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Contact et usage des langues dans l'espace médiatique algérien: de la créativité au quotidien

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par Moussa LAHOUAM
Université Badji Mokhtar Annaba - Master FLE 2015
  

Disponible en mode multipage

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Sommaire

Remerciements 2

Dédicace 3

Résumé 6

Introduction générale 9

CHAPITRE I: Méthodologie et cadrage théorique 13

I- Positionnement du problème de rechèrche 14

1- Objectif 14

2- Problématique 15

3- Hypothèse(s) 16

4- Motif du choix 16

5- Méthodologie 17

6- Corpus.............................................................................................................................17

6.1-Présentation du corpus...........................................................................................18

6.2- Conditions de recueil des données.......................................................................18

6.3-Transcription du corpus.........................................................................................19

6.4- Conventions de transcription...............................................................................20

II- Cadrage théorique 22

1- La situation sociolinguistique en Algérie 22

2- Evolution de l'arabe dialectal 24

III- Définitions de notions et concepts 25

1- Le contact des langues 25

2- Le bilinguisme 26

3- L'alternance codique 27

4- L'emprunt 29

5- Le code mixing et le métissage linguistique 29

6- Le lexique 30

7- La créativité lexicale ou le néologisme 30

IV- L'usage des langues dans la télévision en Algérie 31

1- Définition des médias 31

2- Aperçu sur l'évolution de la télévision algérienne 32

3- L'arabe dialectal dans l'espace médiatique 33

CHAPITRE II: Analyse du corpus 34

I- Procédés creatifs lexicaux 35

1-L'affixation 35

2- La simplification 36

3- Les changements sémantiques 37

II- Prcocédés créatifs morphosyntaxiques 38

1- Conjugaison des verbes 38

2- La négation 39

3- Le genre 39

4- Le pluriel 39

CHAPITRE III: Résultats et conclusion 40

I- Particularité de l'emprunt algérianisé 41

II- Vérification de l'hypothèse 42

Conclusion générale 47

Bibliographie..........................................................................................................................49

Sitographie..............................................................................................................................52

Remerciements

Je tiens à exprimer mes remerciements les plus vifs à ma directrice de rechèrche la professeure TEMIM Dalida pour ses inestimables conseils, sa précieuse assistance et sa patience à mon égard.

Mes chaleureux remerciements vont également aux membres du jury qui ont accepté de lire et d'évaluer mon travail, ainsi que de participer à cette soutenance.

En définitive, je témoigne de ma profonde reconnaissance et ma gratitude à mon responsable de master, le docteur BAHLOUL Noureddine ainsi qu'à tous mes enseignants, qui depuis tant d'années m'encouragent et dont le soutien m'a permis d'aller jusqu'à la fin de mes études.

Dédicace

Je dédie ce modeste travail :

A la mémoire de mes grands parents : Tayeb et Lyamna (Zeghouda)

A mes parents, à qui, je souhaite une heureuse et longue vie.

A ma petite famille, ma femme et mes enfants

A tous mes collègues les étudiants et les étudiantes

Résumé

L'Algérie connait un plurilinguisme de fait  qui ne cesse de marquer les usages quotidiens de tous les algériens. Le plurilinguisme en question se traduit par la coexistence de l'arabe standard, l'arabe dialectal, le berbère et le français1(*). Les pratiques linguistiques médiatiques manifestent une prise en charge de cette diversité linguistique et culturelle. I. Chachou2(*) soutient qu'« Aujourd'hui, l'environnement médiatique est moins cloisonné sur le plan linguistique où on y constate une diversité dans les usage ». En effet, les chaines de télévisions, en particulier, s'avèrent être un lieu de liberté langagière et d'innovation linguistique et trouvent leur source dans le discours social. A cet effet, nous pouvons avancer que les chaines de télévision ont participé plus ou moins activement à la diffusion et la promotion de l'arabe dialectal dans toutes ses variétés. Ainsi, ce parler retrouve sa capacité de création et se transforme en une norme endogène dont les principales caractéristiques sont la mixité et l'hybridité linguistique, qui se manifestent à travers l'appropriation et l'adaptation du français à un contexte local. C'est à ce phénomène de métissage dans les productions linguistiques que nous nous intéresserons dans le présent mémoire.

Mots clés: Plurilinguisme, arabe dialectal, médiatique, innovation linguistique, discours social, norme endogène, mixité et hybridité linguistique.

Summary
Algeria knows a de facto multilingualism which does not stop marking the daily uses of all the Algerian. The multilingualism in question is translated by the coexistence of standard Arabic, dialectal Arabic, Berber and French. The media linguistic practices show a coverage (care) of this linguistic and cultural diversity. Chachou supports that " today, the media environment is less divided up on the linguistic plan where we notice a diversity in the uses(practices) there. ". Indeed, television channels, in particular, turn out to be a place of linguistic freedom and linguistic innovation and find their source (spring) in the social speech. For that purpose, we can move forward that television channels participated more or less actively distribution (Broadcasting) and the promotion of dialectal Arabic in all its varieties. So, to speak it finds its capacity of creation and is transformed into an endogenous standard the main characteristics of which are the coeducation(mixing) and the linguistic hybridity, which show themselves through the appropriation and the adaptation of French to a local context. It is in this phenomenon of interbreeding in the linguitiques productions that we shall be interested in the present report.

Keywords: multilingualism, dialectal, media Arabic, linguistic innovation, social speech, endogenous standard, coeducation (mixing) and linguistic hybridity.

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ÊÚÑ ÇáÌÒÇÆÑ ÊÚÏÏÇ áÛæíÇ íÊÌáì ãä ÎáÇá ÇáããÇÑÓÉ ÇáíæãíÉ ááÌÒÇÆÑííä íÙåÑ åÐÇ ÇáÊÚÏÏ ÇááÛæí ãä ÎáÇá ÇáÊÚÇíÔ Èíä ÇááÛÉ ÇáÚÑÈíÉ ÇáÕÍì, ÇáÚÑÈíÉ ÇáÏÇÑÌÉ, ÇáãÇÒíÛíÉ æ ÇáÑäÓíÉ .

Åä ÇáããÇÑÓÇÊ ÇááÛæíÉ ÇáÅÚáÇãíÉ ÊáÚÈ ÏæÑÇ ßÈíÑÇ í ÇáÊßá æÇÍÊÖÇä åÐå ÇáÊÚÏÏíÉ ÇááÛæíÉ æÇáËÞÇíÉ. ÊÄßÏ ÅÈÊÓÇã ÔÇÔÑ í åÐÇ ÇáãÌÇá : "áÞÏ ÕÈÍ ÇáãÌÇá ÇáÅÚáÇãí Çáíæã Þá ÅäÛáÇÞÇ Úáì ÇáãÓÊæì ÇááÛæí, ÍíË ÕÑäÇ äáÇÍÙ ÊÚÏÏíÉ í ÇáããÇÑÓÉ".

í ÇáæÇÞÚ ÕÈÍÊ ÇáÞäæÇÊ ÇáÊáÒíæäíÉ ÈÇáÎÕæÕ, ãßäÉ ááßáÇã æ ÇáÊÌÏíÏ ÇááÛæí æÇáÅÈÊßÇÑ ÍíË äÌÏ ÖÇáÊåÇ í ÇáÎØÇÈ ÇáÅÌÊãÇÚí.

áåÐÇ ÇáÛÑÖ, íãßääÇ ÇáÞæá Èä ÇáÞäæÇÊ ÇáÊáÒíæäíÉ ÓÇåãÊ Úáì ÇáÞá í äÔÑ æÊäãíÉ ÇááÛÉ ÇáÚÑÈíÉ ÇáÏÇÑÌÉ Èßá áåÌÇÊåÇ.

æÈåÐÇ ÊÌÏ åÐå ÇááÛÉ ÞÏÑÊåÇ Úáì ÇáÅÈÏÇÚ æÊÊÍæá ÈÐáß Åáì áÛÉ ãÍáíÉ ãÈäíÉ Úáì ÎÕÇÆÕ ÇáãÒÌ æ ÇáÊåÌíä ÇááÛæííä ãä ÎáÇá ÅÓÊÛáÇá ÇááÛÉ ÇáÑäÓíÉ áÛÑÇÖ ãÍáíÉ . æáÙÇåÑÉ ÇáÎáØ í ÇáÅäÊÇÌ ÇááÓÇäí åÐå , ÓäÎÕÕ åÐÇ ÇáÈÍË

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Introduction générale

Soucieux d'éclairer les faits linguistiques émergeants et impliquant des situations de contact et de brassage socio-langagiers, plusieurs chercheurs ont tenté de comprendre, d'une part, les relations qu'entretiennent les médias et les langues en présence. D'autre part, de répertorier celles dont l'usage y est récurrent3(*). Dans le contexte algérien, nous pouvons citer Ibtissem Chachou (2011 : 160), qui sous le titre de « Langues et communication médiatique en Algérie », consacre une partie entière de sa thèse à la question des langues dans le paysage médiatique algérien. Dans cette partie, l'auteure a répertorié toutes les langues en usage dans l'espace médiatique algérien en trois catégories: La langue française, les langues algériennes (arabe dialectal et le berbère) et l'arabe institutionnel.

Pour ce qui nous concerne, nous constatons d'une part que les chaines de télévision sont des lieux de circulation de plus d'une langue. Nous pouvons donc avancer qu'il s'agit d'une situation bilingue dans la mesure où les participants alternent, très souvent, l'arabe dialectal et le français. D'autre part nous constatons qu'avec l'émergence de l'espace audiovisuel, l'arabe dialectal gagne du terrain dans les chaines télévisées. Ainsi, de nombreuses émissions de variété sont diffusées dans ce parler. Certaines chaines proposent même des journaux d'information en arabe dialectal, c'est le cas par exemple d'El Djazairia.

L'arabe dialectal ou la Derja est, comme le souligne A.Arezki, (2008 : 23), la langue parlée de la majorité des natifs algériens. Les nombreux accents qu'il génère ne constituent aucun obstacle à la communication et demeurent largement compréhensibles par la plupart des interlocuteurs. Ainsi, il s'impose en tant que première langue véhiculaire en Algérie, charriant toute une culture populaire. Il convient de mentionner que parmi les langues présentes, il est le plus révélateur sur l'identité du locuteur algérien. Le célèbre humoriste et comédien Mohamed Fellag décrit l'arabe dialectal comme étant sa langue qu'il « ... parle naturellement, et elle est comprise naturellement, parce que le public est comme moi, que ce soit au marché, dans la rue, dans le bus ou dans les milieux scientifiques, les gens parlent comme ça ! [...] Je ne suis pas linguiste, mais je pense que c'est comme ça que les langues sont faites, en se mélangeant à d'autres langues4(*)».

Néanmoins, ce parler est fortement dévalorisé au plan officiel et inapte à véhiculer les sciences et à être enseigné à l'école. Il est souvent perçu comme langue stigmatisée qui  n'est pas pure, truffée de mots étrangers venant de différentes langues et ne possède pas de grammaire fixe5(*). Dans l'un de ses discours lors d'une visite à travers les wilayas de l'est du pays, le président Abdelaziz Bouteflika déclare:« Je ne parviens pas à déterminer quelle langue parlent les Algériens. Ce n'est ni de l'arabe, ni du français ni même de l'amazigh [...] ce n'est qu'un mauvais mélange, des propos hybrides que l'on comprend à peine. Prenons l'exemple le terme mayixistiche (cela n'existe pas), qui ne peut être compris que par l'Algérien du XX1e siècle5(*) ». 

Le contact de l'arabe dialectal avec les langues qui coexistent en Algérie, notamment le français, a engendré plusieurs cas d'hybridité6(*). Procédé très présent dans les pratiques des locuteurs algériens qui, en mixant différents traits linguistiques propres à ces deux langues, font preuve d'une grande capacité de créativité lexicale. Cette créativité, ou néologie, se distingue entre autres par le recours à un emprunt très particulier, désormais « emprunt algérianisé »7(*), qui aboutit à la production de mots composites dont les radicaux appartiennent à la langue française alors que les préfixes et les suffixes sont en arabe dialectal. Les termes crées sont tout de suite intégrés dans la morphologie lexicale du système de l'arabe dialectal et ne sont plus ressentis et considérés comme mots étrangers au point où les locuteurs n'ont plus la conscience d'utiliser un mot français.

Nous avons structuré notre travail en trois chapitres.

Le premier chapitre sera réservé à la méthode de travail et au cadrage théorique. Nous y décrirons, dans un premier temps, la situation sociolinguistique en Algérie, tout en mettant l'accent sur l'arabe dialectal et les facteurs qui ont favorisé son émancipation. Par la suite, nous y exposerons les notions et les concepts de base qui serviront d'outils dans notre analyse. Nous donnerons également dans ce chapitre, un aperçu du paysage audiovisuel algérien et les langues qui y sont en usage. Il convient de noter que les médias seront abordés dans cette étude en tant que moyens contribuant à la vulgarisation et l'innovation de l'arabe dialectal, et non en tant que facteur ou fonction conversationnelle influençant les comportements langagiers des sujets parlants. I. CHACHOU, (2011: 11), considère que: « les médias, jouissant d'une puissance de diffusion qui va crescendo et d'une autorité à dire le monde [...] et à l'interpréter, ils contribuent fortement à l'évolution des langues et à leur dynamique »8(*). Nous terminerons ce chapitre par la présentation de notre corpus, les circonstances du recueil des données ainsi que les conventions de transcription utilisées.

Le deuxième chapitre, pratique, sera consacré à l'étude des procédés de création lexicale et à l'analyse des structures morphosyntaxiques dans l'arabe dialectal. Cette étude sera illustrée par des lexies néologiques et des énoncés extraits de leurs contextes discursifs émanant de notre corpus. Elle portera sur des processus qui se résument principalement en : L'affixation préfixale et suffixale, la mutation sémantique, détournement de sens, et en fin de la simplification. Il s'agit d'abandonner certains phonèmes ou les remplacer par d'autres plus simples, processus que nous analyserons en nous basant sur le modèle insertionnel de Carol. Myers-Scotton: the Matrix Language Frame que nous expliquerons par la suite.

Le troisième chapitre, récapitulatif, sera consacré à l'analyse des résultats obtenus, à les mettre en relation avec la problématique et à voir si les interrogations posées au début de la recherche ont pu avoir des éléments réponses.

CHAPITRE I

Méthodologie et cadrage théorique

Nous proposerons dans ce qui suit d'expliciter notre objectif de recherche ainsi que la problématique qui a motivé la réalisation de ce mémoire

I- Positionnement du problème de recherche

1- Objectif

Les sociolinguistes ont démontré que tout groupe, se construisant comme tel, vise à produire et à valoriser ses traits linguistiques emblématiques, aboutissant à une variété de langue et parfois à long terme à une langue spécifique9(*). L'arabe dialectal n'échappe pas à cette dynamique de construction, et subit des transformations dont les principales caractéristiques sont le métissage linguistique et l'hybridité néologique. Ces mutations se manifestent à travers l'acclimatation10(*) du français aux règles du code de l'arabe dialectal. Il prend ainsi des formes et des couleurs en vu de répondre à un besoin langagier de contexte local. A cet égard M. BENRABAH, (1999: 177) souligne: « La créativité linguistique qui caractérise le locuteur natif [...], dictée par des besoins immédiats de communication, produit une situation de convivialité et de tolérance entre les langues en présence...».

Dans ce modeste travail, qui s'inscrit dans une perspective descriptive et qualitative, nous nous intéressons aux procédés créatifs lexicaux et morphosyntaxiques dans l'arabe dialectal. Autrement dit, nous nous focalisons sur le processus que suivent les locuteurs pour produire des termes et des expressions, dont la forme la plus saillante, est l'emprunt de traits linguistiques. Il ne s'agit pas ici d'un emprunt dû à un besoin qui conduit une langue à prendre un trait ou une unité lexicale dans une deuxième langue, tel que défini par Dubois et Al. Ces auteurs affirment qu'il y a emprunt linguistique « quand un parler A utilise et finit par intégrer une unité ou un trait linguistique qui existait précédemment dans un parler B (dit langue source) et que A ne possédait pas; l'unité ou le trait empruntés sont eux-mêmes qualifiés d `emprunts»11(*). En outre, l'emprunt algérianisé se manifeste inversement. Il se distingue par l'ajout des traits linguistique de l'arabe dialectal comme les (désinences, les flexions, les pronoms personnels, les déterminants, les éléments de négation...), malgré l'existence de traits équivalents, aux radicaux (des verbes, des noms, des adverbes, des adjectifs...) français. Citons, à titre d'exemple: le verbe votina (nous avons voté), le nom lcachiet (les cachets), l'adverbe belbien (aisément). En d'autres termes, c'est l'arabe dialectal qui emprunte à la langue française ses traits linguistiques pour la production de nouveaux termes en arabe dialectal, pour les adopter par la suite. Nous envisageons dans le cadre de notre étude de comprendre les procédés de construction de ces catégories ou classes de mots et dégager les raisons qui amènent les participants à pratiquer ce « transcodage »12(*) au cours des émissions d'Echaab yourid d'Echourouk TV et de Sarih jidan d'Ennahar TV.

2- Motif du choix

Deux raisons ont motivé notre choix:

D'une part, la question des langues en Algérie qui est toujours d'actualité. D'autre part le contexte médiatique qui a permis à notre corpus de se matérialiser. Le corpus soumis à l'analyse se réfère à deux émissions de télévision. Il s'agit de l'émission Echaab yourid (ce que veut le peuple) émise par la chaine Echourouk TV et de l'émission Sarih jidan (en toute franchise) émise par la chaine Ennahar TV. Ces chaines sont arabophones, toutefois, elles tolèrent l'utilisation d'autres langues entre autres le français mixé à l'arabe dialectal. Cependant, l'arabe standard censé animer ces émissions est peu présent.

