WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Evaluation du niveau de dégradation des sols dans les corridors du parc national de la Benoue

( Télécharger le fichier original )
par Narcisse Belone Njekeu Soh
Université de Ngaoundere - Master 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION

III.1. Inventaire des facteurs de dégradation des sols dans les corridors du Parc National de la Bénoué (PNB)

Au vu de la démographique galopante (due à la population migrante, en majorité de la Région de l'Extrême-Nord) dans les villages avoisinants les corridors, la pression anthropique est en plein essor. Cinq types de facteurs de dégradation des sols ou activités anthropiques (agriculture, pratique pastorale, carbonisation, urbanisation et orpaillage) ont été inventoriés dans les sept corridors (Hippotrague, Eland de Derby, Cob Défassa, Galerie Forestière, Buffle, Girafe et Cob de Buffon), que compte le PNB (Tableau 1). Ce résultat diffère de celui de Vounserbo (2011) qui a identifié dans six corridors à l'exception de celui dit Cob de Buffon huit activités anthropiques. En dehors de la carbonisation non identifiée par le précédent auteur, la coupe de bois, les routes, le braconnage et l'extraction du miel ont été identifiées en plus des activités inventoriées dans la présente étude.

Tableau 1 : Occurrence des facteurs de dégradation des sols dans les corridors du Parc National de la Bénoué

Activités anthropiqu

Corridors

 
 
 
 
 

Occurrence

des activités

Hip

ED

CD

GF

B

Gif

CB

Agri es

Urb Carb PP Orpa

79,6

0

6

0

10,1

10,1

7

54,1

3 2,1

0

1

6,42

7,34

66,67 19,61 4,90 8,82 0

91,67 0

0

6,48

1,85

81,55 0 12,62 5,83 0

73,33 0 23,33 3,33 0

76,92 15,38 0 7,69 0

(%74, ) 22

9,53

7,19

6,56

2,50

Légende : Agri : agriculture ; PP : pratique pastorale ; Carb : carbonisation ; 7

Orpa : orpaillage ; Urb : urbanisation ; Hip : Hippotrague, ED : Eland de Derby, CD : Cob Défassa, GF : Galerie Forestière, B : Buffle, Gif : Girafe, CB : Cob de Buffon.

Dans l'ensemble, les activités anthropiques sont significativement pratiquées (÷2 = 228,46 ; ddl = 24 ; P < 0,01) en fonction des corridors. L'agriculture (74,22 %) des activités anthropiques (Tableau 1) a été pratiquée de manière prépondérante et non significative en fonction des corridors (÷2 =

33

12,17 ; ddl = 6 ; P < 0,01). Ce résultat peut se justifié par la dépendance des populations à cette pratique. Vounserbo (2011) a montré que la coupe de bois (61,54 %) a été l'activité prépondérante dans six corridors à l'exception du corridor Cob de Buffon. La différence entre ces résultats peut être due aux années qui séparent les deux travaux et à la méthode adoptée par ce dernier et dont le point d'entrer dans le corridor a été parallèle à la route nationale N°1. Tagueguim (2010) par contre, a montré que la pratique pastorale et le braconnage sont plus représentés que l'agriculture. En saison sèche, les pratiques agricoles préalables aux semis sont caractérisées par la coupe de la quasi-totalité des arbres dans les champs (Photo 4a) et par l'utilisation des herbicides qui laissent les sols nus au cours des contre saisons (Photo 4b). Ces résultats sont contraires à ceux de Vounserbo (2011) et Boukeng (2015) qui ont remarqué que l'agriculture extensive sur brulis était à l'origine de la destruction du couvert végétal dans les corridors. En saison des pluies, la physionomie des corridors est constituée de cultures de maïs (Zea mays ; L., 1753 ; Photo 4c), d'arachide (Arachis hypogea ; L., 1753 ; Photo 4d), de coton (Gossypium hirstum ; L. Photo 4e) et d'igname (Dioscorea rotonda ; Photo 4f).

E : 1/200

E : 1/25

34

Photo 4 : Différentes pratiques agricoles dans les corridors du Parc National de la Bénoué

35

Fort malheureusement, les pratiques agricoles fragilisent les sols et les rendent vulnérables aux intempéries climatiques dont l'une des conséquences notoire est le processus d'érosion (Photo 5a), facilité par les semis faits pour la plupart dans le sens de la pente. Les phénomènes d'érosion hydrique en nappe (Photo 5b) et en rigole (Photo 5c) sont les plus observés avec leur corollaire en termes de perte de terres arables et dont des sols pour l'agriculture. L'activité agricole a été étroitement liée à la construction des cases dans les corridors pour diverses fins (abrit, stockage des récoltes, lieu de vie...).

