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Evaluation du niveau de dégradation des sols dans les corridors du parc national de la Benoue

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par Narcisse Belone Njekeu Soh
Université de Ngaoundere - Master 2016
  

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UNIVERSITE DE NGAOUNDERE FACULTE DES SCIENCES

THE UNIVERSITY OF NGAOUNDERE FACULTY OF SCIENCE

Année : 2016

DEPARTEMENT DES SCIENCES BIOLOGIQUES

DEPARTMENT OF BIOLOGICAL SCIENCES

Evaluation du niveau de dégradation des sols dans les corridors du Parc
National de la Bénoué (Nord-Cameroun)

Mémoire

Présenté et soutenu publiquement le 08 décembre 2016 en vue de l'obtention du diplôme de Master Parcours/Spécialité : Ecologie

Par

NJEKEU SOH NARCISSE BELONE

Licencié ès Sciences
Matricule : 11A301FS

Devant le jury composé de :

Mme MEGUENI Clautilde Maître de conférences/UN Président du jury

M. AOUDOU DOUA Sylvain Chargé de Cours/UMa Examinateur

M. TCHOBSALA Chargé de Cours/UN Encadreur Academique

M. MBAMBA MBAMBA J.P. Conservateur du PNB Encadreur Technique

i

DEDICACE

A :

mon père Njekeu Godefroy ; ma mère MEKUE Thamar et ; ma famille entière.

ii

AVANT-PROPOS

- Au terme de ce travail, je remercie le Dieu tout-puissant pour sa bienveillance et sa protection tout au long de mon parcours scolaire en particulier lors de la réalisation du présent travail mené au Département des Sciences Biologiques de la Faculté des Sciences de l'Université de Ngaoundéré sous la direction de M. TCHOBSALA à qui J'exprime ma gratitude pour sa disponibilité et ses conseils. A M. MBAMBA MBAMBA Jean Paul Kevin, Conservateur de la réserve de biosphère de la Bénoué pour l'accueil, le soutien technique et moral dans cette structure dont la responsabilité lui incombe.

Ma reconnaissance s'adresse également :

- au Pr. MEGUENI Clautilde, Chef de Département des Sciences Biologiques de l'Université de Ngaoundéré, pour son assistance et ses prestigieux conseils tout au long de ma formation

- au corps enseignant du Département des Sciences Biologiques de la Faculté des Sciences de l'Université de Ngaounderé et en particulier aux Professeurs TCHUENGUEM FOHOUO Fernand-Nestor, NGAKOU Albert, NDJONKA Dieudonné, NOUBISSIE TCHIAGAM Jean Baptiste, MAPONGMETSEM Pierre-Marie, IBRAHIMA Adamou, NJINTANG YANOU Nicolas. Aux Docteurs DONGOCK NGUEMO Delphine, NOIHA NOUMI Valéry, TCHUENTEU TATCHUM Lucien, GALANI Boris, DJITIE François et TEMDJE Roméo. A monsieur ADAMOU Moïse et madame MAIMOUNA ABBA pour leur contribution à ma formation académique ;

- au Dr. MOKAM Didi Gaëlle qui m'a aidé à analyser les données et, pour son assistance inconditionnelle lors de la réalisation de ce travail ;

- au Dr. AOUDOU DOUA Sylvain, Chef de Département de Climatologie, Hydrologie et Pédologie de l'Institut Supérieur du Sahel (ISS), antenne de Kousseri pour les conseils et la facilitation de l'accès au Laboratoire dudit Département pour les analyses physico-chimiques du sol ;

iii

- à M. NARKE Cyrille, Chef du projet « Sécurisation et cogestion des corridors de migration de la faune à l'ouest de l'Unité Technique Opérationnelle Bénoué», pour avoir permis la réalisation de ce travail dans le cadre du projet ;

- à M. FOKOU Pirre, Chef de l'unité de protection et tous les écogardes (TCHATCHOUA Beauclair, MABOUL Irène, BILOA Marie Ange, DOBA Nestor, KALLA Janvier, BESSULOU Guy, YINYANG Berandi, AMAWISSA Jean Paul, NGUETI Romuald, YOMENI Jean Paul, SATOU Marceline et ZANGUE Calixte) qui m'ont accompagné et ont assuré ma protection lors de la collecte des données dans les corridors du Parc National de la Bénoué. Tout en ayant une pensée pieuse pour le repos éternel de l'âme de l'écogarde DASSALA Martin qui nous a tragiquement quitté après les travaux de terrain ;

- à tous les gardes communautaires qui m'ont servi de guide dans les corridors ;

- à mes compagnons de terrain et de laboratoire NGUEDJIO Jairus, BOUYO NDOLEDJE Felix, MAHAMAT Alifa et NOUKEU MBAKOP Jules pour leur collaboration et leur assistance ;

- à mes frères et soeurs NJEKEU Franck, TAGNY Françoise et NJEKEU Maella qui m'ont toujours encouragé dans les moments difficiles ;

- à mes amis NJAKWA KETCHA Uteve Mavie, AMBA ABONA Oliva Marie, DONGMO Igor, DAH Dieudonné, TCHOPWE Théodore, DEYA YANG Marie Paulette, NGO NGWE Dora Pascaline et NJAKWA KETCHA Isnelle Ange, qui ont accepté de relire ce document ;

- à toute la grande famille de l'Aumônerie Protestante Universitaire de Ngaoundéré (APUN), en particulier sa Cellule de Communication (CELCOM) qui a toujours veillé sur moi et pour leurs prières durant les moments de collecte de données et de rédaction.

iv

SOMMAIRE

DEDICACE I

AVANT-PROPOS II

ABREVIATIONS VI

LISTE DES FIGURES VII

LISTE DES PHOTOS VIII

LISTE DES TABLEAUX IX

RESUME X

ABSTRACT XI

INTRODUCTION 1

CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATURE 4

I.1. Généralités sur le Parc National de la Bénoué 4

I.2. Généralités sur la dégradation des sols 5

I.2.1. Causes de la dégradation des sols 6

I.2.2. Facteurs de la dégradation des sols 7

I.2.3. Manifestations et conséquences de la dégradation des sols 8

I.2.4. Quelques solutions pour la conservation des sols 9

I.3. Evaluation des propriétés du sol 10

I.3.1. Evaluation in situ 10

I.3.1.1. Propriétés physiques 10

I.3.1.1.1. Structure de l'horizon A 10

I.3.1.1.2. Couleur 11

I.3.1.1.3. Porosité 11

I.3.1.1.4. Etude du système racinaire 12

I.3.1.1.5. Dégradation des résidus des plantes 12

I.3.1.2. Propriétés biologiques 13

I.3.2. Evaluation ex situ (au laboratoire) 14

I.3.2.1. Méthodes d'échantillonnage 14

I.3.2.2. Méthodes d'analyses 15

I.3.2.2.1. Propriétés physiques 15

I.3.2.2.2. Propriétés chimiques : 16

CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES 19

II.1. Présentation de la zone d'étude 19

II.1.1. Localisation 19

II.1.2. Milieu abiotique des composantes de l'Unité Technique Opérationnelle Bénoué 20

II.1.2.1. Relief et topographie 20

II.1.2.2. Hydrographie et climat 21

II.1.3. Milieu biotique des composantes de l'Unité Technique Opérationnelle Bénoué 21

II.1.3.1. Types de sol 21

II.1.3.2. Végétation et faune 22

II.1.3.3. Caractéristiques démographiques et économiques 22

II.3. Méthodes de collectes des données 23

II.3.1. Inventaires des facteurs de dégradation des sols dans les corridors du Parc 23

v

II.3.2. Causes des facteurs de dégradation des sols dans les corridors du Parc National de

la Bénoué 25

II.3.3. Cartographie de l'occupation des sols dans les corridors du parc 25

II.3.4. Méthodes d'évaluation des propriétés du sol des corridors du Parc National de la

Bénoué 26

II.3.4.1. Méthodes d'évaluation in situ des sols dans les corridors du parc 27

II.3.4.2. Méthodes d'évaluation ex situ des sols dans les corridors du Parc National de la

Bénoué 29

II.3.4.2.1. Propriétés physiques 30

II.3.4.2.2. Propriétés chimiques 30

II.4. Analyses statistiques 31

CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION 32

III.1. Inventaire des facteurs de dégradation des sols dans les corridors du Parc National

de la Bénoué (PNB) 32
III.2. Causes de la pression anthropique et des facteurs de dégradation des sols dans les

corridors du Parc National de la Bénoué 39

II.3. Cartographie de l'occupation du sol entre 2005 et 2015 42

III.4. Evaluation des propriétés des sols dans les corridors du Parc National de la Bénoué

43

III.4.1. Evaluation in situ des sols dans les corridors du Parc National de la Bénoué 43

III.4.1.1. Evaluation des propriétés physiques 43

III.4.1.2. Evaluation des propriétés biologiques 45

III.4.1.2.1. Etude de la diversité spécifique de la faune du sol 45

III.4.1.2.2. Etude de la diversité spécifique de la flore du sol 47

III.4.2. Evaluation ex situ 48

III.4.2.1. Propriétés physiques 48

III.4.2.2. Propriétés chimiques 50

CONCLUSION ET PERSPECTIVES 53

RECOMMANDATIONS 55

REFERENCES 56

ANNEXES 63

ABREVIATIONS

CNUL : C

D

onvention des Nations Unies pour la Lutte contre la

Désertification

vi

ddl : degré de liberté ;

GPS : Global Positioning System

PNB : Parc National de la Bénoué ;

UTO : Unité Technique Opérationnelle

ZIC : Zone d'Intérêt Cynégétique

ZUM : Zone à Usage Multiple

vii

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Présentation de l'Unité Technique Opérationnelle Bénoué et des

corridors 20
Figure 2 : Méthode employée pour l'inventaire des activités anthropiques dans

les corridors 25

Figure 3 : Dispositif d'échantillonnage 27

Figure 4 : Cartographie de l'occupation du sol entre 2005 et 2015 42

viii

LISTE DES PHOTOS

Photo 1 : Matériel utilisés 24

Photo 2 : Présentation des parcelles témoins 26

Photo 3: Mise en condition des échantillons de sols 29

Photo 4 : Différentes pratiques agricoles dans les corridors du Parc National de

la Bénoué 34
Photo 5 : Phénomènes d'érosion dans les corridors du Parc National de la

Bénoué 35

Photo 6 : Indices d'urbanisation 36

Photo 7: Processus de fabrication du charbon dans les corridors 37

Photo 8: Indices de la pratique pastorale 38

Photo 9 : Site d'orpaillage sur terre ferme abandonné 39

Photo 10 : Intrants utilisés en agriculture dans les corridors du Parc National de

la Bénoué 40
Photo 11 : Profil des sols investigués dans les corridors du Parc National de la

Bénoué 45

Photo 12 : Indices de la présence des vers de terre 46

ix

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Occurrence des facteurs de dégradation des sols dans les corridors

du Parc National de la Bénoué 32

Tableau 2 : Statistique des enquêtes sociales 40

Tableau 3 : Evolution de l'occupation des sols entre 2005 et 2015 42

Tableau 4 : Propriétés physiques des sols dans les corridors du Parc National de

la Bénoué 44

Tableau 5 : Indices d'abondance de la faune du sol par type d'occupation 46

Tableau 6 : Diversité floristique des corridors du Parc National de la Bénoué 47

Tableau 7 : Différents indices de diversité spécifique des corridors du parc 48

Tableau 8 : Teneur des différentes particules du sol 49

Tableau 9 : Moyenne de la Densité apparente et de la Porosité Totale 50

Tableau 10 : Paramètres chimiques des sols dans les corridors en fonction du

type d'occupation 52

x

RESUME

Le sol est une ressource naturelle aux fonctions écologiques multiples, mais fragile et non renouvelable à l'échelle humaine. Dans la Région du Nord Cameroun et plus particulièrement dans les corridors du Parc National de la Bénoué, les activités anthropiques sont à l'origine de de dégradation des sols et par conséquent de la perte de la fonction des corridors. Dans l'optique d'évaluer le niveau de dégradation des sols, cette étude a été réalisée de mars à juillet 2016 dans les sept corridors que compte le Parc National de la Bénoué (PNB). Parmi les facteurs de dégradation des sols inventoriés, l'agriculture (74, 22 %) est plus pratiquée dans tous les corridors. Elle est suivie du processus d'urbanisme (9,53%), de la carbonisation (7,19 %), de la pratique pastorale (6,56 %) et de l'orpaillage (2,50 %). Ces activités favorisent la perte de la biodiversité du sol (couverture végétale et microorganismes) corrélée à l'érosion et au phénomène d'évaporation qui fait baisser le niveau de la nappe phréatique entrainant donc la dégradation des propriétés physique, biologique et chimique des sols. De même, ces facteurs de dégradation en plein essor dans les corridors, entravent leur fonctionnement. Le corridor Girafe est à cet effet le plus affecté. Les méthodes d'évaluation ont été utilisées in situ et ex situ. Une enquête auprès des paysans a révélé différentes causes des facteurs. Une vue satellitaire a permis de montrer une extension de l'occupation des sols de 1,41 % pour les sols nus à 36,57% (champs) au détriment de la végétation initiale. La couleur, la présence des racines, la porosité et la structure ont varié en fonction de la profondeur et du type de sol investigués (sols des champs, sols en jachère et sols permanemment nus). Ex situ, l'évaluation physique a montré l'existence des textures différentielles en fonction du type d'occupation des parcelles, allant de la texture sableuse, limono-sablo-argileuse à limono-sableuse. Les valeurs de la densité apparente, négativement corrélée à la porosité totale ont indiqué le faible état de compaction des sols. L'évaluation des propriétés biologiques a révélé une

xi

diversité d'organisme du sol (vers de terre, mollusques, myriapodes...) en fonction des types d'occupation des sols contrairement à la diversité floristique spécifique aux sols en jachère. En fonction de l'occupation des sols, les méthodes d'évaluation chimiques ont fourni des valeurs variables de la teneur en matière organique, conductivité électrique, potassium et azote d'une part et, des valeurs invariables du pH, phosphore d'autre part. Ces différentes méthodes ont mis en relief le rôle des techniques culturales et la dégradation des sols. Il apparaît donc urgent d'entreprendre des méthodes de restauration de ces sols.

Mots clés : Dégradation des sols, corridor, Parc National de la Bénoué.

ABSTRACT

The soil is a natural resource with several ecological functions, however, soil is fragile and not renewable at the human scale. In the North Region, and most particulaly in the corridor of Benue National Park where the men and its activities degrade the soil.In order to reseach the degradative factors and evaluate the degree of soil dégradation, this study was carried out from mach to july 2016 within the seven corridors of Bénoue National Park (BNP). Among the soil degradation factors we registered agriculture practiced (74,22 %) in all the corridors, followed by town planning (9,53 %), carbonisation (7,19 %), pastoral activities (6,56 %) and gold washing (2,50 %). These activities promote the lost of soil biodiversity (plant and microorganisms), cause erosion and evaporation which reduce the level of water table to lead to the physical, biological and chemical soil degradation. The proper functioning of the corridors is hindered because of these degradative factors. Girafe corridor is the most degradated. The evaluation methods used were in situ and ex situ. Inquines from the population, shows different causes of degradation. Analyzing the satellite image allow to show increase of 1,41 % of naked soil 1,41 % and 36,57 % of field soil leading to the spoil of initial vegetation. Evaluation of physical properties of soil showed humidity states or dry, different layers and the

xii

variation of colour, structure, root shapes and porosity ; texture range (sand, silt-clay and loamy) with different types of soil (fields, soil lying fallow and naked soil) Bulk density is negatively corelated to the total porosity which indicate the weak compaction of soil. Evaluation of biological properties revealed a soil organisms diversity (earth worms, mollusc, myriapods...) in function of different types of soil and plant diversity of fallowed soil layer soil. The chemical evaluation methods showed different values according to the types of soils. The studied variables were : organic matter, electrical conductivity, potassium and nitrogen. Meanwhile, pH and phosphorus did not vary. These results show the influence of cultural technic over the degradation of soil. There is urgent need to apply the soil restauration methodes.

Key words : Soil degradation, corridor, Bénoué National Park.

1

INTRODUCTION

Le sol est un milieu vivant issu de l'altération physique et chimique de la roche mère sous l'action des agents climatiques (température, précipitation, humidité...) et biologiques (Roose, 2010 ; Vedi, 2003). Il assure plusieurs fonctions écologiques (Thiombiano, 2015) : l'hébergement des microorganismes et des plantes (fonction biologique), l'amélioration de la qualité des éléments nécessaires (eau, matières organiques, potassium, azote) à la vie et à l'alimention (fonction alimentaire). Le sol contient également des minerais (or) et le matériel nécessaire aux constructions urbaines (fonction de stockage et de support) il est aussi utilisé à des fins culturelles (fonction socioculturelle) Osunde (2015). De par sa position d'interface avec les autres compartiments de l'environnement (atmosphère, biosphère, hydrosphère), le sol joue aussi un rôle important dans la régulation des grands cycles planétaires à l'exemple de l'eau et du carbone (fonction de régulation) Aubert (2012). Malheureusement, cette structure aux services multiples, formée pendant plusieurs millénaires est fragile, périssable et non renouvelable à l'échelle humaine (Burrow, 2015).

A cet effet, il en résulte que le sol n'a pas toujours été au centre des préoccupations de l'Homme (CSFD, 2010) dont la mauvaise gestion et plus particulièrement la surexploitation de ses ressources induisent leur dégradation progressive (Pratt, 2007). Selon la Convention des Nations Unies pour la Lutte contre la Désertification (CNULD), la dégradation des sols est un processus de réduction ou de perte de sa productivité et de son complexe biologique et/ou économique ; c'est également une altération de ses propriétés physiques, biologiques et chimiques (Dosso, 2016 ; CSFD, 2010). Depuis le 20e siècle, ce processus s'est accéléré (CNULCD, 2013), devenant un problème environnemental majeur (Omar et al., 2013). Près de la moitié des sols de la planète abrite le tiers de la population mondiale parmi les plus pauvres et dont, les plus vulnérables à ce phénomène (Glatzel et al., 2014). Si aucune action

2

n'est entreprise pour limiter l'évolution de la dégradation des sols, 10 millions d'hectares de sol arable seront perdus chaque année (MAEE & DCP, 2011). Conscient de cette menace, l'Organisation des Nations Unies (ONU) a décrété l'année 2015, Année Internationale des Sols (AIS) et la journée du 5 décembre, journée mondiale des sols (FAO, 2015a ; Thiombiano, 2015). Ce décret arrive à un moment où l'Afrique compte déjà plus de 60 % des sols menacés et/ou à écologie fragile (Thiombiano & Tourino-Soto, 2007).

Le Cameroun, Afrique en miniature, n'est pas en marge de ce phénomène de dégradation des sols, notamment la Région du Nord où l'Homme et ses activités ajoutés à l'irrégularité des pluies et aux températures moyennes annuelles très élevées sont les moteurs d'accélération de ce phénomène (COMIFAC, 2010 ; Endamana et al., 2007 ; Yemefack et al., 2004). Cette Région compte trois aires protégées (environ 44 % de sa superficie) communiquant entre elles par l'intermédiaire des corridors appartenant au Parc National de la Bénoué (PNB) (MINEPAT, 2013). Ces corridors jouent le rôle de routes réservées à la migration de la faune sauvage d'une aire protégée à une autre dans le but d'éviter la consanguinité entre les espèces et de fuir les menaces qui peuvent peser sur elles (MINEPAT, 2013). Depuis le départ brutal du PNB des Organismes Non Gouvernementale (ONG) en 2005, les corridors n'ont plus été surveillés en permanence par l'équipe en charge. De ce fait, ils ont été transformés en de vastes étendus déboisés à la faveur des sites d'activités façonnés par les populations des Zones d'Intérêt Cynégétiques (ZIC) N°1, 4 et 15 de plus en plus nombreuses, (Endamana & Etoga, 2006) en quêtes de terres agricoles, d'habitation et d'activité génératrice des revenus. Ces activités exacerbé par la nationale N°1 constituent des facteurs de dégradation des sols et entravent la fonction écologique des corridors et dont la migration de la faune sauvage.

Dans la Région du Nord, peu d'études ont concerné la recherche des stratégies de gestion et de conservation des sols et principalement dans le PNB

3

et ses corridors qui constituent un excellent site de recherche où, les derniers travaux sur les sols datent de 1974. C'est dans ce contexte que s'est inscrite la présente étude dont l'objectif général a été d'évaluer le niveau de dégradation des sols des corridors du PNB, dans l'optique d'une meilleure gestion de ses ressources et d'optimisation d'un plan de restauration des sols dégradés.

Plus spécifiquement il a fallu :

- inventorier les facteurs de dégradation des sols dans les corridors du PNB ;

- déterminer les causes de la pressions anthropiques et des facteurs de dégradation des sols dans les corridors du PNB ;

- étudier entre 2005 et 2015 par télédétection et par Systèmes d'Information Géographique (SIG) l'occupation des sols des Zones d'Intérêt Cynégétiques dans lesquelles se situent les corridors ;

- évaluer les différentes propriétés des sols dans les corridors du PNB.

4

CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATURE

I.1. Généralités sur le Parc National de la Bénoué

Au vu de la pression anthropique sur les ressources naturelles et le besoin de sauvegarder la biodiversité de la Région du Nord, l'Etat du Cameroun a érigé la réserve de faune de la Bénoué en Parc National suivant l'Arrêté N° 120/SEDR du 5 décembre 1968, tout en lui accordant une protection intégrale sur une superficie de 180 000 ha (Doumenge et al., 2015). En collaboration avec les populations, le Ministère des Forêts et de la Faune (MINFOF) a réalisé un zonage dans le cadre de l'élaboration du plan d'aménagement du Parc National de Bénoué (PNB) (Saleh, 2013). Ce zonage a abouti à la création de quatre zones distinctes, matérialisant notamment : les Zones à Usage Multiple (ZUM) destinées à l'agriculture, l'élevage et toutes les autres activités humaines ; les corridors réservés aux passages de la faune sauvage d'une aire protégée à une autre ; les couloirs de transhumances réservés au passage du bétail et les zones de biodiversité qui ne sont autres que les Zones d'intérêt Cynégétiques (ZIC) et la réserve du parc proprement dite (Saleh, 2013). Ce zonage, qui n'a pris en compte que les populations autochtones, est aujourd'hui source de problèmes car l'espace de vie qui leur est alloué s'avère insuffisant et exacerbé par les populations migrantes (Saleh, 2013).

Depuis 1981, le PNB a été inscrit par l'UNESCO sur la liste de réserve de biosphère, en raison de la présence humaine dans et autour du parc (Saleh, 2013 ; Tagueguim, 2010). Les réserves de biosphère ou systèmes socio-écologiques sont des paysages et des écosystèmes où vivent et travaillent des populations (Wafaa et al., 2016). De plus, l'UNESCO et son programme «Man And the Biosphere (MAB)», lancé en 1971 a divisé cette réserve en trois fonctions d'égales importances à savoir : fonctions de conservation de la biodiversité et du fonctionnement des écosystèmes, fonction du développement socio-économique et d'appui logistique qui renvoie principalement à des

5

activités de recherche, de surveillance et d'éducation. Ce programme divise cette aire protégée en trois zones : une ou plusieurs «aire (s) centrale (s)» strictement protégées ; une «zone tampon» soumise également à certaines restrictions (toute activité humaine menée dans cette zone doit être compatibles avec les objectifs de conservation ; une troisième zone dite «aire de transition», où l'accent est mis sur la «promotion» des pratiques durables (Wafaa et al., 2016 ; Boureima, 2008). Cependant, les gestionnaires des réserves de biosphère doivent prendre en considération les facteurs abiotiques (climat, eau, sol, paysage dans son intégralité etc.), les communautés locales et leurs activités (agriculture, élevage, pêche, sylviculture, tourisme, etc.) (UICN, 2016).

I.2. Généralités sur la dégradation des sols

La dégradation des sols est un processus complexe qui résulte d'une interaction entre les facteurs biophysiques et socio-économiques matérialisée par une perte en sol, eau, faune, flore ou en fonction (stockage du CO2, purification de l'eau...) et en production (en agriculture, foresterie, pastoralisme...) (FAO, 2015a ; Oumar et al., 2013). La dégradation la plus importante est celle qui affecte la biodiversité, les facteurs physiques et chimiques du sol (Glatzel et al., 2014 ; Liniger et al., 2008). Lorsque le stade ultime de la dégradation est atteint, les sols deviennent alors stériles et la situation est irréversible. (MAEE & DCP, 2011). Elle est un défi environnemental majeur du siècle présent qui s'aggrave avec les activités anthropiques et les changements climatiques (ELD Initiative & UNEP, 2015 ; UNCCD, 2015 ; FAO, 2015b). A l'exemple, les mauvaises pratiques agricoles conduisent à la perte de 12 millions d'hectare de sol agricole chaque année (FAO, 2015b) alors que 40 % des sols dégradés se trouvent dans les pays les plus pauvres (UNCCD, 2014). La dégradation est donc un danger pour les familles, les communautés, mais aussi pour la paix et la stabilité dans le monde. Elle peut être à l'origine des conflits entre bergers et agriculteurs. Lorsque les terres ne sont plus productives, les populations sont souvent contraintes à la migration (UNCCD, 2014). Il reste à noter que plus de 75

6

millions de personnes, dont 62 % vivent d'agriculture et 23 % d'élevage, habitent les régions sèches et que 49 % de la dégradation totale sont dus au surpâturage (M'Bodou, 1996).

La dégradation des sols entraine une insécurité qui se manifeste à six niveaux environnementaux interconnectés ; il s'agit de l'insécurité alimentaire, hydrique, énergétique, éco-systémique, climatique sans oublier l'insécurité de la biodiversité (McBratney et al., 2014). D'une façon général la destruction de la couverture végétale débute par une raréfaction des espèces les plus utilisées. Parallèlement, le couvert végétal s'éclaircit, la production de biomasse diminue, les capacités de reproduction et de régénération des plantes se réduisent de plus en plus, entraînant la perte des propriétés physiques, chimiques et biologiques et la baisse de la fertilité des sols (Bazzani, 2009). Cependant, les causes de la dégradation des sols sont multiples, complexes et variables d'une zone à une autre et d'un pays à un autre.

I.2.1. Causes de la dégradation des sols

L'accroissement démographique et la pauvreté sont les causes majeures de dégradation des sols (FAO, 2015a ; UNCCD, 2015 ; Chirwa, 2014 ; Benbrahim et al., 2004). En effet, au Nord-Cameroun, depuis 1987 les projets Sud-Est Bénoué (SEB) et Nord-Est Bénoué (NEB) ont été à l'origine du déplacement des populations de l'Extrême Nord vers le Nord ce qui a causé l'augmentation de la densité humaine dans cette division administrative (WWF & SNV, 2000). Depuis quelques années, l'infertilité et le manque de terre sont à l'origine des migrations dans cette Région (Saleh, 2013). L'installation des migrants dans la zone est encouragée par les chefs qui distribuent presque gratuitement les terres sans droit de propriété d'où le problème foncier (WWF & SNV, 2000). A cela, s'ajoute la pauvreté et l'ignorance des populations qui sont les moins nanties ne connaissant pas l'utilisation rationnelle et les bonnes pratiques de gestion des sols. (Bhattacharyya et al., 2015 ; Oumar et al., 2013).

7

Par ailleurs, la croissance démographique est corrélée à l'augmentation de la pression exercée sur les sols ce qui est à l'origine de plusieurs facteurs de dégradation suscitant des changements physiques, chimiques et biologiques des sols (Dosso, 2016 ; Bhattacharyya et al., 2015 ; Thiombino, 2015).

I.2.2. Facteurs de la dégradation des sols

Plusieurs activités anthropiques ont été identifiées comme facteurs de dégradation. Ces facteurs sont les pratiques culturales, la surexploitation des sols, les feux de brousse, l'exploitation abusive du bois, le surpâturage l'élevage transhumant, l'exploitation irrationnelle des essences forestières et des ressources en eau (Chirwa, 2014 ; COMIFAC, 2010 ; Benbrahim et al., 2004).

Dans les Zones d'Intérêt Cynégétique N° 1 et 5 du PNB, Tagueguim (2010) a identifié six activités anthropiques (orpaillage, braconnage, coupe de bois, pratique pastorale, feux de brousse, l'extraction du miel.

Dans les corridors des ZIC 1 et 4, Vounserbo (2011) a identifié huit types d'activités anthropiques exercées dans cette zone, notamment : la coupe de bois, le braconnage, le pâturage, l'installation des champs et des habitations, l'orpaillage et l'usage des sentiers. Au total, il a recensé 130 cas d'anthropisations dans les sites concernés.

Vounserbo (2011) et Tagueguim (2010) n'ont pas identifié une autre ressource exploitée dans la zone tant par les populations autochtones que par les populations migrantes qui est la paille (Hyparrhenia barteri ; Andropogon pinguipes ; Andropogon tectorum.) très utilisée pour la fabrication des toitures, des palissades appelées «Secko» (WWF & SNV, 2000).

L'agriculture est identifiée par Diarra et al. (2003) comme l'un des principaux facteurs de dégradation des sols. La baisse de la fertilité de ces sols a conduit à une intensification de l'utilisation des intrants (Idowu & Braimoh, 2015). Au Cameroun, cette activité est et demeure le secteur prédominant de l'économie nationale, tant par sa contribution au Produit Intérieur Brut (PIB) que pour les effets d'entrainement sur d'autres secteurs d'activité (Kengue et al.,

8

2008) ; elle est la base de l'économie de la région du Nord et est pratiquée par toutes les couches sociales soit plus de 60 % de la population (WWF & SNV, 2000).

La caractérisation de la pluviosité a permis de montrer qu'en zone soudano-sahélienne (Nord-Cameroun), les pluies dont l'agressivité augmente au fil des années, ont un impact important sur les sols (M'biandoun & Olina, 2006). La dégradation des sols induite par l'érosion est la plus grave car les éléments nutritifs du sol sont emportés par les eaux ; ce qui modifie le volume global du sol (Brabant & Gavaud, 1985). Les sols nus sont les plus vulnérables à ce phénomène car, le risque d'érosion diminue si le sol est bien protégé par le couvert végétal (Bamba et al., 2013) ou par une couche de résidus de culture qui limitent l'impact des gouttes de pluie, réduit la vitesse d'écoulement de l'eau et facilite son infiltration dans le sol (Hadraoui, 2013).

Un même degré de dégradation des sols peut avoir des manifestations différentes dans des lieux différents. Par exemple, la suppression d'une couche de cinq centimètre de sol peut avoir des conséquences plus importantes sur un sol peu profond et pauvre que sur un sol profond et fertile (Liniger et al., 2008).

I.2.3. Manifestations et conséquences de la dégradation des sols

La dégradation des sols est perceptible sur plusieurs plans :

- Sur le plan physique, les sols moins protégés par la couverture végétale, sont soumis à l'action mécanique des précipitations (effet de battance), à une altération de la stabilité structurale et une diminution de la porosité qui conduit à une diminution de la capacité des échanges gazeuses avec l'atmosphère, la variation du bilan hydrique et la modification du régime hydrique ramène à une baisse de la réserve en eau disponible pour les plantes, l'augmentation du ruissellement et de l'érosion (Osunde, 2015 ; Glatzel, et al., 2014) ;

- Sur le plan chimique, la dégradation des sols se manifeste par une baisse de la fertilité des sols due à une variation en éléments nutritifs, une chute de la

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capacité d'échange des éléments disponibles, une acidification et une salinisation progressive (Liniger et al., 2008) ;

- Sur le plan biologique, la dégradation est marquée par la baisse de la production de la biomasse et de la biodiversité du sol (Dosso, 2016 ; Oumar et al., 2013) ;

- Sur le plan socio-économique, on observe une rareté et une augmentation des prix des produits agricoles, la pauvreté et un risque d'instabilité politique, (Osunde, 2015).

- Sur le plan environnemental, on note le changement climatique, la perte d'habitat, l'augmentation de la taille des zones arides et semi-arides; l'extinction d'espèces, l'isolation de certaines populations, la baisse de la population de nombreuses espèces (surtout montagnardes), changements dans le cycle biologique des espèces (phénologie), propagation d'espèces envahissantes, migration additionnelle des réfugiés (Wafaa et al., 2016).

Un sol non-sécurisé manque de potentiel pour servir de puits dans le cycle du carbone, et ne peut pas fournir une plate-forme de base pour la production de sources d'énergie renouvelable (McBratney et al., 2014).

I.2.4. Quelques solutions pour la conservation des sols

Dans certains cas, les sols ayant subis une dégradation peuvent récupérer leurs fonctions essentielles et contribuer de nouveau aux services éco-systémiques grâce à l'application des techniques de restauration appropriées (FAO, 2015a). L'utilisation des méthodes antiérosives et une suppression des cultures itinérantes permettent le maintien de la fertilité ainsi que du carbone et des éléments nutritifs dans les sols agricoles (Wafaa et al., 2016). A ces solutions, s'ajoutent les légumineuses fixatrices d'azote utilisées dans les systèmes agricoles à faibles intrants (Osunde, 2015). Le Centre International de Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) a développé des systèmes de cultures fondés sur le semis direct avec couverture végétale permanente (SCV). Ce système consiste à ne pas travailler le sol mais à le

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couvrir d'une couverture végétale permanente. Il permet de lutter contre la dégradation des terres et le réchauffement climatique en stoppant l'érosion des sols, facilitant l'infiltration et la rétention de l'eau pluviale, stabilisant les rendements agricoles et fixant le carbone (MAEE & DCP, 2011).

I.3. Evaluation des propriétés du sol

Evaluer l'état d'un sol consiste à diagnostiquer ses propriétés physiques (texture, structure, compacité, porosité, couleur, densité apparente...), chimiques (quantité de phosphore totale, potassium, azote, pH, carbone, matière organique...) et biologiques (inventaire des activités des microorganismes du sol) (Vedi, 2003).

I.3.1. Evaluation in situ

I.3.1.1. Propriétés physiques

I.3.1.1.1. Structure de l'horizon A

L'étude de la structure de l'horizon A permet d'identifier le mode d'agencement des différentes fractions du sol (minérale et organique) d'un sol. On distingue trois types de structures (Maignien, 1969) :

- la structure grumeleuse, identifiable par la présence des turricules a été liée à l'activité des vers de terres qui ingèrent la matière organique et l'associent à la matière minérale ; les agrégats qui en résultent sont très stables et leur taille supérieure de trois à quatre millimètres ;

- la structure micro-grumeleuse est riche en acides humiques insolubilisés par la matière minérale de l'horizon A, notamment des argiles. Il se forme alors de nombreux micro-agrégats stables de l'ordre de quelques millimètres, d'où le terme «semoule du sol» ;

- la structure «poivre et sel» est typique des sols dépourvus d'activité biologique avec une acidité élevée. La matière organique n'est plus intimement liée à la matière minérale mais simplement juxtaposée à cette dernière. Poivre = matière organique et sel = matière minérale.

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I.3.1.1.2. Couleur

La couleur d'un sol est déterminée par référence à un code dont le plus

utilisé est le «Munsell Soil Color Chart». Malgré son prix élevé, il est plus intéressant en raison de son emploi mnémotechnique facile (Maignien, 1969). La détermination directe de la couleur du sol est déconseillée, la précision variant avec chaque individu et les termes utilisés étant subjectifs (Maignien,

1969). La détermination des couleurs selon le "Munsell Soil Color Chart" se résume selon les annotations suivantes (Maignien, 1969) : une gamme (hue), représentée par l'initiale (majuscule) de la couleur en

anglais : par exemple, R pour rouge ; YR pour jaune-rouge (orange) ; Y pour jaune ; N pour neutre. Ces lettres sont précédées d'un nombre situé entre 0 et 10. Pour les gammes YR, les planches deviennent plus jaunes et moins rouges lorsque le nombre augmente. Le chiffre 5 correspond à un mélange égale de jaune et de rouge ; 2,5 correspond à 2,5 parties de jaune pour 7,5 parties de rouge'; le point 0 coïncide avec le point 10 de la gamme suivante rouge. Ainsi, la gamme YR s'étend de 10 R (zéro YR) à 10 YR (zéro Y) ;

une valeur (value) se rapporte à la luminosité relative de la couleur. Elle est fonction (approximativement la racine carrée) de la quantité totale de lumière ;

l'intensité (chroma) est la pureté relative ou la force de la couleur spectrale, elle correspond à la couleur de 12 gammes additionnées d'une certaine quantité de gris de valeur connue. Cette quantité de gris décroît de gauche à droite.

I.3.1.1.3. Porosité

Une bonne porosité permet la circulation de l'eau dans le sol, les échanges gazeux entre le sol et l'atmosphère, l'aération de celui-ci, l'infiltration des racines et une circulation aisée de la faune du sol. On distingue deux types de porosité. La porosité déterminée après traitement au laboratoire de la porosité déterminé sur le terrain par appréciation de l'abondance des pores visibles à l'oeil nu sur une motte de terre (coll et al., 2012).

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Sur le terrain, on distingue trois classes au niveau de chaque horizon à savoir (Maignien, 1969) :

- la classe très poreuse où on observe nettement les interstices entre les particules ; les racines sont ramifiées, très garnies de poils absorbants avec parfois localisation, de ces poils ; le pied s'enfonce dans le sol qui est qualifié de creux ou de soulève ;

- la classe moyennement poreuse où les interstices entre les particules sont peu visibles. les racines s'installent mais sont peu garnies de poils. le pied s'enfonce difficilement dans le sol, qui est dit rassis ;

- la classe peu poreuse ou compacte où on ne distingue aucun interstice entre les particules ; les racines ne pénètrent pas ou mal ; le pied ne s'enfonce pas dans le sol qui est tasse.

I.3.1.1.4. Etude du système racinaire

L'importance de l'étude du système racinaire réside dans l'étroite relation entre la morphologie des sols et le mode de développement du système racinaire tout en précisant la nature de celles-ci et en distinguant les grosses racines lignifiées des racines vivantes ou mortes et les chevelues des poils absorbants (Maignien, 1969).

I.3.1.1.5. Dégradation des résidus des plantes

La dégradation des résidus des plantes est corrélée à la teneur en matière organique. Plus il y a de la végétation ou des résidus à la surface d'un sol, plus la dégradation est rapide. Elle est d'autant plus rapide en conditions chaudes et humides qu'en conditions sèches. L'enfouissement profond (20 - 30 cm) des résidus de récolte par le labour réduit leur vitesse de décomposition surtout si le sol est asphyxié (compactage) et/ou hydromorphe. Plus les résidus de récolte se décomposent vite, plus le sol est actif biologiquement (Delaunois et al., 2008).

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I.3.1.2. Propriétés biologiques

Le sol est un milieu vivant abritant de nombreux organismes soit plus de 80 % de la biodiversité animale terrestre. De même, il est le siège de plusieurs cycles biologiques (Vedi, 2003). Très abondants dans la litière et les premiers centimètres du sol (jusqu'à 104-105 individus au m2), la pédofaune a un rôle indéniable. En plus de participer activement au recyclage et à la fragmentation de la matière organique, elle rajeunit le sol, favorise la formation et la stabilité des agrégats ainsi que la croissance des racines. Les galeries que creusent les vers de terre, assurent une bonne aération du sol, en augmentant la proportion de pores grossiers sans oublier l'amélioration de la pénétration et de l'écoulement de l'eau dans le sol (Burrow, 2015 ; Pfiffner, 2013). Après le travail de dégradation effectué par la faune, intervient la microflore responsable de la minéralisation (dernière étape de transformation du matériel organique avant sa remise à disposition pour les êtres vivants) (Métral, 2007). La faune du sol est répartie en trois groupes distincts (Duchaufourd, 2001) notamment :

- la microfaune comprend les individus mesurant moins de 0,2 mm. Ces individus sont abondants dans les zones humides et sont constitués des Protozoaires des Nématodes ;

- la méso-faune renferme les individus mesurant entre 0,2 et 4 mm qui colonisent surtout les milieux acides et regroupent les Arthropodes inférieures parmi lesquelles les acariens et les collemboles ;

- la macrofaune comporte les individus mesurant de 4 à 80 mm. On compte dans ce groupe les vers de terre, les insectes supérieurs, les myriapodes, les arachnides, les mollusques et les crustacés.

Les lombrics ou vers de terre sont les plus importants du point de vue écologique et, ils font partir de la première biomasse animale terrestre (Deprince, 2003). Ces vers se répartissent en trois groupes (Pfiffner, 2013).

- Les épigés habitants la litière de surface surtout dans les prairies, les forêts, le compost et rarement dans les sols labourés puisqu'il ne peut pas se

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formé de couche de litière durable. Ils ont une multiplication rapide et une durée de vie variant entre un et deux ans ;

- les endogés vivent dans la couche arable entre 5 et 40 cm de profondeur. Pour ce qui est des jeunes vers, ils se trouvent généralement dans les zones proches des racines. Dans le sol, ils creusent des galeries horizontales et superficielles. Ils ont une reproduction limitée et une durée de vie moyenne de trois à cinq ans ;

- Les anéciques vivent dans toutes les couches du sol allant de trois à quatre mètres de profondeur. Ceux-ci creusent des galeries verticales, profondes et stables (8 - 11 mm de diamètre) où ils séjournent normalement pendant toute leur vie. Leur reproduction est limitée. En revanche, leur cycle de vie est long et dure entre quatre et huit ans.

Les déjections des vers de terre (turricules ou tortillons) sont un mélange intime des particules végétales, minérales et des éléments nutritifs (avec en moyenne cinq fois plus d'azote, sept fois plus de phosphore et onze fois plus de potassium que la terre environnante) présents en plus forte concentration sous une forme facilement assimilable par les plantes.

La pédofaune en générale est sensible au travail du sol autant qu'à tout ce qui joue sur la quantité de matière organique (Huber & Schaub 2011). Des analyses plus approfondies permettent au laboratoire de déterminer les organismes du sol invisible à l'oeil nu.

I.3.2. Evaluation ex situ (au laboratoire)

I.3.2.1. Méthodes d'échantillonnage

Avant d'entreprendre l'échantillonnage des sols, il est important de définir les objectifs. En fonction de ces objectifs, on définira le type d'échantillonnage car il en existe plusieurs : l'échantillonnage ciblé, l'échantillonnage aléatoire systématique, l'échantillonnage aléatoire simple, l'échantillonnage combiné

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(MINDEDEP, 2009). Cependant, il existe deux types d'échantillons à savoir, les échantillons ponctuels et les échantillons composés.

Toutefois, il est préconisé d'avoir au plus 20 échantillons prélevés par parcelles homogènes d'au plus trois hectares. A cet effet, la profondeur de prélèvement est de 25 cm sous culture et de 15 cm en prairie (Genot et al., 2007).

I.3.2.2. Méthodes d'analyses

I.3.2.2.1. Propriétés physiques

? Texture

L'analyse granulométrique permet de déterminer le pourcentage des différentes particules (texture) du sol (Maignien, 1969). Les résultats obtenus renseignent sur l'érosion, l'aération, la capacité de rétention en eau et en nutriment du sol, la sensibilité à la compaction (Coll et al., 2012). La taille des particules sableuses varient entre deux millimètres et 50 microns ; les limons de 50 um à deux um et les argiles ont des tailles inférieures à deux um (Duchaufour, 2001). Duchaufour, (2001) a également identifié quatre classes texturales :

- La classe sableuse, bien aérée, facile à travailler mais pauvre en eau et en éléments nutritifs, avec une faible capacité d'échange cationique.

- La classe limoneuse, l'excès de limon et une insuffisance d'argile peut être à l'origine de la formation d'une structure massive accompagnée de mauvaises propriétés physiques corrigeable par une teneur satisfaisante en humus et calcium. Les sols de cette classe sont sensibles aux agents de dégradations (climats et érosion) car se tassent facilement et développent une croûte de battance. Ces sols sont généralement fertiles et doivent impérativement être travaillés en période de ressuyage. Pour limiter les risques d'érosion éolienne, les labours sont proscrits en période de sécheresse.

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- La classe argileuse désigne les sols chimiquement riches avec de mauvaises propriétés physiques (imperméabilité et mauvaise aération) et dont un obstacle au développement racinaire des racines et au labour. Une bonne humification peut corriger cette situation.

- La classe équilibrée, à la fois sableuse, argileuse et limoneuse, correspond à l'optimum et dont favorable à l'agriculture. Les proportions 25 % argile, 30-35 % limon et 40-45 % de sable sont idéales.

4 Densité apparente

La densité apparente du sol traduit globalement l'état de compaction du matériau, le volume du sol et, indirectement la porosité totale (Coll et al., 2012). Une teneur élevée de matière organique diminue la densité apparente du sol (Dengiz et al., 2012).

I.3.2.2.2. Propriétés chimiques :

Les différents éléments qui constituent les propriétés chimiques du sol sont les résultats de l'altération de la roche mère, de la décomposition et de la matière organique (Vedi, 2003)

4 pH

Le pH un paramètre essentiel de la dynamique du sol car, en plus de fournir des informations sur le degré d'acidité ou de basicité, il influence la biodisponibilité des nutriments pour la plante, à travers des phénomènes de solubilisation et d'insolubilisation de chaque élément. Il influence également l'activité biologique et la stabilité structurale (El oumlouki1 et al., 2014 ; Genot et al., 2009). Lorsque le pH du sol est inférieur à six, la plante n'est plus capable d'assimiler certains nutriments tout comme à un pH supérieur à sept. La plupart des plantes ont donc une croissance optimale à pH compris entre 6 et 7 car la majorité des éléments nutritifs sont assimilables dans cet intervalle (Genot et al., 2007). Il est important de noter que le pH est fortement dépendant de la

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teneur en calcium échangeable et indépendant de celle en potassium (Blanchart & Bernoux, 2005).

4 potassium

Le potassium est un élément important pour la translocation des sucres, la formation de l'amidon, les synthèses enzymatiques, pour le métabolisme des protéines et des carbohydrates. Il intervient dans la régulation osmotique et ionique, ainsi que dans le processus d'ouverture et de fermeture des stomates. Le surplus de potassium dans le sol peut causer des carences en magnésium pour les plantes. Il peut également se transformer en sel et polluer la nappe phréatique par percolation et infiltration (Koné et al., 2009).

4 phosphore

Le phosphore a un rôle primordial pour la croissance et l'épanouissement de la plante. Il est nécessaire pour la synthèse, le développement du système racinaire et la reproduction végétale (Koné et al., 2009).

4 carbone et azote

Le carbone et l'azote influencent la stabilité des agrégats, renseignent sur l'importance de l'activité biologique et le stockage des nutriments qui peuvent être minéralisés. De plus, le carbone est un élément constitutif de la matière organique, assimilé à partir de l'atmosphère sous forme de CO2. L'azote est le principal facteur de croissance des plantes, influençant le taux de protéines des végétaux (Coll et al, 2012).

4 Matière organique

La matière organique est la fraction solide du sol fin qui comprend généralement 1 à 5 % de matière organique et 95 à 99 % de matière minérale dont le carbone (environ 50 %), l'oxygène (40 %), l'hydrogène (5 %), l'azote (4 %) et le soufre (1 %) (Vigot, 2012 ; UNIFA, 2005). Elle est le résultat de la décomposition des débris végétaux (Racines, résidus de cultures) par la faune du

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sol (vers de terre, termites, bactéries, champignons) facilitée par les conditions climatiques favorables. Par contre, une mauvaise texture et les pratiques culturales influencent sa teneur (El oumlouki1 et al., 2014). La matière organique contribue à l'augmentation de la capacité de rétention en eau, à la fixation des éléments minéraux et sert de substrat aux microorganismes. Un taux de matière organique élevé peut être lié à une addition continue des résidus de récoltes à la surface (Dengiz et al., 2012). Mais n'est forcément pas synonyme d'un sol fertile et en bon état (tourbière) (Montaigne, et al., 2014).

? Conductivité électrique

La conductivité électrique permet de mesurer la concentration ionique et la teneur en électrolytes hydrosolubles (salinité) dans le sol (El oumlouki1 et al., 2014). Elle se mesure dans une proportion de solution déterminée et s'exprime en micromhos/cm. Elle dépend de la présence d'électrolytes libres dans le sol et sert à caractériser la présence de sels solubles. En mesurant la conductivité avec une proportion sol/eau de 1/5, on estime qu'en dessous d'une conductivité de 25 micromhos/cm, la présence de sels solubles est nég1igeable. Dans les sols "hardés" (sol stérile), la présence de sels solubles peut s'ajouter à l'excès de sodium échangeable, la conductivité peut atteindre 300 à 400 micromhos/cm. La mesure de la conductivité sert surtout à caractériser les sols l'hardés (Martin, 1960).

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CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES

II.1. Présentation de la zone d'étude

II.1.1. Localisation

Les corridors du Parc National de la Bénoué (PNB) sont localisés à sa périphérique Ouest. Le PNB est situé dans la Région du Nord-Cameroun et plus particulièrement dans le Département du Mayo Rey, entre 7°55 et 8°40 de latitude Nord et 13°33 et 14°02 de longitude Est (WWF & SNV, 2000). Il est entouré par huit Zones d'Intérêt Cynégétiques (ZIC N° 1, 2, 3, 4, 5, 7, 9 et 15.) dont l'ensemble constitue avec le PNB l'Unité Technique Opérationnelle (UTO) Bénoué (Figure 1) (Endamana et al., 2007). Le PNB compte sept corridors qui portent les noms de quelques animaux emblématiques qu'on y retrouve. Ces derniers sont situés dans trois des huit ZIC précédemment énumérées. Il s'agit de la ZIC N° 1 dite Sakdjé (39.552 ha) qui regroupe les corridors : Galerie Forestière (0,5 km), Buffle (3 km) et Girafe (8 km) ; la ZIC N° 4 dite du Bel Eland (40,64 ha) avec pour corridors : Hippotrague (5,2 km), Eland de derby (7 km) et Cob Défassa (2 km) et la ZIC N° 15 dite Faro Coron (76.128 ha) avec pour unique corridor Cob de Buffon (4,6 km) (Saleh, 2013 ; Endamana, & Etoga, 2006) (Figure 1).

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Figure 1 : Présentation de l'Unité Technique Opérationnelle Bénoué et des corridors

II.1.2. Milieu abiotique des composantes de l'Unité Technique Opérationnelle Bénoué

II.1.2.1. Relief et topographie

La topographie est formée d'une succession de collines aux versants à pente moyenne ou faible. Ces collines sont séparées par de petits vallons à fonds évasés, souvent érodés ou ravinés. La pente moyenne des versants varie de 2 à 5 % en moyenne avec un gradient latéral plus marqué que le gradient longitudinal. Le PNB comprend un système de massifs rocheux dits « hossérés » dont les altitudes varient entre 220 et plus de 700 m, séparés par des plaines plus ou moins vastes rencontrées surtout dans la partie nord du PNB (WWF & SNV, 2000).

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II.1.2.2. Hydrographie et climat

Riche et diffus, le réseau hydrographique de la zone est surtout tourné vers le fleuve Bénoué, seul cours d'eau de la région et dont deux affluents (mayo Mbam et Na) drainent largement le parc (PU, 2012).

L'Unité Technique Opérationnelle Bénoué appartient à un climat tropical caractérisé par une opposition de deux saisons annuelles fortement contrastées : une saison de pluies et une saison sèche et un gradient croissant des températures du sud au nord. Les massifs situés entre 1000 et 1400m influencent largement cette répartition thermale (WWF & SNV, 2000).

II.1.3. Milieu biotique des composantes de l'Unité Technique Opérationnelle Bénoué

II.1.3.1. Types de sol

Selon les travaux de Brabant et Humbel (1974), plusieurs types de sol sont rencontrés dans six des sept corridors excepté celui dit «Cob de Buffon». Dans les corridors :

- Hippotrague : les sols sont peu évolués, d'origine non climatique, d'apport alluvial modaux ou hydromorphe sur alluvions récentes (très faiblement représenté) ; des sols ferrugineux tropicaux également très peu rencontrés ; des sols ferrugineux à concrétions sur micaschistes à faciès remanié très peu représenté également ; sols ferrugineux modaux sur arène grossière, parfois en glacis d'accumulation ;

- Eland de Derby, on rencontre des sols hydromorphes lessivés et vertiques et des sols ferrugineux ;

- Cob Défassa : les sols sont hydromorphes lessivés et vertiques, ferrugineux et ferrugineux lessivés hydromorphes ;

- Galerie Forestière dans lequel on trouve des sols hydromorphes lessivés et
vertiques ; des sols ferrugineux ; des sols hydromorphes à pseudo-gley ; Sol hydromorphe sur roche schisteuse ;

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- Buffle où sont rencontrés des sols hydromorphes lessivés et vertiques. Sols ferrugineux ; sols hydromorphes à pseudo-gley ; des sols à réserve calcique et peu lessivés et des sols peu évolués d'origine non climatique hydromorphe ;

- Girafe où l'unique sol rencontré est un sol ferrugineux à concrétions sur micaschistes Faciès remaniés.

II.1.3.2. Végétation et faune

La végétation du PNB et de ses environs est de type soudano-guinéen caractérisée par des savanes arborées/boisées ou des savanes herbeuses (Letouzey, 1985). Les espèces d'arbres et d'arbustes les plus représentées dans les savanes arborées/boisées et les savanes herbeuses sont : Burkea africana, Anogeissus leiocarpus, Terminalia laxiflora, Terminalia macroptera, Isoberlinia doka, Afzelia africana, Lophira lanceolata, Mimosa pigras, Diospyros mespiliformis, Acacia polyacantha, Annona senegalensis, et bien d'autres. La strate herbeuse est à dominance de Loudetia spp. et des graminées parmi lesquelles Andropogon gayanus, A. schirensis, A. pseudapricus, Hyparrhenia subplumosa, H. smithiana, H. rufa, Pennisetum unisetum, Sporobulus pectinellus, Setaria barbata, Vetiveria nigritana et Chloris robusta (WWF & SNV, 2000).

Le PNB est représentatif de la diversité animale des savanes africaines. Il compte une quarantaine d'espèces de mammifères dont des lions, des éléphants, des hippopotames, des buffles, diverses espèces d'antilopes, des hyènes, etc. Plus de 300 espèces d'oiseaux y vivent, parmi lesquelles 16 espèces d'oiseaux d'eau (PU, 2012).

II.1.3.3. Caractéristiques démographiques et économiques

La population est constituée de plusieurs ethnies (WWF & SNV, 2000) : les Haoussas essentiellement commerçants ; les Foulbés essentiellement éleveurs ; les Fali, Kangou, Mboum, Laka, Dii, Veré, Tchamba, Bata qui sont

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tous des agriculteurs; les immigrants venus de l'Extrême-Nord, essentiellement agriculteurs. Ce sont les Toupouris, Massa, Mafa, Moundang, Guiziga.

II.3. Méthodes de collectes des données

Les données ont été collectées sur le terrain, avec une équipe de patrouilles composée d'au moins un pisteur et de six éco-gardes. L'inventaire des facteurs de dégradation (activités anthropiques), la détermination des causes de dégradation des sols, l'évaluation des propriétés physiques, biologiques et chimiques ont été effectués à l'aide des fiches de collectes de données (Annexe 1 et 2).

II.3.1. Inventaires des facteurs de dégradation des sols dans les corridors du Parc National de la Bénoué

La méthode utilisée pour inventorier les facteurs de dégradation dans les corridors du PNB a consisté à se placer à un point d'entrée du corridor choisi, puis à l'aide d'un Global Positioning System (GPS) (Photo 1a), on enregistre le premier waypoint (coordonnées géographiques) et la boussole (Photo 1b) a été utilisée pour parcourir une distance rectiligne de six kilomètres. Après cette distance, on a marqué le second waypoint avant de faire un angle de 90° en fonction du point d'entré dans le corridor pour évoluer d'une manière parallèle sur deux kilomètres à la route nationale N° 1. Au terme de ce trajet, le troisième waypoint a été enregistré ce qui a permis de réaliser un angle perpendiculaire pour sortir du corridor (Figure 2).

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Photo 1 : Matériel utilisés

Sur l'aire délimitée par le trajet, il a été question de relever toute trace ou toute activité humaine susceptible d'être une menace pour le sol. Cette méthode qui est une adaptation à celle utilisée par Siroma (2007) a été utilisée dans tous les corridors à l'exception du corridor Galerie Forestière où au lieu de deux kilomètres c'est plutôt une distance variante entre 250 et 300 m qui a été parcourue. Et du corridor Cob de Buffon, où un kilomètre seulement a été parcouru en profondeur. La méthode a été répétée trois fois dans chaque corridor sur des trajets différents.

Les activités recensées ont été fonctions de leurs indices. Ainsi, l'agriculture a été identifiée par des résidus de culture, des petites cases traditionnelles, des vastes surfaces déboisées aux sols nus avec la présence du fumier des boeufs. La pratique pastorale par la présence des boeufs, des arbres émondés, des empreintes de sabot, des bouses de vache, des surfaces pâturées. L'orpaillage par la présence des orpailleurs en activités ou des trous et des déblais. La carbonisation par l`observation des fours ou des débris de charbon. L'urbanisation par l'observation des maisons ou des cases.

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Figure 2 : Méthode employée pour l'inventaire des activités anthropiques dans les corridors

II.3.2. Causes des facteurs de dégradation des sols dans les corridors du Parc National de la Bénoué

Les enquêtes à l'aide d'un questionnaire (Annexe 1) ont permis de déterminer les causes d'envahissement des corridors ainsi que des facteurs de dégradation. Dans cette optique, 120 personnes ont été enquêtées dans les corridors et dans les villages voisins du PNB.

II.3.3. Cartographie de l'occupation des sols dans les corridors du parc

La cartographie de l'occupation du sol a été réalisée les ZIC N° 1 et 4 dans lesquelles se trouvent six corridors. Elle a été faite grâce aux images satellitaires de décembre 2005 (date qui marque le départ des ONG du parc et l'abondant des corridors aux populations) et décembre 2015. Ces images ont permis une comparaison diachronique de l'évolution spatio-temporelle de l'occupation du

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sol. Les deux images brutes ont été téléchargées sur le site http://earthexplorer.usgs.gov.

II.3.4. Méthodes d'évaluation des propriétés du sol des corridors du Parc National de la Bénoué

Ce sont les propriétés physiques, chimiques et biologiques des sols qui ont été évaluées. Dans cette optique, les méthodes d'évaluation ont été employées in situ et ex situ (au laboratoire) sur des sols des champs (CH), en jachère (sol témoin, T1 c'est-à-dire qui n'ont pas été exploité par l'homme) et permanemment nu (sol témoin, T2) (Photo 2). Ces sols ont été choisis sur la base de la couverture végétale au courant de la saison des pluies. Les sols agricoles ont été préférés aux autres sols soumis aux facteurs de dégradation car ils ont été représentés dans tous les corridors. De plus, la physionomie de ces sols est la plus modifiée car la pratique de l'agriculture s'y fait pendant plusieurs années.

Photo 2 : Présentation des parcelles témoins

Les méthodes d'évaluation de ces propriétés ont été réalisées sur des parcelles uniformes de 400 m2 (Figure 3). Le pas entre les parcelles a été d'un kilomètre et trois répétitions ont été faites par types d'occupation de sol et par corridors.

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Figure 3 : Dispositif d'échantillonnage

II.3.4.1. Méthodes d'évaluation in situ des sols dans les corridors du parc

? Les propriétés physiques des sols ont été évaluées in situ sur des échantillons obtenus à partir de fosse pédologique (Ardouin, 2014 ; Bouvier, 2012). La fosse pédologique a été creusée à une profondeur de 30 cm et les informations sur l'état de saturation en eau, la porosité, la couleur, la présence des racines d'herbacées et des poils absorbants ont été enregistré au moyen d'une fiche de collecte des données (Annexe 2).

L'état de saturation en eau a été déterminé grâce au toucher et aux observations physiques qui ont permis de conclure si le sol est sec ou humide. La porosité a été déterminée à partir de l'observation des pores sur les mottes de terre. La couleur a été à partir du Munsell soil color charts. L'étude racinaire a reposé sur une description physique de la forme et de l'abondance des racines dans le sol.

? Les propriétés biologiques ont concerné les microorganismes du sol et de la flore donc l'inventaire spécifique a été réalisé grâce à la méthode des layons.

L'inventaire des microorganismes a reposé sur l'observation directe des activités identifiables liées à la méso et la macrofaune. L'inventaire floristique a

28

été réalisé au moyen d'une fiche de relevé floristique (Annexe 3). Ce relevé a permis de calculer trois indices notamment :

- L'indice de Shannon qui permet de mesurer la diversité spécifique des milieux ainsi que la répartition des individus au sein de ces espèces. Cet indice se calcule selon la formule ci-dessous (Shannon, 1948 ; Shannon & Weaver, 1963, cité par Diwediga et al., 2015).

S

H' = - ?(pi) log2 (pi) i=1

Pi : nombre d'individus d'une espèce donnée, i allant de 1 à S (nombre total d'espèces).

- L'indice d'interaction de Simpson a permis de calculer la dominance d'une espèce dans un milieu et de mesurer la probabilité (entre 0 et 1) que des individus sélectionnés de manière aléatoire n'appartiennent pas au même groupe. Il se calcule selon la formule suivante (Simpson, 1949 cité par Manfo et al., 2015).

D = ? ?? (n - 1) N(N - 1)

N = nombre total d'individus n = nombre d'individus (variation de 1 à l'infini) dans la population de chaque espèce.

- L'indice de Pielou permet de mesurer la répartition des espèces en
fonction de leur abondance au sein d'une même communauté. Ses valeurs varient de 0 à 1 (Piélou, 1969 cité par Diwediga et al., 2015).

H'

J = log 2(S)

II.3.4.2. Méthodes d'évaluation ex situ des sols dans les corridors du Parc National de la Bénoué

L'évaluation des sols échantillonnés a été réalisée au laboratoire du Département de Climatologie Hydrologie et Pédologie de l'Institut Supérieur du Sahel (ISS). Elle a permis la mise en évidence des propriétés physiques et chimiques de 63 échantillons de sol prélevés dans les différents corridors. Chaque échantillon a été composé de cinq sous-échantillons emballés, étiquetés et conservés dans des sacs plastiques (Photo 3a). Ces échantillons ont été prélevés entre 0-30 cm profondeur. Les points échantillonnés ont été géo-référencés et projetés sur la carte pédologique du service cartographique de l'ORSTOM (1973) cité par Brabant et Humbel (1974) pour déterminer le type de sol étudié. Au laboratoire, les échantillons ont été émottés et séchés à l'air libre (Photo 3b) avant d'être tamisés avec un tamis de mailles égales à deux millimètres (Photo 3c) (N'guessan et al., 2015).

Photo 3: Mise en condition des échantillons de sols

29

II.3.4.2.1. Propriétés physiques

Les paramètres suivants : texture, densité apparente et porosité totale ont permis d'évaluer les propriétés physiques des sols.

La texture a été déterminée à l'issue de l'analyse granulométrique par tamisage des échantillons avec des tamis à mailles différentes. La densité apparente (da, g.cm-3), est la masse d'une unité de volume du sol séché à 105°C pendant 2 h. Ce volume, a été mesuré par la méthode des cylindres. La porosité exprimée en pourcentage (%), a été déterminée grâce à l'équation ci-dessous dans laquelle la densité réelle est égale à 2,65 gcm-3 (N'guessan et al., 2015).

Porosité totale = (1

Densité apparente

Densité réelle ) * 100

II.3.4.2.2. Propriétés chimiques

Les méthodes d'évaluation des propriétés chimiques ont permis de déterminer les teneurs du sol en matière organique, pH, phosphore totale (P2O5), potassium (K2O), azote, carbone et conductivité électrique.

- La teneur en matière organique exprimée en g.kg-1 (1 % = 10 g.kg-1) a été déterminée selon l'équation ci-dessous après perte de la matière sèche (fraction organique) des échantillons dans un four à température égale 500° C. pendant deux heures (Allen, 1974) ;

% MO = (P1 - P0)

* 100

(??1-??0)-(P2-P0)

30

P0= poids du creuset vide ; P1= poids final = poids du creuset avec l'échantillon avant la calcination ; P2= poids du creuset + l'échantillon après calcination.

- Le carbone total a été déduit de la formule conventionnelle ci-contre dans laquelle, 1,72 est la proportion moyenne de carbone dans la matière organique (Duchaufour, 2001).

MO

1,72

MO = C * 1,72 ? C =

31

- Le pH a été déterminé à température ambiante à partir d'un pH-mètre à électrode en verre sur des suspensions diluées (20 g de sol dans 200 ml d'eau distillée) et homogénéisées à l'aide d'un agitateur électrique (Boudoudou et al., 2009) ;

- La conductivité électrique a été mesurée moyennant l'utilisation d'un conductimètre à électrode sur un extrait aqueux (20 g de sol dilué dans 200 ml d'eau distillée) homogénéisé à l'aide d'un agitateur électrique (Boudoudou et al., 2009) ;

- Le P2O5, le K2O et l'azote ont été déterminés par dosage dans ces échantillons de sols à l'aide du « Nice soil testing kit » révisé le 1 juillet 2007 (ISO 9001).

II.4. Analyses statistiques

Pour apprécier les différents paramètres étudiés, les différentes mesures effectuées ont fait l'objet des analyses statistiques à l'aide des logiciels Microsoft Excel 2010 et XLSTAT 2016 utilisés pour les calculs (moyenne, écart types et khi 2). Le traitement des images satellitaires et leur analyse ont été faits à l'aide des logiciels QGIS 2.12 et ENVI (the Environment for Visualizing Images) 4.7.

32

CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION

III.1. Inventaire des facteurs de dégradation des sols dans les corridors du Parc National de la Bénoué (PNB)

Au vu de la démographique galopante (due à la population migrante, en majorité de la Région de l'Extrême-Nord) dans les villages avoisinants les corridors, la pression anthropique est en plein essor. Cinq types de facteurs de dégradation des sols ou activités anthropiques (agriculture, pratique pastorale, carbonisation, urbanisation et orpaillage) ont été inventoriés dans les sept corridors (Hippotrague, Eland de Derby, Cob Défassa, Galerie Forestière, Buffle, Girafe et Cob de Buffon), que compte le PNB (Tableau 1). Ce résultat diffère de celui de Vounserbo (2011) qui a identifié dans six corridors à l'exception de celui dit Cob de Buffon huit activités anthropiques. En dehors de la carbonisation non identifiée par le précédent auteur, la coupe de bois, les routes, le braconnage et l'extraction du miel ont été identifiées en plus des activités inventoriées dans la présente étude.

Tableau 1 : Occurrence des facteurs de dégradation des sols dans les corridors du Parc National de la Bénoué

Activités anthropiqu

Corridors

 
 
 
 
 

Occurrence

des activités

Hip

ED

CD

GF

B

Gif

CB

Agri es

Urb Carb PP Orpa

79,6

0

6

0

10,1

10,1

7

54,1

3 2,1

0

1

6,42

7,34

66,67 19,61 4,90 8,82 0

91,67 0

0

6,48

1,85

81,55 0 12,62 5,83 0

73,33 0 23,33 3,33 0

76,92 15,38 0 7,69 0

(%74, ) 22

9,53

7,19

6,56

2,50

Légende : Agri : agriculture ; PP : pratique pastorale ; Carb : carbonisation ; 7

Orpa : orpaillage ; Urb : urbanisation ; Hip : Hippotrague, ED : Eland de Derby, CD : Cob Défassa, GF : Galerie Forestière, B : Buffle, Gif : Girafe, CB : Cob de Buffon.

Dans l'ensemble, les activités anthropiques sont significativement pratiquées (÷2 = 228,46 ; ddl = 24 ; P < 0,01) en fonction des corridors. L'agriculture (74,22 %) des activités anthropiques (Tableau 1) a été pratiquée de manière prépondérante et non significative en fonction des corridors (÷2 =

33

12,17 ; ddl = 6 ; P < 0,01). Ce résultat peut se justifié par la dépendance des populations à cette pratique. Vounserbo (2011) a montré que la coupe de bois (61,54 %) a été l'activité prépondérante dans six corridors à l'exception du corridor Cob de Buffon. La différence entre ces résultats peut être due aux années qui séparent les deux travaux et à la méthode adoptée par ce dernier et dont le point d'entrer dans le corridor a été parallèle à la route nationale N°1. Tagueguim (2010) par contre, a montré que la pratique pastorale et le braconnage sont plus représentés que l'agriculture. En saison sèche, les pratiques agricoles préalables aux semis sont caractérisées par la coupe de la quasi-totalité des arbres dans les champs (Photo 4a) et par l'utilisation des herbicides qui laissent les sols nus au cours des contre saisons (Photo 4b). Ces résultats sont contraires à ceux de Vounserbo (2011) et Boukeng (2015) qui ont remarqué que l'agriculture extensive sur brulis était à l'origine de la destruction du couvert végétal dans les corridors. En saison des pluies, la physionomie des corridors est constituée de cultures de maïs (Zea mays ; L., 1753 ; Photo 4c), d'arachide (Arachis hypogea ; L., 1753 ; Photo 4d), de coton (Gossypium hirstum ; L. Photo 4e) et d'igname (Dioscorea rotonda ; Photo 4f).

E : 1/200

E : 1/25

34

Photo 4 : Différentes pratiques agricoles dans les corridors du Parc National de la Bénoué

35

Fort malheureusement, les pratiques agricoles fragilisent les sols et les rendent vulnérables aux intempéries climatiques dont l'une des conséquences notoire est le processus d'érosion (Photo 5a), facilité par les semis faits pour la plupart dans le sens de la pente. Les phénomènes d'érosion hydrique en nappe (Photo 5b) et en rigole (Photo 5c) sont les plus observés avec leur corollaire en termes de perte de terres arables et dont des sols pour l'agriculture. L'activité agricole a été étroitement liée à la construction des cases dans les corridors pour diverses fins (abrit, stockage des récoltes, lieu de vie...).

E : 1/20

E : 1/40

Photo 5 : Phénomènes d'érosion dans les corridors du Parc National de la Bénoué

Le processus d'urbanisation (9,53 % des activités anthropiques) (Tableau 1) a été rencontré de manière significative (÷2 = 107,74 ; ddl = 6 ; P < 0,01) dans trois corridors : Eland de Derby, Cob Défassa et Cob de Buffon. Dans ces

36

37

corridors, l'urbanisation est faite de manière artisanale à l'aide des briques de terre (Photo 6a) pour la construction des cases, de la paille pour la construction des cases traditionnelles, des clôtures (Photo 6b) et de paillottes pour la construction des toits de case (Photo 6c). Dans certains corridors, les sols sont fortement sollicités au point ou les cours ont servi de jardins de case (Photo 6c).

Photo 6 : Indices d'urbanisation

L'activité de carbonisation (7,19 %), est pratiqué différemment (÷2 = 71,14 ; P < 0,01 ; ddl = 6) dans les corridors Girafe, Buffle et Cob de Défassa (Tableau 1). Cette pratique consiste à la coupe et l'entreposage de bois (Photo 7a), suivi de l'ensevelissement (Photo 7b), de la carbonisation (Photo 7c) jusqu'à la récolte du charbon (Photo 7d et 7e) et la commercialisation (Photo 7f). Le charbon, source importante de revenu pour les riverains est à l'origine de la déforestation et de la pollution passive.

Photo 7: Processus de fabrication du charbon dans les corridors

La pratique pastorale n'a pas varié significativement en fonction des corridors (÷2 = 4,04 ; ddl = 6 ; P > 0,05) (Tableau 1). Elle a été plus pratiquée en

38

saison sèche et a concerné principalement l'élevage des bovins. Cette activité contribue à la déforestation, plus particulièrement de l'espèce Afzelia africana (Fabaceae) (Photo 8a) appelée en langue locale « Bambam ». Le nombre important d'individus par troupeaux a favorisé le surpâturage et la compaction des sols des pistes créées par le bétail (Photo 8b). En saison de pluies, ces pistes deviennent des rigoles pour l'écoulement des eaux (Photo 8c).

Photo 8: Indices de la pratique pastorale

L'orpaillage, qui consiste à la recherche artisanale de l'or a aussi bien été pratiqué sur la terre ferme que dans les lits des mayo (Photo 9). La pratique intensive de l'orpaillage a été significative (÷2 =33,37 ; P < 0,05 ; ddl = 6) à Eland de Derby, que dans Hippotrague et Galerie Forestière (Tableau 1).

39

Photo 9 : Site d'orpaillage sur terre ferme abandonné

Il ressort de l'analyse sur l'inventaire des activités anthropiques que le degré et le rythme d'anthropisation ont varié en fonction des corridors mais, n'ont pas été similaire sous la base de l'utilisation des ressources du sol. Les activités anthropiques, aux usages multiples ont eu pour point commun la destruction de la flore et du biotope. Le bois issus de cette destruction a été exploité à titre personnel et commercial. Cependant, ces activités ont inévitablement entrainées la création des routes sur lesquelles la vitesse d'écoulement des eaux a été plus importante que sur les sols avec une couverture végétale dont les herbacées constituent un frein non seulement à l'érosion mais aussi à l'impact des rayons solaires et des gouttes de pluies. Cependant, les causes de ces facteurs sont multiples et diversifiés.

III.2. Causes de la pression anthropique et des facteurs de dégradation des sols dans les corridors du Parc National de la Bénoué

L'analyse des réponses obtenues lors des enquêtes sur un total de 120 personnes dont 89,17 % sont des migrants venus de l'Extrême-Nord-Cameroun et 10,83 % des autochtones a fourni des informations récapitulées dans le tableau 2. Cet échantillon de la population est constitué de 57,95 % des scolarisés migrants et de 53,85 % de scolarisés autochtones. L'ancienneté des migrants déplacés des guerres ou à la recherche de terres fertiles a été de moins de 10 ans dans cette localité. Ces migrants sont propriétaires de surfaces relativement réduites, en raison de leurs effectifs pléthoriques, du manque de

40

moyens financiers et humains. Indépendamment de l'origine des agriculteurs, la pratique de la monoculture sur sols préalablement déboisé (moins cinq arbres par champ) associée à la rotation des cultures est de rigueur. Cette technique agricole (monoculture sur sols préalablement déboisé) est contraire à celle observée dans la ZIC 19 situé à Tchéboa (Région du Nord-Cameroun) où les agriculteurs pratiquent plus de deux systèmes agro-forestiers avec une moyenne de 25 arbres hectare (Boukeng, 2015). Même si les agriculteurs sont conscients du phénomène de dégradation des sols, l'utilisation des herbicides (Photo 10a

10b) et des engrais en l'occurrence l'azote, le phosphore et le potassium (Photo

10c) est plus sollicitée que la pratique de défrichage manuelle et de labour.

Photo 10 : Intrants utilisés en agriculture dans les corridors du Parc National de la Bénoué

Pendant les périodes de contre saison, les occupations des populations sont diversifiés (commerce, orpaillage, chômage, pèche). La baisse de la fertilité des sols dans la région de l'Extrême-Nord Cameroun est due à l'utilisation intensive des intrants (engrais NPK, herbicides...) et à la réduction des périodes de la jachère (Jekalbe, 2010).

Tableau 2 : Statistique des enquêtes sociales

Paramètres

 

Variables

Origine

 

Migrants

Autochtones

Niveau d'étude

 

Aucun

4206

(%)

4615

(%)

 
 

Primaire

43,93

38,46

 
 

Secondaire

1402

1538

 
 

< 5 ans

5701

0

Ancienneté

dans

la 5 = ans = 10 > 10 ans

4299 0

0

100

41

Causes du déplacement Guerre 1682

Recherche de terres fertiles 6262

Recherche de nouvelles 2056

0

0

0

Superficie du champ < 2 ha

terres

> S < 4

S > 5 ha

76642

2336 0

3846

4615

15 38

Types d'agriculture Monoculture

Polyculture

Rotation des cultures

100 0

100

100 0

100

Utilisation des herbicides Avant le semis

Après la levée

100

9252

100

100

Labour Avant le semis

Post levé

0

748

0

100

Utilisation des engrais

Non

95,33

4 67

100 0

(NPK) < 5

Nombre d'arbres dans le

5 > Nombre d'arbres < 7

100 0

92,31

769

Commerce

Activités post récolte Orpaillage

Chômage

Autres (pêche loisir)

des sls lOui

3271 1402 44,86 841

4615 0 3077 1538

Connaissance du Oui

Non

100 0

100 0

phénomèe de

Méthode de conservation Oui (rotation des cultures)

Non

4766

5234

8462

1538

Méthode de restauration Oui (jachère et 2710

b

Non 7290

6154

3846

II.3. Cartographie de l'occupation du sol entre 2005 et 2015

L'analyse cartographique, comparée sur une période de 10 ans, a permis de constater une régression de la végétation 37,98 % (forêts galeries, forêts claires et savanes boisées caractérisé par la dominance de la couleur verte sur la figure 4a) au profit des bâtis, des sols nus, exacerbés par la mise en place des parcelles de culture (Figure 4b).

Figure 4 : Cartographie de l'occupation du sol entre 2005 et 2015

Le tableau 3 présente les superficies en pourcentage et en hectare des types d'occupation des sols.

Tableau 3 : Evolution de l'occupation des sols entre 2005 et 2015

1,45 1648,01

ge

33,57 44900,8

44,77 45172,3

Pourcenta Hectare

Surface en 2005 Surface en 2015

Différences

24

21854 5

s 19 55 81 57097 3 36 57 35242

42

Occupation du

sol

Bâtis et sols Forêts galeries

nus

Forêts claires

et savanes

boisées Champ

Pourcenta Hectare

2,86 3251,76

ge

11,36 19723,3

29,49 33503,2

Pourcenta 1,41

ge

22,21

15,28

Hectare

1603,75

25177,4

11669,1

2 8

43

Ces résultats mettent en exergue l'ampleur des facteurs de dégradation sur l'avenir des sols dans le PNB. Ces résultats sont différents de ceux d'Amadou (2015) qui a comparé sur une période de 10 ans et a montré une régression de 5,49 % des forêts galeries et de 57,14 % des forêts claires et des savanes boisés contre une évolution des sols nus de 14,87 %.

III.4. Evaluation des propriétés des sols dans les corridors du Parc National de la Bénoué

Les propriétés du sol des champs (CH) et des sols témoins (sol en jachère (T1) et sol permanemment nu (T2)) sont évaluées sur le terrain et au laboratoire.

III.4.1. Evaluation in situ des sols dans les corridors du Parc National de la Bénoué

III.4.1.1. Evaluation des propriétés physiques

L'étude de la fosse pédologique (Photo 12) a permis de montrer une variation des paramètres des sols étudiés en fonction des activités qui y sont menées couches ou horizons.

Tous les sols investigués et identifiés sur la base de la carte pédologique du service cartographique de l'ORSTOM (1973), cité par Brabant et Humbel (1974) sont en générale hydromorphes et ferrugineux (Tableau 4). Dans l'horizon superficiel (0 - 15 cm), les sols des champs ont présenté une structure meuble de couleur grise (10 YR 5/1) (Photo 11a), peu poreuse, quelques racines (Photo 11b) dépourvues de poils absorbants. Les sols en jachère ont présenté une structure grumeleuse de couleur noire grise (10 YR 3/1), poreuse pourvue de nombreuses racines munis de poils absorbants (Photo 11c). Dans les sols permanemment nus, la structure a été particulaire, de couleur grise (10 YR 5/1) non poreuse et dépourvue de racines (Photo 11d) (Tableau 4). La structure grumeleuse et la couleur noire grise sont indicateurs du bon fonctionnement d'un sol pourvu de microorganismes et de matière organique (cas des sols en jachère) comparé aux sols meubles et particulaires de couleur grise. L'absence

44

des racines autre que celles des cultures peut s'expliqué par l'utilisation des herbicides sélectifs des plantes. Ces résultats en comparaison avec ceux de N'guessan et al. (2015) sont différents en certains point mais similaires en d'autres. Dans les champs, ils ont eu les caractéristiques suivantes : sol humide, coloration brune à brune tachetée (2,5 YR 4/3 à 7,5 YR 3/4), avec faible pénétration humifère et structure grumeleuse pourvue de quelques racines. Dans les sols en jachère l'humidité varie de moyenne à faible, la coloration peut être brune foncé brune, rouge ou brune (2,5 YR à 7,5 YR) et tachetée (2,5 YR / 4/3), la pénétration humifère varie de faible à moyenne, avec présence assez remarquable des racines. Dans cette étude, indépendamment des types de sols, la structure des sols n'a pas varié en fonction de la profondeur tandis que la couleur a varié pour le jaune marron à l'horizon 15 - 30 cm tous comme la porosité. De plus, l'occurrence des racines a été fonction du type d'occupation des sols. La variation de la porosité traduit un changement négatif des propriétés physiques du sol qui est corrélée à la diminution ou à l'absence des racines dans certaines couches.

Tableau 4 : Propriétés physiques des sols dans les corridors du Parc National de

la Bénoué

 
 
 

Paramètres étudiés

Type d'occupation des sols

 
 

Sol des champs

Sol en jachère

 

Sol permanemment

Profondeur

Etat du sol (cm

Erosion Couleur Racines

Poils vivan

Porsité absorban

Structure

0 - 15 15 - 30

humide humide

oui++ non

grise jaune

oui+ non

mar

non non

oui+ non

meuble meuble

0 - 15 Humide oui+

noire grise oui +++ oui +++ oui+++ Grumeleuse

15 - 30 humide non

jaune

oui++
marro

oui++ oui+

grumeleus

0 - 15 15 - 30

nus

humide humide

oui+++ non

grise jaune

non

non mar

non non

non non

particulair particulai

Légende : noire grise : (10 YR 3/1) ; jaune marron : (10 YR 5/4) ; grise : (10

e e

YR 5/1) ; + : très faible ; ++ : important ; +++ : très importante.

La présence des racines dans les champs a été faible en raison de l'action des herbicides comparée à l'abondance des racines dans les sols en jachère.

45

Photo 11 : Profil des sols investigués dans les corridors du Parc National de la Bénoué

III.4.1.2. Evaluation des propriétés biologiques

III.4.1.2.1. Etude de la diversité spécifique de la faune du sol

La présence des microorganismes dans un sol détermine l'état en thèmes d'aération et de recyclage de la matière organique et favorise une croissance optimale des plantes. L'activité de la faune du sol et plus particulièrement des vers de terre qui sont des indicateurs de fertilité des sols, a varié d'une espèce à une autre. Les vers de terre de type épigé sont retrouvés sur la couche humifère humide en saison de pluies (Photo 12a) tandis que les vers de terre de type anécique sont détectés indépendamment des saisons grâce à leurs déjections sous forme de turricules (Photo 12b) à la surface des sols et par les galeries souterraines creusées.

Photo 12 : Indices de la présence des vers de terre

L'occurrence spécifique de la pédofaune a permis de caractériser les types d'occupation des sols (Tableau 5). Dans les sols des champs et des jachères, les Arachnides ont été absents contrairement aux sols permanemment nus. Ces organismes sont xérophiles d'où leur présence dans ces sols. La présence des vers de terre, mollusques et fourmis est fonction du type d'occupation de sol et explique les différences d'abondances observées dans les parcelles prospectées. Pour cette raison, ces ont été plus récurrentes dans les sols des jachères que dans les champs et les sols permanemment nus ; ce constat peut se justifier par la différence de la couverture végétale sur ces sols. Ces résultats vont dans le même sens que ceux de Boukeng (2015) et Liniger et al. (2011).

Tableau 5 : Indices d'abondance de la faune du sol par type d'occupation

Groupe taxonomique Types d'occupation des sols

Sol des Sol en jachère Sol permanemment

Arachnides (scorpions,

- -- ---

+

 

- --

++

---

46

Fourmis ++

cha ++ nu
++ Myriapodes araignées)

--- + ---

47

Mollusques

Vers de terre + +++

Légende : --- : absent ; + : peu abondant ; ++ : abondant ; +++ : très abondant.

III.4.1.2.2. Etude de la diversité spécifique de la flore du sol

L'inventaire floristique n'a été réalisé que dans les sols en jachères des corridors en raison de l'abondance du couvert végétal (tableau 6) et des pratiques culturales.

Tableau 6 : Diversité floristique des corridors du Parc National de la Bénoué

Familles Taxon Parain Corridors

Hi ED CD GF B Gif CB

Anacardiac Lannea shimperi (Hochst. ex

p

5 2 5 3 1 5 3

Annonacea

eae Annona

A

L. 4 6 6 3 4 2 1

Arecaceae Borassus pp.

e senegalensis L. 0 0 0 1 0 0 0

Euph aceae

orbiac Uapaka togoensis Baill. 2 4 1 2 2 2 4

Acacia polyac Acacia

(Hochst. ex

ARich) B

(L.) Willd.

3 3 3 6 1 1 4

3 2 0 2 0 2 6

Fabaceae

Acaci sieberiana DC.

senegalensis 2 5 5 3 3 0 2

Burkea africana Hook. 5 2 4 1 4 2 3

Daniellia oliveri (Rolfe)Hutch. & 2 3 2 1 4 6 4

Entada africana Adans.

Dalziel 3 3 0 2 0 1 2

obosa (Jcq.) R.Br. ex Stapf

GDon

(Schum.) Milne-

2 1 4 3 1 2 8

4 3 3 1 4 3 5

Isoberlinia doka

Isoberlinia

Parkia bigl tumentosa

Piliostigma

Loganiacea

Strychos thonningii

spinosa Lam., 1794

Redh 3 5 3 3 3 5 2

Malvaceae Bombax costatum Pellegr. & Vuillet 2 0 0 0 1 0 2 e

Meliaceae khaya senegalensis (Desr.) A.Juss., 4 8 6 4 5 2 1

Moraceae Fucus cycomorus L., 1767

1830 3 2 1 4 3 1 2

Ochnaceae Lophira lanceolata Tiegh. ex Keay 5 1 3 2 3 0 4

Ochna F. Hoffm. 4 3 6 1 6 3 0

Olacaceae Ximenia americana L

cheinfurthiana 5 2 1 2 3 0 2

e Sapotaceae Vitelaria paradoxa C.F.Gaertn., 1807 5 5 4 6 3 5 7 longepedonculata

Verbenacea Vitex doniana L 4 0 2 2 7 4 3

Craib & Stapf ex

(Harms)

olland Craib &

4 1 3 1 0 1 7

5 2 2 0 3 0 2

Combretace ae

Terminalia laxifoli

Terminalia

Engl. & Diels 3 1 4 0 2 4 5

Guill. & Perr. 5 1 3 3 0 0 4

Dipterocarp

Montes kerstingii A.De Candolle 3 1 2 0 0 1 6

macroptera

Phyllanthac Bridellia Willd. 3 3 0 0 2 3 4

Polygalacea eae

ferrgene Securidaca

Fres 0 0 2 3 2 4 1

Légende : Hip : Hippotrague, ED : Eland de Derby, CD : Cob Défassa, GF : e

Galerie Forestière, B : Buffle, Gif : Girafe, CB : Cob de Buffon.

48

Les valeurs de l'indice de Shannon sont dans tous les corridors proches de la diversité maximale Ln(S) (Tableau 7) et ont indiqué une hétérogénéité spécifique dans les communautés étudiées et donc une bonne distribution des espèces en fonction de leur abondance, ceci au regard complémentaire des valeurs des indices de Pielou et de Simpson. Ce résultat est similaire à celui de Manfo et al. (2015) dont l'indice de Shannon a indiqué une diversité biologique très importante dans la Parcelle 0 (4,45) et la Parcelle 1 (3,63) mais une diversité très faible dans la Parcelle 2 (0,62). L'indice de Simpson a été de 0,13 dans la Parcelle 0, 0,006 dans la Parcelle 1 et 0,436 dans la Parcelle 2.

Tableau 7 : Différents indices de diversité spécifique des corridors du parc

Indices calculés Hip

ED

CD

GF

B

Gif

CB

TaxaS 27

25

24

24

23

22

27

Individuals

95

71

76

62

69

60

97

ln S

3,30

3,22

3,18

3,18

3,14

3,09

3,30

ShannonH

3,25

3,04

3,05

3,04

3,01

2,93

3,16

Simpson1-D

0,96

0,94

0,95

0,95

0,95

0,94

0,95

EquitabilityJ

0,98

0,95

0,96

0,96

0,96

0,95

0,96

Légende : Hip : Hippotrague ; ED : Eland de Derby ; CD : Cob Défassa ; GF :

Galerie Forestière ; B : Buffle ; Gif : Girafe ; CB : Cob de Buffon.

Au vu des résultats de l'évaluation sur le terrain, il en résulte que les sols en jachère ont de bonnes propriétés physiques et biologiques contrairement aux sols des champs et aux sols permanemment nus ; cette différence matérialise l'état de dégradation des sols, agricoles dont les propriétés se rapprochent de ceux des sols permanemment nus. Mais ne sont pas suffisantes pour conclure sur l'état des sols qui nécessites des analyses approfondit en laboratoire.

III.4.2. Evaluation ex situ

III.4.2.1. Propriétés physiques

- Texture

Globalement, les sols permanemment nus ont de mauvaises propriétés texturales de même que les sols des champs et des jachères de la Galerie Forestière, Buffle et Hippotrague. Seuls les sols des champs en Girafe Cob de Buffon, Cob Défassa, Eland de Derby et ceux des jachères en Hippotrague,

49

Eland de Derby, Cob Défassa, Girafe et Cob de Buffon ont de bonnes propriétés texturales (Tableau 8). Ces bonnes propriétés sont dues à une répartition équilibrée des différentes particules et aux proportions convenablement associées des limons et argiles. Bouajila et al. (2016) dans leurs travaux ont obtenus des résultats différent de ceux du présent travail dans les sols cultivés et des forêts dont la texture est dominée par les sables. La différence peut être due aux méthodes utilisées par les auteurs.

Tableau 8 : Teneur des différentes particules du sol (%)

Type d'occupation des sols

Champs Sol en jachère Sol permanemment nu

Co S L A Textur S L A Textur S L A Textur

Hip 29,8

ED 13,4

4

CD 32,2

9

GF 64,4

7

B 50,8

7

Gif 36,8

5

CB 43,6

1

43,6 20,0 LS 30,9

e

4

56,8 4

29,1 LA 33,2

4

36,4 30,6

9 LSA 20,8

1

3

18,1 3

16,9 S 7

57,6

7

19,6 23,0

7 S 51,9

8

26,8

0 35,7

6 SAL 45,6

5

4

26,2 29,8

3 SAL 40,5

9

43,3 25,5 LSA 40,

e

39,9

9 26,4

3 LSA 26,

34

38,7

7 29,3

3 LA 33,

05

21,3

7 20,8

7 S 53,

42

4

18,7 8,3

1 S 52,

80

26,7

6 27,0

1 SAL 50,

38

28,4

9 2

30,3 SAL 2,

58

42,69 16,3

50,03 23,6

7

44,83 21,3

6

21,14 24,7

9

22,98 23,8

0

24,19 25,0

6

23,76 22,9

6 S

LS e

LS

LS

S

S

SA

Légende : Co : corridors ; Hip : Hippotrague ; ED : Eland de Derby ; CD : Cob

2 4 8 5 8 10 4

Défassa ; GF : Galerie Forestière ; B : Buffle ; Gif : Girafe ; CB : Cob de Buffon ; S : Sable ; L : Limon ; A : Argile.

- Densité apparente (Da) et Porosité Totale (PT)

Dans l'ensemble, le type d'occupation des sols n'a pas eu une influence sur la densité apparente (÷2 = 0,16 ; ddl = 12 ; P = 1) dont les valeurs n'ont pas significativement variées (Tableau 9). La porosité totale étant liée à la densité apparente n'a également pas varié (÷2 = 2,54 ; ddl = 12 ; P = 1) mais ces valeurs sont plus élevé que celles de la densité apparente.

En référence aux normes des valeurs de Ouoba et al., (2015), qui estiment que les valeurs moyennes de la porosité totale se situent entre 50 % et 75 %, on peut conclure à la lumière des chiffres du tableau 9 que les sols sont dans un état peu compact, la circulation de l'eau est plus ou moins importante, la capacité de stockage en eau est faible, qu'il existe des pores nécessaires à la circulation des fluides et à l'épanouissement des racines. Ces résultats de la densité apparente

sont différents de ceux de Keesstra et al. (2016), dans les champs traités aux herbicides (densité élevée) et les sols couverts de végétation (densité moins élevées) mais similaire dans les vergers labourés (densité moyenne). En comparaison avec les travaux de N'guessan et al. (2015), les valeurs de la porosité totale sont différentes de celle de la présente étude dans les sols cultivés mais similaires dans les parcelles en jachère.

Cor

Tableau 9 : Moyenne de la densité apparente et de la porosité totale Types d'occupation des sols

Sol des champs Sol en jachère Sol permanemment nu

Da (g.cm- PT (%) Da (g.cm- PT (%) Da (g.cm- PT (%)

Hip 0,92 #177; 0,01 65 #177;

3)

3)

0,88 #177;0,06 67 #177;

3)

0,92 #177; 0,04 65 #177; 1,25

GF 0,83 #177; 0,06 69 #177;

#177;0

0,82 #177; 0,02 69 #177;

47

0,96 #177; 0,29 64 #177; 4,65

ED 0,55 #177; 0,03

02

79 0,85 #177;0,06 67 #177;

23

0,92 #177; 0,04 65 #177; 0,25

CD 0,89 #177; 0,02

#177;1

67 0,77 #177; 0,13 71 #177;

21

0,91 #177; 0,15 66 #177; 1,63

B 0,97 #177; 0,02

223

63#177; 0,72 #177; 0,06 73 #177;

07

0,95 #177; 0,04 64 #177; 0,25

Gif 0,745CB 0,92 #177;

#177;013

48

0,91 #177; 0,02 66 #177; 0,7 0,99 #177; 0,06 63#177; 1,89 226

0,87 #177; 0,02 67 #177;

0,91 #177; 0,04 66 #177; 1,38

08

72 #177;

0,06 65 #177;

50

Légende : Hip : Hippotrague ; ED : Eland de Derby ; CD : Cob Défassa ; GF :

2,27 065

Galerie Forestière ; B : Buffle ; Gif : Girafe ; CB : Cob de Buffon ; Da : densité apparente ; PT : porosité totale.

III.4.2.2. Propriétés chimiques

Les propriétés chimiques des sols (teneur en matière organique, carbone, azote, phosphore total (P2O5), potassium total (K2O), pH et la conductivité électrique ont varié en fonction des types d'occupation des sols (Tableau 9).

La teneur en matière organique (÷2 = 32,35 ; ddl = 6 ; P > 0,01) et carbone (÷2 = 11,27 ; ddl = 6 ; P < 0,05) sont plus élevée dans les parcelles en jachère que dans les champs et les sols permanemment nus. Tout de même, les valeurs de ces deux paramètres sont significatifs dans les champs des corridors Galerie Forestière et Cob Défassa. Cette teneur élevée en matière organique et carbone peut s'expliquer par la densité de la végétation et de la faune du sol ainsi que par le faible ruissellement des eaux de pluies. Ces résultats sont différents de ceux obtenus par Keesstra et al. (2016) qui ont montré qu'il existe une variation significative de la matière organique dans les parcelles traitées aux herbicides, les parcelles labourées et les parcelles en jachère.

51

Les sols des champs (÷2 = 22,98 ; ddl = 6 ; P < 0,01) et les sols en jachère sont plus riches en azote (÷2 = 14,55 ; ddl = 6 ; P < 0,01) que les sols permanemment nus. Ce résultat peut s'expliquer par l'utilisation des intrants de type N/P/K (20/10/10) dans les champs et par l'abondance des vers de terre dans les parcelles en jachère. Il est de même pour le phosphore et le potassium qui ont eu des valeurs élevées dans les champs où sont utilisés les intrants de type N/P/K (20/10/10) que dans les sols en jachère et les sols permanemment nus. Ces résultats sont similaires à ceux de Boudoudou et al. (2009) dont la teneur en NPK est élevée dans les champs où ces intrants sont utilisés.

A quelque exception près, les sols sont majoritairement peu salins, car les valeurs de la conductivité électrique sont inférieures à 25 mS/cm. Ce résultat est différent de celui de Boudoudou et al. (2009) dont les valeurs de la conductivité électrique sont inférieures à 4 dS/m certainement à cause des types de sol étudiés qui non seulement sont riches en eau mais renferme de nombreux microorganismes.

Le pH a été faible dans les sols des parcelles permanemment nus et va de 5,50 #177; 0,01 à 6,07 #177; 0,09. Les sols de ce type sont exigeants pour la croissance des plantes comme indiqué par CAT & ARVALIS (2005). Ce résultat peut expliquer la rareté de la végétation sur les parcelles permanemment nues.

52

Tableau 10 : Paramètres chimiques des sols dans les corridors en fonction du type d'occupation

Corridors

Types

d'occupation des sols

Moyenne des paramètres chimiques étudiés

 
 
 
 

MO (g.kg-1)

C (g.kg-1)

N (Kg/ha)

P2O5 (Kg/ha)

K2O (Kg/ha)

Ph

CE (mS/cm)

 

CH

23,17 #177; 11,94a

13,47 #177; 6,94 a

198,15#177; 2,7 0a

4,2 #177; 6,26 b

61,47 #177; 0,43 a

6,31 #177; 0,01a

45,43 #177; 0,50a

Hippotrague

T1

91,07 #177; 11,42a

52,95 #177;6,40 b

113,5 #177; 1,80 a

0,7 #177; 3,7 4a

25,9 #177; 0,67 b

6,98 #177; 0,01a

35,13 #177; 0,67b

 

T2

10,33 #177; 0,88 b

6,01 #177;0,51 b

13,9 #177; 2,7 1b

1,5 #177; 0,01 a

16,33 #177; 0,14ba

5,56 #177; 0,01a

28,97 #177; 0,28b

 

CH

18,60 #177; 12,30a

10,81 #177; 7,15a

117 #177; 52,49a

6,6 #177; 6,60a

71,27 #177; 0,74a

6,68 #177; 0,01a

25,40 #177; 0,53a

Eland de

T1

84,20 #177; 11,28b

48,95 #177; 6,42b

132,5 #177; 2,25a

1,6 #177; 9,90b

23,70 #177; 1,50b

6,89 #177; 0,01a

44,20 #177; 0,51b

Derby

T2

13,07 #177; 0,12a

7,60 #177; 0,07a

24,0 #177; 2,88b

1,9 #177; 0,00b

19,23 #177; 0,55b

5,75 #177; 0,01a

34,67 #177; 062b

 

CH

50,27 #177; 39,12a

29,22 #177; 22,75a

87,9 #177; 38,25a

2,8 #177;0,04a

53,90 #177; 0,76a

6,86 #177; 0,01a

19,20 #177; 0,70a

Cob

T1

90,13 #177; 11,04a

52,40 #177; 6,42a

109,2 #177; 1,85a

2,9 #177; 0,04a

21,37 #177; 0,58b

6,76 #177; 0,01a

40,67 #177; 1,07b

Défassa

T2

9,67 #177; 0,33b

5,62 #177; 0,19b

31,3 #177; 1,37b

2,5 #177; 0,01a

16,80 #177; 0,36b

5,50 #177; 0,01a

45,40 #177; 0,42b

Galerie

CH

69,93 #177; 23,12a

25,37 #177; 14,53a

159,1#177;106,93a

7,6 #177; 8,29a

66,67 #177; 0,70a

6,63 #177; 0,01a

24 #177; 0,55a

Forestière

T1

100,70 #177; 5,62a

58,55 #177; 3,28a

141,5 #177; 2,05a

1,5 #177; 14,3ba

35,33 #177; 0,71b

6,91 #177; 0,01a

44,35 #177; 0,61b

 

T2

23,03 #177; 0,15b

13,39 #177; 0,08b

17,4 #177; 2,25b

2,7 #177; 0,08b

22,17 #177; 0,34b

6,03 #177; 0,09a

41,67 #177; 0,37b

 

CH

19,63 #177; 6,04a

11,41 #177; 14,53a

128,5 #177; 54,39a

9,8 #177; 28,30a

80,83 #177; 0,39a

6,90 #177; 0,06a

49,73 #177; 0,26a

Buffle

T1

88,03 #177; 5,27b

51,18 #177; 3,06b

174,9 #177; 48,69a

1,2 #177; 26,11b

31,60 #177; 0,46b

7,18 #177; 0,04a

41,71 #177; 0,54b

 

T2

13,23 #177; 0,18a

7,69 #177; 0,10a

25,6 #177; 2,40b

0,8 #177; 0,02b

25,80 #177; 0,25b

6,07 #177;0,09 a

45,23 #177; 0,38b

 

CH

18,43 #177; 9,68a

10,72 #177; 5,63a

141,2 #177; 74,45a

8,7 #177; 20,60a

76,20 #177; 0,38a

7,71 #177; 0,01a

29,27 #177; 0,33a

Girafe

T1

105,93 #177; 11,27b

61,59 #177; 6,55b

119,5 #177; 1,20a

1,9 #177; 17,29b

24,83 #177; 0,47b

7 #177; 0,06 a

45,73 #177; 0,62b

 

T2

11,00 #177; 0,58a

6,01 #177; 0,16a

30,5 #177; 6,22b

0,9 #177; 0,02b

31,83 #177; 0,38b

5,90 #177; 0,06a

39,83 #177; 0,55b

Cob de

CH

25,60 #177; 13,45a

14,88 #177; 7,82a

135,1 #177; 14,43a

5,9 #177; 9,40a

135,53 #177; 0,69a

6,88 #177;0,01a

23,87 #177; 12,15a

Buffon

T1

86,07 #177; 8,19b

50,04 #177;4,76b

124,1 #177; 0,89a

1,1 #177; 5,20b

27,20 #177; 0,61b

6,90 #177;0,06a

34,58 #177; 0,64b

 

T2

11,67 #177; 0,88a

7,36 #177; 0,16a

21,5 #177; 5,58b

0,8 #177; 0,02b

21,37 #177; 0,67b

5,62 #177; 0,01a

42,13 #177; 0,32b

Légende : CH : Sol des champs ; T1 : sol en jachère ; T2 : sol permanemment nu ; les valeurs précédées de la même lettre alphabétique ne sont pas statistiquement différentes au seuil de probabilité P = 0,05 ; MO : Matière Organique ; C : carbone ; N : azote ; P2O5 : phosphore total ; K2O : potassium total ; CE : conductivité Electrique.

53

CONCLUSION ET PERSPECTIVES

Au terme de ce travail axé sur l'évaluation du niveau de dégradation des sols dans les corridors du Parc National de la Bénoué (PNB), il ressort qu'il existe une pression humaine sur les corridors, les sols et leurs ressources. Cette pression est caractérisée par la pratique des activités telles que : l'agriculture, la pratique pastorale, l'orpaillage, la carbonisation et l'urbanisation. L'agriculture a été l'activité la plus représentée et la plus dégradante au vu de la superficie occupée et des techniques utilisées. Toutes ces activités ont eu en commun la déforestation.

La démographie galopante, la pauvreté, le manque de terre fertile dans la Région de l'Extrême-Nord, la guerre et la route nationale N° 1 ont été les causes immédiates de l'occupation anarchique des corridors et de la dégradation des sols.

L'analyse cartographique par comparaison diachronique des images satellitaires des Zones d'Intérêts Cynégétiques N° 1 et 4, où sont situés six corridors, montre une perte en 10 ans de 37,98 % des forêts et des savanes au détriment des champs et des sols nus.

L'évaluation des propriétés des sols des champs en comparaison avec les sols en jachère et les sols permanemment nus a permis de constater que les sols des champs ont perdu certains de leurs paramètres physiques chimiques et biologiques entraimant donc un rapprochement avec les propriétés des sols permanemment nus. La perte de ces propriétés induit inévitablement la perte des fonctions du sol et par conséquent la perte des fonctions assurées par les corridors. Cependant, les intrants utilisés par les agriculteurs pour optimiser la fertilité des sols ne supplantent pas pour autant le rôle joué par les microorganismes du sol en l'occurrence les vers de terre.

Il est important et urgent de mettre en oeuvre des méthodes de lutte contre l'érosion, des méthodes de restauration et de conservation des sols. Ces

54

méthodes doivent prendre en compte les techniques paysannes, leurs moyens financiers et leurs niveaux d'étude.

55

RECOMMANDATIONS

Les pratiques de gestion durable des corridors doivent prendre en compte :

- la délimitation en longueur et en profondeur par des plaques signalétiques

des corridors ;

- le contrôle du phénomène d'immigration dans la zone ;

- les mesures rigoureuses contre les autorités traditionnelles qui y orientent

les populations ou contre tout contrevenant pris dans les corridors ;

Pour une gestion durable des sols, les pratiques qui doivent être adoptées

entre autre :

- la limitation de l'utilisation des intrants ainsi que le labour ;

- la pratique d'une agriculture dite de conservation ;

- la pratique de l'arboriculture, surtout avec des arbres fruitiers et ceux dont

les feuilles mortes pourront enrichir le sol en humus ;

- les méthodes de lutte contre l'érosion ;

- le semis des cultures dans un sens perpendiculaire à la pente ;

- la canalisation des eaux ainsi que son drainage ;

- le parcage du bataille et la mise en place des aménagements sylvo-

pastoraux pour augmenter la production fourragère et assurer une protection des

zones sensibles.

56

REFERENCES

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63

ANNEXES

Annexe 1 : Questionnaire pour les enquêtes I-Identification

1. Sexe : masculin féminin

2. Statut : Autochtone Migrant

3. Age : 20-30 30-40 40-50 50-60 60-70 70-80

4. Statu matrimonial : Célibataire Marié Divorcé Veuf (ve) Autre

5. Nombre d'enfant : 0 1-5 5-10 10-15 15-20 20-25 +25

6. Niveau d'étude : Aucun Primaire Secondaire Universitaire

7. Combien d'année avez-vous fait dans ce village ? -5 5-10 11-15 + 15

II-Raison du choix du cadre de vie et modalité de pratique de l'agriculture

1. Pourquoi avez-vous quitté votre ancien village ? Sol peu fertile Manque de terre Guerre Autres

2. Pourquoi le choix de ce village ? Abondance de terre Populations

accueillantes Proximité avec la route Niveau de vie abordable
Autre

3. Quelle est la superficie du champ (ha) ? 0,5-2 2-4 4-6 6-8 8-10
10-12 +12

4. Comment faite-vous pour défricher votre champ ? Manuellement avec la machette Avec des herbicides Par des techniques d'abatage des arbres Autres

5. Combien d'arbre à votre champ ? 0 1-5 5-10 +10

6. Combien de fois par ans cultivé vous ? 1 2-3 3-5 +5

8. Quel est le mois de votre dernière récolte ? Octobre Novembre
Décembre Janvier

9. Comment évoluent vos récoltes ? Augmentes Reste constantes
Diminues

10. Que faite-vous pendant les périodes non agricole ? Rien Commerce Orpaillage Carbonisation pratique pastoral pêche Autres

11. Quel sont vos différente culture ? Maïs Mil Igname Coton
Arachide Autre

12. Quel sont les intrants que vous utilisez ? engrais

13. Ces produits peuvent-il avoir des conséquences sur le sol ? Oui Non

14. Depuis combien d'année les utilisez-vous? - 5 5-10 10-15 +15

15.

64

A quel période de l'année l'appliquez-vous au sol ? Saison sèche Saison de pluie

16. Quel type d'agriculture faite-vous? Rotation de culture Polyculture Monoculture Autre

17. Quel peut être les conséquences que peut avoir un sol nu ? Dégradation du sol Augmentation de la fertilité Erosion Autres

18. L'agriculture que vous pratiquez a tel des conséquences sur le sol ? Oui Non

19. Quand votre sol ne sera plus fertile que faire-vous ? Jachère Changé de village Utilisation des engrais Changé d'activité Autre

20. Connaissez-vous que l'accès des populations dans corridors est interdit ? Oui Non

21. Quel sont les activités que les populations y mènent ? Agriculture Carbonisation orpaillage Autres

22. Qui occupe plus les corridors ? Les autochtones Les migrants Autre

23. Connaissiez-vous des méthodes de restauration des sols ? Oui Non

24. Connaissiez-vous des techniques de conservation des sols? Oui Non

Annexe 2 : Fiche d'évaluation du sol

Site : Date : Parcelle n° :

1. Erosion : nul pluviale en nappe pluviale en rigole

2. Temps : ensoleillé neutre précipitation

3. Climat : humide froid sec chaud

4. Sol : sec humide

5. Pente : nul faible moyen forte Pourcentage 20% 20-40% 40-
60% 60-80%

6. Décomposition des végétaux: végétaux identifiables identifiables avec

traces de décomposition peux identifiables non identifiables pas de
végétaux

7. Activité biologique en surface : absente peu abondante abondante

8. Activités biologiques des : vers de terres termites fourmis criquets
autres

9. Compacité : meuble compact peu compact très compact

10. Structure : grumeleuse micro grumeleuse particulaire

11. Texture : limono-sableuse sablo-limoneuse sablo-argileuse argilo-
sableuse argilo-limoneuse autres

12.

65

Pourcentage des éléments texturaux: ? 10 % 10-25 % 25-50 % 50-80 % ?80%

13. La couleur du sol est : homogène hétérogène autres

14. couleur : noire gris-rouge Brun-gris Brun autres

15. abondance des racines à : 2 cm 5 cm 8 cm 10 cm 15 cm 20 cm 25cm 30 cm

Annexe 3 : Fiche d'inventaire floristique

Corridor : Date : Parcelle n°:

N0

Noms

Noms

Effectifs

hauteurs

Etat de

1

 
 
 
 
 

2

 
 
 
 
 

3

 
 
 
 
 

4

 
 
 
 
 

5

 
 
 
 
 

6

 
 
 
 
 





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