3-Problématique

De nombreuses problématiques ont été étudiées afin d'éclairer la situation sociolinguistique algérienne13(*). La plupart de ces problématiques ont porté un regard sur les différentes marques transcodiques existant dans les usages quotidiens des locuteurs algériens. Parmi ces marques, il y a lieu de relever le métissage linguistique. Ce dernier constitue un intérêt certain pour tout chercheur qui s'intéresse à l'étude de l'hybridation lexicale. Celle-ci résulte- dans le cas qui nous concerne- d'un processus d'alternance continu entre arabe dialectal et français parlé. Ce processus d'alternance est caractérisé par la production de termes composites où prédomine le phénomène d'emprunt algérianisé. A cet égard, CHRISTIAN Baylon (1991 :122), soutient : « dans certaines conditions, la société peut être un lieu de création, de naissance d'une langue et de sa structuration : c'est le cas de ce que l'on a coutume d'appeler des langues mixtes, des langues naturelles empruntant certains traits à une langue et certains traits à d'autres ». Le questionnement qui fonde notre recherche est de mesurer les conséquences de la créativité lexicale, ci-dessus décrite, sur les pratiques langagières actuelles. Autrement dit, tenter de comprendre si ce phénomène de transfert de trait d'une langue à l'autre : ici arabe dialectal vers le français et inversement, répond nécessairement à un besoin langagier imposé par des « situations de communication »14(*) 

4- Hypothèse(s)

Une seule hypothèse alimente notre analyse et qui se résume comme suit:

L'arabe dialectal envahit les médias audiovisuels algériens et propose ainsi de nouvelles donnes. Par le biais des différents contacts qu'il entretient avec le français, il prouve de jour en jour ses capacités d'innovation ainsi que son adaptabilité aux mutations socio-économiques, socioculturelles et technologiques. Ces pratiques langagières tendent à se généraliser pour toucher la société tout entière notamment lorsqu'il s'agit de communication dont le référent est local.

5-Méthodologie

Pour analyser le corpus, notre étude prend appui sur le modèle insertionnel de Carol. Myers-Scotton (1993, 1997, 2002) : The Matrix Language Frame15(*) Ce modèle insertionnel est fondé sur la hiérarchie des deux langues en contact. Il distingue entre la langue matrice (ici, l'arabe dialectal), celle qui génère le cadre morphologique et syntaxique de l'énoncé dans lequel s'insère l'autre langue, dite enchâssée (ici, le français).

Nous précisons que ces deux langues ne participent pas de la même manière dans la construction du nouveau lexique. La langue matrice fournit les éléments grammaticaux pertinents syntaxiquement tel que les déterminants et les désinences, tandis-que la langue enchâssée, elle, pourrait contribuer par les morphèmes servant de base comme par exemple les radicaux et les racines. Ce processus est nécessaire pour que la néologie puisse se réaliser.

6- Corpus

La sociolinguistique est une discipline qui favorise le terrain. Elle veut étudier la langue utilisée dans la communauté linguistique, la langue dans son usage quotidien. Elle travaille sur un corpus, et sa méthode consiste à enregistrer les locuteurs dans des interactions ordinaires.

Ce dernier est défini comme un ensemble des faits collectés, recueillis grâce à une enquête menée selon des règles établies empiriquement et conduites grâce aux techniques de l'observation directe, du questionnaire et de l'entretien. A cet égard, John Sinclair définit le corpus comme: « une collection de ressources langagières sélectionnées et organisées à partir des critères linguistiques explicites et destinées à servir d'échantillons representatives 16(*)

Quant à Maingueneau (2009: 39), il le définit comme « un recueil plus au moins large, parfois exhaustif, de données verbales ou non verbales [...] que l'on veut étudier. »16(*)

6.1-Présentation du corpus

Le corpus sur lequel nous avons travaillé est constitué de quatre enregistrements télévisés équivalents à 31 minutes et 33 secondes. Le premier est tiré de l'émission Echaab yourid d'Echourouk TV, enregistré à Skikda et émis en 2014. Cet enregistrement est d'une durée de 12,34 minutes et traite le thème des élections présidentielles de 2014.

Les trois autres enregistrements sont extraits de l'émission Sarih jidan d'Ennahar TV.

Ainsi le premier est enregistré à Alger, émis en 2014, d'une durée de  2.50 minutes et traite la vente de la drogue et des psychtropes. Quant au deuxième, il est enregistré dans la ville d'Oran, émis en 2014, d'une durée de 09.17 minutes et traite le thème de la dote de la mariée. Quant au troisième, il est enregistré à Alger, émis en 2014, d'une durée de 07. 32 et traite le thème de l'absence de la femme algérienne supporteuse dans les stades.

Il s'agit d'interactions verbales qui tiennent à la fois de la conversation et du dialogue. Une sorte d'interview informelle enrégistrée dans des lieux publics où le nombre des participants, la durée et l'alternance des tours de paroles ne sont pas prédéterminés. Par contre, ce qui est fixé au début de chaque émission est le thème de l'échange. Une fois réalisées, ces émissions sont retransmises quotidiennement en différé à 08 heures 35 minutes sur la chaine Echourouk tv et à10h 50 minutes sur la chaine Ennahar tv.

6.2- Conditions de recueil des données

Ces numéros ont été choisis d'une façon aléatoire sur you tube, site web d'hébergement de vidéos sur lequel les utilisateurs peuvent envoyer, regarder et partager des vidéos. Toutefois, nous avons pris en considération certains critères qui pourraient servir notre objectif notamment le phénomène du métissage linguistique, la disparité des interlocuteurs en ce qui concerne (le sexe, l'âge et l'origine géographique). Nous avons recueillis des émissions enregistrées à l'est du pays (Skikda), au centre (Alger) et à l'ouest (Oran). Les enregistrements en question touchent des hommes et des femmes de tout âge.

6.3- La transcription du corpus

Dans le but de simplifier le traitement et l'accès au corpus, il est nécessaire de le transcrire. Traverso (2007 :23), voit dans cette étape « une préparation indispensable du corpus, à travers laquelle on cherche à conserver à l'écrit le maximum des traits de l'oral. ».

Pour faciliter la lecture du corpus, nous avons choisi une transcription orthographique non phonétique, nous avons suivi en cela Traverso pour qui

« D'une manière générale, on n'utilise pas de transcription phonétique, trop difficile à lire, mais des transcriptions orthographique, plus au moins standard et adaptées » (Traverso 2007, Ibid).

Il nous semble important de signaler quelques difficultés que nous avons rencontrées lors de la transcription de notre corpus. En effet, certains passages nous ont échappé surtout lorsque les interpelés répondaient en même temps aux journalistes. Ces chevauchements de plusieurs voix nous ont empêchés de décoder certains segments.

Comme la langue de base des productions verbales des participants aux émissions Echaab yourid et Sarih jidan est l'arabe dialectal avec des passages contenants des propos hybrides (métissés) à certains points du discours, nous avons donc procédé à la traduction des mots produits, en langue française.

6.4-Les conventions de transcription

Evoquant les conventions de transcription, Traverso (1999 : 24), affirme: « il n'y a pas aujourd'hui un système de transcription unifié, chacun forge son système du moment que la transcription répond aux contraintes de précision, de fidélité et de lisibilité...»

En nous appuyant sur des modèles de transcription rencontrés dans des travaux antérieurs, notamment ceux menés par Traverso (2007) et en nous inspirant des travaux de SADI Nabil dans sa thèse « L'usage du français à la chaine III : Aspects syntactico-sémantiques », nous avons pu construire nos propres conventions de transcription que nous résumons en ce qui suit :

- La traduction des énoncés émis en arabe dialectal est indiquée en italique.

- Les termes métissés (produits par le mixage du français et l'arabe dialectal) sont signalés par la mise en « gras ».

- La traduction littérale des termes métissés est mise entre parenthèse.

- Les participants à l'émission sont indiqués par les initiales (L1, L2, L3.. .), à l'exception des journalistes enquêteurs est indiqué par J.

- Nous avons chiffré toutes les interactions, chaque tour de parole correspond à un numéro allant de « 1 » jusqu'à la fin de la séquence transcrite et ce afin de faciliter le recours aux text

Pour ce qui est de transcription des passages de l'arabe dialectal, nous les avons orthographiés en graphie latine standard avec certains aménagements, compte tenu de certaines caractéristiques phoniques de l'arabe dialectal.

Nous résumons ci-après les conventions de transcription et les symboles retenus dans le cadre de notre travail :

[ : Interruption et chevauchement, le crochet apparait sur chacune des deux lignes. En voici un exemple tiré de la séquence(1), du premier enregistrement de l'émission de Sarih jidan d'Ennahar tv, dont le thème est la vente de drogue et des cachets.

L2 : [taa burou mondeouvre (bureau main d'oeuvre)

L1 : [taa burou mondeouvre. Machi haja.

:: Allongement d'un son

+ Pauses courtes

++ Pauses longues

` Chute d'un son

// Intonation montante

/ Intonation descendante

?? Pour indiquer les voix non identifiées

TR : traduction

(Rire, toux) : note rire

(Rire collectif) : note rire collectif

(Silence) : note silence

Les interjections genre « euh », marquant les hésitations ou autres, sont notées selon leur transcription courante

*** Suite de syllabe incompréhensible

- Mot interrompu brutalement par le locuteur

II- Cadrage théorique

Afin de mettre en évidence la notion de créativité lexicale dans l'arabe dialectal, nous devons développer certains concepts théoriques. Ainsi, nous décrirons en premier lieu, la situation sociolinguistique en Algérie, tout en mettant l'accent sur les langues en contact et particulièrement sur l'arabe dialectal et son évolution. Nous définissons par la suite certains concepts comme le contact des langues, le bilinguisme, l'alternance codique ainsi que les phénomènes qui en résultent à l'instar de l'emprunt, le métissage linguistique, le lexique et le néologisme. Il s'agit de perspectives théoriques dans lesquelles s'inscrit notre travail et qui serviront par la suite d'outils pour notre analyse.

1- La situation sociolinguistique en Algérie

Le profil linguistique algérien est marqué, comme le soutient SEBAA. R. dans son article sur la culture et le plurilinguisme en Algérie:«... par une situation de quadrilinguité sociale : arabe conventionnel / français / arabe algérien / tamazight... ».

Toutefois, nous constatons que trois parmi ces quatre langues en usage, comportent chacune une référence à une communauté. Il s'agit premièrement du tamazight, institué langue nationale suite à l'article 03 bis de la constitution de 2002. Il est le plus anciennement parlé en Algérie. Cependant, il souffre de sa non-standardisation et de son éclatement en plusieurs dialectes vernaculaires variés. Nous citons essentiellement (le kabyle à Tizi-Ouzou et Béjaia, le chaoui à Batna et Khenchela, le m'zabi à Ghardaia, le tergui à Tamenrasset, le chenoui à Chenoua,..). Cet éclatement rend malaisée l'intercompréhension entre ses locuteurs.

Ensuite, vient l'arabe classique, qui conformément à l'article 03 de la constitution de 1976, était décrété langue officielle de la république. Il est peu utilisé par les populations et ne constitue aucunement la langue de l'usage quotidien et spontané. Il demeure ainsi circonscrit dans des espaces officiels fermés tels que les administrations, les médias, les lieux de culte et les établissements scolaires. K. Taleb El ibrahimi, (1998 :122), soutient à ce sujet [que]: « L'usage de l'A. S. (=Arabe Standard) s'amenuise au fur et à mesure que l'on s'éloigne des contextes formels, que l'on se rapproche des situations informelles».

Quant à la troisième langue, le français, ce dernier a occupé comme il le stipule l'article76 de la constitution de 1963, la place d'une langue seconde destinée à l'enseignement technique et académique nécessaire pour le développement du pays. La maîtrise du français est quasi-obligatoire pour tout postulant à un emploi supérieur, ce qui limite son usage correct à une élite de cultivés.

Cette différentiation des langues rend difficile l'interaction entre les locuteurs natifs. Une langue commune véhiculaire s'impose alors. Cette situation a poussé au choix intuitif par la population de l'arabe dialectal, langue maternelle de la majorité des algériens16(*). Il s'établit sur un substrat initialement berbéro-punique tout en comportant un important apport lexical de l'arabe classique, d'où il est directement issu et tire aussi son appellation17(*). Il a en outre été enrichi par les langues des groupes ayant influencé l'Algérie au cours de l'histoire notamment, le turc ottoman, l'espagnol et plus récemment le français.

Au fil des années, l'arabe dialectal connait des transformations importantes sur tous les niveaux : morphosyntaxique, lexical et sémantique, et une variété standard de cette langue tend à émerger.

2- Evolution de l'arabe dialectal

Partant ainsi d'un statut quasi officiel, faisant de lui un rival à l'arabe classique, l'arabe dialectal a servi de support à de nombreux travaux médiatiques et culturels relatifs au patrimoine national. Ceci s'illustre par les scénarios de films très réussis qui relatent des évènements historiques importants de la nation. Nous citons à titre d'exemple le film « Chronique des années de braise » de Lakhdar Hamina (palme d'or au festival de Cannes en 1975) et celui de « Cheikh Bouamama » écrit par l'ex ministre algérien de la culture Boualèm Bessayeh. Sur le plan artistique, nous trouvons la poésie populaire locale (les Kassaied), matière de base de la musique andalouse « Malouf » et « Chaabi ». OEuvres appartenant à des auteurs célèbres à l'image de Med Benguitoun, Sidi Lakhdar Ben khlouf et combien d'autres encore pour ne citer que ces deux là.Tous ces travaux sont réalisés, en cette époque d'après l'indépendance, à partir d'un arabe dialectal sans interférence avec le français.

Par la suite, ce parler s'est distingué par un recours à une alternance codique. Cette pratique langagière interfère généralement avec la langue française à laquelle s'ajoute souvent, selon le cas (origine sociale, qualités des participants et aussi le thème des discussions), une des variétés de tamazight (le kabyle, le chaoui, le tergui ou le m'zabi). Cette alternance de code a toujours préservé les règles de la syntaxe. C'est une forme de stratégie de communication-une compensation- loin d'une méconnaissance des langues parlées, puisqu'elle ne les altère pas et le sens des énoncés demeure inchangé.

L'arabe dialectal arrive enfin à un stade de métissage basé sur l'emprunt algérianisé que nous avons précisé supra. Cette situation a fait que ce parler adopte des termes nouveaux qui vont enrichir les interactions quotidiennes des locuteurs natifs de toutes les classes sociales. Dabène, (1981: 39) soutient à ce sujet: « En Algérie, le français conserve le statut de langue seconde pour toute une génération d'Algériens colonisés, il a laissé des traces importantes sous forme d'emprunts dans l'arabe dialectal ».

III- Définitions de notions et concepts

L'observation des pratiques langagières spontanées des locuteurs algériens dans les émissions télévisées révèle la réalité du métissage linguistique. On peut dire que le contact des langues notamment, l'arabe dialectal et le français, constitue principalement un répertoire ouvert dans lequel les locuteurs puisent leurs ressources langagières.

Le premier chercheur à avoir utilisé le terme de « contact des langues » est Weinreich (1953). Selon lui le contact des langues a d'abord lieu chez l'individu. Il oppose, de ce fait, la notion de contact de langues à celle de bilinguisme dans la mesure où le contact des langues renvoie à un état individuel (l'usage alternatif de deux langues) alors que le bilinguisme renvoie à la présence de (deux ou plusieurs langues) dans la société.

1- Le contact des langues

Selon Dubois & Al, le contact des langues est «l'événement concret qui provoque le bilinguisme ou en pose les problèmes[...]D'une manière générale, les difficultés nées de la coexistence dans une région donnée (ou chez un individu) de deux ou plusieurs langues se résolvent par la commutation ou usage alterné, la substitution ou utilisation exclusive de l'une des langues après élimination de l'autre ou par amalgame, c'est-à-dire l'introduction dans des langues ,de traits, appartenant à l'autre...»18(*).

Pour Hamers, « le contact des langues inclut toute situation dans laquelle une présence simultanée de deux langues affecte le comportement langagier d'un individu » (Hamers, in Moreau : 94). Ainsi, la présence de deux codes linguistiques qui peuvent avoir une incidence sur le comportement langagier des locuteurs est une situation de contact de langues.

En Algérie, La question du contact des langues a été enclenchée par de nombreux chercheurs depuis quelques années. Ainsi les travaux menés dans ce cadre, ont montré que l'Algérie est un pays plurilingue puisque l'on assiste à la coexistence de plusieurs idiomes, en l'occurrence l'arabe standard, l'arabe dialectal, le tamazight et le français. Parlant de la situation sociolinguistique en Algérie, Taleb-Ibrahimi (1998: 22), souligne que : « Les locuteurs algériens vivent et évoluent dans une société multilingue où les langues parlées, écrites, utilisées, en l'occurrence l'arabe dialectal, le berbère, l'arabe standard et le français, vivent une cohabitation difficile marquée par le rapport de compétition et de conflit... »20(*). L'auteure note que la société algérienne est multilingue dans la mesure où il y existe quatre langues différentes en usage quotidien chez les locuteurs algériens.

2- Le bilinguisme

Le contact entre les quatre langues en présence dans le paysage sociolinguistique algérien engendre de nombreux phénomènes, tel que le bilinguisme qui donne à son tour lieu à l'apparition des marques transcodiques dans les pratiques langagières des locuteurs algériens.

Plusieurs définitions ont été données de ce concept. Pour Dubois (1973 : 65), le bilinguisme « est, d'une manière générale, la situation linguistique dans laquelle les sujets parlants sont conduits à utiliser alternativement, selon les milieux ou les situations, deux langues différentes, c'est le cas le plus courant du plurilinguisme »

En Algérie, le français qui est d'un usage fort fréquent, est employé comme une langue de civilisation à côté des langues maternelles notamment l'arabe dialectal. Dans un article consacré aux langues du Maghreb et d'origine maghrébine, Dominique Caubet, (2002 :119), constate que : «Ces deux langues sans statut officiel ont dans l'esprit des gens une valeur différente pour ce qui est des représentations. Le français demeure la langue de la modernité, à forte valeur économique et culturelle, l'arabe algérien, marocain ou tunisien, dialectes de l'arabe sans code graphique fixé, restent la langue du quotidien, mais également et, surtout, sans que cela soit reconnu ou dit, la langue de l'identité, de la complicité, de l'humour, une langue qui a structuré la personnalité dans l'enfance et tout au long de la vie ».

Dans ce cas, les locuteurs autochtones éprouvent le besoin d'adapter leur langue maternelle aux situations nouvelles imposées par le progrès de la civilisation dominante. Pour la réalisation d'innovations linguistiques, les sujets parlants adoptent plusieurs manières dont on cite essentiellement celle décrite par Meillet & Sauvageot, (1934): « le sujet parlant s'empare d'une forme qui existe dans la langue et l'emploie dans une fonction nouvelle pour exprimer une catégorie dont il a appris le maniement par la pratique d'une langue étrangère. »

3- L'alternance codique

De nombreux travaux traitant du phénomène d'alternance codique ou aussi code-switching, terme inventé par E. Haugen dès 1956, proposent des définitions variées. Dans notre étude nous tentons de tenir compte de celles qui, selon nous, sont les plus significatives, à savoir la définition de Gumperz « l'initiateur des études sur le phénomène » et celle de Hamers& Blanc.

Gumperz définit l'alternance codique comme : « la juxtaposition à l'intérieur d'un même échange verbal de passages où le discours appartient à deux systèmes ou sous-systèmes grammaticaux différents » Gumperz John.J. (1989).

Ce qui caractérise la définition de l'alternance codique chez Gumperz, c'est la prise en compte de l'aspect linguistique. L'alternance consiste à passer d'une langue à une autre langue ou d'une variété de langue à une autre et les énoncés bilingues produits par les locuteurs sont structurés grammaticalement c'est-à-dire que ces énoncés semblent obéir à une seule et même syntaxe.

La deuxième définition nous est proposée par Hamers et Blanc. Pour eux, « deux codes (ou plusieurs) sont présents dans le discours, des segments de discours alternent avec des segments de discours dans une ou plusieurs langues. Un segment (x) appartient uniquement à la langue (ly), il en va de même pour un segment (y) qui fait partie uniquement de la langue (lx), un segment peut varier en ordre de grandeur allant d'un mot à un énoncé ou à un ensemble d'énoncés, en passant par un groupe de mots, une proposition ou une phrase [...] »20(*).

Dans cette définition, Hamers et Blanc précisent que l'alternance codique se manifeste dans le discours lorsque des segments alternent avec d'autres segments et que ces éléments linguistiques appartiennent à plusieurs langues à la fois.

Il nous semble que cette définition vient compléter celle de Gumperz dans la mesure où, dans un même discours ou production verbale, nous rencontrons une succession de segments qui appartiennent à des langues différentes. Les segments alternés peuvent varier entre un mot jusqu'à une phrase.

De notre part, nous pensons que les émissions télévisées sur lesquelles nous travaillons sont des lieux d'alternation de plusieurs langues notamment l'arabe dialectal et le français. Nous pouvons donc avancer que cet usage alternatif dans les productions verbales des locuteurs se réalise à différent niveaux de structures linguistiques, dans l'énoncé et aussi au sein du mot, et c'est ce que nous projetons de vérifier.

4- L'emprunt

Nous avons déjà proposé une définition de l'emprunt, celle de Dubois et Al. Pour plus d'explications sur les différentes formes de ce phénomène, nous proposons la description émise par Hamers. Ainsi, la linguiste souligne, à ce sujet, que les segments empruntés sont souvent limités au lexique et peuvent être un morphème, un mot et même une expression à condition que ce segment ne soit pas traduit, c'est-à-dire pris tel qu'il est. L'auteure définit l'emprunt comme « un mot, un morphème ou une expression qu'un locuteur ou une communauté emprunte à une autre langue, sans le traduire » 21(*).

Dans le cas algérien, l'emprunt algérianisé, se manifeste par une sorte de combinaison des traits linguistiques de l'arabe dialectal et du français. Il s'agit d'un métissage linguistique qui met en lumière l'émergence néologique, engendrée principalement par des situations de communications vécues par les locuteurs. Un procédé de production lexicale à propos duquel Kateb Yacine précise que : « le locuteur colonise à son tour la langue française et la charge d'écarts et particularismes pour exprimer son algérianité ».

5- Le code mixing et le métissage linguistique

Hamers et Blanc (1989 :455), considèrent ce mélange de codes, dans lequel un locuteur transfère un élément d'une langue dans la langue de base de son énoncé, comme une stratégie de communication. Les auteurs ajoutent « A la différence de l'emprunt, généralement limité à des unités lexicales, le mélange de codes transfère des éléments à des unités appartenant à tous les niveaux linguistiques et pouvant aller de l'item lexical à la phrase entière... ».

Les deux linguistes distinguent donc entre le code mixing où l'on peut transférer toutes les unités linguistiques sans exception aucune, et l'emprunt qui est limité à des unités lexicales. C'est d'ailleurs à ce dernier phénomène que nous consacrerons la suite du présent mémoire.

Dans cette perspective, il convient de préciser la conception et la définition que l'on associe au terme lexique.

6- Le lexique

Il est défini comme étant toutes les unités ou les mots qui appartiennent à une langue donnée, comme il est cité dans Le Petit Dictionnaire Larousse 2008 :

« Ensemble de mots formant la langue d'une communauté et considéré abstraitement comme l'un des éléments constituants le code de cette langue »22(*).

Pour bien cerner la définition de ce mot, les linguistes l'opposent au terme vocabulaire considéré comme un ensemble de mots que possède un locuteur ou que l'on utilise dans un domaine donné. Donc, à l'opposé du vocabulaire, le lexique peut être un ensemble de vocabulaires.

7- La créativité lexicale ou le néologisme

Concept défini, par le dictionnaire l'internaute, comme : « Ensemble des processus de formation de nouvelles unités lexicales »23(*). Le dictionnaire distingue deux sortes de néologismes : le néologisme de forme, unité lexicale pourvue d'une forme et d'un sens nouveaux, et le néologisme de sens, acception nouvelle pour une unité qui existait déjà dans la langue.

En Algérie, la néologie se situe à la fois sur le plan formel et sur le plan sémantique et qu'on désigne souvent par les termes de néologie de forme et néologie sémantique : La néologie de forme se manifeste généralement par rapport à l'usage traduisant un contexte spécifique, mais assez souvent par le besoin de créer de nouveaux mots pour exprimer des réalités nouvelles et ces mots finissent par devenir des emprunts : on dit « lmarché » pour désigner en français standard « le marché »

IV- L'usage des langues dans la télévision en Algérie

Les médias audiovisuels, les chaines de télévision en particulier, sont devenues un terrain d'investigation de nombreuses études qui s'inscrivent dans une perspective micro-sociolinguistique en contexte algérien. I. CHACHOU24(*) soutient que : «ce domaine [...] s'offre comme un terrain privilégié de production des langues : ces dernières, outils linguistiques au service de la communication médiatisée [...] tant sur le plan des pratiques que sur celui des représentations»

Avant d'aborder l'usage des langues à la télévision algérienne, nous définissons tout d'abord les médias. Nous donnons par la suite un aperçu de l'évolution de la télévision algérienne et les conditions d'émergence des chaines d'Echourouk TV et d'Ennahar TV. En fin nous aborderons l'usage de l'arabe dialectal sur cet espace médiatique.

1- Définition des médias

De manière générale, les medias désignent tous les moyens de communication qui servent à transmettre des informations comme la presse, la radio et la télévision. Selon Barbier et Lavenir, les médias désignent « tout système de communication permettant à une société de remplir tout ou partie des trois fonctions essentielles de la conversation, de la communication à distance des messages et des savoirs, et de la réactualisation des pratiques culturelles et politiques » (Barbier et Lavenir, 1996, cité par Matanga, 2007)

2- Aperçu sur l'évolution de la télévision algérienne

La première télévision algérienne est lancée en 1956, par la Radiodiffusion-télévision française (RTF) dont « les programmes diffusés étaient importés de France »25(*)

Au lendemain de l'indépendance de l'Algérie en 1962, l'état algérien a créé la Radiodiffusion télévision algérienne (RTA), et en 1986, l'Entreprise nationale de télévision (ENTV) est créée, suite à la séparation des activités gérées par la RTA

Ainsi, dans la période (1950,1990), l'ENTV qui sera appelée par la suite « la télévision algérienne terrestre » a été l'unique chaîne de télévision nationale algérienne pendant assez longtemps.

En 1994, l'Etat algérien lance une nouvelle chaine télévisée : « Canal Algérie ». Cette chaîne cible un public particulier, à savoir les Algériens résidant à l'étranger. En 2001 une troisième chaine télévisée étatique« Algérie3 »a été mis en service. En 2009, le groupe ENTV est étayé par deux autres chaines publiques : « Algérie 5 » et « Coran TV ».

Après l'annonce de l'ouverture du champ audiovisuel aux investisseurs privés en 2011, plus de neuf 26(*)télévisions privée ont vu le jour, entre autres, EnnaharTV » et « EchouroukTV ». Ces deux chaînes commencent d'abord par être clandestines dans la mesure où elles fonctionnent sans autorisation administrative, faute de reconnaissance de la part de l'Etat algérien. A partir d'avril 2013, le ministère de la Communication confirme l'octroi d'agrément à ces chaînes de télévision26(*).

3- L'arabe dialectal dans l'espace médiatique

La création des chaines de télévision avait essentiellement pour but de s'intéresser davantage aux problématiques et au vécu des téléspectateurs de l'ensemble des régions d'Algérie. Il est naturel que la langue du quotidien soit l'arabe dialectal. Queffélec et Al, (2002 :121-122), soulignent au sujet de l'usage médiatique de l'arabe dialectal : «... [qu'il est] avant tout la langue de la gestion de la quotidienneté [...] et par excellence l'outil de l'expression des différents rapports interpersonnels [...]. Il couvre les domaines de la vie familiale, de l'affectivité, des sentiments, des états d'âme et de la religiosité du sujet parlant ». Ce parler s'impose donc dans la majorité des émissions comme langue de diffusion, surtout celles interactives, qui exigent l'intervention des locuteurs. Les émissions sarih jidan d'Ennahar TV et celle d'echaab yourid d'Echourouk TV, sont deux modèles représentatifs pour servir notre étude sur la créativité lexicale dans l'arabe dialectal.

CHAPITRE II

Analyse du corpus

Le présent chapitre se fonde sur une description qualitative des procédés de créativité lexicale et de la structure morphosyntaxique de l'arabe dialectal. Une approche qui consiste à choisir, parmi les données recueillies, des modèles de termes et expressions hybrides puis les étudier comme, dirait Philippe Blanchet (2007: 344)26(*): « le rôle du corpus est d'exemplifier un repérage interprétatif des traits saillants proposés comme significatifs d'une situation sociolinguistique particulière ».

I- Procédés créatifs lexicaux

Il convient de rappeler que la créativité lexicale dans l'arabe dialectal use d'un emprunt algérianisé, basé sur la complémentarité et l'addition de traits linguistiques des codes de l'arabe dialectal et du français. Il demeure que l'intégration des emprunts ne se fasse sans la modification du mot emprunté. Ce trait nous conduit à observer que l'élément emprunté essaie de s'assimiler au système de la langue d'accueil sur différents niveaux.

Ainsi, les modifications entraînées par l'emprunt pourront se résumer en certains procédés dont nous citons:

1-L'affixation

Notre corpus est riche de mots hybrides qui sont constitués d'éléments provenant principalement de l'arabe dialectal et du français. En procédant par affixation de ces éléments, ceci va aboutir à la création de mots composites dont nous citons quelques exemples:

Lcachiet (les cachets) : Le mot est obtenu sur la base française (cachets) et l'ajout du préfixe (L : article défini de l'arabe dialectal) ainsi que le suffixe (iet : désinence indiquant le genre, ici le féminin ; et le nombre, ici le pluriel).

Remarquit (j'ai remarqué) : mot obtenu sur la base du radical du verbe français du 1er groupe (remarquer) et l'ajout du suffixe it, terminaison qui renvoie à la première personne du passé de l'arabe dialectal.

Tiviti (pour que tu évites) : mot obtenu sur la base du radical du verbe français du 1er groupe (éviter) et l'ajout du préfixe t, qui renvoie au pronom personnel de la deuxième personne du singulier, et aussi du suffixe i, terminaison qui renvoie à la deuxième personne du singulier du temps passé. Du fait que le conditionnel, est un mode inexistant dans l'arabe dialectal.

Il est à noter que les verbes français subissent une algérianisation et sont intégrés et ainsi conjugués à la manière de l'arabe dialectal avec les suffixes et préfixes caractéristiques, comme pour le verbe : ma nvotich (je ne vote pas), nous avons le préfixe de négation ma et le suffixe de négation ch.

Nous signalons ici que le statut du verbe qui subit la morphologie de la langue emprunteuse est ambigu. Cette forme est tantôt classée comme emprunt établi et tantôt comme un code switching (Karima Ziamari, ibid.)

Exemples extraits de notre corpus: EnTV, Er1, S1.27(*)

2- La simplification

La simplification des mots empruntés du français est un procédé très répandu dans la créativité lexicale dans l'arabe dialectal. Il s'agit d'abandonner certains phonèmes ou les remplacer par d'autres plus simples que nous illustrons par les exemples suivants:

foutit (j'ai voté) : Nous remarquons dans cet exemple que le phonème v, absent dans l'arabe dialectal, va s'estomper pour laisser place au F. Ce phénomène est une forme de simplification que le locuteur adopte en remplaçant le plus difficile par son correspondant plus simple.

coudbi (coup de pied) : même chose ici concernant le phonème p absent dans l'arabe dialectal, qui s'estompe et cède la place au B.

Le système consonantique de l'arabe dialectal est plus varié que celui du français, mais présente deux cases vides dans les séries sourdes/sonores. Nous relevons que l'occlusive bilabiale sonore /b/ n'a pas sa correspondante sourde /p/ ce qui entraine son remplacement. De même, la fricative labiodentale/f/ n'a pas sa correspondante sonore /V/. Devant l'absence de certains phonèmes, les locuteurs assimilent le phonème étranger qui se situe au même point d'articulation. Déroy, (1956 :224), souligne à ce propos : « Négliger les phonèmes inconnus ou imprononçables, leur substituer des phonèmes usuels, introduire des phonèmes nouveaux pour donner au mot un air familier, déplacer le ton conformément aux règles de la langue emprunteuse ».

Pour ce qui est du système vocalique, les locuteurs algériens, ne possédant pas les séries des voyelles orales composées /y/, /o/, /oe / et les voyelles nasales /ã/ /õ/, ils les rendent par les voyelles simples correspondantes : par exemple, les locuteurs ont souvent tendance à remplacer le /y/ par un /i/dans le mot dossi (un dossier). Les locuteurs ont aussi tendance à réduire la voyelle nasale à la voyelle simple: calmo (calmant). Ajarda (le jardin) 

De même, nous avons pu remarquer que les verbes du premier groupe de notre corpus changent de terminaison devenant ainsi /i/ à la place du /e/, tel que le verbe calmer, éviter, voter ... utilisés avec un /i/ chez de nombreux locuteurs.

Exemples:- Ah++ hadha calmo icalmini (calmer).

-wanta wantaya bech tiviti (éviter) hadh ella hadhouma ::

Exemples extraits de notre corpus : EchTV28(*), Er1, S1

3- Les changements sémantiques

La créativité lexical générée par les locuteurs algériens dans les émissions télévisées Echaab yourid et Sarih jidan, reste particulière et appropriée au contexte algérien. En effet, les locuteurs utilisent des lexies auxquelles ils vont faire subir des changements sémantiques. Le processus mis en oeuvre est principalement le transfert de sens. Deroy (1956 : 261) soutient que : « L'emprunt d'un mot entraîne aussi parfois des modifications sémantiques »

C'est ainsi que, certains lexèmes se voient attributer un nouveau sens. Reprenons l'exemple de « enavigui » qui est un emprunt du français (naviguer) et qui se retrouve modifié et connote dans la réalité algérienne travailler ou activer. Nous trouvons aussi « bouanb », un autre emprunt du français (bombes), modifié et qui signifie en arabe dialectal, les pétards (feux d'artifice).

D'autres mots français ont subi différents traitements phonologiques qui les ont amenés à la troncation, en aphérèse ou en apocope, qui est une réduction du nombre de syllabes dans un mot polysyllabique, comme dans l'exemple suivant:

L2. 8 : ma andich aalaka maa stade+ nchouf fetélé (à la télévision) bessah ma andich aalaka

Exemples extraits de notre corpus: EnTV, Er1, S1 et S2

II- Prcocédés créatifs morphosyntaxiques

Actuellement, à notre connaissance, il n'existe pas de grammaire formelle développée de l'arabe dialectal pour servir de référence à notre étude. La tradition grammaticale arabe, fondée sur la langue coranique et la poésie archaïque29(*), n'a en effet jamais pris en compte les dialectes30(*).

En l'absence de corpus étiqueté de libre accès ou de manuels scolaires et normatifs constituant la source principale de la langue, nous nous contenterons de la description de quelques procédés syntaxiques qui y sont employées, à savoir :

1- Conjugaison des verbes

Au présent de l'indicatif, un locuteur algérien dirait n'voti (je vote), structure dans laquelle le pronom n' marque la première personne du singulier. A la deuxième personne, le pronom n'(forme courte de ana) est remplacé par t' (n' contracté en t') tu (toi), ce qui donne t'voti . Si l'énonciateur s'inclut dans un groupe, n'voti (je vote) se transforme en n'votiou (nous votons), n'bougiou (nous bougeons).

Nous remarquons donc que les verbes français intégrés dans le système morphologique de l'arabe dialectal subissent des modifications et se conjuguent tout comme les verbes de la langue emprunteuse.

2- La négation

Pour exprimer la négation en arabe avec un verbe français, on ajoute ma à l'initiale et che à la finale, ainsi « je ne vote pas » se transforme en « ma votiche ».

Exemples extraits de notre corpus : EchTV, Er1, S1

3- Le genre

Le genre féminin est marqué parfois par la finale a ajoutée aux noms intégrés, exemple: tabla (table)

Exemple extrait de notre corpus : EnTV, Er1, S1

4- Le pluriel

Pour exprimer le pluriel, on ajoute t aux termes empruntés, on obtient alors : lcachiet (les cachets).

Exemple extrait de notre corpus : EnTV, Er1, S1

En conclusion du présent chapitre, nous pouvons dire que cette analyse s'est penchée essentiellement sur les processus de production qui constituent la toile de fond de notre travail. Nous nous sommes donc limités, dans un premier temps à l'étude des procédés de création des termes. Dans un deuxième temps, nous avons décrit la structure morphosyntaxique de l'arabe dialectal, notamment la conjugaison des verbes, la négation, le genre et le nombre ici rendus par le pluriel. Les résultats de cette analyse, nous les présenterons dans le chapitre qui suit.

CHAPITRE III

Résultats et conclusion

Le dernier chapitre nous le consacrons à l'analyse des résultats obtenus après exploitation du corpus. Ensuite, nous mettrons ces résultats en relation avec la problématique pour voir si les interrogations posées au début de la recherche ont pu avoir des éléments de réponse.

Ainsi, nous examinerons en premier lieu, la réalité de l'emprunt algérianisé. Ensuite nous procéderons à la vérification de l'hypothèse. En fin, nous terminerons par une conclusion.

En procédant à l'analyse des données dans le chapitre pratique, nous avons constaté que la néologie, dans l'arabe dialectal, repose sur des stratégies ou des processus que l'on a identifiés sous forme de procédés. Ces procédés sont basés initialement sur le métissage des codes de l'arabe dialectal et du français en usant du phénomène de l'emprunt algérianisé.

I- Particularité de l'emprunt algérianisé

Notre analyse des séquences enregistrées nous a permis, dans un premier temps, d'observer deux catégories distinctes d'emprunt. La première comprend les pérégrinismes ou xénismes, c'est-à-dire les mots qui restent étrangers pour le locuteur. Il s'agit ici d'un emprunt ordinaire, auquel recourt toute langue pour combler les cases vides de son répertoire lexical.

La deuxième catégorie, cas que nous étudions, renferme des mots français complètement intégrés dans l'arabe dialectal Ces mots subissent des modifications et deviennent une partie du lexique de ce dernier. Les exemples suivants tirés de notre corpus élucident bien ce cas de figure : lbirou (bureau), lmarché (le marché), edefo (le défaut).

Exemples extraits de notre corpus : EnTV, Er1, S1 et Er2, S1

Dans un deuxième temps, nous avons pu constater que les mots français qui servent de base dans la production, ainsi que les éléments de l'arabe dialectal empruntés possèdent des équivalents linguistiques dans les deux langues. Or, les sociolinguistes précisent, comme nous l'avons vu au niveau de la théorie, pour qu'emprunt soit31(*), il faut qu'il y ait absence d'éléments équivalents dans la langue emprunteuse et aussi que les éléments transférés ne soient pas traduits. Les exemples qui suivent, illustrent bien notre constat : astade (le stade), issuportiou (ils/ elles supportent), nchoumer (je chôme), mots qui trouvent leurs équivalents en arabe dialectal respectivement dans : Melaab, ichageaou, betal.

Exemples extraits de notre corpus : EnTV, Er2, S1 et EchTV, Er1, S2

Ces constations confirment, donc, notre postulat concernant l'algérianité de l'emprunt dont font usage les locuteurs algériens lors de leurs interventions télévisées.

II- Vérification de l'hypothèse

Tout lexique composant une langue, reste affecté et exposé au phénomène de l'évolution linguistique, car la société évolue et la création de nouveaux mots devient un besoin, voire une nécessité. Le locuteur algérien est aussi un créateur actif, pour cela il fait appel dans son discours, notamment lorsqu'il s'exprime dans des espaces médiatiques, à un ensemble de processus d'innovation lexicale.

Dans le cas de l'arabe dialectal, ces processus relèvent souvent d'un métissage de traits linguistiques empruntés de/à la langue française.

Cependant, cela ne peut aller sans s'interroger si ce phénomène d'emprunt qui caractérise la créativité lexicale dans l'arabe dialectal, répond nécessairement à un besoin langagier imposé par des situations de communication.

En réponse à ce questionnement, nous avons avancé une hypothèse unique. En effet, nous avons supposé dans que le recours à cette forme d'innovation lexicale, de la part de nos locuteurs, était dans le but d'adapter l'arabe dialectal aux exigences des mutations socioculturelles, socioéconomiques, et technologiques. Nous avons ajouté aussi, que ces pratiques langagières tendent à se généraliser pour toucher la société tout entière notamment lorsqu'il s'agit de communication dont le référent est local.

Notre observation des enregistrements des émissions télévisées sur lesquelles nous menons notre enquête, nous a permis de constater d'une part, que l'arabe dialectal et le français s'interpénètrent, s'influencent, se juxtaposent et donnent le nouveau lexique dans ses formes que nous avons précédement détaillées32(*). D'autre part, l'analyse des nouveaux termes et expressions que les locuteurs essayent de s'approprier et pour les réinterpréter à leur manière dans leurs interactions, révèle que ces innovations ne sont pas vraiment nécessaires pour répondre aux besoins concrets de ces situations de communication. Nous disons ceci, car il s'agit ici, comme c'est le cas de l'emprunt algérianisé, de termes qui ont des équivalents dans l'arabe dialectal. Les deux exemples qui suivent justifient notre positionnement:

Ex1: L2.10: la la votina (nous avons voté) à khouya + aou+ fatet lantikhabet belbien+ euh+ kima ikoulou naziha ou cheffafa+ oualhamdoulilah ya rabi ma sra walou+ ouhadhi bladna lazem nvotiou (que nous votions) wa anadiou el ouajeb antaana+ euh lvot (le vote) haja kanaa chakhsia koul wahed kifech kivoti (il vote)

Dans cet énoncé, nous remarquons que le mot français lvot (le vote) possède un équivalent dans l'arabe dialectal qui est: lantikhabet.

Ex2: L3.14 : voila+ hadhi hia

Dans le second exemple, nous trouvons que le mot français voila qui signifie dans ce contexte (c'est ça), trouve son équivalent dans l'arabe dialectal dans l'expression hadhi hia.

Exemples extraits de notre corpus: EchTV, Er1,S et EnTV, Er2, S1

De ce fait, nous nous pourrons qu'infirmer l'idée que nous avons avancée au début de notre hypothèse, justifiant le recours des locuteurs algériens à ce phénomène de créativité lexicale, pour des fins d'accomodations aux situations de communication auxquelles ils sont confrontés.

Quant à la question de généralisation de ces pratiques langagières, nous pensons que celles-ci relèvent beaucoup plus des représentations que des pratiques langagières.Il est donc nécessaire d'etre renseigner sur certaines données comme le niveau d'étude des sujets parlants, les langues qu'ils parlent, les diplomes obtenus ou en préparation, la situation sociale. Vu que les indices sus-cités ne sont pas contenus dans notre corpus, nous nous sommes basés dans notre analyse sur d'autres faits observables qui, donneront l'explication à cette tendance, à savoir :

1. Le recours des locuteurs, de différentes régions et dans différentes situations, aux mêmes procédés de création de lexies et l'application d'un système syntaxique unifié dans leurs énoncés.

Dans les deux exemples qui suivent, extraits de deux émissions de Sarih jidan enregistreés dans deux regions différentes, l'une à Alger et l'autre à Oran. Nous y constatons que les termes qu'utilisent les locuteurs sont prononcés de la même manière et ont la même signification:

Ex1:

L1.8: mlih le saha. Parceque koun ma necherbouch ndir haja mich mliha. Kount enavigui (je travaillais) parking, ennako ajardin ak fehem kifeh ? ou mbaad men ouraha wahed darelna parking gratuit. Dhork ma ranech nakhdmou ala rouhna bech nakoul ? nrouh nesserk !+ cha nesrek ? nesrak wahed kima ana !? tebghi nesserkek antya ?++ ma tebghich+ ? ma kenech hal, edawla ma dertelnech hal dert hal errouhi bhadha.

Ex2 :

L5.22 : inavigui (il travaille) bark

L4.23 : michi inavigui+ ikoun rajel khatarch aalah ? el bent ma ilekelhech*** el mouhim tmedha quatre millions walla cinq million*** ki tkoun mliha maa rajelha adhek houa essah

2. L'hétérogéneité des sujets parlants en ce qui concerne le sexe, l'age et les origines géographiques.

Pour le critère d'âge, nous citons, à titre d'exemple, trois énoncés tirés du 1er enregistrement de l'émission Echaab yourid réalisée à Skikda. Ces énoncés concernent respectivement: Un vieux agé d'environ 80 ans, un jeune home agé d'environ 25 ans et un homme adulte agé d'environ 45 ans.

L1.1: Ana vieux ma nakhdemch ou ma nal walou men *** + bessah ana nfouti (je voterai) nlahet ala elaman oua elistikrar+ ou rabi iaychou ou rabi itawalou fi laamor+ themantaach nesna w ouana nhareb+ ou nahani nidham hadha taychouni coudbi (coup de pied) kali rouh trawah+ mridh rouh trwah+ ki mridh anrawah nrawah+ ana aw ankaci ou kamem (quand même) +euh+ errouh alwatania foutit (j'ai voté) + ala bouteflika

L2.2 : ana ma nvotich (je ne vote pas)

L3.9 ; lvot (le vote) votina (nous avons voté) wa elhamdoulilah+ rana sahemna ala kadr el moustataa kima el aada+ouaou++ euh+ binesba la lvot (le vote) antaana jina li kataa atariq amam enas+ aou amam achkhas youridouna an yoghrikou el djazair fi euh++ barakin min edima

Ces énoncés démontrent que les trois locuteurs, malgré la différence d'age, usent d'un même lexique métissé. Cette pratique ne touche pas les hommes uniquement, les femmes de leur coté contribuent à la vulgarisation des nouveaux termes de l'arabe dialectal, comme dans l'énoncé de cette femme âgée d'environ30 ans, tiré de l'émission Sarih jidan enregistrée à Alger :

L2. 8 : ma andich aalaka maa stade+ nchouf fetélé bessah ma andich aalaka

3. L'implication de l'élite cultivée dans ces comportements langagiers.

Les locuteurs cultivés et de niveau académique sont aussi impliqués dans ces comportements langagiers. A cet égard, Chériguen, (2002: 11) soutient que: « ...Ce parler bilingue se maintient surtout chez les autochtones cultivés qui emploient des termes locaux quand le référent est une réalité locale ».

Nous disposons dans notre corpus d'énoncés formulés par les journalistes, animateurs des deux émissions, qui confirment nos propos. Il s'agit du journaliste, homme, d'Echourouk TV et de sa collègue dans la chaine d'Ennahar TV.

Ex1: J.2: votit (tu as voté)?

(Énoncé du journaliste d'Echourouk TV, 2eme séquence)

Ex2 : j.3 : icalmique (çeci te calme) hadhou !

L ??.4 : chefti rajel mahgour bezef a khti.***

J.5 : wanta wantaya bech tiviti ( éviter) hadh ella hadhouma ::

(Énoncés de la journaliste d'Ennahar TV, 2eme séquence)

Au terme de ce chapitre, on a pu remarquer que l'emprunt algérianisé demeure le phénomène dominant dans les constructions néologiques de l'arabe dialectal.

Conclusion générale

Conclusion générale

L'ouverture médiatique impose ses empreintes et contribue largement à faire évoluer l'état des pratiques linguistiques. Le plurilinguisme est présent sur les chaines de télévision où la créativité lexicale s'épanouit dans la plupart des émissions interactives. Comme l'affirme Med BENRABEH : « devant une panoplie de langues en contact, le locuteur algérien se retranche dans son maquis linguistique et crée sa propre langue ». Il s'agit d'une nouvelle forme endogène qui est née d'un système approximatif conçu à partir d'une combinaison de l'arabe dialectal et du français.

L'analyse de notre corpus nous montre que les sujets parlants semblent spontanés et non gênés quant à la pratique du métissage linguistique. Cela nous permet de dire que la réalisation des emprunts algérianisés n'est pas systématiquement volontaire et consciente. Ce constat nous amène à considérer ces comportements langagiers comme un éventuel déficit lexical dans l'arabe dialectal. C'est l'hypothèse qui a été infirmée après l'analyse du corpus, dans la mesure où les termes et les expressions crées ont des équivalents dans les deux langues.

Ceci nous donne à penser alors, que les locuteurs font usage de ce nouveau lexique comme une stratégie de communication, même s'il peut résulter d'une incompétence en français et/ou en arabe. Il reste vrai qu'en Algérie, ce phénomène est généralisé au sein des différentes catégories sociales, mais il touche aussi la catégorie de l'élite. Ainsi le recours des deux journalistes d'Echourouk TV et d'EnnaharTV aux mêmes pratiques langagières, met les autres locuteurs dans une atmosphère de sécurité linguistique, et ces derniers ne se sentent nullement embarrassés. C'est aussi une manière d'affirmer une identité qui est propre aux algériens. Autrement dit un marqueur identitaire.

Bibliographie

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II-Sitographie

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http://fr.wikipedia.org/wiki/Arabe_alg%C3%A9rien, consulté le 23/02/2015

Annexes

* 1 Taleb Ibrahimi, l'Algérie : coexistence et concurrence des langues (1998 : 22)

* 2 I. CHACHOU, citée par KHELIFI Hanane, L'alternance codique dans l'émission radiophonique "média mania " de Jijel FM, mémoire de master, pp:120-121


* 3- Camille Roger ABOLOU, langues, dynamiques des médias audiovisuels et aménagement médiato-linguistique en Afrique

-M. SADI Nabil, thèse de doctorat, L'usage du français à la chaine III : Aspects syntaxico-sémantiques

-KHELIFI Hanane, mémoire de master, L'alternance codique dans l'émission radiophonique "média mania "Jijel FM

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* 4 Fiche Algérie dans tlfq.ulaval.ca [ archive] http://fr.wikipedia.org/wiki/Arabe_alg%C3%A9rien

2 Foued LAROUSSI, (1997:711), Plurilinguisme et identités au Maghreb, publications de l'université de Rouen

* 5 City- dz magazine:La langue arabe «matixistiche» en Algérie [ archive] http://fr.wikipedia.org/wiki/Arabe_alg%C3%A9rien

* 6 Se dit de mots formés d'éléments issus de deux langues différentes  

* 7 Terme que nous avons emprunté àIbtissem I.Chachou, le mixage linguistique dans la publicité en Algérie, RÉSOLANG 6-7 - 2e semestre 2011, p :77, consulté le 05/052015

* 8 Ibtissem CHACHOU, thèse de doctorat, Aspect des contacts des langues en contexte publicitaire algérien : Analyse et enquête sociologique, 2011 P : 11

* 9-Samira Boubakour,« ÉTUDIER LE FRANÇAIS...QUELLE HISTOIRE ! », //www.google.com/search, consulté le 24/04/2015

* 10Terme que nous empruntons à Louis Jean Calvet(1999). En Algérie, le français s'acclimate tout en acceptant les mutations qui lui confèrent l'aspect local.

* 11KHELIFI Hanane, mémoire de master, L'alternance codique dans l'émission radiophonique "média mania "Jijel FM

* 12 Par transcodage, il est entendu par Ludi et Py (2003 :142), Etre bilingue, Berne, Peter Lang : « tout observable, à la surface d'un discours en une langue ou une variété donnée, qui représente, pour les interlocuteurs et/ou le linguiste, la trace de l'influence d'une autre langue ou variété ».

* 13 Taleb Ibrahimi, K. (1996,2004), AsselahRahal, S. (2000,2001),Dourrari, A. (2003) (2011),Saadi, N. (2012)

* 14 Notion que nous utilisons pour la prise en charge de tous les éléments contribuant à un échange langagier : les locuteurs (avec toutes leurs spécificités), les lieux, le thème de l'échange...etc

* 15 Inspéré de Karima ZIAMARI, dans son article, Le code switching arabe marocain français, quelle place pour une seule matrice, p:03

* 1 Maingueneau, D. (1996) : Les termes clés de l'analyse du discours, Paris : seuil

* 16A. DOURARI, Politiques linguistiques en domaine francophone, Vienne, Octobre, 2011, P: 6

* 17 Moatassime, A. : Le bilinguisme sauvage, blocage linguistique, sous développement et coopération hypothétique, l'exemple maghrébin.- Paris, Tiers-Monde, éducation et développement, tome XV, 1974.- p.p. 619-670.

* 18 Dubois, J & Al. (1994). Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, Paris .Larousse, p.115

19 Taleb-Ibrahimi K. 1998. « De la créativité au quotidien, le comportement langagier des locuteurs algériens ».

* 20 Hamers J.F et Blanc M. (1983) : Bilingualité et Bilinguisme, Bruxelles, Mardaga, p. 176

* 21 Hamers, in Moreau, 1997: 136

* 22 Dictionnaire Le Petit Larousse 2008, p.586.

* 23 Dictionnaire français Larousse, http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/n%C3%A9ologie/73001,consulté le 08/05/2015

* 24 Ibtissem CHACHOU, Le mixage linguistique dans la publicité en Algérie, revue n° 6- Résolang 2011 n° 6-7, P: 71,

http://eprints,aidenligne-français-université.auf.org/665/1Chachou-simple.pdf, consulté le 04/05/2015

* 25 Site internet des médias Algérie, http://www.medias-algerie.com/(consulté le 28/04/2015)

* 29 Le quotidien « l'expression »,7 avril 2013.

* 26 Cité par Mohammed Zakaria Ali-Bencherif dans son article L'emploi alternatif de l'arabe algérien et du français dans des conversations bilingues: Modes de fonctionnement, régulation et ritualisation dans les séquences d'ouverture, Synergies Algérie n° 8 - 2009 pp. 79-89, consulté le 07/05/2015

* 27 EnTV : Ennahar TV, Er1 : Enregistremnent1, S1 : Séquence1

* 28 EchTV : Echourouk TV

* 29 Poésie arabe préislamique (djahilite)

* 30 Sylvette Larzul, Grammatisation et lexicographie de l'arabe algérien au XIXe siècle, Synergies Monde arabe n°7-2010, pp.89-100

* 31 Voir le chapitre cadrage théorique et définitions des concepts

* 32 Voir notre chapitre, Procédés de créativité dans l'arabe dialectal






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