E : 1/20

E : 1/40

Photo 5 : Phénomènes d'érosion dans les corridors du Parc National de la Bénoué

Le processus d'urbanisation (9,53 % des activités anthropiques) (Tableau 1) a été rencontré de manière significative (÷2 = 107,74 ; ddl = 6 ; P < 0,01) dans trois corridors : Eland de Derby, Cob Défassa et Cob de Buffon. Dans ces

36

37

corridors, l'urbanisation est faite de manière artisanale à l'aide des briques de terre (Photo 6a) pour la construction des cases, de la paille pour la construction des cases traditionnelles, des clôtures (Photo 6b) et de paillottes pour la construction des toits de case (Photo 6c). Dans certains corridors, les sols sont fortement sollicités au point ou les cours ont servi de jardins de case (Photo 6c).

Photo 6 : Indices d'urbanisation

L'activité de carbonisation (7,19 %), est pratiqué différemment (÷2 = 71,14 ; P < 0,01 ; ddl = 6) dans les corridors Girafe, Buffle et Cob de Défassa (Tableau 1). Cette pratique consiste à la coupe et l'entreposage de bois (Photo 7a), suivi de l'ensevelissement (Photo 7b), de la carbonisation (Photo 7c) jusqu'à la récolte du charbon (Photo 7d et 7e) et la commercialisation (Photo 7f). Le charbon, source importante de revenu pour les riverains est à l'origine de la déforestation et de la pollution passive.

Photo 7: Processus de fabrication du charbon dans les corridors

La pratique pastorale n'a pas varié significativement en fonction des corridors (÷2 = 4,04 ; ddl = 6 ; P > 0,05) (Tableau 1). Elle a été plus pratiquée en

38

saison sèche et a concerné principalement l'élevage des bovins. Cette activité contribue à la déforestation, plus particulièrement de l'espèce Afzelia africana (Fabaceae) (Photo 8a) appelée en langue locale « Bambam ». Le nombre important d'individus par troupeaux a favorisé le surpâturage et la compaction des sols des pistes créées par le bétail (Photo 8b). En saison de pluies, ces pistes deviennent des rigoles pour l'écoulement des eaux (Photo 8c).

Photo 8: Indices de la pratique pastorale

L'orpaillage, qui consiste à la recherche artisanale de l'or a aussi bien été pratiqué sur la terre ferme que dans les lits des mayo (Photo 9). La pratique intensive de l'orpaillage a été significative (÷2 =33,37 ; P < 0,05 ; ddl = 6) à Eland de Derby, que dans Hippotrague et Galerie Forestière (Tableau 1).

39

Photo 9 : Site d'orpaillage sur terre ferme abandonné

Il ressort de l'analyse sur l'inventaire des activités anthropiques que le degré et le rythme d'anthropisation ont varié en fonction des corridors mais, n'ont pas été similaire sous la base de l'utilisation des ressources du sol. Les activités anthropiques, aux usages multiples ont eu pour point commun la destruction de la flore et du biotope. Le bois issus de cette destruction a été exploité à titre personnel et commercial. Cependant, ces activités ont inévitablement entrainées la création des routes sur lesquelles la vitesse d'écoulement des eaux a été plus importante que sur les sols avec une couverture végétale dont les herbacées constituent un frein non seulement à l'érosion mais aussi à l'impact des rayons solaires et des gouttes de pluies. Cependant, les causes de ces facteurs sont multiples et diversifiés.

III.2. Causes de la pression anthropique et des facteurs de dégradation des sols dans les corridors du Parc National de la Bénoué

L'analyse des réponses obtenues lors des enquêtes sur un total de 120 personnes dont 89,17 % sont des migrants venus de l'Extrême-Nord-Cameroun et 10,83 % des autochtones a fourni des informations récapitulées dans le tableau 2. Cet échantillon de la population est constitué de 57,95 % des scolarisés migrants et de 53,85 % de scolarisés autochtones. L'ancienneté des migrants déplacés des guerres ou à la recherche de terres fertiles a été de moins de 10 ans dans cette localité. Ces migrants sont propriétaires de surfaces relativement réduites, en raison de leurs effectifs pléthoriques, du manque de

40

moyens financiers et humains. Indépendamment de l'origine des agriculteurs, la pratique de la monoculture sur sols préalablement déboisé (moins cinq arbres par champ) associée à la rotation des cultures est de rigueur. Cette technique agricole (monoculture sur sols préalablement déboisé) est contraire à celle observée dans la ZIC 19 situé à Tchéboa (Région du Nord-Cameroun) où les agriculteurs pratiquent plus de deux systèmes agro-forestiers avec une moyenne de 25 arbres hectare (Boukeng, 2015). Même si les agriculteurs sont conscients du phénomène de dégradation des sols, l'utilisation des herbicides (Photo 10a

10b) et des engrais en l'occurrence l'azote, le phosphore et le potassium (Photo

10c) est plus sollicitée que la pratique de défrichage manuelle et de labour.

