission Khasya qui appartenait à la même église que celle d'Evan Roberts :

    95Action Biblique, Historique des églises Action Biblique, (Contamines-Montjoie : Conférence internationale de l'Action Biblique, 2001), http://www.ab.yverdon.ch/presentation/historique-ab/ (consulté le 05 décembre, 2010).

    96Le réveil au pays de Galles en 1904.

    97Carol Saia, Revival Fire Ignites in NE India as Presbyterians pray,

    http://glowtorch.org/Home/ATasteOfRevival/tabid/2611/Default.aspx (consulté le 14 décembre, 2010).

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    Nous avions lu les nouvelles du Réveil Gallois, mais nous l'avons expérimenté dans les Collines Khasia. Nous n'avions jamais vécu une telle expérience avant ni n'en n'avons jamais revécu de semblable depuis lors. Le feu nous a fondu tous ensemble ; nous avons vu le Seigneur et nous avons marché sur la voie céleste. Oh, c'était glorieux rien que de marcher avec Lui.98

    En Chine, Jonathan Goforth (1859-1936) reçut des nouvelles du réveil gallois qui furent déterminantes pour son ministère. Ce fut l'étincelle qui l'embrasa et lui permit de commencer l'oeuvre merveilleuse que l'on connaît dans de nombreuses provinces chinoises.99 En Corée, à Pyongyang, les nouvelles du réveil gallois et de celui de Khasi encouragèrent vingt missionnaires presbytériens et baptistes à prier chaque jour avec les chrétiens pendant six mois, jusqu'à ce que le réveil vienne couler à flots tel un torrent.100

    4. Le Réveil de la Rue Azusa

    En Amérique, le réveil gallois eut des répercussions aux États-Unis, au Brésil, au Mexique et au Chili.101 Les États-Unis avaient connu de nombreux réveils au cours du dix-neuvième siècle. Mais, Toni Cauchi écrit : « les États-Unis subirent le contrecoup du réveil gallois dans presque tous les endroits. La prière, la conviction de péché et les conversions firent leur apparition spontanément, ce qui donna lieu à une croissance inhabituelle de l'Église. »102 Malgré tous les réveils locaux, aucun grand réveil à portée mondiale ne s'était vraiment produit aux États-Unis avant le réveil d'Azusa. Quand les nouvelles du Pays de Galles arrivèrent à Los Angeles en 1904, le pasteur Joseph Smale rejoignit Evan Roberts pour

    98Mary Warburton Booth, J'étais dans le grand réveil, Leçons du réveil de 1905 en Inde, http://sentinellenehemie.free.fr/bio_ramabai.html (consulté le 20 novembre, 2010).

    99Jonathan Goforth, Par mon Esprit, (Grézieu-la-Varenne, France: Viens et Vois, 1994), 31.

    100Mathew Backholer, 150 years of revival,

    http://www.byfaith.co?uk/paulbyfaithtvmathewthoughts18.htm (consulté le 04 décembre, 2010).

    101Le réveil au pays de Galles en 1904. 102Cauchi, Les six vagues de réveil.

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    participer au réveil qu'il put ainsi observer de première main. De retour à Los Angeles, il promut le réveil gallois dans son église la First Baptist Church en y conduisant une réunion de réveil qui dura quinze semaines. Lorsque les diacres, fatigués, voulurent cesser, il fonda la First New Testament Church et instaura des réunions de prière et de recherche du Saint-Esprit. Les nouvelles du réveil gallois étaient largement diffusées par le livre de S.B. Shaw « le grand réveil au Pays de Galles » (Toronto, 1905), et la brochure de G. Campbell Morgan « réveil au Pays de Galles ». L'histoire du jeune Evan Roberts, conduisant ce réveil sensationnel qui avait déjà vu en l'espace de deux mois trente mille conversions, toucha avec une force inouïe tous ceux qui étaient concernés par le mouvement de sainteté.103 Le jour de Pâques 1906, la première chrétienne de l'église de Smale à être remplie de l'Esprit fut Mlle Jennie Moore, la future femme de William Seymour. Dans la même église, Elmer K. Fisher fut rempli de l'Esprit avant de rejoindre plus tard la rue Azusa où il remplaça pendant quatre mois Seymour, parti évangéliser le sud.104 Le 8 avril 1905, Franck Bartleman entendit prêcher F.B. Meyer, décrivant le réveil gallois et sa rencontre avec Evan Roberts. Il écrivit: « Je fus bouleversé jusqu'au plus profond de mon être. J'ai immédiatement promis à Dieu qu'il aurait tout pouvoir sur moi s'il pouvait m'utiliser. »105 Bartleman (1871-1935), qui suivait les réunions de Smale, observa dès le début les réunions d'Azusa dont il devint vite un pilier. Son journal indique les rapports étroits entre le réveil gallois et le Réveil d'Azusa.106 Par la suite, Bartleman, Seymour et Smale lurent le livre « le grand réveil du Pays de Galles » et la brochure « le réveil du Pays de Galles », qui les saisirent au point qu'ils prièrent avec ferveur pour obtenir un réveil à Los Angeles. Au mois de mai, on leur envoya cinq mille brochures

    103Vinson Synan, The Holiness Pentecostal Movement in the United States, 97.

    104Stanley M. Burgess and Gary B. McGee, Dictionnary of Pentecostal and Charismatic Movements, (Grand Rapids, Michigan: Zondervan Publishing House, 1989), 791.

    105Franck Bartleman, Another wave of Revival, (New Kensington, UK: Whitaker House, 1982), 8. 106Stanley M. Burgess and Gary B. McGee, 780.

    111E.T. Davies, Religion in the Industrial Revolution in South Wales, (Cardiff, UK: University of Wales Press, 1965), 171.

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    du « réveil du Pays de Galles ». Il y eut ensuite un échange de lettres avec Evan Roberts lui-même.107 Synan rapporte que Bartleman écrivit à Evan Roberts lui demandant de prier pour que le Saint-Esprit se répande de la même manière en Amérique. Roberts répondit en l'encourageant le 14 novembre 1905. En tout, Bartleman écrivit trois lettres à Evan Roberts auxquelles ce dernier répondit.108 A ce sujet, Gwen Shaw précise : « Nous savons tous comment les étincelles du feu de la Pentecôte volèrent au-dessus de l'océan pour atterrir sur Azusa Street. Et ce fut une double portion ... »109 Bartleman écrivit en 1925 : « L'actuel renouveau dans le monde entier a été secoué dans le berceau du petit Pays de Galles ; il vécut son adolescence en Inde, et devint adulte plus tard à Los Angeles. Le Pays de Galles et l'Inde représentent donc la naissance et l'adolescence de la restauration mondiale de la puissance de Dieu. »110 De même, E.T. Davies reconnut dans ce nouveau mouvement de Pentecôte américain, l'héritier du grand réveil du Pays de Galles.111

    C'est ainsi qu'en 1906, le Mouvement de Pentecôte moderne naquit dans la rue Asuza, à Los Angeles, après une succession de réveils locaux tout au long de l'année 1905. Les échos du réveil gallois stimulaient à prier davantage et soudainement l'Esprit Saint descendit. Des réunions journalières furent tenues durant les trois années qui suivirent. Les visiteurs s'attroupèrent dans ce lieu-là pour se saisir de la puissance de l'Esprit et ils ne furent pas déçus. Personne n'aurait pu s'imaginer que ce fut là le commencement du plus grand et plus efficace mouvement missionnaire que le monde eût jamais connu. Il marqua la naissance

    107Rick Joyner, Un monde en feu, (Macon, France: Éditions J.F. Oberlin, 1996), 86. 108Synan, The Holiness Pentecostal Movement in the United States, 98.

    109Shaw, 67-68.

    110Pandita Ramabai, La renaissance Mukti et le pentecôtisme mondial,

    http://www.deepdyve.com/lp/sage/pandita-ramabai-the-mukti-revival-and-global-pentecostalism-NS0R6HPwra (consulté le 04 décembre, 2010).

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    de ce qui fut un jour appelé « la troisième force dans la chrétienté ». Presqu'aucun pays du monde ne fut exclu des effets de cet incroyable réveil. Pratiquement toutes les nations, sur les cinq continents, reçurent une nouvelle puissance venant du ciel, une nouvelle passion pour la prière et pour les perdus. Des millions vinrent au Seigneur.

    5. Reflets Variés et Contrastés du Réveil de Pentecôte à Azusa

    Soulignons d'abord la situation de l'époque. Nous sommes au début du vingtième siècle, et le ségrégationnisme battait son plein aux États-Unis malgré l'abolition de l'esclavage. Il y avait des églises pour noirs et des églises pour blancs. Selon Walter Hollenweger, William Seymour apprit lui-même à lire et à écrire. Il fut pour un temps étudiant à l'école biblique de Charles Fox Parham, qui était un sympathisant du Ku-Klux-Klan. Toutefois, malgré une loi ségrégationniste du Texas qui excluait les noirs des classes de blancs, Parham autorisa Seymour à écouter les cours par une porte semi-ouverte à l'extérieur de la classe. Pendant la vie adulte de Seymour, fils d'un ancien esclave de Centerville, en Louisiane, 3.436 noirs furent lynchés, ce qui correspond à une moyenne d'environ deux lynchages par semaine.112

    Dans cette situation politique désastreuse, William Seymour s'est montré un véritable homme de Dieu, ouvrant la porte de son église noire de la rue Azusa, l'Apostolic Faith Church, à tous ceux que Dieu envoyait. Selon Hollenweger :

    Il vécut fidèlement sa compréhension de la Pentecôte. Pour lui, la Pentecôte signifiait davantage que le parler en langues. Cela voulait dire aimer tout en étant exposé au visage de la haine, vaincre la haine d'une nation toute entière en démontrant que la Pentecôte est quelque chose de tout différent du style de vie arriviste des Américains. Dans le réveil à Los Angeles, des évêques blancs et des ouvriers noirs, des hommes et des femmes, des Asiatiques et des Mexicains, des professeurs blancs et des indigènes noirs étaient tous égaux.113

    112Daniel Brandt-Bessire, Aux sources de la spiritualité pentecôtiste, (Genève, Suisse: Labor et Fides, 1986), 17.

    113Ibid., 18.

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    Ni juif ni grec, mais un seul peuple. Dieu brisa les haines et les barrières raciales à Azusa Street, il confondit le monde en choisissant un noir du sud pour être l'apôtre du pentecôtisme moderne au pays des ségrégationnistes. Azusa eut un impact profond sur de nombreux aspects de la vie de ses participants, tant à titre personnel que spirituel et religieux.

    Azusa déclencha également chez ses participants un amour extraordinaire pour les âmes perdues. Bien sûr, on était encore loin du zèle des frères Moraves qui allaient se vendre eux-mêmes comme esclaves pour être plus proches des esclaves dans les plantations afin de leur communiquer la Bonne Nouvelle. Néanmoins, un élan missionnaire naquit de ce réveil, suscitant le départ de nombreux missionnaires pour tous les points du globe, notamment dans de nombreux endroits où la mort les attendait.

    Comme dans tout réveil, les extrémismes et les aberrations ont souvent été la cause de leur courte durée puis de leur arrêt. Azusa a aussi connu ses divisions. Seymour invita Parham à Azusa, mais ce dernier, outré par ce qu'il vit, et choqué dans sa conception raciste, critiqua ouvertement ce mélange de races, et s'enfuit.

    Charles Mason, un baptiste noir de Chicago, visita Azusa Street en 1907. Il connut une expérience profonde de la gloire de Dieu, fut baptisé du Saint-Esprit et parla en langues. Il fonda ensuite une église exclusivement noire, l'Eglise de Dieu (Church of Christ), qui ne se consacra pas à la mission extérieure, mais aux États-Unis seuls. Ministre du culte ordonné et reconnu civilement, il pouvait lui-même ordonner d'autres ministres. Il apprit la doctrine du Saint-Esprit auprès de Seymour et devint son ami. Il dirigea son église jusqu'en 1961, année de ses 95 ans. Il y avait alors 400.000 membres. 45 ans plus tard, ils sont cinq millions. Même si cette oeuvre est merveilleuse, elle note la séparation de races à la suite du réveil. Par la suite, les blancs firent de même, créant en 1914 les Assemblées de Dieu.

    247.

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    6. Du Réveil Divin au Déclin Spirituel

    L'élément catalyseur à l'origine des réveils est visiblement un retour à la parole de Dieu et à une recherche active de la sainteté et de la piété. Sans sainteté, aucun réveil n'est possible. Charles Bost, évoquant les réveils, écrit : « La piété nouvelle parlait sans cesse du péché, se nourrissant d'une lecture continue de la Bible, mettait en avant la personne du Christ. »114 Les réveils étaient accompagnés d'un retour à la foi des chrétiens endormis et des rétrogrades, ainsi que d'un élan nouveau et fervent pour la mission. Néanmoins, tous les réveils ont connu l'essoufflement, puis le déclin. La responsabilité revient essentiellement aux ministères en place. Les principales raisons se trouvent dans un manque de sanctification personnelle et d'onction, souvent causé par la pression du moment, par la volonté de tout organiser, par les ambitions personnelles, par la recherche d'intérêts séculiers (notons que Seymour n'avait fait qu'une seule fois un appel d'argent à Azusa, pour la location de l'endroit), par les conflits doctrinaux, par des temps de plus en plus consacrés à la politique de l'église et à toutes sortes de procédures, etc. Les bergers ne se sont plus souciés de conduire les brebis dans de gras pâturages, auprès des eaux tranquilles. Souvent le message de la croix et de la repentance est resté dans l'ombre pour être remplacé par un évangile social, de prospérité et de confort. Tout ceci a finalement reconduit l'église réveillée dans une nouvelle et profonde apathie spirituelle, tout en conservant sa religiosité extérieure. Puis, le souci d'intégration au monde, l'acceptation de pratiques douteuses, la séduction de doctrines nouvelles ont fini par éloigner la parole de Dieu et la puissance du Saint-Esprit, et par asseoir l'église dans un déclin spirituel, l'empêchant d'accomplir sa mission. Hélas, il en est de même aujourd'hui.

    114Charles Bost, Histoire des protestants de France, (Carrières-sous-Poissy, France: La Cause, 1961),

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    B. Les Autres « Réveils Spirituels » du Vingtième Siècle

    1. Le Mouvement Charismatique (1960)

    Ce mouvement a commencé en 1959 parmi les Épiscopaliens, en Californie. Au printemps de 1959, John et Joan Baker, de la paroisse du Saint-Esprit de Monterey Park, reçurent le baptême du Saint-Esprit avec le signe initial du parler en langues, suite à des contacts avec des Pentecôtistes. Ils furent vite suivis par un petit groupe, ce qui inquiéta le vicaire de la paroisse, Franck Maguire, qui consulta le pasteur de la paroisse voisine de St Mark, Dennis Bennett, à Van Nuys. En novembre 1959, Maguire et Bennett furent baptisés du Saint-Esprit. Conduit à démissionner, Bennett devint le pasteur de St Luke à Seattle. Un autre groupe fit scission à Van Nuys, conduit par Jean Stone, qui prit le nom de Blessed Trinity Society, et qui édita dès 1961 un magazine trimestriel nommé Trinity. La publicité faite autour de cette affaire attira l'attention des églises épiscopaliennes dans le pays et le réveil se propagea en son sein. Les nouvelles atteignirent également l'église anglicane au Canada, et se propagea dans toute sa dénomination en Amérique du Nord. Enfin, les autres grandes dénominations protestantes nord-américaines (Baptistes, Luthériens, Mennonites, Méthodistes et Presbytériens), qui n'avaient rien à voir avec les pentecôtistes, furent à leur tour touchées. De nombreux fidèles reçurent le baptême dans le Saint-Esprit avec le signe initial du parler en langues. Il y eut bien entendu des oppositions, qui n'empêchèrent toutefois pas les nombreux groupes de prière parlant en langues et prophétisant au sein d'églises "tolérantes" qui n'étaient pas elles-mêmes charismatiques.115 Il est toutefois à déplorer que nul enseignement sérieux n'ait entouré ces groupes charismatiques, qui finirent pour la plupart par dévier et accepter les enseignements hérétiques de la Troisième Vague.

    115Stanley M. Burgess and Gary B. McGee, 132.

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    2. Le Renouveau Charismatique Catholique

    Selon Daniel Brandt-Bessire, les mouvements charismatiques sont ces groupements qui ont accepté certains éléments de la spiritualité pentecôtiste tout en restant à l'intérieur des églises traditionnelles. Ils existent aujourd'hui dans toutes les grandes dénominations. La plus grande croissance se manifeste néanmoins dans l'église catholique romaine.116 Il souligne néanmoins que les groupes de prière charismatiques existent en Europe depuis au moins 1910, citant le leader pentecôtiste allemand A.A.B. Paul (1853-1931), pasteur dans l'église luthérienne, le pionnier pentecôtiste anglais Alexandre A. Boddy (1854-1930) dans le clergé anglican, et le pasteur Louis Dallière de l'église réformée en France dans les années 1930. Tous ont essayé, hélas sans succès, d'introduire un renouveau charismatique dans leur dénomination.117 Il fallut attendre les années 1960 (1967) pour que ce renouveau pénètre les églises traditionnelles (baptiste, épiscopalienne, luthérienne, anglicane, catholique, etc.) et les églises indépendantes, en dehors des églises pentecôtistes reconnues.

    Dans l'église catholique romaine, le pape Jean XXIII nomma le cardinal Suenens de Belgique pour encadrer le mouvement naissant. Françoise van der Mensbrugghe, femme de pasteur et enseignante de formation, entreprit une étude sur ce phénomène dans l'église catholique. Dans son livre « le Renouveau Charismatique », elle définit certaines singularités catholiques :

    En passant dans le catholicisme, la doctrine pentecôtiste a subi une transposition : le « baptême dans l'Esprit » devient la réactualisation de l'Esprit reçu lors des sacrements du baptême et de la confirmation. Marie est perçue comme la première charismatique du Nouveau Testament ; « pleine de grâce » signifie « dotée de tous les charismes ». La Vierge devient souvent la médiatrice de l'Esprit :

    « respirer Marie, c'est aspirer l'Esprit Saint », déclare le cardinal Suenens dans « une nouvelle Pentecôte ». On assiste, d'autre part, dans le pentecôtisme catholique à une remise à l'honneur de pratiques en recul depuis Vatican II, comme la récitation du

    116Brandt-Bessire, 21. 117Ibid., 22.

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    Rosaire, des litanies, la pratique de la confession sacramentelle ou l'adoration du saint Sacrement.118

    L'auteur continue en ajoutant :

    Contrairement au Pentecôtisme, le mouvement charismatique s'est toujours voulu oecuménique. Il prend cependant, dans les différentes confessions chrétiennes, l'aspect d'un pèlerinage aux sources. Nombreux sont les catholiques qui, avec le cardinal Suenens, redécouvrent, dans le renouveau, la maternité de Marie et leur antique espérance de voir l'unité des chrétiens se réaliser autour d'elle.119

    Elle souligne, en outre, une particularité insolite : « certains groupes catholiques, désavoués par d'autres, vivent aussi l'oecuménisme avec des musulmans, dans le respect de leur identité culturelle et religieuse. »120 Enfin, elle relève certains aspects étranges : « À Lourdes, Bernadette a "vu" l'Immaculée Conception, vêtue des "couleurs" de la vierge, le bleu et le blanc. Dans l'expérience charismatique, des catholiques, à la suite de l'ermite Frère Daniel Ange, "sentent" la "présence" de Sainte Thérèse de Lisieux. »121 Cette étude intéressante a le mérite de faire la lumière sur la différence capitale entre le réveil de Pentecôte et ce simulacre psychique de rattrapage qui se situe dans la droite ligne de la tradition catholique. En fait, l'effusion de l'Esprit qui aurait pu amener un réveil des consciences parmi les responsables de l'église catholique a été canalisée puis étouffé par ces mêmes responsables.

    Au Burkina Faso, c'est l'abbé Bayili Emmanuel qui, lors de ses études en France, fut en contact avec le renouveau charismatique, qu'il introduisit au Burkina Faso en 1973.122

    118Françoise Van der Mensbrugghe, Le mouvement charismatique (Genève, Suisse: Labor et Fides, 1981), 38.

    119Ibid., 39. 120Ibid. 121Ibid., 51.

    124Florent Varak, "La foi charismatique," http://www.unpoissondansle.net/xaris/xa.php?i=6 (consulté le 20 avril, 2012).

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    C. La Troisième Vague

    Les pères de ce courant l'ont appelé « La Troisième Vague » en référence au réveil de Pentecôte qui serait la première vague et le mouvement charismatique qui serait la deuxième. En se reliant ainsi aux mouvements spirituels précédents, ils espèrent se donner une image spirituelle orthodoxe. Ce courant se développe au sein du mouvement évangélique et se dit être un réveil divin. Toutefois, les phénomènes bizarres et choquants qui s'y produisent défraient la chronique, interpelant tous ceux qui ont à coeur le respect de Dieu et de la saine doctrine biblique. S'agit-il d'un réveil spirituel ou d'un mouvement de séduction et d'erreur ? Dans son ouvrage, l'évangéliste allemand Wolfgang Bühne, cite Peter Wagner, John Wimber, mais également Paul Yonggi Cho, ancien pasteur des Assemblées de Dieu et responsable de la plus grande église du monde en Corée du Sud, ainsi que l'évangéliste Reinhard Bonnke très connu en Afrique, comme précurseurs de ce mouvement. Il précise : « Ce qui caractérise ce mouvement, ce sont bien entendu le parler en langues, la prophétie et la guérison, mais aussi des apparitions d'anges dans les salles de réunion ; les résurrections des morts seraient courantes, de même que les membres amputés qui repousseraient. »123 Florent Varak cite également Charles H. Kraft, professeur d'anthropologie à la School of World Mission and Institute of Church Growth of Fuller Theological Seminary, collègue et ami de Peter Wagner.124

    Une autre technique de ce réveil est la visualisation. Bühne cite Paul Yonggi Cho :

    « les rêves et les visions, écrit Cho, constituent les matériaux avec lesquels l'Esprit Saint va

    122Philémon Salam Saba, "Historique du mouvement du pentecôtisme moderne," Le Serviteur de Dieu, E.B. Koubri 1 (Avril 2007): 6.

    123Wolfgang Bühne, La troisième vague, le plus grand réveil de l'histoire de l'Eglise, (Genève, Suisse: la Maison de la Bible, 1992), 9-10.

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    travailler. Je dis toujours que les rêves et les visions sont le langage du Saint-Esprit ». Cho dit encore : « Les visions et les rêves constituent l'élément central de ma philosophie

    chrétienne. »125 Selon Bühne, le mentor de Paul Yonggi Cho est le Dr Robert Schuller, le plus célèbre « théologien » de la « Pensée Positive » avec Norman Vincent Peale.126 Schuller a d'ailleurs préfacé le livre très controversé de Cho « la Quatrième Dimension ». Quant à Reinhard Bonnke, il aurait subi l'influence de T. L. Osborn, l' « évangéliste » de la prospérité.127 Le résultat est donc logique. L'expérience est mise sur le même pied que la Bible. Peter Wagner le dit clairement : « Au fond, la théologie n'est ni plus ni moins qu'un essai humain pour expliquer d'une manière raisonnable et systématique la Parole et l'action de Dieu. Deux sources lui sont essentielles : la Bible et l'expérience chrétienne. »128

    Il est évident que la troisième vague n'est pas un courant de réveil. Le réveil est un message de repentance, de conversion et de sanctification pour l'individu et pour l'Église. Ce message repose sur la seule parole de Dieu, la Bible, et aussi sur la sainteté de Dieu. George Whitefield, John Wesley, Jonathan Edwards, David Brainerd, Charles Spurgeon, Evans Roberts, William Seymour, etc. l'ont compris. Eux aussi ont reconnu la main de l'adversaire qui a maintes fois tenté de perturber les réveils par toutes sortes de manifestations exagérées, mais ils les ont tous combattues avec rigueur et droiture. Ce n'est pas le cas de la troisième vague qui se glorifie de ces manifestations diaboliques.

    Selon Sébastien Fath, la théorie de ce mouvement repose sur : (1) la spiritualisation des lieux et des nations possédés par des esprits, des démons, des anges, etc., (2) le thème de la guerre spirituelle entre Dieu et ses anges, et Satan et ses démons, (3) l'idée que l'Évangile

    125Bühne, 59. 126Ibid., 55. 127Ibid., 75. 128Ibid., 28.

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    doit être puissant, donc se manifester obligatoirement par des signes et prodiges, ce qui marginalise le message de la parole au profit d'une vision hyper-enchantée du monde.

    Fath précise que ce courant est issu, au départ, de la pensée de trois personnalités charismatiques : Peter Wagner, théoricien du « Church Growth Movement », John Wimber des églises Vineyard à l'origine du mouvement de la bénédiction de Toronto, et George Otis Jr., le père du « Spiritual Mapping », qui consiste à pointer sur une carte les places fortes d'où il faut déloger les démons. Selon Fath, ce mouvement de la troisième vague a bénéficié de trois conjonctures favorables : (1) un renouveau du manichéisme guerrier dans la culture occidentale contemporaine, (2) l'influence croissante des spiritualités animistes et démonologiques des sociétés traditionnelles africaines, (3) le déclin culturel de la lecture au profit de l'image.

    Les charismatiques de la troisième vague ne sont pas biblicistes. Le signe visible l'emporte sur l'Écriture. Wimber stipule que « Dieu est plus grand que sa parole ». Alors, puisque Dieu peut se manifester par des miracles de toutes sortes, pourquoi se fatiguer à sonder sa parole. Dans la pratique, les charismatiques de la troisième vague privilégient le spectaculaire visible et l'efficacité miraculeuse de l'agir divin. Ce courant, assimilable au « Power Evangelism » a donné naissance à des organisations spécifiques typiques de la troisième vague, comme « Harvest International », auquel se rattache le « Jesus Camp » de Becky Fischer.129

    1. Le Mouvement de la Pluie de l'Arrière Saison-Le PAS (1948)

    Le « Latter Rain Movement » a débuté à North Battleford, Saskatchewan au Canada, en 1948. Un groupe d'hommes, connus comme les « docteurs de la pluie de l'arrière-saison », émergea de certaines églises charismatiques. L'un d'eux, Paul Cain, refit parler de lui avec la

    129Sébastien Fath, "Les charismatiques troisième vague, C'est quoi ?", http://blogdesebastienfath.hautetfort.com/archive/2007/05/03/les-charismatiques-troisieme-vague-c-est-quoi2.html, (consulté le 19 avril, 2012).

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    troisième vague, dans les années 1990, avec la plupart des « prophètes de Kansas City », Rick Joyner, Mike Bickle, Bob Jones, etc. Le pasteur Richard Riss, très favorable à ce mouvement, a écrit une thèse à ce sujet. Il déclare :

    Les différentes doctrines et pratiques de « la pluie de 1'arrière-saison » ont pénétré dans le renouveau charismatique. Il est impossible d'évaluer l'influence qu'ont exercée les pionniers de la pluie de l'arrière-saison sur ce renouveau. Cela a produit en son sein, le développement caché d'un mouvement parallèle, composé de prédicateurs tels que Franklin Hall, Bill Britton, William Branham, Ern Baxter, Georges Warnock, etc. Ces hommes ont commencé à prêcher « des vérités pour les temps de la fin » que nous avions déjà annoncées pendant le réveil de la pluie de l'arrière-saison.130

    Selon Hatzakortzian :

    Georges Warnock, un des leaders du P.A.S. des années 50 a écrit un manuel très important sur ce mouvement intitulé « la fête des Tabernacles », dans lequel nous découvrons les principaux enseignements hérétiques suivants :

    1. La théologie du remplacement (proche de la doctrine des "enfants de Dieu") :
    l'Église remplace Israël. Toutes les promesses concernant l'avenir d'Israël sont attribuées à l'Église.

    2. Le rejet des doctrines prémillénaristes : il n'y a pas d'enlèvement de l'Église,
    pas d'Antichrist, pas de grande tribulation, pas de millénium.

    3. Les méchants seront enlevés : ils ne croient pas à l'enlèvement des chrétiens et
    prétendent que ce sont les méchants qui seront enlevés pour être jugés.

    4. Le mandat de domination : l'Église doit rétablir le Royaume de Dieu sur terre.
    Elle doit prendre possession du pays, c'est-à-dire christianiser et gouverner les nations avant le retour du Seigneur (à ne pas confondre avec l'enlèvement).

    5. Le combat spirituel : le réveil dans l'Église viendra, en triomphant des
    puissances démoniaques, par le jeûne et la prière et en combattant les puissances des ténèbres et les esprits territoriaux.

    6. Nouvelles révélations et nouvelles doctrines : seuls « les vainqueurs » pourront
    comprendre leur enseignement (Nouvelle forme de gnosticisme).

    7. Restauration des apôtres et des prophètes : ces deux ministères seront restaurés
    dans les derniers temps. Les chrétiens doivent se soumettre à eux pour parvenir à la perfection.

    130Richard Riss, A History of the Worldwide Awakening of 1992-1995, http://www.grmi.org/renewal/Richard_Riss/history.html (consulté le 21 avril 2012).

    8.

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    L'unité de tous les chrétiens : elle est absolument nécessaire parce que sans cette unité, le mouvement ne pourra établir sa domination.

    9. La manifestation des Fils de Dieu : ils prêchent la déification de l'homme, et forment une puissante armée, appelée l'armée de Joël. Cette armée sera invincible. Elle aura le pouvoir de juger les ennemis de Dieu et de purifier Son Église en détruisant tous ceux qui refusent de se repentir ou de faire partie de ce nouveau mouvement. Ils représentent aussi la sacrificature de Melchisédek, comme étant empreinte d'une gloire éternelle, d'une vie de puissance et d'autorité, opposée à l'ancien ordre d'Aaron (appelé les dénominations) qui doit aussi être détruit.

    10. La fête des Tabernacles : toutes les fêtes d'Israël (y compris Pâque et Pentecôte) sont interprétées spirituellement et servent de modèles de progression. Celle-ci doit grandir en maturité jusqu'à ce que Christ s'incarne en elle, (c'est-à-dire que l'Église atteigne un niveau de divinité) ; c'est alors seulement qu'elle sera en mesure de dominer sur la terre.

    11. D'étonnants signes et miracles et un grand réveil mondial : ces miracles prendront place au travers de la manifestation des fils de Dieu (doctrine des petits dieux). Leurs grands rassemblements conduiront le peuple de Dieu au plus grand réveil mondial de la fin des temps. Les signes et les miracles incluront des bénédictions sur ceux que les apôtres ou prophètes béniront et des malédictions sur ceux qu'ils maudiront.

    12. Les religieux : c'est-à-dire l'ancienne génération de chrétiens (formés par les dénominations qui rejettent ces nouvelles révélations), n'entrera pas dans la Terre promise pour occuper le pays. Elle ne parviendra pas à la plénitude, tandis que les vainqueurs qu'ils prétendent être règneront.

    13. La mort est détruite : Jésus ne peut pas revenir physiquement avant que les ennemis de Dieu, y compris la mort elle-même, ne soit détruits. Ceux qui auront atteint un certain degré de sainteté sous la direction de leurs apôtres et de leurs prophètes triompheront de tous leurs ennemis, y compris de la mort et deviendront immortels.

    Comment peut-on en arriver à proclamer de telles hérésies. L'explication est simple : tout leur enseignement est basé sur une interprétation allégorique des textes bibliques, sur « les révélations » de leurs apôtres et de leurs

    prophètes qui mettent leur message au même niveau que les Écritures, et sur des textes pris hors de leurs contextes. De tels enseignements se répandent de manière plus ou moins voilée dans « les mouvements de l'Esprit actuels ». C'est pourquoi de nouvelles vagues d'hérésies toujours plus nombreuses et séduisantes pénètrent sournoisement dans les églises et produisent encore plus de divisions tragiques et douloureuses. Car tous ceux qui n'acceptent pas ces aberrations sont catégoriquement rejetés et persécutés.131

    131Samuel et Dorothée Hatzakortzian, Résister aux vagues d'hérésies dans l'Eglise, (Saint-Badolph, France: Éditions Compassion, 1997), 73-76.

    79

    2. Vineyard Christian Fellowship (1977)

    Ce mouvement qui regroupe plus de 250 églises était dirigé par le Pasteur John Wimber, fondateur de l'église centrale de l'organisation « Vineyard Christian Fellowship » de Anaheim, en Californie.132 Ce mouvement et son fondateur sont très impliqués dans le mouvement de la troisième vague.

    Depuis 1975, Wimber enseigne dans le programme de Doctorat au sein du Fuller Theological Seminary. En 1981, il y enseigna, avec Peter Wagner, le cours controversé MC510 « Signes, Miracles et Croissance de l'Église ».

    Puis, de 1982 à 1985, au sein de la Fuller School of World Mission, Wimber enseigna le cours « Le Miraculeux et la Croissance de l'Église » qui devint le cours le plus populaire de l'histoire du Fuller Theological Seminary, mais aussi le plus controversé.133 L'église contestée de Toronto a fait partie du mouvement Vineyard avant d'en être radiée.

    3. La Bénédiction de Toronto (1994)

    La « bénédiction de Toronto » est apparue pour la première fois le 20 janvier 1994 dans l'église charismatique Vineyard de Toronto (Canada) d'où elle s'est répandue comme une traînée de poudre. Les personnes touchées par ce phénomène tombent à terre dans un état de transe, tremblent, gémissent, poussent des cris d'animaux, sont pris de crises de fou rire ou de crises de larmes du genre hystérique, le tout étant mis sur le compte du Saint-Esprit et présenté comme le commencement d'un réveil mondial. On parle à ce sujet d'« ivresse de l'Esprit », de « vin nouveau », ou encore de « l'heure venue pour l'Église de préparer son nouveau mariage avec le Seigneur ! » Des cas graves de troubles d'ordre psychique et physique ont été recensés. Certains sont restés aveugles ou muets pendant plusieurs jours. Un grand nombre de pasteurs du monde entier sont allés à Toronto pour chercher cette «

    132Stanley M. Burgess and Gary B. McGee, 871. 133Stanley M. Burgess and Gary B. McGee, 889.

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    bénédiction » et ont, à leur retour, infecté de nombreuses églises en Europe et dans le monde. Il s'agit manifestement d'une excitation psychique de personnes qui se livrent volontairement à une influence ou à une emprise qui leur fait perdre la maîtrise d'eux-mêmes.134 Les visiteurs de Toronto, de Pensacola, et de Lakeland sont ouvertement encouragés à s'abandonner aux influences de « l'esprit » présent : (1) ils doivent rester ouverts aux nouvelles révélations et expériences. « Les refuser, c'est résister à Dieu », (2) la doctrine et l'enseignement sont méprisés. Les gens sont encouragés à laisser leur esprit au vestiaire. « Ne priez pas », disent-ils, « Soyez simplement ouverts », (3) l'unité du groupe est plus importante que la vérité, (4) la vérité est redéfinie de façon restrictive pour satisfaire leurs propres buts étroits, (5) les absolus divisent et restreignent ... le consensus est meilleur, (6) l'expérience se valide elle-même comme étant la vérité.

    Selon Tricia Tillin, il nous faut nous inquiéter de la vague spirituelle qui vient de l'église Vineyard de Toronto et des églises du mouvement Vineyard en général dans le monde, d'autant plus qu'elles acceptent sans réaction les doctrines erronées des prophètes de Kansas City, et des deux hommes à l'origine du mouvement de la vague du rire: Benny Hinn et le Sud-Africain Rodney Howard Browne, qui se surnomme lui-même le « barman du Saint-Esprit ». Le fait que la majorité des églises qui acceptent le phénomène de Toronto, tolèrent de graves erreurs doctrinales, devrait alarmer tous les responsables spirituels.135

    Un ancien pasteur de Toronto, Paul Gowdy, s'est publiquement repenti et donne son témoignage, dont nous ne donnerons qu'une partie par manque de place :

    Nous avons ri, pleuré, titubé, mais où est le réveil ? ... Au cours de ces

    dernières années je parlais d'une bénédiction hétérogène; il me semble que c'est l'expression qu'employait James A. Beverly dans son livre « Le saint rire et la

    134Jean Hoffmann, "À propos de la bénédiction de Toronto," Promesses 114 (1995): 2.

    135Tricia Tillin, "Nouvelle analyse indispensable de la vague de rire de Toronto," Promesses 114 (1995) : 2.

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    bénédiction de Toronto » (1994). Aujourd'hui je dirais plutôt que c'est une malédiction hétérogène . . . il s'agit d'un leurre satanique et il en résulte infiniment plus de mal que de bien. Mon dilemme venait de ce que je voulais rester dans la crainte du Seigneur: Jésus nous a enseigné que le péché impardonnable était le blasphème contre le Saint-Esprit, qui attribue à Satan ce qui est en fait une oeuvre de Dieu. . . Je suis convaincu que Satan s'est servi de cette expérience pour en aveugler beaucoup, pour occulter de saines doctrines enseignées depuis des siècles dans l'église, et pour empêcher qu'on produise du fruit digne de la repentance. Par elle il a empêché les gens de discerner les esprits et d'éprouver les prophéties. 3 ans dans cette « bénédiction » avaient fait de nous des chrétiens charnels ... Nous passions notre temps à nous dévorer les uns les autres, à cancaner, à nous envoyer "des coups de poignard dans le dos", à semer la division et la critique, etc. . . . La manifestation des dons spirituels mentionnés dans 1 Corinthiens 12 était bien plus fréquente dans notre assemblée avant que la "bénédiction" de Toronto ne commence en 1994, qu'après cette prétendue visitation du Saint-Esprit . . . Avec la survenue de la "bénédiction" de Toronto, notre ministère a changé. Les seules prières qu'on entendait étaient: "Plus Seigneur, PLUS" ou alors des cris réclamant "LE FEU !" Il y avait aussi les tremblements, les mouvements saccadés du corps accompagnés de "Ooh, OOH, WOOAAH !"

    Je pense que cette "bénédiction" conduit à l'apostasie et l'hérésie . . . Ils n'ont pas suffisamment aimé le Seigneur pour garder Ses commandements. Ils n'ont pas obéi à la Parole de Dieu, et ils se sont égarés parce qu'ils aspirent à voir des manifestations spectaculaires sur une vaste échelle, des phénomènes exaltants, une grande animation. Moi aussi, j'ai commis ce péché. J'ai prêché ce "renouveau" en Corée, au Royaume-Uni, aux USA, et ici au Canada. Je m'en suis profondément repenti. Rétrospectivement, je me demande comment j'ai fait pour me laisser aveugler à ce point.

    Des chrétiens aboyaient et levaient la patte comme pour uriner ! Je riais en voyant des gens qui aboyaient comme des chiens et faisaient semblant de lever la patte pour uriner contre les piliers du local de l'église de l'Aéroport de Toronto. Ceux qui se comportaient comme des animaux aboyaient, rugissaient, gloussaient comme des poules, ou faisaient semblant de voler en agitant les bras. On les aurait crus perpétuellement ivres et ils chantaient des chansons idiotes ...C'était bruyant et vulgaire; c'était un blasphème envers le Dieu Saint de la Bible. J'étais probablement persuadé que tant qu'on ne prêchait rien de carrément opposé à l'Ecriture, tous ces phénomènes tombaient dans la catégorie des "manifestations exotiques" ... Lorsqu'il nous est apparu que des démons s'en donnaient à coeur joie pendant nos cultes ... Là non plus, nous n'avons pas aimé Dieu au point d'obéir à Sa Parole. Par conséquent, nous nous sommes ouverts à des esprits menteurs. Que Dieu nous fasse miséricorde!

    Un jour, quelques-uns des membres de notre assemblée nous ont demandé si nous avions bien tous reçu "le glaive d'or du Seigneur". Je leur ai demandé de m'expliquer ce que c'était, croyant qu'il s'agissait d'une allusion prophétique à la Parole de Dieu. "Mais non, ont-ils répondu, il ne s'agit pas de la Bible. C'est une épée invisible, une épée d'or, et seuls ceux qui sont vraiment purs peuvent la recevoir. Si jamais on la reçoit dans l'impiété, alors le Seigneur vous tue. Mais si on est suffisamment sanctifié pour la recevoir, on peut s'en servir; elle guérit le sida, le cancer, et elle procure le salut." Pour manier cette épée, on faisait comme si on la tenait en main; et quand on priait, on faisait un geste comme pour frapper les gens avec. Malgré l'état de séduction où je me trouvais encore, j'ai quand même pensé qu'à l'église de l'Aéroport ils étaient devenus fous!

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    Un autre phénomène est survenu: des plombages dentaires se transformaient en or. On en voyait dans notre assemblée qui inspectaient l'intérieur de la bouche des autres, pour voir s'il s'y trouvait des plombages en or, signes (à ce qu'on disait) du grand amour de Dieu pour les personnes en question. Pendant toutes les années que j'ai passées là là-bas, je n'ai entendu qu'une seule fois un message sur la repentance.

    Ils sont toujours persuadés qu'ils vont s'emparer du monde entier ! Je pourrais en dire bien davantage, et mentionner beaucoup d'excès, de folies et de péchés; je pourrais parler des enseignements sur cette domination que l'Église serait censée exercer dans les derniers temps. Mais beaucoup d'autres l'ont fait avant moi. Dans nos chants nous exaltions "l'armée de Joël" et "le réveil d'un milliard d'âmes" avec autant d'assurance que s'il s'agissait de l'un des Dix Commandements ... Je regrette les dégâts que j'ai commis en donnant des enseignements qui n'étaient pas conformes à la Bible. Je m'en repens devant les hommes comme je m'en suis repenti déjà devant Dieu. Je suis tombé dans la séduction, et je ne cherche pas à me disculper. Je ne m'étais pas donné la peine "d'éprouver toutes choses", bien que l'Écriture nous commande de le faire.

    À ceux qui sont restés dans "le fleuve", je dis: "Sortez de là: cette eau est infestée de créatures qui vous feront beaucoup de mal !" ... Jésus nous appelle à nous repentir: remercions Dieu pour cela, car la repentance nous conduira à une

    authentique restauration de la relation à notre Père! Si Dieu m'a pardonné et m'a ouvert les yeux, alors Il peut le faire pour tous ceux qui sont pris au piège de la séduction. Je terminerai par cet avertissement que nous donne Paul: "Que celui qui croit être debout prenne garde de tomber".136

    Paul Gowdy décrit ci-après « La chanson à boire de Toronto ». Il précise : « Croyez-le si vous voulez, mais Kathryn Riss, l'épouse de Richard Riss (qui se dit historien spécialiste des réveils) affirme avoir reçu ces paroles du Seigneur Jésus-Christ. »

    Si t'es trop sérieux, et si t'as le cafard, Moi, je te propose vraiment ce qu'il te faut! Ce n'est pas conventionnel, mais c'est vraiment rigolo. Si on te prend pour un nul, tu ne t'en soucieras même pas. Viens donc à la fête que Dieu donne aujourd'hui On va prendre du bon temps, et montrer aux païens que les chrétiens rigolent et déboussolent tout le monde quand l'Esprit Saint répand la Bénédiction de Toronto! Autrefois je prenais la vie au sérieux Je n'osais pas pleurer, je prenais l'air sévère Mais l'Esprit de Dieu a mis en moi le rire. Le Saint-Esprit me possède et j'échappe à tout contrôle! Fêtard qui s'abreuve à l'auge de Dieu Et drogué de Jésus, je suis insatiable! Je suis un alcoolique de ce grand Vin Nouveau Que déverse le Saint-Esprit, et je bois sans arrêt! Je rigole comme un fou, j'aboie comme un chien, Si rien ne me dégrise, je sauterai comme une grenouille! Je vais faire cocorico comme le coq au point du jour, Le Saint-Esprit agit, je veux être dans le coup! Je vais rugir comme une lionne en train de roder, Rire et trembler, peut-être même hululer ! Le fleuve saint de Dieu s'est mis à bouillonner en moi, Il se déverse au-dehors - et à présent me libère!

    136Paul Gowdy, "Si vous êtes encore dans ce « fleuve », sortez de là," www.discernment-ministries.org/TheTorontoDeception.htm (consulté le 24 novembre, 2010).

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    Je vais m'effondrer, plonger, danser et tournoyer. Un banc d'église, c'est pas mal, mais par terre c'est plus marrant! Je vais danser le pogo, puis m'écrouler sur le sol. Car le Saint-Esprit agit, et moi j'en veux PLUS !137

    Le théologien Henri Lüscher s'est livré à une analyse de ce courant. Selon lui, l'histoire de l'Église est instructive. Dès son commencement à la Pentecôte, elle a été en butte à diverses attaques de l'ennemi. Les plus insidieuses venaient toujours de l'intérieur pour introduire de fausses doctrines. À travers ces combats spirituels pour la vérité, sont nées les grandes confessions de foi chrétienne. Dieu s'est servi des hérésies pour permettre à l'Église de définir clairement les fondements de la foi chrétienne par le moyen des Saintes Écritures. Ainsi s'est affirmée la foi orthodoxe, biblique, de l'Église de Jésus-Christ qui reste invariable. Or, Toronto s'échafaude sur une somme de révélations provenant de mouvements et d'hommes porteurs de fausses doctrines: Kenneth Copeland et Kenneth Hagin (évangile de la Prospérité), William Branham, Latter Rain, Essek W. Kenyon (Confession Positive), etc. Il est effrayant d'apprendre ce que certains de ces « docteurs » ont dit ou écrit à propos de la doctrine de base (sur Dieu, la Trinité, Jésus-Christ et l 'homme). John Arnott, pasteur Vineyard à Toronto, doit son onction à Randy Clark, qui doit la sienne à Ronald Howard-Browne, lequel est en étroite liaison avec Kenneth Copeland. Arnott fut lui-même influencé par les ministères de Kathryn Kuhlmann et Benny Hinn. D'autre part, le phénomène de Toronto est issu du mouvement des « Signes et Prodiges, Vineyard », auquel le nom de John Wimber est associé. Quel fruit peut-on donc attendre d'un arbre qui plonge ses racines dans de fausses doctrines ?138

    Il semble que John Wimber soit, par la suite, revenu de tous ces abus. Idea Magazin a publié, le 7 juillet 1995, un article : « Une saine instruction plutôt que des phénomènes », traduit ainsi par la revue Promesses :

    137Ibid.

    138Henri Lüscher, "Toronto avant ... après," Promesses 115 (1996): 2.

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    Le dirigeant du mouvement Vineyard s'exprime de manière critique à l'égard des phénomènes qui se produisent au sein de son mouvement, lors des services religieux de l'église de Toronto. Il a préconisé le retour à une théologie centrée sur Christ, et a stigmatisé l'activité des prophètes. Le leader du mouvement Vineyard, John Wimber, s'est élevé contre une surestimation de la «bénédiction de Toronto», caractérisée par des rires, des pleurs, des tremblements ou des chutes à terre. Lors d'une conférence dans le cadre du mouvement qu'il a lui-même fondé, Wimber a affirmé qu'une saine instruction biblique était plus importante que ces phénomènes concomitants. Nos rencontres, dit-il, devraient être marquées par une prédication centrée sur Christ et par un appel à vivre en disciples de Christ, et non pas par des phénomènes spectaculaires. Selon lui, il est faux d'inciter les hommes à expérimenter les phénomènes de la "bénédiction de Toronto". Il vaudrait mieux leur transmettre la notion de la grandeur et de la présence de Dieu. Wimber s'est déclaré prêt à se pencher plus en avant sur ces questions et à corriger les erreurs. Wimber a dénoncé la place exagérée accordée au ministère prophétique dans la vie de la communauté. Au terme d'une expérience de quatre ans, il a pris ses distances par rapport à cette pratique. Il serait même en grand souci au sujet de la théologie de certains prétendus prophètes. Globalement, il estime que leur influence sur la communauté a été négative. Toutefois, il considère toujours les prophéties, les signes et les miracles comme des choses possibles.139

    Il est important de démystifier ce fameux phénomène de Toronto qu'est « tomber dans l'esprit » (slain in the spirit), qui a fait le tour de la terre, afin d'éclairer et prévenir le peuple de Dieu. Ancien adepte yogi, le Pasteur Robert S. Liichow avait reçu l'initiation de la shaktipat, qui est le «divine touch » du Kundalini Yoga (qui signifie « Yoga de la puissance du Serpent), dont les effets sont identiques au fameux « tomber dans l'esprit ». L'Hindouisme enseigne que tout être humain possède un "serpent spirituel" résidant à la base de sa colonne vertébrale. Un maître yogi « éveillé » ou gourou possède l'onction nécessaire pour réveiller ce serpent. Il peut le faire de diverses manières : en touchant le candidat, en soufflant sur lui, par ses enseignements, par sa simple présence. Le Kundalini Yoga est une puissance surnaturelle qui peut conduire au dérangement mental, à la psychose, à la possession démoniaque (pour ceux qui ne sont pas chrétiens), ou à l'oppression (pour les chrétiens). Le Kundalini Yoga, avec toutes les manifestations qui lui sont associées, remonte à 1.900 ans avant la naissance

    139Lüscher, "Désenchantement," Promesses 115 (1996), 2.

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    de Jésus-Christ ! Il est très ancien. Liichow affirme que la « bénédiction de Toronto » est une contrefaçon du Kundalini. Les manifestations de Toronto sont en réalité des éveils spontanés de la Kundalini chez les participants ! Ce que fait Benny Hinn, quand il « projette l'onction » sur les foules, est exactement semblable à ce que font les gourous de cette puissance, avec les mêmes résultats et les mêmes manifestations. Les manifestations de Toronto et de Pensacola sont exactement semblables aux manifestations constatées chez les adeptes du yoga, quand la puissance du serpent s'éveille en eux. À Toronto ou dans le yoga, ces manifestations sont provoquées par l'imposition des mains, faite par quelqu'un possédant « l'onction ». Comme dit un ancien proverbe : « Si tu marches comme un canard et si tu fais "coin-coin" comme un canard, c'est que tu es un canard ! » Selon Liichow, les témoignages de plus en plus nombreux d'un éveil spontané de la Kundalini peuvent être le signe d'une action plus profonde et plus large, celle du début d'un appel à un éveil planétaire occulte et dirigé. En effet, ce qui était auparavant atteint après des années de travail peut être à présent assuré immédiatement à ceux qui n'ont aucune expérience du yoga. Les occultistes considèrent cela comme le signe d'une action beaucoup plus significative. De quelle action s'agit-il donc ? La seule réponse est qu'il s'agit d'une action plus profonde et plus large de Satan et de ses hordes d'esprits séducteurs. Leur but est de duper des chrétiens sincères, au moyen de manifestations déguisées en oeuvres du Saint-Esprit.140

    Andrew Strom, historien du réveil, tout en rappelant aussi la connexion de ces manifestations avec le Kundalini Yoga, indique : « On les retrouve aussi dans le mouvement occulte chinois Qi-Gong, dans les pratiques de guérisons démoniaques de Franz Mesmer, et dans d'autres groupes du Nouvel Âge, dans le monde entier. »141

    140Robert S. Liichow, "Mon expérience avec la puissance du serpent," http://www.info-sectes.org/occulte/toronto_kundalini.htm (consulté le 24 novembre, 2010).

    141Andrew Strom, "Pensacola : est-ce la même chose que Toronto ?" http://www.banner.org.uk (consulté le 24 novembre, 2010).

    2012).

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    Ces pratiques nous rapprochent de l'Hindouisme original et se propagent via le Nouvel Âge. Il s'agit donc d'un courant manifestement diabolique. Les principales instances évangéliques et pentecôtistes mondiales l'ont condamné, affirmant que de telles manifestations ne sont pas bibliques et ne peuvent pas provenir du Saint-Esprit. Les Assemblées de Dieu de France ont vigoureusement condamné le mouvement de Toronto, ses pratiques et ses méthodes.142 La Fédération Évangélique de France (FEF) en fit de même en juin 1995.143

    4. L'« Agenda Caché »

    Certains leaders charismatiques parlent de « quelque chose qui est en train de naître dans l'Église » : « Dieu est en train de lever une armée ». Comment cela se fera-t-il ? Ils répondent: « N'analysez pas! Laissez venir sans vous demander ce que ce remue-ménage signifie. Laissez les gens se faire plaisir. Vous aurez bien le temps, plus tard, pour vous poser des questions. » L'attitude de ces prophètes d'une nouvelle Pentecôte est en droite ligne avec l'enseignement du PAS, le mouvement de la pluie de l'arrière-saison. Son insistance à ne pas penser ni réfléchir, mais à tout accepter sans discernement le dénote comme un mouvement sectaire, dans la mouvance du Nouvel Âge.

    Selon leur pensée, une seconde Pentecôte est censée éclater au Canada pour se répandre ensuite jusqu'aux extrémités de la terre. Dans la préface du livre de Richard Riss : « The Latter Rain », James Watt qui était en 1974 l'assistant pasteur d'Ern Baxter à Surrey, écrivit en 1986 : « Dans un sens, l'accomplissement de la Fête des Tabernacles vint avec le souffle des trompettes depuis North Battleford. . . .Le temps du renouvellement de toutes choses est en train de s'accomplir. . . .Selon Paul Yonggi Cho de Corée et selon 20 autres

    142"Les Assemblées de Dieu de France et le mouvement de Toronto," Serviteur de Dieu (1996). 143Fédération Évangélique de France, "Bénédiction de Toronto," www.lafef.com (consulté le 21 mars

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    prophètes, le dernier agissement de l'Esprit jaillira du Canada, et de 70 villes du Canada il se propagera aux 210 autres nations de la terre avant le retour de Jésus-Christ. »144

    Marc Dupont, de Toronto Vineyard, écrit qu'il voit Toronto comme une des sources majeures du renouveau mondial. Il proclame avoir reçu à deux reprises une prophétie significative (mai 1992, juin 1993) : une forte vague de Toronto coule puissamment depuis l'est et traverse le Canada. Il compare le renouveau actuel avec le ministère de Jean Baptiste, précurseur du Christ. Il croit qu'il aboutira à un renouveau majeur parmi les nations de l'Occident dans les années 2000 à 2005 (voir l'article Mantle of Praise et le Magazine Alpha de septembre 1994). Du même Marc Dupont, cette phrase intrigante: « Ce mouvement de l'Esprit en 1994 n'est pas seulement une expérience pentecôtiste et charismatique au sujet de la puissance et des dons. Il est une chose de se couvrir de puissance, et une autre chose de "s'imbiber de la Personne de Dieu". » Pour saisir le sens de tels propos, il faut rappeler que selon les enseignants du Latter Rain, la première Pentecôte incita les croyants à être « revêtus de la puissance d'en haut » (cf Ac 1.8). Quant à la seconde Pentecôte, elle permettra l'incarnation du Christ dans son Corps, l'Eglise. Cette conviction leur est venue de leur interprétation symboliste de la Fête des Tabernacles, fête anciennement destinée à célébrer la présence de Dieu au milieu de son peuple.

    5. Brownsville Pensacola (1995)

    Après Toronto ... Pensacola. Après son exclusion par le mouvement Vineyard, suite aux manifestations démoniaques qui s'y produisaient, la renommée internationale de l'église de Toronto a commencé à s'estomper. Toutefois, les nombreux pasteurs venus chercher « l'onction » de Toronto ont ramené ses pratiques et ses enseignements dans leur église. C'est ainsi que cette « bénédiction » a traversé la frontière pour se retrouver aux États-Unis où elle

    144James Watt, The Latter Rain, (Kingdom Flagship Foundation, 1987).

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    fit une incursion majeure dans une église AoG de Pensacola. Comme ce fut le cas à Toronto, de nombreux leaders d'églises, en baisse spirituelle, s'y sont rendus pour voir le phénomène et recevoir cette nouvelle « onction ». Samuel et Dorothée Hatzakortzian soulignent que « leur but est donc de faire de nouvelles expériences ».145 Ils soulignent la gravité de la situation :

    Combien il est triste et déconcertant de constater que certains leaders spirituels bien connus, jusque-là opposés à la vague de rire de Toronto, puissent maintenant accepter un tel mouvement. Il nous faut toutefois immédiatement préciser que de nombreux autres pasteurs (pentecôtistes et évangéliques), ainsi que leurs églises, ont été profondément bouleversés et peinés par cette prise de position. Fermement attachés aux vérités fondamentales de la Parole de Dieu, de même qu'à l'autorité finale des Écritures, ils rejettent cette hérésie.146

    C'est en 1995 que l'évangéliste américain Stephen Hill introduisit ce « réveil » dans l'église AoG dirigée par le pasteur John Kilpatrick à Brownsville (banlieue de Pensacola) en Floride. De retour d'une mission en Russie, il s'était arrêté quelques jours à Londres pour se reposer. Durant son séjour, il s'est rendu à la « Holy Trinity Church » à Brompton. C'est cette dernière qui a importé la « bénédiction de Toronto » en Angleterre. Fatigué par sa mission en Russie, il demanda l'imposition des mains au pasteur de l'église, Sandy Millar. C'est à ce moment-là qu'il aurait reçu cette nouvelle « onction » qu'il s'est ensuite empressé de communiquer à son pasteur principal Kilpatrick. Par la suite, Hill est allé à Toronto rafraîchir sa nouvelle « onction » par les mains de John Arnott, responsable de l'église de la vague du rire. Ensuite la femme de Kilpatrick alla à Toronto. Quand Kilpatrick vit l'effet produit sur sa femme, il voulut s'y rendre lui-même, mais il eut une crise cardiaque en route et dut interrompre son voyage. Depuis lors, des expériences incroyablement semblables à celles de Toronto se produisent à Pensacola : les chrétiens tombent à terre inconscients, gémissent,

    145Hatzakortzian, Résister aux vagues d'hérésies dans l'Église, 15.

    146Ibid., 16.

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    grognent et rugissent comme des animaux ; certains sont soulevés du sol (cas de lévitation) ou se mettent à rire d'une manière hystérique ; d'autres crient, sont secoués et agités, deviennent comme ivres ; d'autres ont des pertes de mémoire si profondes qu'ils ne se souviennent ni de leur nom ni de leur adresse ; d'autres pratiquent le « Fetal Birthing », manifestant des gestes semblables à une femme en train d'accoucher, tout cela en plein milieu de l'église.147 C'est une hystérie collective, semblable à une maison d'aliénés démoniaques. Malgré cela, certains hauts responsables spirituels ont proclamé qu'il s'agissait d'un réveil ! D'autres phénomènes violents et bizarres ont été rapportés lors de réunions tenues par l'évangéliste Stephen Hill. Lui-même déclare : « des chrétiens sont soulevés de terre et même projetés contre les murs ou sur leurs bancs. D'autres encore tombent les uns sur les autres, et cela avant que le service d'ordre ne soit capable de les retenir. »148 Mon expérience passée, avant ma conversion, me permet d'affirmer, sans aucune hésitation, qu'il s'agit ici de cas avérés de possessions et de manifestations démoniaques.

    Le Docteur Joseph R. Chambers de Paw Creek Ministries s'est rendu en 1997 à Pensacola pour assister à l'une des réunions de « réveil » et se faire une opinion. Il raconte comment il a pu rencontrer d'abord un groupe de 158 personnes, anciens membres engagés de l'Assemblée de Brownsville (anciens, membres de la chorale, etc.), qui avaient été proches du pasteur Kilpatrick et de sa femme, et qui ont été obligées de quitter l'assemblée, après avoir rejeté ces manifestations comme clairement non-bibliques, mensongères, et envoyées par Satan pour détruire l'église. Chambers a également enquêté dans la ville, et auprès des autorités municipales, des vantardises de Kilpatrick sur une soi-disant baisse de la criminalité, ou sur le fait que la police lui amenait des adolescents qui venaient d'être arrêtés pour qu'ils soient sauvés, ou encore sur ses grands résultats dans les écoles publiques. Tout cela s'est

    147Hatzakortzian, 17. 148Ibid., 20.

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    révélé être un tas de mensonges, que la revue « Pentecostal Evangel » a pourtant relaté dans son édition du 10 novembre 1996.149

    Au sujet de ce soi-disant réveil, Andrew Strom, historien des réveils, a déclaré :

    J'ai aussi parlé dans cet article de la "stratégie cachée" qui semble être utilisée pour répandre le mouvement de Toronto dans les différentes branches de la Chrétienté. Tout d'abord apparurent Rodney Howard-Browne et Kenneth Copeland, parfaits instruments pour introduire cette séduction dans la famille du Mouvement de la Parole de Foi. Puis elle a été introduite dans l'église Vineyard de Toronto par l'un des pasteurs Vineyard, prenant ainsi ses "distances" par rapport au mouvement de la Parole de Foi. La séduction devenait ainsi plus "acceptable" pour le mouvement Vineyard, comme pour le Mouvement Prophétique américain. Ces deux mouvements sont très proches l'un de l'autre. Puis la séduction s'est propagée, par l'intermédiaire d'un responsable anglican de Grande-Bretagne (ce qui la rendait à nouveau plus acceptable), et par Steve Hill, dans l'Assemblée de Dieu de Pensacola. La séduction a pu ainsi changer de visage, tout en prenant ses distances par rapport aux milieux précédents. Elle est ainsi plus attractive pour les Chrétiens de la "Bible-belt" américaine. (La Bible-belt (ceinture de la Bible) est une large région en arc de cercle, au centre des États-Unis, traditionnellement très attachée à la Bible). Tout cela est très intelligent, n'est-ce pas ?

    De récents rapports confirment avec certitude que cette séduction se répand à une vitesse alarmante, à partir de Pensacola, dans toute la Bible-belt conservatrice américaine. Un grand nombre d'églises importantes Méthodistes, Baptistes du Sud, et des Assemblées de Dieu, l'ont déjà acceptée.150

    De nombreux pasteurs AoG se lèvent contre cette séduction majeure qui envahit non seulement le mouvement mais tout le pays. Ron Stringfellow, Pasteur de l'Assemblée de Dieu de Medina Valley, aux États-Unis, écrit à ce sujet :

    En ce qui concerne la "Bénédiction de Pensacola," Cathy Wood, reporter de l'Assemblée de Pensacola, a déclaré : "Ce qui a commencé à Toronto se passe réellement ici aussi... Nous apprécions tellement que le Frère John Arnott (Le pasteur de Toronto) soit si ouvert au Seigneur, parce que c'est là, dans son église de Toronto, que Mme Kilpatrick (La femme du pasteur de Pensacola) s'est rendue, et c'est là qu'elle a reçu l'onction ! Cette onction l'a vraiment accompagnée jusqu'à nous !" Elle ajoute : "La femme de notre pasteur est allée à Toronto en février ou mars 1994. Je ne me rappelle pas exactement quand. Mais, quand elle est revenue, sans même qu'elle

    149Joseph R. Chambers, "Des vantardises aux faits réels," http://paroledevie.org (consulté le 24 novembre, 2010).

    150Andrew Strom, Pensacola: est-ce la même chose que Toronto ?

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    nous parle des manifestations qu'elle avait vues, il s'en est produites quelques-unes dès le dimanche qui a suivi son retour. Elle avait été guérie de certaines choses... Elle était tellement transformée que notre pasteur était jaloux du rafraîchissement que Dieu lui avait donné ! Heureux, mais jaloux !" "Lindel Cooley est devenu notre nouveau responsable de la louange. Le précédent avait l'onction, mais Lindel nous a apporté quelque chose de plus... Il vient juste de visiter Toronto, avant de venir ici !" Steve Hill (L'évangéliste de Pensacola) n'a pas caché qu'il avait reçu (l'onction de Toronto) de Sandy Millar, à l'église de la Sainte Trinité de Brompton, en Angleterre. Sandy Millar lui a transmis l'onction en lui imposant les mains".

    Et d'ajouter :

    Voici mes observations personnelles. La plupart des informations que j'ai réunies ne proviennent pas des "critiques" de Pensacola, mais de l'église de Pensacola elle-même. Ils se sont eux-mêmes condamnés par leurs propres paroles. La Parole de Dieu et mon expérience me révèlent que cela aussi est une caractéristique de l'orgueil et de la fierté de Satan. Je suis allé écouter le pasteur Kilpatrick à Kerrville, au Texas. Nos responsables régionaux nous avaient encouragés à nous rendre à cette réunion. Cela se passait longtemps avant que l'évidence exige un verdict. Je commençais déjà à me douter que quelque chose n'allait pas, et que le malin recommençait à se pointer au milieu des élus. Quand je vis que des jeunes gens instruits commençaient à quitter notre dénomination, je sentis s'allumer un feu rouge. Je fis mon enquête, et je découvris de plus en plus clairement que le problème venait de ce qui se passait en Floride. Je fis part de mes inquiétudes à mes responsables régionaux, avant la réunion de Kerrville. Je n'obtins aucune réponse. Je leur adressai une lettre, dans laquelle je leur détaillai de nouvelles préoccupations. En voici quelques extraits : "Le pasteur Kilpatrick a parlé trois heures et demie, sans jamais mentionner l'Ecriture... Il a affirmé : "Ce réveil n'est pas un réveil de la prédication." Il a dit aussi que quand un homme prêche un bon sermon, c'est l'homme qui s'en attribue le mérite. Je me permets de rappeler que "la foi vient de ce que l'on entend, et ce que l'on entend de la Parole de Dieu" (Rm 10.17). Quand Pierre annonça la Parole, personne n'en attribua le mérite à Pierre. C'est Dieu qui fut glorifié, et trois mille se convertirent ce jour-là. "Le pasteur Kilpatrick a dit également : "Quand Steve Hill fit un appel, pour que tous ceux qui désiraient la prière s'approchent, un millier de personnes se sont précipitées vers l'estrade." Il parlait de ce fameux jour de la Fête des Pères 1995, où tout avait commencé à Pensacola. Il a redit la même chose dans la revue des Assemblées de Dieu. Pourtant, j'avais déjà vu la vidéo de cette réunion. Et ce que j'avais vu ne correspondait pas vraiment à cette description. "Nous avons tous vu que Steve Hill les a suppliés de s'approcher, pendant un moment. Ce ne fut pas un mouvement spontané vers l'estrade, comme on a voulu nous le faire croire.151

    151Ron Stringfellow, "Pensacola et séduction de la Pluie de l'Arrière Saison," http://www.paroledevie.org (consulté le 25 août, 2012).

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    Dans son article, le Pasteur Ron Stringfellow note sa visite et l'enquête qu'il a personnellement menée sur place, qui lui a également permis de mettre à jour la multitude de mensonges relatés par les pasteurs de l'AoG de Brownsville-Pensacola, et déjà rapportés par d'autres témoins, comme signalé précédemment.

    6. Lakeland (2008)

    Les réunions de Lakeland en Floride ont débuté le 2 avril 2008, quand Bentley Todd de « Fresh Fire Ministries » a été invité à l'église « Ignited Church » de Lakeland par le pasteur Stephen Strader. Bentley, initialement invité pour cinq jours seulement, est resté plus de six mois. Grâce à sa diffusion sur God TV , le « renouveau » a été largement connu des pentecôtistes et charismatiques dans le monde. À la fin mai 2008, l'organisation de Bentley estime que plus de 140.000 personnes de plus de 40 pays ont visité Lakeland, et 1,2 millions de dollars ont été versés via Internet. À la fin Juin, plus de 400.000 personnes de plus de 100 nations auraient participé.152 Mais quelques jours après avoir arrêté ses réunions, Todd Bentley a annoncé son divorce. Il se remaria, quelques semaines plus tard, en août 2008. Les manifestations de Lakeland étaient, à bien des égards, similaires à celles de Toronto et Brownsville Pensacola. Toutefois, d'après John Lee Grady de Charisma, il semblerait que Lakeland ait davantage mis l'accent sur la guérison divine avec un appel à l'évangélisation. Nombreux, dit-il, ont affirmé avoir été guéris de surdité, de problèmes cardiaques, de dépression, et d'autres maux durant les réunions de Lakeland. John Lee Grady voyait d'abord dans Lakeland le plus grand réveil pentecôtiste depuis Azusa. Bentley a assuré que des dizaines de personnes ont été ressuscitées des morts durant le réveil. Toutefois, l'église « Ignited Church » et l'organisation de Bentley se sont toujours formellement opposés à toute enquête de confirmation à ce sujet. Très déçu par la fin en « queue de poisson » de cet

    152Thomas Lake, "Todd Bentleys's Revival in Lakeland," St. Petersburg Times (5 juillet 2008).

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    évènement et le divorce de Bentley, Grady a changé d'avis et s'est demandé comment un tel phénomène a pu arriver : « Parmi ceux qui ont sauté dans le train de Lakeland, l'exercice du discernement a été découragé. Il fallait suivre et tout avaler. Le message était clair. C'est de Dieu, ne vous posez pas de questions. »153 En analysant ce phénomène, il pose un certain nombre de questions :

    Dès la première semaine du réveil de Lakeland, nombre de chrétiens au discernement sûr ont élevé des objections au sujet des croyances et des pratiques de Bentley. Ils éprouvaient un malaise à l'entendre raconter qu'il avait parlé avec un ange dans sa chambre d'hôtel. Ils ont été gênés lorsqu'il arbora un t-shirt avec un squelette dessus. Ils se sont demandé comment un homme de Dieu pouvait trouver normal de se couvrir de tatouages, après sa conversion. Ils ont été horrifiés quand ils l'ont entendu raconter comment il a frappé un homme au point de faire sauter une dent durant la prière ... Pourquoi les gens se sont-ils rendus si nombreux à Lakeland du monde entier, pour se rallier derrière un évangéliste qui avait tant de problèmes de crédibilité, et ce dès le début ? Pour le dire crument, écrit-il, nous sommes prêts à gober n'importe quoi. Pourquoi personne n'a-t-il dénoncé les commentaires favorables de Bentley à l'égard de William Branham ? Ce dernier était tombé dans une terrible séduction à la fin de son ministère, avant sa mort en 1965. Il a affirmé être la réincarnation d'Elie, et ses doctrines étranges encore perpétrées de nos jours relèvent de la secte. Quand Bentley a annoncé au monde que c'est le même ange qui l'a lancé dans les années 1950 qui est à l'origine de Lakeland, tout le monde aurait dû s'enfuir en courant vers la sortie ... Je suis maintenant convaincu qu'une large portion du mouvement charismatique suivra l'antéchrist quand il se manifestera car ils n'ont aucun discernement.154

    Andrew Strom, qui a passé onze ans dans le même ministère prophétique que Todd Bentley est revenu sur Lakeland :

    Beaucoup ignorent que Todd Bentley, le leader de ce réveil, a un long passé dans le mouvement du "rire" et du "vin nouveau". Ils ignorent aussi que Todd est l'un des principaux promoteurs de ces étranges "rencontres avec les anges". . . .Il initie les autres à ces rencontres dites "angéliques". . . .Un de ces anges familier de Todd s'appelle Emma. "Emma, a-t-il dit, est l'ange qui a aidé à mettre au monde tout le mouvement prophétique de Kansas City dans les années 80. Cet ange aux dispositions maternelles a favorisé le développement du prophétisme ... Lors d'un culte à Beulah, Dakota du Nord, j'ai entendu le Seigneur annoncer : "Voici Emma", je ne plaisante pas. Emma est jeune et belle. Elle porte des sacs dont elle a commencé à tirer de l'or .

    153John Lee Grady, "Le fiasco Todd Bentley et Lakeland," Charisma Magazine (16 août, 2008). 154Grady.

    157Ibid.

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    . . .elle s'est mise à répandre de la poussière d'or sur les gens". . . .C'est à cela que Todd s'adonne depuis des années. D'ailleurs, cela n'a rien de nouveau. Todd et Bob attribuent le réveil et les guérisons actuelles à un ange qui apporterait "le souffle du changement". Ils disent que l'ange en question reste aux commandes du mouvement. Comme l'a fait remarquer un jeune prédicateur qui suit de près les réunions en Floride, apparemment Todd parle davantage de son "ange guérisseur" que de Jésus. Mais oui, il en est arrivé là ! L'Écriture nous avertit explicitement que le diable "se transforme en ange de lumière", et qu'au cours des derniers jours il y aura "toutes sortes de signes et de prodiges mensongers", "au point de séduire, s'il était possible, les élus". Nous imaginons-nous que le diable soit incapable d'accomplir des miracles ? Avons-nous oublié les clairs avertissements de la Bible ?155

    On nage ici en plein Nouvel Âge avec leurs esprits guides. Strom ajoute que : « plus récemment, Todd a raconté que lors d'un de ses voyages "au troisième ciel" il a réellement visité une petite cabane qui serait la demeure céleste de l'apôtre Paul. Paul lui aurait dit qu'il avait écrit l'épître aux Hébreux en collaboration avec le patriarche Abraham. »156 C'est du délire. Mais ajoute Strom : « Les réunions de Floride continuent à présent dans un auditorium de huit mille places. Cette "onction" se répand maintenant dans le monde entier. »157 Un vrai danger qui séduit l'Église et qui contribue à son déclin spirituel, en la conduisant sur des sentiers détournés, loin de la vérité. Enfin, dans une lettre ouverte à Rick Joyner et Peter Wagner, Andrew Strom dénonce les égarements sans nom de Todd Bentley, citant même la presse anglaise qui dénonçait Bentley comme pédophile et qui divulguait un sondage donnant 79% des anglais contre son éventuelle venue en Angleterre.

    7. Le Mouvement de la Foi

    Fondé par Kenneth Hagin, ce mouvement exerce une grande influence dans le milieu chrétien. Des prédicateurs connus, tels que Kenneth Copeland, Fred Price, Charles Capps,

    155Andrew Strom, "Gardez-vous des anges et des guérisons du réveil de Floride !," http://www.blogdei.com/3569/gardez-vous-des-anges-et-des-guerisons-du-reveil-de-floride-par-andrew-strom/ (consulté le 24 novembre, 2010).

    156Strom.

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    Benny Hinn, Jerry Savelle, etc. disent que Hagin leur a ouvert les yeux sur l'efficacité de la « confession positive » pour recevoir santé et prospérité. D'abord implanté aux États-Unis, ce mouvement, très attirant par ses promesses alléchantes, s'est rapidement répandu dans le monde entier, notamment dans les pays pauvres ou émergents, où leur littérature est abondante. Son enseignement pénètre surtout les milieux charismatiques, mais pas seulement. Le message enseigne que le chrétien peut posséder une santé parfaite et jouir d'une prospérité constante. Ils s'appuient pour cela sur une parole de Jésus, tirée hors du contexte global de l'Écriture : « Je vous le dis en vérité, si quelqu'un dit à cette montagne : Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, et s'il ne doute point en son coeur, mais croit que ce qu'il dit arrive, il le verra s'accomplir. C'est pourquoi je vous dis : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l'avez reçu, et vous le verrez s'accomplir » (Mc11.23-24). Selon Samuel et Dorothée Hatzakortzian, c'est en s'appuyant sur ces deux versets, ainsi que sur des expériences personnelles de Hagin, qu'ils encouragent leurs disciples à confesser qu'ils possèdent toutes choses « par la foi » et qu'ils n'ont pas besoin de se soucier de la situation dans laquelle ils se trouvent. C'est ainsi qu'une personne se doit d'affirmer que son cancer a disparu, même si celui-ci est encore visible et constaté par le médecin. Il en est de même du port de lunettes, d'une jambe amputée, du Sida, ou d'un énorme découvert à la banque. L'essence même de cette doctrine consiste à avoir la conviction de posséder ce que l'on a confessé.158 Il s'agit d'une fausse et dangereuse conception de la foi, car elle est basée sur des textes pris hors de leur contexte comme le célèbre passage biblique de 3 Jean 2. Les adhérents à cette doctrine rejettent les passages de l'Ecriture différents de celui qu'ils veulent démontrer. Leur foi ne considère pas l'ensemble des Écritures. Ils ne laissent pas la Bible s'interpréter elle-même. Ils refusent la souffrance et ils ignorent la souveraineté de Dieu. Selon eux, un chrétien ne devrait jamais être malade et s'il l'est, il doit toujours être guéri. Si l'on suit ce raisonnement

    158Hatzakortzian, Résister, 41.

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    antiscripturaire, lorsque Paul a laissé Trophime malade à Milet (2 Tm 4.20), il devait certainement manquer de foi ! S'appuyant sur Hébreux 11.3, « C'est par la foi que nous reconnaissons que l'univers a été formé par la parole de Dieu, en sorte que ce qu'on voit n'a pas été fait de choses visibles », Kenneth Hagin écrit :

    Comment Dieu fit-il ? Il a cru que ce qu'il disait se réaliserait. Il a prononcé une parole et la terre exista. Il a parlé pour créer le règne végétal. Il a parlé pour créer le règne animal ... Il dit et cela fut. Voilà la foi de Dieu. Dieu a cru que ce qu'il disait arriverait et il en fut ainsi. Jésus a manifesté cette foi de Dieu devant ses disciples, et leur a appris qu'ils avaient en eux cette sorte de Foi, selon laquelle l'homme croit en son coeur, dit ce qu'il croit et obtient ce qu'il dit. Si vous ajoutez : "Je désire avoir une telle foi ; je vais prier Dieu de me la donner", vous perdez votre temps.159

    Pour propager sa doctrine sur la confession positive de la foi, Hagin a développé des cassettes d'enseignement. Dans son ouvrage cité en référence, il enseigne comment entraîner l'esprit humain, et donne le témoignage d'un « chrétien » qui, après avoir écouté et réécouté sa cassette enregistrée, matin, midi et soir, des centaines de fois, est devenu millionnaire. Cet homme disait qu'il se laissait conduire selon ce que son esprit lui conseillait d'investir ici ou là, ou encore quel terrain acheter. Le tout est d'obéir immédiatement à ce que son esprit lui dit de faire et d'y mettre toute sa foi.160 Plusieurs choses sont à relever. D'abord, il ne s'agit pas de se laisser conduire par le Saint-Esprit mais par son propre esprit d'homme. Ensuite, « des centaines de fois », cela relève de la méthode Coué ; il s'agit ici d'autosuggestion, de lavage de cerveau. Enfin, rejeter le Saint-Esprit, si tant est qu'on l'ait jamais eu, est le meilleur moyen de se laisser envahir et diriger par un démon. Sur ce sujet encore, Hatzakortzian cite Kenneth Hagin :

    Avez-vous jamais pensé, dit-il, à la possibilité d'avoir foi en votre propre foi ? Manifestement, Dieu a foi dans sa propre foi, puisqu'il prononce des paroles de foi et

    159Kenneth E. Hagin, Grandir dans la foi, (Randan, France: Éditions Béthesda, 1989), 104.

    160Kenneth E. Hagin, How You Can Be Led by the Spirit of God (Tulsa: Kenneth Hagin Ministries, 1978), 127-128.

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    qu'elles s'accomplissent ... En d'autres termes, avoir foi dans vos paroles, c'est avoir foi en votre foi. C'est ce que vous devez apprendre pour obtenir ce que vous demandez à Dieu. Ayez donc foi en votre propre foi.161

    Et d'ajouter : Quelle confusion ! Mais nous devons aller plus loin pour découvrir d'où Kenneth Hagin lui-même a reçu cet enseignement, car beaucoup de chrétiens ignorent l'origine occulte de ce mouvement. L'historien chrétien Dan McConnell nous informe que c'est E.W. Kenyon, un pasteur américain du début du vingtième siècle, qui est à l'origine des principales hérésies de ce mouvement. Voici ce qu'il dit :

    Kenneth Hagin (le père actuel du mouvement de la « parole de foi ») a plagié une bonne partie de la théologie de E. W. Kenyon. Tous les leaders de ce mouvement de la foi, y compris Kenneth Hagin, Kenneth Copeland, qu'ils l'admettent ou pas, sont les fils et petits-fils spirituels de E.W. Kenyon. C'est donc Kenyon et non Hagin (quoiqu'il dise) qui a formulé les principales doctrines de cet actuel "mouvement de la foi". Les racines de la théologie de Kenyon remontent à ses contacts avec deux sectes telles que le "New Thought" (Nouvelle Pensée de Charles Wesley Emerson) et la "science chrétienne". La théologie de Kenyon reflète l'étrange amalgame d'un christianisme biblique avec une philosophie occulte et hérétique.162

    L'historien des religions, Dan McConnell rapporte encore ceci :

    John Kennington connaissait Kenyon d'une manière très intime et le considérait comme son conseiller spirituel. Cependant, petit à petit, il se rendit compte que son enseignement était imprégné des idées de la « science chrétienne ». Et un jour, dans une conversation avec lui, il lui fit remarquer que ce qu'il enseignait ressemblait beaucoup à la "science chrétienne". Kenyon l'admit et je me rappelle encore ce qu'il dit : "Tout ce qui manque à la science chrétienne, c'est le sang de Jésus-Christ". Il connaissait très bien cette doctrine et ses origines. Puis il reconnut qu'il puisait abondamment à cette source ... Ern Baxter, un prédicateur charismatique, croit aussi qu'il était sans aucun doute influencé par la fondatrice de la science chrétienne. Un jour, Kenyon lui aurait aussi déclaré qu'il y avait beaucoup de bonnes choses dans les écrits de Marie Eddy Baker. Ceci m'a profondément alarmé dit-il, et je me suis rendu compte que la foi de Kenyon n'était pas fondée sur les Écritures seulement, mais qu'il était aussi influencé par des concepts métaphysiques, c'est-à-dire un système philosophique et religieux qui croit que l'homme, par ses pensées et ses paroles, peut contrôler et créer ce qu'il désire. L'influence de Kenyon sur "le

    161Hatzakortzian, Résister, 54.

    162Theonoptie, "Les origines hérétiques du mouvement de la foi," http://theonoptie.com/spip.php?article327 (consulté le 20 avril, 2012).

    163Theonoptie.

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    mouvement de la foi" ne provient donc pas de son interprétation biblique, mais plutôt d'un amalgame de pensées provenant des sectes métaphysiques qu'il a fréquentées de son temps (New Thought, Unity, la pensée positive, la confession positive, etc.). La triste réalité est que, dans ce mouvement de la foi, ce sont les influences occultes et non bibliques qui occupent la première place. Là se trouve la raison de son succès dans beaucoup d'églises aujourd'hui. "Comme un peu de levain fait lever toute la pâte" (Ga 5.9), cet enseignement pernicieux s'est répandu subtilement par le moyen de différents serviteurs de Dieu (Hagin, Copeland, Price et Capps) qui l'ont même radicalisé en lui donnant une importance toujours croissante.163

    Cette théologie de la foi est centrée sur l'homme. Elle est basée sur une mauvaise traduction du passage des Saintes Écritures en Marc 11.22 : « Ayez foi en Dieu ». Ils en tordent le sens en traduisant : « Ayez la foi de Dieu ». Jésus ne conférait pas une sorte de divinité aux hommes qui avaient la foi, il exhortait les hommes à mettre leur foi, c'est-à-dire leur confiance, en Dieu, en sa personne, en son caractère et en son oeuvre rédemptrice. Par contre, par leur attitude, les leaders de ce mouvement réduisent la foi en une dangereuse formule abstraite hérétique. La foi biblique est toujours centrée sur Dieu et non sur l'homme. Par ailleurs, les adhérents de cette confession positive présentent souvent l'homme comme le souverain, et Dieu comme le serviteur. Une telle attitude place Dieu au service de l'homme et non l'homme au service de Dieu comme la Bible l'enseigne. Dans leur relation avec Dieu, ils donnent la priorité à leurs désirs et ils considèrent cela comme un signe d'autorité. Ils oublient que l'autorité du chrétien n'existe que lorsque ses désirs sont en harmonie avec la volonté souveraine de Dieu. Paul dit : « C'est pourquoi ne soyez pas inconsidérés, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur » (Ep 5.17). Quand le croyant reconnaît la souveraineté de Christ dans sa vie, il ne cherche pas à lui donner des ordres, mais plutôt à obéir, plaire à son Maître, et le servir.

    Les dirigeants de la confession positive ont également une conception hérétique du sacrifice expiatoire de Jésus. En résumé, Jésus n'aurait pas seulement porté nos péchés sur la

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    croix, mais il serait devenu pécheur, prenant, en passant par la mort, la même nature que Satan. Il en découlerait, toujours selon eux, que Jésus, devenant un avec ce dernier, soit devenu aussi, mort spirituellement. À partir de ce moment-là Jésus aurait cessé d'être Dieu. Le Père l'aurait alors laissé souffrir en enfer pendant trois jours, avant de le faire naître de nouveau.164 Nous sommes ici en présence de véritables élucubrations.

    Une autre hérésie de ce mouvement est que l'homme, une fois « né de nouveau », devient « un petit dieu ». Tous les prédicateurs du mouvement de la foi, Hagin, Copeland, Benny Hinn, etc. propagent cette fausse doctrine de la « déification de l'homme ».165 Nous sommes en plein Nouvel Âge. Hélas, cette doctrine a envahi les églises dans le monde et notamment en Afrique. Elle prend racine dans nos assemblées, malgré nos invocations superstitieuses sans cesse répétées : « Au nom de Jésus ». De plus, le vrai croyant devra admettre que, si le nom de Jésus est souvent cité dans les prières, nos pasteurs et leurs chrétiens recherchent avant tout le (Saint) Esprit, oubliant Jésus et tout ce qu'il nous a enseigné sur la mission du Saint-Esprit.

    Hagin a aussi des problèmes au niveau de la démonologie. Il écrit : « Vous pouvez avoir un démon dans votre corps sans pour cela être possédé par un démon. »166 Et d'ajouter à plusieurs reprises que l'on ne peut pas chasser un démon d'une personne si le possédé n'est pas d'accord.167 Cette déclaration n'est pas conforme à l'enseignement des Saintes Écritures, ni d'ailleurs à mes nombreuses expériences vécues au cours de mon ministère. Dans son épître à Tite, l'apôtre Paul dénonçait déjà « les religieux rebelles, les vains discoureurs et les

    164Hatzakortzian, Résister, 62.

    165Ibid, 69-70.

    166Kenneth E. Hagin, The Believer's Authority, (Tulsa: Kenneth Hagin Ministries, 1984), 55. 167Ibid., 56, 60.

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    séducteurs, qui bouleversent des familles entières, enseignant pour un gain honteux ce que l'on ne doit pas enseigner » (Tt 1.10).

    En guise de synthèse, le mouvement de la « Parole de foi » répand une doctrine centrée sur la réussite, la prospérité, l'avancement, le gain, la santé et la force. Selon eux, cela exige des connaissances révélées ; elle réduit Dieu à un produit de notre foi, elle fait de Jésus un simple homme « né de nouveau » ; elle exalte l'homme et fait de lui l'égal de Jésus ; elle fait de l'homme un dieu ; elle transforme la rédemption de l'homme en une restauration de la capacité de dominer ; son but est de transformer la terre par la domination spirituelle ; la « confession positive de la foi » remplace la prière, et la manipulation des « forces puissantes qui résident dans l'esprit humain » remplace la soumission à la volonté de Dieu ; elle nie la réalité du péché et de la maladie ; elle met l'accent sur le moi et sur le monde, au lieu de le mettre sur Dieu et sur le Ciel. C'est le nouvel âge qui a infiltré et agit déjà dans la troisième vague, qui constitue la plus grande partie du « mouvement de Pentecôte » aujourd'hui.

    Hatzakortzian nous interpelle à ce sujet :

    Ne pensons jamais que les fausses doctrines enseignées dans certaines églises ne peuvent pas empoisonner le reste du Corps de Christ. Comme un peu de levain (fausse doctrine) fait lever toute la pâte (Ga 5.9), l'hérésie qu'un seul pasteur (ou un seul chrétien) a acceptée et répandue autour de lui, se propagera ensuite dans des directions imprévisibles et surprenantes (Ga 5.9-12).168

    8. L'Évangile de la Santé et de la Prospérité

    Cet enseignement controversé fait partie du message du « Mouvement de Foi » fondé par Kenneth Hagin en 1960 aux États-Unis. Il est aisément accepté en contexte de pauvreté, car il offre aux fidèles un horizon rêvé qui les motive. Selon Pierre Coleman, ce nouvel évangile est basé sur le mensonge suivant : « la pauvreté, la maladie, et l'épreuve proviennent du péché et de Satan. Les chrétiens sont les gosses du Roi. Dieu veut leur accorder richesses,

    168Hatzakortzian, Résister, 9.

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    santé et longue vie. Il leur suffit de le croire et de le confesser. »169 Le promoteur de cette pensée, Hagin, a largement puisé ses idées dans l'enseignement initial de E. W. Kenyon (1867-1948), jusqu'à plagier mot-à-mot ses documents. Kenyon cherchait à promouvoir un « nouveau christianisme », en adjoignant, à la foi évangélique, des fausses doctrines puisées dans la Nouvelle Pensée (New Thought) et dans la Science Chrétienne. Son enseignement incitait à la confession positive, et diffusait une fausse conception de la santé du chrétien et de sa prospérité. Hagin a écrit une centaine de livres sur les divers sujets divers liés à son « Mouvement de Foi », ce qui contribua à propager largement ses fausses doctrines et à faire de nombreux disciples en infestant nombre d'églises dans le monde entier. Kenneth Copeland lui succéda et développa encore le « Mouvement de Foi ». Des évangélistes de renom ont aussi été séduits par cette fausse doctrine et l'ont répandu, comme William Branham, Oral Roberts, T. L. Osborn, Yonggi Cho, John Osteen, et divers télévangélistes américains. Apparu indépendamment du mouvement charismatique, l'évangile de la prospérité serait le courant le plus en progrès au sein du mouvement charismatique mondial.170 Cette doctrine a également proliféré dans les églises pentecôtistes, jusque dans nos assemblées, détournant les fidèles de la saine doctrine. Il faut admettre que, dans notre société qui traverse aujourd'hui une situation économique difficile, beaucoup de personnes recherchent une solution à leurs difficultés, et sont naturellement attirés par les promesses alléchantes de cet enseignement séduisant mais faux. Le principal problème vient du fait que cette doctrine apostate se base d'une part sur des versets bibliques tirés hors de leur contexte, et d'autre part sur des soi-disant révélations de tous les apôtres et prophètes autoproclamés actuels, qui revêtent un manteau évangélique et disent agir au nom de Jésus. De plus, les nombreuses carences du corps pastoral, en termes d'enseignement biblique, de sanctification, d'éthique ministérielle

    169Pierre Coleman, "L'évangile de la prospérité," Servir en l'attendant 6 (1991).

    170McConnell, The Promise of Health and Wealth, (London, UK: Hodder & Stoughton, 1990), 57.

    171Coleman. 172Coleman.

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    et chrétienne, etc. les rendent plus facilement enclins à tomber dans leurs filets, d'autant plus qu'ils ne se doutent même pas des origines hérétiques de la doctrine de la prospérité.

    En résumé, le « Mouvement de Foi » repose essentiellement sur trois erreurs très séduisantes : (1) Premièrement, c'est une doctrine « magique » de la foi : « Vous obtiendrez ce que vous dites ». En croyant dans son coeur et en confessant par sa bouche, tout homme peut obtenir non seulement le salut, mais tout ce qu'il veut, notamment la santé et la prospérité. La foi étant opposée à la vue, le croyant doit prendre autorité sur le diable et proclamer posséder ce qu'il a demandé. Une seule prière suffit, ensuite il faut remercier Dieu de sa réponse. Toute confession négative annule l'effet de la confession positive précédente. Ajouter « si Dieu le veut » exprime de l'incrédulité et anéantit l'effet de la prière.171 Cette doctrine prend pour assise certains versets de la parole de Dieu comme Mt 17.20 en les tirant hors de leur contexte évangélique. D'autre part, elle veut ignorer la souveraineté de Dieu. (2) Deuxièmement, elle est une doctrine perfectionniste de la santé : « Dieu vous veut en bonne santé ». La maladie vient du diable et ne sert aucun but spirituel. La guérison du corps est comprise dans l'expiation. Dieu veut toujours nous guérir si nous avons la foi et si aucun péché ne nous empêche de guérir. Jésus n'a jamais refusé la guérison à quelqu'un sur la terre, donc il ne peut pas le lui refuser, puisqu'il est le même hier, aujourd'hui et demain (Hé 13.8). Après avoir prié avec foi, le malade doit confesser sa guérison. Si des symptômes persistent, il doit malgré cela croire en sa guérison et arrêter tout traitement médical. L'incrédulité du malade ou de son entourage peut le priver de la guérison. Une fois guéri, s'il doute, il peut retomber malade.172 Là encore des versets tirés de la Bible tels que Esaïe 53.5 sont déformés, car la guérison que nous avons reçue s'applique à la guérison spirituelle comme le confirme le passage des Écritures en 1 Pierre 2.24. D'autre part la souveraineté de Dieu est encore

    173Ibid.

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    oubliée. Paul lui-même, a laissé Trophime malade à Milet (Hé 13.8) bien que Dieu se soit servi de Paul pour accomplir des miracles extraordinaires (Ac 19.11). (3) Troisièmement, elle se caractérise comme une doctrine matérialiste de la prospérité : « Dieu vous veut riche ». N'importe qui peut s'approprier la richesse par la foi. La richesse fait partie des bénédictions promises à Abraham et aux croyants qui constituent sa postérité. La pauvreté fait partie des malédictions annulées par la mort de Christ. La Nouvelle Alliance étant meilleure que l'Ancienne, Dieu ne veut pas et ne va pas laisser ses enfants pauvres. Toutefois les chrétiens doivent se montrer généreux envers Dieu et ses serviteurs par leurs dîmes et leurs offrandes. En donnant ainsi pour l'oeuvre de Dieu, ils plantent une semence de foi qui pourra leur rapporter jusqu'au centuple.173 Là encore, cet enseignement détourne les versets de leur contexte et de leur signification. La bénédiction promise à Abraham et dont les croyants héritent concerne le salut (Ac 19.11). La loi du centuple (Mc 10.29-30) ne mentionne pas l'argent, dont Jésus venait d'évoquer le danger de l'attachement que l'on peut y porter. Soulignons aussi que la prospérité peut constituer un danger, alors que la pauvreté n'est pas toujours une malédiction. Agur pria ainsi l'Éternel : « Ne me donne ni pauvreté ni richesse, accorde-moi le pain qui m'est nécessaire, de peur que, dans l'abondance, je ne te renie et ne dise : Qui est l'Eternel ? Ou que, dans la pauvreté, je ne dérobe, et ne m'attaque au nom de mon Dieu » (Pr 30.8-9). Dieu promet de pourvoir à tous nos besoins matériels, à la condition que nous cherchions premièrement son royaume et sa justice (Mt 6.25-34). Par ailleurs, Paul encourage les chrétiens à résister aux fausses doctrines ainsi qu'aux faux docteurs, et à rechercher dans la piété le contentement (1 Tm 6.6-8). Il en est de même de l'auteur de l'épître aux Hébreux (Hé 13.5).

    Pierre-Joseph Laurent observe :

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    Avec la "théologie de la prospérité", nous sommes en présence d'une religiosité populaire où s'affirme l'idée d'endetter la divinité à travers des dons, et plus précisément des dons rusés (silim kouni en mooré) avec l'espoir de recevoir plus un jour. Et dans ce sens, la "théologie de la prospérité" s'apparente à la formule do ut des, du donner pour recevoir. . . .En d'autres mots, plus on donne et plus on gagne en bénédiction. A contrario, ne pas donner à Dieu égalerait à donner au diable.174

    Pierre-Joseph Laurent perçoit également les changements intervenus dans les années 1990 au Burkina Faso, en ville plus qu'en campagne, qui se produisent à l'instigation des fidèles ou de jeunes pasteurs non encore établis sous forme de cultes enflammés par les manifestations de plus en plus nombreuses de l'Esprit, ou de l'apparition de cultes de délivrance animés par des croyants-guérisseurs exerçant leurs dons à la lisière de l'Église instituée. En bref, Laurent voit en cela une néo-pentecôtisation des AD, qui résulte plus des fidèles que de l'élite, laquelle perçoit ce processus à la fois comme une contestation interne, une perte de contrôle sur les destinées de l'Église et un risque de segmentation.175 Il souligne, dans son ouvrage sorti en 2003, que :

    Pour le président des AD, la "théologie de la prospérité" ne peut pas fonctionner au Burkina Faso car cette croyance stigmatise la pauvreté. Le Pasteur Philippe Ouédraogo estime, quant à lui, que la "théologie de la prospérité" constitue une dérive dans la mesure où elle ne figure pas dans la Bible. Le refus de la "théologie de la prospérité" s'appuie sur la récusation de la liaison de la pauvreté au péché. Dans un même ordre d'idée, les responsables de l'Église opposent la même désapprobation à l'idée de reconnaître dans l'enrichissement d'une personne la preuve de l'élection divine.176

    Il n'en demeure pas moins que, dans la croyance populaire et dans les églises AD, la réception d'un don ou d'une réussite quelconque est conçue comme une bénédiction divine. Il est donc difficile de faire la différence entre les deux. On peut même se demander si le fait

    174Pierre-Joseph Laurent, Les pentecôtistes du Burkina Faso, mariage, pouvoir et guérison, (Paris, France: IRD Éditions, 2003), 248.

    175Ibid.

    176Laurent, Les pentecôtistes du Burkina Faso, mariage, pouvoir et guérison, 249.

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    pour les croyants de donner la dîme ou des offrandes conséquentes n'est pas un moyen d'attirer la bienveillance de la divinité, ou son pardon pour quelque faute commise.

    De nos jours, de nombreux prédicateurs de l'évangile de la prospérité roulent en Rolls Royce ou d'autres voitures hyperpuissantes, dernier cri. Ils voyagent en classe business ou en première classe ou encore possèdent leurs propres avions. Ils possèdent de grosses entreprises ainsi que des propriétés privées de plusieurs millions de dollars. Ces soi-disant « hommes de Dieu » donnent une mauvaise presse au Pentecôtisme. Leur message est le suivant : Si vous bénissez celui qui est béni, c'est-à-dire moi le pasteur, vous serez bénis à votre tour. Sans aller jusqu'à de tels extrêmes, nous devons reconnaître que nous vivons nous-mêmes de telles aberrations et que nous donnons un mauvais témoignage, très loin de l'Evangile de Christ. Aujourd'hui, la fortune personnelle de certains pasteurs, au sein de notre propre mouvement, vaut plusieurs millions de fois la fortune de beaucoup de leurs fidèles. Est-ce normal, quand on considère qu'ils ne sont pas nés avec ? Récemment, le « super-pasteur » de la plus grande église de Ouagadougou (qui ne fait pas partie des AD) amena un prédicateur de la prospérité dans son annexe de Koudougou. À la fin de son message, ce dernier commença à faire s'approcher tous ceux qui voulaient être bénis. D'abord ceux qui apportaient 500.000 francs, puis ceux qui donnaient 200.000, ceux de 100.000, etc. Les petits montants n'étaient pas acceptés. Seuls ceux qui déposaient de grosses sommes seraient bénis par Dieu.177 C'est désolant ! Comment peut-on être si naïf ? Et pourtant, dans nos églises, certains chrétiens donnent de grosses offrandes, dans l'espoir caché de recevoir de larges bénédictions en retour. Selon A. Brandon :

    L'évangile de la prospérité doit son succès foudroyant à l'efficacité de sa diffusion, mais aussi à d'autre facteurs : le goût de la nouveauté, la soif du miraculeux, le refus de la souffrance, le culte de la personnalité, la primauté de l'expérience sur l'enseignement de la Parole de Dieu. Enfin et surtout, son message

    177Témoignage recueilli d'un pasteur présent à cette réunion.

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    chatouille les oreilles de l'homme moderne, ravi de se voir promettre ce qu'il recherche déjà comme valeurs suprêmes : la santé et la prospérité.178

    Ce ne sont pas les seules raisons. On peut évoquer d'abord le manque d'enseignement et de discernement du corps pastoral et des chrétiens, ainsi que toutes les fausses croyances qui circulent, liées soit à la tradition, soit à de fausses doctrines prêchées dans nos églises. Parmi elles, je pourrais citer le remplacement d'Israël par l'Église, avec pour conséquence l'attribution à cette dernière de toutes les promesses faites à Israël, y compris les notions de bénédictions et de malédictions, liées aux ancêtres ou à d'autres facteurs, qui polluent nos églises aujourd'hui. Devons-nous accepter de dire, comme me le confiait un ancien président de notre mouvement, que certains de nos pasteurs ne sont pas convertis ? Faut-il avoir le courage d'avouer que nos églises sont remplies de membres irrégénérés. Préférons-nous faire l'autruche et fermer les yeux ? Que Dieu nous aide car, à la fin, c'est lui qui nous jugera.

    1. La Couverture Spirituelle

    Le mouvement de la Couverture Spirituelle appelé d'abord le « Discipleship and Shepherding Movement » (Mouvement des Disciples et des Bergers), a été initié par le « groupe des cinq de Fort Lauderdale » qui comprenait Don Basham, Ern Baxter, Bob Mumford, Derek Prince et Charles Simpson. Leur but était de remédier à certaines déficiences de l'Église moderne en affirmant que chaque chrétien doit avoir un berger chargé d'assurer sa direction spirituelle. Ce berger doit devenir le conducteur spirituel du jeune converti, le conseiller, et même prendre certaines décisions à sa place. Ce berger est « l'autorité divine déléguée », et ses avis doivent toujours être suivis. Le berger devient en quelque sorte « l'ambassadeur de Dieu » chargé de communiquer les messages de Dieu au disciple. Le fait de désobéir au messager de Dieu revient donc à désobéir à Dieu lui-même.

    178A. Brandon, Health and Wealth, (1987), ch. 8.

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    Par conséquent, le disciple doit toujours faire confiance au jugement de son berger, plutôt qu'à son jugement propre. Le disciple est ainsi censé être protégé en toute occasion, même quand le berger prend des mauvaises décisions à son égard. Le berger est aussi censé protéger le disciple des attaques de Satan, qui pourrait l'influencer dans le mauvais sens, pour prendre de mauvaises décisions. L'un des dirigeants, Charles Simpson, a déclaré : « Nous sommes protégés par l'autorité à laquelle nous nous soumettons. Si nous ne sommes pas soumis, nous ne sommes plus protégés. »179 Un autre dirigeant du mouvement, Derek Prince, écrit : « En tant que chrétiens, nous ne devons pas obéir à ceux qui sont en position d'autorité parce qu'ils ont raison. Nous leur obéissons simplement parce qu'ils sont en position d'autorité. Car toute autorité a été instituée par Dieu lui-même. »180 Face à toutes ces hérésies, il est bon de rappeler que le chrétien doit se soumettre uniquement à celui qui a payé le prix de sa rédemption, le Seigneur Jésus-Christ. C'est à lui seul que nous devons obéir.

    2. The New Apostolic Reformation

    Depuis 1994, Peter Wagner travaille à développer le « New Apostolic Reformation Movement » (Nouvelle Réforme Apostolique). Ce mouvement a vu le jour lors d'un « symposium national sur l'Église post-dénominationnelle », organisé par Wagner au Fuller Theological Seminary en 1996. Wagner précise que, après avoir étudié la croissance de l'Église depuis des années, il est venu à la conclusion que le temps des dénominations était révolu et que le temps d'une nouvelle génération post-dénominationnelle était arrivé. Dans son livre « The New Apostolic Churches », Wagner cite dix-huit apôtres qui représenteront ce nouveau mouvement. Parmi eux, figurent trois pasteurs non-charismatiques, Bill Hybels, pasteur principal de la Willow Creek Community Church à South Barrington, Illinois ;

    179Charles Simpson, "Covering of the Lord," New Wine Magazine 5.12 (1986): 29.

    180Derek Prince, Discipleship, Shepherding, Commitment, (Fort Lauderdale: Derek Prince Publications, 1976), 18.

    181Vinson Synan, An Eyewitness Remembers The Century of The Holy Spirit, (Grand Rapids, Michigan: Chosen Books, 2010), 181-187.

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    Michael Fletcher, pasteur principal de Manna Church à Fayetteville, Caroline du Nord, et président de Grace Churches International ; David Kim, pasteur principal de la Seoul Grace Church et président de Grace Ministries International qui a implanté plus de 9,000 églises en Russie, en Afrique, en Chine au Vietnam et en Amérique du Sud. Trois autres pasteurs, charismatiques et liés à la troisième vague sont mentionnés, Billy Joe Daugherty décédé le 22 novembre 2009, Roberts Liardon qui a depuis, chuté moralement pour homosexualité, et le pasteur nigérian William Kumuyi, fondateur et General Superintendant de la Deeper Life Bible Church à Lagos. Parmi les autres, citons encore le Nigérian Enoch Adeboye, pasteur principal et président de la Redeemed Christian Church of God, et un autre Nigérian David Oyedepo, pasteur principal de Tabernacle de la Foi à Lagos, apôtre déclaré du Mouvement de la Foi au Nigéria, fondateur en 1981 du mouvement international « Winners' Chapel » (également connu sous le nom de Living Faith Church). En 1999, Wagner a structuré ses adeptes dans une organisation appelée la « coalition internationale des apôtres ».181

    La doctrine du mouvement est basée sur le « Shepherding Movement » (couverture spirituelle), sur le « Dominionisme » selon lequel les chrétiens doivent s'emparer et diriger les principaux postes dans l'administration et le gouvernement américains, sur la « Kingdom Now Theology » (théologie du royaume maintenant), sur la « Restauration des Apôtres et Prophètes », sur le « Mouvement de Foi » et ses doctrines dont fait partie la prospérité. Notons que le Mouvement Par ailleurs, le « New Apostolic Reformation Movement » a des implications politiques nombreuses et variées, cultivant des contacts avec Jimmy Carter, Bill Clinton, Georges W. Bush, Barak Obama, Sarah Palin, Rick Perry du Texas, etc.

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    3. Les Promise Keepers

    Un mouvement d'hommes, charismatique et oecuménique, appelé les « Promise Keepers » (les hommes de parole) a débuté aux États-Unis en 1991, sous l'impulsion de Bill McCartney, de l'église Vineyard de John Wimber, un des promoteurs de la « vague de rire » de Toronto. Il s'est répandu sur tout le continent nord-américain. Considéré par ses dirigeants comme une puissante manifestation de l'Esprit, il influence aujourd'hui beaucoup d'églises à travers le monde. Les réactions médiatiques ont été, comme à l'accoutumée, encensements et controverses. En Europe, de nombreux chrétiens lui sont favorables et, sans discernement, l'acceptent avec enthousiasme. D'autres, avec raison, ont des doutes car, bien que séduisant, il possède d'une part de graves lacunes doctrinales, et d'autre part certains de leurs objectifs et certaines de leurs méthodes posent problème. Leur but avoué est d'unir des hommes de toutes dénominations chrétiennes pour les amener à restaurer leur niveau de responsabilité dans le foyer, l'église et la société. Pour atteindre ce but, le fondateur de ce mouvement veut conduire ses adhérents à se qualifier dans trois autres domaines essentiels : l'intégrité, l'engagement et l'action.182 Ce mouvement cherche à attirer un maximum de pasteurs en son sein, et pour ce faire encourage les chrétiens acquis à leur cause à s'investir pleinement dans l'église locale, pour interpeller les pasteurs sur l'utilité de leur mouvement. Un autre côté séduisant est leurs rassemblements de masse qui connaissent une croissance phénoménale. 4.200 hommes ont assisté à leur première réunion à Boulder, au Colorado, en 1991 ; 22.000 hommes en 1992 ; 50.000 en 1993 ; 300.000 en 1994 ; et leur objectif fixé de rassembler un million d'hommes à Washington en 1997 a été atteint.183

    Selon Hatzakortzian, toutes les dénominations chrétiennes sont représentées : les protestants, les évangéliques, les pentecôtistes, ainsi que, c'est à souligner, les catholiques et

    182Hatzakortzian, Résister, 23. 183Hatzakortzian, Résister, 24.

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    les mormons. Les Promise Keepers ont reçu la pleine approbation de certains leaders évangéliques mondialement connus, comme Bill Bright de Campus pour Christ, ainsi que le psychologue chrétien et écrivain James Dobson de « Focus on Family », qui soutiennent ce mouvement depuis son début. L'engagement de ces deux ministères réputés représente pour beaucoup une garantie totale contre la déviance spirituelle. Hélas, une fois encore, sous des apparences humaines très recommandables, se cachent de sérieuses déviations doctrinales. Ceci rappelle l'avertissement de Paul aux anciens d'Éphèse : « ils s'élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux » (Ac 20.30). Comme nous l'avons vu, leur but peut sembler excellent, mais si la parole de Dieu ne demeure pas le seul fondement d'une organisation chrétienne, les meilleurs objectifs ne pourront être atteints. Le principe fondamental subsiste : « L'oeuvre de Dieu ne peut se faire qu'avec les moyens de Dieu. » Le roi Salomon écrivit : « Si l'Éternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain » (Ps 127.1). Lorsque nous sommes confrontés à des nouveautés, en termes de révélations, d'expériences ou de directions spirituelles, il est important de les confronter aux Écritures. Le Saint-Esprit et la parole de Dieu sont intimement liés et coopèrent toujours dans une harmonie parfaite. Le Saint-Esprit ne nous amènera jamais à mésestimer ou à nous détourner de la saine doctrine. Il veut que les croyants combattent « pour la foi transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 3). Or Paul nous prévient : « L'Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s'attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons » (1 Tm 4.1). Or que constatons-nous ici ? D'abord, ils recommandent à leurs membres d'ignorer les différences doctrinales et les poussent à promettre de ne pas considérer la doctrine comme une barrière qui les empêcherait de s'unir entre eux. Rappelons que nous parlons d'unité entre protestants, évangéliques, pentecôtistes, catholiques, et mormons. Pour cela, en 1997, ils ont enlevé de leur confession de foi l'expression « justification par la foi

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    seulement » pour la remplacer par « le salut par grâce et par la foi, mais pas par ces moyens seulement » afin de plaire aux catholiques qui ajoutent les oeuvres et leurs sacrements à la foi. Pour se justifier, Paul Edwards, un de leurs responsables, prétend que « la vérité et l'unité sont de valeur égale ».184 D'autre part, chaque membre est exhorté à faire « sept promesses » pour parvenir à un réveil personnel ou national. Un livre intitulé « les sept promesses d'un Promise Keeper » est remis à chacun. Il s'agit ici de règles humaines qu'ils placent au-dessus de la parole de Dieu. Le journal Times de Los Angeles du 6 mai 1995 a cité un responsable mormon : « les Sept promesses des Promise Keepers semblent sortir directement de notre manuel de formation pour leaders spirituels. » Un des grands dangers du mouvement des Promise Keepers est son esprit oecuménique, c'est-à-dire son ouverture au catholicisme et au mormonisme, avec lesquels Bill McCartney s'est lancé dans toutes sortes de compromis et de compromissions. Ajoutons que même les homosexuels sont encouragés à intégrer le mouvement. Nous sommes à nouveau ici en plein Nouvel Âge. Ils préparent la venue de l'Antichrist en fabriquant une unité humaine factice à force de rassemblements, de séminaires ou d'organisations interecclésiastiques, alors que la seule unité chrétienne est spirituelle. Dans le chapitre 17 de l'Évangile selon Jean, Jésus n'a pas prié « pour qu'ils deviennent un » mais « pour qu'ils soient un », c'est-à-dire qu'ils conservent l'unité. Il n'est pas possible de s'associer avec quelqu'un qui prône des doctrines contraires à la saine et sainte parole de Dieu. Pour résumer les autres erreurs doctrinales, ils s'ingèrent dans la vie privée et intime des hommes qui sont tenus de dévoiler en réunion même les détails de leur activité sexuelle ; ils développent un esprit autoritaire exagéré, prônant une seule tête, une seule direction, un seul leadership, entraînant leurs membres à bientôt accepter le leadership satanique de l'Antichrist ; le pasteur de Bill McCartney, James Ryle, prophète dans le mouvement Vineyard de John Wimber, est en étroite communion avec les mouvements Toronto,

    184Hatzakortzian, Résister, 29-37.

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    Lakeland, etc. Enfin, ils prêchent que la mission de l'Église ici-bas, est non seulement l'évangélisation des personnes, mais aussi et surtout la transformation et la christianisation de la société, tenant en cela un langage similaire au « mouvement de la restauration », aux « reconstructionnistes », à la « théologie de la domination » ou au « royaume de Dieu maintenant ».185 On comprend mieux les paroles de Jésus : « ceux qui me disent Seigneur, Seigneur, n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 7.21).

    4. Les Débordements qui entachent les Réveils

    Tout chrétien né de nouveau a le droit et le devoir d'être choqué et attristé par toutes ces manifestations diaboliques, faites « au nom de Jésus », qui discréditent les réveils de l'Esprit. C'est ni plus ni moins qu'un blasphème contre le Saint-Esprit, mais inversé. Alors que les pharisiens qualifiaient les miracles de Jésus de démoniaques, ici, ce sont des miracles démoniaques qui sont attribués au Saint-Esprit et au nom de Jésus. En réalité, l'histoire de l'Église nous apprend que les réveils de l'Esprit ont souvent été accompagnés de manifestations extravagantes. Non pas que ces manifestations viennent du Saint-Esprit, mais à un moment ou à un autre, le diable s'est immiscé dans le réveil pour s'opposer à l'action de Dieu et le décrédibiliser. Dans son journal personnel, Wesley nota, le 7 juillet 1739, sa discussion avec Whitefield sur les signes extérieurs particuliers qui accompagnaient les réveils, tels que les convulsions, les cris, les gémissements, les chutes, etc.186 Le 25 novembre 1758, il réécrivit à ce sujet dans son Journal, soulignant le danger de ces circonstances extraordinaires, et pointant du doigt Satan qui cherchait à imiter l'oeuvre divine de manière à

    185Hatzakortzian, Résister, 28.

    186F. Lovsky, Wesley apôtre des foules, pasteur des pauvres (Sannois, France: Éditions du Réveil, 1951), 51.

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    jeter le discrédit sur l'oeuvre entière.187 Andrew Strom dit que bien des réveils se sont terminés avant l'heure, parce qu'ils avaient été infiltrés ou entachés avec de sales tactiques de l'ennemi. Il souligne la tactique favorite du diable qui consiste à inonder les réveils de contrefaçons, d'esprits séducteurs, de manifestations pour le moins étranges, de disputes et d'excès, afin de miner et de nuire aux véritables réveils jusqu'à leur épuisement. Il cite notamment le grand réveil américain, début 1800, qui a commencé avec la repentance et fini avec lesdites manifestations, et d'autres encore : Le réveil mené par Whitefield en 1700, le réveil gallois en 1904, ainsi que les revivalistes Charles Finney, John Wesley et Frank Bartleman, qui étaient tous conscients de ces obstacles à l'oeuvre de Dieu. 188 Le revivaliste américain du dix-huitième siècle, Jonathan Edwards, évoque lui aussi ces nombreuses contrefaçons diaboliques.189

    Le problème principal est le manque d'enseignement des chrétiens. On le voit ici avec cette insistance des soi-disant prophètes qui encouragent les chrétiens à se laisser aller sans réfléchir et sans se référer aux Saintes Écritures. George O. Wood, cite Thomas Zimmerman qui « comparait le Saint-Esprit à une rivière impétueuse et les Écritures aux berges de cette rivière. Zimmerman disait que le plus grand mal qui pouvait arriver à cette rivière c'était de déborder des rives, mais que la rivière qui restait dans son lit était bonne. » Et de conseiller : « c'est ainsi que pour nous, il est prudent d'utiliser le garde-fou que fournit la Bible et de tout faire passer par le test : "examinez toutes choses". »190 George Wood ajoute :

    187Ibid., 52.

    188Andrew Strom, "La bénédiction de Toronto a-t-elle tué la notion biblique des réveils ?," http://www.regard.eu.org/Edification/TXT.complet.edification3/Benediction.toronto.reveil.html (consulté le 24 novembre, 2010).

    189Jonathan Edwards, Une oeuvre du Saint-Esprit : ses vrais signes, (Chalon-sur-Saône, France : Éditions Europresse, 1996), 23.

    190George O. Wood, Wood Revival Statement,

    http://agchurches.org/Sitefiles/Default/RSS/AG.org%20TOP/WoodRevivalStatement.pdf (consulté le 24 avril, 2012).

    192Henri Viaud-Murat, "L'esprit de service," http://www.sourcedevie.com (consulté le 15 mai, 2012), 1.

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    Les questions que nous devrions toujours nous poser : (1) Jésus est-il exalté et élevé ? Le but du Saint-Esprit est d'attester le Christ, et de convaincre le monde de péché, de justice et de jugement selon Jean 15.26, 16.8 ... (2) Est-ce que la Parole de Dieu est proclamée ? Tout réveil pour avoir des effets durables doit être enraciné dans la prédication de la Parole de Dieu, conformément à ce qui se passait dans l'église primitive ... Pour tester un réveil, il faut chercher à savoir si la prédication est la même que celle de Jésus et des apôtres ... Des manifestations miraculeuses ne sont jamais la preuve d'un véritable réveil-la fidélité à la Parole de Dieu est la preuve ... Si le message et le messager s'alignent sur la Parole de Dieu, alors le réveil qui se produit est fondé sur un terrain biblique sûr, et il peut et il doit être accepté. Sinon, malgré miracles et manifestations, il faut s'en garder ...(3) Est-ce que nous voyons des personnes se repentir de leurs péchés, être baptisées d'eau et du Saint-Esprit ? La repentance est appelée le premier mot de l'Évangile car c'est à la repentance que Jean-Baptiste appelait (Mt 3.2) et Jésus (Mt 4.17), les douze (Mc 16.2), Jésus après sa résurrection (Lc 24.47), Pierre (Ac 2.36), et Paul (Ac 26.20). À la suite de la repentance vient le baptême d'eau et l'expérience bouleversante du baptême dans le Saint-Esprit (Ac 2.38-39).191

    Wood fait remarquer l'immaturité spirituelle des pasteurs et des chrétiens. Beaucoup recherchent la puissance plutôt que la présence de Jésus-Christ. Ils ne regardent plus à Jésus comme le recommande l'auteur de l'épître aux Hébreux : « Ayant les regards sur Jésus qui suscite la foi et la mène à la perfection » (Hé 12.2). Ce faisant, ils ouvrent la porte à toutes sortes de puissances d'égarement qui les séduisent et les égarent par de faux enseignements, comme nous pouvons le constater journellement dans nos églises.

    Toutefois, nous ne devons pas nous étonner des débordements ni des contrefaçons sataniques des soi-disant réveils qui surgissent ici et là, et qui sont à l'origine du plus grand déclin spirituel. Henri Viaud-Murat nous rappelle une prophétie donnée au moment du réveil de Pentecôte, rue Azusa : « Dans les derniers temps, ce réveil que vous voyez se corrompra. On recherchera les dons de l'Esprit avant le Fruit de l'Esprit. On recherchera la louange avant la sanctification. On recherchera la puissance avant la repentance. »192

    191Ibid.

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    III. LE MOUVEMENT DE PENTECÔTE DE NOS JOURS

    Plusieurs précisions sont nécessaires pour une bonne compréhension. La première concerne la distinction à faire entre évangéliques et pentecôtistes. Les médias font souvent l'amalgame entre ces deux appellations. Or si tout pentecôtiste se doit d'être évangélique, tous les évangéliques ne sont pas forcément pentecôtistes, puisque la majorité n'accepte pas la doctrine biblique du baptême du Saint-Esprit et de son signe initial du parler en langues.

    La deuxième différenciation est à faire entre tous ceux qui s'appellent pentecôtistes. Là encore, les médias mélangent les trois principaux courants de ce qui est appelé « le Mouvement de l'Esprit » : (1) Les vrais pentecôtistes ou « classiques » issus des mouvements de réveil du début du vingtième siècle, au Pays de Galles, à Azusa Street, regroupés au sein des AoG ; (2) Les « charismatiques » issus des réveils qui ont touché dès 1960 des protestants demeurés dans leur dénomination, et des catholiques issus des effusions de l'Esprit depuis 1972 et restés dans le catholicisme ; (3) et enfin ceux de la « Troisième Vague », qui se nomment « néo-pentecôtistes » afin de séduire les mouvements chrétiens, et qui regroupent tous les différents mouvements inspirés des prophètes de Kansas City, du Mouvement de la Pluie de l'Arrière-Saison, du mouvement Vineyard, des prétendus réveils de Toronto, de Pensacola, de Lakeland, et tous les courants de pensée qui y sont rattachés : Mouvement de la Foi, Évangile de Santé et de Prospérité, Couverture Spirituelle, New Apostolic Reformation, Promise Keepers, etc.

    A. Les Trois Principaux Courants Pentecôtistes

    Les diverses statistiques disponibles révèlent d'énormes disparités entre les différents courants qui se réfèrent au pentecôtisme. Selon Olivier de Tarragon de l'École Biblique Emmaüs de Côte d'Ivoire, le mouvement de Pentecôte représente environ 550 millions

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    d'adhérents, les AoG étant la dénomination la plus importante.193 Selon la World Christian Database, les pentecôtistes classiques sont au nombre de 78 millions, les charismatiques de 192 millions, et les néo-pentecôtistes (la Troisième Vague) de 318 millions, ce qui fait un total de 588 millions. Raymond Pfister de l'Institut biblique Emmaüs de Suisse écrit : « On a recensé 535 millions de pentecôtistes dans le monde (en 2000) dont 65 millions de pentecôtistes classiques, 175 millions de charismatiques et 295 millions de néo-pentecôtistes (la Troisième Vague). »194 Ces chiffres sont significatifs. Même si Barrett et Johnson constatent que la mouvance pentecôtiste représente environ 28% de la chrétienté mondiale (catholiques, orthodoxes, protestants, évangéliques), la répartition entre les différents courants doit nous interpeller : (1) Le mouvement très controversé de la Troisième Vague, né dans les années 1980, représente à lui tout seul 55% des pentecôtistes, après 30 années d'existence. (2) Les charismatiques (1960) représentent 32%, après 50 années d'existence. (3) Les pentecôtistes classiques, les Assemblées de Dieu et ses adhérents, ne représentent que 12%, soit 65 millions de membres, ce qui correspond aux 64.100.171 adhérents reconnus pour 2010 par les AoG,195 alors que leur réveil date de plus de 100 ans. Les pentecôtistes classiques, AoG ou AD, représentent donc 12% des 28% de la chrétienté globale, soit 3% de ce que l'on appelle la chrétienté mondiale.

    B. La Définition Actuelle du Pentecôtisme

    Michel Forey, président des Assemblées de Dieu de France, déclarait en 2006, « le pentecôtisme est l'action pleine et entière du Saint-Esprit dans l'Église. Le pentecôtisme a

    193Olivier de Tarragon, "les dénominations protestantes et évangéliques - les églises pentecôtistes," http://cms.unpoissondansle.net/?p=5242 (consulté le 12 novembre, 2011).

    194Ibid.

    195AoG General Secretary's Office, Statistics, AG Worldwide Churches and Adherents 1987-2010, 6/21/11, ADHWW.xlsx (consulté le 06 avril 2012).

    200Olivier Favre, "Les débats qui traversent le pentecôtisme," Le Christianisme aujourd'hui 4.4 (Avril 2006): 18.

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    toujours été le fer de lance de l'Église, depuis les temps apostoliques. Le modèle de départ était une Église remplie de l'Esprit. »196 Allan Anderson, spécialiste réputé du pentecôtisme, ajoute : « Si on parle d'un accent fort sur la présence de l'Esprit Saint et l'exercice des dons spirituels, oui, il s'agit bien là de l'avenir de l'Église. Les églises qui ne sont pas capables d'intégrer la réalité charismatique sont vouées au déclin. »197 Et d'ajouter : « Il offre de la vraie spiritualité. Cette notion selon laquelle "Dieu est présent, il agit concrètement dans ma vie", voilà ce que les gens veulent. »198 De son côté, Raymond Pfister, théologien pentecôtiste français dit : « Le pentecôtisme redonne son esprit au christianisme. L'Église biblique est charismatique. »199 Les sociologues des religions partagent cette vision du pentecôtisme. Le Suisse Olivier Favre, pasteur lui-même, estime que « le développement évangélique continuera à passer d'abord par son aile charismatique en phase avec les attentes émotionnelles des gens. »200 Quant à son expansion mondiale, le sociologue Jean-Pierre Bastian, de l'Université de Strasbourg, met l'accent sur le choc de la modernité dans les pays émergents qui explique l'engouement pentecôtiste qui prévaut actuellement en Afrique, en Amérique du Sud, ou en Asie :

    Le pentecôtisme a été un espace de reconstruction sociale des populations déracinées ou en perte de valeurs, car migrantes ou brutalement urbanisées. Dans ces Églises dynamiques et ouvertes à la piété populaire, elles ont reconstruit leur monde, à distance de la société d'accueil. Elles y ont aussi quelquefois trouvé un des rares moyens d'ascension sociale possibles. Les télévangélistes en représentent l'aboutissement.201

    196Michel Forey, "Les débats qui traversent le pentecôtisme," Le Christianisme aujourd'hui 4.4 (Avril 2006): 18.

    197Allan Anderson, "Les débats qui traversent le pentecôtisme," Le Christianisme aujourd'hui, 4.4 (Avril 2006): 18.

    198Ibid.

    199Raymond Pfister, "Les débats qui traversent le pentecôtisme," Le Christianisme aujourd'hui 4.4 (Avril 2006): 18.

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    C. L'Ère de la Séduction

    Nous avons vu dans les différents courants qui ont suivi le réveil de Pentecôte du début du vingtième siècle, et notamment dans la troisième vague, les imitations, les faux-semblants et tous les simulacres spirituels qui tentent de décrédibiliser l'oeuvre de Dieu.

    Jésus nous a prévenus des faux-prophètes qui viennent en vêtements de brebis mais qui, au-dedans, sont des loups ravisseurs (Mt 7.15). Il nous a aussi mis en garde contre les fausses professions religieuses (Mt 7.21-23), et les séductions de toutes sortes qui s'intensifieraient avant sa venue pour enlever son Église (Mt 24). Or, aujourd'hui, cette oeuvre de séduction se propage universellement.

    Le monde entier est sous la séduction de Satan qui l'entraîne à rechercher les choses de ce monde aux dépens de son besoin spirituel. Même le pape Benoît XVI a dénoncé, lors de la veillée pascale 2012, « la "menace" pour l'homme contemporain que constitue "l'obscurité sur Dieu et sur les valeurs", au moment où ses immenses connaissances lui confèrent un "pouvoir incroyable". »202 Évoquant les progrès scientifiques surprenants réalisés aujourd'hui par les hommes, il souligne : « Si Dieu et les valeurs, la différence entre le bien et le mal restent dans l'obscurité, toutes les autres illuminations, qui nous donnent un pouvoir aussi incroyable, ne sont pas seulement des progrès, mais aussi des menaces qui mettent en péril nous et le monde. »203 Et d'ajouter « L'obscurité vraiment menaçante pour l'homme est le fait qu'il est capable de voir et de rechercher les choses tangibles, matérielles, mais ne voit pas où

    201Jean-Pierre Bastian, "Les débats qui traversent le pentecôtisme," Le Christianisme aujourd'hui 4.4 (Avril 2006): 19.

    202Benoit XVI, "Benoît XVI évoque la menace de l'obscurité sur Dieu et sur les valeurs," Le Monde, 8 avril, 2012.

    203Benoit XVI.

    204Ibid.

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    va le monde et d'où il vient. »204 Même si je ne reconnais pas l'autorité spirituelle du pape, ni ses enseignements combien hérétiques, force est d'admettre qu'il évoque ici une triste réalité.

    1. Le Nouvel Âge Influence l'Église

    Notre analyse doit aussi tenir compte de la culture humaniste environnante déjà entièrement pénétrée par la philosophie du Nouvel-Âge. Francis Schaeffer avait déjà averti l'Église du changement profond qui, par un dangereux cheminement à travers ces derniers siècles, a abouti aujourd'hui à une rupture entre la foi et la raison. Le Nouvel-Âge, en prolongement de cette rupture, s'est emparé de la pensée orientale. John Wimber lui-même parle d'un changement de paradigme, terme utilisé par le Nouvel-Âge, et nous incite à changer de vision du monde, en inféodant notre façon de penser logique et occidentale à celle de l'orient, montrant par là combien il est en réalité, tout comme la Troisième Vague, influencé et manipulé par le Nouvel Âge. Il préconise que la raison se doit de capituler au profit de l'expérience. Ceci rejoint la philosophie du Nouvel-Âge pour laquelle « il n'y a pas de réalité objective, la vérité étant ce que vous percevez, car la perception est la réalité ». Pour l'occidental, au contraire, la réalité est objective et absolue, et notre perception d'une chose n'affecte pas une idée si celle-ci est vraie. Dans l'optique du Nouvel-Âge, Marilyn Ferguson écrit: « La voie de la réussite passe par la capitulation, la passivité, et non par une activation. Se relaxer et non se concentrer, doit désormais devenir la règle. » Cette nouvelle philosophie charrie aussi le panthéisme. Dieu est en tout et tout est partie de Dieu, soit l'homme, soit la nature. Copeland ajoute : « Vous n'avez pas un dieu en vous, mais vous en êtes un ». Cette recherche frénétique du sentiment de bien-être au travers d'expériences ne satisfait finalement que la chair. Quelles que soient nos convictions sur l'eschatologie biblique, une chose est claire : Nous vivons les derniers temps. C'est une période de séduction

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    de plus en plus ample, et elle s'accompagne de prodiges et de miracles qui ne sont pas divins. Le retour de Christ est très proche et le monde est mûr pour le jugement de Dieu. Le phénomène de Toronto n'est qu'une étape dans la progression des séductions de l'erreur. Cette dernière est en train d'envahir la chrétienté, qui a abandonné le terrain des fondements de l'Écriture et de la grâce pour se construire sa propre tour de Babel qui sera finalement renversée par Christ.205 Et Frank Horton d'ajouter :

    Les "vents de doctrine" tous azimuts ont traversé nos milieux évangéliques proposant tour à tour la redécouverte de charismes oubliés, une louange style nouveau avec ses innovations musicales, l'évangile de la prospérité, les signes et prodiges vus comme support indispensable à l'annonce de la Bonne Nouvelle, diverses techniques pour accélérer la croissance de l'Église puis, plus récemment, une conception inédite de la "bénédiction" ! Ajoutons à cela l'attraction exercée par l'oecuménisme, l'influence du féminisme dans la conception du rôle de la femme dans l'Église, et une relation d'aide de plus en plus axée sur divers courants chrétiens de psychothérapie. Qu'on nous comprenne: la liste ci-dessus se veut une constatation plutôt qu'un jugement, car ce que l'Église oublie ou escamote sera tôt ou tard redécouvert et remis en lumière, mais avec le risque de le voir déformé ou exagérément exalté. Car il y a du bien dans certaines de ces tendances, pour autant qu'elles trouvent leur source dans l'Écriture et lui restent conformes.206

    Dans ses épîtres à Timothée (1 Tm 4.1 et 2 Tm 4.3-4), Paul attirait l'attention sur les grands bouleversements des derniers temps. Or, nous sommes aujourd'hui en plein Nouvel Âge. Selon Alain Choiquier, cette influence satanique qui pollue sournoisement le monde entier, milite pour « l'éveil d'une conscience planétaire » dans le troisième millénaire. Il s'agit de la séduction la plus importante qui se soit présentée aux chrétiens dans ces dernières années. Prônant l'unification de toutes les croyances en une religion unique et mondiale, il met en avant un certain Maitreya, prétendument le Christ, dont la réapparition serait imminente. En vérité, c'est à l'Esprit de l'Antichrist que ce mouvement ouvre grandement la

    205Francis A. Schaeffer, "Démission de la raison," Promesses 114 (1995). 206Frank Horton, "Sommaire," Promesses 114 (1995).

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    porte. 207 Selon Choiquier, le plus vieux mensonge du diable : « Vous serez comme des dieux » (Gn 3.5), refait surface avec le Nouvel Âge dont le but avoué est « une religion mondiale unique, un gouvernement mondial unique, une citoyenneté mondiale unique, une économie mondiale unique, une armée mondiale unique. »208 Ce mouvement a des racines multiples qui se situent dans l'hindouisme, le bouddhisme, le platonisme, la Gnose, le néoplatonisme, et la théosophie. Ce choix de Maitreya est très subtil, car ce « seigneur » serait le Christ attendu des chrétiens, le Messie attendu des Juifs, l'imam Mahdi attendu des musulmans, et le Krishna attendu des Hindous. Avec lui, débuterait une ère nouvelle, celle du Verseau, qui ferait suite à l'ère chrétienne, celle du Poisson. Cette ère nouvelle apporterait enfin une grande fraternité entre tous les hommes et sur toute la terre. L'homme pourra contrôler les forces qui aujourd'hui le contrôlent. Il se découvrira comme dieu.209 Et d'ajouter :

    David Spangler, l'un de leurs gourous, enseigne que "Lucifer est un agent de l'amour de Dieu", "il entre en l'homme pour créer en lui un jaillissement d'expériences intérieures profondes", "Lucifer et le Christ agissent en partenaire", "c'est Lucifer qui apporte à la vie humaine unité et harmonie en nous conduisant jusqu'à l'initiation luciférique", il se tient comme le Christ à la porte de notre conscience et frappe ; si l'homme lui dit : Entre ! Il lui fera connaître son amour et le fera monter jusque dans la présence de la lumière de Christ. Ce mouvement est donc d'essence diabolique. Satan cherche de nouveau à se hausser au niveau de Dieu pour se faire adorer, comme lui.210

    Les deux mensonges qu'il propage, « tu ne mourras pas » = la réincarnation, et « vous serez comme Dieu » = l'autodéification, sont les deux éléments-clés de la doctrine du Nouvel Âge. Ses principaux enseignements sont donc la réincarnation et le Karma ; le péché est

    207Alain Choiquier, Scanner sur le Nouvel Âge, (Le Locle, Suisse : Éditions de l'Avènement, 1990), 13.

    208Ibid., 15. 209Ibid., 33. 210Ibid., 37.

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    illusoire ; le mal n'existe pas ; la théorie de l'évolution ; l'homme est un dieu qui s'ignore ; le yoga et le fameux Kundalini Yoga ; la médiumnité ; le panthéisme.

    Ses quatre symboles sont : (1) le signe du Verseau qui va maintenant verser de l'eau sur le monde, l'eau étant le symbole d'un nouvel esprit, (2) l'arc-en-ciel qui symbolise le pont entre l'âme humaine individuelle et le « grand esprit universel » Lucifer, (3) le chiffre 666 qui pour eux est sacré, et (4) la croix gammée considérée comme le symbole occulte du bonheur.

    Il oeuvre pour un renversement complet de la morale et des valeurs bibliques. Le tableau comparatif ci-dessous, édité par la Commission de l'Assemblée Nationale française Vigi-sectes, montre un comparatif entre les valeurs bibliques et les valeurs du New Âge :

    LE RENVERSEMENT DES VALEURS BIBLIQUES

     

    Ce qu'affirme la Bible :

    Ce qu'affirme le Nouvel Âge :

     
     

    Une seule révélation écrite: la Bible.

    Tous les écrits saints constituent une approche du divin.

    Un seul chemin mène à Dieu: Jésus.

    Tous les chemins mènent à la découverte de Dieu

    Mangez de tout ce qui se vend à la boucherie.

    Soyez végétariens pour purifier votre organisme

    Vous pouvez avoir la certitude de votre salut

    Nul ne peut avoir la certitude de son salut

    Il est réservé aux hommes de mourir une fois

    Innombrables réincarnations (Hindouisme)

    Vie sexuelle dans le cadre du mariage

    Seul l'épanouissement intérieur compte, pas de règle "si c'est par amour" et si ça fait du bien

    Respect de la vie

    Avortement, euthanasie, manipulations génétiques

    Vie de famille, respect des parents

    Les enfants sont à tous : rejet des parents, rejet de l'obéissance.

    La Bible annonce des temps troublés

    Le Nouvel Âge annonce la paix

    211Choiquier, 70.

    123

    Dieu créa l'homme à son image

    L'homme a créé Dieu à sa propre image

    Condamne l'homosexualité

    Encourage l'homosexualité masculine et féminine

    Nous parle d'une terre habitée

    Croient aux extra-terrestres

    La revue "20 ans" de Janvier 1990 estimait déjà que 10% de la population des USA était déjà touchée.211 Les dirigeants du Nouvel Âge affirment que toutes les religions du monde sont déjà infiltrées et que plus de 10.000 organisations aux USA et au Canada travaillent pour eux. Toutes les organisations mondiales, à commencer par l'ONU, sont noyautées au plus haut niveau.

    En réalité, le Nouvel Age a su tirer profit du grand changement de notre société en introduisant subtilement un autre mode de pensée, un changement de paradigme. On fait grand cas des sciences de l'esprit, de la parapsychologie, du surnaturel, du bien être à travers des méthodes orientales de communication avec l'invisible. Notre mode de pensée logique évolue vers une mentalité plutôt orientale où l'intuition et l'expérience sont dominantes. Malheureusement, nous assistons aujourd'hui à l'entrée de ces séductions dans l'Église. Les chrétiens, imprégnés par l'esprit « fastfood », sont attirés par des manifestations où le bien-être personnel passe avant la gloire de Dieu. La théologie de la souveraineté de Dieu, de l'acceptation de la souffrance, de la sanctification constante fait cruellement défaut. Il n'est plus étonnant de rencontrer des phénomènes religieux comme celui de Toronto et d'autres. Je propose de passer en revue plusieurs autres de ces séductions qui prennent l'Église en tenailles aujourd'hui.

    124

    2. La Séduction Spirituelle de la Troisième Vague

    La « troisième vague » ne s'est pas écrasée contre le rivage. Depuis trente ans, elle poursuit sa route, entraînant dans la mer du monde, tout ce qu'elle pourra trouver dans son ressac, c'est-à-dire dans l'Église, car ne nous y trompons pas, il s'agit d'une attaque de grande envergure contre l'Église de Jésus-Christ. Aujourd'hui, elle prend de l'ampleur jusqu'à abuser bon nombre des plus hauts dirigeants spirituels chrétiens de la planète. C'est ainsi qu'elle s'est appropriée les évènements sains et saints du réveil d'Azusa. En effet, le centenaire d'Azusa en 2006 témoigne de l'influence grandissante de cette vague destructrice. Parmi les orateurs présents, on pouvait certes compter quelques véritables hommes de Dieu prêchant la saine doctrine. Par contre, il y avait au programme de nombreux prédicateurs charismatiques connus pour être des pionniers, des dirigeants ou des adhérents de la troisième vague : le controversé Crefto Dollar (mouvement de foi, confession positive, théologie de la prospérité) ; Reinhard Bonnke et David Yonggi Cho, déjà cités ; Benny Hinn et son onction controversée ; Myles Munroe qui y a prêché sur le gouvernement de Dieu sur la terre maintenant ; Claudio Freidzon et Carlos Anacondia qui ont amené les paillettes d'or en Amérique du Sud (Jeff Lowe dit qu'ils sont comme la puissance de Benny Hinn multipliée par dix). Les deux sont proches de Benny Hinn et très liés à la bénédiction de Toronto ; Mahesh Chanda, « slain in the spirit » (terrassé dans l'esprit) âgé alors de 16 ans ; César Castellanos de Bogota, Colombie, du mouvement de la prospérité, disciple de Yonggi Cho, également « pape » du mouvement cellulaire hérétique G12 dont il a transmis les principes à Colin Dye de Kensington, UK ; Juanita Bynum, télévangéliste américaine et prophétesse autoproclamée, mariée deux fois et divorcée deux fois ; et Hal Rahman, président du Centre de Formation Biblique du Cameroun (CFBC), disciple du missionnaire Russ Tatro, lui-même disciple de Kenneth Hagin, déjà mentionné dans le Mouvement de la Foi, et au sujet de

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    Toronto.212 La présence de tous ces prédicateurs de la troisième vague à la commémoration du centenaire d'Azusa en 2006, et la publicité qui leur est ainsi faite sont autant d'éléments qui dévoilent leur influence dans le monde chrétien, et qui explique leur acceptation par les églises du monde entier.

    3. La Séduction d'un Grand Réveil Planétaire

    Une autre séduction diabolique propagée par les tenants de la troisième vague est la croyance en un grand réveil planétaire. Cela fait partie de la stratégie satanique des derniers temps. C'est encore un des demi-mensonges de Satan, pratique dans laquelle il excelle. S'il ne peut empêcher cette soif spirituelle grandissante des chrétiens, il fera tout pour la diriger dans une mauvaise direction. Il est meurtrier dès le commencement. Son but final est le meurtre spirituel de l'humanité et toutes ses manoeuvres visent aujourd'hui principalement les élus de Dieu. D'abord, rappelons que toutes les religions connaissent aujourd'hui le réveil, qu'il s'agisse de l'Islam, l'Hindouisme, les Religions Traditionnelles, etc. Il est vrai que les derniers jours connaîtront un grand réveil parmi une « chrétienté » qui courra après son « faux christ » et ses « miracles mensongers ». Mais ce ne sera pas un authentique réveil divin. Jésus déclare que les multitudes seront séduites par de faux évangiles, de faux prophètes et de faux messies (Mt 24.10-12). La véritable Église doit se tenir éveillée et prête pour le retour du Seigneur.

    Un examen honnête et lucide de notre monde actuel révèle une apostasie généralisée. Ce phénomène touche l'Église dans toutes ses dénominations. En masse, les hommes tournent le dos à Dieu et à sa parole, appelant le mal bien et le bien mal. C'était le cas de la société antédiluvienne quand Dieu vit que la méchanceté était grande sur la terre et que les hommes étaient assidus au mal, à la corruption et à la violence (Gn 6.5, 11). Dieu décida alors

    212Jeff Lowe, "Azusa 2006," http://www.jdaniellowe.com/ps5.html (consulté le 19 avril, 2012).

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    de détruire tous les hommes hormis Noé, intègre, qui trouva grâce à ses yeux. Or, Jésus met en parallèle le temps de Noé avec l'avènement du Fils de l'homme (Mt 24.37-39).

    Il en fut de même de Sodome et Gomorrhe, envahies par un péché abominable qui est cependant devenu banal à notre époque car admis par tous et prôné par le Nouvel Âge. Dieu les détruisit, à l'exception de Lot le juste (Mt 24.37-39). Là aussi, Jésus établit un parallèle entre le temps de Lot et l'avènement du Fils de l'homme (Lc 17.28-30). À ce propos, le Président Obama vient de se déclarer publiquement en faveur du mariage de personnes d'un même sexe, approuvant ainsi ouvertement l'homosexualité, ainsi que leur pleine capacité parentale. Divers sondages américains réalisés par le General Social Survey montrent que les évangéliques sont parmi ceux les plus opposés au mariage homosexuel. Malheureusement, les mêmes sondages montrent que leur opposition diminue avec le temps et que beaucoup d'évangéliques américains deviennent favorables au mariage homosexuel ainsi qu'à l'aptitude, par ces prétendus couples, à adopter des enfants. Parmi les Born-Again (nés de nouveau), 85% étaient opposés à ce mariage en 1988, 66% en 2006, 69% en 2008, et 59% en 2010. Parmi les Not Born-Again (non nés de nouveau), ils étaient 67% opposés à ce mariage en 1988, 42% en 2006, 34% en 2008, et 31% en 2010. Les mêmes sondages ont été réalisés sur une base d'âge en 2010. 63% des Born-Again de 36 ans et au-dessus sont opposés au mariage homosexuel, alors que seulement 44% des Born-Again de 18-35 ans sont opposés à ce mariage. Parmi les Not Born-Again, 38% des 36 ans et au-dessus s'opposent à ce mariage, et 12% seulement des 18-35 ans sont opposés.213 Un autre sondage de Life Way Research a demandé : « Croyez-vous que le comportement homosexuel est un péché ? » 44% ont répondu oui, et 43% ont dit non, les 13% restants n'étant pas surs. Parmi les évangéliques, 85% des évangéliques ont dit que c'était un péché. Mais, parmi ces derniers, 50% seulement ont déclaré que l'Église devait se prononcer sur ce péché. Ces chiffres montrent l'horrible

    213Tobin Grant and Sarah Pulliam Bailey, Christianity Today, 12 mai, 2012.

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    dégradation des principes bibliques et éthiques, non seulement dans la population américaine, longtemps puritaine, mais aussi parmi les chrétiens qui se disent nés-de-nouveau.214 Les chrétiens évangéliques acceptent de plus en plus le mariage homosexuel comme étant la normalité.

    Plusieurs états européens et sud-américains ont déjà voté des lois dans ce sens. D'autres vont le faire, comme la France, selon les promesses électorales du nouveau président élu. Il ne se limite d'ailleurs pas à cela, puisqu'une loi autorisant l'euthanasie est en cours de préparation. Or, la Bible interdit l'homicide. Il est vrai que ces mesures ont été précédées par l'avortement qui, avec ses cinquante millions d'embryons ou foetus à qui l'on ôte volontairement-Interruption Volontaire de Grossesse-la vie chaque année dans le monde, constitue le plus grand génocide de l'histoire de l'humanité.215 Ces embryons ou foetus, il ne faut pas se voiler la face, sont de toutes façons, et quoi qu'on en dise, des êtres à part entière, des êtres en formation pour devenir des enfants, puis des adultes. Aux États-Unis, l'Église Luthérienne américaine, réunie en Convention nationale le mercredi 19 août 2009, à Minneapolis, Minnesota, posa la question : « Est-il permis à un luthérien de vivre une vie homosexuelle ?» Deux motions furent adoptées, votées par plus de 2/3 de la Convention, soit 66,67% : (1) la reconnaissance et l'approbation de relations avec un individu du même sexe, (2) la permission à deux homosexuels, gays ou lesbiennes, vivant en couple dans une relation fidèle, de devenir pasteur dans l'Église Luthérienne des USA. Toujours aux États-Unis, le pasteur Victor Pino Gamboa, ex-surintendant des AD du Pérou rapporte que :

    L'Église Communauté Métropolitaine (Metropolitan Community Church) fut fondée à Los Angeles par le "révérend" gay Troy Perry le 6 octobre 1968, pour intégrer les gays, les lesbiennes, les bisexuels et transsexuels. Aujourd'hui, tout cela est organisé en une Fraternité Universelle des Églises des Communautés Métropolitaines (FUICM), qui affirme avoir 340 assemblées locales avec quelques

    214Tobin Grant and Sarah Pulliam Bailey.

    215Patrick Berthalon, L'avortement et la Bible, (Léognan, France: ITB, 1996), 57.

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    cinquante mille adhérents dans 22 pays. Leur déclaration de foi révèle l'aberration de ses croyances ; dans son premier article, on lit textuellement : "Nous croyons : en un Dieu trine, omnipotent, omniprésent et omniscient, d'une seule substance et en trois personnes : Dieu, notre Père et Mère créateur ; Jésus-Christ, le fils unique de Dieu, Dieu fait chair ; et l'Esprit-Saint, notre Dieu consolateur."216

    L'Église est aujourd'hui entrée dans une terrible et honteuse apostasie. Le faible reste, demeuré fidèle, doit faire face à cette grande rébellion contre Dieu et sa parole. Dieu dit clairement que ceux qui se livrent à ces vices contre-nature commettent des choses infâmes (Rm 1.26-27), et qu'ils n'hériteront pas le royaume de Dieu (1 Co 6.10 ; Ap 21.8, 22.15).

    Noé et Lot sont des signes prophétiques des temps qui annoncent l'enlèvement de la véritable Église et qui sera ainsi épargnée des jugements eschatologiques. Dieu rassemble aujourd'hui ses élus pour le grand enlèvement, mais n'oublions pas que notre Dieu est saint, et que, sans la sanctification, nul ne verra le Seigneur (Hé 12.14). Beaucoup feront valoir les prophéties, les exorcismes et les miracles qu'ils ont faits au nom de Jésus, mais il leur dira qu'il ne les a jamais connus (Mt 7.21-23). Seuls ceux qui font la volonté du Père entreront dans les cieux. Notre monde est entré dans un moule préparant l'arrivée de l'Antéchrist qui sera adoré par tous les habitants de la terre, ceux dont le nom n'a pas été écrit dans le Livre de vie de l'Agneau, qui a été immolé dès la fondation du monde (Ap 13.8). Satan conditionne l'humanité pour l'avènement de l'Antichrist. Ce sont des temps d'illusion, de mensonge, d'hypocrisie, de grande séduction, et tous ceux, hélas nombreux, qui se laisseront piéger, périront.

    Quant à l'Église, le constat est amer. Elle s'enfonce dans l'apostasie annoncée par Christ et ses apôtres. Face à cela, les faux prophètes sont nombreux à annoncer « le plus grand réveil de tous les temps » qui va atteindre la terre entière. Jésus nous a plusieurs fois mis en garde contre les séducteurs. Aujourd'hui, alors que nous vivons les derniers jours, les

    216Victor Pino Gamboa, « L'Eglise face à l'apostasie," http://www.add-chalonsenchampagne.fr/IMG/pdf/EgliseFaceApostasie.pdf (consulté le 04 avril, 2012).

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    faux prophètes et les faux docteurs sont de plus en plus en vogue, comme l'écrit Paul à Timothée (1 Tm 4.12). Dès l'origine, Satan s'est évertué à imposer sournoisement sa contrefaçon du christianisme, et comme nous vivons les derniers temps, il réussit sa grande manoeuvre. Pour ce faire, il séduit les dirigeants de l'Église et les chrétiens, dans leur plus grand désir charnel gagner le monde entier pour Christ, alors que cette hypothèse est contraire aux enseignements évangéliques. L'apparition actuelle des faux évangiles, des faux christs et des faux prophètes, n'est que le début de la grande apostasie finale. Tous préparent la voie à l'Antichrist, qui viendra s'asseoir dans le Temple de Dieu pour se proclamer Dieu. Satan prépare l'humanité à accepter ce mensonge ultime. En réalité, selon les avertissements de Jésus et de ses apôtres, le monde doit s'attendre à la venue de l'esprit d'erreur. C'est l'unique attente fondée bibliquement. Ce sera une visitation spectaculaire et massive de la séduction avec signes et miracles, orchestrée par Satan, mais sous l'autorité de Dieu car ce sera avant tout une expression de son jugement (2 Th 2.9-12).

    4. La Séduction Charnelle des Mégachurches ou Méga-Églises

    La grande séduction ou la séduction d'être grand ! Nous nageons aujourd'hui dans le gigantisme ou la démesure. À titre d'exemple, l'église de Lakewood, à Houston au Texas, peut accueillir seize mille personnes. Certaines sont encore plus grandes sur d'autres continents et provoquent l'admiration et l'envie de beaucoup de serviteurs de Dieu qui voient là une démonstration de la puissance de Dieu. Toutefois, l'analyse des fondements sur lesquels ils ont bâti, montre que l'évangélisation de départ est loin d'être orthodoxe. L'Évangile annoncé ressemble plus à une manoeuvre de séduction grossière qu'à la vérité de la parole de Dieu. Son approche humaniste flatte et charme ceux qui l'écoutent. Elle leur promet ce qu'ils veulent entendre : la paix de l'esprit, le bonheur, la prospérité, le succès. Elle leur offre un raccourci rapide et facile pour obtenir le désir de leur coeur. Elle tend à combler les besoins psychiques de l'âme : les besoins religieux, mais aussi l'appartenance à un

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    groupe, comme les musulmans qui sont fiers et rassurés d'appartenir à l'Umma. Nous retrouvons ni plus ni moins l'effet d'attraction des grands rassemblements, ou des grands pèlerinages, comme celui de la Mecque, l'attirance du monde. Un dicton dit que le monde attire le monde mais ce sont là des positions charnelles. Dans cet arrangement quasi-chrétien, Dieu devient la lampe d'Aladin qui exécute les ordres de quiconque accepte Son Fils et signe une carte. Le pécheur s'acquitte totalement de ses obligations quand il accepte Christ. Après cela, il n'a plus qu'à venir pour recevoir l'équivalent religieux de tout ce que le monde offre, et en jouir jusqu'aux dernières limites. Cette grossière méprise de la vérité est due en bonne partie à l'activité évangélique actuelle qui consiste à déterminer des directions, bâtir des programmes, contrôler les dénominations, établir les tendances musicales et former la politique éditoriale des publications évangéliques. Selon Karl Grebe et Wilfred Fon, c'est « le dilemme de la quantité (le nombre) contre la qualité (la formation des disciples). Ce genre de popularité donne à l'Église une occasion extraordinaire mais aussi un défi formidable. Le défi est de résister à la tentation d'une évangélisation facile qui ne se vante que du nombre et qui laisse les gens enchaînés. »217

    Ce concept du christianisme est non seulement erroné, mais c'est un danger mortel parce qu'il affecte les âmes de ceux qui l'écoutent. En réalité, c'est un humanisme faible allié à un christianisme faible, qui lui donne une respectabilité ecclésiastique. Il est possible de l'identifier au moyen de son approche religieuse. Invariablement, il commence par l'homme et ses besoins et ensuite regarde autour de lui pour trouver Dieu ; le christianisme véritable révèle Dieu comme étant à la recherche de l'homme pour le délivrer de ses ambitions. Dieu doit être le premier. L'Évangile met la gloire de Dieu en premier, et le salut de l'homme en second. Les anges, s'approchant de la terre du haut des cieux, chantèrent : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et paix sur la terre parmi les hommes qu'il agrée » (Lc 2.14). Ceci

    217Karl Grebe et Wilfred Fon, Religion traditionnelle africaine et relation d'aide, (Abidjan, Côte d'Ivoire: Centre de Publications Évangéliques, 2000), 23.

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    met la gloire de Dieu et la bénédiction de l'humanité dans leur véritable ordre, comme le début de la prière : « Notre Père qui es aux cieux ! Que Ton nom soit sanctifié » (Mt 6.9). La gloire de Dieu doit à jamais rester l'authentique et incontestable point de départ du christianisme. Tout ce qui emprunte une autre voie comme point de départ n'est certainement pas le christianisme du Nouveau Testament. C'est hélas souvent le cas des mouvements divins qui finissent par devenir des monuments humains. Que voulons-nous ? Faire des membres pentecôtistes qui paient leurs dîmes et ajoutent des offrandes, qui sont présents à toute les réunions, qui arborent fièrement un poisson à l'arrière de leur voiture ou de leur moto en proclamant : « moi, je suis AD » ? Ou, au contraire, obéir à l'ordre de Jésus de faire de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et de les enseigner à observer tout ce qu'il nous a prescrit (Mt 28.19-20) ? Ceci, afin que nos membres puissent eux-mêmes proclamer : « Moi, je suis avant tout un vrai chrétien, je suis un disciple de Jésus-Christ, j'observe tout ce qu'il m'a prescrit, et j'ai l'assurance qu'il est avec moi tous les jours ».

    5. La Séduction des Hérésies Multiples et les Malversations Spirituelles

    En préliminaire, rappelons que, lors de ses adieux aux anciens d'Éphèse, Paul les a prévenus : « Je sais qu'il s'introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n'épargneront pas le troupeau, et qu'il s'élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux » (Ac 20.29-30). Paul cite ici deux sources provenant l'une de l'extérieur, l'autre de l'intérieur même de l'Église. Or que constatons-nous aujourd'hui ? Nos églises propagent des doctrines syncrétiques et douteuses. Contrairement à l'ordre divin (Dt 4.2, 12.32 ; Pr 30.6 ; Ap 22.18- 19), on retire et on ajoute à la parole de Dieu. On croit et on accepte toutes sortes d'hérésies. On invente de nouveaux ministères. On porte foi, les yeux brillants de convoitise, à toutes sortes de rumeurs propagées pour troubler le peuple de Dieu.

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    C'est ainsi que l'on parle de ministères de délivrance que la Bible ne mentionne pas. Que dit Jésus à ce propos ? « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons » (Mc 16.17). Il s'agit donc d'une puissance donnée non pas à des ministères bien particulier, mais à tous les croyants, remplis du Saint-Esprit. Comment se fait-il que des hommes ou des femmes sont recherchés et encensés, parfois grassement payés, pour une grâce que notre Seigneur accorde à tout croyant ? Les pasteurs et les chrétiens ont-ils capitulé ?

    Il en est de même des ministères prophétiques. La Bible mentionne deux types de prophètes. Le premier est le ministère de prophète réservé à certains hommes qui sont des dons que notre Seigneur, glorifié, a fait à son Église (Ep 4.11). Malheureusement, de nombreux charlatans troublent nos « chrétiens » et les reçoivent dans leur cour avec des arrière-pensées malsaines et un esprit de lucre très prononcé. Le deuxième est le don de prophétie, qui fait partie des neuf dons de l'Esprit cités par Paul, et distribués à chacun pour l'utilité commune dans l'église (1 Co 12.7). Ce don de prophétie sert avant tout à parler aux hommes, à édifier, à exhorter et à consoler (1 Co 14.3). Or, aujourd'hui, nous assistons à une gabegie de faussetés vers lesquelles les membres de nos églises courent, croyant pouvoir ainsi entendre ou recevoir ce qu'ils désirent. Un pasteur m'expliquait récemment qu'en fait, il s'agit, en milieu fétichiste, d'une suite logique de choses : Avant de se convertir, l'animiste avait coutume d'aller voir le féticheur quand il rencontrait un problème, quand il avait une décision à prendre, ou quand il avait fait un rêve ou un cauchemar, afin d'obtenir une réponse de la divinité par la parole du féticheur. S'étant converti, il escompte recevoir la même chose du pasteur et il va le voir pour obtenir l'explication, le conseil, la prophétie, ou recevoir une parole de Dieu. Comme le pasteur, rarement aujourd'hui rempli du Saint-Esprit, ne peut pas le satisfaire, il se tourne alors vers des prieurs, qui soit des hommes ayant vraiment reçu un don de Dieu et qui devrait l'exercer gratuitement dans l'église selon ce que dit le Seigneur :

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    « vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10.8), soit des fieffés charlatans qui vont se faire rémunérer pour leur bon ou mauvais service. Enfin, si le « chrétien » n'est pas satisfait, il retourne vers ses anciennes pratiques traditionnelles, et il syncrétise, tout en continuant à fréquenter l'église.

    Je continue en citant les faux apôtres, les faux pasteurs et les faux docteurs, tous autoproclamés mais pas seulement, car de nombreux loups déguisés en brebis se sont infiltrés dans nos institutions et propagent de faux enseignements qui polluent l'église. Jésus a dit : « vous les reconnaîtrez à leurs fruits » (Mt 7.16). Jésus voulait attirer notre attention sur la sainteté et le mode de vie de ceux qui se disent facilement « hommes de Dieu ».

    Dans son avidité de séduire les « chrétiens » ou « membres » de nos églises (il est vrai que l'on a souvent du mal à distinguer le véritable chrétien de celui qui ne l'est pas au sein de nos communautés), le diable utilise toutes sortes d'artifices plus ou moins grossiers. Je citerai les (fausses) paillettes d'or de Claudio Freidzon et de César Castellanos, les soi-disant plombages en or à Toronto, et aussi avec Anacondia, etc. Paul dit que « les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse, nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens » (1 Co 1.22-23) car la seule source de salut n'a pas besoin de faire miroiter des richesses humaines pour convaincre de sa divine et sainte présence.

    Vient ensuite l'adoration des anges avec Todd Bentley à Lakeland, laquelle, il faut le souligner, a été depuis longtemps précédée par la mariolâtrie catholique et le culte des saints. Paul dit : « Satan lui-même se déguise en ange de lumière » (2 Co 11.14). Les prétendues apparitions de Marie n'ont jamais glorifié Jésus, bien au contraire. C'est un détournement d'adoration dirigé par Satan. Les sanctuaires catholiques, à Lourdes ou ailleurs, sont tous bâtis pour glorifier Marie et détourner les croyants du culte qu'ils doivent rendre à Dieu seul. Toute cette mascarade est contraire à l'enseignement biblique que Jean rappelle dans sa

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    mésaventure : « Je tombai à ses pieds (de l'ange) ; mais il me dit : Garde-toi de le faire ! Je suis ton compagnon de service, et celui de tes frères qui ont le témoignage de Jésus. Adore Dieu. Car le témoignage de Jésus est celui de la prophétie. » (Ap 19.11).

    Je pourrais encore citer la fausse démonologie qui propage la doctrine erronée qu'un chrétien peut être possédé, ou encore que le malade a forcément un démon. Combien d'hérésies et de dégâts irréversibles n'ont pas été accomplis au nom de la démonologie ! Ajoutons la crédulité de bon nombre de chrétiens qui pensent qu'ils peuvent hériter de malédictions prononcées contre leurs ancêtres, car on ne leur a jamais appris à faire la différence entre les promesses divines réservées à Israël et celles destinées à l'Église de Jésus-Christ. Ils sont donc maintenus sous la Loi par nos pasteurs mal enseignés qui y croient de bonne foi.

    Je ne peux éviter de mentionner l'évangile de prospérité qui enrichit surtout les pasteurs aux dépens de leurs dupes, et qui a envahi quasiment toutes les églises africaines. À noter aussi la vente de fioles sensées contenir de l'huile sainte dont il faut asperger les murs et les fenêtres pour empêcher les démons d'entrer dans les maisons, ou asperger son véhicule pour éviter tout accident. Enfin, je ne peux manquer d'évoquer les prières, ou encore les bénédictions accordées à un chrétien pour lui-même, sa famille, ou ses affaires, moyennant une enveloppe bien rebondie. Un pasteur me témoignait récemment qu'un groupe de pasteurs étaient partis bénir la nouvelle maison d'un riche chrétien qui avait répudié sa femme, laquelle vivait désormais dans la pauvreté, et qui en avait pris une deuxième plus jeune. C'est de la simonie. C'est le retour aux indulgences, et cela existe chez nous, parce que certains pasteurs charnels sont emprisonnés dans leur vénalité.

    André Thomas-Brès avait dénoncé dans son livre « le voile recousu » tous les abus de l'église catholique, mais force est de constater que nos églises ont remis les chrétiens sous la loi. Le légalisme règne en maître dans nos églises.

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    A l'inverse, notamment parmi les jeunes, se développent diverses doctrines, telles que le relativisme, selon lequel les textes bibliques sont certes vrais, mais ils doivent être relativisés. Tout ne serait pas à prendre à la lettre. Il serait normal, selon ce courant, de mentir pour se tirer d'affaire, ou encore d'avoir des relations sexuelles avant le mariage, etc. En résumé, il faudrait vivre avec son temps.

    L'universalisme, quant à lui, prône qu'en fin de compte tout le monde sera sauvé. Le président Obama, qui se dit chrétien, avait lui-même déclaré qu'il croyait sincèrement que sa mère, musulmane, était sauvée, car ce qui compte avant tout, c'est de mener une vie remplie de charité et de bonnes actions. À quoi sert donc le sacrifice de Jésus, son sang coulé à la croix, qui nous sauve et nous rachète de nos péchés ? Il est vrai que le christianisme d'Obama peut laisser à douter puisqu'il vient de déclarer que, à son avis personnel, les homosexuels ont le droit naturel de se marier et d'adopter des enfants.218 Malheureusement, ses origines kényanes en ont fait pratiquement un dieu pour les Africains qui s'attendent toujours à des miracles sonnants et trébuchants de sa part. Ce faisant, il devient un modèle que beaucoup vont hélas suivre, dans tous ses dérèglements.

    IV. LES ASSEMBLÉES DE DIEU D'HIER ET D'AUJOURD'HUI

    A. Les Assemblées de Dieu

    Le réveil de la rue Azusa en 1906 a bouleversé le paysage évangélique des États-Unis. De nombreux pasteurs qui ont expérimenté le baptême du Saint-Esprit, se trouvèrent en difficulté dans leurs églises d'origine. Dès 1907, certains partirent évangéliser l'Inde, la Chine et l'Afrique. Mais cette progression de l'Évangile à l'intérieur comme à l'extérieur des États-Unis devait s'organiser afin de permettre le développement voulu par Dieu et assurer la

    218Tobin Grant and Sarah Pulliam Bailey.

    136

    pérennité de l'oeuvre. C'est en 1914, à Hot Springs, dans l'Arkansas, que 300 pasteurs pentecôtistes américains se réunirent et décidèrent de former une association simple pour laquelle ils prirent le nom de « Assemblies of God ». E. N. Bell, ancien pasteur baptiste de Fort Worth Texas, fut élu président, et le premier quartier général fut établi à St Louis, dans le Missouri.219 Depuis 1914, Dieu a toujours pourvu des ministères remplis de l'Esprit pour travailler dans l'unité et conduire cette merveilleuse oeuvre de Dieu malgré les nombreuses oppositions, ainsi que les vicissitudes et les turbulences qui se sont déchaînées sur notre monde pendant ce siècle dernier. C'est également Dieu qui a permis à cette organisation de rester dans la saine doctrine et de la répandre dans le monde entier afin de contribuer à l'accomplissement de ses promesses. Aujourd'hui, les AoG, et tous ses adhérents dans le monde, sont soumis à une dure pression satanique faite de persécutions, ainsi que de séductions diverses qui ont, hélas, été la cause de chutes et de démissions parmi plusieurs pasteurs. Aujourd'hui, la pression est grande, même aux États-Unis, avec la troisième vague qui commence à faire des ravages.

    B. Le Déclin Spirituel Actuel

    Il est important de préciser le thème de mon mémoire : Le déclin actuel n'est pas un déclin religieux : c'est un déclin spirituel. De tout temps, les hommes ont été religieux, rendant des cultes au vrai Dieu, à de faux dieux, à aussi à des humains, rois, césars, gourous, sportifs, artistes, etc. C'est ainsi que Paul a pu déclarer aux Athéniens : « Je vous trouve à tous égards extrêmement religieux » (Ac 17.22). Ici, nous parlons du déclin spirituel qui arrive quand les membres d'églises ne sont plus régénérés, quand ils ne connaissent pas Dieu intimement, quand ils ne lui obéissent pas par amour, et quand ils ne pratiquent pas sa parole, voire quand ils la méprisent. Les rapports et les analyses qui nous parviennent, et notamment

    219Donald Gee, Le feu de la pentecôte au 20ème siècle, (Craponne, France: Viens et Vois, 1988), 95.

    137

    du pays jusqu'alors le plus chrétien au monde, les États-Unis d'Amérique, confirment cette tragédie.

    1. Les Chiffres du Déclin

    Les États-Unis d'Amérique

    J'ai choisi ce grand pays pour une raison simple. Tout ce qui s'y fait en matière d'économie, de technologie et surtout de religieux s'exporte très rapidement dans le monde entier. Selon une large étude du Barna Research Group, une ONG non partisane, qui réalise des études statistiques dans le domaine religieux sous le couvert de Issachar Companies, la plupart des américains se disent être un peuple spirituel et chrétien. Toutefois, la réalité ne reflète pas leurs propos. Leur transformation spirituelle est souvent rare et brève. Les études ont démontré la rareté de la longévité de la transformation spirituelle dans la vie des chrétiens américains. Par exemple, parmi ceux qui se disent chrétiens, un cinquième seulement disent dépendre entièrement de Dieu. Un cinquième dit que la seule plus grande décision de leur vie a seulement été d'inviter Jésus-Christ dans leur vie et de l'accepter comme leur Sauveur. Et un sixième seulement déclare être entièrement impliqué dans un développement spirituel personnel. En réalité, l'étude démontre que la grande majorité des chrétiens ne comprend simplement pas les défis auxquels elle doit faire face dans sa démarche spirituelle. C'est ainsi que Barna a pu identifier quatre obstacles majeurs qui affectent la transformation spirituelle des chrétiens : (1) Un manque d'engagement : 18% seulement déclarent être totalement engagé dans leur développement spirituel ; (2) un refus de se repentir pleinement : 64% disent s'être repenti lors de leur conversion, mais en réalité 12% seulement connaissent vraiment le sens et la signification de leurs péchés, et 3% seulement déclarent s'être entièrement placé sous le contrôle et la volonté de Dieu ; (3) le développement confus d'activités pour une bonne croissance spirituelle : si 39% déclarent avoir au moins trois activités religieuses dans la semaine (culte, prière, lecture de la Bible), 10% seulement ont

    138

    témoigné de leur foi, ou ont exceptionnellement jeûné, ou ont eu des temps de méditation prolongée dans la semaine ; (4) enfin l'échec d'un engagement permanent dans une communauté spirituelle sérieuse : beaucoup de chrétiens autoproclamés ne prennent pas leur communauté religieuse au sérieux. 21% seulement croient que la maturité spirituelle nécessite un lien vital avec une communauté de croyants, mais 35% disent avoir simplement confessé leurs péchés à un autre croyant il y a quelques temps déjà.220

    Selon David Briggs commentant la dernière étude de Faith Communities Today, le pourcentage des congrégations US qui reportent habituellement une grande vitalité spirituelle a grandement décliné, tombant de 43% en 2005, à 28% en 2010. La chute a été accompagnée d'un déclin de l'emphase donnée aux pratiques spirituelles habituelles comme la prière et la lecture de la Parole, touchant presque tous les groupes parmi les blancs évangéliques et les congrégations de 1.000 membres et plus. Les raisons sont variables : le déclin de la santé financière dû à la présente récession sape le moral des chrétiens ; les chrétiens vieillissants sont moins enclins à accepter les nouvelles formes de culte ; et certaines dénominations ont mis une emphase sur des programmes de service social au lieu du développement de la piété personnelle. David Roozen rapporte que la perte de moral crée un environnement comme si « Dieu était absent de cet endroit ». D'autre part, l'emphase mise sur le développement de programmes sociaux semble être le point crucial du déclin spirituel actuel, notamment auprès de personnes d'un certain âge, qui réclament plus d'attention à leur croissance spirituelle.221

    Un autre problème est soulevé par David Kinnaman, président de Barna : la jeunesse fuit l'Église. Et il donne six raisons pour cela : (1) L'isolationnisme : 1/4 des jeunes de 18 à 29 ans dit que l'église diabolise tout ce qui est extérieur à l'église, incluant la musique, les

    220George Barna, "Maximizing Spiritual Change" www.barna.org (consulté le 09 octobre, 2012).

    221David Briggs, "Religious but not spiritual: The High Cost of Ignoring Personal Piety," http://blogs.thearda.com/trend/featured/religious-but-not-spiritual-the-high-cost-ofèignoring-personal-piety (Consulté le 10 avril, 2012).

    2012.

    139

    films, la culture, et la technologie qui définit leur génération ; (2) le manque de profondeur spirituelle de l'église : 1/3 trouve l'église ennuyante ; 1/4 pense que la foi est sans importance et que l'enseignement biblique n'est pas clair ; 1/5 trouve que Dieu est absent de leur expérience ecclésiale ; (3) l'antiscience : Près d'un tiers déclare que l'église est dépassée par les développements et le débat scientifiques ; (4) le sexe : l'Église est perçue comme simpliste et pleine de jugement. Pour 1/5 ou plus, une philosophie du « simple non » est insuffisante dans ce monde techno-porno. Les jeunes chrétiens sont aussi sexuellement actifs que les non-chrétiens et beaucoup se considèrent mal-jugés ; (5) l'exclusivisme : 30% des jeunes pensent que leur église est trop exclusive et jugent qu'ils sont forcés de choisir entre leur foi et leurs amis ; (6) les incrédules : 1/3 des jeunes estiment que l'église n'est pas un lieu sûr pour exprimer ses doutes, et 1/4 d'entre eux ont de sérieux doutes dont ils aimeraient discuter.222

    Il existe actuellement un sérieux exode de la jeunesse. 60% des jeunes quittent l'église souvent de façon permanente et définitive à partir de l'âge de 15 ans. De plus, la plupart des jeunes adultes se marient de plus en plus tard, ce qui a tendance à bouleverser certaines moeurs. De plus en plus de chrétiens sont devenus si dépendants technologiquement, qu'ils participent au culte de plus en plus par TV et Internet interposés. Or, les responsables religieux ne sont absolument pas préparés à traiter avec cette nouvelle normalité. Leurs réponses se situent souvent aux extrêmes. Certains vont jusqu'à rejeter les membres âgés pour rebâtir l'église sur des concepts différentes pour attirer la jeunesse, d'autres pensent qu'il faut laisser faire, dans l'espoir que les chrétiens actuels éduqueront d'une manière différente leurs propres enfants qui retrouveront alors le chemin de l'église.

    Ce que nous découvrons ici de l'état de l'église américaine infecte déjà l'église dans de nombreux pays. Puisse le Seigneur donner la sagesse nécessaire à nos dirigeants spirituels

    222David Kinnaman, "Six Reasons Young People Leave the Church" Leadership Journal, 23 janvier,

    140

    pour gérer cette nouvelle situation ! Puissent-ils eux-mêmes être sensibles à la voix de l'Esprit pour apporter les solutions divines face à ce danger !

    Les Assemblies of God (AoG) aux États-Unis

    Les AoG furent constituées en 1914 à la suite du réveil d'Azusa et ne cessèrent de progresser dès lors, accomplissant un travail remarquable, tant à l'intérieur des États-Unis que sur le champ missionnaire. Dans les années 1980, les AoG connurent aux États-Unis, une expansion rapide due essentiellement à son travail de proximité auprès de la communauté hispanique qui représente depuis environ 15% des AoG des États-Unis. Il en fut de même avec une forte progression asiatique qui amena la création d'un premier district coréen des AoG. Ceci compensa la baisse des participants de race blanche. Par ailleurs, les AoG eurent à subir vers la fin des années 1980, deux scandales nationaux avec la chute de deux pasteurs réputés, Jimmy Swaggart et Jim Bakker. Malgré un effort peu rétribué d'évangélisation dans les années 1990 appelé la « décennie de la moisson », la croissance est descendue depuis 2003 à un rythme annuel d'environ 1%. Plusieurs mini-réveils ont toutefois été signalés, à ne pas confondre avec celui controversé de Brownsville-Pensacola en Floride. Bien que soutenu par la direction à Springfield, il a été largement critiqué tant à l'intérieur des AoG qu'à l'extérieur, comme étant une suite de Toronto et dans le cadre de la troisième vague, comme nous l'avons vu auparavant.

    Notre analyse des statistiques ne permet pas bien sûr de refléter le déclin spirituel amené par ces séductions diaboliques et les hérésies qui les accompagnent. Toutefois, elles permettent de jeter un regard sur la situation de l'église des AoG à un instant précis. Les statistiques utilisées ici proviennent directement du bureau du Secrétaire Général des AoG à Springfield :

    141

    1) Évolution mondiale du nombre des Églises AoG et de leurs adhérents.

    Aux États-Unis, le nombre d'églises est passé de 11.004 en 1987 à 12.457 en 2010, soit une augmentation de 13% en 23 ans. En même temps, le nombre d'adhérents à augmenté de 50%, passant de 2.160.667 à 3.030.944.

    Dans la même période, la progression a été plus prononcée si on y inclut les pays partenaires, ce qui permet d'avoir une vision mondiale des Assemblées de Dieu. Ici, le nombre d'églises est passé de 115.623 en 1987 à 338.472 en 2012, soit une augmentation de 192% en 23 ans. Et le nombre d'adhérents est passé de 15.816.435 à 55.699.506, soit une augmentation de 252%.

    Toutefois, lorsque nous regardons l'évolution mondiale depuis 2003, l'année 2004 a connu une progression de 3,6% (USA seul : 1,8%), 2005 une progression de 4,2% (USA seul : 1,8%), 2006 une progression de 4,2% (USA seul : 0,19%), 2007 une progression de 5,3% (USA seul : 0,95%), 2008 une progression de 2,5% (USA seul : 1,27%), 2009 une progression de 2,5% (USA seul : 0,51%), et 2010 une progression mondiale de 1,6% (USA seul : 3,84%).

    Nous constatons que la progression numérique aux États-Unis est faible, voire quasi stagnante, surtout si nous considérons le fort développement de l'implantation hispanophone et asiatique dans les AoG des États-Unis.

    L'augmentation est plus forte sur un plan mondial. Toutefois, l'influence de la troisième vague (mouvement de foi, évangile de prospérité, etc.) est d'ores et déjà si implantée dans les pays du tiers monde qu'il est difficile de chiffrer l'état réel des vraies conversions dans ces pays. Sont-ce des conversions ou simplement des adhésions par intérêt ?

    142

    2) Églises AoG, membres, adhérents et ministres de 1960 à 2008.

    Une analyse rapide montre le grand écart entre les membres et les adhérents, ces derniers grandissant avec les années. En effet, nous constatons les écarts suivants :

    Année

    Membres

    Adhérents

    Écarts

    %

    1975

    850.362

    1.239.197

    388.835

    46%

    1980

    1.064.490

    1.732.371

    667.991

    63%

    1985

    1.235.403

    2.082.878

    847.475

    69%

    1990

    1.298.121

    2.181.502

    883.381

    68%

    1995

    1.377.320

    2.387.982

    1.010.662

    73%

    2000

    1.506.834

    2.577.560

    1.070.726

    71%

    2005

    1.612.336

    2.830.861

    1.218.525

    76%

    2009

    1.710.560

    2.914.669

    1.204.109

    70%

     

    Notons ici un pourcentage grandissant d'année en année d'adhérents qui ne deviennent pas membres. Il serait intéressant de poursuivre cette étude afin de déterminer les raisons de ces écarts. Ces adhérents non-membres sont-ils des fidèles qui refusent de s'engager ? Ou sont-ce des papillons qui vont d'église en église, courant toujours après les nouveautés ? La question demeure ouverte.

    3) Ouverture et fermeture d'églises AoG aux États-Unis.

    L'analyse de ces statistiques sur les ouvertures et fermetures d'églises AoG aux États-Unis, durant la période allant de 1965 à 2009, nous permet de constater une progression d'ouvertures d'églises durant les années 80. Par contre, ces dernières années amorcent un déclin, avec des chiffres affichant une baisse de 15,6% des ouvertures de nouvelles églises entre 1999 et 2009.

    143

    4) Participation aux cultes du dimanche matin / églises AoG aux États-Unis.

    Une comparaison entre le nombre de participants aux cultes du dimanche matin fait apparaître une baisse régulière du taux de participation au culte d'adoration du dimanche matin.

    Année

    Membres

    Adhérents

    Participants

    % membres

    % adhérents

    1980

    1.064.490

    1.732.371

    1.234.078

    116%

    71%

    1985

    1.235.403

    2.082.878

    1.442.296

    116%

    69%

    1990

    1.298.121

    2.181.502

    1.460.248

    112%

    67%

    1995

    1.377.320

    2.387.982

    1.531.003

    111%

    64%

    2000

    1.506.834

    2.577.560

    1.637.665

    108%

    63%

    2005

    1.612.336

    2.830.861

    1.752.793

    108%

    61%

    2009

    1.710.560

    2.914.669

    1.827.302

    106%

    62%

     

    De même, on note une baisse de 47% de la fréquentation des cultes du soir entre les années 1999 et 2009, avec une tendance continue à la baisse.

    5) Statistiques AoG US : comparaisons 1999-2009.

    Ce tableau compare les données entre l'année 1999 et l'année 2009, soit les écarts sur une période de 10 ans. Nous constatons là aussi un déclin spirituel certain :

     

    1999

    2009

    Écarts

    % d'écart

    Adhérents

    2.574.531

    2.914.669

    340.138

    + 13.2%

    Membres

    1.492.196

    1.710.560

    218.364

    + 14.6%

    Conversions

    534.635

    440.803

    - 93.832

    - 17.6%

    Baptêmes d'eau

    131.851

    121.212

    - 10.639

    - 8.1%

    Baptêmes d'Esprit

    98.080

    85.230

    - 12.850

    - 13.1%

    144

    6) Statistiques du nombre de pasteurs par tranches d'âge.

    Les chiffres exposés laissent entrevoir des successions qui pourraient être difficiles, notamment dans le cadre de l'influence de la « troisième vague ». En effet, sur un total de 34.504 ministères inscrits, 25% se situent dans la tranche au-delà de 65 ans, et 9,4% se situent dans la tranche de 60 à 65 ans. C'est donc un total de plus du tiers des ministères qui ont plus de 60 ans.

    En résumé, même si le déclin spirituel des AoG est moindre que celui constaté dans la majorité des autres dénominations évangéliques américaines, les chiffres rapportés ci-dessus doivent nous alarmer. Nous constatons en effet une forte progression du nombre d'adhérents, dont une large majorité semble ne pas vouloir s'engager plus loin, ce qui est significatif du constat fait nationalement. D'autre part, les chiffres révèlent un écart grandissant, année après année, entre le nombre des conversions, des baptêmes d'eau, et des baptêmes du Saint-Esprit, comme nous le retrouvons ci-après :

    Année

    Conversions

    Baptêmes %

    d'eau /convers

    Baptêmes %

    du Saint-Esprit /conv

    %

    /bapt eau

    1980

    222.896

    105.096

    47%

    70.130

    31%

    66%

    1985

    249.014

    97.217

    39%

    80.396

    32%

    82%

    1990

    319.558

    91.900

    29%

    76.989

    24%

    83%

    1995

    384.057

    100.955

    26%

    78.687

    20%

    78%

    2000

    486.339

    119.584

    24%

    88.957

    18%

    74%

    2005

    453.420

    118.838

    26%

    90.238

    20%

    75%

    2009

    440.803

    121.212

    27%

    85.230

    19%

    70%

    Cette étude est révélatrice d'un problème grandissant entre les conversions et les baptêmes d'eau ainsi que les baptêmes du Saint-Esprit. Si nous considérons le total des trois chiffres sur 31 ans, de 1979 à 2009, nous trouvons les écarts suivants, encore plus édifiants :

    145

    30.

    Total 31 ans Moyenne % %

    Annuelle /conv /bapt eau

    Conversions

    11.251.402

    362.948

     
     

    Baptêmes d'eau

    3.332.187

    107.490

    29,6%

     

    Baptêmes du Saint-Esprit

    2.560.837

    82.607

    22,76%

    76,85%

    On constate que sur une période de 31 ans, seuls 29,6% des convertis ont pris leur baptême d'eau. D'autre part, si on considère le nombre des membres et même des adhérents des AoG, on déduit aisément qu'un pourcentage énorme des conversions n'est pas allé très loin, ce qui permet de soulever plusieurs hypothèses : Étaient-ce de vraies conversions ? Le suivi des nouveaux est-il bien assuré par les pasteurs et les anciens en place ? De toute évidence, il y a un problème qui ne s'améliore pas au fil des années et qui laisse douter de la capacité de résistance des AoG face à la puissante montée de la troisième vague et de l'apostasie annoncée par les Saintes Écritures.

    Les Assemblées de Dieu de France

    Après de nombreux petits feux de réveil ici et là, faisant suite au réveil du Pays de Galles, Dieu suscita un homme, Douglas R. Scott et son épouse Clarice, membres de l'Alliance Évangélique Elim et influencés par George Jeffreys, à se rendre en France en 1930 pour y apporter le réveil de la Pentecôte.223 La mentalité et le climat religieux de la France étaient empreints de siècles de domination catholique romaine, et l'influence du siècle des lumières. Ils sont de ce fait très différents de ceux qui préexistaient dans les pays protestants. Les débuts furent de ce fait difficiles, puisqu'en 1937, on recense 17 villes ayant des salles de réunion dédiées à la prédication du plein évangile, avec un total de 2.071 membres baptisés.

    223George R. Stotts, Le pentecôtisme au pays de Voltaire, (Craponne: Association Viens et Vois, 1981),

    226Douglas Jeter. Le retour à une foi simple. Les Assemblées de Dieu et la communication de l'Évangile. Thèse de Doctorat, Université de Paris IV La Sorbonne, 2000.

    146

    Mais les progrès étaient là et en 1938, on comptait 40 villes touchées par le réveil.224 Hélas la deuxième guerre mondiale éclata en 1939, et apporta un temps d'arrêt à l'expansion de l'oeuvre, même si cette dernière continuait.

    Notons que, dès les débuts du mouvement de Pentecôte en France, Douglas Scott eut la grande sagesse de confier la direction aux Français qui l'ont jalousement préservée de tout contrôle étranger. Ceci a sans doute permis la poursuite de l'oeuvre pendant l'occupation allemande.

    Georges Stotts rapporte qu'en 1972, il n'y avait, sur un à deux millions de protestants français, que 50.000 pentecôtistes baptisés.225 Nous devons néanmoins tenir compte du fait que les ADD de France ne baptisent que des croyants adultes, ce qui ramènerait le nombre des sympathisants pentecôtistes à environ 200.000 à cette époque.

    Douglas Jeter rapporte, dans sa thèse de doctorat réalisée à la Sorbonne, les éléments de son étude faite en 1997. Il relève un total de 39.546 membres baptisés en métropole, et 22.526 membres baptisés dans les départements et territoires d'outre-mer, soit un total pour la France de 62.072 membres baptisés. Si l'on ajoute les enfants et les adolescents non baptisés, le chiffre atteint un total de 90.000 fréquentant les cultes.226 Comparativement à 1972, nous voyons que la progression rapide des années après-guerre s'est déjà ralentie. Les ADD ont progressé de 24% entre 1972 à 1997, soit en 25 ans, mais aujourd'hui, le chiffre de membres baptisés avoisine les 60.000 membres, ce qui reflète pour le moins une forte stagnation.

    Le mouvement de Pentecôte en France a exercé une profonde influence dans trois domaines : (1) Il s'est implanté dans la classe ouvrière, (2) Il a pénétré parmi les Tsiganes, (3) il a donné une impulsion spirituelle nouvelle au sein des églises protestantes. Malgré cela,

    224Stotts, 183-184. 225Ibid., 65.

    147

    aujourd'hui, hormis le mouvement tsigane qui compte près de 100.000 membres, le nombre de membres de l'Église des Assemblées de Dieu de France n'a pas réellement évolué depuis trente ans.

    Une analyse de la croissance du mouvement de Pentecôte en France indique que, pendant les trente à cinquante premières années, le taux de croissance a été extraordinaire. Toutefois la question est posée, de savoir si le « pentecôtisme français n'approche pas de son apogée. »227 Comme le soulignait le Pasteur Marc Philippe, président de la Mission Intérieure des ADD, les nouveaux convertis ne font que remplacer ceux qui partent pour la patrie céleste. Par ailleurs, hormis une grande fidélité doctrinale, l'Église connaît le même marasme qu'ailleurs dans le monde, à savoir un déclin spirituel, tout en conservant ses pratiques religieuses.

    La réponse se trouve peut-être dans le dernier entretien donné par Douglas Scott en 1966, un an avant sa mort. Interrogé sur l'avenir du mouvement en France, il répondit qu'à son avis, l'avenir dépendrait de la façon dont les Français continueraient à se « laisser conduire par l'Esprit. » S'ils le refusaient, dit-il, le résultat serait le même que pour les réveils passés. Le mouvement deviendrait statique ; il ne serait donc plus un mouvement, mais un monument.228

    Les AD en Afrique et au Burkina Faso

    Trouver des statistiques fiables pour le pentecôtisme africain relève du parcours du combattant. En effet, un grand nombre d'églises sont plus ou moins affiliées à la « troisième vague », notamment dans les pays à forte tendance pentecôtiste tel le Nigéria, ce qui rend la

    227Jesse Lyman Hurlbut, L'histoire de l'Eglise chrétienne, (Deerfield, Floride : Vida, 1988), 203. 228Hurlbut, 203.

    229Etienne P. Zongo, Bible College Lectures on the History of the Assemblies of God of Burkina Faso, (Thèse de Doctorat, Springfield, MI: Assemblies of God Theological Seminary, 2003), 167.

    148

    chose encore plus difficile. Je me limiterai donc à l'étude des quelques statistiques que j'ai pu me procurer sur les Assemblées de Dieu (AD) en Afrique puis au Burkina Faso.

    Dans sa thèse de Doctorat, le Docteur Zongo P. Etienne relève les chiffres des AD africaines, pour la période de la décennie de la moisson pour l'Afrique, comme suit229 :

    Catégorie

    1989

    1999

    Croissance

    Églises locales

    11.688

    24.476

    + 12.788

    Pasteurs reconnus

    9.827

    25.452

    + 15.625

    Écoles bibliques

    58

    76

    + 18

    Nb d'étudiants

    4.055

    13.109

    + 9.154

    Membres

    2.140.202

    8.077.333

    + 5.937.131

    Au Burkina Faso, l'oeuvre a commencé en 1921 par l'arrivée des missionnaires américains. Le Dr Zongo P. Etienne a relevé dans sa thèse de doctorat un nombre important de mini-réveils depuis l'année 1931 à Kaya, puis en 1933 à Yako, en 1951 à l'École Biblique de Koubri, en 1952 dans l'enceinte du collège protestant de Tanghin Barrage, puis encore en 1960, 1961 et 1965. En ce qui concerne la décennie de la moisson, les chiffres avancés pour la même période ont été les suivants :

    Catégorie

    1989

    1999

    Croissance

    Églises locales

    1.115

    2.119

    + 1.004

    Pasteurs reconnus

    1.186

    2.418

    + 1.232

    Écoles bibliques

    4

    6

    + 2

    Membres

    271.830

    524.106

    + 252.276

    149

    De son côté, Laurent rapporte que selon le Pasteur Ouedraogo Jean Pawentaoré, ancien président des AD du Burkina Faso, l'Eglise comptait 400.000 fidèles en 1996 et 450.000 en 2001.230

    Toutefois, de récentes statistiques émanant du Conseil National des Assemblées de

    Dieu du Burkina Faso donnent les résultats suivants :

     

    Catégories

    Décembre 2010

    Décembre 2011

    Pasteurs

    3.432

    3.579

    Églises

    3.016

    3.100

    Membres

    339.216

    356.779

    Baptêmes d'eau

    164.001

    178.917

    Baptêmes du Saint-Esprit

    89.651

    95.342

    Participants leçon dimanche

    157.906

    164.847

    Ces chiffres, relevés à partir de statistiques réalisées par les Conseils Régionaux AD des diverses régions du Burkina Faso, permettent de tirer quelques conclusions. Tout d'abord, je constate un écart important entre le nombre de baptisés d'eau par rapport au nombre de membres : 48% en 2010 et 50% en 2011. De plus l'écart se creuse entre les baptisés du Saint-Esprit et les membres : 26% en 2010 et 27 % en 2011, et entre les baptisés d'eau et les baptisés du Saint-Esprit : 54% en 2010 et 53% en 2011. Ces chiffres doivent nous amener à nous poser plusieurs questions : Pourquoi les membres non baptisés ne prennent pas leur baptême d'eau ? Pourquoi les membres baptisés d'eau ne sont pas baptisés du Saint-Esprit ? Nous avons vu à ce propos que le nombre de baptisés du Saint-Esprit parmi les baptisés d'eau se situait entre 70 et 80% aux AoG des États-Unis. Une autre question est l'absence quasi

    230Pierre-Joseph Laurent, Les pentecôtistes du Burkina Faso, mariage, pouvoir et guérison, (Paris, France: IRD Éditions, 2003), 29.

    150

    généralisée des dons spirituels dans les églises qui annoncent pourtant des statistiques importantes en baptêmes du Saint-Esprit. Sommes-nous surs de parler de la même chose ?

    2. Le Début de l'apostasie

    Un des signes les plus évidents du déclin spirituel est l'apathie, l'endormissement, et l'indifférence envers l'état de la Maison de Dieu, envers la parole de Dieu, et envers la présence de Dieu. Cet état d'esprit submerge le pasteur, le croyant, voire toute l'assemblée, avant même qu'ils se rendent compte que quelque chose ne va pas. Ce déclin est en réalité l'un des premiers signes de l'apostasie dont nous parle la parole de Dieu. Il vient lorsque le refus implicite ou explicite de l'autorité de la parole se répand dans toute l'Église. Trop de pasteurs restent silencieux sur le péché. Ils n'appellent plus les fidèles à la repentance. Au lieu de cela, ils prêchent un évangile "politiquement correct", celui de la "tolérance". Selon Ralph Martin :

    Même quand on ne rejette pas clairement, sur un plan intellectuel, les enseignements uniques et absolus de Jésus-Christ, on entretient un mélange spirituel de vérité et d'erreur qui favorise le rejet émotionnel implicite de ces enseignements. Cela crée une atmosphère qui vide le Christianisme de toute sa puissance, aussi efficacement que si l'on avait ouvertement plongé dans l'apostasie. Si l'on ne proclame plus clairement les enseignements uniques et absolus de Christ, la foi se corrompt, le culte rendu à Dieu se pervertit et s'affaiblit, et l'on cesse d'annoncer l'Évangile.231

    De plus en plus de pasteurs manquent de courage et font preuve d'un laxisme étrange. Ils restent silencieux devant le péché et les iniquités frappantes qui se déroulent sous leurs yeux. Ils se taisent dans l'église et évitent de prêcher sur certains sujets délicats parce qu'ils connaissent les situations critiques de certains de leurs membres qui ne veulent pas entendre ce qui pourrait troubler leur fausse sécurité. Ces membres sont d'ailleurs parfois des proches, des amis, des membres du clan ou du village, des collaborateurs, ou des gens importants.

    231Ralph Martin, A Crisis of Truth, (Ann Arbor, Michigan: Servant Books, 1982), 21.

    151

    Parfois, le pasteur agit ainsi pour des raisons de subsistance. Intéressé, il craint de perdre ses plus gros contributeurs s'il aborde certains sujets controversés. Cela tient pour le moins de la simonie.

    Un autre signe du déclin vient de la facilité avec laquelle les chrétiens peuvent croire n'importe qui et n'importe quoi. Le manque d'enseignement biblique et la difficulté pour beaucoup de s'enseigner soi-même, par manque de temps ou tout simplement à cause de l'illettrisme fortement implanté dans les pays à forte poussée évangélique, conduisent les chrétiens à se confier souvent aveuglément à leurs conducteurs spirituels. Comme beaucoup de ces derniers n'ont pas eu d'enseignement doctrinal poussé et en sont encore au lait spirituel, ils ne peuvent pas emmener les chrétiens plus loin qu'ils ne le sont eux-mêmes. Cet état de fait conduit donc souvent à des déviations, à l'acceptation de tout vent de doctrine, au syncrétisme, et au déclin de l'église. Ce fait est souvent constaté lors de la venue, dans l'église ou ailleurs, d'un pasteur ou évangéliste réputé qui va multiplier les erreurs doctrinales voire carrément des hérésies, mais qui sera davantage cru et écouté que le pasteur principal de l'église. Ce dernier souvent n'osera pas reprendre en public celui qu'il a lui-même invité.

    3. Le Déclin de l'Autorité de Christ dans l'Église

    Jésus a dit qu'il bâtira son Eglise (Mt 16.18). Or, nous constatons aujourd'hui que Jésus-Christ n'a pratiquement plus d'autorité au milieu de ceux qui se réclament de son nom. Or, c'est Jésus qui a reçu tout pouvoir dans le ciel et sur la terre (Mt 28.18). Dieu le Père a tout mis sous ses pieds, et l'a donné pour chef suprême à l'Église (Ep 1.22). C'est une doctrine fondamentale du Nouveau Testament. Toute autorité lui a été donnée, mais elle est contestée par le monde, et malheureusement aujourd'hui ignorée par l'Église. On le fête, on le loue, mais lorsque des décisions importantes sont à prendre, la raison humaine l'emporte. Christ n'a plus d'autorité. Dans nos églises, tous proclament le nom de Jésus, surtout dans les prières, lors d'inlassables « au nom de Jésus » comme une formule magique ou un mantra

    152

    bouddhiste, mais dans les réunions de prière, on recherche le Saint-Esprit. Ce n'est plus Jésus le Maître, mais le Saint-Esprit faiseur de miracles. On ne cherche pas la sainteté mais la puissance. Il serait temps de rétablir la saine doctrine sur le Saint-Esprit. Dans les conseils d'église, les décisions sont prises sur des raisonnements humains. Quel conseil d'église consulte vraiment les paroles du Seigneur avant de prendre une décision, ou s'appuie sur un passage de l'Écriture pour appuyer ses arguments ? Quelle structure d'église consulte la parole de Dieu pour y prendre ses directives ? Les décisions ne sont-elles pas déjà prises avant que l'on demande de prier pour demander l'aide de Dieu pour réaliser les plans ? J'ai personnellement connu plusieurs cas de pasteurs qui avaient reçu un réel appel missionnaire pour un pays bien précis, mais qui ont été dirigé vers un autre pays parce que le Comité missionnaire l'a décidé ainsi. Il en va de même dans la vie des membres ; ce n'est pas Christ qui prend les décisions, c'est quelqu'un d'autre. En réalité, nous sommes prêts à prier toute la nuit pour que Dieu donne du succès à nos entreprises, celles que nous avons décidées, mais tout ce que nous désirons, c'est que Christ nous aide, sans être notre Seigneur. On définit des moyens humains pour atteindre des buts que l'on considère divins, on en fait des priorités, et à partir de là, le Seigneur n'a plus droit au vote. Malheureusement, l'église doit lutter aujourd'hui sur deux fronts : d'une part, la puissance des habitudes, des précédents, des coutumes et des traditions, d'autre part, l'influence grandissante de la société dans l'église, notamment dans les nouvelles générations, troisième ou quatrième évoquées précédemment. Déjà, Israël s'était ainsi détourné de Dieu : « Ils dirent à Samuel : Voici, tu es vieux. . . .Établis sur nous un roi pour nous juger, comme il y en a dans toutes les nations » (1 S 8.5).

    Avant son départ pour la patrie céleste, David Wilkerson rappelait l'avertissement prophétique du frère Frank Bartleman, pionnier de la rue Azusa. Il concerne le danger d'une Pentecôte sans Christ. Il donna cet avertissement :

    233Ibid.

    153

    Il est possible de voir les gens louer Dieu et lever les mains, et cependant que Christ marche parmi eux comme un étranger. . . .Permettez-moi de vous donner trois manières dont nous faisons de Christ un étranger parmi nous. . . .1. Nous faisons de Christ un étranger quand nous donnons au Saint-Esprit la prééminence sur lui. . . .2. On fait de Christ un étranger quand on le loue mais qu'on ne le prie pas. . . .3. Nous faisons de Christ un étranger parmi nous quand nous désirons sa puissance davantage que sa pureté.232

    David Wilkerson ajoute :

    Nous ne sommes pas prêts pour la venue de Christ ! Est-ce là une Église triomphante ? Convoitises, divorces, esprit mondain, recherche du matériel et du succès, tiédeur, adultères ! Riche et cherchant toujours à augmenter ses biens, inconscients de son aveuglement spirituel et de sa pauvreté ; aimant le plaisir, recherchant les loisirs, consumée d'ardeur pour le sport, la politique et le pouvoir. . . Est-ce là l'Église que Jésus vient chercher ? Coiffée d'hypocrisie, remplie de crainte et d'anxiété, ne cherchant que la santé et le bonheur terrestre ?233

    Quand, après la fête de Pâque, Joseph et Marie quittèrent Jérusalem, Jésus y resta. Ses parents terrestres croyaient que Jésus était avec eux, quelque part parmi les compagnons de route. S'étant aperçu, au bout d'une journée, qu'il était absent, ils retournèrent à Jérusalem et mirent trois jours pour le retrouver. Jésus était dans le Temple, dans la maison de Dieu (Lc 2.41-46). Combien de responsables, de serviteurs et de chrétiens, se trompent et croient, comme Joseph et Marie, que Jésus est toujours avec eux ? Est-ce qu'ils ne devraient pas, eux aussi, faire demi-tour, et retourner dans le sanctuaire, aux pieds de la croix, pour retrouver Jésus et sa communion ?

    Dans son journal intime, Franck Bartleman a voulu nous laisser un témoignage vivant de certaines possibilités de dérives qu'il avait déjà constatées à Azusa. Il nous prévient :

    Dès les débuts de l'oeuvre pentecôtiste, l'Esprit m'a beaucoup enseigné sur le fait que Jésus ne devait en aucun cas être amoindri, "perdu dans le temple", soit à cause de l'exaltation du Saint-Esprit, soit à cause des dons de l'Esprit. Il pouvait y

    232David Wilkerson, "Une pentecôte sans Christ," http://www.voxdei.org/afficher_texte.php?id=1049.2 (consulté le 04 septembre, 2008).

    234Frank Bartleman, Une autre vague déferle, (Saint-Hubert, Québec: Éditions Ministères Multilingues, 1997), 93.

    154

    avoir un grand danger à perdre de vue le fait que Jésus était tout en tous. . . . Tout vient par lui et en lui. Le Saint-Esprit est donné pour "révéler Christ". L'oeuvre du Calvaire et l'expiation doivent être le centre de notre considération. Le Saint-Esprit n'enlève jamais notre attention de Christ pour la placer sur lui-même, mais plutôt il nous révèle Christ d'une manière plus complète. Nous faisons face au même danger aujourd'hui.234

    C. Les Raisons du Déclin Spirituel Actuel

    1. Le Déclin des Ministères

    La cause majeure du déclin des églises réside dans le fait que les ministères se sont laissés distraire des responsabilités qu'ils auraient dû exercer. Le remède ne sera pas loin d'être trouvé quand ces ministères auront compris que leur priorité absolue est d'être eux-mêmes profondément spirituels, complètement réveillés et d'aplomb sur la parole de Dieu. Les apôtres l'avaient bien compris : « Il n'est pas convenable que nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables. . . .Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de la Parole » (Lc 2.41-46). Les causes du déclin spirituel sont multiples. Toutefois, chaque serviteur de Dieu devrait d'abord reconsidérer son propre état spirituel. Un dicton japonais dit que : « Le poisson commence toujours par sentir mauvais par la tête. » Pourquoi ne pas faire un parallèle en disant que si l'église ne va pas bien, la raison première est à chercher chez les pasteurs et les responsables de l'église. Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous admettrons notre manque de sanctification personnelle et d'onction fraîche. Nous n'avons pas assez de sainteté dans notre vie, ni de renoncement à nous-mêmes. Nous ne recherchons pas Jésus pour lui-même, ni sa parole pour nous-mêmes, ni le revêtement de puissance pour servir l'église. Nous ne passons pas assez de temps aux pieds du Maître. En réalité, les ministères sont beaucoup trop occupés par toutes sortes de choses qui les ont distraits de l'oeuvre fondamentale de la conversion des pécheurs et de la

    155

    sanctification des chrétiens. Nul ne peut nier le souci des ministères, dans certains pays émergents, de pourvoir aux besoins existentiels de leur famille, et donc de leur obligation d'une activité rémunérée. Toutefois, il faut aussi admettre que, dans une large mesure, beaucoup se sont égarés dans de vaines disputes, consacrant leur énergie au gouvernement de l'église, à toutes sortes de procédures ecclésiastiques, à la gestion de conflits doctrinaux et combien d'autres encore. Souvent, ils recherchent l'harmonie à tout prix, le consensus ou une fausse paix, entraînant ainsi compromis et compromissions, afin de ne pas perdre la face ni de la faire perdre à celui dont ils auront peut-être besoin un jour. Enfin, hélas, certains perdent leur temps à courir après les biens terrestres, et à satisfaire leurs ambitions personnelles.

    En fait, il semble évident que les ministères n'accomplissent pas la mission pour laquelle ils ont été appelés, s'ils l'ont jamais été, car beaucoup ont recherché le titre, les honneurs, et, il faut bien l'avouer, les gains que pourraient rapporter la « vocation ». Rappelons combien la responsabilité que le Grand Berger des brebis nous a confiée est grande, de conduire le troupeau du Seigneur dans les verts pâturages, auprès des eaux tranquilles. Hélas, au lieu de cela, si les serviteurs ne sont pas totalement consacrés à Jésus, s'ils ne sont pas oints du Saint-Esprit, s'ils ne sont pas remplis de foi ni de puissance, ils ne pourront pas conduire le troupeau vers la liberté et la maturité en Christ, mais ils le ramèneront sous un esprit de contrôle, dans le légalisme, dans le sectarisme, dans le mysticisme ; ils le laisseront nu et orphelin, exposé à tout vent de doctrine, et vulnérable dans ce temps d'apostasie que nous vivons actuellement.

    L'avènement de l'Internet et l'expansion foudroyante des médias ont permis de dévoiler au grand jour l'immoralité grandissante dans le milieu ecclésial et pastoral, semant le trouble parmi les croyants et les non-croyants. Dans la Revue "Christianisme Aujourd'hui," Joël Reymond précise :

    236Eric D. Rust, "Le leadership de soi : Apprendre à diriger sa propre vie pour mieux diriger les autres," Ressources Spirituelles 21 (Hiver 2010), 2.

    156

    Alertés par ce qu'ils diagnostiquaient comme une augmentation générale des scandales et de l'immoralité générale, quoique particulière à leur milieu, cinquante grands responsables charismatiques se sont réunis en Floride en janvier 2004 et ont signé une déclaration sur le ministère, dite déclaration d'Orlando. L'accent était porté sur l'usage des « titres » (pasteur, apôtre, prophète, etc.) et les abus de pouvoir, l'intégrité personnelle, la notion de redevabilité et l'activisme spirituel.235

    Au lieu d'être le modèle saint voulu et donné par Jésus à son Église, de nombreux serviteurs ont une vie qui ne glorifie pas Dieu. Eric D. Rust écrit :

    Il se passe rarement une semaine sans que nous apprenions qu'un leader s'est

    disqualifié au ministère. Nous attribuons cet échec à un compromis sexuel, à une

    magouille financière, à la soif de pouvoir ou à un piètre leadership. Mais ces échecs pourraient bien n'être que les symptômes visibles d'une faillite personnelle plus profonde. En étudiant le problème de plus près, nous découvrirons le plus souvent que le leader a négligé sa propre vie.236

    Le Manque d'Intégrité

    Le monde regorge d'évènements qui confirment que les valeurs humaines et morales tombent plus bas de jour en jour, comme dans un abîme sans fin. Les grands de ce monde aussi donnent des exemples de décadence et aiment à se vautrer dans la boue la plus sale. Hélas, ce qui se passe au dehors se produit aussi dans l'Église. Paul disait déjà : « plusieurs marchent en ennemis de la croix de Christ, je vous en ai souvent parlé, et j'en parle maintenant encore en pleurant. Leur fin sera leur perdition ; ils ont pour dieu leur ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, ils ne pensent qu'aux choses de la terre » (Ph 3.18-19). Il exhortait les Philippiens à être « ses imitateurs. » (Ph 3.17). Paul pleurait ! De même, Jésus pleura en contemplant la Jérusalem pharisienne. Les vrais serviteurs pleurent aujourd'hui en voyant l'Église décliner et s'éloigner du modèle divin. Paul avertit Timothée :

    235Joël Reymond, "Les débats qui traversent le pentecôtisme," Le Christianisme aujourd'hui 4.4 (Avril

    2006).

    157

    « dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles, car les hommes seront égoïstes ... ayant l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force » (2 Tm 3.1-7).

    Malheureusement, on les trouve de nos jours dans le corps pastoral : « égoïstes, amis de l'argent, fanfarons, hautains, enflés d'orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force ... ». On constate de plus en plus de manquements aux devoirs pastoraux : manque de consécration et d'intégrité, enrichissement personnel, corruption, falsification de la Parole, abandon de la sainteté, impureté, débauche, soif de pouvoir, orgueil, manipulation, etc. Dans certaines églises, la barre d'exigence a été rabaissée et le ministère est devenu soit un métier, soit un titre. Les pasteurs ne sont pas tous convertis ni régénérés. Ne soyons pas étonnés si, malgré des apparences trompeuses, l'Église perd sa puissance, sa vision, et sa mission. La mondanité l'a envahie en général, et le corps pastoral en particulier.

    Le Manque d'Intégrité Financière

    J'ai reçu l'autre jour, le témoignage qu'une nouvelle mariée avait, comme c'est la coutume, exhibé dans sa cour le volumineux gampeogo237, tous les cadeaux qu'elle avait reçus pour son mariage. Quand la femme du pasteur est venue, elle s'est tout simplement servie, et a emporté chez elle plusieurs plats qui avaient été offerts à la mariée. En langage courant, cela s'appelle du vol. La convoitise et la corruption sont la source première de la souillure du serviteur et donc, par son exemple, de l'église. Le piège est celui-ci : Plus on en a, plus on en veut. L'évêque doit être désintéressé (Lc 5.28 ; 1 Tm 3.3), éloigné d'un gain honteux (Tt 1.7). Hélas, la malhonnêteté, la vénalité, la corruption gangrènent aujourd'hui l'Église et son leadership.

    237Laurent, Les pentecôtistes au Burkina Faso, 184.

    238David Argue, Le pasteur, un mandat pour le XXIème siècle, (Longueuil, Québec, Canada : Éditions Ministères Multilingues, 2004), 9.

    158

    Combien de pasteurs pourraient dire aujourd'hui à Simon : « Que ton argent périsse avec toi » (Ac 8.20). Et combien d'entre nous pourraient accepter cette parole de Jésus et lui obéir promptement : « Va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens et suis-moi. » (Mt 19.21) ?

    Les nombreux scandales qui ont terni l'image de l'Évangile, quand ils ne sont pas sexuels, ont souvent été liés à l'amour de l'argent. Paul écrit : « Ceux qui veulent s'enrichir tombent dans la tentation, dans le piège, car l'amour de l'argent est une racine de tous les maux ; et quelques-uns, en étant possédés, se sont égarés loin de la foi » (1 Tm 6.9-10). Jean nous interpelle : « Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est point en lui ; car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde » (1 Jn 1.15-16). Certains pasteurs donnent un spectacle affligeant : richesse, maisons-châteaux, voitures de grand luxe, etc. qui font honte au corps pastoral et à toute l'Église. Est-ce la peur de la pauvreté ou l'amour des richesses ? Jésus dit : « nul ne peut servir deux maîtres à la fois ... Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon » (Mt 6.24). Le modèle divin n'est plus là. Les mauvais exemples impactent l'Église, les croyants, et souvent même les « vocations », écartant les sincères qui sont vraiment appelés mais que le mauvais exemple repousse, et attirant ceux qui voient dans le ministère une occasion de s'enrichir.

    Le Manque de Consécration

    David Argue écrit : « Le modèle que Jésus nous a laissé concernant le ministère est éternel et complet. Son appel aux pasteurs des premiers temps n'avait rien de secret. Il consistait en un ordre : Suivez-moi (Mt 8.22, 9.9), ce qui signifiait en réalité : Venez avec moi vivre ma vie. »238 La réponse des « appelés » était claire : « Ils laissèrent tout et le

    159

    suivirent » (Lc 5.11), « laissant tout, Lévi se leva, et le suivit » (Lc 5.28). La période a changé et les modes de ministères contemporains sont différents, mais les critères bibliques n'ont pas changé. Le ministère exige une entière consécration. Pourtant, beaucoup sont engagés dans des activités profanes de subsistance qui les empêchent d'accomplir un ministère à plein temps, ce qui est compréhensible car souvent l'Église ne les soutient pas comme elle le devrait. Il faut avouer que certaines différences sont scandaleuses, avec parfois des inégalités de revenus au facteur multiplicateur de 1 à 50, voire plus, entre le stagiaire et son pasteur principal. Certains sont largement soutenus, alors que d'autres reçoivent un salaire de misère bien que les finances de ces églises soient excédentaires. Et pendant ce temps, ils ne peuvent pas accomplir la noble tâche à laquelle Dieu les a appelés. C'est une honte. La croissance de l'oeuvre est ainsi empêchée par une fixation de serviteurs dans des endroits où leur nombre est largement excédentaire, alors que des localités manquent cruellement d'ouvriers, faute de moyens attribués. Doit-on n'y voir que des obligations d'ordre matériel, la rétention financière égoïste de certains responsables, ou la recherche d'un certain confort ? Jésus dit « allez ! » Après la Pentecôte, les apôtres sont restés à Jérusalem, et c'est la persécution qui les a fait « aller » (Ac 8). Dieu doit-il envoyer la persécution à l'Église ?

    L'Orgueil Pastoral

    Il est à noter aussi une certaine « mondanité évangélique », une forme d'orgueil pastoral, la course aux diplômes et aux titres, la dimension de l'église locale, une ambition dirigée vers le « paraître » au lieu de l'« être ». Là aussi, ces déviances commencent à affecter toute l'Église. Peut-être s'agit-il là d'un réel besoin de connaissances afin de parfaire son ministère ? Dans ce cas, nous ne pouvons que remercier notre Seigneur. Mais il peut aussi s'agir d'un besoin de reconnaissance ? D'une part, les connaissances reconnues et attestées par un diplôme peuvent être un marchepied ou un tremplin pour de hautes fonctions. D'autre

    240Dr Wayde I. Goodall, Le pasteur, un mandat pour le XXIème siècle, (Longueuil, Québec, Canada : Éditions Ministères Multilingues, 2004), 9.

    160

    part, les diplômes sont monnayables. Là encore, à chacun le soin de juger pour soi-même ses réelles motivations. Est-ce une question d'argent, d'orgueil, un besoin de reconnaissance, un moyen de combattre un complexe d'infériorité, ou tout simplement un profond désir d'être mieux formé pour mieux servir Dieu ? Je rappellerai que le très réputé Jules-Marcel Nicole avait seulement une licence en lettres et une licence en théologie. Alfred Kuen avait un doctorat en droit mais, sans aucun diplôme en théologie, il a écrit plus de soixante livres de théologie qui remplissent les bibliothèques des universités de théologie les plus reconnues. André Thomas-Brès n'avait aucun diplôme mais nous a laissé une fameuse « Histoire d'Israël » ainsi que d'autres livres très intéressants. Déjà au dix-neuvième siècle, le philosophe et théologien, homme religieux et passionné, Kierkegaard partit en guerre contre l'Église danoise de son temps, reprochant à ses ministres de courir après les titres et les distinctions honorifiques et de pervertir le message de Christ.239

    L'Immoralité Sexuelle

    L'immoralité sexuelle est un autre élément qui sape l'autorité de l'église et cause son déclin spirituel. Wayde I. Goodall souligne : « la foi évangélique sans éthique chrétienne est une façon de travestir l'évangile. »240 Et constatant le dommage incroyable et souvent irrémédiable causé à tout ou partie de l'église par une violation de l'éthique sexuelle, il rappelle l'obligation de maintenir un niveau éthique très élevé afin de protéger notre témoignage chrétien et le précieux corps des croyants que nous servons. Le magazine « Leadership » a sondé, en 1988, 1.000 pasteurs aux USA. Les résultats étaient les suivants : 12% (soit un sur huit) ont commis l'adultère tandis qu'ils étaient dans le ministère, 23% ont

    239Liliane Crété, Où va-t-on après la mort, (Genève, Suisse: Labor et Fides, 2009), 206.

    mars, 2012).

    161

    reconnu certaines formes de comportement « sexuellement inappropriés ».241 Partout se cachent les mêmes relâchements, les adultères, la pornographie, la masturbation, les pensées impures, les convoitises invisibles à l'oeil nu mais que Jésus connaît et qu'il qualifie de réels adultères (Mt 5.32). La revue « Christianity Today » a sondé 1.000 responsables laïcs chrétiens : 23% avouent des adultères, 45% des choses non appropriées sexuellement. Comment alors vivent les autres membres de l'église ? Gary J. Ellison écrit que l'Église contemporaine est « corinthienne ».242 Elle a perdu la vision de la sainteté. Elle est lente à discipliner ses membres et trop laxiste envers ses responsables coupables. Elle les met sous discipline pendant un temps, puis les rétablit avec tous les honneurs à la tête de congrégations. Est-ce la crainte de les voir fuir pour faire une division ? Le grand risque dans ce domaine, et dans bien d'autres, n'est pas la division, mais la contagion qui touche l'Eglise et contamine le corps des croyants. Que risque le pécheur ? Un temps de mise à part du ministère, parfois en conservant son soutien quand on est important ? Bien entendu, seulement si l'on se fait prendre et que l'on cause un scandale ! Est-ce un si grand prix à payer pour assouvir la volonté de sa chair et se faire plaisir sexuellement ? Le seul péché considéré comme vraiment coupable (et encore !) est celui qui consiste à enceinter une fille, parce qu'il déconsidère la congrégation. Y a-t-il une différence aux yeux de Dieu ? Les deux péchés ne sont-ils pas aussi graves ? Dieu jugera les responsables d'église pour leur iniquité, leur laxisme, et leur désobéissance à sa Parole. Le Saint-Esprit, par la voix de Paul, ordonne de discipliner publiquement les anciens qui pèchent : « Ceux qui pèchent, reprends-les devant tous, afin que les autres aussi éprouvent de la crainte. » (1 Tm 5.20). Ceux qui ne le font pas pèchent devant Dieu. Charles R. Swindoll rappelle :

    241Ibid., 207.

    242J. Gary Ellison, "Chute d'un homme de Dieu," www.coeurdeberger.wordpress.com (consulté 07

    244John MacArthur, 1 Timothée, (Cap-de-la-Madeleine, Québec : Publications Chrétiennes, 2001), 289. 245Homer A. Kent, Les Épîtres pastorales, (Cap-de-la-Madeleine, Québec : Éd. Impact, 1981), 108.

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    La première qualification pour un évêque, c'est-à-dire pasteur, est qu'il soit irréprochable. La dernière qualification est qu'il reçoive un bon témoignage de ceux du dehors ... Alors, si un pasteur commet un péché grave tel que l'adultère, il n'est plus irréprochable et il ne peut pas recevoir un bon témoignage de ceux du dehors. Donc, il n'a plus les qualités requises selon les Écritures pour être pasteur. Il devrait démissionner. Quand la Bible parle de restauration, il s'agit de restauration au corps de Christ et non pas au poste de pasteur. Un pasteur chuté peut bien être restauré au corps de Christ, mais quand on transgresse la loi de Dieu, comme Paul dit : "le nom de Dieu est à cause de vous blasphémé parmi les païens." (Rm 2.24) Le péché flagrant dans la vie d'un soi-disant chrétien endommage la cause de Christ. Combien plus quand il s'agit d'un pasteur. Quand une église restaure à la chaire un pasteur chuté, elle annonce aux adeptes et au monde, que le péché n'est pas grave. Quand un chrétien ou un pasteur chute, il annonce que Christ n'est pas capable de nous "préserver de toute chute et nous faire paraître devant sa gloire irrépréhensibles et dans l'allégresse" (Jude 24). 243

    John MacArthur ajoute : « Comme les péchés de l'homme qui assume un rôle de leadership sont plus sérieux, il doit être puni plus sévèrement (cp Jc 3.1). Que le fautif se repente ou non, là n'est pas la question. Comme il a perdu sa crédibilité, il s'est disqualifié pour le ministère de toute manière. »244 Homer Kent ajoute : « Tous les péchés d'immoralité extraconjugale disqualifient un homme de la charge d'évêque. »245

    Proverbes 6.32-33 rappelle : « Celui qui comment un adultère avec une femme est dépourvu de sens, celui qui veut se perdre agit de la sorte ; il n'aura que plaie et ignominie, et son opprobre ne s'effacera point. »

    L'immaturité Spirituelle

    Nous avons vu précédemment qu'une des tâches du serviteur est de conduire les chrétiens à la maturité spirituelle. D'ailleurs, quelqu'un a dit : « Ce qui trouble le plus l'Église, c'est le comportement immature des chrétiens ! » Mais le serviteur aussi doit faire

    243Chuck Swindoll, http://coeurdeberger.wordpress.com/2009/10/23/quand-le-pasteur-chute/ (consulté le 20 mars, 2012).

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    preuve de maturité. Hélas, nous constatons chez des serviteurs, jeunes ou même « installés », des signes évidents d'immaturité spirituelle, pour ne pas dire de sécheresse spirituelle ! Ils sont charnels. Non conduits par l'Esprit, ils suivent leurs propres convoitises, affectionnant rivalité, jalousie et disputes dans le corps pastoral (1 Co 3.1, 3). Comme au temps de Juges 21.25, « chacun fait ce qui lui semble bon ». Ils critiquent les autres, mais sont eux-mêmes incapables de supporter la critique. Ils ne savent pas distinguer entre l'essentiel, qui demeure invariable, et l'accessoire. La liste des oeuvres de la chair (Ga 5.19-21) définit assez bien les constats recueillis, auxquels on peut ajouter l'égoïsme, le mensonge, l'hypocrisie, l'amertume, la colère, la méchanceté, etc. qui attristent le Saint-Esprit (Ep 4.30-31).

    L'instabilité doctrinale

    L'instabilité doctrinale est à ajouter à la liste des raisons du déclin spirituel. Paul écrit: « Nous, nous prêchons Christ crucifié » (1 Co 1.23). À Corinthe, se propageaient des fausses notions quant à la résurrection, tandis que les Galates retournaient à la Loi. Aujourd'hui, le légalisme refleurit, tout comme la course aux visions, aux révélations et aux miracles. D'autres voient des démons partout et tombent dans les excès de la fausse démonologie. Les fausses doctrines se multiplient. Hélas, beaucoup de pasteurs ne sont pas formés pour contrer ces hérésies. Ils ne connaissent pas assez la parole de Dieu et sont emportés à tout vent de doctrine. La croix n'est que rarement prêchée. Le retour de Christ n'intéresse personne, et le serviteur évite les nombreux sujets qui fâchent, pourtant indispensables pour amener le peuple à la repentance et au salut. Est-ce la peur de perdre des membres, de voir les dîmes et offrandes diminuer ? La Parole est remplacée par des anecdotes, des témoignages, des allusions plaisantes qui amusent l'auditoire. Est-ce ainsi qu'elle remplira son rôle

    sanctifiant ? Paul exhorte Timothée à prêcher vrai :

    Prêche la Parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant, car il viendra un temps où les

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    hommes ne supporteront plus la saine doctrine ; mais ayant la démangeaison d'entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l'oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables. (2 Tm 4.2-4)

    De nos jours, toutes les hérésies de la troisième vague pénètrent, empoisonnent et bouleversent nombre de nos églises, en commençant par les serviteurs. Or, rappelons-le haut et fort, nos pasteurs n'ont pas été formés contre cela. Ces hérésies gravitent essentiellement autour de trois éléments clés : la prospérité matérielle, la guérison divine, et la confession positive.246 Certains de ces éléments sont à présent si profondément ancrés dans l'esprit de nombreux pasteurs qu'ils conduisent à une profonde dénaturation du message divin. Enfin, les pratiques syncrétiques souvent acceptées sapent l'image de l'Église de Christ, entraînant une vie spirituelle médiocre, l'absence de la plénitude du Saint-Esprit, le manque de sanctification et de consécration, l'aveuglement spirituel, les rivalités et les divisions, etc. Le pasteur est d'abord appelé à la sainteté. Le Dr Mpindi écrit également : « Le paysage du ministère pastoral est jonché d'un nombre sans cesse croissant d'"épaves" de pasteurs, de serviteurs et de servantes de Dieu qui ont fait naufrage par rapport à la foi et à la sainte vocation. »247

    Le Tribalisme

    Une autre cause du déclin touchant essentiellement les responsables spirituels est le tribalisme que Zadi Samuel dénonce comme étant un poison dans l'église africaine.248 Le tribalisme comprend l'ethnocentrisme et le clanisme. Cela peut même amener l'église locale à se regrouper par villages ou familles. Hélas, de nombreux pasteurs tombent dans le

    246Daniel Bourdanné, L'évangile de prospérité, une menace pour l'église africaine, (Cotonou, Bénin : Presses Bibliques Africaines, 2011), 14.

    247Paul Mbunga Mpindi, Le pasteur et ses problèmes, (Abidjan, CI : CPE, 2008), 9.

    248Samuel Zadi, Le tribalisme, un poison dans l'Église africaine, (Abidjan, CI: CPE, 2000), 5.

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    népotisme et adoptent un comportement préférentiel envers certains au sein de la communauté. Ceci se voit dans l'attribution des postes, dans la discipline, dans le respect et la considération. On favorise parfois des membres plus influents ou fortunés, et on les traite avec moins de rigueur que les autres chrétiens. Or, la prophétie d'Apocalypse 7.9-10 montre clairement que l'objectif divin sera atteint lorsque des hommes de tous les différents groupes ethniques auront intégré le Corps de Christ. À ce sujet, Wilbur O'Donovan souligne que l'idée de supériorité raciale ou ethnique est née de l'orgueil de l'homme,249 citant la Bible : « Tout coeur hautain est en horreur à l'Eternel » (Pr 16.5). Et pourtant, de nombreuses églises regroupent des individus appartenant à différents groupes culturels, raciaux ou ethniques qui ont du mal à vivre ensemble. Parfois certains s'estiment meilleurs que d'autres. Cette tendance nationale s'appelle l'ethnocentrisme. Ceci entraîne parfois du mépris, des querelles, des divisions, toutes oeuvres de la chair. Au cours de nombreux partages avec des pasteurs AD du Burkina Faso, ceux-ci m'ont confié leur souffrance d'être sous la coupe des Mossi : prédication mooré, chants mooré, etc. En fait, l'attitude reprochée aux missionnaires étrangers a parfois été reproduite çà et là, dans l'effort d'évangélisation sans tenir compte du besoin de la population locale, de la contextualisation de la Parole, du respect de la culture et de la langue, etc. Cette attitude, développée dans l'épître de Jacques, au chapitre 2, est un mal qui détruit non seulement l'Église mais aussi qui ébranle la foi des chrétiens, mal affermis ou non, car l'injustice est souvent flagrante. Elle se nourrit de la maladie du pouvoir. À ce sujet, Paul Mpindi écrit : « Le pouvoir corrompt ; le pouvoir absolu corrompt absolument »250 avant de citer des formes de l'abus de pouvoir chez le pasteur. Nul ne peut le contredire car ces travers existent chez chacun à un degré ou à un autre. Comment résoudre les problèmes posés par les partis pris culturels dans l'Église ? O'Donovan donne trois éléments de réponse :

    249Wilbur O'Donovan, Pour un christianisme biblique en Afrique, (Abidjan, CI: CPE, 1998), 413. 250Paul Mpindi, 123-129.

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    Le premier principe consiste à considérer comme péché le fait de nourrir des préjugés, d'avoir de la méfiance et de mal agir à l'égard des autres membres de l'église. . . .Le deuxième principe à mettre en oeuvre dans la lutte contre les préjugés est celui de l'amour altruiste dans l'humilité. . . .En troisième lieu, il faut choisir les responsables de l'église sur la base de leurs qualifications scripturaires, et non en fonction de leurs qualités humaines, de leur instruction ou de leur appartenance tribale.251

    On peut ajouter qu'il ne faut pas non plus choisir les responsables de l'église en fonction de leur poids politique ou financier, ni de leur proximité amicale ou familiale.

    L'Abus de Pouvoir

    Le pasteur souffre du complexe d'infaillibilité pastorale. Il croit souvent être le seul capable d'interpréter correctement la Parole. Hélas, parfois mal enseigné, souvent mal inspiré, il conduit le troupeau comme l'aveugle conduit un autre aveugle (Mt 15.14). D'autres considèrent l'église comme leur propriété privée, leur bien personnel, une entreprise fondée et consolidée pour eux et leur famille. Beaucoup n'hésitent pas à manipuler les membres et à diriger leur vie. Certains manigancent et trafiquent afin d'assouvir leur soif de pouvoir. D'autres refusent de former les futurs leaders. Ils sont une entrave au développement de l'oeuvre et devraient être écartés du ministère. Jésus dit :

    Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent et que les grands les asservissent. Il n'en est pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur ; et quiconque veut être le premier, qu'il soit votre esclave. C'est ainsi que le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de beaucoup. (Mt 20.25-28)

    Donc, ne dominons pas sur le troupeau de Dieu et n'imitons pas Diotrèphe (3 Jn 9). Un autre aspect de l'abus de pouvoir se manifeste dans une forme de couverture spirituelle

    251Wilbur O'Donovan, 416-417.

    253Éliane Collard, "Disciples ou adeptes," http://www.blogdei.com/disciples-ou-adeptes (consulté le 03 septembre, 2010).

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    qui peut se transformer en corruption. Il s'agit ici de la mise sous dépendance de chrétiens par des ministères. À ce sujet, Daniel Kambou souligne :

    Aujourd'hui, nous avons une croissance extraordinaire des églises en Afrique, mais à voir de près c'est une croissance en nombre mais moins en qualité. Plusieurs chrétiens sont plutôt des disciples de leurs pasteurs que ceux du Seigneur. Certains pasteurs ont consciemment ou inconsciemment usurpé la place du Maître, puisque les membres de leurs assemblées ne jurent que par eux. Quand des chrétiens s'absentent du culte parce que leur pasteur est en voyage, cela peut être révélateur de problèmes spirituels sérieux qu'il convient de régler.252

    A l'inverse, Éliane Collard souligne le refus de maturité de certains chrétiens qui se complaisent dans leur dépendance :

    Le système des églises tel qu'il est conçu actuellement engendre parfois des chrétiens qui ne veulent pas maturer parce que la maturité signifie aussi la responsabilité avec la prise de décisions qui engendrent des conséquences. Or, lorsque les conséquences ne sont pas bonnes, il est parfois pratique d'avoir un bouc émissaire sur qui reporter la responsabilité. Je me suis parfois retrouvée face à des personnes pour qui cela avait un côté pratique de pouvoir se reposer sur les autres pour toutes les situations importantes au niveau de leur vie spirituelle et la responsabilité qu'elles engendraient : de vrais C.S.A. (chrétiens spirituellement assistés). . . .Je me souviens d'une soeur qui se plaignait à moi il y a quelques années. . . .Je lui ai dit qu'elle était appelée à être une brebis et pas un mouton. . . .Cette soeur m'a regardée en face et m'a dit la chose suivante : "Mais je veux être un mouton moi, pas une brebis ! J'ai besoin qu'on me dise quoi faire". . . .Il me semble évident que si nous devions choisir entre devenir adulte et demeurer des enfants, une hésitation ne saurait être envisagée un seul instant. Mais bien loin de là, la réalité semble montrer que le choix n'est pas aussi évident pour tous car la maturité implique aussi le risque de la responsabilité.253

    2. Une Église de Professants Transformée en Église de Multitude

    Tandis que le mouvement des AD se réclame du pentecôtisme classique, il est sidérant de voir qu'une grande majorité n'a jamais fait l'expérience du baptême du Saint-Esprit. Je ne veux pas mettre ici en doute la foi des chrétiens régénérés. Hélas, ils semblent peu nombreux.

    252Daniel Kambou, "La foi à l'épreuve," http://palabre.wordpress.com/2010/06/21/etre-disciple-mais-de-qui (consulté le 03 septembre, 2010).

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    Le constat est amer. La mondanité a envahi l'église à un rythme effréné : tribalisme, syncrétisme, débauche, cupidité, fraude, corruption, ivrognerie, occultisme, vaine manière de vivre liée au siècle présent, etc. N'oublions pas le suivisme. Un nombre important d'enfants nés de familles chrétiennes abondent dans l'église. Ce sont les chrétiens de la troisième ou la quatrième génération, en réalité des païens polis par l'hypocrisie de leur coeur. Ils fréquentent les cultes, mais ils ignorent la piété et ce qui en fait la force. Beaucoup participent à la Sainte Cène sans être régénérés. D'autres viennent pour satisfaire des dirigeants, des amis, pour obtenir quelque gain matériel, ou pour éviter l'exclusion sociale. L'église est remplie mais elle est malade de sa léthargie spirituelle et de son incapacité. Les religieux ont remplacé les spirituels. Le besoin de remplir les églises a conduit à une évangélisation tronquée et trompeuse, puis au baptême des non-croyants. C'est particulièrement vrai pour beaucoup de soi-disant « convertis » en Afrique. Il suffit que le païen répète la prière de la repentance pour qu'on en fasse un converti. À ce propos, Karl Grebe attire l'attention sur l'influence des concepts de la Religion Traditionnelle Africaine sur l'Église chrétienne, et il pointe du doigt le piège de la foi en l'Évangile en Afrique :

    Le fait que le christianisme s'est répandu si rapidement en Afrique est dû en partie au fait que la conception du monde suivant la R.T.A. est capable de s'accommoder très facilement au moins de quelques éléments clés du message de l'Évangile. Cela a été une grande opportunité pour l'expansion de l'Évangile, mais aussi un piège dangereux. La réceptivité n'égale pas nécessairement une conversion authentique, et pourtant on confond la réceptivité avec la conversion, spécialement lorsque dans la proclamation de l'Évangile, on souligne lourdement le fait de croire en Christ comme son Sauveur pour être sauvé du péché.254

    En fait, selon la conception du monde soutenue par la R.T.A., l'univers est gouverné par une hiérarchie de puissances spirituelles, présidée par Dieu qui gouverne le monde par délégation. Les puissances spirituelles inférieures gouvernent ce qui est du domaine de la

    254Karl Grebe et Wilfred Fon, 43.

    255Ibid., 44.

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    terre, et Dieu a pourvu des intermédiaires par lesquels les hommes peuvent les contacter et obtenir leurs faveurs. Pour toucher Dieu, il n'existe pas d'intermédiaire, ce qui laisse la porte ouverte à l'Évangile qui présente Christ comme le médiateur, et son propre sacrifice comme rançon. L'Africain a donc naturellement tendance à accepter Christ qui lui garantit le salut et la vie éternelle, tout en gardant ses puissances inférieures pour les choses de cette vie. Karl Grebe et Wilfred Fon d'ajouter :

    Par conséquent, les Africains répondent volontiers à l'appel de croire en Christ comme étant le chemin qui mène à Dieu et à la vie éternelle. Toutefois, une telle réponse ne signifie pas nécessairement un changement total d'allégeance aux esprits à l'allégeance à Christ. Le concept de la R.T.A. suivant lequel Dieu n'intervient pas dans un monde dominé par les esprits n'est pas facilement abandonné à moins qu'il n'y ait eu une expérience précise de la puissance de Christ sur ces esprits.255

    Ajoutons que la plupart ont eu et entretenu des contacts avec l'occultisme, que ce soit par le biais des esprits malins, des fétiches, voire même des sorciers, etc. Il est important d'encourager la pratique de la renonciation publique aux liens entretenus avec l'occulte, ainsi que la destruction de tous les objets ayant rapport avec ces pratiques (Ac 19.18-20). Ce pas de foi dans leur protection par Christ et dans l'obéissance à sa Parole permettra à Dieu de manifester sa puissance.

    Pierre-Joseph Laurent souligne un aspect particulier que revêt la conversion chez les Mossi au Burkina Faso. Il pointe du doigt l'importance prise par les Assemblées de Dieu qui incarnent parmi les villageois une certaine idée de la modernité. La conversion permet, par rapport à l'entourage villageois ancestral, une mise à distance favorable au développement, ainsi qu'un refuge contre les entreprises malfaisantes des milieux lignagers jaloux qui utilisent fétiches et maléfices contre l'enrichissement des uns et la réussite des autres. Les AD offrent également une échappatoire à la coutume ancestrale du mariage forcé, en offrant aux

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    jeunes filles la possibilité de se sauver et se mettre sous la protection du pasteur qui, une fois qu'elle sera convertie, et dans le cadre d'un mariage par consentement mutuel, la mariera à un chrétien. Hélas, la plupart de ces nouveaux-venus ne sont convertis que de « bouche », et il faudra une crise particulière ou un problème avéré pour qu'ils prennent enfin conscience du danger et se convertissent de « coeur » cette fois.256 Toutefois, on ne peut que se féliciter de l'instauration par les AD de cette nouvelle stratégie matrimoniale qui engage sa responsabilité, mais qui impose la monogamie, et qui insiste sur l'indissolubilité du mariage et la fidélité.257 D'autre part, notons que pour les jeunes, l'Église représente avant tout un espace de liberté au sein duquel ils espèrent se distancier de l'holisme du village.258

    L'autre erreur est la présentation d'un christianisme facile qui en fait le tue, car elle ne présente que les attraits. Il y a un réel danger à prêcher un Jésus populaire aux non-croyants, à présenter qu'un seul côté de la vie chrétienne, c'est-à-dire la joie du salut. J. I. Packer fait remarquer :

    Au cours du siècle dernier, l'on a imperceptiblement échangé l'Évangile biblique contre un produit de substitution, suffisamment semblable dans les points de détail, mais résolument différent dans sa totalité. Nos problèmes viennent de là, car cet article de substitution de répond pas aux buts pour lesquels le message de la Bible s'est révélé autrefois si puissant. Ce nouvel "évangile" est manifestement incapable de faire naître, avec la qualité voulue, une humilité, une repentance et un respect profonds, ainsi qu'un vrai esprit d'adoration et un intérêt pour l'Église.259

    James Stewart souligne les propos de A. J. Gordon dans un sermon sur les "répulsions du christianisme" :

    256Pierre-Joseph Laurent, "Conversions aux Assemblées de Dieu chez les Mossi du Burkina Faso : modernité et sociabilité," Journal des Africanistes 68 (1998): 67-97.

    257Laurent, Les pentecôtistes du Burkina Faso, 98. 258Laurent, 109.

    259J. I. Packer, Retour à l'évangile, (Chalon-sur-Saône, France : Éditions Europresse, 1995), 5-6.

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    Nous nous attardons trop sur les attraits du christianisme. . . .Si l'Église de Christ attire à elle ce qu'elle ne peut pas assimiler, sa vie est en danger immédiat : le corps de Christ doit être uni, même si cela le met en guerre avec le monde. Sa pureté et sa puissance dépendent de son unité. Alors, si par hasard l'Église attire des hommes sans les transformer, si elle accepte des membres qui ne s'assimilent pas à sa vie, elle s'affaiblit par son accroissement et elle diminue dans son augmentation.260

    Gordon souligne deux paradoxes qui frappent aujourd'hui l'Église au Burkina Faso et ailleurs : l'affaiblissement dans la croissance, et la diminution dans l'augmentation. James Stewart précise que :

    Dans notre désir de toucher les gens du monde, nous avons donné l'impression que l'Évangile est un message humoristique et frivole. Il y a trop d'hilarité dans nos réunions et pas assez de pleurs. Dans notre zèle pour dire au monde que Christ satisfait, nous sommes allés à l'extrême en présentant un christianisme populaire. Si nous rions au début d'une réunion et que nous devenons sérieux vers la fin, pour avertir les non-croyants du péril qu'ils courent, il leur est difficile de comprendre que nous sommes sincères. Nous ne sommes pas sauvés pour passer un bon moment. Nous sommes sauvés pour sacrifier, souffrir et servir. (cf Mc 8.34, Mt 8.20, Hé 13.13)261

    Et d'ajouter :

    Parmi les non croyants, notre prédication produit peu d'appréciation réelle pour le Seigneur Jésus et sa Parole. Il y a trop de chants et trop peu de la Parole de Dieu dans nos réunions. Notre jeunesse connaît beaucoup de chants, mais ignore les chapitres de la Bible. Un signe des derniers jours est le manque de profondeur de la spiritualité et la profondeur de notre ignorance quant aux choses de Dieu.262

    Les réunions (ou campagnes) d'évangélisation laissent souvent un goût amer à ceux qui ont à coeur la dignité et la sainteté de Dieu. À l'évangélisation « décibel » avec des chants dont la sonorité porte à plusieurs kilomètres, on peut ajouter les danses, ainsi que parfois un habillement suggestif, voire indécent de certaines soeurs qui se trémoussent pour se faire

    260A. J. Gordon, "Évangélisation spectacle", Pentecôte 5 (2011): 6. 261James Stewart, "Évangélisation spectacle", Pentecôte 5 (2011): 7.

    262Stewart, 7.

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    remarquer, mais qui apportent une connotation mondaine à un message qui se veut très sérieux, puisqu'il s'agit ni plus ni moins que de la mort ou de la vie de ceux qui viennent écouter. Ce constat concerne de nombreux pays, notamment ceux où l'Église en est à la troisième ou quatrième génération. La jeunesse s'ennuie et, pour l'empêcher d'aller trouver dans le monde les divertissements dont elle a besoin, l'église est souvent amenée à lui procurer une copie de ce qu'elle pourrait trouver dans le monde. Dans ce contexte, l'Église est confrontée au problème grandissant d'une évangélisation sainte destinée à porter des fruits saints afin de construire l'oeuvre de Dieu. Le bruit, la musique, le rythme, la danse, le nombre, attirent de nombreux jeunes qui se déclarent prêts à suivre le Seigneur, sans même mesurer ce que cela signifie. Les pasteurs font éloge de chiffres impressionnants de soi-disant « conversions », qui ne sont en réalité que des décisions de venir à l'église, quand elles sont suivies de fait.

    L'Église du Burkina Faso n'est pas exempte de ce sujet de préoccupation. Elle doit rapidement affronter ce problème de fausses conversions. Car, comment parler de conversion quand il n'y a pas de conviction de péché, pas de besoin d'un sauveur, ni de véritable repentance ? En conséquence, même si les prétendues conversions sont suivies de baptême d'eau, il n'y a pas de régénération, et donc pas de baptême du Saint-Esprit. Ici se retrouvent les paradoxes de Gordon : l'affaiblissement dans la croissance, et la diminution dans l'augmentation. En fait, l'église devient une église de multitude et perd de sa puissance puisque celui qui est à son origine, Jésus-Christ, est absent de son sanctuaire.

    Les nombreux témoignages pastoraux recueillis à ce sujet, semblent démontrer qu'il s'agit en fait d'une stratégie d'évangélisation. On attire le plus de monde possible, sous toutes sortes de prétexte ; on en fait des chrétiens en les baptisant d'eau, et on les enseigne en espérant qu'un jour, ils se convertissent vraiment. En attendant, on leur apprend les bases du christianisme : « tu dois et tu ne dois pas », les ramenant ainsi dans une sorte de légalisme,

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    qui devient comme une prison dorée, dont ils auront beaucoup de mal à sortir pour goûter la vraie liberté en Christ. C'est ici une des causes des nombreuses chutes morales et autres, auxquelles l'Église doit faire face aujourd'hui. Elles détruisent la puissance et la crédibilité de l'Évangile et entachent le témoignage chrétien dans ce monde. Hélas, ce fait touche aussi le pastorat et le diaconat, produisant des bouleversements encore plus grands, mais qui sont pourtant souvent traités à la légère et avec beaucoup de laxisme par les plus hauts responsables, amoindrissant ainsi la gravité du péché aux yeux de l'Église et du monde.

    De vraies conversions, de vraies repentances, des nouvelles naissances, des régénérations spirituelles, puis la pratique équilibrée de la vie chrétienne, la croissance spirituelle authentique, voilà ce qui est nécessaire à l'Eglise pour sa croissance et pour en faire l'édifice de Dieu. Nous oublions trop souvent que le pécheur perdu, jadis étranger à la vie de Dieu, doit naître d'en haut, doit être régénéré, pour pouvoir désormais vivre en enfant de Dieu, habité par le Saint-Esprit. C'est ainsi que son salut devient un fait accompli et que sa sanctification devient un processus constant et progressif. Jean écrit : « Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché, parce que la semence de Dieu demeure en lui ; il ne peut pécher, parce qu'il est né de Dieu. » Ici le verbe grec est au présent de l'indicatif et dénote une action continue. Jean ne veut pas dire qu'il soit impossible de commettre un péché. Il veut dire qu'un chrétien ne peut pas supporter de demeurer dans le péché. Le péché doit l'écoeurer à un point tel qu'il ne peut supporter de vivre ainsi et sa seule alternative est de se jeter aux pieds de la croix et de se repentir sincèrement. Être né de nouveau, veut dire que Christ est le centre de notre vie, que la puissance sanctifiante du Saint-Esprit est en nous, et qu'un péché apporte un tel chagrin qu'y demeurer doit être insupportable. Voilà les chrétiens qu'il faut à l'Église. C'est la seule alternative. Malheureusement, l'Église est aujourd'hui pauvre en êtres régénérés et spirituels, tant au niveau pastoral qu'au niveau des fidèles. Les messages de victoire sont là, mais lorsqu'on analyse profondément la vie des membres, il y a

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    peu de différence avec le mode de vie des gens du monde. On trouve, entre autres, adultères, divorces, homosexualité, abus sexuels de tous genres, commérages, manques de pardon, querelles, jalousies, colères, dissensions, syncrétisme, occultisme, etc. qui dominent aussi bien l'église que le monde. Presque chaque pasteur ou responsable d'église à qui vous parlez en privé admet qu'au fond de lui il sait que quelque chose va désespérément de travers.263 Mais il sera difficile de le lui faire admettre publiquement. Pendant ce temps, la roue tourne et le déclin va de plus en plus profond.

    3. Une Prédication Diluée, Pervertie, et Impuissante

    L'église a essentiellement deux types d'auditeurs et donc deux messages à proclamer : l'un à destination du non-croyant et l'autre à destination du croyant. James Kennedy analyse bien la dilution actuelle de la connaissance des Saintes Écritures dans nos églises :

    En cette époque de théologie "à la Pepsi", il me semble y avoir un grand besoin pour un fondement biblique et théologique plus substantiel, de peur que les bulles ne s'évaporent ! Notre culture se centre presqu'entièrement sur l'expérience, et elle a un besoin crucial de retrouver les vérités éternelles de la Parole de Dieu.264

    On pourrait aussi comparer les messages actuels à un évangile « crème glacée » aux multiples parfums. Il y a un parfum pour chacun : vanille, fraise, pistache, chocolat, etc. ; il y en a pour le grand et pour le petit, pour le riche et pour le pauvre ; le message de Dieu est remplacé par des histoires, des témoignages, etc. ; on amuse ; l'important est d'attirer le plus de monde possible dans l'église, à n'importe quel prix. Alfred de Musset a dit : « Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse. » C'est la stratégie de la « troisième vague ». Hélas, on retrouve les mêmes dérives aujourd'hui dans nos assemblées. On dilue, on tord le sens au point que ce ne soit plus l'évangile, voire même un « autre évangile ». Où est la prédication

    263Milton Green, "Ce n'est pas le réveil qui vient mais la grande apostasie," http://www.blogdei.com/ce-nest-pas-le-reveil-qui-vient-mais-la-grande-aposatsie (consulté le 16 août, 2010).

    264James Kennedy, La vie est belle en vérité, (Chalon-sur-Saône, France : Europresse, 1994), 5.

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    sur le péché, sur la nécessité de repentance, sur l'exigence de la sanctification progressive, sur l'enlèvement de l'Eglise, etc. ? Le résultat est le constat divin transmis par Osée : « Mon peuple est détruit parce qu'il lui manque la connaissance. Puisque tu as rejeté la connaissance, je te rejetterai, et tu seras dépouillé de mon sacerdoce ; puisque tu as oublié la loi de ton Dieu, j'oublierai aussi tes enfants » (Os 4.6). Ce texte concernait Israël, mais nous nous trouvons dans la même situation aujourd'hui, et cela par la faute des pasteurs et des prédicateurs qui manquent de connaissances bibliques et théologiques nécessaires. À ce sujet, le Docteur Jean-Baptiste Roamba souligne : « On a l'impression que les pasteurs ne veulent pas choquer les fidèles mais ils doivent comprendre que la prédication de l'évangile doit amener la repentance et le pardon des péchés. Au lieu de dénoncer le péché, on le tolère et il prend racine dans l'église. Ce qui autrefois n'était pas toléré, est accepté aujourd'hui. »265

    Ce manque d'enseignement conforme à la saine doctrine contribue à l'ignorance des croyants, à leur manque de croissance, à leur crainte de l'inconnu, et finalement à leur dépendance vis-à-vis des ministères en place. Beaucoup de fidèles sont maintenus dans une sorte d'esclavage spirituel qui les conduit à considérer le pasteur comme un juge de l'Ancien Testament, un directeur de conscience, ou un conseiller particulier pour tous les problèmes de leur vie. Ils ne connaissent que trop peu leur Bible et les promesses de Dieu. Ils préfèrent se confier en ce qu'affirment les hommes. Beaucoup sont hélas illettrés et ne peuvent faire autrement. Mais d'autres lisent, sans discernement, des livres de vulgarisation, parfois pleins de sagesse humaine mais non fiables quant à la saine doctrine, parfois même franchement déviationnistes. La crainte ou la soif de connaître poussent certains à se rendre dans toutes sortes d'endroits peu recommandables où sont présentées des vérités complètement déformées. Le danger est qu'ils ne sont pas ou plus en communion régulière avec Dieu. Si la

    265Jean-Baptiste Roamba, "Les Assemblées de Dieu du Burkina Faso : Passé, présent et avenir," Flamme 68 (2012), 52.

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    prière ainsi que l'étude régulière et systématique de la parole de Dieu manquent à leur vie spirituelle, ils sont à la merci des tempêtes doctrinales qui s'abattent sur l'Église.

    Si la majeure partie, plus de 95%, de la chrétienté est aujourd'hui dans l'apostasie, c'est parce qu'elle a accepté, au fil du temps, toutes sortes de « nouvelles révélations », contredisant et dénaturant les Saintes Écritures. Certains prédicateurs d'un « évangile » déformé accèdent même à des positions stratégiques dominantes au sein de certaines dénominations chrétiennes, ce qui leur permet de séduire plus facilement un grand nombre de fidèles. On les reçoit avec de grands honneurs car leur prédication remplit les caisses. Nombre d'entre eux ne sont hélas même pas chrétiens : « Ils ont une apparence de piété, mais renient ce qui en fait la force. » (2 Tm 3.5). Feu Charles Colson observait que :

    Trop souvent l'Église moderne cherche à imiter les méthodes et le voies de ce monde. Notre culture cherche à satisfaire les besoins des consommateurs, avant tout pour qu'ils se sentent bien. L'Église privilégie donc l'action au détriment de la formation du caractère, le "faire" au détriment de "l'être". Il n'y a rien de mal en soi à vouloir satisfaire les besoins des gens et à concevoir des programmes en ce sens. L'Église doit pouvoir attirer ceux qui ne sont pas Chrétiens. L'Église doit croître. Mais quand les programmes et la croissance deviennent les préoccupations essentielles, l'Église court le danger de perdre son premier Amour. . . .Elle court le danger de désacraliser ce qui est saint.266

    Il est rare d'entendre aujourd'hui prêcher sur le retour de Christ, parce que cela mettrait un terme à la poursuite du plaisir et de la prospérité. Rares aussi sont les messages sur l'amour que l'on doit porter à Jésus-Christ. Les églises préfèrent se concentrer sur la visite de tel prédicateur à la mode, la promotion de tel projet pour réunir des fonds, ou telle campagne d'évangélisation avec miracles et guérisons. La vraie foi a laissé la place à la recherche effrénée de la puissance, de la santé, du confort et de la prospérité matérielle.

    Cet environnement offre un terrain propice pour le développement d'une apparence de foi superficielle et facile. Beaucoup de ceux qui rejoignent ainsi l'église ne se convertissent

    266Charles Colson, The Body, (Nashville, Tennessee: Thomas Nelson Publishers, 1992), 381.

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    donc pas vraiment. Ils adhèrent pour obtenir les avantages qu'on leur promet, mais ne reconnaissent pas leur situation de pécheur, ne se repentent pas, et ne se soumettent pas au Seigneur Jésus pour un plein pardon et la vie nouvelle. Ce ne sont pas des disciples. Ils acquièrent une apparence de religion ; ils chantent et ils dansent ; ils donnent la dîme, peut-être ; mais ils ne sont pas régénérés. Aujourd'hui, dans beaucoup d'églises, l'enseignement se réduit à satisfaire les besoins des auditeurs. On cherche à les aider à résoudre leurs problèmes, pour qu'ils puissent vivre plus confortablement. Peu de pasteurs cherchent à développer chez le croyant une foi ferme, fondée sur le message pur et entier de la parole de Dieu.

    Drew Dyck remarque combien, en Occident, on se soucie des styles de prédication, de la louange et de l'adoration, de la musique, de l'atmosphère, de ce que pensent les nouveaux arrivants. Puis il présente un questionnaire utilisé par Asian Access (A2), mission chrétienne en Asie du Sud, pour aider le nouveau converti dans sa démarche de suivre vraiment Jésus. Comme nous pouvons le voir, les questions à l'autre bout du monde sont quelque peu différentes. A2 se sert du formulaire suivant :

    1. Êtes-vous prêt à quitter votre maison et perdre la bénédiction de votre père ?

    2. Êtes-vous prêt à perdre votre travail à cause de votre foi ?

    3. Êtes-vous prêt à retourner au village vers ceux qui vous persécutent, à leur pardonner, et à partager l'amour de Christ avec eux ?

    4. Êtes-vous prêt à faire une offrande au Seigneur ?

    5. Êtes-vous prêt à être battu plutôt que renier votre foi ?

    6. Êtes-vous prêt à aller en prison ?

    7. Êtes-vous prêt à mourir pour Jésus ?

    Il est certain que ces questions sont nécessitées par la persécution ambiante. Dans un pays où les pasteurs et les convertis ont toutes les chances de finir en prison, voire de perdre la vie, il est important d'être fort et enraciné dans sa foi. A juste titre, donc, Dyck se pose la question : Est-ce qu'on rend le chemin pour aller à Jésus trop facile ? Il est vrai qu'en

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    Occident et dans de nombreux pays, il est facile d'être un « chrétien ». Maintenant, dit-il, est-ce que l'Église ne serait pas en meilleur état spirituel s'il y avait la persécution ? Probablement.267 Je rappellerai simplement combien l'Église persécutée a toujours été forte, résistant aux hérésies, et progressant par l'assistance du Saint-Esprit. Ce fut vrai de l'Église primitive avant Constantin, des divers mouvements pré-réformateurs (Hussites, Lollards, Vaudois), de la Réforme en France, des puritains en Angleterre, etc. Ce fut le cas également au début de l'oeuvre au Burkina Faso. De même, c'est encore le cas dans les pays musulmans et certains états asiatiques. À l'inverse, la vague islamique n'a eu aucun mal à balayer le christianisme en Afrique du Nord lors des invasions du huitième siècle. Les églises y étaient faibles dans la connaissance biblique et dans la foi. Il n'y avait pas de fondement, hormis l'église copte qui, bien enseignée, a traversé les siècles. C'est notre cas aujourd'hui. Notre prédication se doit d'être sans compromis. Nous devons proclamer la vérité, pas seulement une partie de la vérité mais toute la vérité, quel qu'en soit le prix à payer.

    Nous avons vu que l'Eglise a deux messages à proclamer. Le deuxième message est à destination du croyant qui a besoin de grandir dans la connaissance de Dieu et de sa parole, ainsi qu'en maturité. Or l'Église souffre aujourd'hui d'un manque cruel d'enseignement. La prédication actuelle ne répond plus aux besoins du peuple de Dieu. Elle n'est pas souvent, ou peu structurée ; elle ne nourrit pas le peuple qui en reste au lait spirituel ; elle est beaucoup trop agrémentée de témoignages, d'histoires, destinés à amuser le peuple. Rappelons que c'est la faible prédication par exposition d'Evan Roberts qui a conduit à l'arrêt du réveil gallois. Le manque d'enseignement contribue à la fragilité de construction de l'âme qui a des besoins indispensables pour grandir dans la foi et la maturité chrétienne. L'enseignement doit donc répondre aux besoins des âmes non seulement sur le plan spirituel mais aussi dans l'application à leur vie quotidienne ; il doit donc être contextualisé. Le fidèle doit quitter le

    267Drew Dyck, "Raising the Bar," Leadership Journal, 08 avril, 2012.

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    culte en sachant ce qu'il doit ou devra faire si telle situation se présente à lui. Sur un plan plus profond, les enseignements sur le péché, sur la sanctification et la sainteté de Dieu, sur l'eschatologie, c'est-à-dire sur le retour du Seigneur, sont rares. Souvenons-nous que l'eschatologie de l'église primitive a été le gage de sa vitalité et de son action. Elle attendait le retour de son Maître, et se tenait prête. Fort malheureusement, aujourd'hui, la majorité de nos pasteurs et de nos chrétiens n'est pas prête à rencontrer le Seigneur, même si on le chante à tue-tête pendant la louange. Les coeurs sont beaucoup trop partagés entre les besoins du monde et l'attrait de notre premier amour.

    4. L'Influence des Séductions Mondaines et Spirituelles

    Point n'est besoin de faire un long discours pour démontrer à quel point les valeurs de notre société « moderne » se dégradent. La morale est depuis longtemps en perte de vitesse. La virginité est devenue une tare. Les pratiques sexuelles commencent de plus en plus tôt parmi les adolescents. La fidélité conjugale est tournée en dérision, bien qu'elle soit en Afrique parmi les remèdes efficaces recommandés contre la propagation du sida. Le mariage est devenu démodé. L'homosexualité, jusque-là cachée, est en train d'acquérir ses lettres de noblesse. Sans parler d'autres domaines comme la corruption, etc. Esaïe écrivait il y a bien des siècles : « Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, qui changent l'amertume en douceur, et la douceur en amertume. » (Es 5.20)

    Malheureusement, le monde chrétien se laisse de plus en plus entraîner par la mentalité qui l'environne. Les responsables sont les premiers à oublier les leçons laissées pour nous servir d'exemple : Nadab et Abihu apportèrent du feu étranger sur l'autel des parfums (Lv 10.1), David adopta un char neuf pour transporter l'arche de Dieu (2 S 6.3), et le roi Achaz fit construire un autel entièrement d'après le modèle vu à Damas pour remplacer celui de l'Éternel (2 R 16.10-11). La suite nous apprend ce que Dieu a pensé de ces actions.

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    Force est de constater qu'on assiste aujourd'hui aux mêmes errements. De nombreuses pratiques s'introduisent peu à peu dans l'église qui pour la plupart choquent, ou amusent selon le cas, les visiteurs et les membres : certaines musiques, des danses indécentes liées à la tradition, un habillement suggestif pour attirer le regard, etc. D'autres réduisent le temps de prédication pour laisser plus de temps à tous les groupes qui veulent passer faire leur show sur scène. D'autres encore veulent moderniser la parole de Dieu sous prétexte que les choses ont changé, ce qui conduit à nous laisser influencer par la manière de penser d'un monde perdu dans le péché. Ceux qui l'ont fait ont entraîné de nombreuses âmes dans la mort spirituelle.

    La mondanité et le suivisme religieux sont désormais très fréquents dans nos églises. Certes, nous nous réclamons du mouvement de pentecôte international, mais on est sidéré de constater qu'un énorme pourcentage des membres ne sont pas baptisés du Saint-Esprit. Quant à ceux qui pratiquent les dons spirituels, ils sont quasi inexistants. Bien entendu, nous ne voulons pas remettre en question la foi des chrétiens régénérés, mais il est logique devant ce constat de se demander qui est chrétien et qui est régénéré ! Le constat est amer. Ce qu'il manque aujourd'hui à l'église, c'est une vraie vie de sanctification. Beaucoup se croient bénis quand ils reçoivent des biens matériels. On entend souvent ce type de témoignage : « Dieu m'a béni car il m'a donné ceci ou cela (des choses terrestres) », mais on oublie le plus important, avoir une vie sanctifiée pour l'assurance du royaume de Dieu. Paul rappelle que Dieu veut notre sanctification (1 Th 4.3). « Sans la sanctification, nul ne verra le Seigneur » (Hé 12.14). Récemment, le Docteur Jean-Baptiste Roamba confirmait la situation qui hélas prévaut aujourd'hui dans nos églises :

    Le constat que nous faisons est que la tendance est aujourd'hui à la permissivité qui risque de devenir de la perversion à terme si l'on n'y prend garde. Les principes de l'Église primitive qui refusait de tolérer le mal en son sein doivent être toujours de mise. Il semble que le monde est en train de prendre place dans l'église. Souvent, les principaux promoteurs de ces choses mondaines ne sont que des

    268Roamba, 52.

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    faux leaders qui sont dans l'église. En voulant accepter tout le monde, les responsables acceptent ceux qui veulent être membres sans toujours les faire passer par une vraie repentance et une conversion authentique. Il faut aussi noter que cet amalgame a tendance à gagner du terrain dans les Assemblées de Dieu. . . .Ceux qui recherchent la sainteté sont traités de fanatiques et d'illuminés. . . .Il faut tirer la sonnette d'alarme si l'Église ne veut pas être surprise par les dérives morales et éthiques qui en découleront. En cela, l'exemple devra venir du sommet c'est-à-dire que les responsables spirituels devraient être sans reproche.268

    5. Le Péché dans l'Église

    A part les péchés les plus grossiers, les péchés du monde irrégénéré sont à présent approuvés et imités sans hésitation par un nombre ahurissant de chrétiens soi-disant « nés-de-nouveau ». Les jeunes chrétiens prennent pour modèle des individus mondains, cherchant à leur ressembler le plus possible. L'aura des responsables religieux a été si profondément ternie par les scandales multiples largement diffusés dans les médias, que cela a grandement contribué à briser les tabous dans l'église. L'important est de ne pas se faire prendre. À partir du moment où l'église est composée en majorité d'inconvertis et de chrétiens charnels, il est logique que le péché se répande. Il ne faut donc pas s'étonner devant les pratiques actuelles. La débauche sexuelle est devenue chose courante. De nos jours, consommer le sexe avant ou en dehors du mariage n'est plus aussi tragique pour les chrétiens et même pour les pasteurs. Dans nos églises, nous parlons beaucoup moins de l'impudicité de telle sorte que les chrétiens ne semblent pas conscients de commettre un aussi grave péché lorsque qu'ils tombent dans ce péché. Déjà, Paul avait repris les Corinthiens par ces paroles : « On entend dire généralement qu'il y a parmi vous de la débauche, et une débauche telle qu'elle ne se rencontre même pas chez les païens ... » (1 Co 5.1). La Bible va encore plus loin, en mettant en avant les valeurs de Jésus-Christ : « Vous avez appris qu'il a été dit : Tu ne commettras pas d'adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a

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    déjà commis un adultère avec elle dans son coeur » (Mt 5.27-28). Lorsque vous prêchez et rapportez ces paroles de Jésus, j'ai souvent remarqué que les auditeurs ne vous croient pas. Ils croient que vous plaisantez. Les plus sérieux vérifient dans leur Bible si ce que vous dites est vrai. Les valeurs du monde se sont imposées dans l'église de Jésus-Christ. Le mensonge est aimé et largement pratiqué, et sa sournoise copie, l'hypocrisie, l'est aussi. On prêche de belles paroles, des grandes vérités ; on est très ferme et catégorique sur les recommandations bibliques lorsque l'on s'adresse à nos frères chrétiens et même aux païens, pendant que nous-mêmes, nous ne mettons aucunement en pratique tout ce qui sort de notre bouche. Jésus a dit : « Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'oeil de ton frère » (Mt 7.5).

    La Bible nous décrit, à plusieurs reprises, les pécheurs qui se verront interdire l'entrée dans le royaume de Dieu, en mettant sur un pied d'égalité les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les débauchés, les magiciens, les idolâtres, et tous les menteurs (Ap 21.8, 15). Tous les péchés sont haïs de Dieu, particulièrement les cinq péchés qui pourrissent notre monde aujourd'hui : l'avortement, déculpabilisé et qui tue des millions d'êtres vivants ; l'occultisme, déjà puni de mort dans la loi de Moïse ; l'adultère ; l'homosexualité ; et l'idolâtrie. Il y en a beaucoup plus mais personne ne pourra donc être surpris devant l'ampleur de l'hécatombe finale, ni celui qui en fera partie, ni celui qui en réchappera. Hélas, cela touche même le corps pastoral, lequel sera jugé plus sévèrement selon ce qu'a écrit Jacques (Jc 3.1). Trois des principales raisons sont le manque de courage, le laxisme, et l'abdication des responsables « spirituels ». Ce n'est pas ainsi qu'ils pourront ramener les chrétiens sur le droit chemin.

    Il en est de même des oeuvres de la chair (Ga 5.19). La débauche, l'impureté, le dérèglement, la jalousie, les animosités, les disputes, et les commérages pullulent déjà parmi les responsables de l'église. Comment les fidèles vont-ils réagir ? En suivant l'exemple qui

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    vient de plus haut ! Comment en sommes-nous arrivés là ? Par le laisser-faire, le laisser-pourrir, le désintéressement, et cela commence par les plus hauts responsables de l'Église. Le mauvais exemple est le plus grand coupable ! Si le plus élevé agit ainsi, pourquoi le moins grand ne le ferait-il pas ? Et le plus petit alors ? Les rivalités, les animosités, les jalousies, les querelles, les calomnies, etc. entre ceux qui doivent donner l'exemple sont de notoriété publique, malgré l'hypocrisie pastorale qui couvre le tout d'un « saint manteau ». Et tout le monde en fait des gorges chaudes.

    La crainte de Dieu est ce qu'il manque aujourd'hui à l'Église. C'est une denrée rare dans le coeur des chrétiens mais encore plus dans le coeur de ceux qui sont censés être leurs modèles, c'est-à-dire les responsables, que les chrétiens considèrent comme des pères spirituels. Dieu semble si éloigné de nos préoccupations et si négligé par tous qu'il semble normal de se permettre de vivre sans crainte et d'assouvir tous ses désirs sans se soucier de la gravité de nos actes. Pourtant, Paul nous avertit : « Ne vous y trompez pas : on ne se moque pas de Dieu. Ce qu'un homme aura semé, il le moissonnera aussi » (Ga 6.7).

    La moisson est mure et elle est dans l'église, non pas pour Jésus et pour le salut, mais pour le diable et tous ses séducteurs. Il y a eu, depuis le début de l'Église, plusieurs vagues de chrétiens, à commencer par ceux de l'église primitive. Et force est de constater que le christianisme a implanté des valeurs morales et fraternelles. Certaines, taboues, sont certes souvent violées de nos jours, mais ont malgré tout plus ou moins perduré -- avec des hauts et des bas -- pendant des siècles. Toutefois, avec les années, l'évolution des moeurs et le fléau de la mondialisation, il y a, qualitativement, une grande disparité entre les chrétiens d'aujourd'hui et ceux d'autrefois, ce qu'avait prédit la Bible : « Dans les derniers temps, quelques-uns s'éloigneront de la foi pour s'attacher à des esprits d'égarement et à des enseignements de démons, par l'hypocrisie de discoureurs de mensonge » (1 Tm 4.1-2), ce

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    qui nous conduit à la transformation négative de l'église des derniers temps et de ses chrétiens :

    Sache que dans les derniers jours il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes, amis de l'argent, fanfarons, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux, insensibles, déloyaux, médisants, sans maîtrise de soi, cruels, ennemis du bien, traîtres, emportés, enflés d'orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force .» (2 Tm 3.1-5)

    Si les chrétiens d'aujourd'hui ne diffèrent pas des païens, comment vont-ils accomplir la Missio Dei ?

    6. Les Particularités de l'Église Africaine

    O'Donovan établit plusieurs thèmes importants pour l'implantation d'un christianisme biblique en Afrique. Le premier thème qu'il évoque est : « Comment Dieu dirige-t-il les chrétiens aujourd'hui ? » Et de souligner l'importance accordée par les chrétiens africains aux rêves, aux visions, aux apparitions surnaturelles, ou d'autres phénomènes exceptionnels.269 Certes il est probable que le Seigneur puisse employer ces moyens, là où la Bible est peu répandue, ou parmi des populations peu ou pas alphabétisées, ou encore, comme j'en ai reçu plusieurs témoignages, auprès de populations si emprisonnées spirituellement dans leur religion qu'il faille les convaincre par ce moyen. Toutefois, Dieu met aussi à notre disposition la ressource la plus fiable qui soit pour connaître sa volonté pour notre vie : La Bible. Pour l'expliquer, Jésus a donné à l'Église les ministères-dons : les apôtres, les prophètes, les évangélistes, les pasteurs et docteurs.

    Un deuxième thème de O'Donovan est justement : « Comment le chrétien peut-il distinguer le vrai prophète du faux ? » Les chrétiens doivent être très prudents. Certains prophètes africains sont tout simplement des gens très intelligents et très habiles. Ils parlent

    269O'Donovan, 388.

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    bien et trompent par leurs discours et leurs actes. Certains de ceux qui se présentent comme de vrais prophètes sont en réalité de faux prophètes qui tiennent leur pouvoir de Satan. Le vrai prophète est celui qui reçoit ses messages directement de Dieu. Comment savoir ? O'Donovan met l'accent sur le lien de la prophétie avec la foi en Christ. Si l'individu n'attire pas la personne plus près de Jésus, elle est d'inspiration démoniaque. D'autre part, une prophétie qui vient de Dieu n'est jamais fausse. Un prophète de Dieu ne commet jamais d'erreurs ni ne conjecture.270

    Un troisième thème est le syncrétisme, nom donné au mélange de « deux religions ou plus ». Selon O'Donovan, les raisons qui poussent les Africains au syncrétisme ne sont pas difficiles à comprendre. Le renouveau culturel en Afrique a encouragé beaucoup d'individus à redécouvrir leur passé africain. Comme la culture et la religion sont étroitement liées sur ce continent, ce mouvement a entraîné un retour aux pratiques traditionnelles.271 Les AD du Burkina Faso n'en sont pas exemptes. Sans détailler les causes du syncrétisme, je pourrais mentionner l'arrière-plan culturel, familial et religieux du chrétien, le poids de la famille non-convertie, la pression du groupe social, l'échec de la contextualisation de la parole de Dieu, l'illettrisme qui conduit à l'ignorance de la parole de Dieu, et enfin le manque de foi en Jésus et sa parole. À titre d'exemple, de nombreux chrétiens tombent dans le piège du syncrétisme lorsqu'ils affirment suivre Christ et participent en même temps à certains usages et traditions. Parmi eux, je citerai entre autres : les rites des funérailles traditionnelles, les cérémonies coutumières, la consultation d'un guérisseur en cas de maladies, l'utilisation de fétiches ou d'amulettes, le recours à la magie, la divination, et même la sorcellerie en temps de crise personnelle. En mélangeant les pratiques des cultes païens à leur doctrine chrétienne, ils sont

    270Ibid., 391.

    271O'Donovan, 394.

    272Kambou.

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    en plein syncrétisme et on est en droit de se demander s'ils sont régénérés ou non. A ce sujet, Daniel Kambou écrit que :

    D'aucuns font remarquer que des chrétiens, et non des moindres, continuent de consulter des féticheurs ou des marabouts dans les moments difficiles de leur vie. Il

    semble même que certains leaders d'églises pactisent eux aussi avec des forces occultes afin d'être capables d'opérer des miracles et d'attirer des foules dans leurs assemblées ? Nous devons cependant nous méfier de telles accusations, car l'ennemi est capable de salir des chrétiens et des serviteurs de Dieu authentiques. Cependant, il n'en demeure pas moins que de manière générale, le danger de l'apostasie guette l'Église en Afrique.272

    Dans la démarche quotidienne de nombreuses églises africaines, nous assistons aujourd'hui à toutes sortes de pratiques qui ont manifestement un lien avec la culture, les anciennes croyances, les peurs ancestrales, la relation au surnaturel traditionnel, mais aussi les influences de la troisième Vague. C'est ainsi que se développe une fausse idée du combat spirituel qui impose aux chrétiens des pratiques non bibliques, tels des jeûnes excessifs -- pour n'en citer qu'un, le jeûne d'Esther -- en vue de l'obtention d'une délivrance ou d'une bénédiction. Certes, le jeûne a sa place dans le combat spirituel. Toutefois, dans certains milieux, on pousse les choses à un tel point que toute la sanctification se mesure au temps passé dans le jeûne. On en vient à imposer des temps de jeûne et de prière démesurés aux personnes en recherche de victoire spirituelle ou de bénédiction. On rejoint là la fausse croyance qui consiste, comme par les sacrifices ou les grosses offrandes, à vouloir acheter et mettre sous dépendance la divinité en l'obligeant à exaucer notre requête. C'est encore un retour en arrière, à la conception de la R.T.A. Gardons l'équilibre de la saine doctrine. Il faut jeûner en fonction de sa croissance spirituelle, pour rechercher la face de Dieu. Le jeûne n'a pas la vertu en lui-même d'expier une faute ou de nous assurer une victoire. Le roi David en a fait l'amère expérience quand il a jeûné pour sauver la vie de son premier enfant né de Bath-

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    Shéba (1 S 12.17-18). Le jeûne fait partie d'une vie de sanctification lorsqu'il est accompli selon les « Saintes Écritures ».

    Je voudrais citer aussi le recours systématique à des séances de délivrance pour la guérison physique de malades, là où il n'y a souvent aucun démon. C'est ainsi que nous assistons aujourd'hui au développement de prétendus « ministères de délivrance » qui ne sont pas scripturaires. Que dit Jésus ? « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents ; s'ils boivent quelque breuvage mortel, ils ne leur feront point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades seront guéris. » (Mc 16.16). Jésus n'a jamais dit de chasser les démons pour guérir. Quand il l'a fait lors de son ministère terrestre, il s'agissait de cas particuliers qui ne donnent pas à doctrine. Or, c'est devenu aujourd'hui chose commune, en Afrique et ailleurs, au point qu'on trouve des démons partout, derrière un éternuement, derrière un rhume, etc. Je soutiens qu'il faille, quand cela est nécessaire, chasser les démons au nom de Jésus et délivrer les pauvres êtres qui en sont prisonniers. Toutefois, cela ne doit pas devenir un prétexte de glorification de prétendus ministères de délivrance. De plus, certaines pratiques non bibliques, telles que trouver des démons chez des chrétiens et vouloir les chasser sont à exclure du ministère chrétien. En effet, un chrétien régénéré ne peut pas être possédé par un démon. Il est le Temple du Saint-Esprit et par conséquent, une possession démoniaque est impossible. Répandre ce genre d'aberrations ne fait qu'affaiblir la foi des chrétiens mal affermis qui peuvent se croire possédés, et les encourager à courir auprès de supposés prieurs ou faux prophètes au lieu de se repentir, de renoncer à leur péché, et de retourner à une vie sanctifiée, ce qui aurait beaucoup plus d'influence sur leur vie spirituelle, chrétienne, et familiale. Nous devons prévenir les chrétiens de toutes ces faussetés et manipulations qui en font les jouets du diable pour le plus grand bénéfice des charlatans.

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    Nous pouvons aussi évoquer tous les moyens plus ou moins superstitieux ou occultes largement pratiqués dans de nombreuses églises du Burkina Faso. S'appuyant sur les évènements exceptionnels cités dans le Livre des Actes, certains utilisent des mouchoirs, des photos, et autres, que l'on fait parvenir aux prédicateurs ou aux prieurs, pour assurer une délivrance. On se trouve là franchement dans le domaine occulte. C'est chose courante dans le domaine catholique mais aussi évangélique et pentecôtiste.

    Comme les marabouts et les catholiques, certains pasteurs renommés vendent de l'huile « d'onction » en flacons et conseillent d'en enduire les fenêtres et les portes pour empêcher Satan d'entrer dans la maison, ou de l'utiliser pour protéger les véhicules contre d'éventuels accidents, ainsi qu'au cours de prières de guérison et de délivrance.

    D'autres hérésies circulent comme le fait que tout chrétien né de nouveau doit malgré tout être libéré de la possession démoniaque ou des malédictions ancestrales par une prière de délivrance ; que toute souffrance ou maladie est liée à un péché commis ; que le chrétien peut être « mangé en sorcellerie » s'il ne prie pas ou ne paie pas sa dîme ; ou encore, car la liste est longue, que la Sainte Cène peut être utilisée pour être guéri ou délivré (la coupe devenant, comme dans le catholicisme, le sang du Seigneur, et le pain le corps réel du Seigneur).

    De plus, arrêtons d'accorder plus de foi à ce que dit Satan qu'à la doctrine biblique. Les librairies pullulent de livres, revues, CD, DVD, où l'on exalte la puissance des démons, avec toutes sortes de révélations sur les prétendus pouvoirs et agissements des démons, leurs noms, leur hiérarchie, etc. Où est-ce écrit dans la Bible ?

    Soulignons enfin l'attachement très fort au légalisme de l'Ancien Testament, et son système de « bénédictions-malédictions » qui trouve un écho favorable dans le contexte culturel africain. D'une manière générale, un grand nombre de pratiques, de croyances, de paroles et de promesses bibliques dans nos milieux pentecôtistes découlent de la Loi de Moïse qui était réservée uniquement à Israël, donc aux Juifs. Le fait de vouloir l'appliquer à

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    l'Église vient de l'hérésie connue sous le terme de « Théologie du remplacement », proche de la doctrine des « enfants de Dieu », condamnée par les AoG. Force est de constater que, peut-être par ignorance, les pentecôtistes du Burkina Faso ont beaucoup dévié de la saine doctrine.

    Dans « le Voile Recousu », André Thomas-Brès avait analysé le retour en arrière des catholiques qui avaient instauré tout un cléricalisme pour servir d'intermédiaire entre Dieu et les hommes, et ainsi remplacer le rôle de médiateur unique de Jésus-Christ. Or nous vivons aujourd'hui la même situation en Afrique, et notamment au Burkina Faso, ce qui d'ailleurs rejoint le système traditionnel qui nécessite de passer par des intermédiaires pour interroger la divinité, les dîmes et offrandes ayant désormais remplacé les sacrifices sanglants. L'Evangile rend libre, il brise les chaînes, mais le légalisme enchaîne à nouveau les fidèles.

    D. Les Conséquences du Déclin Spirituel Actuel 1. L'Effondrement de la Vie de l'Esprit

    Le Livre des Actes permet de constater que le baptême du Saint-Esprit était la norme parmi les croyants de l'Église primitive. De réelles conversions, en grand nombre, des guérisons, des miracles et autres dons spirituels témoignent de la puissance du Saint-Esprit qui agissait continuellement au sein de l'Église. Or qu'en est-il aujourd'hui ? La vie de l'Esprit est en très forte baisse dans nos églises locales. Certains pasteurs eux-mêmes ne prient plus en langues, n'exercent plus les dons, et font appel à une assistance extérieure pour tenter de maintenir une sorte de vie de Pentecôte dans leur communauté. Pourquoi l'Église de notre Seigneur s'est-elle à ce point appauvrie ? Les AD sont-elles toujours pentecôtistes ? Comment en est-on arrivé là ? L'église du Burkina a été bâtie par le Seigneur Jésus avec la

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    puissance du Saint-Esprit. Les nombreux témoignages273 attestent de la vie abondante de l'Esprit dans les ministères pionniers. Aujourd'hui pourtant, l'exercice des dons est de plus en plus rare pendant les cultes. Même si les statistiques sont légèrement plus favorables, le témoignage de plusieurs pasteurs semble indiquer que 90% des membres ne sont pas baptisés du Saint-Esprit, notamment à Ouagadougou. Ceci n'est d'ailleurs pas un problème burkinabé seulement, car le même constat est fait dans d'autres pays. Une conséquence est la fuite de fidèles vers des « prieurs ». Des pasteurs eux-mêmes font appel à des prieurs ou des croyants-guérisseurs pour organiser des séances de délivrances et de guérisons. Ce qui surprend le chrétien averti, c'est que Jésus a ordonné que les disciples soient baptisés du Saint-Esprit avant d'aller accomplir sa mission. Il s'agit là d'un impératif. Si donc le constat cité plus haut est vrai, seulement 10% des membres sont spirituellement aptes à accomplir la Mission de Dieu.

    D'autre part, cette situation pénalise la vie de l'église qui nécessite les dons spirituels. Or, ils ne sont donnés, pour l'utilité commune, qu'à ceux qui sont baptisés du Saint-Esprit (1 Co 12.7-11), et remplis de l'Esprit (Ep 5.18). Nous pouvons donc imaginer les difficultés de l'Eglise et de ses responsables, dans l'état actuel des choses, et les raisons de l'expansion du phénomène des prieurs.

    Enfin, le fait qu'il y ait si peu de membres baptisés du Saint-Esprit soulève bien des questions sur leur état spirituel et celui de l'église locale à laquelle ils appartiennent. En effet, un certain nombre de critères spirituels conditionnent la réception du baptême du Saint-Esprit, et si l'accomplissement de la promesse divine n'est pas fréquent dans l'église, cette situation peut susciter bien des interrogations quant à la capacité de ces membres à répondre à ces critères. Une raison très plausible semble être le manque de véritables nouvelles

    273Youssuf Savadogo, Biographie de douze pionniers de l'oeuvre missionnaire des Assemblées de Dieu du Burkina Faso, (Ouagadougou : Éditions Basnneré, 2009).

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    naissances. Nous assistons à beaucoup de conversions qui ne sont pas suivies de régénération, ce qui peut expliquer l'absence de réception du baptême de feu. Ce serait, selon le terme usité, des « conversions de bouche » plutôt que des « conversions de coeur ». Il s'agit pour beaucoup d'un changement réel de religion ou de l'adoption d'une nouvelle religion, accompagnée du baptême comme acte symbolique. En fait, l'individu abandonne des idées, des pratiques et des comportements anciens pour en adopter de nouveaux souvent imposés par l'institution comme une loi nouvelle lui permettant d'intégrer sa nouvelle communauté. Il est facile de faire ici un parallèle avec les prescriptions de l'Islam, ou les lois de l'A.T., ou encore les sacrifices de la Religion Traditionnelle Africaine. Ceci pourrait expliquer l'absence de vraie repentance, de conversion spirituelle authentique, et donc de nouvelle naissance et de régénération. Il semble donc judicieux d'analyser la motivation de ceux qui viennent se convertir aux AD. On pourrait encore s'interroger sur la notion de péché et du salut274, concepts différents d'une culture à une autre, qui peuvent grandement influer, en fonction de la croyance d'origine, sur les conceptions de repentance et de conception de la « conversion de coeur ».

    C'est ainsi que les prières collectives de repentance, réalisées souvent lors de réunions ad hoc, permettent de diaboliser le péché et contribuent à écarter tout sentiment de culpabilité chez le pécheur, en rejetant la faute sur un autre, humain ou génie,275 dont il serait ainsi la victime.276

    Certains, néanmoins, se convertissent réellement de tout leur coeur. Convaincus de péché par le Saint-Esprit, ils croient, se repentent sincèrement et acceptent Jésus-Christ

    274Hannes Wiher, L'évangile et la culture de honte en Afrique occidentale, (Bonn : Verlag für Kultur und Wissenschaft, 2003), 70.

    275Laurent, Les pentecôtistes du Burkina Faso, 348, 364.

    276Moïse Sawadogo, "Les communautés de prière, un chemin vers le réveil ou le retour du sacré" (Maîtrise de Théologie, Fatad, Lomé, Togo, 2006), 26.

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    comme leur Sauveur personnel et le Seigneur de leur vie. Ils sont généralement rapidement baptisés du Saint-Esprit car ils s'efforcent d'obéir en tout au Seigneur. L'Église devra néanmoins veiller à la formation de ces nouveaux convertis afin d'éviter qu'ils soient « mal mis au monde » et connaissent des retards de croissance, voire des problèmes de survie.277 D'autres, par contre, viennent pour toutes sortes de raisons : économiques, sociologiques, matrimoniales, morales ou spirituelles. Il y en a parmi eux, heureusement, qui continuent dans une démarche spirituelle et se convertissent réellement de coeur. Pour les autres, hélas nombreux, leur démarche s'arrête souvent là. Ils continuent à venir, servent dans l'église et deviennent même des responsables. Toutefois, ils sont dans une religion mais ne vivent pas la vie nouvelle avec le Seigneur. Il existe de nombreux témoignages de chrétiens qui se sont convertis après des années de responsabilité dans l'église. Pendant tout ce temps, ils pensaient être de bons chrétiens, alors qu'ils ne faisaient que suivre le mouvement en demeurant inconvertis de coeur.

    Laurent mentionne de nombreuses raisons de conversion. Il explique comment beaucoup viennent chercher une puissance plus forte que les fétiches278, qui puisse les protéger contre les attaques spirituelles de leur environnement. Certes, ils font partie de la communauté en ce sens que l'église a remplacé le clan, en devenant une « famille de prière », mais il est désolent que leur expérience n'aille pas plus loin. Ils restent dans la logique d'autrefois : je t'offre un sacrifice, donc tu dois me donner. Aujourd'hui, le coq ou la chèvre a été remplacé par la dîme, les offrandes, les prémices, les prières ainsi que l'obéissance aux commandements, donc Dieu doit donner en retour.

    Il en est qui viennent pour des raisons économiques. P.-J. Laurent souligne :

    277David Pawson, La naissance normale du chrétien, (Nyon : Carrefour, 1990), 280. 278Laurent, Les pentecôtistes du Burkina Faso, 78.

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    Les églises pentecôtistes et notamment les A/D incarnent une certaine idée de la modernité. La conversion permet alors, par rapport à l'entourage villageois ancestral, une mise à l'écart favorable au développement. Elle devient un processus d'invention ou de négociation d'une autre intersubjectivité.279

    D'autres encore se convertissent pour des raisons sociologiques : Des jeunes filles fuient leur famille pour échapper à des mariages forcés imposés par le milieu lignager, ou pour rechercher un mariage protestant, par consentement mutuel,280 synonyme de monogamie et de fidélité. Elles viennent trouver refuge auprès du pasteur et se convertissent. Le pasteur et son épouse deviennent alors des « père et mère de prière » et remplacent la vraie famille de sang. De même, des veuves viennent pour fuir l'obligation traditionnelle du lévirat.

    Enfin, nombreux sont ceux qui, nés dans des foyers chrétiens et ayant fréquenté des écoles chrétiennes, ont pris leur baptême d'eau, portent le nom de chrétien, utilisent le vocabulaire chrétien, participent aux réunions, mais n'ont jamais fait l'expérience d'une conversion spirituelle authentique, touchant le coeur même de la personne et la transformant en enfant de Dieu. Ce sont ce qu'on appelle des « chrétiens de nom ».281

    Parlant des AD du Burkina Faso, le Docteur Roamba rapporte : « Force est de constater que cette église qui se dit pentecôtiste est en train de perdre ce qui a causé sa naissance, c'est-à-dire le baptême du Saint-Esprit et l'exercice des dons spirituels. Les statistiques en la matière montrent que cette particularité manque dans les églises. »282

    279Laurent, "Conversions aux Assemblées de Dieu chez les Mossi du Burkina Faso," 67--97. 280Laurent, Les pentecôtistes du Burkina Faso, 92.

    281Byang Kato, Chrétien et africain authentique (Abidjan : CPE, 1975), 5.

    282Roamba, 53.

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    2. Le Retour aux Anciennes Pratiques et Croyances

    L'Africain croit que rien n'est dû au hasard. Donc, tout évènement doit avoir une explication, qu'il s'agisse de la vie de famille, d'une maladie, d'une mort, d'une bonne ou mauvaise récolte, de la réussite à un examen, etc. Cette croyance est implantée depuis des siècles dans le coeur des Africains, et elle persiste encore aujourd'hui, aussi bien chez les animistes, les musulmans, les catholiques, et même chez les protestants. Avant la venue du protestantisme, les Burkinabés avaient donc coutume, lorsqu'ils rencontraient un problème quelconque, de consulter les fétiches afin d'apprendre de la bouche du féticheur la raison de la circonstance et la solution à apporter, celle-ci consistant souvent à réaliser des sacrifices ou autres pratiques. Les féticheurs et les chefs détenteurs du « Naam » (le pouvoir en mooré) détenaient donc sur la population un pouvoir basé sur la peur et la superstition, ceci permettant d'imposer le respect des traditions et de maintenir l'individu, la famille, le village, sous un véritable esclavage spirituel et matériel. L'arrivée des premiers missionnaires des Assemblées de Dieu et la conversion des premiers Burkinabés, devenus rapidement des pionniers missionnaires remplis de l'Esprit pratiquant les dons spirituels, ont amené un profond changement dans les moeurs et les coutumes locales. Revêtus de la puissance de Dieu, ils ont annoncé l'Évangile dans les villages et ont bouleversé l'ordre établi, annonçant et prouvant par des signes, des prodiges et des miracles que Dieu, le seul vrai Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, était plus fort que les sorciers et les fétiches. Ceci a suscité de nombreuses conversions auprès de la population dont le souci principal était de se prémunir des puissances occultes qui les opprimaient. Toutefois, la croyance que rien n'est dû au hasard persiste dans les coeurs. Donc, lorsqu'un évènement se produit, au lieu d'aller consulter les praticiens traditionnels, les chrétiens vont désormais chercher la réponse et la solution chez le pasteur. Malheureusement, un certain nombre de facteurs vont intervenir pour troubler le chrétien en quête. Premièrement, beaucoup de ces soi-disant convertis ne sont pas régénérés,

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    ou, s'ils le sont, ne sont pas remplis du Saint-Esprit. Deuxièmement, ont-ils été suffisamment enseignés à abandonner leurs anciennes croyances qui veulent notamment que tout évènement doit avoir une raison souvent occulte ? Ont-ils aussi été enseignés à porter leur regard sur Jésus-Christ et se confier en lui seul, et non dans le pasteur qui n'est qu'un homme ? Troisièmement, beaucoup de pasteurs ne sont plus aujourd'hui remplis du Saint-Esprit, si tant est qu'ils l'ont été un jour. La conséquence est que le conseil qu'ils sont amenés à apporter est souvent basé sur des raisonnements humains. Donc, dans leur quête inassouvie, beaucoup de ces « chrétiens » se tournent vers de nouveaux concepts religieux, des prieurs, ou des croyants-guérisseurs. Et finalement, s'ils ne sont toujours pas satisfaits, ils retournent consulter ceux qu'ils avaient abandonnés pour venir à l'église, c'est-à-dire vers les anciens praticiens traditionnels, féticheurs, marabouts, etc.283

    3. L'Émergence de Nouveaux Concepts

    Laurent souligne qu'en milieu mossi, l'univers de la « concorde coutumière » induit deux soucis essentiels qui préoccupent également les protestants : la quête de la sécurité, notamment la recherche de protections contre les attaques en sorcellerie, et la recherche de guérison.284 Selon l'auteur, cette situation a conduit au développement parallèle de deux formes de réponse. Il met en exergue deux éléments de la pratique pentecôtiste contemporaine au Burkina Faso : les prières individuelles de guérison, au domicile de « croyants-guérisseurs », et les « séances collectives de délivrance » dans l'enceinte de l'église. Selon Laurent, les croyants-guérisseurs sont des professionnels, qui gagnent leur vie grâce à la réputation que leur confère leur supposé don. Ce phénomène apparaît massivement vers le milieu des années 1980, même s'il existe depuis longtemps quelques fidèles réputés

    283Témoignages de plusieurs pasteurs, recueillis dans les années 2010 et 2012. 284Laurent, Les pentecôtistes du Burkina Faso, 307

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    pour leur don de guérison et de prophétie.285 L'auteur montre bien les problèmes posés par leur émergence. Alors que les pasteurs tirent leur légitimité de l'enseignement reçu et de l'institution, ces « croyants-guérisseurs », dont le succès est croissant, les concurrencent en se prévalant d'une relation directe avec Dieu, se manifestant par l'expression de dons. Tandis que les séances collectives de délivrance, en présence de pasteurs, renvoient à l'orthodoxie des AD, les prières individuelles de guérison offrent un « protocole plus syncrétique ».286 La question reste néanmoins posée de savoir pourquoi les fidèles fréquentent les croyants-guérisseurs, autrement appelés « prieurs ». Cela vient-il d'un déclin spirituel de l'Église ou des pasteurs, ou des deux ? De nombreux pasteurs interrogés refusent de reconnaître un quelconque déclin spirituel et évoquent plutôt la concurrence déloyale que leur font des prieurs dont la moralité est souvent douteuse. Certains coopèrent avec eux et les invitent pour les séances collectives de délivrance. D'autres enfin préconisent de laisser le vrai et le faux mil grandir. Le jour des récoltes, on verra le vrai du faux.287

    4. L'Abandon de la Vraie Prière

    L'étranger de passage en Afrique ne reste pas sans remarquer que les chrétiens se réunissent souvent pour louer Dieu et prier, fort, parfois jusqu'à très tard dans la nuit. Toutefois, à y regarder de plus près, on découvre un peuple qui loue, certes, mais qui ne prie qu'en groupe. Pour beaucoup, l'instruction de Jésus d'entrer dans sa chambre, de fermer sa porte, et de prier son Père qui est là dans le lieu secret (Mt 6.6), c'est-à-dire de développer l'habitude d'une communion personnelle dans la prière intime avec Dieu, est une relique du passé, si tant est qu'elle n'ait jamais existé. Car, pourquoi demander à Dieu ce qu'il a déjà promis ? Selon l'enseignement qui circule, il suffit de s'emparer de ses promesses et

    285Ibid., 313. 286Ibid., 412. 287Ibid., 321.

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    d'ordonner la délivrance ! En fait, nous sommes si préoccupés à échapper à la souffrance, à l'épreuve, aux problèmes quotidiens pourtant communs « à tous les hommes » (1 P 4.12), que nous perdons le vrai sens de la croix. En fait, lorsque nous nous réunissons de plus en plus nombreux, quand nous crions (ce n'est pas un euphémisme) à l'unisson, nous réclamons son pouvoir de guérison, au point que certains se laissent aller à donner des ordres, parfois blasphématoires, au Seigneur pour obtenir satisfaction. Nous voulons ses promesses de bénédiction, sa protection, et ce, toujours plus. Nous exigeons le bonheur sur terre. Mais en réalité, nous ne voulons pas de Christ seul. Jadis, l'Église se réunissait pour confesser ses péchés ; aujourd'hui, elle réclame ses droits. Combien serviraient le Seigneur s'il n'offrait que lui-même et le salut éternel ? C'est-à-dire, qui le suivrait si son acceptation en tant que Sauveur et Seigneur n'étaient pas suivie de promesses terrestres, de guérison, de succès, de prospérité, de bénédiction matérielle, de signes, de prodiges et de miracles. Qu'en serait-il si nous devions accepter le sort de nos anciens qui ont connu la persécution, la déportation, la lapidation, les moqueries, la prison, la relégation dans les cavernes ou les trous à rats, le dénuement total ? Quel choix ferions-nous si le seul avantage qui nous était accordé était Christ et la promesse du salut éternel ?

    5. Un Faux Christianisme

    Selon Jérôme Prékel, une des principales raisons du déclin spirituel de l'Église est un phénomène naturel : la recherche du bonheur qui passe par l'approbation du monde, c'est-à-dire être comme les autres, se couler dans le moule, vivre heureux en étant reconnu et apprécié par tous.288 Déjà, le « sermon sur la montagne » était contraire aux raisonnements religieux de son temps. En effet, le statut de serviteur de Dieu permettait d'accéder à une position sociale avantageuse, alors que Jésus expose ici une vision sans concession. En effet,

    288Jérôme Prékel, "La recherche du bonheur et l'approbation du monde," http://www.blogdei.com/index.php/2010/06/24 (consulté le 28 juin, 2010).

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    il révèle de façon rigoureuse la vie spirituelle telle qu'il la conçoit. Jésus est clair sur ce qui attend ses disciples. Il est important que tous ceux qui veulent être ses disciples sachent que la marginalisation, le rejet, la honte, sont indissociables de la vie nouvelle en Christ. Au Temple, Siméon annonça que « cet enfant est destiné à devenir un signe qui provoquera la contradiction » (Lc 2.34). Plus tard, Jésus dira : « Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, vous dis-je, mais la division » (Lc 12.51). Tous ceux qui font un avec Jésus, et qui marchent avec lui dans sa lumière, doivent s'attendre à se trouver entraînés dans un affrontement, un télescopage avec l'esprit du monde, avec le mensonge ambiant, avec l'injustice et la domination de l'antichrist sur les hommes.

    À contrario, tout christianisme confortable, socialement intégré, politiquement correct, est annoncé comme un malheur, car il éteint l'esprit originel du salut et engendre une religion qui continuera peut-être à parler de Dieu, mais qui ne sera pas fidèle aux fondements de sa parole. Car un christianisme sans opposition à l'esprit du monde, sans affrontement avec le mal, sans confrontation avec l'esprit de l'Antichrist, n'est pas le christianisme du Christ. Hélas, beaucoup de pasteurs et de chrétiens rejettent cette vérité et préfèrent se positionner dans le concept de l'Ancien Testament : Abraham était riche et béni, Job aussi, Salomon, etc. Selon eux, chaque chrétien a le droit d'avoir le monde et tout ce qu'il peut apporter, en plus de la bénédiction et la protection divine, ainsi que l'assurance de la vie éternelle. Voilà un parfait compromis semblable à la proposition de Pharaon que Moïse a rejeté catégoriquement car il voyait celui qui est invisible (Hé 11.27).

    Vivre heureux est un désir humain que l'on retrouve aussi chez le chrétien. Certains enseignent que la bénédiction de Dieu se mesure à ses bienfaits, parce que nous sommes ses enfants. On devrait donc, selon eux, vivre dans l'abondance et la réussite sociale, avec pour résultat une adhésion au christianisme positiviste. En effet, celui-ci affirme pour tout chrétien

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    le droit à la recherche et à l'obtention de la prospérité mais, en même temps, le rejet inconscient des enseignements de la croix, jugés négatifs et misérables.

    La définition du mot « heureux » doit nous conduire à inverser radicalement nos valeurs. En réalité, le mot grec utilisé ici signifie plutôt « en marche ». Or, c'est contraire aux enseignements de Jésus sur le discipolat : « Si quelqu'un vient à moi, sans me préférer à son père, à sa mère, à sa femme, à ses enfants, à ses frères, et à ses soeurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple » (Lc 14.26-27). Si donc nous voulons garder notre conception naturelle du bonheur (paix, sécurité, confort), nous devenons insensibles à l'invitation du Saint-Esprit : « Souffre avec moi, comme un bon soldat de Jésus-Christ » (2 Tm 2.3). Il est vrai que nul homme naturel ne désire souffrir, car la souffrance inclut la notion de sacrifice qui est contraire à sa course pour atteindre le plaisir, but de sa vie. Hélas, aujourd'hui, cette pensée est partagée dans l'Église car la majorité se compose d'hommes se laissant guider par le vieil homme qui sommeille encore en eux. Il est important de le rappeler : si nous craignons la souffrance qui est attachée à l'amour de la vérité, nos choix spirituels et nos choix de vies nous rendront semblables à Ésaü qui a échangé son droit d'aînesse contre un plat de lentilles. Jésus nous donne la capacité de vaincre : « Ils l'ont vaincu à cause du sang de l'Agneau et à cause de la parole de leur témoignage ; et ils n'ont pas aimé leur vie jusqu'à craindre la mort » (Ap 12.11).

    Le discours de Jésus stigmatise la recherche de l'approbation du monde. C'est une tentation logique à laquelle est exposé tout disciple et tout responsable d'église, qui doit affronter cette épreuve pour finalement, soit la surmonter, soit y succomber. C'est la recherche de cette approbation qui conduit l'Église à se conformer à certains aspects du siècle présent, tout en prêchant une Bible qui dit le contraire. Jésus condamne la recherche de l'approbation du monde : « Malheur, lorsque tous les hommes diront du bien de vous » (Lc

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    6.26). C'est une des clés de l'apostasie. Il n'est pas rare qu'une église gagnée par cette mentalité positiviste cherche l'approbation des hommes et vise à rentrer dans les rangs de la société, afin d'être reconnue. Mais ce n'est pas la pensée de Jésus, ni dans son message, ni dans son exemple.

    Si l'Église devient ainsi perméable à l'esprit du monde, celui-ci ne pourra plus y être condamné, car il aura introduit ses pratiques avec lui. C'était la pensée de Constantin qui a fusionné le christianisme et le paganisme, et il en est sorti le catholicisme. Le but du disciple n'est pas l'instauration du bien et la condamnation du mal, mais d'incarner la royauté de Jésus. La mission de l'Église est d'amener à Christ toute âme d'homme perdu pour qu'il soit sauvé et devienne à son tour un disciple. C'est Christ que nous sommes appelés à prêcher, ce n'est pas le Bien, ni la Vérité, ni même la Justice. Ces vertus découlent de Christ seul. Le chemin qui consiste à prêcher le Bien, la Vérité et la Justice est meilleur que beaucoup d'autres, mais il ne mène pas obligatoirement à Christ. Il peut mener à un Dieu humain, fait à l'image de l'homme. Beaucoup de religions détournent les hommes de Christ par cette approche toute humaine. Les organisations mondiales et beaucoup d'ONG vont dans le même sens. Les grandes oeuvres chrétiennes du passé, telle la Croix Rouge ou l'Armée du Salut, et même aujourd'hui Vision Mondiale, se sont laissés prendre au piège. Quand nous cherchons l'approbation du monde, nous cherchons plus ou moins consciemment à rendre le message de Jésus plus acceptable, plus conforme aux standards mondains. Ce faisant, nous dénaturons l'Évangile, et nous marchons en ennemis de la croix et donc de Christ.

    6. La Perte de l'Unité

    Une autre conséquence est l'égoïsme grandissant au sein du peuple de Dieu. Certes, une des causes est la déstructuration rapide de la société burkinabé qui est passée d'une organisation coutumière villageoise avec son excellent système d'entraide à une situation citadine plus dure à vivre, où chacun ne peut souvent compter que sur soi-même. C'est cette

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    situation, malgré les efforts fournis par l'Église et certains fidèles en matière d'oeuvres sociales, qui se retrouve aujourd'hui au sein de l'Église elle-même et contribue à son déclin spirituel. En effet, le plus grand commandement qui est d'aimer Dieu est immédiatement suivi par celui d'aimer son prochain comme soi-même (Mt 22.39), chose rare dans l'Eglise, que ce soit au Burkina Faso ou ailleurs.

    7. Des Âmes en Souffrance par Manque de Berger

    L'une des activités des bergers est le soin qu'ils doivent apporter aux brebis. Or, ils n'ont souvent plus le temps de le faire. Pour beaucoup, la recherche des moyens de subsistance monopolise la majeure partie de leur temps. Pour d'autres, la course aux biens de ce monde est plus importante que le souci des âmes. Les brebis sont tondues, bien tondues, mais elles ne sont pas nourries. Les visites pastorales sont rares, sauf cas d'extrême gravité physique ou urgence. Si un élève-pasteur ou un stagiaire prend l'initiative de visiter le troupeau, on le soupçonne de vouloir détourner les âmes pour faire une division et démarrer sa propre église Le suivi des nouveaux convertis est souvent laissé aux bons soins de laïcs souvent eux-mêmes en grand besoin spirituel. La nourriture qui est nécessaire aux brebis est souvent cherchée sur Internet ou dans les archives, d'où on réchauffe les plats rassis. Le troupeau n'est pas protégé des loups ravisseurs ni des faux docteurs. Pourtant, il y a 2.600 ans, le Seigneur avertissait déjà : « Malheur aux bergers qui détruisent et dispersent le troupeau de mon pâturage, dit l'Éternel » (Jr 23.1), et d'ajouter : «Mon peuple est un troupeau de brebis perdues ; leurs bergers les égaraient, les faisaient errer par les montagnes » (Jr 50.6). Jésus lui-même souligne que le mercenaire (celui qui exerce le pastorat pour se servir soi-même) ne se met point en peine des brebis (Jn 10.13).

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    8. Passer à Côté du Plan de Dieu

    La mission que le Seigneur nous a ordonnée est claire : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez- leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde » (Mt 28.19-20), et « Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre » (Ac 1.8). Comment remplir la mission que le Seigneur nous a confiée, pour laquelle il a donné son Esprit Saint, sans réagir au déclin spirituel actuel. Les anciens diront : « Au début, il n'en était pas ainsi. On avait l'habitude des sacrifices. Aujourd'hui, les jeunes veulent tout et tout de suite. » Ils n'ont certes pas tort, bien que beaucoup se soient engraissés par l'exercice d'un certain type de ministère. Rappelons que nous avons un rendez-vous auquel nous ne pouvons pas nous soustraire, avec le divin juge.

    9. Le Relativisme

    Notons enfin que les influences de la théologie libérale se développent maintenant aussi dans l'Église, notamment auprès des jeunes. De nombreuses vérités de la Bible sont ainsi relativisées. Qu'est-ce que le relativisme ? C'est la position philosophique qui sous-tend que tous les points de vue sont valables et que toute la vérité est relative à l'individu. Or, cette proposition n'est pas logique, car elle se contredit elle-même. En effet, si toute la vérité est relative, alors la déclaration « Toute la vérité est relative » devrait être absolument véritable. Si elle est absolument véritable, alors, tout n'est pas si relatif et la déclaration selon laquelle « Toute la vérité est relative » est fausse. Et on pourrait poursuivre ce débat si le temps nous le permettait. Ce qui est surtout important à retenir, c'est que, en temps de déclin spirituel, la vérité est remise en cause. Le doute s'installe. On commence à relativiser les vérités bibliques. On revient à Genèse 3.1 : « Dieu a-t-il réellement dit ? ».

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    E. Au Milieu du Déclin, un Grand Espoir

    1. L'OEuvre de Dieu Continue

    Malgré le déclin spirituel qui touche la terre entière, les bonnes nouvelles qui nous viennent de différents champs de missions montrent que l'oeuvre de Dieu continue. Que ce soit en Amérique du Nord, en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud, en Europe, et surtout dans la fenêtre 10/40 qui regroupe tous les pays où l'Islam est fortement implanté, on rapporte des conversions, des baptêmes d'eau, des baptêmes du Saint-Esprit. Parmi ceux qui, auparavant, combattaient parfois avec férocité le christianisme, Dieu se révèle et accomplit des miracles. Des vies sont changées. En Chine, où l'on rapporte près de 25.000 conversions par jour, les nouveaux convertis, souvent démunis, partent à leur tour évangéliser les villages alentour. Nous connaissons les temps difficiles mais cruciaux que nous vivons, et que le Seigneur est à la porte, mais toutes ces bonnes nouvelles nous encouragent à poursuivre nos efforts, à relever les défis majeurs qui nous sont lancés, sachant que le meilleur est devant nous, et chaque âme gagnée est une victoire remportée sur l'ennemi pour la plus grande gloire de notre Seigneur.

    2. La Réponse au Besoin Holistique de l'Homme

    Selon l'agence oecuménique de Genève, certains pays d'Amérique latine, comme le Guatemala, comptent jusqu'à 25% d'évangéliques. En tête, on trouve les églises pentecôtistes. Jorge Mendez explique : « Ici, l'importance du changement de vie après la conversion est impressionnant : le témoignage personnel, l'annonce de la parole de Dieu, sans oublier l'aide apportée aux pauvres et aux souffrants. Beaucoup d'enfants issus de familles brisées trouvent dans les communautés chrétiennes une nouvelle famille. Là, ils

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    apprennent que Dieu les aime. »289 Cette façon de vivre est à l'opposé du matérialisme ambiant et dénote un changement radical de vie. Elle démontre la force de changement de l'Evangile dans les vies qui ont pourtant connu des déchéances et des misères difficiles à imaginer. Jésus est le même hier, aujourd'hui et éternellement (Hé 13.8). C'est l'Évangile en action qui a permis à tant de coeurs d'être transformés par l'amour de Dieu. Dieu nous a créé corps, âme et esprit. La Bible nous démontre toute l'importance que Dieu accorde à notre être tripartite dans la prière de Paul pour les Thessaloniciens : « Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers, et que tout votre être, l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé irréprochable, lors de l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ » (1 Th 5.23). Paul a raison de dire que seule la foi en Jésus-Christ sauve, mais comme le souligne Jacques, « une foi sans les oeuvres est inutile » (Jc 2.20), ce qui veut dire que le manque d'oeuvres prouve le manque de foi. Feu Pierre Dupret l'a souvent répété : Le véritable amour pour Dieu et pour son prochain est démontré en répondant au besoin holistique de l'homme. C'est ainsi seulement que le véritable Évangile pourra continuer à sauver les âmes perdues, jusqu'au retour du Seigneur.

    V. LE DÉFI MAJEUR LANCÉ À L'ÉGLISE FIDÈLE

    Je soulignerai tout d'abord l'urgence extrême de réagir aux défis qui nous sont lancés. Les évènements vont très vite. Le diable est à l'oeuvre sur plusieurs fronts, dans le monde et dans l'Église où il accélère ses manoeuvres tant à l'intérieur que de l'extérieur. On ne devrait d'ailleurs pas dire le défi au singulier, car il y a plusieurs défis qui sont lancés au reste qui est demeuré fidèle.

    289Jorge Mendez, "Bloc notes infos monde," Revue Pentecôte 11 (Novembre 2004): 25.

    290Arthur Wallis, The Day of Thy Power, (Rancho Cordova, Californie: Cityhill Publishing, 1990), 24. 291George Santayana, The Life of Reason, (New-York, USA: Dover Publications, Inc., 1980).

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    A. Tirer les Leçons du Passé 1. La Leçon des Réveils Passés

    Je ne peux m'empêcher de remarquer deux choses dans l'histoire de tous ces puissants réveils. D'abord, il ne fait aucun doute que Dieu les a utilisés comme le moyen de restaurer la richesse d'une Église en déclin, et de faire avancer la cause de l'Évangile dans le monde. C'est la façon dont Dieu procède pour maintenir une Église dans la vitalité et c'est de cette façon que Dieu étend Son Royaume, à la fois numériquement et géographiquement. D'autre part, je ne peux manquer de noter les similitudes entre l'expérience d'Israël à l'époque des Juges et les réveils de l'Église. Le même cycle de péché et d'apathie, de déclin et de défaite, de prière désespérée en vue du secours divin, et, finalement, la puissante intervention de Dieu caractérisent chaque réveil. D. M. Panton attire notre attention vers la direction potentielle de ces réveils :

    Il est très significatif que, depuis la Réforme, les réveils se soient produits à une fréquence de plus en plus élevée. Encore et encore Dieu a secouru ce qui était au-delà de toute aide humaine : qu'est-ce qui aurait pu sauver l'Eglise sinon des interventions gracieuses de la toute-puissance ? Le besoin ne peut que s'accroître alors que nous nous orientons vers la fin des âges.290

    2. La Leçon de l'Histoire de l'Église

    La situation est d'autant plus malaisée pour les dirigeants spirituels qu'ils ne sont pas responsables de toutes les difficultés de l'Église et des croyants. Bien que cela soit vrai, le problème est que l'histoire se répète, et les évènements du passé doivent servir d'exemple. Selon le philosophe George Santayana : « Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter »291, paraphrasable par : « Ceux qui ne peuvent pas apprendre de l'histoire sont condamnés à la répéter », ou « Ceux qui ne parviennent pas à tirer les leçons

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    des erreurs de leurs prédécesseurs sont destinés à les répéter. » En effet, le passé, nous l'avons vu, est, depuis la création, rempli d'exemples qui se reproduisent sous nos yeux actuellement. Un retour aux fondamentaux doit nous interpeller. Quels choix allons-nous faire ?

    B. Les Défis Lancés à l'Église

    La situation est d'autant plus ardue que nous devons lutter sur plusieurs fronts à la fois. Dans le passé, l'Église primitive a dû faire face à ces mêmes problèmes mais, si je puis dire, elle les a affrontés un à un, jusqu'à l'avènement de Constantin. Or, nous sommes à la fin des temps, et Satan s'élance toutes ses forces dans la bataille car il sait que le temps lui est compté.

    Une grande partie de la nommée « religion chrétienne » lui est d'ores et déjà acquise. Elle est soit anéantie par les différents courants de pensée philosophique de la haute critique ; soit piégée dans un confort religieux mensonger entretenu à coups de traditions, de dogmes, et de conformismes par des dirigeants repus depuis près de dix-sept siècles de règne absolu ; soit aveuglée par les nouveaux concepts des extrémismes religieux hérétiques qui préparent la venue de leur agent, l'Antichrist. Dans tous les cas, Satan a su la neutraliser et elle ne peut pas lui faire grand tort. Si on analyse les statistiques actuelles, cela représente quand même plus de 95% de la chrétienté déclarée.

    Satan s'attaque donc maintenant au reste, l'Église combattante demeurée fidèle. Hélas, elle aussi connaît le phénomène récurrent du déclin spirituel, celui-ci l'ayant conduit dans le même cycle de péché, d'apathie, de déclin et aujourd'hui de défaite. Jusqu'ici, Satan a réussi à la corrompre en mélangeant le bon grain et l'ivraie, avec pour résultats la perte du premier amour, la baisse de la vie de l'Esprit chez les régénérés, ainsi que le piège d'un retour à la tradition, favorisant des syncrétismes divers. Parmi les responsables, il a également

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    suscité, avec succès, une convoitise charnelle accrue pour les biens terrestres et la reconnaissance des hommes. De plus, Satan a réussi à semer le poison de la jalousie, des querelles, et autre zizanie, qui paralysent les leaders qui sont ceux qui ont le pouvoir de sortir l'Église de l'ornière dans laquelle elle se trouve. Enfin, il dénature la pureté de l'Évangile en administrant l'hérésie à doses homéopathiques, mais qui, au fil du temps, finissent par corrompre le message de vérité en lui retirant ce qui en fait la force : le Saint-Esprit. Celui-ci est attristé, voire éteint dans maints d'endroits. Le résultat est une Église qui, à l'instar de Samson ou d'Israël au temps du sacrificateur Eli, se croit toujours forte de la présence du Seigneur, se glorifie de ses succès passés, se croit riche comme Laodicée, mais qui est en réalité inapte pour sa mission, ayant perdu la puissance divine, l'amour pour Dieu et son prochain, ainsi que son zèle missionnaire. Voilà le défi multiforme que Satan lance à l'Église aujourd'hui.

    C. Une Prise de Conscience

    Le retour du Seigneur Jésus-Christ approche, avec comme préalable, l'enlèvement de l'Église qui lui appartient. Nous sommes donc à la croisée des chemins et nous devons choisir notre avenir. Deux choix s'offrent aux responsables de l'Église : Feindre la cécité par refus de relever le défi ou affronter la situation avec honnêteté et courage. Je pense que la lucidité et le courage s'imposent à tous ceux qui ont à coeur le ministère pour lequel ils ont été appelés. Toutefois, si nous sommes prêts à relever le gant, ce que je crois, il y a un ordre prioritaire à respecter.

    La première question à se poser est donc : Comment en sommes-nous arrivés là ? Il est nécessaire de revoir les fondements et les principes d'autrefois, admettre comme Elie que nous ne sommes pas meilleurs que nos pères (1 R 19.4). Nous devons admettre que nous avons dérivé, et prendre conscience du déclin spirituel de l'Église. Après lui avoir reproché

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    l'abandon de son premier amour, notre Seigneur dit à Éphèse : « Souviens-toi d'où tu es tombé » (Ap 2.5). Mais se souvenir n'est pas suffisant. Nous devons agir, quitte à prendre des décisions douloureuses. Jésus ajoute : « Repens-toi et pratique tes premières oeuvres » (Ap 2.5).

    Il importe donc d'abord de savoir où nous sommes, et donc de nous interroger et d'admettre sans complaisance la situation spirituelle actuelle de l'Église. Sommes-nous prêts à le faire, quitte à bouleverser et déstabiliser certains préjugés, voire certains fauteuils ? À qui préférons-nous plaire ? À Dieu ou aux hommes ? Sommes-nous prêts à purifier l'Église, comme Jésus l'a fait dans le temple de Jérusalem ? Sommes-nous prêts à prendre toutes les dispositions nécessaires pour obtenir coûte que coûte un réveil de l'Église ? Il convient donc de définir ce qu'est un réveil et ce qu'il entraîne comme conséquences, afin de déterminer si nous le souhaitons vraiment.

    Dans beaucoup d'endroits de la planète, le Mouvement de Pentecôte stagne, peine à se développer, et finit par régresser spirituellement. Ce n'est pas nouveau. Tout comme ses prédécesseurs, ce puissant mouvement de l'Esprit a conduit à l'établissement d'organisations ecclésiales qui ont fini par transformer le mouvement divin en monument humain quasi inamovible malgré les grandes déclarations et les bonnes volontés. Le problème est donc de définir les mesures à prendre pour remédier à la situation actuelle afin de permettre aux AD du Burkina Faso de relever le défi présent de la « Décennie de la Pentecôte ».

    Comment réagir face à la pauvreté spirituelle actuelle des ministères et des églises ? Comment procéder pour revenir à un christianisme évangélique et pentecôtiste fort ? Sommes-nous prêts à en payer le prix ? Aurons-nous le courage de nous remettre tous vraiment en question ? Aurons-nous le courage de tailler dans le vif, s'il le faut ?

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    D. Notre Responsabilité

    Les réveils du Pays de Galles, de la Rue Azusa, et autres, se sont caractérisés par une spontanéité totale, conduits par l'Esprit Saint. Un réveil ne se commande pas. Les facteurs humains déterminants sont une grande faim de Dieu, la prière, et la recherche de la sainteté. Mais dans le temps, Dieu reste souverain de sa puissance et de son action. À ce propos, George O. Wood attire notre attention sur un point très important, facteur d'erreur dans une large majorité de "chrétiens" :

    Pendant le réveil d'Azusa, il y avait beaucoup d'églises, de bons prédicateurs, des services liturgiques brillants, et des formulations doctrinales fondamentales. Mais les pionniers d'Azusa étaient motivés par une faim ; non pas de connaître quelque chose de Dieu, mais de connaître Dieu ; non pas d'entendre parler de Dieu, mais d'entendre Dieu. Ils voulaient connaître Dieu dans sa plénitude ; ce qui explique le terme de "plein évangile".292

    Toutefois, une première caractéristique émerge toujours : la repentance. Si nous voulons une action de Dieu, nous devons admettre notre responsabilité en tant qu'individu d'abord puis en tant que mouvement, car nous sommes responsables les uns des autres. À titre d'exemple, Esdras eut à coeur de s'humilier non seulement pour lui-même mais pour tout le peuple qui avait abandonné la Loi de l'Éternel (Esd 9).

    Quelle responsabilité devons-nous admettre ? D'abord, comme Éphèse, l'abandon de notre premier amour, celui que nous devons à Dieu, et à notre prochain ; puis l'abandon de la sainteté ; ensuite l'abandon de la vérité ; nous pouvons continuer par l'abandon de notre zèle pour la grande Commission que le Seigneur nous a laissée (Mt 28.19-20). C'est de cela, en premier, que nous devons nous repentir, ainsi que de toutes nos actions conséquentes. Bien entendu, la liste n'est pas exhaustive, car nous avons beaucoup à nous faire pardonner.

    292George O. Wood, "This Pentecostal River: Azusa, the Originating Effluence" Enrichment Journal 11.2 (Spring 2006), 131.

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    Le réveil dépend de la repentance, comme la repentance conduit au réveil. Les deux sont absolument indissociables. Il est inutile de prier si nous ne passons pas d'abord par une vraie et authentique repentance. Donald Gee déclare :

    Si vous me demandiez quel est le plus grand besoin dans le réveil, c'est la repentance. Si les gens ne se repentent pas, le réveil ne sera pas assez profond. Avant qu'un authentique réveil puisse avoir lieu, les gens doivent se repentir. Je crains que dans nos réveils modernes, nous ayons laissé passer le premier mot adressé par Dieu aux pécheurs. Son premier mot n'est pas "crois", mais "repens-toi".293

    À Jérusalem, le jour de la Pentecôte, les participants à la première réunion interrogèrent Pierre : « Hommes frères, que ferons-nous ? » Pierre répondit : « Repentez-vous ... » (Ac 2.38). Le message de Dieu a toujours commencé par là : la repentance.

    En fait, les termes grecs « metanoô » et « metanoia » contiennent plusieurs appels. Comme nous l'avons vu précédemment, le premier appel concerne la prise de conscience du péché avec toute l'insatisfaction et le regret qui en découlent : cela concerne tout ce qui s'est passé avant.

    Le deuxième appel, concernant tout ce qui se passe pendant, est celui de la

    réparation : la demande de pardon ; les oeuvres dignes de la repentance telles que, comme Zachée (Lc 19.8), le remboursement de sommes reçues ou prises indûment ; l'exercice ou l'expression de la foi en Jésus-Christ et en son oeuvre de rédemption à la croix, etc. Cela concerne tout ce qui se passe pendant. A. W. Tozer affirme que prier est parfois non seulement inutile, mais également coupable, mentionnant l'exemple de Josué qui, après la défaite d'Aï, déchira ses vêtements et tomba la face contre terre devant l'arche de l'Éternel, jusqu'au soir, ainsi que les anciens d'Israël (Jos 7.6). Selon notre compréhension du réveil, en insistant aussi longtemps, Dieu aurait dû envoyer la bénédiction. Or, Dieu dit à Josué : « Lève-toi ! Pourquoi restes-tu ainsi couché sur ton visage ? Israël a péché » (Jos 7.10-11).

    293David A. Womack, L'expérience de la Pentecôte, (Deerfield : Vida, 1996), 91.

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    Autrement dit, que fais-tu à prier alors que tu devrais agir ? Et Il lui donne ses ordres : « Lève-toi, sanctifie le peuple. Tu diras : "Sanctifiez-vous pour demain ; car ainsi parle l'Éternel, le Dieu d'Israël : Il y a de l'interdit au milieu de toi, Israël ; tu ne pourras pas résister à tes ennemis, jusqu'à ce que vous ayez ôté l'interdit du milieu de vous" » (Jos 7.13).294 C'est un appel à l'action, au renoncement et au changement. Cela concerne l'après. La repentance a toujours fait partie de la démarche chrétienne, dans tous les siècles de l'histoire de l'Église, mais elle a toujours été suivie d'un retour à la sainteté. Elle est indispensable au rétablissement et au renouveau.

    Un troisième point est le retour à la mission de l'Église. A ce propos, John Shearer souligne que dans chaque réveil, il y a une nouvelle insistance sur le caractère missionnaire de l'Église. Les hommes, revenant au Calvaire, voient à nouveau le monde à travers les yeux de Christ. La compassion infinie du Christ remplit le coeur, et la passion inspirée par le Calvaire appelle les hommes du monde entier comme fruit de Son sacrifice.295 L'environnement profane, notamment les nouveaux médias, joua un rôle déterminant dans la transmission rapide des nouvelles des réveils à l'autre bout du monde, encourageant ainsi les chrétiens à rechercher pour eux-mêmes les bénédictions dont ils prenaient connaissance.

    Enfin, je ne peux que remarquer l'étonnante similitude avec l'expérience d'Israël à l'époque des Juges puis des rois. Le même cycle caractérise chaque réveil : le péché et l'apathie ; le déclin et la défaite ; la prière désespérée en vue du secours divin ; et enfin la puissante intervention de Dieu. Peut-être se trouve-t-il là un indice ou une direction pour l'Église d'aujourd'hui : Rechercher tout à nouveau la face de Dieu, et rien d'autre.

    Frank Bartleman, un des pionniers du réveil de la rue Azusa, écrit :

    294A. W. Tozer, "Ne priez pas pour le réveil," www.chretiente.com/.../174-ne-priez-pas-pour-le reveil.html (consulté le 10 janvier, 2012).

    295John Shearer, "Old Times Revivals," http://www.revival-library.org/catalogues/genhistory/shearer.html (consulté le 03 novembre, 2011).

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    L'Histoire se répète : Que le peuple de la Pentecôte prenne garde ; L'actuel réveil mondial est né au Pays de Galles, a vécu son adolescence en Inde, puis est devenu adulte plus tard à Los Angeles. J'ai reçu de Dieu, au début de 1905 la prophétie suivante concernant le réveil : "La profondeur du réveil sera exactement déterminée par la profondeur de l'esprit de repentance". Et ceci sera obtenu par tout un chacun et pour tous les temps.296

    D'après Salomon Andria, les traits suivants caractérisent la repentance et le réveil :

    Le rôle décisif d'une personne que Dieu a visitée d'une manière particulière. Par elle, Dieu opère une transformation spirituelle profonde dans une communauté ou une région donnée ; la conversion ou la repentance d'un grand nombre de personnes dans cette communauté grâce au ministère de cette personne ; la volonté de cette communauté d'obéir à Dieu et de se soumettre à l'autorité de l'Écriture ; le désir de cette communauté de vivre une communion intime avec Dieu et une communion fraternelle entre croyants ; la crainte de Dieu qui s'empare de la communauté.297

    E. Un Retour à la Sainteté

    Tout le monde chrétien aspire à nouveau à une action profonde du Saint-Esprit. John R. W. Stott, aumônier de la Reine d'Angleterre écrivait en 1977, « lorsqu'on considère l'Église d'aujourd'hui, on ne peut pas ne pas y constater le besoin d'une action plus profonde du Saint-Esprit. »298 Dans ce début du vingt-et-unième siècle, le monde s'enfonce de plus en plus dans le péché et le paganisme et il déteint fortement sur l'Église. Les chrétiens n'ont plus la crainte de Dieu ; ils n'ont plus peur de pécher, ni de mentir au Saint-Esprit en ce qui a trait à leur vie spirituelle. Ils redeviennent très matérialistes, courant derrière l'argent sans chercher premièrement le royaume de Dieu.

    L'Eglise actuelle a besoin d'un vrai réveil. Elle est arrivée à un tel point d'apathie qu'elle nécessite une vraie et profonde visitation de l'Esprit Saint. Comment l'obtenir ? Un

    296Frank Bartleman, How Pentecost came to Los Angeles, as it was in the Beginning, from my Diary, (Los Angeles, California: Frank Bartleman, 1906), 21.

    297Salomon Andria, "Réveils en Afrique," Théologie évangélique 1 (2008): 79.

    298John R. W. Stott, Du baptême à la plénitude, (Monnetier-Mornex : Éditions Emmanuel, 1977), 13.

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    réveil n'est pas un miracle. Il ne s'obtient pas par les cris, les hurlements, les gestes théâtraux et les prières assourdissantes des multitudes. Sur le Mont Carmel, cela était l'apanage des prophètes de Baal. Un réveil est un retour à Dieu dans la pureté et la sainteté, en passant à nouveau par la chambre haute. Elie a rebâti l'autel avec des pierres brutes, avant que le feu du ciel ne tombe pour tout consommer et ainsi démontrer à tout Israël qu'il n'y a qu'un seul Dieu, l'Éternel (1 R 18.38-39). Joseph A. Synan, l'un des leaders de l'Église de Sainteté Pentecôtiste des États-Unis, a dit :

    Il me semble que l'extension du réveil de Pentecôte dans les rangs des dénominations plus anciennes devrait nous amener à une plus grande responsabilité selon la Bible. . . .Le Mouvement de Pentecôte est né d'un grand réveil de sainteté. S'il n'y avait pas eu de mouvement de sainteté, il se pourrait qu'il n'y ait jamais eu de Mouvement de Pentecôte, car la sainteté est essentielle à la Pentecôte. Parlez à Dieu de puissance, il vous parlera de pureté. Parlez-lui de bonheur, il vous parlera de sainteté. La sainteté est une nécessité préalable et concomitante à la Pentecôte.299

    Le deuxième point important pour un réveil est l'oeuvre de renoncement à soi-même. Les ministères sont trop occupés par leurs activités ecclésiales, par leurs intérêts propres, par leurs ambitions personnelles, par leur réussite ecclésiastique et mondaine et par leurs soucis matériels. Cela coûte très cher d'ignorer la piété personnelle : le résultat est de ne plus suivre le Seigneur alors qu'on croit qu'il est toujours avec nous. On peut facilement tromper son entourage, mais on ne peut pas tromper Dieu. Ici encore, chacun a le choix. Qui nous a appelé et pour quelle mission ? Si Dieu nous a appelés pour le servir, nous devons laisser la parole de Dieu nous interpeler et nous conduire dans l'intimité de Dieu. Dans l'Église naissante, les apôtres ont été confrontés au même problème. Ils avaient été désignés par le Seigneur Jésus-Christ lui-même pour continuer à bâtir l'Église. Seulement, ils n'avaient pas le temps, et certains étaient en souffrance. Ils décidèrent donc de privilégier la Parole et la prière, et de confier les tâches matérielles à d'autres frères qualifiés et choisis par le peuple de Dieu. Il en

    299Donald Gee, Le feu de la Pentecôte au 20ème siècle, (Craponne, France : Viens et Vois, 1988), 239.

    300Wallis, 44.

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    a été de même avec Moïse jusqu'à l'intervention de son beau-père Jethro qui lui a conseillé de ne pas tout gérer seul et de déléguer. Il y a plusieurs degrés dans l'importance : le capital, l'indispensable, le nécessaire, l'utile, etc. La seule question est de savoir où nous voulons placer Dieu.

    En temps de réveil, Dieu reprend sa place dans le coeur des croyants. La prédication de l'Évangile reprend la prééminence et des multitudes se convertissent. Parfois de puissantes onctions de l'Esprit de Dieu produisent de profondes convictions et des manifestations physiques telles que des larmes, des cris, des prostrations, des tremblements, etc. Mais, quand il s'agit d'un Réveil de l'Esprit Saint, il porte des fruits qui demeurent. En effet, les signes propres à l'impiété disparaissent alors. Les oeuvres de la chair : l'immoralité, l'ivrognerie, la malhonnêteté, l'égoïsme, sont remplacées par le Fruit de l'Esprit. L'Église a besoin d'être ranimée, restaurée pour accomplir sa mission car, si elle est morte, elle se trouve dans l'incapacité de l'accomplir. William Reid remarque :

    La conversion tranquille des pécheurs, l'un après l'autre, sous le ministère ordinaire de l'Évangile, doit toujours être considérée avec un sentiment de satisfaction et de gratitude... mais une manifestation périodique d'une conversion simultanée de milliers d'âmes doit aussi être désirée, parce que ceci a la capacité de démontrer d'une façon visible et impressionnante que Dieu a fait de ce même Jésus, qui a été rejeté et crucifié, à la fois Seigneur et Christ.300

    Les croyants soupirent après une intervention nouvelle de Dieu. Dans sa grâce, Dieu nous envoie aujourd'hui l'opportunité d'appeler le peuple de Dieu à rechercher un réveil sous la forme de la « Décennie de Pentecôte ». Allons-nous saisir cette main tendue ? Le voulons-nous ? Sommes-nous prêts à subir toutes les conséquences que le feu de l'Esprit peut amener dans le Mouvement, dans l'église locale, dans notre famille, dans notre couple, en nous-mêmes ?

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    F. Le Chemin de la Restauration

    1. Revenir au Modèle Apostolique

    Dieu a de nombreux attributs qui nous concernent directement dans le sens où il veut que nous ressemblions à son Fils Jésus-Christ. Si je devais les classer par ordre, je mettrais certainement en premier la sainteté. « Vous serez saints car je suis saint » (Lv 11.44). Le deuxième pourrait être la vérité. Dieu a horreur du mensonge et tous ceux qui le pratiquent seront exclus de sa présence (Ap 21.8, 22.15). Une forme de mensonge très répandue et très pratiquée par de nombreux responsables et par les chrétiens est l'hypocrisie. Pour cela, on est prêt à invoquer toutes sortes de raisons : culture, politesse, peur de blesser, manque de courage, etc. L'hypocrisie est un interdit au milieu du peuple de Dieu. La Bible la condamne sévèrement. Dans l'Évangile selon Matthieu au chapitre 23, Jésus condamne 7 fois les scribes et les pharisiens hypocrites. C'est une particularité des religieux, non des spirituels. À Antioche, l'apôtre Paul n'a pas hésité un seul instant à condamner Pierre qui, avec d'autres Juifs, usaient d'hypocrisie envers les Juifs de l'entourage de Jacques qui étaient venus de Jérusalem, en sorte que Barnabas lui-même fut entraîné par leur hypocrisie (Ga 2.12). Si nous voulons plaire à Dieu, nous devons cesser toute hypocrisie, faire tomber les masques, mettre au grand jour ce qui nous oppose, et s'accorder mutuellement un vrai et grand pardon, sachant qu'il y va aussi de notre vie éternelle (Mt 18.35).

    2. Revenir à nos Valeurs

    Quelles sont nos valeurs ? Où se situent-elles ? Sommes-nous prêts à payer le prix fort pour les défendre et les garder ? Nos valeurs sont clairement inscrites dans la parole de Dieu et résumées dans un opuscule que nous avons édité : « Ce que nous croyons : La doctrine des Assemblées de Dieu ». Le N° 7 de nos 12 vérités doctrinales concerne la sanctification. Il y est écrit que « nous croyons à la sainteté de vie (pensée, parole, conduite) dans l'obéissance

    216

    au commandement divin "soyez saints" (1 P 1.15-16, 1 Th 5.23, Hé 12.14, Jn 2.6). Nous condamnons selon Galates 5.19-21, la débauche sexuelle, l'adultère, l'ivrognerie, la magie, la haine, la jalousie, la colère, l'envie, le meurtre, l'orgie, et autres choses semblables. » Les pages 30 à 33 de l'opuscule détaillent ce que nous devrions être et vivre. Malheureusement, tout cela est tombé dans l'oubli. Pourtant, le défi majeur à ce sujet est : Allons-nous influencer le monde, ou, le monde va-t-il nous influencer. Il est encore temps de redresser la barre. Le voulons-nous ?

    3. Communiquer la vérité et la vision

    La pérennité du mouvement doit nous amener à prendre des décisions courageuses. Il faut parfois détruire pour reconstruire (Jr 1.10). Il faut savoir dépolluer sans laxisme ni préférence. Sachons là aussi pratiquer la vérité, sans se cacher derrière des valeurs traditionnelles ou culturelles, même si elles sont au demeurant respectables. Jésus n'a pas ménagé les chefs d'Israël, ni les religieux, ni les gens. Il leur a dit la vérité en face, dévoilant leur hypocrisie. Il doit en être de même, que ce soit dans l'Église, dans les églises locales, dans les structures, en ce qui concerne les responsables à tout échelon, les chrétiens, etc. Rien ne doit rester tabou.

    Un retour à la sainteté, à la pureté, à la sanctification, est la condition sine qua non du réveil et de la sauvegarde de l'Église dans ces temps troublés. Nous devons être vrais et ne pas cacher la vérité à l'Église. De plus, la majorité des pasteurs et des chrétiens sont totalement ignorants sur les évènements actuels. En conséquence, il est important de largement communiquer sur les temps de la fin, l'apostasie, les séductions, et toutes les hérésies de la troisième vague. Nous devons donc les avertir et les aider à revenir à la Parole : à retourner à la croix, à dénoncer le péché et la chair sous toutes ses formes, et à extirper le mal qui est dans l'Eglise aujourd'hui.

    217

    4. Revenir à l'Équilibre Doctrinal

    Toutes sortes de révélations douteuses circulent aujourd'hui, évoquant la nécessité de compléter la Bible. Or, on ne peut rien ajouter ni retrancher à la parole de Dieu. Trois fois dans l'Écriture, il est directement fait référence à l'intégrité des Saintes Écritures (Dt 4.2, 12.32 ; Pr 30.6). Enfin, dans l'Apocalypse de Jean, il est écrit : « Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre. Si quelqu'un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre ; et si quelqu'un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l'arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre » (Ap 22.18-19).

    Paul écrit à Timothée : « Toute l'Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre » (2 Tm 3.16-17). C'est pourquoi nous devons revenir à un enseignement équilibré, vrai et complet : la chute ; le péché ; la grâce ; la croix ; la repentance ; le changement de vie ; la piété ; la prière ; la sanctification ; le baptême du Saint-Esprit et les dons spirituels ; la mission ; et le retour du Seigneur.

    5. Des Ministères Pentecôtistes

    Interviewé par la revue "Enrichment Journal", Thomas E. Trask décrit le caractère du ministère pentecôtiste :

    Dieu a établi les Assemblées de Dieu pour en faire une Église pentecôtiste. Nous ne devons jamais reculer devant un but fixé par Dieu. La mission de l'Église ne doit pas être accomplie dans la chair, dans des programmes, ou dans l'intelligence humaine, mais par la puissance du Saint-Esprit. L'Église primitive a rempli Jérusalem avec sa doctrine parce que les croyants avaient la puissance du Saint-Esprit. La Pentecôte doit demeurer à la pointe de ce pourquoi nous existons.301

    Au sujet de la puissance de transformation du baptême du Saint-Esprit, Trask répond :

    301Thomas Trask, "Pentecostal Ministry", Enrichment Journal 10/1 (Winter 2005), 22.

    218

    La puissance transformatrice du baptême du Saint-Esprit peut être comparée à la différence qu'il y a entre un moteur de quatre cylindres et un huit cylindres turbocompressé. Le baptême du Saint-Esprit permet à une personne de quitter le niveau de son existence pour se placer à un niveau divin, ce qui ne pourrait pas être accompli d'une autre façon. Jésus savait que les croyants avaient besoin de puissance accrue. . . . Sans la plénitude du Saint-Esprit, l'Église est sans force contre les forces démoniaques. Les gens sont liés par la puissance de Satan, que ce soit au travers des drogues, du jeu, de l'alcool, ou de la pornographie. Nous avons besoin de la puissance du Saint-Esprit pour les aider à trouver la délivrance en Jésus.302

    Concernant les pasteurs qui pourraient hésiter ou craindre de conduire les gens dans une expérience de Pentecôte ou de la guérison divine, Trask ajoute :

    Les instructions de la Parole de Dieu sont claires : les pasteurs doivent être des personnes de foi et d'obéissance. La Parole de Dieu dit d'oindre d'huile, d'imposer les mains aux malades, et de prier la prière de la foi (Jc 5.14-15). Si les pasteurs font ce que la Parole dit, Jésus confirmera la Parole par les signes miraculeux (Mc 16.20). Nous ne devons pas nous soucier des personnes guéries. Je ne peux pas guérir. Personne ne peut guérir. Seul Jésus guérit. Mais nous avons un rôle à jouer dans le processus.303

    Interrogé sur la façon dont un pasteur peur maintenir une expérience pentecôtiste dans sa vie et son ministère, Trask explique :

    La Pentecôte est un style de vie journalier. Si vous marchez selon l'Esprit, vous ne pouvez accomplir les désirs de la chair (Ga 5.16). La Pentecôte signifie vivre dans l'Esprit et l'Esprit vivre en vous. Une personne doit d'abord être baptisée dans le Saint-Esprit pour expérimenter la Pentecôte. Vous ne pouvez pas prêcher, vivre, ou exhorter les autres à vivre quelque chose que nous n'avez pas vous-mêmes expérimenté. La Pentecôte doit commencer par votre propre expérience.304

    À propos de l'importance de la sensibilité au Saint-Esprit pendant les cultes pentecôtistes, Trask souligne :

    302Ibid., 22. 303Ibid.

    304Trask., 23.

    219

    Un défi auquel l'Église doit faire face est de se garder éloignée du divertissement. Quand l'église devient un centre de spectacles, c'est tout ce qu'elle obtiendra -- du spectacle. De même, le Saint-Esprit ne viendra pas contre votre volonté. Il doit être invité. Il ne viendra pas si vous avez un programme de culte bien serré et si vous êtes déterminés à ne faire que votre volonté. . . . Il n'y a rien de mauvais avec la liturgie, mais les responsables doivent reconnaître quand le Saint-Esprit est en mouvement, et lui donner l'opportunité de travailler.305

    À la question, « Vous êtes fermement attaché à l'autel. Pourquoi l'autel est-il si important dans le culte pentecôtiste ? », Trask répond :

    Plus peut arriver en 5 minutes à l'autel que pendant une heure de séance de conseil, parce que le Saint-Esprit y est à l'oeuvre. L'église qui ne laisse pas du temps pendant le culte, pour que les gens puissent s'approcher de l'autel commettent une erreur. Les églises qui restent déterminées à appeler les gens à s'approcher de l'autel- que ce soit pour le salut, la guérison, la délivrance, le baptême du Saint-Esprit, ou des besoins individuels-sont des églises vivantes.306

    Répondant à la question : « Pourquoi la Pentecôte est-elle un processus, et pas seulement un évènement ? » Trask explique :

    On ne devrait jamais considérer recevoir le baptême du Saint-Esprit comme une fin en soi. Recevoir la plénitude du Saint-Esprit est le commencement d'un processus. Le Saint-Esprit est donné pour nous affiner, nous rendre capable, et nous rendre puissant. C'est un processus en marche. Vous ne pouvez pas achever le processus parce que vous dépendez du Saint-Esprit. De nouveaux défis, de nouveaux obstacles, et de nouvelles attaques de l'ennemi continueront à affronter le croyant rempli de l'Esprit, mais le Saint-Esprit a la capacité et les qualifications de faire face à tous ces défis si nous dépendons de lui.307

    305Ibid. 306Ibid.

    307Trask., 23.

    220

    6. Le Gouvernement Ecclésial et le Réveil

    Le problème soulevé ici montre que le gouvernement de l'Église peut tuer le réveil. Et généralement, c'est ce qui se passe. Frank Bartleman souligne l'aspect tout particulier du service de culte à Azusa :

    Il n'y avait pas de liturgie à suivre. La seule personne en charge était le frère William Seymour. Il s'agenouillait devant deux petits placards à chaussures superposés. Il mettait sa tête dans l'un d'eux et priait. Son humilité était époustouflante. Tout le monde était égal. Il n'y avait ni riche ni pauvre, pas d'intellectuels ou d'ignorants. La personne la plus crainte était Dieu. On attendait le programme de lui. Le culte était libre. Chacun pouvait entonner un chant selon l'inspiration du Saint-Esprit.308

    Toutefois, quelque temps plus tard, Bartleman exprima sa déception :

    La vérité doit être dite. Azusa commença à s'éloigner du Seigneur très tôt dans son histoire. Dieu m'a un jour montré qu'ils allaient commencer à s'organiser, quoique personne ne m'en ait jamais parlé. C'est l'Esprit qui me l'avait révélé. Il m'a poussé à les avertir de ne pas agir dans un "esprit de parti de l'oeuvre de la Pentecôte". Les "baptisés" devaient demeurer un seul corps comme ils avaient été appelés à être libres comme son Esprit était libre, sans devenir à nouveau liés par un joug de chaînes ecclésiastiques. . . . Dieu désirait une équipe de réveil, un canal au travers duquel il pourrait évangéliser le monde et bénir tous les gens ainsi que les croyants. . . .Cet esprit a causé tôt ou tard la mort de chaque groupe touché par le réveil. L'histoire se répète toujours dans ce domaine. . . . À partir de ce moment, les problèmes et les divisions commencèrent.309

    Les réunions du réveil gallois de 1904-1905 étaient identiques, au début. Ce fut lorsque les hommes ont commencé à vouloir s'organiser, que le Saint-Esprit a arrêté d'agir.

    En Suède, Curt Björkquist cite un des passages du manifeste de Lewi Pethrus, l'Unité Chrétienne, qui explique entre autres, combien les organisations confessionnelles freinent le développement biblique naturel des assemblées locales. Elles leur enlèvent leur manoeuvre d'action et par là les conditions de leur croissance :

    308Frank Bartleman, Une autre vague déferle, 58. 309Ibid., 72-73.

    221

    Le secret du développement exceptionnel des assemblées aux temps apostoliques, c'était qu'elles n'étaient pas enfermées dans des organisations et des crédos, mais qu'elles étaient libres de faire ce que le Seigneur par son Esprit leur commandait. Mais lorsque par les soins des hommes, les assemblées furent organisées en une église, cette condition de leur croissance disparut. La croissance laissa place au déclin, à mesure que l'assemblée s'éloignait du modèle apostolique.310

    L'Église de Filadelfia à Stockholm est une véritable oeuvre de Dieu fondée par Lewi Pethrus.311 En 1955, Elle accueillit la 4ème conférence mondiale des Églises de Pentecôte. Présent à cette occasion, Donald Gee nous donne quelques informations : L'Église Filadelfia a 6.500 places assises. Chaque premier vendredi du mois, une réunion de prière se tenait dans 150 résidences privées de la ville. 45 anciens aident les pasteurs dans la direction spirituelle de l'église. L'Église possède une imprimerie personnelle qui tire un journal hebdomadaire « Evangéli Harold » à 60.000 exemplaires. Elle possède aussi une banque pentecôtiste, une radio, un journal quotidien de Pentecôte « Dagen », et une université pentecôtiste qui accueille 80 étudiants permanents.312 En 2007, un pasteur très proche y passa un mois. Il fut logé dans un des nombreux appartements adjoignant l'église. L'assistance régulière au culte n'était plus que de 400 fidèles. Un tel déclin se passe de commentaires. Tous les témoignages rapportent que l'organisation a tué le réveil. Pas un seul pays n'a été épargné dans ce domaine.

    Malgré cela, il est nécessaire d'organiser certaines choses. Notre Dieu est un Dieu d'ordre. Donald Gee, qui au début était contre l'organisation, admit ensuite qu'elle était nécessaire. Alors quelle organisation ? Quelle doit être l'implication de l'organisation centrale dans le réveil ? Difficile à dire, mais Jésus dit que : « le vent souffle où il veut » (Jn

    310Allan Svensson, "Le réveil de Topeka et le réveil pentecôtiste de Los Angeles," http://sentinellenehemie.free.fr/topeka.html (consulté le 19 avril, 2012).

    311Donald Gee. Le feu de la Pentecôte au 20ème siècle (Craponne, France : Viens et Vois, 1988), 156. 312Gee, Le feu de la Pentecôte au 20ème siècle, 212.

    313Jesse Lyman Hurlbut, Histoire de l'Eglise chrétienne, (Deerfield, Floride: Éditions Vida, 1988), 196.

    222

    3.8). Combien cela peut donc sembler ridicule de vouloir diriger Dieu ! Seul l'Esprit Saint peut nous permettre de discerner la volonté de Dieu, et nous donner sa sagesse afin de prendre bien garde aux avertissements divins, et de nous souvenir des échecs du passé, afin de ne pas les renouveler.

    7. La Grande Commission

    En 1930, l'Anglais Douglas Scott vint en France et apporta le pentecôtisme. Jesse Lyman Hurlbut rappelle un des thèmes qui lui était cher, la mission :

    Un thème important et qui revient souvent sous sa plume est celui de sa conception de la "mission". D. Scott faisait de la "mission" le synonyme de devoir ou d'obligation. Il aimait insister sur la mission ou l'obligation que Christ avait laissée à l'Église. Autrement dit, la mission de l'Église était de prêcher l'Évangile aux "hommes, femmes et enfants qui sont sous l'empire de Satan".313

    La lumière de l'Évangile n'est pas le progrès moderne, mais la puissance de Dieu se manifestant dans cette vie pour anéantir la puissance de Satan. Notre commission est la même que celle de Paul reçue de Christ : « Je t'ai choisi du milieu de ce peuple et du milieu des païens, vers qui je t'envoie, afin que tu leur ouvres les yeux, pour qu'ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à celle de Dieu, pour qu'ils reçoivent, par la foi en moi, le pardon des péchés et l'héritage avec les sanctifiés » (Ac 26.17-18).

    Combien de ministères, pourtant tous prétendants au titre et à la fonction d'exégète des Saintes Écritures, sont prompts à oublier les choses simples que Jésus nous a annoncées lors de son ministère terrestre, comme par exemple : « Le champ, c'est le monde » (Mt 13.38). Cela exclut tout sectarisme, ainsi que toute restriction géographique, ethnique ou linguistique.

    223

    A Samarie, territoire considéré comme « étranger » par les Juifs, Jésus interpela ses disciples : « Ne dites-vous pas qu'il y a encore quatre mois pour la moisson. Voici, je vous le dis, levez les yeux, et regardez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson » (Jn 4.35). Ceci ne nous laisse guère le temps de nous adonner à l'oisiveté ni à son opposé : l'activisme. Gardons-nous des multiples activités, des discussions vaines et des querelles, suscitées par le diable, uniquement pour nous faire perdre notre précieux temps.

    Quel est le prix d'une âme, aux yeux de Dieu ? Le prix inestimable du sang de Jésus son Fils, versé à la croix pour la sauver. Voilà une vérité qui devrait être gravée dans le coeur de tous ceux qui disent vouloir servir Dieu.

    224

    CHAPITRE 5

    CONCLUSION

    Un premier constat a été fait que, de tout temps, les réveils sont venus de Dieu pour remédier à un déclin spirituel de son peuple. Hélas, tous ces réveils ont fini par s'attiédir et s'éteindre sous l'influence charnelle des ministères en place. C'est un fait avéré que chaque réveil dans l'histoire chrétienne s'est exprimé par un puissant mouvement et par des âmes gagnées par milliers. Puis nous assistons comme à un endormissement dû d'une part, au succès passé et d'autre part, à une organisation ecclésiale transformant ce merveilleux travail de l'Esprit en monument inamovible malgré les bonnes volontés des uns et des autres. Aujourd'hui, hormis quelques pays qui vivent le feu continu d'une puissante action de l'Esprit, il convient d'admettre que le mouvement initial issu des réveils de Pentecôte du début du vingtième siècle-notamment son principal représentant, l'Eglise des Assemblées de Dieu-s'est peu à peu transformé en un monument qui peine à conserver et à développer ses acquis spirituels. Nous avons démontré au travers des diverses statistiques l'évolution puis le déclin spirituel qui s'est installé dans ce premier groupe que nous appelons les pentecôtistes classiques.

    Le deuxième constat concerne les effusions de l'Esprit qui ont touché les diverses dénominations chrétiennes protestantes puis catholiques, formant aujourd'hui le groupe charismatique. Je peux souligner la rapidité de leur succès puisque, nés à partir des années 60 du siècle dernier, ils représentent près du double des pentecôtistes classiques. Toutefois, nous avons pu également constater les dérives doctrinales qui ont envahi et déconsidéré ce groupe.

    225

    Le troisième constat a mis en évidence l'émergence foudroyante du groupe communément appelé la « troisième vague » qui représente près de 55% du courant « pentecôtiste ». Or, la preuve a été faite qu'il ne s'agit pas là d'un réveil divin, mais d'une contrefaçon satanique, qui discrédite les actions précédentes de l'Esprit et l'oeuvre de Dieu dans le monde. Ce courant séduit des personnages très connus du milieu évangélique et pentecôtiste de la terre entière en propageant de fausses doctrines particulièrement attrayantes et adaptables aux divers contextes culturels. Il est important de noter que leur succès n'a pas été remporté par l'évangélisation et les nouvelles conversions, mais par la séduction et la perversion d'églises et de dénominations entières, ce qui tend à prouver que nous sommes déjà dans les temps d'apostasie et que le retour du Seigneur est proche.

    Dans mon développement, j'ai dressé un tableau de notre mouvement, selon les informations disponibles à ce jour. J'ai également attiré l'attention sur : la menace pesant actuellement sur nos assemblées ; le danger que courent nos pasteurs et le peuple de Dieu, souvent mal enseignés et mal informés de toutes ces nouvelles séductions venant s'ajouter aux causes habituelles du déclin spirituel des églises ; ainsi que sur l'extrême urgence pour nos responsables de prendre les mesures nécessaires pour faire face à cette attaque sournoise de l'adversaire qui, sous des apparences de sainteté, cherche à détruire l'Église.

    En guise de synthèse, l'avenir de l'Église se trouve entre ses propres mains. Il sera ce qu'elle en fera. Tout lui a été donné gratuitement par le Seigneur (2 P 1.3). L'Église a donc la capacité en Christ de résister et de repousser les attaques de l'ennemi. Elle doit demeurer attachée à l'essence même de son identité, à savoir un peuple qui connaît Dieu, qui appartient au Christ, et qui vit dans le monde. Pour atteindre son but, elle doit retrouver et faire fructifier ses quatre vertus de base : la vérité, la sainteté, l'unité, et l'esprit missionnaire. Que Dieu nous aide !

    226

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry