FACULTÉ DE THÉOLOGIE DES ASSEMBLÉES DE
DIEU - FATHEAD/BF
LE DÉCLIN SPIRITUEL RÉCURRENT DE L'ÉGLISE
:
UN DÉFI CRUCIAL LANCÉ AUX ASSEMBLÉES DE
DIEU AUJOURD'HUI
UN MÉMOIRE SOUMIS À LA FACULTÉ DE
THÉOLOGIE DES ASSEMBLÉES DE
DIEU EN ACCOMPLISSEMENT PARTIEL
DES EXIGENCES REQUISES POUR
L'OBTENTION DE LA MAÎTRISE EN
THÉOLOGIE
PAR
LUJ WILLIAM
OUAGADOUGOU, BURKINA FASO
JUIN 2012
ii
Copyright (c) 2012 William Antoine LUJ Tous droits
réservés
iii
FICHE D'APPROBATION
Sur recommandation du Doyen Académique et du
Directeur de Mémoire, ce projet de
Mémoire est accepté
comme satisfaction partielle des exigences requises pour
l'obtention de la
Maîtrise en Théologie.
Doyen Académique
Directeur de Mémoire
Date
iv
DÉDICACE
Je dédie ce mémoire à mes
bien-aimés :
A ma chère et tendre épouse, Annie, pour
son amour, sa patience, et ses prières,
A ma chère
belle-maman, Hélène,
A mes chers enfants : Alexandra et son
époux Alain, et Séverine,
A mes chers petits-enfants : David,
Kathleen et Elie.
v
REMERCIEMENTS
Je rends premièrement grâces et gloire à Dieu
qui m'a permis, sous la conduite de son Saint-Esprit, de réaliser ce
mémoire.
J'exprime ensuite ma profonde reconnaissance, toute ma gratitude
et mes sincères remerciements à tous ceux qui ont de près
ou de loin contribué à la réalisation du présent
mémoire.
Au Pasteur Ouédraogo Michel, Président du Conseil
National des Assemblées de Dieu du Burkina Faso pour son soutien
spirituel et fraternel.
Au Pasteur Ouédraogo Jean Pawentaoré, ancien
Président du Conseil National des Assemblées de Dieu du Burkina
Faso pour son appui moral et ses prières.
Au Docteur Zongo Pousga Etienne, Président de la FATHEAD,
pour son soutien moral et spirituel, ses précieux conseils et ses
encouragements.
Au Docteur Delma Zacharie, Doyen académique du programme
de maîtrise de la FATHEAD pour ses appréciations et ses
encouragements.
A tous les professeurs du programme de la Maîtrise en
Théologie de la FATHEAD pour la précieuse formation dont j'ai
été l'objet.
A tous mes collègues du corps enseignant des autres
programmes de la FATHEAD, pour leur soutien multiforme.
A tous les étudiants de la FATHEAD pour leur soutien dans
la prière et pour leurs riches et nombreuses informations dont j'ai
bénéficié.
A tous les anciens étudiants de l'IBS pour leur soutien et
leur aide.
A tous les pasteurs des Assemblées de Dieu du Burkina Faso
pour nos entretiens, pour leurs informations et leurs témoignages.
A ma fille Alexandra pour son travail méticuleux de
relecture.
A ma chère épouse, Annie, et à mes deux
filles, Alexandra et Séverine, à mon gendre Alain, et à
mon petit-fils David, pour leur soutien moral et dans la prière.
Ma prière est que Dieu les bénisse tous richement
en retour.
vi
TABLE DES MATIÈRES
FICHE D'APPROBATION III
DÉDICACE IV
REMERCIEMENTS V
TABLE DES MATIÈRES VI
Chapitre 1 1
INTRODUCTION 1
I. Historique du problème 1
II. Énoncé du problème 2
III. But du mémoire 4
IV. Importance 4
V. Définition des termes 7
VI. Délimitations de l'étude 10
VII. Présuppositions 10
VIII. Hypothèse 12
Chapitre 2 15
LA REVUE LITTÉRAIRE 15
Chapitre 3 18
LA MÉTHODOLOGIE 18
Chapitre 4 19
vii
RÉSULTATS 19
I. HISTORIQUE D'UN PHÉNOMENE RÉCURRENT 19
A. L'Ancien Testament 19
B. La Naissance de l'Église de Jésus-Christ
22
C. La Croissance et la Formation de l'Église 25
D. L'Église Pagano-Chrétienne 29
E. La Réforme 33
F. Le Grand Éveil Évangélique 36
G. Les Six Grandes Vagues de Réveil
Évangélique 37
H. Le Déclin Spirituel Récurrent de tous les
Réveils 43
I. Les Contre-attaques de l'Adversaire au Grand Réveil
Évangélique 47
J. Au Milieu du Déclin Spirituel, la Présence
Active du Consolateur 52
II. LE RÉVEIL DE PENTECÔTE ET SES IMITATIONS
55
A. Une Nouvelle Pentecôte au Vingtième
Siècle 55
B. Les Autres « Réveils Spirituels » du
Vingtième Siècle 71
C. La Troisième Vague 74
III. LE MOUVEMENT DE PENTECÔTE DE NOS JOURS 115
A. Les Trois Principaux Courants Pentecôtistes 115
B. La Définition Actuelle du Pentecôtisme 116
C. L'Ère de la Séduction 118
IV. LES ASSEMBLÉES DE DIEU D'HIER ET D'AUJOURD'HUI
135
A. Les Assemblées de Dieu 135
B. Le Déclin Spirituel Actuel 136
C. Les Raisons du Déclin Spirituel Actuel 154
D. Les Conséquences du Déclin Spirituel Actuel
189
E. Au Milieu du Déclin, un Grand Espoir 203
V. LE DÉFI MAJEUR LANCÉ À L'ÉGLISE
FIDÈLE 204
A. Tirer les Leçons du Passé 205
B. Les Défis Lancés à l'Église
206
C. Une Prise de Conscience 207
D. Notre Responsabilité 209
E. Un Retour à la Sainteté 212
F. Le Chemin de la Restauration 215
Chapitre 5 224
CONCLUSION 224
SOURCES CONSULTÉES 226
1
CHAPITRE 1
INTRODUCTION
I. HISTORIQUE DU PROBLÈME
L'histoire du Pentecôtisme a été
profondément marquée par les réveils du début du
vingtième siècle, notamment au Pays de Galles en 1904 et dans la
rue Azusa en 1906. Alors que le réveil du Pays de Galles a
suscité un élan missionnaire en Europe puis en Asie, celui de la
rue Azusa s'est poursuivi dans un essor missionnaire remarquable en
Amérique latine, en Océanie, en Inde et en Afrique. Partout, les
débuts ont été difficiles et l'oeuvre naissante a dû
faire face à de nombreux obstacles dus à l'opposition des
religions établies, et à la persécution des premiers
convertis et de leurs familles. Il fallut tout le dévouement,
l'abnégation et les sacrifices des missionnaires et des premiers
pionniers serviteurs de Dieu, pour établir l'Église que Dieu a
préparée pour les derniers temps. C'est ainsi que les nombreux
réveils religieux du vingtième siècle ont permis la
pénétration de l'Évangile, le salut de nombreuses
âmes, et l'implantation de nouvelles Églises dans le monde
entier.
Toutefois, le déclin et les dérives croissantes de
la vie de l'Esprit au cours des dernières décennies
m'interpellent sur la situation spirituelle actuelle de l'Église.
Lorsque je compare sa situation avec celle de l'Église née
à la Pentecôte et celle des nombreux courants qu'elle a
suscités jusqu'à aujourd'hui, je suis saisi par certains
parallèles frappants. Plusieurs points sont particulièrement
saillants. Le premier constat est positif : le Saint-Esprit a toujours
été à l'oeuvre, et la manifestation des dons spirituels
s'est poursuivie depuis la Pentecôte jusqu'à nos jours, même
dans les temps les plus ténébreux de l'Histoire. À
l'inverse, le
2
deuxième constat est consternant de par sa double
connotation, positive puis négative. En effet, je suis
émerveillé par la récurrence et la
spontanéité des nombreux réveils qui ont, soit
réveillé l'Église, soit suscité l'émergence
de nouveaux courants ; mais en même temps, je suis apostrophé par
le déclin spirituel systématique qui a conduit toutes ces
dénominations à la déchéance spirituelle et
finalement au sommeil. Ce phénomène se répète
depuis deux mille ans : Dieu suscite un ou plusieurs hommes qu'Il remplit de
son Esprit et à qui il confie une mission ; ces leaders entraînent
un mouvement qui, après quelques années de progression souvent
remarquable, se transforme en monument ecclésiastique ; ce dernier finit
par s'alourdir dans son organisation humaine, pour décliner, puis enfin
sombrer. Or cette dérive est particulièrement sournoise et
dangereuse. Elle agit par tromperie car elle aveugle par des apparences
extérieures riches et prospères, comme à Laodicée.
Ce fait a affecté toutes les églises, depuis deux mille ans, et
il touche aujourd'hui la majorité des églises qui, sous des
aspects extérieurs parfois très florissants, perdent peu à
peu toute leur vitalité spirituelle. Le spirituel s'est mû en
religieux, remplaçant l'Esprit par des contrefaçons, certaines
légalistes, d'autres émotionnelles, mystifiant ainsi les croyants
en leur donnant de fausses assurances.
II. ÉNONCÉ DU PROBLÈME
Pour situer le problème, il est nécessaire de
revenir aux fondements. Comment est née l'Église ? Le jour de sa
résurrection, Jésus vient voir ses disciples. Soufflant sur eux,
Il leur dit : « Recevez le Saint-Esprit » (Jn 20.21 Louis Segond NEG
1979). Quarante jours plus tard, Jésus leur dit d'attendre ce que le
Père avait promis, « dans peu de jours, vous serez baptisés
du Saint-Esprit. . . .Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant
sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans
toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités
de la terre » (Ac 1.5, 8. cf Lc 24.49). Dix jours plus tard, le jour de
Pentecôte, les cent vingt disciples expérimentent un puissant
baptême dans le Saint-Esprit. (Ac 2.4) Les
3
Actes et les épîtres permettent d'affirmer que le
baptême du Saint-Esprit et le parler en langues, son signe
d'évidence, étaient la norme parmi les croyants (Ac 2.4, 4.31,
8.17, 9.17, 10.44, 19.6, etc.). Les conversions en très grand nombre,
les changements radicaux de vie, les guérisons, les signes, les
miracles, et tous les dons spirituels rapportés dans les Actes
témoignent de la puissance du Saint-Esprit qui ajoutait chaque jour
à l'Église ceux qui étaient sauvés. Nous avons
nous-mêmes connu ces merveilleux agissements divins. De plus, les
média et organismes chrétiens nous rapportent les bonnes
nouvelles de pays, comme la Chine, qui vivent le réveil avec près
de dix mille conversions à Jésus-Christ par jour, et cela au
milieu même de la persécution. Malgré cela, nous constatons
que le feu de la Pentecôte a grandement décliné dans les
dénominations issues des réveils du début du siècle
dernier. Le problème se pose donc pour les Assemblées de Dieu :
Qu'en est-il aujourd'hui ? Où en sont-elles ? Malgré l'ouverture
d'oeuvres nouvelles, l'accueil de nouveaux adhérents, certains
baptêmes d'eau et d'autres peu nombreux du Saint-Esprit, la vie de
l'Esprit est en très forte baisse dans la plupart des églises.
Des pasteurs ne prient plus en langues et n'exercent plus les dons spirituels.
Certains, peut-être conscients et confus de leur misère, vont
jusqu'à en interdire l'usage. D'autres, surmontant leur gêne, font
appel à une assistance extérieure, pour maintenir une sorte de
vie de l'Esprit dans leur communauté. Pourquoi l'Église
s'est-elle à ce point appauvrie ? Pourquoi le Mouvement de
Pentecôte semble-t-il aller à la dérive comme un vaisseau
fantôme aveugle ? Comment en est-on arrivé là ? Que faut-il
faire pour que le Seigneur Jésus-Christ reprenne le contrôle de
son Église ? Le déclin spirituel interpelle car il affecte la
pérennité de l'Eglise, et l'empêche d'accomplir sa mission.
Comment faire pour revenir à une vie spirituelle normale ?
4
III. BUT DU MÉMOIRE
Le but de ce mémoire est de conscientiser l'Église
sur sa présente situation spirituelle, sur les raisons qui ont
amené ce constat, et sur l'importance de réagir et de prendre
vite les mesures courageuses pour retrouver une vie chrétienne normale.
Pour ce faire, je tenterai de répondre à la question : Comment
faire pour retrouver, puis vivre cette vie de l'Esprit qui doit non seulement
dynamiser les ministères et les chrétiens, mais aussi ramener les
rétrogrades, et surtout nous aider à remplir notre mission,
« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom
du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer
tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours
jusqu'à la fin du monde » (Mt 28.18-20).
IV. IMPORTANCE
Plusieurs facteurs soulignent l'importance de ce sujet :
L'analyse du Mouvement de l'Esprit qui, au vingtième siècle, a
bouleversé le monde entier, y compris des régimes politiques
totalitaires bien établis ; le témoignage biographique des
pionniers du réveil ; les nombreux rapports sur l'état actuel de
l'Église ; et l'analyse des statistiques des divers mouvements et
congrégations. Tout tend à démontrer que la vigueur
spirituelle des débuts du Mouvement de Pentecôte s'est fortement
dégradée, même si l'Église maintient une certaine
apparence religieuse bien reconnue.
Or, les temps sont courts. La Bible décrit les signes
précurseurs et annonciateurs du retour de Jésus-Christ, afin que
l'Église se prépare et se tienne prête pour
l'enlèvement. Force est de constater aujourd'hui que la plupart de ces
signes se réalisent aujourd'hui comme jamais encore dans l'histoire de
l'humanité et, qu'ils concordent de façon impressionnante avec ce
qu'annoncent les Saintes Écritures. Le dernier signe palpable
annoncé par le Seigneur Jésus est que : « Cette bonne
nouvelle du Royaume sera prêchée dans le monde entier, pour
5
servir de témoignage à toutes les nations. Alors
viendra la fin » (Mt 24.14). L'Évangile est aujourd'hui
apporté à toutes les nations et ce, même si la Bible n'est
pas traduite dans toutes les langues - ce qui n'a d'ailleurs jamais
été promis. Prêcher, c'est-à-dire annoncer la Bonne
Nouvelle, est le terme utilisé. Actuellement, tous les moyens et
supports connus : la Parole écrite, la prédication, le
témoignage, la radio, la télévision, les supports
audio-visuels, l'internet, contribuent à la diffusion mondiale de la
Bonne Nouvelle. À ce jour, il n'existe pas de pays dans le monde sans
témoignage chrétien. Aucune frontière humaine n'a pu
empêcher l'Évangile de pénétrer dans tous les pays,
y compris en URSS au temps du plus dur communisme, ou encore en Chine, pour
n'en citer que deux. Il semble donc que le Fils de l'homme soit proche (Mt
24.32-33), et qu'il soit à la porte (Ap 3.20).
Face à tous ces évènements, l'Église
ne peut pas se voiler la face quant aux prodigieux évènements
eschatologiques qui se mettent en place, ni ignorer les nombreux avertissements
que Dieu lui envoie, car de sa réaction dépendront sa
pérennité et la destinée finale de chacun. Sa prise de
conscience de la situation actuelle peut être un fantastique vecteur de
repentance personnelle et collective, et de renouveau spirituel. Il n'en tient
qu'à elle. L'occasion est offerte aux responsables spirituels et aux
chrétiens de retrouver la force d'une vraie vie de l'Esprit, et de vivre
une authentique unité spirituelle autour des valeurs éthiques et
spirituelles chrétiennes normales, et surtout de retrouver l'amour
perdu. Que reproche le Seigneur Jésus à l'église
d'Éphèse ? « Ce que j'ai contre toi, c'est que tu as
abandonné ton premier amour » (Ap 2.4). Pourtant il reconnaissait
les oeuvres d'Éphèse. Il appréciait son travail ; il
louait sa persévérance, même dans la persécution,
ainsi que son discernement des faux prophètes, et son rejet de la
débauche des Nicolaïtes. La Bible est éternelle et vivante,
et elle nous apostrophe aujourd'hui : « Souviens-toi donc d'où tu
es tombé, repens-toi, et pratique tes premières oeuvres »
(Ap 2.5). Si nous ne réagissons pas à l'appel pressant de notre
Seigneur Jésus, nous risquons de subir une peine identique à
celle encourue par l'église d'Éphèse :
6
« Sinon je viendrai à toi, et j'ôterai ton
chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes. » Le
chandelier évoque ici la présence du Saint-Esprit dans
l'Église. Le Seigneur explique ainsi la raison de la perte de l'amour
qui interviendra dans les temps de la fin, « parce que l'iniquité
se sera accrue, l'amour du plus grand nombre se refroidira » (Mt 24.12).
Aujourd'hui, l'iniquité s'accroît chaque jour dans le monde mais,
où en sommes-nous dans l'Église ? Les messages aux sept
églises nous interpellent, notamment celui adressé à
Sardes, « je sais que tu passes pour être vivant, et tu es mort
» (Ap 3.2). C'est hélas la situation actuelle de nombreuses
églises.
Pourtant, si l'Église, en tant qu'institution,
décline déjà aux yeux de Dieu et des hommes, la situation
spirituelle du peuple de Dieu se situe dans une plage se mouvant entre les deux
dernières églises de l'Apocalypse : D'une part, il y a ceux
demeurés fidèles, comme à Philadelphie, église
faible mais restée fidèle à Jésus-Christ et
à sa Parole. Son nom évoque l'amour qui règne en son sein
et qui s'exprime vis-à-vis des autres, preuve de sa vitalité
spirituelle. D'autre part, il y a ceux qui vivent dans l'illusion, comme
à Laodicée, église riche mais tiède, aveugle et
inconsciente de sa situation, qui n'a plus la vision de Dieu ni des âmes
perdues, qui se repose sur ses acquis et son confort, qui n'a plus conscience
de sa mission telle qu'ordonnée par Jésus dans Mt 28.19-20. En
réalité, la situation n'est pas aussi tranchée, car
beaucoup se retrouvent avec des caractéristiques des deux
églises. De nombreux serviteurs de Dieu sont conscients de la situation,
et ressentent ce malaise. L'Église-institution leur pèse, les
décourage et les démotive. Ce constat résonne comme un
avertissement divin. Par sept fois, le Seigneur avertit son peuple, « que
celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises »
(Ap 2.7, 11, 17, 29, 3.6, 13, 22). Il s'agit d'un problème crucial,
d'une question de vie ou de mort pour les chrétiens et pour les
ministères, ainsi que d'un défi majeur pour l'Église et en
particulier pour les Assemblées de Dieu.
7
V. DÉFINITION DES TERMES
Chrétien
Croyant né-de-nouveau, converti et baptisé au nom
du Père, du Fils et du Saint-Esprit, sauvé et
régénéré par l'Esprit Saint, et dont la vie est en
conformité avec les prescriptions de l'Évangile. Disciple du
Seigneur Jésus-Christ.1
Conversion
Le Petit Robert en donne l'explication profane, « le fait de
passer d'une croyance considérée comme fausse à la
vérité présumée. »2 Toutefois, le
Nouveau Dictionnaire Biblique la décrit comme un changement complet
d'orientation, une volte-face de l'être tout entier vers le
Seigneur,3 « elle consiste en un acte de repentance et de foi,
qui, pour le Christ comme pour Paul, résume les exigences morales de
l'Évangile : La repentance est un changement de pensée et de
coeur à l'égard de Dieu ; la foi est une attitude de confiance
à l'égard de Sa Parole et de Son Fils Jésus-Christ. »
4 Pour Henri Blocher, elle est « la contrepartie consciente de la
régénération : le pécheur se détourne de son
péché et se tourne vers le Christ, double mouvement qui
correspond grosso modo à la repentance et la foi si souvent
commandées dans l'Écriture. »5
Crucial
Qui permet de conclure de façon décisive.
Très important, fondamental, décisif.6
1Nouveau Dictionnaire Biblique
révisé, (St Légier, Suisse : Éditions
Emmaüs, 1992), 249. 2Paul Robert, Dictionnaire Le Petit
Robert, (Paris : Éditions Le Robert, 1990), 387.
3Nouveau Dictionnaire Biblique révisé,
280.
4Le Grand Dictionnaire de la Bible, (Charols,
France : Excelsis SARL, 2010), 355.
5Henri Blocher, La doctrine du péché
et de la rédemption, (Vaux-sur-Seine : Edifac, 2000), 267.
6Le Petit Larousse, (Paris : Larousse, 2006), 317.
8
Déclin
État de ce qui régresse. Exemple : Le déclin
et la chute de l'Empire romain.7
Déclin spirituel
Déclin de la vie spirituelle d'un croyant ou de
l'Église, notamment dans sa communion avec Dieu, et les
conséquences qui en découlent sur le plan moral,
ecclésial, et surtout spirituel.
Dérive historique des églises
Ce phénomène peut être décrit comme
suit : Après un mouvement de l'Esprit, après une oeuvre de
réformation, après la restauration de la présence de Dieu
dans les coeurs et dans l'église, et après un amour exceptionnel
pour son prochain, l'église s'éteint ; elle perd son premier
amour ; elle n'a plus la vision des âmes perdues ; elle se repose sur ses
richesses et son confort matériel et spirituel, comme l'église de
Laodicée, et par voie de conséquence directe, elle n'a plus
conscience de sa mission prioritaire, et elle finit par perdre la
présence du Seigneur en son sein, sans même s'en apercevoir.
Défi
Action de défier quelqu'un au jeu ; provocation au combat
; problème, difficulté que pose une situation et que l'on doit
surmonter.8
Pornocratie pontificale
La pornocratie pontificale est une expression qui désigne,
dans l'historiographie traditionnelle, une période sombre de la
papauté romaine de 904 à 963 ap. J.C. Le terme vient
7Le Grand Dictionnaire de la Bible, 460.
8Le Petit Larousse, 339.
9
de l'allemand « Römisches Hurenregiment »,
utilisé par les historiens du dix-huitième siècle, et qui
signifie littéralement, « gouvernement romain des courtisanes
».9
Régénération
Selon le Nouveau Dictionnaire Biblique Révisé,
« Changement de nature produit par le Saint-Esprit en l'homme, qui
communique à celui-ci une vie nouvelle. »10 Pour Wayne
Grudem, « la régénération est un acte secret de Dieu
par lequel il nous communique une nouvelle vie spirituelle. On parle aussi de
nouvelle naissance. »11
Repentance
Ce mot, traduit du grec « métanoïa »,
signifie un changement de mentalité, d'intention. C'est la tristesse que
l'on éprouve de ses péchés, et surtout la douleur d'avoir
offensé Dieu. Elle est fondamentale car, si la foi est la condition
essentielle du salut, elle doit être accompagnée d'une vraie
repentance. La repentance comprend la conviction de péché et le
profond regret d'avoir offensé Dieu, que seul le Saint-Esprit peut
produire dans le coeur du pécheur. Elle comprend aussi la confession de
son péché devant le Seigneur, l'abandon du mal, la
complète soumission à Dieu, et la persévérance dans
une attitude constante de repentance.12
Réveil
Pour le Petit Robert, « le réveil est le passage du
sommeil à l'état de veille », ou encore, « le fait de
reprendre une activité après le sommeil. »13 Pour
R. A. Torrey, « le réveil, c'est lorsque Dieu visite son peuple et
l'amène à haïr le péché, à aimer Dieu,
et à être zélé
9Pornocratie Pontificale,
http://wikipedia.org (consulté
le 04 avril, 2012).
10Nouveau Dictionnaire Biblique
révisé, 1108.
11Wayne Grudem, Théologie
systématique, (Charols, France : Excelsis SARL, 2007), 770.
12Nouveau Dictionnaire Biblique
révisé, 1114.
13Le Grand Dictionnaire de la Bible, 1705.
10
pour servir le Seigneur. »14 James Burns explique
que : « Un réveil signifie humiliation, une amère
reconnaissance de son échec, et une confession ouverte et remplie
d'humilité des péchés de la part de ses ministres et du
peuple. Le réveil vient pour écorcher avant de guérir.
» Pour Charles Finney, « un réveil religieux suppose qu'il y a
eu déclin dans la piété. »15 Il ajoute :
« Un réveil implique toujours une condition de péché
de la part de l'Église. Les chrétiens déchus seront
amenés à la repentance. La foi des chrétiens sera
renouvelée. Un réveil brise le pouvoir du monde et du
péché sur les chrétiens. Lorsque les Églises sont
ainsi réveillées et réformées, la réforme et
le salut des pécheurs s'en suivront. »16
VI. DÉLIMITATIONS DE L'ÉTUDE
Ma recherche connaît plusieurs délimitations.
D'abord, une comparaison historique, englobant une période relativement
longue mais nécessaire, couvrira l'histoire de l'Église. Elle
sera précédée d'un court rappel référant
à la relation de Dieu avec l'homme et avec Israël. Ensuite, mon
étude se portera sur les réveils évangéliques qui
ont suivi la Réforme, et en particulier le réveil de
Pentecôte au vingtième siècle. Enfin, mon analyse se
concentrera sur le Mouvement de Pentecôte actuel, et notamment sur la
situation des Assemblées de Dieu. Sur un plan géographique, le
sujet est très vaste. Je l'ai donc limité à l'Occident --
les États-Unis et l'Europe-- ainsi qu'à l'Afrique-- plus
précisément au Burkina Faso.
VII. PRÉSUPPOSITIONS
Premièrement, les statistiques mondiales sur
l'Église sont rares. Toutefois, j'ai pu obtenir de nombreuses
informations auprès d'organisations diverses : General Council of the
14Reuben A. Torrey, Définitions du
réveil,
http://sentinelle.free.fr/citations.htm
(consulté le 18 novembre, 2010).
15Charles G. Finney, Les réveils religieux,
(Monnetier-Mornex, Suisse : M. Weber, 1951), 1. 16Ibid.,
6-7.
11
Assemblies of God (AoG) à Springfield dans le Missouri,
Conseil Général des Assemblées de Dieu du Burkina Faso
(AD/BF) à Ouagadougou, Centre National pour la Recherche Scientifique
à Paris, World Christian Encyclopedia, Groupe Barna, Hartford Institute
for Religion Research à Hartford dans le Connecticut, New World
Encyclopedia, Pew Forum on Religion and Public Life, WEC International, et
d'autres.
Lorsqu'on considère les chiffres bruts, la situation
religieuse peut sembler à priori satisfaisante, voire excellente.
Toutefois, une analyse approfondie, au sein de ce qu'il est commun d'appeler
aujourd'hui « le monde pentecôtiste », montre une
répartition plus favorable au mouvement néo-pentecôtiste
d'après-guerre, au renouveau charismatique, et encore plus à la
troisième vague d'après 1980 qui est inondée
d'hérésies de toutes sortes et qui constitue plus de la
moitié des chiffres pentecôtistes mondiaux.
Deuxièmement, malgré la croissance vertigineuse du
nombre d'adhérents dans certains courants, je suis apostrophé par
l'écart relevé entre le nombre de soi-disant convertis et les
baptêmes d'eau d'une part, et les baptêmes du Saint-Esprit d'autre
part, notamment au niveau des AoG, et des AD/BF. Ceci confirme, dans les
mouvements pentecôtistes originaux, la situation spirituelle
médiocre, qui conduit à la pauvreté des dons spirituels
dans les églises, et à une forte tendance aux dérives de
doctrine et de comportement qui empoisonne les communautés.
Troisièmement, je présuppose que, en
réalité, beaucoup de membres adhérents ne se sont pas
vraiment convertis. Ou, s'ils l'ont fait, ce fut de manière profane,
à la manière du monde ; ils ont changé de direction ; ils
vont désormais à l'église au lieu d'aller à la
mosquée, au temple hindou, à la cathédrale ou aux
fétiches. Leur motivation est charnelle. Ils cherchent souvent une
nouvelle famille, une nouvelle appartenance, ainsi que des avantages divers. Le
problème est qu'ils ne sont pas régénérés.
Ils deviennent des religieux dans l'Église, ayant parfois même un
comportement plus digne que certains véritables chrétiens
nés-de-nouveau.
12
Ces membres ne font qu'adhérer à une nouvelle
religion, mais ne sont pas des disciples de Jésus-Christ. Ils agissent
d'ailleurs ainsi consciemment ou inconsciemment, se croyant vraiment
chrétiens, mais reniant ce qui en fait la force. Il est difficile dans
ce cas d'évaluer correctement, au seul vu du nombre, la dimension de
l'Église, tant physique que spirituelle. D'autre part, un des grands
périls pour l'Église est que ces nouveaux adhérents
amènent avec eux, comme ils l'ont toujours fait depuis la naissance de
l'Église, leurs croyances païennes, leurs traditions et leurs
pratiques mondaines. Ce faisant, ils détériorent la
spiritualité de l'Église au point de la conduire souvent vers un
syncrétisme plus ou moins latent, si ce n'est carrément
jusqu'à dévoyer ses fondements et la détourner de ses
principes, de son but et de sa mission.
D'autres membres sont des descendants ou des parents de
convertis. Ils font partie des deuxième, troisième ou
quatrième générations non converties qui ont suivi leurs
parents parce qu'ils ne pouvaient pas faire autrement. Ils ont fini par nicher
dans l'Église, trouvant le mariage et reproduisant les mêmes
avatars. Ils viennent avec les conceptions du monde dans l'Église.
D'autres encore viennent d'autres dénominations ou d'autres pays, et
amènent parfois avec eux des croyances polluées et
éloignées de la saine doctrine. En résumé, beaucoup
de membres sont des chrétiens de nom qui paralysent spirituellement
l'Église. Or, la seule puissance capable de transformer ces ossements
desséchés en âmes vivantes est le Saint-Esprit, qui est
malheureusement aujourd'hui souvent absent de l'Église.
VIII. HYPOTHÈSE
La thèse que je défends ici est que, si
l'Église Universelle et Invisible de Jésus-Christ est née
à la Pentecôte par la volonté du Seigneur
Jésus-Christ et par la puissance du Saint-Esprit, la plupart des
églises visibles, après des débuts dynamiques et
prometteurs, ont progressivement connu une dérive spirituelle loin de
Dieu, et qu'elles se sont pour la plupart
13
éteintes spirituellement au bout de plusieurs
générations. On peut appeler ce phénomène la «
dérive historique des églises ». Aucune église, aucun
mouvement, n'est à l'abri de ce phénomène récurrent
qui engendre un déclin plus ou moins rapide selon les cas. Certes, ceci
n'empêche pas ces églises discréditées de continuer
à exister physiquement, matériellement, parfois confortablement,
mais en remplaçant la véritable vie spirituelle par un simulacre
spirituel mensonger qui finit par conduire les âmes qui leur sont
confiées à la perte, comme dit notre Seigneur, « Si un
aveugle conduit un autre aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse »
(Mt 15.14).
Néanmoins, l'Histoire révèle que Dieu, dans
sa grâce, a continué son oeuvre de salut, soit en
réveillant et en restaurant l'église qui avait
décliné, soit en ouvrant d'autres canaux par lesquels la
grâce de son salut pouvait à nouveau couler. Il en fut ainsi pour
le Mouvement actuel de Pentecôte. Pendant un temps, Dieu a
préparé son Eglise en appelant son peuple à la
sainteté, et la grande oeuvre du Saint-Esprit a vu le jour au
début du vingtième siècle.
Aujourd'hui, nous nous trouvons à la troisième,
quatrième, voire énième génération de «
chrétiens », selon les endroits. De nombreuses âmes ont
été sauvées et de belles oeuvres ont été
réalisées. Un travail immense a été accompli.
Malgré cela, le constat est désastreux. Nos églises
connaissent un profond attiédissement pour ne pas dire un déclin
spirituel véritable. Des oeuvres se sont éteintes
spirituellement, malgré la conservation d'une certaine apparence
religieuse de vie. Mon hypothèse est que, si l'Église ne prend
pas conscience de son présent déclin, si elle continue dans son
aveuglement spirituel, et si elle continue à se croire riche comme celle
de Laodicée, elle périclitera comme les
précédentes, et elle passera à côté de sa
raison d'être, la mission du Seigneur. Il en restera peut-être une
belle apparence extérieure mais elle sera comme une coquille vide
à l'intérieur. Jésus pourra lui adresser la même
critique : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites !
Parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui
paraissent beaux au dehors, et qui, au-dedans, sont pleins
14
d'ossements de morts et de toute espèce d'impureté.
Vous de même, au dehors, vous paraissez justes aux hommes, mais,
au-dedans, vous êtes pleins d'hypocrisie et d'iniquité » (Mt
23.27). Toutefois, que le vrai peuple de Dieu se réjouisse car,
jusqu'à son retour, notre Seigneur Jésus-Christ continuera son
oeuvre de salut, comme il l'a promis. Si donc, nous ne nous réformons
pas, ce sont d'autres oeuvres qui verront le jour et qui reprendront le
flambeau avec l'aide du Saint-Esprit, jusqu'au retour du Seigneur.
15
CHAPITRE 2
LA REVUE LITTÉRAIRE
De nombreux livres, revues et publications, et divers articles
Internet ont contribué à l'élaboration de cette
étude. Je citerai tout d'abord le livre écrit par O. Winslow,
« Le Déclin Spirituel et son Réveil ». L'auteur
souligne les symptômes du déclin spirituel, les causes et les
remèdes. Il éclaire notamment les diverses facettes du
déclin en indiquant sa source et en démontrant ses effets
négatifs sur l'amour, sur la foi, sur la prière, ainsi que ses
conséquences dans l'erreur doctrinale. Par ailleurs, il souligne
l'oeuvre et la puissance du Seigneur toujours prêt à restaurer et
à protéger son peuple.
Les « Réveils Religieux » de Charles Finney
m'ont aussi été d'un précieux secours. Finney était
un homme entièrement consacré à Dieu et pleinement
livré au Saint-Esprit. Dieu s'est servi de lui pour réveiller son
peuple et amener une multitude (environ trois millions d'âmes) à
accepter Christ comme leur sauveur personnel et leur Seigneur dans leur coeur
et dans leur vie. Son ouvrage est une réponse au besoin de réveil
crucial des églises de tout temps. Selon Finney, beaucoup aspirent
à une effusion du Saint-Esprit mais ne sont pas prêts à en
payer le prix. Cet ouvrage insiste sur la nécessité du
réveil pour amener les chrétiens déchus à la
repentance. Un réveil implique un retour personnel à
l'obéissance envers Dieu et une conviction de péché de la
part de toute l'Église, en commençant par ses responsables. Ce
livre très complet couvre de nombreux sujets ayant trait au
réveil religieux : ce qu'il est, comment susciter un réveil, son
importance, la prière efficace, la foi, l'évangélisation,
la prédication, les mesures à prendre pour favoriser le
réveil, les instructions aux nouveaux
16
convertis, et l'aide à apporter aux rétrogrades
dans la foi. Il développe enfin le thème de la grâce en
mettant en exergue les conditions pour croître dans la grâce, et
ainsi poursuivre le réveil. Quant au titre de l'ouvrage, il aurait pu
s'appeler, s'il avait paru aujourd'hui : « Les réveils spirituels
» plutôt que le terme « religieux » qui a désormais
une connotation trop humaine, voire mondaine.
L'important ouvrage de Daniel Brandt-Bessire, « Aux Sources
de la Spiritualité Pentecôtiste » a largement
contribué à approfondir le sujet concerné. L'auteur
analyse une tranche d'histoire de la spiritualité pentecôtiste, de
ses origines wesleyennes jusqu'au Mouvement de Pentecôte du
vingtième siècle. Il explique comment tout le Mouvement de
sanctification jusqu'au pentecôtisme a été conduit par la
recherche de l'expérience religieuse ; il établit des
parallèles éclairés entre la tradition mystique monastique
et les aspirations du Mouvement de sainteté et de Pentecôte. Selon
l'auteur, Mahan et Finney confirmaient que le revêtement de la puissance
d'En-Haut « rend le croyant capable d'accomplir la mission que Dieu lui
donne. » Avec Upham, les trois sont considérés comme les
pères de la doctrine du baptême du Saint-Esprit. Les
conférences d'Oxford, de Brighton et de Keswick furent des sources
d'équilibre théologique pour le pentecôtisme. Keswick,
surtout, eut une influence considérable sur le fondamentalisme
américain, sur le pentecôtisme et sur le Mouvement de
sainteté américain. Il souligne l'influence de l'Église
Catholique Apostolique d'Edward Irving sur le pentecôtisme, et met en
exergue le puissant « réveil du Pays de Galles » (1904-1905)
qui secoua le monde entier et qui fut surtout lié à Evan Roberts
et sa chroniqueuse Jessie Penn-Lewis, qui fut la théologienne du
réveil. Parmi les enfants de ce réveil, l'auteur cite les
frères Jeffreys, Donald Gee et Alexander A. Boddy. Citant Donald Gee,
« la marque distinctive du pentecôtisme est le parler en langues
», l'auteur conclut en affirmant que le pentecôtisme offre une
réponse holistique pour la personne, sa théologie touchant le
corps, l'âme et l'esprit.
17
Le quatrième livre est « Le Feu de la Pentecôte
au vingtième siècle » de Donald Gee. Il s'agit d'un
témoignage dynamique du Mouvement de Pentecôte au vingtième
siècle, qui permet de prendre la mesure de l'action du Saint-Esprit qui
peut se poursuivre encore chez ceux qui cherchent Dieu avec les bonnes
motivations. Il permet de les convaincre du bien-fondé de la recherche
de la sainteté et du baptême du Saint-Esprit. Cet ouvrage est un
récapitulatif chronologique d'évènements qui ont
touché le monde entier sur une période allant de 1875 à
1964. L'auteur constate que les prédécesseurs du mouvement ont
recherché dans la prière et la sainteté, et dans un retour
aux Saintes Écritures, l'accomplissement de cette « seconde
bénédiction » promise par Jésus-Christ. Il raconte
ensuite le merveilleux réveil gallois de 1904, avec ses
répercussions dans tout le Royaume-Uni, en Europe, en Amérique,
en Inde et ailleurs. Rappelant les expériences de Topeka en 1900, Galena
en 1903, Houston en 1904 et 1905, l'auteur associe le début du
réveil mondial de la Pentecôte aux évènements qui se
sont déroulés en 1906 rue Azusa à Los Angeles. Citant
William Seymour, il démontre les implications internationales de
l'évènement, dont la venue de personnalités telles que
l'archidiacre Phais et de A.G. Ward du Canada, de Robert Brown de New-York, de
Thomas Barratt de Norvège et de Lewi Pethrus de Suède, qui furent
eux-mêmes de puissants instruments de Dieu dans leur pays respectif. Ce
qui domine est que le monde entier commença alors à rechercher le
réveil, qui toucha des chrétiens de toutes les
dénominations. L'auteur souligne la persistance du
phénomène pentecôtiste qui a touché tous les
réveils qu'a connu la chrétienté au cours des vingt
derniers siècles. Enfin, il démontre comment ce Mouvement se
distingue de façon frappante de la plupart de ceux qui l'ont
précédé, car il ne doit pas son origine à quelque
personnalité religieuse ou à un leader charismatique, mais ce fut
un réveil spontané qui se produisit presque simultanément
dans divers endroits du globe. Les leaders du mouvement de Pentecôte sont
eux-mêmes des produits du mouvement. Ils n'ont pas fait le mouvement,
c'est le Mouvement qui les a faits.
18
CHAPITRE 3
LA MÉTHODOLOGIE
Cette recherche a été principalement
réalisée par l'étude des sources consultées,
notamment celles citées au chapitre 2. L'analyse approfondie des
nombreuses sources littéraires, livres, mémoires et
thèses, revues spécialisées, sources internet, traitant du
sujet a été un apport précieux. Si les limitations et
diverses contraintes n'ont pas permis de pratiquer des sondages ou des
enquêtes préliminaires généralisées, les
témoignages recueillis de source fiable et l'interview de
personnes-ressources compétentes m'ont apporté de précieux
renseignements. Ils ont permis de valider des présuppositions et de
tirer des conclusions sur le sujet. Les statistiques disponibles ont ouvert des
pistes intéressantes sur le passé, le présent et l'avenir
de l'Église, élargissant et affinant mes recherches. J'y ai
trouvé de nombreuses informations utiles à ma réflexion,
me permettant de présenter cette étude avec davantage de
précisions. Enfin, mon expérience pastorale et missionnaire a
complété l'étude.
19
CHAPITRE 4
RÉSULTATS
I. HISTORIQUE D'UN PHÉNOMENE RÉCURRENT
A. L'Ancien Testament
L'apôtre Paul, rappelant les aventures d'Israël dans
le désert, dit : « Ces choses leur sont arrivées pour servir
d'exemples, et elles ont été écrites pour notre
instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des
siècles » (1 Co 10.11). Il est évident que l'Ancien
Testament nous instruit sur les raisons des nombreuses dérives
spirituelles du peuple de Dieu. L'histoire se répète et nous
pouvons aujourd'hui voir les nombreuses similitudes qu'il y a entre Israël
et l'Église de tous les temps, et notamment celle d'aujourd'hui.
La première dérive constatée dans l'histoire
humaine est l'abandon du premier amour par Adam et Ève, par orgueil et
velléité d'indépendance : « vous serez comme Dieu
» (Ge 3.6). De même, les ministères ont parfois tendance
à oublier que l'Église appartient à Dieu et la
gèrent comme une oeuvre humaine. Jésus-Christ est le Maître
de l'Église. C'est lui qui la bâtit et qui la dirige par sa Parole
et son Esprit Saint. Toutefois, malgré la désobéissance
d'Adam et Ève, la grâce de Dieu est déjà intervenue
en promettant l'avènement d'un Sauveur (Gn 3.15).
Après le déluge et la restauration via Noé
et sa descendance, les hommes décidèrent à nouveau de
désobéir à Dieu. Bien installés dans le confort de
la vallée de Schinéar, ils s'élevèrent un monument.
Ils décidèrent de se grouper et de construire la tour de Babel
alors que la mission que Dieu leur avait donnée était toute autre
: « Et vous, soyez féconds et
20
multipliez, répandez-vous sur la terre et multipliez sur
elle » (Gn 9.7). Dieu dut les disperser loin de là sur toute la
face de la terre, et confondre leur langage (Gn 11.9).
Il en fut de même après la Pentecôte. Les
apôtres restèrent bien installés à Jérusalem,
contrairement à l'ordre du Seigneur d'aller en Judée, puis en
Samarie, et aux extrémités de la terre (Ac 1.8). La
persécution est alors venue, les obligeant à aller, Philippe
à Samarie, d'autres à Chypre, mais aussi à Antioche
où naquit la première église missionnaire d'où
furent envoyés Barnabas et Saul. C'est en réalisant l'ordre
missionnaire du Seigneur Jésus que l'Église s'est
multipliée et a bouleversé le monde (Ac 17.6).
Aujourd'hui, bon nombre d'églises et de ministères
sont bien installés, s'occupent d'eux-mêmes et résistent
à l'ordre missionnaire. La conséquence est qu'ils ne progressent
plus spirituellement, qu'ils déclinent et qu'ils finissent par
s'éloigner du plan divin, car ils n'ont pas compris l'amour de Dieu pour
l'humanité. Certaines églises participent à la mission,
mais on peut s'interroger sur la mesure et les moyens donnés à la
Mission intérieure et extérieure, en Occident, comme au Burkina
Faso. Pourtant, le Seigneur revient bientôt et l'Église le sait
très bien. Il y a urgence.
La tendance à oublier Dieu et ses bienfaits est une
caractéristique humaine, et Israël en est un parfait exemple.
Après sa sortie d'Egypte, il tombe dans le syncrétisme en faisant
un veau d'or. Il ne cesse de murmurer dans le désert. Après la
mort de Josué et de ses anciens, Israël oublie et le déclin
s'installe : « Toute cette génération fut recueillie
auprès de ses pères, et il s'éleva après elle une
autre génération, qui ne connaissait point l'Eternel, ni ce qu'il
avait fait en faveur d'elle. Les enfants d'Israël firent alors ce qui
déplaît à l'Eternel et servirent les Baals » (Jg
2.10). Il en fut ainsi tout au long du temps des Juges au cours duquel, par sa
grâce, l'Éternel choisit des hommes pour sauver Israël qui
retombait systématiquement dans le syncrétisme au bout de la
troisième ou la quatrième génération.
21
Vers la fin de la vie du prophète Samuel, Israël
demanda un roi comme les autres nations. Ils voulaient une organisation
humaine. Dieu expliqua à Samuel que ce n'était pas lui, le
prophète, qu'Israël rejetait, mais plutôt son Dieu (1 S
8.7-8). Ce témoignage, qui peut paraître anodin à
l'époque, se retrouvera régulièrement dans l'Église
de Jésus-Christ, depuis deux mille ans jusqu'à nos jours.
Qu'en est-il aujourd'hui ? Le syncrétisme
déplaît profondément à Dieu, qu'il s'agisse de dieux
traditionnels, de Mammon ou de toute autre idole moderne. Pourtant, beaucoup
n'ont pas la crainte de Dieu et, comme au temps des Juges, font ce qui leur
semble bon (Jg 21.25).
Au huitième siècle avant Jésus-Christ,
l'Eternel eut pitié de Ninive, capitale du royaume sanguinaire des
Assyriens, ennemis d'Israël, et il ordonna à son prophète
Jonas d'aller lui annoncer son futur châtiment. A l'écoute de la
Parole, Ninive se repentit et fut épargnée. Toutefois, un
siècle plus tard, la ville de Ninive avait oublié l'Eternel, et
le prophète Nahum prédit sa destruction qui eut lieu en 612 avant
J.C. Ils avaient oublié !
Jérusalem connut plusieurs réveils sous les rois
Joas, Ézéchias et Josias, qui, saisis par la Parole et ayant la
crainte de Dieu, mirent tout en oeuvre pour ramener le peuple à Dieu.
Mais les générations suivantes n'ont pas suivi leur exemple et
sont retombées dans l'impiété.
Au retour d'exil, Jérusalem connut un grand réveil
avec Esdras, puis avec Néhémie. Mais, par la suite, les religieux
détournèrent le peuple en les amenant à suivre leur
tradition. Il en a été de même pour le royaume du Nord,
où le réveil sous Elie au mont Carmel n'eut pas de suite
favorable, et Israël finit par être déporté vers les
nations.
Tous ces réveils ont systématiquement
été suivis d'une profonde léthargie jusqu'au jour de la
Pentecôte, qui a vu l'avènement de l'Église de
Jésus-Christ.
22
B. La Naissance de l'Église de
Jésus-Christ
Avant toutes choses, il est nécessaire de rappeler les
origines.
1. La Fondation de l'Église
Lors de la Pentecôte, après l'effusion du
Saint-Esprit sur les cent vingt disciples réunis dans la chambre haute,
Pierre annonça à tous ceux qui avaient accouru, Juifs et
prosélytes provenant des différents pays du monde alors connu
:
« C'est ici ce qui a été dit par le
prophète Joël : Dans les derniers jours, dit Dieu, je
répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles
prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions, et vos vieillards
auront des songes. Oui, sur mes serviteurs et mes servantes, dans ces
jours-là, je répandrai de mon Esprit et ils
prophétiseront. » (Ac 2.16)
La mention par Joël des « derniers jours » et sa
référence à certains fléaux cités dans
l'Apocalypse tendent à démontrer qu'en réalité la
Pentecôte a commencé ce jour-là pour se terminer lors du
retour de Christ. Depuis le jour de la Pentecôte, tout croyant en Christ,
né de nouveau et donc régénéré, peut
être baptisé dans le Saint-Esprit. Cette grâce divine, que
le croyant régénéré doit rechercher, dure depuis
près de deux mille ans, et l'Église, qu'elle le vive ou non, est
toujours dans cette Pentecôte permanente avec tout ce que cela doit
impliquer quant à la présence du Saint-Esprit, l'onction de Dieu,
la puissance d'en-haut, la manifestation des charismes, ainsi qu'un amour
agapè et un souci permanent pour la Grande Commission,
c'est-à-dire le salut des âmes, d'autant plus que le retour de
notre Seigneur est proche.
Si tel est le cas, pourquoi donc les baptêmes du
Saint-Esprit sont en baisse constante ? Pourquoi l'Église est-elle
amenée à exhorter régulièrement ses membres sur un
sujet qui doit faire partie intégrante de sa vie et de sa quête
quotidienne ? L'Église ne vivrait donc plus la vie de l'Esprit ?
Aurait-elle perdu la puissance que le Saint-Esprit lui confère
normalement ?
23
Le livre des Actes montre à quel point l'Église est
dynamisée lorsque la présence du Saint-Esprit est effective et
lorsque l'Église vit selon la Bible et dans la volonté de Dieu :
« Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Église ceux qui
étaient sauvés » (Ac 2.47). « Beaucoup de ceux qui
avaient entendu la Parole crurent, et le nombre des hommes s'éleva
à environ cinq mille » (Ac 4.4). « Quand ils eurent
prié, le lieu où ils étaient assemblés trembla ;
ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils annonçaient la Parole
avec assurance » (Ac 4.4).
« Beaucoup de miracles et de prodiges se faisaient au milieu
du peuple par les mains des apôtres ... le nombre de ceux qui croyaient
au Seigneur augmentait de plus en plus » (Ac 5.14). « Pendant qu'ils
servaient le Seigneur dans leur ministère et qu'ils jeûnaient, le
Saint-Esprit dit : Mettez-moi à part Barnabas et Saül pour l'oeuvre
à laquelle je les ai appelés » (Ac 13.2). Ces quelques
passages parmi beaucoup d'autres résument la puissance d'une
Église remplie de l'Esprit.
Cependant, l'Église est à ce jour loin de vivre
selon ces normes. Les cultes se suivent et se ressemblent : Beaucoup
d'ambiance, mais une grande faiblesse spirituelle. Il peut se passer de
nombreux dimanches sans que l'on entende une seule prophétie. Les «
guérisons » sont souvent « arrachées », lors de
séances de délivrance à grand spectacle. Il y a peu de
baptêmes du Saint-Esprit. Or, c'est le Seigneur Jésus-Christ qui
baptise du Saint-Esprit (Jn 1.33), et c'est lui qui bâtit son
Église. Serait-il absent ? Pourtant les promesses sont là.
Jésus a fixé la norme charismatique de l'Église : «
En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui
croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes,
parce que je m'en vais au Père ; et tout ce que vous demanderez en mon
nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils
» (Jn 14.12-13). Et d'ajouter : « Voici les miracles et les signes
qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les
démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents
; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils
imposeront les mains aux malades, et les malades seront guéris »
24
(Mc 16.17-18). L'épître aux Hébreux commente
ainsi la marche de l'Église apostolique : « Dieu appuyant leur
témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les
dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté »
(Hé 2.4).
Hélas, les manifestations de l'Esprit sont rares dans nos
églises de Pentecôte. Les vraies prophéties sont exception,
tout comme les guérisons. Les erreurs doctrinales se multiplient. Le
péché est autorisé, avec des cas de débauche et
d'adultère qui flétrissent l'Église, ses ministères
et ses membres. La mondanité a pris place. Le syncrétisme
s'infiltre peu ou prou. L'amour de l'argent a remplacé l'amour du
Seigneur. L'unité spirituelle fait partie de la prédication mais
elle est quasi inexistante. La crainte de Dieu a disparu. L'Église
ressemble à Israël au temps de Gédéon qui dit
à l'ange de l'Éternel : « Ah, mon seigneur, si
l'Éternel est avec nous, pourquoi toutes ces choses nous sont
arrivées ? Et où sont tous ces prodiges que nos pères nous
racontent, quand ils disent : L'Éternel ne nous a-t-il pas fait monter
hors d'Égypte ? Maintenant l'Éternel nous abandonne, et il nous
livre entre les mains de Madian » (Jg 6.13). La réponse se trouve
au début du chapitre 6 : « Les enfants d'Israël firent ce qui
déplaît à l'Éternel » (Jg 6.1). Israël
avait oublié les fondations de son alliance avec l'Éternel.
Où en est l'Église ?
2. Le Fondement de l'Église
Le jour de la Pentecôte, le nombre des disciples augmenta
de trois mille âmes : « Ils persévéraient dans
l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la
fraction du pain, et dans les prières » (Ac 2.42). Ils marchaient
donc selon les instructions de la parole de Dieu enseignée par les
apôtres. Aux Éphésiens, Paul met l'accent sur la
présence effective du Dieu trinitaire et affirme l'impératif de
sainteté : « Vous avez été édifiés sur
le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ
lui-même étant la pierre angulaire. En lui tout l'édifice,
bien coordonné, s'élève pour être un temple saint
dans le Seigneur. En lui vous êtes aussi édifiés pour
être une habitation de Dieu en Esprit » (Ep 2.20-22). À
25
Timothée, Paul ajoute : « Le solide fondement
posé par Dieu subsiste, avec ces paroles qui lui servent de sceau : Le
Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent ; et : Quiconque prononce le
nom du Seigneur, qu'il s'éloigne de l'iniquité » (2 Tm
2.10). Jésus, dans sa prière sacerdotale, priait ainsi son
Père : « Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est
la vérité » (Jn 17.17). Nous voyons ici apparaître les
éléments principaux que sont la parole de Dieu qui est la
vérité, la sainteté et la sanctification, la foi dans
l'oeuvre de Jésus à la croix, la communion fraternelle, les
prières, et la vie de l'Esprit qui fonde l'Église et la dirige
depuis la Pentecôte.
Malgré cela, beaucoup sont aujourd'hui troublés par
ce qu'ils voient et ce qu'ils entendent de l'Église et dans
l'Église, une situation qui rappelle l'expression du roi David : «
Quand les fondements sont renversés, le juste, que ferait-il ? »
(Ps 11.3).
Afin de nourrir notre étude, nous examinerons
l'évolution de ce sujet au cours de l'histoire de l'Église :
Est-elle restée fidèle ? Les fondements sont-ils demeurés
les mêmes ? Les fondations d'origine sont-elles restées en place ?
La vie de l'Esprit est-elle restée la règle ? Il s'agit toutefois
ici d'un sujet très vaste ; nous limiterons donc notre comparaison
à l'étude de la fidélité de l'Église
à la parole de Dieu, à la sainteté et à la vie de
l'Esprit, et à l'examen des dérives récurrentes qui l'ont
fait sombrer tout au long de son Histoire.
C. La Croissance et la Formation de l'Église
1. L'Église Apostolique
Après la Pentecôte, l'Évangile se
répandit rapidement car les nombreux Juifs et prosélytes qui
crurent et furent baptisés à Jérusalem le
propagèrent dans leur pays d'origine. Les Actes ne relatent qu'une
partie de cette merveilleuse progression de l'Évangile dans le monde
d'alors. Mais les autres apôtres et les nombreux disciples non
cités prirent part également à ce travail missionnaire.
Tous prêchaient la « bonne nouvelle » (Ac 8.4). Paul,
l'apôtre des gentils, eut un rôle prépondérant dans
cette avancée missionnaire et dans
26
l'établissement de la saine doctrine de l'Église.
Les serviteurs qui se levèrent contribuèrent à diffuser
l'enseignement des Saintes Écritures et à consolider
l'implantation de nouvelles oeuvres. Tous ces pionniers durent néanmoins
faire face à une forte opposition et à de nombreuses
persécutions de la part des Juifs, des Romains, ainsi que des
païens et des philosophes de l'époque. Malgré cela,
l'évangélisation était basée sur l'annonce de la
Parole de vérité, appuyée par les signes, les prodiges et
les miracles du Saint-Esprit (Hé 2.4). Le baptême du Saint-Esprit
était alors la norme pour tous les croyants, et il en était de
même pour la manifestation des dons spirituels. La marche dans la
sainteté était si manifeste qu'un simple mensonge attira la ruine
d'Ananias et de Saphira (Hé 2.4). L'unité de l'Église et
l'amour fraternel véritable étaient la règle : « La
multitude de ceux qui avaient cru n'était qu'un coeur et qu'une
âme. Nul ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais tout
était commun entre eux » (Ac 4.32). Ce partage volontaire de leurs
biens en temps de persécution est une preuve magnifique de
l'unité des croyants. Malgré les persécutions atroces et
constantes, et les nombreuses défaillances citées dans les
Épîtres, l'Église pouvait globalement être
qualifiée de fidèle. Au fur et à mesure des années,
l'Église, qui avait été enfantée dans la
persécution, continuait à prospérer dans cette même
persécution. Comme avec l'Israël de l'Ancien Testament, plus
l'Église était persécutée, plus elle fleurissait et
multipliait. Le sang des martyrs était alors, et a toujours
été, la semence de l'Église.
2. L'Église Primitive
Il s'agit de l'Église des martyrs. Après la
disparition des apôtres, leurs successeurs demeurèrent
fidèles dans leur foi à Jésus-Christ. Les
différentes lettres aux églises envoyées par
Clément de Rome, Polycarpe de Smyrne, Irénée ou Tertullien
garantissent la fidélité à
27
l'enseignement des apôtres.17 Le martyre des
nombreux croyants témoigne aussi de leur fidélité à
Jésus-Christ.
Hélas, la doctrine et l'enseignement des apôtres
commencèrent déjà à dévier vers la fin du
deuxième siècle. Un écrit de Tertullien en 197
après J.C. condamne l'usage de baptiser les petits enfants ainsi que
celui de baptiser les morts, ce qui prouve que cela se pratiquait
déjà. Une autre modification frappante fut celle qui fit de la
Sainte Cène un acte accompli miraculeusement par un
prêtre.18 On commença aussi à parler de Marie en
termes trop élogieux. En outre, certains docteurs enseignaient le salut
par les oeuvres, et tout particulièrement par les rites
ecclésiastiques.
À cette époque, se produisit un
évènement très important qui devait impacter non seulement
l'Église primitive mais aussi toutes les dénominations à
venir : Ignace d'Antioche attribua aux évêques une autorité
et une prééminence encore inconnues dans le Nouveau Testament, ce
qui contribua au développement d'un système clérical
placé sous la domination des évêques, eux-mêmes
soumis à des « métropolites » établis sur de
vastes territoires. Ainsi, une organisation humaine, avec ses formes
religieuses stéréotypées, vint supplanter, dans les
églises autonomes, la puissance agissante du Saint-Esprit et les
prescriptions des Écritures.19 D'ailleurs, au
troisième siècle, Cyprien de Carthage employait librement le
terme d'église catholique, soulignant qu'en dehors d'elle, il n'y avait
point de salut.20
Il convient néanmoins de reconnaître que, durant
cette période, l'Église connut de grandes persécutions,
d'abord sous Trajan, puis sous Marc-Aurèle, ensuite après l'an
250
17E. H. Broadbent, L'Église ignorée,
(Nyon, Suisse : Éditions "Je sème," 1955), 8.
18Broadbent, 10.
19Ibid., 9. 20Ibid., 12.
28
sous Décius, et enfin 303 sous Dioclétien,
jusqu'à la victoire de Constantin qui apporta une paix à
l'Église.21
Elle dut également combattre de nombreuses
hérésies : le judéo-christianisme qui niait la
divinité de Jésus-Christ et prônait un salut par les
oeuvres ; le gnosticisme dont l'adepte le plus redoutable fut Marcion qui se
joignit d'abord à l'Église pour ensuite s'en séparer et
fonder sa propre église ; le montanisme du prophète Montanus qui
certes a ravivé les choses de l'Esprit, mais qui se prenait
lui-même pour le Paraclet, et qui n'acceptait comme seule autorité
que l'Esprit qui a parlé par les Écritures et qui parlait encore
par les prophètes et les prophétesses montanistes ; et enfin les
antitrinitaires.22 Jules-Marcel Nicole souligne que par ses martyrs
et ses apologistes, l'Église a remporté une victoire
complète sur la persécution et la polémique du dehors. De
plus, elle a triomphé des hérésies du dedans. Elle a
toutefois moins bien su discerner les dangers du cléricalisme et du
formalisme.23
En ce qui concerne la vie de l'Esprit, certains
théologiens ont, depuis la Réforme, attesté que les
charismes ont cessé depuis les temps apostoliques, ce qu'on a
appelé la doctrine du cessationnisme, qui pousse encore certains
à condamner la manifestation des charismes. Or, l'Histoire prouve le
contraire. Bien que nous ne connaissions pas la proportion des baptêmes
de l'Esprit à l'époque, nous pouvons affirmer que les dons
spirituels avaient encore leur place. Jacques Gloagen, dans son ouvrage «
Les charismes dans les premiers siècles de l'Église » cite
plusieurs écrits des Pères de l'Église : « Dans l'un
et l'autre cas, ils ont montré ce qu'était véritablement
la vie de l'église, signalant la place qu'y occupaient les dons
miraculeux du Saint-Esprit. »24 Il mentionne notamment une
lettre de Clément de Rome
21Jules-Marcel Nicole, Précis d'histoire de
l'Église, (Nogent-sur-Marne : Éditions de l'Institut
Biblique, 2005), 23.
22Nicole, 28-29. 23Ibid., 41.
29
à l'église de Corinthe, vers l'an 95 ap. J.C.,
stipulant les dons incomparables et magnifiques du Saint-Esprit, ainsi qu'une
lettre d'Ignace d'Antioche aux Philadelphiens, vers l'an 117 ap. J.C., qui
dépeint clairement la dimension charismatique de son ministère.
Il cite également l'épître de Barnabas écrite vers
120-130 ap. J.-C., de même plusieurs écrits d'Irénée
dans la deuxième partie du deuxième siècle, ainsi que les
écrits de Tertullien et de Cyprien datant du troisième
siècle, et enfin le témoignage de Cyrille, évêque de
Jérusalem, au quatrième siècle « apportant lors de
catéchèses baptismales, un enseignement sur la conception et
l'expérience des dons spirituels à cette époque et dans
cette église. »25 En réalité, la
manifestation des charismes, y compris la glossolalie, n'a jamais cessé,
malgré certaines périodes demeurées obscures.
D. L'Église Pagano-Chrétienne
1. De Constantin au Moyen-Âge
Se rendant compte que la persécution hâtait le
dessein de Dieu, le diable changea sa tactique. Au quatrième
siècle après Jésus-Christ, Constantin devint l'Empereur
romain. Il embrassa officiellement le christianisme. Nous ne savons pas s'il
était véritablement converti à Christ, mais, malgré
tout, le christianisme devint la religion légalisée et
acceptée de l'Empire romain. Au lieu de subir la persécution de
l'État, dorénavant l'Église jouissait de la protection de
l'État. Le peuple de Dieu avait veillé, prié et
resté fidèle en temps d'opposition, mais il s'endormit maintenant
dans un faux sentiment de sécurité.
Sans nul doute, la faveur impériale amena le monde dans
l'Église, et ainsi, ce que Satan ne réussit pas à faire
par la persécution, il l'accomplit par le patronage. Comme l'affirme le
Dr. Edwin Orr : « C'est une chose d'avoir le bateau sur la mer, et une
autre
24Jacques Gloagen, "Les charismes dans les premiers
siècles de l'Eglise," Serviteur de Dieu 114 (2006):
21.
25Gloagen, 22-26.
30
d'avoir la mer à l'intérieur du bateau ! »
C'est une chose d'avoir l'Église dans le monde, mais quand le monde
pénètre dans l'Église, un déclin spirituel
s'installe.26
J.-M. Nicole souligne que : « cette partie de l'histoire de
l'Église est certainement une des plus brillantes. Elle est remarquable
par l'achèvement du paganisme, par la disparition des anciennes
hérésies et l'élimination d'hérésies
nouvelles, par le travail des conciles qui mit fin au flottement qui subsistait
sur certains points de la doctrine chrétienne. »27 En
effet le Canon du Nouveau Testament fut définitivement
arrêté grâce aux efforts constants d'Athanase et d'Augustin.
La double nature de Jésus-Christ - son humanité et sa
divinité absolue - fut irrévocablement admise. En réponse
et pour clore la controverse pélagienne, la corruption radicale de la
nature irrégénérée et le salut comme grâce
imméritée furent adoptés. Durant cette période, de
nombreux chrétiens s'illustrèrent par leurs talents, leur
fermeté doctrinale et leur piété. Grégoire
évangélisa l'Arménie. Des églises se
constituèrent en Perse et en Éthiopie. Les Goths furent
évangélisés par Ulphilas. Une nouvelle
génération de théologiens se leva : Basile-le-Grand,
Grégoire de Naziance, Grégoire de Nysse, Cyrille d'Alexandrie,
Théodore de Mopueste, Jean Chrysostome, Théodore de Cyr, etc. qui
jouèrent un rôle important pour le triomphe de
l'orthodoxie.28
Malheureusement, c'est au cours de cette même
période que des manquements graves commencèrent à laisser
entrevoir la future décadence de l'Église. Les foules
irrégénérées qui se convertirent pour continuer
à bénéficier de l'appui de l'empereur, introduisirent
toutes leurs croyances païennes, idolâtres et mondaines. Par
conséquent, la conversion de Constantin, avec les changements qu'elle
apporta, l'introduction de pratiques d'origine païenne, la montée
d'une hiérarchie ecclésiastique basée sur le
système du monde plutôt que
26Arthur Wallis, "La restauration de
l'Église"
http://www.spcm.org/SearchEvents00012013.php?id=3080
(consulté le 30 mars, 2012).
27Nicole, 70. 28Ibid., 50-51.
31
sur les Écritures entraînèrent un rapide
déclin spirituel. L'autorité des Saintes Écritures fut
bientôt remise en question et remplacée par l'autorité de
l'Église sous le patronage de Constantin. Le salut par grâce fut
assombri par la vertu des oeuvres et des sacrements. Le culte des saints vit le
jour, remplaçant les nombreux dieux précédents. La
spiritualité chrétienne et la moralité baissèrent
dangereusement. Les ambitions, les intrigues, les rancunes apparurent au sein
du clergé, semant le trouble chez les vrais chrétiens.
J.-M. Nicole conclut que « tandis que durant la
période précédente (postapostolique) nous assistions
à une victoire de l'Église sur le monde, ici, malgré tout
ce que cette période a de magnifique, nous assistons désormais
à une victoire du monde sur l'Église. »29 La roue
du déclin était enclenchée. Cependant, même pendant
ces siècles ténébreux, comme Broadbent le remarque, la
flamme du témoignage continuait à brûler ici et là.
Des hommes tels que François d'Assise, puis Pierre Valdo, se
levèrent comme des flambeaux et des révélations au sein
des ténèbres, mais leur témoignage et leur oeuvre
malgré tout puissante ne changèrent pas la structure fondamentale
des choses.30 Il n'y eut aucun mouvement qui ait pris de
l'étendue, aucun retournement de tendance, et siècle après
siècle, pendant tout un millénium, la marée de la vie
spirituelle continuait à reculer. L'Église descendait dans les
sombres époques du Moyen-âge, et la lumière du
véritable christianisme était pratiquement éteinte.
2. Le Moyen-Âge
Pendant le cinquième et le sixième siècle,
de nombreuses invasions troublèrent l'Église en bouleversant le
visage politique de l'Europe. Malgré cela, l'Église connut de
nombreux succès, notamment la conversion de nombreux peuples païens
au catholicisme.
29Nicole, 71.
30Broadbent, 100-101.
32
Répondant à une nouvelle quête de
spiritualité, le monachisme se développa dans toute l'Europe. Les
siècles suivants apportèrent leur lot d'avancées positives
mais aussi de déboires et de déclin de la saine doctrine.
Pendant ce temps, les conquêtes musulmanes
dévastèrent le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord, l'Espagne, mais
furent défaites à Poitiers en 732 par Charles Martel. Toutefois,
peu d'églises résistèrent à l'Islam, hormis les
Coptes d'Égypte et les Arméniens, bien fondés sur la
Parole.
En 1054, après bien des controverses, le schisme
définitif éclata entre le patriarche de Constantinople Michel
Cerularius et le pape Léon IX à Rome, qui sépara
l'Église catholique de l'Église orthodoxe, bien que ces adjectifs
ne soient, dans aucun des deux cas, vraiment appropriés.
Durant toute cette période, l'église catholique
continua à sombrer dans toutes sortes d'abus que nous condamnons :
doctrine du purgatoire, transsubstantiation, confession auriculaire,
indulgences, mariolâtrie, culte des saints, usage du rosaire ou du
chapelet emprunté à l'Islam, culte en latin, culte des images,
inquisition épiscopale, prière pour les morts. A cela, s'ajoutait
un niveau extrêmement bas de la moralité. À Rome, la
papauté tombait sous la coupe des familles romaines souvent très
corrompues. S'il y a des doutes sur l'existence d'une « papesse Jeanne
»,31 une femme qui, selon une légende du
treizième siècle, aurait exercé le pontificat sous le nom
de Jean l'Anglais pendant les deux années qui suivirent la mort de
Léon IV (855 ap. J.-C.), les scandales inouïs de la cour de Rome ne
sont que trop bien attestés : adultères, incestes, retour
à des dieux païens.32 Ce fut la période dite de
la « pornocratie », allant de l'an 904 à l'an 963, qui connut
12 papes, dont le dernier, Jean XII, fut instauré pape à
l'âge de 16 ans. Les chroniqueurs rapportent que cette période
fut
31Le Petit Robert, 1470. 32Nicole,
90.
33
marquée par une incroyable débauche, une
cupidité outrageante, des actes de cruauté, et des
sacrilèges. La débauche romaine se répandit dans bon
nombre de couvents et de monastères européens.
Au onzième siècle, sous l'impulsion du moine
Hildebrand, le titre de cardinal fut instauré et un collège des
cardinaux fut organisé afin d'élire les papes. Nommé
lui-même pape sous le nom de Grégoire VII, il instaura le
célibat des prêtres, et sembla s'attaquer à la simonie qui
régnait en maître dans le clergé. Toutefois, l'ambition, la
politique et la cupidité des papes furent à un point tel qu'on
commença dès le treizième siècle à
identifier le pape à l'Antichrist.
E. La Réforme
1. La Pré-Réformation
Précédant la Réforme, de nombreux mouvements
de sainteté et de retour à la sainte parole de Dieu virent le
jour, mais leurs adhérents furent persécutés à
outrance. J.M. Nicole met l'accent sur les mouvements de protestation contre le
catholicisme, qui deviennent de plus en plus nombreux. L'irréligion
gagnait du terrain. Pendant près de soixante-dix ans, les papes
s'installèrent à Avignon, mais ils se
discréditèrent par leur amour de l'argent et du
luxe.33 Vinson Synan cite les Albigeois au douzième
siècle et les Vaudois au treizième siècle.34
En réalité, beaucoup des idées de Luther
sont inspirées de celles des pré-réformateurs. Bien avant
Luther et Calvin, des hommes ont oeuvré pour une réforme de
l'Église. Ils prônaient un retour à la simplicité de
l'Évangile, mettant en cause la hiérarchie de l'Église, et
s'appuyant sur l'autorité exclusive de la Bible. Pierre Valdo
(1140-1217) fut le premier
33Nicole, 124-125.
34Vinson Synan, The Holiness Pentecostal Movement
in the United States, (Grand Rapids, Michigan: William B. Eerdmans
Publishing Company, 1971), 119.
34
d'entre eux au douzième siècle en France. Riche
marchand lyonnais, il décida un jour, vers 1173, de vendre tous ses
biens au profit des pauvres et de vivre de mendicité. Il expliqua son
choix dans un triple message : (1) tout laïc peut et doit lire les
Écritures (Valdo les fit traduire en langue vulgaire) puis en tirer ses
règles de vie, (2) la vie de pauvreté totale est celle qu'a
recommandée le Christ et elle doit assurer le salut, (3) les ajouts
faits à l'Évangile, tels que bien des sacrements, le culte des
saints, le purgatoire, etc. sont inutiles à la foi.
Valdo a été écouté, faisant des
disciples nommés les « Barbes », qui ont suivi sa
démarche de pauvreté itinérante et d'apostolat dans les
rues, dès lors qu'ils ont saisi cet extraordinaire sentiment de
liberté que confère le renoncement à toute richesse. Ceci
a inquiété les prêtres car « ces pauvres hères
» prenaient leur place, les privant de leurs ouailles, et donc de leurs
ressources. L'évêque de Lyon, un moment sympathique à
Valdo, lui interdit de prêcher dans sa ville. Une tentative de recours au
pape n'aboutit pas, et le concile de Vérone prononça en 1184 leur
excommunication. Valdo et ses amis durent s'éparpiller dans les
montagnes, notamment dans le Piémont, et vivre dans la
clandestinité. Leurs difficultés les conduisirent à
radicaliser leur message, dans un sens qui annonce la Réforme. Leur
morale exigeante, leur amour du prochain et leur refus d'une Église
centralisée leur apportaient la considération de beaucoup. Les
Vaudois trouvèrent dans leur adhésion à la Réforme
en 1532 un second souffle. Ils découvrirent alors la justification
offerte par la grâce et perçue par la foi, notion que Valdo
n'avait pas prêchée et dont l'absence l'avait laissé, comme
Luther dans sa jeunesse, dans l'angoisse vis-à-vis de ses oeuvres et de
son salut.35
Au cours des quatorzième et quinzième
siècles, trois célèbres revivalistes
précéderont la future Réforme. Il s'agit de John Wycliffe
(1330-1384) en Angleterre, surnommé
« l'Etoile du matin de la Réforme
»,36 de Jean Hus (1373-1415) en Hongrie qui mourut en
35Bernard Félix, "Pierre Valdo," Revue
Évangile et Liberté 193 (2005).
35
martyr sur le bucher,37 et de Jérôme
Savonarole (1452-1498) en Italie qui fut pendu puis
brulé.38
2. La Réforme
Vint ensuite la Réforme avec Ulrich Zwingli à
Zurich (1484-1531), Martin Luther en Allemagne (1483-1546), et Jean Calvin
à Genève (1509-1564). Bien que divergeant sur certaines
doctrines, ils furent les auteurs d'un grand réveil qui secoua l'Europe
toute entière et fit trembler la papauté. La moitié de la
population française embrassa le protestantisme, ce qui amena la
contre-réforme avec ses persécutions terribles. Plus tard, les
mouvements luthérien, calviniste et anglican aboutirent à la
formation d'Églises protégées par l'État, et que
tous les citoyens d'un pays devaient intégrer. Malgré la
puissante action de Dieu à l'origine de ces mouvements, ils finirent par
tomber dans un piège séculaire, par s'installer et refuser toute
dissidence. Ils se mirent à persécuter les anabaptistes, les
mennonites, les Vaudois, et tous les nouveaux courants qui se formaient. Ces
mouvements de la Réforme finirent eux aussi par connaître le
déclin spirituel dont nous voyons les résultats aujourd'hui : le
rapprochement des réformés avec l'église catholique, le
vote récent de l'église luthérienne intronisant
l'ordination de prêtres homosexuels, etc. Les grands temples protestants
aujourd'hui vides témoignent de la dérive de ces églises
loin de Dieu.
3. La Contre-Réforme
Pendant la contre-réforme, l'église protestante fut
cruellement persécutée en France. Elle résista de toutes
ses forces et de nombreux protestants s'enfuirent, notamment en Suisse, en
Allemagne, aux Pays-Bas, puis aux États-Unis et en Afrique du Sud. Cet
exode eut
36Elgin Moyer, Wycliffe Biographical Dictionnary
of the Church (Chicago, Illinois: Moody Press, 1982), 441.
37Ibid., 200. 38Ibid., 358.
36
néanmoins une conséquence imprévue et
surprenante. L'industrie naissante étant, en France, entre les mains des
protestants, leur départ entraîna une faillite économique
durable pour la France, qui joua certainement un rôle dans la chute de la
royauté et de l'église catholique lors de la révolution
française. Toutefois, à l'époque, la cruauté de
l'église catholique et des rois de France fut sans pareille. Ceux qui
n'avaient pas pu s'exiler, et qui ne mouraient pas sur le champ par
l'épée ou la corde, étaient torturés et
écartelés, ou encore brûlés vifs ; ils
étaient jetés en prison ou envoyés aux galères ;
les enfants, même les bébés, étaient arrachés
des bras de leurs mères pour être envoyés dans des couvents
où ils étaient élevés dans la religion catholique.
Le roi envoyait ses soldats, les dragons, loger dans des familles protestantes
où, à force de brutalités y compris des viols, ils
cherchaient à faire abjurer les croyants. Malgré cela,
l'église réformée grandissait, à cause de la
persécution. En effet, beaucoup étaient troublés par ces
évènements et se convertissaient. Le contrecoup provint de la
révolution française qui amena la paix et la liberté de
culte aux protestants. Toutefois, il ne fallut pas longtemps pour que
l'église réformée commence elle aussi à
décliner. L'église du Musée du désert, d'une
capacité de 3.000 places assises, est aujourd'hui pratiquement vide,
habitée par les rats et les chauves-souris.
F. Le Grand Éveil Évangélique
Les réveils post-Réforme ont été
encore plus nombreux. Avant de revisiter la merveilleuse action de l'Esprit au
cours du dix-neuvième et du vingtième siècle, nous
citerons quelques revivalistes qui prirent part à la préparation
spirituelle du monde à la future oeuvre divine : Georges Fox
(1624-1691), les Jansénistes au dix-septième siècle ainsi
que les Quakers et les prophètes cévenols en France, le Comte
Zinzendorf (1700-1760) fondateur des Frères Moraves à Herrnhut,
à l'origine d'une réunion de prière 24 heures sur 24 qui
dura
37
cent ans.39 De l'église de ce petit village, il
sortit, en l'espace de vingt-cinq ans, plus de cent missionnaires, pour
atteindre en cent ans, un total de plus de trois cents missionnaires. Aucun
mouvement, nulle part, et à aucune époque, n'égala
proportionnellement un tel élan pour la Mission.40
Citons encore John Wesley (1703-1791), Thomas Walsh en
1750,41 Jonathan Edwards et Georges Whitefield dans les
années 1730-1740,42 David Brainerd, l'apôtre des
Indiens d'Amérique au dix-huitième siècle, sans oublier
Asahel Nettleton, Charles Finney en 1821 dont le ministère permit
d'ajouter trois millions d'âmes à l'Église,43 et
Hudson Taylor (1832-1905) en Chine. Le dix-neuvième siècle a
révélé Demos Shakarian (1855), Édouard Irving
(1782-1834), Dwight Moody (1837-1899), Reuben A. Torrey (1856-1928), F.G.
Mathewson (1854), R.B. Swan (1875), W. Jethro Walthall (1879), Maria Greber
(1880). Hélas, là aussi, la plupart des dénominations
réveillées alors se sont depuis éteintes ou endormies,
mais Dieu préparait ainsi le grand réveil de Pentecôte du
vingtième siècle.
G. Les Six Grandes Vagues de Réveil
Évangélique
Ce fut une merveilleuse période où le monde
connut une formidable manifestation de l'Esprit de Dieu dans la puissance du
réveil. L'Esprit allait en tout lieu, communiquant une vision toute
fraîche de la gloire de Dieu et de sa grâce, révélant
aux hommes leur péché, leur faiblesse, et leur besoin
désespéré du pardon de Dieu. Les rétrogrades
étaient interpellés dans leur indifférence et leur
inactivité. L'Esprit les secouait et ils redevenaient
préoccupés par les
39Tony Cauchi, Les six vagues de réveil,
http://sentinellenehemie.free/6vagues.html
(consulté le 26 novembre, 2010).
40John Greenfield, Power from on High,
(Edinburgh, UK: Marshall, Morgan and Scott, 1927), 25-26.
41Philippe E. Emirian, La glossolalie, (Chailly-Montreux,
Suisse: RDF, 1990), 140.
42Récits de réveils historiques,
http://www.spcm.org/recits_reveils.php
(consulté le 5 décembre, 2010). 43Emirian, 140.
38
choses de Dieu. Ils retrouvaient le chemin de l'église. Un
nouveau désir ardent pour la prière fervente et pour la parole de
Dieu, ainsi que la passion des âmes les motivaient pour le salut des
perdus.
Il y a eu plusieurs périodes dans l'histoire des
réveils depuis la Réforme. Certains sont venus de façon
éphémère, inattendue et irrégulière, mais
plusieurs grands réveils successifs et distincts ont été
les moyens que Dieu a utilisés pour contrecarrer le déclin
spirituel dans l'Église et pour promouvoir une avancée
spirituelle dans le monde. On peut ainsi dénombrer six périodes
ou vagues principales depuis la Réforme jusqu'au début du
vingtième siècle, en 1727, 1792, 1830, 1857, 1882 et
1904,44 dont les effets ont fini par toucher le monde.
Généralement appelé « le grand
réveil », 1727 n'a pas été le plus grand
réveil en terme de croissance numérique ou d'étendue
géographique. Néanmoins, il a été la
première occasion discernable où l'Esprit de Dieu s'est
répandu simultanément à travers différentes
nations. Historiquement, on fait remonter le début de ce réveil
à la communauté morave de Zinzendorf dont le piétisme
avait commencé à raviver l'Angleterre et l'Amérique.
Griffith Jones marqua la Grande-Bretagne à travers sa prédication
de réveil pendant au moins dix ans. Théodore Frelinghuysen
prêchait à New Jersey en 1727, débutant un réveil
qui se répandit parmi les Presbytériens Irlando-Ecossais sous le
ministère de Gilbert Tennant. Le réveil se répandit
ensuite chez les baptistes de Pennsylvanie et de Virginie avant le grand
réveil de Northampton, dans le Massachusetts, avec Jonathan Edwards en
1734. Après cela, le réveil se répandit en Angleterre et
fit une plus profonde avancée en Amérique à l'occasion de
la visite de George Whitefield en 1739. Les effets du réveil furent
phénoménaux. Près de cent cinquante nouvelles
églises presbytériennes démarrèrent en l'espace de
vingt ans et trente mille âmes s'ajoutèrent à
l'église entre 1740 et 1742. En Angleterre, un massif mouvement de
réveil démarra avec George Whitefield et John Wesley. Ce dernier
se rendit,
44Cauchi, Les six vagues de réveil.
39
encore inconverti, en Amérique pour prêcher aux
Indiens en 1736, puis en 1738. Au retour de Wesley, Whitefield s'était
converti et prêchait déjà avec de grands résultats.
Pendant 34 ans, il exerça un magnifique ministère voué
à la prédication, avec des signes de réveil qui souvent
l'accompagnèrent. Son ministère coïncida avec le
célèbre réveil de Cambuslang en 1742, où vingt ou
trente mille s'assemblèrent pour l'écouter prêcher. A la
suite de sa prédication, il y eut des pleurs et une repentance en masse
pendant une heure et demi. Whitefield prêcha dans presque chaque ville
d'Angleterre, d'Écosse et du Pays de Galles, il traversa l'Atlantique
sept fois ; il gagna d'innombrables âmes à Boston, à New
York et à Philadelphie. On estima qu'il prêcha environ dix-huit
mille messages remplis de puissance. Son ami, John Wesley, est
considéré comme l'architecte du réveil
évangélique du dix-huitième siècle. Converti en
1738, il prêcha en plein air à Bristol. C'est là que
commencèrent ces manifestations inhabituelles qui étaient
régulièrement présentes dans ses réunions et celles
de Whitefield : des gens tombaient, criaient, s'évanouissaient,
hurlaient, se tordaient de convulsion, etc. Par contre, Wesley s'est fait
remarquer sur le plan de l'organisation. Il commença sagement des
petites sociétés conçues pour servir à
l'encouragement et le soutien mutuels. Celles-ci devinrent les
précurseurs des réunions dans des salles de classe et ensuite de
l'Eglise Méthodiste. Elles étaient sûrement
utilisées pour conserver les fruits de l'oeuvre du réveil.
Prédicateur itinérant pendant soixante cinq ans, il parcourut
lors de ses voyages à cheval une distance estimée à quatre
cent mille kilomètres, et prêcha quarante mille sermons ! Il
écrivit deux cent trente livres, en comptant ses volumineux
mémoires et un commentaire complet sur la Bible entière. Ses
pratiques et sa théologie impactent encore des groupes de
sainteté, de réveil, pentecôtistes et charismatiques
jusqu'à aujourd'hui. Les historiens se réfèrent
habituellement à l'année 1766, l'année de la
révolution américaine, comme celle où le réveil
avait atteint le maximum de sa puissance et commença à
décliner.
40
Un deuxième grand réveil eut lieu à partir
de 1792. Il dura environ trente ans et connût une grande étendue
géographique. Il donna une grande impulsion aux missions dans le monde.
Il commença par un mouvement de prière en 1784, lorsque John
Erskine d'Edinburgh republia le fervent plaidoyer de Jonathan Edward pour la
prière de réveil. Les dénominations, l'une après
l'autre, consacrèrent chaque mois, un lundi soir à la
prière, d'abord en Grande-Bretagne, puis aux États-Unis. Les
barrières étaient énormes. Un grand déclin moral
avait suivi la Guerre d'Indépendance en Amérique, la
Révolution française, et le rationalisme en Europe. Les
méthodistes à eux seuls connurent une croissance numérique
qui passa de soixante-douze mille à la mort de Wesley en 1791 à
presqu'un quart de million en une seule génération.
Dans le même temps, les églises du Pays de Galles se
remplissaient à nouveau et des milliers d'âmes se
réunissaient en plein air. Les Haldane (Robert et James) et Thomas
Chalmers, avec quelques autres, prirent part à des réveils
phénoménaux en Écosse. L'Irlande aussi connut des
réveils locaux, parmi les méthodistes. Des mouvements similaires
se produisirent ailleurs dans le monde. Vers 1800, la Scandinavie fut atteinte
et, en Suisse, une visite de Robert Haldane alluma le feu du réveil au
sein des églises réformées. L'Allemagne expérimenta
le réveil et connut ainsi des réformes sociales durables et la
ferveur missionnaire. Aux États-Unis, le concept de la prière se
répandit dans tout le pays depuis 1794, et avant la fin de
l'année 1798, le réveil avait éclaté partout,
touchant chaque état et chaque dénomination
évangélique. Le réveil commença en 1792 et dura
environ 30 ans jusqu'en 1820, mais il fut suivi de très près par
celui de 1830 qui dura 12 ans avant un nouveau déclin.
Le troisième grand réveil arriva en 1830, mais
cette fois-là sans le déclin habituel. Asahel Nettleton et
Charles Finney sont les noms les plus connus aux États-Unis. Finney
commença en 1830 et attira cent mille âmes en une seule
année ! Les églises méthodistes
41
épiscopales croissaient continuellement dans les
années 1830, mais leur nombre doubla entre 1840 et 1842. D'autres
dénominations prospérèrent aussi. En Angleterre, les
réveils se généralisèrent tout au long des
années 1830. Robert Aitkin et William Haslam entreprirent des missions
avec succès. Le darbysme débuta durant cette période,
restaurant la doctrine de l'Église, dont celle du retour de Christ. Ses
personnalités remarquables étaient J.N. Darby et George
Müller qui initia un travail pionnier dans l'orphelinat,
l'évangélisation et l'entreprise missionnaire. Edward Irving
débuta une oeuvre qui conduisit à la restauration des dons
spirituels et des ministères apostoliques dans l'Église. Le Pays
de Galles et l'Écosse furent à nouveau saisis par le feu de
l'Esprit. Des réveils locaux éclatèrent en Scandinavie, en
Europe centrale, en Afrique du Sud, dans les îles du Pacifique, en Inde,
et à Ceylan. Ce réveil, qui commença en 1830, ne dura
qu'environ douze ans, se terminant aux alentours de 1842.
Le quatrième grand réveil, celui de 1857, fut le
plus grand connu à ce jour en étendue, en effets, et en impact
sur la durée. Il commença au Canada. En septembre 1857, Jeremiah
Lanphier, un homme d'affaires converti sous Finney, mit en place une
réunion de prière tous les mercredi midi dans une église
de New York. La progression en nombre des assistants les amena à se
rencontrer sur une base quotidienne à partir de début octobre. En
six mois, dix mille hommes d'affaires se réunissaient au cours de ces
réunions dans toute l'Amérique. Ils confessaient leurs
péchés, se convertissaient et priaient pour un réveil. Ce
mouvement, initié par des laïcs, moissonna un million d'âmes
en deux ans. Pendant ce temps, avant la fin de 1865, un autre million
d'âmes fut gagné à Christ en Grande-Bretagne où la
population atteignait était alors 27 millions d'habitants.
L'évangélisation et la mission étaient sur le coeur de
beaucoup. Moody et Sankey eurent un grand succès. William et Catherine
Booth ouvrirent l'Armée du Salut qui attira de grandes foules à
Christ. Walter et Phoebe Palmer connurent une remarquable oeuvre de l'Esprit au
sein de leur ministère. Charles Spurgeon prêchait chaque semaine
à des foules remplissant les plus grandes salles de Londres. Hudson
Taylor
42
commença la Mission pour la Chine Intérieure. David
Livingstone et Mary Slessor propagèrent le travail missionnaire en
Afrique. Ainsi fut l'impact du quatrième grand réveil, qui balaya
aussi le monde entier. La croissance fut rapide en Europe continentale, en
Russie occidentale, en Australie, dans les Mers du Sud, en Afrique du Sud et en
Inde.
Le cinquième grand réveil, de 1880, fut
marqué par Dwight L. Moody. Il fut accompagné de beaucoup
d'autres ministères issus aussi du réveil de 1857. Charles T.
Studd, fut le produit des visites de Moody, et il partit en mission en Chine en
1885. Avant la fin de l'année 1911, Studd fonda le mouvement
missionnaire, la W.E.C, qui eut de grands succès en Afrique. Aux
États-Unis également, des milliers de jeunes se portèrent
volontaires pour le travail missionnaire et se répandirent dans le monde
entier, donnant naissance à la Fédération des
Étudiants Chrétiens (Student Christian Federation). Moody fonda
l'Institut Biblique Moody en 1883, qui privilégiait les missions.
L'Alliance Chrétienne Missionnaire (CMA) prit forme à cette
même époque sous l'impulsion de A. B. Simpson, et le Mouvement
d'Effort Chrétien (Christian Endeavour Movement) naquit d'un
réveil à Portland, dans le Maine, en 1880-1881. À cette
même époque, Sam Jones, Wilber Chapman et Billy Sunday connurent
un succès extraordinaire en Amérique du Nord. Andrew Murray
exerça un puissant ministère en Afrique du Sud, ainsi que John
McNeil en Australie. De plus, le réveil atteignit le Japon au
début de 1880, portant l'assistance de l'église de quatre mille
à trente mille membres adultes en l'espace de cinq ans. La Mission
Intérieure de la Chine envoya de nombreux nouveaux missionnaires dans ce
pays. De nouvelles missions furent implantées et des réveils
rapportés en Inde, en Afrique, en Afrique du Sud, à Madagascar,
en Amérique centrale et du sud. Ce fut un réveil missionnaire
qui, à travers le monde entier, posa les bases pour une future
Église forte, avant le grand réveil du vingtième
siècle que Dieu préparait.
43
H. Le Déclin Spirituel Récurrent de tous les
Réveils
Tous les réveils cités dans les chapitres
précédents se sont éteints. Certains l'ont
été au bout de quelques années, d'autres ont duré
plus longtemps comme les Moraves grâce à la prière
constante, d'autres enfin ont décliné et continué à
un niveau misérable pendant des siècles. Ils sont aujourd'hui des
coquilles vides, abandonnées à tout vent de doctrines. Cecil M.
Robeck Jr. mentionne deux exemples frappants : Le premier vient de la banlieue
Ouest de New York où le grand revivaliste Charles G. Finney a
vécu et travaillé. Cette région a tellement connu le feu
du réveil qu'on la surnomma le « district consumé ».
Hélas, aujourd'hui, la population se répartit entre les Mormons,
la pensée positive, la science chrétienne, les témoins de
Jéhovah, le spiritisme, et la perversion des communautés de
l'amour libre, telle que Oneida. On pourrait difficilement penser que le
réveil a eu un tel effet en ce lieu. Le deuxième exemple est le
Pays de Galles. Seulement 8,6% de la population se rend à
l'église aujourd'hui. Seulement 2% fréquente des
communautés ayant une apparence évangélique.45
Il reste néanmoins un point positif. À l'occasion de ces
réveils qui se sont étendus au monde entier, la parole de Dieu a
été prêchée, a touché des âmes, et a
permis de constituer des noyaux ecclésiaux qui continuent tant bien que
mal à propager une image et une morale chrétienne. Ce sont des
tisons qui fument encore, des roseaux meurtris mais qui sont disponibles entre
les mains puissantes du Saint-Esprit. Esaïe relate la parole de
l'Éternel au sujet de son Serviteur Jésus qui « ne brisera
point le roseau cassé, et n'éteindra pas la mèche qui
brûle encore » (Es 42.3). Un exemple frappant nous est donné
par ces deux soeurs qui, dans leur âge avancé-plus de 80 ans-ont
prié pour un réveil qui est intervenu aux
Nouvelles-Hébrides, embrasant tout le pays. Hélas, ce
réveil s'est lui aussi attiédi, puis a décliné, et
s'est éteint. Mais des âmes ont été sauvées.
Notre combat est incessant et le chrétien ne doit jamais baisser les
bras. Nous pouvons remporter des batailles avec l'aide du
45Cecil M. Robeck, Jr., The Azusa Street Mission
& Revival, (Nashville, Tennessee: Thomas Nelson, 2006), 324-325.
44
Saint-Esprit, mais la guerre ne sera définitivement
gagnée qu'au retour de Jésus-Christ sur la terre.
L'histoire de l'Église le confirme, tant elle ressemble
à des montagnes russes avec ses hauts et ses bas. L'ancien Israël a
toujours vacillé entre les commandements de Dieu et la voie des nations
païennes, et en cela, l'Église n'a guère
différé. Tout au long des périodes de déclin
spirituel, il y eut heureusement des gens qui sont restés
attachés à la Parole de Dieu, mais qui furent durement
persécutés à cause de leur foi en Christ.
Néanmoins, Dieu a toujours suscité des hommes qui,
sous l'impulsion du Saint-Esprit, ont redécouvert des
vérités abandonnées de la Bible, qui ont enflammé
de nouveaux réveils, devenant des leaders visionnaires, prêchant
la saine doctrine, conduisant à la repentance et au changement de vie.
Ces mouvements de réveils ont été accompagnés par
la puissance de Dieu qui confirmait par des signes, des prodiges et des
miracles la vérité de sa parole prêchée. Ces
réveils ont toujours eu un impact admirable, comme toute oeuvre de Dieu
: des âmes sauvées, des vies transformées, et la
restauration de la présence de Dieu parmi son peuple.
Toutefois, au bout d'un certain temps, l'église est de
nouveau la proie du même fait autodestructeur. La vie qui découle
de l'Esprit commence à être progressivement remplacée par
toutes sortes d'activités, qui peuvent être regroupées sous
le terme d' « organisation », destinée certes à
répondre à des besoins justifiés, mais qui laissent la
place au raisonnement humain (la foi est laissée de côté),
aux prises d'habitudes, et à la mise en place de rites religieux qui
reflètent de moins en moins la spontanéité du premier
amour, avec pour conséquences : la perte de ferveur, une absence de
profondeur, l'oubli du besoin spirituel des âmes, le déclin
missionnaire, etc. L' « organisation » continue l'oeuvre par l'effort
humain et constant des membres, mais le Saint-Esprit est souvent
délaissé au profit de la raison humaine. Les apôtres
avaient vite réagi face à cette difficulté :
45
Il n'est pas convenable que nous laissions la parole de Dieu pour
servir aux tables. C'est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept
hommes, de qui l'on rende bon témoignage, qui soient remplis
d'Esprit-Saint et de sagesse, et que nous chargerons de cet emploi. Et nous,
nous continuerons à nous appliquer à la prière et au
ministère de la parole. (Ac 6.2-4)
Hélas, leur exemple n'a pas été longtemps
suivi, car Jésus a reproché à l'Église
d'Éphèse d'avoir abandonné son premier amour (Ap 2.4).
Cette église était toujours en mouvement, faisant des oeuvres,
mais elle a fini par devenir un monument, incapable de résister à
l'assaut final de l'ennemi.
Nous vivons les derniers temps de l'Église. Et nous
rendons grâces à Dieu qui est toujours à l'oeuvre dans la
continuité des réveils du début du vingtième
siècle. Des oeuvres magnifiques ont été bâties, et
des millions d'âmes ont été sauvées. Le feu du
réveil s'est pleinement répandu dans le monde entier. Les AD ont,
pendant toutes ces années, fourni un effort missionnaire sans
précédent et Dieu accompagnait tous ses envoyés, qui
laissaient tout pour le suivre et le servir (Lc 5.11). Mais les
générations se suivent et ne se ressemblent pas. Le Livre des
Juges nous interpelle :
Josué renvoya le peuple, et les enfants d'Israël
allèrent chacun dans son héritage pour prendre possession du
pays. Le peuple servit l'Éternel pendant toute la vie de Josué,
et pendant toute la vie des anciens qui survécurent à
Josué et qui avaient vu toutes les grandes choses que l'Éternel
avait faites en faveur d'Israël. Josué, fils de Nun, serviteur de
l'Éternel, mourut âgé de cent dix ans. . . .Toute cette
génération fut recueillie auprès de ses pères, et
il s'éleva après elle une autre génération, qui ne
connaissait point l'Éternel, ni ce qu'il avait fait en faveur
d'Israël. Les enfants d'Israël firent alors ce qui
déplaît à l'Éternel, et ils servirent les Baals. (Jg
2.6-11)
Ce texte nous parle de la première
génération, celle de Josué, né de nouveau, qui
connaît Dieu, qui est consacrée, qui obéit à Dieu,
et qui vit authentiquement sa foi. La deuxième génération
est celle des anciens. Il y a déjà des inconvertis. Bien qu'ils
connaissent Dieu personnellement, certains ont fait des compromis. On fait mine
d'être consacré, mais on n'obéit pas à Dieu. La
troisième génération, « l'autre
génération », se révèle être
plutôt en
46
conflit. Elle ne connait pas Dieu, rien de lui ni de ses oeuvres.
Elle adore et sert les dieux du pays. Si on fait un parallèle avec
l'Eglise, elle comprend peut-être 75% d'inconvertis qui viennent par
habitude, il faut bien avoir une religion, comme tout le monde. Et puis les
gens sont gentils, les jeunes sont polis, et feraient de bons partis pour un
mariage. Les chrétiens sont pour la plupart des chrétiens de nom.
La quatrième génération représente la zone de
danger, juste avant la chute finale. Elle comporte près de 90%
d'inconvertis. Ce sont des églises mortes, bien qu'elles soient
remplies.
Beaucoup d'églises sont actuellement dans la zone de
danger, de troisième ou quatrième génération. Elles
font des oeuvres, ont du succès religieux, font parler d'elles, mais
n'ont plus la vision des âmes perdues. Le but de
l'évangélisation est de remplir le bâtiment de
l'église, de faire du chiffre, mais le changement profond de l'homme est
une autre affaire. L'église se repose sur ses richesses, sur les moments
glorieux du passé comme celle de Laodicée ; elle recherche le
confort matériel et la reconnaissance du monde ; mais le but premier de
l'Eglise, l'ordre crucial de Jésus-Christ, la Missio Dei, a perdu de son
importance. On en parle, bien sûr, mais il n'y a même pas une
journée annuelle consacrée à cette oeuvre qui émane
du coeur même de Dieu, la plus importante de toutes. Nos églises
vivent pour elles-mêmes, pour se satisfaire, pour payer les soutiens et
les nombreux frais des responsables, pour alimenter la caisse et permettre les
nombreux voyages des responsables, l'achat de la grosse voiture ou du 4X4 du
pasteur principal, etc.
Au temps de David, « les fils d'Issacar savaient discerner
les temps » (1 Ch. 12.32). Aujourd'hui, il est important pour nous de
comprendre les temps dans lesquels nous vivons. Les responsables
d'église doivent voir plus loin et plus tôt que les autres, et
comprendre que notre époque est la plus dangereuse de l'histoire. Nous
vivons les derniers jours de ce monde. Leurs caractéristiques sont
celles annoncées par Jésus dans Matthieu 24 : L'accroissement de
l'iniquité et du mal, la présence multipliée de la
séduction, une religion
47
sans puissance. Les temps se dégradent, mais l'Eglise est
comme aveuglée, subjuguée par le monde et ses convoitises
terrestres multiples. De plus, elle est séduite spirituellement par
toutes les contrefaçons sataniques qui s'y infiltrent pour la polluer et
la détruire.
I. Les Contre-attaques de l'Adversaire au Grand
Réveil Évangélique
Toute période de réveil spirituel apporte son lot
d'extravagances et de divisions. Celle précédant le Réveil
de Pentecôte n'a pas été en reste, pour preuve la
création de nombreux mouvements sectaires, sous l'effet charmeur de
soi-disant prophètes et de nouvelles révélations sans
fondement biblique. Ces sectes se distinguent par le fait qu'elles ne donnent
pas à Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, la place centrale qui lui
revient. D'autre part, la Bible, présente mais souvent tronquée
ou modifiée, perd toujours son autorité au profit d'autres textes
ou soi-disant nouvelles révélations supérieures. Nous
verrons ici quelques-uns de ces mouvements, nés pendant la
période des grands réveils évangéliques.
1. L'Éclosion de Courants Hérétiques pendant
le Grand Réveil Évangélique L'Église de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours
L'église mormone a adopté ce nom, en
référence aux chrétiens de l'âge apostolique qu'ils
considèrent être les saints des premiers jours.46 Elle
doit son origine à Joseph Smith (1805-1844), né de paysans
presbytériens à Sharon, aux États-Unis. Il aurait eu
plusieurs visions avec un ange appelé « Moroni » qui lui
aurait permis de retrouver un livre écrit sur des pierres d'or en
égyptien ancien, qui une fois traduit, devint le livre des Mormons,
considéré comme égal à la Bible. Les Mormons ont
leur centre à Salt Lake City en Utah, leur « Nouvelle
Jérusalem ». Ils basent leur foi sur plusieurs ouvrages : la Bible,
le livre des Mormons, Doctrines et Alliance, la Perle de Grand Prix, leur
confession de foi, et les
46Gérard Dagon, Les sectes à
visage découvert, (Yerres, France : Éditions Barnabas,
1995), 104.
47Nicole, 238. 48Dagon, 141.
48
révélations successives. Selon leur foi, le livre
des Mormons complète la Bible. J.-M. Nicole souligne : « Ils ont
une hiérarchie compliquée, des doctrines blasphématoires,
et la pratique de la polygamie, aujourd'hui officiellement dans leur temple
suspendue. »47 Joseph Smith avait eu 23 épouses. Ils
tiennent des réunions publiques, mais pratiquent dans leur temple
principal des rites secrets, exclusivement réservés à
leurs membres. Ils prônent le baptême pour les morts et le mariage
pour l'éternité. Ils développent un zèle
obligatoire pour la mission, et comptent aujourd'hui plus de huit millions de
membres dans le monde48.
Les Adventistes
L'adventisme constitue une des multiples familles du
protestantisme mondial, forte de quinze millions de membres baptisés.
Toutefois, compte-tenu de leur caractère professant, il convient de
multiplier le chiffre par trois pour obtenir le nombre de participants, soit
environ quarante-cinq millions. L'église adventiste se
caractérise par un accent prononcé sur les prophéties, le
respect du sabbat (le samedi), le retour de Jésus-Christ (d'où
son nom), l'hygiène ascétique et la santé (renoncement
à l'alcool, au tabac, à la viande de porc). Elle est née
aux États-Unis, fruit de la prédication d'un baptiste
autodidacte, William Miller (1782- 1849), qui prédit que Jésus
reviendrait en 1844. Il reconnut ensuite son erreur mais certains de ses
partisans persévérèrent dans cette voie, disant que
c'était la date de la purification, par Jésus, du sanctuaire
céleste. S'ils mettent la Bible au premier plan, ils sont fortement
attachés aux principes légalistes de la Loi, et lui adjoignent
les écrits de leur prophétesse Elle White (1827-1915), lesquels
qui font autorité. Ils croient au sommeil des morts et à
l'anéantissement des méchants, et pratiquent le lavement des
pieds entre membres. Leurs
49
membres sont soumis à une stricte surveillance quant au
paiement de la dîme, celle-ci leur assurant des revenus
considérables.49
Les Témoins de Jéhovah
Cette secte fondée par John Russel (1852-1916) nie la
Trinité et l'enfer avec une grande insistance. Ses doctrines sont tout
proprement hérétiques. Selon ses croyances, nous sommes depuis
1914 dans le Millénium, au cours duquel les nations seront
jugées, et les morts, ressuscités, pourront se
convertir.50 Elle est présente dans de nombreux pays du
monde. Ses livres sont largement répandus. Elle édite deux revues
principales : « Réveillez-vous » bimensuel publié en 53
langues (1986) et tirée à dix millions d'exemplaires ; et la
revue bimensuelle « la Tour de Garde » publiée en 103 langues
(1986) et tirée à plus de onze millions
d'exemplaires.51 La secte édite un Nouveau Testament
modifié, appelé « Les Écritures Grecques
Chrétiennes, Traduction du Monde Nouveau » qui contrefait les
Saintes Écritures.52 Elle est connue en France pour de
nombreux scandales financiers, mais semble y disposer, comme ailleurs, d'appuis
très haut placés.
La Science Chrétienne
Madame Baker Eddy (1821-1910) a fondé, en 1879, la
première église du Christ scientiste, où elle fait
l'apologie de la guérison divine systématique au travers de la
science. Son ouvrage « Science et Santé avec la Clef des
Écritures » est la révélation du divin principe
absolu de la guérison mentale scientifique.53 Cette
église, reconnue dans 57 pays, compte
49Nicole, 238. 50Ibid.
51Cesar Vidal Manzanares, Souvenirs d'un
témoin de Jéhovah, (Deerfield, Floride, USA :
Éditions Vida, 1987), 141.
52Barry Clark, La Bible dénonce les erreurs
des témoins de Jéhovah, (Grézieu-la-Garenne, France :
Viens-et-Vois, 1992), 37.
50
quatre cent mille membres. Selon Mme Eddy, le bien et l'esprit
sont seuls réels ; la matière et le mal sont des illusions. Elle
nie donc le péché, l'enfer, l'incarnation, et la
rédemption.54
2. Le Renouveau de la Philosophie et les Mouvements
Laïques
Le renouveau de la philosophie fut marqué en Europe par
l'avènement du « Siècle des Lumières ». Ce
mouvement tire son nom de la volonté des philosophes européens du
dix-huitième siècle de combattre les ténèbres de
l'ignorance par la diffusion du savoir. Ce mouvement, plus marqué en
France, en Angleterre et en Allemagne, est né dans un contexte
technique, économique et social particulier : ascension de la
bourgeoisie, progrès des techniques, progrès de l'organisation du
travail et des communications. Confiants dans la capacité de l'homme de
se déterminer par la raison, les philosophes des Lumières
exaltent aussi la référence à la nature et
témoignent un optimisme envers l'histoire, fondé sur la croyance
dans le progrès de l'humanité. L'affirmation de ces valeurs les
ont bien entendu conduit à combattre l'intolérance religieuse et
l'absolutisme politique, et ont permis l'essor des loges maçonniques
ainsi qu'un esprit d'opposition qui a conduit la France vers la
Révolution française. Les valeurs philosophiques ont joué
un rôle essentiel dans l'athéisme qui a envahi
l'Europe.55
3. Les Guerres Mondiales et les Bouleversements Politiques
Majeurs
Pendant que l'Église se réjouissait de la
manifestation de l'Esprit Saint en Europe, en Amérique et dans le monde
entier, Satan préparait sa première terrible contre-attaque, la
première guerre mondiale de 1914-1918 qui aboutit à treize
millions de morts, et qui suspendit pour un temps
l'évangélisation en Europe. Toutefois, le réveil d'Azusa
suscita un
53Dagon, 58. 54Nicole, 238.
55Jean Le Rond d'Alembert, "Révolution
française, Le siècle des Lumières,"
http://www.larousse.fr/encyclopédie/divers/Lumi%E8res/130660
(consulté le 29 avril, 2012).
51
énorme élan missionnaire qui, après la
création des Assemblies of God aux États-Unis en 1914, permit
l'envoi de nombreux missionnaires dans de nombreux pays, dont le Burkina Faso
en 1921. De même, en 1930, la France accueillit le pasteur anglais
Douglas Scott, à l'origine du réveil de Pentecôte en
France. L'année 1939 connut le début de la deuxième guerre
mondiale, au cours de laquelle Hitler, fondateur du troisième Reich qui
devait durer mille ans-modèle de l'Antichrist à venir-ravagea
l'Europe avec l'aide de ses alliés et fut responsable de 38 millions de
morts, dont le génocide organisé de six millions de Juifs dans
les camps de concentration nazis, génocide connu sous le terme de «
Shoah ».
S'en suivirent les nombreuses guerres d'indépendance avec
leurs exactions, le retour des Juifs en Israël et les guerres qui en ont
découlé, ainsi que les nombreux conflits qui ont
ensanglanté le monde et qui perdurent notamment en Afrique.
Malgré cela, la Bonne Nouvelle continue à être
propagée dans le monde entier selon la parole du Seigneur.
Le bolchévisme, le stalinisme, puis le communisme se sont
longuement opposés à l'Évangile, massacrant des
populations entières. Toutefois le mur de Berlin est tombé,
l'URSS a éclaté, et l'Evangile est prêché partout,
au point que la Bible est utilisée comme livre de lecture dans certaines
écoles russes. Le communisme perdure aujourd'hui en Chine, au Vietnam,
au Laos, et en Corée du Nord. Néanmoins, l'Asie connaît de
nombreuses conversions (25.000 par jour en Chine), et beaucoup d'églises
autochtones s'y développent pour la gloire de notre Seigneur.
Actuellement, l'adversaire suscite le soulèvement de
masses musulmanes pour en faire une force politique et tenter de convertir le
monde occidental et l'Afrique par les armes et la puissance de la manne
pétrolière. Mais dans ces mêmes pays arabes, jamais un tel
essor de l'Evangile ne s'était encore produit, entraînant à
sa suite l'émergence de nombreuses églises souterraines (Mt
24.14). De plus, Jean décrit une foule innombrable de toute nation, de
tout peuple, et de toute langue, qui se tiendront devant l'Agneau pour le louer
(Ap 7.9).
52
J. Au Milieu du Déclin Spirituel, la Présence
Active du Consolateur
De Constantin au vingtième siècle, tous les
réveils ont connu une durée relativement courte, avant de sombrer
dans le déclin d'une routine ecclésiastique. L'emprise humaine
sur l'Église a, de tout temps, été à l'origine de
son déclin spirituel. C'est encore vrai aujourd'hui. Néanmoins,
nous devons souligner que, même dans les temps les plus
ténébreux de l'histoire de l'Église, le Saint-Esprit n'a
jamais cessé de se manifester.
En ce qui concerne la vie de l'Esprit, les réformateurs
ont faussement attesté que les charismes avaient cessé depuis les
temps apostoliques. Leur doctrine, le cessationnisme, a poussé certains
à condamner la manifestation actuelle des charismes. Or l'Histoire
prouve le contraire. Bien que nous ignorions la proportion des baptêmes
du Saint-Esprit aux différentes époques de l'histoire de
l'Église, le livre des Actes nous montre qu'en son temps, le
baptême du Saint-Esprit était la normalité pour tous les
chrétiens régénérés.
Pour ce qui est de la période primitive, Philippe Emirian
cite Irénée (135-202), évêque de Lyon, qui
écrivait : « il y a des chrétiens qui certainement et
positivement chassent des démons ... d'autres imposent les mains aux
malades et les guérissent ... même des morts ont été
rappelés à la vie ... ».56 Tertullien (160-250)
mentionne un réveil qui éclata sous l'impulsion de Montanus,
pendant lequel furent pratiqués les charismes dont la glossolalie. Le Dr
Dale Robbins signale Origène (182-251), Eusèbe de
Césarée (260-339) et Firmilien (232-269).57 Au
quatrième siècle, Pacôme (290-346) parla le grec et le
latin, sans les avoir jamais appris. Emirian cite encore Basile (330-379) et
Jean Chrysostome (347-407)58.
56Emirian, 133.
57
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pentecôtisme
(consulté le 29 novembre, 2010). 58Emirian, 134.
53
Au Moyen-âge, Emirian évoque Syméon, le
Nouveau Théologien (949-1022), Hildegard de Bingen (1098-1179), Guibert
de Nogent (vers 1100), et François d'Assise (1182-1226). Matthieu de
Paris relate en 1240 l'histoire d'Hildegarde et d'Élisabeth de Hongrie.
Grégoire Palamas (1296-1359) défendra la perpétuation des
charismes et de la glossolalie à son époque.59 Vinson
Synan cite les Albigeois au douzième siècle et les Vaudois au
treizième siècle.60 Il en fut autant pour John
Wycliffe (1330-1384),61 Jean Hus (1373- 1415)62,
Jérôme Savonarole (1452-1498),63 le réformateur
allemand et fondateur de l'anabaptisme Thomas Müntzer (1490-1525), et
Ignace de Loyola (1491-1556), fondateur de la Compagnie de Jésus (les
Jésuites), qui avait le don de la loquela (glossolalie
chantée).
Les manifestations des dons spirituels durant les réveils
post-réforme ont été encore plus nombreux : les
anabaptistes au quatorzième siècle, Georges Fox (1624-1691), les
Jansénistes au dix-septième siècle ainsi que les Quakers
et les prophètes cévenols, le Comte Zinzendorf (1700-1760), John
Wesley (1703-1791), Thomas Walsh en 1750,64 Jonathan Edwards et
Georges Whitefield dans les années 1730-1740,65 David
Brainerd, sans oublier Asahel Nettleton, Charles Finney en 1821,66
et Hudson Taylor (1832-1905). Le dix-neuvième siècle
révéla Demos Shakarian (1855), Édouard Irving (1782-1834),
Dwight Moody (1837-1899), Reuben A. Torrey (1856-1928), F.G. Mathewson (1854),
R.B. Swan (1875), W. Jethro Walthall (1879), Maria Greber (1880). Selon Vinson
Synan, le Sud des
59Ibid., 136.
60Vinson Synan, The Holiness Pentecostal Movement
in the United States, 119.
61Elgin Moyer, 441.
62Ibid., 200.
63Ibid., 358.
64Emirian, 140.
65Récits de réveils
historiques.
66Emirian, 140.
54
États-Unis fut la scène de nombreux cas de
glossolalie, notamment lors des rassemblements de Cane-Ridge des années
1800, avec Mme Woodworth Etter à Saint-Louis en 1890, ou encore à
Camp Creek en Caroline du Nord. Synan ajoute que le grand réveil gallois
a été marqué par des exemples frappants de glossolalie. Il
ajoute que le début des langues à Azusa Street était
clairement une récurrence d'un phénomène chrétien
bien connu. Il reconnaît l'importance de Parham à Topeka et
à Houston mais précise que des milliers avaient parlé en
langues dans les années précédentes.67
L'expérience de Parham se limitait à une recherche
théologiquement préétablie du baptême de l'Esprit,
bien qu'il ait le mérite d'avoir mis en valeur le fait du parler en
langues comme preuve initiale du baptême du Saint-Esprit.
La place manque pour citer tous les signes que Dieu a bien voulu
donner à son Église. Cette déduction contrarie bien
sûr l'affirmation des historiens qui font « sauter »
l'expérience pentecôtiste directement de l'ère apostolique
au début du vingtième siècle avec une soi-disant «
redécouverte du baptême du Saint-Esprit et du parler en langues
» à Topeka. Notre démonstration met en évidence la
succession des manifestations du parler en langues et des charismes du
Saint-Esprit depuis le jour de la Pentecôte jusqu'à nos
jours.68 L'historien pentecôtiste américain Klaude
Kendrick rapporte à ce sujet que le réveil pentecôtiste est
le dernier mouvement d'une longue succession de groupes et d'individus qui
considéraient que le phénomène de « parler en langues
» était d'origine divine.69
67Synan, The Holiness Pentecostal Movement in the
United States, 119-121.
68Douglas Jeter, "Le retour à une foi
simple, Les Assemblées de Dieu de France et la communication de
l'Évangile," (Thèse de Doctorat, Université de Paris IV,
La Sorbonne, 2000), 26.
69Klaude Kendrick, The Promise Fulfilled, A
History of the Modern Pentecostal Movement, (Springfield, Michigan: Gospel
Publishing House, 1961), 17.
55
II. LE RÉVEIL DE PENTECÔTE ET SES
IMITATIONS
Afin d'éviter tout amalgame, nous attribuerons le terme
« Pentecôte » aux mouvements de réveil du début
du vingtième siècle et à ses résurgences
immédiates, ainsi qu'aux diverses dénominations qui en sont
directement issues et qui professent la même doctrine. Les autres
courants seront cités selon leurs appellations : charismatisme,
néo-pentecôtisme, troisième vague ou autres.
D'autre part, pour comprendre ce combat spirituel extrême
qui s'intensifia au cours du vingtième siècle et qui se poursuit
encore, nous aborderons ce chapitre en analysant les bases spirituelles qui ont
permis la préparation et la réalisation du Grand Réveil de
Pentecôte.
A. Une Nouvelle Pentecôte au Vingtième
Siècle
1. Les Bases Spirituelles du Réveil de
Pentecôte
Les déclins que nous avons évoqués jusqu'ici
sont avant tout spirituels et non religieux. Les églises peuvent
continuer d'être remplies tout en ayant une spiritualité quasi
inexistante, remplacée par une religiosité d'une grande
bigoterie. Il est donc important de s'attarder sur les aspects de la
spiritualité qui prévalaient avant le vingtième
siècle qui connut le grand réveil de Pentecôte.
Brandt-Bessire fait remonter la spiritualité pentecôtiste à
ses origines wesleyennes. Selon lui, tout le mouvement de sanctification
jusqu'au Pentecôtisme a été conduit par la recherche de
l'expérience religieuse, et il établit des parallèles
entre la tradition mystique monastique et les aspirations du mouvement de
sainteté et de Pentecôte. La pensée de Wesley (1703-1791),
dit-il, éclaire la théologie pentecôtiste car il fut le
premier à faire la distinction entre chrétiens sanctifiés
et chrétiens ordinaires. La théologie de Wesley était
fondée sur le Réveil. Baptisé dans le Saint-Esprit le
1er janvier 1739, Wesley, d'abord cessationniste, vit son
ministère rempli d'« évènements charismatiques
». Mahan et Finney confirmaient que le revêtement de la puissance
d'En-Haut « rend le croyant capable
56
d'accomplir la mission que Dieu lui donne ». Avec Upham, les
trois sont considérés comme les pères de la doctrine du
baptême du Saint-Esprit. De plus, Les conférences d'Oxford,
Brighton et Keswick furent sources d'équilibre théologique pour
le Pentecôtisme. Keswick marqua profondément des hommes de Dieu
comme Andrew Murray, Dwight Moody, Reuben A. Torrey, Albert B. Simpson, etc.
Brandt-Bessire souligne aussi l'influence de l'église
catholique apostolique d'Edward Irving sur le pentecôtisme, ainsi que le
puissant réveil du Pays de Galles (1904-1905)-lié essentiellement
à Evan Roberts et sa chroniqueuse Jessie Penn-Lewis, théologienne
du réveil-qui secoua le monde entier. Donald Gee reconnaît aussi
la parenté évidente entre le réveil gallois et le
mouvement de pentecôte. Parmi les enfants de ce réveil, nous
pouvons citer les frères Jeffreys, Alexander A. Boddy, et Donald Gee qui
déclara que « la marque distinctive du Pentecôtisme est le
parler en langues ».
2. La Préparation Divine du Réveil de
Pentecôte
Nous avons vu combien il est difficile de comprendre les
réveils du vingtième siècle en dehors de leurs racines
issues du Mouvement de Sainteté qui s'était
développé à la fin du dix-neuvième siècle.
La sainteté est donc l'élément essentiel, voire
indispensable, du réveil spirituel. Au cours du dix-neuvième
siècle, Phoebe Palmer tint régulièrement des
réunions dans le but de promouvoir la sainteté. Il fut le premier
à employer l'expression « baptême du Saint-Esprit ».
Finney embrassa la doctrine de Wesley sur la sanctification et, Asa Mahan
enseignait que le baptême du Saint-Esprit était un baptême
de sainteté. Durant tout ce siècle, le mouvement de
sainteté prit de la maturité sous l'influence de ces
ministères et de beaucoup d'autres, de sorte qu'au début du
vingtième siècle, des centaines de groupes de sainteté
recouvraient l'Amérique. Dieu avait défriché le terrain.
Entre 1893 et 1900, vingt-trois dénominations sortirent de ce mouvement
de sainteté, pour ce qui est des États-Unis seulement. Une
recherche passionnée de sainteté, de puissance dans
l'évangélisation et d'une
57
plus grande effusion de l'Esprit, prit possession de l'Eglise. Ce
fut l'arrière-plan des mouvements de réveil pentecôtistes
du début du vingtième siècle, qui virent le jour tout
d'abord en Europe, puis dans d'autres régions du monde, avant de toucher
l'Amérique.
3. Le Réveil Gallois
Précédant ce grand réveil, des
prémices éclatèrent, notamment en 1900 en Afrique du Sud
ou encore au Japon où l'Eglise doubla en taille durant cette même
année. En 1902 à Melbourne, en Australie, Torrey et Alexander
virent la conversion de plus de huit mille âmes. En 1904, Evan Roberts
reçut une puissante onction du Saint-Esprit, lors d'une réunion
dirigée par Seth Joshua à Cardiff au Pays de Galles. Ce fut le
début du réveil gallois le 22 septembre 1904. Evan Roberts avait
prié pendant onze ans pour un réveil et une effusion du
Saint-Esprit. Dans une vision, Roberts crut que Dieu allait lui envoyer cent
mille âmes. Lors des premières réunions, les cieux
s'ouvrirent. Très vite, le réveil se répandit dans le sud,
puis le nord du Pays de Galles. En six mois, cent mille personnes
étaient venues à Christ ! Gwen Shaw écrit :
Le lendemain de la première réunion d'Evan Roberts,
l'église était bondée, et cette réunion-là
ne s'arrêta pas et continua jour et nuit pendant plusieurs mois. Le
réveil déborda dans la rue et se dirigea vers d'autres villes,
même jusque dans les mines de charbon où des hommes endurcis et
blasphémateurs furent convaincus par le Saint-Esprit ; laissant de
côté pioches et pelles, ils tombèrent à genoux,
implorant pour eux la miséricorde de Dieu.70
Le message d'Evan Roberts peut être résumé en
quatre points. Vous devez : confesser tous vos péchés connus,
vous débarrasser de toutes vos habitudes douteuses, obéir au
Saint-Esprit immédiatement, et confesser Christ
publiquement.71
70Gwen Shaw, O Église...
Réveille-toi, (Malleray, France : Éditions Hosanna, 1990),
39.
71Paul Cook, Crossroads: Where faith and
inquiry meet,
http://fcov.blogspot.com/2005/07/great-welsh-revival.html
(consulté le 03 décembre, 2010).
58
Des foules immenses assistaient aux réunions qui duraient
parfois dix heures, sans pause. En plus des conversions innombrables, les
charismes étaient amplement manifestés. À une occasion, un
pasteur hollandais saisi par l'Esprit prêcha un sermon complet en
anglais, langue inconnue par lui.72 La puissance de Dieu conduisait
les réunions, transformait les vies avec peu d'intervention humaine et
dans une ambiance de spontanéité. Parfois, Evan Roberts ne
prêchait même pas, mais gardait sa tête enfouie dans ses
mains. De temps à autre, il ne venait même pas. D'après
Edwin Orr, les réunions se déroulent d'une façon
ordonnée bien qu'aucun « ordre du culte » ne soit
établi. Le psychologue français Jacques Rogues de Fursac, venu
étudier le réveil, écrit que le milieu social d'un Gallois
le rend particulièrement sensible au phénomène du
réveil, ce qui serait plus difficile pour un Français dans un
même milieu.73 Alors que Basil Hall décrit Evan Roberts
comme un homme sincère, sensible et hautement religieux, Henri Bois le
dépeint comme un personnage extraverti et clairvoyant, avec un don de
discernement.74 La tempête divine bouleversa non seulement les
églises, mais également les coeurs, les foyers et toute la
société galloise. Des hommes durs qui avaient l'habitude de
dépenser en alcool tout l'argent de la famille couraient subitement
à l'église, se repentaient et changeaient de vie. Les bars et
autres lieux de perdition faisaient faillite les uns après les autres et
fermaient leurs portes. Des mineurs de fond s'arrêtaient de
blasphémer au point que les chevaux des mines n'avançaient plus.
Les réunions de prière démarraient instantanément
dans les mines, les usines, les magasins et les écoles. Le crime cessa
brusquement avec pour conséquence que le personnel de la police et des
tribunaux fut au chômage. Les voleurs rapportaient leur butin à
ceux qu'ils avaient dépouillés. Les employés
72Vinson Synan, The Holiness Pentecostal
Tradition, (Grand Rapids, Michigan: William B. Eerdmans Publishing
Company, 1997), 88.
73John Tang, "Une comparaison entre le réveil
gallois et les débuts du réveil pentecôtiste en Europe et
en Belgique francophone," (Mémoire de Licence, Faculté
Universitaire de Théologie Protestante, Bruxelles, Belgique, 2005),
9.
74Henri Bois, Le réveil au Pays de Galles,
(Toulouse, France: Sté des Publications Morales et Religieuses,
1905), 58.
59
restituaient à leur patron leurs petits larcins. Les
foyers se consolidèrent. Il n'y eut plus de divorce. Le pays de Galles
fut transformé. Beaucoup se levèrent pour servir Dieu localement
ou en mission.
Trois caractéristiques marquèrent le réveil
gallois. Premièrement, des vagues de conviction conduisaient les gens
à la repentance. Souvent les pécheurs entraient dans les
réunions et tombaient immédiatement à genoux devant
l'autel. Deuxièmement, les chrétiens ressentaient le besoin
immédiat de partager Christ avec tous ceux qu'ils rencontraient car ils
avaient une pleine conscience de la réalité de l'enfer et du
ciel. Ils semblaient pratiquement remplis de l'amour de Dieu pour les
inconvertis.75 Troisièmement, le réveil gallois
engendra des leaders pentecôtistes tels que Georges et Stephen Jeffreys,
Smith Wigglesworth qui était avec Evan Roberts en 1905, Donald Gee,
Howard Carter, Fred Squire et Douglas Scott.76 Alexander A. Boddy
participa au réveil gallois au côté d'Evan Roberts, puis
visita ensuite Thomas Barratt en Norvège. Il fut ensuite une
bénédiction pour de nombreux leaders pentecôtistes dans son
centre de Sunderland.77 Donald Gee déclare :
En 1904 éclata le grand Réveil Gallois. Il est
impossible-ce serait d'ailleurs historiquement incorrect-de dissocier le
Mouvement de Pentecôte de cette visitation remarquable de l'Esprit. Ceux
qui n'ont pas connu cette époque ont du mal à comprendre
l'impression profonde que fit le Réveil Gallois sur le monde
chrétien. Des visiteurs venaient de partout ... On aurait dit, pour un
temps, un torrent irrésistible.78
De 1904 à 1906, on compta cent cinquante mille convertis.
Le réveil gallois se répandit à vive allure sur tout le
globe, et des visiteurs de France, de Turquie, des États-Unis,
75J. Lee Grady, The Holy Spirit is not for sale,
(Grand Rapids: Chosen books, 2010), 39.
76Donald Gee, "Mon témoignage personnel en
faveur du mouvement de Pentecôte," Viens et Vois 8 (Novembre 1940),
174-177.
77Alexander A. Boddy,
http://www.revival-library.org/pensketches/e_pentecostals/boddy/html
(consulté le 14 décembre, 2010).
78Donald Gee, Le feu de la Pentecôte au
20ème siècle, (Grézieu-la-Varenne, France:
Viens et Vois, 1988), 12.
60
et du monde entier, vinrent prendre la flamme et la transmettre
dans leur propre pays.79 Partout les échos du réveil
renouvelaient l'élan pour la prière et allumaient les feux du
réveil. Dans toute la Grande-Bretagne, les chrétiens se
tournaient vers la prière et l'assistance au culte augmentait partout.
En Scandinavie, un réveil se déploya comme un puissant
embrasement. L'Allemagne fut saisie de façon similaire, et la flamme se
répandit à travers toute l'Europe. L'Autriche, la Pologne, la
Slovaquie, la Hongrie, les Balkans et la Russie connurent des réveils.
La cause de l'Évangile progressa dans le monde entier : en Inde, en
Corée du Sud, en Chine, au Japon, en Afrique du Sud, en Afrique, en
Amérique latine et dans les mers du Sud.80 John Tang ajoute :
la Norvège, la Suède, l'Ouganda, Madagascar, la Perse, les Iles
Gilbert, le Chili, le Canada, furent le fruit du réveil
gallois.81
Toutefois, le réveil gallois s'arrêta subitement. Il
s'était produit à un moment où beaucoup soupiraient
après un renouveau. Aussi son interruption ne fit qu'augmenter la soif
d'un réveil mondial. Il semble que, tandis que Satan préparait la
plus terrible des guerres, l'Esprit de Dieu s'efforçait de susciter,
chez les croyants, une foi suffisante pour provoquer le plus beau des
réveils. Les effets surnaturels du Saint-Esprit furent puissamment
manifestés. Evan Roberts avait commencé ses réunions
triomphales après avoir reçu un extraordinaire baptême du
Saint-Esprit.82 Beaucoup essayèrent de comprendre les raisons
de l'arrêt de ce réveil. La première fut
l'épuisement physique et spirituel d'Evan Roberts. David Smithers
rapporte :
79Welsh Revival History,
http://www.welshrevival.com/lang-en/1904history.htm
(consulté le 03 décembre, 2010).
80Le réveil au pays de Galles en 1904,
http://membres.multimania.fr/fpj/ressources/rgalles.html
(consulté le 03 décembre, 2010).
81Tang, 15.
82Louis Dallière, D'aplomb sur la parole
de Dieu, Courte étude sur le réveil de
Pentecôte (Valence: Charpin Etreyne, 1932),
http://www.regard.eu.org/Livres.11/D-aplomb_sur_la_Parole/07.html
(consulté le 29 novembre, 2010).
61
Méditant sur les problèmes du Réveil de 1904
au Pays de Galles, Evan Roberts écrivait : "L'erreur a été
de devenir préoccupé des effets du réveil et de ne pas
veiller et prier pour protéger la cause du réveil." Il se
pourrait bien que le succès durable de la prochaine oeuvre de Dieu
dépende de notre bonne volonté de prendre au sérieux
l'avertissement de Monsieur Roberts. Il y en a beaucoup aujourd'hui qui
recherchent stupidement les effets du réveil tout en négligeant
les conditions du réveil. Aucune moisson n'est jamais plus grande que
les semences et le sol sur lequel elles ont été semées.
Négliger les semences du réveil équivaut en
définitive à nuire au fruit du réveil.83
Dans le réveil d'Azusa, Bartleman a également
dénoncé certaines erreurs qui ont conduit à la cessation
de ce réveil, notamment l'esprit de secte et la volonté
d'organisation du mouvement qui ont étouffé l'action du
Saint-Esprit.84 De plus, des manifestations étranges
spectaculaires auraient amené Evan Roberts à prendre du recul
quant au réveil. Henri Bois qui vécut le réveil gallois
rapporte au sujet des phénomènes surnaturels, voire bizarres,
critiqués par certains et encensés par d'autres :
Dans tout Réveil, il y a la part de Dieu et il y a la part
de l'homme. Dans la part de Dieu, tout est bon, ne peut être que bon ;
mais la part de l'homme ne peut pas ne pas être mêlée ? Si
d'aventure on trouve dans un Réveil des éléments
contestables, cela ne veut pas dire qu'il n'y en ait pas d'excellents. Et de ce
que l'on y trouve des éléments excellents, cela ne veut pas dire
que rien ne soit contestable.85
Monsieur John Powell Parry, qui connut le réveil à
l'âge de dix-sept ans, souligne un autre point qui semble important :
« Il y avait peu d'enseignement biblique. » Roberts était un
prédicateur par exposition et sa méthode était la
prière et l'exhortation. Il comptait sur le Saint-Esprit pour convaincre
les gens à se repentir, mais beaucoup d'églises ne savaient
que
83David Smithers, Les semences du
réveil,
http://sentinellenehemie.free.fr/bartleman1.htm
(consulté le 26 novembre, 2010).
84Frank Bartleman, Les débuts du
pentecôtisme : « La vérité doit être dite
»,
http://pdfmyurl.com/?url=http://www.blogdei.com/8914/les-debuts-du-pentecotisme-la-verite-doit-etre-dite-par-frank-bartleman
(consulté le 24 décembre, 2010).
85Bois, 559.
62
faire de tous ces convertis. Ils formèrent donc de grandes
églises sans bon enseignement.86 Denis Ganin souligne
à quel point le réveil gallois a bouleversé le monde
entier :
C'est à ce point que l'on considère aujourd'hui que
ce réveil est celui qui a eu l'impact le plus rapide et le plus profond
jusqu'à ce jour. C'était au point que le simple fait de lire un
article de journal ou une lettre à propos de ce réveil dans
quelque partie du monde que ce fût, déclenchait aussitôt un
réveil à cet endroit-là. Le grand réveil
pentecôtiste aux États-Unis est issu directement du réveil
du Pays de Galles.87
En lisant ces lignes, nous pouvons faire un rapprochement avec
les miracles extraordinaires relatés dans les Actes, notamment
concernant l'ombre de Pierre et les mouchoirs de Paul. Donald Gee écrit
que, lors du réveil gallois, la question divine prit de l'importance de
façon plus générale parmi les croyants « spirituels
». Il ajoute que différents groupes de prière
recherchèrent spécialement une nouvelle effusion du Saint-Esprit
sur toute la terre.88 Au Royaume-Uni, d'autres villes furent
atteintes par ce réveil. En 1905, à Londres, l'église
méthodiste fondée par Wesley vit 50.021 personnes s'ajouter
à ses 54.785 membres.89 Le réveil du Pays de Galles se
propagea rapidement en Écosse et en Angleterre avec une estimation d'un
million de convertis au Royaume-Uni. Puis, de nombreux missionnaires
transportèrent la flamme à l'étranger. Le réveil
gallois eut une influence toute spéciale sur le mouvement de
Pentecôte émergeant en Californie.90 En Europe, il eut
un formidable impact parmi les milieux protestants. Henri Bois, professeur
à la Faculté de Théologie Protestante de Montauban, et
historien français du Pays de Galles, raconte en 1905 que beaucoup de
Français cherchèrent une nouvelle effusion du Saint-Esprit sur la
France.
86Paul Cook.
87Denis Ganin, Le Réveil Gallois de 1904,
La prière façonne l'histoire,
http://sentinellenehemie.free.fr/reveilgalles.html
(consulté le 26 novembre, 2010).
88Jeter, 38.
89Le réveil au pays de Galles en 1904.
901904-1905 Welsh Revival.
63
L'évangéliste français Ruben Saillens,
mondialement connu visita lui aussi le réveil du Pays de Galles. Il
devint le porte-voix de ce réveil, en France d'abord, puis tint des
conventions en Suisse à partir de 1907 à Chexbres et ensuite
à Morges dans le canton de Vaud, qui eurent un succès
retentissant91. Cela le conduisit à poursuivre ces grandes
conventions à Paris (1910 et 1912), puis à Lézan (chaque
année de 1911 à 1920) et enfin à Nîmes où il
organisa un Institut Biblique temporaire qu'il installera en 1921 à
Nogent-sur-Marne, et qui devint le réputé Institut Biblique de
Nogent. À la direction de l'Institut se succédèrent les
évangéliques renommés René Pache, Roger
Chérix, Jules-Marcel Nicole, et Jacques-A. Blocher, son
petit-fils.92 J.-M. Nicole déclara que le Mouvement de
Pentecôte doit son origine indirectement au réveil du Pays de
Galles.93 Dans la revue « Théologie
Évangélique » de la FLTE, Faculté Libre de
Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine, Jacques Blocher
fait remonter la généalogie de la FLTE jusqu'au réveil
gallois. Il écrit :
1905, la clameur du Réveil Gallois atteint les boucles de
la seine à une période charnière de l'histoire du
mouvement évangélique ... Quinze réveils s'étaient
échelonnés au Pays de Galles de 1762 à 1859, et pourtant
celui de 1904 devint Le Réveil du Pays de Galles par plusieurs
de ses traits propres : Par la façon dont il s'affirme, par la
simplicité de ses moyens, de son leader, de ses principes, par son
ampleur locale et son impact distant. Le Réveil du Pays de Galles a
été l'agent recruteur qui a permis l'avènement de
l'âge d'or des missions évangéliques. On lui a
attribué un rôle déterminant dans l'émergence du
Pentecôtisme. Et les protestants du continent ont
bénéficié, à divers degrés, de l'impulsion
galloise ... L'institut de Genève revendique aussi le Réveil
Gallois pour sa première origine. C'est ce Réveil qui a
donné à son fondateur Hugh Alexander (1884-1957) la vision d'un
ministère de Réveil en Suisse.94
91"Quand deux mille Romands se pressaient pour
entendre l'Évangile," Le Christianisme aujourd'hui
(décembre 2010).
92Jacques-Émile Blocher, "Ruben Saillens,
prophète camisard ?" Revue Théologie
Évangélique 4.3 2005) : 75-77.
93Nicole, 228.
94Jacques Blocher, "Du réveil du Pays de Galles
aux institutions de formation," Revue Théologie
Évangélique 6.1 (2007): 11, 15, 21.
64
Hugh E. Alexander, né en 1884 en Écosse et
fondateur de l'Action Biblique, se convertit en 1901. En 1904, pendant son
stage à l'Institut Biblique de Glasgow, le réveil gallois s'y
répercuta et le saisit. Venu habiter Coligny en Suisse, il fit ses
premières campagnes d'évangélisation en France. Il fut
à l'origine d'un puissant réveil en Suisse romande et ouvrit une
école biblique de langue française à Ried sur Bienne, puis
en langue allemande à Zürich, Berne, Bâle, et Winterthur. En
1925, il fonda la Maison de la Bible mondialement connue. Il envoya des
missionnaires en Italie, en Yougoslavie, en Espagne, au Portugal, en Afrique du
Nord, en Égypte, au Liban, aux Indes, et en Asie centrale. Après
la 2ème guerre mondiale, il ouvrit des missions au Brésil, en
Côte d'Ivoire, et au Sénégal. La maison de la Bible compte
aujourd'hui quatre mille membres ; elle est implantée dans le monde
entier, tout cela parce qu'un homme, en 1904, a été saisi par le
réveil gallois.95 Ce réveil entraîna un
réveil du christianisme en Scandinavie, en Allemagne, en Autriche, en
Pologne, en Slovaquie, en Hongrie, dans les Balkans et en Russie.96
En Inde, deux missionnaires gallois évangélisèrent les
Khasis au dix-neuvième siècle. Cinquante ans plus tard, en 1902,
près de dix-sept mille Khasis fréquentaient les églises
des monts Lushai, situés au nord de l'Inde entre Bengalis musulmans et
Birmans bouddhistes. Mais, en 1906, ayant pris connaissance de ce qui se
passait au Pays de Galles, ils prièrent chaque nuit pendant dix-huit
mois pour un réveil semblable, qui survint, ajoutant huit mille
convertis aux églises.97 Mary W. Booth raconte comment les
nouvelles du réveil gallois embrasèrent la mission Khasya qui
appartenait à la même église que celle d'Evan Roberts :
95Action Biblique, Historique des églises
Action Biblique, (Contamines-Montjoie : Conférence internationale
de l'Action Biblique, 2001),
http://www.ab.yverdon.ch/presentation/historique-ab/
(consulté le 05 décembre, 2010).
96Le réveil au pays de Galles en
1904.
97Carol Saia, Revival Fire Ignites in NE India as
Presbyterians pray,
http://glowtorch.org/Home/ATasteOfRevival/tabid/2611/Default.aspx
(consulté le 14 décembre, 2010).
65
Nous avions lu les nouvelles du Réveil Gallois, mais nous
l'avons expérimenté dans les Collines Khasia. Nous n'avions
jamais vécu une telle expérience avant ni n'en n'avons jamais
revécu de semblable depuis lors. Le feu nous a fondu tous ensemble ;
nous avons vu le Seigneur et nous avons marché sur la voie
céleste. Oh, c'était glorieux rien que de marcher avec
Lui.98
En Chine, Jonathan Goforth (1859-1936) reçut des nouvelles
du réveil gallois qui furent déterminantes pour son
ministère. Ce fut l'étincelle qui l'embrasa et lui permit de
commencer l'oeuvre merveilleuse que l'on connaît dans de nombreuses
provinces chinoises.99 En Corée, à Pyongyang, les
nouvelles du réveil gallois et de celui de Khasi encouragèrent
vingt missionnaires presbytériens et baptistes à prier chaque
jour avec les chrétiens pendant six mois, jusqu'à ce que le
réveil vienne couler à flots tel un torrent.100
4. Le Réveil de la Rue Azusa
En Amérique, le réveil gallois eut des
répercussions aux États-Unis, au Brésil, au Mexique et au
Chili.101 Les États-Unis avaient connu de nombreux
réveils au cours du dix-neuvième siècle. Mais, Toni Cauchi
écrit : « les États-Unis subirent le contrecoup du
réveil gallois dans presque tous les endroits. La prière, la
conviction de péché et les conversions firent leur apparition
spontanément, ce qui donna lieu à une croissance inhabituelle de
l'Église. »102 Malgré tous les réveils
locaux, aucun grand réveil à portée mondiale ne
s'était vraiment produit aux États-Unis avant le réveil
d'Azusa. Quand les nouvelles du Pays de Galles arrivèrent à Los
Angeles en 1904, le pasteur Joseph Smale rejoignit Evan Roberts pour
98Mary Warburton Booth, J'étais dans le
grand réveil, Leçons du réveil de 1905 en Inde,
http://sentinellenehemie.free.fr/bio_ramabai.html
(consulté le 20 novembre, 2010).
99Jonathan Goforth, Par mon Esprit,
(Grézieu-la-Varenne, France: Viens et Vois, 1994), 31.
100Mathew Backholer, 150 years of revival,
http://www.byfaith.co?uk/paulbyfaithtvmathewthoughts18.htm
(consulté le 04 décembre, 2010).
101Le réveil au pays de Galles en
1904. 102Cauchi, Les six vagues de réveil.
66
participer au réveil qu'il put ainsi observer de
première main. De retour à Los Angeles, il promut le
réveil gallois dans son église la First Baptist Church en y
conduisant une réunion de réveil qui dura quinze semaines.
Lorsque les diacres, fatigués, voulurent cesser, il fonda la First New
Testament Church et instaura des réunions de prière et de
recherche du Saint-Esprit. Les nouvelles du réveil gallois
étaient largement diffusées par le livre de S.B. Shaw « le
grand réveil au Pays de Galles » (Toronto, 1905), et la brochure de
G. Campbell Morgan « réveil au Pays de Galles ». L'histoire du
jeune Evan Roberts, conduisant ce réveil sensationnel qui avait
déjà vu en l'espace de deux mois trente mille conversions, toucha
avec une force inouïe tous ceux qui étaient concernés par le
mouvement de sainteté.103 Le jour de Pâques 1906, la
première chrétienne de l'église de Smale à
être remplie de l'Esprit fut Mlle Jennie Moore, la future femme de
William Seymour. Dans la même église, Elmer K. Fisher fut rempli
de l'Esprit avant de rejoindre plus tard la rue Azusa où il
remplaça pendant quatre mois Seymour, parti évangéliser le
sud.104 Le 8 avril 1905, Franck Bartleman entendit prêcher
F.B. Meyer, décrivant le réveil gallois et sa rencontre avec Evan
Roberts. Il écrivit: « Je fus bouleversé jusqu'au plus
profond de mon être. J'ai immédiatement promis à Dieu qu'il
aurait tout pouvoir sur moi s'il pouvait m'utiliser. »105
Bartleman (1871-1935), qui suivait les réunions de Smale, observa
dès le début les réunions d'Azusa dont il devint vite un
pilier. Son journal indique les rapports étroits entre le réveil
gallois et le Réveil d'Azusa.106 Par la suite, Bartleman,
Seymour et Smale lurent le livre « le grand réveil du Pays de
Galles » et la brochure « le réveil du Pays de Galles »,
qui les saisirent au point qu'ils prièrent avec ferveur pour obtenir un
réveil à Los Angeles. Au mois de mai, on leur envoya cinq mille
brochures
103Vinson Synan, The Holiness Pentecostal Movement
in the United States, 97.
104Stanley M. Burgess and Gary B. McGee,
Dictionnary of Pentecostal and Charismatic Movements, (Grand Rapids,
Michigan: Zondervan Publishing House, 1989), 791.
105Franck Bartleman, Another wave of Revival,
(New Kensington, UK: Whitaker House, 1982), 8. 106Stanley M.
Burgess and Gary B. McGee, 780.
111E.T. Davies, Religion in the Industrial
Revolution in South Wales, (Cardiff, UK: University of Wales Press, 1965),
171.
67
du « réveil du Pays de Galles ». Il y eut
ensuite un échange de lettres avec Evan Roberts
lui-même.107 Synan rapporte que Bartleman écrivit
à Evan Roberts lui demandant de prier pour que le Saint-Esprit se
répande de la même manière en Amérique. Roberts
répondit en l'encourageant le 14 novembre 1905. En tout, Bartleman
écrivit trois lettres à Evan Roberts auxquelles ce dernier
répondit.108 A ce sujet, Gwen Shaw précise : «
Nous savons tous comment les étincelles du feu de la Pentecôte
volèrent au-dessus de l'océan pour atterrir sur Azusa Street. Et
ce fut une double portion ... »109 Bartleman écrivit en
1925 : « L'actuel renouveau dans le monde entier a été
secoué dans le berceau du petit Pays de Galles ; il vécut son
adolescence en Inde, et devint adulte plus tard à Los Angeles. Le Pays
de Galles et l'Inde représentent donc la naissance et l'adolescence de
la restauration mondiale de la puissance de Dieu. »110 De
même, E.T. Davies reconnut dans ce nouveau mouvement de Pentecôte
américain, l'héritier du grand réveil du Pays de
Galles.111
C'est ainsi qu'en 1906, le Mouvement de Pentecôte moderne
naquit dans la rue Asuza, à Los Angeles, après une succession de
réveils locaux tout au long de l'année 1905. Les échos du
réveil gallois stimulaient à prier davantage et soudainement
l'Esprit Saint descendit. Des réunions journalières furent tenues
durant les trois années qui suivirent. Les visiteurs
s'attroupèrent dans ce lieu-là pour se saisir de la puissance de
l'Esprit et ils ne furent pas déçus. Personne n'aurait pu
s'imaginer que ce fut là le commencement du plus grand et plus efficace
mouvement missionnaire que le monde eût jamais connu. Il marqua la
naissance
107Rick Joyner, Un monde en feu, (Macon,
France: Éditions J.F. Oberlin, 1996), 86. 108Synan, The
Holiness Pentecostal Movement in the United States, 98.
109Shaw, 67-68.
110Pandita Ramabai, La renaissance Mukti et le
pentecôtisme mondial,
http://www.deepdyve.com/lp/sage/pandita-ramabai-the-mukti-revival-and-global-pentecostalism-NS0R6HPwra
(consulté le 04 décembre, 2010).
68
de ce qui fut un jour appelé « la troisième
force dans la chrétienté ». Presqu'aucun pays du monde ne
fut exclu des effets de cet incroyable réveil. Pratiquement toutes les
nations, sur les cinq continents, reçurent une nouvelle puissance venant
du ciel, une nouvelle passion pour la prière et pour les perdus. Des
millions vinrent au Seigneur.
5. Reflets Variés et Contrastés du Réveil
de Pentecôte à Azusa
Soulignons d'abord la situation de l'époque. Nous sommes
au début du vingtième siècle, et le
ségrégationnisme battait son plein aux États-Unis
malgré l'abolition de l'esclavage. Il y avait des églises pour
noirs et des églises pour blancs. Selon Walter Hollenweger, William
Seymour apprit lui-même à lire et à écrire. Il fut
pour un temps étudiant à l'école biblique de Charles Fox
Parham, qui était un sympathisant du Ku-Klux-Klan. Toutefois,
malgré une loi ségrégationniste du Texas qui excluait les
noirs des classes de blancs, Parham autorisa Seymour à écouter
les cours par une porte semi-ouverte à l'extérieur de la classe.
Pendant la vie adulte de Seymour, fils d'un ancien esclave de Centerville, en
Louisiane, 3.436 noirs furent lynchés, ce qui correspond à une
moyenne d'environ deux lynchages par semaine.112
Dans cette situation politique désastreuse, William
Seymour s'est montré un véritable homme de Dieu, ouvrant la porte
de son église noire de la rue Azusa, l'Apostolic Faith Church, à
tous ceux que Dieu envoyait. Selon Hollenweger :
Il vécut fidèlement sa compréhension de la
Pentecôte. Pour lui, la Pentecôte signifiait davantage que le
parler en langues. Cela voulait dire aimer tout en étant exposé
au visage de la haine, vaincre la haine d'une nation toute entière en
démontrant que la Pentecôte est quelque chose de tout
différent du style de vie arriviste des Américains. Dans le
réveil à Los Angeles, des évêques blancs et des
ouvriers noirs, des hommes et des femmes, des Asiatiques et des Mexicains, des
professeurs blancs et des indigènes noirs étaient tous
égaux.113
112Daniel Brandt-Bessire, Aux sources de la
spiritualité pentecôtiste, (Genève, Suisse: Labor et
Fides, 1986), 17.
113Ibid., 18.
69
Ni juif ni grec, mais un seul peuple. Dieu brisa les haines et
les barrières raciales à Azusa Street, il confondit le monde en
choisissant un noir du sud pour être l'apôtre du pentecôtisme
moderne au pays des ségrégationnistes. Azusa eut un impact
profond sur de nombreux aspects de la vie de ses participants, tant à
titre personnel que spirituel et religieux.
Azusa déclencha également chez ses participants un
amour extraordinaire pour les âmes perdues. Bien sûr, on
était encore loin du zèle des frères Moraves qui allaient
se vendre eux-mêmes comme esclaves pour être plus proches des
esclaves dans les plantations afin de leur communiquer la Bonne Nouvelle.
Néanmoins, un élan missionnaire naquit de ce réveil,
suscitant le départ de nombreux missionnaires pour tous les points du
globe, notamment dans de nombreux endroits où la mort les attendait.
Comme dans tout réveil, les extrémismes et les
aberrations ont souvent été la cause de leur courte durée
puis de leur arrêt. Azusa a aussi connu ses divisions. Seymour invita
Parham à Azusa, mais ce dernier, outré par ce qu'il vit, et
choqué dans sa conception raciste, critiqua ouvertement ce
mélange de races, et s'enfuit.
Charles Mason, un baptiste noir de Chicago, visita Azusa Street
en 1907. Il connut une expérience profonde de la gloire de Dieu, fut
baptisé du Saint-Esprit et parla en langues. Il fonda ensuite une
église exclusivement noire, l'Eglise de Dieu (Church of Christ), qui ne
se consacra pas à la mission extérieure, mais aux
États-Unis seuls. Ministre du culte ordonné et reconnu
civilement, il pouvait lui-même ordonner d'autres ministres. Il apprit la
doctrine du Saint-Esprit auprès de Seymour et devint son ami. Il dirigea
son église jusqu'en 1961, année de ses 95 ans. Il y avait alors
400.000 membres. 45 ans plus tard, ils sont cinq millions. Même si cette
oeuvre est merveilleuse, elle note la séparation de races à la
suite du réveil. Par la suite, les blancs firent de même,
créant en 1914 les Assemblées de Dieu.
247.
70
6. Du Réveil Divin au Déclin Spirituel
L'élément catalyseur à l'origine des
réveils est visiblement un retour à la parole de Dieu et à
une recherche active de la sainteté et de la piété. Sans
sainteté, aucun réveil n'est possible. Charles Bost,
évoquant les réveils, écrit : « La
piété nouvelle parlait sans cesse du péché, se
nourrissant d'une lecture continue de la Bible, mettait en avant la personne du
Christ. »114 Les réveils étaient
accompagnés d'un retour à la foi des chrétiens endormis et
des rétrogrades, ainsi que d'un élan nouveau et fervent pour la
mission. Néanmoins, tous les réveils ont connu l'essoufflement,
puis le déclin. La responsabilité revient essentiellement aux
ministères en place. Les principales raisons se trouvent dans un manque
de sanctification personnelle et d'onction, souvent causé par la
pression du moment, par la volonté de tout organiser, par les ambitions
personnelles, par la recherche d'intérêts séculiers (notons
que Seymour n'avait fait qu'une seule fois un appel d'argent à Azusa,
pour la location de l'endroit), par les conflits doctrinaux, par des temps de
plus en plus consacrés à la politique de l'église et
à toutes sortes de procédures, etc. Les bergers ne se sont plus
souciés de conduire les brebis dans de gras pâturages,
auprès des eaux tranquilles. Souvent le message de la croix et de la
repentance est resté dans l'ombre pour être remplacé par un
évangile social, de prospérité et de confort. Tout ceci a
finalement reconduit l'église réveillée dans une nouvelle
et profonde apathie spirituelle, tout en conservant sa religiosité
extérieure. Puis, le souci d'intégration au monde, l'acceptation
de pratiques douteuses, la séduction de doctrines nouvelles ont fini par
éloigner la parole de Dieu et la puissance du Saint-Esprit, et par
asseoir l'église dans un déclin spirituel, l'empêchant
d'accomplir sa mission. Hélas, il en est de même aujourd'hui.
114Charles Bost, Histoire des protestants de
France, (Carrières-sous-Poissy, France: La Cause, 1961),
71
B. Les Autres « Réveils Spirituels » du
Vingtième Siècle
1. Le Mouvement Charismatique (1960)
Ce mouvement a commencé en 1959 parmi les
Épiscopaliens, en Californie. Au printemps de 1959, John et Joan Baker,
de la paroisse du Saint-Esprit de Monterey Park, reçurent le
baptême du Saint-Esprit avec le signe initial du parler en langues, suite
à des contacts avec des Pentecôtistes. Ils furent vite suivis par
un petit groupe, ce qui inquiéta le vicaire de la paroisse, Franck
Maguire, qui consulta le pasteur de la paroisse voisine de St Mark, Dennis
Bennett, à Van Nuys. En novembre 1959, Maguire et Bennett furent
baptisés du Saint-Esprit. Conduit à démissionner, Bennett
devint le pasteur de St Luke à Seattle. Un autre groupe fit scission
à Van Nuys, conduit par Jean Stone, qui prit le nom de Blessed Trinity
Society, et qui édita dès 1961 un magazine trimestriel
nommé Trinity. La publicité faite autour de cette affaire attira
l'attention des églises épiscopaliennes dans le pays et le
réveil se propagea en son sein. Les nouvelles atteignirent
également l'église anglicane au Canada, et se propagea dans toute
sa dénomination en Amérique du Nord. Enfin, les autres grandes
dénominations protestantes nord-américaines (Baptistes,
Luthériens, Mennonites, Méthodistes et Presbytériens), qui
n'avaient rien à voir avec les pentecôtistes, furent à leur
tour touchées. De nombreux fidèles reçurent le
baptême dans le Saint-Esprit avec le signe initial du parler en langues.
Il y eut bien entendu des oppositions, qui n'empêchèrent toutefois
pas les nombreux groupes de prière parlant en langues et
prophétisant au sein d'églises "tolérantes" qui
n'étaient pas elles-mêmes charismatiques.115 Il est
toutefois à déplorer que nul enseignement sérieux n'ait
entouré ces groupes charismatiques, qui finirent pour la plupart par
dévier et accepter les enseignements hérétiques de la
Troisième Vague.
115Stanley M. Burgess and Gary B. McGee, 132.
72
2. Le Renouveau Charismatique Catholique
Selon Daniel Brandt-Bessire, les mouvements charismatiques sont
ces groupements qui ont accepté certains éléments de la
spiritualité pentecôtiste tout en restant à
l'intérieur des églises traditionnelles. Ils existent aujourd'hui
dans toutes les grandes dénominations. La plus grande croissance se
manifeste néanmoins dans l'église catholique
romaine.116 Il souligne néanmoins que les groupes de
prière charismatiques existent en Europe depuis au moins 1910, citant le
leader pentecôtiste allemand A.A.B. Paul (1853-1931), pasteur dans
l'église luthérienne, le pionnier pentecôtiste anglais
Alexandre A. Boddy (1854-1930) dans le clergé anglican, et le pasteur
Louis Dallière de l'église réformée en France dans
les années 1930. Tous ont essayé, hélas sans
succès, d'introduire un renouveau charismatique dans leur
dénomination.117 Il fallut attendre les années 1960
(1967) pour que ce renouveau pénètre les églises
traditionnelles (baptiste, épiscopalienne, luthérienne,
anglicane, catholique, etc.) et les églises indépendantes, en
dehors des églises pentecôtistes reconnues.
Dans l'église catholique romaine, le pape Jean XXIII nomma
le cardinal Suenens de Belgique pour encadrer le mouvement naissant.
Françoise van der Mensbrugghe, femme de pasteur et enseignante de
formation, entreprit une étude sur ce phénomène dans
l'église catholique. Dans son livre « le Renouveau Charismatique
», elle définit certaines singularités catholiques :
En passant dans le catholicisme, la doctrine pentecôtiste a
subi une transposition : le « baptême dans l'Esprit » devient
la réactualisation de l'Esprit reçu lors des sacrements du
baptême et de la confirmation. Marie est perçue comme la
première charismatique du Nouveau Testament ; « pleine de
grâce » signifie « dotée de tous les charismes ».
La Vierge devient souvent la médiatrice de l'Esprit :
« respirer Marie, c'est aspirer l'Esprit Saint »,
déclare le cardinal Suenens dans « une nouvelle Pentecôte
». On assiste, d'autre part, dans le pentecôtisme catholique
à une remise à l'honneur de pratiques en recul depuis Vatican II,
comme la récitation du
116Brandt-Bessire, 21. 117Ibid., 22.
73
Rosaire, des litanies, la pratique de la confession sacramentelle
ou l'adoration du saint Sacrement.118
L'auteur continue en ajoutant :
Contrairement au Pentecôtisme, le mouvement charismatique
s'est toujours voulu oecuménique. Il prend cependant, dans les
différentes confessions chrétiennes, l'aspect d'un
pèlerinage aux sources. Nombreux sont les catholiques qui, avec le
cardinal Suenens, redécouvrent, dans le renouveau, la maternité
de Marie et leur antique espérance de voir l'unité des
chrétiens se réaliser autour d'elle.119
Elle souligne, en outre, une particularité insolite :
« certains groupes catholiques, désavoués par d'autres,
vivent aussi l'oecuménisme avec des musulmans, dans le respect de leur
identité culturelle et religieuse. »120 Enfin, elle
relève certains aspects étranges : « À Lourdes,
Bernadette a "vu" l'Immaculée Conception, vêtue des "couleurs" de
la vierge, le bleu et le blanc. Dans l'expérience charismatique, des
catholiques, à la suite de l'ermite Frère Daniel Ange, "sentent"
la "présence" de Sainte Thérèse de Lisieux.
»121 Cette étude intéressante a le mérite
de faire la lumière sur la différence capitale entre le
réveil de Pentecôte et ce simulacre psychique de rattrapage qui se
situe dans la droite ligne de la tradition catholique. En fait, l'effusion de
l'Esprit qui aurait pu amener un réveil des consciences parmi les
responsables de l'église catholique a été canalisée
puis étouffé par ces mêmes responsables.
Au Burkina Faso, c'est l'abbé Bayili Emmanuel qui, lors de
ses études en France, fut en contact avec le renouveau charismatique,
qu'il introduisit au Burkina Faso en 1973.122
118Françoise Van der Mensbrugghe, Le
mouvement charismatique (Genève, Suisse: Labor et Fides, 1981),
38.
119Ibid., 39. 120Ibid. 121Ibid.,
51.
124Florent Varak, "La foi charismatique,"
http://www.unpoissondansle.net/xaris/xa.php?i=6
(consulté le 20 avril, 2012).
74
C. La Troisième Vague
Les pères de ce courant l'ont appelé « La
Troisième Vague » en référence au réveil de
Pentecôte qui serait la première vague et le mouvement
charismatique qui serait la deuxième. En se reliant ainsi aux mouvements
spirituels précédents, ils espèrent se donner une image
spirituelle orthodoxe. Ce courant se développe au sein du mouvement
évangélique et se dit être un réveil divin.
Toutefois, les phénomènes bizarres et choquants qui s'y
produisent défraient la chronique, interpelant tous ceux qui ont
à coeur le respect de Dieu et de la saine doctrine biblique. S'agit-il
d'un réveil spirituel ou d'un mouvement de séduction et d'erreur
? Dans son ouvrage, l'évangéliste allemand Wolfgang Bühne,
cite Peter Wagner, John Wimber, mais également Paul Yonggi Cho, ancien
pasteur des Assemblées de Dieu et responsable de la plus grande
église du monde en Corée du Sud, ainsi que
l'évangéliste Reinhard Bonnke très connu en Afrique, comme
précurseurs de ce mouvement. Il précise : « Ce qui
caractérise ce mouvement, ce sont bien entendu le parler en langues, la
prophétie et la guérison, mais aussi des apparitions d'anges dans
les salles de réunion ; les résurrections des morts seraient
courantes, de même que les membres amputés qui repousseraient.
»123 Florent Varak cite également Charles H. Kraft, professeur
d'anthropologie à la School of World Mission and Institute of Church
Growth of Fuller Theological Seminary, collègue et ami de Peter
Wagner.124
Une autre technique de ce réveil est la visualisation.
Bühne cite Paul Yonggi Cho :
« les rêves et les visions, écrit Cho,
constituent les matériaux avec lesquels l'Esprit Saint va
122Philémon Salam Saba, "Historique du
mouvement du pentecôtisme moderne," Le Serviteur de Dieu, E.B. Koubri
1 (Avril 2007): 6.
123Wolfgang Bühne, La troisième
vague, le plus grand réveil de l'histoire de l'Eglise,
(Genève, Suisse: la Maison de la Bible, 1992), 9-10.
75
travailler. Je dis toujours que les rêves et les visions
sont le langage du Saint-Esprit ». Cho dit encore : « Les visions et
les rêves constituent l'élément central de ma
philosophie
chrétienne. »125 Selon Bühne, le
mentor de Paul Yonggi Cho est le Dr Robert Schuller, le plus
célèbre « théologien » de la «
Pensée Positive » avec Norman Vincent Peale.126 Schuller
a d'ailleurs préfacé le livre très controversé de
Cho « la Quatrième Dimension ». Quant à Reinhard
Bonnke, il aurait subi l'influence de T. L. Osborn, l' «
évangéliste » de la prospérité.127
Le résultat est donc logique. L'expérience est mise sur le
même pied que la Bible. Peter Wagner le dit clairement : « Au fond,
la théologie n'est ni plus ni moins qu'un essai humain pour expliquer
d'une manière raisonnable et systématique la Parole et l'action
de Dieu. Deux sources lui sont essentielles : la Bible et l'expérience
chrétienne. »128
Il est évident que la troisième vague n'est pas un
courant de réveil. Le réveil est un message de repentance, de
conversion et de sanctification pour l'individu et pour l'Église. Ce
message repose sur la seule parole de Dieu, la Bible, et aussi sur la
sainteté de Dieu. George Whitefield, John Wesley, Jonathan Edwards,
David Brainerd, Charles Spurgeon, Evans Roberts, William Seymour, etc. l'ont
compris. Eux aussi ont reconnu la main de l'adversaire qui a maintes fois
tenté de perturber les réveils par toutes sortes de
manifestations exagérées, mais ils les ont tous combattues avec
rigueur et droiture. Ce n'est pas le cas de la troisième vague qui se
glorifie de ces manifestations diaboliques.
Selon Sébastien Fath, la théorie de ce mouvement
repose sur : (1) la spiritualisation des lieux et des nations
possédés par des esprits, des démons, des anges, etc., (2)
le thème de la guerre spirituelle entre Dieu et ses anges, et Satan et
ses démons, (3) l'idée que l'Évangile
125Bühne, 59. 126Ibid., 55.
127Ibid., 75. 128Ibid., 28.
76
doit être puissant, donc se manifester obligatoirement par
des signes et prodiges, ce qui marginalise le message de la parole au profit
d'une vision hyper-enchantée du monde.
Fath précise que ce courant est issu, au départ, de
la pensée de trois personnalités charismatiques : Peter Wagner,
théoricien du « Church Growth Movement », John Wimber des
églises Vineyard à l'origine du mouvement de la
bénédiction de Toronto, et George Otis Jr., le père du
« Spiritual Mapping », qui consiste à pointer sur une carte
les places fortes d'où il faut déloger les démons. Selon
Fath, ce mouvement de la troisième vague a
bénéficié de trois conjonctures favorables : (1) un
renouveau du manichéisme guerrier dans la culture occidentale
contemporaine, (2) l'influence croissante des spiritualités animistes et
démonologiques des sociétés traditionnelles africaines,
(3) le déclin culturel de la lecture au profit de l'image.
Les charismatiques de la troisième vague ne sont pas
biblicistes. Le signe visible l'emporte sur l'Écriture. Wimber stipule
que « Dieu est plus grand que sa parole ». Alors, puisque Dieu peut
se manifester par des miracles de toutes sortes, pourquoi se fatiguer à
sonder sa parole. Dans la pratique, les charismatiques de la troisième
vague privilégient le spectaculaire visible et l'efficacité
miraculeuse de l'agir divin. Ce courant, assimilable au « Power Evangelism
» a donné naissance à des organisations spécifiques
typiques de la troisième vague, comme « Harvest International
», auquel se rattache le « Jesus Camp » de Becky
Fischer.129
1. Le Mouvement de la Pluie de l'Arrière Saison-Le PAS
(1948)
Le « Latter Rain Movement » a débuté
à North Battleford, Saskatchewan au Canada, en 1948. Un groupe d'hommes,
connus comme les « docteurs de la pluie de l'arrière-saison »,
émergea de certaines églises charismatiques. L'un d'eux, Paul
Cain, refit parler de lui avec la
129Sébastien Fath, "Les charismatiques
troisième vague, C'est quoi ?",
http://blogdesebastienfath.hautetfort.com/archive/2007/05/03/les-charismatiques-troisieme-vague-c-est-quoi2.html,
(consulté le 19 avril, 2012).
77
troisième vague, dans les années 1990, avec la
plupart des « prophètes de Kansas City », Rick Joyner, Mike
Bickle, Bob Jones, etc. Le pasteur Richard Riss, très favorable à
ce mouvement, a écrit une thèse à ce sujet. Il
déclare :
Les différentes doctrines et pratiques de « la pluie
de 1'arrière-saison » ont pénétré dans le
renouveau charismatique. Il est impossible d'évaluer l'influence qu'ont
exercée les pionniers de la pluie de l'arrière-saison sur ce
renouveau. Cela a produit en son sein, le développement caché
d'un mouvement parallèle, composé de prédicateurs tels que
Franklin Hall, Bill Britton, William Branham, Ern Baxter, Georges Warnock, etc.
Ces hommes ont commencé à prêcher « des
vérités pour les temps de la fin » que nous avions
déjà annoncées pendant le réveil de la pluie de
l'arrière-saison.130
Selon Hatzakortzian :
Georges Warnock, un des leaders du P.A.S. des années 50 a
écrit un manuel très important sur ce mouvement intitulé
« la fête des Tabernacles », dans lequel nous découvrons
les principaux enseignements hérétiques suivants :
1. La théologie du remplacement (proche de la doctrine
des "enfants de Dieu") :
l'Église remplace Israël. Toutes les
promesses concernant l'avenir d'Israël sont attribuées à
l'Église.
2. Le rejet des doctrines prémillénaristes : il
n'y a pas d'enlèvement de l'Église,
pas d'Antichrist, pas de
grande tribulation, pas de millénium.
3. Les méchants seront enlevés : ils ne croient
pas à l'enlèvement des chrétiens et
prétendent
que ce sont les méchants qui seront enlevés pour être
jugés.
4. Le mandat de domination : l'Église doit
rétablir le Royaume de Dieu sur terre.
Elle doit prendre possession
du pays, c'est-à-dire christianiser et gouverner les nations avant
le retour du Seigneur (à ne pas confondre avec
l'enlèvement).
5. Le combat spirituel : le réveil dans l'Église
viendra, en triomphant des
puissances démoniaques, par le jeûne
et la prière et en combattant les puissances des ténèbres
et les esprits territoriaux.
6. Nouvelles révélations et nouvelles doctrines :
seuls « les vainqueurs » pourront
comprendre leur enseignement
(Nouvelle forme de gnosticisme).
7. Restauration des apôtres et des prophètes :
ces deux ministères seront restaurés
dans les derniers temps.
Les chrétiens doivent se soumettre à eux pour parvenir à
la perfection.
130Richard Riss, A History of the Worldwide
Awakening of 1992-1995,
http://www.grmi.org/renewal/Richard_Riss/history.html
(consulté le 21 avril 2012).
8.
78
L'unité de tous les chrétiens : elle est absolument
nécessaire parce que sans cette unité, le mouvement ne pourra
établir sa domination.
9. La manifestation des Fils de Dieu : ils prêchent la
déification de l'homme, et forment une puissante armée,
appelée l'armée de Joël. Cette armée sera invincible.
Elle aura le pouvoir de juger les ennemis de Dieu et de purifier Son
Église en détruisant tous ceux qui refusent de se repentir ou de
faire partie de ce nouveau mouvement. Ils représentent aussi la
sacrificature de Melchisédek, comme étant empreinte d'une gloire
éternelle, d'une vie de puissance et d'autorité, opposée
à l'ancien ordre d'Aaron (appelé les dénominations) qui
doit aussi être détruit.
10. La fête des Tabernacles : toutes les fêtes
d'Israël (y compris Pâque et Pentecôte) sont
interprétées spirituellement et servent de modèles de
progression. Celle-ci doit grandir en maturité jusqu'à ce que
Christ s'incarne en elle, (c'est-à-dire que l'Église atteigne un
niveau de divinité) ; c'est alors seulement qu'elle sera en mesure de
dominer sur la terre.
11. D'étonnants signes et miracles et un grand
réveil mondial : ces miracles prendront place au travers de la
manifestation des fils de Dieu (doctrine des petits dieux). Leurs grands
rassemblements conduiront le peuple de Dieu au plus grand réveil mondial
de la fin des temps. Les signes et les miracles incluront des
bénédictions sur ceux que les apôtres ou prophètes
béniront et des malédictions sur ceux qu'ils maudiront.
12. Les religieux : c'est-à-dire l'ancienne
génération de chrétiens (formés par les
dénominations qui rejettent ces nouvelles révélations),
n'entrera pas dans la Terre promise pour occuper le pays. Elle ne parviendra
pas à la plénitude, tandis que les vainqueurs qu'ils
prétendent être règneront.
13. La mort est détruite : Jésus ne peut pas
revenir physiquement avant que les ennemis de Dieu, y compris la mort
elle-même, ne soit détruits. Ceux qui auront atteint un certain
degré de sainteté sous la direction de leurs apôtres et de
leurs prophètes triompheront de tous leurs ennemis, y compris de la mort
et deviendront immortels.
Comment peut-on en arriver à proclamer de telles
hérésies. L'explication est simple : tout leur enseignement est
basé sur une interprétation allégorique des textes
bibliques, sur « les révélations » de leurs
apôtres et de leurs
prophètes qui mettent leur message au même niveau
que les Écritures, et sur des textes pris hors de leurs contextes. De
tels enseignements se répandent de manière plus ou moins
voilée dans « les mouvements de l'Esprit actuels ». C'est
pourquoi de nouvelles vagues d'hérésies toujours plus nombreuses
et séduisantes pénètrent sournoisement dans les
églises et produisent encore plus de divisions tragiques et
douloureuses. Car tous ceux qui n'acceptent pas ces aberrations sont
catégoriquement rejetés et
persécutés.131
131Samuel et Dorothée Hatzakortzian,
Résister aux vagues d'hérésies dans l'Eglise,
(Saint-Badolph, France: Éditions Compassion, 1997), 73-76.
79
2. Vineyard Christian Fellowship (1977)
Ce mouvement qui regroupe plus de 250 églises était
dirigé par le Pasteur John Wimber, fondateur de l'église centrale
de l'organisation « Vineyard Christian Fellowship » de Anaheim, en
Californie.132 Ce mouvement et son fondateur sont très
impliqués dans le mouvement de la troisième vague.
Depuis 1975, Wimber enseigne dans le programme de Doctorat au
sein du Fuller Theological Seminary. En 1981, il y enseigna, avec Peter Wagner,
le cours controversé MC510 « Signes, Miracles et Croissance de
l'Église ».
Puis, de 1982 à 1985, au sein de la Fuller School of World
Mission, Wimber enseigna le cours « Le Miraculeux et la Croissance de
l'Église » qui devint le cours le plus populaire de l'histoire du
Fuller Theological Seminary, mais aussi le plus
controversé.133 L'église contestée de Toronto a
fait partie du mouvement Vineyard avant d'en être radiée.
3. La Bénédiction de Toronto (1994)
La « bénédiction de Toronto » est apparue
pour la première fois le 20 janvier 1994 dans l'église
charismatique Vineyard de Toronto (Canada) d'où elle s'est
répandue comme une traînée de poudre. Les personnes
touchées par ce phénomène tombent à terre dans un
état de transe, tremblent, gémissent, poussent des cris
d'animaux, sont pris de crises de fou rire ou de crises de larmes du genre
hystérique, le tout étant mis sur le compte du Saint-Esprit et
présenté comme le commencement d'un réveil mondial. On
parle à ce sujet d'« ivresse de l'Esprit », de « vin
nouveau », ou encore de « l'heure venue pour l'Église de
préparer son nouveau mariage avec le Seigneur ! » Des cas graves de
troubles d'ordre psychique et physique ont été recensés.
Certains sont restés aveugles ou muets pendant plusieurs jours. Un grand
nombre de pasteurs du monde entier sont allés à Toronto pour
chercher cette «
132Stanley M. Burgess and Gary B. McGee, 871.
133Stanley M. Burgess and Gary B. McGee, 889.
80
bénédiction » et ont, à leur retour,
infecté de nombreuses églises en Europe et dans le monde. Il
s'agit manifestement d'une excitation psychique de personnes qui se livrent
volontairement à une influence ou à une emprise qui leur fait
perdre la maîtrise d'eux-mêmes.134 Les visiteurs de
Toronto, de Pensacola, et de Lakeland sont ouvertement encouragés
à s'abandonner aux influences de « l'esprit » présent :
(1) ils doivent rester ouverts aux nouvelles révélations et
expériences. « Les refuser, c'est résister à Dieu
», (2) la doctrine et l'enseignement sont méprisés. Les gens
sont encouragés à laisser leur esprit au vestiaire. « Ne
priez pas », disent-ils, « Soyez simplement ouverts », (3)
l'unité du groupe est plus importante que la vérité, (4)
la vérité est redéfinie de façon restrictive pour
satisfaire leurs propres buts étroits, (5) les absolus divisent et
restreignent ... le consensus est meilleur, (6) l'expérience se valide
elle-même comme étant la vérité.
Selon Tricia Tillin, il nous faut nous inquiéter de la
vague spirituelle qui vient de l'église Vineyard de Toronto et des
églises du mouvement Vineyard en général dans le monde,
d'autant plus qu'elles acceptent sans réaction les doctrines
erronées des prophètes de Kansas City, et des deux hommes
à l'origine du mouvement de la vague du rire: Benny Hinn et le
Sud-Africain Rodney Howard Browne, qui se surnomme lui-même le «
barman du Saint-Esprit ». Le fait que la majorité des
églises qui acceptent le phénomène de Toronto,
tolèrent de graves erreurs doctrinales, devrait alarmer tous les
responsables spirituels.135
Un ancien pasteur de Toronto, Paul Gowdy, s'est publiquement
repenti et donne son témoignage, dont nous ne donnerons qu'une partie
par manque de place :
Nous avons ri, pleuré, titubé, mais où est
le réveil ? ... Au cours de ces
dernières années je parlais d'une
bénédiction hétérogène; il me semble que
c'est l'expression qu'employait James A. Beverly dans son livre « Le saint
rire et la
134Jean Hoffmann, "À propos de la
bénédiction de Toronto," Promesses 114 (1995): 2.
135Tricia Tillin, "Nouvelle analyse indispensable de
la vague de rire de Toronto," Promesses 114 (1995) : 2.
81
bénédiction de Toronto » (1994). Aujourd'hui
je dirais plutôt que c'est une malédiction
hétérogène . . . il s'agit d'un leurre satanique et il en
résulte infiniment plus de mal que de bien. Mon dilemme venait de ce que
je voulais rester dans la crainte du Seigneur: Jésus nous a
enseigné que le péché impardonnable était le
blasphème contre le Saint-Esprit, qui attribue à Satan ce qui est
en fait une oeuvre de Dieu. . . Je suis convaincu que Satan s'est servi de
cette expérience pour en aveugler beaucoup, pour occulter de saines
doctrines enseignées depuis des siècles dans l'église, et
pour empêcher qu'on produise du fruit digne de la repentance. Par elle il
a empêché les gens de discerner les esprits et d'éprouver
les prophéties. 3 ans dans cette « bénédiction »
avaient fait de nous des chrétiens charnels ... Nous passions notre
temps à nous dévorer les uns les autres, à cancaner,
à nous envoyer "des coups de poignard dans le dos", à semer la
division et la critique, etc. . . . La manifestation des dons spirituels
mentionnés dans 1 Corinthiens 12 était bien plus fréquente
dans notre assemblée avant que la "bénédiction" de Toronto
ne commence en 1994, qu'après cette prétendue visitation du
Saint-Esprit . . . Avec la survenue de la "bénédiction" de
Toronto, notre ministère a changé. Les seules prières
qu'on entendait étaient: "Plus Seigneur, PLUS" ou alors des cris
réclamant "LE FEU !" Il y avait aussi les tremblements, les mouvements
saccadés du corps accompagnés de "Ooh, OOH, WOOAAH !"
Je pense que cette "bénédiction" conduit à
l'apostasie et l'hérésie . . . Ils n'ont pas suffisamment
aimé le Seigneur pour garder Ses commandements. Ils n'ont pas
obéi à la Parole de Dieu, et ils se sont égarés
parce qu'ils aspirent à voir des manifestations spectaculaires sur une
vaste échelle, des phénomènes exaltants, une grande
animation. Moi aussi, j'ai commis ce péché. J'ai
prêché ce "renouveau" en Corée, au Royaume-Uni, aux USA, et
ici au Canada. Je m'en suis profondément repenti.
Rétrospectivement, je me demande comment j'ai fait pour me laisser
aveugler à ce point.
Des chrétiens aboyaient et levaient la patte comme pour
uriner ! Je riais en voyant des gens qui aboyaient comme des chiens et
faisaient semblant de lever la patte pour uriner contre les piliers du local de
l'église de l'Aéroport de Toronto. Ceux qui se comportaient comme
des animaux aboyaient, rugissaient, gloussaient comme des poules, ou faisaient
semblant de voler en agitant les bras. On les aurait crus
perpétuellement ivres et ils chantaient des chansons idiotes
...C'était bruyant et vulgaire; c'était un blasphème
envers le Dieu Saint de la Bible. J'étais probablement persuadé
que tant qu'on ne prêchait rien de carrément opposé
à l'Ecriture, tous ces phénomènes tombaient dans la
catégorie des "manifestations exotiques" ... Lorsqu'il nous est apparu
que des démons s'en donnaient à coeur joie pendant nos cultes ...
Là non plus, nous n'avons pas aimé Dieu au point d'obéir
à Sa Parole. Par conséquent, nous nous sommes ouverts à
des esprits menteurs. Que Dieu nous fasse miséricorde!
Un jour, quelques-uns des membres de notre assemblée nous
ont demandé si nous avions bien tous reçu "le glaive d'or du
Seigneur". Je leur ai demandé de m'expliquer ce que c'était,
croyant qu'il s'agissait d'une allusion prophétique à la Parole
de Dieu. "Mais non, ont-ils répondu, il ne s'agit pas de la Bible. C'est
une épée invisible, une épée d'or, et seuls ceux
qui sont vraiment purs peuvent la recevoir. Si jamais on la reçoit dans
l'impiété, alors le Seigneur vous tue. Mais si on est
suffisamment sanctifié pour la recevoir, on peut s'en servir; elle
guérit le sida, le cancer, et elle procure le salut." Pour manier cette
épée, on faisait comme si on la tenait en main; et quand on
priait, on faisait un geste comme pour frapper les gens avec. Malgré
l'état de séduction où je me trouvais encore, j'ai quand
même pensé qu'à l'église de l'Aéroport ils
étaient devenus fous!
82
Un autre phénomène est survenu: des plombages
dentaires se transformaient en or. On en voyait dans notre assemblée qui
inspectaient l'intérieur de la bouche des autres, pour voir s'il s'y
trouvait des plombages en or, signes (à ce qu'on disait) du grand amour
de Dieu pour les personnes en question. Pendant toutes les années que
j'ai passées là là-bas, je n'ai entendu qu'une seule fois
un message sur la repentance.
Ils sont toujours persuadés qu'ils vont s'emparer du monde
entier ! Je pourrais en dire bien davantage, et mentionner beaucoup
d'excès, de folies et de péchés; je pourrais parler des
enseignements sur cette domination que l'Église serait censée
exercer dans les derniers temps. Mais beaucoup d'autres l'ont fait avant moi.
Dans nos chants nous exaltions "l'armée de Joël" et "le
réveil d'un milliard d'âmes" avec autant d'assurance que s'il
s'agissait de l'un des Dix Commandements ... Je regrette les
dégâts que j'ai commis en donnant des enseignements qui
n'étaient pas conformes à la Bible. Je m'en repens devant les
hommes comme je m'en suis repenti déjà devant Dieu. Je suis
tombé dans la séduction, et je ne cherche pas à me
disculper. Je ne m'étais pas donné la peine "d'éprouver
toutes choses", bien que l'Écriture nous commande de le faire.
À ceux qui sont restés dans "le fleuve", je dis:
"Sortez de là: cette eau est infestée de créatures qui
vous feront beaucoup de mal !" ... Jésus nous appelle à nous
repentir: remercions Dieu pour cela, car la repentance nous conduira à
une
authentique restauration de la relation à notre
Père! Si Dieu m'a pardonné et m'a ouvert les yeux, alors Il peut
le faire pour tous ceux qui sont pris au piège de la séduction.
Je terminerai par cet avertissement que nous donne Paul: "Que celui qui croit
être debout prenne garde de tomber".136
Paul Gowdy décrit ci-après « La chanson
à boire de Toronto ». Il précise : « Croyez-le si vous
voulez, mais Kathryn Riss, l'épouse de Richard Riss (qui se dit
historien spécialiste des réveils) affirme avoir reçu ces
paroles du Seigneur Jésus-Christ. »
Si t'es trop sérieux, et si t'as le cafard, Moi, je te
propose vraiment ce qu'il te faut! Ce n'est pas conventionnel, mais c'est
vraiment rigolo. Si on te prend pour un nul, tu ne t'en soucieras même
pas. Viens donc à la fête que Dieu donne aujourd'hui On va prendre
du bon temps, et montrer aux païens que les chrétiens rigolent et
déboussolent tout le monde quand l'Esprit Saint répand la
Bénédiction de Toronto! Autrefois je prenais la vie au
sérieux Je n'osais pas pleurer, je prenais l'air sévère
Mais l'Esprit de Dieu a mis en moi le rire. Le Saint-Esprit me possède
et j'échappe à tout contrôle! Fêtard qui s'abreuve
à l'auge de Dieu Et drogué de Jésus, je suis insatiable!
Je suis un alcoolique de ce grand Vin Nouveau Que déverse le
Saint-Esprit, et je bois sans arrêt! Je rigole comme un fou, j'aboie
comme un chien, Si rien ne me dégrise, je sauterai comme une grenouille!
Je vais faire cocorico comme le coq au point du jour, Le Saint-Esprit agit, je
veux être dans le coup! Je vais rugir comme une lionne en train de roder,
Rire et trembler, peut-être même hululer ! Le fleuve saint de Dieu
s'est mis à bouillonner en moi, Il se déverse au-dehors - et
à présent me libère!
136Paul Gowdy, "Si vous êtes encore dans ce
« fleuve », sortez de là,"
www.discernment-ministries.org/TheTorontoDeception.htm
(consulté le 24 novembre, 2010).
83
Je vais m'effondrer, plonger, danser et tournoyer. Un banc
d'église, c'est pas mal, mais par terre c'est plus marrant! Je vais
danser le pogo, puis m'écrouler sur le sol. Car le Saint-Esprit agit, et
moi j'en veux PLUS !137
Le théologien Henri Lüscher s'est livré
à une analyse de ce courant. Selon lui, l'histoire de l'Église
est instructive. Dès son commencement à la Pentecôte, elle
a été en butte à diverses attaques de l'ennemi. Les plus
insidieuses venaient toujours de l'intérieur pour introduire de fausses
doctrines. À travers ces combats spirituels pour la
vérité, sont nées les grandes confessions de foi
chrétienne. Dieu s'est servi des hérésies pour permettre
à l'Église de définir clairement les fondements de la foi
chrétienne par le moyen des Saintes Écritures. Ainsi s'est
affirmée la foi orthodoxe, biblique, de l'Église de
Jésus-Christ qui reste invariable. Or, Toronto s'échafaude sur
une somme de révélations provenant de mouvements et d'hommes
porteurs de fausses doctrines: Kenneth Copeland et Kenneth Hagin
(évangile de la Prospérité), William Branham, Latter Rain,
Essek W. Kenyon (Confession Positive), etc. Il est effrayant d'apprendre ce que
certains de ces « docteurs » ont dit ou écrit à propos
de la doctrine de base (sur Dieu, la Trinité, Jésus-Christ et l
'homme). John Arnott, pasteur Vineyard à Toronto, doit son onction
à Randy Clark, qui doit la sienne à Ronald Howard-Browne, lequel
est en étroite liaison avec Kenneth Copeland. Arnott fut lui-même
influencé par les ministères de Kathryn Kuhlmann et Benny Hinn.
D'autre part, le phénomène de Toronto est issu du mouvement des
« Signes et Prodiges, Vineyard », auquel le nom de John Wimber est
associé. Quel fruit peut-on donc attendre d'un arbre qui plonge ses
racines dans de fausses doctrines ?138
Il semble que John Wimber soit, par la suite, revenu de tous ces
abus. Idea Magazin a publié, le 7 juillet 1995, un article : « Une
saine instruction plutôt que des phénomènes », traduit
ainsi par la revue Promesses :
137Ibid.
138Henri Lüscher, "Toronto avant ...
après," Promesses 115 (1996): 2.
84
Le dirigeant du mouvement Vineyard s'exprime de manière
critique à l'égard des phénomènes qui se produisent
au sein de son mouvement, lors des services religieux de l'église de
Toronto. Il a préconisé le retour à une théologie
centrée sur Christ, et a stigmatisé l'activité des
prophètes. Le leader du mouvement Vineyard, John Wimber, s'est
élevé contre une surestimation de la
«bénédiction de Toronto», caractérisée
par des rires, des pleurs, des tremblements ou des chutes à terre. Lors
d'une conférence dans le cadre du mouvement qu'il a lui-même
fondé, Wimber a affirmé qu'une saine instruction biblique
était plus importante que ces phénomènes concomitants. Nos
rencontres, dit-il, devraient être marquées par une
prédication centrée sur Christ et par un appel à vivre en
disciples de Christ, et non pas par des phénomènes
spectaculaires. Selon lui, il est faux d'inciter les hommes à
expérimenter les phénomènes de la
"bénédiction de Toronto". Il vaudrait mieux leur transmettre la
notion de la grandeur et de la présence de Dieu. Wimber s'est
déclaré prêt à se pencher plus en avant sur ces
questions et à corriger les erreurs. Wimber a dénoncé la
place exagérée accordée au ministère
prophétique dans la vie de la communauté. Au terme d'une
expérience de quatre ans, il a pris ses distances par rapport à
cette pratique. Il serait même en grand souci au sujet de la
théologie de certains prétendus prophètes. Globalement, il
estime que leur influence sur la communauté a été
négative. Toutefois, il considère toujours les prophéties,
les signes et les miracles comme des choses possibles.139
Il est important de démystifier ce fameux
phénomène de Toronto qu'est « tomber dans l'esprit »
(slain in the spirit), qui a fait le tour de la terre, afin d'éclairer
et prévenir le peuple de Dieu. Ancien adepte yogi, le Pasteur Robert S.
Liichow avait reçu l'initiation de la shaktipat, qui est le «divine
touch » du Kundalini Yoga (qui signifie « Yoga de la puissance du
Serpent), dont les effets sont identiques au fameux « tomber dans l'esprit
». L'Hindouisme enseigne que tout être humain possède un
"serpent spirituel" résidant à la base de sa colonne
vertébrale. Un maître yogi « éveillé » ou
gourou possède l'onction nécessaire pour réveiller ce
serpent. Il peut le faire de diverses manières : en touchant le
candidat, en soufflant sur lui, par ses enseignements, par sa simple
présence. Le Kundalini Yoga est une puissance surnaturelle qui peut
conduire au dérangement mental, à la psychose, à la
possession démoniaque (pour ceux qui ne sont pas chrétiens), ou
à l'oppression (pour les chrétiens). Le Kundalini Yoga, avec
toutes les manifestations qui lui sont associées, remonte à 1.900
ans avant la naissance
139Lüscher, "Désenchantement,"
Promesses 115 (1996), 2.
85
de Jésus-Christ ! Il est très ancien. Liichow
affirme que la « bénédiction de Toronto » est une
contrefaçon du Kundalini. Les manifestations de Toronto sont en
réalité des éveils spontanés de la Kundalini chez
les participants ! Ce que fait Benny Hinn, quand il « projette l'onction
» sur les foules, est exactement semblable à ce que font les
gourous de cette puissance, avec les mêmes résultats et les
mêmes manifestations. Les manifestations de Toronto et de Pensacola sont
exactement semblables aux manifestations constatées chez les adeptes du
yoga, quand la puissance du serpent s'éveille en eux. À Toronto
ou dans le yoga, ces manifestations sont provoquées par l'imposition des
mains, faite par quelqu'un possédant « l'onction ». Comme dit
un ancien proverbe : « Si tu marches comme un canard et si tu fais
"coin-coin" comme un canard, c'est que tu es un canard ! » Selon Liichow,
les témoignages de plus en plus nombreux d'un éveil
spontané de la Kundalini peuvent être le signe d'une action plus
profonde et plus large, celle du début d'un appel à un
éveil planétaire occulte et dirigé. En effet, ce qui
était auparavant atteint après des années de travail peut
être à présent assuré immédiatement à
ceux qui n'ont aucune expérience du yoga. Les occultistes
considèrent cela comme le signe d'une action beaucoup plus
significative. De quelle action s'agit-il donc ? La seule réponse est
qu'il s'agit d'une action plus profonde et plus large de Satan et de ses hordes
d'esprits séducteurs. Leur but est de duper des chrétiens
sincères, au moyen de manifestations déguisées en oeuvres
du Saint-Esprit.140
Andrew Strom, historien du réveil, tout en rappelant aussi
la connexion de ces manifestations avec le Kundalini Yoga, indique : « On
les retrouve aussi dans le mouvement occulte chinois Qi-Gong, dans les
pratiques de guérisons démoniaques de Franz Mesmer, et dans
d'autres groupes du Nouvel Âge, dans le monde entier. »141
140Robert S. Liichow, "Mon expérience avec
la puissance du serpent,"
http://www.info-sectes.org/occulte/toronto_kundalini.htm
(consulté le 24 novembre, 2010).
141Andrew Strom, "Pensacola : est-ce la même
chose que Toronto ?"
http://www.banner.org.uk
(consulté le 24 novembre, 2010).
2012).
86
Ces pratiques nous rapprochent de l'Hindouisme original et se
propagent via le Nouvel Âge. Il s'agit donc d'un courant manifestement
diabolique. Les principales instances évangéliques et
pentecôtistes mondiales l'ont condamné, affirmant que de telles
manifestations ne sont pas bibliques et ne peuvent pas provenir du
Saint-Esprit. Les Assemblées de Dieu de France ont vigoureusement
condamné le mouvement de Toronto, ses pratiques et ses
méthodes.142 La Fédération
Évangélique de France (FEF) en fit de même en juin
1995.143
4. L'« Agenda Caché »
Certains leaders charismatiques parlent de « quelque chose
qui est en train de naître dans l'Église » : « Dieu est
en train de lever une armée ». Comment cela se fera-t-il ? Ils
répondent: « N'analysez pas! Laissez venir sans vous demander ce
que ce remue-ménage signifie. Laissez les gens se faire plaisir. Vous
aurez bien le temps, plus tard, pour vous poser des questions. »
L'attitude de ces prophètes d'une nouvelle Pentecôte est en droite
ligne avec l'enseignement du PAS, le mouvement de la pluie de
l'arrière-saison. Son insistance à ne pas penser ni
réfléchir, mais à tout accepter sans discernement le
dénote comme un mouvement sectaire, dans la mouvance du Nouvel
Âge.
Selon leur pensée, une seconde Pentecôte est
censée éclater au Canada pour se répandre ensuite
jusqu'aux extrémités de la terre. Dans la préface du livre
de Richard Riss : « The Latter Rain », James Watt qui était en
1974 l'assistant pasteur d'Ern Baxter à Surrey, écrivit en 1986 :
« Dans un sens, l'accomplissement de la Fête des Tabernacles vint
avec le souffle des trompettes depuis North Battleford. . . .Le temps du
renouvellement de toutes choses est en train de s'accomplir. . . .Selon Paul
Yonggi Cho de Corée et selon 20 autres
142"Les Assemblées de Dieu de France et le
mouvement de Toronto," Serviteur de Dieu (1996).
143Fédération Évangélique de France,
"Bénédiction de Toronto,"
www.lafef.com (consulté le 21
mars
87
prophètes, le dernier agissement de l'Esprit jaillira du
Canada, et de 70 villes du Canada il se propagera aux 210 autres nations de la
terre avant le retour de Jésus-Christ. »144
Marc Dupont, de Toronto Vineyard, écrit qu'il voit Toronto
comme une des sources majeures du renouveau mondial. Il proclame avoir
reçu à deux reprises une prophétie significative (mai
1992, juin 1993) : une forte vague de Toronto coule puissamment depuis l'est et
traverse le Canada. Il compare le renouveau actuel avec le ministère de
Jean Baptiste, précurseur du Christ. Il croit qu'il aboutira à un
renouveau majeur parmi les nations de l'Occident dans les années 2000
à 2005 (voir l'article Mantle of Praise et le Magazine Alpha de
septembre 1994). Du même Marc Dupont, cette phrase intrigante: « Ce
mouvement de l'Esprit en 1994 n'est pas seulement une expérience
pentecôtiste et charismatique au sujet de la puissance et des dons. Il
est une chose de se couvrir de puissance, et une autre chose de "s'imbiber de
la Personne de Dieu". » Pour saisir le sens de tels propos, il faut
rappeler que selon les enseignants du Latter Rain, la première
Pentecôte incita les croyants à être « revêtus de
la puissance d'en haut » (cf Ac 1.8). Quant à la seconde
Pentecôte, elle permettra l'incarnation du Christ dans son Corps,
l'Eglise. Cette conviction leur est venue de leur interprétation
symboliste de la Fête des Tabernacles, fête anciennement
destinée à célébrer la présence de Dieu au
milieu de son peuple.
5. Brownsville Pensacola (1995)
Après Toronto ... Pensacola. Après son exclusion
par le mouvement Vineyard, suite aux manifestations démoniaques qui s'y
produisaient, la renommée internationale de l'église de Toronto a
commencé à s'estomper. Toutefois, les nombreux pasteurs venus
chercher « l'onction » de Toronto ont ramené ses pratiques et
ses enseignements dans leur église. C'est ainsi que cette «
bénédiction » a traversé la frontière pour se
retrouver aux États-Unis où elle
144James Watt, The Latter Rain, (Kingdom
Flagship Foundation, 1987).
88
fit une incursion majeure dans une église AoG de
Pensacola. Comme ce fut le cas à Toronto, de nombreux leaders
d'églises, en baisse spirituelle, s'y sont rendus pour voir le
phénomène et recevoir cette nouvelle « onction ».
Samuel et Dorothée Hatzakortzian soulignent que « leur but est donc
de faire de nouvelles expériences ».145 Ils soulignent
la gravité de la situation :
Combien il est triste et déconcertant de constater que
certains leaders spirituels bien connus, jusque-là opposés
à la vague de rire de Toronto, puissent maintenant accepter un tel
mouvement. Il nous faut toutefois immédiatement préciser que de
nombreux autres pasteurs (pentecôtistes et évangéliques),
ainsi que leurs églises, ont été profondément
bouleversés et peinés par cette prise de position. Fermement
attachés aux vérités fondamentales de la Parole de Dieu,
de même qu'à l'autorité finale des Écritures, ils
rejettent cette hérésie.146
C'est en 1995 que l'évangéliste américain
Stephen Hill introduisit ce « réveil » dans l'église
AoG dirigée par le pasteur John Kilpatrick à Brownsville
(banlieue de Pensacola) en Floride. De retour d'une mission en Russie, il
s'était arrêté quelques jours à Londres pour se
reposer. Durant son séjour, il s'est rendu à la « Holy
Trinity Church » à Brompton. C'est cette dernière qui a
importé la « bénédiction de Toronto » en
Angleterre. Fatigué par sa mission en Russie, il demanda l'imposition
des mains au pasteur de l'église, Sandy Millar. C'est à ce
moment-là qu'il aurait reçu cette nouvelle « onction »
qu'il s'est ensuite empressé de communiquer à son pasteur
principal Kilpatrick. Par la suite, Hill est allé à Toronto
rafraîchir sa nouvelle « onction » par les mains de John
Arnott, responsable de l'église de la vague du rire. Ensuite la femme de
Kilpatrick alla à Toronto. Quand Kilpatrick vit l'effet produit sur sa
femme, il voulut s'y rendre lui-même, mais il eut une crise cardiaque en
route et dut interrompre son voyage. Depuis lors, des expériences
incroyablement semblables à celles de Toronto se produisent à
Pensacola : les chrétiens tombent à terre inconscients,
gémissent,
145Hatzakortzian, Résister aux vagues
d'hérésies dans l'Église, 15.
146Ibid., 16.
89
grognent et rugissent comme des animaux ; certains sont
soulevés du sol (cas de lévitation) ou se mettent à rire
d'une manière hystérique ; d'autres crient, sont secoués
et agités, deviennent comme ivres ; d'autres ont des pertes de
mémoire si profondes qu'ils ne se souviennent ni de leur nom ni de leur
adresse ; d'autres pratiquent le « Fetal Birthing », manifestant des
gestes semblables à une femme en train d'accoucher, tout cela en plein
milieu de l'église.147 C'est une hystérie collective,
semblable à une maison d'aliénés démoniaques.
Malgré cela, certains hauts responsables spirituels ont proclamé
qu'il s'agissait d'un réveil ! D'autres phénomènes
violents et bizarres ont été rapportés lors de
réunions tenues par l'évangéliste Stephen Hill.
Lui-même déclare : « des chrétiens sont
soulevés de terre et même projetés contre les murs ou sur
leurs bancs. D'autres encore tombent les uns sur les autres, et cela avant que
le service d'ordre ne soit capable de les retenir. »148 Mon
expérience passée, avant ma conversion, me permet d'affirmer,
sans aucune hésitation, qu'il s'agit ici de cas avérés de
possessions et de manifestations démoniaques.
Le Docteur Joseph R. Chambers de Paw Creek Ministries s'est rendu
en 1997 à Pensacola pour assister à l'une des réunions de
« réveil » et se faire une opinion. Il raconte comment il a pu
rencontrer d'abord un groupe de 158 personnes, anciens membres engagés
de l'Assemblée de Brownsville (anciens, membres de la chorale, etc.),
qui avaient été proches du pasteur Kilpatrick et de sa femme, et
qui ont été obligées de quitter l'assemblée,
après avoir rejeté ces manifestations comme clairement
non-bibliques, mensongères, et envoyées par Satan pour
détruire l'église. Chambers a également
enquêté dans la ville, et auprès des autorités
municipales, des vantardises de Kilpatrick sur une soi-disant baisse de la
criminalité, ou sur le fait que la police lui amenait des adolescents
qui venaient d'être arrêtés pour qu'ils soient
sauvés, ou encore sur ses grands résultats dans les écoles
publiques. Tout cela s'est
147Hatzakortzian, 17. 148Ibid., 20.
90
révélé être un tas de mensonges,
que la revue « Pentecostal Evangel » a pourtant relaté dans
son édition du 10 novembre 1996.149
Au sujet de ce soi-disant réveil, Andrew Strom, historien
des réveils, a déclaré :
J'ai aussi parlé dans cet article de la "stratégie
cachée" qui semble être utilisée pour répandre le
mouvement de Toronto dans les différentes branches de la
Chrétienté. Tout d'abord apparurent Rodney Howard-Browne et
Kenneth Copeland, parfaits instruments pour introduire cette séduction
dans la famille du Mouvement de la Parole de Foi. Puis elle a été
introduite dans l'église Vineyard de Toronto par l'un des pasteurs
Vineyard, prenant ainsi ses "distances" par rapport au mouvement de la Parole
de Foi. La séduction devenait ainsi plus "acceptable" pour le mouvement
Vineyard, comme pour le Mouvement Prophétique américain. Ces deux
mouvements sont très proches l'un de l'autre. Puis la séduction
s'est propagée, par l'intermédiaire d'un responsable anglican de
Grande-Bretagne (ce qui la rendait à nouveau plus acceptable), et par
Steve Hill, dans l'Assemblée de Dieu de Pensacola. La séduction a
pu ainsi changer de visage, tout en prenant ses distances par rapport aux
milieux précédents. Elle est ainsi plus attractive pour les
Chrétiens de la "Bible-belt" américaine. (La Bible-belt (ceinture
de la Bible) est une large région en arc de cercle, au centre des
États-Unis, traditionnellement très attachée à la
Bible). Tout cela est très intelligent, n'est-ce pas ?
De récents rapports confirment avec certitude que cette
séduction se répand à une vitesse alarmante, à
partir de Pensacola, dans toute la Bible-belt conservatrice américaine.
Un grand nombre d'églises importantes Méthodistes, Baptistes du
Sud, et des Assemblées de Dieu, l'ont déjà
acceptée.150
De nombreux pasteurs AoG se lèvent contre cette
séduction majeure qui envahit non seulement le mouvement mais tout le
pays. Ron Stringfellow, Pasteur de l'Assemblée de Dieu de Medina Valley,
aux États-Unis, écrit à ce sujet :
En ce qui concerne la "Bénédiction de Pensacola,"
Cathy Wood, reporter de l'Assemblée de Pensacola, a
déclaré : "Ce qui a commencé à Toronto se passe
réellement ici aussi... Nous apprécions tellement que le
Frère John Arnott (Le pasteur de Toronto) soit si ouvert au Seigneur,
parce que c'est là, dans son église de Toronto, que Mme
Kilpatrick (La femme du pasteur de Pensacola) s'est rendue, et c'est là
qu'elle a reçu l'onction ! Cette onction l'a vraiment accompagnée
jusqu'à nous !" Elle ajoute : "La femme de notre pasteur est
allée à Toronto en février ou mars 1994. Je ne me rappelle
pas exactement quand. Mais, quand elle est revenue, sans même qu'elle
149Joseph R. Chambers, "Des vantardises aux faits
réels,"
http://paroledevie.org
(consulté le 24 novembre, 2010).
150Andrew Strom, Pensacola: est-ce la même
chose que Toronto ?
91
nous parle des manifestations qu'elle avait vues, il s'en est
produites quelques-unes dès le dimanche qui a suivi son retour. Elle
avait été guérie de certaines choses... Elle était
tellement transformée que notre pasteur était jaloux du
rafraîchissement que Dieu lui avait donné ! Heureux, mais jaloux
!" "Lindel Cooley est devenu notre nouveau responsable de la louange. Le
précédent avait l'onction, mais Lindel nous a apporté
quelque chose de plus... Il vient juste de visiter Toronto, avant de venir ici
!" Steve Hill (L'évangéliste de Pensacola) n'a pas caché
qu'il avait reçu (l'onction de Toronto) de Sandy Millar, à
l'église de la Sainte Trinité de Brompton, en Angleterre. Sandy
Millar lui a transmis l'onction en lui imposant les mains".
Et d'ajouter :
Voici mes observations personnelles. La plupart des informations
que j'ai réunies ne proviennent pas des "critiques" de Pensacola, mais
de l'église de Pensacola elle-même. Ils se sont eux-mêmes
condamnés par leurs propres paroles. La Parole de Dieu et mon
expérience me révèlent que cela aussi est une
caractéristique de l'orgueil et de la fierté de Satan. Je suis
allé écouter le pasteur Kilpatrick à Kerrville, au Texas.
Nos responsables régionaux nous avaient encouragés à nous
rendre à cette réunion. Cela se passait longtemps avant que
l'évidence exige un verdict. Je commençais déjà
à me douter que quelque chose n'allait pas, et que le malin
recommençait à se pointer au milieu des élus. Quand je vis
que des jeunes gens instruits commençaient à quitter notre
dénomination, je sentis s'allumer un feu rouge. Je fis mon
enquête, et je découvris de plus en plus clairement que le
problème venait de ce qui se passait en Floride. Je fis part de mes
inquiétudes à mes responsables régionaux, avant la
réunion de Kerrville. Je n'obtins aucune réponse. Je leur
adressai une lettre, dans laquelle je leur détaillai de nouvelles
préoccupations. En voici quelques extraits : "Le pasteur Kilpatrick a
parlé trois heures et demie, sans jamais mentionner l'Ecriture... Il a
affirmé : "Ce réveil n'est pas un réveil de la
prédication." Il a dit aussi que quand un homme prêche un bon
sermon, c'est l'homme qui s'en attribue le mérite. Je me permets de
rappeler que "la foi vient de ce que l'on entend, et ce que l'on entend de la
Parole de Dieu" (Rm 10.17). Quand Pierre annonça la Parole, personne
n'en attribua le mérite à Pierre. C'est Dieu qui fut
glorifié, et trois mille se convertirent ce jour-là. "Le pasteur
Kilpatrick a dit également : "Quand Steve Hill fit un appel, pour que
tous ceux qui désiraient la prière s'approchent, un millier de
personnes se sont précipitées vers l'estrade." Il parlait de ce
fameux jour de la Fête des Pères 1995, où tout avait
commencé à Pensacola. Il a redit la même chose dans la
revue des Assemblées de Dieu. Pourtant, j'avais déjà vu la
vidéo de cette réunion. Et ce que j'avais vu ne correspondait pas
vraiment à cette description. "Nous avons tous vu que Steve Hill les a
suppliés de s'approcher, pendant un moment. Ce ne fut pas un mouvement
spontané vers l'estrade, comme on a voulu nous le faire
croire.151
151Ron Stringfellow, "Pensacola et
séduction de la Pluie de l'Arrière Saison,"
http://www.paroledevie.org
(consulté le 25 août, 2012).
92
Dans son article, le Pasteur Ron Stringfellow note sa visite et
l'enquête qu'il a personnellement menée sur place, qui lui a
également permis de mettre à jour la multitude de mensonges
relatés par les pasteurs de l'AoG de Brownsville-Pensacola, et
déjà rapportés par d'autres témoins, comme
signalé précédemment.
6. Lakeland (2008)
Les réunions de Lakeland en Floride ont
débuté le 2 avril 2008, quand Bentley Todd de « Fresh Fire
Ministries » a été invité à l'église
« Ignited Church » de Lakeland par le pasteur Stephen Strader.
Bentley, initialement invité pour cinq jours seulement, est resté
plus de six mois. Grâce à sa diffusion sur God TV , le «
renouveau » a été largement connu des pentecôtistes et
charismatiques dans le monde. À la fin mai 2008, l'organisation de
Bentley estime que plus de 140.000 personnes de plus de 40 pays ont
visité Lakeland, et 1,2 millions de dollars ont été
versés via Internet. À la fin Juin, plus de 400.000 personnes de
plus de 100 nations auraient participé.152 Mais quelques
jours après avoir arrêté ses réunions, Todd Bentley
a annoncé son divorce. Il se remaria, quelques semaines plus tard, en
août 2008. Les manifestations de Lakeland étaient, à bien
des égards, similaires à celles de Toronto et Brownsville
Pensacola. Toutefois, d'après John Lee Grady de Charisma, il semblerait
que Lakeland ait davantage mis l'accent sur la guérison divine avec un
appel à l'évangélisation. Nombreux, dit-il, ont
affirmé avoir été guéris de surdité, de
problèmes cardiaques, de dépression, et d'autres maux durant les
réunions de Lakeland. John Lee Grady voyait d'abord dans Lakeland le
plus grand réveil pentecôtiste depuis Azusa. Bentley a
assuré que des dizaines de personnes ont été
ressuscitées des morts durant le réveil. Toutefois,
l'église « Ignited Church » et l'organisation de Bentley se
sont toujours formellement opposés à toute enquête de
confirmation à ce sujet. Très déçu par la fin en
« queue de poisson » de cet
152Thomas Lake, "Todd Bentleys's Revival in
Lakeland," St. Petersburg Times (5 juillet 2008).
93
évènement et le divorce de Bentley, Grady a
changé d'avis et s'est demandé comment un tel
phénomène a pu arriver : « Parmi ceux qui ont sauté
dans le train de Lakeland, l'exercice du discernement a été
découragé. Il fallait suivre et tout avaler. Le message
était clair. C'est de Dieu, ne vous posez pas de questions.
»153 En analysant ce phénomène, il pose un
certain nombre de questions :
Dès la première semaine du réveil de
Lakeland, nombre de chrétiens au discernement sûr ont
élevé des objections au sujet des croyances et des pratiques de
Bentley. Ils éprouvaient un malaise à l'entendre raconter qu'il
avait parlé avec un ange dans sa chambre d'hôtel. Ils ont
été gênés lorsqu'il arbora un t-shirt avec un
squelette dessus. Ils se sont demandé comment un homme de Dieu pouvait
trouver normal de se couvrir de tatouages, après sa conversion. Ils ont
été horrifiés quand ils l'ont entendu raconter comment il
a frappé un homme au point de faire sauter une dent durant la
prière ... Pourquoi les gens se sont-ils rendus si nombreux à
Lakeland du monde entier, pour se rallier derrière un
évangéliste qui avait tant de problèmes de
crédibilité, et ce dès le début ? Pour le dire
crument, écrit-il, nous sommes prêts à gober n'importe
quoi. Pourquoi personne n'a-t-il dénoncé les commentaires
favorables de Bentley à l'égard de William Branham ? Ce dernier
était tombé dans une terrible séduction à la fin de
son ministère, avant sa mort en 1965. Il a affirmé être la
réincarnation d'Elie, et ses doctrines étranges encore
perpétrées de nos jours relèvent de la secte. Quand
Bentley a annoncé au monde que c'est le même ange qui l'a
lancé dans les années 1950 qui est à l'origine de
Lakeland, tout le monde aurait dû s'enfuir en courant vers la sortie ...
Je suis maintenant convaincu qu'une large portion du mouvement charismatique
suivra l'antéchrist quand il se manifestera car ils n'ont aucun
discernement.154
Andrew Strom, qui a passé onze ans dans le même
ministère prophétique que Todd Bentley est revenu sur Lakeland
:
Beaucoup ignorent que Todd Bentley, le leader de ce
réveil, a un long passé dans le mouvement du "rire" et du "vin
nouveau". Ils ignorent aussi que Todd est l'un des principaux promoteurs de ces
étranges "rencontres avec les anges". . . .Il initie les autres à
ces rencontres dites "angéliques". . . .Un de ces anges familier de Todd
s'appelle Emma. "Emma, a-t-il dit, est l'ange qui a aidé à mettre
au monde tout le mouvement prophétique de Kansas City dans les
années 80. Cet ange aux dispositions maternelles a favorisé le
développement du prophétisme ... Lors d'un culte à Beulah,
Dakota du Nord, j'ai entendu le Seigneur annoncer : "Voici Emma", je ne
plaisante pas. Emma est jeune et belle. Elle porte des sacs dont elle a
commencé à tirer de l'or .
153John Lee Grady, "Le fiasco Todd Bentley et
Lakeland," Charisma Magazine (16 août, 2008). 154Grady.
157Ibid.
94
. . .elle s'est mise à répandre de la
poussière d'or sur les gens". . . .C'est à cela que Todd s'adonne
depuis des années. D'ailleurs, cela n'a rien de nouveau. Todd et Bob
attribuent le réveil et les guérisons actuelles à un ange
qui apporterait "le souffle du changement". Ils disent que l'ange en question
reste aux commandes du mouvement. Comme l'a fait remarquer un jeune
prédicateur qui suit de près les réunions en Floride,
apparemment Todd parle davantage de son "ange guérisseur" que de
Jésus. Mais oui, il en est arrivé là ! L'Écriture
nous avertit explicitement que le diable "se transforme en ange de
lumière", et qu'au cours des derniers jours il y aura "toutes sortes de
signes et de prodiges mensongers", "au point de séduire, s'il
était possible, les élus". Nous imaginons-nous que le diable soit
incapable d'accomplir des miracles ? Avons-nous oublié les clairs
avertissements de la Bible ?155
On nage ici en plein Nouvel Âge avec leurs esprits guides.
Strom ajoute que : « plus récemment, Todd a raconté que lors
d'un de ses voyages "au troisième ciel" il a réellement
visité une petite cabane qui serait la demeure céleste de
l'apôtre Paul. Paul lui aurait dit qu'il avait écrit
l'épître aux Hébreux en collaboration avec le patriarche
Abraham. »156 C'est du délire. Mais ajoute Strom :
« Les réunions de Floride continuent à présent dans
un auditorium de huit mille places. Cette "onction" se répand maintenant
dans le monde entier. »157 Un vrai danger qui séduit
l'Église et qui contribue à son déclin spirituel, en la
conduisant sur des sentiers détournés, loin de la
vérité. Enfin, dans une lettre ouverte à Rick Joyner et
Peter Wagner, Andrew Strom dénonce les égarements sans nom de
Todd Bentley, citant même la presse anglaise qui dénonçait
Bentley comme pédophile et qui divulguait un sondage donnant 79% des
anglais contre son éventuelle venue en Angleterre.
7. Le Mouvement de la Foi
Fondé par Kenneth Hagin, ce mouvement exerce une grande
influence dans le milieu chrétien. Des prédicateurs connus, tels
que Kenneth Copeland, Fred Price, Charles Capps,
155Andrew Strom, "Gardez-vous des anges et des
guérisons du réveil de Floride !,"
http://www.blogdei.com/3569/gardez-vous-des-anges-et-des-guerisons-du-reveil-de-floride-par-andrew-strom/
(consulté le 24 novembre, 2010).
156Strom.
95
Benny Hinn, Jerry Savelle, etc. disent que Hagin leur a ouvert
les yeux sur l'efficacité de la « confession positive » pour
recevoir santé et prospérité. D'abord implanté aux
États-Unis, ce mouvement, très attirant par ses promesses
alléchantes, s'est rapidement répandu dans le monde entier,
notamment dans les pays pauvres ou émergents, où leur
littérature est abondante. Son enseignement pénètre
surtout les milieux charismatiques, mais pas seulement. Le message enseigne que
le chrétien peut posséder une santé parfaite et jouir
d'une prospérité constante. Ils s'appuient pour cela sur une
parole de Jésus, tirée hors du contexte global de
l'Écriture : « Je vous le dis en vérité, si quelqu'un
dit à cette montagne : Ôte-toi de là et jette-toi dans la
mer, et s'il ne doute point en son coeur, mais croit que ce qu'il dit arrive,
il le verra s'accomplir. C'est pourquoi je vous dis : Tout ce que vous
demanderez en priant, croyez que vous l'avez reçu, et vous le verrez
s'accomplir » (Mc11.23-24). Selon Samuel et Dorothée Hatzakortzian,
c'est en s'appuyant sur ces deux versets, ainsi que sur des expériences
personnelles de Hagin, qu'ils encouragent leurs disciples à confesser
qu'ils possèdent toutes choses « par la foi » et qu'ils n'ont
pas besoin de se soucier de la situation dans laquelle ils se trouvent. C'est
ainsi qu'une personne se doit d'affirmer que son cancer a disparu, même
si celui-ci est encore visible et constaté par le médecin. Il en
est de même du port de lunettes, d'une jambe amputée, du Sida, ou
d'un énorme découvert à la banque. L'essence même de
cette doctrine consiste à avoir la conviction de posséder ce que
l'on a confessé.158 Il s'agit d'une fausse et dangereuse
conception de la foi, car elle est basée sur des textes pris hors de
leur contexte comme le célèbre passage biblique de 3 Jean 2. Les
adhérents à cette doctrine rejettent les passages de l'Ecriture
différents de celui qu'ils veulent démontrer. Leur foi ne
considère pas l'ensemble des Écritures. Ils ne laissent pas la
Bible s'interpréter elle-même. Ils refusent la souffrance et ils
ignorent la souveraineté de Dieu. Selon eux, un chrétien ne
devrait jamais être malade et s'il l'est, il doit toujours être
guéri. Si l'on suit ce raisonnement
158Hatzakortzian, Résister, 41.
96
antiscripturaire, lorsque Paul a laissé Trophime malade
à Milet (2 Tm 4.20), il devait certainement manquer de foi ! S'appuyant
sur Hébreux 11.3, « C'est par la foi que nous reconnaissons que
l'univers a été formé par la parole de Dieu, en sorte que
ce qu'on voit n'a pas été fait de choses visibles », Kenneth
Hagin écrit :
Comment Dieu fit-il ? Il a cru que ce qu'il disait se
réaliserait. Il a prononcé une parole et la terre exista. Il a
parlé pour créer le règne végétal. Il a
parlé pour créer le règne animal ... Il dit et cela fut.
Voilà la foi de Dieu. Dieu a cru que ce qu'il disait arriverait et
il en fut ainsi. Jésus a manifesté cette foi de Dieu devant
ses disciples, et leur a appris qu'ils avaient en eux cette sorte de Foi, selon
laquelle l'homme croit en son coeur, dit ce qu'il croit et obtient ce qu'il
dit. Si vous ajoutez : "Je désire avoir une telle foi ; je vais prier
Dieu de me la donner", vous perdez votre temps.159
Pour propager sa doctrine sur la confession positive de la foi,
Hagin a développé des cassettes d'enseignement. Dans son ouvrage
cité en référence, il enseigne comment entraîner
l'esprit humain, et donne le témoignage d'un « chrétien
» qui, après avoir écouté et
réécouté sa cassette enregistrée, matin, midi et
soir, des centaines de fois, est devenu millionnaire. Cet homme disait qu'il se
laissait conduire selon ce que son esprit lui conseillait d'investir ici ou
là, ou encore quel terrain acheter. Le tout est d'obéir
immédiatement à ce que son esprit lui dit de faire et d'y mettre
toute sa foi.160 Plusieurs choses sont à relever. D'abord, il
ne s'agit pas de se laisser conduire par le Saint-Esprit mais par son propre
esprit d'homme. Ensuite, « des centaines de fois », cela
relève de la méthode Coué ; il s'agit ici
d'autosuggestion, de lavage de cerveau. Enfin, rejeter le Saint-Esprit, si tant
est qu'on l'ait jamais eu, est le meilleur moyen de se laisser envahir et
diriger par un démon. Sur ce sujet encore, Hatzakortzian cite Kenneth
Hagin :
Avez-vous jamais pensé, dit-il, à la
possibilité d'avoir foi en votre propre foi ? Manifestement, Dieu a foi
dans sa propre foi, puisqu'il prononce des paroles de foi et
159Kenneth E. Hagin, Grandir dans la foi,
(Randan, France: Éditions Béthesda, 1989), 104.
160Kenneth E. Hagin, How You Can Be Led by the
Spirit of God (Tulsa: Kenneth Hagin Ministries, 1978), 127-128.
97
qu'elles s'accomplissent ... En d'autres termes, avoir foi dans
vos paroles, c'est avoir foi en votre foi. C'est ce que vous devez apprendre
pour obtenir ce que vous demandez à Dieu. Ayez donc foi en votre propre
foi.161
Et d'ajouter : Quelle confusion ! Mais nous devons aller plus
loin pour découvrir d'où Kenneth Hagin lui-même a
reçu cet enseignement, car beaucoup de chrétiens ignorent
l'origine occulte de ce mouvement. L'historien chrétien Dan McConnell
nous informe que c'est E.W. Kenyon, un pasteur américain du début
du vingtième siècle, qui est à l'origine des principales
hérésies de ce mouvement. Voici ce qu'il dit :
Kenneth Hagin (le père actuel du mouvement de la «
parole de foi ») a plagié une bonne partie de la théologie
de E. W. Kenyon. Tous les leaders de ce mouvement de la foi, y compris Kenneth
Hagin, Kenneth Copeland, qu'ils l'admettent ou pas, sont les fils et
petits-fils spirituels de E.W. Kenyon. C'est donc Kenyon et non Hagin
(quoiqu'il dise) qui a formulé les principales doctrines de cet actuel
"mouvement de la foi". Les racines de la théologie de Kenyon remontent
à ses contacts avec deux sectes telles que le "New Thought" (Nouvelle
Pensée de Charles Wesley Emerson) et la "science chrétienne". La
théologie de Kenyon reflète l'étrange amalgame d'un
christianisme biblique avec une philosophie occulte et
hérétique.162
L'historien des religions, Dan McConnell rapporte encore ceci
:
John Kennington connaissait Kenyon d'une manière
très intime et le considérait comme son conseiller spirituel.
Cependant, petit à petit, il se rendit compte que son enseignement
était imprégné des idées de la « science
chrétienne ». Et un jour, dans une conversation avec lui, il lui
fit remarquer que ce qu'il enseignait ressemblait beaucoup à la "science
chrétienne". Kenyon l'admit et je me rappelle encore ce qu'il dit :
"Tout ce qui manque à la science chrétienne, c'est le sang de
Jésus-Christ". Il connaissait très bien cette doctrine et ses
origines. Puis il reconnut qu'il puisait abondamment à cette source ...
Ern Baxter, un prédicateur charismatique, croit aussi qu'il était
sans aucun doute influencé par la fondatrice de la science
chrétienne. Un jour, Kenyon lui aurait aussi déclaré qu'il
y avait beaucoup de bonnes choses dans les écrits de Marie Eddy Baker.
Ceci m'a profondément alarmé dit-il, et je me suis rendu compte
que la foi de Kenyon n'était pas fondée sur les Écritures
seulement, mais qu'il était aussi influencé par des concepts
métaphysiques, c'est-à-dire un système philosophique et
religieux qui croit que l'homme, par ses pensées et ses paroles, peut
contrôler et créer ce qu'il désire. L'influence de Kenyon
sur "le
161Hatzakortzian, Résister, 54.
162Theonoptie, "Les origines
hérétiques du mouvement de la foi,"
http://theonoptie.com/spip.php?article327
(consulté le 20 avril, 2012).
163Theonoptie.
98
mouvement de la foi" ne provient donc pas de son
interprétation biblique, mais plutôt d'un amalgame de
pensées provenant des sectes métaphysiques qu'il a
fréquentées de son temps (New Thought, Unity, la pensée
positive, la confession positive, etc.). La triste réalité est
que, dans ce mouvement de la foi, ce sont les influences occultes et non
bibliques qui occupent la première place. Là se trouve la raison
de son succès dans beaucoup d'églises aujourd'hui. "Comme un peu
de levain fait lever toute la pâte" (Ga 5.9), cet enseignement pernicieux
s'est répandu subtilement par le moyen de différents serviteurs
de Dieu (Hagin, Copeland, Price et Capps) qui l'ont même
radicalisé en lui donnant une importance toujours
croissante.163
Cette théologie de la foi est centrée sur l'homme.
Elle est basée sur une mauvaise traduction du passage des Saintes
Écritures en Marc 11.22 : « Ayez foi en Dieu ». Ils en tordent
le sens en traduisant : « Ayez la foi de Dieu ». Jésus ne
conférait pas une sorte de divinité aux hommes qui avaient la
foi, il exhortait les hommes à mettre leur foi, c'est-à-dire leur
confiance, en Dieu, en sa personne, en son caractère et en son oeuvre
rédemptrice. Par contre, par leur attitude, les leaders de ce mouvement
réduisent la foi en une dangereuse formule abstraite
hérétique. La foi biblique est toujours centrée sur Dieu
et non sur l'homme. Par ailleurs, les adhérents de cette confession
positive présentent souvent l'homme comme le souverain, et Dieu comme le
serviteur. Une telle attitude place Dieu au service de l'homme et non l'homme
au service de Dieu comme la Bible l'enseigne. Dans leur relation avec Dieu, ils
donnent la priorité à leurs désirs et ils
considèrent cela comme un signe d'autorité. Ils oublient que
l'autorité du chrétien n'existe que lorsque ses désirs
sont en harmonie avec la volonté souveraine de Dieu. Paul dit : «
C'est pourquoi ne soyez pas inconsidérés, mais comprenez quelle
est la volonté du Seigneur » (Ep 5.17). Quand le croyant
reconnaît la souveraineté de Christ dans sa vie, il ne cherche pas
à lui donner des ordres, mais plutôt à obéir, plaire
à son Maître, et le servir.
Les dirigeants de la confession positive ont également une
conception hérétique du sacrifice expiatoire de Jésus. En
résumé, Jésus n'aurait pas seulement porté nos
péchés sur la
99
croix, mais il serait devenu pécheur, prenant, en passant
par la mort, la même nature que Satan. Il en découlerait, toujours
selon eux, que Jésus, devenant un avec ce dernier, soit devenu aussi,
mort spirituellement. À partir de ce moment-là Jésus
aurait cessé d'être Dieu. Le Père l'aurait alors
laissé souffrir en enfer pendant trois jours, avant de le faire
naître de nouveau.164 Nous sommes ici en présence de
véritables élucubrations.
Une autre hérésie de ce mouvement est que l'homme,
une fois « né de nouveau », devient « un petit dieu
». Tous les prédicateurs du mouvement de la foi, Hagin, Copeland,
Benny Hinn, etc. propagent cette fausse doctrine de la «
déification de l'homme ».165 Nous sommes en plein Nouvel
Âge. Hélas, cette doctrine a envahi les églises dans le
monde et notamment en Afrique. Elle prend racine dans nos assemblées,
malgré nos invocations superstitieuses sans cesse
répétées : « Au nom de Jésus ». De plus,
le vrai croyant devra admettre que, si le nom de Jésus est souvent
cité dans les prières, nos pasteurs et leurs chrétiens
recherchent avant tout le (Saint) Esprit, oubliant Jésus et tout ce
qu'il nous a enseigné sur la mission du Saint-Esprit.
Hagin a aussi des problèmes au niveau de la
démonologie. Il écrit : « Vous pouvez avoir un démon
dans votre corps sans pour cela être possédé par un
démon. »166 Et d'ajouter à plusieurs reprises que
l'on ne peut pas chasser un démon d'une personne si le
possédé n'est pas d'accord.167 Cette
déclaration n'est pas conforme à l'enseignement des Saintes
Écritures, ni d'ailleurs à mes nombreuses expériences
vécues au cours de mon ministère. Dans son épître
à Tite, l'apôtre Paul dénonçait déjà
« les religieux rebelles, les vains discoureurs et les
164Hatzakortzian, Résister, 62.
165Ibid, 69-70.
166Kenneth E. Hagin, The Believer's Authority,
(Tulsa: Kenneth Hagin Ministries, 1984), 55. 167Ibid., 56,
60.
100
séducteurs, qui bouleversent des familles entières,
enseignant pour un gain honteux ce que l'on ne doit pas enseigner » (Tt
1.10).
En guise de synthèse, le mouvement de la « Parole de
foi » répand une doctrine centrée sur la réussite, la
prospérité, l'avancement, le gain, la santé et la force.
Selon eux, cela exige des connaissances révélées ; elle
réduit Dieu à un produit de notre foi, elle fait de Jésus
un simple homme « né de nouveau » ; elle exalte l'homme et
fait de lui l'égal de Jésus ; elle fait de l'homme un dieu ; elle
transforme la rédemption de l'homme en une restauration de la
capacité de dominer ; son but est de transformer la terre par la
domination spirituelle ; la « confession positive de la foi »
remplace la prière, et la manipulation des « forces puissantes qui
résident dans l'esprit humain » remplace la soumission à la
volonté de Dieu ; elle nie la réalité du
péché et de la maladie ; elle met l'accent sur le moi et sur le
monde, au lieu de le mettre sur Dieu et sur le Ciel. C'est le nouvel âge
qui a infiltré et agit déjà dans la troisième
vague, qui constitue la plus grande partie du « mouvement de
Pentecôte » aujourd'hui.
Hatzakortzian nous interpelle à ce sujet :
Ne pensons jamais que les fausses doctrines enseignées
dans certaines églises ne peuvent pas empoisonner le reste du Corps de
Christ. Comme un peu de levain (fausse doctrine) fait lever toute la pâte
(Ga 5.9), l'hérésie qu'un seul pasteur (ou un seul
chrétien) a acceptée et répandue autour de lui, se
propagera ensuite dans des directions imprévisibles et surprenantes (Ga
5.9-12).168
8. L'Évangile de la Santé et de la
Prospérité
Cet enseignement controversé fait partie du message du
« Mouvement de Foi » fondé par Kenneth Hagin en 1960 aux
États-Unis. Il est aisément accepté en contexte de
pauvreté, car il offre aux fidèles un horizon rêvé
qui les motive. Selon Pierre Coleman, ce nouvel évangile est basé
sur le mensonge suivant : « la pauvreté, la maladie, et
l'épreuve proviennent du péché et de Satan. Les
chrétiens sont les gosses du Roi. Dieu veut leur accorder richesses,
168Hatzakortzian, Résister, 9.
101
santé et longue vie. Il leur suffit de le croire et de le
confesser. »169 Le promoteur de cette pensée, Hagin, a
largement puisé ses idées dans l'enseignement initial de E. W.
Kenyon (1867-1948), jusqu'à plagier mot-à-mot ses documents.
Kenyon cherchait à promouvoir un « nouveau christianisme », en
adjoignant, à la foi évangélique, des fausses doctrines
puisées dans la Nouvelle Pensée (New Thought) et dans la Science
Chrétienne. Son enseignement incitait à la confession positive,
et diffusait une fausse conception de la santé du chrétien et de
sa prospérité. Hagin a écrit une centaine de livres sur
les divers sujets divers liés à son « Mouvement de Foi
», ce qui contribua à propager largement ses fausses doctrines et
à faire de nombreux disciples en infestant nombre d'églises dans
le monde entier. Kenneth Copeland lui succéda et développa encore
le « Mouvement de Foi ». Des évangélistes de renom ont
aussi été séduits par cette fausse doctrine et l'ont
répandu, comme William Branham, Oral Roberts, T. L. Osborn, Yonggi Cho,
John Osteen, et divers télévangélistes américains.
Apparu indépendamment du mouvement charismatique, l'évangile de
la prospérité serait le courant le plus en progrès au sein
du mouvement charismatique mondial.170 Cette doctrine a
également proliféré dans les églises
pentecôtistes, jusque dans nos assemblées, détournant les
fidèles de la saine doctrine. Il faut admettre que, dans notre
société qui traverse aujourd'hui une situation économique
difficile, beaucoup de personnes recherchent une solution à leurs
difficultés, et sont naturellement attirés par les promesses
alléchantes de cet enseignement séduisant mais faux. Le principal
problème vient du fait que cette doctrine apostate se base d'une part
sur des versets bibliques tirés hors de leur contexte, et d'autre part
sur des soi-disant révélations de tous les apôtres et
prophètes autoproclamés actuels, qui revêtent un manteau
évangélique et disent agir au nom de Jésus. De plus, les
nombreuses carences du corps pastoral, en termes d'enseignement biblique, de
sanctification, d'éthique ministérielle
169Pierre Coleman, "L'évangile de la
prospérité," Servir en l'attendant 6 (1991).
170McConnell, The Promise of Health and Wealth,
(London, UK: Hodder & Stoughton, 1990), 57.
171Coleman. 172Coleman.
102
et chrétienne, etc. les rendent plus facilement enclins
à tomber dans leurs filets, d'autant plus qu'ils ne se doutent
même pas des origines hérétiques de la doctrine de la
prospérité.
En résumé, le « Mouvement de Foi » repose
essentiellement sur trois erreurs très séduisantes : (1)
Premièrement, c'est une doctrine « magique » de la foi :
« Vous obtiendrez ce que vous dites ». En croyant dans son coeur et
en confessant par sa bouche, tout homme peut obtenir non seulement le salut,
mais tout ce qu'il veut, notamment la santé et la
prospérité. La foi étant opposée à la vue,
le croyant doit prendre autorité sur le diable et proclamer
posséder ce qu'il a demandé. Une seule prière suffit,
ensuite il faut remercier Dieu de sa réponse. Toute confession
négative annule l'effet de la confession positive
précédente. Ajouter « si Dieu le veut » exprime de
l'incrédulité et anéantit l'effet de la
prière.171 Cette doctrine prend pour assise certains versets
de la parole de Dieu comme Mt 17.20 en les tirant hors de leur contexte
évangélique. D'autre part, elle veut ignorer la
souveraineté de Dieu. (2) Deuxièmement, elle est une doctrine
perfectionniste de la santé : « Dieu vous veut en bonne
santé ». La maladie vient du diable et ne sert aucun but spirituel.
La guérison du corps est comprise dans l'expiation. Dieu veut toujours
nous guérir si nous avons la foi et si aucun péché ne nous
empêche de guérir. Jésus n'a jamais refusé la
guérison à quelqu'un sur la terre, donc il ne peut pas le lui
refuser, puisqu'il est le même hier, aujourd'hui et demain (Hé
13.8). Après avoir prié avec foi, le malade doit confesser sa
guérison. Si des symptômes persistent, il doit malgré cela
croire en sa guérison et arrêter tout traitement médical.
L'incrédulité du malade ou de son entourage peut le priver de la
guérison. Une fois guéri, s'il doute, il peut retomber
malade.172 Là encore des versets tirés de la Bible
tels que Esaïe 53.5 sont déformés, car la guérison
que nous avons reçue s'applique à la guérison spirituelle
comme le confirme le passage des Écritures en 1 Pierre 2.24. D'autre
part la souveraineté de Dieu est encore
173Ibid.
103
oubliée. Paul lui-même, a laissé Trophime
malade à Milet (Hé 13.8) bien que Dieu se soit servi de Paul pour
accomplir des miracles extraordinaires (Ac 19.11). (3) Troisièmement,
elle se caractérise comme une doctrine matérialiste de la
prospérité : « Dieu vous veut riche ». N'importe qui
peut s'approprier la richesse par la foi. La richesse fait partie des
bénédictions promises à Abraham et aux croyants qui
constituent sa postérité. La pauvreté fait partie des
malédictions annulées par la mort de Christ. La Nouvelle Alliance
étant meilleure que l'Ancienne, Dieu ne veut pas et ne va pas laisser
ses enfants pauvres. Toutefois les chrétiens doivent se montrer
généreux envers Dieu et ses serviteurs par leurs dîmes et
leurs offrandes. En donnant ainsi pour l'oeuvre de Dieu, ils plantent une
semence de foi qui pourra leur rapporter jusqu'au centuple.173
Là encore, cet enseignement détourne les versets de leur contexte
et de leur signification. La bénédiction promise à Abraham
et dont les croyants héritent concerne le salut (Ac 19.11). La loi du
centuple (Mc 10.29-30) ne mentionne pas l'argent, dont Jésus venait
d'évoquer le danger de l'attachement que l'on peut y porter. Soulignons
aussi que la prospérité peut constituer un danger, alors que la
pauvreté n'est pas toujours une malédiction. Agur pria ainsi
l'Éternel : « Ne me donne ni pauvreté ni richesse,
accorde-moi le pain qui m'est nécessaire, de peur que, dans l'abondance,
je ne te renie et ne dise : Qui est l'Eternel ? Ou que, dans la
pauvreté, je ne dérobe, et ne m'attaque au nom de mon Dieu »
(Pr 30.8-9). Dieu promet de pourvoir à tous nos besoins
matériels, à la condition que nous cherchions premièrement
son royaume et sa justice (Mt 6.25-34). Par ailleurs, Paul encourage les
chrétiens à résister aux fausses doctrines ainsi qu'aux
faux docteurs, et à rechercher dans la piété le
contentement (1 Tm 6.6-8). Il en est de même de l'auteur de
l'épître aux Hébreux (Hé 13.5).
Pierre-Joseph Laurent observe :
104
Avec la "théologie de la prospérité", nous
sommes en présence d'une religiosité populaire où
s'affirme l'idée d'endetter la divinité à travers des
dons, et plus précisément des dons rusés (silim kouni
en mooré) avec l'espoir de recevoir plus un jour. Et dans ce sens,
la "théologie de la prospérité" s'apparente à la
formule do ut des, du donner pour recevoir. . . .En d'autres mots,
plus on donne et plus on gagne en bénédiction. A contrario, ne
pas donner à Dieu égalerait à donner au
diable.174
Pierre-Joseph Laurent perçoit également les
changements intervenus dans les années 1990 au Burkina Faso, en ville
plus qu'en campagne, qui se produisent à l'instigation des
fidèles ou de jeunes pasteurs non encore établis sous forme de
cultes enflammés par les manifestations de plus en plus nombreuses de
l'Esprit, ou de l'apparition de cultes de délivrance animés par
des croyants-guérisseurs exerçant leurs dons à la
lisière de l'Église instituée. En bref, Laurent voit en
cela une néo-pentecôtisation des AD, qui résulte plus des
fidèles que de l'élite, laquelle perçoit ce processus
à la fois comme une contestation interne, une perte de contrôle
sur les destinées de l'Église et un risque de
segmentation.175 Il souligne, dans son ouvrage sorti en 2003, que
:
Pour le président des AD, la "théologie de la
prospérité" ne peut pas fonctionner au Burkina Faso car cette
croyance stigmatise la pauvreté. Le Pasteur Philippe Ouédraogo
estime, quant à lui, que la "théologie de la
prospérité" constitue une dérive dans la mesure où
elle ne figure pas dans la Bible. Le refus de la "théologie de la
prospérité" s'appuie sur la récusation de la liaison de la
pauvreté au péché. Dans un même ordre d'idée,
les responsables de l'Église opposent la même
désapprobation à l'idée de reconnaître dans
l'enrichissement d'une personne la preuve de l'élection
divine.176
Il n'en demeure pas moins que, dans la croyance populaire et dans
les églises AD, la réception d'un don ou d'une réussite
quelconque est conçue comme une bénédiction divine. Il est
donc difficile de faire la différence entre les deux. On peut même
se demander si le fait
174Pierre-Joseph Laurent, Les pentecôtistes
du Burkina Faso, mariage, pouvoir et guérison, (Paris, France: IRD
Éditions, 2003), 248.
175Ibid.
176Laurent, Les pentecôtistes du Burkina
Faso, mariage, pouvoir et guérison, 249.
105
pour les croyants de donner la dîme ou des offrandes
conséquentes n'est pas un moyen d'attirer la bienveillance de la
divinité, ou son pardon pour quelque faute commise.
De nos jours, de nombreux prédicateurs de
l'évangile de la prospérité roulent en Rolls Royce ou
d'autres voitures hyperpuissantes, dernier cri. Ils voyagent en classe business
ou en première classe ou encore possèdent leurs propres avions.
Ils possèdent de grosses entreprises ainsi que des
propriétés privées de plusieurs millions de dollars. Ces
soi-disant « hommes de Dieu » donnent une mauvaise presse au
Pentecôtisme. Leur message est le suivant : Si vous bénissez celui
qui est béni, c'est-à-dire moi le pasteur, vous serez
bénis à votre tour. Sans aller jusqu'à de tels
extrêmes, nous devons reconnaître que nous vivons nous-mêmes
de telles aberrations et que nous donnons un mauvais témoignage,
très loin de l'Evangile de Christ. Aujourd'hui, la fortune personnelle
de certains pasteurs, au sein de notre propre mouvement, vaut plusieurs
millions de fois la fortune de beaucoup de leurs fidèles. Est-ce normal,
quand on considère qu'ils ne sont pas nés avec ?
Récemment, le « super-pasteur » de la plus grande
église de Ouagadougou (qui ne fait pas partie des AD) amena un
prédicateur de la prospérité dans son annexe de Koudougou.
À la fin de son message, ce dernier commença à faire
s'approcher tous ceux qui voulaient être bénis. D'abord ceux qui
apportaient 500.000 francs, puis ceux qui donnaient 200.000, ceux de 100.000,
etc. Les petits montants n'étaient pas acceptés. Seuls ceux qui
déposaient de grosses sommes seraient bénis par
Dieu.177 C'est désolant ! Comment peut-on être si
naïf ? Et pourtant, dans nos églises, certains chrétiens
donnent de grosses offrandes, dans l'espoir caché de recevoir de larges
bénédictions en retour. Selon A. Brandon :
L'évangile de la prospérité doit son
succès foudroyant à l'efficacité de sa diffusion, mais
aussi à d'autre facteurs : le goût de la nouveauté, la soif
du miraculeux, le refus de la souffrance, le culte de la personnalité,
la primauté de l'expérience sur l'enseignement de la Parole de
Dieu. Enfin et surtout, son message
177Témoignage recueilli d'un pasteur
présent à cette réunion.
106
chatouille les oreilles de l'homme moderne, ravi de se voir
promettre ce qu'il recherche déjà comme valeurs suprêmes :
la santé et la prospérité.178
Ce ne sont pas les seules raisons. On peut évoquer d'abord
le manque d'enseignement et de discernement du corps pastoral et des
chrétiens, ainsi que toutes les fausses croyances qui circulent,
liées soit à la tradition, soit à de fausses doctrines
prêchées dans nos églises. Parmi elles, je pourrais citer
le remplacement d'Israël par l'Église, avec pour conséquence
l'attribution à cette dernière de toutes les promesses faites
à Israël, y compris les notions de bénédictions et de
malédictions, liées aux ancêtres ou à d'autres
facteurs, qui polluent nos églises aujourd'hui. Devons-nous accepter de
dire, comme me le confiait un ancien président de notre mouvement, que
certains de nos pasteurs ne sont pas convertis ? Faut-il avoir le courage
d'avouer que nos églises sont remplies de membres
irrégénérés. Préférons-nous faire
l'autruche et fermer les yeux ? Que Dieu nous aide car, à la fin, c'est
lui qui nous jugera.
1. La Couverture Spirituelle
Le mouvement de la Couverture Spirituelle appelé d'abord
le « Discipleship and Shepherding Movement » (Mouvement des Disciples
et des Bergers), a été initié par le « groupe des
cinq de Fort Lauderdale » qui comprenait Don Basham, Ern Baxter, Bob
Mumford, Derek Prince et Charles Simpson. Leur but était de
remédier à certaines déficiences de l'Église
moderne en affirmant que chaque chrétien doit avoir un berger
chargé d'assurer sa direction spirituelle. Ce berger doit devenir le
conducteur spirituel du jeune converti, le conseiller, et même prendre
certaines décisions à sa place. Ce berger est «
l'autorité divine déléguée », et ses avis
doivent toujours être suivis. Le berger devient en quelque sorte «
l'ambassadeur de Dieu » chargé de communiquer les messages de Dieu
au disciple. Le fait de désobéir au messager de Dieu revient donc
à désobéir à Dieu lui-même.
178A. Brandon, Health and Wealth, (1987), ch.
8.
107
Par conséquent, le disciple doit toujours faire confiance
au jugement de son berger, plutôt qu'à son jugement propre. Le
disciple est ainsi censé être protégé en toute
occasion, même quand le berger prend des mauvaises décisions
à son égard. Le berger est aussi censé protéger le
disciple des attaques de Satan, qui pourrait l'influencer dans le mauvais sens,
pour prendre de mauvaises décisions. L'un des dirigeants, Charles
Simpson, a déclaré : « Nous sommes protégés
par l'autorité à laquelle nous nous soumettons. Si nous ne sommes
pas soumis, nous ne sommes plus protégés. »179 Un
autre dirigeant du mouvement, Derek Prince, écrit : « En tant que
chrétiens, nous ne devons pas obéir à ceux qui sont en
position d'autorité parce qu'ils ont raison. Nous leur obéissons
simplement parce qu'ils sont en position d'autorité. Car toute
autorité a été instituée par Dieu lui-même.
»180 Face à toutes ces hérésies, il est
bon de rappeler que le chrétien doit se soumettre uniquement à
celui qui a payé le prix de sa rédemption, le Seigneur
Jésus-Christ. C'est à lui seul que nous devons obéir.
2. The New Apostolic Reformation
Depuis 1994, Peter Wagner travaille à développer le
« New Apostolic Reformation Movement » (Nouvelle Réforme
Apostolique). Ce mouvement a vu le jour lors d'un « symposium national sur
l'Église post-dénominationnelle », organisé par
Wagner au Fuller Theological Seminary en 1996. Wagner précise que,
après avoir étudié la croissance de l'Église depuis
des années, il est venu à la conclusion que le temps des
dénominations était révolu et que le temps d'une nouvelle
génération post-dénominationnelle était
arrivé. Dans son livre « The New Apostolic Churches », Wagner
cite dix-huit apôtres qui représenteront ce nouveau mouvement.
Parmi eux, figurent trois pasteurs non-charismatiques, Bill Hybels, pasteur
principal de la Willow Creek Community Church à South Barrington,
Illinois ;
179Charles Simpson, "Covering of the Lord," New
Wine Magazine 5.12 (1986): 29.
180Derek Prince, Discipleship, Shepherding,
Commitment, (Fort Lauderdale: Derek Prince Publications, 1976), 18.
181Vinson Synan, An Eyewitness Remembers The
Century of The Holy Spirit, (Grand Rapids, Michigan: Chosen Books, 2010),
181-187.
108
Michael Fletcher, pasteur principal de Manna Church à
Fayetteville, Caroline du Nord, et président de Grace Churches
International ; David Kim, pasteur principal de la Seoul Grace Church et
président de Grace Ministries International qui a implanté plus
de 9,000 églises en Russie, en Afrique, en Chine au Vietnam et en
Amérique du Sud. Trois autres pasteurs, charismatiques et liés
à la troisième vague sont mentionnés, Billy Joe Daugherty
décédé le 22 novembre 2009, Roberts Liardon qui a depuis,
chuté moralement pour homosexualité, et le pasteur
nigérian William Kumuyi, fondateur et General Superintendant de la
Deeper Life Bible Church à Lagos. Parmi les autres, citons encore le
Nigérian Enoch Adeboye, pasteur principal et président de la
Redeemed Christian Church of God, et un autre Nigérian David Oyedepo,
pasteur principal de Tabernacle de la Foi à Lagos, apôtre
déclaré du Mouvement de la Foi au Nigéria, fondateur en
1981 du mouvement international « Winners' Chapel » (également
connu sous le nom de Living Faith Church). En 1999, Wagner a structuré
ses adeptes dans une organisation appelée la « coalition
internationale des apôtres ».181
La doctrine du mouvement est basée sur le «
Shepherding Movement » (couverture spirituelle), sur le «
Dominionisme » selon lequel les chrétiens doivent s'emparer et
diriger les principaux postes dans l'administration et le gouvernement
américains, sur la « Kingdom Now Theology » (théologie
du royaume maintenant), sur la « Restauration des Apôtres et
Prophètes », sur le « Mouvement de Foi » et ses doctrines
dont fait partie la prospérité. Notons que le Mouvement Par
ailleurs, le « New Apostolic Reformation Movement » a des
implications politiques nombreuses et variées, cultivant des contacts
avec Jimmy Carter, Bill Clinton, Georges W. Bush, Barak Obama, Sarah Palin,
Rick Perry du Texas, etc.
109
3. Les Promise Keepers
Un mouvement d'hommes, charismatique et oecuménique,
appelé les « Promise Keepers » (les hommes de parole) a
débuté aux États-Unis en 1991, sous l'impulsion de Bill
McCartney, de l'église Vineyard de John Wimber, un des promoteurs de la
« vague de rire » de Toronto. Il s'est répandu sur tout le
continent nord-américain. Considéré par ses dirigeants
comme une puissante manifestation de l'Esprit, il influence aujourd'hui
beaucoup d'églises à travers le monde. Les réactions
médiatiques ont été, comme à l'accoutumée,
encensements et controverses. En Europe, de nombreux chrétiens lui sont
favorables et, sans discernement, l'acceptent avec enthousiasme. D'autres, avec
raison, ont des doutes car, bien que séduisant, il possède d'une
part de graves lacunes doctrinales, et d'autre part certains de leurs objectifs
et certaines de leurs méthodes posent problème. Leur but
avoué est d'unir des hommes de toutes dénominations
chrétiennes pour les amener à restaurer leur niveau de
responsabilité dans le foyer, l'église et la
société. Pour atteindre ce but, le fondateur de ce mouvement veut
conduire ses adhérents à se qualifier dans trois autres domaines
essentiels : l'intégrité, l'engagement et l'action.182
Ce mouvement cherche à attirer un maximum de pasteurs en son sein, et
pour ce faire encourage les chrétiens acquis à leur cause
à s'investir pleinement dans l'église locale, pour interpeller
les pasteurs sur l'utilité de leur mouvement. Un autre côté
séduisant est leurs rassemblements de masse qui connaissent une
croissance phénoménale. 4.200 hommes ont assisté à
leur première réunion à Boulder, au Colorado, en 1991 ;
22.000 hommes en 1992 ; 50.000 en 1993 ; 300.000 en 1994 ; et leur objectif
fixé de rassembler un million d'hommes à Washington en 1997 a
été atteint.183
Selon Hatzakortzian, toutes les dénominations
chrétiennes sont représentées : les protestants, les
évangéliques, les pentecôtistes, ainsi que, c'est à
souligner, les catholiques et
182Hatzakortzian, Résister, 23.
183Hatzakortzian, Résister, 24.
110
les mormons. Les Promise Keepers ont reçu la pleine
approbation de certains leaders évangéliques mondialement connus,
comme Bill Bright de Campus pour Christ, ainsi que le psychologue
chrétien et écrivain James Dobson de « Focus on Family
», qui soutiennent ce mouvement depuis son début. L'engagement de
ces deux ministères réputés représente pour
beaucoup une garantie totale contre la déviance spirituelle.
Hélas, une fois encore, sous des apparences humaines très
recommandables, se cachent de sérieuses déviations doctrinales.
Ceci rappelle l'avertissement de Paul aux anciens d'Éphèse :
« ils s'élèvera du milieu de vous des hommes qui
enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples
après eux » (Ac 20.30). Comme nous l'avons vu, leur but peut
sembler excellent, mais si la parole de Dieu ne demeure pas le seul fondement
d'une organisation chrétienne, les meilleurs objectifs ne pourront
être atteints. Le principe fondamental subsiste : « L'oeuvre de Dieu
ne peut se faire qu'avec les moyens de Dieu. » Le roi Salomon
écrivit : « Si l'Éternel ne bâtit la maison, ceux qui
la bâtissent travaillent en vain » (Ps 127.1). Lorsque nous sommes
confrontés à des nouveautés, en termes de
révélations, d'expériences ou de directions spirituelles,
il est important de les confronter aux Écritures. Le Saint-Esprit et la
parole de Dieu sont intimement liés et coopèrent toujours dans
une harmonie parfaite. Le Saint-Esprit ne nous amènera jamais à
mésestimer ou à nous détourner de la saine doctrine. Il
veut que les croyants combattent « pour la foi transmise aux saints une
fois pour toutes » (Jude 3). Or Paul nous prévient : «
L'Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns
abandonneront la foi, pour s'attacher à des esprits séducteurs et
à des doctrines de démons » (1 Tm 4.1). Or que
constatons-nous ici ? D'abord, ils recommandent à leurs membres
d'ignorer les différences doctrinales et les poussent à promettre
de ne pas considérer la doctrine comme une barrière qui les
empêcherait de s'unir entre eux. Rappelons que nous parlons
d'unité entre protestants, évangéliques,
pentecôtistes, catholiques, et mormons. Pour cela, en 1997, ils ont
enlevé de leur confession de foi l'expression « justification par
la foi
111
seulement » pour la remplacer par « le salut par
grâce et par la foi, mais pas par ces moyens seulement » afin de
plaire aux catholiques qui ajoutent les oeuvres et leurs sacrements à la
foi. Pour se justifier, Paul Edwards, un de leurs responsables, prétend
que « la vérité et l'unité sont de valeur
égale ».184 D'autre part, chaque membre est
exhorté à faire « sept promesses » pour parvenir
à un réveil personnel ou national. Un livre intitulé
« les sept promesses d'un Promise Keeper » est remis à chacun.
Il s'agit ici de règles humaines qu'ils placent au-dessus de la parole
de Dieu. Le journal Times de Los Angeles du 6 mai 1995 a cité un
responsable mormon : « les Sept promesses des Promise Keepers semblent
sortir directement de notre manuel de formation pour leaders spirituels. »
Un des grands dangers du mouvement des Promise Keepers est son esprit
oecuménique, c'est-à-dire son ouverture au catholicisme et au
mormonisme, avec lesquels Bill McCartney s'est lancé dans toutes sortes
de compromis et de compromissions. Ajoutons que même les homosexuels sont
encouragés à intégrer le mouvement. Nous sommes à
nouveau ici en plein Nouvel Âge. Ils préparent la venue de
l'Antichrist en fabriquant une unité humaine factice à force de
rassemblements, de séminaires ou d'organisations
interecclésiastiques, alors que la seule unité chrétienne
est spirituelle. Dans le chapitre 17 de l'Évangile selon Jean,
Jésus n'a pas prié « pour qu'ils deviennent un » mais
« pour qu'ils soient un », c'est-à-dire qu'ils conservent
l'unité. Il n'est pas possible de s'associer avec quelqu'un qui
prône des doctrines contraires à la saine et sainte parole de
Dieu. Pour résumer les autres erreurs doctrinales, ils s'ingèrent
dans la vie privée et intime des hommes qui sont tenus de
dévoiler en réunion même les détails de leur
activité sexuelle ; ils développent un esprit autoritaire
exagéré, prônant une seule tête, une seule direction,
un seul leadership, entraînant leurs membres à bientôt
accepter le leadership satanique de l'Antichrist ; le pasteur de Bill
McCartney, James Ryle, prophète dans le mouvement Vineyard de John
Wimber, est en étroite communion avec les mouvements Toronto,
184Hatzakortzian, Résister, 29-37.
112
Lakeland, etc. Enfin, ils prêchent que la mission de
l'Église ici-bas, est non seulement l'évangélisation des
personnes, mais aussi et surtout la transformation et la christianisation de la
société, tenant en cela un langage similaire au « mouvement
de la restauration », aux « reconstructionnistes », à la
« théologie de la domination » ou au « royaume de Dieu
maintenant ».185 On comprend mieux les paroles de Jésus
: « ceux qui me disent Seigneur, Seigneur, n'entreront pas tous dans le
royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon
Père qui est dans les cieux » (Mt 7.21).
4. Les Débordements qui entachent les Réveils
Tout chrétien né de nouveau a le droit et le devoir
d'être choqué et attristé par toutes ces manifestations
diaboliques, faites « au nom de Jésus », qui
discréditent les réveils de l'Esprit. C'est ni plus ni moins
qu'un blasphème contre le Saint-Esprit, mais inversé. Alors que
les pharisiens qualifiaient les miracles de Jésus de démoniaques,
ici, ce sont des miracles démoniaques qui sont attribués au
Saint-Esprit et au nom de Jésus. En réalité, l'histoire de
l'Église nous apprend que les réveils de l'Esprit ont souvent
été accompagnés de manifestations extravagantes. Non pas
que ces manifestations viennent du Saint-Esprit, mais à un moment ou
à un autre, le diable s'est immiscé dans le réveil pour
s'opposer à l'action de Dieu et le décrédibiliser. Dans
son journal personnel, Wesley nota, le 7 juillet 1739, sa discussion avec
Whitefield sur les signes extérieurs particuliers qui accompagnaient les
réveils, tels que les convulsions, les cris, les gémissements,
les chutes, etc.186 Le 25 novembre 1758, il réécrivit
à ce sujet dans son Journal, soulignant le danger de ces circonstances
extraordinaires, et pointant du doigt Satan qui cherchait à imiter
l'oeuvre divine de manière à
185Hatzakortzian, Résister, 28.
186F. Lovsky, Wesley apôtre des foules,
pasteur des pauvres (Sannois, France: Éditions du Réveil,
1951), 51.
113
jeter le discrédit sur l'oeuvre
entière.187 Andrew Strom dit que bien des réveils se
sont terminés avant l'heure, parce qu'ils avaient été
infiltrés ou entachés avec de sales tactiques de l'ennemi. Il
souligne la tactique favorite du diable qui consiste à inonder les
réveils de contrefaçons, d'esprits séducteurs, de
manifestations pour le moins étranges, de disputes et d'excès,
afin de miner et de nuire aux véritables réveils jusqu'à
leur épuisement. Il cite notamment le grand réveil
américain, début 1800, qui a commencé avec la repentance
et fini avec lesdites manifestations, et d'autres encore : Le réveil
mené par Whitefield en 1700, le réveil gallois en 1904, ainsi que
les revivalistes Charles Finney, John Wesley et Frank Bartleman, qui
étaient tous conscients de ces obstacles à l'oeuvre de Dieu.
188 Le revivaliste américain du dix-huitième
siècle, Jonathan Edwards, évoque lui aussi ces nombreuses
contrefaçons diaboliques.189
Le problème principal est le manque d'enseignement des
chrétiens. On le voit ici avec cette insistance des soi-disant
prophètes qui encouragent les chrétiens à se laisser aller
sans réfléchir et sans se référer aux Saintes
Écritures. George O. Wood, cite Thomas Zimmerman qui « comparait le
Saint-Esprit à une rivière impétueuse et les
Écritures aux berges de cette rivière. Zimmerman disait que le
plus grand mal qui pouvait arriver à cette rivière c'était
de déborder des rives, mais que la rivière qui restait dans son
lit était bonne. » Et de conseiller : « c'est ainsi que pour
nous, il est prudent d'utiliser le garde-fou que fournit la Bible et de tout
faire passer par le test : "examinez toutes choses". »190
George Wood ajoute :
187Ibid., 52.
188Andrew Strom, "La bénédiction de
Toronto a-t-elle tué la notion biblique des réveils ?,"
http://www.regard.eu.org/Edification/TXT.complet.edification3/Benediction.toronto.reveil.html
(consulté le 24 novembre, 2010).
189Jonathan Edwards, Une oeuvre du Saint-Esprit :
ses vrais signes, (Chalon-sur-Saône, France : Éditions
Europresse, 1996), 23.
190George O. Wood, Wood Revival Statement,
http://agchurches.org/Sitefiles/Default/RSS/AG.org%20TOP/WoodRevivalStatement.pdf
(consulté le 24 avril, 2012).
192Henri Viaud-Murat, "L'esprit de service,"
http://www.sourcedevie.com
(consulté le 15 mai, 2012), 1.
114
Les questions que nous devrions toujours nous poser : (1)
Jésus est-il exalté et élevé ? Le but du
Saint-Esprit est d'attester le Christ, et de convaincre le monde de
péché, de justice et de jugement selon Jean 15.26, 16.8 ... (2)
Est-ce que la Parole de Dieu est proclamée ? Tout réveil pour
avoir des effets durables doit être enraciné dans la
prédication de la Parole de Dieu, conformément à ce qui se
passait dans l'église primitive ... Pour tester un réveil, il
faut chercher à savoir si la prédication est la même que
celle de Jésus et des apôtres ... Des manifestations miraculeuses
ne sont jamais la preuve d'un véritable réveil-la
fidélité à la Parole de Dieu est la preuve ... Si le
message et le messager s'alignent sur la Parole de Dieu, alors le réveil
qui se produit est fondé sur un terrain biblique sûr, et il peut
et il doit être accepté. Sinon, malgré miracles et
manifestations, il faut s'en garder ...(3) Est-ce que nous voyons des personnes
se repentir de leurs péchés, être baptisées d'eau et
du Saint-Esprit ? La repentance est appelée le premier mot de
l'Évangile car c'est à la repentance que Jean-Baptiste appelait
(Mt 3.2) et Jésus (Mt 4.17), les douze (Mc 16.2), Jésus
après sa résurrection (Lc 24.47), Pierre (Ac 2.36), et Paul (Ac
26.20). À la suite de la repentance vient le baptême d'eau et
l'expérience bouleversante du baptême dans le Saint-Esprit (Ac
2.38-39).191
Wood fait remarquer l'immaturité spirituelle des pasteurs
et des chrétiens. Beaucoup recherchent la puissance plutôt que la
présence de Jésus-Christ. Ils ne regardent plus à
Jésus comme le recommande l'auteur de l'épître aux
Hébreux : « Ayant les regards sur Jésus qui suscite la foi
et la mène à la perfection » (Hé 12.2). Ce faisant,
ils ouvrent la porte à toutes sortes de puissances d'égarement
qui les séduisent et les égarent par de faux enseignements, comme
nous pouvons le constater journellement dans nos églises.
Toutefois, nous ne devons pas nous étonner des
débordements ni des contrefaçons sataniques des soi-disant
réveils qui surgissent ici et là, et qui sont à l'origine
du plus grand déclin spirituel. Henri Viaud-Murat nous rappelle une
prophétie donnée au moment du réveil de Pentecôte,
rue Azusa : « Dans les derniers temps, ce réveil que vous voyez se
corrompra. On recherchera les dons de l'Esprit avant le Fruit de l'Esprit. On
recherchera la louange avant la sanctification. On recherchera la puissance
avant la repentance. »192
191Ibid.
115
III. LE MOUVEMENT DE PENTECÔTE DE NOS JOURS
Plusieurs précisions sont nécessaires pour une
bonne compréhension. La première concerne la distinction à
faire entre évangéliques et pentecôtistes. Les
médias font souvent l'amalgame entre ces deux appellations. Or si tout
pentecôtiste se doit d'être évangélique, tous les
évangéliques ne sont pas forcément pentecôtistes,
puisque la majorité n'accepte pas la doctrine biblique du baptême
du Saint-Esprit et de son signe initial du parler en langues.
La deuxième différenciation est à faire
entre tous ceux qui s'appellent pentecôtistes. Là encore, les
médias mélangent les trois principaux courants de ce qui est
appelé « le Mouvement de l'Esprit » : (1) Les vrais
pentecôtistes ou « classiques » issus des mouvements de
réveil du début du vingtième siècle, au Pays de
Galles, à Azusa Street, regroupés au sein des AoG ; (2) Les
« charismatiques » issus des réveils qui ont touché
dès 1960 des protestants demeurés dans leur dénomination,
et des catholiques issus des effusions de l'Esprit depuis 1972 et restés
dans le catholicisme ; (3) et enfin ceux de la « Troisième Vague
», qui se nomment « néo-pentecôtistes » afin de
séduire les mouvements chrétiens, et qui regroupent tous les
différents mouvements inspirés des prophètes de Kansas
City, du Mouvement de la Pluie de l'Arrière-Saison, du mouvement
Vineyard, des prétendus réveils de Toronto, de Pensacola, de
Lakeland, et tous les courants de pensée qui y sont rattachés :
Mouvement de la Foi, Évangile de Santé et de
Prospérité, Couverture Spirituelle, New Apostolic Reformation,
Promise Keepers, etc.
A. Les Trois Principaux Courants Pentecôtistes
Les diverses statistiques disponibles révèlent
d'énormes disparités entre les différents courants qui se
réfèrent au pentecôtisme. Selon Olivier de Tarragon de
l'École Biblique Emmaüs de Côte d'Ivoire, le mouvement de
Pentecôte représente environ 550 millions
116
d'adhérents, les AoG étant la dénomination
la plus importante.193 Selon la World Christian Database, les
pentecôtistes classiques sont au nombre de 78 millions, les
charismatiques de 192 millions, et les néo-pentecôtistes (la
Troisième Vague) de 318 millions, ce qui fait un total de 588 millions.
Raymond Pfister de l'Institut biblique Emmaüs de Suisse écrit :
« On a recensé 535 millions de pentecôtistes dans le monde
(en 2000) dont 65 millions de pentecôtistes classiques, 175 millions de
charismatiques et 295 millions de néo-pentecôtistes (la
Troisième Vague). »194 Ces chiffres sont significatifs.
Même si Barrett et Johnson constatent que la mouvance pentecôtiste
représente environ 28% de la chrétienté mondiale
(catholiques, orthodoxes, protestants, évangéliques), la
répartition entre les différents courants doit nous interpeller :
(1) Le mouvement très controversé de la Troisième Vague,
né dans les années 1980, représente à lui tout seul
55% des pentecôtistes, après 30 années d'existence. (2) Les
charismatiques (1960) représentent 32%, après 50 années
d'existence. (3) Les pentecôtistes classiques, les Assemblées de
Dieu et ses adhérents, ne représentent que 12%, soit 65 millions
de membres, ce qui correspond aux 64.100.171 adhérents reconnus pour
2010 par les AoG,195 alors que leur réveil date de plus de
100 ans. Les pentecôtistes classiques, AoG ou AD, représentent
donc 12% des 28% de la chrétienté globale, soit 3% de ce que l'on
appelle la chrétienté mondiale.
B. La Définition Actuelle du Pentecôtisme
Michel Forey, président des Assemblées de Dieu de
France, déclarait en 2006, « le pentecôtisme est l'action
pleine et entière du Saint-Esprit dans l'Église. Le
pentecôtisme a
193Olivier de Tarragon, "les dénominations
protestantes et évangéliques - les églises
pentecôtistes,"
http://cms.unpoissondansle.net/?p=5242
(consulté le 12 novembre, 2011).
194Ibid.
195AoG General Secretary's Office, Statistics, AG
Worldwide Churches and Adherents 1987-2010, 6/21/11, ADHWW.xlsx
(consulté le 06 avril 2012).
200Olivier Favre, "Les débats qui traversent
le pentecôtisme," Le Christianisme aujourd'hui 4.4 (Avril 2006):
18.
117
toujours été le fer de lance de l'Église,
depuis les temps apostoliques. Le modèle de départ était
une Église remplie de l'Esprit. »196 Allan Anderson,
spécialiste réputé du pentecôtisme, ajoute : «
Si on parle d'un accent fort sur la présence de l'Esprit Saint et
l'exercice des dons spirituels, oui, il s'agit bien là de l'avenir de
l'Église. Les églises qui ne sont pas capables d'intégrer
la réalité charismatique sont vouées au déclin.
»197 Et d'ajouter : « Il offre de la vraie
spiritualité. Cette notion selon laquelle "Dieu est présent, il
agit concrètement dans ma vie", voilà ce que les gens veulent.
»198 De son côté, Raymond Pfister,
théologien pentecôtiste français dit : « Le
pentecôtisme redonne son esprit au christianisme. L'Église
biblique est charismatique. »199 Les sociologues des religions
partagent cette vision du pentecôtisme. Le Suisse Olivier Favre, pasteur
lui-même, estime que « le développement
évangélique continuera à passer d'abord par son aile
charismatique en phase avec les attentes émotionnelles des gens.
»200 Quant à son expansion mondiale, le sociologue
Jean-Pierre Bastian, de l'Université de Strasbourg, met l'accent sur le
choc de la modernité dans les pays émergents qui explique
l'engouement pentecôtiste qui prévaut actuellement en Afrique, en
Amérique du Sud, ou en Asie :
Le pentecôtisme a été un espace de
reconstruction sociale des populations déracinées ou en perte de
valeurs, car migrantes ou brutalement urbanisées. Dans ces
Églises dynamiques et ouvertes à la piété
populaire, elles ont reconstruit leur monde, à distance de la
société d'accueil. Elles y ont aussi quelquefois trouvé un
des rares moyens d'ascension sociale possibles. Les
télévangélistes en représentent
l'aboutissement.201
196Michel Forey, "Les débats qui traversent
le pentecôtisme," Le Christianisme aujourd'hui 4.4 (Avril 2006):
18.
197Allan Anderson, "Les débats qui traversent
le pentecôtisme," Le Christianisme aujourd'hui, 4.4 (Avril
2006): 18.
198Ibid.
199Raymond Pfister, "Les débats qui traversent
le pentecôtisme," Le Christianisme aujourd'hui 4.4 (Avril 2006):
18.
118
C. L'Ère de la Séduction
Nous avons vu dans les différents courants qui ont suivi
le réveil de Pentecôte du début du vingtième
siècle, et notamment dans la troisième vague, les imitations, les
faux-semblants et tous les simulacres spirituels qui tentent de
décrédibiliser l'oeuvre de Dieu.
Jésus nous a prévenus des faux-prophètes qui
viennent en vêtements de brebis mais qui, au-dedans, sont des loups
ravisseurs (Mt 7.15). Il nous a aussi mis en garde contre les fausses
professions religieuses (Mt 7.21-23), et les séductions de toutes sortes
qui s'intensifieraient avant sa venue pour enlever son Église (Mt 24).
Or, aujourd'hui, cette oeuvre de séduction se propage
universellement.
Le monde entier est sous la séduction de Satan qui
l'entraîne à rechercher les choses de ce monde aux dépens
de son besoin spirituel. Même le pape Benoît XVI a
dénoncé, lors de la veillée pascale 2012, « la
"menace" pour l'homme contemporain que constitue "l'obscurité sur Dieu
et sur les valeurs", au moment où ses immenses connaissances lui
confèrent un "pouvoir incroyable". »202 Évoquant
les progrès scientifiques surprenants réalisés aujourd'hui
par les hommes, il souligne : « Si Dieu et les valeurs, la
différence entre le bien et le mal restent dans l'obscurité,
toutes les autres illuminations, qui nous donnent un pouvoir aussi incroyable,
ne sont pas seulement des progrès, mais aussi des menaces qui mettent en
péril nous et le monde. »203 Et d'ajouter «
L'obscurité vraiment menaçante pour l'homme est le fait qu'il est
capable de voir et de rechercher les choses tangibles, matérielles, mais
ne voit pas où
201Jean-Pierre Bastian, "Les débats qui
traversent le pentecôtisme," Le Christianisme aujourd'hui 4.4
(Avril 2006): 19.
202Benoit XVI, "Benoît XVI évoque la
menace de l'obscurité sur Dieu et sur les valeurs," Le Monde, 8
avril, 2012.
203Benoit XVI.
204Ibid.
119
va le monde et d'où il vient. »204
Même si je ne reconnais pas l'autorité spirituelle du pape, ni ses
enseignements combien hérétiques, force est d'admettre qu'il
évoque ici une triste réalité.
1. Le Nouvel Âge Influence l'Église
Notre analyse doit aussi tenir compte de la culture humaniste
environnante déjà entièrement
pénétrée par la philosophie du Nouvel-Âge. Francis
Schaeffer avait déjà averti l'Église du changement profond
qui, par un dangereux cheminement à travers ces derniers siècles,
a abouti aujourd'hui à une rupture entre la foi et la raison. Le
Nouvel-Âge, en prolongement de cette rupture, s'est emparé de la
pensée orientale. John Wimber lui-même parle d'un changement de
paradigme, terme utilisé par le Nouvel-Âge, et nous incite
à changer de vision du monde, en inféodant notre façon de
penser logique et occidentale à celle de l'orient, montrant par
là combien il est en réalité, tout comme la
Troisième Vague, influencé et manipulé par le Nouvel
Âge. Il préconise que la raison se doit de capituler au profit de
l'expérience. Ceci rejoint la philosophie du Nouvel-Âge pour
laquelle « il n'y a pas de réalité objective, la
vérité étant ce que vous percevez, car la perception est
la réalité ». Pour l'occidental, au contraire, la
réalité est objective et absolue, et notre perception d'une chose
n'affecte pas une idée si celle-ci est vraie. Dans l'optique du
Nouvel-Âge, Marilyn Ferguson écrit: « La voie de la
réussite passe par la capitulation, la passivité, et non par une
activation. Se relaxer et non se concentrer, doit désormais devenir la
règle. » Cette nouvelle philosophie charrie aussi le
panthéisme. Dieu est en tout et tout est partie de Dieu, soit l'homme,
soit la nature. Copeland ajoute : « Vous n'avez pas un dieu en vous, mais
vous en êtes un ». Cette recherche frénétique du
sentiment de bien-être au travers d'expériences ne satisfait
finalement que la chair. Quelles que soient nos convictions sur l'eschatologie
biblique, une chose est claire : Nous vivons les derniers temps. C'est une
période de séduction
120
de plus en plus ample, et elle s'accompagne de prodiges et de
miracles qui ne sont pas divins. Le retour de Christ est très proche et
le monde est mûr pour le jugement de Dieu. Le phénomène de
Toronto n'est qu'une étape dans la progression des séductions de
l'erreur. Cette dernière est en train d'envahir la
chrétienté, qui a abandonné le terrain des fondements de
l'Écriture et de la grâce pour se construire sa propre tour de
Babel qui sera finalement renversée par Christ.205 Et Frank
Horton d'ajouter :
Les "vents de doctrine" tous azimuts ont traversé nos
milieux évangéliques proposant tour à tour la
redécouverte de charismes oubliés, une louange style nouveau avec
ses innovations musicales, l'évangile de la prospérité,
les signes et prodiges vus comme support indispensable à l'annonce de la
Bonne Nouvelle, diverses techniques pour accélérer la croissance
de l'Église puis, plus récemment, une conception inédite
de la "bénédiction" ! Ajoutons à cela l'attraction
exercée par l'oecuménisme, l'influence du féminisme dans
la conception du rôle de la femme dans l'Église, et une relation
d'aide de plus en plus axée sur divers courants chrétiens de
psychothérapie. Qu'on nous comprenne: la liste ci-dessus se veut une
constatation plutôt qu'un jugement, car ce que l'Église oublie ou
escamote sera tôt ou tard redécouvert et remis en lumière,
mais avec le risque de le voir déformé ou
exagérément exalté. Car il y a du bien dans certaines de
ces tendances, pour autant qu'elles trouvent leur source dans l'Écriture
et lui restent conformes.206
Dans ses épîtres à Timothée (1 Tm 4.1
et 2 Tm 4.3-4), Paul attirait l'attention sur les grands bouleversements des
derniers temps. Or, nous sommes aujourd'hui en plein Nouvel Âge. Selon
Alain Choiquier, cette influence satanique qui pollue sournoisement le monde
entier, milite pour « l'éveil d'une conscience planétaire
» dans le troisième millénaire. Il s'agit de la
séduction la plus importante qui se soit présentée aux
chrétiens dans ces dernières années. Prônant
l'unification de toutes les croyances en une religion unique et mondiale, il
met en avant un certain Maitreya, prétendument le Christ, dont la
réapparition serait imminente. En vérité, c'est à
l'Esprit de l'Antichrist que ce mouvement ouvre grandement la
205Francis A. Schaeffer, "Démission de la
raison," Promesses 114 (1995). 206Frank Horton, "Sommaire,"
Promesses 114 (1995).
121
porte. 207 Selon Choiquier, le plus vieux mensonge du
diable : « Vous serez comme des dieux » (Gn 3.5), refait surface avec
le Nouvel Âge dont le but avoué est « une religion mondiale
unique, un gouvernement mondial unique, une citoyenneté mondiale unique,
une économie mondiale unique, une armée mondiale unique.
»208 Ce mouvement a des racines multiples qui se situent dans
l'hindouisme, le bouddhisme, le platonisme, la Gnose, le néoplatonisme,
et la théosophie. Ce choix de Maitreya est très subtil, car ce
« seigneur » serait le Christ attendu des chrétiens, le Messie
attendu des Juifs, l'imam Mahdi attendu des musulmans, et le Krishna attendu
des Hindous. Avec lui, débuterait une ère nouvelle, celle du
Verseau, qui ferait suite à l'ère chrétienne, celle du
Poisson. Cette ère nouvelle apporterait enfin une grande
fraternité entre tous les hommes et sur toute la terre. L'homme pourra
contrôler les forces qui aujourd'hui le contrôlent. Il se
découvrira comme dieu.209 Et d'ajouter :
David Spangler, l'un de leurs gourous, enseigne que "Lucifer est
un agent de l'amour de Dieu", "il entre en l'homme pour créer en lui un
jaillissement d'expériences intérieures profondes", "Lucifer et
le Christ agissent en partenaire", "c'est Lucifer qui apporte à la vie
humaine unité et harmonie en nous conduisant jusqu'à l'initiation
luciférique", il se tient comme le Christ à la porte de notre
conscience et frappe ; si l'homme lui dit : Entre ! Il lui fera connaître
son amour et le fera monter jusque dans la présence de la lumière
de Christ. Ce mouvement est donc d'essence diabolique. Satan cherche de nouveau
à se hausser au niveau de Dieu pour se faire adorer, comme
lui.210
Les deux mensonges qu'il propage, « tu ne mourras pas »
= la réincarnation, et « vous serez comme Dieu » =
l'autodéification, sont les deux éléments-clés de
la doctrine du Nouvel Âge. Ses principaux enseignements sont donc la
réincarnation et le Karma ; le péché est
207Alain Choiquier, Scanner sur le Nouvel
Âge, (Le Locle, Suisse : Éditions de l'Avènement,
1990), 13.
208Ibid., 15. 209Ibid., 33.
210Ibid., 37.
122
illusoire ; le mal n'existe pas ; la théorie de
l'évolution ; l'homme est un dieu qui s'ignore ; le yoga et le fameux
Kundalini Yoga ; la médiumnité ; le panthéisme.
Ses quatre symboles sont : (1) le signe du Verseau qui va
maintenant verser de l'eau sur le monde, l'eau étant le symbole d'un
nouvel esprit, (2) l'arc-en-ciel qui symbolise le pont entre l'âme
humaine individuelle et le « grand esprit universel » Lucifer, (3) le
chiffre 666 qui pour eux est sacré, et (4) la croix gammée
considérée comme le symbole occulte du bonheur.
Il oeuvre pour un renversement complet de la morale et des
valeurs bibliques. Le tableau comparatif ci-dessous, édité par la
Commission de l'Assemblée Nationale française Vigi-sectes, montre
un comparatif entre les valeurs bibliques et les valeurs du New Âge :
LE RENVERSEMENT DES VALEURS BIBLIQUES
|
|
Ce qu'affirme la Bible :
|
Ce qu'affirme le Nouvel Âge :
|
|
|
Une seule révélation écrite: la Bible.
|
Tous les écrits saints constituent une approche du
divin.
|
Un seul chemin mène à Dieu: Jésus.
|
Tous les chemins mènent à la découverte de
Dieu
|
Mangez de tout ce qui se vend à la boucherie.
|
Soyez végétariens pour purifier votre organisme
|
Vous pouvez avoir la certitude de votre salut
|
Nul ne peut avoir la certitude de son salut
|
Il est réservé aux hommes de mourir une fois
|
Innombrables réincarnations (Hindouisme)
|
Vie sexuelle dans le cadre du mariage
|
Seul l'épanouissement intérieur compte, pas de
règle "si c'est par amour" et si ça fait du bien
|
Respect de la vie
|
Avortement, euthanasie, manipulations génétiques
|
Vie de famille, respect des parents
|
Les enfants sont à tous : rejet des parents, rejet de
l'obéissance.
|
La Bible annonce des temps troublés
|
Le Nouvel Âge annonce la paix
|
211Choiquier, 70.
123
Dieu créa l'homme à son image
|
L'homme a créé Dieu à sa propre image
|
Condamne l'homosexualité
|
Encourage l'homosexualité masculine et féminine
|
Nous parle d'une terre habitée
|
Croient aux extra-terrestres
|
La revue "20 ans" de Janvier 1990 estimait déjà que
10% de la population des USA était déjà
touchée.211 Les dirigeants du Nouvel Âge affirment que
toutes les religions du monde sont déjà infiltrées et que
plus de 10.000 organisations aux USA et au Canada travaillent pour eux. Toutes
les organisations mondiales, à commencer par l'ONU, sont
noyautées au plus haut niveau.
En réalité, le Nouvel Age a su tirer profit du
grand changement de notre société en introduisant subtilement un
autre mode de pensée, un changement de paradigme. On fait grand cas des
sciences de l'esprit, de la parapsychologie, du surnaturel, du bien être
à travers des méthodes orientales de communication avec
l'invisible. Notre mode de pensée logique évolue vers une
mentalité plutôt orientale où l'intuition et
l'expérience sont dominantes. Malheureusement, nous assistons
aujourd'hui à l'entrée de ces séductions dans
l'Église. Les chrétiens, imprégnés par l'esprit
« fastfood », sont attirés par des manifestations où le
bien-être personnel passe avant la gloire de Dieu. La théologie de
la souveraineté de Dieu, de l'acceptation de la souffrance, de la
sanctification constante fait cruellement défaut. Il n'est plus
étonnant de rencontrer des phénomènes religieux comme
celui de Toronto et d'autres. Je propose de passer en revue plusieurs autres de
ces séductions qui prennent l'Église en tenailles aujourd'hui.
124
2. La Séduction Spirituelle de la Troisième
Vague
La « troisième vague » ne s'est pas
écrasée contre le rivage. Depuis trente ans, elle poursuit sa
route, entraînant dans la mer du monde, tout ce qu'elle pourra trouver
dans son ressac, c'est-à-dire dans l'Église, car ne nous y
trompons pas, il s'agit d'une attaque de grande envergure contre
l'Église de Jésus-Christ. Aujourd'hui, elle prend de l'ampleur
jusqu'à abuser bon nombre des plus hauts dirigeants spirituels
chrétiens de la planète. C'est ainsi qu'elle s'est
appropriée les évènements sains et saints du réveil
d'Azusa. En effet, le centenaire d'Azusa en 2006 témoigne de l'influence
grandissante de cette vague destructrice. Parmi les orateurs présents,
on pouvait certes compter quelques véritables hommes de Dieu
prêchant la saine doctrine. Par contre, il y avait au programme de
nombreux prédicateurs charismatiques connus pour être des
pionniers, des dirigeants ou des adhérents de la troisième vague
: le controversé Crefto Dollar (mouvement de foi, confession positive,
théologie de la prospérité) ; Reinhard Bonnke et David
Yonggi Cho, déjà cités ; Benny Hinn et son onction
controversée ; Myles Munroe qui y a prêché sur le
gouvernement de Dieu sur la terre maintenant ; Claudio Freidzon et Carlos
Anacondia qui ont amené les paillettes d'or en Amérique du Sud
(Jeff Lowe dit qu'ils sont comme la puissance de Benny Hinn multipliée
par dix). Les deux sont proches de Benny Hinn et très liés
à la bénédiction de Toronto ; Mahesh Chanda, « slain
in the spirit » (terrassé dans l'esprit) âgé alors de
16 ans ; César Castellanos de Bogota, Colombie, du mouvement de la
prospérité, disciple de Yonggi Cho, également « pape
» du mouvement cellulaire hérétique G12 dont il a transmis
les principes à Colin Dye de Kensington, UK ; Juanita Bynum,
télévangéliste américaine et prophétesse
autoproclamée, mariée deux fois et divorcée deux fois ; et
Hal Rahman, président du Centre de Formation Biblique du Cameroun
(CFBC), disciple du missionnaire Russ Tatro, lui-même disciple de Kenneth
Hagin, déjà mentionné dans le Mouvement de la Foi, et au
sujet de
125
Toronto.212 La présence de tous ces
prédicateurs de la troisième vague à la
commémoration du centenaire d'Azusa en 2006, et la publicité qui
leur est ainsi faite sont autant d'éléments qui dévoilent
leur influence dans le monde chrétien, et qui explique leur acceptation
par les églises du monde entier.
3. La Séduction d'un Grand Réveil
Planétaire
Une autre séduction diabolique propagée par les
tenants de la troisième vague est la croyance en un grand réveil
planétaire. Cela fait partie de la stratégie satanique des
derniers temps. C'est encore un des demi-mensonges de Satan, pratique dans
laquelle il excelle. S'il ne peut empêcher cette soif spirituelle
grandissante des chrétiens, il fera tout pour la diriger dans une
mauvaise direction. Il est meurtrier dès le commencement. Son but final
est le meurtre spirituel de l'humanité et toutes ses manoeuvres visent
aujourd'hui principalement les élus de Dieu. D'abord, rappelons que
toutes les religions connaissent aujourd'hui le réveil, qu'il s'agisse
de l'Islam, l'Hindouisme, les Religions Traditionnelles, etc. Il est vrai que
les derniers jours connaîtront un grand réveil parmi une «
chrétienté » qui courra après son « faux christ
» et ses « miracles mensongers ». Mais ce ne sera pas un
authentique réveil divin. Jésus déclare que les multitudes
seront séduites par de faux évangiles, de faux prophètes
et de faux messies (Mt 24.10-12). La véritable Église doit se
tenir éveillée et prête pour le retour du Seigneur.
Un examen honnête et lucide de notre monde actuel
révèle une apostasie généralisée. Ce
phénomène touche l'Église dans toutes ses
dénominations. En masse, les hommes tournent le dos à Dieu et
à sa parole, appelant le mal bien et le bien mal. C'était le cas
de la société antédiluvienne quand Dieu vit que la
méchanceté était grande sur la terre et que les hommes
étaient assidus au mal, à la corruption et à la violence
(Gn 6.5, 11). Dieu décida alors
212Jeff Lowe, "Azusa 2006,"
http://www.jdaniellowe.com/ps5.html
(consulté le 19 avril, 2012).
126
de détruire tous les hommes hormis Noé,
intègre, qui trouva grâce à ses yeux. Or, Jésus met
en parallèle le temps de Noé avec l'avènement du Fils de
l'homme (Mt 24.37-39).
Il en fut de même de Sodome et Gomorrhe, envahies par un
péché abominable qui est cependant devenu banal à notre
époque car admis par tous et prôné par le Nouvel Âge.
Dieu les détruisit, à l'exception de Lot le juste (Mt 24.37-39).
Là aussi, Jésus établit un parallèle entre le temps
de Lot et l'avènement du Fils de l'homme (Lc 17.28-30). À ce
propos, le Président Obama vient de se déclarer publiquement en
faveur du mariage de personnes d'un même sexe, approuvant ainsi
ouvertement l'homosexualité, ainsi que leur pleine capacité
parentale. Divers sondages américains réalisés par le
General Social Survey montrent que les évangéliques sont parmi
ceux les plus opposés au mariage homosexuel. Malheureusement, les
mêmes sondages montrent que leur opposition diminue avec le temps et que
beaucoup d'évangéliques américains deviennent favorables
au mariage homosexuel ainsi qu'à l'aptitude, par ces prétendus
couples, à adopter des enfants. Parmi les Born-Again (nés de
nouveau), 85% étaient opposés à ce mariage en 1988, 66% en
2006, 69% en 2008, et 59% en 2010. Parmi les Not Born-Again (non nés de
nouveau), ils étaient 67% opposés à ce mariage en 1988,
42% en 2006, 34% en 2008, et 31% en 2010. Les mêmes sondages ont
été réalisés sur une base d'âge en 2010. 63%
des Born-Again de 36 ans et au-dessus sont opposés au mariage
homosexuel, alors que seulement 44% des Born-Again de 18-35 ans sont
opposés à ce mariage. Parmi les Not Born-Again, 38% des 36 ans et
au-dessus s'opposent à ce mariage, et 12% seulement des 18-35 ans sont
opposés.213 Un autre sondage de Life Way Research a
demandé : « Croyez-vous que le comportement homosexuel est un
péché ? » 44% ont répondu oui, et 43% ont dit non,
les 13% restants n'étant pas surs. Parmi les évangéliques,
85% des évangéliques ont dit que c'était un
péché. Mais, parmi ces derniers, 50% seulement ont
déclaré que l'Église devait se prononcer sur ce
péché. Ces chiffres montrent l'horrible
213Tobin Grant and Sarah Pulliam Bailey,
Christianity Today, 12 mai, 2012.
127
dégradation des principes bibliques et éthiques,
non seulement dans la population américaine, longtemps puritaine, mais
aussi parmi les chrétiens qui se disent
nés-de-nouveau.214 Les chrétiens
évangéliques acceptent de plus en plus le mariage homosexuel
comme étant la normalité.
Plusieurs états européens et sud-américains
ont déjà voté des lois dans ce sens. D'autres vont le
faire, comme la France, selon les promesses électorales du nouveau
président élu. Il ne se limite d'ailleurs pas à cela,
puisqu'une loi autorisant l'euthanasie est en cours de préparation. Or,
la Bible interdit l'homicide. Il est vrai que ces mesures ont été
précédées par l'avortement qui, avec ses cinquante
millions d'embryons ou foetus à qui l'on ôte
volontairement-Interruption Volontaire de Grossesse-la vie chaque année
dans le monde, constitue le plus grand génocide de l'histoire de
l'humanité.215 Ces embryons ou foetus, il ne faut pas se
voiler la face, sont de toutes façons, et quoi qu'on en dise, des
êtres à part entière, des êtres en formation pour
devenir des enfants, puis des adultes. Aux États-Unis, l'Église
Luthérienne américaine, réunie en Convention nationale le
mercredi 19 août 2009, à Minneapolis, Minnesota, posa la question
: « Est-il permis à un luthérien de vivre une vie
homosexuelle ?» Deux motions furent adoptées, votées par
plus de 2/3 de la Convention, soit 66,67% : (1) la reconnaissance et
l'approbation de relations avec un individu du même sexe, (2) la
permission à deux homosexuels, gays ou lesbiennes, vivant en couple dans
une relation fidèle, de devenir pasteur dans l'Église
Luthérienne des USA. Toujours aux États-Unis, le pasteur Victor
Pino Gamboa, ex-surintendant des AD du Pérou rapporte que :
L'Église Communauté Métropolitaine
(Metropolitan Community Church) fut fondée à Los Angeles par le
"révérend" gay Troy Perry le 6 octobre 1968, pour intégrer
les gays, les lesbiennes, les bisexuels et transsexuels. Aujourd'hui, tout cela
est organisé en une Fraternité Universelle des Églises des
Communautés Métropolitaines (FUICM), qui affirme avoir 340
assemblées locales avec quelques
214Tobin Grant and Sarah Pulliam Bailey.
215Patrick Berthalon, L'avortement et la Bible,
(Léognan, France: ITB, 1996), 57.
128
cinquante mille adhérents dans 22 pays. Leur
déclaration de foi révèle l'aberration de ses croyances ;
dans son premier article, on lit textuellement : "Nous croyons : en un Dieu
trine, omnipotent, omniprésent et omniscient, d'une seule substance et
en trois personnes : Dieu, notre Père et Mère créateur ;
Jésus-Christ, le fils unique de Dieu, Dieu fait chair ; et
l'Esprit-Saint, notre Dieu consolateur."216
L'Église est aujourd'hui entrée dans une terrible
et honteuse apostasie. Le faible reste, demeuré fidèle, doit
faire face à cette grande rébellion contre Dieu et sa parole.
Dieu dit clairement que ceux qui se livrent à ces vices contre-nature
commettent des choses infâmes (Rm 1.26-27), et qu'ils n'hériteront
pas le royaume de Dieu (1 Co 6.10 ; Ap 21.8, 22.15).
Noé et Lot sont des signes prophétiques des temps
qui annoncent l'enlèvement de la véritable Église et qui
sera ainsi épargnée des jugements eschatologiques. Dieu rassemble
aujourd'hui ses élus pour le grand enlèvement, mais n'oublions
pas que notre Dieu est saint, et que, sans la sanctification, nul ne verra le
Seigneur (Hé 12.14). Beaucoup feront valoir les prophéties, les
exorcismes et les miracles qu'ils ont faits au nom de Jésus, mais il
leur dira qu'il ne les a jamais connus (Mt 7.21-23). Seuls ceux qui font la
volonté du Père entreront dans les cieux. Notre monde est
entré dans un moule préparant l'arrivée de
l'Antéchrist qui sera adoré par tous les habitants de la terre,
ceux dont le nom n'a pas été écrit dans le Livre de vie de
l'Agneau, qui a été immolé dès la fondation du
monde (Ap 13.8). Satan conditionne l'humanité pour l'avènement de
l'Antichrist. Ce sont des temps d'illusion, de mensonge, d'hypocrisie, de
grande séduction, et tous ceux, hélas nombreux, qui se laisseront
piéger, périront.
Quant à l'Église, le constat est amer. Elle
s'enfonce dans l'apostasie annoncée par Christ et ses apôtres.
Face à cela, les faux prophètes sont nombreux à annoncer
« le plus grand réveil de tous les temps » qui va atteindre la
terre entière. Jésus nous a plusieurs fois mis en garde contre
les séducteurs. Aujourd'hui, alors que nous vivons les derniers jours,
les
216Victor Pino Gamboa, « L'Eglise face
à l'apostasie,"
http://www.add-chalonsenchampagne.fr/IMG/pdf/EgliseFaceApostasie.pdf
(consulté le 04 avril, 2012).
129
faux prophètes et les faux docteurs sont de plus en plus
en vogue, comme l'écrit Paul à Timothée (1 Tm 4.12).
Dès l'origine, Satan s'est évertué à imposer
sournoisement sa contrefaçon du christianisme, et comme nous vivons les
derniers temps, il réussit sa grande manoeuvre. Pour ce faire, il
séduit les dirigeants de l'Église et les chrétiens, dans
leur plus grand désir charnel gagner le monde entier pour Christ, alors
que cette hypothèse est contraire aux enseignements
évangéliques. L'apparition actuelle des faux évangiles,
des faux christs et des faux prophètes, n'est que le début de la
grande apostasie finale. Tous préparent la voie à l'Antichrist,
qui viendra s'asseoir dans le Temple de Dieu pour se proclamer Dieu. Satan
prépare l'humanité à accepter ce mensonge ultime. En
réalité, selon les avertissements de Jésus et de ses
apôtres, le monde doit s'attendre à la venue de l'esprit d'erreur.
C'est l'unique attente fondée bibliquement. Ce sera une visitation
spectaculaire et massive de la séduction avec signes et miracles,
orchestrée par Satan, mais sous l'autorité de Dieu car ce sera
avant tout une expression de son jugement (2 Th 2.9-12).
4. La Séduction Charnelle des Mégachurches ou
Méga-Églises
La grande séduction ou la séduction d'être
grand ! Nous nageons aujourd'hui dans le gigantisme ou la démesure.
À titre d'exemple, l'église de Lakewood, à Houston au
Texas, peut accueillir seize mille personnes. Certaines sont encore plus
grandes sur d'autres continents et provoquent l'admiration et l'envie de
beaucoup de serviteurs de Dieu qui voient là une démonstration de
la puissance de Dieu. Toutefois, l'analyse des fondements sur lesquels ils ont
bâti, montre que l'évangélisation de départ est loin
d'être orthodoxe. L'Évangile annoncé ressemble plus
à une manoeuvre de séduction grossière qu'à la
vérité de la parole de Dieu. Son approche humaniste flatte et
charme ceux qui l'écoutent. Elle leur promet ce qu'ils veulent entendre
: la paix de l'esprit, le bonheur, la prospérité, le
succès. Elle leur offre un raccourci rapide et facile pour obtenir le
désir de leur coeur. Elle tend à combler les besoins psychiques
de l'âme : les besoins religieux, mais aussi l'appartenance à
un
130
groupe, comme les musulmans qui sont fiers et rassurés
d'appartenir à l'Umma. Nous retrouvons ni plus ni moins l'effet
d'attraction des grands rassemblements, ou des grands pèlerinages, comme
celui de la Mecque, l'attirance du monde. Un dicton dit que le monde attire le
monde mais ce sont là des positions charnelles. Dans cet arrangement
quasi-chrétien, Dieu devient la lampe d'Aladin qui exécute les
ordres de quiconque accepte Son Fils et signe une carte. Le pécheur
s'acquitte totalement de ses obligations quand il accepte Christ. Après
cela, il n'a plus qu'à venir pour recevoir l'équivalent religieux
de tout ce que le monde offre, et en jouir jusqu'aux dernières limites.
Cette grossière méprise de la vérité est due en
bonne partie à l'activité évangélique actuelle qui
consiste à déterminer des directions, bâtir des programmes,
contrôler les dénominations, établir les tendances
musicales et former la politique éditoriale des publications
évangéliques. Selon Karl Grebe et Wilfred Fon, c'est « le
dilemme de la quantité (le nombre) contre la qualité (la
formation des disciples). Ce genre de popularité donne à
l'Église une occasion extraordinaire mais aussi un défi
formidable. Le défi est de résister à la tentation d'une
évangélisation facile qui ne se vante que du nombre et qui laisse
les gens enchaînés. »217
Ce concept du christianisme est non seulement erroné, mais
c'est un danger mortel parce qu'il affecte les âmes de ceux qui
l'écoutent. En réalité, c'est un humanisme faible
allié à un christianisme faible, qui lui donne une
respectabilité ecclésiastique. Il est possible de l'identifier au
moyen de son approche religieuse. Invariablement, il commence par l'homme et
ses besoins et ensuite regarde autour de lui pour trouver Dieu ; le
christianisme véritable révèle Dieu comme étant
à la recherche de l'homme pour le délivrer de ses ambitions. Dieu
doit être le premier. L'Évangile met la gloire de Dieu en premier,
et le salut de l'homme en second. Les anges, s'approchant de la terre du haut
des cieux, chantèrent : « Gloire à Dieu dans les lieux
très hauts, et paix sur la terre parmi les hommes qu'il agrée
» (Lc 2.14). Ceci
217Karl Grebe et Wilfred Fon, Religion
traditionnelle africaine et relation d'aide, (Abidjan, Côte
d'Ivoire: Centre de Publications Évangéliques, 2000), 23.
131
met la gloire de Dieu et la bénédiction de
l'humanité dans leur véritable ordre, comme le début de la
prière : « Notre Père qui es aux cieux ! Que Ton nom soit
sanctifié » (Mt 6.9). La gloire de Dieu doit à jamais rester
l'authentique et incontestable point de départ du christianisme. Tout ce
qui emprunte une autre voie comme point de départ n'est certainement pas
le christianisme du Nouveau Testament. C'est hélas souvent le cas des
mouvements divins qui finissent par devenir des monuments humains. Que
voulons-nous ? Faire des membres pentecôtistes qui paient leurs
dîmes et ajoutent des offrandes, qui sont présents à toute
les réunions, qui arborent fièrement un poisson à
l'arrière de leur voiture ou de leur moto en proclamant : « moi, je
suis AD » ? Ou, au contraire, obéir à l'ordre de
Jésus de faire de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom
du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et de les enseigner à
observer tout ce qu'il nous a prescrit (Mt 28.19-20) ? Ceci, afin que nos
membres puissent eux-mêmes proclamer : « Moi, je suis avant tout un
vrai chrétien, je suis un disciple de Jésus-Christ, j'observe
tout ce qu'il m'a prescrit, et j'ai l'assurance qu'il est avec moi tous les
jours ».
5. La Séduction des Hérésies Multiples et
les Malversations Spirituelles
En préliminaire, rappelons que, lors de ses adieux aux
anciens d'Éphèse, Paul les a prévenus : « Je sais
qu'il s'introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels
qui n'épargneront pas le troupeau, et qu'il s'élèvera du
milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour
entraîner les disciples après eux » (Ac 20.29-30). Paul cite
ici deux sources provenant l'une de l'extérieur, l'autre de
l'intérieur même de l'Église. Or que constatons-nous
aujourd'hui ? Nos églises propagent des doctrines syncrétiques et
douteuses. Contrairement à l'ordre divin (Dt 4.2, 12.32 ; Pr 30.6 ; Ap
22.18- 19), on retire et on ajoute à la parole de Dieu. On croit et on
accepte toutes sortes d'hérésies. On invente de nouveaux
ministères. On porte foi, les yeux brillants de convoitise, à
toutes sortes de rumeurs propagées pour troubler le peuple de Dieu.
132
C'est ainsi que l'on parle de ministères de
délivrance que la Bible ne mentionne pas. Que dit Jésus à
ce propos ? « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru :
en mon nom, ils chasseront les démons » (Mc 16.17). Il s'agit donc
d'une puissance donnée non pas à des ministères bien
particulier, mais à tous les croyants, remplis du Saint-Esprit. Comment
se fait-il que des hommes ou des femmes sont recherchés et
encensés, parfois grassement payés, pour une grâce que
notre Seigneur accorde à tout croyant ? Les pasteurs et les
chrétiens ont-ils capitulé ?
Il en est de même des ministères
prophétiques. La Bible mentionne deux types de prophètes. Le
premier est le ministère de prophète réservé
à certains hommes qui sont des dons que notre Seigneur, glorifié,
a fait à son Église (Ep 4.11). Malheureusement, de nombreux
charlatans troublent nos « chrétiens » et les reçoivent
dans leur cour avec des arrière-pensées malsaines et un esprit de
lucre très prononcé. Le deuxième est le don de
prophétie, qui fait partie des neuf dons de l'Esprit cités par
Paul, et distribués à chacun pour l'utilité commune dans
l'église (1 Co 12.7). Ce don de prophétie sert avant tout
à parler aux hommes, à édifier, à exhorter et
à consoler (1 Co 14.3). Or, aujourd'hui, nous assistons à une
gabegie de faussetés vers lesquelles les membres de nos églises
courent, croyant pouvoir ainsi entendre ou recevoir ce qu'ils désirent.
Un pasteur m'expliquait récemment qu'en fait, il s'agit, en milieu
fétichiste, d'une suite logique de choses : Avant de se convertir,
l'animiste avait coutume d'aller voir le féticheur quand il rencontrait
un problème, quand il avait une décision à prendre, ou
quand il avait fait un rêve ou un cauchemar, afin d'obtenir une
réponse de la divinité par la parole du féticheur.
S'étant converti, il escompte recevoir la même chose du pasteur et
il va le voir pour obtenir l'explication, le conseil, la prophétie, ou
recevoir une parole de Dieu. Comme le pasteur, rarement aujourd'hui rempli du
Saint-Esprit, ne peut pas le satisfaire, il se tourne alors vers des prieurs,
qui soit des hommes ayant vraiment reçu un don de Dieu et qui devrait
l'exercer gratuitement dans l'église selon ce que dit le Seigneur :
133
« vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement
» (Mt 10.8), soit des fieffés charlatans qui vont se faire
rémunérer pour leur bon ou mauvais service. Enfin, si le «
chrétien » n'est pas satisfait, il retourne vers ses anciennes
pratiques traditionnelles, et il syncrétise, tout en continuant à
fréquenter l'église.
Je continue en citant les faux apôtres, les faux pasteurs
et les faux docteurs, tous autoproclamés mais pas seulement, car de
nombreux loups déguisés en brebis se sont infiltrés dans
nos institutions et propagent de faux enseignements qui polluent
l'église. Jésus a dit : « vous les reconnaîtrez
à leurs fruits » (Mt 7.16). Jésus voulait attirer notre
attention sur la sainteté et le mode de vie de ceux qui se disent
facilement « hommes de Dieu ».
Dans son avidité de séduire les «
chrétiens » ou « membres » de nos églises (il est
vrai que l'on a souvent du mal à distinguer le véritable
chrétien de celui qui ne l'est pas au sein de nos communautés),
le diable utilise toutes sortes d'artifices plus ou moins grossiers. Je citerai
les (fausses) paillettes d'or de Claudio Freidzon et de César
Castellanos, les soi-disant plombages en or à Toronto, et aussi avec
Anacondia, etc. Paul dit que « les Juifs demandent des miracles et les
Grecs cherchent la sagesse, nous, nous prêchons Christ crucifié,
scandale pour les Juifs et folie pour les païens » (1 Co 1.22-23) car
la seule source de salut n'a pas besoin de faire miroiter des richesses
humaines pour convaincre de sa divine et sainte présence.
Vient ensuite l'adoration des anges avec Todd Bentley à
Lakeland, laquelle, il faut le souligner, a été depuis longtemps
précédée par la mariolâtrie catholique et le culte
des saints. Paul dit : « Satan lui-même se déguise en ange de
lumière » (2 Co 11.14). Les prétendues apparitions de Marie
n'ont jamais glorifié Jésus, bien au contraire. C'est un
détournement d'adoration dirigé par Satan. Les sanctuaires
catholiques, à Lourdes ou ailleurs, sont tous bâtis pour glorifier
Marie et détourner les croyants du culte qu'ils doivent rendre à
Dieu seul. Toute cette mascarade est contraire à l'enseignement biblique
que Jean rappelle dans sa
134
mésaventure : « Je tombai à ses pieds (de
l'ange) ; mais il me dit : Garde-toi de le faire ! Je suis ton compagnon de
service, et celui de tes frères qui ont le témoignage de
Jésus. Adore Dieu. Car le témoignage de Jésus est celui de
la prophétie. » (Ap 19.11).
Je pourrais encore citer la fausse démonologie qui propage
la doctrine erronée qu'un chrétien peut être
possédé, ou encore que le malade a forcément un
démon. Combien d'hérésies et de dégâts
irréversibles n'ont pas été accomplis au nom de la
démonologie ! Ajoutons la crédulité de bon nombre de
chrétiens qui pensent qu'ils peuvent hériter de
malédictions prononcées contre leurs ancêtres, car on ne
leur a jamais appris à faire la différence entre les promesses
divines réservées à Israël et celles destinées
à l'Église de Jésus-Christ. Ils sont donc maintenus sous
la Loi par nos pasteurs mal enseignés qui y croient de bonne foi.
Je ne peux éviter de mentionner l'évangile de
prospérité qui enrichit surtout les pasteurs aux dépens de
leurs dupes, et qui a envahi quasiment toutes les églises africaines.
À noter aussi la vente de fioles sensées contenir de l'huile
sainte dont il faut asperger les murs et les fenêtres pour empêcher
les démons d'entrer dans les maisons, ou asperger son véhicule
pour éviter tout accident. Enfin, je ne peux manquer d'évoquer
les prières, ou encore les bénédictions accordées
à un chrétien pour lui-même, sa famille, ou ses affaires,
moyennant une enveloppe bien rebondie. Un pasteur me témoignait
récemment qu'un groupe de pasteurs étaient partis bénir la
nouvelle maison d'un riche chrétien qui avait répudié sa
femme, laquelle vivait désormais dans la pauvreté, et qui en
avait pris une deuxième plus jeune. C'est de la simonie. C'est le retour
aux indulgences, et cela existe chez nous, parce que certains pasteurs charnels
sont emprisonnés dans leur vénalité.
André Thomas-Brès avait dénoncé dans
son livre « le voile recousu » tous les abus de l'église
catholique, mais force est de constater que nos églises ont remis les
chrétiens sous la loi. Le légalisme règne en maître
dans nos églises.
135
A l'inverse, notamment parmi les jeunes, se développent
diverses doctrines, telles que le relativisme, selon lequel les textes
bibliques sont certes vrais, mais ils doivent être relativisés.
Tout ne serait pas à prendre à la lettre. Il serait normal, selon
ce courant, de mentir pour se tirer d'affaire, ou encore d'avoir des relations
sexuelles avant le mariage, etc. En résumé, il faudrait vivre
avec son temps.
L'universalisme, quant à lui, prône qu'en fin de
compte tout le monde sera sauvé. Le président Obama, qui se dit
chrétien, avait lui-même déclaré qu'il croyait
sincèrement que sa mère, musulmane, était sauvée,
car ce qui compte avant tout, c'est de mener une vie remplie de charité
et de bonnes actions. À quoi sert donc le sacrifice de Jésus, son
sang coulé à la croix, qui nous sauve et nous rachète de
nos péchés ? Il est vrai que le christianisme d'Obama peut
laisser à douter puisqu'il vient de déclarer que, à son
avis personnel, les homosexuels ont le droit naturel de se marier et d'adopter
des enfants.218 Malheureusement, ses origines kényanes en ont
fait pratiquement un dieu pour les Africains qui s'attendent toujours à
des miracles sonnants et trébuchants de sa part. Ce faisant, il devient
un modèle que beaucoup vont hélas suivre, dans tous ses
dérèglements.
IV. LES ASSEMBLÉES DE DIEU D'HIER ET
D'AUJOURD'HUI
A. Les Assemblées de Dieu
Le réveil de la rue Azusa en 1906 a bouleversé le
paysage évangélique des États-Unis. De nombreux pasteurs
qui ont expérimenté le baptême du Saint-Esprit, se
trouvèrent en difficulté dans leurs églises d'origine.
Dès 1907, certains partirent évangéliser l'Inde, la Chine
et l'Afrique. Mais cette progression de l'Évangile à
l'intérieur comme à l'extérieur des États-Unis
devait s'organiser afin de permettre le développement voulu par Dieu et
assurer la
218Tobin Grant and Sarah Pulliam Bailey.
136
pérennité de l'oeuvre. C'est en 1914, à Hot
Springs, dans l'Arkansas, que 300 pasteurs pentecôtistes
américains se réunirent et décidèrent de former une
association simple pour laquelle ils prirent le nom de « Assemblies of God
». E. N. Bell, ancien pasteur baptiste de Fort Worth Texas, fut élu
président, et le premier quartier général fut
établi à St Louis, dans le Missouri.219 Depuis 1914,
Dieu a toujours pourvu des ministères remplis de l'Esprit pour
travailler dans l'unité et conduire cette merveilleuse oeuvre de Dieu
malgré les nombreuses oppositions, ainsi que les vicissitudes et les
turbulences qui se sont déchaînées sur notre monde pendant
ce siècle dernier. C'est également Dieu qui a permis à
cette organisation de rester dans la saine doctrine et de la répandre
dans le monde entier afin de contribuer à l'accomplissement de ses
promesses. Aujourd'hui, les AoG, et tous ses adhérents dans le monde,
sont soumis à une dure pression satanique faite de persécutions,
ainsi que de séductions diverses qui ont, hélas,
été la cause de chutes et de démissions parmi plusieurs
pasteurs. Aujourd'hui, la pression est grande, même aux
États-Unis, avec la troisième vague qui commence à faire
des ravages.
B. Le Déclin Spirituel Actuel
Il est important de préciser le thème de mon
mémoire : Le déclin actuel n'est pas un déclin religieux :
c'est un déclin spirituel. De tout temps, les hommes ont
été religieux, rendant des cultes au vrai Dieu, à de faux
dieux, à aussi à des humains, rois, césars, gourous,
sportifs, artistes, etc. C'est ainsi que Paul a pu déclarer aux
Athéniens : « Je vous trouve à tous égards
extrêmement religieux » (Ac 17.22). Ici, nous parlons du
déclin spirituel qui arrive quand les membres d'églises ne sont
plus régénérés, quand ils ne connaissent pas Dieu
intimement, quand ils ne lui obéissent pas par amour, et quand ils ne
pratiquent pas sa parole, voire quand ils la méprisent. Les rapports et
les analyses qui nous parviennent, et notamment
219Donald Gee, Le feu de la pentecôte au
20ème siècle, (Craponne, France: Viens et Vois,
1988), 95.
137
du pays jusqu'alors le plus chrétien au monde, les
États-Unis d'Amérique, confirment cette tragédie.
1. Les Chiffres du Déclin
Les États-Unis d'Amérique
J'ai choisi ce grand pays pour une raison simple. Tout ce qui s'y
fait en matière d'économie, de technologie et surtout de
religieux s'exporte très rapidement dans le monde entier. Selon une
large étude du Barna Research Group, une ONG non partisane, qui
réalise des études statistiques dans le domaine religieux sous le
couvert de Issachar Companies, la plupart des américains se disent
être un peuple spirituel et chrétien. Toutefois, la
réalité ne reflète pas leurs propos. Leur transformation
spirituelle est souvent rare et brève. Les études ont
démontré la rareté de la longévité de la
transformation spirituelle dans la vie des chrétiens américains.
Par exemple, parmi ceux qui se disent chrétiens, un cinquième
seulement disent dépendre entièrement de Dieu. Un
cinquième dit que la seule plus grande décision de leur vie a
seulement été d'inviter Jésus-Christ dans leur vie et de
l'accepter comme leur Sauveur. Et un sixième seulement déclare
être entièrement impliqué dans un développement
spirituel personnel. En réalité, l'étude démontre
que la grande majorité des chrétiens ne comprend simplement pas
les défis auxquels elle doit faire face dans sa démarche
spirituelle. C'est ainsi que Barna a pu identifier quatre obstacles majeurs qui
affectent la transformation spirituelle des chrétiens : (1) Un manque
d'engagement : 18% seulement déclarent être totalement
engagé dans leur développement spirituel ; (2) un refus de se
repentir pleinement : 64% disent s'être repenti lors de leur conversion,
mais en réalité 12% seulement connaissent vraiment le sens et la
signification de leurs péchés, et 3% seulement déclarent
s'être entièrement placé sous le contrôle et la
volonté de Dieu ; (3) le développement confus d'activités
pour une bonne croissance spirituelle : si 39% déclarent avoir au moins
trois activités religieuses dans la semaine (culte, prière,
lecture de la Bible), 10% seulement ont
138
témoigné de leur foi, ou ont exceptionnellement
jeûné, ou ont eu des temps de méditation prolongée
dans la semaine ; (4) enfin l'échec d'un engagement permanent dans une
communauté spirituelle sérieuse : beaucoup de chrétiens
autoproclamés ne prennent pas leur communauté religieuse au
sérieux. 21% seulement croient que la maturité spirituelle
nécessite un lien vital avec une communauté de croyants, mais 35%
disent avoir simplement confessé leurs péchés à un
autre croyant il y a quelques temps déjà.220
Selon David Briggs commentant la dernière étude de
Faith Communities Today, le pourcentage des congrégations US qui
reportent habituellement une grande vitalité spirituelle a grandement
décliné, tombant de 43% en 2005, à 28% en 2010. La chute a
été accompagnée d'un déclin de l'emphase
donnée aux pratiques spirituelles habituelles comme la prière et
la lecture de la Parole, touchant presque tous les groupes parmi les blancs
évangéliques et les congrégations de 1.000 membres et
plus. Les raisons sont variables : le déclin de la santé
financière dû à la présente récession sape le
moral des chrétiens ; les chrétiens vieillissants sont moins
enclins à accepter les nouvelles formes de culte ; et certaines
dénominations ont mis une emphase sur des programmes de service social
au lieu du développement de la piété personnelle. David
Roozen rapporte que la perte de moral crée un environnement comme si
« Dieu était absent de cet endroit ». D'autre part, l'emphase
mise sur le développement de programmes sociaux semble être le
point crucial du déclin spirituel actuel, notamment auprès de
personnes d'un certain âge, qui réclament plus d'attention
à leur croissance spirituelle.221
Un autre problème est soulevé par David Kinnaman,
président de Barna : la jeunesse fuit l'Église. Et il donne six
raisons pour cela : (1) L'isolationnisme : 1/4 des jeunes de 18 à 29 ans
dit que l'église diabolise tout ce qui est extérieur à
l'église, incluant la musique, les
220George Barna, "Maximizing Spiritual Change"
www.barna.org (consulté le 09
octobre, 2012).
221David Briggs, "Religious but not spiritual: The
High Cost of Ignoring Personal Piety,"
http://blogs.thearda.com/trend/featured/religious-but-not-spiritual-the-high-cost-ofèignoring-personal-piety
(Consulté le 10 avril, 2012).
2012.
139
films, la culture, et la technologie qui définit leur
génération ; (2) le manque de profondeur spirituelle de
l'église : 1/3 trouve l'église ennuyante ; 1/4 pense que la foi
est sans importance et que l'enseignement biblique n'est pas clair ; 1/5 trouve
que Dieu est absent de leur expérience ecclésiale ; (3)
l'antiscience : Près d'un tiers déclare que l'église est
dépassée par les développements et le débat
scientifiques ; (4) le sexe : l'Église est perçue comme simpliste
et pleine de jugement. Pour 1/5 ou plus, une philosophie du « simple non
» est insuffisante dans ce monde techno-porno. Les jeunes chrétiens
sont aussi sexuellement actifs que les non-chrétiens et beaucoup se
considèrent mal-jugés ; (5) l'exclusivisme : 30% des jeunes
pensent que leur église est trop exclusive et jugent qu'ils sont
forcés de choisir entre leur foi et leurs amis ; (6) les
incrédules : 1/3 des jeunes estiment que l'église n'est pas un
lieu sûr pour exprimer ses doutes, et 1/4 d'entre eux ont de
sérieux doutes dont ils aimeraient discuter.222
Il existe actuellement un sérieux exode de la jeunesse.
60% des jeunes quittent l'église souvent de façon permanente et
définitive à partir de l'âge de 15 ans. De plus, la plupart
des jeunes adultes se marient de plus en plus tard, ce qui a tendance à
bouleverser certaines moeurs. De plus en plus de chrétiens sont devenus
si dépendants technologiquement, qu'ils participent au culte de plus en
plus par TV et Internet interposés. Or, les responsables religieux ne
sont absolument pas préparés à traiter avec cette nouvelle
normalité. Leurs réponses se situent souvent aux extrêmes.
Certains vont jusqu'à rejeter les membres âgés pour
rebâtir l'église sur des concepts différentes pour attirer
la jeunesse, d'autres pensent qu'il faut laisser faire, dans l'espoir que les
chrétiens actuels éduqueront d'une manière
différente leurs propres enfants qui retrouveront alors le chemin de
l'église.
Ce que nous découvrons ici de l'état de
l'église américaine infecte déjà l'église
dans de nombreux pays. Puisse le Seigneur donner la sagesse nécessaire
à nos dirigeants spirituels
222David Kinnaman, "Six Reasons Young People Leave the
Church" Leadership Journal, 23 janvier,
140
pour gérer cette nouvelle situation ! Puissent-ils
eux-mêmes être sensibles à la voix de l'Esprit pour apporter
les solutions divines face à ce danger !
Les Assemblies of God (AoG) aux États-Unis
Les AoG furent constituées en 1914 à la suite du
réveil d'Azusa et ne cessèrent de progresser dès lors,
accomplissant un travail remarquable, tant à l'intérieur des
États-Unis que sur le champ missionnaire. Dans les années 1980,
les AoG connurent aux États-Unis, une expansion rapide due
essentiellement à son travail de proximité auprès de la
communauté hispanique qui représente depuis environ 15% des AoG
des États-Unis. Il en fut de même avec une forte progression
asiatique qui amena la création d'un premier district coréen des
AoG. Ceci compensa la baisse des participants de race blanche. Par ailleurs,
les AoG eurent à subir vers la fin des années 1980, deux
scandales nationaux avec la chute de deux pasteurs réputés, Jimmy
Swaggart et Jim Bakker. Malgré un effort peu rétribué
d'évangélisation dans les années 1990 appelé la
« décennie de la moisson », la croissance est descendue depuis
2003 à un rythme annuel d'environ 1%. Plusieurs mini-réveils ont
toutefois été signalés, à ne pas confondre avec
celui controversé de Brownsville-Pensacola en Floride. Bien que soutenu
par la direction à Springfield, il a été largement
critiqué tant à l'intérieur des AoG qu'à
l'extérieur, comme étant une suite de Toronto et dans le cadre de
la troisième vague, comme nous l'avons vu auparavant.
Notre analyse des statistiques ne permet pas bien sûr de
refléter le déclin spirituel amené par ces
séductions diaboliques et les hérésies qui les
accompagnent. Toutefois, elles permettent de jeter un regard sur la situation
de l'église des AoG à un instant précis. Les statistiques
utilisées ici proviennent directement du bureau du Secrétaire
Général des AoG à Springfield :
141
1) Évolution mondiale du nombre des Églises AoG et
de leurs adhérents.
Aux États-Unis, le nombre d'églises est
passé de 11.004 en 1987 à 12.457 en 2010, soit une augmentation
de 13% en 23 ans. En même temps, le nombre d'adhérents à
augmenté de 50%, passant de 2.160.667 à 3.030.944.
Dans la même période, la progression a
été plus prononcée si on y inclut les pays partenaires, ce
qui permet d'avoir une vision mondiale des Assemblées de Dieu. Ici, le
nombre d'églises est passé de 115.623 en 1987 à 338.472 en
2012, soit une augmentation de 192% en 23 ans. Et le nombre d'adhérents
est passé de 15.816.435 à 55.699.506, soit une augmentation de
252%.
Toutefois, lorsque nous regardons l'évolution mondiale
depuis 2003, l'année 2004 a connu une progression de 3,6% (USA seul :
1,8%), 2005 une progression de 4,2% (USA seul : 1,8%), 2006 une progression de
4,2% (USA seul : 0,19%), 2007 une progression de 5,3% (USA seul : 0,95%), 2008
une progression de 2,5% (USA seul : 1,27%), 2009 une progression de 2,5% (USA
seul : 0,51%), et 2010 une progression mondiale de 1,6% (USA seul : 3,84%).
Nous constatons que la progression numérique aux
États-Unis est faible, voire quasi stagnante, surtout si nous
considérons le fort développement de l'implantation hispanophone
et asiatique dans les AoG des États-Unis.
L'augmentation est plus forte sur un plan mondial. Toutefois,
l'influence de la troisième vague (mouvement de foi, évangile de
prospérité, etc.) est d'ores et déjà si
implantée dans les pays du tiers monde qu'il est difficile de chiffrer
l'état réel des vraies conversions dans ces pays. Sont-ce des
conversions ou simplement des adhésions par intérêt ?
142
2) Églises AoG, membres, adhérents et ministres de
1960 à 2008.
Une analyse rapide montre le grand écart entre les
membres et les adhérents, ces derniers grandissant avec les
années. En effet, nous constatons les écarts suivants :
Année
|
Membres
|
Adhérents
|
Écarts
|
%
|
1975
|
850.362
|
1.239.197
|
388.835
|
46%
|
1980
|
1.064.490
|
1.732.371
|
667.991
|
63%
|
1985
|
1.235.403
|
2.082.878
|
847.475
|
69%
|
1990
|
1.298.121
|
2.181.502
|
883.381
|
68%
|
1995
|
1.377.320
|
2.387.982
|
1.010.662
|
73%
|
2000
|
1.506.834
|
2.577.560
|
1.070.726
|
71%
|
2005
|
1.612.336
|
2.830.861
|
1.218.525
|
76%
|
2009
|
1.710.560
|
2.914.669
|
1.204.109
|
70%
|
|
Notons ici un pourcentage grandissant d'année en
année d'adhérents qui ne deviennent pas membres. Il serait
intéressant de poursuivre cette étude afin de déterminer
les raisons de ces écarts. Ces adhérents non-membres sont-ils des
fidèles qui refusent de s'engager ? Ou sont-ce des papillons qui vont
d'église en église, courant toujours après les
nouveautés ? La question demeure ouverte.
3) Ouverture et fermeture d'églises AoG aux
États-Unis.
L'analyse de ces statistiques sur les ouvertures et fermetures
d'églises AoG aux États-Unis, durant la période allant de
1965 à 2009, nous permet de constater une progression d'ouvertures
d'églises durant les années 80. Par contre, ces dernières
années amorcent un déclin, avec des chiffres affichant une baisse
de 15,6% des ouvertures de nouvelles églises entre 1999 et 2009.
143
4) Participation aux cultes du dimanche matin / églises
AoG aux États-Unis.
Une comparaison entre le nombre de participants aux cultes du
dimanche matin fait apparaître une baisse régulière du taux
de participation au culte d'adoration du dimanche matin.
Année
|
Membres
|
Adhérents
|
Participants
|
% membres
|
% adhérents
|
1980
|
1.064.490
|
1.732.371
|
1.234.078
|
116%
|
71%
|
1985
|
1.235.403
|
2.082.878
|
1.442.296
|
116%
|
69%
|
1990
|
1.298.121
|
2.181.502
|
1.460.248
|
112%
|
67%
|
1995
|
1.377.320
|
2.387.982
|
1.531.003
|
111%
|
64%
|
2000
|
1.506.834
|
2.577.560
|
1.637.665
|
108%
|
63%
|
2005
|
1.612.336
|
2.830.861
|
1.752.793
|
108%
|
61%
|
2009
|
1.710.560
|
2.914.669
|
1.827.302
|
106%
|
62%
|
|
De même, on note une baisse de 47% de la
fréquentation des cultes du soir entre les années 1999 et 2009,
avec une tendance continue à la baisse.
5) Statistiques AoG US : comparaisons 1999-2009.
Ce tableau compare les données entre l'année 1999
et l'année 2009, soit les écarts sur une période de 10
ans. Nous constatons là aussi un déclin spirituel certain :
|
1999
|
2009
|
Écarts
|
% d'écart
|
Adhérents
|
2.574.531
|
2.914.669
|
340.138
|
+ 13.2%
|
Membres
|
1.492.196
|
1.710.560
|
218.364
|
+ 14.6%
|
Conversions
|
534.635
|
440.803
|
- 93.832
|
- 17.6%
|
Baptêmes d'eau
|
131.851
|
121.212
|
- 10.639
|
- 8.1%
|
Baptêmes d'Esprit
|
98.080
|
85.230
|
- 12.850
|
- 13.1%
|
144
6) Statistiques du nombre de pasteurs par tranches
d'âge.
Les chiffres exposés laissent entrevoir des successions
qui pourraient être difficiles, notamment dans le cadre de l'influence de
la « troisième vague ». En effet, sur un total de 34.504
ministères inscrits, 25% se situent dans la tranche au-delà de 65
ans, et 9,4% se situent dans la tranche de 60 à 65 ans. C'est donc un
total de plus du tiers des ministères qui ont plus de 60 ans.
En résumé, même si le déclin spirituel
des AoG est moindre que celui constaté dans la majorité des
autres dénominations évangéliques américaines, les
chiffres rapportés ci-dessus doivent nous alarmer. Nous constatons en
effet une forte progression du nombre d'adhérents, dont une large
majorité semble ne pas vouloir s'engager plus loin, ce qui est
significatif du constat fait nationalement. D'autre part, les chiffres
révèlent un écart grandissant, année après
année, entre le nombre des conversions, des baptêmes d'eau, et des
baptêmes du Saint-Esprit, comme nous le retrouvons ci-après :
Année
|
Conversions
|
Baptêmes %
d'eau /convers
|
Baptêmes %
du Saint-Esprit /conv
|
%
/bapt eau
|
1980
|
222.896
|
105.096
|
47%
|
70.130
|
31%
|
66%
|
1985
|
249.014
|
97.217
|
39%
|
80.396
|
32%
|
82%
|
1990
|
319.558
|
91.900
|
29%
|
76.989
|
24%
|
83%
|
1995
|
384.057
|
100.955
|
26%
|
78.687
|
20%
|
78%
|
2000
|
486.339
|
119.584
|
24%
|
88.957
|
18%
|
74%
|
2005
|
453.420
|
118.838
|
26%
|
90.238
|
20%
|
75%
|
2009
|
440.803
|
121.212
|
27%
|
85.230
|
19%
|
70%
|
Cette étude est révélatrice d'un
problème grandissant entre les conversions et les baptêmes d'eau
ainsi que les baptêmes du Saint-Esprit. Si nous considérons le
total des trois chiffres sur 31 ans, de 1979 à 2009, nous trouvons les
écarts suivants, encore plus édifiants :
145
30.
Total 31 ans Moyenne % %
Annuelle /conv /bapt eau
Conversions
|
11.251.402
|
362.948
|
|
|
Baptêmes d'eau
|
3.332.187
|
107.490
|
29,6%
|
|
Baptêmes du Saint-Esprit
|
2.560.837
|
82.607
|
22,76%
|
76,85%
|
On constate que sur une période de 31 ans, seuls 29,6% des
convertis ont pris leur baptême d'eau. D'autre part, si on
considère le nombre des membres et même des adhérents des
AoG, on déduit aisément qu'un pourcentage énorme des
conversions n'est pas allé très loin, ce qui permet de soulever
plusieurs hypothèses : Étaient-ce de vraies conversions ? Le
suivi des nouveaux est-il bien assuré par les pasteurs et les anciens en
place ? De toute évidence, il y a un problème qui ne
s'améliore pas au fil des années et qui laisse douter de la
capacité de résistance des AoG face à la puissante
montée de la troisième vague et de l'apostasie annoncée
par les Saintes Écritures.
Les Assemblées de Dieu de France
Après de nombreux petits feux de réveil ici et
là, faisant suite au réveil du Pays de Galles, Dieu suscita un
homme, Douglas R. Scott et son épouse Clarice, membres de l'Alliance
Évangélique Elim et influencés par George Jeffreys,
à se rendre en France en 1930 pour y apporter le réveil de la
Pentecôte.223 La mentalité et le climat religieux de la
France étaient empreints de siècles de domination catholique
romaine, et l'influence du siècle des lumières. Ils sont de ce
fait très différents de ceux qui préexistaient dans les
pays protestants. Les débuts furent de ce fait difficiles, puisqu'en
1937, on recense 17 villes ayant des salles de réunion
dédiées à la prédication du plein évangile,
avec un total de 2.071 membres baptisés.
223George R. Stotts, Le pentecôtisme au pays
de Voltaire, (Craponne: Association Viens et Vois, 1981),
226Douglas Jeter. Le retour à une foi
simple. Les Assemblées de Dieu et la communication de l'Évangile.
Thèse de Doctorat, Université de Paris IV La Sorbonne,
2000.
146
Mais les progrès étaient là et en 1938, on
comptait 40 villes touchées par le réveil.224
Hélas la deuxième guerre mondiale éclata en 1939, et
apporta un temps d'arrêt à l'expansion de l'oeuvre, même si
cette dernière continuait.
Notons que, dès les débuts du mouvement de
Pentecôte en France, Douglas Scott eut la grande sagesse de confier la
direction aux Français qui l'ont jalousement préservée de
tout contrôle étranger. Ceci a sans doute permis la poursuite de
l'oeuvre pendant l'occupation allemande.
Georges Stotts rapporte qu'en 1972, il n'y avait, sur un à
deux millions de protestants français, que 50.000 pentecôtistes
baptisés.225 Nous devons néanmoins tenir compte du
fait que les ADD de France ne baptisent que des croyants adultes, ce qui
ramènerait le nombre des sympathisants pentecôtistes à
environ 200.000 à cette époque.
Douglas Jeter rapporte, dans sa thèse de doctorat
réalisée à la Sorbonne, les éléments de son
étude faite en 1997. Il relève un total de 39.546 membres
baptisés en métropole, et 22.526 membres baptisés dans les
départements et territoires d'outre-mer, soit un total pour la France de
62.072 membres baptisés. Si l'on ajoute les enfants et les adolescents
non baptisés, le chiffre atteint un total de 90.000 fréquentant
les cultes.226 Comparativement à 1972, nous voyons que la
progression rapide des années après-guerre s'est
déjà ralentie. Les ADD ont progressé de 24% entre 1972
à 1997, soit en 25 ans, mais aujourd'hui, le chiffre de membres
baptisés avoisine les 60.000 membres, ce qui reflète pour le
moins une forte stagnation.
Le mouvement de Pentecôte en France a exercé une
profonde influence dans trois domaines : (1) Il s'est implanté dans la
classe ouvrière, (2) Il a pénétré parmi les
Tsiganes, (3) il a donné une impulsion spirituelle nouvelle au sein des
églises protestantes. Malgré cela,
224Stotts, 183-184. 225Ibid., 65.
147
aujourd'hui, hormis le mouvement tsigane qui compte près
de 100.000 membres, le nombre de membres de l'Église des
Assemblées de Dieu de France n'a pas réellement
évolué depuis trente ans.
Une analyse de la croissance du mouvement de Pentecôte en
France indique que, pendant les trente à cinquante premières
années, le taux de croissance a été extraordinaire.
Toutefois la question est posée, de savoir si le «
pentecôtisme français n'approche pas de son apogée.
»227 Comme le soulignait le Pasteur Marc Philippe,
président de la Mission Intérieure des ADD, les nouveaux
convertis ne font que remplacer ceux qui partent pour la patrie céleste.
Par ailleurs, hormis une grande fidélité doctrinale,
l'Église connaît le même marasme qu'ailleurs dans le monde,
à savoir un déclin spirituel, tout en conservant ses pratiques
religieuses.
La réponse se trouve peut-être dans le dernier
entretien donné par Douglas Scott en 1966, un an avant sa mort.
Interrogé sur l'avenir du mouvement en France, il répondit
qu'à son avis, l'avenir dépendrait de la façon dont les
Français continueraient à se « laisser conduire par
l'Esprit. » S'ils le refusaient, dit-il, le résultat serait le
même que pour les réveils passés. Le mouvement deviendrait
statique ; il ne serait donc plus un mouvement, mais un
monument.228
Les AD en Afrique et au Burkina Faso
Trouver des statistiques fiables pour le pentecôtisme
africain relève du parcours du combattant. En effet, un grand nombre
d'églises sont plus ou moins affiliées à la «
troisième vague », notamment dans les pays à forte tendance
pentecôtiste tel le Nigéria, ce qui rend la
227Jesse Lyman Hurlbut, L'histoire de l'Eglise
chrétienne, (Deerfield, Floride : Vida, 1988), 203.
228Hurlbut, 203.
229Etienne P. Zongo, Bible College Lectures on
the History of the Assemblies of God of Burkina Faso, (Thèse de
Doctorat, Springfield, MI: Assemblies of God Theological Seminary, 2003),
167.
148
chose encore plus difficile. Je me limiterai donc à
l'étude des quelques statistiques que j'ai pu me procurer sur les
Assemblées de Dieu (AD) en Afrique puis au Burkina Faso.
Dans sa thèse de Doctorat, le Docteur Zongo P. Etienne
relève les chiffres des AD africaines, pour la période de la
décennie de la moisson pour l'Afrique, comme suit229 :
Catégorie
|
1989
|
1999
|
Croissance
|
Églises locales
|
11.688
|
24.476
|
+ 12.788
|
Pasteurs reconnus
|
9.827
|
25.452
|
+ 15.625
|
Écoles bibliques
|
58
|
76
|
+ 18
|
Nb d'étudiants
|
4.055
|
13.109
|
+ 9.154
|
Membres
|
2.140.202
|
8.077.333
|
+ 5.937.131
|
Au Burkina Faso, l'oeuvre a commencé en 1921 par
l'arrivée des missionnaires américains. Le Dr Zongo P. Etienne a
relevé dans sa thèse de doctorat un nombre important de
mini-réveils depuis l'année 1931 à Kaya, puis en 1933
à Yako, en 1951 à l'École Biblique de Koubri, en 1952 dans
l'enceinte du collège protestant de Tanghin Barrage, puis encore en
1960, 1961 et 1965. En ce qui concerne la décennie de la moisson, les
chiffres avancés pour la même période ont été
les suivants :
Catégorie
|
1989
|
1999
|
Croissance
|
Églises locales
|
1.115
|
2.119
|
+ 1.004
|
Pasteurs reconnus
|
1.186
|
2.418
|
+ 1.232
|
Écoles bibliques
|
4
|
6
|
+ 2
|
Membres
|
271.830
|
524.106
|
+ 252.276
|
149
De son côté, Laurent rapporte que selon le
Pasteur Ouedraogo Jean Pawentaoré, ancien président des AD du
Burkina Faso, l'Eglise comptait 400.000 fidèles en 1996 et 450.000 en
2001.230
Toutefois, de récentes statistiques émanant du
Conseil National des Assemblées de
Dieu du Burkina Faso donnent les résultats suivants :
|
|
Catégories
|
Décembre 2010
|
Décembre 2011
|
Pasteurs
|
3.432
|
3.579
|
Églises
|
3.016
|
3.100
|
Membres
|
339.216
|
356.779
|
Baptêmes d'eau
|
164.001
|
178.917
|
Baptêmes du Saint-Esprit
|
89.651
|
95.342
|
Participants leçon dimanche
|
157.906
|
164.847
|
Ces chiffres, relevés à partir de statistiques
réalisées par les Conseils Régionaux AD des diverses
régions du Burkina Faso, permettent de tirer quelques conclusions. Tout
d'abord, je constate un écart important entre le nombre de
baptisés d'eau par rapport au nombre de membres : 48% en 2010 et 50% en
2011. De plus l'écart se creuse entre les baptisés du
Saint-Esprit et les membres : 26% en 2010 et 27 % en 2011, et entre les
baptisés d'eau et les baptisés du Saint-Esprit : 54% en 2010 et
53% en 2011. Ces chiffres doivent nous amener à nous poser plusieurs
questions : Pourquoi les membres non baptisés ne prennent pas leur
baptême d'eau ? Pourquoi les membres baptisés d'eau ne sont pas
baptisés du Saint-Esprit ? Nous avons vu à ce propos que le
nombre de baptisés du Saint-Esprit parmi les baptisés d'eau se
situait entre 70 et 80% aux AoG des États-Unis. Une autre question est
l'absence quasi
230Pierre-Joseph Laurent, Les pentecôtistes
du Burkina Faso, mariage, pouvoir et guérison, (Paris, France: IRD
Éditions, 2003), 29.
150
généralisée des dons spirituels dans les
églises qui annoncent pourtant des statistiques importantes en
baptêmes du Saint-Esprit. Sommes-nous surs de parler de la même
chose ?
2. Le Début de l'apostasie
Un des signes les plus évidents du déclin spirituel
est l'apathie, l'endormissement, et l'indifférence envers l'état
de la Maison de Dieu, envers la parole de Dieu, et envers la présence de
Dieu. Cet état d'esprit submerge le pasteur, le croyant, voire toute
l'assemblée, avant même qu'ils se rendent compte que quelque chose
ne va pas. Ce déclin est en réalité l'un des premiers
signes de l'apostasie dont nous parle la parole de Dieu. Il vient lorsque le
refus implicite ou explicite de l'autorité de la parole se répand
dans toute l'Église. Trop de pasteurs restent silencieux sur le
péché. Ils n'appellent plus les fidèles à la
repentance. Au lieu de cela, ils prêchent un évangile
"politiquement correct", celui de la "tolérance". Selon Ralph Martin
:
Même quand on ne rejette pas clairement, sur un plan
intellectuel, les enseignements uniques et absolus de Jésus-Christ, on
entretient un mélange spirituel de vérité et d'erreur qui
favorise le rejet émotionnel implicite de ces enseignements. Cela
crée une atmosphère qui vide le Christianisme de toute sa
puissance, aussi efficacement que si l'on avait ouvertement plongé dans
l'apostasie. Si l'on ne proclame plus clairement les enseignements uniques et
absolus de Christ, la foi se corrompt, le culte rendu à Dieu se
pervertit et s'affaiblit, et l'on cesse d'annoncer
l'Évangile.231
De plus en plus de pasteurs manquent de courage et font preuve
d'un laxisme étrange. Ils restent silencieux devant le
péché et les iniquités frappantes qui se déroulent
sous leurs yeux. Ils se taisent dans l'église et évitent de
prêcher sur certains sujets délicats parce qu'ils connaissent les
situations critiques de certains de leurs membres qui ne veulent pas entendre
ce qui pourrait troubler leur fausse sécurité. Ces membres sont
d'ailleurs parfois des proches, des amis, des membres du clan ou du village,
des collaborateurs, ou des gens importants.
231Ralph Martin, A Crisis of Truth, (Ann
Arbor, Michigan: Servant Books, 1982), 21.
151
Parfois, le pasteur agit ainsi pour des raisons de subsistance.
Intéressé, il craint de perdre ses plus gros contributeurs s'il
aborde certains sujets controversés. Cela tient pour le moins de la
simonie.
Un autre signe du déclin vient de la facilité avec
laquelle les chrétiens peuvent croire n'importe qui et n'importe quoi.
Le manque d'enseignement biblique et la difficulté pour beaucoup de
s'enseigner soi-même, par manque de temps ou tout simplement à
cause de l'illettrisme fortement implanté dans les pays à forte
poussée évangélique, conduisent les chrétiens
à se confier souvent aveuglément à leurs conducteurs
spirituels. Comme beaucoup de ces derniers n'ont pas eu d'enseignement
doctrinal poussé et en sont encore au lait spirituel, ils ne peuvent pas
emmener les chrétiens plus loin qu'ils ne le sont eux-mêmes. Cet
état de fait conduit donc souvent à des déviations,
à l'acceptation de tout vent de doctrine, au syncrétisme, et au
déclin de l'église. Ce fait est souvent constaté lors de
la venue, dans l'église ou ailleurs, d'un pasteur ou
évangéliste réputé qui va multiplier les erreurs
doctrinales voire carrément des hérésies, mais qui sera
davantage cru et écouté que le pasteur principal de
l'église. Ce dernier souvent n'osera pas reprendre en public celui qu'il
a lui-même invité.
3. Le Déclin de l'Autorité de Christ dans
l'Église
Jésus a dit qu'il bâtira son Eglise (Mt 16.18). Or,
nous constatons aujourd'hui que Jésus-Christ n'a pratiquement plus
d'autorité au milieu de ceux qui se réclament de son nom. Or,
c'est Jésus qui a reçu tout pouvoir dans le ciel et sur la terre
(Mt 28.18). Dieu le Père a tout mis sous ses pieds, et l'a donné
pour chef suprême à l'Église (Ep 1.22). C'est une doctrine
fondamentale du Nouveau Testament. Toute autorité lui a
été donnée, mais elle est contestée par le monde,
et malheureusement aujourd'hui ignorée par l'Église. On le
fête, on le loue, mais lorsque des décisions importantes sont
à prendre, la raison humaine l'emporte. Christ n'a plus
d'autorité. Dans nos églises, tous proclament le nom de
Jésus, surtout dans les prières, lors d'inlassables « au nom
de Jésus » comme une formule magique ou un mantra
152
bouddhiste, mais dans les réunions de prière, on
recherche le Saint-Esprit. Ce n'est plus Jésus le Maître, mais le
Saint-Esprit faiseur de miracles. On ne cherche pas la sainteté mais la
puissance. Il serait temps de rétablir la saine doctrine sur le
Saint-Esprit. Dans les conseils d'église, les décisions sont
prises sur des raisonnements humains. Quel conseil d'église consulte
vraiment les paroles du Seigneur avant de prendre une décision, ou
s'appuie sur un passage de l'Écriture pour appuyer ses arguments ?
Quelle structure d'église consulte la parole de Dieu pour y prendre ses
directives ? Les décisions ne sont-elles pas déjà prises
avant que l'on demande de prier pour demander l'aide de Dieu pour
réaliser les plans ? J'ai personnellement connu plusieurs cas de
pasteurs qui avaient reçu un réel appel missionnaire pour un pays
bien précis, mais qui ont été dirigé vers un autre
pays parce que le Comité missionnaire l'a décidé ainsi. Il
en va de même dans la vie des membres ; ce n'est pas Christ qui prend les
décisions, c'est quelqu'un d'autre. En réalité, nous
sommes prêts à prier toute la nuit pour que Dieu donne du
succès à nos entreprises, celles que nous avons
décidées, mais tout ce que nous désirons, c'est que Christ
nous aide, sans être notre Seigneur. On définit des moyens humains
pour atteindre des buts que l'on considère divins, on en fait des
priorités, et à partir de là, le Seigneur n'a plus droit
au vote. Malheureusement, l'église doit lutter aujourd'hui sur deux
fronts : d'une part, la puissance des habitudes, des précédents,
des coutumes et des traditions, d'autre part, l'influence grandissante de la
société dans l'église, notamment dans les nouvelles
générations, troisième ou quatrième
évoquées précédemment. Déjà,
Israël s'était ainsi détourné de Dieu : « Ils
dirent à Samuel : Voici, tu es vieux. . . .Établis sur nous un
roi pour nous juger, comme il y en a dans toutes les nations » (1 S
8.5).
Avant son départ pour la patrie céleste, David
Wilkerson rappelait l'avertissement prophétique du frère Frank
Bartleman, pionnier de la rue Azusa. Il concerne le danger d'une
Pentecôte sans Christ. Il donna cet avertissement :
233Ibid.
153
Il est possible de voir les gens louer Dieu et lever les mains,
et cependant que Christ marche parmi eux comme un étranger. . .
.Permettez-moi de vous donner trois manières dont nous faisons de Christ
un étranger parmi nous. . . .1. Nous faisons de Christ un
étranger quand nous donnons au Saint-Esprit la prééminence
sur lui. . . .2. On fait de Christ un étranger quand on le loue mais
qu'on ne le prie pas. . . .3. Nous faisons de Christ un étranger parmi
nous quand nous désirons sa puissance davantage que sa
pureté.232
David Wilkerson ajoute :
Nous ne sommes pas prêts pour la venue de Christ ! Est-ce
là une Église triomphante ? Convoitises, divorces, esprit
mondain, recherche du matériel et du succès, tiédeur,
adultères ! Riche et cherchant toujours à augmenter ses biens,
inconscients de son aveuglement spirituel et de sa pauvreté ; aimant le
plaisir, recherchant les loisirs, consumée d'ardeur pour le sport, la
politique et le pouvoir. . . Est-ce là l'Église que Jésus
vient chercher ? Coiffée d'hypocrisie, remplie de crainte et
d'anxiété, ne cherchant que la santé et le bonheur
terrestre ?233
Quand, après la fête de Pâque, Joseph et Marie
quittèrent Jérusalem, Jésus y resta. Ses parents
terrestres croyaient que Jésus était avec eux, quelque part parmi
les compagnons de route. S'étant aperçu, au bout d'une
journée, qu'il était absent, ils retournèrent à
Jérusalem et mirent trois jours pour le retrouver. Jésus
était dans le Temple, dans la maison de Dieu (Lc 2.41-46). Combien de
responsables, de serviteurs et de chrétiens, se trompent et croient,
comme Joseph et Marie, que Jésus est toujours avec eux ? Est-ce qu'ils
ne devraient pas, eux aussi, faire demi-tour, et retourner dans le sanctuaire,
aux pieds de la croix, pour retrouver Jésus et sa communion ?
Dans son journal intime, Franck Bartleman a voulu nous laisser un
témoignage vivant de certaines possibilités de dérives
qu'il avait déjà constatées à Azusa. Il nous
prévient :
Dès les débuts de l'oeuvre pentecôtiste,
l'Esprit m'a beaucoup enseigné sur le fait que Jésus ne devait en
aucun cas être amoindri, "perdu dans le temple", soit à cause de
l'exaltation du Saint-Esprit, soit à cause des dons de l'Esprit. Il
pouvait y
232David Wilkerson, "Une pentecôte sans
Christ,"
http://www.voxdei.org/afficher_texte.php?id=1049.2
(consulté le 04 septembre, 2008).
234Frank Bartleman, Une autre vague
déferle, (Saint-Hubert, Québec: Éditions
Ministères Multilingues, 1997), 93.
154
avoir un grand danger à perdre de vue le fait que
Jésus était tout en tous. . . . Tout vient par lui et en lui. Le
Saint-Esprit est donné pour "révéler Christ". L'oeuvre du
Calvaire et l'expiation doivent être le centre de notre
considération. Le Saint-Esprit n'enlève jamais notre attention de
Christ pour la placer sur lui-même, mais plutôt il nous
révèle Christ d'une manière plus complète. Nous
faisons face au même danger aujourd'hui.234
C. Les Raisons du Déclin Spirituel Actuel
1. Le Déclin des Ministères
La cause majeure du déclin des églises
réside dans le fait que les ministères se sont laissés
distraire des responsabilités qu'ils auraient dû exercer. Le
remède ne sera pas loin d'être trouvé quand ces
ministères auront compris que leur priorité absolue est
d'être eux-mêmes profondément spirituels,
complètement réveillés et d'aplomb sur la parole de Dieu.
Les apôtres l'avaient bien compris : « Il n'est pas convenable que
nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables. . . .Et nous, nous
continuerons à nous appliquer à la prière et au
ministère de la Parole » (Lc 2.41-46). Les causes du déclin
spirituel sont multiples. Toutefois, chaque serviteur de Dieu devrait d'abord
reconsidérer son propre état spirituel. Un dicton japonais dit
que : « Le poisson commence toujours par sentir mauvais par la tête.
» Pourquoi ne pas faire un parallèle en disant que si
l'église ne va pas bien, la raison première est à chercher
chez les pasteurs et les responsables de l'église. Si nous sommes
honnêtes avec nous-mêmes, nous admettrons notre manque de
sanctification personnelle et d'onction fraîche. Nous n'avons pas assez
de sainteté dans notre vie, ni de renoncement à nous-mêmes.
Nous ne recherchons pas Jésus pour lui-même, ni sa parole pour
nous-mêmes, ni le revêtement de puissance pour servir
l'église. Nous ne passons pas assez de temps aux pieds du Maître.
En réalité, les ministères sont beaucoup trop
occupés par toutes sortes de choses qui les ont distraits de l'oeuvre
fondamentale de la conversion des pécheurs et de la
155
sanctification des chrétiens. Nul ne peut nier le souci
des ministères, dans certains pays émergents, de pourvoir aux
besoins existentiels de leur famille, et donc de leur obligation d'une
activité rémunérée. Toutefois, il faut aussi
admettre que, dans une large mesure, beaucoup se sont égarés dans
de vaines disputes, consacrant leur énergie au gouvernement de
l'église, à toutes sortes de procédures
ecclésiastiques, à la gestion de conflits doctrinaux et combien
d'autres encore. Souvent, ils recherchent l'harmonie à tout prix, le
consensus ou une fausse paix, entraînant ainsi compromis et
compromissions, afin de ne pas perdre la face ni de la faire perdre à
celui dont ils auront peut-être besoin un jour. Enfin, hélas,
certains perdent leur temps à courir après les biens terrestres,
et à satisfaire leurs ambitions personnelles.
En fait, il semble évident que les ministères
n'accomplissent pas la mission pour laquelle ils ont été
appelés, s'ils l'ont jamais été, car beaucoup ont
recherché le titre, les honneurs, et, il faut bien l'avouer, les gains
que pourraient rapporter la « vocation ». Rappelons combien la
responsabilité que le Grand Berger des brebis nous a confiée est
grande, de conduire le troupeau du Seigneur dans les verts pâturages,
auprès des eaux tranquilles. Hélas, au lieu de cela, si les
serviteurs ne sont pas totalement consacrés à Jésus, s'ils
ne sont pas oints du Saint-Esprit, s'ils ne sont pas remplis de foi ni de
puissance, ils ne pourront pas conduire le troupeau vers la liberté et
la maturité en Christ, mais ils le ramèneront sous un esprit de
contrôle, dans le légalisme, dans le sectarisme, dans le
mysticisme ; ils le laisseront nu et orphelin, exposé à tout vent
de doctrine, et vulnérable dans ce temps d'apostasie que nous vivons
actuellement.
L'avènement de l'Internet et l'expansion foudroyante des
médias ont permis de dévoiler au grand jour l'immoralité
grandissante dans le milieu ecclésial et pastoral, semant le trouble
parmi les croyants et les non-croyants. Dans la Revue "Christianisme
Aujourd'hui," Joël Reymond précise :
236Eric D. Rust, "Le leadership de soi : Apprendre
à diriger sa propre vie pour mieux diriger les autres," Ressources
Spirituelles 21 (Hiver 2010), 2.
156
Alertés par ce qu'ils diagnostiquaient comme une
augmentation générale des scandales et de l'immoralité
générale, quoique particulière à leur milieu,
cinquante grands responsables charismatiques se sont réunis en Floride
en janvier 2004 et ont signé une déclaration sur le
ministère, dite déclaration d'Orlando. L'accent était
porté sur l'usage des « titres » (pasteur, apôtre,
prophète, etc.) et les abus de pouvoir, l'intégrité
personnelle, la notion de redevabilité et l'activisme
spirituel.235
Au lieu d'être le modèle saint voulu et donné
par Jésus à son Église, de nombreux serviteurs ont une vie
qui ne glorifie pas Dieu. Eric D. Rust écrit :
Il se passe rarement une semaine sans que nous apprenions qu'un
leader s'est
disqualifié au ministère. Nous attribuons cet
échec à un compromis sexuel, à une
magouille financière, à la soif de pouvoir ou
à un piètre leadership. Mais ces échecs pourraient bien
n'être que les symptômes visibles d'une faillite personnelle plus
profonde. En étudiant le problème de plus près, nous
découvrirons le plus souvent que le leader a négligé sa
propre vie.236
Le Manque d'Intégrité
Le monde regorge d'évènements qui confirment que
les valeurs humaines et morales tombent plus bas de jour en jour, comme dans un
abîme sans fin. Les grands de ce monde aussi donnent des exemples de
décadence et aiment à se vautrer dans la boue la plus sale.
Hélas, ce qui se passe au dehors se produit aussi dans l'Église.
Paul disait déjà : « plusieurs marchent en ennemis de la
croix de Christ, je vous en ai souvent parlé, et j'en parle maintenant
encore en pleurant. Leur fin sera leur perdition ; ils ont pour dieu leur
ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, ils ne pensent
qu'aux choses de la terre » (Ph 3.18-19). Il exhortait les Philippiens
à être « ses imitateurs. » (Ph 3.17). Paul pleurait ! De
même, Jésus pleura en contemplant la Jérusalem pharisienne.
Les vrais serviteurs pleurent aujourd'hui en voyant l'Église
décliner et s'éloigner du modèle divin. Paul avertit
Timothée :
235Joël Reymond, "Les débats qui
traversent le pentecôtisme," Le Christianisme aujourd'hui 4.4
(Avril
2006).
157
« dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles,
car les hommes seront égoïstes ... ayant l'apparence de la
piété, mais reniant ce qui en fait la force » (2 Tm
3.1-7).
Malheureusement, on les trouve de nos jours dans le corps
pastoral : « égoïstes, amis de l'argent, fanfarons, hautains,
enflés d'orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l'apparence de
la piété, mais reniant ce qui en fait la force ... ». On
constate de plus en plus de manquements aux devoirs pastoraux : manque de
consécration et d'intégrité, enrichissement personnel,
corruption, falsification de la Parole, abandon de la sainteté,
impureté, débauche, soif de pouvoir, orgueil, manipulation, etc.
Dans certaines églises, la barre d'exigence a été
rabaissée et le ministère est devenu soit un métier, soit
un titre. Les pasteurs ne sont pas tous convertis ni
régénérés. Ne soyons pas étonnés si,
malgré des apparences trompeuses, l'Église perd sa puissance, sa
vision, et sa mission. La mondanité l'a envahie en
général, et le corps pastoral en particulier.
Le Manque d'Intégrité Financière
J'ai reçu l'autre jour, le témoignage qu'une
nouvelle mariée avait, comme c'est la coutume, exhibé dans sa
cour le volumineux gampeogo237, tous les cadeaux qu'elle
avait reçus pour son mariage. Quand la femme du pasteur est venue, elle
s'est tout simplement servie, et a emporté chez elle plusieurs plats qui
avaient été offerts à la mariée. En langage
courant, cela s'appelle du vol. La convoitise et la corruption sont la source
première de la souillure du serviteur et donc, par son exemple, de
l'église. Le piège est celui-ci : Plus on en a, plus on en veut.
L'évêque doit être désintéressé (Lc
5.28 ; 1 Tm 3.3), éloigné d'un gain honteux (Tt 1.7).
Hélas, la malhonnêteté, la vénalité, la
corruption gangrènent aujourd'hui l'Église et son leadership.
237Laurent, Les pentecôtistes au Burkina
Faso, 184.
238David Argue, Le pasteur, un mandat pour le
XXIème siècle, (Longueuil, Québec, Canada :
Éditions Ministères Multilingues, 2004), 9.
158
Combien de pasteurs pourraient dire aujourd'hui à Simon :
« Que ton argent périsse avec toi » (Ac 8.20). Et combien
d'entre nous pourraient accepter cette parole de Jésus et lui
obéir promptement : « Va, vends ce que tu possèdes, donne-le
aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens et suis-moi.
» (Mt 19.21) ?
Les nombreux scandales qui ont terni l'image de
l'Évangile, quand ils ne sont pas sexuels, ont souvent été
liés à l'amour de l'argent. Paul écrit : « Ceux qui
veulent s'enrichir tombent dans la tentation, dans le piège, car l'amour
de l'argent est une racine de tous les maux ; et quelques-uns, en étant
possédés, se sont égarés loin de la foi » (1
Tm 6.9-10). Jean nous interpelle : « Si quelqu'un aime le monde, l'amour
du Père n'est point en lui ; car tout ce qui est dans le monde, la
convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie, ne
vient point du Père, mais vient du monde » (1 Jn 1.15-16). Certains
pasteurs donnent un spectacle affligeant : richesse, maisons-châteaux,
voitures de grand luxe, etc. qui font honte au corps pastoral et à toute
l'Église. Est-ce la peur de la pauvreté ou l'amour des richesses
? Jésus dit : « nul ne peut servir deux maîtres à la
fois ... Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon » (Mt 6.24). Le
modèle divin n'est plus là. Les mauvais exemples impactent
l'Église, les croyants, et souvent même les « vocations
», écartant les sincères qui sont vraiment appelés
mais que le mauvais exemple repousse, et attirant ceux qui voient dans le
ministère une occasion de s'enrichir.
Le Manque de Consécration
David Argue écrit : « Le modèle que
Jésus nous a laissé concernant le ministère est
éternel et complet. Son appel aux pasteurs des premiers temps n'avait
rien de secret. Il consistait en un ordre : Suivez-moi (Mt 8.22, 9.9), ce qui
signifiait en réalité : Venez avec moi vivre ma vie.
»238 La réponse des « appelés »
était claire : « Ils laissèrent tout et le
159
suivirent » (Lc 5.11), « laissant tout, Lévi se
leva, et le suivit » (Lc 5.28). La période a changé et les
modes de ministères contemporains sont différents, mais les
critères bibliques n'ont pas changé. Le ministère exige
une entière consécration. Pourtant, beaucoup sont engagés
dans des activités profanes de subsistance qui les empêchent
d'accomplir un ministère à plein temps, ce qui est
compréhensible car souvent l'Église ne les soutient pas comme
elle le devrait. Il faut avouer que certaines différences sont
scandaleuses, avec parfois des inégalités de revenus au facteur
multiplicateur de 1 à 50, voire plus, entre le stagiaire et son pasteur
principal. Certains sont largement soutenus, alors que d'autres
reçoivent un salaire de misère bien que les finances de ces
églises soient excédentaires. Et pendant ce temps, ils ne peuvent
pas accomplir la noble tâche à laquelle Dieu les a appelés.
C'est une honte. La croissance de l'oeuvre est ainsi empêchée par
une fixation de serviteurs dans des endroits où leur nombre est
largement excédentaire, alors que des localités manquent
cruellement d'ouvriers, faute de moyens attribués. Doit-on n'y voir que
des obligations d'ordre matériel, la rétention financière
égoïste de certains responsables, ou la recherche d'un certain
confort ? Jésus dit « allez ! » Après la
Pentecôte, les apôtres sont restés à
Jérusalem, et c'est la persécution qui les a fait « aller
» (Ac 8). Dieu doit-il envoyer la persécution à
l'Église ?
L'Orgueil Pastoral
Il est à noter aussi une certaine « mondanité
évangélique », une forme d'orgueil pastoral, la course aux
diplômes et aux titres, la dimension de l'église locale, une
ambition dirigée vers le « paraître » au lieu de
l'« être ». Là aussi, ces déviances commencent
à affecter toute l'Église. Peut-être s'agit-il là
d'un réel besoin de connaissances afin de parfaire son ministère
? Dans ce cas, nous ne pouvons que remercier notre Seigneur. Mais il peut aussi
s'agir d'un besoin de reconnaissance ? D'une part, les connaissances reconnues
et attestées par un diplôme peuvent être un marchepied ou un
tremplin pour de hautes fonctions. D'autre
240Dr Wayde I. Goodall, Le pasteur, un mandat
pour le XXIème siècle, (Longueuil, Québec, Canada :
Éditions Ministères Multilingues, 2004), 9.
160
part, les diplômes sont monnayables. Là encore,
à chacun le soin de juger pour soi-même ses réelles
motivations. Est-ce une question d'argent, d'orgueil, un besoin de
reconnaissance, un moyen de combattre un complexe d'infériorité,
ou tout simplement un profond désir d'être mieux formé pour
mieux servir Dieu ? Je rappellerai que le très réputé
Jules-Marcel Nicole avait seulement une licence en lettres et une licence en
théologie. Alfred Kuen avait un doctorat en droit mais, sans aucun
diplôme en théologie, il a écrit plus de soixante livres de
théologie qui remplissent les bibliothèques des
universités de théologie les plus reconnues. André
Thomas-Brès n'avait aucun diplôme mais nous a laissé une
fameuse « Histoire d'Israël » ainsi que d'autres livres
très intéressants. Déjà au dix-neuvième
siècle, le philosophe et théologien, homme religieux et
passionné, Kierkegaard partit en guerre contre l'Église danoise
de son temps, reprochant à ses ministres de courir après les
titres et les distinctions honorifiques et de pervertir le message de
Christ.239
L'Immoralité Sexuelle
L'immoralité sexuelle est un autre élément
qui sape l'autorité de l'église et cause son déclin
spirituel. Wayde I. Goodall souligne : « la foi évangélique
sans éthique chrétienne est une façon de travestir
l'évangile. »240 Et constatant le dommage incroyable et
souvent irrémédiable causé à tout ou partie de
l'église par une violation de l'éthique sexuelle, il rappelle
l'obligation de maintenir un niveau éthique très
élevé afin de protéger notre témoignage
chrétien et le précieux corps des croyants que nous servons. Le
magazine « Leadership » a sondé, en 1988, 1.000 pasteurs aux
USA. Les résultats étaient les suivants : 12% (soit un sur huit)
ont commis l'adultère tandis qu'ils étaient dans le
ministère, 23% ont
239Liliane Crété, Où va-t-on
après la mort, (Genève, Suisse: Labor et Fides, 2009),
206.
mars, 2012).
161
reconnu certaines formes de comportement « sexuellement
inappropriés ».241 Partout se cachent les mêmes
relâchements, les adultères, la pornographie, la masturbation, les
pensées impures, les convoitises invisibles à l'oeil nu mais que
Jésus connaît et qu'il qualifie de réels adultères
(Mt 5.32). La revue « Christianity Today » a sondé 1.000
responsables laïcs chrétiens : 23% avouent des adultères,
45% des choses non appropriées sexuellement. Comment alors vivent les
autres membres de l'église ? Gary J. Ellison écrit que
l'Église contemporaine est « corinthienne ».242
Elle a perdu la vision de la sainteté. Elle est lente à
discipliner ses membres et trop laxiste envers ses responsables coupables. Elle
les met sous discipline pendant un temps, puis les rétablit avec tous
les honneurs à la tête de congrégations. Est-ce la crainte
de les voir fuir pour faire une division ? Le grand risque dans ce domaine, et
dans bien d'autres, n'est pas la division, mais la contagion qui touche
l'Eglise et contamine le corps des croyants. Que risque le pécheur ? Un
temps de mise à part du ministère, parfois en conservant son
soutien quand on est important ? Bien entendu, seulement si l'on se fait
prendre et que l'on cause un scandale ! Est-ce un si grand prix à payer
pour assouvir la volonté de sa chair et se faire plaisir sexuellement ?
Le seul péché considéré comme vraiment coupable (et
encore !) est celui qui consiste à enceinter une fille, parce qu'il
déconsidère la congrégation. Y a-t-il une
différence aux yeux de Dieu ? Les deux péchés ne sont-ils
pas aussi graves ? Dieu jugera les responsables d'église pour leur
iniquité, leur laxisme, et leur désobéissance à sa
Parole. Le Saint-Esprit, par la voix de Paul, ordonne de discipliner
publiquement les anciens qui pèchent : « Ceux qui pèchent,
reprends-les devant tous, afin que les autres aussi éprouvent de la
crainte. » (1 Tm 5.20). Ceux qui ne le font pas pèchent devant
Dieu. Charles R. Swindoll rappelle :
241Ibid., 207.
242J. Gary Ellison, "Chute d'un homme de
Dieu,"
www.coeurdeberger.wordpress.com
(consulté 07
244John MacArthur, 1 Timothée,
(Cap-de-la-Madeleine, Québec : Publications Chrétiennes,
2001), 289. 245Homer A. Kent, Les Épîtres
pastorales, (Cap-de-la-Madeleine, Québec : Éd. Impact,
1981), 108.
162
La première qualification pour un évêque,
c'est-à-dire pasteur, est qu'il soit irréprochable. La
dernière qualification est qu'il reçoive un bon témoignage
de ceux du dehors ... Alors, si un pasteur commet un péché grave
tel que l'adultère, il n'est plus irréprochable et il ne peut pas
recevoir un bon témoignage de ceux du dehors. Donc, il n'a plus les
qualités requises selon les Écritures pour être pasteur. Il
devrait démissionner. Quand la Bible parle de restauration, il s'agit de
restauration au corps de Christ et non pas au poste de pasteur. Un pasteur
chuté peut bien être restauré au corps de Christ, mais
quand on transgresse la loi de Dieu, comme Paul dit : "le nom de Dieu est
à cause de vous blasphémé parmi les païens." (Rm
2.24) Le péché flagrant dans la vie d'un soi-disant
chrétien endommage la cause de Christ. Combien plus quand il s'agit d'un
pasteur. Quand une église restaure à la chaire un pasteur
chuté, elle annonce aux adeptes et au monde, que le péché
n'est pas grave. Quand un chrétien ou un pasteur chute, il annonce que
Christ n'est pas capable de nous "préserver de toute chute et nous faire
paraître devant sa gloire irrépréhensibles et dans
l'allégresse" (Jude 24). 243
John MacArthur ajoute : « Comme les péchés de
l'homme qui assume un rôle de leadership sont plus sérieux, il
doit être puni plus sévèrement (cp Jc 3.1). Que le fautif
se repente ou non, là n'est pas la question. Comme il a perdu sa
crédibilité, il s'est disqualifié pour le ministère
de toute manière. »244 Homer Kent ajoute : « Tous
les péchés d'immoralité extraconjugale disqualifient un
homme de la charge d'évêque. »245
Proverbes 6.32-33 rappelle : « Celui qui comment un
adultère avec une femme est dépourvu de sens, celui qui veut se
perdre agit de la sorte ; il n'aura que plaie et ignominie, et son opprobre ne
s'effacera point. »
L'immaturité Spirituelle
Nous avons vu précédemment qu'une des tâches
du serviteur est de conduire les chrétiens à la maturité
spirituelle. D'ailleurs, quelqu'un a dit : « Ce qui trouble le plus
l'Église, c'est le comportement immature des chrétiens ! »
Mais le serviteur aussi doit faire
243Chuck Swindoll,
http://coeurdeberger.wordpress.com/2009/10/23/quand-le-pasteur-chute/
(consulté le 20 mars, 2012).
163
preuve de maturité. Hélas, nous constatons chez des
serviteurs, jeunes ou même « installés », des signes
évidents d'immaturité spirituelle, pour ne pas dire de
sécheresse spirituelle ! Ils sont charnels. Non conduits par l'Esprit,
ils suivent leurs propres convoitises, affectionnant rivalité, jalousie
et disputes dans le corps pastoral (1 Co 3.1, 3). Comme au temps de Juges
21.25, « chacun fait ce qui lui semble bon ». Ils critiquent les
autres, mais sont eux-mêmes incapables de supporter la critique. Ils ne
savent pas distinguer entre l'essentiel, qui demeure invariable, et
l'accessoire. La liste des oeuvres de la chair (Ga 5.19-21) définit
assez bien les constats recueillis, auxquels on peut ajouter
l'égoïsme, le mensonge, l'hypocrisie, l'amertume, la colère,
la méchanceté, etc. qui attristent le Saint-Esprit (Ep
4.30-31).
L'instabilité doctrinale
L'instabilité doctrinale est à ajouter à la
liste des raisons du déclin spirituel. Paul écrit: « Nous,
nous prêchons Christ crucifié » (1 Co 1.23). À
Corinthe, se propageaient des fausses notions quant à la
résurrection, tandis que les Galates retournaient à la Loi.
Aujourd'hui, le légalisme refleurit, tout comme la course aux visions,
aux révélations et aux miracles. D'autres voient des
démons partout et tombent dans les excès de la fausse
démonologie. Les fausses doctrines se multiplient. Hélas,
beaucoup de pasteurs ne sont pas formés pour contrer ces
hérésies. Ils ne connaissent pas assez la parole de Dieu et sont
emportés à tout vent de doctrine. La croix n'est que rarement
prêchée. Le retour de Christ n'intéresse personne, et le
serviteur évite les nombreux sujets qui fâchent, pourtant
indispensables pour amener le peuple à la repentance et au salut. Est-ce
la peur de perdre des membres, de voir les dîmes et offrandes diminuer ?
La Parole est remplacée par des anecdotes, des témoignages, des
allusions plaisantes qui amusent l'auditoire. Est-ce ainsi qu'elle remplira son
rôle
sanctifiant ? Paul exhorte Timothée à prêcher
vrai :
Prêche la Parole, insiste en toute occasion, favorable ou
non, reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant, car il
viendra un temps où les
164
hommes ne supporteront plus la saine doctrine ; mais ayant la
démangeaison d'entendre des choses agréables, ils se donneront
une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront
l'oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables. (2 Tm
4.2-4)
De nos jours, toutes les hérésies de la
troisième vague pénètrent, empoisonnent et bouleversent
nombre de nos églises, en commençant par les serviteurs. Or,
rappelons-le haut et fort, nos pasteurs n'ont pas été
formés contre cela. Ces hérésies gravitent essentiellement
autour de trois éléments clés : la
prospérité matérielle, la guérison divine, et la
confession positive.246 Certains de ces éléments sont
à présent si profondément ancrés dans l'esprit de
nombreux pasteurs qu'ils conduisent à une profonde dénaturation
du message divin. Enfin, les pratiques syncrétiques souvent
acceptées sapent l'image de l'Église de Christ, entraînant
une vie spirituelle médiocre, l'absence de la plénitude du
Saint-Esprit, le manque de sanctification et de consécration,
l'aveuglement spirituel, les rivalités et les divisions, etc. Le pasteur
est d'abord appelé à la sainteté. Le Dr Mpindi
écrit également : « Le paysage du ministère pastoral
est jonché d'un nombre sans cesse croissant d'"épaves" de
pasteurs, de serviteurs et de servantes de Dieu qui ont fait naufrage par
rapport à la foi et à la sainte vocation. »247
Le Tribalisme
Une autre cause du déclin touchant essentiellement les
responsables spirituels est le tribalisme que Zadi Samuel dénonce comme
étant un poison dans l'église africaine.248 Le
tribalisme comprend l'ethnocentrisme et le clanisme. Cela peut même
amener l'église locale à se regrouper par villages ou familles.
Hélas, de nombreux pasteurs tombent dans le
246Daniel Bourdanné, L'évangile de
prospérité, une menace pour l'église africaine,
(Cotonou, Bénin : Presses Bibliques Africaines, 2011), 14.
247Paul Mbunga Mpindi, Le pasteur et ses
problèmes, (Abidjan, CI : CPE, 2008), 9.
248Samuel Zadi, Le tribalisme, un poison dans
l'Église africaine, (Abidjan, CI: CPE, 2000), 5.
165
népotisme et adoptent un comportement
préférentiel envers certains au sein de la communauté.
Ceci se voit dans l'attribution des postes, dans la discipline, dans le respect
et la considération. On favorise parfois des membres plus influents ou
fortunés, et on les traite avec moins de rigueur que les autres
chrétiens. Or, la prophétie d'Apocalypse 7.9-10 montre clairement
que l'objectif divin sera atteint lorsque des hommes de tous les
différents groupes ethniques auront intégré le Corps de
Christ. À ce sujet, Wilbur O'Donovan souligne que l'idée de
supériorité raciale ou ethnique est née de l'orgueil de
l'homme,249 citant la Bible : « Tout coeur hautain est en
horreur à l'Eternel » (Pr 16.5). Et pourtant, de nombreuses
églises regroupent des individus appartenant à différents
groupes culturels, raciaux ou ethniques qui ont du mal à vivre ensemble.
Parfois certains s'estiment meilleurs que d'autres. Cette tendance nationale
s'appelle l'ethnocentrisme. Ceci entraîne parfois du mépris, des
querelles, des divisions, toutes oeuvres de la chair. Au cours de nombreux
partages avec des pasteurs AD du Burkina Faso, ceux-ci m'ont confié leur
souffrance d'être sous la coupe des Mossi : prédication
mooré, chants mooré, etc. En fait, l'attitude reprochée
aux missionnaires étrangers a parfois été reproduite
çà et là, dans l'effort d'évangélisation
sans tenir compte du besoin de la population locale, de la contextualisation de
la Parole, du respect de la culture et de la langue, etc. Cette attitude,
développée dans l'épître de Jacques, au chapitre 2,
est un mal qui détruit non seulement l'Église mais aussi qui
ébranle la foi des chrétiens, mal affermis ou non, car
l'injustice est souvent flagrante. Elle se nourrit de la maladie du pouvoir.
À ce sujet, Paul Mpindi écrit : « Le pouvoir corrompt ; le
pouvoir absolu corrompt absolument »250 avant de citer des
formes de l'abus de pouvoir chez le pasteur. Nul ne peut le contredire car ces
travers existent chez chacun à un degré ou à un autre.
Comment résoudre les problèmes posés par les partis pris
culturels dans l'Église ? O'Donovan donne trois éléments
de réponse :
249Wilbur O'Donovan, Pour un christianisme
biblique en Afrique, (Abidjan, CI: CPE, 1998), 413. 250Paul
Mpindi, 123-129.
166
Le premier principe consiste à considérer comme
péché le fait de nourrir des préjugés, d'avoir de
la méfiance et de mal agir à l'égard des autres membres de
l'église. . . .Le deuxième principe à mettre en oeuvre
dans la lutte contre les préjugés est celui de l'amour altruiste
dans l'humilité. . . .En troisième lieu, il faut choisir les
responsables de l'église sur la base de leurs qualifications
scripturaires, et non en fonction de leurs qualités humaines, de leur
instruction ou de leur appartenance tribale.251
On peut ajouter qu'il ne faut pas non plus choisir les
responsables de l'église en fonction de leur poids politique ou
financier, ni de leur proximité amicale ou familiale.
L'Abus de Pouvoir
Le pasteur souffre du complexe d'infaillibilité pastorale.
Il croit souvent être le seul capable d'interpréter correctement
la Parole. Hélas, parfois mal enseigné, souvent mal
inspiré, il conduit le troupeau comme l'aveugle conduit un autre aveugle
(Mt 15.14). D'autres considèrent l'église comme leur
propriété privée, leur bien personnel, une entreprise
fondée et consolidée pour eux et leur famille. Beaucoup
n'hésitent pas à manipuler les membres et à diriger leur
vie. Certains manigancent et trafiquent afin d'assouvir leur soif de pouvoir.
D'autres refusent de former les futurs leaders. Ils sont une entrave au
développement de l'oeuvre et devraient être écartés
du ministère. Jésus dit :
Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent et que les
grands les asservissent. Il n'en est pas de même au milieu de vous. Mais
quiconque veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur ; et
quiconque veut être le premier, qu'il soit votre esclave. C'est ainsi que
le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et
donner sa vie comme la rançon de beaucoup. (Mt 20.25-28)
Donc, ne dominons pas sur le troupeau de Dieu et n'imitons pas
Diotrèphe (3 Jn 9). Un autre aspect de l'abus de pouvoir se manifeste
dans une forme de couverture spirituelle
251Wilbur O'Donovan, 416-417.
253Éliane Collard, "Disciples ou
adeptes,"
http://www.blogdei.com/disciples-ou-adeptes
(consulté le 03 septembre, 2010).
167
qui peut se transformer en corruption. Il s'agit ici de la
mise sous dépendance de chrétiens par des ministères.
À ce sujet, Daniel Kambou souligne :
Aujourd'hui, nous avons une croissance extraordinaire des
églises en Afrique, mais à voir de près c'est une
croissance en nombre mais moins en qualité. Plusieurs chrétiens
sont plutôt des disciples de leurs pasteurs que ceux du Seigneur.
Certains pasteurs ont consciemment ou inconsciemment usurpé la place du
Maître, puisque les membres de leurs assemblées ne jurent que par
eux. Quand des chrétiens s'absentent du culte parce que leur pasteur est
en voyage, cela peut être révélateur de problèmes
spirituels sérieux qu'il convient de régler.252
A l'inverse, Éliane Collard souligne le refus de
maturité de certains chrétiens qui se complaisent dans leur
dépendance :
Le système des églises tel qu'il est conçu
actuellement engendre parfois des chrétiens qui ne veulent pas maturer
parce que la maturité signifie aussi la responsabilité avec la
prise de décisions qui engendrent des conséquences. Or, lorsque
les conséquences ne sont pas bonnes, il est parfois pratique d'avoir un
bouc émissaire sur qui reporter la responsabilité. Je me suis
parfois retrouvée face à des personnes pour qui cela avait un
côté pratique de pouvoir se reposer sur les autres pour toutes les
situations importantes au niveau de leur vie spirituelle et la
responsabilité qu'elles engendraient : de vrais C.S.A. (chrétiens
spirituellement assistés). . . .Je me souviens d'une soeur qui se
plaignait à moi il y a quelques années. . . .Je lui ai dit
qu'elle était appelée à être une brebis et pas un
mouton. . . .Cette soeur m'a regardée en face et m'a dit la chose
suivante : "Mais je veux être un mouton moi, pas une brebis ! J'ai besoin
qu'on me dise quoi faire". . . .Il me semble évident que si nous devions
choisir entre devenir adulte et demeurer des enfants, une hésitation ne
saurait être envisagée un seul instant. Mais bien loin de
là, la réalité semble montrer que le choix n'est pas aussi
évident pour tous car la maturité implique aussi le risque de la
responsabilité.253
2. Une Église de Professants Transformée en
Église de Multitude
Tandis que le mouvement des AD se réclame du
pentecôtisme classique, il est sidérant de voir qu'une grande
majorité n'a jamais fait l'expérience du baptême du
Saint-Esprit. Je ne veux pas mettre ici en doute la foi des chrétiens
régénérés. Hélas, ils semblent peu
nombreux.
252Daniel Kambou, "La foi à
l'épreuve,"
http://palabre.wordpress.com/2010/06/21/etre-disciple-mais-de-qui
(consulté le 03 septembre, 2010).
168
Le constat est amer. La mondanité a envahi l'église
à un rythme effréné : tribalisme, syncrétisme,
débauche, cupidité, fraude, corruption, ivrognerie, occultisme,
vaine manière de vivre liée au siècle présent, etc.
N'oublions pas le suivisme. Un nombre important d'enfants nés de
familles chrétiennes abondent dans l'église. Ce sont les
chrétiens de la troisième ou la quatrième
génération, en réalité des païens polis par
l'hypocrisie de leur coeur. Ils fréquentent les cultes, mais ils
ignorent la piété et ce qui en fait la force. Beaucoup
participent à la Sainte Cène sans être
régénérés. D'autres viennent pour satisfaire des
dirigeants, des amis, pour obtenir quelque gain matériel, ou pour
éviter l'exclusion sociale. L'église est remplie mais elle est
malade de sa léthargie spirituelle et de son incapacité. Les
religieux ont remplacé les spirituels. Le besoin de remplir les
églises a conduit à une évangélisation
tronquée et trompeuse, puis au baptême des non-croyants. C'est
particulièrement vrai pour beaucoup de soi-disant « convertis
» en Afrique. Il suffit que le païen répète la
prière de la repentance pour qu'on en fasse un converti. À ce
propos, Karl Grebe attire l'attention sur l'influence des concepts de la
Religion Traditionnelle Africaine sur l'Église chrétienne, et il
pointe du doigt le piège de la foi en l'Évangile en Afrique :
Le fait que le christianisme s'est répandu si rapidement
en Afrique est dû en partie au fait que la conception du monde suivant la
R.T.A. est capable de s'accommoder très facilement au moins de quelques
éléments clés du message de l'Évangile. Cela a
été une grande opportunité pour l'expansion de
l'Évangile, mais aussi un piège dangereux. La
réceptivité n'égale pas nécessairement une
conversion authentique, et pourtant on confond la réceptivité
avec la conversion, spécialement lorsque dans la proclamation de
l'Évangile, on souligne lourdement le fait de croire en Christ comme son
Sauveur pour être sauvé du péché.254
En fait, selon la conception du monde soutenue par la R.T.A.,
l'univers est gouverné par une hiérarchie de puissances
spirituelles, présidée par Dieu qui gouverne le monde par
délégation. Les puissances spirituelles inférieures
gouvernent ce qui est du domaine de la
254Karl Grebe et Wilfred Fon, 43.
255Ibid., 44.
169
terre, et Dieu a pourvu des intermédiaires par lesquels
les hommes peuvent les contacter et obtenir leurs faveurs. Pour toucher Dieu,
il n'existe pas d'intermédiaire, ce qui laisse la porte ouverte à
l'Évangile qui présente Christ comme le médiateur, et son
propre sacrifice comme rançon. L'Africain a donc naturellement tendance
à accepter Christ qui lui garantit le salut et la vie éternelle,
tout en gardant ses puissances inférieures pour les choses de cette vie.
Karl Grebe et Wilfred Fon d'ajouter :
Par conséquent, les Africains répondent volontiers
à l'appel de croire en Christ comme étant le chemin qui
mène à Dieu et à la vie éternelle. Toutefois, une
telle réponse ne signifie pas nécessairement un changement total
d'allégeance aux esprits à l'allégeance à Christ.
Le concept de la R.T.A. suivant lequel Dieu n'intervient pas dans un monde
dominé par les esprits n'est pas facilement abandonné à
moins qu'il n'y ait eu une expérience précise de la puissance de
Christ sur ces esprits.255
Ajoutons que la plupart ont eu et entretenu des contacts avec
l'occultisme, que ce soit par le biais des esprits malins, des fétiches,
voire même des sorciers, etc. Il est important d'encourager la pratique
de la renonciation publique aux liens entretenus avec l'occulte, ainsi que la
destruction de tous les objets ayant rapport avec ces pratiques (Ac 19.18-20).
Ce pas de foi dans leur protection par Christ et dans l'obéissance
à sa Parole permettra à Dieu de manifester sa puissance.
Pierre-Joseph Laurent souligne un aspect particulier que
revêt la conversion chez les Mossi au Burkina Faso. Il pointe du doigt
l'importance prise par les Assemblées de Dieu qui incarnent parmi les
villageois une certaine idée de la modernité. La conversion
permet, par rapport à l'entourage villageois ancestral, une mise
à distance favorable au développement, ainsi qu'un refuge contre
les entreprises malfaisantes des milieux lignagers jaloux qui utilisent
fétiches et maléfices contre l'enrichissement des uns et la
réussite des autres. Les AD offrent également une
échappatoire à la coutume ancestrale du mariage forcé, en
offrant aux
170
jeunes filles la possibilité de se sauver et se mettre
sous la protection du pasteur qui, une fois qu'elle sera convertie, et dans le
cadre d'un mariage par consentement mutuel, la mariera à un
chrétien. Hélas, la plupart de ces nouveaux-venus ne sont
convertis que de « bouche », et il faudra une crise
particulière ou un problème avéré pour qu'ils
prennent enfin conscience du danger et se convertissent de « coeur »
cette fois.256 Toutefois, on ne peut que se féliciter de
l'instauration par les AD de cette nouvelle stratégie matrimoniale qui
engage sa responsabilité, mais qui impose la monogamie, et qui insiste
sur l'indissolubilité du mariage et la
fidélité.257 D'autre part, notons que pour les jeunes,
l'Église représente avant tout un espace de liberté au
sein duquel ils espèrent se distancier de l'holisme du
village.258
L'autre erreur est la présentation d'un christianisme
facile qui en fait le tue, car elle ne présente que les attraits. Il y a
un réel danger à prêcher un Jésus populaire aux
non-croyants, à présenter qu'un seul côté de la vie
chrétienne, c'est-à-dire la joie du salut. J. I. Packer fait
remarquer :
Au cours du siècle dernier, l'on a imperceptiblement
échangé l'Évangile biblique contre un produit de
substitution, suffisamment semblable dans les points de détail, mais
résolument différent dans sa totalité. Nos
problèmes viennent de là, car cet article de substitution de
répond pas aux buts pour lesquels le message de la Bible s'est
révélé autrefois si puissant. Ce nouvel "évangile"
est manifestement incapable de faire naître, avec la qualité
voulue, une humilité, une repentance et un respect profonds, ainsi qu'un
vrai esprit d'adoration et un intérêt pour
l'Église.259
James Stewart souligne les propos de A. J. Gordon dans un sermon
sur les "répulsions du christianisme" :
256Pierre-Joseph Laurent, "Conversions aux
Assemblées de Dieu chez les Mossi du Burkina Faso : modernité et
sociabilité," Journal des Africanistes 68 (1998): 67-97.
257Laurent, Les pentecôtistes du Burkina
Faso, 98. 258Laurent, 109.
259J. I. Packer, Retour à
l'évangile, (Chalon-sur-Saône, France : Éditions
Europresse, 1995), 5-6.
171
Nous nous attardons trop sur les attraits du christianisme. . .
.Si l'Église de Christ attire à elle ce qu'elle ne peut pas
assimiler, sa vie est en danger immédiat : le corps de Christ doit
être uni, même si cela le met en guerre avec le monde. Sa
pureté et sa puissance dépendent de son unité. Alors, si
par hasard l'Église attire des hommes sans les transformer, si elle
accepte des membres qui ne s'assimilent pas à sa vie, elle s'affaiblit
par son accroissement et elle diminue dans son augmentation.260
Gordon souligne deux paradoxes qui frappent aujourd'hui
l'Église au Burkina Faso et ailleurs : l'affaiblissement dans la
croissance, et la diminution dans l'augmentation. James Stewart précise
que :
Dans notre désir de toucher les gens du monde, nous avons
donné l'impression que l'Évangile est un message humoristique et
frivole. Il y a trop d'hilarité dans nos réunions et pas assez de
pleurs. Dans notre zèle pour dire au monde que Christ satisfait, nous
sommes allés à l'extrême en présentant un
christianisme populaire. Si nous rions au début d'une réunion et
que nous devenons sérieux vers la fin, pour avertir les non-croyants du
péril qu'ils courent, il leur est difficile de comprendre que nous
sommes sincères. Nous ne sommes pas sauvés pour passer un bon
moment. Nous sommes sauvés pour sacrifier, souffrir et servir. (cf Mc
8.34, Mt 8.20, Hé 13.13)261
Et d'ajouter :
Parmi les non croyants, notre prédication produit peu
d'appréciation réelle pour le Seigneur Jésus et sa Parole.
Il y a trop de chants et trop peu de la Parole de Dieu dans nos
réunions. Notre jeunesse connaît beaucoup de chants, mais ignore
les chapitres de la Bible. Un signe des derniers jours est le manque de
profondeur de la spiritualité et la profondeur de notre ignorance quant
aux choses de Dieu.262
Les réunions (ou campagnes) d'évangélisation
laissent souvent un goût amer à ceux qui ont à coeur la
dignité et la sainteté de Dieu. À
l'évangélisation « décibel » avec des chants
dont la sonorité porte à plusieurs kilomètres, on peut
ajouter les danses, ainsi que parfois un habillement suggestif, voire
indécent de certaines soeurs qui se trémoussent pour se faire
260A. J. Gordon, "Évangélisation
spectacle", Pentecôte 5 (2011): 6. 261James Stewart,
"Évangélisation spectacle", Pentecôte 5 (2011):
7.
262Stewart, 7.
172
remarquer, mais qui apportent une connotation mondaine à
un message qui se veut très sérieux, puisqu'il s'agit ni plus ni
moins que de la mort ou de la vie de ceux qui viennent écouter. Ce
constat concerne de nombreux pays, notamment ceux où l'Église en
est à la troisième ou quatrième génération.
La jeunesse s'ennuie et, pour l'empêcher d'aller trouver dans le monde
les divertissements dont elle a besoin, l'église est souvent
amenée à lui procurer une copie de ce qu'elle pourrait trouver
dans le monde. Dans ce contexte, l'Église est confrontée au
problème grandissant d'une évangélisation sainte
destinée à porter des fruits saints afin de construire l'oeuvre
de Dieu. Le bruit, la musique, le rythme, la danse, le nombre, attirent de
nombreux jeunes qui se déclarent prêts à suivre le
Seigneur, sans même mesurer ce que cela signifie. Les pasteurs font
éloge de chiffres impressionnants de soi-disant « conversions
», qui ne sont en réalité que des décisions de venir
à l'église, quand elles sont suivies de fait.
L'Église du Burkina Faso n'est pas exempte de ce sujet de
préoccupation. Elle doit rapidement affronter ce problème de
fausses conversions. Car, comment parler de conversion quand il n'y a pas de
conviction de péché, pas de besoin d'un sauveur, ni de
véritable repentance ? En conséquence, même si les
prétendues conversions sont suivies de baptême d'eau, il n'y a pas
de régénération, et donc pas de baptême du
Saint-Esprit. Ici se retrouvent les paradoxes de Gordon : l'affaiblissement
dans la croissance, et la diminution dans l'augmentation. En fait,
l'église devient une église de multitude et perd de sa puissance
puisque celui qui est à son origine, Jésus-Christ, est absent de
son sanctuaire.
Les nombreux témoignages pastoraux recueillis à ce
sujet, semblent démontrer qu'il s'agit en fait d'une stratégie
d'évangélisation. On attire le plus de monde possible, sous
toutes sortes de prétexte ; on en fait des chrétiens en les
baptisant d'eau, et on les enseigne en espérant qu'un jour, ils se
convertissent vraiment. En attendant, on leur apprend les bases du
christianisme : « tu dois et tu ne dois pas », les ramenant ainsi
dans une sorte de légalisme,
173
qui devient comme une prison dorée, dont ils auront
beaucoup de mal à sortir pour goûter la vraie liberté en
Christ. C'est ici une des causes des nombreuses chutes morales et autres,
auxquelles l'Église doit faire face aujourd'hui. Elles détruisent
la puissance et la crédibilité de l'Évangile et entachent
le témoignage chrétien dans ce monde. Hélas, ce fait
touche aussi le pastorat et le diaconat, produisant des bouleversements encore
plus grands, mais qui sont pourtant souvent traités à la
légère et avec beaucoup de laxisme par les plus hauts
responsables, amoindrissant ainsi la gravité du péché aux
yeux de l'Église et du monde.
De vraies conversions, de vraies repentances, des nouvelles
naissances, des régénérations spirituelles, puis la
pratique équilibrée de la vie chrétienne, la croissance
spirituelle authentique, voilà ce qui est nécessaire à
l'Eglise pour sa croissance et pour en faire l'édifice de Dieu. Nous
oublions trop souvent que le pécheur perdu, jadis étranger
à la vie de Dieu, doit naître d'en haut, doit être
régénéré, pour pouvoir désormais vivre en
enfant de Dieu, habité par le Saint-Esprit. C'est ainsi que son salut
devient un fait accompli et que sa sanctification devient un processus constant
et progressif. Jean écrit : « Quiconque est né de Dieu ne
pratique pas le péché, parce que la semence de Dieu demeure en
lui ; il ne peut pécher, parce qu'il est né de Dieu. » Ici
le verbe grec est au présent de l'indicatif et dénote une action
continue. Jean ne veut pas dire qu'il soit impossible de commettre un
péché. Il veut dire qu'un chrétien ne peut pas supporter
de demeurer dans le péché. Le péché doit
l'écoeurer à un point tel qu'il ne peut supporter de vivre ainsi
et sa seule alternative est de se jeter aux pieds de la croix et de se repentir
sincèrement. Être né de nouveau, veut dire que Christ est
le centre de notre vie, que la puissance sanctifiante du Saint-Esprit est en
nous, et qu'un péché apporte un tel chagrin qu'y demeurer doit
être insupportable. Voilà les chrétiens qu'il faut à
l'Église. C'est la seule alternative. Malheureusement, l'Église
est aujourd'hui pauvre en êtres régénérés et
spirituels, tant au niveau pastoral qu'au niveau des fidèles. Les
messages de victoire sont là, mais lorsqu'on analyse profondément
la vie des membres, il y a
174
peu de différence avec le mode de vie des gens du monde.
On trouve, entre autres, adultères, divorces, homosexualité, abus
sexuels de tous genres, commérages, manques de pardon, querelles,
jalousies, colères, dissensions, syncrétisme, occultisme, etc.
qui dominent aussi bien l'église que le monde. Presque chaque pasteur ou
responsable d'église à qui vous parlez en privé admet
qu'au fond de lui il sait que quelque chose va
désespérément de travers.263 Mais il sera
difficile de le lui faire admettre publiquement. Pendant ce temps, la roue
tourne et le déclin va de plus en plus profond.
3. Une Prédication Diluée, Pervertie, et
Impuissante
L'église a essentiellement deux types d'auditeurs et donc
deux messages à proclamer : l'un à destination du non-croyant et
l'autre à destination du croyant. James Kennedy analyse bien la dilution
actuelle de la connaissance des Saintes Écritures dans nos
églises :
En cette époque de théologie "à la Pepsi",
il me semble y avoir un grand besoin pour un fondement biblique et
théologique plus substantiel, de peur que les bulles ne
s'évaporent ! Notre culture se centre presqu'entièrement sur
l'expérience, et elle a un besoin crucial de retrouver les
vérités éternelles de la Parole de Dieu.264
On pourrait aussi comparer les messages actuels à un
évangile « crème glacée » aux multiples parfums.
Il y a un parfum pour chacun : vanille, fraise, pistache, chocolat, etc. ; il y
en a pour le grand et pour le petit, pour le riche et pour le pauvre ; le
message de Dieu est remplacé par des histoires, des témoignages,
etc. ; on amuse ; l'important est d'attirer le plus de monde possible dans
l'église, à n'importe quel prix. Alfred de Musset a dit : «
Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse. » C'est la
stratégie de la « troisième vague ». Hélas, on
retrouve les mêmes dérives aujourd'hui dans nos assemblées.
On dilue, on tord le sens au point que ce ne soit plus l'évangile, voire
même un « autre évangile ». Où est la
prédication
263Milton Green, "Ce n'est pas le réveil
qui vient mais la grande apostasie,"
http://www.blogdei.com/ce-nest-pas-le-reveil-qui-vient-mais-la-grande-aposatsie
(consulté le 16 août, 2010).
264James Kennedy, La vie est belle en
vérité, (Chalon-sur-Saône, France : Europresse, 1994),
5.
175
sur le péché, sur la nécessité de
repentance, sur l'exigence de la sanctification progressive, sur
l'enlèvement de l'Eglise, etc. ? Le résultat est le constat divin
transmis par Osée : « Mon peuple est détruit parce qu'il lui
manque la connaissance. Puisque tu as rejeté la connaissance, je te
rejetterai, et tu seras dépouillé de mon sacerdoce ; puisque tu
as oublié la loi de ton Dieu, j'oublierai aussi tes enfants » (Os
4.6). Ce texte concernait Israël, mais nous nous trouvons dans la
même situation aujourd'hui, et cela par la faute des pasteurs et des
prédicateurs qui manquent de connaissances bibliques et
théologiques nécessaires. À ce sujet, le Docteur
Jean-Baptiste Roamba souligne : « On a l'impression que les pasteurs ne
veulent pas choquer les fidèles mais ils doivent comprendre que la
prédication de l'évangile doit amener la repentance et le pardon
des péchés. Au lieu de dénoncer le péché, on
le tolère et il prend racine dans l'église. Ce qui autrefois
n'était pas toléré, est accepté aujourd'hui.
»265
Ce manque d'enseignement conforme à la saine doctrine
contribue à l'ignorance des croyants, à leur manque de
croissance, à leur crainte de l'inconnu, et finalement à leur
dépendance vis-à-vis des ministères en place. Beaucoup de
fidèles sont maintenus dans une sorte d'esclavage spirituel qui les
conduit à considérer le pasteur comme un juge de l'Ancien
Testament, un directeur de conscience, ou un conseiller particulier pour tous
les problèmes de leur vie. Ils ne connaissent que trop peu leur Bible et
les promesses de Dieu. Ils préfèrent se confier en ce
qu'affirment les hommes. Beaucoup sont hélas illettrés et ne
peuvent faire autrement. Mais d'autres lisent, sans discernement, des livres de
vulgarisation, parfois pleins de sagesse humaine mais non fiables quant
à la saine doctrine, parfois même franchement
déviationnistes. La crainte ou la soif de connaître poussent
certains à se rendre dans toutes sortes d'endroits peu recommandables
où sont présentées des vérités
complètement déformées. Le danger est qu'ils ne sont pas
ou plus en communion régulière avec Dieu. Si la
265Jean-Baptiste Roamba, "Les Assemblées de
Dieu du Burkina Faso : Passé, présent et avenir," Flamme
68 (2012), 52.
176
prière ainsi que l'étude régulière et
systématique de la parole de Dieu manquent à leur vie
spirituelle, ils sont à la merci des tempêtes doctrinales qui
s'abattent sur l'Église.
Si la majeure partie, plus de 95%, de la chrétienté
est aujourd'hui dans l'apostasie, c'est parce qu'elle a accepté, au fil
du temps, toutes sortes de « nouvelles révélations »,
contredisant et dénaturant les Saintes Écritures. Certains
prédicateurs d'un « évangile » déformé
accèdent même à des positions stratégiques
dominantes au sein de certaines dénominations chrétiennes, ce qui
leur permet de séduire plus facilement un grand nombre de
fidèles. On les reçoit avec de grands honneurs car leur
prédication remplit les caisses. Nombre d'entre eux ne sont hélas
même pas chrétiens : « Ils ont une apparence de
piété, mais renient ce qui en fait la force. » (2 Tm 3.5).
Feu Charles Colson observait que :
Trop souvent l'Église moderne cherche à imiter les
méthodes et le voies de ce monde. Notre culture cherche à
satisfaire les besoins des consommateurs, avant tout pour qu'ils se sentent
bien. L'Église privilégie donc l'action au détriment de la
formation du caractère, le "faire" au détriment de
"l'être". Il n'y a rien de mal en soi à vouloir satisfaire les
besoins des gens et à concevoir des programmes en ce sens.
L'Église doit pouvoir attirer ceux qui ne sont pas Chrétiens.
L'Église doit croître. Mais quand les programmes et la croissance
deviennent les préoccupations essentielles, l'Église court le
danger de perdre son premier Amour. . . .Elle court le danger de
désacraliser ce qui est saint.266
Il est rare d'entendre aujourd'hui prêcher sur le retour de
Christ, parce que cela mettrait un terme à la poursuite du plaisir et de
la prospérité. Rares aussi sont les messages sur l'amour que l'on
doit porter à Jésus-Christ. Les églises
préfèrent se concentrer sur la visite de tel prédicateur
à la mode, la promotion de tel projet pour réunir des fonds, ou
telle campagne d'évangélisation avec miracles et
guérisons. La vraie foi a laissé la place à la recherche
effrénée de la puissance, de la santé, du confort et de la
prospérité matérielle.
Cet environnement offre un terrain propice pour le
développement d'une apparence de foi superficielle et facile. Beaucoup
de ceux qui rejoignent ainsi l'église ne se convertissent
266Charles Colson, The Body, (Nashville,
Tennessee: Thomas Nelson Publishers, 1992), 381.
177
donc pas vraiment. Ils adhèrent pour obtenir les avantages
qu'on leur promet, mais ne reconnaissent pas leur situation de pécheur,
ne se repentent pas, et ne se soumettent pas au Seigneur Jésus pour un
plein pardon et la vie nouvelle. Ce ne sont pas des disciples. Ils
acquièrent une apparence de religion ; ils chantent et ils dansent ; ils
donnent la dîme, peut-être ; mais ils ne sont pas
régénérés. Aujourd'hui, dans beaucoup
d'églises, l'enseignement se réduit à satisfaire les
besoins des auditeurs. On cherche à les aider à résoudre
leurs problèmes, pour qu'ils puissent vivre plus confortablement. Peu de
pasteurs cherchent à développer chez le croyant une foi ferme,
fondée sur le message pur et entier de la parole de Dieu.
Drew Dyck remarque combien, en Occident, on se soucie des styles
de prédication, de la louange et de l'adoration, de la musique, de
l'atmosphère, de ce que pensent les nouveaux arrivants. Puis il
présente un questionnaire utilisé par Asian Access (A2), mission
chrétienne en Asie du Sud, pour aider le nouveau converti dans sa
démarche de suivre vraiment Jésus. Comme nous pouvons le voir,
les questions à l'autre bout du monde sont quelque peu
différentes. A2 se sert du formulaire suivant :
1. Êtes-vous prêt à quitter votre maison et
perdre la bénédiction de votre père ?
2. Êtes-vous prêt à perdre votre travail
à cause de votre foi ?
3. Êtes-vous prêt à retourner au village vers
ceux qui vous persécutent, à leur pardonner, et à partager
l'amour de Christ avec eux ?
4. Êtes-vous prêt à faire une offrande au
Seigneur ?
5. Êtes-vous prêt à être battu
plutôt que renier votre foi ?
6. Êtes-vous prêt à aller en prison ?
7. Êtes-vous prêt à mourir pour Jésus
?
Il est certain que ces questions sont nécessitées
par la persécution ambiante. Dans un pays où les pasteurs et les
convertis ont toutes les chances de finir en prison, voire de perdre la vie, il
est important d'être fort et enraciné dans sa foi. A juste titre,
donc, Dyck se pose la question : Est-ce qu'on rend le chemin pour aller
à Jésus trop facile ? Il est vrai qu'en
178
Occident et dans de nombreux pays, il est facile d'être un
« chrétien ». Maintenant, dit-il, est-ce que l'Église
ne serait pas en meilleur état spirituel s'il y avait la
persécution ? Probablement.267 Je rappellerai simplement
combien l'Église persécutée a toujours été
forte, résistant aux hérésies, et progressant par
l'assistance du Saint-Esprit. Ce fut vrai de l'Église primitive avant
Constantin, des divers mouvements pré-réformateurs (Hussites,
Lollards, Vaudois), de la Réforme en France, des puritains en
Angleterre, etc. Ce fut le cas également au début de l'oeuvre au
Burkina Faso. De même, c'est encore le cas dans les pays musulmans et
certains états asiatiques. À l'inverse, la vague islamique n'a eu
aucun mal à balayer le christianisme en Afrique du Nord lors des
invasions du huitième siècle. Les églises y étaient
faibles dans la connaissance biblique et dans la foi. Il n'y avait pas de
fondement, hormis l'église copte qui, bien enseignée, a
traversé les siècles. C'est notre cas aujourd'hui. Notre
prédication se doit d'être sans compromis. Nous devons proclamer
la vérité, pas seulement une partie de la vérité
mais toute la vérité, quel qu'en soit le prix à payer.
Nous avons vu que l'Eglise a deux messages à proclamer. Le
deuxième message est à destination du croyant qui a besoin de
grandir dans la connaissance de Dieu et de sa parole, ainsi qu'en
maturité. Or l'Église souffre aujourd'hui d'un manque cruel
d'enseignement. La prédication actuelle ne répond plus aux
besoins du peuple de Dieu. Elle n'est pas souvent, ou peu structurée ;
elle ne nourrit pas le peuple qui en reste au lait spirituel ; elle est
beaucoup trop agrémentée de témoignages, d'histoires,
destinés à amuser le peuple. Rappelons que c'est la faible
prédication par exposition d'Evan Roberts qui a conduit à
l'arrêt du réveil gallois. Le manque d'enseignement contribue
à la fragilité de construction de l'âme qui a des besoins
indispensables pour grandir dans la foi et la maturité
chrétienne. L'enseignement doit donc répondre aux besoins des
âmes non seulement sur le plan spirituel mais aussi dans l'application
à leur vie quotidienne ; il doit donc être contextualisé.
Le fidèle doit quitter le
267Drew Dyck, "Raising the Bar," Leadership
Journal, 08 avril, 2012.
179
culte en sachant ce qu'il doit ou devra faire si telle situation
se présente à lui. Sur un plan plus profond, les enseignements
sur le péché, sur la sanctification et la sainteté de
Dieu, sur l'eschatologie, c'est-à-dire sur le retour du Seigneur, sont
rares. Souvenons-nous que l'eschatologie de l'église primitive a
été le gage de sa vitalité et de son action. Elle
attendait le retour de son Maître, et se tenait prête. Fort
malheureusement, aujourd'hui, la majorité de nos pasteurs et de nos
chrétiens n'est pas prête à rencontrer le Seigneur,
même si on le chante à tue-tête pendant la louange. Les
coeurs sont beaucoup trop partagés entre les besoins du monde et
l'attrait de notre premier amour.
4. L'Influence des Séductions Mondaines et
Spirituelles
Point n'est besoin de faire un long discours pour
démontrer à quel point les valeurs de notre société
« moderne » se dégradent. La morale est depuis longtemps en
perte de vitesse. La virginité est devenue une tare. Les pratiques
sexuelles commencent de plus en plus tôt parmi les adolescents. La
fidélité conjugale est tournée en dérision, bien
qu'elle soit en Afrique parmi les remèdes efficaces recommandés
contre la propagation du sida. Le mariage est devenu démodé.
L'homosexualité, jusque-là cachée, est en train
d'acquérir ses lettres de noblesse. Sans parler d'autres domaines comme
la corruption, etc. Esaïe écrivait il y a bien des siècles :
« Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui
changent les ténèbres en lumière, et la lumière en
ténèbres, qui changent l'amertume en douceur, et la douceur en
amertume. » (Es 5.20)
Malheureusement, le monde chrétien se laisse de plus en
plus entraîner par la mentalité qui l'environne. Les responsables
sont les premiers à oublier les leçons laissées pour nous
servir d'exemple : Nadab et Abihu apportèrent du feu étranger sur
l'autel des parfums (Lv 10.1), David adopta un char neuf pour transporter
l'arche de Dieu (2 S 6.3), et le roi Achaz fit construire un autel
entièrement d'après le modèle vu à Damas pour
remplacer celui de l'Éternel (2 R 16.10-11). La suite nous apprend ce
que Dieu a pensé de ces actions.
180
Force est de constater qu'on assiste aujourd'hui aux mêmes
errements. De nombreuses pratiques s'introduisent peu à peu dans
l'église qui pour la plupart choquent, ou amusent selon le cas, les
visiteurs et les membres : certaines musiques, des danses indécentes
liées à la tradition, un habillement suggestif pour attirer le
regard, etc. D'autres réduisent le temps de prédication pour
laisser plus de temps à tous les groupes qui veulent passer faire leur
show sur scène. D'autres encore veulent moderniser la parole de Dieu
sous prétexte que les choses ont changé, ce qui conduit à
nous laisser influencer par la manière de penser d'un monde perdu dans
le péché. Ceux qui l'ont fait ont entraîné de
nombreuses âmes dans la mort spirituelle.
La mondanité et le suivisme religieux sont
désormais très fréquents dans nos églises. Certes,
nous nous réclamons du mouvement de pentecôte international, mais
on est sidéré de constater qu'un énorme pourcentage des
membres ne sont pas baptisés du Saint-Esprit. Quant à ceux qui
pratiquent les dons spirituels, ils sont quasi inexistants. Bien entendu, nous
ne voulons pas remettre en question la foi des chrétiens
régénérés, mais il est logique devant ce constat de
se demander qui est chrétien et qui est
régénéré ! Le constat est amer. Ce qu'il manque
aujourd'hui à l'église, c'est une vraie vie de sanctification.
Beaucoup se croient bénis quand ils reçoivent des biens
matériels. On entend souvent ce type de témoignage : « Dieu
m'a béni car il m'a donné ceci ou cela (des choses terrestres)
», mais on oublie le plus important, avoir une vie sanctifiée pour
l'assurance du royaume de Dieu. Paul rappelle que Dieu veut notre
sanctification (1 Th 4.3). « Sans la sanctification, nul ne verra le
Seigneur » (Hé 12.14). Récemment, le Docteur Jean-Baptiste
Roamba confirmait la situation qui hélas prévaut aujourd'hui dans
nos églises :
Le constat que nous faisons est que la tendance est aujourd'hui
à la permissivité qui risque de devenir de la perversion à
terme si l'on n'y prend garde. Les principes de l'Église primitive qui
refusait de tolérer le mal en son sein doivent être toujours de
mise. Il semble que le monde est en train de prendre place dans
l'église. Souvent, les principaux promoteurs de ces choses mondaines ne
sont que des
268Roamba, 52.
181
faux leaders qui sont dans l'église. En voulant accepter
tout le monde, les responsables acceptent ceux qui veulent être membres
sans toujours les faire passer par une vraie repentance et une conversion
authentique. Il faut aussi noter que cet amalgame a tendance à gagner du
terrain dans les Assemblées de Dieu. . . .Ceux qui recherchent la
sainteté sont traités de fanatiques et d'illuminés. . .
.Il faut tirer la sonnette d'alarme si l'Église ne veut pas être
surprise par les dérives morales et éthiques qui en
découleront. En cela, l'exemple devra venir du sommet
c'est-à-dire que les responsables spirituels devraient être sans
reproche.268
5. Le Péché dans l'Église
A part les péchés les plus grossiers, les
péchés du monde irrégénéré sont
à présent approuvés et imités sans
hésitation par un nombre ahurissant de chrétiens soi-disant
« nés-de-nouveau ». Les jeunes chrétiens prennent pour
modèle des individus mondains, cherchant à leur ressembler le
plus possible. L'aura des responsables religieux a été si
profondément ternie par les scandales multiples largement
diffusés dans les médias, que cela a grandement contribué
à briser les tabous dans l'église. L'important est de ne pas se
faire prendre. À partir du moment où l'église est
composée en majorité d'inconvertis et de chrétiens
charnels, il est logique que le péché se répande. Il ne
faut donc pas s'étonner devant les pratiques actuelles. La
débauche sexuelle est devenue chose courante. De nos jours, consommer le
sexe avant ou en dehors du mariage n'est plus aussi tragique pour les
chrétiens et même pour les pasteurs. Dans nos églises, nous
parlons beaucoup moins de l'impudicité de telle sorte que les
chrétiens ne semblent pas conscients de commettre un aussi grave
péché lorsque qu'ils tombent dans ce péché.
Déjà, Paul avait repris les Corinthiens par ces paroles : «
On entend dire généralement qu'il y a parmi vous de la
débauche, et une débauche telle qu'elle ne se rencontre
même pas chez les païens ... » (1 Co 5.1). La Bible va encore
plus loin, en mettant en avant les valeurs de Jésus-Christ : « Vous
avez appris qu'il a été dit : Tu ne commettras pas
d'adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour
la convoiter a
182
déjà commis un adultère avec elle dans son
coeur » (Mt 5.27-28). Lorsque vous prêchez et rapportez ces paroles
de Jésus, j'ai souvent remarqué que les auditeurs ne vous croient
pas. Ils croient que vous plaisantez. Les plus sérieux vérifient
dans leur Bible si ce que vous dites est vrai. Les valeurs du monde se sont
imposées dans l'église de Jésus-Christ. Le mensonge est
aimé et largement pratiqué, et sa sournoise copie, l'hypocrisie,
l'est aussi. On prêche de belles paroles, des grandes
vérités ; on est très ferme et catégorique sur les
recommandations bibliques lorsque l'on s'adresse à nos frères
chrétiens et même aux païens, pendant que nous-mêmes,
nous ne mettons aucunement en pratique tout ce qui sort de notre bouche.
Jésus a dit : « Hypocrite, ôte premièrement la poutre
de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'oeil de ton
frère » (Mt 7.5).
La Bible nous décrit, à plusieurs reprises, les
pécheurs qui se verront interdire l'entrée dans le royaume de
Dieu, en mettant sur un pied d'égalité les lâches, les
incrédules, les abominables, les meurtriers, les
débauchés, les magiciens, les idolâtres, et tous les
menteurs (Ap 21.8, 15). Tous les péchés sont haïs de Dieu,
particulièrement les cinq péchés qui pourrissent notre
monde aujourd'hui : l'avortement, déculpabilisé et qui tue des
millions d'êtres vivants ; l'occultisme, déjà puni de mort
dans la loi de Moïse ; l'adultère ; l'homosexualité ; et
l'idolâtrie. Il y en a beaucoup plus mais personne ne pourra donc
être surpris devant l'ampleur de l'hécatombe finale, ni celui qui
en fera partie, ni celui qui en réchappera. Hélas, cela touche
même le corps pastoral, lequel sera jugé plus
sévèrement selon ce qu'a écrit Jacques (Jc 3.1). Trois des
principales raisons sont le manque de courage, le laxisme, et l'abdication des
responsables « spirituels ». Ce n'est pas ainsi qu'ils pourront
ramener les chrétiens sur le droit chemin.
Il en est de même des oeuvres de la chair (Ga 5.19). La
débauche, l'impureté, le dérèglement, la jalousie,
les animosités, les disputes, et les commérages pullulent
déjà parmi les responsables de l'église. Comment les
fidèles vont-ils réagir ? En suivant l'exemple qui
183
vient de plus haut ! Comment en sommes-nous arrivés
là ? Par le laisser-faire, le laisser-pourrir, le
désintéressement, et cela commence par les plus hauts
responsables de l'Église. Le mauvais exemple est le plus grand coupable
! Si le plus élevé agit ainsi, pourquoi le moins grand ne le
ferait-il pas ? Et le plus petit alors ? Les rivalités, les
animosités, les jalousies, les querelles, les calomnies, etc. entre ceux
qui doivent donner l'exemple sont de notoriété publique,
malgré l'hypocrisie pastorale qui couvre le tout d'un « saint
manteau ». Et tout le monde en fait des gorges chaudes.
La crainte de Dieu est ce qu'il manque aujourd'hui à
l'Église. C'est une denrée rare dans le coeur des
chrétiens mais encore plus dans le coeur de ceux qui sont censés
être leurs modèles, c'est-à-dire les responsables, que les
chrétiens considèrent comme des pères spirituels. Dieu
semble si éloigné de nos préoccupations et si
négligé par tous qu'il semble normal de se permettre de vivre
sans crainte et d'assouvir tous ses désirs sans se soucier de la
gravité de nos actes. Pourtant, Paul nous avertit : « Ne vous y
trompez pas : on ne se moque pas de Dieu. Ce qu'un homme aura semé, il
le moissonnera aussi » (Ga 6.7).
La moisson est mure et elle est dans l'église, non pas
pour Jésus et pour le salut, mais pour le diable et tous ses
séducteurs. Il y a eu, depuis le début de l'Église,
plusieurs vagues de chrétiens, à commencer par ceux de
l'église primitive. Et force est de constater que le christianisme a
implanté des valeurs morales et fraternelles. Certaines, taboues, sont
certes souvent violées de nos jours, mais ont malgré tout plus ou
moins perduré -- avec des hauts et des bas -- pendant des
siècles. Toutefois, avec les années, l'évolution des
moeurs et le fléau de la mondialisation, il y a, qualitativement, une
grande disparité entre les chrétiens d'aujourd'hui et ceux
d'autrefois, ce qu'avait prédit la Bible : « Dans les derniers
temps, quelques-uns s'éloigneront de la foi pour s'attacher à des
esprits d'égarement et à des enseignements de démons, par
l'hypocrisie de discoureurs de mensonge » (1 Tm 4.1-2), ce
184
qui nous conduit à la transformation négative de
l'église des derniers temps et de ses chrétiens :
Sache que dans les derniers jours il y aura des temps difficiles.
Car les hommes seront égoïstes, amis de l'argent, fanfarons,
hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats,
irréligieux, insensibles, déloyaux, médisants, sans
maîtrise de soi, cruels, ennemis du bien, traîtres,
emportés, enflés d'orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu,
ayant l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la
force .» (2 Tm 3.1-5)
Si les chrétiens d'aujourd'hui ne diffèrent pas des
païens, comment vont-ils accomplir la Missio Dei ?
6. Les Particularités de l'Église Africaine
O'Donovan établit plusieurs thèmes importants pour
l'implantation d'un christianisme biblique en Afrique. Le premier thème
qu'il évoque est : « Comment Dieu dirige-t-il les chrétiens
aujourd'hui ? » Et de souligner l'importance accordée par les
chrétiens africains aux rêves, aux visions, aux apparitions
surnaturelles, ou d'autres phénomènes
exceptionnels.269 Certes il est probable que le Seigneur puisse
employer ces moyens, là où la Bible est peu répandue, ou
parmi des populations peu ou pas alphabétisées, ou encore, comme
j'en ai reçu plusieurs témoignages, auprès de populations
si emprisonnées spirituellement dans leur religion qu'il faille les
convaincre par ce moyen. Toutefois, Dieu met aussi à notre disposition
la ressource la plus fiable qui soit pour connaître sa volonté
pour notre vie : La Bible. Pour l'expliquer, Jésus a donné
à l'Église les ministères-dons : les apôtres, les
prophètes, les évangélistes, les pasteurs et docteurs.
Un deuxième thème de O'Donovan est justement :
« Comment le chrétien peut-il distinguer le vrai prophète du
faux ? » Les chrétiens doivent être très prudents.
Certains prophètes africains sont tout simplement des gens très
intelligents et très habiles. Ils parlent
269O'Donovan, 388.
185
bien et trompent par leurs discours et leurs actes. Certains de
ceux qui se présentent comme de vrais prophètes sont en
réalité de faux prophètes qui tiennent leur pouvoir de
Satan. Le vrai prophète est celui qui reçoit ses messages
directement de Dieu. Comment savoir ? O'Donovan met l'accent sur le lien de la
prophétie avec la foi en Christ. Si l'individu n'attire pas la personne
plus près de Jésus, elle est d'inspiration démoniaque.
D'autre part, une prophétie qui vient de Dieu n'est jamais fausse. Un
prophète de Dieu ne commet jamais d'erreurs ni ne
conjecture.270
Un troisième thème est le syncrétisme, nom
donné au mélange de « deux religions ou plus ». Selon
O'Donovan, les raisons qui poussent les Africains au syncrétisme ne sont
pas difficiles à comprendre. Le renouveau culturel en Afrique a
encouragé beaucoup d'individus à redécouvrir leur
passé africain. Comme la culture et la religion sont étroitement
liées sur ce continent, ce mouvement a entraîné un retour
aux pratiques traditionnelles.271 Les AD du Burkina Faso n'en sont
pas exemptes. Sans détailler les causes du syncrétisme, je
pourrais mentionner l'arrière-plan culturel, familial et religieux du
chrétien, le poids de la famille non-convertie, la pression du groupe
social, l'échec de la contextualisation de la parole de Dieu,
l'illettrisme qui conduit à l'ignorance de la parole de Dieu, et enfin
le manque de foi en Jésus et sa parole. À titre d'exemple, de
nombreux chrétiens tombent dans le piège du syncrétisme
lorsqu'ils affirment suivre Christ et participent en même temps à
certains usages et traditions. Parmi eux, je citerai entre autres : les rites
des funérailles traditionnelles, les cérémonies
coutumières, la consultation d'un guérisseur en cas de maladies,
l'utilisation de fétiches ou d'amulettes, le recours à la magie,
la divination, et même la sorcellerie en temps de crise personnelle. En
mélangeant les pratiques des cultes païens à leur doctrine
chrétienne, ils sont
270Ibid., 391.
271O'Donovan, 394.
272Kambou.
186
en plein syncrétisme et on est en droit de se demander
s'ils sont régénérés ou non. A ce sujet, Daniel
Kambou écrit que :
D'aucuns font remarquer que des chrétiens, et non des
moindres, continuent de consulter des féticheurs ou des marabouts dans
les moments difficiles de leur vie. Il
semble même que certains leaders d'églises pactisent
eux aussi avec des forces occultes afin d'être capables d'opérer
des miracles et d'attirer des foules dans leurs assemblées ? Nous devons
cependant nous méfier de telles accusations, car l'ennemi est capable de
salir des chrétiens et des serviteurs de Dieu authentiques. Cependant,
il n'en demeure pas moins que de manière générale, le
danger de l'apostasie guette l'Église en Afrique.272
Dans la démarche quotidienne de nombreuses églises
africaines, nous assistons aujourd'hui à toutes sortes de pratiques qui
ont manifestement un lien avec la culture, les anciennes croyances, les peurs
ancestrales, la relation au surnaturel traditionnel, mais aussi les influences
de la troisième Vague. C'est ainsi que se développe une fausse
idée du combat spirituel qui impose aux chrétiens des pratiques
non bibliques, tels des jeûnes excessifs -- pour n'en citer qu'un, le
jeûne d'Esther -- en vue de l'obtention d'une délivrance ou d'une
bénédiction. Certes, le jeûne a sa place dans le combat
spirituel. Toutefois, dans certains milieux, on pousse les choses à un
tel point que toute la sanctification se mesure au temps passé dans le
jeûne. On en vient à imposer des temps de jeûne et de
prière démesurés aux personnes en recherche de victoire
spirituelle ou de bénédiction. On rejoint là la fausse
croyance qui consiste, comme par les sacrifices ou les grosses offrandes,
à vouloir acheter et mettre sous dépendance la divinité en
l'obligeant à exaucer notre requête. C'est encore un retour en
arrière, à la conception de la R.T.A. Gardons l'équilibre
de la saine doctrine. Il faut jeûner en fonction de sa croissance
spirituelle, pour rechercher la face de Dieu. Le jeûne n'a pas la vertu
en lui-même d'expier une faute ou de nous assurer une victoire. Le roi
David en a fait l'amère expérience quand il a jeûné
pour sauver la vie de son premier enfant né de Bath-
187
Shéba (1 S 12.17-18). Le jeûne fait partie d'une vie
de sanctification lorsqu'il est accompli selon les « Saintes
Écritures ».
Je voudrais citer aussi le recours systématique à
des séances de délivrance pour la guérison physique de
malades, là où il n'y a souvent aucun démon. C'est ainsi
que nous assistons aujourd'hui au développement de prétendus
« ministères de délivrance » qui ne sont pas
scripturaires. Que dit Jésus ? « Voici les miracles qui
accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les
démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents
; s'ils boivent quelque breuvage mortel, ils ne leur feront point de mal ; ils
imposeront les mains aux malades, et les malades seront guéris. »
(Mc 16.16). Jésus n'a jamais dit de chasser les démons pour
guérir. Quand il l'a fait lors de son ministère terrestre, il
s'agissait de cas particuliers qui ne donnent pas à doctrine. Or, c'est
devenu aujourd'hui chose commune, en Afrique et ailleurs, au point qu'on trouve
des démons partout, derrière un éternuement,
derrière un rhume, etc. Je soutiens qu'il faille, quand cela est
nécessaire, chasser les démons au nom de Jésus et
délivrer les pauvres êtres qui en sont prisonniers. Toutefois,
cela ne doit pas devenir un prétexte de glorification de
prétendus ministères de délivrance. De plus, certaines
pratiques non bibliques, telles que trouver des démons chez des
chrétiens et vouloir les chasser sont à exclure du
ministère chrétien. En effet, un chrétien
régénéré ne peut pas être
possédé par un démon. Il est le Temple du Saint-Esprit et
par conséquent, une possession démoniaque est impossible.
Répandre ce genre d'aberrations ne fait qu'affaiblir la foi des
chrétiens mal affermis qui peuvent se croire possédés, et
les encourager à courir auprès de supposés prieurs ou faux
prophètes au lieu de se repentir, de renoncer à leur
péché, et de retourner à une vie sanctifiée, ce qui
aurait beaucoup plus d'influence sur leur vie spirituelle, chrétienne,
et familiale. Nous devons prévenir les chrétiens de toutes ces
faussetés et manipulations qui en font les jouets du diable pour le plus
grand bénéfice des charlatans.
188
Nous pouvons aussi évoquer tous les moyens plus ou moins
superstitieux ou occultes largement pratiqués dans de nombreuses
églises du Burkina Faso. S'appuyant sur les évènements
exceptionnels cités dans le Livre des Actes, certains utilisent des
mouchoirs, des photos, et autres, que l'on fait parvenir aux
prédicateurs ou aux prieurs, pour assurer une délivrance. On se
trouve là franchement dans le domaine occulte. C'est chose courante dans
le domaine catholique mais aussi évangélique et
pentecôtiste.
Comme les marabouts et les catholiques, certains pasteurs
renommés vendent de l'huile « d'onction » en flacons et
conseillent d'en enduire les fenêtres et les portes pour empêcher
Satan d'entrer dans la maison, ou de l'utiliser pour protéger les
véhicules contre d'éventuels accidents, ainsi qu'au cours de
prières de guérison et de délivrance.
D'autres hérésies circulent comme le fait que tout
chrétien né de nouveau doit malgré tout être
libéré de la possession démoniaque ou des
malédictions ancestrales par une prière de délivrance ;
que toute souffrance ou maladie est liée à un péché
commis ; que le chrétien peut être « mangé en
sorcellerie » s'il ne prie pas ou ne paie pas sa dîme ; ou encore,
car la liste est longue, que la Sainte Cène peut être
utilisée pour être guéri ou délivré (la coupe
devenant, comme dans le catholicisme, le sang du Seigneur, et le pain le corps
réel du Seigneur).
De plus, arrêtons d'accorder plus de foi à ce que
dit Satan qu'à la doctrine biblique. Les librairies pullulent de livres,
revues, CD, DVD, où l'on exalte la puissance des démons, avec
toutes sortes de révélations sur les prétendus pouvoirs et
agissements des démons, leurs noms, leur hiérarchie, etc.
Où est-ce écrit dans la Bible ?
Soulignons enfin l'attachement très fort au
légalisme de l'Ancien Testament, et son système de «
bénédictions-malédictions » qui trouve un écho
favorable dans le contexte culturel africain. D'une manière
générale, un grand nombre de pratiques, de croyances, de paroles
et de promesses bibliques dans nos milieux pentecôtistes découlent
de la Loi de Moïse qui était réservée uniquement
à Israël, donc aux Juifs. Le fait de vouloir l'appliquer
à
189
l'Église vient de l'hérésie connue sous le
terme de « Théologie du remplacement », proche de la doctrine
des « enfants de Dieu », condamnée par les AoG. Force est de
constater que, peut-être par ignorance, les pentecôtistes du
Burkina Faso ont beaucoup dévié de la saine doctrine.
Dans « le Voile Recousu », André
Thomas-Brès avait analysé le retour en arrière des
catholiques qui avaient instauré tout un cléricalisme pour servir
d'intermédiaire entre Dieu et les hommes, et ainsi remplacer le
rôle de médiateur unique de Jésus-Christ. Or nous vivons
aujourd'hui la même situation en Afrique, et notamment au Burkina Faso,
ce qui d'ailleurs rejoint le système traditionnel qui nécessite
de passer par des intermédiaires pour interroger la divinité, les
dîmes et offrandes ayant désormais remplacé les sacrifices
sanglants. L'Evangile rend libre, il brise les chaînes, mais le
légalisme enchaîne à nouveau les fidèles.
D. Les Conséquences du Déclin Spirituel
Actuel 1. L'Effondrement de la Vie de l'Esprit
Le Livre des Actes permet de constater que le baptême du
Saint-Esprit était la norme parmi les croyants de l'Église
primitive. De réelles conversions, en grand nombre, des
guérisons, des miracles et autres dons spirituels témoignent de
la puissance du Saint-Esprit qui agissait continuellement au sein de
l'Église. Or qu'en est-il aujourd'hui ? La vie de l'Esprit est en
très forte baisse dans nos églises locales. Certains pasteurs
eux-mêmes ne prient plus en langues, n'exercent plus les dons, et font
appel à une assistance extérieure pour tenter de maintenir une
sorte de vie de Pentecôte dans leur communauté. Pourquoi
l'Église de notre Seigneur s'est-elle à ce point appauvrie ? Les
AD sont-elles toujours pentecôtistes ? Comment en est-on arrivé
là ? L'église du Burkina a été bâtie par le
Seigneur Jésus avec la
190
puissance du Saint-Esprit. Les nombreux
témoignages273 attestent de la vie abondante de l'Esprit dans
les ministères pionniers. Aujourd'hui pourtant, l'exercice des dons est
de plus en plus rare pendant les cultes. Même si les statistiques sont
légèrement plus favorables, le témoignage de plusieurs
pasteurs semble indiquer que 90% des membres ne sont pas baptisés du
Saint-Esprit, notamment à Ouagadougou. Ceci n'est d'ailleurs pas un
problème burkinabé seulement, car le même constat est fait
dans d'autres pays. Une conséquence est la fuite de fidèles vers
des « prieurs ». Des pasteurs eux-mêmes font appel à des
prieurs ou des croyants-guérisseurs pour organiser des séances de
délivrances et de guérisons. Ce qui surprend le chrétien
averti, c'est que Jésus a ordonné que les disciples soient
baptisés du Saint-Esprit avant d'aller accomplir sa mission. Il s'agit
là d'un impératif. Si donc le constat cité plus haut est
vrai, seulement 10% des membres sont spirituellement aptes à accomplir
la Mission de Dieu.
D'autre part, cette situation pénalise la vie de
l'église qui nécessite les dons spirituels. Or, ils ne sont
donnés, pour l'utilité commune, qu'à ceux qui sont
baptisés du Saint-Esprit (1 Co 12.7-11), et remplis de l'Esprit (Ep
5.18). Nous pouvons donc imaginer les difficultés de l'Eglise et de ses
responsables, dans l'état actuel des choses, et les raisons de
l'expansion du phénomène des prieurs.
Enfin, le fait qu'il y ait si peu de membres baptisés du
Saint-Esprit soulève bien des questions sur leur état spirituel
et celui de l'église locale à laquelle ils appartiennent. En
effet, un certain nombre de critères spirituels conditionnent la
réception du baptême du Saint-Esprit, et si l'accomplissement de
la promesse divine n'est pas fréquent dans l'église, cette
situation peut susciter bien des interrogations quant à la
capacité de ces membres à répondre à ces
critères. Une raison très plausible semble être le manque
de véritables nouvelles
273Youssuf Savadogo, Biographie de douze pionniers
de l'oeuvre missionnaire des Assemblées de Dieu du Burkina Faso,
(Ouagadougou : Éditions Basnneré, 2009).
191
naissances. Nous assistons à beaucoup de conversions qui
ne sont pas suivies de régénération, ce qui peut expliquer
l'absence de réception du baptême de feu. Ce serait, selon le
terme usité, des « conversions de bouche » plutôt que
des « conversions de coeur ». Il s'agit pour beaucoup d'un changement
réel de religion ou de l'adoption d'une nouvelle religion,
accompagnée du baptême comme acte symbolique. En fait, l'individu
abandonne des idées, des pratiques et des comportements anciens pour en
adopter de nouveaux souvent imposés par l'institution comme une loi
nouvelle lui permettant d'intégrer sa nouvelle communauté. Il est
facile de faire ici un parallèle avec les prescriptions de l'Islam, ou
les lois de l'A.T., ou encore les sacrifices de la Religion Traditionnelle
Africaine. Ceci pourrait expliquer l'absence de vraie repentance, de conversion
spirituelle authentique, et donc de nouvelle naissance et de
régénération. Il semble donc judicieux d'analyser la
motivation de ceux qui viennent se convertir aux AD. On pourrait encore
s'interroger sur la notion de péché et du salut274,
concepts différents d'une culture à une autre, qui peuvent
grandement influer, en fonction de la croyance d'origine, sur les conceptions
de repentance et de conception de la « conversion de coeur ».
C'est ainsi que les prières collectives de repentance,
réalisées souvent lors de réunions ad hoc, permettent de
diaboliser le péché et contribuent à écarter tout
sentiment de culpabilité chez le pécheur, en rejetant la faute
sur un autre, humain ou génie,275 dont il serait ainsi la
victime.276
Certains, néanmoins, se convertissent réellement de
tout leur coeur. Convaincus de péché par le Saint-Esprit, ils
croient, se repentent sincèrement et acceptent Jésus-Christ
274Hannes Wiher, L'évangile et la
culture de honte en Afrique occidentale, (Bonn : Verlag für Kultur
und Wissenschaft, 2003), 70.
275Laurent, Les pentecôtistes du Burkina
Faso, 348, 364.
276Moïse Sawadogo, "Les communautés de
prière, un chemin vers le réveil ou le retour du sacré"
(Maîtrise de Théologie, Fatad, Lomé, Togo, 2006), 26.
192
comme leur Sauveur personnel et le Seigneur de leur vie. Ils sont
généralement rapidement baptisés du Saint-Esprit car ils
s'efforcent d'obéir en tout au Seigneur. L'Église devra
néanmoins veiller à la formation de ces nouveaux convertis afin
d'éviter qu'ils soient « mal mis au monde » et connaissent des
retards de croissance, voire des problèmes de survie.277
D'autres, par contre, viennent pour toutes sortes de raisons :
économiques, sociologiques, matrimoniales, morales ou spirituelles. Il y
en a parmi eux, heureusement, qui continuent dans une démarche
spirituelle et se convertissent réellement de coeur. Pour les autres,
hélas nombreux, leur démarche s'arrête souvent là.
Ils continuent à venir, servent dans l'église et deviennent
même des responsables. Toutefois, ils sont dans une religion mais ne
vivent pas la vie nouvelle avec le Seigneur. Il existe de nombreux
témoignages de chrétiens qui se sont convertis après des
années de responsabilité dans l'église. Pendant tout ce
temps, ils pensaient être de bons chrétiens, alors qu'ils ne
faisaient que suivre le mouvement en demeurant inconvertis de coeur.
Laurent mentionne de nombreuses raisons de conversion. Il
explique comment beaucoup viennent chercher une puissance plus forte que les
fétiches278, qui puisse les protéger contre les
attaques spirituelles de leur environnement. Certes, ils font partie de la
communauté en ce sens que l'église a remplacé le clan, en
devenant une « famille de prière », mais il est
désolent que leur expérience n'aille pas plus loin. Ils restent
dans la logique d'autrefois : je t'offre un sacrifice, donc tu dois me donner.
Aujourd'hui, le coq ou la chèvre a été remplacé par
la dîme, les offrandes, les prémices, les prières ainsi que
l'obéissance aux commandements, donc Dieu doit donner en retour.
Il en est qui viennent pour des raisons économiques. P.-J.
Laurent souligne :
277David Pawson, La naissance normale du
chrétien, (Nyon : Carrefour, 1990), 280. 278Laurent,
Les pentecôtistes du Burkina Faso, 78.
193
Les églises pentecôtistes et notamment les A/D
incarnent une certaine idée de la modernité. La conversion permet
alors, par rapport à l'entourage villageois ancestral, une mise à
l'écart favorable au développement. Elle devient un processus
d'invention ou de négociation d'une autre
intersubjectivité.279
D'autres encore se convertissent pour des raisons sociologiques :
Des jeunes filles fuient leur famille pour échapper à des
mariages forcés imposés par le milieu lignager, ou pour
rechercher un mariage protestant, par consentement mutuel,280
synonyme de monogamie et de fidélité. Elles viennent trouver
refuge auprès du pasteur et se convertissent. Le pasteur et son
épouse deviennent alors des « père et mère de
prière » et remplacent la vraie famille de sang. De même, des
veuves viennent pour fuir l'obligation traditionnelle du lévirat.
Enfin, nombreux sont ceux qui, nés dans des foyers
chrétiens et ayant fréquenté des écoles
chrétiennes, ont pris leur baptême d'eau, portent le nom de
chrétien, utilisent le vocabulaire chrétien, participent aux
réunions, mais n'ont jamais fait l'expérience d'une conversion
spirituelle authentique, touchant le coeur même de la personne et la
transformant en enfant de Dieu. Ce sont ce qu'on appelle des «
chrétiens de nom ».281
Parlant des AD du Burkina Faso, le Docteur Roamba rapporte :
« Force est de constater que cette église qui se dit
pentecôtiste est en train de perdre ce qui a causé sa naissance,
c'est-à-dire le baptême du Saint-Esprit et l'exercice des dons
spirituels. Les statistiques en la matière montrent que cette
particularité manque dans les églises. »282
279Laurent, "Conversions aux Assemblées de Dieu
chez les Mossi du Burkina Faso," 67--97. 280Laurent, Les
pentecôtistes du Burkina Faso, 92.
281Byang Kato, Chrétien et africain
authentique (Abidjan : CPE, 1975), 5.
282Roamba, 53.
194
2. Le Retour aux Anciennes Pratiques et Croyances
L'Africain croit que rien n'est dû au hasard. Donc, tout
évènement doit avoir une explication, qu'il s'agisse de la vie de
famille, d'une maladie, d'une mort, d'une bonne ou mauvaise récolte, de
la réussite à un examen, etc. Cette croyance est implantée
depuis des siècles dans le coeur des Africains, et elle persiste encore
aujourd'hui, aussi bien chez les animistes, les musulmans, les catholiques, et
même chez les protestants. Avant la venue du protestantisme, les
Burkinabés avaient donc coutume, lorsqu'ils rencontraient un
problème quelconque, de consulter les fétiches afin d'apprendre
de la bouche du féticheur la raison de la circonstance et la solution
à apporter, celle-ci consistant souvent à réaliser des
sacrifices ou autres pratiques. Les féticheurs et les chefs
détenteurs du « Naam » (le pouvoir en mooré)
détenaient donc sur la population un pouvoir basé sur la peur et
la superstition, ceci permettant d'imposer le respect des traditions et de
maintenir l'individu, la famille, le village, sous un véritable
esclavage spirituel et matériel. L'arrivée des premiers
missionnaires des Assemblées de Dieu et la conversion des premiers
Burkinabés, devenus rapidement des pionniers missionnaires remplis de
l'Esprit pratiquant les dons spirituels, ont amené un profond changement
dans les moeurs et les coutumes locales. Revêtus de la puissance de Dieu,
ils ont annoncé l'Évangile dans les villages et ont
bouleversé l'ordre établi, annonçant et prouvant par des
signes, des prodiges et des miracles que Dieu, le seul vrai Dieu, Père,
Fils et Saint-Esprit, était plus fort que les sorciers et les
fétiches. Ceci a suscité de nombreuses conversions auprès
de la population dont le souci principal était de se prémunir des
puissances occultes qui les opprimaient. Toutefois, la croyance que rien n'est
dû au hasard persiste dans les coeurs. Donc, lorsqu'un
évènement se produit, au lieu d'aller consulter les praticiens
traditionnels, les chrétiens vont désormais chercher la
réponse et la solution chez le pasteur. Malheureusement, un certain
nombre de facteurs vont intervenir pour troubler le chrétien en
quête. Premièrement, beaucoup de ces soi-disant convertis ne sont
pas régénérés,
195
ou, s'ils le sont, ne sont pas remplis du Saint-Esprit.
Deuxièmement, ont-ils été suffisamment enseignés
à abandonner leurs anciennes croyances qui veulent notamment que tout
évènement doit avoir une raison souvent occulte ? Ont-ils aussi
été enseignés à porter leur regard sur
Jésus-Christ et se confier en lui seul, et non dans le pasteur qui n'est
qu'un homme ? Troisièmement, beaucoup de pasteurs ne sont plus
aujourd'hui remplis du Saint-Esprit, si tant est qu'ils l'ont été
un jour. La conséquence est que le conseil qu'ils sont amenés
à apporter est souvent basé sur des raisonnements humains. Donc,
dans leur quête inassouvie, beaucoup de ces « chrétiens
» se tournent vers de nouveaux concepts religieux, des prieurs, ou des
croyants-guérisseurs. Et finalement, s'ils ne sont toujours pas
satisfaits, ils retournent consulter ceux qu'ils avaient abandonnés pour
venir à l'église, c'est-à-dire vers les anciens praticiens
traditionnels, féticheurs, marabouts, etc.283
3. L'Émergence de Nouveaux Concepts
Laurent souligne qu'en milieu mossi, l'univers de la «
concorde coutumière » induit deux soucis essentiels qui
préoccupent également les protestants : la quête de la
sécurité, notamment la recherche de protections contre les
attaques en sorcellerie, et la recherche de guérison.284
Selon l'auteur, cette situation a conduit au développement
parallèle de deux formes de réponse. Il met en exergue deux
éléments de la pratique pentecôtiste contemporaine au
Burkina Faso : les prières individuelles de guérison, au domicile
de « croyants-guérisseurs », et les « séances
collectives de délivrance » dans l'enceinte de l'église.
Selon Laurent, les croyants-guérisseurs sont des professionnels, qui
gagnent leur vie grâce à la réputation que leur
confère leur supposé don. Ce phénomène
apparaît massivement vers le milieu des années 1980, même
s'il existe depuis longtemps quelques fidèles réputés
283Témoignages de plusieurs pasteurs,
recueillis dans les années 2010 et 2012. 284Laurent, Les
pentecôtistes du Burkina Faso, 307
196
pour leur don de guérison et de
prophétie.285 L'auteur montre bien les problèmes
posés par leur émergence. Alors que les pasteurs tirent leur
légitimité de l'enseignement reçu et de l'institution, ces
« croyants-guérisseurs », dont le succès est croissant,
les concurrencent en se prévalant d'une relation directe avec Dieu, se
manifestant par l'expression de dons. Tandis que les séances collectives
de délivrance, en présence de pasteurs, renvoient à
l'orthodoxie des AD, les prières individuelles de guérison
offrent un « protocole plus syncrétique ».286 La
question reste néanmoins posée de savoir pourquoi les
fidèles fréquentent les croyants-guérisseurs, autrement
appelés « prieurs ». Cela vient-il d'un déclin
spirituel de l'Église ou des pasteurs, ou des deux ? De nombreux
pasteurs interrogés refusent de reconnaître un quelconque
déclin spirituel et évoquent plutôt la concurrence
déloyale que leur font des prieurs dont la moralité est souvent
douteuse. Certains coopèrent avec eux et les invitent pour les
séances collectives de délivrance. D'autres enfin
préconisent de laisser le vrai et le faux mil grandir. Le jour des
récoltes, on verra le vrai du faux.287
4. L'Abandon de la Vraie Prière
L'étranger de passage en Afrique ne reste pas sans
remarquer que les chrétiens se réunissent souvent pour louer Dieu
et prier, fort, parfois jusqu'à très tard dans la nuit.
Toutefois, à y regarder de plus près, on découvre un
peuple qui loue, certes, mais qui ne prie qu'en groupe. Pour beaucoup,
l'instruction de Jésus d'entrer dans sa chambre, de fermer sa porte, et
de prier son Père qui est là dans le lieu secret (Mt 6.6),
c'est-à-dire de développer l'habitude d'une communion personnelle
dans la prière intime avec Dieu, est une relique du passé, si
tant est qu'elle n'ait jamais existé. Car, pourquoi demander à
Dieu ce qu'il a déjà promis ? Selon l'enseignement qui circule,
il suffit de s'emparer de ses promesses et
285Ibid., 313. 286Ibid., 412.
287Ibid., 321.
197
d'ordonner la délivrance ! En fait, nous sommes si
préoccupés à échapper à la souffrance,
à l'épreuve, aux problèmes quotidiens pourtant communs
« à tous les hommes » (1 P 4.12), que nous perdons le vrai
sens de la croix. En fait, lorsque nous nous réunissons de plus en plus
nombreux, quand nous crions (ce n'est pas un euphémisme) à
l'unisson, nous réclamons son pouvoir de guérison, au point que
certains se laissent aller à donner des ordres, parfois
blasphématoires, au Seigneur pour obtenir satisfaction. Nous voulons ses
promesses de bénédiction, sa protection, et ce, toujours plus.
Nous exigeons le bonheur sur terre. Mais en réalité, nous ne
voulons pas de Christ seul. Jadis, l'Église se réunissait pour
confesser ses péchés ; aujourd'hui, elle réclame ses
droits. Combien serviraient le Seigneur s'il n'offrait que lui-même et le
salut éternel ? C'est-à-dire, qui le suivrait si son acceptation
en tant que Sauveur et Seigneur n'étaient pas suivie de promesses
terrestres, de guérison, de succès, de prospérité,
de bénédiction matérielle, de signes, de prodiges et de
miracles. Qu'en serait-il si nous devions accepter le sort de nos anciens qui
ont connu la persécution, la déportation, la lapidation, les
moqueries, la prison, la relégation dans les cavernes ou les trous
à rats, le dénuement total ? Quel choix ferions-nous si le seul
avantage qui nous était accordé était Christ et la
promesse du salut éternel ?
5. Un Faux Christianisme
Selon Jérôme Prékel, une des principales
raisons du déclin spirituel de l'Église est un
phénomène naturel : la recherche du bonheur qui passe par
l'approbation du monde, c'est-à-dire être comme les autres, se
couler dans le moule, vivre heureux en étant reconnu et
apprécié par tous.288 Déjà, le «
sermon sur la montagne » était contraire aux raisonnements
religieux de son temps. En effet, le statut de serviteur de Dieu permettait
d'accéder à une position sociale avantageuse, alors que
Jésus expose ici une vision sans concession. En effet,
288Jérôme Prékel, "La
recherche du bonheur et l'approbation du monde,"
http://www.blogdei.com/index.php/2010/06/24
(consulté le 28 juin, 2010).
198
il révèle de façon rigoureuse la vie
spirituelle telle qu'il la conçoit. Jésus est clair sur ce qui
attend ses disciples. Il est important que tous ceux qui veulent être ses
disciples sachent que la marginalisation, le rejet, la honte, sont
indissociables de la vie nouvelle en Christ. Au Temple, Siméon
annonça que « cet enfant est destiné à devenir un
signe qui provoquera la contradiction » (Lc 2.34). Plus tard, Jésus
dira : « Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non,
vous dis-je, mais la division » (Lc 12.51). Tous ceux qui font un avec
Jésus, et qui marchent avec lui dans sa lumière, doivent
s'attendre à se trouver entraînés dans un affrontement, un
télescopage avec l'esprit du monde, avec le mensonge ambiant, avec
l'injustice et la domination de l'antichrist sur les hommes.
À contrario, tout christianisme confortable, socialement
intégré, politiquement correct, est annoncé comme un
malheur, car il éteint l'esprit originel du salut et engendre une
religion qui continuera peut-être à parler de Dieu, mais qui ne
sera pas fidèle aux fondements de sa parole. Car un christianisme sans
opposition à l'esprit du monde, sans affrontement avec le mal, sans
confrontation avec l'esprit de l'Antichrist, n'est pas le christianisme du
Christ. Hélas, beaucoup de pasteurs et de chrétiens rejettent
cette vérité et préfèrent se positionner dans le
concept de l'Ancien Testament : Abraham était riche et béni, Job
aussi, Salomon, etc. Selon eux, chaque chrétien a le droit d'avoir le
monde et tout ce qu'il peut apporter, en plus de la bénédiction
et la protection divine, ainsi que l'assurance de la vie éternelle.
Voilà un parfait compromis semblable à la proposition de Pharaon
que Moïse a rejeté catégoriquement car il voyait celui qui
est invisible (Hé 11.27).
Vivre heureux est un désir humain que l'on retrouve
aussi chez le chrétien. Certains enseignent que la
bénédiction de Dieu se mesure à ses bienfaits, parce que
nous sommes ses enfants. On devrait donc, selon eux, vivre dans l'abondance et
la réussite sociale, avec pour résultat une adhésion au
christianisme positiviste. En effet, celui-ci affirme pour tout
chrétien
199
le droit à la recherche et à l'obtention de la
prospérité mais, en même temps, le rejet inconscient des
enseignements de la croix, jugés négatifs et
misérables.
La définition du mot « heureux » doit nous
conduire à inverser radicalement nos valeurs. En réalité,
le mot grec utilisé ici signifie plutôt « en marche ».
Or, c'est contraire aux enseignements de Jésus sur le discipolat :
« Si quelqu'un vient à moi, sans me préférer à
son père, à sa mère, à sa femme, à ses
enfants, à ses frères, et à ses soeurs, et même
à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et quiconque ne
porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple »
(Lc 14.26-27). Si donc nous voulons garder notre conception naturelle du
bonheur (paix, sécurité, confort), nous devenons insensibles
à l'invitation du Saint-Esprit : « Souffre avec moi, comme un bon
soldat de Jésus-Christ » (2 Tm 2.3). Il est vrai que nul homme
naturel ne désire souffrir, car la souffrance inclut la notion de
sacrifice qui est contraire à sa course pour atteindre le plaisir, but
de sa vie. Hélas, aujourd'hui, cette pensée est partagée
dans l'Église car la majorité se compose d'hommes se laissant
guider par le vieil homme qui sommeille encore en eux. Il est important de le
rappeler : si nous craignons la souffrance qui est attachée à
l'amour de la vérité, nos choix spirituels et nos choix de vies
nous rendront semblables à Ésaü qui a échangé
son droit d'aînesse contre un plat de lentilles. Jésus nous donne
la capacité de vaincre : « Ils l'ont vaincu à cause du sang
de l'Agneau et à cause de la parole de leur témoignage ; et ils
n'ont pas aimé leur vie jusqu'à craindre la mort » (Ap
12.11).
Le discours de Jésus stigmatise la recherche de
l'approbation du monde. C'est une tentation logique à laquelle est
exposé tout disciple et tout responsable d'église, qui doit
affronter cette épreuve pour finalement, soit la surmonter, soit y
succomber. C'est la recherche de cette approbation qui conduit l'Église
à se conformer à certains aspects du siècle
présent, tout en prêchant une Bible qui dit le contraire.
Jésus condamne la recherche de l'approbation du monde : « Malheur,
lorsque tous les hommes diront du bien de vous » (Lc
200
6.26). C'est une des clés de l'apostasie. Il n'est pas
rare qu'une église gagnée par cette mentalité positiviste
cherche l'approbation des hommes et vise à rentrer dans les rangs de la
société, afin d'être reconnue. Mais ce n'est pas la
pensée de Jésus, ni dans son message, ni dans son exemple.
Si l'Église devient ainsi perméable à
l'esprit du monde, celui-ci ne pourra plus y être condamné, car il
aura introduit ses pratiques avec lui. C'était la pensée de
Constantin qui a fusionné le christianisme et le paganisme, et il en est
sorti le catholicisme. Le but du disciple n'est pas l'instauration du bien et
la condamnation du mal, mais d'incarner la royauté de Jésus. La
mission de l'Église est d'amener à Christ toute âme d'homme
perdu pour qu'il soit sauvé et devienne à son tour un disciple.
C'est Christ que nous sommes appelés à prêcher, ce n'est
pas le Bien, ni la Vérité, ni même la Justice. Ces vertus
découlent de Christ seul. Le chemin qui consiste à prêcher
le Bien, la Vérité et la Justice est meilleur que beaucoup
d'autres, mais il ne mène pas obligatoirement à Christ. Il peut
mener à un Dieu humain, fait à l'image de l'homme. Beaucoup de
religions détournent les hommes de Christ par cette approche toute
humaine. Les organisations mondiales et beaucoup d'ONG vont dans le même
sens. Les grandes oeuvres chrétiennes du passé, telle la Croix
Rouge ou l'Armée du Salut, et même aujourd'hui Vision Mondiale, se
sont laissés prendre au piège. Quand nous cherchons l'approbation
du monde, nous cherchons plus ou moins consciemment à rendre le message
de Jésus plus acceptable, plus conforme aux standards mondains. Ce
faisant, nous dénaturons l'Évangile, et nous marchons en ennemis
de la croix et donc de Christ.
6. La Perte de l'Unité
Une autre conséquence est l'égoïsme
grandissant au sein du peuple de Dieu. Certes, une des causes est la
déstructuration rapide de la société burkinabé qui
est passée d'une organisation coutumière villageoise avec son
excellent système d'entraide à une situation citadine plus dure
à vivre, où chacun ne peut souvent compter que sur
soi-même. C'est cette
201
situation, malgré les efforts fournis par l'Église
et certains fidèles en matière d'oeuvres sociales, qui se
retrouve aujourd'hui au sein de l'Église elle-même et contribue
à son déclin spirituel. En effet, le plus grand commandement qui
est d'aimer Dieu est immédiatement suivi par celui d'aimer son prochain
comme soi-même (Mt 22.39), chose rare dans l'Eglise, que ce soit au
Burkina Faso ou ailleurs.
7. Des Âmes en Souffrance par Manque de Berger
L'une des activités des bergers est le soin qu'ils doivent
apporter aux brebis. Or, ils n'ont souvent plus le temps de le faire. Pour
beaucoup, la recherche des moyens de subsistance monopolise la majeure partie
de leur temps. Pour d'autres, la course aux biens de ce monde est plus
importante que le souci des âmes. Les brebis sont tondues, bien tondues,
mais elles ne sont pas nourries. Les visites pastorales sont rares, sauf cas
d'extrême gravité physique ou urgence. Si un
élève-pasteur ou un stagiaire prend l'initiative de visiter le
troupeau, on le soupçonne de vouloir détourner les âmes
pour faire une division et démarrer sa propre église Le suivi des
nouveaux convertis est souvent laissé aux bons soins de laïcs
souvent eux-mêmes en grand besoin spirituel. La nourriture qui est
nécessaire aux brebis est souvent cherchée sur Internet ou dans
les archives, d'où on réchauffe les plats rassis. Le troupeau
n'est pas protégé des loups ravisseurs ni des faux docteurs.
Pourtant, il y a 2.600 ans, le Seigneur avertissait déjà : «
Malheur aux bergers qui détruisent et dispersent le troupeau de mon
pâturage, dit l'Éternel » (Jr 23.1), et d'ajouter : «Mon
peuple est un troupeau de brebis perdues ; leurs bergers les égaraient,
les faisaient errer par les montagnes » (Jr 50.6). Jésus
lui-même souligne que le mercenaire (celui qui exerce le pastorat pour se
servir soi-même) ne se met point en peine des brebis (Jn 10.13).
202
8. Passer à Côté du Plan de Dieu
La mission que le Seigneur nous a ordonnée est claire :
« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom
du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez- leur à
observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les
jours, jusqu'à la fin du monde » (Mt 28.19-20), et « Vous
recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes
témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la
Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre » (Ac 1.8).
Comment remplir la mission que le Seigneur nous a confiée, pour laquelle
il a donné son Esprit Saint, sans réagir au déclin
spirituel actuel. Les anciens diront : « Au début, il n'en
était pas ainsi. On avait l'habitude des sacrifices. Aujourd'hui, les
jeunes veulent tout et tout de suite. » Ils n'ont certes pas tort, bien
que beaucoup se soient engraissés par l'exercice d'un certain type de
ministère. Rappelons que nous avons un rendez-vous auquel nous ne
pouvons pas nous soustraire, avec le divin juge.
9. Le Relativisme
Notons enfin que les influences de la théologie
libérale se développent maintenant aussi dans l'Église,
notamment auprès des jeunes. De nombreuses vérités de la
Bible sont ainsi relativisées. Qu'est-ce que le relativisme ? C'est la
position philosophique qui sous-tend que tous les points de vue sont valables
et que toute la vérité est relative à l'individu. Or,
cette proposition n'est pas logique, car elle se contredit elle-même. En
effet, si toute la vérité est relative, alors la
déclaration « Toute la vérité est relative »
devrait être absolument véritable. Si elle est absolument
véritable, alors, tout n'est pas si relatif et la déclaration
selon laquelle « Toute la vérité est relative » est
fausse. Et on pourrait poursuivre ce débat si le temps nous le
permettait. Ce qui est surtout important à retenir, c'est que, en temps
de déclin spirituel, la vérité est remise en cause. Le
doute s'installe. On commence à relativiser les vérités
bibliques. On revient à Genèse 3.1 : « Dieu a-t-il
réellement dit ? ».
203
E. Au Milieu du Déclin, un Grand Espoir
1. L'OEuvre de Dieu Continue
Malgré le déclin spirituel qui touche la terre
entière, les bonnes nouvelles qui nous viennent de différents
champs de missions montrent que l'oeuvre de Dieu continue. Que ce soit en
Amérique du Nord, en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud, en
Europe, et surtout dans la fenêtre 10/40 qui regroupe tous les pays
où l'Islam est fortement implanté, on rapporte des conversions,
des baptêmes d'eau, des baptêmes du Saint-Esprit. Parmi ceux qui,
auparavant, combattaient parfois avec férocité le christianisme,
Dieu se révèle et accomplit des miracles. Des vies sont
changées. En Chine, où l'on rapporte près de 25.000
conversions par jour, les nouveaux convertis, souvent démunis, partent
à leur tour évangéliser les villages alentour. Nous
connaissons les temps difficiles mais cruciaux que nous vivons, et que le
Seigneur est à la porte, mais toutes ces bonnes nouvelles nous
encouragent à poursuivre nos efforts, à relever les défis
majeurs qui nous sont lancés, sachant que le meilleur est devant nous,
et chaque âme gagnée est une victoire remportée sur
l'ennemi pour la plus grande gloire de notre Seigneur.
2. La Réponse au Besoin Holistique de l'Homme
Selon l'agence oecuménique de Genève, certains pays
d'Amérique latine, comme le Guatemala, comptent jusqu'à 25%
d'évangéliques. En tête, on trouve les églises
pentecôtistes. Jorge Mendez explique : « Ici, l'importance du
changement de vie après la conversion est impressionnant : le
témoignage personnel, l'annonce de la parole de Dieu, sans oublier
l'aide apportée aux pauvres et aux souffrants. Beaucoup d'enfants issus
de familles brisées trouvent dans les communautés
chrétiennes une nouvelle famille. Là, ils
204
apprennent que Dieu les aime. »289 Cette
façon de vivre est à l'opposé du matérialisme
ambiant et dénote un changement radical de vie. Elle démontre la
force de changement de l'Evangile dans les vies qui ont pourtant connu des
déchéances et des misères difficiles à imaginer.
Jésus est le même hier, aujourd'hui et éternellement
(Hé 13.8). C'est l'Évangile en action qui a permis à tant
de coeurs d'être transformés par l'amour de Dieu. Dieu nous a
créé corps, âme et esprit. La Bible nous démontre
toute l'importance que Dieu accorde à notre être tripartite dans
la prière de Paul pour les Thessaloniciens : « Que le Dieu de paix
vous sanctifie lui-même tout entiers, et que tout votre être,
l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé irréprochable,
lors de l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ » (1 Th
5.23). Paul a raison de dire que seule la foi en Jésus-Christ sauve,
mais comme le souligne Jacques, « une foi sans les oeuvres est inutile
» (Jc 2.20), ce qui veut dire que le manque d'oeuvres prouve le manque de
foi. Feu Pierre Dupret l'a souvent répété : Le
véritable amour pour Dieu et pour son prochain est
démontré en répondant au besoin holistique de l'homme.
C'est ainsi seulement que le véritable Évangile pourra continuer
à sauver les âmes perdues, jusqu'au retour du Seigneur.
V. LE DÉFI MAJEUR LANCÉ À
L'ÉGLISE FIDÈLE
Je soulignerai tout d'abord l'urgence extrême de
réagir aux défis qui nous sont lancés. Les
évènements vont très vite. Le diable est à l'oeuvre
sur plusieurs fronts, dans le monde et dans l'Église où il
accélère ses manoeuvres tant à l'intérieur que de
l'extérieur. On ne devrait d'ailleurs pas dire le défi au
singulier, car il y a plusieurs défis qui sont lancés au reste
qui est demeuré fidèle.
289Jorge Mendez, "Bloc notes infos monde," Revue
Pentecôte 11 (Novembre 2004): 25.
290Arthur Wallis, The Day of Thy Power,
(Rancho Cordova, Californie: Cityhill Publishing, 1990), 24.
291George Santayana, The Life of Reason, (New-York, USA:
Dover Publications, Inc., 1980).
205
A. Tirer les Leçons du Passé 1. La
Leçon des Réveils Passés
Je ne peux m'empêcher de remarquer deux choses dans
l'histoire de tous ces puissants réveils. D'abord, il ne fait aucun
doute que Dieu les a utilisés comme le moyen de restaurer la richesse
d'une Église en déclin, et de faire avancer la cause de
l'Évangile dans le monde. C'est la façon dont Dieu procède
pour maintenir une Église dans la vitalité et c'est de cette
façon que Dieu étend Son Royaume, à la fois
numériquement et géographiquement. D'autre part, je ne peux
manquer de noter les similitudes entre l'expérience d'Israël
à l'époque des Juges et les réveils de l'Église. Le
même cycle de péché et d'apathie, de déclin et de
défaite, de prière désespérée en vue du
secours divin, et, finalement, la puissante intervention de Dieu
caractérisent chaque réveil. D. M. Panton attire notre attention
vers la direction potentielle de ces réveils :
Il est très significatif que, depuis la Réforme,
les réveils se soient produits à une fréquence de plus en
plus élevée. Encore et encore Dieu a secouru ce qui était
au-delà de toute aide humaine : qu'est-ce qui aurait pu sauver l'Eglise
sinon des interventions gracieuses de la toute-puissance ? Le besoin ne peut
que s'accroître alors que nous nous orientons vers la fin des
âges.290
2. La Leçon de l'Histoire de l'Église
La situation est d'autant plus malaisée pour les
dirigeants spirituels qu'ils ne sont pas responsables de toutes les
difficultés de l'Église et des croyants. Bien que cela soit vrai,
le problème est que l'histoire se répète, et les
évènements du passé doivent servir d'exemple. Selon le
philosophe George Santayana : « Ceux qui ne peuvent se rappeler le
passé sont condamnés à le répéter
»291, paraphrasable par : « Ceux qui ne peuvent pas
apprendre de l'histoire sont condamnés à la répéter
», ou « Ceux qui ne parviennent pas à tirer les
leçons
206
des erreurs de leurs prédécesseurs sont
destinés à les répéter. » En effet, le
passé, nous l'avons vu, est, depuis la création, rempli
d'exemples qui se reproduisent sous nos yeux actuellement. Un retour aux
fondamentaux doit nous interpeller. Quels choix allons-nous faire ?
B. Les Défis Lancés à
l'Église
La situation est d'autant plus ardue que nous devons lutter sur
plusieurs fronts à la fois. Dans le passé, l'Église
primitive a dû faire face à ces mêmes problèmes mais,
si je puis dire, elle les a affrontés un à un, jusqu'à
l'avènement de Constantin. Or, nous sommes à la fin des temps, et
Satan s'élance toutes ses forces dans la bataille car il sait que le
temps lui est compté.
Une grande partie de la nommée « religion
chrétienne » lui est d'ores et déjà acquise. Elle est
soit anéantie par les différents courants de pensée
philosophique de la haute critique ; soit piégée dans un confort
religieux mensonger entretenu à coups de traditions, de dogmes, et de
conformismes par des dirigeants repus depuis près de dix-sept
siècles de règne absolu ; soit aveuglée par les nouveaux
concepts des extrémismes religieux hérétiques qui
préparent la venue de leur agent, l'Antichrist. Dans tous les cas, Satan
a su la neutraliser et elle ne peut pas lui faire grand tort. Si on analyse les
statistiques actuelles, cela représente quand même plus de 95% de
la chrétienté déclarée.
Satan s'attaque donc maintenant au reste, l'Église
combattante demeurée fidèle. Hélas, elle aussi
connaît le phénomène récurrent du déclin
spirituel, celui-ci l'ayant conduit dans le même cycle de
péché, d'apathie, de déclin et aujourd'hui de
défaite. Jusqu'ici, Satan a réussi à la corrompre en
mélangeant le bon grain et l'ivraie, avec pour résultats la perte
du premier amour, la baisse de la vie de l'Esprit chez les
régénérés, ainsi que le piège d'un retour
à la tradition, favorisant des syncrétismes divers. Parmi les
responsables, il a également
207
suscité, avec succès, une convoitise charnelle
accrue pour les biens terrestres et la reconnaissance des hommes. De plus,
Satan a réussi à semer le poison de la jalousie, des querelles,
et autre zizanie, qui paralysent les leaders qui sont ceux qui ont le pouvoir
de sortir l'Église de l'ornière dans laquelle elle se trouve.
Enfin, il dénature la pureté de l'Évangile en administrant
l'hérésie à doses homéopathiques, mais qui, au fil
du temps, finissent par corrompre le message de vérité en lui
retirant ce qui en fait la force : le Saint-Esprit. Celui-ci est
attristé, voire éteint dans maints d'endroits. Le résultat
est une Église qui, à l'instar de Samson ou d'Israël au
temps du sacrificateur Eli, se croit toujours forte de la présence du
Seigneur, se glorifie de ses succès passés, se croit riche comme
Laodicée, mais qui est en réalité inapte pour sa mission,
ayant perdu la puissance divine, l'amour pour Dieu et son prochain, ainsi que
son zèle missionnaire. Voilà le défi multiforme que Satan
lance à l'Église aujourd'hui.
C. Une Prise de Conscience
Le retour du Seigneur Jésus-Christ approche, avec comme
préalable, l'enlèvement de l'Église qui lui appartient.
Nous sommes donc à la croisée des chemins et nous devons choisir
notre avenir. Deux choix s'offrent aux responsables de l'Église :
Feindre la cécité par refus de relever le défi ou
affronter la situation avec honnêteté et courage. Je pense que la
lucidité et le courage s'imposent à tous ceux qui ont à
coeur le ministère pour lequel ils ont été appelés.
Toutefois, si nous sommes prêts à relever le gant, ce que je
crois, il y a un ordre prioritaire à respecter.
La première question à se poser est donc : Comment
en sommes-nous arrivés là ? Il est nécessaire de revoir
les fondements et les principes d'autrefois, admettre comme Elie que nous ne
sommes pas meilleurs que nos pères (1 R 19.4). Nous devons admettre que
nous avons dérivé, et prendre conscience du déclin
spirituel de l'Église. Après lui avoir reproché
208
l'abandon de son premier amour, notre Seigneur dit à
Éphèse : « Souviens-toi d'où tu es tombé
» (Ap 2.5). Mais se souvenir n'est pas suffisant. Nous devons agir, quitte
à prendre des décisions douloureuses. Jésus ajoute :
« Repens-toi et pratique tes premières oeuvres » (Ap 2.5).
Il importe donc d'abord de savoir où nous sommes, et donc
de nous interroger et d'admettre sans complaisance la situation spirituelle
actuelle de l'Église. Sommes-nous prêts à le faire, quitte
à bouleverser et déstabiliser certains préjugés,
voire certains fauteuils ? À qui préférons-nous plaire ?
À Dieu ou aux hommes ? Sommes-nous prêts à purifier
l'Église, comme Jésus l'a fait dans le temple de Jérusalem
? Sommes-nous prêts à prendre toutes les dispositions
nécessaires pour obtenir coûte que coûte un réveil de
l'Église ? Il convient donc de définir ce qu'est un réveil
et ce qu'il entraîne comme conséquences, afin de déterminer
si nous le souhaitons vraiment.
Dans beaucoup d'endroits de la planète, le Mouvement de
Pentecôte stagne, peine à se développer, et finit par
régresser spirituellement. Ce n'est pas nouveau. Tout comme ses
prédécesseurs, ce puissant mouvement de l'Esprit a conduit
à l'établissement d'organisations ecclésiales qui ont fini
par transformer le mouvement divin en monument humain quasi inamovible
malgré les grandes déclarations et les bonnes volontés. Le
problème est donc de définir les mesures à prendre pour
remédier à la situation actuelle afin de permettre aux AD du
Burkina Faso de relever le défi présent de la «
Décennie de la Pentecôte ».
Comment réagir face à la pauvreté
spirituelle actuelle des ministères et des églises ? Comment
procéder pour revenir à un christianisme
évangélique et pentecôtiste fort ? Sommes-nous prêts
à en payer le prix ? Aurons-nous le courage de nous remettre tous
vraiment en question ? Aurons-nous le courage de tailler dans le vif, s'il le
faut ?
209
D. Notre Responsabilité
Les réveils du Pays de Galles, de la Rue Azusa, et autres,
se sont caractérisés par une spontanéité totale,
conduits par l'Esprit Saint. Un réveil ne se commande pas. Les facteurs
humains déterminants sont une grande faim de Dieu, la prière, et
la recherche de la sainteté. Mais dans le temps, Dieu reste souverain de
sa puissance et de son action. À ce propos, George O. Wood attire notre
attention sur un point très important, facteur d'erreur dans une large
majorité de "chrétiens" :
Pendant le réveil d'Azusa, il y avait beaucoup
d'églises, de bons prédicateurs, des services liturgiques
brillants, et des formulations doctrinales fondamentales. Mais les pionniers
d'Azusa étaient motivés par une faim ; non pas de connaître
quelque chose de Dieu, mais de connaître Dieu ; non pas d'entendre parler
de Dieu, mais d'entendre Dieu. Ils voulaient connaître Dieu dans sa
plénitude ; ce qui explique le terme de "plein
évangile".292
Toutefois, une première caractéristique
émerge toujours : la repentance. Si nous voulons une action de Dieu,
nous devons admettre notre responsabilité en tant qu'individu d'abord
puis en tant que mouvement, car nous sommes responsables les uns des autres.
À titre d'exemple, Esdras eut à coeur de s'humilier non seulement
pour lui-même mais pour tout le peuple qui avait abandonné la Loi
de l'Éternel (Esd 9).
Quelle responsabilité devons-nous admettre ? D'abord,
comme Éphèse, l'abandon de notre premier amour, celui que nous
devons à Dieu, et à notre prochain ; puis l'abandon de la
sainteté ; ensuite l'abandon de la vérité ; nous pouvons
continuer par l'abandon de notre zèle pour la grande Commission que le
Seigneur nous a laissée (Mt 28.19-20). C'est de cela, en premier, que
nous devons nous repentir, ainsi que de toutes nos actions conséquentes.
Bien entendu, la liste n'est pas exhaustive, car nous avons beaucoup à
nous faire pardonner.
292George O. Wood, "This Pentecostal River: Azusa, the
Originating Effluence" Enrichment Journal 11.2 (Spring 2006), 131.
210
Le réveil dépend de la repentance, comme la
repentance conduit au réveil. Les deux sont absolument indissociables.
Il est inutile de prier si nous ne passons pas d'abord par une vraie et
authentique repentance. Donald Gee déclare :
Si vous me demandiez quel est le plus grand besoin dans le
réveil, c'est la repentance. Si les gens ne se repentent pas, le
réveil ne sera pas assez profond. Avant qu'un authentique réveil
puisse avoir lieu, les gens doivent se repentir. Je crains que dans nos
réveils modernes, nous ayons laissé passer le premier mot
adressé par Dieu aux pécheurs. Son premier mot n'est pas "crois",
mais "repens-toi".293
À Jérusalem, le jour de la Pentecôte, les
participants à la première réunion interrogèrent
Pierre : « Hommes frères, que ferons-nous ? » Pierre
répondit : « Repentez-vous ... » (Ac 2.38). Le message de Dieu
a toujours commencé par là : la repentance.
En fait, les termes grecs « metanoô » et «
metanoia » contiennent plusieurs appels. Comme nous l'avons vu
précédemment, le premier appel concerne la prise de conscience du
péché avec toute l'insatisfaction et le regret qui en
découlent : cela concerne tout ce qui s'est passé avant.
Le deuxième appel, concernant tout ce qui se passe
pendant, est celui de la
réparation : la demande de pardon ; les oeuvres dignes de
la repentance telles que, comme Zachée (Lc 19.8), le remboursement de
sommes reçues ou prises indûment ; l'exercice ou l'expression de
la foi en Jésus-Christ et en son oeuvre de rédemption à la
croix, etc. Cela concerne tout ce qui se passe pendant. A. W. Tozer affirme que
prier est parfois non seulement inutile, mais également coupable,
mentionnant l'exemple de Josué qui, après la défaite
d'Aï, déchira ses vêtements et tomba la face contre terre
devant l'arche de l'Éternel, jusqu'au soir, ainsi que les anciens
d'Israël (Jos 7.6). Selon notre compréhension du réveil, en
insistant aussi longtemps, Dieu aurait dû envoyer la
bénédiction. Or, Dieu dit à Josué : «
Lève-toi ! Pourquoi restes-tu ainsi couché sur ton visage ?
Israël a péché » (Jos 7.10-11).
293David A. Womack, L'expérience de la
Pentecôte, (Deerfield : Vida, 1996), 91.
211
Autrement dit, que fais-tu à prier alors que tu devrais
agir ? Et Il lui donne ses ordres : « Lève-toi, sanctifie le
peuple. Tu diras : "Sanctifiez-vous pour demain ; car ainsi parle
l'Éternel, le Dieu d'Israël : Il y a de l'interdit au milieu de
toi, Israël ; tu ne pourras pas résister à tes ennemis,
jusqu'à ce que vous ayez ôté l'interdit du milieu de vous"
» (Jos 7.13).294 C'est un appel à l'action, au
renoncement et au changement. Cela concerne l'après. La repentance a
toujours fait partie de la démarche chrétienne, dans tous les
siècles de l'histoire de l'Église, mais elle a toujours
été suivie d'un retour à la sainteté. Elle est
indispensable au rétablissement et au renouveau.
Un troisième point est le retour à la mission de
l'Église. A ce propos, John Shearer souligne que dans chaque
réveil, il y a une nouvelle insistance sur le caractère
missionnaire de l'Église. Les hommes, revenant au Calvaire, voient
à nouveau le monde à travers les yeux de Christ. La compassion
infinie du Christ remplit le coeur, et la passion inspirée par le
Calvaire appelle les hommes du monde entier comme fruit de Son
sacrifice.295 L'environnement profane, notamment les nouveaux
médias, joua un rôle déterminant dans la transmission
rapide des nouvelles des réveils à l'autre bout du monde,
encourageant ainsi les chrétiens à rechercher pour
eux-mêmes les bénédictions dont ils prenaient
connaissance.
Enfin, je ne peux que remarquer l'étonnante similitude
avec l'expérience d'Israël à l'époque des Juges puis
des rois. Le même cycle caractérise chaque réveil : le
péché et l'apathie ; le déclin et la défaite ; la
prière désespérée en vue du secours divin ; et
enfin la puissante intervention de Dieu. Peut-être se trouve-t-il
là un indice ou une direction pour l'Église d'aujourd'hui :
Rechercher tout à nouveau la face de Dieu, et rien d'autre.
Frank Bartleman, un des pionniers du réveil de la rue
Azusa, écrit :
294A. W. Tozer, "Ne priez pas pour le
réveil,"
www.chretiente.com/.../174-ne-priez-pas-pour-le
reveil.html (consulté le 10 janvier, 2012).
295John Shearer, "Old Times Revivals,"
http://www.revival-library.org/catalogues/genhistory/shearer.html
(consulté le 03 novembre, 2011).
212
L'Histoire se répète : Que le peuple de la
Pentecôte prenne garde ; L'actuel réveil mondial est né au
Pays de Galles, a vécu son adolescence en Inde, puis est devenu adulte
plus tard à Los Angeles. J'ai reçu de Dieu, au début de
1905 la prophétie suivante concernant le réveil : "La profondeur
du réveil sera exactement déterminée par la profondeur de
l'esprit de repentance". Et ceci sera obtenu par tout un chacun et pour tous
les temps.296
D'après Salomon Andria, les traits suivants
caractérisent la repentance et le réveil :
Le rôle décisif d'une personne que Dieu a
visitée d'une manière particulière. Par elle, Dieu
opère une transformation spirituelle profonde dans une communauté
ou une région donnée ; la conversion ou la repentance d'un grand
nombre de personnes dans cette communauté grâce au
ministère de cette personne ; la volonté de cette
communauté d'obéir à Dieu et de se soumettre à
l'autorité de l'Écriture ; le désir de cette
communauté de vivre une communion intime avec Dieu et une communion
fraternelle entre croyants ; la crainte de Dieu qui s'empare de la
communauté.297
E. Un Retour à la Sainteté
Tout le monde chrétien aspire à nouveau à
une action profonde du Saint-Esprit. John R. W. Stott, aumônier de la
Reine d'Angleterre écrivait en 1977, « lorsqu'on considère
l'Église d'aujourd'hui, on ne peut pas ne pas y constater le besoin
d'une action plus profonde du Saint-Esprit. »298 Dans ce
début du vingt-et-unième siècle, le monde s'enfonce de
plus en plus dans le péché et le paganisme et il déteint
fortement sur l'Église. Les chrétiens n'ont plus la crainte de
Dieu ; ils n'ont plus peur de pécher, ni de mentir au Saint-Esprit en ce
qui a trait à leur vie spirituelle. Ils redeviennent très
matérialistes, courant derrière l'argent sans chercher
premièrement le royaume de Dieu.
L'Eglise actuelle a besoin d'un vrai réveil. Elle est
arrivée à un tel point d'apathie qu'elle nécessite une
vraie et profonde visitation de l'Esprit Saint. Comment l'obtenir ? Un
296Frank Bartleman, How Pentecost came to Los
Angeles, as it was in the Beginning, from my Diary, (Los Angeles,
California: Frank Bartleman, 1906), 21.
297Salomon Andria, "Réveils en Afrique,"
Théologie évangélique 1 (2008): 79.
298John R. W. Stott, Du baptême à la
plénitude, (Monnetier-Mornex : Éditions Emmanuel, 1977),
13.
213
réveil n'est pas un miracle. Il ne s'obtient pas par les
cris, les hurlements, les gestes théâtraux et les prières
assourdissantes des multitudes. Sur le Mont Carmel, cela était l'apanage
des prophètes de Baal. Un réveil est un retour à Dieu dans
la pureté et la sainteté, en passant à nouveau par la
chambre haute. Elie a rebâti l'autel avec des pierres brutes, avant que
le feu du ciel ne tombe pour tout consommer et ainsi démontrer à
tout Israël qu'il n'y a qu'un seul Dieu, l'Éternel (1 R 18.38-39).
Joseph A. Synan, l'un des leaders de l'Église de Sainteté
Pentecôtiste des États-Unis, a dit :
Il me semble que l'extension du réveil de Pentecôte
dans les rangs des dénominations plus anciennes devrait nous amener
à une plus grande responsabilité selon la Bible. . . .Le
Mouvement de Pentecôte est né d'un grand réveil de
sainteté. S'il n'y avait pas eu de mouvement de sainteté, il se
pourrait qu'il n'y ait jamais eu de Mouvement de Pentecôte, car la
sainteté est essentielle à la Pentecôte. Parlez à
Dieu de puissance, il vous parlera de pureté. Parlez-lui de bonheur, il
vous parlera de sainteté. La sainteté est une
nécessité préalable et concomitante à la
Pentecôte.299
Le deuxième point important pour un réveil est
l'oeuvre de renoncement à soi-même. Les ministères sont
trop occupés par leurs activités ecclésiales, par leurs
intérêts propres, par leurs ambitions personnelles, par leur
réussite ecclésiastique et mondaine et par leurs soucis
matériels. Cela coûte très cher d'ignorer la
piété personnelle : le résultat est de ne plus suivre le
Seigneur alors qu'on croit qu'il est toujours avec nous. On peut facilement
tromper son entourage, mais on ne peut pas tromper Dieu. Ici encore, chacun a
le choix. Qui nous a appelé et pour quelle mission ? Si Dieu nous a
appelés pour le servir, nous devons laisser la parole de Dieu nous
interpeler et nous conduire dans l'intimité de Dieu. Dans
l'Église naissante, les apôtres ont été
confrontés au même problème. Ils avaient été
désignés par le Seigneur Jésus-Christ lui-même pour
continuer à bâtir l'Église. Seulement, ils n'avaient pas le
temps, et certains étaient en souffrance. Ils décidèrent
donc de privilégier la Parole et la prière, et de confier les
tâches matérielles à d'autres frères
qualifiés et choisis par le peuple de Dieu. Il en
299Donald Gee, Le feu de la Pentecôte au
20ème siècle, (Craponne, France : Viens et Vois,
1988), 239.
300Wallis, 44.
214
a été de même avec Moïse jusqu'à
l'intervention de son beau-père Jethro qui lui a conseillé de ne
pas tout gérer seul et de déléguer. Il y a plusieurs
degrés dans l'importance : le capital, l'indispensable, le
nécessaire, l'utile, etc. La seule question est de savoir où nous
voulons placer Dieu.
En temps de réveil, Dieu reprend sa place dans le coeur
des croyants. La prédication de l'Évangile reprend la
prééminence et des multitudes se convertissent. Parfois de
puissantes onctions de l'Esprit de Dieu produisent de profondes convictions et
des manifestations physiques telles que des larmes, des cris, des prostrations,
des tremblements, etc. Mais, quand il s'agit d'un Réveil de l'Esprit
Saint, il porte des fruits qui demeurent. En effet, les signes propres à
l'impiété disparaissent alors. Les oeuvres de la chair :
l'immoralité, l'ivrognerie, la malhonnêteté,
l'égoïsme, sont remplacées par le Fruit de l'Esprit.
L'Église a besoin d'être ranimée, restaurée pour
accomplir sa mission car, si elle est morte, elle se trouve dans
l'incapacité de l'accomplir. William Reid remarque :
La conversion tranquille des pécheurs, l'un après
l'autre, sous le ministère ordinaire de l'Évangile, doit toujours
être considérée avec un sentiment de satisfaction et de
gratitude... mais une manifestation périodique d'une conversion
simultanée de milliers d'âmes doit aussi être
désirée, parce que ceci a la capacité de démontrer
d'une façon visible et impressionnante que Dieu a fait de ce même
Jésus, qui a été rejeté et crucifié,
à la fois Seigneur et Christ.300
Les croyants soupirent après une intervention nouvelle de
Dieu. Dans sa grâce, Dieu nous envoie aujourd'hui l'opportunité
d'appeler le peuple de Dieu à rechercher un réveil sous la forme
de la « Décennie de Pentecôte ». Allons-nous saisir
cette main tendue ? Le voulons-nous ? Sommes-nous prêts à subir
toutes les conséquences que le feu de l'Esprit peut amener dans le
Mouvement, dans l'église locale, dans notre famille, dans notre couple,
en nous-mêmes ?
215
F. Le Chemin de la Restauration
1. Revenir au Modèle Apostolique
Dieu a de nombreux attributs qui nous concernent directement dans
le sens où il veut que nous ressemblions à son Fils
Jésus-Christ. Si je devais les classer par ordre, je mettrais
certainement en premier la sainteté. « Vous serez saints car je
suis saint » (Lv 11.44). Le deuxième pourrait être la
vérité. Dieu a horreur du mensonge et tous ceux qui le pratiquent
seront exclus de sa présence (Ap 21.8, 22.15). Une forme de mensonge
très répandue et très pratiquée par de nombreux
responsables et par les chrétiens est l'hypocrisie. Pour cela, on est
prêt à invoquer toutes sortes de raisons : culture, politesse,
peur de blesser, manque de courage, etc. L'hypocrisie est un interdit au milieu
du peuple de Dieu. La Bible la condamne sévèrement. Dans
l'Évangile selon Matthieu au chapitre 23, Jésus condamne 7 fois
les scribes et les pharisiens hypocrites. C'est une particularité des
religieux, non des spirituels. À Antioche, l'apôtre Paul n'a pas
hésité un seul instant à condamner Pierre qui, avec
d'autres Juifs, usaient d'hypocrisie envers les Juifs de l'entourage de Jacques
qui étaient venus de Jérusalem, en sorte que Barnabas
lui-même fut entraîné par leur hypocrisie (Ga 2.12). Si nous
voulons plaire à Dieu, nous devons cesser toute hypocrisie, faire tomber
les masques, mettre au grand jour ce qui nous oppose, et s'accorder
mutuellement un vrai et grand pardon, sachant qu'il y va aussi de notre vie
éternelle (Mt 18.35).
2. Revenir à nos Valeurs
Quelles sont nos valeurs ? Où se situent-elles ?
Sommes-nous prêts à payer le prix fort pour les défendre et
les garder ? Nos valeurs sont clairement inscrites dans la parole de Dieu et
résumées dans un opuscule que nous avons édité :
« Ce que nous croyons : La doctrine des Assemblées de Dieu ».
Le N° 7 de nos 12 vérités doctrinales concerne la
sanctification. Il y est écrit que « nous croyons à la
sainteté de vie (pensée, parole, conduite) dans
l'obéissance
216
au commandement divin "soyez saints" (1 P 1.15-16, 1 Th 5.23,
Hé 12.14, Jn 2.6). Nous condamnons selon Galates 5.19-21, la
débauche sexuelle, l'adultère, l'ivrognerie, la magie, la haine,
la jalousie, la colère, l'envie, le meurtre, l'orgie, et autres choses
semblables. » Les pages 30 à 33 de l'opuscule détaillent ce
que nous devrions être et vivre. Malheureusement, tout cela est
tombé dans l'oubli. Pourtant, le défi majeur à ce sujet
est : Allons-nous influencer le monde, ou, le monde va-t-il nous influencer. Il
est encore temps de redresser la barre. Le voulons-nous ?
3. Communiquer la vérité et la vision
La pérennité du mouvement doit nous amener à
prendre des décisions courageuses. Il faut parfois détruire pour
reconstruire (Jr 1.10). Il faut savoir dépolluer sans laxisme ni
préférence. Sachons là aussi pratiquer la
vérité, sans se cacher derrière des valeurs
traditionnelles ou culturelles, même si elles sont au demeurant
respectables. Jésus n'a pas ménagé les chefs
d'Israël, ni les religieux, ni les gens. Il leur a dit la
vérité en face, dévoilant leur hypocrisie. Il doit en
être de même, que ce soit dans l'Église, dans les
églises locales, dans les structures, en ce qui concerne les
responsables à tout échelon, les chrétiens, etc. Rien ne
doit rester tabou.
Un retour à la sainteté, à la pureté,
à la sanctification, est la condition sine qua non du réveil et
de la sauvegarde de l'Église dans ces temps troublés. Nous devons
être vrais et ne pas cacher la vérité à
l'Église. De plus, la majorité des pasteurs et des
chrétiens sont totalement ignorants sur les évènements
actuels. En conséquence, il est important de largement communiquer sur
les temps de la fin, l'apostasie, les séductions, et toutes les
hérésies de la troisième vague. Nous devons donc les
avertir et les aider à revenir à la Parole : à retourner
à la croix, à dénoncer le péché et la chair
sous toutes ses formes, et à extirper le mal qui est dans l'Eglise
aujourd'hui.
217
4. Revenir à l'Équilibre Doctrinal
Toutes sortes de révélations douteuses circulent
aujourd'hui, évoquant la nécessité de compléter la
Bible. Or, on ne peut rien ajouter ni retrancher à la parole de Dieu.
Trois fois dans l'Écriture, il est directement fait
référence à l'intégrité des Saintes
Écritures (Dt 4.2, 12.32 ; Pr 30.6). Enfin, dans l'Apocalypse de Jean,
il est écrit : « Je le déclare à quiconque entend les
paroles de la prophétie de ce livre. Si quelqu'un y ajoute quelque
chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre ; et si
quelqu'un retranche quelque chose des paroles du livre de cette
prophétie, Dieu retranchera sa part de l'arbre de la vie et de la ville
sainte, décrits dans ce livre » (Ap 22.18-19).
Paul écrit à Timothée : « Toute
l'Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour
convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de
Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre » (2 Tm 3.16-17).
C'est pourquoi nous devons revenir à un enseignement
équilibré, vrai et complet : la chute ; le péché ;
la grâce ; la croix ; la repentance ; le changement de vie ; la
piété ; la prière ; la sanctification ; le baptême
du Saint-Esprit et les dons spirituels ; la mission ; et le retour du
Seigneur.
5. Des Ministères Pentecôtistes
Interviewé par la revue "Enrichment Journal", Thomas E.
Trask décrit le caractère du ministère pentecôtiste
:
Dieu a établi les Assemblées de Dieu pour en faire
une Église pentecôtiste. Nous ne devons jamais reculer devant un
but fixé par Dieu. La mission de l'Église ne doit pas être
accomplie dans la chair, dans des programmes, ou dans l'intelligence humaine,
mais par la puissance du Saint-Esprit. L'Église primitive a rempli
Jérusalem avec sa doctrine parce que les croyants avaient la puissance
du Saint-Esprit. La Pentecôte doit demeurer à la pointe de ce
pourquoi nous existons.301
Au sujet de la puissance de transformation du baptême du
Saint-Esprit, Trask répond :
301Thomas Trask, "Pentecostal Ministry",
Enrichment Journal 10/1 (Winter 2005), 22.
218
La puissance transformatrice du baptême du Saint-Esprit
peut être comparée à la différence qu'il y a entre
un moteur de quatre cylindres et un huit cylindres turbocompressé. Le
baptême du Saint-Esprit permet à une personne de quitter le niveau
de son existence pour se placer à un niveau divin, ce qui ne pourrait
pas être accompli d'une autre façon. Jésus savait que les
croyants avaient besoin de puissance accrue. . . . Sans la plénitude du
Saint-Esprit, l'Église est sans force contre les forces
démoniaques. Les gens sont liés par la puissance de Satan, que ce
soit au travers des drogues, du jeu, de l'alcool, ou de la pornographie. Nous
avons besoin de la puissance du Saint-Esprit pour les aider à trouver la
délivrance en Jésus.302
Concernant les pasteurs qui pourraient hésiter ou
craindre de conduire les gens dans une expérience de Pentecôte ou
de la guérison divine, Trask ajoute :
Les instructions de la Parole de Dieu sont claires : les pasteurs
doivent être des personnes de foi et d'obéissance. La Parole de
Dieu dit d'oindre d'huile, d'imposer les mains aux malades, et de prier la
prière de la foi (Jc 5.14-15). Si les pasteurs font ce que la Parole
dit, Jésus confirmera la Parole par les signes miraculeux (Mc 16.20).
Nous ne devons pas nous soucier des personnes guéries. Je ne peux pas
guérir. Personne ne peut guérir. Seul Jésus guérit.
Mais nous avons un rôle à jouer dans le
processus.303
Interrogé sur la façon dont un pasteur peur
maintenir une expérience pentecôtiste dans sa vie et son
ministère, Trask explique :
La Pentecôte est un style de vie journalier. Si vous
marchez selon l'Esprit, vous ne pouvez accomplir les désirs de la chair
(Ga 5.16). La Pentecôte signifie vivre dans l'Esprit et l'Esprit vivre en
vous. Une personne doit d'abord être baptisée dans le Saint-Esprit
pour expérimenter la Pentecôte. Vous ne pouvez pas prêcher,
vivre, ou exhorter les autres à vivre quelque chose que nous n'avez pas
vous-mêmes expérimenté. La Pentecôte doit commencer
par votre propre expérience.304
À propos de l'importance de la sensibilité au
Saint-Esprit pendant les cultes pentecôtistes, Trask souligne :
302Ibid., 22. 303Ibid.
304Trask., 23.
219
Un défi auquel l'Église doit faire face est de se
garder éloignée du divertissement. Quand l'église devient
un centre de spectacles, c'est tout ce qu'elle obtiendra -- du spectacle. De
même, le Saint-Esprit ne viendra pas contre votre volonté. Il doit
être invité. Il ne viendra pas si vous avez un programme de culte
bien serré et si vous êtes déterminés à ne
faire que votre volonté. . . . Il n'y a rien de mauvais avec la
liturgie, mais les responsables doivent reconnaître quand le Saint-Esprit
est en mouvement, et lui donner l'opportunité de
travailler.305
À la question, « Vous êtes fermement
attaché à l'autel. Pourquoi l'autel est-il si important dans le
culte pentecôtiste ? », Trask répond :
Plus peut arriver en 5 minutes à l'autel que pendant une
heure de séance de conseil, parce que le Saint-Esprit y est à
l'oeuvre. L'église qui ne laisse pas du temps pendant le culte, pour que
les gens puissent s'approcher de l'autel commettent une erreur. Les
églises qui restent déterminées à appeler les gens
à s'approcher de l'autel- que ce soit pour le salut, la guérison,
la délivrance, le baptême du Saint-Esprit, ou des besoins
individuels-sont des églises vivantes.306
Répondant à la question : « Pourquoi la
Pentecôte est-elle un processus, et pas seulement un
évènement ? » Trask explique :
On ne devrait jamais considérer recevoir le baptême
du Saint-Esprit comme une fin en soi. Recevoir la plénitude du
Saint-Esprit est le commencement d'un processus. Le Saint-Esprit est
donné pour nous affiner, nous rendre capable, et nous rendre puissant.
C'est un processus en marche. Vous ne pouvez pas achever le processus parce que
vous dépendez du Saint-Esprit. De nouveaux défis, de nouveaux
obstacles, et de nouvelles attaques de l'ennemi continueront à affronter
le croyant rempli de l'Esprit, mais le Saint-Esprit a la capacité et les
qualifications de faire face à tous ces défis si nous
dépendons de lui.307
305Ibid. 306Ibid.
307Trask., 23.
220
6. Le Gouvernement Ecclésial et le Réveil
Le problème soulevé ici montre que le gouvernement
de l'Église peut tuer le réveil. Et généralement,
c'est ce qui se passe. Frank Bartleman souligne l'aspect tout particulier du
service de culte à Azusa :
Il n'y avait pas de liturgie à suivre. La seule personne
en charge était le frère William Seymour. Il s'agenouillait
devant deux petits placards à chaussures superposés. Il mettait
sa tête dans l'un d'eux et priait. Son humilité était
époustouflante. Tout le monde était égal. Il n'y avait ni
riche ni pauvre, pas d'intellectuels ou d'ignorants. La personne la plus
crainte était Dieu. On attendait le programme de lui. Le culte
était libre. Chacun pouvait entonner un chant selon l'inspiration du
Saint-Esprit.308
Toutefois, quelque temps plus tard, Bartleman exprima sa
déception :
La vérité doit être dite. Azusa
commença à s'éloigner du Seigneur très tôt
dans son histoire. Dieu m'a un jour montré qu'ils allaient commencer
à s'organiser, quoique personne ne m'en ait jamais parlé. C'est
l'Esprit qui me l'avait révélé. Il m'a poussé
à les avertir de ne pas agir dans un "esprit de parti de l'oeuvre de la
Pentecôte". Les "baptisés" devaient demeurer un seul corps comme
ils avaient été appelés à être libres comme
son Esprit était libre, sans devenir à nouveau liés par un
joug de chaînes ecclésiastiques. . . . Dieu désirait une
équipe de réveil, un canal au travers duquel il pourrait
évangéliser le monde et bénir tous les gens ainsi que les
croyants. . . .Cet esprit a causé tôt ou tard la mort de chaque
groupe touché par le réveil. L'histoire se répète
toujours dans ce domaine. . . . À partir de ce moment, les
problèmes et les divisions commencèrent.309
Les réunions du réveil gallois de 1904-1905
étaient identiques, au début. Ce fut lorsque les hommes ont
commencé à vouloir s'organiser, que le Saint-Esprit a
arrêté d'agir.
En Suède, Curt Björkquist cite un des passages du
manifeste de Lewi Pethrus, l'Unité Chrétienne, qui explique entre
autres, combien les organisations confessionnelles freinent le
développement biblique naturel des assemblées locales. Elles leur
enlèvent leur manoeuvre d'action et par là les conditions de leur
croissance :
308Frank Bartleman, Une autre vague
déferle, 58. 309Ibid., 72-73.
221
Le secret du développement exceptionnel des
assemblées aux temps apostoliques, c'était qu'elles
n'étaient pas enfermées dans des organisations et des
crédos, mais qu'elles étaient libres de faire ce que le Seigneur
par son Esprit leur commandait. Mais lorsque par les soins des hommes, les
assemblées furent organisées en une église, cette
condition de leur croissance disparut. La croissance laissa place au
déclin, à mesure que l'assemblée s'éloignait du
modèle apostolique.310
L'Église de Filadelfia à Stockholm est une
véritable oeuvre de Dieu fondée par Lewi Pethrus.311
En 1955, Elle accueillit la 4ème conférence mondiale
des Églises de Pentecôte. Présent à cette occasion,
Donald Gee nous donne quelques informations : L'Église Filadelfia a
6.500 places assises. Chaque premier vendredi du mois, une réunion de
prière se tenait dans 150 résidences privées de la ville.
45 anciens aident les pasteurs dans la direction spirituelle de
l'église. L'Église possède une imprimerie personnelle qui
tire un journal hebdomadaire « Evangéli Harold » à
60.000 exemplaires. Elle possède aussi une banque pentecôtiste,
une radio, un journal quotidien de Pentecôte « Dagen », et une
université pentecôtiste qui accueille 80 étudiants
permanents.312 En 2007, un pasteur très proche y passa un
mois. Il fut logé dans un des nombreux appartements adjoignant
l'église. L'assistance régulière au culte n'était
plus que de 400 fidèles. Un tel déclin se passe de commentaires.
Tous les témoignages rapportent que l'organisation a tué le
réveil. Pas un seul pays n'a été épargné
dans ce domaine.
Malgré cela, il est nécessaire d'organiser
certaines choses. Notre Dieu est un Dieu d'ordre. Donald Gee, qui au
début était contre l'organisation, admit ensuite qu'elle
était nécessaire. Alors quelle organisation ? Quelle doit
être l'implication de l'organisation centrale dans le réveil ?
Difficile à dire, mais Jésus dit que : « le vent souffle
où il veut » (Jn
310Allan Svensson, "Le réveil de Topeka et
le réveil pentecôtiste de Los Angeles,"
http://sentinellenehemie.free.fr/topeka.html
(consulté le 19 avril, 2012).
311Donald Gee. Le feu de la Pentecôte au
20ème siècle (Craponne, France : Viens et Vois,
1988), 156. 312Gee, Le feu de la Pentecôte au
20ème siècle, 212.
313Jesse Lyman Hurlbut, Histoire de l'Eglise
chrétienne, (Deerfield, Floride: Éditions Vida, 1988),
196.
222
3.8). Combien cela peut donc sembler ridicule de vouloir diriger
Dieu ! Seul l'Esprit Saint peut nous permettre de discerner la volonté
de Dieu, et nous donner sa sagesse afin de prendre bien garde aux
avertissements divins, et de nous souvenir des échecs du passé,
afin de ne pas les renouveler.
7. La Grande Commission
En 1930, l'Anglais Douglas Scott vint en France et apporta le
pentecôtisme. Jesse Lyman Hurlbut rappelle un des thèmes qui lui
était cher, la mission :
Un thème important et qui revient souvent sous sa plume
est celui de sa conception de la "mission". D. Scott faisait de la "mission" le
synonyme de devoir ou d'obligation. Il aimait insister sur la mission ou
l'obligation que Christ avait laissée à l'Église.
Autrement dit, la mission de l'Église était de prêcher
l'Évangile aux "hommes, femmes et enfants qui sont sous l'empire de
Satan".313
La lumière de l'Évangile n'est pas le
progrès moderne, mais la puissance de Dieu se manifestant dans cette vie
pour anéantir la puissance de Satan. Notre commission est la même
que celle de Paul reçue de Christ : « Je t'ai choisi du milieu de
ce peuple et du milieu des païens, vers qui je t'envoie, afin que tu leur
ouvres les yeux, pour qu'ils passent des ténèbres à la
lumière et de la puissance de Satan à celle de Dieu, pour qu'ils
reçoivent, par la foi en moi, le pardon des péchés et
l'héritage avec les sanctifiés » (Ac 26.17-18).
Combien de ministères, pourtant tous prétendants au
titre et à la fonction d'exégète des Saintes
Écritures, sont prompts à oublier les choses simples que
Jésus nous a annoncées lors de son ministère terrestre,
comme par exemple : « Le champ, c'est le monde » (Mt 13.38). Cela
exclut tout sectarisme, ainsi que toute restriction géographique,
ethnique ou linguistique.
223
A Samarie, territoire considéré comme «
étranger » par les Juifs, Jésus interpela ses disciples :
« Ne dites-vous pas qu'il y a encore quatre mois pour la moisson. Voici,
je vous le dis, levez les yeux, et regardez les champs qui déjà
blanchissent pour la moisson » (Jn 4.35). Ceci ne nous laisse guère
le temps de nous adonner à l'oisiveté ni à son
opposé : l'activisme. Gardons-nous des multiples activités, des
discussions vaines et des querelles, suscitées par le diable, uniquement
pour nous faire perdre notre précieux temps.
Quel est le prix d'une âme, aux yeux de Dieu ? Le prix
inestimable du sang de Jésus son Fils, versé à la croix
pour la sauver. Voilà une vérité qui devrait être
gravée dans le coeur de tous ceux qui disent vouloir servir Dieu.
224
CHAPITRE 5
CONCLUSION
Un premier constat a été fait que, de tout temps,
les réveils sont venus de Dieu pour remédier à un
déclin spirituel de son peuple. Hélas, tous ces réveils
ont fini par s'attiédir et s'éteindre sous l'influence charnelle
des ministères en place. C'est un fait avéré que chaque
réveil dans l'histoire chrétienne s'est exprimé par un
puissant mouvement et par des âmes gagnées par milliers. Puis nous
assistons comme à un endormissement dû d'une part, au
succès passé et d'autre part, à une organisation
ecclésiale transformant ce merveilleux travail de l'Esprit en monument
inamovible malgré les bonnes volontés des uns et des autres.
Aujourd'hui, hormis quelques pays qui vivent le feu continu d'une puissante
action de l'Esprit, il convient d'admettre que le mouvement initial issu des
réveils de Pentecôte du début du vingtième
siècle-notamment son principal représentant, l'Eglise des
Assemblées de Dieu-s'est peu à peu transformé en un
monument qui peine à conserver et à développer ses acquis
spirituels. Nous avons démontré au travers des diverses
statistiques l'évolution puis le déclin spirituel qui s'est
installé dans ce premier groupe que nous appelons les
pentecôtistes classiques.
Le deuxième constat concerne les effusions de l'Esprit qui
ont touché les diverses dénominations chrétiennes
protestantes puis catholiques, formant aujourd'hui le groupe charismatique. Je
peux souligner la rapidité de leur succès puisque, nés
à partir des années 60 du siècle dernier, ils
représentent près du double des pentecôtistes classiques.
Toutefois, nous avons pu également constater les dérives
doctrinales qui ont envahi et déconsidéré ce groupe.
225
Le troisième constat a mis en évidence
l'émergence foudroyante du groupe communément appelé la
« troisième vague » qui représente près de 55%
du courant « pentecôtiste ». Or, la preuve a été
faite qu'il ne s'agit pas là d'un réveil divin, mais d'une
contrefaçon satanique, qui discrédite les actions
précédentes de l'Esprit et l'oeuvre de Dieu dans le monde. Ce
courant séduit des personnages très connus du milieu
évangélique et pentecôtiste de la terre entière en
propageant de fausses doctrines particulièrement attrayantes et
adaptables aux divers contextes culturels. Il est important de noter que leur
succès n'a pas été remporté par
l'évangélisation et les nouvelles conversions, mais par la
séduction et la perversion d'églises et de dénominations
entières, ce qui tend à prouver que nous sommes
déjà dans les temps d'apostasie et que le retour du Seigneur est
proche.
Dans mon développement, j'ai dressé un tableau de
notre mouvement, selon les informations disponibles à ce jour. J'ai
également attiré l'attention sur : la menace pesant actuellement
sur nos assemblées ; le danger que courent nos pasteurs et le peuple de
Dieu, souvent mal enseignés et mal informés de toutes ces
nouvelles séductions venant s'ajouter aux causes habituelles du
déclin spirituel des églises ; ainsi que sur l'extrême
urgence pour nos responsables de prendre les mesures nécessaires pour
faire face à cette attaque sournoise de l'adversaire qui, sous des
apparences de sainteté, cherche à détruire
l'Église.
En guise de synthèse, l'avenir de l'Église se
trouve entre ses propres mains. Il sera ce qu'elle en fera. Tout lui a
été donné gratuitement par le Seigneur (2 P 1.3).
L'Église a donc la capacité en Christ de résister et de
repousser les attaques de l'ennemi. Elle doit demeurer attachée à
l'essence même de son identité, à savoir un peuple qui
connaît Dieu, qui appartient au Christ, et qui vit dans le monde. Pour
atteindre son but, elle doit retrouver et faire fructifier ses quatre vertus de
base : la vérité, la sainteté, l'unité, et l'esprit
missionnaire. Que Dieu nous aide !
226
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