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La. question de la souveraineté et du nationalisme africain face aux processus d'intégration sous régionale en Afrique subsaharienne: le cas de l'Afrique centrale

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par Willy MUKADI SABUE
Université Officielle de Mbujimayi - Licence en Relations Internationales 2016
  

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I.2.4. Le nationalisme africain après les indépendances

A leur accession à la souveraineté internationale, les pays africains ont sombré dans les conflits internes de revendications identitaires entre les différentes ethnies qui ont été rassemblées sur un même territoire mais dont les liens historiques communs n'unissent pas.

Ce phénomène est la conséquence de la conférence de Berlin de 1884-1885 avec le partage de l'Afrique entre les puissances européennes. Car avant Berlin, les africains appartenaient aux ensembles politiques traditionnels (Empires, Royaumes) contrôlés selon le cas par des ethnies réunissant les individus parlant une même langue, partageant l'essentiel des us et coutumes ou tout au moins, se reconnaissent relever de l'autorité d'un même chef traditionnel. A cette époque, la nation se réduisait essentiellement sinon uniquement aux dimensions de l'ethnie.29(*)Cependant, la répartition de Berlin a confié à tel ou tel autre Etat européen des territoires qui comprenaient dans la plupart des cas des ethnies différentes, dont les populations n'avaient pas forcément des rapports cordiaux avant cette configuration.

Aujourd'hui en Afrique cohabitent deux types de nationalismes dont l'un est civique et l'autre ethnique ou identitaire. Le nationalisme civique inclut dans la solidarité nationale tous les citoyens d'un Etat. C'est le cas de l'ivoirité ou de l'authenticité en RDC à l'époque du Zaïre. Par contre, le nationalisme ethnique ou identitaire définit la nation à partir de l'origine, de la langue, de la religion ou de tout autre critère permettant de dissocier la nationalité de la citoyenneté.

C'est cette dernière forme de nationalisme qui est d'actualité en Afrique, avec tendance de remettre en cause les frontières étatiques héritées de la colonisation pour passer à la recomposition des nouveaux Etats africains en tenant compte des origines de chaque peuple et ses liens historiques.

Ce phénomène est actuellement une dimension importante voire fondamentale des enjeux du pouvoir en Afrique. La crise dans la région de grands Lacs nous le révèle dramatiquement. Au-delà du phénomène classique caractérisé par l'exode des populations fuyant la guerre pour gagner une zone de paix, du phénomène auquel nous avions assisté aux frontières des pays des Grands Lacs, il faut pointer en particulier le chevauchement des frontières par un même groupe ethnique dont les membres résident dans deux ou trois Etats voisins à la fois et peuvent être citoyens de droit ou de fait à la fois dans deux Etas voir dans plus de deux.30(*) Concrètement, dans les grands lacs, ce sont les Hutu, les Tutsi et les Batsoa qui forment la trilogie ethnique Rwandaise et Burundaise et qui ont aussi leurs frères, soeurs, cousins et cousines en RDC, ceci dessinant une « symétrie ethnique relativement parfaite ».

Ainsi donc, nous sommes en présence d'un phénomène historique et politique impliquant des individus que l'arbitraire du partage des terres ancestrales par les puissances européennes n'a séparé qu'artificiellement avec leurs institutions, au sens sociologique du terme.

Même si l'OUA avait proclamé dans sa charte le principe de l'intégrité des frontières héritées de la colonisation comme étant le fondement des rapports interétatiques, les africains appartenant à la même ethnie n'ont jamais considéré dans leurs quotidien qu'une frontière dont ils ne voyaient pas l'utilité, pouvait constituer un obstacle aux contacts entre les cousins d'un Etat avec les cousins résidant dans l'autre Etat.

C'est ainsi qu'en commentant le débat ivoirien sur la nationalité d'Alassane Dramane Ouattara alors premier ministre de Félix Houphouët BOIGNY, Ziad LIMAM et Elimane FALL écrivaient : « le caractère artificiel des frontières et la cohabitation de plusieurs ethnies au sein d'un même Etat rendent passablement floue la notion de nationalité. Un jour on pouvait être malien, le lendemain sénégalais, ou les deux à la fois. On pouvait être Ivoirien avec des cousins ou frères Ghanéens. On pouvait être ministre ici, puis ministre ailleurs. Dans le grand brassage africain, le lignage a aujourd'hui encore bien plus d'importance que le passeport ».31(*)

Ce chevauchement des frontières des Etats par le même groupe ethnique est devenu un facteur majeur d'instabilité pour les Etats concernés. La seule arme que les dirigeants de la post-colonie avaient trouvée était de préconiser «  la politique de bon voisinage ». Mais cela n'a pas suffi pour que les uns ne participent à la déstabilisation des autres, comme hier la Tanzanie en Ouganda, ou l'Ouganda au Rwanda, ou encore le Zaïre en Angola, dans la période récente entre la RDC et les pouvoirs Tutsi de ses voisins Rwandais, Ougandais et Burundais. Ceci est redevenu un enjeu majeur pour les Relations Internationales.

I.3. Les Etats africains et la question de la Souveraineté

La problématique de la souveraineté étatique est à notre ère un leitmotiv dans le langage tant des dirigeants que de leurs populations. En Afrique, malgré l'engagement quasi-total des pays dans le processus d'intégration régionale ou sous régionale le principe de la souveraineté internationale reste un véritable fondement de se prévaloir contre toute tentative d'intervention étrangère, surtout dans les pays aux régimes dictatoriaux.

* 29MBWEBWA K, Nationalisme et démocratie, quels concepts pour l'Afrique!, Open Access, Kinshasa, 2011, p. 12

* 30KIRONGOZI S, Les malentendus de la démocratisation en Afrique Subsaharienne : le paradoxe Congolais, Sirius, Kinshasa, 2010, p. 102.

* 31Idem., pp. 107-108

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