Photo 10 : Intrants utilisés en agriculture dans les corridors du Parc National de la Bénoué

Pendant les périodes de contre saison, les occupations des populations sont diversifiés (commerce, orpaillage, chômage, pèche). La baisse de la fertilité des sols dans la région de l'Extrême-Nord Cameroun est due à l'utilisation intensive des intrants (engrais NPK, herbicides...) et à la réduction des périodes de la jachère (Jekalbe, 2010).

Tableau 2 : Statistique des enquêtes sociales

Paramètres

 

Variables

Origine

 

Migrants

Autochtones

Niveau d'étude

 

Aucun

4206

(%)

4615

(%)

 
 

Primaire

43,93

38,46

 
 

Secondaire

1402

1538

 
 

< 5 ans

5701

0

Ancienneté

dans

la 5 = ans = 10 > 10 ans

4299 0

0

100

41

Causes du déplacement Guerre 1682

Recherche de terres fertiles 6262

Recherche de nouvelles 2056

0

0

0

Superficie du champ < 2 ha

terres

> S < 4

S > 5 ha

76642

2336 0

3846

4615

15 38

Types d'agriculture Monoculture

Polyculture

Rotation des cultures

100 0

100

100 0

100

Utilisation des herbicides Avant le semis

Après la levée

100

9252

100

100

Labour Avant le semis

Post levé

0

748

0

100

Utilisation des engrais

Non

95,33

4 67

100 0

(NPK) < 5

Nombre d'arbres dans le

5 > Nombre d'arbres < 7

100 0

92,31

769

Commerce

Activités post récolte Orpaillage

Chômage

Autres (pêche loisir)

des sls lOui

3271 1402 44,86 841

4615 0 3077 1538

Connaissance du Oui

Non

100 0

100 0

phénomèe de

Méthode de conservation Oui (rotation des cultures)

Non

4766

5234

8462

1538

Méthode de restauration Oui (jachère et 2710

b

Non 7290

6154

3846

II.3. Cartographie de l'occupation du sol entre 2005 et 2015

L'analyse cartographique, comparée sur une période de 10 ans, a permis de constater une régression de la végétation 37,98 % (forêts galeries, forêts claires et savanes boisées caractérisé par la dominance de la couleur verte sur la figure 4a) au profit des bâtis, des sols nus, exacerbés par la mise en place des parcelles de culture (Figure 4b).

Figure 4 : Cartographie de l'occupation du sol entre 2005 et 2015

Le tableau 3 présente les superficies en pourcentage et en hectare des types d'occupation des sols.

Tableau 3 : Evolution de l'occupation des sols entre 2005 et 2015

1,45 1648,01

ge

33,57 44900,8

44,77 45172,3

Pourcenta Hectare

Surface en 2005 Surface en 2015

Différences

24

21854 5

s 19 55 81 57097 3 36 57 35242

42

Occupation du

sol

Bâtis et sols Forêts galeries

nus

Forêts claires

et savanes

boisées Champ

Pourcenta Hectare

2,86 3251,76

ge

11,36 19723,3

29,49 33503,2

Pourcenta 1,41

ge

22,21

15,28

Hectare

1603,75

25177,4

11669,1

2 8

43

Ces résultats mettent en exergue l'ampleur des facteurs de dégradation sur l'avenir des sols dans le PNB. Ces résultats sont différents de ceux d'Amadou (2015) qui a comparé sur une période de 10 ans et a montré une régression de 5,49 % des forêts galeries et de 57,14 % des forêts claires et des savanes boisés contre une évolution des sols nus de 14,87 %.

III.4. Evaluation des propriétés des sols dans les corridors du Parc National de la Bénoué

Les propriétés du sol des champs (CH) et des sols témoins (sol en jachère (T1) et sol permanemment nu (T2)) sont évaluées sur le terrain et au laboratoire.

III.4.1. Evaluation in situ des sols dans les corridors du Parc National de la Bénoué

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein