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Finitude et destinée humaines chez Maurice Blondel

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par Christophe MABOUNGOU
Université Pierre Mendès-France - Master II 2011
  

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Conclusion générale

Notre travail a porté sur « Finitude et destinée humaine chez Maurice Blondel. La problématique de la volonté dans l'Action de 1893». En effet, le point de départ est ce fait réel que l'homme demeure un être fini, mais sensiblement marqué par un désir ou une prétention à vouloir l'infini ou à se voir infini. Or, c'est vraisemblablement dans ce mouvement entre l'expression profonde de mon vouloir (volonté voulante) et l'extériorisation de ce vouloir (volonté voulue) que surgit l'expansion de ma volonté en tant qu'expression de la dialectique mon action. Aussi, s'est-il agi pour nous d'examiner comment et en quels termes s'opère ce déploiement de la volonté. Plus précisément, nous avions cherché à comprendre comment et pourquoi, à partir du dilemme constitutif des choix humains, à partir de ce conflit interne soulevé par l'auteur (cette disproportion ontologique entre ce que je veux, ce que je sais et ce que je connais) quel moment ou quelle étape finale permet à la volonté de s'accomplir et d's'achever, d'être réellement la traduction ou l'expression exacte de ce que l'homme a toujours et réellement voulu.

Or, il ne fait l'ombre d'aucun doute que la grandeur, mais aussi la complexité de la pensée de Maurice Blondel tient à l'articulation métaphysique de certains concepts. Et parmi ceux-ci figure bien celui de la volonté. En effet, l'on sait que la question originelle qui ouvre l'Action de 1893 est celle relative à l'adéquation entre l'agir et la destinée humaine : « Oui ou non la vie a-t-elle un sens et l'homme une destinée ? mais plus encore, oui ou non l'homme se restreindra-t-il à ce qui est de la nature sans vouloir autre chose ? ». Étudiant et revisitant les implications que cette problématique soulève, Blondel en est arrivé à comprendre que chaque agir humain est déterminé par une volonté. Cependant, celle-ci se trouve confrontée à une disproportion ontologique entre ce que l'homme veut, ce qu'il sait et ce qu'il fait. Autrement dit, entre son vouloir et son connaître, il se dégage forcément une évidence telle que l'homme étant un être fini, il est toujours tendu vers un infini qu'il ne peut ni achever, ni dépasser. C'est ainsi que analysant l'action dans tout son déploiement, le but de Blondel sera de parvenir à dégager une loi manifeste de l'agir humain à partir de cette inadéquation fondamentale entre la volonté voulante et la volonté voulue.

Voilà pourquoi, trois moments importants, de longueur et d'étendue variables, ont focalisé la structuration de notre propos.

Le premier chapitre a consisté à situer historiquement Maurice Blondel et ses oeuvres qui traitent du thème que nous avons choisi à savoir celui de la volonté en ayant mis un accent particulier sur L'Action de 1893 et aussi ses Carnets Intimes. Dans ce même contexte, il nous a semblé important de revisiter les filiations de Blondel, notamment son inscription dans la tradition philosophique non seulement en vue de mieux le situer, mais surtout de mieux percevoir son originalité. C'est ainsi que délibérément, nous avons limité cette filiation à quelques philosophes, entre autres Aristote, Leibniz, Kant, Maine de Biran et Schopenhauer, en vue de répondre et d'atteindre le voeu que nous poursuivions : montrer les forces et les limites de la volonté notamment ses implications dans la dialectique de l'action. Car, il est clair que l'Action , pour Blondel, s'enracine dans une force qui la précède. Cette force, Blondel n'hésite pas à lui donner une dimension cosmique268(*) c'est-à-dire comme monde des phénomènes,d'autant plus qu'il y a un effort qui parcourt la nature et qui précède la volonté humaine (Ce qu'il nomme justement l'ordre naturel ). Cet effort n'est pas cependant une force irrationnelle à la manière de Schopenhauer. C'est au contraire comme l'avait bien perçu Leibniz, une force qui tend vers l'esprit et qui apparaît en l'homme comme volonté voulante. Cette volonté voulante, l'homme doit la vouloir de manière voulue mais il ne peut pas le faire de manière immédiate comme le prétend le formalisme kantien. l'homme ne peut vouloir son action qu'en s'insérant dans le monde des phénomènes ou l'ordre naturel.

Dans cette perspective, le deuxième chapitre s'est concrètement penché sur l'examen des différents axes qui participent de l'articulation de la volonté dans l'Action de 1893. En effet, partant de l'architectonique même de l'ouvrage, l'auteur montre que c'est à partir de l'action c'est-à-dire de tout l'agir humain qu'il faut poser et résoudre le problème de la volonté. Il nous est apparu l'impérieux devoir de clarifier le contenu sémantique de la notion ou du concept de volonté. De fait, nous nous sommes rendu compte que la volonté se saisit, chez Blondel, d'abord à partir d'une disproportion intrinsèque entre deux mouvements internes : la volonté voulante et la volonté voulue. Leur dialectique ou mieux le conflit qui les caractérise nous a conduit à l'évidence qu'en tant qu'être agissant, c'est la volonté qui semble orienter les choses ; aussi vrai qu'elle permet à l'homme de discriminer, de procéder à des choix, de vouloir, de désirer ou d'aspirer à quelque chose. Cependant, étant un être de finitude, l'homme ne peut égaler ses propres exigences. Il ne réussit point, par ses propres forces à mettre dans son action voulue tout ce qui est au principe de son activité volontaire. Car la volonté qui préside à chaque action ne parvient jamais à assouvir le besoin, à se clore au plan des réalités visibles et sensibles. La volonté est toujours portée et marquée par une sorte de finitude, une insatiabilité, et même une instabilité. En conséquence la dialectique de la volonté a fini par démontrer au moins trois niveaux importants de son déploiement : D'abord que le discours sur le néant aboutit à l'affirmation de l'exigence même de la volonté (contre le dilettantisme l'esthétisme, le pessimisme, le nihilisme,...) ; ensuite que la volonté, malgré, les obstacles liés à sa dualité interne ne peut ne pas se répandre dans les relations humaines (famille, patrie, humanité) ; mais qu'insatisfaite chaque fois, elle s'ouvre résolument à une autre Volonté qui possède en elle-même la satisfaction complète et l'achèvement des finitudes humaines : c'est l'Unique nécessaire.

Enfin, le troisième chapitre a examiné l'achèvement de la volonté humaine dans le choix ou l'option de l'Unique Nécessaire. En effet, partie de l'insuffisance de l'ordre naturel où l'expansion de la volonté a rencontré les phénomènes comme des volontés voulues, celle-ci n'a pu s'épuiser en eux ni se suffire, ni s'égaler. Il s'est donc apparu la nécessité de fonder son achèvement sur la base des preuves de l'existence de Dieu. Autrement dit, la volonté aboutit à une sorte de transcendance de l'action humaine Aussi le moment de l'achèvement de la volonté, s'il n'a pas a posé clairement l'existence de Dieu, mais l'a du moins postulé. Et c'est d'ailleurs là qu'on a découvert l'option proprement philosophique de sa démarche. Arrivé à ce stade, l'homme se trouve pris dans un ensemble d'impossibilités. Impossibilité de reculer, car le mouvement est irréversible, l'action volontaire est «indestructible». Impossible de s'arrêter, car l'avortement n'est qu'apparent et le vouloir ne s'égale pas encore. Impossibilité d'avancer, car l'adéquation parfaite est irréalisable par l'homme seul. C'est alors que se présente la seule issue envisageable, après que toutes les autres aient été fermées. Cette issue se trouve dans l'idée de «l'Unique Nécessaire».

Eu égard à tout ce qui vient d'être souligné, nous pouvons en conséquence résumer les résultats de notre recherche : Chaque moi, chaque être humain se trouve existentiellement embarqué ou engagé dans l'univers. C'est à ce moment que s'impose l'inévitable problème de notre action. L'action s'impose et en s'imposant exige et définit les conditions de déploiement de notre volonté. Voilà pourquoi le dilettantisme qui nie cette nécessité devient une attitude intenable, donc à dépasser. Nous voilà alors amenés à constater une tension en nous : nous sommes pris entre ce qui s'impose à nous et la tendance de notre volonté à tout vouloir. De plus, on ne peut pas non plus adopter une attitude nihiliste, car nous voulons toujours quelque chose, c'est-à-dire un univers. Or, cet univers où s'exprime l'expansion de la volonté, nous ne pouvons le restreindre à notre seul vouloir. Car la manière infinie dont nous voulons cet univers nous force à postuler l'Unique nécessaire qui doit être accepté par une option libre. Et pour atteindre quoi que ce soit, il faut passer par lui et tout lui donner. En toute chose, en tout phénomène, par ce qu'ils sont voulus infiniment : c'est lui que nous rencontrons. Aussi a-t-il été pour nous important de dégager e qui est nécessaire et inévitable dans le déploiement total de la volonté ; de démontrer qu' il était inévitable de partir des déterminations qu structurent la chaîne des nécessités qui composent le drame de la vie et donc de proposer le dénouement qui lui est inhérent à savoir le choix de l' Unique nécessaire.

* 268 À en croire B. Saint-Sernin : « En résumé, Blondel prend l'action comme fil directeur de son exploration du réel. Il voit en elle la seule façon de passer de la phénoménologie à l'ontologie, ce mot technique désignant l'accession aux "choses mêmes"(c'est pourquoi il parle d'ontologie concrète). De l'analyse de l'action, il tire l'implication qu'agir nous fait éprouver notre solidarité avec l'univers. Sa perspective ne le pousse pas à isoler les individus les uns des autres ni non plus à dissocier l'ordre humain de l'ordre vivant (et donc de l'histoire naturelle) et de l'ordre physico-chimique (qu'il appelle cosmique) ».B. SAINT-SERNIN, Blondel. Un univers chrétien, Paris, Vrin, 2009, p. 172-173.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld